8/18/2019 Quand les politiques se mettent en scène, Le Soir - 30 mars 2016

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Le SoirMercredi 30 mars2016

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LES FICTIONS

Good Bye Lenin ! ★★★

Une comédie à la fois drôle etamère sur « l’après» chute duMur de Berlin. N’y cherchez pasune leçon politique. Ce n’est pasl’objectif poursuivi par le ci-néaste allemand Wolfgang Be-cker qui préfère se retrancher,très justement, derrière le té-moignage du quotidien.France 4, 21h 00

Belle de jour ★★Une œuvre devenue un clas-sique qui n’a rien perdu de soncaractère sulfureux. Avec Ca-therine Deneuve au sommet deson charme.Arte, 20h 55

The last Son :la malédiction ★★

Un joli conte fantastique oùprend vie une histoire d’amourtouchante et délicate à la foisentre deux jeunes adolescentsqui souffrent d’un mal-être. Letout filmé dans les décorsenchanteurs de l’Irlande.La Trois, 21 h 15

ÉMISSION

Israel Confidential ★★Nominé pour l’Oscar duMeilleur Documentaire en 2013,ce film nous plonge au cœur duservice israélien de sécurité etde renseignement. Face caméra,six anciens directeurs du servicede contre-espionnage israélienfont la lumière sur la controverseentourant l’Occupation depuis1967. Pour la première fois, ilslivrent leurs critiques sur leurs

propres actions et sur la poli-tique israélienne de sécurité. Lerécit retrace des événementscruciaux du conflit israélo-arabe : depuis la retraite du Sinaï et la guerre du Liban jusqu’à l’in-vasion récente de Gaza, en pas-sant par la montée du terro-risme juif, l’assassinat de Rabinou encore les deux Intifadas.La Une, 22h 00

LA JOURNÉE TÉLÉExcellent★★★Bien★★Faible★Nul❍

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RTBFThe Voice : un live suppriméChangement de programma-tion pour « The Voice Bel-gique ». Suite aux attentatsde Bruxelles, la RTBF avaitété contrainte d’annuler le« Live» du mardi 22 mars. Sidans un premier temps, ellea envisagé la possibilité demaintenir les six lives prévusinitialement, elle a finale-ment décidé de supprimerune émission et de conden-ser les prestations des ta-lents sur cinq rendez-vous.Ce changement de pro-gramme implique quelquesmodifications dans la méca-nique de l’émission. Lors duprochain « Live», le 5 avril,deux talents par équipeseront éliminés, au lieu d’unseul comme initialementprévu. A l’issue de celui-ci,les huit candidats sélection-nés pour la demi-finale quise tiendra le 12 avril serontconnus. La finale sera en-suite programmée la se-maine suivante, soit le 19avril, comme le prévoyait lecalendrier initial. (N.J.)

FRANCE 2« Toute une histoire»passe à la trappeAprès près de dix ans d’an-tenne quotidienne, «Touteune histoire» le programmecréé par Jean-Luc Delarue,va disparaître en juin, desgrilles de programmation dela chaîne. Lancée en sep-tembre 2006, l’émissionoffrait l’opportunité auxinvités, anonymes ou cé-lèbres, de témoigner sur unsujet de société. SophieDavant avait pris les com-mandes de « Toute une his-toire » en 2010, suite auxproblèmes judiciaires et desanté rencontrés par Jean-Luc Delarue, égalementprésentateur du programme,à l’époque. En décembredernier, un appel à projetsavait été lancé par VincentMeslet, le nouveau patron dela chaîne, afin de repenserles après-midi de France 2.L’émission qui remplacera« Toute une histoire », à 14h,dès le mois de juillet n’a pasencore été révélée.

TF1Grégoire Margottonpour l’Euro 2016Selon plusieurs médias fran-çais, Grégoire Margotton, journaliste emblématique deCanal+, devrait quitter lachaîne cryptée à l’issue de lasaison, pour rejoindre TF1 et

commenter les matches del’équipe de France de foot-ball lors de l’Euro 2016.Grégoire Margotton en posteà Canal+ depuis 1992, rem-placerait donc ChristianJeanpierre, qui commentaitles matches de l’équipe deFrance depuis 2008, suite audécès de Thierry Gilardi.(afp)

LESBRÈVES

Il était une fois une classeidéale. Une dizaine d’en-fants âgés de 8 à 14 ans, tous

heureux d’être là, alertes et moti- vés. Pendant plusieurs semaines,ils ont consacré leurs mercredisaprès-midi à apprendre lesmoindres détails de la carrière desix personnalités politiques. Ju- bilation ultime, dans le cadre dunouveau programme « Au ta- bleau » diffusé à partir de ce mer-credi à 20h05 sur La Deux: ils sesont retrouvés dans la position duprofesseur. À eux de faire passerun examen aux adultes.

Le premier candidat s’appellePaul Magnette. Tout sourire, leministre-président de la Wallo-nie est un bon client. Il se prêteavec aisance au jeu des questions-réponses devant des enfants dé-terminés à le désarçonner. «Ce nesont pas des bêtes de concours non plus , tempère Cyril Travassac, leproducteur. Ils sont préparés,mais ils avaient le droit d’inter-rompre quand ils voulaient pour poser des questions spontanées. »C’est pourtant ce que leur avaitreproché Joëlle Milquet au len-demain du tournage de l’émis-sion. « La production m’a envoyé un cahier des charges expliquant qu’il s’agissait d’une émissionavec des enfants “naturels ” quiveulent parler de leurs problèmesquotidiens à l’école et dans leur

famille , expliquait la ministre del’Enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles au Soir en janvier dernier. J’y ai été pour faire plaisir et finalement je mesuis retrouvée dans un pro- gramme où on m’a cuisiné sur mes connaissances scolaires d’il ya des années. » Preuve que les po-litiques ne maîtrisent pas encoretotalement les conséquences deleur participation à un pro-gramme d’infotainment (lirel’avis de notre expert ci-dessous).

Parler de politique autrementOutre les débats dominicaux et

les rendez-vous comme «Jeudien prime» sur La Une ou « L’in- vité » de Pascal Vrebos sur RTL-TVI, les occasions pour le mondepolitique d’atteindre un publichabituellement peu réceptif sontassez rares. C’est ce qui a motivé

la RTBF à proposer «Au ta- bleau ». L’émission est divisée entrois parties. Une interro surpriselors de laquelle les enfants posentune série de questions du genre« Combien y a-t-il de chômeursen Wallonie ? ». Vient ensuite le bon vieil exposé à la craie avecpour consigne de faire court et dene surtout pas ennuyer nos pe-tites têtes blondes. L’émission setermine dans un autre local où,assis confortablement, l’invité ra-conte son parcours au travers dephotos, mais également d’un ob- jet qui symbolise sa personnalité.On s’offre aussi des cadeaux. Tou-chant? « S’ils croient que cela lesrend plus proche des citoyens,c’est un mauvais calcul , trancheNicolas Baygert, spécialiste de la communication médiatique. En jouant les Kim Kardashian, les politiques perdent la crédibilité

qui leur serait bien nécessaire pour reconquérir la confiance ducitoyen. »

Pour Ophélie Fontana qui pré-sente «Au tableau », ce genre deconcept a des avantages. « Les journalistes sont conditionnés aulangage politique alors que les en- fants, eux, ne se laissent pas faire.On est dans un programme fait par les enfants, mais pour tous les publics. Peut-être que les parentsregarderont ensuite le JT autre-ment, c’est l’ambition. »

Après Paul Magnette ce mer-credi, c’est Marie-Christine Mar-ghem (MR) puis l’Ecolo Jean-Marc Nollet qui rendront visiteaux enfants. Marie Arena, DidierReynders et Joëlle Milquet (le04/05) suivront. ■

MAXIME BIERMÉ

« A u tableau»,La Deux à 20h05.

Quand les politiquesse mettent en scèneLA DEUX« Au tableau », à découvrir ce soir à 20h05

Une classe artificielleinterrogeun représentantdu monde politique.

Paul Magnette essuieles plâtres de ce nouveauconcept d’émissionpolitique.

Une dizaine d’enfants de 8 à 14 ans font passer un examen à des représentants politiques chaquemercredi à 20h05 sur La Deux.© RTBF

ENTRETIEN

N icolas Baygert est profes-seur à l’Ihecs. Pour Le Soir ,il a regardé le premier épisoded’«Au tableau » diffusé ce soir à 20h05 sur La Deux.

Que pensez-vous du concept ?Comme on s’interroge sur la pu-blicité pour le soda dans cer-

taines écoles, on peut s’interro- ger sur le fait que les enfantssont là pour mettre le politiqueen valeur.

N’est-ce pas un moyen de tou-cher un public désintéressé parle débat politique ? L’objectif est de produire desmoments de télévision qui se-ront autant de séquences pro- pices à la reprise médiatique,

au buzz. À terme, il y a vrai-ment un danger de renforcer lesentiment de rejet par rapport àce type de processus hagiogra- phique.

Qu’est-ce qui motive les poli-tiques à participer ? Booster leur capital sympathie. L’homme

politique est en voied’extinction. La perfor-mance médiatique tra-duit son impuissanceet c’est un phénomènedommageable car l’émotion remplace ladimension gestion-naire et plus sérieusedu politique. Il y a un côté télé-crochet, un peu comme si on re- gardait « Un politique presque

parfait » avec le confessionnal.

Que pensez-vous du casting ? Je me demande sur quel critèreles élus qui vont bénéficier d’une telle exposition sont choi-sis. Dans ce dispositif, ils sont soumis à une obligation de per-

formance. La sélectionse fait selon le poten-

tiel « médiagénique ».On choisit des bonsclients ou ceux qui ont déjà une notoriété suf- fisante pour attirer letéléspectateur. C’est un filtre non démocra-tique car il est basé sur le potentiel performa-

tif des élus qui passent à l’écran.C’est presque une questionéthique de voir que la perfor-

mance médiatique remplace lacompétence. Il y a aussi le risque de lasser letéléspectateur qui se plaignait déjà de voir toujours les mêmes.Cela ne permet pas de faireémerger de nouvelles personnes.

Finalement, quel intérêt pour letéléspectateur ?

Ça ne lui apporte rien d’autreque des informations de type personnel et émotionnel. Ledanger, c’est qu’on n’apprend pas grand-chose sur l’actualité et leurs dossiers. Si ce genre de programme est l’avenir des dé-bats politiques, alors on ne sera plus que dans la performancescénique. ■

Propos recueillis parM.B.

l’expert « Les politiques deviennent “people” »

NicolasBaygert. © D.R.