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PSYCHOSOCIOLOGIE DU TRANSFERT DE L’INFORMATION Professeur : Mbaye THIAM Durée : 1 semestre Classe : L3ABD INTRODUCTION Définitions et repères terminologiques La recherche de l’information est rarement un acte gratuit ; C’est une démarche qui obéit toujours à un besoin latent ou pertinent, conscient on inconscient. Elle s’inscrit également dans un contexte culturel, social et scientifique donné. Aussi loin que l’on remonte dans le temps, les sociétés humaines ont toujours veillé à organiser leur système de collecte, de consignation et de diffusion des informations qu’elles produisent en tenant compte de « la situation sociale, des institutions, de la culture, de la ou des langues et des processus de pensée ». Les sociétés anciennes, tributaires de l ‘écriture se sont ainsi soucié très tôt de fixer leurs connaissances et leurs expériences sur différentes matières afin de les sauvegarder. Dans ce même dessein, dans les sociétés de tradition orale, l’organisation des rites initiatiques visait entre autres , à transmettre à chaque génération nouvelle, les connaissances accumulées par les anciennes, de façon d’autant plus indélébiles que ces rites s’entourent de caractéristiques à la fois mystiques et ésotériques qui accentuent les capacités de mémorisation des différents cycles d’apprentissage. Ces méthodes de collecte seront supplantées progressivement et aboutissent , dans les sociétés modernes à l’implantation d’organismes, de réseaux et de systèmes d’information aux fonctions et aux mandats variables. Ils ont pour mission de prendre en charge les besoins d’information aussi bien des individus que des collectivités. Notre civilisation qui entre sans alternative dans « l’ère de l’information », découvre au fur et à mesure l’obligation ou l’intérêt d’organiser, de gérer les informations qu’elle génère pour assurer son renouvellement et son épanouissement. Mais pour que cet objectif soit pleinement profitable, il faut que les informations organisées puissent atteindre les utilisateurs auxquels elles sont destinées. Les utilisateurs désignent « les bénéficiaires potentiels d’un système d’information et non pas seulement ceux qui pourraient y avoir recours à tel ou tel moment. »

PSYCHOSOCIOLOGIE DU TRANSFERT DE … · et techniques , n’expliquent pas ... de la recherche scientifique contemporaine ou plutôt ses conséquences parmi lesquelles on peut relever

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PSYCHOSOCIOLOGIE DU TRANSFERT DE L’INFORMATION

Professeur : Mbaye THIAM

Durée : 1 semestre

Classe : L3ABD

INTRODUCTION

Définitions et repères terminologiques

La recherche de l’information est rarement un acte gratuit ; C’est une démarche qui obéit

toujours à un besoin latent ou pertinent, conscient on inconscient. Elle s’inscrit également

dans un contexte culturel, social et scientifique donné.

Aussi loin que l’on remonte dans le temps, les sociétés humaines ont toujours veillé à

organiser leur système de collecte, de consignation et de diffusion des informations qu’elles

produisent en tenant compte de « la situation sociale, des institutions, de la culture, de la ou

des langues et des processus de pensée ».

Les sociétés anciennes, tributaires de l ‘écriture se sont ainsi soucié très tôt de fixer

leurs connaissances et leurs expériences sur différentes matières afin de les sauvegarder. Dans

ce même dessein, dans les sociétés de tradition orale, l’organisation des rites initiatiques visait

entre autres , à transmettre à chaque génération nouvelle, les connaissances accumulées par

les anciennes, de façon d’autant plus indélébiles que ces rites s’entourent de caractéristiques à

la fois mystiques et ésotériques qui accentuent les capacités de mémorisation des différents

cycles d’apprentissage.

Ces méthodes de collecte seront supplantées progressivement et aboutissent , dans les

sociétés modernes à l’implantation d’organismes, de réseaux et de systèmes d’information

aux fonctions et aux mandats variables. Ils ont pour mission de prendre en charge les besoins

d’information aussi bien des individus que des collectivités.

Notre civilisation qui entre sans alternative dans « l’ère de l’information », découvre

au fur et à mesure l’obligation ou l’intérêt d’organiser, de gérer les informations qu’elle

génère pour assurer son renouvellement et son épanouissement. Mais pour que cet objectif

soit pleinement profitable, il faut que les informations organisées puissent atteindre les

utilisateurs auxquels elles sont destinées. Les utilisateurs désignent « les bénéficiaires

potentiels d’un système d’information et non pas seulement ceux qui pourraient y avoir

recours à tel ou tel moment. »

Que l’information soit destinée à des personnes physiques ou morales, à des

organismes publics ou privés, elle défraie toujours un ensemble d’exigences matérielles et

humaines qu’il faut savoir rentabiliser par son exploitation maximale par les utilisateurs. Cette

exploitation passe par delà les moyens disponibles, par des conditions au nombre desquelles

figure en bonne place la connaissance des utilisateurs et sa prise en compte dans l’élaboration

des stratégies de conception et de mise en place des services et systèmes d’information .En

effet , il devient de plus en plus évident que les obstacles financiers et matériels, administratifs

et techniques , n’expliquent pas seuls les faibles taux de fréquentation des services

documentaires , la sous exploitation de leurs potentialités informatives et ou la désaffection

des non –utilisateurs.

L’interaction entre le producteur d’information et son organisateur d’une part et d’autre part

son utilisateur, constitue une nouvelle source d’investigation pour les spécialistes en sciences

sociales en, général et ceux des sciences de l’information en particulier. En effet « s’il est clair

que les besoins en bibliothèques et services d’information sont ressentis à tous les échelons de

la société quels que soient le domicile, la condition, le niveau social ou les performances

intellectuelles de chacun », il est tout aussi admis que les usagers sont constitués par des

groupes et des individus qui développent chacun des besoins spécifiques en matière

d’information, des attitudes différentes aux plans psychologique et social.

Il est impossible, voire inopérant de tenter des études de motivation à l’échelle individuelle.

On ne peut pas par contre faire l’économie de celle des groupes cibles en fonction des

priorités, pour maximiser les chances de réussite des politiques d’information. En ajoutant

cette démarche aux solutions « technicistes » jusque là exclusives, on fera la preuve que « la

planification d’un système d’information devient un processus fondé sur la discussion et le

désir de convaincre, et non une suite de mesure et de calculs isolés. »

D’ou la nécessité d’une approche sociétale, globale, intégrée, systémique même de la gestion

moderne de l’information qui intègre l’aspect psychosociologique de la quête de l’information

en la mettant au centre des politiques d’information.

La compréhension des comportements des utilisateurs à travers celles de leurs motivations, de

leurs attitudes, de leurs attentes, de leurs besoins et demandes que l’on peut prévenir et donc

planifier, constitue le gage de réussite de l’entreprise de communication de dans la nouvelle

« société de l’information ».

REPERES TERMINOLOGIQUES

PSYCOHSOCIOLOGIE :

C’est une discipline des sciences sociales dont l’objet vise à l’étude des comportements,

attitudes, motivations opinions et attentes des personnes placées dans un contexte social

donné.

Dans le cas du transfert de l’information, la psychosociologie s’intéresse aux

producteurs, aux diffuseurs et aux usagers (utilisateurs, clientèles et non - clientèles et clients

Dans le cadre de ce cours, nous nous intéresserons particulièrement à la troisième

catégorie en interrelation avec la deuxième. Par ailleurs, même si toutes les expressions

seront employées dans ce texte, notre préférence va au concept de CLIENT et de

CLIENTELE en vertu de leur caractère dynamique et actif qui sert mieux le besoin de

positionnement social et professionnel du spécialiste de l’information en Afrique ; ce choix lui

impose enfin une attitude plus agressive et plus offensive.

COMPORTEMENTS D’INFORMATION :

C’est un ensemble de caractéristiques dynamiques, objectivement observables, permettant

d’apprécier les activités d’information d’un individu ou d’un groupe d’individus.

MOTIVATIONS D’INFORMATION :

Ce sont des processus affectifs du subconscient déterminant les attitudes, opinions et

comportements d’information d’individus.

ATTENTES D’INFORMATION :

Ce sont des désirs, des souhaits d’information le plus souvent non exprimés.

BESOINS D’INFORMATION :

Ce sont des exigences d’information ressentis par un individu ou un groupe d’individus aux

plans personnels ou professionnel.

DEMANDES D’INFORMATION :

Ce sont les manifestations du passage de l’état de besoin ressenti à celui de besoin exprimé

requérant l’intermédiation pour le satisfaire.

MODULE 1

ETUDES ET RECHERCHE SUR LES UTILISATEURS DE L’INFOR MATION

HISTORIQUE

La recherche sur les « relations entre situation de communication et démarche intellectuelle «

est un phénomène récent essentiellement fondé sur plusieurs facteurs dont le développement

de la recherche scientifique contemporaine ou plutôt ses conséquences parmi lesquelles on

peut relever :

• L’expansion quantitative des chercheurs, leur diversité et l’impact de ce phénomène

sur la gestion des services d’information.

• La recherche de la corrélation entre la « faim d’information » de plus en plus sélective

de l’homme moderne et « l’inflation documentaire » de plus en plus insaisissable. La

maîtrise de cette exigence est un des conditions d’une bonne diffusion.

• La complexité du processus de la communication de l’information scientifique ou non

• L’exigence de qualité de services des clients des archives , bibliothèques et centres de

documentation devenus des chercheurs – citoyens plus que de simples usagers.

La conjugaison de ces situations, ajoutée à la modicité des moyens matériels et humains

affectés aux services d’information, semblaient hypothéquer les capacités de traitement et

d’organisation des médiateurs d’information tout autant que celles d’exploitation et de

digestion des utilisateurs. Les interrogations autour des solutions à ces problèmes seront entre

autres à l’origine du commencement des études sur les utilisateurs de l’information.

Les premières approches seront d’essence ANGLO – SAXONNES. Elles s’étalent sur

plusieurs séquences chronologiques qui signifient autant de tendances philosophiques.

* 1946 et la CONDERENCE de LONDRES organisée par la « ROYAL SOCIETY FOR

SCIENTIFIC INFORMATION » : Elle sera marquée par une communication

délivrée par l’un des précurseurs des études sur les utilisateurs J.D BERNAL sur « les

comportements de communication des chercheurs scientifiques»;

* 1958 et la CONFERENCE INTERNATIONALE DE WASHINGTON sur l’information

scientifique ; au cours de cette rencontre, les chercheurs ACKOFF et HALBERT présentèrent

une communication intitulée : « an operation research study of dissemination of scientific

information»;

Se fondant sur l’observation des comportements de communication des chercheurs

chimistes de 45 centres industriels et 05 universités dans 150 villes aux USA, l’étude de

Ackoff et Halbert s’intéressa particulièrement à la mesure du temps passé à l’information

documentaire en particulier. Elle scruta les différents canaux de communication utilisés par

les chercheurs. Aux termes de plusieurs analyses, l’étude conclut aux résultats suivants :

• TEMPS PASSE A L’NFORMATION 50%

• TEMPS PASSE A L’NFORMATION DOCUMENTAIRE 33%

CANAUX DE COMMUNICATION :

• PERIODIQUES 37%

• LIVRES 16%

• RESUMES 10%

• RAPPORTS DE RECHERCHE 15%

• LISTES BIBLIOGRAPHIQUES, MANUELS 13%

Ces éléments donnent des indications précieuses sur la place de l’information documentaire

dans le processus de recherche ; à savoir 1/3 du temps de recherche est consacré à la

recherche documentaire ; les périodiques constituent le canal privilégié par les chercheurs. De

pareilles données indiquent au documentaliste des orientations en matière d ‘acquisitions et de

traitement.

Au milieu des années soixante, l’Europe Latine découvre les études sur les utilisateurs.

En effet le développement des sciences sociales lié à celui de leur méthodologie, commence à

inciter à la réflexion sur le mode de transmission de l’information scientifique, sur le discours

scientifique et sur le travail du médiateur. C’est le début des approches dites théoriques qui

seront recensées notamment dans la « ANNUAL REVIEW OF INFORMATION SCIENCE

AND TECHNOLOGY « de C. CUADRA. les Volumes 1 à 7 ( 1966-1972 ), 09 ( 1974 )et 13

( 1978 ) seront consacrés au thème de « INFORMATION NEEDS AND USES IN SCIENCE

AND TECHNOLOGY » .

Ces tendances de la première génération ont surtout privilégié les comportements des

chercheurs scientifiques d’une part et d’autre part les canaux de communication. Durant cette

période, les études ont porté sur les façons de s’informer des chercheurs scientifiques. Elles

visaient à éclairer à la fois sur le temps consacré à la quête de l’information dans la durée du

processus heuristique et scientifique , sur le choix raisonné ou non des canaux de

communication par les chercheurs. Les techniques ou unités d ‘analyse ont été divergents

mais les résultats d’ensemble suivants ont été notés comme des convergences, à la suite de

travaux de Ackoff et de Halbert :

Un tiers (1/3) du temps de recherche est consacré à la recherche des informations

documentaires ;

Les contacts interpersonnels (impersonnels) sont très importants dans le processus de

communication de l’information selon notamment :

HERNER 1959

SCOTT 1959

MENTZEL 1959

* L’importance des rencontres scientifiques (colloques, congrès, séminaires etc) et leur

part de plus en plus décisif dans les processus de communication de l’information

scientifique.

GARVEY et GRIFFITH 1953

PAISLEY et PARKER 1967

WUEST 1965

Le choix d’un ou de plusieurs canaux d’information et leur part respective dans la qualité de

la communication scientifiques. Ces choix sont fonction de conditions objectives répondant à

la pertinence des réponses aux questions posées.

La part du hasard dans la quête et la communication de l’information scientifique. Ce dernier

constat peut être mis en relation avec celui des contacts impersonnels.

Ces différents travaux ont marqué des avancées décisives pour la bonne compréhension des

processus scientifiques. Cependant ils ne furent pas suffisants pour fonder une compréhension

totale du processus de la communication pour plusieurs raisons :

* D’abord ils ne s’intéressaient qu’aux chercheurs scientifiques en général et à ceux

des sciences exactes en particulier.

* Ile ignoraient les motivations psychologiques et sociales des chercheurs.

La deuxième génération se détacha donc de cette perspective à la fois restrictive et descriptive

pour s’intéresser également aux « relations entre les comportements de communication et la

productivité scientifique ».

Ces travaux sur la productivité débutèrent après 1960 et eurent pour précurseurs :

MAIZEL : 1960 : Productivité et Créativité

PELZ et ANDREWS : 1966 : Les contacts impersonnels

ALLEN : 1966 : Productivité et Concurrence scientifique

SCHILLING et BERNARD : 1964 : Productivité et Concurrence scientifique

HAGSTRON : 1965 Productivité ;

Les travaux de ces chercheurs convergèrent vers les constats suivants :

Le nombre et la qualité des relations impersonnels ont des incidences sur la productivité et la

créativité du chercheur.

L’existence d’une forme de concurrence scientifique agit comme une motivation qui réagit à

son tour sur la productivité du chercheur (Exemple des universités).

Il y ’a une relation étroite entre les contacts impersonnels, le choix des canaux de

communication et la qualité de la production. Selon en effet GERSTBERGER et ALLEN, les

chercheurs utilisent un canal d’information en fonction des qualités qu’ils lui attribuent plus

qu’à d’autres ; ces qualités sont :

L’ACCESSIBILITE

LA FACILITE D’EMPLOI

LA FAMILLIARITE

LA RAPIDITE DE TRANSMISSION

LA QUALITE DES INFORMATIONS

LE CARATERE SELECTIF ET LA PRECISION

L’APPLICABILITE

LA COMPLEXITE DES INFORMATIONS

LA PERTINENCE

L’INNOVATION

Ces qualités déterminent la fréquence d’utilisation des canaux et partant la FIDELITE ou non

des utilisateurs.

Une troisième génération de recherche porta sur les « relations entre le contexte

institutionnel et la production scientifique ».

Les chercheurs de cette mouvance distingueront une évolution différente selon que

l’on se trouve dans le secteur de la RECHERCHE FONDAMENTALE ou à celui de la

RECHERCHE APPLIQUEE.

1 – EN RECHERCHE FONDAMENTALE OU UNIVERSITAIRE

SOLLA PRICE 1963

SOLLA PRICE et BEAVER 1963

Ils relèveront l’originalité du mode de fonctionnement et d’organisation du processus de

distinction scientifique fondé essentiellement sur la PRODUCTIVITE et LA RECHERCHE

DE LA NOTORIETE. Cet état d’esprit pousse les chercheurs de ce secteur autour de la

création de ce qu’ils appellent les « COLLEGES INVISIBLES ». Ce sont des équipes de

recherche fondées sur la COMPLEMENTARITE et la SOLIDARITE. Elles sont articulées

autour d’un individu (le MAITRE, le PATRON, Le PROFESSEUR) et généralement d’un

LABORATOIRE. Ce mode de fonctionnement assure une meilleure circulation de

l’information et la rayonnement collectif et individuel par le biais des PUBLICATIONS

COMMUNES.

MULLINS 1966, 1968

Confirmera ces résultats en ajoutant que cette tendance favorise par ailleurs une nouvelle

démarche scientifique : L’INTERDISCIPLINARITE

CRANE 1968, 1970

Aboutira aux mêmes conclusions en préférant toutefois le concept de « CERCLE SOCIAL » à

celui de « COLLEGE INVISIBLE » pour des raisons de charge négative de ce dernier.

1.1 EN RECHERCHE APPLIQUEE

Dans ce secteur dominé par la grande industrie, avec des objectifs de rentabilité évidente, les

chercheurs sont évalués en fonction de l’intérêt économique de leurs résultats. Ces derniers

sont en général de diffusion très restreinte. C’est en effet le secteur de la concurrence, donc du

secret des découvertes. Pour éviter malgré tout de travailler en vase clos, les chercheurs

utilisent volontiers le système dit des PORTIERS.

ALLEN et COHEN 1969

ALLEN 1970

Les chercheurs des laboratoires industriels s’informent indirectement par l’intermédiaire des

PORTIERS que l’on trouve dans chaque laboratoire. Sans être forcément le leader, le

PORTIER lit plus que les autres, bénéficie de contacts extérieurs, produit plus que les autres,

bref la recherche s’organise autour de lui et il impulse don dynamisme à l’ensemble de

l’équipe.

I.2 APPROCHES ET TENDANCES ACTUELLES

Malgré une problématique commune (les utilisateurs) les différents chercheurs ont tour à tour

abordé des problèmes distincts. Les centres d’intérêts se sont déplacé des modes de

communication aux motivations de communication. On retrouve donc deux étapes distinctes :

1.2.1 1946 au milieu des années 1960

Durant cette période les études ont surtout porté sur les façons de s’informer des chercheurs

scientifiques. Il s’organise d’éclairer à la fois sur le temps consacré à la quête de l’information

dans la durée du processus heuristique d’une part sur le choix raisonné ou non de canaux de

communication par les chercheurs. Si les techniques, les catégories et les unités d’analyse ont

souvent été différentes d’un chercheur à un autre, on peut aboutir à quelques résultats

convergents à la suite des travaux d’ACKOFF et HALBERT (1959) ainsi résumés :

• un tiers du temps des chercheurs est consacré à la communication de l’information

• les contacts interpersonnels (impersonnels) sont très importants dans le processus de

communication de l’information.

HERNER 1959

SCOTT 1959

MENZL 1959

• l’importance des rencontres scientifiques et leur part de plus en plus décisif dans le

processus de communication scientifique (colloques, congrès, séminaires etc).

GAADEY et GRIFFIH 1953

PAISLEY et PARKER 1967

WVEST 1965

• le choix d’un ou plusieurs canaux d’information et leur part respectif dans la qualité

de la communication scientifique

• la part du hasard dans la quête et la communication de l’information scientifique. Ce

dernier constat peut être mis en relation avec celui des contacts impersonnels.

Ces travaux et tant d’autres furent des points de départs décisifs pour la compréhension des

processus heuristiques. Cependant, ils ne furent pas suffisants pour fonder une compréhension

plus totale du processus de la communication pour plusieurs raisons :

- d’abord ils ne s’intéressaient qu’aux chercheurs scientifiques en général et

à ceux des disciplines des sciences de la nature en particulier ;

- ils ignorent les motivations psychologiques et sociales des chercheurs. La

deuxième génération se détachera donc de cette perspective à la fois

restrictive et descriptive pour s’intéresser aussi aux « relations entre les

comportements de communication et la productivité » et les motivations

des chercheurs.

1.2.2 Après 1960 les recherches sur les comportements de communication

MAIZEL : 1960 productivités et créativité

PELZ et ANDREWS : 1966 importance des contacts interpersonnels

ALLEN : 1966 productivité et concurrence scientifique

SCHILLING et BERNARD : 1964 productivité et concurrence

scientifique

HAGSTRON : 1965

Ils convergent vers les constats suivants :

• Il y a une relation étroite entre les contacts impersonnels (canaux de communication

privilégiés) et la qualité de la production. En effet, selon GERSTBERGER et ALLEN

les chercheurs utilisent plus un canal d’information en fonction des qualités qu’ils leur

attribuent plus qu’à d’autres. Ces qualités sont entre autres :

L’accessibilité

La facilité d’emploi

La familiarité

La qualité des informations

La rapidité de transmission

Le caractère sélectif et la précision

L’applicabilité

La complexité des informations

La pertinence – nouveauté

Ces qualités déterminent la fréquence d’utilisation des canaux et partant la fidélité ou non des

utilisateurs.

• Relation entre le contexte institutionnel et la production scientifique

Les chercheurs distingueront ici une évolution divergente selon qu’on se trouve dans le

secteur de la recherche fondamentale ou celui de la recherche appliquée.

• 1 en recherche fondamentale ou universitaire

SOLLA PRICE 1963

SOLLA PRICE et BEAVER 1963 : ils relèveront le processus de

réorganisation du mode de distinction scientifique fondé sur la productivité et la

recherche de la notoriété.

Ce dynamisme pousse les chercheurs de ce secteur à la création de ce qu’ils appellent

« LES COLLEGUES INVISIBLES ». Ce sont des équipes de chercheurs fondées sur

la base de la complémentarité et la solidarité et articulées autour d’un individu (le

maître) ou un laboratoire. Ce mode de fonctionnement assure une meilleure circulation

de l’information et le rayonnement collectif et individuel par le biais de publications

communes entre autres.

MULLINS (1966-1968) confirmera ces résultats en ajoutant que cette tendance

favorise une nouvelle démarche scientifique : L’INTERDISCIPLINARITE

CAANE (1968-1970) s’étendra sur ces conclusions en préférant toutefois le

concept de « CERCLE SOCIAL » à celui de «COLLEGUE INVISIBLE »

• 2 – en recherche appliquée

Dans ce secteur dominé par la grande industrie avec des objectifs de rentabilité évidente, les

chercheurs sont évalués en fonction de l’intérêt économique de leur résultats. Ces derniers

sont en général de diffusion très restreinte. C’est le secteur de la concurrence, donc du secret.

Pour éviter malgré tout de travailler en vase clos, les chercheurs utilisent plusieurs solutions

dont la plus régulière est le système des PORTIERS :

ALLEN et COHEN 1969

ALLEN 1970 : les chercheurs des laboratoires industriels

s’informent indirectement par l’intermédiaire des PORTIERS que l’on trouve dans chaque

laboratoire. Sans être forcément le leader du laboratoire, le PORTIER s’informe et lit plus que

les autres, bénéficie de contacts extérieurs, produit plus que les autres. La recherche

s’organise autour de lui et il impulse son dynamisme à l’ensemble de l’équipe.

• place de la recherche documentaire dans la séquence de recherche

ALLEN 1965 : la recherche documentaire est intense à l’étape de mûrissement du projet

et décroît progressivement au fur et à mesure de son avancement au profit des contacts

impersonnels.

DEMAILLY 1975 : il relèvera surtout l’interdépendance des comportements de

communication et des processus heuristiques : une découverte de premier ordre ne reste

qu’une « information » tant que l’article qui la rapporte n’a pas été lu et utilisé… mais on

ne s’intéresse à cet article que dans deux cas : le plus fréquemment s’il ne perturbe pas les

idées dominantes du moment, plus rarement s’il trouve des chercheurs préparés à

l’accueillir ».

En donnant à la communication scientifique une dimension humaine, ces recherches de

deuxième génération, tout en s’ajoutant à la première lui restituent son caractère actif en

élargissant considérablement son champ d’action en ce sens « qu’elles n’autorisent

aucune solution définitive ».

MODULE II

II-/ LA COMMUNICATION DE L’INFORMATION

II-1 Les trois pôles du transfert de l’information

II.1.1 Les sources

II.1.2 Les intermédiaires

II.1.3 Les clientèles (Destinataires)

TRANSFERT DE L’INFORMATION

II.2 . LA THEORIE DES TROIS LANGAGES

Langage d’indexation

Langage d’interrogation

Langage naturel des usagers

SOURCES (Documents)

INTERMEDIAIRES DESTINATAIRES (Clientèles)

TYPES

- Imprimés - CD ROM - En ligne

TYPES

- Clientèles - Clients

TYPES

- Professionnel - Technicien

SERVICES

OUTILS

Organisation

LANGAGE DE RECHERCHE

Vocabulaire/Jargon Sujet/Question/Problème

Définition des concepts de la question

Limitations conceptuelles, géographiques

et chronologiques de la question

Vocabulaire de Recherche/ Explication de chaque concept en

Langage d’indexation descripteurs/points d’accès en fonction

Des ressources à consulter

Détermination de prise de connaissance de

L’organisation des ressources à consulter

(Besoin de manuels, guides)

Structure des ouvrages / Choix et connaissance de la méthode

Langage d’interrogation d’accès au contenu des ressources à

Consulter (besoin de manuels, guides)

Elaboration d’une stratégie de Recherche

II-3 LE PROCESSUS DE LA COMMUNICATION DE L’INFORMAT ION

Schéma général de la communication de l’information (Abraham MOLES)

MODULE III

PROCESSUS DE LA RECHERCHE DE L’INFORMATION : LA REFERENCE

II- 1 : ROCESSUS DE RECHERCHE DE L’INFORMATION

1. Besoin d’information 2. Recherche bibliographique

3. Recherche du document

4. Recherche de l’information

5. Satisfaction du besoin

Objectif : passer de 1 à 5 le plus rapidement possible

Possible

Le plus facilement

II-2 les outils de la référence dans les archives

Dans les bibliothèques comme dans les archives, la référence est un acte essentiellement

d’orientation du chercheur dans la formulation de son objet et de sa stratégie de recherche.

C’est donc un moment de médiation qui doit être pris en charge par des outils de repérage de

l’information par delà la dimension sociale de la référence. Ces outils sont de différents types

et de forme. On les appelle communément instruments de recherche.

II-2-1 TYPOLOGIE DES INSTRUMENTS DE RECHERCHE

II.2.1 : LES I.R. DE TYPE GLOBAL

II.2.1.1 LE GUIDE DE DEPOT

Le but d’un guide de dépôt d’archives est de donner d’un dépôt une vue

d’ensemble de manière à permettre au chercheur de savoir quelles sont ses ressources, la

nature et l’intérêt des fonds qu’il renferme et les instruments de recherche dont il dispose. Il

doit être : clair, systématique, concret et réglementaire.

PRESENTATION DUN GUIDE DE RECHERCHE :

1. Introduction (guide du chercheur)

2. Historique du dépôt

3. Liste des IR généraux disponible dans le dépôt

4. Description des fonds : elle doit comprendre :

+ COTE / TITRE des fonds

+ Personne / organisme producteur

+Profession / mandat/ responsabilités

+ Lieu de production

+ Nature des documents

+ Dates extrêmes

+ Etendue linéaire

+ Biographie / Historique

+ Aperçu général du fonds en termes de contenu

+ Provenance / Date d’acquisition

+ Accès à la communication

+ Description critique des instruments de recherche

+ Renvois aux autres sources

+ Bibliographie sommaire

II.2.1.2 LE CATALOGUE DES FONDS

C’est un IR d’ordre général qui donne un bref aperçu du contenu de chacun des fonds ou

collections d’archives dans un dépôt suivant l’ordre alphabétique des titres des fonds

PRESENTATION DU CF

+ Cote / Titre

+ Personne / Organisme producteur

+ Profession / Mandat de l’organisme

+ Lieu

+ Nature des documents

+ Dates extrêmes

+ Etendue linéaire

+ Intérêt de recherche

+ Provenance / Date d ‘acquisition

+ Accès à l’information

+Liste des IR sur le fonds

AVANTAGES DU CF

* Analogie avec les IR élaborés dans les BIB, les CD, les Musées, les Cartothèques

* Catalogue de référence central (croisé)

* Faveur des documents multimédia

* Confection des inventaires régionaux, nationaux etc.

II.2.1.3 ETAT GENERAL PAR FONDS

C’est un IR qui donne un aperçu de l’organisation d’un dépôt d’archives et du contenu de

chaque fonds et collection qu’il conserve avec un index onomastique.

PRESENTATION DE L’EGF

+ Cote / Titre

+ Personne / Organisme producteur

+ Dates extrêmes

+ Profession / Mandat

+ Lieu

+ Nature des documents

+ Etendue linéaire

+ Historique / Biographie

+ Aperçu de l’intérêt du fonds

+ Provenance / Date d’acquisition

+ Accès à la communication

+ Description critique des IR

+ Sources complémentaires / Bibliographie sommaire

RECOMMANADATIONS

* Compte tenu de leur ressemblance, il faut choisir entre le Catalogue des fonds, l’Etat

général et le Guide de dépôt.

II .2.2 LES INSTRUMENTS DE RECHECRCHE SCIENTIFIQUE

Ce sont des IR qui décrivent un fonds ou une collection au niveau des articles permettant ainsi

d’accéder aux informations.

Leur réalisation obéit à certaines conditions dont :

* L’intérêt du contenu des articles

* Le temps de travail à investir pour les réaliser

* Les services qu’ils rendent à la communication de l’information

On distingue parmi eux :

II.2.2.1 LE REPERTOIRE SOMMAIRE

C’est la description des groupes d’articles homogènes avec un seul intitulé pour plusieurs

articles

Exemple : Article 1 à 6 : correspondance : originaux, s.d, 1820-1855, 60 cm.

PRESENTATION

- Une table des matières

- une introduction

+ Cote 1er au dernier article

+ Description

+ Mention des originaux et des copies

+ Dates extrêmes

+ Etendue linéaire

+ Bibliographie – index

II.2.2.2 LE REPERTOIRE NUMERIQUE SIMPLE

C’est la description un à un des articles d’un fonds ou collection avec un intitulé pour chaque

article.

PRESENTATION

+ Cote de chaque article

+ Description

+ Originaux / Copies

+ Etendue linéaire

II.2.2.3 LE REPERTOIRE INDEX

C’est u index de tous les noms propres et toutes les matières collectés à partir de deux sources

que sont :

- Les intitulés des articles

- les bordereaux de versement

IV- LES INVENTAIRES

Se situant au niveau de la pièce, les inventaires visent à la précision maximale ; ils obéissent à

certaines conditions :

- l’intérêt informatif du fonds

- la fréquence d’utilisation et de consultation

- le nombre de pièces

- l’absence d’alternative plus pertinente que l’inventaire compte tenu du temps à investir.

On distingue parmi les inventaires :

III-1 L’INVENTAIRE SOMMAIRE

Description extérieure

PRESENTATION

+ Cote

+ Dates

+ Lieu

+ Nature diplomatique

+ Personnes

+ Original / Copies

+ Nombre de pages

III- 2 L’INVENTAIRE ANALYTIQUE

Description intérieure

PRESENTATION

+ Sujet

+ Lieu de l’original

+ Langue du document

+ Sceau / Cachet

+ Référence

+ Annotations

III- 3 L’INVENTAIRE INDEX

Il est construit à partir des mots vedettes retenus dans la description de chacune des pièces. On

distingue :

- Un inventaire index sommaire

-Un inventaire index analytique

III - 4 LE GUIDE PAR SUJET / THEME

Il consiste à choisir dans les fonds d’un ou de plusieurs dépôts les références intéressant un

sujet ou un thème donné.

III - 5 BIBLIOGRAPHIE DES IR

Il est confectionné par DEPOT

Par FONDS

Par SUJET

PRESENTATION

+ Auteur (s)

+ Titre

+ Forme matérielle

+ Lieu de publication

+ Date de publication

+ Editeur

+ Nombre de pages

A côté de ces instruments utilisés dans les archives, on retrouvera dans les bibliothèques et

centres de documentation des outils spécifiques de signalisation de l’existence des ressources

d’information. Ils permettent d’identifier les ouvrages, revues et périodiques et autres dossiers

documentaires qui renferment les informations sollicitées par les clients. Ils sont signalés par

1. des fichiers avec différentes variantes (auteurs, matières, thèmes etc.)

2. des Catalogues

3. des banques et bases de données

Au delà des outils, nous verrons après prochainement le PROCESSUS DE REFEERENCE : à

savoir le moment concret de mise en situation d’une DEMANDE et d’une OFFRE

d’information qui passent par un ENTRETIEN de REFERENCE