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Que peut apporter la neuro-économie à l’économie ? Bernard WALLISER (ENPC, EHESS) Séminaire ‘neuro-économie’ du Collège de France (4 mai 2009)

Que peut apporter la neuro-économie à l’économie ?

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Que peut apporter la neuro-économie à l’économie ?. Bernard WALLISER (ENPC, EHESS) Séminaire ‘neuro-économie’ du Collège de France (4 mai 2009). Introduction. ¤ neuro-économie = analyse des mécanismes cérébraux qui sous-tendent les décisions économiques - PowerPoint PPT Presentation

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Page 1: Que peut apporter la neuro-économie à l’économie ?

Que peut apporter la neuro-économie à l’économie ?

Bernard WALLISER (ENPC, EHESS)Séminaire ‘neuro-économie’ du Collège de France

(4 mai 2009)

Page 2: Que peut apporter la neuro-économie à l’économie ?

Introduction

¤ neuro-économie = analyse des mécanismes cérébraux qui sous-tendent les décisions économiques

→ version étroite de la décision par rapport aux sciences cognitives (cf. perception, mouvement)

¤ par extension, apport des neuro-sciences à la discipline économique

≠ explication du fonctionnement du cerveau en termes économiques (selves multiples, apprentissage)

¤ deux ordres de critiques: - critiques ontologiques (liés à toute discipline transversale) - critiques méthodologiques (liés à toute discipline

expérimentale)

Page 3: Que peut apporter la neuro-économie à l’économie ?

Niveaux d’organisation¤ 4 niveaux d’organisation du réel:- social: collectivités humaines (institutions, organisations)- comportemental: comportements individuels (actions)- psychique: états mentaux individuels (croyances, préférences)- cérébral : activités du cerveau (zones actives)→ niveaux d’emboîtement matériel sauf niveau psychique→ liens avec - les niveaux distingués par D. Marr - l’opposition symbolique/ connectionniste¤ 3 strates reliant les niveaux successifs:- éco-économie - psycho-économie (behavioral economics)- neuro-économie

Page 4: Que peut apporter la neuro-économie à l’économie ?

Concepts de base¤ typologies souvent grossières:- actions : informationnelles, opérationnelles, ….- états mentaux: problème des émotions définies par des listes

sommaires (colère, joie, peur, dégoût, honte, surprise,…)

- signaux physiologiques (pression sanguine, activité électromyographique, ….)

- signaux cérébraux: zones (cortex prefrontal, striatum ventral,…)

+ neurotransmetteurs¤ observabilité non consensuelle: états mentaux non

observables pour les économistes, observables pour les psychologues

observabilité sur le terrain ou en laboratoire (manipulabilité des facteurs, répétabilité des expériences)

→ problème du ‘parallélisme’

Page 5: Que peut apporter la neuro-économie à l’économie ?

Principes de pontage¤ éléments mis en relation à des niveaux différents:

Ex: signal neuronal ------- concept psychologique ?

- concept simple: gain, probabilité

- concept composite (disposition): regret, fairness, aversion au risque

- mécanisme: prévision de conséquence, évaluation de récompense

¤ nature de la relation:

- double expression du même phénomène ou phénomènes distincts? (cf. température vs énergie cinétique des particules)

- relation empirique ou définitionnelle ?

- relation souvent non univoque: différents états psychiques associés à

une même trace cérébrale, différentes zones cérébrales associées à un même état psychique

→ erreur de l’affirmation du conséquent

Page 6: Que peut apporter la neuro-économie à l’économie ?

Transmission par pontage¤ mise en relation de modèles de niveaux différents, grâce au

principe de pontage: modèle rationnel (amendé) | algorithmes cognitifs | mécanismes cérébraux

→ problème de la multi-fonctionnalité des processus¤ possibilité d’évaluation multiple d’un même phénomène: - utilité décisionnelle révélée à partir des actions effectuées - utilité hédoniste ressentie et affichée par le décideur - utilité neuronale construite à partir des signaux du cortex→ problème de la compatibilité des évaluations

Page 7: Que peut apporter la neuro-économie à l’économie ?

Approche idéaliste vs réaliste¤ approche idéaliste en économie- modèle rationnel comme brique élémentaire du collectif- remise en cause si: les hypothèses deviennent formalisables et des conséquences nouvelles apparaissentEx: rationalité limitée, apprentissage

→ modifications successives du modèle rationnel ¤ approche réaliste en neuro-sciences- importance des variations interindividuelles (sexe, âge,…)→ problème de l’universalité et de la stabilité du cerveau- remise en cause s’il existe des biais systématiques (dont les

cas cliniques)Ex: non symétrie entre gains et pertes, situation passive et stratégique

→ choix entre modèles alternatifs d’origine quelconque

Page 8: Que peut apporter la neuro-économie à l’économie ?

Attitudes extrêmes¤ attitude protectionniste- chaque niveau ontologique a ses propres observables et

modèles- isolation de l’économique grâce à la théorie des

préférences révélées (Gul-Pesendorfer)→ limites fortes à cette théorie (états mentaux complexes et

fluctuants)

¤ attitude libérale- les observables d’un niveau peuvent contribuer à tester

les modèles d’un autre niveau- possibilité de substituer et même de mélanger les

variables explicatives→ limites diverses (incommensurabilités des variables, doubles

comptes)

Page 9: Que peut apporter la neuro-économie à l’économie ?

Approche ascendante vs descendante¤ approche projective = descendante de l’économie- test de modèles a priori fournis par l’économie- test simultané d’un grand nombre d’hypothèses→ mais les observations sont toujours déjà prétraitées: Ex: images cérébrales considérées comme des ‘faits stylisés’ (car

les données brutes sont fragiles et bruitées)

¤ approche inductive = ascendante des neurosciences- recherche d’invariants dans les observations cérébrales- sous-détermination des modèles par les faits→ mais les modèles sont toujours déjà contraints: Ex: principes directeurs a priori (qui balisent des classes de modèles

admissibles)

Page 10: Que peut apporter la neuro-économie à l’économie ?

Niveau de confrontation entre les données et les modèles

¤ approche projective:- test de principes: utilités commensurables, indépendance entre

croyances et préférences, distinction risque/ incertitude

- test de modèles: espérance d’utilité, espérance-variance, hiérarchie cognitive, réponse quantale

- test de formes fonctionnelles: attitude face à l’équité

¤ approche inductive:- suggestion de variables explicatives: émotions (‘emotions

matter’) au rôle mal défini

- suggestion de formes fonctionnelles: utilité intertemporelle hyperbolique

- suggestion de conditions d’application: modèle dual (décision contrôlée vs automatique, cognitif vs affectif)

Page 11: Que peut apporter la neuro-économie à l’économie ?

Approche normative

¤ évaluation sociale d’une politique:- nouvelle mesure du bien-être individuel- remise en cause des critères utilitaristes ?→ court-circuit de la description à la prescription (cf. Keynes:’tout

homme politique est la victime d’un neuro-économiste bien vivant’)

¤ guide individuel d’une action:- guider les décisions des agents Ex: neuro-finance (comment gagner en Bourse)

- influencer les décisions des agents Ex: neuro-marketing (comment vendre son produit)

→ risque de manipulation

Page 12: Que peut apporter la neuro-économie à l’économie ?

Conclusion¤ faire un bilan provisoire de la neuro-économie:- ce qui est acquis (avec un certain degré de fiabilité)- ce qui reste controversé- ce qui demeure inexploré¤ définir une stratégie de recherches ‘modeste’ :- bloquer certaines hypothèses pour en explorer d’autres- faire des expériences simples et ciblées- éviter les situations trop complexes (jeux compliqués)¤ respecter les ‘cultures’ disciplinaires- s’abstenir de toute forme d’impérialisme ou d’entrisme- éviter les court-circuits interprétatifs négligeant la

psychologie (grand écart entre cerveau et société)

→ l’arbre sera jugé à ses fruits (‘the ultimate proof is in the pudding’)

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BibliographieBernheim D. (2009): Neuroeconomics: a sober (but hopeful) appraisal, AEJ,Bonnano G., List C., Tungodden B., Vallentine,P. eds (2008): numéro spécial de

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