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WÊÊ NOTES TECHNIQUES | Mesure de déformations à l'aide de fibres optiques noyées dans le béton Enseignements tirés d'une application expérimentale sur un pont Brigitte MAHUT ITPE, Chef de la Section Durabilité des ouvrages d'art Division Fonctionnement et durabilité des ouvrages d'art Laboratoire central des Ponts et Chaussées Jean-Marie CAUSSIGNAC Directeur de recherche Chef de la Section Optoélectronique Service Métrologie et instrumentation Laboratoire central des Ponts et Chaussées Jacques LAVIGNE Assistant Laboratoire régional des Ponts et Chaussées de Bordeaux Jean MARTIN Contrôleur de Laboratoire principal au Laboratoire d'Aéroports de Paris Il est de plus en plus fréquent de trouver, dans la littérature techni- que, des articles présentant les capteurs à fibres optiques comme un nouvel outil performant pour assurer la surveillance des ouvrages d'art en service. Les avantages décrits pour justi- fier le recours à cette technique reposent essentiellement sur l'in- térêt d'une mesure effectuée sur une base longue, représentative des mouvements d'ensemble des structures contrôlées, et permet- tant d'appréhender le comporte- ment global d'un ouvrage par la connaissance de la valeur moyenne de ses déformations. D'autres arguments tels que la possibilité d'utiliser ces capteurs en environnement hostile, leur bonne linéarité, la possibilité de réduire le nombre de liaisons sont également mis en valeur pour privilégier le choix de cette technologie. Il existe plusieurs types de cap- teurs à fibres optiques, qui se dis- tinguent selon leur principe de fonctionnement. Dans le domaine du génie civil, sont principalement commercia- lisés deux modèles de capteurs à fibres optiques : >- les capteurs destinés à être fixés à la surface des ouvrages, en particulier pour le contrôle des structures existantes ; >=- les capteurs à noyer directe- ment dans le béton lors de la construction d'un ouvrage neuf, afin d'en assurer le suivi à long terme. Différents ouvrages ont ainsi été instrumentés, depuis quelques années en France, avec des fibres optiques le plus souvent fixées sur le parement. Cependant, il n'existe pas encore de publica- tions présentant ou commentant les résultats de mesure obtenus dans ces différents cas. Dans ce contexte, une applica- tion expérimentale de fibres opti- ques noyées dans le béton a été réalisée en site réel au début de l'année 1996, à l'occasion de la construction d'un pont franchis- sant la route nationale 7 à proxi- mité de l'aérogare d'Orly-Sud, dont le gestionnaire souhaitait assurer un suivi du comporte- ment dans le temps. Il s'agissait de fibres, dites à micro-courbures, commercialisées par la Société DEHA-COM, les plus utilisées jusqu'à présent en France. Ont déjà été instrumen- tés, avec des capteurs de ce type, des ouvrages tels que la Tour Eiffel, le Viaduc ferroviaire de Serrières et le Stade de France en cours d'achèvement. L'intérêt majeur de cette expéri- mentation, conduite dans le cadre d'une convention entre Aéroports de Paris, le Laboratoire central des Ponts et Chaussées (LCPC) assisté du Laboratoire régional des Ponts et Chaussées de Bordeaux et le SETRA, avec le soutien de la DRAST, est d'avoir simultanément mis en place dans l'ouvrage concerné des capteurs à base de fibres optiques et une ins- trumentation classique, éprou- vée, autorisant : 5* d'une part, une vérification des possibilités réelles d'utilisa- tion des fibres optiques dans des conditions de chantier ainsi que de leur durabilité, d'autre part, une étude com- parative des résultats respective- ment obtenus par le recours aux différentes méthodes utilisées. Présentation générale de l'opération Type de fibre optique utilisé Le modèle de capteur à fibre optique utilisé était constitué d'une fibre optique gainée en flexible acier d'une longueur de 2 m, destinée à être noyée dans le béton, prémontée sur une arma- ture pour une fixation rapide dans le ferraillage de l'ouvrage. Son principe de fonctionnement repose sur la relation entre l'atté- nuation lumineuse mesurée en extrémité de capteur et l'allonge- ment de ce dernier. Cet allonge- ment, qui est provoqué par les déformations de l'ouvrage, engendre des micro-courbures dans la fibre, modifiant par là même la transmission lumineuse. Dans la pratique, on mesure des variations de tension qui corres- pondent aux variations de trans- mission du guide, dont on déduit des allongements. Note technique BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. NT 4172 - PP. 95-101 95

Présentation générale de l'opération Type de fibre optique ... · sur des cintres s'appuyant sur les deux amorces déjà construites et mise en précon trainte du tronçon central,

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Page 1: Présentation générale de l'opération Type de fibre optique ... · sur des cintres s'appuyant sur les deux amorces déjà construites et mise en précon trainte du tronçon central,

WÊÊ N O T E S T E C H N I Q U E S |

Mesure de déformations à l'aide de fibres optiques noyées dans le béton

Enseignements tirés d'une application expérimentale sur un pont

Brigitte MAHUT ITPE, Chef de la Section Durabilité des ouvrages d'art

Division Fonctionnement et durabilité des ouvrages d'art Laboratoire central des Ponts et Chaussées

Jean-Marie CAUSSIGNAC Directeur de recherche

Chef de la Section Optoélectronique Service Métrologie et instrumentation

Laboratoire central des Ponts et Chaussées

Jacques LAVIGNE Assistant

Laboratoire régional des Ponts et Chaussées de Bordeaux

Jean MARTIN Contrôleur de Laboratoire principal

au Laboratoire d'Aéroports de Paris

Il est de plus en plus fréquent de trouver, dans la littérature techni­que, des articles présentant les capteurs à fibres optiques comme un nouvel outil performant pour assurer la surveillance des ouvrages d'art en service.

Les avantages décrits pour justi­fier le recours à cette technique reposent essentiellement sur l ' in­térêt d'une mesure effectuée sur une base longue, représentative des mouvements d'ensemble des structures contrôlées, et permet­tant d'appréhender le comporte­ment global d'un ouvrage par la connaissance de la valeur moyenne de ses déformations. D'autres arguments tels que la possibilité d'utiliser ces capteurs en environnement hostile, leur bonne linéarité, la possibilité de réduire le nombre de liaisons sont également mis en valeur pour privilégier le choix de cette technologie.

Il existe plusieurs types de cap­teurs à fibres optiques, qui se dis­tinguent selon leur principe de fonctionnement.

Dans le domaine du génie civi l , sont principalement commercia­lisés deux modèles de capteurs à fibres optiques :

>- les capteurs destinés à être fixés à la surface des ouvrages, en particulier pour le contrôle des structures existantes ; >=- les capteurs à noyer directe­ment dans le béton lors de la construction d'un ouvrage neuf, afin d'en assurer le suivi à long terme.

Différents ouvrages ont ainsi été instrumentés, depuis quelques années en France, avec des fibres optiques le plus souvent fixées sur le parement. Cependant, i l n'existe pas encore de publica­tions présentant ou commentant les résultats de mesure obtenus dans ces différents cas.

Dans ce contexte, une applica­tion expérimentale de fibres opti­ques noyées dans le béton a été réalisée en site réel au début de l 'année 1996, à l'occasion de la construction d'un pont franchis­sant la route nationale 7 à proxi­mité de l 'aérogare d'Orly-Sud, dont le gestionnaire souhaitait assurer un suivi du comporte­ment dans le temps.

Il s'agissait de fibres, dites à micro-courbures, commercialisées par la Société D E H A - C O M , les plus utilisées jusqu 'à présent en

France. Ont déjà été instrumen­tés, avec des capteurs de ce type, des ouvrages tels que la Tour Eiffel, le Viaduc ferroviaire de Serrières et le Stade de France en cours d'achèvement.

L' intérêt majeur de cette expéri­mentation, conduite dans le cadre d'une convention entre Aéroports de Paris, le Laboratoire central des Ponts et Chaussées ( L C P C ) assisté du Laboratoire régional des Ponts et Chaussées de Bordeaux et le S E T R A , avec le soutien de la D R A S T , est d'avoir simultanément mis en place dans l'ouvrage concerné des capteurs à base de fibres optiques et une ins­trumentation classique, éprou­vée, autorisant : 5* d'une part, une vérification des possibilités réelles d'utilisa­tion des fibres optiques dans des conditions de chantier ainsi que de leur durabilité, 5 » d'autre part, une étude com­parative des résultats respective­ment obtenus par le recours aux différentes méthodes utilisées.

Présentation générale de l'opération

Type de fibre optique utilisé

Le modèle de capteur à fibre optique utilisé était constitué d'une fibre optique gainée en flexible acier d'une longueur de 2 m, destinée à être noyée dans le béton, prémontée sur une arma­ture pour une fixation rapide dans le ferraillage de l'ouvrage.

Son principe de fonctionnement repose sur la relation entre l'atté­nuation lumineuse mesurée en extrémité de capteur et l'allonge­ment de ce dernier. Cet allonge­ment, qui est provoqué par les déformations de l'ouvrage, engendre des micro-courbures dans la fibre, modifiant par là même la transmission lumineuse. Dans la pratique, on mesure des variations de tension qui corres­pondent aux variations de trans­mission du guide, dont on déduit des allongements.

Note

technique

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. NT 4172 - PP. 95-101 95

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Dans le cas de cette expérimenta­tion, les fibres optiques ont été mises en place dans l'ouvrage par la Société D E H A - C O M (fig. D-

Fig. 1 - Fibre optique prémontée sur une armature avant sa mise en place dans l'ouvrage.

Présentation de l'ouvrage L'ouvrage concerné est un pont en béton précontraint à double nervure, symétrique à neuf tra­vées, de 22 m de portée maxi­male en travée centrale, portant deux voies de circulation de 3 m de largeur, ayant un rayon en plan de 540 mètres.

Cet ouvrage a été réalisé en plu­sieurs phases : >- coulage sur cintre et mise en précontrainte d'un premier demi-ouvrage, constitué de quatre tra­vées et d'une amorce de 3,50 m de la travée centrale, 3^ réalisation de manière symé­trique de l'autre demi-ouvrage,

coulage de la travée centrale sur des cintres s'appuyant sur les deux amorces déjà construites et mise en précon­trainte du tronçon central, pour réaliser le couplage avec les tronçons existants et introduire la précontrainte nécessaire dans la travée centrale.

Fig. 2 - Vue des témoins sonores et des jauges de déformation dans le ferraillage, avant bétonnage.

Descriptif de l'instrumentation mise en place

Six fibres optiques, douze témoins sonores, treize jauges de déformation et huit sondes de température ont été mis en place et répartis dans quatre sections de l'ouvrage, toutes situées dans la travée centrale : 3^ la section médiane dans chaque nervure (l'instrumenta­tion de la nervure sud, plus légère que celle de la nervure nord, étant essentiellement des­tinée à examiner la transmission des efforts d'une nervure à l'autre en cas de chargement dis­symétrique de l'ouvrage), 3=- une section située à 1,10 m de l'appui P5 (ce type d'ouvrage étant susceptible de présenter des désordres près des appuis) dans la nervure nord seulement, s» une section proche de la sec­tion de couplage située à 2,40 m de ce même appui également dans une seule nervure, 3=- une section complémentaire dans laquelle ont été disposés deux témoins de retrait.

Tous ces capteurs étaient reliés à une centrale de type Osiris de la

société T E L E M A C qui avait fourni les témoins sonores à cordes vibrantes de type C l 10.

Les jauges de déformation, pré­parées par le L R P C de Bordeaux, étaient fixées sur des aciers destinés à être mis en place dans le ferraillage (fig. 2). Un traitement particulier est appliqué à ces capteurs pour leur assurer une durée de vie la plus longue possible.

Les six fibres optiques étaient placées près des fibres extrêmes, d'une part dans chaque nervure de la section médiane, d'autre part dans la nervure nord de la section instrumentée la plus proche de l'appui.

L'instrumentation classique était davantage répartie sur la hauteur des sections.

Les figures 3 et 4 précisent la position de l'ensemble des cap­teurs mis en place dans les deux sections de l'ouvrage contenant des fibres optiques.

Phases de mesure

Des mesures ont été enregistrées lors des principales phases sui­vantes : 3*- mise en tension de la précon­trainte du demi-ouvrage instru­menté, 3 * mise en tension de la précon­trainte de la travée centrale, 3*- épreuves de chargement de l'ouvrage, s* suivi de l'ouvrage dans le temps.

Enseignements retirés de l'étude

De cette expérience, ressortent divers enseignements relatifs :

à la fiabilité des capteurs tra­ditionnels, couramment utilisés pour la mesure des déformations des structures en béton,

3 * à l'utilisation pratique des fibres optiques dans des condi­tions de chantier,

3 * à la validité des mesures obte­nues par ce procédé.

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G) V

3 =

1 Elément préfabriqué / , XC

TT ET

i Gabarit '4 ,10m

I ®

Gabarit 5m

• T g Mesures par fibre opt ique

C497 T 5 C496 Ti C498 It C499

C500

o Capteurs à jauges • Cordes vibrantes A Fibres optiques * Sondes de température

Dalle B.A. préfabriquée.

Fig. 3 - Instrumentation de la section médiane de l'ouvrage.

C502

Fig. 4 - Instrumentation de la section proche de l'appui.

Fiabilité des capteurs traditionnels Pour l'ensemble des mesures analysées, les valeurs de défor­mation obtenues avec les cordes vibrantes et les jauges de défor­mation ont été systématiquement identiques ou très voisines, à l'exception d'une jauge vraisem­blablement perturbée par la proximité de nombreux aciers ; les faibles écarts éventuellement observés peuvent, dans tous les

cas, s'expliquer par l'incertitude sur la précision d'implantation des instruments.

L a concordance des résultats obtenus avec ces deux types de capteurs montre bien la bonne adaptation de ces deux disposi­tifs pour les mesures effectuées. Cependant, la préférence pour l 'un plutôt que l'autre pourrait être subordonnée à un objectif de fiabilité à long terme, qui semble a priori plus facile à atteindre

avec des capteurs tels que les témoins sonores à corde vibrante.

Utilisation pratique des fibres optiques L a pose des fibres optiques dans le ferraillage de l'ouvrage avant le bétonnage s'est effectuée sans difficultés majeures. Toutefois, les fibres amorces de transmis­sion utilisées, qui permettent de relier le capteur au conditionneur, semblent sensibles aux manipula-

B u L L E T l N D E S L A B O R A T O I R E S D E S P O N T S E T C H A U S S E E S - 212 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1997 - RÉF. N T 4172 - P P . 95-101 97

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tions. En effet, tout déplacement, tel qu'un désenroulement de ce câble, provoque des modifica­tions de la transmission lumi­neuse, qui engendrent des atté­nuations non négligeables par rapport au signal à mesurer. Par ailleurs, i l a été observé que des débranchements, suivis de recon­nexions même immédiates, entraînaient une modification des valeurs indiquées. Il semble donc se poser un problème de contact au niveau du branchement avec le matériel utilisé sur cet ouvrage.

Une autre difficulté rencontrée au cours de cette expérience a été un dysfonctionnement de la chaîne de mesure, observé dès le raccordement des deux condi­tionneurs optiques sur la centrale d'acquisition et se traduisant par un décalage systématique, pour chaque fibre, entre les valeurs de tension enregistrées sur la cen­trale et les valeurs relevées manuellement sur les condition­neurs. Ces deux conditionneurs ont été retirés et n'ont pu être remplacés.

Validité des mesures par fibres optiques

Calibrage de la formule de calcul des déformations

Pour la validité des mesures elles-mêmes, i l apparaît que les fibres optiques fournissent, d'une façon générale, des valeurs de déformation assez dispersées, comprises entre la moitié et les trois-quarts des valeurs obtenues avec une instrumentation classi­que. Outre la difficulté liée à la

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dispersion des résultats, i l semble donc se poser, pour les fibres, un problème d'étalonnage in situ. Ceci est lié, d'une part, à la réponse intrinsèque des capteurs et, d'autre part, aux conditions d'insertion et de fixation des cap­teurs à l'intérieur du matériau. Sur ce second point, l'obtention d'une référence avant coulage du béton n'est pas encore totalement maîtrisée, compte tenu de la faible rigidité longitudinale du capteur.

A titre d'exemple, l'exploitation des mesures effectuées lors des épreuves de chargement de l 'ou­vrage montre bien que les courbes, obtenues respectivement avec les jauges de déformations (fig. 5) et les fibres optiques (fig. 6) situées aux mêmes emplacements, ont globalement la même allure mais présentent cependant des ampli­tudes différentes.

Si l 'on considère plus précisé­ment le cas n° 9, correspondant au chargement de la travée cen­trale, on observe (fig. 7) que la position de l'axe neutre reste sensiblement la même, quel que soit le type de capteur, mais que la pente du diagramme de défor­mation est inférieure dans le cas des fibres optiques.

Compensation de la température

Il apparaît que la principale diffi­culté posée par les fibres opti­ques est celle de la compensation de la température.

Ce problème est illustré par la figure 8 qui montre l'évolution dans le temps des déformations mesurées à proximité des fibres supérieure et inférieure de la sec­tion médiane, avec les différents capteurs mis en place.

On constate que : *- les déformations mesurées avec les jauges et les témoins sonores restent constamment très proches (fig. 8c), >- avec les fibres optiques (fig. 8a), les déformations mesu­rées sont différentes des précé­dentes mais suivent, en revanche, très fidèlement les courbes d'en­registrement de la température représentées sur la figure 8b.

Hauteur (cm)

J 9 ^ F105

C497A>

V \ 8 0

v \

\\ C 4 9 6 » ^ \

- 7 0

J 9 ^ F105

C497A>

V \ 8 0

v \

\\ C 4 9 6 » ^ \

- 6 0

50

40

K j 8 - \ V C 4 9 8

\ \ ~ ^ \

\ \ \ \

30

20

K j 8 - \ V C 4 9 8

\ \ ~ ^ \

\ \ \ \

à C 4 9 9

10

I

b F104 J 7 • C 5 0 0

I I

Fig. 7 -Chargement de la travée centrale - Comparaison des diagrammes de déformation respectivement obtenus avec les jauges, les cordes vibrantes et les fibres optiques. Pour les fibres optiques, les courbes de déformation ont été obtenues à partir des valeurs enregistrées sur la centrale d'acquisition.

-50 0 50 100 Déformation (nm/m) (signe - : raccourcissement)

Ce phénomène s'explique, car les déformations mesurées avec les fibres intègrent non seule­ment les déformations de l 'ou­vrage, mais également celles de la fibre elle-même sous l'effet de la température. Pour accéder aux déformations de l'ouvrage seul, i l faudrait donc pouvoir isoler du résultat global la part des défor­mations d'origine thermique pro­pres à la fibre.

Ces problèmes de compensation de température sont vraisembla­blement à l'origine des difficultés d'interprétation de mesures, signa­lées par des gestionnaires d'ou­vrages équipés de fibres optiques.

La correction en température se fait par application sur le signal brut d'une loi linéaire de tempé­rature pilotée par une sonde interne ou externe, donc non liée à la réponse exacte de la fibre. Des expériences nom­breuses ont d'ailleurs montré l'insensibilité apparente des fibres optiques à la température (dans le cas de l'atténuation).

Ce n'est évidemment pas le cas pour les fibres biréfringentes tes­tées en polarisation, pour les­quelles la température agit direc­tement sur la biréfringence de la silice.

A u plan technologique, avec des fibres à micro-courbures i l semble difficile d'espérer pou­voir isoler les phénomènes liés à la température. Une solution pourrait consister à placer en parallèle deux fibres optiques :

*> l'une liée à la structure qui suivrait toutes les déformations de la structure, y compris celles imputables à la température, et les déformations propres de la fibre, »- l'autre isolée mécaniquement, mais soumise au même champ de température que la précédente, dont les seules déformations seraient liées au comportement propre de la fibre.

Par différence, on pourrait ainsi accéder aux déformations de la structure.

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En raison du dysfonctionnement de la chaîne de mesure relative aux fibres optiques, se traduisant par une chute des valeurs de tension enregistrées aur la centrale par rapport aux valeurs relevées manuellement au niveau des conditionneurs, les courbes de déformations mesurées avec les fibres opti­ques ont été obtenues à partir des valeurs de tension enregistrées sur la cen­trale, augmentées d'un terme constant spécifique à chaque fibre destiné à cor­riger le décalage observé pour chacune d'elles, lors des vérifications effectuées par le Laboratoire d'Aéroports de Paris en juin 1996.

Précision sur la

position des capteurs

Fibres optiques

Sondes de température

Cordes vibrantes

Jauges de déformation

Proches / de ta fibre supérieure

F 105 T 5 C 497 J 09

Proches de la fibre inférieure F 104 T 1 C 500 J 07

Fibre optique proche fibre supérieure

Fibre optique proche fibre inférieure

Fig. 8a - Déformations en \xm/m mesurées avec les fibres optiques.

Sonde de température proche fibre supérieure Sonde de température proche fibre inférieure

Fig. 8b- Températures en °C mesurées avec les sondes de température.

Conclusions

L'utilisation des fibres opti­ques dans la métrologie appli­quée aux ouvrages d'art offre sans nul doute des perspec­tives nouvelles intéressantes. Toutefois leur emploi de manière opérationnelle pour le suivi des ouvrages se heurte actuellement à un certain nombre de difficultés, qui devront être résolues avant d'envisager que ce type de capteurs puisse être utilisé de manière fiable et facilement exploitable pour la surveillance des structures. Outre leur éta­lonnage, le problème de leur inclusion dans le béton, de l'influence de leur condition­nement (liaison fibre- acier-bé­ton) sur la réponse du capteur, la principale difficulté pour leur application aux ponts concerne la compensation en température.

L a recherche d'une solution satisfaisante aux difficultés ren­contrées passe par une bonne collaboration entre les sociétés prêtes à développer ce type de capteurs et les services chargés de les valider et de vérifier leur bonne adaptation aux problèmes de métrologie appliquée aux ouvrages d'art.

Il faut enfin signaler le dévelop­pement actuel d'une nouvelle génération de fibres, dites à réseaux de Bragg, qui, compte tenu des possibilités qu'elles offrent, pourraient trouver des applications intéressantes dans le domaine du génie civil .

Corde vibrante proche fibre supérieure

Corde vibrante proche fibre inférieure

Jauge proche fibre supérieure

Jauge proche fibre inférieure

Fig. 8 c - Déformations en tim/m mesurées avec les cordes vibrantes et avec les jauges:

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