Projet de restructuration de la blanchisserie et étude de ... · Fontinettes d’Arques, qui m’a accordé sa confiance et son soutien tout au long du stage me permettant de réaliser

Directeur d’Etablissement Sanitaire et

Social public

Promotion : 2007 - 2008

Date du Jury : Décembre 2008

Projet de restructuration de la

blanchisserie et étude de l’efficience

de la fonction linge :

L’exemple de la Résidence des

Fontinettes d’Arques

Marie-Cécile FOURNIER

Marie-Cécile FOURNIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2008

R e m e r c i e m e n t s

Je tiens à remercier Madame Marie-Christine OGEZ, Directrice de la Résidence des

Fontinettes d’Arques, qui m’a accordé sa confiance et son soutien tout au long du stage

me permettant de réaliser ce mémoire dans de bonnes conditions.

Mes remerciements vont également à toutes les personnes qui se sont investies dans le

projet qui a servi de support à ce travail, et particulièrement à :

- Madame Coralie CAPITAINE, Cadre de santé pour sa précieuse collaboration et

sa motivation permanente ;

- Madame Delphine PETIPREZ, Responsable du foyer de vie pour sa gentillesse et

sa participation aux réunions d’évaluation de la fonction linge ;

- Madame Colette BERTAUX, Responsable de la blanchisserie, et toute son équipe

pour leur aide ;

- Mademoiselle Christine BLANCHARD, Responsable hôtelière ;

- Les soignants, Référents linge qui ont participé aux groupes de travail ;

- Mademoiselle Marion ROISSE, Assistante de direction pour son travail et sa

disponibilité ;

- L’ensemble du personnel de l’établissement pour son accueil.

Je souligne également la contribution des personnes suivantes qui ont accepté de

partager leurs expériences et de me transmettre de nombreuses informations :

- Madame Martine DILLY, Responsable des services économiques et logistiques du

Centre Hospitalier de SAINT AMAND LES EAUX, ainsi que toute l’équipe de la

blanchisserie ;

- Monsieur Patrick ROGE, Responsable commercial de la région Nord Pas de

Calais de la société Electrolux ;

- Monsieur Pesez, de la société Initiale services textiles.


S o m m a i r e

Introduction ...............................................................................................................1

1 Le conventionnement de deuxième génération comme support du projet de restructuration de la blanchisserie ..............................................................5

1.1 Les enjeux réglementaires et locaux ................................................................. 5

1.1.1 Le cadre juridique .................................................................................................. 5

1.1.2 Présentation de l’établissement et du service blanchisserie.................................. 7

1.1.3 Le contexte de la Résidence des Fontinettes ...................................................... 12

1.2 Les difficultés liées à la structure .................................................................... 15

1.2.1 Sur le plan managérial ......................................................................................... 15

1.2.2 Sur le plan bactériologique .................................................................................. 16

1.3 Analyse des possibilités s’offrant à l’établissement pour le devenir de la blanchisserie ...................................................................................................... 17

1.3.1 Etude des coûts d’une prestation complète en interne ........................................ 17

1.3.2 Etude des coûts pour une externalisation d’une partie du linge .......................... 20

1.3.3 La solution retenue pour l’établissement ............................................................. 22

2 La fonction linge à la Résidence des Fontinettes au regard la méthode RABC..................................................................................................................25

2.1 Les spécificités du linge ................................................................................... 25

2.1.1 Les différentes catégories de linge et leurs particularités .................................... 25

2.1.2 Le linge personnel des résidents ......................................................................... 29

2.1.3 Le rôle du linge dans la transmission des infections nosocomiales et les

précautions prises en cas d’épidémie.................................................................. 31

2.2 L’intérêt de la méthode RABC. ......................................................................... 33

2.2.1 Qu’est ce que la méthode RABC ? ...................................................................... 34

2.2.2 Pourquoi mettre en place cette méthode ? .......................................................... 35

2.2.3 La méthode RABC, outil de management de la fonction linge ............................ 35

2.3 L’état des lieux du circuit du linge dans l’établissement.............................. 36

2.3.1 En amont du traitement du linge .......................................................................... 36

2.3.2 Le circuit au sein de la blanchisserie ................................................................... 39

2.3.3 Le retour du linge dans les services .................................................................... 43

3 Propositions des actions à réaliser ................................................................ 47

3.1 Sur le plan architectural.....................................................................................47

3.2 Sur le plan matériel ............................................................................................50

3.3 Sur le plan organisationnel ...............................................................................51

3.4 Sur le plan managérial .......................................................................................53

Conclusion.............................................................................................................. 55

Bibliographie........................................................................................................... 57

Liste des annexes...................................................................................................... I



L i s t e d e s s i g l e s u t i l i s é s

AFNOR : Agence Française de Normalisation ANESM : Agence Nationale de l’Evaluation des Etablissements et Services

Sociaux et Médico-Sociaux

ANGELIQUE : Application Nationale pour Guider une Evaluation Labélisée Interne

de la Qualité pour les Usagers d’Etablissements

AS : Aide-Soignant

ASH : Agent des Services Hospitaliers

BMR : Bactéries Multi Résistantes aux Antibiotiques

CCAS : Centre Communal d’Action Sociale

CCLIN : Centre Interrégional de Coordination de la Lutte contre les

Infections Nosocomiales

CPAM : Caisse Primaire d’Assurance Maladie

DDASS : Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales

EHPAD : Etablissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes

ERV : Entérocoque Résistant à la Vancomicine

ETP : Equivalent Temps Plein

GMP : Groupe Iso-Ressources Moyen Pondéré

GMPS : Groupe Iso-Ressources Moyen Pondéré Soins

HACCP : Hazard Analysis and Critical Control Point

HT : Hors Taxes

PMP : Pathos Moyen Pondéré

RABC : Risk Analysis and Biocontamination Control

SARM : Staphylococcus Aureus Résistant à la Méticilline

TTC : Toutes Taxes Comprises

URBH : Union des Responsables de Blanchisseries Hospitalières

USLD : Unités de Soins de Longue Durée

Marie-Cécile FOURNIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2008 - 1 -

Introduction

L’amélioration des conditions de vie conduit à l’allongement de l’espérance de vie. Cette

tendance recule l’âge d’entrée en institution, car la population est capable de rester à

domicile de plus en plus longtemps. Les personnes qui entrent en maison de retraite sont

de ce fait beaucoup plus dépendantes, ce qui accentue la médicalisation des structures,

avec pour corollaire une augmentation des dépenses par résident. Il est donc nécessaire

pour le directeur d’analyser l’ensemble des prestations offertes afin de proposer un

accompagnement de qualité en adéquation avec les contraintes sécuritaires et

budgétaires.

Les directeurs d’Etablissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes

(EHPAD) ont eu à gérer ces dernières années, d’une part la réforme de la tarification et

d’autre part l’application de la loi n°2002-2 du 2 janvier 2002, rénovant l’action sociale et

médico-sociale. Outre sa volonté accrue d’obtenir une transparence dans la gestion

financière des établissements, le législateur contraint de façon contractuelle les

établissements à fournir des prestations de qualité. La convention tripartite en est

l’illustration. Cette contractualisation réforme en profondeur les organisations pour placer

le résident au cœur du dispositif.

Aujourd’hui, un certain nombre de conventions tripartites sont arrivées à échéance. La

circulaire du 17 octobre 20061 expose les modalités des seconds conventionnements, et

impose aux établissements d’actualiser annuellement leur Gir Moyen Pondéré (GMP).

Lorsqu’une augmentation de plus de vingt points est constatée, la dotation de

l’établissement peut être renégociée. La mise en place de l’outil PATHOS, permet

d’évaluer la charge en soins, et détermine un Pathos Moyen Pondéré (PMP). Le GMP et

le PMP assurent le calcul du Gir Moyen Pondéré Soins (GMPS). Ce dernier détermine la

ressource plafond d’assurance maladie dans le cadre des conventions de deuxième

génération.

Si pour la dotation soins les moyens sont clairement définis dans la circulaire du 17

octobre 2006, il n’en est pas de même pour la dotation relative à la dépendance

déterminée par les Conseils Généraux, ce qui induit une différence d’un département à

l’autre. La section hébergement étant budgétairement moins concernée dans le cadre du

reconventionnement, les évolutions dans ce domaine peuvent être étudiées en fonction

de la professionnalisation des emplois. En effet, 70% des salaires des Agents de Services

1 Circulaire du 17 octobre 2006 relative à la campagne budgétaire pour l’année 2006 dans les établissements et services médico-sociaux et sanitaires accueillant des personnes âgées.

Hospitaliers (ASH) sont imputés à la section d’hébergement, contrairement aux Aides

Soignants (AS) pour lesquels 70 % de leurs traitements sont affectés à la section soins.

La transformation de postes d’ASH en postes d'AS permet donc d’obtenir une

redistribution des crédits et une marge de manœuvre en hébergement pour proposer des

améliorations dans ce domaine. En fonction des projets, il est possible, lors de la

signature de la convention, de négocier des moyens ponctuels en investissement pour

améliorer certaines prestations.

C’est dans le cadre du conventionnement de deuxième génération, que la Directrice de

la Résidence des Fontinettes m’a demandé de mener, lors de mon stage professionnel,

l’évaluation interne ANGELIQUE (Application Nationale pour Guider une Evaluation

Labélisée Interne de la Qualité pour les Usagers d’Etablissements) des prestations

hôtelières, de l’hygiène et de la sécurité, et d’élaborer le projet hôtelier reprenant

l’ensemble des besoins afin de dégager les axes d’amélioration dans ces domaines.

En EHPAD, les prestations hôtelières (entretien ménager, restauration et linge) occupent

une place prépondérante dans la vie du résident. Elles permettent de rythmer sa journée

et favorisent donc l’appropriation de nouveaux repères. C’est pour cela qu’il faut leur

accorder une place à part entière dans le cadre du renouvellement de la convention, afin

de proposer un projet prenant en compte les attentes et les besoins des personnes

âgées tout en respectant les valeurs et conceptions de l’établissement.

Lors de ce premier diagnostic, de nombreux points négatifs ont été identifiés au niveau de

la prestation linge. La vétusté du matériel, la non séparation des zones propres et sales

en blanchisserie, l’obsolescence des chariots de tri, le non respect des circuits du linge

dans l’établissement et un manque de communication entre les services de soins et la

blanchisserie sont les principaux exemples. Cette évaluation, étayée par diverses

réclamations de résidents sur les délais de retour de leur linge personnel, m’a conduite à

travailler sur la prestation linge. Ces nombreux dysfonctionnements nécessitent une

analyse d’une part sur la restructuration de la blanchisserie et d’autre part sur

l’amélioration du circuit du linge dans son ensemble. L’opportunité du conventionnement

proche a permis d’impulser ce dossier, dont une ébauche était en cours de réflexion

depuis plusieurs années par l’ancienne direction de l’établissement. Les projets n’étant

pas travaillés en concertation avec le personnel, les données n’étaient pas connues. Mon

maître de stage arrivé à la Résidence des Fontinettes fin 2006 m’a chargée de reprendre

ce dossier.

Les questions qui se posent pour la réalisation de ce travail sont les suivantes :

Pourquoi, Malgré les dysfonctionnements observés, la blanchisserie est-elle maintenue

au sein de l'établissement ? En quoi la démarche qualité associée à la méthode RABC

- 2 - Marie-Cécile FOURNIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2008

peut-elle constituer des outils de management intéressants lors de la restructuration de la

blanchisserie et de la réorganisation de la fonction linge ?

« La fonction linge regroupe l’ensemble des moyens qui permettent d’assurer toutes les

prestations relatives à l’approvisionnement, aux ramassages, à l’entretien et à la

distribution des articles de linge et d’habillement. La mission du responsable de la fonction

linge est de veiller à satisfaire, dans un cadre économique déterminé et dans les

meilleures conditions d’hygiène, les besoins en articles textiles des services, tant du point

de vue quantitatif que qualitatif. Il s’agit donc d’un service dont la continuité et

l’amélioration permanente doivent être assurées.»2

Pour mener à bien cette mission, j’ai constitué un groupe de travail composé de la

responsable de blanchisserie, de la responsable hôtelière et d’un agent de chacun des

quatre services, volontaires pour être référents linge. J’ai pu, grâce aux réunions,

déterminer de façon plus précise les dysfonctionnements, leurs causes, et émettre des

propositions. Ce travail a permis d’instaurer un dialogue entre la blanchisserie et les

services, peu habitués antérieurement à travailler en commun sur des projets. Les

différents services de l’établissement avaient pour habitude de travailler chacun pour soi

sans se soucier des problèmes d’organisation des autres. Les changements dans ce

domaine sont longs et demandent beaucoup d’énergie lors des conduites de réunions.

Parallèlement, j’ai mené une étude sur les coûts de la blanchisserie, et j’ai étudié les

besoins en investissements nécessaires à sa restructuration. De plus, afin de bien

comprendre le circuit du linge dans l’établissement, j’ai réalisé une observation directe

des différents postes en blanchisserie. L’enquête de satisfaction auprès des résidents est

venue compléter cette analyse.

La première partie de ce mémoire consistera à étudier les possibilités d’évolution de la

blanchisserie dans le contexte du reconventionnement (1ére partie). Un état des lieux de

la fonction linge dans l’établissement au regard de la norme RABC (risk analysis and

biocontamination control) sera ensuite réalisé (2ème partie). Enfin, il conviendra de

proposer les différentes actions à réaliser dans le cadre de cette réorganisation (3ème

partie).

2 URBH, Guide de la fonction linge dans les maisons de retraite. p.9.



1 Le conventionnement de deuxième génération comme support du projet de restructuration de la blanchisserie

Le processus de contractualisation implique la mise en place d’une démarche continue

d’amélioration de la qualité. C’est dans ce cadre que la réflexion pour le réaménagement

de la blanchisserie a été menée. Dans cette première partie, après avoir exposé les

enjeux réglementaires et locaux, et montré les difficultés rencontrées par la structure, je

présenterai les différentes possibilités offertes à l’établissement pour le devenir de la

blanchisserie.

1.1 Les enjeux réglementaires et locaux

Après un énoncé de la réglementation, je présenterai la Résidence des Fontinettes et

terminerai par l’évocation du contexte m’ayant amenée à travailler sur la blanchisserie.

1.1.1 Le cadre juridique

A) La démarche qualité en EHPAD

« Dans sa définition normalisée, l’assurance qualité est l’ensemble des actions

préétablies et systématiques nécessaires pour donner la confiance appropriée en ce

qu’un produit ou un service satisfera aux exigences données relatives à la qualité.3 »

L’arrêté du 26 avril 1999 fixant le contenu du cahier des charges de la convention

pluriannuelle relative aux EHPAD définit le contenu de la démarche d’assurance qualité

dans laquelle les établissements doivent s’engager en tant que partenaires

conventionnels. L’arrêté du 13 août 2004 le modifie, l’expression « assurance qualité » fait

place à celle « d’amélioration continue de la qualité »4. Cette nouvelle approche, en

matière de qualité, a été annoncée dans la loi du 2 janvier 20025. L’article L.312-8 du

code de l’action sociale et des familles mentionne explicitement le caractère obligatoire de

l’évaluation des activités et de la qualité des prestations que délivrent les établissements

et services sociaux et médico-sociaux.

3 « Le linge à l’hôpital ». Revue hospitalière de France, juillet-août 1995, N°6. P.410 4 Article 3 de l’arrêté du 13 août 2004 modifiant l’arrêté du 26 avril 1999 fixant le contenu du cahier des charges de la convention pluriannuelle. 5 Loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale.


En fonction du cahier des charges de l’arrêté du 26 avril 1999, un groupe de travail

regroupant les professionnels de la gériatrie et de la gérontologie et des représentants du

ministère a élaboré l’outil d’évaluation ANGELIQUE. Cet outil d’auto-évaluation permet de

mettre en évidence les points faibles et les points forts de l’établissement. Il représente

une aide pour élaborer la convention et facilite le suivi. Le rapport d’évaluation permet de

définir les objectifs de moyens et d’amélioration de la qualité.

Le décret n° 2007-975 du 15 mai 2007 souligne que l’évaluation doit porter sur l’effectivité

des droits des usagers et notamment « la capacité de l’établissement ou du service à

évaluer avec les usagers leurs besoins et attentes, ainsi que la réponse qui y est

apportée »6.

Ce décret consiste en un cahier des charges pour l’évaluation externe des établissements

et services sociaux et médico-sociaux. Elle doit être effectuée tous les sept ans. C’est une

évaluation des activités et de la qualité des prestations livrées. Elle est réalisée par un

organisme habilité par l’ANESM (Agence Nationale de l’Evaluation des Etablissements et

Services Sociaux et Médico-Sociaux) qui remet les résultats sous forme de rapport au

gestionnaire de l’établissement.

B) L’hygiène en EHPAD

« Une infection nosocomiale est une maladie provoquée par des micro-organismes,

contractée dans un établissement par tout patient après son admission, endogène ou

exogène, iatrogène ou non, que les soins soient administrés en hospitalisation ou en

ambulatoire, que les symptômes apparaissent avant ou après la sortie de l’hôpital, que

l’infection soit diagnostiquée au plan clinique avec ou sans isolement d’un micro-

organisme ou diagnostic sérologique ; ces caractéristiques concernent les patients et le

personnel hospitalier »7.

Les infections contractées en EHPAD présentent des problématiques qui les différencient

par de nombreux aspects des infections hospitalières. En effet, si l’on garde la définition

classique, toutes les infections en EHPAD seraient nosocomiales. Or elles se situent

plutôt à mi-chemin entre le communautaire et le nosocomial. A l’heure actuelle émerge le

concept d’infection contractée en EHPAD dont les mécanismes sont souvent complexes

et intriqués.

6 Décret n° 2007-995 du 15 mai 2007 relatif à l’évaluation externe dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux. 7 Circulaire D.G.S. n° 263 du 13 octobre 1988 relative à l’organisation de la surveillance et de la prévention des infections nosocomiales.


Les données épidémiologiques précises sont rares dans les établissements pour

personnes âgées, elles concernent surtout les unités de soins de longue durée (USLD) au

travers des enquêtes de prévalence nationale de 1996 et de 2001. Dans ces structures, le

taux de prévalence moyen est de 10 %.

Toutefois des recommandations existent en la matière. La Direction Générale de l’Action

Sociale et la Direction Générale de la Santé ont réalisé des recommandations de bonnes

pratiques de soins en EHPAD en octobre 2007. Le C.CLIN Ouest a conçu un document

comportant des fiches techniques sur l’hygiène et la prévention du risque infectieux en

EHPAD.

L’amélioration de l’hygiène dans la fonction linge est un enjeu prioritaire. Dans ce

contexte, l’application des normes et des recommandations liées à la lutte contre les

infections nosocomiales est devenue une nécessité.

C) L’hygiène du linge

La norme AFNOR (agence française de normalisation) NF EN 14065 de mai 2003, dite

méthode RABC qui s’intitule « textiles traités en blanchisserie, système de maîtrise de la

biocontamination » est une démarche qualité, qui avec ses dérivés : le référentiel des

bonnes pratiques BP G.07.223 et son guide d’application GA.G.07.224, se rapproche de

la méthode HACCP (Hazard Analysis and critical control point) appliqué en restauration

pour les procédures et les protocoles des processus. Elle décrit un système de

management permettant d’assurer la qualité microbiologique des textiles traités en

blanchisserie utilisés dans des secteurs spécifiquement définis. Il est estimé que le linge

intervient dans 17 % des infections nosocomiales.

Les textiles salis qui arrivent en blanchisserie sont contaminés par un nombre variable de

micro-organismes provenant de l’environnement dans lequel ils ont été utilisés. Dans ce

contexte, l’objectif du blanchisseur est de décontaminer les textiles à l’aide d’un procédé

de désinfection puis, de les protéger d’une recontamination extérieure jusqu’au moment

où ils passent sous la responsabilité du service utilisateur.

1.1.2 Présentation de l’établissement et du service blanchisserie

A) La Résidence des Fontinettes

La Résidence des Fontinettes est composée d’un EHPAD de 115 lits, d’un hébergement

temporaire de 7 lits et d’un foyer de vie pour adultes handicapés de 39 lits. Elle est située


à 5 kilomètres de Saint Omer et plus particulièrement au centre de la commune d’Arques

qui compte environ 10 000 habitants.

L’établissement est composé d’un bâtiment principal édifié sur trois niveaux avec deux

ailes à chaque étage. Il accueille respectivement, 35 résidents au rez-de-chaussée et 40

aux premier et deuxième étages. C’est dans cet édifice que se trouve la cuisine centrale

où sont confectionnés les repas pour les trois structures mais également par convention,

les repas pour le CCAS (Centre Communal d’Action sociale) de la ville dans le cadre du

portage des repas à domicile. Il comprend également une autre construction où se

trouvent le foyer de vie et l’administration. Enfin, c’est dans le dernier pavillon que sont

situées la buanderie et la lingerie.

L’établissement a signé sa première convention tripartite en 2002, cette dernière arrivant

à échéance en 2007, un avenant a été signé pour la prolonger jusqu’en 2008, afin de

permettre à la directrice arrivée en poste au 1er décembre 2006 de prendre connaissance

de l’établissement et de préparer le reconventionnement dans de bonnes conditions.

Le GMP est de 695 en septembre 2007 contre 651 en 2006. Cette augmentation de 44

points n’est pas sans conséquences sur l’organisation et la charge de travail dans tous les

services de l’établissement et notamment en blanchisserie avec une augmentation

continue du poids de linge traité par an.

Le modèle PATHOS évolue à partir des situations cliniques observées et des soins

médico-techniques nécessaires pour assurer la prise en charge de toutes les pathologies

des résidents. Le PMP de la Résidence des Fontinettes a été validé à 228 en décembre

2007 par le médecin de la CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie), il est élevé au

regard de la moyenne en EHPAD qui est de 125.

B) Le service de buanderie et lingerie

C’est en 1900 qu’est créé l’hospice d’Arques par le docteur Alexandre. A cette époque

un seul agent travaille en blanchisserie située au sous-sol du bâtiment. En 1977 elle est

transférée dans un local intermédiaire où se trouve l’actuelle cuisine. En 1988, c’est en

prévision de la construction de la nouvelle maison de retraite inaugurée le 10 novembre

1990, qu’est construite l’actuelle blanchisserie en deux étapes, une première phase mise

en service début 1989, et une seconde opérationnelle en 1990. Cet édifice de 735,40 m²

est composé d’un étage de 367,70 m² destiné à la lingerie : stockage du linge neuf,

marquage et couture. Le rez-de-chaussée de surface identique est utilisé quand à lui

pour le traitement du linge au niveau duquel aucune séparation géographique entre le

secteur tri et les autres espaces de production n’est réalisée. C’est à ce niveau que se

trouvent les vestiaires et sanitaires du personnel de blanchisserie ainsi que le local des

produits lessiviels.

Le tableau ci-dessous présente le personnel de la blanchisserie avec sa qualification et

son ancienneté.

Le personnel de buanderie et lingerie

Nom de l’agent

Diplômes

Grade Date d’embauche

Quotité de

travail

Madame B

1992 : CAP employé technique

de collectivité

1994 : CAP entretien des

articles textiles entreprises

industrielles

OPQ

Responsable

de la

buanderie

1/10/1988 100%

Madame C

1971 : Certificat de formation

professionnelle opératrice sur

tissus légers

AEQ

Agent de

buanderie

1/06/1992 100%

Madame H

1987 : CAP couture habillement

fabrications industrielles

1988 : Formation

complémentaire techniques de

coupe

AEQ

Agent de

buanderie

1/07/1993 100%

Madame W

1980 : CAP habillement

fabrications industrielles

AEQ

Agent de

buanderie

1/12/1997 100%

Madame L

1968 : CAP couture (couture

flou)

OPQ

Responsable

de lingerie

1/08/1974 100%

Madame M

Néant AEQ

Agent de

lingerie

1/09/1990 50%

Madame Y

Néant CA

Agent de

buanderie

1/11/2007 20

heures

semaine

Source : Données obtenues à partir du dossier des agents 2008



Le travail en buanderie est réalisé par quatre agents à temps plein et un agent en

Contrat Avenir (CA) travaillant vingt heures par semaine. En lingerie il y a 1,5 Equivalent

Temps Plein (ETP), ces personnes s’occupent du marquage, du suivi du trousseau et du

raccommodage du linge des résidents. L’effectif de lingerie est trop important pour la

taille de l’établissement, mais s’explique par le fait qu’il n’y a pas de machine à marquer

le linge. Les noms sont brodés sur des étiquettes qui sont cousues ensuite sur les

différents articles. La mise en place d’un matériel de marquage sur étiquettes

thermocollantes doit permettre de rationaliser le travail de ce service.

Une responsable est nommée au niveau de chaque secteur. Cette organisation est

surprenante pour une petite unité de production et pose d’ailleurs des problèmes

d’organisation. En cas de carence en personnel au niveau de la buanderie aucun agent

de lingerie n’est détaché en renfort. Il y a également une mésentente importante entre

les deux responsables, chacune défendant son domaine, et ses responsabilités

respectives.

La majorité du personnel n’a pas de qualification professionnelle adaptée à son poste de

travail comme il est possible de le constater dans le tableau ci-dessus ; hormis la

responsable de production qui a obtenu un Certificat d’Aptitude Professionnel (CAP)

entretien des articles textiles entreprises industrielles en 1974, et la responsable de

lingerie qui a un CAP couture. Les agents de buanderie, diplômés en couture, n’ont

jamais reçu de formation spécifique pour l’entretien des textiles. L’agent à mi temps et

celui en contrat avenir n’ont aucune formation spécifique. Le personnel a toutefois une

ancienneté moyenne importante dans le service de 18,66 ans.

C) L’organisation du travail dans le service

La distribution des tâches n’est pas formalisée dans le secteur de production. Une

personne est affectée au tri. Pour le secteur finition, la distribution du travail est

quotidienne, sous la responsabilité de la responsable de buanderie, en fonction de la

charge de travail.

L’agent du tri travaille de 7h00 à 14h45, cet horaire décalé par rapport aux autres, permet

de procurer du linge propre aux agents en zone de finition dès leur arrivée. Ces derniers

travaillent de 8h30 à 16h15. La personne en contrat aidé arrive à 9h00 et termine à 14h30

elle est postée à la calandre pour le séchage et le pliage des draps avec une résidente du

foyer de vie. En effet certains résidents du foyer de vie ont une activité thérapeutique de

9h00 à 12h00 dans différents services de l’établissement (hôtellerie, cuisine, blanchisserie

et espaces verts) dans le cadre de leur accompagnement individualisé. La responsable

commence à 7h30 et termine à 16h15, elle ne travaille pas le vendredi après-midi, de ce

fait les contrôles ne sont pas réalisés.


Il est difficile de savoir ce que chacun fait exactement dans sa journée. J’ai réalisé une

observation directe de chaque poste de travail, cela m’a permis de noter une perte de

temps significative due à un manque d’organisation. Les agents passent d’une tâche à

l’autre : pliage, mise sur cintres des vêtements des résidents, sortie du linge propre des

machines, mise en séchoirs. Afin de rationnaliser le travail de chacun il est indispensable

de réaliser des fiches de poste détaillées.

Malgré les difficultés liées à l’organisation, le service a une charge de travail croissante

depuis ces dernières années.

Quantité de linge de 1999 à 2007

Année Linge plat Linge en forme Total

1999 71 267 41 587 112 854

2000 77 989 41 268 119 257

2001 82 258 43 126 125 384

2002 78 906 44 570 123 476

2003 86 197 45 989 132 186

2004 85 295 44 528 129 823

2005 89 123 44 219 133 342

2006 90 806 46 098 136 904

2007 93 449 49 043 142 492

Source : Poids du linge en Kg relevé en blanchisserie.

En 2007, le service a lavé 142.492 Kg de linge dont 93.449 Kg de linge plat (draps,

alaises, taies, torchons, serviettes de tables, serviettes de toilettes, draps de bain…), et

49.043 Kg de linge en forme (linge des résidents et vêtements professionnels). Ce qui

représente 548 Kg de linge traité par jour. Cette quantité n’a cessé d’augmenter depuis

ces dernières années.

Entre 1999 et 2007 il y a eu une augmentation du poids de linge lavé de 26,26 %. Cette

augmentation est principalement due à la forte augmentation de la dépendance des

personnes âgées de l’établissement. A la Résidence des Fontinettes le GMP a évolué de

44 points de 2006 à 2007. Les résidents très dépendants sont fragiles et peuvent

développer des pathologies nécessitant un change de linge régulier. De plus ce linge est

généralement plus souillé et doit au final être exempt de micro-organismes du fait de la


déficience immunologique liée au grand âge. C’est au niveau du linge plat que cet

accroissement est le plus parlant, il est de 31,12 % pour la même période, contre 17,92 %

pour le linge en forme, comme il est possible de constater dans le tableau ci-dessus.

1.1.3 Le contexte de la Résidence des Fontinettes

A) Le renouvellement de la convention tripartite

Les établissements assurant l’hébergement des personnes âgées dépendantes ne

peuvent les accueillir que s’ils ont passé une convention pluriannuelle avec le Président

du Conseil Général et l’autorité compétente pour l’assurance maladie (DDASS).

La Résidence des Fontinettes est en cours de reconventionnement, la visite a eu lieu le 2

juillet 2008. La convention sur la base de l’auto-évaluation ANGELIQUE réalisée avec le

personnel, définit les objectifs d’amélioration continue de la qualité de la prise en charge

pour les cinq années à venir ainsi que les modalités d’évaluation de cette dernière à

échéance. Elle prévoit également les conditions de fonctionnement de l’établissement sur

le plan financier, tant pour l’hébergement, la dépendance que pour le soin. Cet

engagement fera l’objet d’une évaluation afin d’apprécier en particulier, la satisfaction des

résidents et de leur famille, par rapport à l’habitat, la restauration, l’existence d’un

sentiment de sécurité, de bien être et la qualité d’ensemble de la vie sociale. Elle

envisage une appréciation des actions menées pour aider la personne âgée à conserver

un degré maximal d’autonomie sociale, physique ou psychique dans le respect de ses

choix et de ses attentes.

Des actions concrètes seront mises en place dans les domaines suivants ; elles ont été

matérialisées sur des fiches actions :

- L’optimisation des conditions d’hébergement et de restauration, par la constitution

d’une équipe centralisée de nettoyage, la réorganisation du circuit des repas et la

réorganisation du circuit du linge ainsi que l’adaptation des locaux de

blanchisserie, enfin la création d’un poste dédié aux transports internes (linge,

repas, déchets…).

- Le respect du droit des usagers, personnalisation de la prise en charge, la

réaffirmation de la place du résident et de sa famille par l’individualisation du projet

de vie et le développement de la démarche de diagnostics en soins infirmiers.

- L’amélioration de la qualité des soins délivrés par la mise en place de la formation

Gineste Marescotti et l’amélioration de la gestion des risques.


- La prise en charge de la maladie d’Alzheimer et des troubles apparentés en

accompagnant le résident en toute sécurité et en assurant un soutien aux

familles.

- La promotion de la bientraitance, de la démarche d’amélioration continue de la

qualité et de la prévention de la maltraitance par la mise en œuvre du document

unique et la poursuite de la démarche d’évaluation des pratiques.

- Le renforcement de l’ouverture sur l’extérieur, du partenariat et de l’inscription de

l’établissement dans le réseau social, médico-social et sanitaire.

Afin de mener à bien l’auto-évaluation, un groupe de pilotage a été constitué comprenant

la directrice, le cadre de santé, l’adjoint des cadres hospitaliers, du personnel infirmier et

AS, du personnel administratif et la stagiaire directrice. Lors de la première réunion nous

nous sommes répartis les différents thèmes du référentiel ANGELIQUE et nous avons

défini les valeurs et conceptions que nous souhaitions mettre en exergue tout au long de

ce travail. C’est ainsi que m’est revenue la tâche de réaliser l’évaluation des prestations

hôtelière, hygiène et sécurité maintenance.

B) L’auto-évaluation des prestations hôtelières

J’ai constitué un groupe de travail composé des responsables hôtellerie, cuisine,

buanderie, lingerie et service technique ainsi que du personnel AS et ASH des différents

services d’hébergement. Cette représentativité a permis de mettre en exergue les points

forts et les points faibles dans les différents secteurs. La responsable hôtelière a été

présente à chacune des réunions comme les aides soignantes et les agents des services

hospitaliers. Les responsables des autres secteurs ont été conviés pour l’évaluation les

concernant. Au total j’ai animé dix réunions, deux par thème (restauration, hygiène,

sécurité maintenance, nettoyage des locaux et blanchisserie).

La première réunion a consisté à présenter les enjeux du reconventionnement, les valeurs

et conceptions de l’établissement et à réaliser l’évaluation des pratiques dans chacun des

sujets. La seconde a permis de dégager les axes d’améliorations nécessaires afin de

réaliser les fiches actions.

C’est au cours de ces réunions qu’il m’est apparu nécessaire de poursuivre un travail plus

approfondi sur le circuit du linge et d’étudier les diverses possibilités s’offrant à

l’établissement pour le réaménagement et l’équipement de la blanchisserie. En effet de

nombreux points négatifs ont été soulevés lors de l’autoévaluation sur le fonctionnement

de la blanchisserie. Ils seront développés dans la deuxième partie de ce mémoire.


C) Le questionnaire de satisfaction des résidents

Parallèlement, j’ai réalisé une enquête de satisfaction auprès des résidents concernant

l’ensemble des prestations offertes tout en développant plus particulièrement la partie

linge. Sur l’ensemble des 115 résidents 58 ont répondu au questionnaire présenté en

annexe 1.

Il faut noter que même si le circuit du linge présente des carences organisationnelles,

96 % des résidents déclarent être satisfaits de l’entretien. Certains disent que leurs

vêtements sont changés trop souvent. Cette remarque doit être suivie d’une réflexion et

de la réalisation d’un protocole de change des vêtements. De plus la blanchisserie se

plaint régulièrement aussi de trouver du linge propre pouvant encore être porté une

seconde journée dans les sacs de linge sale. 16 % des résidents sont moyennement

satisfaits des délais de retour, et 24 % d’entre eux déclarent avoir déjà rencontré un

problème de détérioration de leurs vêtements. Ces dommages peuvent avoir plusieurs

explications :

- Une inadaptation au lavage en collectivité du linge fourni dans le trousseau, par

exemple des articles en laine ;

- Une erreur dans le tri du linge lors des toilettes par le personnel soignant, par

exemple une robe mise dans le sac des draps et qui de ce fait est lavée à 90°C ;

- Une erreur de programmation de lavage au niveau de la blanchisserie due au

manque de formation du personnel de buanderie.

21 % des usagers ont perdu un vêtement. Il s’agit à ce niveau d’un problème de

marquage. En effet lors des visites, les familles offrent des nouveaux articles textiles aux

résidents et ne pensent pas toujours à les transmettre en lingerie préalablement. Une

information complémentaire auprès des familles sera organisée pour éviter ce type de

désagrément.

En ce qui concerne les réparations, seulement 9 % des résidents sont moyennement

satisfaits et 3 % ne le sont pas du tout. La cause principale de cette insatisfaction est le

non retour des vêtements trop usés. Une action d’amélioration est à réaliser auprès de la

lingère car même lorsqu’il est détérioré, le linge revêt une importance particulière pour la

personne âgée en institution, il évoque une partie de son histoire et représente un

attachement à la vie antérieure.

59 % des personnes interrogées rangent eux-mêmes leurs affaires dans l’armoire. La

dépendance ou le handicap empêchent les autres de le faire. Pourtant 9 % des résidents

aimeraient participer à cette tâche avec le personnel. De même 84 % d’entre eux

choisissent leurs vêtements le matin, 5 % souhaiteraient participer à ce choix. Un travail

de réflexion devra être mené afin de satisfaire le plus grand nombre dans ce domaine. Il

faut encourager tous les résidents à prendre soin de leur apparence et à faire eux-mêmes


leurs choix, chaque jour et en fonction des événements comme les visites de proches, les

sorties, les animations particulières.

1.2 Les difficultés liées à la structure

Dans ce chapitre, je vais vous présenter d’une part les difficultés managériales

rencontrées et d’autre part le contexte bactériologique de l’établissement.

1.2.1 Sur le plan managérial

L’organisation de groupes de travail pour parler des problèmes rencontrés par chacun

dans son service a été une grande innovation au sein de la structure. Le personnel n’était

pas habitué à ce type d’exercice avant l’arrivée de la nouvelle directrice. Il a fallu lors des

premières réunions canaliser le flot des revendications, puis amener les uns et les autres

à prendre en compte leurs contraintes respectives. En effet sans communication

interservices les agents organisent leur travail sans penser aux conséquences sur les

autres unités. L’arrivée récente du cadre de santé a facilité le changement à ce niveau.

Peu à peu le dialogue s’est fait plus constructif avec une vision plus globale de

l’établissement de la part de tous les intervenants. Néanmoins, il a été nécessaire de

rappeler régulièrement les objectifs pour pouvoir terminer les réunions dans les temps, et

de réguler couramment les mécanismes relationnels afin de faire participer tout le monde.

Il m’a parfois fallu être directive sur la forme tout en étant participative sur le fond pour

amener le groupe à la recherche de solutions et à la phase de décision.

Un autre problème s’est présenté, il s’agit ici de l’incompatibilité d’humeur entre les

responsables de buanderie et de lingerie. L’historique de l’établissement, par le fait que

les structures étaient dans des endroits différents, explique qu’il y ait deux personnes en

responsabilité. A la construction de la nouvelle blanchisserie, elles sont restées sur leurs

fonctions et chacune dans son domaine respectif. Cela pose problème car en cas

d’absence d’une responsable l’autre ne prend pas le relais sur le secteur. Il a donc fallu

lors des réunions faire parfois la part des choses entre la réalité et la volonté de desservir

sa collègue, pour avancer de façon constructive sur ce dossier. Cette difficulté va être

réglée prochainement avec le départ à la retraite de la responsable de lingerie. Il n’y aura

plus de ce fait qu’une responsable, avec la désignation d’une remplaçante pour pallier à

ses congés.


1.2.2 Sur le plan bactériologique

La région Nord-Pas-de-Calais connaît depuis le mois de février 2008 une épidémie d’ERV

(Entérocoque Résistant à la Vancomicine).

Les entérocoques sont des germes habituellement retrouvés dans la flore urinaire. Ce

sont des germes de l’environnement qui ont la capacité de survivre plusieurs semaines

dans l’environnement notamment sur les surfaces et le linge souillés ; d’où l’importance

d’isoler les articles textiles des personnes contaminées en les mettant dans un sac

hydrosoluble, et en effectuant un double emballage avant la sortie de la chambre.

L’émergence de souches résistantes aux antibiotiques de types glycopeptides pose

aujourd’hui problème en France. Le risque majeur de la résistance de cette bactérie, est

qu’elle la transmette au staphylocoque doré, qui est une bactérie beaucoup plus

pathogène.

Dans la région deux souches distinctes sont en cause. Pour un établissement de santé, il

s’agit de la souche E. faecium de type van A, elle a concerné 36 patients. Cette épidémie

ne s’est pas propagée dans d’autres hôpitaux. Pour l’autre épidémie, il s’agit de la souche

E. faecium de type van B, et elle a concerné sept autres établissements de santé et

totalisé 95 cas au 30 juin 2008, dont 53 cas dans l’établissement de référence du secteur

de la maison de retraite8.

Une résidente de la Résidence des Fontinettes, hospitalisée, a contracté cette bactérie,

posant ainsi le problème de sa réadmission. Etant ERV positive, en cas de retour toutes

les personnes âgées de l’établissement deviennent systématiquement « contact », ce qui

oblige à effectuer trois prélèvements de contrôle à chaque antibiothérapie. Après

plusieurs réunions avec l’infirmière hygiéniste du CCLIN, et une rencontre avec le

médecin inspecteur de santé publique de la DDASS, cette résidente a été réadmise à

l’hébergement temporaire afin de limiter le risque de contamination pour les autres.

Il s’est avéré que quinze personnes âgées de l’établissement ont également été en

contact avec cette bactérie lors d’hospitalisations. Après les trois prélèvements de

contrôle réalisés, aucune des personnes n’était ERV positive. Toutefois avant d’avoir la

confirmation de ces résultats, toutes les mesures d’isolement requises dans ce cas ont

été mises en place dans les services.

8 Epidémiologie des entérocoques résistants aux glycopeptides en France. Actualisation 2008. InVS/DMI/NOA-RAISIN (Réseau d’Alerte d’Investigation et de Surveillance des Infections Nosocomiales), 7 juillet 2008.


Les mesures de prévention préconisées par le CCLIN Paris-Nord en cas de colonisation

à ERV en EHPAD sont le respect strict des précautions « standard » complétées de

précautions « contact » spécifiques. Il est nécessaire dans ce cas de renforcer l’hygiène

des mains avec l’utilisation de solutions hydro alcooliques pour tous les intervenants ainsi

que pour les résidents et les visiteurs. Il est indispensable d’utiliser lors des soins directs

un équipement de protection à usage unique (gants et tablier plastique), il doit être ôté et

jeté à la sortie de la chambre selon la filière des déchets d’activité de soins à risques

infectieux. Il est également obligatoire de réaliser un emballage du linge sale dans la

chambre et de le traiter dans la filière du linge contaminé.

Une information du personnel est indispensable pour réduire les risques de

contamination. Toutes les mesures doivent être expliquées aux personnes intervenant

auprès des résidents et aux visiteurs. Lors du transfert d’un résident ERV positif en court

séjour, il faut informer l’établissement d’accueil afin qu’il soit placé en isolement septique

dès son admission. En cas de transfert de tout autre résident, il faut également prévenir

l’établissement d’accueil de la présence d’une personne ERV positive, afin de réaliser un

dépistage dès l’admission ainsi qu’un isolement septique en attente du résultat.

Cette situation a renforcé la nécessité de travailler sur la sécurité du circuit du linge de la

Résidence des Fontinettes.

1.3 Analyse des possibilités s’offrant à l’établissement pour le devenir de la blanchisserie

L’analyse de l’avenir de la blanchisserie, nécessite dans un premier temps une étude des

coûts de la prestation en interne puis en externe pour retenir enfin la solution la mieux

adaptée.

1.3.1 Etude des coûts d’une prestation complète en interne

Le traitement sur place s’effectue dans une unité qui se situe à l’intérieur de

l’établissement d’hébergement. Il permet une restitution rapide, principalement des

articles textiles personnalisés tels que les vêtements des résidents, les serviettes et gants

de toilette, les tenues de travail, ainsi que le linge à désinfecter provenant des personnes

en isolement septique.

Actuellement, à la Résidence des Fontinettes, l’ensemble du linge est traité en interne

dans une blanchisserie dont le matériel est vieillissant et qui nécessite quelques travaux

de mise aux normes. Toutefois, le volume de travail est bien proportionné aux quantités

de linge traité, et la réalisation de peu de travaux permettrait de respecter la marche en

avant, préconisée par la méthode RABC.

Les graphiques ci-dessous reprennent l’ensemble des coûts du service blanchisserie. Le

montant global des dépenses du service est de 159 187 euros.

Source : Calculs réalisés à partir des factures, du nombre d’articles lavés et des salaires 2008

Par ce graphique il est possible de constater que 68 % des coûts sont représentés par la

masse salariale, que l’eau, la dépréciation du linge et des machines ainsi que les produits

lessiviels représentent une proportion de dépenses assez similaire entre six et sept pour

cent, la maintenance et les énergies (gaz et electricité) représentant la plus faible part

dans le coût des dépenses de la blanchisserie.

Le service a traité 142 492 kilos de linge en 2007 pour une dépense de 159 187 euros

HT, le coût du kilo de linge traité dans l’établissement est donc de 1,335 eurosTTC.


Coût HT à la pièce des articles traités en blanchisserie

Types

d'articles

Nombre

articles

par jour

Poids

(gr)

Finition Prix

d'un

article

(€)

Temps

de vie

(lavage)

Poids

(Kg par

jour)

Coût

HT

au kg

(€)

Coût

HT par

pièce

(€)

Drap 87 731 Repasseuse 5.1 150 63,6 1,06 0,771

Alaise 124 683 Repasseuse 2.75 150 84,6 1,02 0,696

Taie 37 108 Repasseuse 1.48 150 4 2,22 0,239

Gant de

toilette

162 22,4 Séchoir 0.28 80 3,63 2,17 0,0485

Eponge 150 121 Séchoir 1.15 100 18,1 1,12 0,135

Drap bain 28 286 Séchoir 2.50 100 8 0,936 0,267

Blouse 35 450 Séchoir 15 130 15,8 1,21 0,543

Tablier 21 480 Séchoir 3 130 10,1 0,983 0,472

Pantalon 27 400 Séchoir 10 130 10,8 1,17 0,469

Tunique 26 270 Séchoir 11 130 7,02 1,38 0,372

Bavoir 148 162 Séchoir 7 100 24 1,36 0,221

Serviette 34 75 Repasseuse 1,5 120 2,55 2,87 0,216

Torchon 14 60,8 Repasseuse 1 50 0,852 3,39 0,206

Mouchoir 64 24,6 Repasseuse 100 1,58 6,68 0,164

Vêtements

divers

280 300 Séchoir 130 84 1,02 0,305

Chemise

de nuit

176 300 Séchoir 130 52,8 1,03 0,309

Pull 31 350 Séchoir 130 10,9 1,01 0,354

Sous

vêtements

600 40 Séchoir 130 24 2,93 0,117

Sac à linge 158 252 Séchoir 10 150 39,8 1,34 0,338

Franges

ménage

185 108 Séchoir 3 50 20 1,04 0,112

Couverture 5 1188 Séchoir 21.12 150 5,94 0,87 1,03

Couvre lit 5 810 Repasseuse 53 150 4,05 1,48 1,2

Oreiller 3* 5 328 Séchoir 6 150 1,64 0,978 0,321

Source : Donnés relevées en blanchisserie 2008



En comptabilisant le nombre d’articles par catégorie, et en multipliant par leur poids

unitaire il est possible d’affiner l’analyse des coûts. Le tableau ci-dessus reprend

l’ensemble des articles traités en blanchisserie, le nombre d’articles lavés par jour, le

poids moyen de chaque article, le type de finition réalisée, le prix des articles achetés par

l’établissement (dernières factures). Ce recueil permet de déterminer un coût au Kg de

linge par catégorie, pour ensuite déterminer un coût à la pièce. Cette analyse va me

permettre de réaliser une comparaison entre le prix du blanchissage en interne et le coût

d’une prestation en externe.

L’analyse portera uniquement sur le «grand plat», c'est-à-dire les draps, les alaises et les

taies, cela représente environ 30 % du linge traité en blanchisserie. Il a été impossible de

trouver un prestataire de service pouvant prendre en charge la totalité du linge de la

Résidence des Fontinettes, du fait des nombreux articles personalisés.

Coût mensuel d’un traitement interne des différents articles étudiés

Articles

Nombre utilisé par

jour

Nombre utilisé par

mois

Coût unitaire

HT par article

en euros

Total mensuel

HT en euros

Draps

62

1860

0,771

1434,06

Alaises

82

2460

0,696

1712,16

Taies

26

780

0,239

186,42

Source : Calculs réalisés à partir des données relevées en blanchisserie 2008

Le montant total TTC mensuel du traitement en interne pour ces trois articles est de

3985,83 euros.

1.3.2 Etude des coûts pour une externalisation d’une partie du linge

Le traitement en blanchisserie industrielle s’effectue dans une unité qui se situe à

l’extérieur de l’établissement. Il est utilisé pour des articles dont la restitution rapide n’est

pas nécessaire, c’est le cas des articles banalisés comme les draps, les alaises, les taies.

J’ai parallèlement à l’étude interne pris contact avec un prestataire pour déterminer le coût

mensuel d’un traitement à l’extérieur.

Deux propositions m’ont été présentées : d’une part, pour le blanchissage du linge plat de

l’établissement, ce qui oblige à un marquage rigoureux de tous les articles, et d’autre part

pour la location entretien du linge plat.

La base de calcul retenue pour la location entretien du linge plat est la suivante :

- 2 draps plats avec un change par semaine

- 1 taie avec un change par semaine

- 1 alaise imperméable avec 1 change par jour pour les résidents GIR 1/2 (66

résidents), 1 change tous les deux jours pour les résidents GIR 3/4 (48 résidents),

et 1 change semaine pour les GIR 5/6 (8 résidents, et les 39 résidents du foyer de

vie).

Pour le blanchissage des articles de l’établissement, la base de calcul est l’utilisation

effective des services.

Coût mensuel de la location entretien

Articles

Consommation mensuelle

(pièces)

Prix unitaire HT

(euros)

Montant mensuel HT

(euros)

Draps

1400

0,670

938,00

Alaises imperméables

2905

0,895

2599,97

Taies

700

0,303

212,10

Source : Données fournies en 2008 par la société prestataire de service

Le montant mensuel TTC de la prestation location entretien s’élève à 4485,08 euros.



Coût mensuel du blanchissage

Articles

Consommation mensuelle

(pièces)

Prix unitaire HT*

(euros)

Montant mensuel HT

(euros)

Draps

1860

1,419

2639,34

Alaises

2460

0,963

2368,98

Taies

780

0,525

409,50

*Coût d’entretien par le prestataire plus coût d’achat du linge par l’établissement. Source : Données 2008 fournies par la société prestataire de service

Le montant mensuel TTC de la prestation s’élève à 6479,71 euros.

La proposition de location entretien est plus avantageuse que le blanchissage seul. Cela

est dû au fait que la prestation d’entretien est complétée par l’achat et la gestion du stock

d’articles nécessaire à l’établissement. Le prestataire est propriétaire du stock et en

assure son renouvellement. Cette formule impose la banalisation des articles des

différents clients, mais permet au prestataire un gain de temps du fait de la suppression

fastidieuse de la répartition des articles en fonction des clients. D’autre part, les effets de

masse lui permettent de procéder aux acquisitions de linge dans de meilleures conditions

économiques.

1.3.3 La solution retenue pour l’établissement

Comme il est possible de le constater, c’est la formule du maintien de la totalité de la

prestation linge en interne qui est la plus avantageuse pour l’établissement. Il est vrai que

le grand plat ne représente que 30 % du linge à entretenir au niveau de la structure. De

plus, il est impossible du fait de la charge de travail induite par les articles nominatifs, de

réduire le personnel sous statut en blanchisserie même en externalisant le grand plat. La

directrice a donc pris la décision dans le cadre du reconventionnement de restructurer le

service et de changer le matériel nécessaire.


Il est à noter que pour le calcul du coût de blanchissage en interne, j’ai considéré

l’amortissement des machines comme si elles étaient neuves. Donc il n’y aura pas

d’augmentation du prix au kilo après les investissements.

Sur le plan architectural, pour assurer une prestation de qualité, il est fondamental de

fermer l’ouverture côté propre et d’en ouvrir une côté sale. Il faut également monter un

sas entre les deux zones et réaliser une cloison autour des machines aseptiques. Ces

quelques travaux seront réalisés par les services techniques de l’établissement.

Sur le plan matériel, l’achat d’une machine aseptique neuve de cinquante kilos à été

réalisé fin 2007. Avec cette machine et les deux autres de vingt et trente kilos

respectivement achetées en 2002 et 2006, la capacité pour traiter le linge est suffisante.

Toutefois, afin de soulager les machines actuelles et de prévoir une marge de sécurité en

cas de panne, il sera intéressant de prévoir dans les trois années à venir, l’achat d’une

machine de dix huit à vingt kilos.

C’est dans la zone de finition que les investissements sont les plus importants. Il faut

prévoir le remplacement de la sécheuse repasseuse (2008/2009), d’un séchoir rotatif

(2009/2010), et de remplacer le mannequin de finition par une table à repasser

professionnelle (2008).

Pour le marquage du linge, une machine a été achetée en 2008 pour permettre de

rationnaliser et améliorer la qualité du travail des lingères. Le gain de temps réalisé lors

de cette activité va permettre de ne pas remplacer la responsable de lingerie lors de son

départ en retraite et de redistribuer ce poste sur un autre service.

Ces investissements seront plus détaillés dans la troisième partie de ce mémoire.

Le maintien de l’entretien du linge en interne dans la structure requiert d’évaluer et

d’améliorer la fonction linge dans son ensemble. C’est ce que va traiter la deuxième partie

de ce travail.


2 La fonction linge à la Résidence des Fontinettes au regard la méthode RABC

« Une circulaire il y a une trentaine d’années indiquait que toute blanchisserie de moins

de trois tonnes par jour n’était pas rentable. Aujourd’hui, nous connaissons de

nombreuses structures qui traitent 500 kilos de linge par jour ou moins et dont le prix de

revient du kilo produit est moins cher que certaines structures qui traitent plus de trois

tonnes. Alors regardons d’un œil neuf la fonction blanchisserie, trop souvent décriée, elle

est réellement porteuse de pistes très intéressantes.»9

Dans cette deuxième partie, après avoir présenté d’une part les particularités du linge en

EHPAD, et d’autre part l’intérêt que revêt la méthode RABC, j’aborderai l’ensemble du

circuit linge à la Résidence des Fontinettes.

2.1 Les spécificités du linge

Dans ce chapitre je présenterai dans un premier temps les différentes catégories de linge

à traiter, puis dans un second temps je préciserai l’importance des vêtements personnels

pour les résidents, enfin j’insisterai sur le rôle du linge dans la transmission des infections

nosocomiales.

2.1.1 Les différentes catégories de linge et leurs particularités

A) L’évaluation des consommations de linge par lit et les caractéristiques techniques

des articles textiles

La consommation de linge par lit varie fortement suivant les établissements de 1,5 à 5 Kg.

Pour la Résidence des Fontinettes elle est de 2,42 kilos par résident. Elle varie suivant le

type d’établissement, la typologie de la population (âge, sexe et taux de dépendance), la

part de la consommation des produits jetables par rapport au textile.

« Au vu des écarts constatés sur les consommations, l’évaluation de la quantité de linge

utilisée en France dans le secteur des personnes âgées est difficile à réaliser. Cependant,

en prenant la valeur médiane de 3 kg par lit et par jour, il est possible d’estimer la

consommation à : 565 989 x 3 x 365 x 0,9 (taux d’occupation de 90 %) = 557 782 759 kg

par an. Considérant un prix moyen du kilo de linge à 1,46 euros, le budget linge pour les

9 Daniel LOCHE, expert en blanchisserie hospitalière et ancien président de l’URBH.


personnes âgées en France peut être estimé à 814 361 952 euros ».10 C’est pour cela

qu’il est intéressant d’étudier la fonction linge dans les EHPAD.

Les vêtements et articles textiles doivent présenter, selon leur destination, un certain

nombre de caractéristiques textiles répondant à leur usage et à leur entretien. Ils doivent

être stables et ne pas rétrécir lors des opérations d’entretien. Lorsqu’il est en coton, le

tissu n’est pas toujours stabilisé en neuf et il peut se produire des rétrécissements.

Lorsqu’il est en polyester, le tissu est généralement stabilisé en neuf et on peut s’attendre

à une bonne stabilité. Les articles sont thermo fixés pour éviter les phénomènes de

plissement le long des coutures. Autrefois omniprésent, le coton cède la place au

mélange polyester-coton, du fait de sa facilité d’entretien. Le mélange des deux fibres est

censé combiner les avantages de chacune d’elles, afin d’obtenir des articles résistants,

infroissables, qui sèchent rapidement tout en gardant un contact avec la peau agréable et

une bonne absorption de la sueur.

Les coloris doivent présenter, selon l’usage de l’article, des solidités tinctoriales

satisfaisantes à la lumière, au lavage, à la sueur, à l’eau de javel et aux oxydants. Au

cours de sa vie, un article textile doit conserver un aspect satisfaisant et en particulier,

éviter les phénomènes de peluches et de bouloches.

B) Le linge hôtelier

Les prestations relatives à cette famille dépendent de la politique plus ou moins affirmée

qu’un établissement veut mettre en œuvre en matière de qualité hôtelière. Les attentes

vis-à vis de cette dernière sont plus fortes dans les établissements d’hébergement. Cette

famille comprend :

- Le linge de literie composé de polyester-coton, avec les draps, les alaises et les

taies d’oreiller. Ces articles sont à la Résidence des Fontinettes séchés dans les

séchoirs puis passés dans la calandre qui ne sèche plus suffisamment pour

recevoir les draps en direct. Son remplacement va permettre un gain de temps au

niveau du traitement de ces articles. Ils sont ensuite pliés manuellement. Cette

catégorie doit satisfaire au confort hôtelier, par exemple par la possibilité de mettre

des draps de couleur assortis aux peintures des chambres. C’est le cas à

l’EHPAD, chaque service a une couleur différente. Outre l’aspect esthétique

10 Union des responsables de Blanchisseries Hospitalières (URBH). « Guide de la fonction linge

dans les maisons de retraite et les centres d’hébergements de longs et moyens séjours ». P8.


l’établissement ne disposant pas d’une dotation de linge par service, les couleurs

permettent le retour de ce linge au bon étage. Le groupe de pilotage RABC que

j’ai mis en place, a travaillé lors de sa deuxième réunion sur la mise en place

d’une dotation afin de sécuriser le circuit. En effet, ce fonctionnement permet

d’avoir une rotation du linge et donc de pouvoir travailler avec une journée de linge

propre d’avance, ce qui sécurise la prestation en anticipant sur les risques de

panne ou de coupure d’eau par exemple. La blanchisserie entretient également

les couvertures, les oreillers et les couvre lits. Ils doivent être traités « non feu » et

lavables à des températures élevées. Ces articles sont séchés dans les séchoirs

rotatifs, puis pliés manuellement.

- Le linge de toilette en coton, est composé essentiellement de serviettes et gants

de toilette appartenant aux résidents, ils sont demandés dans le trousseau. Peu

d’établissements font le choix de proposer du linge de toilette. Ils se contentent, en

général, d’offrir quelques serviettes aux résidents pour lesquels cela manque.

Toutefois l’établissement a une grande quantité de draps de bain, car tous les

matins les résidents du foyer sont douchés ce qui représente 39 draps de bain par

jour. Au niveau de la maison de retraite, chaque service réalise cinq à six bains

pour lesquels sont également utilisés des draps de bain banalisés. Ces articles

sont séchés dans les séchoirs rotatifs, pliés à leur sortie pour être mis dans les

chariots casiers aux noms des résidents pour les éponges personnelles et dans

les chariots de service pour les articles banalisés.

- Le linge de maison en coton comprend les bavoirs, les torchons, les serviettes de

table. Les premiers sont séchés dans les séchoirs, les deux derniers passent au

niveau de la sécheuse repasseuse.

- Le linge d’ameublement est composé des voilages, doubles rideaux, rideaux

d’occultation… Tous ces articles doivent être « non feu » et d’un entretien aisé. Ils

sont déposés en blanchisserie par le personnel de soin, et sont récupérés mouillés

pour leur remise en place.

- Les articles d’entretien des surfaces regroupent les bandeaux de ménage, les

lavettes, et les franges. Pour que l’acte de nettoyage et de désinfection des

surfaces ne soit pas vecteur de contamination, les articles textiles sont recyclables

à utilisation unique, c'est-à-dire qu’ils sont employés une seule fois pour une pièce.

Un lavage automatisé de ces articles est indispensable, car il assure la


désinfection. Le volume de ces textiles représente 4 % de l’ensemble des articles

traités par l’établissement.

C) L’habillement

Dans cette deuxième famille, on trouve :

- L’habillement du personnel dont l’utilisation du polyester-coton maintenant

généralisée, a permis de réaliser des économies substantielles sur les achats et

l’entretien (de l’ordre de 30 %), tout en réalisant un bon compromis entre la facilité

d’entretien, le confort d’utilisation, l’aspect esthétique qui est très important dans

les résidences pour personnes âgées, pour que l’habillement ne ressemble pas

aux tenues hospitalières. Le nombre de tenues par agent a progressé depuis

quelques années, afin de permettre le change quotidien. Les tenues sont

personnalisées même pour les stagiaires et les contractuels. Néanmoins, les

tenues sont assez anciennes et devront être remplacées afin d’améliorer l’aspect

hôtelier que le conventionnement veut mettre en avant. Ce changement fait partie

des objectifs de la nouvelle convention. Cette catégorie de linge est séchée en

séchoirs rotatifs avant d’être pliée.

- L’habillement des résidents est procuré par les résidents eux-mêmes ou par les

familles. Bien que des recommandations leur soient données par l’établissement

pour ce qui concerne les articles souhaités par le biais du trousseau, la grande

majorité de ces produits reste difficile à maitriser. On se trouve, en général, en

présence d’articles de qualités très diverses, souvent fragiles, qui ne peuvent pas

faire l’objet des mêmes traitements industriels que les autres catégories et qui

nécessitent des prestations de proximité. Ces prestations s’apparentent à celles

qui sont effectuées en pressing, à la différence près qu’elles relèvent plutôt,

compte tenu de la nature particulière des salissures, à un nettoyage à l’eau.

L’entretien de ce linge demande une main d’œuvre importante qui rend cette

famille plus onéreuse que les autres. Elle pèse de ce fait sur les résultats

d’ensemble de la fonction linge et nécessite de la différencier du reste lors des

comparaisons économiques. Il est séché dans les séchoirs rotatifs et certaines

pièces demandent un repassage. Les vêtements sont ensuite pliés et repartis

dans les différents chariots nominatifs.


2.1.2 Le linge personnel des résidents

A) Le trousseau

Une liste type pour le trousseau est remise au résident ou à sa famille lors de la visite de

pré-admission. Durant celle-ci l’adjoint administratif chargé des relations avec les

résidents insiste sur la nécessité de remettre le linge quelques jours avant l’entrée pour

qu’il soit marqué au nom du résident. Malheureusement ce n’est que trop rarement le cas.

Les vêtements apportés ne sont pas limités, mais ils doivent comprendre au minimum :

- Pour le linge de toilette : 2 draps de bain (facultatif), 6 serviettes éponge, 6 gants

de toilette ;

- Pour le linge de corps : 8 culottes ou slips, 8 chemises de corps, des gaines si

besoin, 5 combinaisons ;

- Pour les vêtements femmes : 6 robes, 4 chemisiers, 4 gilets, 1 manteau ou

imperméable, des bas ou collants, 6 chemises de nuit, 2 robes de chambre ;

- Pour les vêtements hommes : 6 pantalons, 6 chemises, 4 pulls ou gilets, 2 vestes,

1 manteau ou imperméable, 6 paires de chaussettes, 6 pyjamas.

Les robes, les gilets ou pulls ne doivent pas comporter plus de 30 % de laine de

préférence afin de faciliter leur entretien.

Un inventaire est réalisé à l’entrée du résident par la lingère. Cela permet un meilleur suivi

du linge et évite les pertes. Toutefois lorsque du linge neuf est apporté, il n’est pas

toujours transmis à la lingère, ce qui génère des problèmes.

B) Le marquage

Afin de garantir au résident le retour de ses vêtements, l’identification du linge est

indispensable. Le marquage est l’opération par laquelle une ou plusieurs informations

sont apposées sur le vêtement. L’identification est l’opération de reconnaissance d’un

vêtement parmi les autres en vue de son isolement pour un traitement ultérieur (tri,

stockage, distribution,…). Ces deux opérations sont intimement liées, le choix du moyen

de marquage dépendant du type d’identification prévue. Pour le linge des résidents, il est

nécessaire de marquer le nom de l’établissement et le nom du résident. Ce marquage

permet lors d’un transfert dans un autre établissement (hospitalisation) de récupérer le

linge. Il permet de conserver l’identité du résident dans tous les cas, restitution, inventaire

et suivi du linge dans l’établissement.


L’établissement a depuis toujours brodé le linge lui appartenant directement sur le tissu.

Par contre pour les vêtements des résidents, la broderie est d’abord réalisée sur une

étiquette qui est elle-même cousue sur l’article. Cette méthode requiert un temps

important au niveau de la lingerie. C’est pourquoi j’ai proposé de privilégier d’utiliser une

étiquette textile de petite taille comme support et une fixation par collage à chaud. Cette

technique permet, de standardiser le type de marquage, de disposer d’étiquettes de

forme, de taille et de coloris répondant à tous les cas de figure et d’avoir une rapidité

d’exécution. L’écriture des informations sur l’étiquette s’effectue par le biais d’une

imprimante et nécessite cependant un équipement informatique comprenant un

ordinateur, un logiciel d’édition d’étiquettes et d’une imprimante susceptible de recevoir

des étiquettes textiles. Enfin une bonne thermo fixation n’est garantie que par l’utilisation

d’une thermo presse.

Il est important de sensibiliser les familles à l’importance du marquage surtout pour le

linge ramené ou offert après l’admission.

C) L’importance du linge pour le résident

Le problème que pose l’entretien du linge des résidents est à la fois culturel et technique.

Il est une fraction de leur propre identité d’où la réticence à le confier.

L’habillement des résidents est en pleine mutation suite aux modifications des modes

vestimentaires. D’un habillement plus ou moins standard lié aux habitudes ou à un

habillement par la collectivité, il est passé à un habillement diversifié qui traduit les

souhaits de continuer à utiliser ses propres vêtements lorsque l’on doit intégrer une

structure d’hébergement. Ces textiles très variés nécessitent une adaptation des

techniques d’entretien et un savoir faire des agents, impliquant une formation initiale.

Le respect de l’individu passe par le respect de ses choix. Si un résident met souvent un

gilet alors que celui-ci est un peu déchiré, usé ou qu’il a une couleur passée de mode, il

ne faut pas lui interdire de le porter. Il doit au contraire être prétexte à une évocation de

son histoire. Les compliments à propos du choix de la couleur d’un vêtement, de sa coupe

ne sont pas sans importance.

Remarquer un bijou, c’est aussitôt engager son histoire et donc l’histoire de vie du

résident. Par cette simple discussion, le personnel restaure la confiance d’une personne

en elle-même et la stimule de sorte qu’elle maintienne ses efforts les jours suivants.

La Résidence des Fontinettes présente une particularité par rapport à cette catégorie

d’articles du fait du foyer de vie pour adultes handicapés. En effet, cette population jeune

dont la moyenne d’âge est de 46,53 ans en 2007 porte des vêtements de type jeans,

chemisiers coton, tee-shirts, jupes et robes avec des volants. Ce linge demande donc une


finition plus pointue telle que le repassage contrairement au linge de l’EHPAD. De plus, il

nécessite également un gros travail de réparation car il est très souvent endommagé et

déchiré.

2.1.3 Le rôle du linge dans la transmission des infections nosocomiales et les précautions prises en cas d’épidémie

A) Contamination du linge « propre »

Le rôle du linge dans la transmission des infections nosocomiales est discuté. Les

données objectives, validées et publiées dans la littérature scientifique sont peu

nombreuses mais il existe quelques preuves directes ou indirectes du rôle du linge dans

la transmission d’infections nosocomiales, tant au niveau des usagers que du personnel.

Dans des conditions normales de traitement, de manipulation et de stockage, le linge

propre contient très peu de micro-organismes ; lorsqu’ils sont présents, ceux-ci sont des

contaminants de l’environnement. Toutefois, des accidents infectieux ont pu survenir et

mettre en cause le linge « propre » dans la genèse d’infections nosocomiales parfois

épidémiques, comme cette importante épidémie d’infections graves à Acinetobacter dans

différents services d’un hôpital (137 cas en 2 ans). Des oreillers, entretenus par lavage en

blanchisserie mais insuffisamment séchés, constituaient le réservoir11.

Ainsi, le linge propre a été rendu responsable d’infections graves lorsqu’il n’était pas

correctement traité ou géré tout au long de la chaîne depuis le traitement jusqu’à

l’utilisation. D’où l’importance de former le personnel aux bonnes pratiques d’hygiène en

blanchisserie.

B) Contamination du linge sale

Les données de la littérature concernant la contamination microbiologique du linge sale

sont éparses et présentées sous plusieurs aspects. Elles se rapportent essentiellement à

la literie. Dès l’occupation du lit, le linge est très rapidement contaminé : après huit heures

voire même après trois heures d’occupation du lit, une prolifération bactérienne peut être

observée au niveau des pièces de linge sous l’effet de la chaleur et de l’humidité. Dans de

11 Weernink A, Severin A.P.J, Tjernberg I, Dijkshoorn L. Pillows, an nonexpected source of Acinetobacter. J Hosp Infect 1995 ; 29 : 189-199.


bonnes conditions, une bactérie en donne deux au bout de vingt minutes, puis quatre en

quarante minutes, pour arriver à plus d’un million de bactéries en douze heures.

L’écologie microbienne du linge sale a été abondamment étudiée. Les bactéries

rencontrées sont, soit des bactéries d’origine cutanée comme les Staphylococcus aureus,

soit des bactéries d’origine digestives comme les Escherichia coli. La présence de

Bactéries Multi Résistantes aux Antibiotiques (BMR) est également décrite : 60% des

draps de patients porteurs de SARM (Staphylococcus Aureus Résistant à la Méticilline)

seraient contaminés par cette bactérie.

Les conséquences de la contamination du linge sale sont d’une part la transmission

d’infections ou la colonisation du personnel lors de la manipulation du linge souillé, et

d’autre part la contamination de l’environnement. Ainsi la manipulation du linge sale doit

être considérée comme un geste hautement septique nécessitant des précautions

importantes. Il faut distinguer deux situations :

- L’unité de soins où le linge sale peut entraîner une contamination des mains des

soignants, de leur tenue vestimentaire et de l’environnement. Par exemple lorsque

le linge sale est déposé sur le sol avant d’être mis dans les chariots ad hoc. Ces

mécanismes rendent inévitable le rôle du linge sale dans la transmission croisée

de micro-organismes en particulier les BMR.

- La blanchisserie et en particulier la station de tri où les risques de contamination

du personnel se surajoutent au risque d’accidents d’exposition au sang par

piqûres.

C’est pour cela qu’il faut privilégier l’information auprès du personnel sur l’importance du

lavage des mains et du port du tablier lors de la distribution des repas. Le CCLIN Paris

Nord préconise systématiquement en EHPAD comme à l’hôpital le port d’un tablier à

usage unique lors des toilettes et de la réfection des lits, afin de limiter la contamination

des vêtements professionnels. Cette mesure n’est pas sans incidence sur le budget de

fonctionnement, mais nous avons du prendre cette mesure à la Résidence des

Fontinettes pour éviter un risque de contamination des résidents par l’ERV.

C) Le circuit et le traitement du linge lors d’épidémie à la Résidence des Fontinettes

En cas d’épidémie, la manipulation, le transport ainsi que le traitement du linge utilisé sont

soumis à des précautions particulières.

L’étape du pré-tri du linge sale est réalisée dans la chambre par un personnel qui revêt

les compléments de tenue adaptés au type d’isolement septique. Le pré-tri de ce linge


contaminé est réalisé dans le respect des règles suivantes : le linge n’est pas secoué, il

est manipulé à bout de bras, les poches sont vidées de leur contenu et le linge n’est pas

tassé dans un sac surchargé.

Le linge est placé dans un sac équipé d’un lien hydrosoluble. Ensuite, il est mis dans un

deuxième emballage de transport qui est clairement identifié et déposé dans la trappe

d’évacuation.

Le personnel de blanchisserie qui réceptionne le linge contaminé, n’est pas amené à le

trier mais à le traiter le plus rapidement possible avec le minimum de manipulations. Ce

personnel porte des gants et une surblouse. Il est à noter que ces compléments de tenue

ne sont pas recommandés uniquement dans le cas du linge contaminé mais lors de toute

activité de tri du linge sale au quotidien.

L’agent ainsi protégé ouvre le sac de transport et le dispose à l’entrée de la machine à

laver. Il pousse le sac qui contient le linge par l’extérieur du sac de transport, dans la

machine, en évitant tout contact direct. En effet, il est possible qu’un sac hydrosoluble soit

partiellement dissout en présence de linge mouillé.

Le poids du linge traité est géré de façon à éviter une surcharge et, par conséquent, un

brassage peu efficace lors du lavage. Il est lavé avec des produits possédant des normes

de bactéricidie et de fongicidie, à une température basse convenant à tous les types de

textiles. Ensuite le linge est trié et rejoint le reste des articles textiles.

Lors du travail avec le groupe de travail RABC, j’ai noté un problème qui doit être résolu

rapidement. En effet, le linge très souillé est également mis dans des sacs hydrosolubles

comme le linge contaminé. De ce fait le personnel de blanchisserie ne peut pas faire de

distinction entre les deux, ce qui entraine un surcroit de travail, et un coût supplémentaire

car les produits désinfectants sont plus onéreux que les lessives classiques.

2.2 L’intérêt de la méthode RABC.

A l’heure du recentrage des établissements sur leur cœur de métier, la problématique de

l’efficience des services logistiques gagne en acuité. Dans ce cadre, la méthode RABC

(Risk Analysis and Biocontamination Control), apparaît comme un outil incontournable de

modernisation et de valorisation, voire de réorganisation et de restructuration de la

fonction linge, à l’hôpital comme dans les établissements sanitaires sociaux et médico-

sociaux.

La mise en œuvre de la méthode RABC renvoie à une démarche qualité, décrite dans la

norme NF EN 14065, et a vocation à devenir un étalon de mesure de la qualité et de la

sécurité de la chaîne des prestations afférentes au linge, du blanchissage à la distribution.


Avant de mesurer les opportunités managériales dont la RABC est porteuse, examinons

ce qu’est cette méthode et quels en sont les objectifs.

2.2.1 Qu’est ce que la méthode RABC ?

Motivée par une recherche d’efficience qui garantira sa pérennité financière, la bonne

mise en œuvre de la méthode RABC est conditionnée par les pré-requis qui fondent toute

démarche qualité, à savoir : un engagement fort de la direction dans les programmes de

management de la qualité, la constitution d’une équipe pluridisciplinaire avec différentes

compétences représentées, le respect des bonnes pratiques professionnelles et un plan

de formation destiné à adapter le niveau de compétences des personnels.

Le respect de l’ensemble de ces points conditionne la bonne mise en application des 7

principes généraux de la méthode RABC :

- Principe n° 1 : identifier les dangers microbiologiques, évaluer et classer les niveaux de risque de biocontamination (conséquence de ces dangers) ;

- Principe n°2 : identifier les mesures de maîtrise à même d’éliminer ou de réduire ces risques. L’équipe RABC doit alors déterminer pour chaque danger, le stade du processus de traitement dans lequel ils apparaissent et où ils doivent être maîtrisés afin d’éliminer ou de réduire les risques à des niveaux convenus ;

- Principe n°3 : fixer les niveaux cibles et les limites critiques, critères qui distinguent l’acceptabilité de la non acceptabilité ;

- Principe n°4 : les niveaux cibles mettent en évidence des non conformités qui pourraient avoir une action négative sur la qualité convenue du linge. La détection de ces dysfonctionnements se fait par le truchement de contrôles qui permettent d’observer les conditions normales de fonctionnement de chaque point de maîtrise et de détecter tout écart par rapport à la valeur cible ;

- Principe n°5 : la mise en place d’actions correctives assure la restauration de la maîtrise du processus et participe à l’amélioration continue de la qualité ;

- Principe n°6 : l’efficacité du système est vérifiée et validée par l’évaluation et la revue de l’ensemble des processus et ce de manière périodique par audit et autoévaluation ;

- Principe n°7 : l’importance d’un système de documentation à jour ne doit pas être négligée ; il sera composé par les documents qualité (protocoles, procédures, fiches de contrôles, résultats d’analyses…), le manuel qualité RABC et les comptes rendus de réunions.


2.2.2 Pourquoi mettre en place cette méthode ?

L’objectif recherché par la RABC est d’aboutir à une reconnaissance de la blanchisserie

comme partie intégrante du soin dans un souci d’accompagnement global du résident et

de lutte contre les infections nosocomiales. Dans l’établissement, le problème du linge

contaminé s’est posé par le retour de la résidente ERV positive.

L’analyse du risque et la maîtrise de la bio contamination se fondent essentiellement sur

des mesures préventives assurant la qualité microbiologique du linge, en fonction de

l’usage prévu du textile concerné.

Cette norme ne fait pas abstraction de l’importance de la propreté sensorielle du linge,

notamment visuelle et olfactive. Toutefois, l’objectif ultime est l’obtention de textiles de

qualité microbiologiquement maîtrisée grâce à : l’hygiène des locaux, la qualité du

matériel de traitement et de transport du linge, la qualité de l’eau, l’hygiène corporelle et

des tenues du personnel, ainsi qu’aux techniques déployées dans tout le circuit à partir du

pré-tri du linge sale dans les services, jusqu’à la livraison du linge propre.

2.2.3 La méthode RABC, outil de management de la fonction linge

A) La RABC, outil de valorisation et de modernisation de la fonction linge

Elle apporte des gains économiques et budgétaires, et instaure une logique client-

fournisseur. Sur le plan budgétaire, si le choix de déploiement de la méthode

s’accompagne d’un coût immédiat en matière de réunions, de formation et

d’investissement, il permet d’engranger des économies de fonctionnement grâce à une

réorganisation générale limitant alors de coût de la non qualité de la fonction linge.

Cette méthode, à l’instar du HACCP en cuisine collective, représente donc un puissant

outil de valorisation et de modernisation de la fonction linge. La RABC permet une

mobilisation des équipes de blanchisserie qui se verront valorisées par la démonstration

de leur capacité à appliquer un référentiel de gestion des risques de bio contamination.

Elle instaure une logique de relation client fournisseur avec les services clients, qui

implique des droits et des devoirs des deux côtés donc un respect et une reconnaissance

accrue du travail et des contraintes de chacun.


B) La RABC, outil de contrôle de la qualité des prestations

La méthode RABC offre toutes les opportunités managériales des outils de maîtrise des

risques : visibilité accrue des processus et élévation de la qualité, revues régulières du

niveau de qualité, grille d’évaluation des prestations.

Tout comme l’HACCP, la RABC met à plat l’ensemble des processus et des modes de

fonctionnement de la blanchisserie. Par la mise à niveau éventuelle des installations et

par la formation des opérateurs, elle débouche sur l’instauration de standards de qualité

et de sécurité qui offrent une grande visibilité, tant sur le plan de l’hygiène que sur le plan

des séquences productives et logistiques. L’élévation du niveau des compétences des

cadres et des opérateurs conduit à une évaluation facilitée, non seulement des

prestations, mais également des pratiques professionnelles.

2.3 L’état des lieux du circuit du linge dans l’établissement

L’observation directe que j’ai réalisée dans l’établissement est basée sur l’analyse des

pratiques et des procédés tout au long du circuit du linge. Elle a pour objectif principal

d’évaluer l’adéquation des bonnes pratiques énoncées à la maîtrise de la prestation

assurée, c'est-à-dire la qualité microbiologique du linge. Je vais présenter dans un

premier temps le circuit en amont, puis le traitement au niveau de la blanchisserie, pour

terminer par le retour des articles dans les services.

2.3.1 En amont du traitement du linge

A) La collecte du linge sale

Le linge sale est retiré de son site d’utilisation, transporté manuellement pour être déposé

dans les sacs collecteurs situés à la porte de la chambre. Il y a quatre sacs de couleurs

différentes, chacune correspondant à une catégorie précise d’articles : le jaune pour les

vêtements des résidents, le vert pour les draps, le rouge pour les alaises, le bleu pour les

éponges et les bavoirs.

Le tri n’est pas toujours respecté dans les services, ce qui entraîne des dommages sur le

linge dans certains cas. Ce problème a plusieurs causes. Les collecteurs sont vieux et

n’ont plus de couvercles, ce qui empêche de mettre des affichettes plastifiées rappelant le

tri. D’autre part certains résidents gérant eux-mêmes leur linge déposent parfois leurs


vêtements dans le mauvais sac. Pour éviter cela, j’ai proposé la réalisation par la

couturière de petits sacs à linge qui seront disposés dans les sanitaires des chambres.

Le personnel doit vérifier l’absence de corps étrangers dans le linge, ceci n’est pas

systématiquement fait, car il est fréquent de retrouver des objets dans le linge lors du tri.

Il faut à ce niveau supprimer tout contact du linge avec la tenue professionnelle. Pour ce

faire le port d’un tablier protecteur est recommandé. Dans l’établissement cette pratique

n’est pas respectée. Il faut également limiter au maximum l’aérocontamination en

manipulant le linge avec des gestes mesurés, en ne le posant pas au sol, et en évitant

tout dépôt intermédiaire. A la Résidence des Fontinettes, le personnel dispose de paniers

à linge dans les chambres pour sortir l’ensemble du linge à la fin des soins auprès du

résident. Cette organisation nécessite une double manipulation du linge sale.

Les sacs à linge doivent être systématiquement et correctement fermés après leur

remplissage. Ils ne doivent pas être remplis au plus des deux tiers de leur volume et pour

des raisons ergonomiques, la charge maximale ne doit pas excéder dix kilos. Malgré ces

recommandations il n’est pas rare de trouver en blanchisserie des sacs trop chargés. Ce

qui pose un réel problème de manutention pour l’agent affecté au tri.

Le collecteur de linge sale est rangé dans un local spécifique, par contre il n’existe

aucune procédure de nettoyage ni de traçabilité concernant ce matériel.

Les axes d’améliorations pour cette activité sont :

- La réalisation d’une procédure écrite et validée sur les spécifications de répartition

des articles par sac collecteur conjointement avec la blanchisserie et les référents

linge ;

- La formation du personnel à cette tâche, et l’évaluation des pratiques ;

- La réalisation des protocoles qui décrivent l’exécution des opérations de nettoyage

et la description des règles d’hygiène.

B) Le stockage du linge et son évacuation en blanchisserie

Les sacs sont évacués au fur et à mesure par une gaine. Ce type d’évacuation est à

proscrire même s’il est conditionné. En effet l’hygiène de la gaine est très difficile à

obtenir. De plus aucun contrat avec une société n’existe pour sa désinfection.

Les sacs jetés arrivent dans un local au rez-de-chaussée de l’EHPAD sur le sol. Cette

pièce est petite et mal ventilée. Parfois il est très difficile d’ouvrir la porte parce qu’il y a

trop de sacs dans ce local, donc elle est laissée ouverte régulièrement. Ce qui pose un

réel problème d’hygiène. Cette salle est nettoyée tous les jours vers 13h15 mais il n’existe

pas de protocole, ni de fiche de suivi.


L’organisation des tâches et des moyens mis à disposition doit diminuer au maximum les

manipulations des sacs de linge sale, ce qui n’est pas le cas ici.

La collecte doit être organisée de manière à ce que les sacs de linge sale séjournent le

moins longtemps possible dans ce local. En effet la durée et la température de stockage

des sacs de linge sale favorisent le développement des micro-organismes. A la

Résidence des Fontinettes le ramassage du linge est réalisé par l’agent du tri quatre fois

dans la matinée. Le linge jeté après 11h30 est ramassé le lendemain matin. Le week-end,

c’est un résident de l’EHPAD qui réalise cette tâche.

En ce qui concerne le foyer de vie le principe de tri est le même, néanmoins il n’existe pas

de gaine. Les sacs remplis sont déposés sur le sol de l’ascenseur pour atteindre le rez-

de-chaussée, et transporté dehors face à la blanchisserie, il y reste jusqu'à 10 heures.

Cette organisation n’est pas satisfaisante et demande des modifications, entre autres

l’achat d’un chariot pour le transport, afin de limiter les risques de contamination au

niveau de l’ascenseur.

De nombreux axes d’amélioration sont à réaliser à ce niveau :

- La suppression de la gaine linge sale, l’utilisation dans chaque service du local où

elle se situe, pour déposer des chariots spécifiques au ramassage du linge ;

- La création d’un poste pour les transports internes, afin de ramasser ce linge,

même le week-end ;

- La réalisation de toutes les procédures de nettoyage et d’hygiène concernant cette

activité, surtout la détermination des horaires de ramassage, et la prévision du

nettoyage et de la décontamination des ascenseurs ;

- Une formation adaptée du personnel affecté à ce travail, ainsi que la prévision de

l’évaluation des pratiques.

C) La réception du linge sale en blanchisserie

Le linge est déchargé dans la zone réservée à cet effet. Celle-ci se situe en début de

process. Il n’existe pas de séparation physique entre la zone sale et la zone propre, ce

qui engendre des risques de contamination. Pourtant, tous les secteurs où transitent les

sacs de linge sale doivent être séparés et isolés des secteurs où passe le linge propre.

Le personnel ne peut intervenir simultanément dans des opérations manipulant du linge

nettoyé, ce qui n’est pas toujours le cas même si l’agent retire sa sur-blouse. Pour passer

d’un secteur à l’autre, il est préconisé de prendre une douche, et de changer de tenue, et,

au minimum de se laver les mains. Une couleur distincte peut être utilisée pour

différencier le personnel œuvrant sur le circuit sale. De même, le matériel utilisé pour la

réception, le tri et le stockage du linge sale doit être réservé à cette fonction.


L’organisation du travail à la Résidence des Fontinettes ne permet pas la sécurité dans ce

domaine. Pour cela, il faut isoler la zone sale et prévoir un sas de liaison entre les deux

secteurs équipé d’un lave-mains.

Dans le local, l’organisation du travail doit permettre de ne pas stocker trop longtemps le

linge sale. Les sacs doivent être triés afin de privilégier un système de gestion de stock de

type « premier entré = premier sorti ». Les procédures n’étant pas rédigées en

blanchisserie, il est difficile de savoir si cette règle est effectivement respectée.

Les manipulations des sacs peuvent contaminer le personnel réalisant cette opération.

C’est pour cela qu’il faut limiter au maximum les maniements. De plus, le personnel

affecté à cette tâche doit porter des gants épais. Il doit être sensibilisé au fait que le linge

sale peut contenir des objets piquants, coupants ou tranchants. La conduite en cas

d’accident doit être affichée dans les locaux, connue des agents et de leur encadrement.

Dans l’établissement le personnel porte des gants fins à usage unique, et les consignes

de sécurité ne sont pas affichées.

Les axes d’améliorations pour ce travail sont :

- La réalisation des procédures relatives à ce secteur ;

- La description des modalités d’entretien du matériel et des locaux doit être

effectuée ;

- Un plan des locaux doit différencier les secteurs « sales », des secteurs

« propres », des secteurs « techniques ». Les circuits empruntés par le linge sale

y sont clairement définis afin de démontrer le respect de la « marche en avant »

dans l’espace ;

- La formation du personnel affecté à cette tâche doit être mise en place, ainsi que

l’évaluation des pratiques.

2.3.2 Le circuit au sein de la blanchisserie

A) Le tri des articles sales

Le tri du linge est diminué par le pré-tri effectué dans les services. Néanmoins, les sacs

de vêtements des résidents sont triés pour séparer les articles clairs des foncés et pour

scinder les différents types de textiles en fonction des températures de lavage. Le sac des

éponges est également trié pour séparer les bavoirs du reste, car ils ne sont pas lavés à

la même température. Chaque sac d’une série de même couleur est véhiculé vers la table

de tri. Cette dernière ressemble plutôt à un chariot, et n’est pas réglable en hauteur, ce

qui pose un réel problème d’ergonomie pour la personne réalisant ce travail. Ensuite, le


sac est vidé de son contenu, puis il est trié par catégorie d’articles, selon un plan

préalablement défini. Ce plan permet d’orienter chaque type d’articles vers un cycle de

lavage adapté, il doit être effectué en partenariat avec le fournisseur de produits lessiviels

qui réalise les différents programmes de lavage au niveau des machines. A la Résidence

des Fontinettes le fournisseur de produits lessiviels utilise les programmes usine de

réglage des machines, cela ne permet pas d’affiner la rentabilité, ni même la qualité de

lavage du linge. De ce fait aucun plan de tri n’est établi au niveau de l’établissement.

Le personnel affecté à cette tâche devrait impérativement revêtir une tenue de protection :

un pantalon et une chemise à manches longues, des gants, un masque et une charlotte.

Cet équipement n’est pas respecté sauf pour les manches longues.

L’accès au secteur tri est actuellement ouvert à tous, pourtant il devrait être strictement

réglementé, pour éviter tous risques de contamination.

Les axes d’amélioration sont :

- La mise en place d’une procédure dans laquelle est décrite la réalisation des

opérations de tri, qui précise la tenue du personnel affecté à cette tâche, son

comportement et ses déplacements ;

- Réaliser le plan de tri permettant d’orienter chaque article vers le traitement le

mieux adapté, limitant ainsi les erreurs pouvant endommager les vêtements des

résidents ;

- Instaurer un système de repérage de la chronologie de tri permettant d’évaluer la

durée d’attente des charges de linge avant leur lavage et de les traiter par ordre

d’arrivée ;

- Prévoir une formation adaptée du personnel ainsi que la réalisation des protocoles

d’entretien du matériel et des locaux.

B) Le lavage

Le linge est acheminé vers les machines à laver avec le moins de manipulations possible

dans des chariots métalliques non hermétiques traversant une partie de la zone propre.

L’établissement dispose de trois machines aseptiques récentes une de 50 Kg, une de 30

Kg et une de 20 Kg. La programmation des machines demande une modification comme

il a été précisé ci-dessus. Les programmes de lavage doivent être adaptés en fonction du

matériel et des différentes catégories d’articles à traiter, afin d’obtenir un maximum

d’efficacité, tant au niveau de la propreté que de la décontamination du linge, tout en

maitrisant au maximum le coût des produits lessiviels.

Le taux de relavage est de 2,5 %, en le faisant diminuer, la charge de travail serait

également réduite.


Actuellement, la fiabilité des cycles de lavage n’est pas assurée par des contrôles de

température, de PH, de concentration des différents bains et de temps de contact

bain/lavage. Cet état de fait est dû au manque de suivi de la société prestataire des

produits. En effet, la concentration des solutions obtenues par dilution doit être contrôlée

tous les trimestres par un dosage physico-chimique, ainsi que les doses de produits

distribués à chaque étape de lavage.

Les machines doivent être entretenues surtout au niveau du hublot de sortie du linge

propre. Il n’existe aucune traçabilité de cette opération dans l’établissement.

L’agent du tri qui met en marche les machines à laver n’a aucune formation dans ce

domaine, elle est diplômée en confection. Pourtant les agents de la buanderie doivent

être formés à la conduite de leurs équipements de lavage, aux techniques physiques et

chimiques mises en œuvre et à leur compatibilité avec les différents textiles. Ils doivent

également maîtriser les éléments de base de l’hygiène.

La norme NFG07-172 fournit les principes de base pour juger de la qualité hygiénique du

linge. Des prélèvements sont réalisés sur le linge avant expédition, sur une gélose de

contact. Après incubation de 72 h à 30° C, le dénombrement des colonies ne doit pas

excéder douze colonies par 25 cm².

Les axes d’amélioration pour ce secteur sont :

- La réalisation de la procédure décrivant les opérations de lavage et les règles

d’hygiène ;

- L’obtention par le fournisseur de produits des programmes de lavage écrits et

validés par la directrice et la responsable de blanchisserie ;

- La mise en place des contrôles réguliers des dosages et l’enregistrement de ces

derniers transmis à la directrice pour le suivi de la qualité et la maîtrise des

dépenses ;

- Un plan de maintenance des installations est réalisé avec le partenariat des

services techniques de l’établissement ;

- Le personnel affecté à cette tâche doit recevoir une formation de type CAP

entretien des textiles.

C) La finition du linge propre

La finition consiste à sécher le linge lavé et essoré afin d’éliminer l’eau résiduelle et de

donner aux articles traités un bel aspect et un toucher agréable.

Les conditions de finition favorisent la prolifération des micro-organismes dans le linge.

Donc il faut limiter la durée d’attente du linge propre et humide entre la sortie du lavage et

le séchage. Pour cela il faut s’assurer qu’il n’y a pas de goulot d’étranglement à ce stade,


c'est-à-dire que la capacité des lignes de finition peut absorber la totalité du linge lavé au

fur et à mesure de la sortie des machines. A la Résidence des Fontinettes, il n’y a pas de

linge humide en attente trop longtemps, car le personnel en zone de finition commence

plus tard que la personne au tri. Néanmoins pendant la coupure du midi, l’ensemble du

personnel termine à la même heure, ce qui entraîne une attente du linge humide.

L’étalement de l’horaire de coupure permettrait de régler ce dysfonctionnement.

En fonction du type de linge, le matériel de finition est différent. Pour le linge plat, il s’agit

de la sécheuse repasseuse, cette dernière n’est pas équipée d’une plieuse ce qui oblige

le personnel à plier la totalité des draps à la main. Cette machine est très ancienne et ne

sèche plus très bien. De ce fait les draps sont d’abord séchés au séchoir. Cette

organisation multiplie le nombre de manipulations du linge, et augmente le risque de

contamination. Le nombre maximum de manipulations recommandées est de cinq. Or à

l’EHPAD pour les draps, il est possible d’en compter huit, avant leur départ pour les

services. Actuellement, il est indispensable de palier ce problème par l’utilisation de gants

à usage unique à certains endroits de la chaîne comme au pliage, à l’entrée et à la sortie

du sèche linge.

Pour les éponges, le linge en forme, et les tissus de nettoyage, la finition est réalisée

grâce aux trois séchoirs rotatifs. Après séchage, le linge est déposé dans un chariot pour

être trié. Tout le linge est plié manuellement, les vêtements des résidents sont d’abord

mis sur cintres à la sortie du séchoir pour être pliés ensuite ce qui représente une perte

de temps importante. Certains articles en coton sont repassés avant d’être pliés. Le

personnel dispose de quatre tables de travail avec chacune une utilisation spécifique.

Afin de garantir une qualité de lavage irréprochable, et de ne pas sécher des articles

sales, l’efficacité du lavage doit être systématiquement contrôlée avant la finition des

articles. Ceux considérés comme sales doivent être mis à l’écart et évacués pour

traitement complémentaire. Cette consigne est relativement bien faite au niveau de

l’établissement.

De même, tout article endommagé doit être retiré de la circulation et orienté vers l’atelier

de réparation. A la Résidence des Fontinettes le linge est bien transmis en lingerie pour

les réparations. Toutefois, il faut noter que les critères et les modalités de raccommodage

doivent être définis précisément dans la structure. En effet, certains articles devant être

réformés sont réparés jusqu’au bout, et la valeur d’une fermeture éclair est parfois

supérieure au prix du vêtement. La lingère évince certains articles appartenant aux

résidents sans leur accord. Il est alors remplacé par du linge offert à l’établissement en

dons. Cette pratique n’est pas satisfaisante et devra faire l’objet d’une procédure

spécifique afin de favoriser le choix du résident dans ce domaine, tout en fixant des

limites à la réparation.


Les axes d’améliorations dans ce secteur sont :

- La réalisation de toute une série de procédures sur la conduite des différents

équipements utilisés pour la finition, les modalités de contrôle des différents

paramètres, et la conduite à tenir en cas de dérive ;

- La définition des modalités de contrôle visuel des différents articles, les critères de

conformité, les limites d’acceptation et l’organisation du traitement des articles

non-conformes ;

- La mise en place d’une formation adaptée en matière d’hygiène et de maîtrise de

son activité pour chaque agent ;

- La réalisation d’un plan de nettoyage de ce secteur, ainsi qu’un plan de

maintenance des équipements pour limiter les risques de détérioration

prématurée.

2.3.3 Le retour du linge dans les services

A) Le stockage et la préparation des livraisons de linge propre

Le stockage est effectué par catégorie d’articles directement dans les chariots de retour

des services. Il existe deux types de chariots, un composé de petits casiers individuels

avec le nom des résidents, et l’autre pour le linge de l’établissement. Il n’existe pas de

dotation de linge, ce sont les articles traités du jour qui repartent dans les étages. Cette

organisation ne permet pas de prendre de l’avance pour la confection des armoires, de

plus au moindre retard de la blanchisserie, les agents des services perdent du temps en

venant chercher les chariots.

Le personnel des étages de l’EHPAD vient chercher l’armoire avec le linge des résidents

vers 14h30, puis il le ramène à 15h30 pour prendre le chariot de linge plat. Ce dernier est

de retour en blanchisserie le lendemain en venant chercher le chariot des résidents, ce

qui ne laisse qu’une heure à la blanchisserie pour la confection des trois chariots linge

plat.

Pour le foyer, le linge des résidents est mis dans un chariot, il n’est pas trié par nom, le

linge plat est mis comme pour l’EHPAD dans une armoire spécifique. Le personnel du

foyer prend l’ensemble des chariots vers 15h30, ils sont vidés la nuit, et retournent en

blanchisserie le lendemain matin à 8 heures.

Le linge propre peut se contaminer pendant ces opérations, c’est pourquoi il faut veiller à

ce que les locaux de stockage du linge propre et le matériel de transport soient

régulièrement nettoyés et désinfectés. A la Résidence des Fontinettes, aucune procédure


écrite n’existe à ce sujet. Le nettoyage des locaux est réalisé régulièrement, mais les

chariots ne sont jamais nettoyés.

Les axes d’amélioration sont :

- La réalisation d’un plan de nettoyage et de désinfection d’entretien des locaux, des

surfaces et des équipements utilisés pour le stockage et la livraison du linge

propre ;

- La rédaction d’une procédure qui définit les modalités de préparation des

livraisons de linge. Elle doit prévoir l’organisation du remplissage des chariots de

livraison notamment lorsque se côtoient différentes catégories de linge ;

- La définition d’une dotation de linge avec les services utilisateurs et la mise en

place d’un document contractuel, mis à jour en fonction des besoins. Une

procédure connue des utilisateurs doit définir les modalités de mise en œuvre des

modifications.

- Organiser une formation spécifique pour le personnel affecté à cette tâche.

B) Le transport du linge propre

La livraison est réalisée dans des chariots houssés, les housses ne sont pas souvent

nettoyées, ni même vérifiées. La réparation, le nettoyage et la désinfection des housses

seraient facilités, si la blanchisserie disposait d’un jeu de housses d’avance. A la

Résidence des Fontinettes, les circuits propres et sales se croisent, il faut donc mettre en

place une procédure de nettoyage des ascenseurs pour limiter les risques de

contamination.

Les déplacements à l’extérieur du bâtiment des agents des services de soins, ne

permettent pas non plus de respecter les règles d’hygiène préconisées et perturbent le

fonctionnement des services. En effet, l’après midi les agents ne sont que deux, au

moment du transport du linge, il ne reste qu’une seule personne dans les services. De

plus l’horaire est le même pour les trois services ce qui engendre de l’attente à

l’ascenseur. Comme pour le linge sale, la mise en place d’un poste dédiée aux transports

internes, va résoudre ces dysfonctionnements.

Les axes d’amélioration pour ce domaine sont :

- Prévoir les modalités de livraison dans les services et les horaires de transport,

avant la mise en place de la nouvelle organisation, par exemple la préparation des

armoires près de l’ascenseur pour éviter une perte de temps pour la personne

chargée des transports ;


- Définir un plan de nettoyage et de désinfection des chariots, des housses et des

ascenseurs ;

- Prévoir une formation hygiène pour le personnel de transport.

C) La réception, le stockage et la distribution du linge propre

Dès l’arrivée du linge des résidents dans le service, le personnel distribue le linge dans

chaque chambre, et range le linge si nécessaire dans les placards.

Pour le Foyer, c’est le personnel de nuit qui trie le linge des résidents dans un chariot à

casiers. Les vêtements sont distribués le lendemain matin par le personnel de jour.

Pour le linge plat, l’armoire est entièrement vidée dans un local lingerie, du fait de

l’inexistence d’une dotation. Le linge est déposé sur des étagères et la rotation n’est pas

toujours respectée, ce qui fait que c’est le linge dernièrement arrivé qui est utilisé en

premier. Ce système, ne garantit en rien la propreté bactériologique du linge situé au

fond.

La méthode RABC préconise de ne pas sortir le linge de l’armoire jusqu'à son utilisation

afin d’éviter tout risque de contamination et de réduire le nombre de manipulations. La

réserve de linge dans les services devrait être de dimensions réduites. Elle peut être

associée à la réserve de linge à usage unique.

Les axes d’amélioration dans ce domaine sont :

- La réalisation des procédures de contrôle de la réception du linge dans les unités ;

- La mise en place d’un protocole décrivant le fonctionnement du local linge propre

(rangement, rotation des stocks) ;

- La sensibilisation du personnel des services de soins aux règles de

fonctionnement du circuit linge.

L’ensemble des dysfonctionnements soulevés lors de cette observation sont autant de

risques pour la qualité microbiologique du linge. Toutefois, la mise en place d’actions

correctives afin de répondre aux axes d’amélioration va être développée dans la troisième

partie de ce mémoire.


3 Propositions des actions à réaliser

Les propositions que je vais exposer dans cette troisième partie, sont celles que j’ai

présentées dans le projet hôtelier réalisé dans le cadre du projet d’établissement pour la

négociation du reconventionnement. Elles se décomposent en quatre axes, tout d’abord

le plan architectural, puis matériel et enfin, les plans organisationnel et managérial.

3.1 Sur le plan architectural

L’ensemble des ateliers sont implantés au rez-de-chaussée sauf la lingerie qui se situe au

premier étage. Comme la surface du rez-de-chaussée de 367,70 m² le permet elle va être

transférée au même niveau que le reste, en gardant toutefois une petite réserve de linge

neuf à l’étage. En effet, au niveau de l’unité de production, il faut prévoir 0,40 m² par Kg

de linge traité. L’établissement traitant 548 Kg de linge par jour, la surface utile est

d’environ 220 m², ce qui laisse largement la possibilité d’installer la lingerie au rez-de-

chaussée et de récupérer un bel espace au premier étage à d’autres fins. Cette

modification ne demande aucuns travaux particuliers, sauf l’installation de quelques

prises.

Afin de respecter le principe bien établi de la « marche en avant » il faut s’assurer de la

séparation absolue du linge propre et du linge sale. C’est à ce niveau que des travaux

sont à réaliser. Il est indispensable dans un premier temps de fermer la zone sale en

bouchant l’ouverture côté propre par des plaques de plâtre, et en perçant une ouverture

du côté chargement des machines aseptiques.

Ensuite, il est nécessaire de poser des cloisons vitrées autour des machines aseptiques

et de créer un sas entre la zone sale et la zone propre muni d’un lave mains pour

permettre un circuit cohérent et sécurisé.

Les socles de béton des anciennes machines à laver doivent être démontés pour

permettre une circulation plus aisée en zone sale.

Le local des produits lessiviels n’est pas sécurisé. Pour le mettre aux normes, il faut

prévoir des bacs de rétention pour poser les fûts de produits afin d’éviter les mélanges

entre les produits acides et les produits basiques en cas de fuite d’un baril. Un rince œil

sera installé pour terminer les travaux de restructuration.

Voici ci-dessous les deux plans en 3 dimensions qui ne sont pas à échelle des

modifications proposées ci-dessus. Le premier plan permet de voir la zone sale séparée,

avec la cloison des machines aseptiques, et le sas pour passer d’un côté à l’autre en cas

de besoin. Le deuxième plan montre la zone propre et permet de voir le respect de la

marche en avant.

Plan du projet de la restructuration de la blanchisserie Résidence des Fontinettes

Source : Plan du projet réalisé par la société Electrolux (2008)


Circuit du linge de la blanchisserie de la Résidence des Fontinettes

Source : Plan du projet réalisé par la société Electrolux (2008)


3.2 Sur le plan matériel

Afin de permettre une amélioration des conditions de travail et de réduire les risques tout

au long du processus de traitement du linge, l’établissement doit prévoir dans les années

à venir l’achat ou le remplacement d’un certain nombre de matériels, en fonction de sa

capacité à investir et des aides ponctuelles obtenues lors de la négociation du

reconventionnement.

Pour le secteur tri en blanchisserie, il faut remplacer au fur et à mesure les chariots.

Actuellement, ils sont en très mauvais état et ne sont pas ergonomiques. Il faut prévoir

des chariots à fond mobile en aluminium anodisé. Le fond à déplacement vertical permet

de maintenir les produits chargés toujours à hauteur de préhension et favorise la

prévention des lombalgies. Le nombre de chariots nécessaires est de cinq, pour un coût

de 1 632,5 euros TTC environ, en fonction des modèles retenus. De même pour améliorer

les conditions de travail de ce poste, il faut une table de tri à hauteur variable, afin de

faciliter les gestes répétitifs de cette tâche. Le remplacement de cette table, est estimé à

842,55 euros TTC.

L’ensemble des achats de ce secteur est estimé à 2 475,05 euros TTC.

Pour le secteur de production, le remplacement de la sécheuse repasseuse est prioritaire.

Elle permettra un gain de temps au niveau du séchage du grand plat. Une demande de

prix à été faite à trois fournisseurs afin de respecter les règles de la commande publique.

Le matériel retenu est une sécheuse repasseuse à engagement manuel sur l’avant, avec

un pliage longitudinal automatique du linge, ce qui a pour conséquence de diminuer le

nombre de manipulations et de respecter de ce fait les préconisations des bonnes

pratiques en la matière. Le coût total de ce matériel TTC est de 28 106 euros. Cet

investissement est prévu pour l’année 2008, voire début 2009 au plus tard. Il est

nécessaire également pour la finition de certains vêtements d’acquérir une table de

repassage autonome avec un plateau chauffant, aspirant et soufflant. Le montant de cet

équipement est de 4 453,90 euros. La commande sera passée en septembre 2008. Une

petite machine aseptique de 18 à 20 kilos est à prévoir dans les quatre années à venir,

afin de sécuriser la capacité de traitement du linge en cas de panne. Le coût de cette

machine est de 26 300 euros. Enfin le remplacement d’un séchoir doit être programmé

dans les trois ans. Cet investissement correspond à un montant de 6 300 euros.

L’ensemble des acquisitions pour ce secteur représente un investissement de 65 159,90

euros TTC.

Pour le tri du linge sale dans les services, le remplacement des quatre chariots abîmés et

sans couvercle est obligatoire pour réduire les odeurs dans les couloirs et garantir à tous



une hygiène maximale. Il s’agit d’un porte-sacs associé à un collecteur à fermeture

hermétique pour les déchets des changes anatomiques. Les couvercles sont de couleurs

différentes ce qui permet de réduire les risques d’erreurs lors du pré-tri dans les services.

Le montant estimé est de 3 343,35 euros TTC.

La gaine destinée au transport du linge sale sera remplacée par des chariots. Un double

jeu est nécessaire pour permettre d’en déposer un vide et propre lors du ramassage du

linge dans les services. Cette organisation va limiter les manipulations des sacs et va

permettre d’éviter les déchargements de ces derniers sur le sol dans la zone de tri en

blanchisserie. Cet investissement est associé au changement d’organisation des

transports dans l’établissement. Un ensemble de huit chariots est à prévoir pour un

montant de 1 851,70 euros environ.

Le coût total d’investissement en matériel pour l’amélioration de la prestation linge dans

l’établissement est de 72 830 euros TTC.

3.3 Sur le plan organisationnel

La première étape a été de nommer un référent linge dans chaque service. Si l’usager est

bien évidemment concerné par la prestation fournie, les services utilisateurs sont de vrais

interlocuteurs qu’il est important d’associer à cette réflexion pour la mener à bien. Ils

auront pour mission de veiller au respect des procédures relatives au circuit du linge, de

sensibiliser leurs collègues aux bonnes pratiques et d’informer le cadre de santé des

éventuelles difficultés rencontrées. Ainsi, ils participeront quotidiennement à l’amélioration

de la communication au niveau de l’établissement, diffuseront les informations et

faciliteront l’implication des services vis-à-vis de la fonction linge. Ils auront également un

rôle intermédiaire important en cas de réclamations, entre les résidents, les familles et la

blanchisserie.

J’ai, lors de mon stage, créé un groupe de pilotage et animé les premières réunions pour

la mise en place du RABC. Composé de la responsable de blanchisserie, de la

responsable hôtelière, des quatre référents linge nommés pour assurer l’interface entre

les services et la blanchisserie, de la directrice ou son représentant, et d’un représentant

des usagers, il est chargé dans un premier temps de réaliser l’ensemble des protocoles

manquants identifiés au niveau de l’étude réalisée sur le circuit du linge, et de les évaluer

après leur diffusion. Il pourra par la suite procéder à de nouvelles enquêtes sur le terrain,

pour continuer à améliorer la prestation. Nous avons également travaillé sur la mise en

place d’une dotation de linge dans les services. L’objectif à long terme est de les associer

à la rédaction des consignes sur l’utilisation, la gestion et la consommation du linge au


niveau de l’établissement afin de maîtriser au mieux les coûts de production. Ils seront

également concertés afin de recueillir les avis des services lors des procédures d’achat

de linge ou de matériel. Une réflexion est à mener afin de potentialiser les rapports directs

entre les résidents et les membres de l’équipe lingerie, c’est pour cela qu’il est

indispensable qu’un représentant des usagers soit présent dans ce groupe. Pour

répondre aux attentes exprimées dans le questionnaire de satisfaction, il faut sensibiliser

l’ensemble du personnel afin qu’il fasse participer d’avantage, s’il le souhaite et s’il le

peut, le résident à la gestion de son linge personnel.

L’organisation des transports dans l’établissement est une nécessité afin de limiter les

déplacements du personnel des services et les risques de croisement du propre et du

sale. C’est pour cela que j’ai proposé dans le cadre du reconventionnement la création

d’un poste dédié à cette activité. Outre les transports du linge sale et propre, cet agent

sera chargé du transport des repas, de la livraison dans les services de l’eau, des

produits d’incontinence, des produits d’entretien. Il sera également responsable de

l’entretien de l’ensemble des chariots de transport sauf les chariots repas qui restent à la

charge de la cuisine. Un local équipé d’un poste de désinfection sera mis à sa disposition

pour la réalisation de ce travail. Des fiches assurant la traçabilité de ce nettoyage seront

mises en place.

Afin d’améliorer la qualité du lavage du linge et d’avoir un meilleur suivi, tout en

augmentant le respect de l’environnement, les produits lessiviels ont été changés, pour

passer avec des produits basses températures. L’apparition très récente de cette nouvelle

technologie de produit permet dorénavant d’envisager d’autres méthodes de lavage

alternatives. Le « développement durable » est selon la définition proposée en 1987 par la

Commission mondiale sur l’environnement, « un développement qui répond aux besoins

des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures de

répondre aux leurs ».12 Ces produits sont efficaces entre 20° et 50° C ce qui permet

d’obtenir des programmes de lavage plus courts, des gains en énergie et une productivité

plus souple, tout en participant à la préservation des ressources énergétiques, en

réduisant les déchets, et en améliorant les conditions de travail.

Ces produits de PH neutre, permettent une économie d’eau de 30 à 40 %, une économie

d’énergie de 30 % et un accroissement de la longévité des textiles de 30 % également.

Voici ci-dessous l’analyse de l’économie réalisée en changeant les produits.

Pour le linge en forme lavé à 40 °C et le linge délicat lavé à 25 ° C, la suppression d’un

rinçage avec ces produits permet de réaliser une économie de 4 litres d’eau par kilo de

linge. Sur la base de 216 Kg par jour, l’économie est de 864 litres par jour.

12 Rapport Brundtland, Commission mondiale sur l’environnement, 1987.


Pour les éponges et autres articles lavés à 50 ° C la suppression de deux rinçages permet

une économie en eau de 8 L/Kg de linge. Sur la base de 250 Kg par jour, le bénéfice est

de 2000 litres par jour. Pour 252 jours travaillés il est possible d’économiser 721 M3

d’eau, soit à raison de 4,86 € TTC le mètre cube, un gain financier pour l’établissement

par an de 3 504 euros.

De la même façon, ces nouveaux produits permettent de gagner du temps sur les

programmes de lavage du fait du nombre moins important de rinçages. Sur l’ensemble

des 14 cycles réalisés par jour pour traiter les trois programmes présentés ci-dessus, le

gain de temps est de 1 heure 40 par jour, ce qui n’est pas négligeable lorsque la

production des machines est au maximum de ses possibilités. Cela permet de réaliser

trois cycles supplémentaires par jour soit 15 % de capacité en plus.

Enfin pour les éponges et autres articles lavés à 50° C, au lieu de 90° C avec des produits

classiques, l’économie d’énergie est 26 KWh par jour. A raison de 0,070 € TTC du KWh,

l’économie par an est de 458 euros.

L’ensemble représente une économie annuelle non négligeable d’environ 4 000 euros.

Le changement de fournisseur a permis de définir correctement les attentes de

l’établissement en matière de suivi. A chaque visite le technicien réalisera un entretien

avec la responsable de blanchisserie afin d’aborder les éventuels problèmes à résoudre.

Il effectuera l’ensemble des contrôles préconisés dans la méthode RABC à savoir, qualité

des rinçages, de l’eau et du fonctionnement des systèmes de dosages. Un compte rendu

sera remis à la directrice à chaque visite, avec le rapport de suivi budgétaire. La mise à

jour systématique du classeur sécurité sera effectuée. Il reprend les fiches des produits, le

relevé des programmes réalisés par le fournisseur et le relevé des dosages des produits

afin de maîtriser le plus possible la sécurité lors du lavage du linge.

Le personnel sera formé à ce nouveau type de fonctionnement des machines.

3.4 Sur le plan managérial

Il est très important de disposer de personnel bien formé. C’est pourquoi, il faut inscrire au

prochain plan de formation les besoins exprimés par les agents à différents niveaux.

Tout d’abord au niveau technique, en effet la fragilité et la diversité des articles textiles

traités sur les blanchisseries de proximité, nécessitent un savoir faire qui doit associer des

données théoriques et des données pratiques. Cette double compétence permettra

d’utiliser au mieux le matériel et les techniques disponibles par rapport au niveau de

qualité retenu pour la prestation. Pour cela les agents de blanchisserie pourront bénéficier

dans le cadre de la formation continue d’un stage sur la façon de prendre soin du linge

des résidents. Cette formation traite de la fonction linge, du traitement convenable du


linge des résidents, des différents types de salissures, des méthodes de lavage et de

finition. Cet enseignement permettra à chacun de faire un bilan de ses pratiques

professionnelles.

Ensuite au niveau de la gestion et des contraintes économiques, si la blanchisserie de

proximité est une des solutions permettant d’assurer la prestation de la fonction linge, elle

ne doit pas conduire à oublier les contraintes économiques. Pour cela le personnel doit

être sensibilisé à cela afin de ne pas générer des surcoûts en se fixant un niveau de

qualité supérieur aux besoins réels. Une formation dans ce sens peut être proposée à la

responsable de blanchisserie, afin de l’aider dans le management de son équipe.

Enfin la formation des agents est indispensable pour assurer la mise en place de la

méthode RABC qui n’est qu’un des outils pouvant être mis en place en blanchisserie mais

dont la spécificité est de donner un cadre plus formel aux méthodes traditionnelles, en

mettant l’accent sur les contrôles bactériologiques et l’hygiène. Cette formation doit être

proposée à l’ensemble du groupe RABC afin de légitimer leur travail lors de la réalisation

des nombreux protocoles à mettre en œuvre pour sécuriser la fonction linge dans

l’établissement. Lors de la négociation de la convention de deuxième génération, il a été

demandé le recrutement d’une infirmière hygiéniste. Elle aura un rôle très important pour

valider et évaluer toutes les actions mises en place en blanchisserie.

Le personnel de blanchisserie n’étant pas qualifié, il serait intéressant de proposer que

certains passent le CAP ENTEXI (Entretien des Articles Textiles en Entreprise

Industrielle), afin de permettre qu’ils soient nommés ouvriers professionnels. Outre la

formation en cursus scolaire classique, il existe des possibilités de formation pour adultes

par différents organismes de formation. Ces formations s’effectuent souvent en alternant

du travail personnel et des regroupements avec un formateur, et s’échelonnent sur

environ une année scolaire.

Dans ce cadre, il est possible de proposer la validation des acquis de l’expérience qui est

un droit individuel désormais inscrit au livre IX du code du travail et dans le code de

l’éducation (L613-3 ; L613-4 ; L613-5). C’est un acte officiel qui reconnaît les acquis de

l’expérience soit pour accéder à une formation, soit pour obtenir, en totalité ou en partie,

un diplôme ou titre de l’enseignement. Certains agents de blanchisserie ayant une grande

ancienneté, il est possible de mener avec eux cette réflexion.

L’ensemble de ces propositions va permettre d’assurer la sécurité de la prestation linge,

en professionnalisant l’équipe de blanchisserie, en la faisant reconnaitre au niveau de

l’établissement, tout en améliorant de façon significative les conditions de travail. De plus,

l’accroissement de la qualité dans ce secteur hôtelier répond tout à fait aux attentes et

aux besoins des résidents de la Résidence des Fontinettes.


Conclusion

Le conventionnement de deuxième génération dans lequel la Résidence des Fontinettes

s’est engagée, m’a permis de réaliser l’autoévaluation des prestations hôtelières. C’est au

regard des résultats qu’il est apparu nécessaire de mener une réflexion complémentaire

sur la prestation linge, cette dernière souffrant de certaines carences, mettant en cause la

qualité du linge fourni. Le contexte bactériologique de l’établissement a renforcé le besoin

de cette étude, avec la prise en compte de la dimension hygiène tout au long du circuit du

linge.

C’est dans ce cadre que la directrice m’a demandé de réaliser une étude sur le devenir de

la blanchisserie au sein de l’établissement, afin de proposer des solutions répondant aux

critères « hygiène et qualité » demandés par les résidents et par la réglementation en

vigueur, tout en prenant en compte l’aspect économique indispensable au bon

fonctionnement de la structure. En effet, la sécurité de la fonction linge est devenue un

problème de santé publique important avec son rôle dans l’apparition d’infections

nosocomiales, et un enjeu économique majeur pour une prise en charge globale et

cohérente de l’usager.

Avant toute restructuration de blanchisserie, il est souhaitable de faire une analyse

complète de la situation et de prendre en considération l’ensemble de la fonction linge.

C’est pour cela que j’ai dans un premier temps étudié les solutions qui s’offraient à

l’établissement pour le devenir de sa blanchisserie. La quantité de linge en forme ne

permettant pas de réduire l’effectif afin d’externaliser le grand plat, le maintien du

traitement en interne de la totalité du linge s’est imposé. A partir de ce moment l’étude du

circuit du linge au regard de la méthode RABC est devenue une nécessité ; le but n’étant

pas de la mettre en place techniquement, mais bien de sensibiliser et d’informer les

équipes sur les risques de contamination et d’apporter des solutions aux problématiques

rencontrées concrètement par l’établissement.

Ces travaux ont permis de pointer les dysfonctionnements et de faire état des

améliorations à apporter, puis de mettre en place les organisations nécessaires à la

poursuite de l’engagement pris par la direction dans l’amélioration de la qualité de la

fonction linge et à sa professionnalisation. La démarche qualité et la méthode RABC sont

ainsi apparues comme des outils de management intéressants. En identifiant la

blanchisserie comme prestataire de service, elles ont permis une revalorisation de l’image

du personnel de blanchisserie au niveau de l’établissement.

Les fonctions hôtelières en général ne sont pas valorisées comme elles le mériteraient et

sont enfermées dans une logique de « toujours trop cher ». La démarche qualité

entreprise en blanchisserie a permis de modifier cette vision au niveau de l’établissement.

Il sera intéressant de l’étendre aux autres fonctions hôtelières comme la cuisine et le

nettoyage.

Cette démarche a induit un changement de culture. En effet, la culture de résultats passe

par une objectivation de la performance, permettant d’éviter l’autosatisfaction ou à

l’inverse la dévalorisation du travail. Ceci permet d’anticiper pour prendre des actions

correctives sans attendre qu’elles soient imposées. C’est le cas de la RABC qui n’est pas

encore rendue obligatoire, mais qui est fortement recommandée. Le facteur clé pour une

démarche durable, est l’implication du directeur afin de porter le changement

organisationnel et de l’inscrire comme cela est le cas à la Résidence des Fontinettes,

dans le projet d’établissement.



Bibliographie

Ouvrages :

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Marie-Cécile FOURNIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2008 I

Liste des annexes

Annexe 1 : Résultats de l’enquête de satisfaction réalisée auprès des résidents.

Marie-Cécile FOURNIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2008 III

Annexe 1

Résultats de l’enquête de satisfaction réalisée auprès des résidents

(Partie ne concernant que le linge)

Nombre de résidents interrogés : 67 Nombre de réponses : 58

V LE LINGE

18 Etes-vous satisfait de l’entretien de votre linge ?

☺ OUI MOYEN NON SANS REPONSE

56 1 1 0

96% 2% 2% 0%

Commentaires Certains résidents trouvent que leurs vêtements sont changés souvent.

Certains résidents trouvent que le linge est mal repassé.

19 Etes-vous satisfait des délais de retour de votre linge ?


46 9 3 0

79% 16% 5% 0%

Commentaires Les vêtements usés ne reviennent pas toujours à l’usager.

20 Avez-vous déjà rencontré un problème de détérioration de votre linge

suite au lavage de ce dernier par nos soins ?


14 0 44 0

24% 0% 76% 0%

21 Si tel est le cas quel problème avez-vous rencontré ?

Perte Manque de blancheur SANS OBJET

12 2 44

21% 3% 76%

22 En cas de besoin les réparations de votre linge sont-elles effectuées

rapidement ?


25 5 2 26

43% 9% 3% 45%

Commentaires Les résidents n’ayant pas répondu n’ont jamais eu de réparation à effectuer par

l’établissement.

23 Rangez-vous votre linge vous-même dans votre armoire ?

☺ OUI NON SANS REPONSE

34 24 0

59% 41% 0%

Commentaires Leur dépendance ou handicap ne le leur permettent pas.

IV Marie-Cécile FOURNIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2008

24 Si non, aimeriez-vous le faire vous-même ?

☺ OUI NON SANS OBJET

5 19 34

9% 33% 58%

VII LE NURSING ET LES SOINS

30 Choisissez-vous vos vêtements le matin ?

☺ OUI NON SANS REPONSE

49 9 0

84% 16% 0%

31 Si non, aimeriez-vous le faire ?

☺ OUI NON SANS OBJET

3 6 49

5% 10% 85%

Source : Enquête réalisée en avril 2008

Marie-Cécile FOURNIER - Mémoire de l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique - 2008 V

Documents

Projet de restructuration de la blanchisserie et étude de ... · Fontinettes d’Arques, qui m’a accordé sa confiance et son soutien tout au long du stage me permettant de réaliser