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UNIVERSITE PEDAGOGIQUE DE VILNIUS FACULTE DE LANGUES ETRANGERES DEPARTEMENT DE PHILOLOGIE ET DIDACTIQUE FRANÇAISES Etudiante de la II-ième année du magistère Renata Mažylienė QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU FRANÇAIS LANGUE ETRANGERE Mémoire Directeur du travail : Zita Tarvydienė Docteur en sciences sociales, Maître de conférences Vilnius 2006

QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

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Page 1: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

UNIVERSITE PEDAGOGIQUE DE VILNIUS

FACULTE DE LANGUES ETRANGERES

DEPARTEMENT DE PHILOLOGIE ET DIDACTIQUE FRANÇAISES

Etudiante de la II-ième année du magistère

Renata Mažylienė

QUATRE COMPETENCES DANS

L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU FRANÇAIS

LANGUE ETRANGERE

Mémoire

Directeur du travail :

Zita Tarvydienė

Docteur en sciences sociales,

Maître de conférences

Vilnius

2006

Page 2: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

VILNIAUS PEDAGOGINIS UNIVERSITETAS

UŽSIENIO KALBŲ FAKULTETAS

PRANCŪZŲ FILOLOGIJOS IR DIDAKTIKOS KATEDRA

Magistrantūros studijų programos

II k. studentė

Renata Mažylienė

KETURIOS PRANCŪZŲ KALBOS MOKYMO/MOKYMOSI

KOMPETENCIJOS

Magistro darbas

Darbo vadovas:

Socialinių mokslų daktarė,

doc. Zita Tarvydienė

Vilnius

2006

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Page 3: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

TABLE DES MATIERES

I. INTRODUCTION…..........................................................................................................4

II. ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DANS L’APPROCHE COMMUNICATIVE...7

III. COMPREHENSION ORALE.........................................................................................10

1. Compétence de la compréhension orale.............................................................10

2. Activités.............................................................................................................12

2.1. Activités de pré-écoute...............................................................................12

2.2. Activités pendant l’écoute..........................................................................13

2.3. Activités d’après-écoute.............................................................................17

IV. COMPREHENSION ECRITE.........................................................................................21

1. Compétence de la compréhension écrite.............................................................21

1.1. Difficultés de l’apprentissage.....................................................................21

1.2. Stratégies de lecture et le choix des textes.................................................24

2. Activités.............................................................................................................29

2.1. Activités de pré-lecture...............................................................................29

2.2. Activités pendant la lecture........................................................................30

2.3. Activités d’après-lecture.............................................................................32

V. EXPRESSION ORALE....................................................................................................34

1. Compétence de l’expression orale......................................................................34

1.1. Erreurs et la correction...............................................................................35

1.2. Difficultés et les stratégies de la communication.......................................36

2. Activités..............................................................................................................37

2.1. Dialogues, jeu de rôle et simulation….......................................................40

2.3. Expression personnelle...............................................................................45

VI. EXPRESSION ECRITE...................................................................................................48

1. Compétence de l’expression écrite.....................................................................48

2. Passage à l’écrit...................................................................................................48

2.1. Difficultés...................................................................................................50

3. Activités..............................................................................................................51

3.1. Activités d’entraînement et d’expression libre...........................................53

VII. CONCLUSION................................................................................................................57

VIII. BIBLIOGRAPHIE...........................................................................................................59

IX. ANNEXE.........................................................................................................................61

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Page 4: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

I. INTRODUCTION

Sans remonter beaucoup dans l’histoire, l’enseignant de langue doit connaître les

approches didactiques qui ont précédé celles en vigueur actuellement. L’évolution de la

didactique des langues est pour lui une source inépuisable de réflexion.

Certes, des directives pédagogiques, données aux professeurs, ont parfois explicitement

interdit ou autorisé certaines démarches (par exemple, l’interdiction, puis la tolérance et enfin

le recours à la langue maternelle).

La critique de la linguistique structurale par N. Chomsky (1959) a commencé à se

diffuser quelques années plus tard aux États-Unis, et a sonné la glas de la méthode audio-

orale. C’est alors que se sont développées en France les méthodes dites structuro-globales

audio-visuelles (SGAV) qui se fondaient sur la toute-puissance du structuralisme, une totale

confiance dans les théories behavioristes de l’apprentissage des langues et dans les bienfaits

des techniques pour fixer des mécanismes. (Tagliante 1994, 30)

En réaction contre excès scientistes que furent conçues dans les années 70 des «

approches communicatives » qui visaient à donner à l’apprenant l’occasion de dire et de faire

dans des situations courantes de communication orale et écrite.

L’approche communicative préconisait une analyse des besoins langagiers des

apprenants. Le changement notable, dans ce domaine, par rapport aux méthodes précédentes

est la liberté de progression, lexicale et grammaticale. Si l’apprenant, dans un énoncé, oral,

cherche à s’exprimer au passé dès les début de l’apprentissage, on lui donnera les moyens

linguistiques de le faire, de façon à ce qu’il puisse réaliser son intention de communication.

Les travaux du conseil de l’Europe et leurs publications ont fait faire un grand pas à la

didactique des langues étrangères dans des méthodes comme l’approche communicative ou

l’approche fonctionnelle/notionnelle. (Tagliante 1994, 33)

Les composantes de la compétence de communication varient selon les théoriciens qui

ont cherché à la définir : la composante linguistique, sociolinguistique, discurcive ou

énonciative, socioculturelle.

La composante linguistique comprend les quatre compétences linguistiques de

compréhension et expression orales et écrites, en fonction de la connaissance des éléments

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Page 5: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

lexicaux, des règles de morphologie, de syntaxe, de grammaire sémantique et de phonologie

nécessaires pour pouvoir les pratiquer.

Se pose alors le problème des apprenants dont la réussite totale en compétence

communicative est loin d’être égalée en compétence linguistique.

Prononcer ses premiers mots dans une langue étrangère est souvent déroutant.

L’apprenant va tout d’abord s’essayer à répéter des sons auxquels il associe une signiffication

assez confuse et sans toujours pouvoir, dans la chaîne sonore, distinguer où commencent et se

terminent les mots qui composent ce qu’il dit. Quelques jours plus tard, il tentera de

reproduire, de mémoire, les sonorités entendues. Encore plus tard, il associera la phonie à la

graphie et commencera à repérer l’organisation d’une phrase. Très vite, on le sollicitera pour

qu’il produise réellement des énoncés dont le sens devra correspondre à la situation dans

laquelle il parle.

Au début, on fera progresser la pratique de la langue au moyen du « je » simulé et du «

je » authentique dans des situations simples, puis un peu plus complexes, pour passer

graduellement à l’expression du « je » véritable, dans les échanges à l’intérieur de la classe et

dans des situations impliquantes.

C’est ainsi que peu à peu se développera un ensemble de savoirs et de savoir-faire :

linguistique (lexicale, morphosyntaxique et phonologique), socioculturel, discursif (au niveau

des types de discours, de l’articulation des phrases et de l’organisation des idées) et

stratégique, qui réunis, formeront la compétence de communication (orale et écrite).

(Tagliante 1994, 99)

L’objectif de ce travail est d’englober les quatre compétences fondamentales de la

pédagogie des langues : les compétences à la compréhension orale, à la lecture, les

compétences à parler et à écrire; présenter les idées didactiques actuelles, qui reflètent les

principes de l’approche communicative.

Il existe une grande diversité de techniques pour acquérire ces compétences. La varieté

peut-être choisie par l’enseignant et les apprenants eux-mêmes.

Ce travail se base sur les ouvrages: de Joe Sheils, de Christine Tagliante, de François

Weiss, de Michèle Pendax et d’autres. Les idées didactiques rassemblées dans les ouvrages

par de différents auteurs marquent les problèmes les plus usuels posés par la pratique dans la

salle de classe « communicative ». Les activités présentées sont nombreuses dans les ouvrages

didactiques sur compréhension et expression écrite et orale et peuvent-être choisies selon gré

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Page 6: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

et besoins de chaque enseignant et chaque apprenant. Des exemples sont seulement cités pour

s’orienter, de quelle façon on pourrait les utiliser mieux dans un cas où dans un autre.

Les quatre compétences sont toutes importantes dans le processus

d’enseignement/apprentissage, mais pour mieux les présenter, elles sont traitées séparément

(s’appuyant sur l’ouvrage de J. Sheils).

Le chapitre II contient quelques principes sur l’approche communicative; III, IV, V, VI

sont consacrés à la compréhension et à l’expression orale et écrite. Le chapitre VII contient la

conclusion et dans le chapitre VIII on peut trouver la liste de la bibliographie. A la fin de ce

travail - dans l’annexe - la liste de quelques exemples des jeux et des activités dans la classe

de langue.

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Page 7: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

II. ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DANS

L’APPROCHE COMMUNICATIVE

L’approche communicative est essentiellement centrée sur l’apprenant. Elle vise à

susciter chez l’apprenant le désir d’apprendre la langue cible par l’utilisation et le

développement de ses connaissances et de son expérience. Axée sur des thèmes pertinants,

elle mobilise aussi son intérêt en l’associant au choix de textes et de tâches répondant aux buts

et aux objectifs du programme d’enseignement. Elle développe sa compétence de la

communication en lui proposant un éventail de tâches réalistes, utiles et réalisables, dont la

bonne exécution lui procure la satisfaction et l’assurance.

Tout programme ou manuel qui vise à promouvoir la compétence de la communication

doit prendre en compte ses composantes:

a) compétence linguistique: la connaissance d’éléments de vocabulaire et la maîtrise

de certaines règles syntaxiques grâce auxquelles ces éléments sont combinés de

manière à produire des énoncés signifiants,

b) compétence socio-linguistique: la capacité d’utiliser et d’interpréter des élements

linguistiques de manière appropriée en fonction de la situation de communication

(le contexte – qui communique avec qui, à quel propos, où, dans quel but,

conditionne le choix des éléments linguistiques),

c) compétence discursive: la capacité de percevoir et d’assurer la cohérence

d’énoncés distincts dans des échanges communicatifs,

d) compétence stratégique: la capacité « de recourcir à des stratégies de

communication, verbales ou non-verbales, afin de compenser une connaissance

imparfaite du code »,

e) compétence socioculturelle: une certaine familiarité avec le contexte socioculturel

dans lequel la langue est utilisée,

f) compétence sociale: la volonté d’engager une interaction avec autrui, et la

confiance en soi que cela suppose, ainsi qu’une aptitude à « l’empathie et savoir-

faire en matière de relations sociales ». (D’après Sheils 1993, 8)

L’approche communicative donne à l’apprenant la possibilité d’acquérir une

compétence de communication ou la capacité de se débrouiller dans de différentes situations,

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Page 8: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

donc d’utiliser les quatre compétences: la compréhension orale et écrite et l’expression orale

et écrite.

Pour que l’enseignement/apprentissage soit efficace et qu’il garantisse la

communication, il faut prendre en considération ces aspects concernant le rôle d’enseignant et

de l’apprenant. L’enseignant doit:

1. Faire attention aux besoins de l’apprenant.

2. Faire attention au niveau, à l’âge, au style d’apprentissage.

3. Ne pas oublier le rôle de la langue maternelle.

4. Considérer la situation interculturelle.

5. Créer l’ambiance favorable dans la classe.

6. Développer l’autonomie de l’apprenant.

7. Encourager et stimuler l’apprenant.

8. Respecter les opinions, les idées de l’individu. Il faut aider les apprenants à résoudre

des problèmes.

9. Choisir les objectifs et les stratégies et les méthodes pour contribuer au développement

des quatre compétences. Les échanges devrait être authentiques etc.

« L’enseignant communicatif n’est plus seulement le grand dispensateur du savoir et des

savoir-faire, mais celui qui met sa compétence linguistique, culturelle et pédagogique au

service des intérêts de l’apprenant, en étant à la fois l’organisateur de l’apprentissage, l’expert

auquel l’apprenant fait appel, l’animateur de la classe, la personne resource, celui qui fait

découvrir et qui systématise les acquisitions, celui qui se remet en question, qui fait confiance

et surtout celui qui a le plus de patience ». (Tagliante 1994, 21)

Dans l’approche communicative, l’apprenant doit prendre sa part dans l’apprentissage,

tout en cherchant comment il peut le mieux utiliser et développer ses savoir-faire et ses

connaissances:

1. Collaborer avec les autres apprenants et l’enseignant.

2. S’engager dans les activités d’apprentissage.

3. Chercher et saisir toute occasion de communiquer.

4. S’intéresser et chercher des informations.

5. Apprendre et trouver des moyens de mémoiriser.

6. Accepter d’être corrigé.

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Page 9: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

7. Étudier des difficultés avec les autres.

8. Respecter la personnalité d’autrui.

9. Partager les connaissances, des expériences, des opinions, des idées...

10. Prendre part de responsabilité dans l’apprentissage.

11. Chercher des moyens pour surmonter des difficultés.

12. Mettre en commun les solutions etc. (D’après Sheils 1993, 5)

La qualité des expériences d’apprentissage dépend largement des matériaux disponibles

dans la classe. Les matériaux doivent intéresser les appernants, éveiller leur curiosité et les

inciter à s’engager personnellement, s’appuyer sur l’expérience et les connaissances des

apprenants pour les développer. Les objectifs doivent viser essentiellement la communication,

axer sur la réussite, c’est-à-dire être clairs, réalistes, utiles et adaptés au niveau des

apprenants. Les matériaux doivent offrir de bons exemples d’une utilisation naturelle de la

langue, donner une possibilité de choix dans le contenu, les tâches et les méthodes de travail,

tenir compte des différences d’intérêts, de styles et de rythmes d’apprentissage, favoriser la

coopération et l’échange plutôt que la compétition, fonder sur des tâches établissant un

équilibre adéquat entre la pratique de la langue et les activités communicatives. Les activités

doivent être suffisamment variées pour éviter la répétition fastidieuse de tâches semblables. Il

faut encore souligner, que l’apprentissage par l’interaction place les apprenants dans une

position centrale. Pour l’expression orale il s’agit d’une approche intégrée des compétences:

les apprenants commencent par écouter ou lire un texte individuellement, discutent de ce

qu’ils ont compris à deux, puis à plusieurs, et enfin tous ensemble. Pour l’expression écrite -

prise de notes, compte rendu, résumé. On peut faire précéder l’activité de compréhension

orale ou écrite d’une discussion préliminaire qui suscite des attentes et stimule l’intérêt des

apprenants pour le texte. (D’après Sheils 1993, 8)

Le travail à deux ou en groupes garantit presque toujours l’apprentissage efficace. Il

faut proposer des tâches qui aient un sens, qui soient gratifiantes pour les apprenants, et qui se

déroulent dans une atmosphère conviviale. (Sheils 1993, 15)

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Page 10: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

III. COMPREHENSION ORALE

1. Compétence de la compréhension orale

D’après C. Cornaire (1998, 20), la langue est un instrument de communication et

surtout d’interaction socialle. Dans cette perspective, savoir communiquer signifierait

préparer l’apprenant aux échanges avec des locuteurs natifs, par exemple pouvoir interpréter

la signification d’énoncés par rapport à la situation de communication (intention, statut, rang

social de l’interlocuteur etc.).

Le but des activités de compréhension orale est de permettre aux apprenants de

comprendre le discours naturel selon situation en fonction des raisons pour lesquelles ils

écoutent, qu’ils se trouvent en face à face ou en situation non-interactive d’auditeurs qui ne

peuvent intervenir sur le flux de la parole.

Le langage parlé diffère du langage écrit:

- il est plus répétitif

- il contient davantage de remplisseurs

- le contenu cognitif est généralement moins important que dans discours écrit de

même type (mais l’interactionnel et les atitudes peuvent jouer un rôle considérable)

- le discours est moins structuré (ruptures de construction, structures de juxtaposition,

changements de direction)

- les éléments de cohésion sont plus difficiles à définir

- des formes non-grammaticales peuvent apparaître

- des mots peu importants sont mal prononcés ou omis.

Les autres sources de difficulté:

- la vitesse d’élocution

- un rythme et des schémas intonatifs peu familiers

- le nombre de locuteurs

- les différents registres, des accents régionaux fortement marqués

- une mouvaise articulation

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Page 11: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

- les prises de parole simultanées

- la charge émotive du discours et les bruits de fond. (Sheils 1993, 31)

Comme propose J. Sheils (1993, 31), pour développer les savoir-faire et les stratégies

dont les apprenants ont besoin pour maîtriser le discours naturel, il faut:

- les mettre en présence de textes authentiques ou réalistes de façon planifiée

- leur donner confiance en eux-mêmes en choisissant des textes et des activités

préparatoires

- commencer par des textes courts et adaptés au niveau des apprenants

- le discours doit être clair, pas trop rapide

- limiter le nombre de locuteurs, de structures et de mots nouveaux, ainsi que la

diversité des accents

- utiliser des enregistrements réalistes ou « semi-authentiques »

- donner aux apprenants la possibilité d’écouter un enregistrement plusieurs fois

- orienter l’écoute et guider l’apprenant à l’aide d’un certain nombre d’activités

appropriées (et pas simplement des questions à choix multiple, des vrais/faux, ou des

questions ouvertes)

- comme il s’agit surtout de développer des compétences il est essentiel que les

apprenants puissent régulièrement évaluer à la fois le texte et les activités.

Ch. Tagliante (1994, 73) distingue des objectifs d’apprentissage qui sont d’ordre

lexicaux et socioculturels, phonétiques, discoursifs, morphosyntaxiques... En effet, comme

affirme tous les savants, les activités de compréhension orale aideront les apprenants à:

- découvrir du lexique en situation

- découvrir différents registres de langue en situation

- découvrir des faits de civilisation

- découvrir des accents différents

- reconnaître des sons

- repérer des mots-clés

- comprendre globalement

- comprendre en détails

- reconnaître des structures grammaticales en contexte

- prendre des notes etc.

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Page 12: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

2. Activités

Pour faciliter l’apprentissage, la segmentation de la tâche de compréhension en

quelques étapes demeure essentielle. On propose ces étapes:

1. Activités de pré-écoute

2. Activités pendant l’écoute

3. Activités d’après-écoute

2.1. Activités de pré-écoute

La pré-écoute est le premier pas vers la compréhension du message. Pour l’apprenant, il

est particulièrement utile de mettre en œuvre les connaissances qu’il possède et de

sélectionner certains schèmes pour formuler des hypothèses sur le contenu du document qu’il

se prépare à écouter.

Dans ce cas il est indispensable que les apprenants connaissent la valeur d’expressions

introductives. Ces indices linguistiques aident l’apprenant reconnaître et comprendre le sens.

Le ton, la hauteur mélodique, la force peuvent changer la signification du message.

La pré-écoute est aussi l’occasion de présenter le vocabulaire nouveau, un outil

indispensable à la compréhension. Il existe plusieurs façons de s’y prendre et de préparer les

apprenants à aborder un texte:

1. Annocer quel genre de texte ils vont écouter, pour mobiliser l’acquis relatif à ce type

de discours (bulletin d’information, interview, ...).

2. Leur communiquer les informations nécessaires (Ils parlent de …).

3. Les prévenir que la vitesse d’élocution est rapide.

4. Les prévenir qu’ils ne comprendront pas tout à la première audition.

5. Il s’agit de saisir d’abord l’idée générale du texte, puis en details.

6. Leur faire écouter auparavant une version abrégée, simplifiée, ou plus lente du texte.

7. Leur faire étudier des photographies ou des dessins qui suscitent certaines attentes à

propos des locuteurs et des événements évoqués dans le texte.

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Page 13: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

8. Leur donner le vocabulaire et les expressions clés du texte, qu’ils pourraient utiliser

pour en imaginer le contenu, ou créer leur propre version qui sera ensuite comparée au

texte enregistré.

9. Engager une discussion sur le thème du texte, leur donnant ainsi l’occasion d’exprimer

leur opinion, leurs sentiments et leur expérience avant et après l’écoute de

l’enregistrement sonore.

10. Leur faire lire un résumé du texte.

11. Leur faire lire un court texte parallèle.

12. Leur faire compléter une transcription lacunaire du texte enregistré. (D’après Sheils

1993, 32)

2.2. Activités pendant l’écoute

La première écoute peut être centrée sur la compréhension de la situation pour faire

saisir à l’apprenant le cadre dans lequel le texte prend place. Il est très utile de préparer les

apprenants qui possèdent une compétence limitée à reconnaître le contour situationnel à

l’intérieur duquel se déroulent les événements. Par exemple, qui sont les intervenants ? Où se

déroule la scène ? On peut aussi chercher à savoir si l’apprenant a cerné la nature du

document: d’où provient le texte ? À qui s’adresse-t-il ? L’activité peut également porter sur

le contenu informatif du texte. Grâce aux indices qu’il a pu reconnaître, l’apprenant est-il

capable d’en distinguer les différentes idées?

Une deuxième écoute est souvent importante pour rassurer les apprenants de niveaux

plus faibles en leur permettant de vérifier les données relevées et de pouvoir ainsi compléter

leurs réponses. Pour les apprenants de niveau plus avancé, la deuxième écoute peut servir de

prétexte à des activités plus complexes, par exemple déterminer la structure d’un passage,

faire une synthèse de différentes idées en essayant d’établir un lien logique entre elles, en

inférer d’autres etc. (Cornaire 1998, 161)

Le traitement de l’information peut prendre différentes formes en situation scolaire.

E. Lhote (1995, 70) en a trouvé un bon nombre. Par exemple:

1. Écouter pour entendre. Dans un brouhaha, on exerce son ouïe pour entendre quelqu’un

qui s’exprime normalement sans crier.

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Page 14: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

2. Écouter pour détecter. On recherche par exemple un accent étranger chez un individu

dont on ignore l’origine.

3. Écouter pour sélectioner. On cherche certains indices (linguistiques et phonétiques)

qui vont permettre de caractériser un individu qui a peur, qui est en colère, qui est

heureux etc.

4. Écouter pour identifier, il s’agit de regrouper un certain nombre d’informations qui

seront utiles, par exemple, pour identifier la personne qui parle.

5. Écouter pour reconnaître. L’activité consiste à reconnaître une personne à façon de

parler et au contenu de l’information qu’elle donne.

6. Écouter pour lever l’ambiguïté. Ce genre d’écoute, qui nous semble très proche des

trois situations précédentes, mobilise « différentes compétences linguistiques,

perceptives, cognitives et communicatives ».

7. Écouter pour reformuler. Par exemple, pour rédiger un résumé il faut savoir pratiquer

l’analyse et la synthèse.

8. Écouter pour synthéser. Cette écoute est complémentaire de la précédente. Il s’agit

d’un niveau d’écoute difficile faisant appel à une grande vigilance de la part de

l’auditeur.

9. Écouter pour agir. Il s’agit d’une écoute orientée vers l’action. Certains exercices

pédagogiques font de cette activité un élément de base de l’écoute, le projet réalisé

étant en soi une évaluation de la capacité d’écoute.

10. Écouter pour juger. Il s’agit d’une écoute qui débouche sur un choix, une évaluation

d’un événement, d’un individu.

A cette liste, E. Lhote (1995, 72) ajoute des intentions d’écoute pour « reconstituer,

deviner, anticiper, transposer, déduire, réviser un jujement, classer, hiérarchiser etc. »

Il existe un grand choix d’activités possibles proposés par J. Sheils (1993, 35):

a) questions

- à choix multiple

- vrai/faux/on ne sait pas

- ouvertes

b) reconnaître

- reconnaître le genre du texte (interview, commentaire sportif, récit…)

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Page 15: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

- reconnaître le contexte: qui parle à qui, de quoi, où, quand; le nom et l’âge approximatif

des locuteurs, la nature de leurs relations (registre soigné, neutre ou familier), leur attitude

(courtoise/discourtoise, amicale/hostile), le sujet, le lieu (indices fournis par les bruits de

fond, la puissance des voix)

- reconnaître le but général de l’interaction (recherche d’information)

- reconnaître des intentions énonciatives spécifiques

- reconnaître certains éléments (des mots clés, tous les noms propres...) etc.

c) associer

- associer des dialogues, de courts récits, des descriptions aux images ou symboles

correspondants

- remettre en ordre une série d’images mélangées (pour les faire correspondre à

l’enchaînement d’un récit)

- associer un texte oral à un texte écrit (une information radiophonique ou télévisée à un

titre de journal, des répliques au nom des locuteurs (qui a dit quoi ?)

d) suivre des consignes

- tracer un itinéraire sur une carte

- remplir une carte muette (rivières, routes, bâtiments) ou compléter une image (dessiner les

meubles dans une pièce)

- modifier une image selon les consignes données (ajouter une moustache à une personne,

colorier certains objets, ou modifier cell-si pour la faire correspondre au texte...)

- nommer des objets ou des personnes sur une image

- faire un dessin ou schéma

- exécuter diverses actions (mimer une histoire; assembler des formes ou agencer une série

d’images etc.)

e) prendre des notes

- transférer des informations sur une grille

- remplir un formulaire

- compléter un organigramme (un ensemble de cases avec des rubriques) pour noter dans

l’ordre les points clés d’une séquence (un récit, une recette, un mode d’emploi)

- prendre un message téléphonique en l’absence de son destinataire

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Page 16: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

- prendre des notes à propos de mots clés ou de thèmes indiqués à l’avance, par exemple

relever les mots ayant trait au « sport », à la « science », etc...Prendre des notes sur ce que

dit le locuteur à propos de quelque chose ou de quelqu’un

- noter les points essentiels d’une discussion

- noter comment le locuteur exprime son opinion, ses attitudes, ses sentiments…

- étudier la paraphrase d’un énoncé, puis écouter attentivement et noter ce que locuteur a dit

en réalité.

f) utiliser une transcription

- indiquer les pauses sur la transcription d’un texte oral (et ensuit discuter de leur rôle)

- écouter un texte et souligner les légères différences qui apparaissent dans la transcription

du texte.

g) interpréter

- on fait écouter un extrait court, dépourvu de donnèes contextuelles, et volontairement

imprécis (un fragment d’un dialogue ou d’une discussion), et les apprenants en infèrent

qui sont les locuteurs, la nature de leurs relations, ce dont ils parlent, où ils sont (le

contenu, le registre, le ton, l’intonation, les bruits de fond sont autant d’indices à

concidérer). Si on prend soin de choisir des extraits dans lesquels le sens implicite, on

obtient une plus grande diversité d’interprétation, et donc une discussion plus intéressante

- écouter des commentaires figurant dans un dialogue ou une interview et en déduire

l’attitude du locuteur (approbation ou désapprobation). Le texte ne doit pas être trop

explicite, et on peut attirer l’attention des apprenants sur des éléments tels que le ton et

l’intonation.

h) compléter

- test de closure oral: trouver les mots manquants (les « trous » ne doivent pas être trop

fréquents), lesquels ont pu être remplacés par d’autres sans rapport avec le texte, pour ne

pas casser le rythme naturel du discours. On pourrait aider les apprenants en leur donnant

les mots manquants dans le désordre

- compléter des énoncés inachevés: on arrête la bande et les apprenants prédisent le reste de

l’énoncé (on peut leur donner à choisir entre plusieurs possibilités)

- « écoute-jeu de rôle »: les apprenants, regroupés par paires, écoutent un dialogue. Chacun

écoute le rôle d’un des locuteurs. On arrête la bande sans prévenir, et l’apprenant qui

écoute le rôle du locuteur sur le point de répondre, doit continuer le dialogue et prédire

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Page 17: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

l’énoncé suivant en s’adressant à son/sa partenaire. On remet la bande en marche, on

compare les deux versions, et on peut discuter du degré d’appropriation de l’énoncé de

l’apprenant au contexte...

- compléter un dialogue: dans une conversation téléphonique, les apprenants entendent un

seul locuteur et imaginent ce que l’autre peut dire

- compléter un récit inachevé, une plaisanterie etc.

2.3. Activités d’après-écoute

Il faut noter, que les apprenants doivent savoir ce que l’on attend d’eux après l’écoute,

c’est-à-dire quel projet ils seront amenés à réaliser. Avant même l’étape de pré-écoute, il est

important de clarifier cette question, étant donné que le traitement de l’information est

subordonné aux intentions ou aux projets d’écoute. Ainsi, pour pouvoir repérer quelques faits

ponctuels (par exemple des horaires en vue d’un déplacement), il faut pratiquer une écoute

sélective qui conduit à filtrer et à éliminer l’information inutile. Par contre, l’écoute avec une

intention critique (par exemple présenter une critique d’une émission de radio ou de télévision

dans un journal d’étudiants) demande d’analyser la valeur des arguments présentés. Il s’agit

d’une écoute fine, aux fins d’évaluation. (Cornaire 1998, 164)

(Sheils 1993, 71) Les phrases d’exploitation doivent permettre aux apprenants de réagir

de façon créative aux textes qu’ils ont écouté. Les apprenants pourraient par exemple:

- proposer un titre pour un texte (ou choisir le meilleur parmi ceux qui leur sont proposés)

- créer de nouveaux textes (exécuter un jeu de rôle à partir d’un récit...)

- imaginer les questions qu’ils aimeraient poser à la personne interviewée, s’ils avaient

l’occasion de la rencontrer

- imaginer et jouer la fin d’un dialogue ou d’un récit, qui a été volontairement supprimée

- exécuter un jeu de rôle, ou raconter ce qui a pu se passer avant un dialogue ou à la suite de

celui-si

- effectuer une enquête

- exprimer leur point de vue sur le sujet

- exposer leurs réactions

- discuter de la façon dont la personne interviewée réagit aux questions

- discuter de l’attitude le l’interviewer

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Page 18: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

- imaginer le caractère des locuteurs en exploitant les indices fournis par leurs propos, leur

humeur, leur attitude, leur voix, leurs gestes, leur aspect (vidéo)

Des activités pourraient aussi être axées spécifiquement sur l’utilisation de la langue

pendant ou après l’écoute:

- vocabulaire (classer des mots d’un texte (sport de salle/de plein air, qui demande

beaucoup/peu d’effort))

- grammaire (relever les expressions de temps, de cause, de conséquence; noter comment

sont exprimées certaines intentions énonciatives et les utiliser dans d’autres contextes)

- stratégies discursives (noter comment les locuteurs introduisent un sujet, gardent la

parole...)

- jeu de rôle; lettre

- discussion sur le thème

- mise en commun de l’information; rédaction d’un résumé

- exercices d’appariement etc. (D’après J. Sheils, 1993, 72)

Audio

On utilise en classe des cassettes ou CD enregistrés, par des natifs ou des francophones,

ou des documents sonores authentiques en français.

En règle générale, toutes les méthodes de français ont un support audio. Ces supports

comportent généralement des documents liés thématiquement aux unités didactiques. On peut

aussi fabriquer le matériel didactique, si les objectifs ne correspondent pas à ceux que

l’enseignant a envie de travailler avec les apprenants. Il s’agit dans ce cas d’enregistrer à la

radio des entretiens, des informations, des chansons, des annonces, des publicités. On peut

aussi faire ses propres enregistrements en fabriquant un dialogue, sur une situation de la vie

réelle parfaitement authentique: dans ce cas, il ne faut pas ralentir le débit de parole, faire

attention aux accents. Il est possible ensuit de fabriquer ses propres exercices en fonction des

objectifs à travailler.

Tous les critères qui vont suivre déterminent la qualité pédagogique d’un bon document

sonore. Il ne faut pas négliger:

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Page 19: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

- la qualité du son

- la présence de bruits en arrière fond (il n’en faut pas trop non plus)

- la durée de l’enregistrement (ni trop court ni trop long en fonction du niveau des

apprenants)

- le débit des locuteurs (qui doit être naturel)

Ce sont effectivement des critères à prendre en compte quand on décide de créer ses

propres corpus et de les enregistrer.

On peut utiliser aussi un document iconique comme support accompagnant le document

sonore. Mais celui-si ne doit en aucun cas traduire en image ce que dit le dialogue. Son rôle

est de faciliter la compréhension, et non de remplacer l’explication. Elle peut permettre aux

apprenants d’identifier les personnages, les lieux et les aider à émettre des hypothèses

concernant le contenu du dialogue avant la première écoute.

Il ne faut pas laisser les apprenants regarder la transcription du dialogue, qui se trouve

généralement à la fin du manuel. Seule l’image concernant chacun des dialogues doit être

présentée.

Il ne faut pas hésiter à rappeler aux apprenants qu’il s’agit de comprendre globalement.

Ils n’ont pas à tout comprendre parfaitement. On peut rentrer dans le détail d’un document

sonore, mais seulement en fonction du niveau réel des apprenants. On doit laisser de côté des

éléments qui n’ont aucun intérêt pour leur progression dans leur apprentissage du moment.

Lorsque l’on pose des questions, il faut essayer de ne jamais trop suivre l’ordre.

Dans le cas où une réponse d’apprenant est fausse, il est important de ne pas corriger

soi-même. On peut faire réécouter une séquence du dialogue qui aide l’apprenant à se corriger

lui-même. La séquence à faire réécouter doit par contre avoir un sens complet.

Il est important de varier la typologie d’exercices en compréhension orale, afin de ne

pas ennuyer les apprenants. Des activités qui se présentent différement stimulent leur esprit.

Vidéo

La plupart des activités utilisables avec des textes oraux valent également pour la vidéo.

Mais celle-ci présente en outre l’avantage de se prêter particulièrement bien à la comparaison

intertextuelle. En effet, les apprenants entendent et voient simultanement comment se

comportent les membres de la communauté cible. Il est important de leur apprendre à repérer

19

Page 20: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

les facteurs non-verbaux de la communication dont le rôle, pour certains, peut varier d’une

culture à l’autre, par exemple, le gestuel, les mimiques, le comportement oculaire, la posture,

les distances entre les locuteurs, les vêtements.

Les enregistrements vidéo complètent utilement le matériel pédagogique habituel, pour

présenter du vocabulaire nouveau dans des contextes naturels et variés et pour renforcer des

éléments discursifs déjà rencontrés.

Les techniques les plus couramment utilisées commencent par dissocier l’image et le

son. Lorsque les apprenants écoutent la bande sonore sans voir l’image, ils peuvent ainsi

imaginer (à partir du bruitage, de la musique, des paroles) le cadre, les participants (aspect,

humeur) et l’action. Les différentes interprétations peuvent donner lieu à des discussions de

groupes, et sont ensuite confirmées ou rectifiées après le passage de la bande image.

Le travail sur la bande image seule a le double avantage de sensibiliser les apprenants

aux éléments non-verbaux de la communication, et de stimuler leurs capacités

d’interprétation. Ils peuvent regardent d’abord une courte séquence muette et tenter de définir

les participants, leur identité, la nature de leurs relations et leur attitude les uns envers les

autres. Puis ils peuvent deviner l’action et le texte, et proposer le plus grand nombre possible

d’énoncés pouvant réaliser les messages correspondant à la situation donnée. Ceux-ci sont

inscrits au tableau. Ce procédé les aide à prendre conscience qu’il y a plusieurs façons

d’exprimer un message, et qu’elles ne conviennent pas indifféremment à toutes les situations.

L’arrêt-image peut être utilisé pour attirer leur attention sur des gestes, des expressions ou des

jeux de physionomie, qui indiquent l’humeur ou les sentiments. Quand on repasse la bande

image avec le son, on peut comparer la langue produite par les apprenants avec celle utilisée

par les locuteurs dans le film. (Sheils 1993, 81)

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Page 21: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

IV. COMPREHENSION ECRITE

1. Compétence de la compréhension écrite

L’enseignement de la compréhension écrite a pour but de permettre aux apprenants de

lire, pour des raisons diverses et comprendre des textes authentiques qui ne leur sont pas

familiers, et à une vitesse appropriée. Il faut faire l’attention au niveau et à l’âge des

apprenants. Ils devraient appliquer plusieurs stratégies de lecture selon l’objectif.

1.1. Difficultés de l’apprentissage

L’enseignant très souvent se retrouve confronté à un problème de méthodologie:

comment présenter, faire comprendre le texte. En l’absence d’une formation méthodologique

spécifique, il a recours à des techniques empiriques, il lit le texte à haute voix ou le fait lire, il

explique les mots difficiles, il donne une traduction.

Cette pratique relègue l’apprenant dans une position plus passive qu’active. La

compréhension d’un texte écrit est cependant tout autre que passive:

- elle demande au lecteur de mobiliser ses connaissances pour aller à la rencontre de

nouvelles données

- elle lui demande d’être un observateur sachant prélever les indices qui vont permettre

la saisie du sens

- elle demande enfin que le lecteur sache mettre en relation des éléments dispersés dans

le texte. (Cicurel 1991, 9)

On peut favoriser le développement d’une compétence de lecture efficace en recourant à

des tâches appropriées qui, concrétisant la nature interactive de la lecture, aident les

apprenants à élaborer des stratégies valables. Il faut leur faire prendre conscience de ces

stratégies, auxiliaires efficaces d’une « bonne » lecture, qui de surcroît leur donnent confiance

dans leur capacité de manipuler seuls des textes écrits. Cela signifie que les lecteurs doivent

être prêts à:

- formuler des hypothèses

- faire des prévisions

- deviner et continuer leur lecture par delà l’incertitude.

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Page 22: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

Il faut sensibiliser les apprenants à l’organisation du discours, les encourager à traiter le

texte par unités sémantiques plutôt que mot à mot. Il existe deux types de mémoire:

- la mémoire à court terme et

- la mémoire à longue terme qui permettent de comprendre les raisons du blocage de la

lecture dans une langue mal connue.

Si on déchiffre un texte mot après mot, la mémoire à court terme est rapidement saturée

par un nombre trop élevé d’informations qui ne peuvent être: « converties » à temps en

séquences plus économiques pour l’envoi en mémoire longue. Le sujet, occupé à décoder

laborieusement les unités les unes après les autres, n’a plus de disponibilité suffisante pour

saisir la relation entre les unités. Parfois l’apprenant ne comprend pas le le sens général d’un

texte alors qu’il en comprend pourtant tous les mots.

L’apprenant ne peut qu’éprouver des difficultés à établir des relations entre les

différentes unités du texte. Il bute sur:

- des obstacles lexicaux; il s’arrête sur un mot inconnu, en cherche l’explication et oublie le

fil du texte

- des obstacles liés à l’organisation textuelle parce qu’il connait mal la syntaxe de la langue

et les procédés par lesquels les phrases sont artculées entre elles, il ne peut constituer ces

macro-structures sémantiques qui sont envoyées en mémoire longue

- des obstacles liés au domaine référentiel (contenu, thèmes abordés, allusion): le lecteur ne

peut effectuer un va-et-vient entre ce qui est déjà dans sa mémoire et les nouvelles

données textuelles.

Le lecteur entraîné abordant un texte se construit au fur et à mesure de sa lecture, à

partir d’indices divers (graphémiques, iconiques, lexicaux, référentiels). L’apprenant se trouve

devant un nombre trop élevé d’unités à traiter et il ne parvient pas à transformer les indices du

texte en une trame sémantique. Il est donc raisonnable de donner à l’apprenant avant-la

lecture une pré-information sur le thème afin que les indices reconnus puissent s’articuler

autour d’une charpente sémantique et converger pour saisir le sens. (Cicurel 1991, 11)

On peut, à cet effet, passer de temps à autre des enregistrements de textes lus par des

locuteurs natifs, car il est prouvé que l’accent et l’intonation facilitent la compréhension. Mais

il faut savoir qu’avec des apprenants qui ne lisent pas très bien dans la langue cible, la

pratique de la lecture à haute voix en classe ne peut servir qu’à exercer la prononciation et

l’intonation.

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Page 23: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

« Dans la lecture silencieuse, le lecteur entraîné attribue directement un sens à la forme

graphique en éliminant le stade de l’oralisation des phonèmes. Les graphèmes peuvent alors

être comparés à des idéogrammes: ils renvoient davantage à l’idée qu’au son qu’ils

transcrivent ». (Cicurel 1991, 10). Comme le souligne F. Smith (1982, 88), quand on lit, il

s’agit moins de tirer du sons d’un imprimé, que de lui apporter du sens.

D’après J. Sheils (1993, 88), il faut donner aux apprenants la possibilité de lire des

textes entiers plutôt que de courts extraits. Disposant ainsi de données contextuelles plus

abondantes, ils comprennent plus facilement le texte et peuvent se familiariser avec le style

d’un auteur. Des recueils de textes de difficulté croissante peuvent constituer une aide

précieuse au niveau élémentaire/moyen. Pour devenir des lecteurs efficaces, il faut que les

apprenants lisent beaucoup et avec plaisir. Il faut donc que les textes les intéressent et qu’ils

aient leur mot à dire dans le choix de ceux-ci.

Source de plaisir et d’information, les textes écrits sont aussi un moyen important de

présenter en contexte du vocabulaire nouveau. C’est pourquoi un certain nombre de

techniques d’acquisition lexicale devraient être incluses dans les activités de la

compréhension écrite.

L’approche globale des textes écrits comporte un certain nombre de principes de base.

On peut les exposer brièvement (pour une ample information, on consultera Moirand 1979):

- commencer par un phase d’observation du texte (sa présentation iconique, son support, sa

typographie) pour se familiariser avec le texte et tâcher de reconnaître son genre,

l’émetteur, le récepteur

- pour initier la compréhension, s’appuyer sur des repérages succesifs (qui, quoi, quand, où,

les articulateurs, les reprises d’un terme ou ses parasynonymes, les contextes, etc.) et

essayer de mettre en relation une partie du texte avec une autre

- partir du connu et non de l’inconnu en demandant aux élèves de chercher ce qu’ils

connaissent afin de réduir par paliers les zones d’opacité

- donner des consignes de lecture qui ont un double effet: l’étudiant est actif, il a une tâche

à exécuter, il ne s’arrête pas au premier obstacle linguistique et secondement la consigne

construit la compréhension en guidant (le lecteur les consignes de lecture dans la

perpective de l’approche globale ne sont pas des questions de vérification de la

compréhension). (Cicurel 1991, 15)

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Page 24: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

1.2. Stratégies de lecture et le choix des textes

On parle de stratégies de lecture pour désigner la manière dont on lit un texte:

1. Une lecture studieuse ou la lecture fine est une lecture attentive pendant laquelle le

lecteur veut tirer le maximum d’informations. Il veut mémoriser des éléments du texte.

Cette lecture est souvent faite un crayon à la main pour pouvoir prendre des notes ou

souligner. Il y a fréquemment relectures de certains passages, parfois la lecture du texte à

retenir (comme les écoliers qui lisent leurs leçons à voix haute).

2. La lecture balayage intervient lorsque le lecteur veut simplement prendre connaissance du

texte. Il ne désire pas connaître le détail. Il veut capter l’essentiel. C’est ainsi que se

présente le parcours des yeux sur la page d’un journal, sur un tract distribué dans la rue,

sur une publicité, etc. Cette lecture est le fait d’un lecteur exercé car elle exige de lui des

stratégies d’élimination. Le lecteur doit avoir une compétence suffisante pour être à même

d’éliminer à grande vitesse ce qui est inutile à sa présente lecture. Or l’absence d’une

bonne maîtrise linguistique et textuelle bloque la possibilité d’opérer cette recherche

rapide des éléments à lire/à ne pas lire.

3. Une stratégie de sélection est mise en œuvre lorsqu’il y a nécessité de recherche. Celui

qui consulte un annuaire téléphonique, un dictionnaire, une grammaire, un journal de

spectacles, sait au préalable ce qu’il veut trouver. Il y a dans la tête du lecteur comme un

modèle vide qui le conduit vers l’information recherchée: orthographie d’un mot, horaire

d’un train, numéro de téléphone, etc. La lecture sélective est un comportement que nous

avons à chaque moment de notre vie quotidienne: chercher un lieu sur le plan, regarder un

sommaire ou un index. Mais fréquence ne signifie pas aisance car là aussi est mise en

œuvre une lecture-élimination qui intervient jusqu’à ce que l’élément recherché soit

trouvé.

4. Une lecture action est celle qu’adopte la personne occupé à réaliser une action à partir

d’un texte contenant des consignes – recettes, modes d’emploi, etc. Cette lecture

discontinue se caractérise par des mouvements de va-et-vient entre le texte et l’objet à

réaliser. C’est une procédure qui se retrouve également lors de l’écriture d’une lettre

lorsqu’on répond point par point à une autre.

5. La lecture oralisée est celle qui consiste à lire un texte à haute voix. Elle peut avoir deux

formes: soit le lecteur oralise la totalité des graphèmes – c’est la lecture d’une histoire

racontée à un enfant - , soit le lecteur jette simplement un regard de temps à autre sur son

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Page 25: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

texte écrit qui fonctionne comme un aide-mémoire – c’est le cas de l’orateur qui ne lit pas

intégralement ses notes mais adopte une lecture avec levers d’yeux. Foucambert (1976)

signale que cette lecture-oralisation ne peut se faire que parce qu’il y a anticipation des

séquences écrites. Pendant que l’orateur parle, il jette un coup d’œil sur ce qui va suivre, il

exécute ainsi simultanément deux activités: l’oralisation de son texte et la lecture partielle

de ses notes qui lui permettent de poursuivre son cours ou sa conférence.

Gérard Vigner (2001, 53) dit, que la lecture de textes à haute voix par l’enseignant peut

aider les apprenants à s’impregner de schémas textuels et de schémas de contenus.

Selon la classification de M. Pendax (1998, 89) on peut évoquer quatre types de lecture:

1. Une lecture écrémage, ou l’on parcourt un texte des yeux pour en saisir l’essentiel.

2. Une lecture balayage, qui consiste à rechercher un élément d’information précis.

3. Une lecture extensive sur des textes assez longs et qui est souvent réalisée pour le

plaisir et visant un sens global.

4. Une lecture intensive sur des textes plus courts, attachée à la précision et au détail.

Les stratégies qu’utilisent les apprenants manquent de diversité. Le plus souvent, c’est

la lecture studieuse qui est mise en place, une lecture en continu avec les arrêts sur les

passages difficiles ou sur ce que l’ensignant a demandé de repérer. Il faut donc songer à

proposer des activités qui permettent de travailler les diverses stratégies.

Ainsi on peut développer une lecture sélective en demandant aux apprenants de trouver

une information précise dans les journaux (dans quelle salle passe-t-on tel film ?) ou de

sélectionner des informations en vue d’une discussion ultérieure. On pourra même à des

débutants, distribuer des journaux et leur demander de les parcourir pour dire, à l’issue de

cette lecture-balayage, quel est l’article qu’ils auraient choisi de lire. Ces différentes activités

doivent amener le lecteur à aborder les textes de façon plus active, à décider lui-même de

l’ordre des éléments à lire.

« Prendre à lire, c’est choisir soi-même sa stratégie selon la situation où l’on se trouve et

les raisons pour lesquelles on a entrepris cette lecture ». (Cicurel 1991, 17)

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Page 26: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

Les stratégies de lecture dépendent pour une part du texte, de son écriture, de son genre,

de sa finalité et, pour une autre part, du projet que le lecteur forme. Donc on peut lire pour des

objectif différents:

- pour se distraire ou passer le temps

- pour trouver une information (les nouvelles du monde ou les horaires d’un train, etc.)

- pour étudier (traduir, expliquer des textes, approfondir ses connaissances, corriger une

copie, faire un exposé)

- pour faire une action (lire un mode d’emploi)

- pour chanter, prier, raconter une histoire

- pour s’endormir

- pour connaître la littérature.

L’enseignant, comme dit Cicurel (1991, 21) voulant proposer une lecture de documents

authentiques est d’abord confronté au difficile problème du choix des textes. Comment

sélectionner un texte en fonction du niveau, du thème, du genre ou du contenu du texte. Elle

propose distinguer cinq grands domaines de production écrite:

1. textes médiatiques sont extraits de journaux quotidiens, hebdomadaires ou mensuels

etc. Cicurel (1991, 25) classsifie des articles de presse en fonction de la visée

pragmatique du scripteur (son intention communicative, l’effet recherché sur le

lecteur):

- Que s’est-il passé ? - Ce sont des petits textes informatifs appelés brèves.

- Qu’est-ce que je pense ? - On exprime l’opinion du scripteur ou de la personne qu’il fait

parler (interviews).

- J’ai besoin de ... - On exprime une demande ou une offre (des annonces, des offres

d’emploi, des propositions de services divers).

- Qui est-il ou comment c’est ? - Le portrait de presse, ou le lecteur trouve des informations

sur l’identité de la personne ou des objets, etc.

- Achetez ! - L’ensemble de textes publicitaires qui sont toujours construits autour d’un

message implicite ou explicite: « Ce produit est bon, vous voulez être bien, donc achetez-

le ! ».

- Divertissez-vous ! - Destinés à détendre le lecteur etc.

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2. textes de type épistolaire, ce sont des textes qui ont la forme d’une lettre où sont

aisément repérables l’émetteur et le récepteur.

3. textes à caractère « professionnel », ce sont des textes – livres, articles, comptes

rendus – que le sujet doit lire ou consulter dans le cadre de son travail. Ils sont rédigés

dans une langue dite de spécialité (langue spécifique de la médicine, de l’économie,...)

4. textes de l’environnement, ce sont des écrits à la vie quotidienne: la rue, les

institutions diverses, le service public, les magasins etc. Ces textes s’adressent en

quelque sorte à un usager anonyme qui les lira ou non et ils vont permettre de dégager

une multiplicité d’actes de parole:

- Informer (horaires de trains, menus, étiquettes...)

- Interdire, menacer (règlaments)

- Inviter, proposer, (expositions de tableaux, offre de soins esthétiques), etc.

5. textes littéraires ce sont des textes courts et intégraux constitués par des nouvelles,

des contes, des récits courts, des poèmes, dans des genres très variés (policier,

psychologique, humoristique, etc.).

Gérard Vigner (2001, 53) remarque, que le choix des textes se fonde aussi sur un

ensemble de critères qui ne sont pas toujours pleinement explicités, mais qui ne sont pas

neutres d’un point de vue pédagogique:

1. texte authentique ou texte fabriqué: on constate que pour les premiers niveaux de

l’apprentissage, le choix de textes fabriqués prévaut. Ces derniers, fabriqués ad hoc,

présentent toutes les commodités d’usage, grâce au vocabulaire sélectionné, aux sons

choisis, au respect de la progression dans laquelle ils s’inscrivent. Mais en même

temps, fabriqués, ils ne se situent hors de toute perspective réelle d’échange et placent

l’apprenant en situation de décodeur et non de lecteur. Le texte authentique est celui

qui a été produit dans un autre contexte que le contexte scolaire et à d’autres fins que

des fins d’apprentissage. Son caractére d’authenticité place l’apprenant plus

directement en position de rècepteur d’un message écrit dont il doit percevoir l’enjeu é

partir des formes qui le manifestent. En revanche, un excès de complexité ainsi que

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Page 28: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

son extraction hors de son contexte d’origine peuvent lui conférer une difficulté

d’exploitation qui le rend parfois difficile à retenir.

2. texte original ou texte adapté: si l’on choisit un texte authentique, on peut le

présenter dans la version originale, tel que l’a écrit son auteur, mais avec des difficulés

lexicales, des constructions trop complexes. On peut dans ces conditions chercher à

l’adapter par la réduction (on supprime certaines phrases, certains groupes) ou par

traduction, s’íl s’agit d’un texte écrit au départ dans une autre langue que le français.

Le texte adapté est plus proche du texte authentique que le texte fabriqué, sans

présenter toutes les difficultés du texte original. Mais on peut considérer aussi que le

texte original est plus formateur qu’un texte adapté, parfois même plus aisément

lisible. Certaines œuvres adaptées en français fondamental aboutissent à une

compression de l’histoire racontée dans une enveloppe linguistique si limitée que le

texte, par la nouvelle densité ainsi acquise, en devient plus difficile à lire.

3. texte intégral ou texte abrégé: dernier choix possible, le texte proposé dans la totalité

de son déroulement ou une œuvre abordée sous forme d’extraits. Le texte intégral,

avec des apprenants d’un niveau moyen, peut poser des problèmes de portée dans

l’effort de lecture à l’ampleur du texte à lire. Des extraits soigneusement choisis

peuvent ainsi donner une représentation acceptable d’une œuvre.

Pendant longtemps, le recours à des textes fabriqués, à des textes adaptés ou abrégés a

été la règle, pour des raisons de commodité pédagogique. Aujourd’hui prévaut un souci de

plus grande authenticité: confronter le plus rapidement possible l’apprenant à des textes

authentiques, porteurs d’une certaine vérité d’usage de la langue. (Vigner 2001, 54)

Ch. Tagliante (1994, 125) donne quelques critères de choix des documents écrits. Il

faut:

- que le texte dose convenablement les éléments linguistiques (morpho-syntaxiques et

lexicaux) connus et inconnus

- que le contenu socioculturel permette une comparaison avec la réalité locale

- que les différents textes proposés soient représentifs des différents types de textes

(narratifs, explicatifs, injonctifs, informatifs, poétiques, argumentatifs et descriptifs)

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Page 29: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

- que les documents soient écrits pour un public de même âge et de mêmes motivations

(surtout au début de l’apprentissage)

- que le texte soit toujours une source de curiosité et d’information

- les apprenants peuvent apporter des textes qui les intéressent ou choisir parmi un éventail

proposé par l’enseignant.

2. Activités

Les étapes de la compréhension écrite et le projet d’activités de compréhension:

1. Activités de pré-lecture

2. Activités pendant la lecture

3. Activités d’après-lecture

2.1. Activités de pré-lecture

La préparation varie selon le genre de texte et le niveau des apprenants:

- on encourage les apprenants à former des hypothèses à propos du texte, en se fondant sur

les indices obtenus à partir des images ou des photographies qui l’accompagnent, du genre

de texte, de sa disposition, des titres et sous-titres

- on leur fournit ou leur rappelle les données contextuelles indispensables ou utiles

- on leur donne une version abrégée et/ou simplifiée du texte

- les apprenants remettent dans l’ordre une série de phrases dans le désordre, ou

reconstituent des phrases, scindées en deux et mélangées, et qui contiennent les éléments

essentiels du texte

- on leur fait d’abord étudier un texte du même genre qui introduit le vocabulaire et les

expressions clés

- on leur présente un texte oral sur le même sujet

- les apprenants lisent d’abord un texte analogue dans leur langue maternelle, puis

l’évocation du même événement dans une article de presse rédigé dans la langue cible. On

compare les deux versions: faits, opinions

- on étudie et on discute un résumé du texte présenté sous forme de schéma

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Page 30: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

- les apprenants étudient quelques questions générales sur le texte, pour mobiliser ce qu’ils

savent du sujet traité, pour donner une idée du genre d’information nouvelle qu’ils

pourront y trouver

- on communique aux apprenants le théme du texte pendant une activité de remue-méninges

où ils tentent d’anticiper quelques-uns des points principaux, on peut orienter la

discussion à l’aide de quelques questions d’ordre général

- on produit un certain nombre d’énoncés à propos du thème. On demande aux apprenants

de marquer leur accord ou leur désacord et d’en donner les raisons

- on donne les mots clés aux apprenants, et ils tentent de deviner le sujet du texte

- on pourrait leur proposer plusieurs sous forme de questions à choix multiple. Ils

pourraient utiliser les mots pour créer leur propre version du texte, ou simplement essayer

de les mettre dans l’ordre dans lequel ils apparaîtront dans le texte

- les apprenants écrivent l’histoire que leur inspire une photographie ou le titre d’un journal

ou d’une revue. Ils la comparent avec celle qui figure dans le journal ou d’une revue.

(Sheils 1993, 89)

2.2. Activités pendant la lecture

Les activités proposés ont le double mérite d’offrir des points de repère aux apprenants,

et de leur proposer des objectifs de lecture:

a) déduire le sens

- à choix multiple

- vrai/faux

- diverses questions factuelles (Qui ? Qu’est-ce que ? Comment ? Où ? Quand ?...)

Elles peuvent porter sur l’information factuelle, ou solliciter l’inférence, l’utilisation de

la langue et l’expérience des apprenants. Les questions peuvent servir à orienter et à vérifier la

compréhension. Elles peuvent être posées à l’avance ou élaborées par les apprenants pour

s’interroger mutuellement.

b) reconnaître

- le type du texte (littéraire, journalistique, administratif)

- le genre du texte (roman, nouvelle, conte de fées)

- le sujet (à inférer du titre, ou des sous-titres)

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Page 31: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

- le but du texte (informer, amuser, persuader)

- l’idée principale de chaque paragraphe

- le ton du texte (descriptif, satirique, ironique)

- la relation entre le scripteur et le destinataire (lettres formelles/informelles)

- tous les mots du texte relatifs à un thème donné

- les marqueurs de cohésion: souligner les articulateurs (et, mais, bien que, cependant);

relier les réferants (les pronoms) aux mots auxquels ils renvoient; relever les différentes

façons de désigner une même personne (par ex: homme, voleur, criminel…)

- la cohérence d’un passage (éliminer les phrases qui n’ont pas de rapport avec le sujet,

remettre dans l’ordre un texte dans le désordre)

- les éléments grammaticaux (souligner tel ou tel temps, les adverbes...) etc.

d) associer

- des titres à des textes longs (des titres de presse aux articles correspondants, des chapeaux

à des paragraphes)

- des textes à des images ou à des schémas (des photos de personnes ou de lieux à des

descriptions...)

- des textes complémentaires (des lettres et leurs réponses)

i) mettre en ordre

- des paragraphes ou des phrases dans le désordre

- une séquence d’images dans le désordre d’après le texte auquel elle correspond (récit,

recette,...)

- une séquence de textes dans le désordre (un échange de correspondance entre deux

personnes)

- deux textes distincts qui ont été mélangés pour n’en former plus qu’un (deux lettres écrites

chacune dans un registre différent)

j) suivre des consignes

- réagir en exécutant un certain nombre d’actions (comprendre les indications écrites d’un

itinéraire et le tracer sur une carte; confectionner un plat en suivant une recette)

- comprendre la description d’un processus compliqué (un mode de fabrication)

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Page 32: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

k) comparer

- deux textes dont l’un contient des informations nouvelles ou contradictoires par rapport à

l’autre (des articles de deux journaux différents qui traitent le même sujet, mais exposent

des points de vue différents, ou dont l’un est mieux informé que l’autre ou le contredit)

- deux textes de genre différent sur le même sujet

l) prendre des notes

- noter l’information dans telle ou telle rubrique d’un tableau ou d’un schéma

- noter les idées principales, les arguments pour et contre…

- noter des points spécifiques

- noter de quelle façon telle idée ou tel point est exprimé

m) compléter

- développer un court titre de journal en une phrase complète

- terminer une phrase ou un paragraphe inachevé

- insérer les phrases ou les mots manquants dans un texte lacunaire

- compléter une carte ou un schéma à l’aide de l’information fournie par le texte

- corriger les erreurs ou relever les contradictions dans un texte

- faire des mots croisés

- remplir un questionnaire

n) prendre des décisions /résoudre un problème

- lire une brochure d’agence de voyages, et choisir la formule de vacances la mieux

adaptées aux goûts et desidera d’une personne donnée

- résoudre une énigme, ou découvrir le criminel. (Sheils 1993, 99)

2.3. Activités d’après-lecture

Ces activités permettent aux apprenants de réagir de manière personnelle au texte, de

trouver une relation entre ce dernier et leurs propres opinions, sentiments et expérience. Elles

comprennent notamment des discussions et la création de nouveaux textes, on peut faire

divers exercices de grammaire et de vocabulaire selon le texte lu. Donc les apprenants

pourraient:

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Page 33: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

- exprimer leur point de vue sur le sujet du texte

- discuter de différentes interprétations d’un texte et les justifier

- créer de nouveaux textes

- réaliser un jeu de rôle en interview

- créer un texte sur le modèle de celui qui vient d’être lu

- monter un projet sur le thème du texte, illustrer une histoir ou leurs impressions à propos

d’un texte (dessins ou collage d’images découpées dans des revues) etc…

- recréer le texte, le résumer

- exploiter le texte sur le plan des acquisitions grammaticales et lexicales, par ex: le mettre à

un temps différent, trouver les verbes correspondant aux adjectifs ou noms donnés,

trouver des synonymes et des antonymes pour tel ou tel mot, etc.

Cicurel (1991, 54) remarque que la compréhension de la consigne pose aussi la

question de sa compréhension linguistique. En effet, le travail sur le texte requiert l’utilisation

d’une terminologie spécialisée. Les consignes se présentent fréquemment sous la forme de

verbes à l’impératif et d’expressions comme: soulignez, identifiez, cherchez, quel est le

rapport, ... Elles constituent une sorte de mode d’emploi, de guidage dans les réseaux textuels

partiellement inconnus dans lesquels se trouve l’apprenant. Pour l’apprenant la consigne

signifie activité d’apprentissage. Cicurel (1991, 56) propose une liste des activités les plus

demandées aux apprenants lecteurs:

1. Reconnaître.

2. Deviner / anticiper / faire des hypothèses.

3. Localiser / sélectionner / suivre l’information.

4. Hiérarchiser / classer.

5. Etablir des rapports.

6. Rapporter à soi / interpréter.

7. Synthétiser.

8. Observer.

9. Vérifier la compréhension.

Une consigne interactive est celle qui permet de rélier les connaissances préalables d’un

lecteur avec le texte, c’est aussi celle qui permet d’entrer dans le texte, de l’approcher

activement.

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Page 34: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

V. EXPRESSION ORALE

1. Compétence de l’expression orale

J. Sheil (1993, 146) dans son ouvrage note: « L’enseignement communicatif des

langues cherche à développer toutes les aptitudes, et leur utilisation de manière naturellement

intégrée. Mais l’importance prise récemment par la communication a entraîné un surcroît

d’intérêt pour le développement des compétences en expression orale ». Il faut aussi

développer les compétences sociolinguistique, discursive, stratégique, socioculturelle et

sociale, également avec la compétence linguistique qui toutes se conjuguent pour constituer le

but ultime de la compétence de communication. C’est pourquoi les activités d’expression

orale devraient avoir le but de donner confiance aux apprenants, et de leur faire acquérir la

volonté et la capacité d’utiliser la langue cible non seulement correctement, mais aussi de

façon appropriée et efficace en vue de la communication, souligne l’auteur et ajoute, que

pendant « le processus d’apprentissage des langues, il faut avoir des efforts nombreux et

variés que les activités d’expression orale peuvent exiger des apprenants, il est important de

fixer des objectifs accessibles et de se montrer réaliste quant aux résultats attendus. Ceci

suppose que l’enseignant adopte une certaine ligne de conduite face aux performances des

apprenants, notamment en ce qui concern l’erreur et les stratégies compensatoires qu’ils

utilisent pour suppléer aux lacunes de leurs ressources linguistiques. Le développement de la

compétence de communication exige aussi que l’on choisisse et organise des activités qui

offrent aux apprenants des expériences d’apprentissage propres à promouvoir la confiance en

soi et les savoir-faire mis en jeu dans l’expression orale ».

M. Pendax (1998, 111) souligne l’importance de l’expression orale « C’est dans la

production - orale en particulier – que l’apprenant incorpore et acquiert véritablement les

éléments de la langue: le rythme et l’intonation, bien sûr, mais aussi les découpages

sémantiques et la syntaxe. L’oral étant aussi un facilitateure de mémorisation, on peut dire

que, en raison de sa fonction intégratrice, il sert d’appui à tous les apprentissages de langue

étrangère: fonctions communicatives, valeurs grammaticales, lexique, etc. »

34

Page 35: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

1.1. Erreurs et la correction

Les opinions des méthodologues sont différentes. Les uns recommandent aux

enseignants dès le tout début de préciser la forme pour éviter le risque de fossilisation des

erreurs. Les autres conseillent de les tolérer pour que, les apprenants puissent communiquer,

même s’ils aillent des doutes sur la correction des formes linguistiques qu’ils veulent utiliser.

Ils estiment que la fossilisation constitue une étape du processus d’apprentissage d’une

langue, et que la ou les erreurs disparaîtront peu à peu. Le processus d’apprentissage ou

acquisition d’une deuxième langue est progressif, mais lent, car l’école laisse peu de place

aux contacts avec la langue cible, alors il est important de déterminer quelles sortes d’erreur

tolérer et quand. (Sheils 1993, 146)

1. La correction des fautes dépende:

1) du but de l’activité. Si les activités linguistiques sont dirigés, axées sur la précission

de la forme – on peut corriger des fautes, si les activités sont d’expression orale libre

ou spontanée, le travail est organisé par paires ou par groupes – on peut seulement

noter des fautes,

2) du type des erreures. Ceux, qui perturbent la compréhension, qui interrompent et

empêchent la communication, entraînent un malentendu – on peut corriger

immédiatement, ceux qui sont moin graves – on peut seulement noter.

2. Il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte concernant des erreures:

1) la gêne que l’erreur pourait susciter chez un interlocuteur natif,

2) son origine (s’agit-il d’une « faute » due à une défaillance momentanée imputable à la

fatigue, à l’angoisse, etc.),

3) sa récurrence, la facilité avec laquelle on peut la corriger sans interrompre l’activité

plus que de raison,

4) le degré d’émotivité de l’apprenant (comment réagit-il à une erreur corrigée en

public).

Donc il est important que l’apprenant et l’enseignant appréhendent l’erreur de façon

positive et constructive. Il faut toujours rappeler aux apprenants, que faire des erreurs pendant

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Page 36: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

l’expression libre et l’exécution de tâches « ouvertes » en cours de réalisation c’est un trait

normal et naturel.

J. Sheils (1993, 147) parle aussi d’une tolérance, car l’interaction orale exige des efforts

des apprenants et l’expression orale est une activité réciproque et le locuteur doit se tenir en

éveil, se montrer prêt à amender son discours et à s’adapter à l’imprévisibilité de celui de son

partenaire.

Il ne faut pas s’imaginer que les apprenants vont toujours produire un discours fluide,

très structuré et précis dans la forme. Les énoncés courts (plutôt que les phrases élaborées), les

hésitations, les remplisseurs, la recherche quoi dire et comment le dire, les répétitions, les

reformulations, la paraphrase, les lapsus, sont des éléments naturellement présents dans le

discours de langue maternelle et donc aussi dans la langue étrangère. Il faut toujours tenir

compte du degré de développement des ressources linguistiques de l’apprenant et des

exigences de la tâche à exécuter.

1.2. Difficultés et les stratégies de la communication

La différence entre les deux modes de communication (parole/lecture) tient non

seulement au fait que le contact physique entre l’orateur et son public est coupé, mais aussi au

style que l’on emploie dans l’un et l’autre cas.

Le language écrit vise à la précision, à la concision...et l’obtient plus facilement que

language orale, puisque celui qui rédige se relit et peut supprimer redites et paroles inutiles,

bref toutes les scories de la conversation. Ainsi à l’oral, abondent les formes de présentation et

d’insistance. Le style (oral) est affectif, expressif, souligné par les gestes et les mimiques.

(Gabay 1991, 19)

M. Pendax (1998, 108) remarque: « En effet, la production orale met en œuvre chez

l’apprenant de nouveaux comportements rythmiques, prosodiques et articulatoires. Par

ailleurs, si l’impulsion à parler a une dimension corporelle, elle est aussi l’effet d’un désir

d’échange de paroles: on parle parce que l’on a quelques choses à dire, et ce vouloir dire

s’incarne dans des séquences phoniques et prosodiques nouvelles, des sens inédits, des

situations où il faut gérer l’inattendu de la communication. Cette incarnation a une dimension

psychomotrice importante: c’est le moment où l’apprenant ressent physiquement le contact et

le plaisir de l’étrangeté de la langue nouvelle. Pour cette raison, l’expression orale en langue

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Page 37: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

étrangère est fascinante et intimidante à la fois; les apprenants d’ailleurs ressentent bien que

c’est là la pierre de touche de l’approche d’une langue ».

J. Sheils (1993, 148) décrit et propose des stratégies pour franchir des obstacles: «

L’apprenant, confronté à une activité communicative difficile, dispose de plusieurs moyens

pour suppléer aux lacunes de son répertoire linguistique. Le recours à des stratégies

compensatoires en langue maternelle, n’a rien de repréhensible, en particulier dans les

activités communicatives ouvertes, et que ces stratégies compensatoires constitueront une aide

appréciable, lorsqu’il lui faudra maîtriser des situations, auxquelles il n’a pas été ou pu être

préparé ».

Un certain nombre d’auteurs proposent des stratégies de communication:

- reprendre (quand on s’embrouille)

- reformiler sa phrase (« autrement dit, …»)

- remplacer un mot (par un terme général, par un synonyme etc.)

- decrier (les propriétés physiques générales (couleur, taille), les particularités, les

caractéristiques interactives/fonctionnelles),

- montrer (« regardez, voilà ce que je veux dire »)

- user de gestes, mimiques, bruits

- se faire aider (« comment appelez-vous ça ») (Sheils 1993, 148)

En classe de langue étrangère il faut un artifice pour faire communiquer les apprenants

entre eux. L’impulsion à communiquer est le plus souvent artificielle: en classe, cela oblige à

mettre en œuvre une sorte de mise en scène pour que les échanges s’engagent entre

apprenants, et à proposer des déclancheurs et des contraintes situationnelles et langagières

pour motiver l’expression. (Pendax 1998, 111)

2. Activités

Pour passer de la compréhension et de la saisie des éléments nouveaux à leur intégration

en expression orale, l’apprenant devrait avoir des capacités:

- avoir du plaisir à reproduir les rythmes et l’intonation, et à prononcer les sons de la langue

étrangère

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Page 38: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

- avoir suffisamment automatisé les opérations de bas niveau pour pouvoir mettre en œuvre

des stratégies de communication et être compris sans ambiguïté

- pouvoir s’adapter – jusqu’à un certain point – aux différentes situations de discours et

d’échanges où il est appelé à s’exprimer

- pouvoir se situer dans son discours

- être capable de créativité par rapport aux modèles

- avoir intériorisé des structures syntaxiques, et les procédés qui permettent de faire avancer

le discours

- avoir intériorisé les nouvelles valeurs correspondant aux formes nouvelles

- avoir mémorisé le lexique et l’usage des mots

- pouvoir mettre en œuvre simultanément plusieurs compétences

- avoir des ressources pour se tirer d’embarras sans se bloquer ni interrompre la

communication

- être concient de ses points forts et des faiblesses, et être capable de continuer à apprendre.

Mais pour parvenir à maîtriser ces capacités, les apprenants sont exposés aux matériels

pédagogiques, dont une des fonctions est d’apporter les données langagières à faire acquérir.

Les conduites pédagogiques diffèrent selon les manuels et les méthodologies employés, mais

dans un enseignement de type communicatif, elles amènent toutes à faire réaliser, au travers

des activités, les opérations d’apprentissage nécessaires à la maîtrise progressive de la

production. (Pendax 1998, 110)

Le développement de la compétence de communication suppose toute une palette

d’activités, qui doivent donner aux apprenants le désir de communiquer avec leurs

partenaires, parce qu’elles devraient leur fournir quelquechose d’intéressant à dire et une

raison pour communiquer avec leurs partenaires. On peut orienter une activité dans ce sens,

en engageant les apprenants dans un échange qui pallie un manque en matière d’information,

d’opinion, d’affectivité, d’intérêt ou de « solidarité ». Le plaisir de participer à un jeu, la

satisfaction d’avoir su résoudre un problème ou mener à bien un projet sont autant de facteurs,

parmi d’autres qui incitent les apprenants à communiquer.

Satisfaction et confiance en soi n’apparaîtront vraiment que si la communication est

réussie. Il faut donc proposer aux apprenants des tâches qui soient en rapport avec leurs

centres d’intérêts et adaptées à leur niveau de développement conceptuel et linguistique.

38

Page 39: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

Donc, pour que la communication soit réussie, l’enseignant devrait se préparer et

planifier les activités:

1. Préparer minutieusement le matériel linguistique.

2. Bien comprendre l’ensemble de la tâche avant de l’entreprendre.

3. Prévoir si l’activité doit s’intégrer dans la progression générale du programme ou si

elle doit être indépendante.

4. Faire régner une atmosphère détendue et amicale dans la classe.

5. Négocier un équilibre entre les besoins de la tâche et les besoins individuels ou

collectifs.

6. Prévoir le degré de diversité des types d’activité.

7. Déterminer quelles sont les activités à tous, ou à une partie du groupe seulement.

8. Regarder que la correction par les camarades contribue à améliorer la production.

9. Indiquer aux apprenants qu’ils devraient respecter des règles (du jeu). (Sheils 1993,

150)

Il exsiste de diverses activités qui visent à promouvoir le développement de l’aptitude

d’expression orale: dialogue, jeu de rôle, simulation et expression personnelle. Cette dernière

catégorie regroupe des activités qui permettent aux apprenants de s’exprimer à titre personnel

dans le « vécu » de la classe, par exemple en apprenant à mieux se connaître les uns les autres

(par l’échange d’informations, l’expression de sentiments et de valeurs dans des interviews,

des enquêtes, des jeux) ou en participant à des débats, à des créations narratives et à des

projets.

La façon de concevoir chacune d’elles peut varier en fonction du but pédagogique qu’on

lui assigne. Ainsi, on considère généralement le dialogue comme relevant de l’expression

dirigée. Or on peut très bien modifier l’ordre conventionnel de: présentation – pratique

linguistique – expression libre en demandant aux apprenants d’utiliser leurs propres

ressources pour se débrouiller dans une situation donnée (peut-être en passant une seule fois

l’enregistrement du dialogue pour leur donner un cadre de référence). On peut ensuite leur

présenter un modèle et les réalisations linguistiques nécessaires. De même, on peut varier le

degré de préparation linguistique du jeu de rôle et des autres activités axées sur la fluidité

verbale. Les activités d’expression personnelle traitent à la fois de l’expression guidée et de

l’expression libre. Elles permettent aux apprenants de s’impliquer personnellement dans ce

qu’ils disent, et quand elles privilégient l’expression d’opinions et de sentiments personnels,

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Page 40: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

elles sont représentatives de la partie véritablement communicative du continuum pratique

linguistique-communication. (Sheils 1993, 151)

M. Pendax (1998, 115) propose de classer les activités d’expression orale selon le type

de discours produit, par exemple:

- echanges avec l’enseignant ou les pairs (énoncés amenés par les différents exercices),

réponses à des questions sur les documents (accès au sens, observation de corpus, etc.)

- paraphrases et reformulations

- sketches élaborés et interprétés en groupe (selon divers scénarios de communication)

- exposés oraux, opinions ou commentaires

- jeux de rôle, pastiches de textes

- echanges d’opinions et débats

- les chansons que l’on chante, les comptines, les poèmes, pour mémorisation en profitant

des rythmes et des sonorités, etc.

M. Pendax (1998, 116) à cette classification de J. Sheils ajoute des critères, relevant du

type d’interaction où se déroule l’échange:

- rapport enseignant/apprenant, ou enseignant/groupe-classe

- echanges entre pairs

- prise de parole devant le groupe-classe, seul, ou en sous-groupe

- apprenant seul devant le magnétophone, l’écran d’un ordinateur

- echanges avec des partenaires hors institution.

2.1. Dialogues, jeu de rôle et simulation

Vigner (2001, 35) parle des fonctions du dialogue. L’usage du dialogue répond à un

certain nombre de fonctions:

1. Fonction de communication: apprendre à l’apprenant à prendre place, de façon

efficace, dans un échange entre locuteurs, en référence aux formes de la langue en

usage, découvrir en même temps le language dans le forme la plus ordinaire, orale,

pour mettre en place les premiers éléments de prononciation.

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Page 41: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

2. Fonction pédagogique: présenter en contexte un certain nombre de formes

linguistiques, de constructions morphosyntaxiques, d’éléments de lexique,

L’acquisition de la forme est ainsi inséparable de la fonction qu’elle assume dans le

discours.

3. Fonction mimétique: donne envie aux apprenants de se projeter dans la situation

d’échange pour y prendre place à leur tour comme locuteurs.

4. Fonction de représentation: tout dialogue se passe dans un lieu et un moment

particuliers. Il peut être présenter un lexique thématique.

L’enseignement des langues étrangères utilis le dialogue depuis fort longtemps, en

particulier comme moyen de mettre en évidence les structures. Toutefois ces dialogues

stéréotypés entre des personnages de carton-pâte, usant d’une langue artificielle, ont cédé la

place, dans les manuels récents, à des exemples plus naturels, qui illustrent comment les

phrases se combinent pour des besoins de communication dans des contextes sociaux

clairement définis. (Sheils 1993, 151)

Frederic François (1993, 15) dans son œuvre « Pratique de l’oral » écrit: « Il me semble

que celui qui parle du langage raisonne à partir dexpériences particulières: l’oral ou l’écrit, les

conversations quotidiennes, les discours politiques ou les œuvres littéraires, des langues bien

ou mal connues... Ce point de départ n’est pas neutre: on croit parler du language en général

et on parle en fait de tel ou tel usage du langage. Ici on a surtout pris en considération des

dialogues et des récits d’enfants de 4 à 6 ans, en faisant l’hypothèse que plus peut-être que

dans des textes d’enfants plus grands ou d’adultes, l’hétérogénéité des maniements du

language et des effets dialogiques y apparaissait ».

Donc, le dialogue est très important dans les activités orales. Les activités de dialogue

prennent en compte non seulement la précision des formes, mais aussi leur utilisation

appropriée en situation. Donc il faut que les apprenants sachent sans ambiguïté qui parle à qui,

de quoi, dans quel but, où et quand. Il importe aussi de les sensibiliser à la manière dont le

dialogue est structuré, aux façon d’engager, d’entretenir et de clore une conversation, aux

stratégies utilisées par les locuteurs pour négocier du sens, afin que leurs efforts de

communication atteignent le but visé.

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Page 42: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

Des dialogues peuvent être:

1) Courts et contextualisés - ils sont utiles pour présenter et exploiter la relation entre

fonctions/notions et formes.

2) En désordre - ils attirent l’attention sur la structure du discours et sur le degré de

pertinence des répliques à la situation d’énonciation.

3) Incomplets - ils permettent aux apprenants de s’exercer à choisir le niveau de langue

approprié au contexte, à entretenir une conversation, à se débrouiller dans des

situations difficiles, et peuvent aussi servir de « stimulus » à l’expression libre.

4) Schémas de dialogue et les dialogues à canevas - aident les apprenants à passer de

l’expression dirigée à l’expression libre. Les schémas de dialogue attirent l’attention

des apprenants sur la structure du discours, et leur apportent une aide appréciable

(notamment aux plus faibles) en organisant le contenu de l’interaction et le canevas

guide les apprenants quant au contenu des répliques, mais les laisse libres de choisir

comment l’exprimer.

5) Dialogues écrits - au lieu de se contenter de demander aux apprenants de consigner

par écrit les dialogues qu’ils ont travaillés oralement en classe, on pourrait les

encourager à écrire des dialogues de leur invention. (D’après J. Sheils 1993, 152-167)

(D’après J. Sheils 1993, 167-194) Le but ultime du jeu de rôle, comme de toutes les

activités d’expression orale est de faire que les apprenants s’y projettent avec le plus possible

d’autonomie expressive et créative, et d’une manière qui peut et doit être agréable. Cela

suppose, comme toujours, une atmosphère coopérative dans la salle de classe grâce à laquelle

les apprenants n’ont pas peur de « se jeter à l’eau », et où le masque du jeu de rôle leur

permet, en particulier aux timides, d’être moins perturbés par la tension qu’engendrent les

activités centrées sur le « je ».

L’expression jeu de rôle sert généralement à signer toute une gamme d’exercices et

d’activités communicatives. On pourrait même considérer certains des dialogues dirigés ou

guidés comme une introduction au jeu de rôle. Ils préparent les apprenants à participer à

d’autres activités qui seront plus exigeantes sur le plan de la spontanéité et de la fluidité

verbale.

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Page 43: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

Les activités de jeu de rôle ne laissent pas toutes la même liberté d’action et

d’expression aux apprenants. L’interaction peut être dirigée par un canevas ou guidée par la

description d’une situation et par une tâche à exécuter. Selon scénario, l’issue peut être

prévisible, ou au contraire dépendre de l’évolution de la négociation conduite par les

apprenants.

Le jeu de rôle demande aux apprenants de se projeter dans une situation imaginaire.

Toutes les sortes de jeux de rôle sont utiles, mais il convient de maintenir un équilibre entre

des activités réalistes, et des situations intéressantes qui font appel à l’imagination et qui sont

source de motivation, de plaisir et de satisfaction.

Le jeu de rôle est plus qu’une simple séance de répétition des transactions auxquelles

les apprenants seront confrontés plus tard dans des situations réelles de communication. C’est

un moyen d’élargir le champ du discours utile mais nécessairement limité qui naît de

l’interaction sociale de la classe et d’activités comme les enquêtes, les jeux et les discussions.

Il donne aux apprenants l’occasion de s’entraîner à utiliser de façon correcte et appropriée

toute une gamme de fonctions, de notions et de structures dans des contextes variés.

Les apprenants qui n’ont pas l’habitude du travail à deux ou en groupes, auront besoin

de temps pour s’adapter à ces activités.

Il faut commencer par des jeux de rôle courts, dirigés ou guidés, et donner des

indications détaillées sur la façon de procéder. On peut leur donner remplir une fiche «

personnage » établie à partir d’images de personnes découpées dans des revues. Cette fiche

pourrait contenir des détails sur le genre de rôle qu’ils vont jouer, précisant: âge, sexe, métier,

aspect physique, caractère, humeur et attitude dans la situation donnée. Les apprenants

pourraient aussi discuter de ce que leur personnage pourrait dire en pareil cas. La discussion

préparatoire au jeu de rôle est une activité pleine d’intérêt, quel que soit le niveau des

apprenants, car la communication s’établit à propos de besoins réels et immédiats. Il faut, ,

leur donner graduellement les moyens de mener cette discussion dans la langue cible dont on

encouragera le plus possible l’utilisation, tant pendant la préparation du jeu de rôle que

pendant la phase d’après-jeu.

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Page 44: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

Lorsque les apprenants sont habitués au jeu de rôle, on peut les initier à la simulation.

C’est une activité plus complexe, qui nécessite un travail de préparation et d’organisation plus

important, et dont l’exécution demande davantage de temps.

La simulation peut entraîner les apprenants dans des activités qui font appel à

l’imagination ou plus proche de la réalité.

On peut aussi choisir une situation conflictuelle qui doit aboutir à une prise de décision:

les participants forment alors deux équipes, l’une pour, l’autre contre la proposition en jeu.

Elle est souvent moins souple que les activités de jeu de rôle, et moins facile à utiliser

en raison du temps généralement long dont il faut disposer. Pourtant les simulations du genre

de celles qui sont illustrées ci-après sont relativement simples et très motivantes pour des

classes expérimentées.

Le jeu de rôle, comme la simulation, exige une planification minutieuse, si l’on veut

qu’il se déroule convenablement. Les étapes clés de l’organisation et de l’exécution d’un jeu

de rôle ou d’une simulation: elles ne sont pas toutes nécessaires, cela dépend du but et du type

de l’activité. On peut retenir la plupart des étapes de jeu de rôle:

1. Présentation/explication du contexte, des rôles, de la tâche.

2. Exécution (paires/groupes) – intervention de l’enseignant réduite au minimum (rôle

d’animateur).

3. Analyse des exécutions (plénière).

4. Évaluation de l’activité par les apprenants.

5. Activité d’exploitation (création de nouveaux textes, travail linguistique à partir des

erreurs).

Après le jeu de rôle on peut faire la discussion des apprenants sur:

- leurs impressions générales sur l’activité, par ex: facile/difficile, a bien marché/pas très

bien marché, problèmes, utile, agréable, satisfaisante

- leurs impressions sur l’interprétation des rôles

- l’efficacité de leurs efforts sur le plan de la communication: la précision de la forme, la

fluidité verbale, l’utilisation des stratégies de communication

- la pertinence de l’acivité: ce qu’ils ont appris et son application à d’autres contextes

- la qualité de la coopération entre apprenants

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Page 45: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

Il exsiste beaucoup de différantes sortes de jeu de rôle:

1) echange/Mise en commun de l’information. Les activités dans lesquelles les

apprenants coopèrent en vue d’un échange d’information,

2) jeu de rôle à partir d’un scénario. On a établi une distinction entre les jeux de rôle qui

donnent aux apprenants la possibilité de préparer leur rôle, et ceux qui les font jouer et

s’exprimer de façon improvisée ou spontanée. Le degré de préparation requis varie

selon le niveau des apprenants et le but de l’activité,

3) activités axées sur le discours de type interactionnel, qui privilégient l’établissement et

l’entretien des relations interpersonnelles,

4) diverses techniques d’initiation au jeu de rôle (par exemple, à l’aide de mime, sons,

objets, images) et quelques simulations qui comportent du jeu de rôle sont présentées

également. (D’après J. Sheils 1993, 167-194)

Jacque Laverrière et ses collaborateurs (2004, 22), disent aussi, que: « les jeux de rôle

pourraient être utilisés comme les moyens de développer la fluidité mentale, en permettant à

certains de s’exprimer avec moins de réticence et plus de liberté ».

2.3. Expression personnelle

Jaque Laverrière et ses collaborateurs (2004, 15) soulignent, que: « former à

l’expression ce n’est pas « habituer » quelqu’un à s’exprimer. Il ne faut pas appuyer les

progrès sur le caractère répétitif des exercices et sur une accoutumance à une situation

particulière d’expression. Le formateur doit donc varier les exercices et en donner plusieurs

de formes différentes, mais de même nature par rapport à un objectif donné. Il est parallèment

utile de modifier les situations matérielles d’expression (parler de sa place, d’un endroit

particulier, assis, debout,...). Former à l’expression c’est d’abord et avant tout mettre en

évidence les « points forts » de quelqu’un. S’exprimer, en particulier pour expression orale,

c’est s’accepter en situation d’expression. Ils disent: si, l’on veut rendre l’expression efficace,

il est nécessaire de compléter la recherche des idées par l’organisation de ces idées. Ils

proposent des exercices d’improvisation, qui permettent de découvrir la logique de

l’intervention. « Pour déveloper sa fluidité mentale, chacun gagne d’abord à prendre

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Page 46: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

connaissance de la richesse des idées dont il est porteur ». Chaque l’apprenant peut avoir un

vocabulaire suffisant pour une expression simple et correcte. »

(Sheils 1993, 195) Les exemples les plus personnels de véritable communication sont

peut-être à chercher dans les occasions d’interaction sociale que la classe offre aux

apprenants, quand ils utilisent la langue cible pour participer à la planification, à

l’organisation et à l’évaluation de leurs expériences d’apprentissage. Dans ce processus, ils

coopèrent, mettent en commun leurs expériences d’apprenants, discutent des problèmes et

prennent davantage en charge leur propre apprentissage. Il s’agit bien évidemment d’un

processus graduel, car il suppose que les apprenants acquièrent le matériel linguistique

nécessaire, et qu’on les encourage à utiliser la langue cible dans cette phase de négociation.

Mais si l’enseignant ne l’utilise pas lui-même, il n’y a guère de chances pour que les

apprenants le fassent.

1) Apprendre à mieux se connaître

On peut aussi obtenir une implication personnelle des apprenants, dès lors qu’ils sont

d’accord pour utiliser la langue cible dans leurs relations entre camarades et dans des activités

qui leur permettent d’aller à la découverte de soi-même et des autres: interviews, enquêtes de

classe, jeux, ou toute autre activité qui les incite à exprimer leurs sentiments ou les amène à

réfléchir sur leurs convictions et leurs valeurs. Toutefois, il faut veiller à ne pas créer de

situations qui puissent devenir embarrassantes ou délicates pour eux, et à gérer avec

discernement les activités qui portent sur les émotions ou d’autres facteurs personnels.

2) Activités de discussion

Les activités de discussion donnent aux apprenants l’occasion de réfléchir sur des

sujets qui les intéressent, d’exposer et de justifier leur point de vue et d’écouter celui d’autrui.

Il est toujours satisfaisant de parvenir à un compromis acceptable par tous, ou de coopérer à la

résolution d’un problème.

3) Activités narratives

Les activités narratives contribuent très utilement au développement de la fluidité

verbale et de la créativité. Imaginer la fin d’une histoire inachevée ou créer un récit sont des

activités intéressantes et gratifiantes, qui aident les apprenants à se forger des savoir-faire qui

peuvent être applicables à d’autres genres d’interaction.

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Page 47: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

4) Projet

La réalisation d’un projet met en jeu toute une série d’activités signicatives et

pertinentes, qui amènent les apprenants à prendre en charge leur apprentissage à titre

individuel et collectif. On dispose là d’un moyen très naturel d’intégrer les quatre

compétences, puisque les apprenants étudient, discutent, prennent des notes, rédigent des

rapports et exposent leurs conclusions oralement et par écrit.

De nombreuses activités peuvent être proposées en classe: les dramatisations de

sketches (en s’aidant de la progression narrative et interactive), les jeux à structure fixe, les

chansons que l’on chante en classe exigent la mémorisation, ainsi que comptines, les poèmes,

en profitant des rythmes et des sonorité, d’autre part, les questions/réponses pour l’élucidation

des textes et des documents, les exercices structuraux oraux, les paraphrases contribuent à

l’engrangement de mots et des structures. (Pendax 1998, 121)

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Page 48: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

VI. EXPRESSION ECRITE

1. Compétence de l’expression écrite

Il faut apprendre des apprenants de faire des synthèses. « Il est vrai qu’avant de

procéder à une synthèse, il faut avoir analysé les faits, avoir perçu nettement les différents

éléments d’un tout ou les diverses idées émises, bref, avoir décomposé un tout complexe en

ses éléments. Tout acte de synhèse doit être précédé d’un acte d’analyse. La technique du

résumé est habituellement utilisée pour entraîner à la synthèse. On commence par résumer des

textes courts, clairs et bien construits, puis des textes plus difficiles.» (Laverrière 2004, 79)

J. Sheils (1993, 236) dans son ouvrage souligne, que l’expression écrite dans la classe

de langue étrangère peut être une activité particulièrement agréable et intéressante, qui répond

parfois mieux à tel ou tel besoin que des activités d’expression orale plus artificielles. Bien

conçues, les tâches d’expression écrite sont à la fois un entraînement utile au maniement de la

langue, et un stimulant pour l’expression personnelle et créative d’idées, de sentiments et

d’expérience.

Les apprenants ne composent pas de textes pour que l’enseignant puisse corriger leurs

fautes. L’expression écrite est une activité qui a un but et un sens: les apprenants écrivent pour

communiquer avec un (ou des) lecteur(s), à savoir un (ou des) camarade(s) de classe,

l’enseignant. Elle appelle donc du destinataire des commentaires ou une réponse écrite, et de

ce fait apporte aux apprenants des informations sur leurs tentatives, réussies ou non, de

communication. Le succès leur procure une satisfaction qui entretient leur motivation et

renforce leur désir d’améliorer encore leur performances.

2. Passage à l’écrit

Au début, l’expression écrite s’appuie généralement sur un travail oral.

Puis on en vient progressivement à des types de textes plus complexes, à mesure que

l’on sensibilise les apprenants à l’organisation des idées, à leur présentation claire et logique

(cohérence), aux différentes façons dont les phrases se combinent pour former un tout pourvu

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Page 49: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

d’un sens à l’aide de divers outils sémantiques (cohésion). C’est un facteur particulièrement

important, car l’expression écrite n’est pas une simple transcription du language parlé, et à la

différence de ce qui se passe dans la communication orale, le scripteur n’a aucune possibilité

de vérifier qu’il se fait bien comprendre.

Les éléments paralinguistiques, les auxiliaires précieux de la communication en face à

face, sont totalement absents, et ces traits caractéristiques du discours orale, que sont les

digressions, les reformulations, les répétitions, les « fautes » de grammaire ou de

prononciation, etc., ne sont pas acceptables dans l’expression écrite.

Les fautes d’orthographe et de grammaire se remarquent davantage, et le manque de

cohérence et de cohésion peut entraîner un échec de la communication ou peser exagérément

sur le lecteur.

Si le discours écrit doit être mieux organisé et plus précis que le discours oral, c’est

parce que le scripteur a le temps de réfléchir, de restructurer et de reformuler se pensée,

contrairement au locuteur qui, lui, communique pressé par les contraintes de la

communication en temps réel.

L’expression écrite est une compétence qui se travaille. Des lectures (et des écoutes)

nombreuses constituent une source importante de matérieux linguistiques. Mais c’est surtout

par la production d’écrits que se forgent les compétences indispensables à une bonne

expression écrite.

(Vigner 2001, 73) Dans toutes les situations d’enseignement, le passage à l’écrit est

toujours délicat à organiser et se révèle le plus souvent décevant dans ses résultats. Les

spécialistes distinguent trois grands moments dans l’élaboration d’un texte:

1. La planification – l’ensemble des opérations qui relèvent de la sélection et de

l’organisation des connaissances nécessaires à la production du texte. Il faut savoir à

qui est destiné le texte et quel est le but de ce texte.

2. La mise en texte – la linéarisation et la lexicalisation. Linéariser – convertir en suite

de phrase une représentation d’événement, d’objet ou d’individu. Lexicaliser –

rechercher dans le dictionnaire mental les éléments de lexique nécessaires à la

représentation des faits, des événements retenus.

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Page 50: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

3. La révision du texte: la relecture du texte et la révision proprement dite portant sur

les modifications. Les texte déjà produit semble faire obstacle à un travail de

reformulation.

2.1. Difficultés

(Vigner 2001, 73-76) L’auteur présente quelques sortes de causes qui souscitent les

difficultés aux apprenants s’agissant de l’expression écrite:

a) écrire un texte, c’est prendre place dans une situation de communication particulière:

on s’adresse à un interlocuteur absent, donc il faut évaluer les besoins d’information

de son lecteur pour faire figurer dans le texte tous les éléments d’informations utiles à

la compréhension du message, anticiper sur les demandes de précision, d’explication

du lecteur – le texte doit être complètement explicite, car le lecteur ne pourra pas

interroger le scripteur pour demander une précision,

b) écrire un texte, c’est faire une hypothèse sur ce qui peut intéresser le locuteur. Partant

de son point de vue, l’apprenant a du mal à évaluer ce qui dans un événement vécu

pourrait intéresser autrui,

c) écrire à l’école, c’est faire semblant de communiquer par écrit. L’écrit scolaire est un

écrit sans enjeu autre que celui de témoigner de son savoir-faire. La gratuité apparente

de l’acte d’écrit scolaire est souvent mal vécu par l’apprenant,

d) écrire un texte, c’est à des fins diverses représenter un événement, des actions, des

individus, des objets. Très souvent les apprenants se bornent à produir des textes

stéréotypés,

e) écrire un texte, c’est produir un texte autonome – le texte qui du point de vue de la

localisation des données dans le temps et dans l’espace sont spécifiques à un

événement donné et peuvent être lus comme tels par le lecteur.

Pendax (1998, 109-117) écrit, que pour l’apprenant de langue étrangère, l’écrit est

moins le lieu de comportements spécifiques nouveaux que de contenus d’expression

particuliers: la précision morphologique, l’adéquation syntaxique, l’emploi des éléments de

cohésion textuelle et la mise en œuvre d’une cohérence discursive sont des conditions

indispensables à la langue écrite, en langue étrangère comme en langue maternelle d’ailleurs.

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Page 51: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

D’autre part, le texte écrit est facile à observer et à manipuler. Les supports écrits aident à

prendre conscience de certains aspects du fonctionnement langagier et à fixer l’apprentissage.

L’expression requiert un haute degré d’automatisation à l’écrit: les rapports

graphie/phonie, l’ordre des mots dans la phrase, le lexique, la morphologie sont des éléments

à acquérir très tôt, à consolider et à enrichir tout au long de l’apprentissage.

3. Activités

(Pendax 1998, 112) L’écrit, qui permet l’observation et qui a une dimension

individuelle, est le véhicule principal de l’apprentissage de l’abstraction, de la

conceptualisation et de la formulation de règles, de la réflexion de chacun sur ce qu’il apprend

et sur la manière de l’apprendre. C’est pourquoi les activités d’écriture ont une place

importante dans l’apprentissage, au-delà de l’utilité qu’on leur reconnaît du point de vue

strictement communicatif.

Les activités qui suivent ne sont que quelques exemples d’une série infinie d’exercices

possibles. Avec un minimum d’imagination, chaque professeur est en mesure d’inventer les

activités adaptées à sa classe.

Les caractéristiques d’une activité résultent de la combinatoire de plusieurs éléments

parmi lesquels le professeur opère un choix :

1. Le support de travail servant de déclencheur de l’activité: texte littéraire, chanson,

extrait de film, clip vidéo, photo, peinture, poème, etc.

2. Le type d’activité: reconstruire un texte décomposé, le reformuler ou produire un tout

nouveau texte avec une contrainte ou non (par exemple, écrire en utilisant un certain

nombre de mots obligatoires).

3. Le genre de texte produit: poème, récit, lettre, télégramme, dialogue, interview,

affiche publicitaire, histoire, roman, nouvelle, conte, critique de film, etc.

4. La forme de regroupement des apprenants pendant l’activité: travailleront-ils seuls

ou en petits groupes ?

Comme remarque Ch. Tagliante (1994, 137), avant de pouvoir écrire pour s’exprimer,

pour communiquer avec un destinataire, l’apprenant étranger doit apprendre à écrire, à tracer

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Page 52: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

les formes graphiques qui correspondent aux sons qu’il entenden et qu’il discrimine. C’est au

cours de cette activité de transcription de l’oral que se structureront les éléments morpho-

syntaxiques et orthographiques nécessaires à l’expression future.

Mais l’écrit n’est pas une simple transcription de l’oral. Ce sont deux grammaires que

l’apprenant doit apprendre à maîtriser pour pouvoir s’exprimer: la grammaire de l’oral et de

l’écrit.

Avant d’aborder l’expression écrite Ch. Tagliante (1994, 137) propose trois étapes qui

pourraient chaqune faire intervenir des capacités intellectuelles distinctes et permettre de faire

acquérir des habitudes graphiques et des automatismes:

1. Reconnaissance de formes orales connues et de leur représentation graphique, d’après

un support enregistré.

2. Analyse, asquisition et conceptualisation de règles graphiques, toujours à l’aide d’un

support enregistré.

3. Systématisation et application à des énoncés nouveaux, des règles acquises en étape.

La production écrite de textes courts - c’est faire des synthèses, affirme Laverrière et ses

collaborateurs (2004, 79) car, l’abondace des textes et le manque de temps nous font souhaiter

souvent une transmission de ces renseignements, sous une forme « miniaturisé ». Tout acte de

synthèse doit être précédé d’un acte d’analyse. Il existe des exercices qui entraînent à faire des

synthèses. La technique du résumé est utilisé pour y entraîner. On commence par résumer des

textes courts, clairs et bien construits, puis des textes plus difficiles à comprendre et des textes

qui exigent une véritable restructuration du document. L’entraînement à la synthèse passe par

le développement de la concision et de la précision.

« L’essentiel d’un discours est repéré: c’est l’analyse, l’essentiel est reformulé, résumé:

c’est la synthèse. » (Gabay 1991, 35)

De la technique de la reformulation, on tire le plus grand profit: reformulant l’on doit

clarifier ce que l’autre a souvent dit ou écrit d’une manière confuse et inorganisée et cela sans

le déformer.

Ces exercices incitent en outre à rechercher l’objectivité, car la subjectivité teinte les

interventions orales et écrites objectives. Or, une bonne synthèse exige le respect des

intensions de l’auteur. Donc, il faut apprendre à ne pas confondre résumé de la pensée

d’autrui et commentaire personnel de cette pensée, ou encore à bien distinguer faits objectifs

et opinions personnelles sur ces faits. Enfin, la construction de graphiques, de schémas, de

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Page 53: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

tableaux peut être conçue comme une manière difficile mais inhabituelle de faire des

synthèses.

L’écrit – contrairement à l’oral, qui est éphémère et spontané - , reflète une pensée qui a

eu le temps de se structurer davantage. L’expression « peser ses mots » y prend tout son sens.

(Laverrière 2004, 79)

3.1. Activités d’entraînement et d’expression libre

(D’après J. Sheils 1993, 236) Il est donc essentiel de proposer régulièrement aux

apprenants des activités d’entraînement et d’expression libre. En général, celles qui figurent

dans les manuels les conduisent graduellement de l’expression écrite dirigée ou guidée à une

production libre et créative, la progression tenant en fait à l’aide plus ou moins importante qui

leur est fournie sur le plan de contenu, de l’organisation et du matériel linguistique. Ainsi un

enchaînement type d’activités pourrait se présanter de la manière suivante:

1. Étude d’un texte modèle.

2. Entraînement.

3. Tâche d’expression écrite.

4. Information/évaluation.

5. Correction.

Dans les exercices d’entraînement, l’expression écrite peut être dirigée ou guidée, par

exemple par un texte modèle à imiter, une matrice à suivre, des points clés à étoffer, etc., le

matériel linguistique utile peut être fourni. En revanche, dans les activités moins

précontraintes, les apprenants ont une plus grande liberté de choix quant au contenu et à

l’organisation, et l’assistance linguistique est minime voire nulle.

Quelques activités d’entraînement à l’expression écrite:

1. Phrases.

2. Comptes rendus et descriptions brèves.

3. Connecteurs.

4. Textes à compléter.

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Page 54: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

5. Textes modèles.

6. Organigrammes.

7. Images.

Mais il est aussi possible d’inverser la démarche et de commencer par l’expression

libre. Dans ce cas, les apprenants utilisent leurs propres ressources (et notamment leurs

compétences linguistique et stratégique ainsi que leur connaissance du type de discours) pour

produir un texte. Ce texte exploratoire est ensuite comparé à un texte modèle (ou tout autre

texte approprié), évalué par le scripteur, d’autres apprenants et l’enseignant. Puis il est

retravaillé et on lui donne sa forme définitive, qui pourra faire l’objet d’un travail de

commentaire. L’évaluation et les informations ne portent pas uniquement sur la forme, mais

aussi sur le contenu et l’organisation du texte. Les différentes phases de cette approche axée

sur le processus pourraient se dérouler dans l’ordre suivant:

1. Tâche d’expression écrite.

2. Comparaison avec d’autres textes.

3. Information évaluation.

4. Travail de mise au point/réécriture.

Cette démarche fait de l’expression écrite un processus, dans lequel les apprenants

testent des hypothèses, à mesure qu’ils réfléchissent, planifient, discutent, ébauchent,

rédigent, puis retravaillent leur propre texte pour lui donner sa forme définitive. Les fautes,

inévitables dans la première phase de ce processus, sont le signe que l’apprentissage est en

cours tandis que l’apprenant explote et développe sa compétence transitoire.

Quelle que soit l’approche retenu, c’est par le travail en petits groupes que les activités

d’expression écrite prennent une dimension interactive: les apprenants commencent par

discuter la tâche, mettent en commun leurs idées, composent des phrases, puis rédigent leur

texte individuellement et/ou collectivement (par exemple, avant de répondre à une lettre, ils

discutent du contenu possible de la réponse, de son organisation et des expression à utiliser).

Quelques activités de l’expression libre:

1. Suivre une matrice.

2. Ecrire à / pour autrui.

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Page 55: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

3. Rédaction de rôles.

4. Annonces publicitaires et slogans.

5. Poésie.

6. Quelques jeux d’expression écrite.

7. Revues.

« Pour l’apprenant de langue étrangère, l’écrit est moins le lieu de comportements

spécifiques nouveaux que contenus d’expression particulier: la précision morphologique,

l’adéquation syntaxique, l’emploi des éléments de cohésion textuelle et la mise en œuvre

d’une cohérence discursive sont des conditions indispensables à la langue écrite, en langue

étrangère comme en langue maternelle. D’autre part, le texte écrit est facile à observer et à

manipuler; aussi les supports écrits aident-ils à prendre conscience de certaines aspects du

fonctionnement langagier et à fixer l’apprentissage ». (Pendax 1998, 109)

On prοpose quelques principes simples comment s’y prendre pour aider les apprenants à

développer leur compétence d’expression écrite.

L’expression écrite est abordée dans la perspective d’une approche communicative qui

privilégie l’interaction. Les apprenants travaillent dans l’esprit de l’atelier d’écriture, lieu

d’apprentissage et de partage d’expériences réelles ou imaginaires qu’ils construissent avec

les connaissances et les moyens linguistiques dont ils disposent.

Les activités d’expression écrite ne sont pas isolées mais elles sont précédées (ou

suivies) d’autres activités d’expression orale, de lecture et de compréhension orale qui

permettent de créer le contexte nécessaire à réaliser la tâche (on écrit toujours pour un lecteur-

soi-même ou autrui) et à générer les idées.

L’ensemble des activités visent à mobiliser et développer les connaissances

linguistiques, sociolinguistiques, discursives (du fonctionnement des textes), référentielles (du

monde) et socioculturelles. Elles permettent de réaliser des objectifs pédagogiques divers:

objectifs fonctionnels, travail grammatical et lexical, maîtrise du régistre de langue,

connaissance du fonctionnement des textes et connaissance des cultures et des sociétés

francophones et autres.

Pour déclencher la production, on peut utiliser un support auditif ou visuel: un extrait de

film, une image, un clip vidéo, un texte littéraire, une série de mots ou de phrases... De cette

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Page 56: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

façon, nous ferons appel à tous les sens de l’apprenant et nous lui donnerons plus de chances

d’accéder à son imaginaire.

Les supports pédagogiques utilisés devraient être authentiques. Ils permettent à

l’apprenant d’entrer en contact avec la culture littéraire et artistique en langue française et

avec le monde tout entier qui entrera ainsi dans la classe.

Les apprenants peuvent s’entraider dans la phase de relecture et de correction de leurs

textes. Le processus d’apprentissage se trouve stimulé par l'interaction et le dialogue.

L’enseignant doit laisser le plus possible de temps de parole et de travail aux

apprenants. Il se limite à mettre en route le processus et fonctionne ensuite comme personne

ressource à la disposition de l’apprenant. Il intervient quand celui-ci le lui demande.

Les apprenants devraient travailler souvent de façon autonome (individuellement ou en

groupes). Ils apprennent à trouver l’information dont ils ont besoin en consultant le

dictionnaire, l'Internet, une grammaire, le professeur, leurs compagnons de classe.

Que le texte soit rédigé individuellement ou en groupes, l’enseignant pourrait faire

toujours l’objet d’une mise en commun collective sous forme de lecture à haute voix, de

composition d’un recueil de textes (illustré) ou d’affiches posées aux murs de la classe. De

cette façon, le résultat de la création est issu d’un effort collectif ce qui motive davantage les

apprenants. Chacun apporte sa pierre à l’édifice et contribue au projet dans la mesure de ses

possibilités. Chaque individu sera mis en valeur par la réussite collective.

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Page 57: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

VII. CONCLUSION

L’objectif de notre mémoire c’est – présenter des quatre compétences dans

l’enseignement/apprentissage de français langue étrangère par la méthode descriptive-

analytique rélévant le but, les problèmes, les difficultés, les points les plus importants et

propres à chaque compétence en proposant aussi des activités pour l’organisation du travail en

classe.

L’approche communicative donne la possibilité à l’apprenant d’acquérir

progressivement une compétence de communication – la compétence à se débrouiller dans de

différentes situations: de comprendre et de s’exprimer, de savoir-faire etc.

Les quatre compétences ont leur rôle, leurs fonctions et les stratégies, qui contribuent au

développement du système de la langue que l’apprenant construit.

Compréhension orale – sa fonction principale – l’entraînement à la saisie

d’information signicative, la reconnaissance des actes de parole, donc écouter et comprendre

le discours naturel selon la situation: l’interview, l’enregistrement, les conversations, etc. Les

problèmes et les difficultés les plus fréquents sont: le manque de mots ou il faut écouter

l’enregistrement plusieurs fois et les autres. Certains types d’activités choisies pour

développer cette compétence sont utilisées par les étapes: avant l’écoute, pendant l’écoute,

après l’écoute. On peut proposer à écouter des chansons, des histoires intéressantes. On donne

aux apprenants, en écoutant le texte, à dessiner une image ou selon une image associer les

mots entendus, trouver des fautes, faire un résumé etc.

Compréhension écrite – sa fonction et le but – l’entraînement à la compréhension

globale: lire et comprendre, appliquer les stratégies de lecture selon objectif les textes

authentiques. Les activités aident les apprenants à faire des hypothèses, des prévisions, à

deviner et à analyser et à recevoire l’information: en lisant les apprenants peuvet déduire le

sens, reconnaître l’idée principale, le type du texte, mettre en ordre des paragraphes dans le

désordre, suivre des consignes, prendre des notes etc.

Expression orale – sa fonction et le but – la structuration communicative. Les

apprenants doivent acquérir la volonter et la capacité d’utiliser la langue cible – communiquer

avec l’enseignant, leurs collègues etc. Dans l’enseignement/apprentissage il faut tenir compte

des causes pourquoi l’apprenant n’ose pas s’exprimer: à cause des fautes ou de la critique et la

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peur de s’exprimer devant la classe. Les activités qui garantissent l’interaction dans la classe:

des dialogues, jeu de rôle et d’autres aident les apprenants à surmonter les difficultés.

Expression écrite – sa fonction principale - la structuration textuelle, stylistique. Elle

est necéssaire pour exprimer les idées, le message. Les apprenants écrivent pour

communiquer, pour recevoire la réponse ou l’information. Pendant les activités

d’entraînement, l’expression écrite peut être guidées par un texte modèle, des points clés etc.

Pendant les activités d’expression écrite libre les apprenants créent leurs propres textes. Les

fautes sont toujours étudiées et corrigées.

Dans l’enseignement/apprentissage c’est l’enseignant qui choisit (parfois en

collaboration avec les apprenants) et guide les activités et c’est l’apprenant, qui réalise les

opérations de traitement d’un matériel langagier par ces activités.

Il est important, que les activités soient nombreuses et variées, qu’elles favorisent

l’expression libre et les échanges communicatives. Les activités devraient être choisies et

adaptées au niveau, à l’âge, aux compétences, aux besoins des apprenants. La langue devrait

être un instrument d’interaction dans la classe. Le plaisir et le désire devraient y être présents

– ce qui garantit l’enseignement/apprentissage efficace.

A part le développement des quatre compétences de la compréhension et de l’expression

orale et écrite il faut toujours développer aussi la compétence interculturelle. « Il faut chercher

à ouvrir l’esprit et le cœur de nos apprenants sur le monde francophone, à développer leur «

éveil » aux cultures, aux modes de vie et des pensées des autres ». (Weiss 2002, 7)

Il faut aussi ajouter, que les compétences acquises dans le processus

d’enseignement/apprentissage auront leur reflet dans la communication ultérieure des

situations de la vie réelle.

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Page 59: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

VIII. BIBLIOGRAPHIE

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Page 61: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

IX. ANNEXE

Activités

1. Présenter quelqu’un

2. J’aime…j’aime pas

3. Décrire des objets

4. Remue-méninges ou le brainstorming

5. Pour ou contre ?

6. Qui a dit …à qui ?

7. Modèle de Laswell

8. Jeu « Le pendu »

9. Mots croisés

10. Effacez ! (Avec des nombres)

11. Loto des nombres

12. Lettres effacées

13. Mots coupés

14. Famille de mots

15. Associations libres

16. Mot insolite

17. Vrai ou faux ?

18. L’île déserte

19. Jeu de l’alphabet ou du dictionnaire

20. Devinettes et charades

21. Gros titres

22. Mariage chinois

23. Pigeon vole

24. Lever-vous … Asseyez-vous

25. Deux pas à gauche

26. Où est la gare ?

27. Jeu « Didier dit »

28. Lettre à compléter

29. Lettre à choix multiples

30. Jeu des 20 questions

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Page 62: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

31. Jeu des métiers

32. Dialogues incomplets

33. Répliques mélangées

34. Jeux de rôles

35. Mime: qu’est-ce qu’il fait ?

36. En famille

37. Réactions spontanées

38. Sketches

39. Jeu de Kim

40. S.O.S.R.A.

41. Création de phrases et de récits à partir de matrices

42. Histoire collective

43. Faites passer le message ou le « téléphone arabe »

44. Avant, maintenant, demain

45. Pour quoi faire ?

46. Avec des si

47. Trouver le contraire

48. Texte sans ponctuation

49. Texte sans prépositions

50. Texte bizarre

51. Teste de closure

52. Placer sa phrase

53. Mots-valises

54. Phrases à rallonges

55. Rédiger une lettre

56. Que savez-vous de la France et des Français ?

57. Les Français et vous

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Page 63: QUATRE COMPETENCES DANS L’ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE DU

SUMMARY

The main aim of this MA paper is to disclose the four language skills in

teaching/learning process of French as a foreign language. The method applied was

descriptive-analytical.

These skills – listening comprehension, reading comprehension, speaking, and writing

– are analysed separately. However, they are interrelated and should not be treated in isolation

in the teaching/learning process. They are crucial for the development of student’s

communicative competence in general.

Each skill has its own role and functions to fulfil that ensure the construction of

student’s language system. In addition, each of them has its own peculiarities, as well as some

problems and difficulties. These can be overcome by different activities which improve the

effectiveness of the acquisition of the skills. All activities should be chosen according to

student’s age, needs, language level, and the program. They must vary and a sufficient

number should be used in order to get the best result.

The four skills acquired in the teaching/learning process make up one of the

components of the communicative competence and enable the student to communicate in

various real-life situations, which is the main goal of the teaching/learning process.

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