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Les Cahiers de l'Acedle, volume 6, numéro 1, 2009 Recherches en didactique des langues – L'Alsace au cœur du plurilinguisme Vers la déconstruction d’un apprentissage idéologique : Des "représentations-obstacles" dans l’enseignement des langues en France Gilles Forlot Université de Picardie-Jules Verne/IUFM, Amiens – LESCLaP (JE 2466) Résumé : Cet article s’appuie sur une recherche de terrain en cours dans les IUFM du Nord-Pas de Calais et de Picardie auprès d’environ 300 étudiants au professorat des écoles et professeurs des écoles stagiaires. En combinant une dimension quantitative de nature statistique (par questionnaires) et une approche qualitative d’analyse de discours sollicités, nous exposerons les premières conclusions de l’étude et explorerons les multiples décalages existant entre les objectifs institutionnels dans le domaine des LVE en France et les représentations sociolinguistiques des personnels chargés de les enseigner dans le primaire. On y exposera notamment les difficultés – ou parfois les réticences – ressenties par les professeurs des écoles débutants à adhérer à une démarche plurilingue de l’enseignement des LVE qui rompt avec une approche "classique", c’est-à-dire souvent lexicaliste et grammaticale de l’enseignement. On constate qu’en dépit d’une progressive ouverture aux langues et à la diversité, les positionnements des futurs enseignants du primaire reflètent encore une idéologie monolingue et des postures à tendance "schizolingue", acquise dès l’enfance et tout au long de la scolarité et reposant en grande partie sur des représentations des langues que l’on pourrait qualifier d’"hyper-normatives" et génératrice d’insécurité linguistique. On s’interrogera pour finir sur le rôle de la formation des enseignants dans la construction, la reproduction – et éventuellement la déconstruction – de ces représentations. Mots clés représentations sociolinguistiques, enseignement des langues, école primaire, formation des enseignants http://acedle.org avril 2009 Les Cahiers de l'Acedle Page 69 Vers la déconstruction d’un... de G. Forlot

Vers La Déconstruction d’Un Apprentissage Idéologique Des Représentations-obstacles Dans l’Enseignement Des LANGUES en FRANCE

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Social Representations and Langauge Education

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  • Les Cahiers de l'Acedle, volume 6, numro 1, 2009

    Recherches en didactique des langues L'Alsace au cur du plurilinguisme

    Vers la dconstruction dun apprentissage idologique :

    Des "reprsentations-obstacles" dans lenseignement des

    langues en France

    Gilles Forlot

    Universit de Picardie-Jules Verne/IUFM, Amiens LESCLaP (JE 2466)

    Rsum :

    Cet article sappuie sur une recherche de terrain en cours dans les IUFM du Nord-Pas de

    Calais et de Picardie auprs denviron 300 tudiants au professorat des coles et professeurs

    des coles stagiaires. En combinant une dimension quantitative de nature statistique (par

    questionnaires) et une approche qualitative danalyse de discours sollicits, nous exposerons

    les premires conclusions de ltude et explorerons les multiples dcalages existant entre les

    objectifs institutionnels dans le domaine des LVE en France et les reprsentations

    sociolinguistiques des personnels chargs de les enseigner dans le primaire. On y exposera

    notamment les difficults ou parfois les rticences ressenties par les professeurs des

    coles dbutants adhrer une dmarche plurilingue de lenseignement des LVE qui rompt

    avec une approche "classique", cest--dire souvent lexicaliste et grammaticale de

    lenseignement. On constate quen dpit dune progressive ouverture aux langues et la

    diversit, les positionnements des futurs enseignants du primaire refltent encore une

    idologie monolingue et des postures tendance "schizolingue", acquise ds lenfance et tout

    au long de la scolarit et reposant en grande partie sur des reprsentations des langues que

    lon pourrait qualifier d"hyper-normatives" et gnratrice dinscurit linguistique. On

    sinterrogera pour finir sur le rle de la formation des enseignants dans la construction, la

    reproduction et ventuellement la dconstruction de ces reprsentations.

    Mots cls

    reprsentations sociolinguistiques, enseignement des langues, cole primaire, formation des

    enseignants

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    Abstract

    This article is based on research carried out in several teaching colleges of Northern France

    and Picardy, where approximately 300 students and teacher trainees were given

    questionnaires aimed at identifying their sociolinguistic construals. Combining quantitative

    and qualitative data, the article presents our initial conclusions and explores the various

    discrepancies between the official objectives of the French educational authorities regarding

    language teaching and the sociolinguistic stereotypes of those in charge of teaching

    languages in primary school. We will show the difficulties and sometimes the reluctance of

    teachers to adhere to the current multilingual orientations for language teaching in France

    because these orientations challenge the classical approach they themselves went through in

    their own learning of foreign languages (e.g. vocabulary and grammar based memorisation,

    drills, etc.). As these sociolinguistic attitudes contribute to linguistic insecurity and the

    maintenance of monolingual and at times schizolingual ideologies in France, we will try to

    illustrate how teacher training can be helpful in the construction (or the deconstruction) of

    such construals.

    Key-words

    sociolinguistic construals, language teaching, primary education, teacher training

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    1. Introduction et objectifs

    En France, linstitution scolaire sest donn depuis quelque temps des objectifs clairs en

    termes dapprentissage des langues lcole. Dans la ligne du Cadre commun de rfrence

    pour les langues publi par le Conseil de lEurope, la Loi dorientation et de programme pour

    lavenir de lcole davril 2005, dans son article 25, prvoit de manire explicite l'tude d'une

    langue trangre l'cole primaire. Lobjectif que se donne linstitution, outre celui de

    prserver et dencourager la diversit linguistique dans le systme ducatif, est d'amener les

    lves des coles de France une meilleure matrise de la langue premire et de dvelopper la

    connaissance de deux langues vivantes la fin de leurs tudes secondaires.

    Cet article1 a pour objectif dexposer les rsultats (provisoires et introductifs) dune enqute,

    initie en 2005, dont la problmatique relve de ce qui ne semble pas encore tre une

    interrogation centrale de linstitution : le dveloppement et lvolution des reprsentations

    sociolangagires des premiers acteurs (chronologiquement) chargs de lenseignement des

    LVE en France, les professeurs des coles.

    lorigine de cette enqute, il sagissait de faire un tat des lieux des pratiques langagires

    dtudiants inscrits la prparation du concours de professeurs des coles (dsormais CRPE)

    dans la rgion du Nord/Pas-de-Calais. Lobjectif tait didentifier les pratiques quotidiennes

    ayant trait lusage et la matrise dautres parlers que la "langue maternelle" (le franais

    pour une grande majorit dentre eux) ainsi que de cerner les discours circulant sur ces

    langues et parlers autres.

    En gardant lesprit que des rsultats plutt positifs sont ressortis des expriences grande

    chelle menes en Europe dans le domaine de lveil aux langues (Candelier, 2003) et de

    lappropriation des techniques dveil par les enseignants (Bernaus & al., 2003), nous avons

    toutefois constitu lenqute sur lhypothse suivante : en France, les tudiants-professeurs et

    les professeurs dbutants nont quun contact modr avec lunivers des langues trangres,

    une attitude souvent timore face lapprentissage et la pratique de langues trangres, un

    positionnement souvent ngatif vis--vis de lcart la norme (exemple de la pratique

    1 Cet article est une version remanie et largie dune communication faite au colloque de lACEDLE de janvier 2008 lUniversit Marc Bloch de Strasbourg. Nous remercions lIUFM de lAcadmie dAmiens pour le financement allou pour la participation ce colloque.

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    stigmatis des patois) et pour finir des reprsentations ngatives (cest--dire simplifies et

    strotypes) des langues trangres.

    Ce sont ces dernires que nous qualifions de reprsentations-obstacles, sachant que toute

    reprsentation ne ressortit pas forcment au strotype ngatif, comme lont montr nombres

    de recherche, notamment en psychologie sociale, en sociologie et dans les tudes littraires

    (Amossy & Herschberg Pierrot, 2005). Le postulat de dpart tait que ces professeurs en

    devenir ou dbutants, laube dune carrire ddie lducation (notamment lducation la

    diversit), entretiennent des rapports quelque peu difficiles avec ce que lon pourrait

    globalement qualifier daltrit linguistique.

    Aussi, le but de cette recherche est, terme, multidimensionnel : il est en effet la fois

    descriptif (faire un tat des lieux), il est analytique et explicatif (tenter didentifier les causes

    de la formation de certaines reprsentations) et pour finir, il a une vise prospective et

    formative, en ce sens quidentifier les consquences de ces reprsentations sur la pratique du

    terrain (enseignement/apprentissage) permettra de trouver des modalits et des stratgies de

    contournement des obstacles.

    2. Mthodologie

    2.1. Corpus nordiste

    Avant de pouvoir agir sur les pratiques de terrain, il convient de se faire une ide de la

    situation, de cartographier lespace reprsentationnel, pour ainsi dire. Ainsi, loutil de

    production des donnes, ici le questionnaire, doit tre considr comme le pendant de ltude

    sur le terrain. Ainsi, en 2006, dans lAcadmie de Lille, le questionnaire se composait de 30

    questions de diffrentes formes (fermes, choix multiples ou chelonnes) dont neuf

    questions mixtes et dune liste de 9 langues sur lesquelles on demandait aux participants de

    sexprimer en quelques lignes.

    Comme le questionnaire avait pour objectif de dvoiler des considrations pilinguistiques2 et

    reprsentationnelles des candidats au CRPE, les sous-ensembles sur lesquels les rpondants

    2 Dans cet article, nous employons ladjectif "pilinguistique" pour faire rfrence aux positionnements explicites vis--vis des langues, en termes de statuts et selon des critres esthtiques, par exemple, ou encore par rapport des discours sinscrivant dans une vision essentialiste associant langues et conduites ethno-identitaires. Ladjectif "mtalinguistique" fait en revanche ici rfrence aux positionnements et aux discours sur la langue elle-mme, dans ses aspects formels et structurels (par ex. les dclinaisons, temps et aspects, lorthographe, etc.).

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    taient interrogs concernaient les dterminants sociaux (sexe, ge, lieu dhabitation,

    scolarit) ; les pratiques linguistiques (langues parles, cours de langues suivis, sjours

    ltranger, frquentation de non-francophones) ; les pratiques "mdiatiques" dans les langues

    autres que le franais (lecture, coute de la radio, visionnage de la tlvision, utilisation de

    linternet) ; la pratique dialectale (attitudes vis--vis des parlers picards) ; le rapport

    immigration/langue(s) ; les langues vivantes trangres dans le systme scolaire (en termes

    qualitatifs et quantitatifs) ; et, pour finir, des commentaires libres sur les neuf langues

    suivantes : langlais, lallemand, lespagnol, larabe, le portugais, le russe, le chinois, le

    nerlandais et le latin.

    En 2005-2006, 275 questionnaires ont t rcuprs auprs dtudiants inscrits au module

    obligatoire de langue vivante trangre des centres IUFM de Douai (Nord) et dArras (Pas-de-

    Calais), soit environ 70 % des tudiants cibls. Au total, seuls 29 questionnaires provenaient

    de rpondants masculins, reflet de la large majorit fminine dans les IUFM. Les anglicistes

    constituaient 166 questionnaires, alors que les hispanistes avaient produit 81 questionnaires et

    les germanistes 28 questionnaires.

    Pour garantir la transfrabilit des analyses la population source de lenqute (Martin, 2005)

    et pour ne pas rduire peau de chagrin les corpus de germanistes et dhispanistes, ces

    chiffres ont fait lobjet dune manipulation statistique afin dassurer la reprsentativit de

    chacune des trois langues "majeures" enseignes dans lacadmie de Lille (cf. Forlot 2006

    pour de plus amples dtails mthodologiques). Nous avons ainsi obtenu la rpartition

    suivante, hommes et femmes mlangs : 174 personnes, dont 107 anglicistes (61,5% des

    interrogs), 28 germanistes (16 %) et 39 hispanistes (22,4 %).

    2.2. Corpus picard

    Lenqute a t poursuivie en 2007 dans lacadmie dAmiens, notamment Beauvais,

    important centre IUFM charg de la formation des professeurs stagiaires. 133 enseignants

    dbutants (professeurs des coles stagiaires, communment appels PE2) ont t interrogs.

    Ceci constitue prs de 65 % du total des stagiaires inscrits dans ce centre et venant des trois

    dpartements de lacadmie (Somme, Aisne et Oise). Pour des raisons logistiques inhrentes

    au fonctionnement du centre IUFM, tous les stagiaires taient inscrits au module danglais au

    moment de la passation du questionnaire.

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    Le questionnaire consistait en une vingtaine de questions chelonnes, sur le modle utilis en

    psychologie sociale : chaque rpondant exprimait, sur une chelle de 5 points, son accord ou

    son dsaccord avec une affirmation donne sur les thmes suivants : (1) leur perception de

    leur niveau de comptences en LVE au collge et au lyce ; (2) leur apprciation de la langue

    anglaise, de la culture anglaise/britannique et de la culture amricaine ; (3) leur perception des

    raisons expliquant la russite ou le dveloppement de comptences en LVE ; (4) leur

    perception de linstitutionnalisation des LVE lcole3 ; (5) leur perception de la facilit ou

    de la difficult des LVE et de la proximit entre anglais et franais.

    lissue de ces questions aux rponses chelonnes, les professeurs stagiaires tous

    anglicistes de facto taient invits livrer leurs commentaires sur les langues suivantes,

    peu prs comme leurs collgues du Nord-Pas de Calais lavaient fait un an auparavant :

    langlais, lallemand, lespagnol, litalien, larabe, le portugais, le chinois, le russe, le latin et

    le picard, langue de France (au sens de Cerquiglini, 2003) que partagent, quelques

    diffrences dialectale prs, les locuteurs de Picardie et du Nord-Pas de Calais (et que ces

    derniers appellent communment "patois" ou "chti").

    3. 1er constat : un accs limit la diversit linguistique

    Parmi les obstacles identifis dans les deux parties de ltude, et plus particulirement celle

    mene dans lacadmie de Lille parce que le questionnaire se prtait davantage ce genre

    danalyse , nous avions constat que les pratiques langagires des candidats au professorat

    de coles se rvlaient peu ouvertes sur la diversit linguistique (cf. Forlot, 2006 : 125-126).

    Nous avions mis en lumire trois types de carences que nous pourrions qualifier

    d"alterlinguistiques"4 : labsence de pratique linguistique "trangre" au domicile5, des

    sjours peu nombreux dans des pays trangers et une exposition trs faible aux mdias et

    linternet en langues trangres.

    3 Son nouveau statut de discipline obligatoire lcole, la tendance au tout anglais, la question de son enseignement la maternelle, lapprentissage des langues de limmigration 4 Cet adjectif sentend ici comme "marqu par lexprience du contact laltrit et la diversit linguistique". Pour une approche complte de ce concept, voir Robillard, 2008. 5 Les guillemets visent rappeler ici quen fait, beaucoup de rpondants ont au moins une pratique patoisante en comprhension, mais ne la considrent que rarement comme trangre. Cf. Forlot 2006 pour un dveloppement sur le sujet.

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    3.1. Une pratique des langues trangres peu frquente

    Le taux trs faible de rpondants immigrs eux-mmes ou issus de la migration (8 rponses

    positives, soit 4,6 % de lchantillon) est sans doute reprsentatif de la population candidate

    au CRPE et laisse supposer que les pratiques linguistiques interpersonnelles dclares, au

    foyer, ltranger et dans les relations sociales demeurent modres. Pour vrifier cette

    hypothse, nous avons analys les rponses concernant la pratique dune autre langue que le

    franais au foyer en affectant chaque rponse un code reprsentant lintensit de chaque

    pratique dclare. Ainsi, on obtient une fourchette de "scores" de 0 2, dans laquelle le score

    0 quivaut "aucune pratique". Le score 1 signifie que le rpondant parle une LVE la

    maison, jusqu concurrence de 50 % du temps. Pour finir, le score 2 est attribu aux

    rpondants qui dclarent parler plus de la moiti du temps dans une LVE au domicile.

    Le tableau suivant prsente les rsultats, rvlant une moyenne de scores de 0,7 :

    Les rpondants Score attribu Nombre et pourcentage

    Ne parlent pas dautre langue au foyer 0 162 (93,1%)

    Parlent une autre langue, de rarement

    la moiti du temps

    1 11 (6,3%)

    Parlent de la moiti du temps tout le

    temps

    2 1 (0,5%)

    Moyenne des scores : 0,7

    Tableau 1 Pratique dclare dune langue trangre au foyer (n = 174).

    3.2. Une faible frquence du contact "alterlinguistique"

    Dans le mme questionnaire, deux questions interrogeaient les participants sur leurs sjours

    ventuels ltranger (voir tableau 2, ci-dessous) et sur leur frquentation de personnes dont

    le franais nest pas la langue premire. Lobjectif de cette partie du questionnaire tait

    dvaluer si des voyages ltranger et les contacts directs avec des non francophones sont

    susceptibles de compenser une pratique individuelle familiale monolingue.

    Lhypothse de dpart, celle dun faible contact, a pu tre confirme, savoir que les

    tudiants-professeurs des coles interrogs sont rarement enclins interagir avec des non

    francophones : 34 dentre eux, soit 9,7 % dclarent avoir interagi au moins une fois par

    semaine pendant plus de 2 semaines avec un locuteur non francophone.

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    En ce qui concerne les sjours ltranger, le score moyen (entre 0 et 4) tait de 0,98, soit

    lgrement en dessous de la rponse type "un ou plusieurs sjours de 3 jours 3 semaines".

    La majorit de ces sjours, dailleurs, se rvlent infrieurs une dizaine de jours et sont,

    nen pas douter, des sjours de vacances (pour de plus amples dtails statistiques, voir Forlot

    2006). On notera tout de mme que les dures de sjour suprieures 8 semaines taient deux

    fois suprieures parmi les germanistes et les hispanistes. Les causes de cet tat de fait sont

    difficiles circonscrire et sont probablement multiples, de nature sociale et politique, sans

    lien convaincant avec la langue trangre pratique.

    Il est sans doute raisonnable de rester prudent quant aux effets de ces sjours plus ou moins

    longs ou frquents et donc de ce contact accentu. En effet, lhypothse que le contact intense

    permet de diminuer la formation des strotypes a t infirme dans certains travaux de

    psychologie sociale, notamment par les thoriciens du conflit social (Sherif & Sherif, 1969).

    Dautres ont mme avanc que dans certains cas, le contact pouvait accentuer le strotypage

    (Ladmiral & Lipiansky, 1989).

    3.3. Lusage des mdias comme exposition la diversit ?

    Par lusage des mdias, on entend ici la confrontation une partie ou tous les moyens de

    diffusion dinformations extrieures la vie quotidienne de chaque participant lenqute. Il

    pouvait donc sagir de journaux, de radio, de tlvision ou dinternet, en loccurrence en

    langues trangres. Ici, lhypothse nest pas, comme on vient de le dire, quil y a une

    corrlation entre la frquence de lexposition aux mdias et la formulation de strotypes

    sociolinguistiques ngatifs, mais plutt que la pratique mdiatique est un indicateur dintrt

    pour des pratiques langagires diffrentes.

    De surcrot, comme on sait que loffre des mdias en langues trangres par les crneaux

    classiques de la distribution est plutt limite, on considrera le choix davoir recours ces

    mdias en langues trangres soit au bas mot comme la qute explicite dun maintien ou

    dun dveloppement de comptences linguistiques, soit comme un positionnement

    interculturel affirm.

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    Taux moyen de pratique Total : Nombre et % du nombre total

    aucune pratique 76 (43,7 %)

    Pratique trs rare 74 (42,5 %)

    Pratique rare mensuelle 18 (10,3 %)

    Pratique courante frquente De bimensuelle hebdomadaire 6 (3,4 %)

    Tableau 2 Pratiques dclares dusage des mdias crits, radiodiffuss, tlviss et en ligne en langues trangres

    La lecture du tableau rvle que lessentiel des pratiques dclares dusage des mdias se

    situent des taux faibles, de lusage inexistant un contact rare dun ou deux mdias. Dans le

    codage des rponses, les pratiques "rare" et "trs rare" correspondaient respectivement aux

    rponses "une deux fois par mois" et "rarement". Les tudiants-professeurs ltude peuvent

    donc tre dcrits comme des usagers des moyens de communications francophones (ou

    doubls, pour ce qui est des missions tlvises et des uvres cinmatographiques). Cela

    reflte aussi certainement une tendance, dans leurs pratiques quotidiennes, considrer

    comme marginale louverture une altrit linguistique et de se soumettre une idologie

    linguistique monolingue hrite de diverses traditions centralisatrices et unificatrices

    franaises. Ces traditions ont particip de la construction de la nation franaise et des attributs

    mythologiques qui en constituent le pendant linguistique : le franais comme langue nationale

    (Balibar, 1993 ; Baggioni, 1997a ; 1997b), le monolinguisme et sa construction idologique

    (Achard, 1987 ; Boyer, 2000, 2003 ; Blanchet, 2004).

    On sait que cette idologie a des consquences notoires sur le positionnement dune majorit

    de Franais face la pratique et lapprentissage des langues trangres (Dabne, 1994 ; 1997).

    Il parat certain que ces attitudes ne sont pas sans poser de problme une poque o un autre

    discours circule en Europe : celui du plurilinguisme. La question qui se pose alors ici est

    dimportance, car nous sommes au cur mme du dispositif denseignement et

    dapprentissage scolaires : les professeurs des coles, dans leur grande majorit, nchappent

    pas au monolinguisme, par manque de comptences dclares tout du moins tout autant

    que par idologie subie, alors que lon constate aussi chez nombre dentre eux la tendance

    accompagner leur pratique linguistique dun discours pourtant bien actuel insistant sur la

    ncessit dapprendre des LVE.

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    Ce paradoxe sexplique par la tension entre des instructions officielles de plus en plus

    explicites sur le rle quils doivent jouer dans louverture des enfants du primaire aux langues

    et aux cultures des autres et leurs propres positionnements pilinguistiques, forges tout au

    long de leur scolarit et reposant en grande partie sur des reprsentations des langues que lon

    pourrait qualifier d"hyper-normatives". Cette tension, outre quelle est sans doute gnratrice

    dune inscurit linguistique accentue, cre et entretient aussi une posture contradictoire vis-

    -vis des apprentissages langagiers, posture qui ressortit en grande partie une forme de

    "schizolinguisme"6.

    4. 2e constat : des reprsentations pilinguistiques en forme dobstacles

    4.1. Une perception culturellement et historiquement situe

    Des recherches ont dj montr (Boyer, 2003 ; Auger & Clerc, 2006, entre autres) que les

    perceptions des langues renvoyaient souvent une vision globalisante du peuple (ou du pays)

    dans ses aspects souvent ngatifs. On peut considrer cette perception comme ethnoculturelle.

    Aussi, lespagnol jouit ici dun capital de sympathie qui joue certainement en sa faveur tout

    autant que sa prtendue utilit sur le march des langues dans le monde. Cette langue est ainsi

    considre comme "chaleureuse"7, "enjoue", "joyeuse", "sensuelle". Elle fait frquemment

    penser au soleil, aux vacances, au flamenco, la fte (cf. Angousture, 2004 ; Auger & Clerc,

    2006) Au contraire, lallemand est souvent associ la duret, la svrit ; cest aux yeux

    de beaucoup une langue "agressive", "froide", voire "militaire". La sympathie que gnre le

    picard est relle dans les deux rgions tudies, mais les discours sollicits sont trs souvent

    limage de ce que lidologie monolingue a construit des parlers rgionaux : le picard est

    "amusant", "rigolo" ; il est "sympathique" mais "campagnard", "rustique", cest une langue

    qui "fait pquenot".

    6 En avril 2008, lors dune intervention au sminaire de recherche de lquipe DYNADIV de lUniversit Franois-Rabelais de Tours, nous avons propos de dfinir "le schizolinguisme la franaise" comme une caractristique pilinguistique de(s) pratiques et reprsentations contradictoires dacteurs sociaux conscients de lexistence dun bilinguisme ou dun plurilinguisme quelles quen soient lintensit et la forme dans lespace les environnant. Ces acteurs sociaux ont une conduite schizolingue quand ils sont incapables de transgresser la vision monolingue de lespace social que leur histoire et leur ducation a construite. 7 Toutes les expressions entre guillemets visant dcrire les langues sont des citations extraites des discours des rpondants.

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    Parmi les onze langues soumises aux commentaires des rpondants des deux acadmies, deux

    font lobjet de peu dvaluations de nature historique et culturelle : langlais et larabe. La

    premire est rarement ou de plus en plus rarement considre comme directement

    rattache un peuple, mais plutt une pratique langagire quasi-mondialise. Dans le

    second volet de la recherche, en Picardie, seuls 6,7 % des rpondants donnent une rponse de

    nature ethnoculturelle. La langue arabe, quant elle, fait lobjet de peu de commentaires ou

    en tout cas de commentaires prudents, vitant les jugements de nature ethnique, historique ou

    culturelle.

    4.2. Un strotypage pilinguistique persistant

    Comme on pouvait sy attendre, le corpus rvle une srie de reprsentations "classiques",

    notamment pilinguistiques, concernant diverses langues. La langue y est ici soit perue en

    elle-mme, dans ses dimensions typologiques et formelles, soit en tant quobjet

    dapprentissage.

    4.2.1. La langue en elle-mme : laspect formel et la dimension esthtique

    L aussi, lespagnol jouit dune bonne opinion, avec une large majorit dopinions favorables

    sur ce que les rpondants estiment tre sa "beaut", sa "douceur", sa "mlodie", son "rythme"

    (53 items). Langlais, lui aussi, est qualifi de "fluide" et de "mlodieux" et on signale souvent

    sa "musicalit" et sa "souplesse". Sans surprise, les rpondants font de frquentes allusions

    la graphie diffrente de larabe et du chinois. On souligne aussi la beaut prsume de ces

    graphies.

    Inversement, deux langues sont dcrites comme tant laides, dures et inlgantes, soit

    intrinsquement (lallemand) soit parce quon peroit en elles rien de plus quune dformation

    du franais ou un parler peu raffin : cest bien sr le cas des parlers picards, dans les deux

    rgions tudies. Le picard est souvent et paradoxalement considr comme un attribut de

    la richesse culturelle de la rgion et du patrimoine, mais estim trs laid et "fautif" vis--vis

    dun franais norm dont les rpondants supposent dailleurs souvent quil en est un rejeton

    rural et incorrect. Certains stonnent mme lide que le picard puisse se trouver dans la

    liste de langues sur lesquelles on les interroge, comme en tmoigne ces trois extraits : "ce

    nest pas srieux", "pourquoi cette question ? ", "ce nest pas une langue ! " (cf. aussi

    Landrecies, 2001).

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    4.2.2. La langue en tant quobjet dapprentissage vcu ou reprsent

    Parler dune langue, cest souvent discourir sur des expriences vcues dapprentissage. Les

    professeurs des coles nchappent pas cette rgle, bien sr, en rendant compte de leur

    propre exprience ou en digressant sur celle suppose des autres. Dans ce domaine, un

    grand nombre de fantasmes persistent, comme celles de lespagnol facile et de lallemand

    difficile. Certes, les tenants de la didactique des langues par la proximit typologique et

    lexicale (Klein & Stegman, 2000 ; Klein, 2004 ; Robert, 2004, 2008) trouveront ici du grain

    moudre, tant ces images perdurent. Langlais est peru comme une langue dichotomique cet

    gard : langue facile si lon veut exprimer des choses simples et lcrit, elle est considre

    par une majorit dinterviews comme plutt difficile loral.

    De son ct, lallemand, mme parmi les non germanistes, est (irrmdiablement ?)

    considre comme "difficile", "complexe", surtout en grammaire, du fait de sa "syntaxe

    complique" et de ses redoutables "dclinaisons". Ceci rappelle ce que nous disions plus

    haut : les considrations hyper-normatives hrites dune idologie de la puret et de

    lunicit de la langue ont eu un impact non ngligeable sur lenseignement des langues

    vivantes : cest ainsi que pour les apprenants que furent les PE1 et PE2 interrogs, certains

    phnomnes linguistiques, tels les nuances aspectuelles en anglais et les dclinaisons en

    allemand, sont vus comme les premiers obstacles la communication, hritage dune sur-

    focalisation sur lusage de formes quasi-livresques de la langue.

    linverse, bien sr, les langues que les rpondants identifient comme proches du franais,

    telles que lespagnol, litalien et le portugais, sont au contraire considres en termes de

    facilit dapprentissage.

    4.3. Une conception utilitaire, ou la langue comme capital

    Dans les discours sur les langues, il est frquent dentendre parler de lutilit de certaines

    langues qui vhiculent un capital sur un march dchanges de diverses natures. Bien entendu,

    on pense avant tout langlais. Si les rpondants ne livrent que peu de commentaires sur les

    caractristiques pilinguistiques ou mtalinguistiques de langlais, cette langue est en

    revanche perue, dans 76 % des questionnaires, comme "indispensable", "incontournable",

    "essentielle" parce qu"internationale", "universelle". Certains voquent mme sa domination

    "crasante", son "hgmonie" sur le march des langues, en France ou travers le monde.

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    Dans les discours des professeurs stagiaires, deux langues mergent par leur importance de

    nos jours : lespagnol et le chinois. Toutefois, cette conception instrumentale de la langue

    demeure, lexception de langlais, plutt modeste. Cela sexplique en partie par le cursus de

    ces enseignants, marqus la fois par des objectifs denseignement peu axs sur le monde du

    travail8, mais aussi par une assez faible exposition laltrit linguistique, comme nous

    lavons dmontr ci-dessus. Lallemand, on pouvait aussi sy attendre, fait lobjet de peu de

    commentaires concernant son utilit, sans doute parce quelle ne convainc pas les rpondants,

    mais aussi srement parce que lespace reprsentationnel de cette langue est occup par les

    commentaires pi et mtalinguistiques.

    4.4. La langue en tant quoutil et vhicule identitaire

    Dans les corpus nordiste et picard, deux langues ne sont quasiment jamais associes une

    conception utilitaire : larabe et le picard. Il semble que ces deux langues assument une

    fonction communicative communautaire : larabe, frquemment peru9 comme la langue que

    partagent les gens et plus spcifiquement les lves et les parents issus de limmigration

    maghrbine et le picard, considr comme utile dans le cadre de la communication

    intracommunautaire ou patrimoniale, par exemple dans lusage familial ou dans lutilisation

    symbolique (et sporadique) pour affirmer son appartenance rgionale ou identitaire.

    Le picard semble ici assumer ce rle identitaire de faon assez forte, mais de faon quelque

    peu paradoxale : la fois considr comme un parler laid et souvent incorrect (cf. 4.2.1 ci-

    dessus) par une majorit dinterrogs, il est aussi lobjet de frquentes rfrences la famille,

    la survie du patrimoine, lhistoire rgionale. Parce que ce point mrite de plus amples

    dveloppements et parce que les limites de cet article nous obligent diffrer lanalyse

    approfondie dans des publications ultrieures, nous dirons ceci brivement : les attitudes

    sociolangagires des professeurs interrogs dans le Nord-Pas de Calais et en Picardie insistent

    sur la ncessit de prserver lidentit linguistique rgionale travers la pratique du picard,

    mais elles soulignent aussi les dangers de lenseignement de cette langue pour lapprentissage

    de la langue dite "nationale", le franais (voir aussi Dawson, 2004). Ce positionnement est

    8 Position logiquement lgitime par les textes officiels du primaire, qui misent sur louverture culturelle plutt que sur la capitalisation de ces comptences linguistiques sur un march du travail lointain pour ces enfants.. 9 De faon sans doute un peu simplifie, la fois parce que cette conception ne tient pas compte des importantes diffrences dialectales entre les variantes de larabe, mme au Maghreb, mais aussi parce que certains jeunes issus de limmigration maghrbine ne parlent pas larabe (cf. Billiez & Dabne, 1984 ; Hambye & al., 2007).

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    dautant plus paradoxal que nous avons montr (cf. ci-dessous et Forlot, 2006) que pour ces

    professeurs, lcole est au cur des apprentissages linguistiques.

    Nous terminerons ce portrait pilinguistique en notant que les rfrences faites lallemand

    comme langue du peuple allemand, notamment en lien avec les premire et seconde guerres

    mondiales ou avec le nazisme, ont presque disparu (4 items sur 307 rpondants, soit 1,3 % des

    interrogs) et quune autre caractristique quasi-identitaire ressort plus frquemment : celle de

    la langue scolaire des bons lves, des bonnes classes. Cette reprsentation, comme celles

    lies la difficult ou la facilit suppose de telle ou telle langue, sexpliquent en partie

    dans le fait que nombre dinterrogs, a fortiori des professeurs stagiaires ou des candidats au

    concours de lenseignement, peroivent les langues comme une prrogative essentiellement

    scolaire : leurs reprsentations, renforcs par leurs pratiques alterlinguistiques limites (cf. ci-

    dessus), font de lcole le lieu unique o les langues sacquirent et, pour la plupart des

    rpondants, se pratiquent.

    5. Quelques pistes pour dconstruire ces reprsentations-obstacles

    5.1. Dvelopper une culture sociolinguistique et une conscientisation

    mtalinguistique

    Au vu de ces rsultats quantitatifs et aprs lanalyse des discours reprsentationnels, on peut

    sinterroger sur la culture sociolinguistique et la conscience mtalinguistique souvent limites

    des professeurs des coles interrogs. Leur formation universitaire ne semble leur donner

    accs qu une reproduction de schmas normatifs qui ne leur autorisent que peu de prises de

    distance vis--vis des pratiques langagires. Si le discours didactique insiste depuis longtemps

    sur la diffrence thorique et pratique entre la faute et lerreur, beaucoup de jeunes

    enseignants nassimilent finalement que la nuance thorique et reproduisent des schmas

    auxquels eux-mmes ont t soumis dans leur cursus universitaire et, plus encore, dans leur

    parcours de candidats au CRPE10. Pour contribuer la dmonstration, nous proposons

    quelques exemples de perceptions didactiques encore entretenues par les jeunes enseignants,

    du primaire comme du secondaire.

    10 Il suffit, pour sen convaincre, de voir les modalits de lpreuve de langue vivante, consistant ni plus ni moins en la reproduction dune valuation de lyce ou duniversit, dtache de tout contexte scolaire et/ou didactique. Le moins que lon puisse dire, cest que ce type dpreuve napporte que peu de comptences didactiques, mtalinguistiques et sociolangagires aux futurs professeurs des coles.

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    5.1.1. Exemple 1 : Lutter contre une vision approximative de la proximit des

    langues

    Il sagit pourtant dune caractristique linguistique faire fructifier en milieu dapprentissage

    captif. Le corpus rvle cependant un certain nombre de positionnements reprsentationnels

    qui semblent entraver laccs serein lapprentissage des langues. Une majorit des PE2

    interrogs, 73 % du corpus picard, peroivent par exemple langlais comme une langue

    fortement loigne du franais, pour deux raisons : (a) elle est, plus ou moins juste titre,

    place dans leur savoir mtalinguistique, dans le groupe des langues germaniques, alors

    quelle est forte composante lexicale romane (cf. Crpin, 1967 ; Walter, 2001; Robert,

    2008 ; Forlot & Beaucamp, 2008) ; (b) le lexique de langlais, quand il est reprsent comme

    tant proche de langlais, est davantage associ un danger qu un avantage.

    En ce sens, la notion de "faux amis" a pris le pas sur les avantages lis la proximit lexicale

    (notamment la transparence crite) et, largement surestime (Klein, 2007), elle sest installe

    dans limaginaire des apprenants dont nos rpondants anglicistes comme tant la

    caractristique essentielle du lexique des langues trangres. Ce rflexe nest pas propre aux

    anglicistes. Il provient de processus dapprentissage linguistiques dans lesquels ont longtemps

    prvalu (et nous gageons que cest encore le cas) la hantise que la premire langue joue un

    rle dinterfrence ngative et gnre ainsi des sries derreurs interlinguistiques (Dabne,

    1994), les fameux "faux-amis". Aussi, la langue sapprend-elle en cloisonnement total des

    autres, comme si llve-apprenant de L2 tait vierge linguistiquement (Forlot & Beaucamp,

    2008).

    5.1.2. Exemple 2 : Dpasser la vision lexicaliste et "hyper-grammaticale" de

    la langue

    Ceci paratra tantt vident aux tenants de la mthode communicative, tantt scandaleux aux

    partisans du retour un apprentissage prtendument structure et lexicalement enrichissant de

    la langue (Bentolila, 2007). Mais il ne sagit pas de dire ici que lon doit ou que lon peut

    apprendre une langue sans apprendre son lexique et sans construire des phrases avec sa

    syntaxe. ll sagit plutt de contrecarrer une conception "classique" de la langue trangre o la

    mthode denseignement, subie par ces PE1 et PE2 eux-mmes jusqu luniversit, reposait

    pour lessentiel sur de lapprentissage par cur donc dcontextualis de rgles et de listes

    de mots lexicaux ou grammaticaux. En guise dexemple, on citera les nombreux

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    commentaires des rpondants au sujet de la longueur quasi-rdhibitoire des mots de

    lallemand, alors quune conceptualisation mtalinguistique saine offrir aussi aux non

    germanistes leur aurait enseign quil ne sagit l que de compositions lexicales et dun

    artifice de la transcription graphique de cette langue.

    La grammaire, bien sr, nest pas en reste : quand on interroge les PE2 sur la grammaire de

    langlais, les rponses portent essentiellement sur la question du present perfect, alors que

    ceux sur lallemand portent sur les dclinaisons. Cette sur-focalisation sur les formes perues

    comme difficiles, reproduite par des gnrations denseignants de langue, ont contribu leur

    tour crer des effets dinscurit linguistique (la peur de la "faute") et renforc une vision

    hyper-normative de futurs enseignants du primaire refltant encore lidologie monolingue

    dont nous parlions plus haut.

    Ceci explique sans doute que de nombreux professeurs du primaire, face aux dfis que

    constitue lenseignement des langues trangres lcole, raisonnent surtout en termes de

    difficults, comme sil sagissait de la caractristique essentielle de lapprentissage

    linguistique. Dans le corpus picard par exemple, 86 % des enseignants interrogs estiment

    quil existe, dans labsolu, des langues plus difficiles que dautres. Forgs dans la culture de la

    norme et de la difficult de sy conformer, il est donc logique que 83,5 % dentre eux

    considrent le franais comme une langue difficile apprendre pour un tranger.

    5.2. Agir par tapes pour corriger les reprsentations-obstacles

    La formation des enseignants du primaire et moyen terme de ceux du secondaire

    gagnerait reposer sur quelques tapes visant forger des reprsentations renouveles des

    langues et de lapprentissage linguistique. Nous en proposons quatre.

    5.2.1. La prise de conscience de lexistence des reprsentations

    On ne contestera pas que les reprsentations sont bel et bien ncessaires dans la structuration

    du rel et la construction de lidentit (Amossy & Herberg Pierrot, 2005). On soulignera

    toutefois que les formations linguistiques des enseignants du primaire (et du secondaire)

    consistent souvent identifier les reprsentations des lves11, alors que les enseignants eux-

    mmes, comme nous lavons montr, ont des conceptions pilinguistiques qui nous paraissent

    11 Voir labondante littrature existant ce sujet dsormais, par exemple UNESCO, 1995 ; Matthey, 1997 ; Moore, 2001.

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    faire obstacle. Une piste exploiter serait la propre conscience, en discours, que ces

    enseignants ont de leurs strotypes sociolinguistiques. Voici deux exemples qui pourraient

    servir de points de dpart une dconstruction des reprsentations-obstacles :

    a) "litalien, jai trop de clichs sur cette langue" (PE2, corpus picard).

    b) "on parle portugais en rajoutant des 'y' et des 'ch', genre 'yest chui portugaich' mais a

    doit pas tre vraiment a" (PE1, corpus nordiste).

    5.2.2. Lidentification de la nature de ces reprsentations

    partir de ce travail didentification, il serait envisageable de construire avec les enseignants

    des typologies de strotypes leur permettant de prendre de la distance vis--vis de ceux-ci.

    Par exemple, on peut recenser les domaines strotypiques suivants (cf. Forlot, 2006):

    a) la langue et ses supposes vertus intrinsques (lespagnol et litalien = mlodieux ;

    lallemand = guttural cf. Yaguello, 2004);

    b) la langue comme reflet plus ou moins positif de la culture (par ex., lespagnol = le

    flamenco ; litalien = la pizza cf. section 3.1. ci-dessus);

    c) les reprsentations de nature ethnolinguistique (par ex. larabe = les immigrs ; langlais =

    snob ou lgant ; lallemand = austre, svre);

    d) les reprsentations heuristiques des langues (par ex. le latin = utile pour le franais ;

    lallemand = langue de la rigueur, qui peut remplacer les mathmatiques), etc.

    5.2.3. La formation l"arbitraire esthtique" de la langue

    Devrait sensuivre une double formation mtalinguistique : il conviendrait dinsister la fois

    sur ce quon pourrait nommer larbitraire esthtique des langues et sur la construction

    contextualise des opinions sur celles-ci. Cela serait par exemple de dire que langlais nest

    pas "snob", que lespagnol nest pas "ensoleill" ou que lallemand nest pas "austre", mais

    que ce sont les cours que lon a reus, au collge surtout, qui ont fabriqu ces images12.

    12 Par exemple dans les manuels utiliss (cf. Auger, 2003 et Kotul 2003), ou encore les thmatiques abordes en classe. Les sentiments dun snobisme anglais et dune austrit allemande voqus plus haut sont, aux dires de professeurs stagiaires rencontrs lissue de cette enqute, issus de thmatiques redondantes dans leurs scolarits, telles que les aristocratiques public schools britanniques ou la svrit du rgime est-allemand.

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    5.2.4. La capitalisation de certaines reprsentations

    Enfin, il sagirait de mettre profit ce qui parat trange lapprenant en vue prcisment de

    le mmoriser. Par exemple, on peut montrer, dans une sensibilisation au plurilinguisme, que

    les sons qui paraissent difficiles aux apprenants francophones, comme le redout dvois

    de langlais (//), se retrouve aussi en espagnol (dEspagne), ou encore que certains sons que

    les Franais peroivent comme dsagrables loreille ne sont pas cantonns certaines

    langues : le /x/ de lallemand (par ex. : achtung, lachen), qui contribue sans doute la vision

    de duret que projette cette langue, se retrouve aussi frquemment dans bien dautres langues,

    comme larabe, le nerlandais, les langues celtiques, ainsi que dans une des langues que les

    interrogs classent prcisment parmi les plus mlodieuses et euphoniques : lespagnol. (par

    ex. : Juan, lejos).

    6. Pour conclure, quelques orientations didactiques lusage du "lgislateur ducatif"

    Nous avons vu que les premiers acteurs chargs de lenseignement des langues en France, les

    professeurs des coles, taient encore fortement sous linfluence de reprsentations qui ne

    paraissent pas faciliter ni garantir le dveloppement dun plurilinguisme en France. Or, depuis

    quelques annes, les directives pdagogiques officielles insistent sur le dveloppement de

    cette "philosophie", explicitement ou implicitement en relation avec la mondialisation

    croissante et le dveloppement dune Europe unie. Toutefois, malgr les efforts des

    chercheurs et pdagogues dans le domaine, le plurilinguisme ne peut natre de lui-mme. Au

    contraire, il se cre avant tout dans limaginaire sociolangagier collectif.

    De ce fait, si les programmes dveil aux langues misent sur lapprentissage de la diversit

    linguistique par les enfants (Candelier, 2003 ; Kervran, 2006, entre autres), il semble essentiel

    dinitier les enseignants des programmes du mme type, sous peine de voir se reproduire et

    perdurer des positionnements strotypiques vis--vis des diverses langues de lespace

    scolaire. En dautres termes, la premire priorit de lcole est sans doute la reconnaissance de

    sa propre htrognit linguistique (Castellotti, 2008), et une formation adquate des jeunes

    enseignants, avant que ceux-ci ne soient eux-mmes chargs de former un veil au

    plurilinguisme dont ils ne sont sans doute pas tous convaincus.

    En second lieu, il faut se donner les moyens de ses ambitions : linstitution scolaire appelle

    souvrir au plurilinguisme et dvelopper linteraction orale, tout en donnant finalement peu

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    de marge de manuvre ceux qui veulent faire communiquer en langue trangre. En

    tmoignent depuis des annes les preuves du baccalaurat et les cursus universitaires en

    dehors des filires linguistiques proprement dites pour lessentiel ax sur la comprhension

    et la production crite (analyse textuelle, traduction, littrature).

    En dernier lieu, comment ne pas appeler, tous les niveaux, dsabsolutiser la langue

    (Hambye & al., 2007), objectiver celle-ci, saffranchir dune vision acadmicienne et

    ftichiste de celle-ci (Klinkenberg, 2001), obsessionnellement normative et gnratrice

    dinscurit linguistique et de strotypages dprciatifs ? "Trop de rgionalismes dans les

    performances des candidats", indiquait un rapport de jury du concours de recrutement des

    professeurs des coles en 2005 dans lacadmie de Lille. Si la tolrance laltrit et la

    diversit est une des cls de vote de la construction harmonieuse de notre socit de demain,

    le travail sur les reprsentations sociolinguistiques ne pourra quy contribuer positivement.

    Rfrences

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    propos de lauteur

    Gilles Forlot est depuis 2007 matre de confrences lUniversit de Picardie Jules-Verne

    (IUFM-UPJV) et membre du Laboratoire dtudes sociolinguistiques sur les contacts de

    langues et la politique linguistique (LESCLaP, JE 2466). Il a t chercheur lOntario

    Institute for Studies in Education de lUniversit de Toronto de 1993 1997 puis

    lUniversit catholique de Louvain de 2002 2007.

    Courriel : [email protected]

    Toile : http://www.u-picardie.fr/LESCLaP

    Adresse : Centre IUFM/UPJV, 3 rue Bossuet, 60000 Beauvais, France.

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