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Fiche N° 26 : Les disciples face à la persécution et à la haine ; la venue du Défenseur, « l’Esprit de Vérité » (Jn 15,18 – 16,15) La haine du monde (Jn 15,18-16,4a) Nous allons commencer par nous rappeler les différents sens du mot « monde » en St Jean. Quel est-il en : 1 – Jn 1,10, au deuxième emploi du mot en ce verset. Son sens est alors identique à la perspective évoquée en 1,3. 2 – Jn 8,26 ; 3° emploi de Jn 1,10. 3 – Jn 1,29 ; 3,16-17 ; 4,42 ; 12,47 ; seule s’ajoute ici une nuance par rapport au sens précédent… 4 – Jn 12,31 ; 15,18-19 ; 16,33 ; une notion intervenant en 1,5 ; 3,19 ; 12,35 lui est alors presque synonyme… Quel sens prend donc le mot « monde » en Jn 15,18-19 ? Préciser le choix fait par la créature évoquée en Jn 12,31 ; Mt 4,1.5.8… vis à vis de Dieu. Retrouver ce choix possible pour les hommes en Jn 3,19. Que manifeste-t-il sur la condition que Dieu a voulue pour toutes ses créatures (cf. 2Co 3,17 ; 1Co 8,9 ; Ga 2,4) ? D’après Jn 15,25, qui cite les Ps 35(34),19 ou 69(68),5, peut-on rendre compte de ce choix ? D’après Jr 2,5-7 ; 2,13 ; 2,21 ; 2,31 ; 3,19-20 ; 8,5 ; Is 5,4, Dieu Lui-même le

Quelques ouvrages pour travailler St Matthieu

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Fiche N° 26 : Les disciples face à lapersécution et à la haine ; la venuedu Défenseur, « l’Esprit de Vérité »(Jn 15,18 – 16,15)La haine du monde (Jn 15,18-16,4a)

Nous allons commencer par nous rappeler les différentssens du mot « monde » en St Jean. Quel est-il en :

1 – Jn 1,10, au deuxième emploi du mot ence verset. Son sens est alors

identique à la perspectiveévoquée en 1,3.

2 – Jn 8,26 ; 3° emploi de Jn 1,10.

3 – Jn 1,29 ; 3,16-17 ; 4,42 ; 12,47 ;seule s’ajoute ici une nuance

par rapport au sens précédent…

4 – Jn 12,31 ; 15,18-19 ; 16,33 ; unenotion intervenant en 1,5 ; 3,19 ; 12,35

lui est alors presque synonyme…

Quel sens prend donc le mot « monde » en Jn 15,18-19 ?

Préciser le choix fait par la créature évoquée en Jn12,31 ; Mt 4,1.5.8… vis à vis de Dieu. Retrouver ce choix possiblepour les hommes en Jn 3,19. Que manifeste-t-il sur la conditionque Dieu a voulue pour toutes ses créatures (cf. 2Co 3,17 ; 1Co8,9 ; Ga 2,4) ? D’après Jn 15,25, qui cite les Ps 35(34),19 ou69(68),5, peut-on rendre compte de ce choix ? D’après Jr 2,5-7 ;2,13 ; 2,21 ; 2,31 ; 3,19-20 ; 8,5 ; Is 5,4, Dieu Lui-même le

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comprend-il ?

Jésus a donc été confronté à « la haine »… Réponseincompréhensible à son amour pour tous, et notamment pour ceux quile haïssent (cf. Jn 3,16-17 ; Ac 10,38). Et il ira jusqu’au boutde la manifestation et de la mise en œuvre de cet amour parsa passion et sa mort sur la croix… En réponse à toute cette hainequi se déchaînera contre lui, il ne répondra que par l’amour etpar l’offrande de sa vie notamment pour ceux-là mêmes qui lemettaient à mort… Et cette haine n’arrivera pas à le faire changerd’avis : « Son amour envers nous s’est montré le plus fort » (Ps117(116)). C’est en ce sens qu’il a vaincu la haine et manifestéau même moment l’intensité infinie de son amour pour chacund’entre nous… « Il a supprimé en sa chair la haine… Par la croix,en sa personne, il a tué la haine » (Ep 2,14-16).

D’après les quatre versets Jn 15,18.23.24.25, contrequi cette haine s’exerce-t-elle en premier lieu et pourquoi (cf.Jn 7,7) ? « Toi qui n’aime pas les reproches et rejette loin detoi mes paroles » (Ps 50(49),17)… Accepter de reconnaître envérité que certaines de nos actions, de nos attitudes peuvent depas être bonnes est donc le point de départ d’une ouverture decœur à Dieu, à la Lumière de sa Vérité qui est tout en même tempsAmour, Miséricorde, Tendresse, Plénitude de Vie et appel à la Vie…Tel est le seul but qu’il poursuit… Refuser d’accueillir ce trésorest en fait la pire chose qui puisse nous arriver (cf. Rm 6,23)…C’est ainsi que le mal détruit non seulement ceux qui en sontles victimes, mais encore celui qui le commet (cf. Tb 4,13). EtDieu ne supporte pas de voir la destruction de ses enfants. Quelleest en effet sa réaction face à tout cela (cf. Jr 13,17 ; Lc19,41-44) ? A La Salette, dans les Alpes, le samedi 19 septembre1846, deux enfants, Mélanie et Maximin, virent la Vierge Marie,dans « un globe de feu » : « Les mots manquent aux deux enfantspour signifier l’impression de vie qui rayonne de ce globe de feu.Une femme y apparaît, assise, la tête dans les mains, les coudessur les genoux, dans une attitude de profonde tristesse. La belledame se lève. Eux n’ont pas bougé. Elle leur dit en français :

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« Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur, je suis ici pour vousconter une grande nouvelle ». Alors, ils descendent vers elle. Ilsla regardent. Elle ne cesse de pleurer. « On aurait dit une mamanque ses enfants auraient battu et qui se serait sauvée dans lamontagne pour pleurer… Elle a pleuré tout le temps qu’elle nous aparlé » ». Comme une mère chassée par ses enfants… Et Dieu n’est-il pas un Père chassé par ses enfants ? Le prophète Baruch nousoffre un texte étonnant où la Mère « Jérusalem » pleure le malheurde ses enfants provoqué par leur abandon de Dieu (cf. fin defiche), un texte que l’on peut vraiment relire en pensant à laVierge Marie…

Telle est donc l’attitude du ciel tout entier devantles conséquences des péchés des hommes. Cette réaction souligne ànouveau l’importance de notre liberté… Dieu ne nous force pas, ilne s’impose pas, « il ne crie pas, ne force pas la voix » (Is42,1-4 repris en Mt 12,18-21), il se lamente (Lc 6,24-26), ilpleure… Mais quand un pécheur se repent et décide de repartir surle chemin de la vie en mettant à la première place dans son cœur« le Père des Miséricordes », le « Dieu de Tendresse », quellejoie au ciel (Lc 15,7) ! En effet, dit Dieu, « je ne prends pasplaisir à la mort de qui que ce soit, oracle du Seigneur Dieu.Convertissez-vous et vivez ! Dis-leur : « Par ma vie, oracle duSeigneur Dieu, je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, maisà la conversion du méchant qui change de conduite pour avoir lavie. Convertissez-vous, revenez de votre voie mauvaise. Pourquoimourir, maison d’Israël ? » (cf. Ez 18,32 ; 33,11). « Choisis doncla vie, pour que toi et ta postérité vous viviez, aimant leSeigneur ton Dieu, écoutant sa voix, t’attachant à lui ; car làest ta vie » (Dt 30,19-20). Jésus, venu en ce monde pour rejoindreles pécheurs, les blessés, les malades, ne dira pas autre chose…« Le salaire du péché, c’est la mort ? » (Rm 6,23). Lui qui étaitle plus souvent en compagnie des pécheurs (Lc 5,29-32 ; 15,1-3)disait : « Je suis venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’aitsurabondante » (Jn 10,10). Alors, il ne cessait d’offrir« le pardon des péchés » (Lc 1,76‑79 ; 3,3 ; 5,20…) en appelant aumême moment à la conversion, au repentir, au rejet de toute forme

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de mal pour que les pécheurs cessent d’expérimenter en eux‑mêmesles conséquences du mal – « souffrance, tristesse » (Rm 2,9), mal-être – pour goûter, en le vivant là aussi, à quel pointle Seigneur est bon, Lui qui ne désire que la Plénitude etle Bonheur profond de ses créatures : « Goûtez et voyez commele Seigneur est bon ; heureux qui s’abrite en lui »(Ps 34(33),9) !

« Le monde m’a pris en haine »… Pourquoi cette haineatteint-elle ensuite les disciples d’après Jn 15,19 (Idéesemblable en Col 1,11-14) ? Lorsque Jésus dit « mon choix vous atirés du monde » (BJ), ou « c’est moi qui vous ai mis à part dumonde » (TOB), précisez cette Parole avec Jn 5,19-20. Retrouver laréponse avec Jn 6,44 ; 6,65 ; Lc 6,12-16. Et comment tout cecis’accomplit-il (cf. Lc 2,27) ? De fait, d’après Jn 3,34 (BJ),lorsque Jésus « prononce les Paroles de Dieu, il donne l’Espritsans mesure ». Cet « Esprit » est l’Esprit de Lumière (Jn 4,24avec 1Jn 1,5) qui vient nous appeler par sa Présence même à sortirde nos ténèbres, mais nous pouvons refuser… Cet « Esprit » est« l’Esprit de douceur » (Ga 5,22-23 ; Ps 90(89),17 ; Mt 11,29) quivient se faire « douceur » au plus profond de nos cœurs, mais nouspouvons refuser… Cet « Esprit » est « l’Esprit de joie » qui vientnous combler de sa joie (1Th 1,6 ; Ac 13,52), mais nous pouvonsrefuser (Lc 18,23)… Pourtant, si nous consentons à accueillircette Présence qui vient frapper à la porte de nos cœurs (Ap3,20), quelle démarche nous demandera-t-il d’accomplir (cf. Mt28,19 ; Ac 8,13 ; 16,33) ? Elle manifestera, dans toutesles dimensions de notre être – corps, âme, esprit (1Th 5,23) –notre libre réponse à Dieu. Que reçoit alors celui qui accepte dedire « Oui ! » à Dieu en toute liberté (cf. Ac 2,38). Il devientparticipant, par grâce, à ce que Dieu est par nature (Jn 4,24 etPs 99(98),5)… Mais comment peut-on encore parler de cette naturedivine d’après 1Jn 1,5 ? Que devient alors, grâce au Don reçu,celui qui a dit « Oui ! » à Dieu (cf. Ep 5,8 ; Mt 5,14) ?Souvenons-nous maintenant de Jn 3,20. Que se passera-t-il alorspour les disciples ? Telle est la racine de cette haine dont Jésusparle en Jn 15,18-19… Lui, il est le Fils « né du Père avant tous

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les siècles, Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière » (Crédo)…Rejeter la Lumière du Fils qui se reçoit entièrement du Pèredepuis toujours et pour toujours, c’est rejeter la Lumière duPère… Conclusion avec Jn 15,23… Mais par leur foi, les disciplesde Jésus accueillent ce que le Fils reçoit du Père. Ils deviennent« enfants de Dieu » (Jn 1,12-13), à « l’image » du Fils (Rm 8,29).Le projet de Dieu sur nous tous commence alors à s’accomplir avecle libre assentiment de notre foi. « Il est fidèle, le Dieu parqui vous avez été appelés à la communion de son Fils, Jésus Christnotre Seigneur » (1Co 1,9). Conclusion avec Jn 15,20. La redireavec le verbe « haïr », dans une formulation semblable à Jn 15,23…

C’est à nouveau ce Mystère de Communion quitransparaît en Jn 15,21, verset où Jésus explique la raisonprofonde de cette haine gratuite, de ces persécutionsincompréhensibles (Voir aussi Jn 16,3) : « Tout cela, ils leferont contre vous à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissentpas celui qui m’a envoyé ». En effet, « le nom » dans la Biblerenvoie à l’identité profonde de Celui qui le porte, ici Jésus,vrai homme et vrai Dieu, « Dieu né de Dieu, Lumière née dela Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu » en tant que le Père« l’engendre » de toute éternité en Fils « de même nature que lePère » en lui donnant la Plénitude de sa nature divine qui estEsprit, Lumière et Vie… Et c’est ce même Esprit, cette mêmeLumière, cette même Vie qu’il est venu communiquer à tous ceux etcelles qui accepteront de croire en lui… Nous l’avons vu, toutceci se met concrètement en œuvre par le sacrement du baptême oùles nouveaux baptisés renaissent à une vie nouvelle (Jn 3,1-8) enrecevant l’Esprit Saint, « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63). Ilsdeviennent par grâce ce que Dieu est par nature… « Dieu estLumière » ? Le Nom de Dieu est Lumière ? « Jadis, vous étiezténèbres, maintenant, vous êtes Lumière dans le Seigneur » (Ep5,8), par le « Oui ! » de la foi qui permet au pécheur de s’ouvrirà la Miséricorde de Dieu (Ac 5,31-32) et de recevoir desa Tendresse le Don de l’Esprit de Lumière et de Vie…« Maintenant, vous êtes Lumière dans le Seigneur »… Nouspourrions dire : « Votre nom est Lumière », comme le Nom du

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Christ… C’est pourquoi, dit Jésus, « ils feront tout cela contrevous à cause de mon nom » que je vous ai donné en partage en vousdonnant l’Esprit de Lumière et de Vie… Et ce « Nom » de Jésus estaussi celui du Père, ce Père qui est Lumière et qui, de touteéternité, « l’engendre » en Fils « Lumière née de la Lumière »…C’est pourquoi Jésus priera en Jn 17,11-12 : « Père saint, garde-les dans ton Nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un commenous. Quand j’étais avec eux, je les gardais dans ton Nom que tum’as donné. J’ai veillé et aucun d’eux ne s’est perdu »… Le Pèreest Lumière, tel est son Nom ? Par amour, il donne tout ce qu’IlEst à son Fils qui peut alors dire de lui-même grâce « à ton Nomque tu m’as donné » : « Je Suis la Lumière du monde » (Jn 8,12).Mais, nous l’avons vu, ce Nom que le Fils reçoit du Père de touteéternité, c’est cela même qu’il est venu nous offrir… « Jadis,vous étiez ténèbres. Maintenant vous êtes Lumière dans leSeigneur ». Et il nous aide, par sa Miséricorde toujours offerte,à nous tourner et à nous tourner encore avec Lui vers le Père (Jn1,18) pour que nous puissions recevoir nous aussi ce que Lui-mêmereçoit du Père… « Je les gardais dans ton Nom que tu m’as donné »…Je les gardais dans ton Esprit, dans ta Lumière, dans ta Paix etdans ta Vie… Telle est la merveille de ce Dieu toujours offert etqui n’attend que notre « Oui ! » pour nous combler de sa Lumièreet de sa Vie. Et il le fait avec une intensité d’autant plus forteque nous pouvions en être privés par suite de toutes nos misères…

Le Père est Lumière ? Il se donne au Fils, qui estLumière à son tour… Le Fils est Lumière ? Le Père lui donne depouvoir se donner (Jn 17,2) pour qu’à notre tour, nous qui étions« jadis ténèbres » par notre repli égoïste sur nous-mêmes, nouspuissions devenir « Lumière dans le Seigneur »… L’expression« dans le Seigneur » renvoie en St Paul à ce Mystère de Communionque le Christ est venu construire avec tout homme par le Don del’Esprit… Tout pécheur qui accepte ainsi d’offrir au Christ le« Oui » de sa foi, « n’est avec lui qu’un seul Esprit ». Il est« uni au Seigneur » (1Co 6,17 ; 1Th 5,10) dans « la communion del’Esprit » (2Co 13,13), il est « dans le Seigneur »…

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Telle est l’aventure à laquelle le Dieu Communionappelle tous les hommes. « Moi et le Père, nous sommes un… Père,qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 10,30 ; 17,20-23).Tous ceux et celles qui ont consenti à se laisser retrouver par leChrist Bon Pasteur (Lc 15,1-7), qui ont accepté de lui donner le« Oui ! » de leur foi, qui ont reçu le Don de l’Esprit et qui,avec son aide et sa Miséricorde, essayent de lui rester fidèles,forment ce que St Paul appelle l’Eglise « Corps du Christ » (1Co12,12-13 ; 12,27). Alors ce qui est vrai du Christ le sera ausside l’Eglise unie au Christ dans la Communion d’un même Esprit,dans « l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3). « S’ils m’ont persécuté,vous aussi, ils vous persécuteront ; s’ils ont gardé ma parole, lavôtre aussi ils la garderont ».

« Si je n’étais pas venu et ne leur avais pas parlé,ils n’auraient pas de péché ; mais maintenant, ils n’ont pasd’excuse à leur péché »… En effet, d’après Jn 3,34, « celui queDieu a envoyé », le Fils, « prononce les Paroles de Dieu, car ildonne l’Esprit sans mesure ». Il « prononce les Paroles deDieu » : souvenons-nous, quand Jésus parlait, de qui venaient enfait ses Paroles (Jn 7,17 ; 8,26-28.40 ; 12,49‑50 ; 14,24 ;15,15 ; 17,8) ? De plus, avec elles, « l’Esprit est donné sansmesure », un Esprit qui est Lumière. Mais pour certains, « lalumière est venue dans le monde et ils ont mieux aimé les ténèbresque la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises »… Jésus leur aparlé, « au grand jour » (Jn 18,20), l’Esprit leur a été donné, laLumière a frappé à la porte de leur cœur et de leur vie, mais ilslui ont préféré les ténèbres… Conclusion avec Jn 8,47. De plus,quand Jésus agissait, qui en fait était à l’œuvre (cf. Jn5,19-20 ; 14,10-11) ? Mais ils « buteront » sur ces œuvres commeils ont « buté » sur ses Paroles, car « la Lumière » n’était pasen eux (cf. Jn 11,10).

Quelle est la grande œuvre de l’Esprit Saint d’aprèsJn 15,26 (1) ? Et que fait-il d’après Jn 6,63 (« Esprit » avec ungrand E, comme dans la TOB) ; Ga 5,25 ; Rm 8,10‑11 (2) ? QuandJésus témoigne de ce qu’il vit avec le Père, quand il nous parle

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de la vie éternelle (le mot « vie » intervient 36 fois en StJean !), comment l’Esprit accomplit-il l’action (1) à la lumièrede la réponse (2) (L’expression intervient en Rm 8,2 et dans notreCrédo) ? Que dit alors Simon-Pierre en écoutant Jésus (cf. Jn6,68) ? Au moment où il l’écoutait, « il vivait » quelque chosequ’il n’avait jamais vécu avec personne d’autre. Retrouver cetteréponse avec 1Jn 5,6 (1) et 1Jn 5,11 (2)… Et comment Jn 15,27s’accomplira-t-il (cf. Ac 1,8 ; 4,31 ; là aussi, Jésus fut lepremier à le vivre : Lc 4,18) ? Conclusion : que devons-nousdemander de tout cœur lorsque nous avons à rendre compte de« l’espérance qui est en nous » (1P 3,15) ? Serons-nous exaucésd’après Lc 11,9-13 ; Jn 4,10 lu avec Jn 7,37-39 ? D’ailleurs, sicette espérance est vraiment en nous, d’où vient-elle d’après Rm15,13 ?

Qu’annonce à nouveau Jésus en Jn 16,1-4 ? C’est unedonnée constante dans tous les évangiles (cf. Mc 10,30 ; Mt5,10-12 ; Lc 21,12-19). Mais que promet-il en de tellescirconstances d’après Mt 10,17-20 ? Quelles en seront aussi lesconséquences d’après Ac 13,52, 1Th 1,6 et Ac 5,41 ? En quelstermes St Paul en parle-t-il d’après 2Co 1,3-7 ; 7,4 ? Que sepassera-t-il alors d’après Mt 5,5 et 5,11-12 ? Et Jn 16,33s’accomplira… Nous sommes ici au cœur de la Bonne Nouvelle (Jn15,10), envers et contre tout, dans l’espérance d’Ap 20,1-4…

La venue du Défenseur (Jn 16,4b-15)

Que manifeste l’attitude des disciples en Jn 16,5-6,pensent-ils d’abord à Jésus ? Mais il fallait que touts’accomplisse ainsi (cf. Lc 17,25 ; 22,37 ; 24,7 ; 24,25-27.44)…Après son départ, que fera Jésus d’après Jn 16,7 ? Est-ce Jésusqui accomplit cette action en Jn 14,15-17 ; 14,26 ? Retrouver laréponse aux deux dernières questions en Lc 24,49 ; Ac 1,4 ; 2,33 ;Ga 3,14 ; Ep 1,13. Nous retrouvons ce principe inhérent au Mystère

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de la Trinité : toute action accomplie par Dieu engage, d’unemanière ou d’une autre, les Trois Personnes divines… Et pourl’aujourd’hui de notre foi, comparer Jn 14,16 avec Mt 28,20, puislire Jn 10,30 et Mt 6,6…

St Jean aborde ensuite l’œuvre de l’Esprit Saint…Quelle expression générale emploie-t-il au début de Jn 16,8 vis-à-vis du « monde » ? Quel but Dieu poursuit-il d’après Rm 11,32 ?Bien noter que tout ceci se réalisera par sa venue, par saprésence… Il poursuivra vraiment l’œuvre du Fils dont le seuleprésence parmi les hommes était « jugement »… En effet, à saprésence, les hommes ont réagi : certains ont cru, d’autres ontrefusé… Tel est « le jugement » (Jn 3,19)… Dieu, de son côté, nejuge pas au sens de condamner (Jn 8,11) : son seul désir est defaire la vérité pour sauver…

« Par sa venue », « par sa Présence »… Avec et parl’Esprit, nous retrouvons à nouveau à quel point « le Royaume deDieu est tout proche » (Mc 1,15), « déjà là » (Mt 12,28), déjàoffert à notre foi comme une réalité « à vivre », de cœur, enattendant de « voir de nos yeux », par delà le voile de la mort(1Co 13,12)…

« Par sa venue », « par sa Présence », l’Esprit Saint« établira la culpabilité du monde », « confondra le monde » surtrois points. Lesquels (cf. Jn 16,8) ? Les préciser à l’aide desnotes de nos Bibles…

1 – Pour le premier, quel but poursuit-il ? Sereconnaître « pécheur » est donc un Don de Dieu… Et tousles hommes sont pécheurs, tous, d’une manière ou d’une autre (Rm3,9-20 ; 3,23). Ceux qui pensent échapper à ce sort commun desmortels sont certainement les plus touchés par la conséquence duplus grand des péchés : l’orgueil et son aveuglement (Jn 9,40-41).Mais il ne s’agit pas, pour Dieu, d’en rester là : que recevrontdonc tous ceux et celles qui consentiront à cette démarche (Lc24,47) ? Quelle est la conséquence spirituelle du péché, et quesera donc la conséquence immédiate du pardon des péchés reçu par

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un cœur sincère (cf. Rm 6,23). Admirons la beauté et l’unité de larévélation : qui nous aide à faire la vérité dans nos vies (cf.Jn 14,17 ; 15,26 ; 16,13) ? Qui nous permet d’expérimenter au mêmemoment la grandeur de l’Amour de Dieu pour chacun d’entre nous(cf. Rm 5,5 ; Ga 5,22 ; 2Tm 1,7 ; Jn 4,24 avec 1Jn 4,8 et 1Jn4,16) ? Qui lave nos cœurs de toutes ses souillures (1Co 6,11 ; Ez36,25 avec la clé de l’image donnée en Is 44,3 et le parallèleemployé en Mc 1,8) ? Qui enfin leur communique la Vie de Dieu (Jn6,63 ; Ga 5,25 ; Ap 22,17), sa Paix, sa Joie (cf. Ga 5,22 ; Rm14,17) ?

Qui est donc le premier acteur dans toute démarche de repentir, deconversion (Ac 5,31) ? C’est ainsi que Dieu, le premier, part enpersonne à la recherche de chacun d’entre nous, « jusqu’à ce qu’ilnous retrouve » (Lc 15,4-10). Il l’a fait par le Fils fait chair,il le fait maintenant par l’Esprit Saint… Quelle est alorsla seule attitude qu’il attend de l’homme (cf. Jn 3,21) ? Et pourl’aider dans cette démarche qui n’est jamais facile, il commencerapar lui révéler la grandeur de sa Miséricorde, de son Amour. Et cen’est que dans le contexte de cet Amour, dans cette certituded’être infiniment aimés tels que nous sommes, que nous pourronstrouver le courage de lui offrir en vérité toutes nos misères… LeFils prodigue confesse ainsi sa faute alors qu’il est déjà enlacépar les bras du Père, expérimentant sa Tendresse avec le bonheurque l’on imagine (cf. Lc 15,18-24). De même, avant de regarder safaute et d’implorer le pardon, le Psalmiste commence par regarderl’Amour de Dieu, sa Bonté, sa Tendresse (cf. Ps 51(50),3-6), Luiqui ne recherche, envers et contre tout, que notre Bien le plusprofond…

2 – Pour la seconde, nous retrouvons en fait Jn 15,26. En effet,qu’est-ce que Jésus n’a cessé de dire (cf. Jn 8,40 ; 8,45-46 ;16,7 ; 18,37). « Qui » était-il donc, en toutes ses paroles, entous ses actes, en tout son être (cf. Jn 14,6) ? Que fera doncCelui ainsi nommé en Jn 14,17 ; 15,26 et 16,13 d’après Jn 15,26 ?

3 – Et à quoi correspond la troisième d’après Jn 12,31-32 ? S’il ya un « dehors », il y a un « dedans » : quel est-il d’après Jn

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17,21 ? En quels termes en parle-t-on en 1Co 1,9 ; 2Co 13,13 ; Ph2,1 ; 1Jn 1,3.6.7 ? Et comment ce « dedans » est-il évoqué enJn 14,2 puis en Jn 3,3.5 ? Que vivra alors celui qui acceptera de« faire la vérité », de recevoir « le pardon de ses péchés », etdonc d’entrer « dedans » (cf. Ps 4,9 ; Jn 14,27 ; Hb 4,1.3 ; Mt11,29) ? La dernière prière du Notre Père s’accomplit : le pécheurest « délivré du mal », de tous ces liens qui le retenaient dansles ténèbres et dans la mort… Il est libre, vivant de la Vie deDieu, comblé de sa Lumière et de sa Joie (Jn 11,43-44)… Ainsi,le jugement s’exerce sur le péché et sur l’instigateur du péchépour que le pécheur soit libéré et guéri en tout son être, comblé,sauvé…

Jésus a déjà beaucoup parlé dans l’Evangile selon StJean, mais que souhaite-t-il faire encore d’après Jn 16,12 ?Pourtant que se passera-t-il très bientôt (cf. Jn 16,5) ? Commentce désir va-t-il donc s’accomplir d’après la suite de notretexte ?

Nous nous souvenons que l’expression « Esprit Saint »peut être employée comme un nom propre pour désigner la TroisièmePersonne de la Trinité, mais aussi pour évoquer « la naturedivine », c’est-à-dire ce que sont chacune des Trois Personnes dela Trinité. Les trois grandes affirmations de St Jean à ce sujetsont Jn 4,24 ; 1Jn 1,5 et 1Jn 4,8.16, auxquelles on peut rajouterla fin de Lv 11,45 ; 19,2… Alors, d’après le contexte, quelleréalité vise la notion de Paraclet en Jn 14,16 et ici en Jn16,13-15 : « Personne divine » ou « nature divine » ?

D’après Jn 16,13, « le Paraclet » parlera, mais « ilne parlera pas de lui-même : ce qu’il entendra, il le dira » : quedira-t-il donc d’après la fin de Jn 14,26 ? Préciser la réponseavec Jn 17,8… Devons-nous donc attendre des Paroles nouvelles,des révélations nouvelles, ou Dieu nous a-t-il déjà tout dit avecson Fils et par Lui ? Mais souvenons-nous : d’après Jn 3,34 (BJ),lorsque Jésus nous donne les Paroles qu’il a reçues de son Père,« il donne l’Esprit sans mesure », cet Esprit « nature divine »qui est Vie, Paix, Joie… et qui nous permet de « vivre » en nos

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cœurs ce que dit la Parole. C’est ce que fait aujourd’hui« l’Esprit de Vérité », cet « autre Défenseur » envoyé par le Pèreà la prière du Fils pour qu’il soit à jamais avec les disciples(Jn 14,16)… Comme le dit le Père Congar, « l’Esprit Saint se cachederrière ses dons »… L’Esprit Saint, Personne divine, nouscommunique « l’Esprit Saint nature divine », il nous donne d’avoirpart à ce qu’Il Est… Il est le grand artisan de la communion…

Comment cette mission première de l’Esprit SaintPersonne divine est-elle évoquée en Jn 16,13 ? Préciser la réponseavec Is 65,16 ; Ps 31(30),6 ; 86(85),15 ; Jn 1,9 ; 14,6 ; 15,1 ;17,3… Cette vérité tout entière peut être résumée par un des pluspetits mots de la langue grecque des Evangiles, comme de lanôtre : quel est-il (cf. Jn 10,30 ; 17,22) ? Quel mystèreévoque‑t‑il (cf. 1Co 1,9 ; 2Co 13,13 ; Ph 2,1) ? Telle est « lavérité tout entière » dans laquelle Dieu désire nous introduiredès maintenant par le Don de l’Esprit « nature divine » offert ànotre foi, cet Esprit qui est Lumière, Paix, Vie (cf. 1Co 1,9 ; Ep2,17-18 ; 1Jn 1,1-7)… Lorsque nous écoutons de tout cœur la Parolede Dieu que Jésus nous a transmise, l’Esprit Saint Personne divinenous communique la réalité spirituelle à laquelle Jésus ne cessaitde rendre témoignage : la Vie de l’Esprit qu’il reçoit du Père,l’unité spirituelle qu’il vit avec le Père, le Mystère deCommunion qui l’unit au Père dans l’unique Esprit… C’est ainsi que« l’Esprit Saint nous dévoile les choses à venir » lorsqu’ilcommence à nous introduire, dès maintenant, dans la foi, par leDon de « l’Esprit nature divine » dans ce Mystère de Communionauquel nous sommes tous appelés. « C’est de mon bien qu’ilrecevra », dit Jésus, lui qui est « rempli d’Esprit Saint naturedivine » (Lc 4,1) de toute éternité par le Père. En effet, « toutce qu’a le Père est à moi » (Jn 16,15), tout ce qu’Est le Père està moi, car le Père aime le Fils et se donne tout entier au Fils :il lui donne « tout ce qu’il a », tout ce qu’il est, etil l’engendre ainsi en Fils « Lumière né de la Lumière, vrai Dieuné du vrai Dieu, de même nature que le Père »… Toute la mission del’Esprit Saint Personne divine est de nous communiquer ce même« Esprit Saint nature divine » pour que nous devenions nous aussi

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des fils et des filles de Dieu vivants de la Vie du Père,partageant sa Paix et sa Lumière… C’est ainsi que l’Esprit Saintnous « dévoile » (BJ), nous « annonce », nous « fait savoir »(anangélô en grec) la vérité tout entière : en nous« communiquant » (TOB) cette vérité tout entière qui n’est rien demoins que ce que Dieu est en lui-même, sa nature divine qui estEsprit, Lumière et Vie… Formidable aventure d’une communion decœur déjà réalisée dès maintenant dans la foi et par notre foi,alors que nous sommes toujours ces femmes et ces hommes blessés,si souvent défaillants, remplis de misère mais infiniment aiméspar ce Dieu et Père qui nous appelle tous à partager sa Vie parle Don de l’Esprit… A nous maintenant, avec le secours de« l’Esprit de Vérité », notre Défenseur, Celui qui veille surchacun d’entre nous et nous garde dans l’Amour de Miséricorde quine cesse de nous être offert, à nous de consentir à nous laisseraimer, combler, jour après jour et cela gratuitement, par Amour…

Jacques Fournier1.

Plaintes et espoirs de Jérusalem (Ba 4,5-5,9)

Courage, mon peuple, mémorial d’Israël !

(6) Vous avez été vendus aux nations, mais non pourl’anéantissement.

Ayant excité la colère de Dieu, (cf. les conséquences du péché(P))

vous avez été livrés à vos ennemis.

(7) Car vous aviez irrité votre Créateur en sacrifiant à desdémons et non à Dieu.

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(8) Vous aviez oublié le Dieu éternel, votre nourricier !

Vous avez aussi attristé Jérusalem, votre nourricière ;

(9) elle a vu fondre sur vous la colère venue de Dieu etelle a dit :

Écoutez, voisines de Sion : Dieu m’a envoyé grande tristesse.

(10) J’ai vu la captivité de mes fils et filles, que l’Éternelleur amena.

(Imperfection de l’Ancien Testament qui, parfois, attribue tout àDieu, le bien comme le mal ; ici encore, ce sont lesconséquences du péché des hommes (P).)

(11) Je les avais nourris avec joie ; avec pleurs et tristesseje les vis partir.

(12) Que nul ne se réjouisse sur moi, veuve et délaissée d’ungrand nombre ;

je subis la solitude pour les péchés de mes enfants,

car ils se sont détournés de la Loi de Dieu,

(13) ils n’ont point connu ses préceptes, ni marché par lesvoies de ses préceptes,

ni suivi les sentiers de discipline selon sa justice.

(14) Qu’elles arrivent, les voisines de Sion !

Rappelez-vous la captivité de mes fils et filles, que l’Éternelleur amena (P) !

(15) Car il amena sur eux une nation lointaine, une nationeffrontée,

à la langue barbare, sans respect pour le vieillard, sans pitiépour le petit enfant ;

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(16) on emmena les fils chéris de la veuve, on la laissa touteseule, privée de ses filles.

(17) Moi, comment pourrais-je vous aider ?

(18) Celui qui vous amena ces malheurs, (P)

c’est lui qui vous arrachera aux mains de vos ennemis.

(19) Allez, mes enfants, allez votre chemin ! Moi, je restedélaissée, solitaire ;

(20) j’ai quitté la robe de paix et revêtu le sac de masupplication ;

je veux crier vers l’Éternel tant que je vivrai.

(21) Courage, mes enfants, criez vers Dieu :

il vous arrachera à la violence et à la main de vos ennemi ;

(22) car j’attends de l’Éternel votre salut,

une joie m’est venue du Saint,

pour la miséricorde qui bientôt vous arrivera de l’Éternel, votreSauveur.

(23) Car avec tristesse et pleurs je vous ai vus partir,

mais Dieu vous rendra à moi pour toujours dans la joie et lajubilation.

(24) Comme les voisines de Sion voient maintenant votrecaptivité,

ainsi verront-elles bientôt votre salut de par Dieu,

qui vous surviendra avec grande gloire et éclat de l’Éternel.

(25) Mes enfants, supportez la colère qui de Dieu vous estvenue.

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(Supportez pour l’instant les conséquences du mal commis)

Ton ennemi t’a persécuté,

mais bientôt tu verras sa ruine et sur sa nuque tu poseras tonpied.

(26) Mes enfants choyés ont marché par de rudes chemins,

enlevés, tel un troupeau razzié par l’ennemi.

(27) Courage, mes enfants, criez vers Dieu :

Celui qui vous amena cela (P) se souviendra de vous.

(28) Comme votre pensée fut d’égarement loin de Dieu,

revenus à lui, recherchez-le dix fois plus fort.

(29) Car Celui qui vous amena ces malheurs (P) vous ramènera,

en vous sauvant, la joie éternelle.

(30) Courage, Jérusalem : il te consolera, Celui qui t’a donnéun nom.

(31) Malheur à ceux qui t’ont maltraitée et se sont réjouis deta chute !

(32) Malheur aux cités dont furent esclaves tes enfants,

malheur à celle qui reçut tes fils !

(33) Car de même qu’elle se réjouit de ta chute et fut heureusede ta ruine,

ainsi sera-t-elle affligée pour sa propre dévastation.

(34) Je lui ôterai son allégresse de ville bien peuplée,

son insolence se changera en tristesse,

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(35) un feu lui surviendra de l’Éternel pour de longs jours

(En fait, ce sera pour elle aussi les conséquences de ses fautes(P)),

elle sera la demeure de démons pour longtemps.

(36) Jérusalem, regarde vers l’Orient, vois la joie qui tevient de Dieu.

(37) Voici : ils reviennent, les fils que tu vis partir,

ils reviennent, rassemblés du levant au couchant,

sur l’ordre du Saint, jubilants de la gloire de Dieu.

(5,1) Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère,

revêts pour toujours la beauté de la gloire de Dieu,

(2) prends la tunique de la justice de Dieu,

mets sur ta tête le diadème de gloire de l’Éternel ;

(3) car Dieu veut montrer ta splendeur partout sous le ciel,

(4) et ton nom sera de par Dieu pour toujours : Paix de lajustice et gloire de la piété.

(5) Jérusalem, lève-toi, tiens-toi sur la hauteur, etregarde vers l’Orient :

vois tes enfants du couchant au levant rassemblés sur l’ordre duSaint, jubilants, car Dieu s’est souvenu.

(6) Car ils t’avaient quittée à pied, sous escorted’ennemis,

mais Dieu te les ramène portés glorieusement, comme un trôneroyal.

(7) Car Dieu a décidé que soient abaissées toute haute

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montagne

et les collines éternelles,

et comblées les vallées pour aplanir la terre,

pour qu’Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu.

(8) Et les forêts, et tous arbres de senteur feront del’ombre pour Israël,

sur l’ordre de Dieu ;

(9) car Dieu guidera Israël dans la joie, à la lumière de sagloire,

avec la miséricorde et la justice qui viennent de lui.

Diacre Jacques FOURNIER

Correction de la Fiche N° 26 :

CV – 26 – Jn 15,18-16,33 correction

Fiche N°27 : La fin du discoursd’adieux de Jésus à ses disciples (Jn16,16-33)Le discours d’adieux aux disciples s’achève et Jésus va leconclure en Jn 16,16-33 comme il l’avait commencé… En effet,souvenons-nous :

1 – Au tout début, de manière voilée etprogressive, quelle annonce Jésus avait-il faite à ses disciples(cf. dans l’introduction, avec la seconde moitié de Jn 13,33 ;13,36 ; puis au début de la première partie Jn 14,2-6 ; en fin de

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Jn 14,12 et en Jn 14,28) ?

Et à la fin de ce discours d’adieux,quelle est la dernière phrase de Jésus, « claire et sans figures »cette fois, juste avant la réaction des disciples (cf. Jn 16,28) ?Noter que nous retrouvons cette affirmation au début de notresection, dans la bouche des disciples, en Jn 16,17.

2 – Puis, peu après le début du discours,qu’avait dit Jésus en Jn 14,19 ? Et peu avant la fin, queretrouvons-nous en Jn 16,16, une affirmation reprise avecinsistance en Jn 16,17 et 16,19 ?

Dans la dernière partie de son discours d’adieux,Jésus revient donc sur les deux points soulignés précédemment. Ettout se conclura par la réaction de foi des disciples en Jn16,29-33.

Il nous faut donc relire avec une attention touteparticulière Jn 14,19-20, en nous souvenant des deuxinterprétations possibles de ce passage. La première lanceral’aventure de l’Eglise, la seconde renvoie à l’expérience de foiqui sera la sienne jusqu’à ce qu’enfin les disciples puissent voirleur Seigneur, soit lorsque leur heure sera venue, soit au dernierJour de ce monde… Relisons donc Jn 14,19-20 :

« Encore un peu de temps et lemonde ne me verra plus.

Mais vous, vous verrez que jevis et vous aussi, vous vivrez.

Ce jour-là, vous reconnaîtrezque je suis en mon Père

et vous en moi et moi envous ».

Jésus annonce sa mort prochaine. Bientôt, « le monde »

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qui ne se fie qu’aux apparences et qui ne « juge » que « surl’apparence » (Jn 7,24), ne le verra plus. En effet, après samort, Joseph d’Arimathie et Nicodème prendront son corps et ledéposeront dans un tombeau (Jn 19,38-42). Le temps du « voirJésus » avec les seuls yeux de la chair sera fini… Ce temps futcelui de la visite de Dieu en personne (Mt 1,23 ; Lc 1,76-79),dans la chair : « Et le Verbe s’est fait chair et il a habitéparmi nous » (Jn 1,14). Pendant tout ce temps, Jésus, « Dieu Filsunique » (Jn 1,18 TOB), « Dieu né de Dieu, Lumière né de laLumière » (Crédo), s’est offert en sa chair au regard des hommespour qu’à travers ce regard qu’ils poseront sur Lui avec leursyeux de chair, ils puissent discerner, percevoir, reconnaîtrecette Lumière de l’Esprit qui l’habite en Plénitude. « Je Suisla Lumière du monde » (Jn 8,12). Mais pour cela, il faut accepterde lui ouvrir son cœur, le plus profond de son être, dans lavérité de notre nature blessée… La vérité de notre misèreconsentie et offerte ne peut alors qu’accueillir et expérimenterla Vérité de Dieu qui n’est que Bienveillance, Amour etMiséricorde, Don éternel et gratuit de soi dans la seule recherchede notre vrai bien, car nous avons tous été créés pour participerà la Plénitude de sa Vie… Telle est la vocation commune à touthomme, par le simple fait qu’il existe ! Quiconque accepte ainside tout cœur cette démarche de vérité, ne peut que découvrirla Lumière du Soleil de Vérité qui ne cesse de briller au cœur del’univers visible et invisible : « Celui qui fait la vérité vientà la Lumière » (Jn 3,21)… Jaillit alors dans ce regard de chairposé sur Jésus une Lumière invisible à nos seuls yeux de chair,la Lumière de sa Gloire, la Lumière spirituelle qui jaillit de sonÊtre, car « Dieu est Esprit » (Jn 4,24) et « Dieu est Lumière »(1Jn 1,5). « Le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous,et nous avons contemplé sa Gloire » (Jn 1,14)… « Le Verbe s’estfait chair » pour cela, pour que nous contemplions sa Gloire, cequi est synonyme pour St Jean de « connaître Dieu » : « Personnen’a jamais vu Dieu ; Dieu Fils unique, qui est dans le sein duPère, nous l’a dévoilé » (Jn 1,18 TOB), nous « l’a faitconnaître » (Jn 1,18 BJ). Or « contempler la Gloire de Dieu »,voir sa Lumière, n’est possible qu’en recevant d’abord cette

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Lumière : « Par ta Lumière, nous voyons la Lumière » (Ps 36,10).Nous en étions privés par suite de notre égoïsme (Rm 3,23) qui,d’une manière ou d’une autre nous enferme en nous-mêmes. Si nousacceptons de reconnaître et d’offrir en vérité cette maladiespirituelle au Christ Sauveur, nous la retrouvons gratuitement,grâce à l’Amour de Dieu qui s’est manifesté en Jésus Christ. Eneffet, avec Lui et par Lui, Dieu en personne est venu frapper à laporte de nos cœurs blessés, souillés, malades… « Ce ne sont pasles gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais lesmalades. Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs,au repentir » (Lc 5,31-32). Et puisque cette démarche même derepentir nous est difficile, il se propose même de nous aider àl’accomplir par le Don de l’Esprit (cf. Ac 5,30-32 ; 11,18).Alors, si nous acceptons de lui ouvrir la porte en consentant à lavérité de notre vie blessée, « j’entrerai » (Ap 3,20), nouspromet-il. Et Il Est Lumière, une Lumière qui brille dans nosténèbres et rien ne peut l’empêcher de briller (Jn 1,5), uneLumière qui nous permet de voir la Lumière…

Mais si « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5), il est aussi «Esprit » (Jn 4,24). Cette Lumière est celle de l’Esprit donné (1Th4,8) en surabondance (Jn 7,37-39), un Esprit qui est Vie,Plénitude de Vie (Jn 6,63 ; Ga 5,25). Autrement dit, « contemplerla Gloire de Dieu », et donc « connaître Dieu », c’est, enacceptant de s’ouvrir au Don de l’Esprit, vivre de la Plénitude desa Vie, et tel est le seul but que Dieu ne cesse de poursuivrepour chacun d’entre nous. « La vie éternelle, c’est qu’ils teconnaissent, toi, le seul véritable Dieu et celui que tu asenvoyé, Jésus Christ » (Jn 17,3).

« Vous vivrez », promet alors Jésus à ses disciples,et par cette Vie de l’Esprit qui est Lumière, « vous verrez »…« En toi est la Source de Vie, par ta Lumière nous voyons laLumière » (Ps 36(35),10). Cette expérience, les disciples ontcommencé à la vivre au premier jour où ils ont rencontré leChrist. Sans l’avoir encore explicitement reconnue, ilsexpérimentaient avec Lui une réalité brûlante (Lc 24,32 ; Jn Jn

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7,46), de l’ordre de la vie, incroyablement heureuse… Et ils onttout quitté pour suivre ce bonheur, cette joie (Mt 13,44-46)…Puis, petit à petit, de jour en jour, ils apprendront àreconnaître la réalité invisible qui s’est offerte à leur cœur,une réalité de l’ordre de la vie, de la paix, une réalité que l’onpeut nommer « Lumière » car elle donne sens à toute notreexistence… Cette « Lumière », ils la verront rayonner du Christavec une intensité toute particulière au jour de saTransfiguration (Lc 9,28-36). L’expérience sera encore plus fortelorsqu’ils le verront ressuscité. Thomas sera même invité àtoucher la plaie toujours ouverte de son côté (Jn 20,19-29). Telleest l’expérience qui a lancé l’Eglise… Ces manifestationsexceptionnelles iront jusqu’à concerner « plus de cinq centsfrères à la fois » (1Co 15,6)…

Mais elles ne dureront pas… « Nous cheminons en effetdans la foi, non dans la claire vision » (2Co 5,7)… Tel fut lechemin qu’emprunta le Christ lui-même… Et tout ce qu’il disait,tout ce qu’il faisait n’avait qu’un seul but : approfondir la foide ses disciples pour qu’ils soient enracinés, de cœur, comme lui,dans une relation spirituelle profonde avec « mon Père et votrePère, mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20,17), ce Dieu et Père qui, detoute éternité, est Vie et Source de Vie, Lumière et Source deLumière… Et nous avons tous été créés pour être comblés de cetteLumière qui est Vie par le Don de « l’Esprit qui vivifie » (Jn6,63)… Autrement dit, l’expérience de foi promise à tous lesdisciples n’est pas de voir le ressuscité, comme cela fut le caslorsque le Christ lança ses premiers témoins jusqu’aux extrémitésde la terre… Le don qu’ils reçurent était à la mesure de cetteaventure nouvelle qui commençait… Ils avaient besoin d’être forts,inébranlables, pour être les premiers témoins du Christ, enacceptant parfois de mourir « pour la Parole de Dieu et letémoignage qu’ils avaient rendu » (Ap 6,9)… Ce qu’ils vécurent estdonc exceptionnel, ce qui ne veut pas dire que l’expérience de foipromise à tous les disciples ne l’est pas ! Mais elle sera toutecentrée sur cette Vie donnée, cette Vie de l’Esprit qui estLumière… Le présent de la foi est celui où « les ténèbres s’en

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vont », mais elles sont toujours là, et le temps où « la lumièrevéritable brille déjà », et elle est bien là elle aussi (1Jn 2,8)! En effet, Jésus ne dit pas en Jn 14,19 « vous me verrez », mais« vous verrez que je vis »… En vivant d’une Vie nouvelle, enprenant conscience que cette Vie reçue dans la foi habite le Filsen Plénitude de toute éternité, les disciples pourront affirmer,sans l’avoir jamais vu, que Jésus est Vivant de cette même Vie…

Mais Jésus vit par le Père (Jn 6,57), il reçoit lui-même cette Vie du Père (Jn 5,26) par le Don de la Plénitude del’Esprit que le Père lui fait de toute éternité. Cette Plénitudede l’Esprit du Père est ainsi dans le Fils. C’est pourquoi,le Fils, qui n’est pas le Père, peut dire : « Le Père est en moi »(Jn 14,10). Et réciproquement, la Plénitude de l’Esprit qui habitele Fils est dans le Père : « Je suis en mon Père », dit Jésus (Jn14,20). Mais puisque nous sommes tous appelés à avoir part au mêmeEsprit, Jésus peut aussi dire à ses disciples sur la base de cetEsprit commun : « Vous êtes en moi et moi en vous » (Jn 14,20).

Nous constatons à quel point Jésus nous entraine aucœur de la foi et de ses conséquences avec cette affirmationreprise trois fois en quatre versets : « Encore un peu et vous neme verrez plus, et puis un peu encore et vous me verrez »… Lechiffre trois renvoyant dans la Bible à Dieu en tant qu’il agit,nous retrouvons ainsi indirectement que tout ceci ne sera que lefruit de la seule action de Dieu librement accueillie parles disciples…

Et une fois de plus, que constatons-nous en Jn 16,18(cf. Jn 8,27 ; 10,6 ; 12,16) ? Jésus prendra donc le temps dedévelopper à nouveau tout ce qu’il leur a déjà dit… Patience deDieu à l’égard des disciples, patience de Dieu à notre égard…

Jn 16,20 reprend la perspective d’ensemble de cediscours : la préciser. En se souvenant du début de la ficheprécédente, quel sens prend ici le mot « monde » ?

En Jn 16,21, Jésus utilise l’image d’une femme « sur

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le point d’accoucher », et il parle de « son heure » qui « estvenue »… Ce thème de « l’heure » intervient fréquemment en StJean :

1 – A qui s’applique-t-il en tout premierlieu et à quoi renvoie-t-il (cf. Jn 2,4 ; 7,30 ; 8,20 ; 12,23 ;12,27 ; 13,1 ; 17,1) ?

2 – Mais tout ceci n’est pas un but ensoi : quel est justement le but que Dieu poursuit (cf. Jn3,16-17 ; 6,51 ; 10,10-11) ? Nous venons de voir à qui s’appliqueen premier lieu ce thème de l’heure ; mais à la lumière de laréponse précédente, qui concerne-t-il également ? Retrouver cetteréponse avec Jn 4,21 ; 4,23 ; 5,25 ; 5,28. Nous la constatons ànouveau dans notre texte, en Jn 16,21. En effet, qui sontles personnages principaux des versets qui l’entourentimmédiatement (Jn 16,20 et Jn 16,22) ? Et de fait, à qui Jésus a-t-il déjà appliqué ce thème de « naître » (cf. Jn 3,3-8) et dequoi s’agissait-il ? Par quel Don cette nouvelle naissances’opèrera-t-elle ? Et quand sera-t-il donné à notre monde enPlénitude (Jn 19,33-34 avec Jn 7,37-39 ; Jn 20,22) ?

Ainsi, « l’heure » de la Passion de Jésus, « l’heure »de sa mort qui sera suivie de sa Résurrection, est-elle aussi enSt Jean « l’heure » où Dieu appelle tous les hommes à passer de lamort spirituelle à la Vie, des ténèbres à sa Lumière. C’est ainsiqu’il « donnera le jour à ses enfants » et se réjouira « qu’unhomme soit venu au monde » dans son Royaume de Lumière et de Vie.Et tout ceci s’accomplira par le Don de l’Esprit qui s’écoulera ensurabondance du cœur transpercé de Jésus pour la vie du monde…Tout est donné… A nous maintenant d’apprendre à recevoir ce quinous est déjà donné…

Toute la suite ne sera que la conséquence de ce Don del’Esprit qui nous rejoint à l’initiative de Dieu, grâce à sonaction : « Je vous verrai de nouveau », dans la Lumière del’Esprit, de cœur dans la foi, en attendant le face à faceéternel…

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– « Votre tristesse se changera en joie…Votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vousl’enlèvera ». De quelle joie parle-t-on (cf. Lc 10,21 ; Ac 13,52 ;Ga 5,22 ; 1Th 1,6 ; Rm 14,17) ? Dans l’affirmation « votre joie,nul ne vous l’enlèvera », quelle idée retrouve-t-on (Jn 1,5 BJ ;14,30 BJ ; 1Jn 2,8 ; 4,4 ; 5,18) ? En quels autres termes Jésus ena-t-il parlé (cf. sa première parole en St Marc, Mc 1,15) ?

– « Ce jour-là, vous ne me poserez aucunequestion ». Pourquoi (cf. Jn 14,26 ; 16,13) ? En mettant enparallèle l’affirmation des disciples en Jn 16,30, « tu saistout », avec les affirmations de Jésus en Jn 7,29, 8,55 et Jn10,15, en se souvenant que « connaître Dieu » pour St Jean c’est« vivre de sa vie » (Jn 17,3), nous constatons à quel point Jésusest venu nous partager « la connaissance » qu’il a de son Père ennous donnant d’avoir part à notre tour à cette Vie qu’il reçoit duPère de toute éternité… Telle était toute sa mission, « faireconnaître » le Père (Jn 1,18)…

– « En vérité, en vérité, je vous le dis,ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom ».Comment cela se fera-t-il d’après Rm 8,26-27 ? Nous en avonsune illustration avec Jésus en Lc 10,21-22 et en Lc 6,12-16 luavec Ac 1,2 (BJ) : « Les Apôtres choisis sous l’action de l’EspritSaint ». Prier « au nom du Christ » sera ainsi prier uni au Christdans la Communion d’un même Esprit, prier en fils avec le Filsdans la seule recherche de la Gloire du Père (Jn 15,16 ; 15,8) etde l’accomplissement de sa volonté : que tous les hommesparticipent le plus pleinement possible à sa Vie, à sa Lumière età sa Paix, c’est-à-dire à la Plénitude de son Esprit. « En lui »,le Christ, « habite corporellement toute la Plénitude de laDivinité », et « Dieu est Esprit ». « Et vous vous trouvez en luiassociés à sa Plénitude » (Col 2,9-10).

Telle est donc la volonté du Père : que nous noustournions vers Lui de tout cœur. Nous serons alors dans l’attitudedu Fils qui, de toute éternité, « est tourné vers le sein duPère » (Jn 1,18). Si tel est vraiment le cas, nous pourrons alors

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recevoir ce que le Fils reçoit du Père de toute éternité, cettePlénitude de l’Esprit qui l’engendre en Fils « né du Père avanttous les siècles » (Crédo). Cela suppose bien sûr que nousacceptions au même moment de renoncer à tout ce qui nous détournede Dieu, autrement, nous ne pourrions plus recevoir ce Don qui necesse de jaillir de Lui. Nous le savons, pécheurs, blessés, sisouvent défaillants, grande est notre faiblesse et nous avonsbesoin de la Force même de Dieu pour demeurer de tout cœur tournésvers Lui. D’où l’appel de St Paul à vivre dans une prièrecontinuelle (Ep 5,18) pour que nous puissions recevoir ce que Dieuveut nous communiquer : son Esprit. Si nous le demandons avechonnêteté et sincérité, alors même que nous ne connaissons quetrop bien notre misère, nous ne pourrons que le recevoir… Et laForce de l’Esprit habitera notre faiblesse, et la Lumière del’Esprit brillera dans nos ténèbres… « Demandez et vousrecevrez », nous dit Jésus (Jn 16,24), dans la mesure où,nous l’avons vu, cette demande rejoint bien sûr la volonté deDieu… Et nous l’avons dit, la volonté de Dieu est que nous ayonspart à la Plénitude de son Esprit, cet Esprit qui est déjà donnéau Fils par le Père depuis toujours et pour toujours…

Aussi, Jésus ne nous invite-t-il qu’à une seuleattitude : « Repentez-vous » (Mt 4,17 ; Mc 1,15 ; Ac 2,38),détournez-vous de tout ce qui est contraire à Dieu pour voustourner de tout cœur vers Lui…

Et puisque le Père n’a qu’un seul désir, nouscommuniquer son Esprit, Jésus ne nous invitera qu’à lui adresserune seule demande, celle qui correspond à sa volonté, la demandede l’Esprit (Lc 11,9-13) : « Et moi, je vous dis : demandez etl’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’onvous ouvrira. Car quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve;et à qui frappe on ouvrira. Quel est d’entre vous le père auquelson fils demandera un poisson, et qui, à la place du poisson, luiremettra un serpent ? Ou encore s’il demande un œuf, lui remettra-t-il un scorpion ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savezdonner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du

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ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »

Alors l’Amour de Dieu sera accompli… En effet, en nousrappelant ce principe de Ste Thérèse de Lisieux, « aimer c’esttout donner et se donner soi-même », et en l’appliquantlittéralement au Père comme nous l’avons déjà fait si souvent,nous retrouvons les fondements de notre foi : de toute éternité,« le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35),tout ce qu’Il Est et Il Est « Esprit » (Jn 4,24), « Lumière » (1Jn1,5) et Vie… « Engendré » par le Père, « non pas créé », le Filsest alors « Lumière né de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu »(Crédo). Il vit par le Père (Jn 6,57). Tous créés à « l’image duFils » (Rm 8,29), Dieu nous appelle à accomplir avec son aidenotre vocation à « devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12) enacceptant de nous tourner de tout cœur vers Lui pour que nouspuissions recevoir nous aussi ce que le Fils reçoit du Père depuistoujours et pour toujours : la Plénitude de l’Esprit…

En regardant ses disciples, Jésus constatait que cettevolonté du Père commençait à s’accomplir en eux : « Le Père lui-même vous aime », une vérité éternelle à laquelle ils s’ouvraientpar le « oui » de leur foi… En se tournant de tout cœur vers Lui,ils recevaient eux aussi ce que le Fils reçoit du Père : l’Espritqui est Amour (1Jn 4,8 ; 4,16) et dont le fruit ne peut qu’être del’ordre de l’amour (Ga 5,22). Et de fait, ils se mettaient à aimercomme le Fils aime… Et Jésus savait bien que leur amour à sonégard venait du Père… « Le Père lui-même vous aime parce que vousm’aimez »… « Bien-aimés », écrira St Jean dans sa première Lettre,« aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour est de Dieu etque quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui quin’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est Amour… (Mais) si nousnous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, en nous sonamour est accompli. À ceci nous connaissons que nous demeurons enlui et lui en nous : il nous a donné de son Esprit » (1Jn 4,7-13).

Et Jésus poursuit en disant : « Le Père lui-même vousaime, parce que vous m’aimez et que vous croyez que je suis sortid’auprès de Dieu ». La foi, en effet, est elle aussi est un fruit

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de l’Esprit : « Nul ne peut dire « Jésus est Seigneur », si cen’est par l’Esprit Saint » (1Co 12,3).

Conclusion du discours d’adieux (Jn 16,29-33)

Comme souvent en St Jean, le discours de Jésus setermine par le « oui » (ou le « non »…) de la foi de sesinterlocuteurs (cf. Jn 6,60-71)… Néanmoins, ce « oui » desdisciples apparaît encore fragile… Il ne semble basé que sur laconstatation que Jésus « sait tout », ce qui fait de lui un Maîtrebrillant. Mais reconnaître son intelligence et sa sagesse n’estpas encore synonyme d’enracinement dans ce Mystère de Communionqu’il vit avec son Père et qu’il est venu nous partager… La foin’est pas seulement une question d’intelligence ou de connaissancepurement intellectuelle… Elle est avant tout un Mystère de Viedans l’Esprit que l’intelligence est invitée à scruter à laLumière de ce même Esprit… Aussi, Jésus ne dit-il pas àses disciples de manière affirmative et définitive : « Vouscroyez ! ». Ces mots, il les leur adresse avec un pointd’interrogation, « Vous croyez à présent ? », ce qui laisse laporte ouverte aussi bien à un oui qu’à un non, ou du moins à un« pas encore comme il faudrait »… Mais cette foi, telle qu’elleest, a le mérite d’exister et le Christ ne la rejette pas, bien aucontraire… Après sa Résurrection, patiemment, jour après jour, ilne cessera de conduire ses disciples vers une foi plus profonde,ce qui est notre cheminement à tous…

Pour l’instant, Jésus leur montre qu’effectivement,« il sait tout », et que leur annonce-t-il en Jn 16,32 ? Retrouvercette perspective pour Pierre en Lc 22,31-34… Et de fait, lors deson arrestation, « les disciples l’abandonnèrent tous et prirentla fuite » (Mt 26,56). Et Pierre, peu après, le reniera trois fois(Lc 22,54-62). Mais cette défaillance reconnue et offerte auChrist, dans « la peine » (Jn 21,15-17), sera l’occasion pour luide prendre conscience de sa faiblesse et de la nécessitéd’accueillir la Miséricorde et le soutien de Dieu (2Tm 1,7), pourespérer lui rester fidèle…

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Cette annonce de la désertion des disciples au momentde l’épreuve sera l’occasion pour le Christ de rappeler lefondement de sa vie, envers et contre tout, et quel est-il (cf. Jn16,32 ; 8,29) ? Et quel sera plus tard le fondement de la vie desdisciples, envers et contre tout (cf. Mt 28,20 ; Mc 16,20) ?Quelle réalité se cache derrière cet « envers et contre tout »(cf. Rm 8,38-39 ; 1Jn 4,8 et 4,16 ; d’où 2Tm 2,13) ? Et cetteréalité se manifestera très concrètement au plus profond d’eux-mêmes, dans l’épreuve. Que leur dit Jésus à ce sujet en Jn 16,33 ?Cette perspective (voir aussi Mt 11,28-30) s’accomplira par le donévoqué en Mc 13,9-11, dont le fruit est la paix (Ga 5,22)…« Je vous ai dit ces choses pour que vous ayez la paix en moi »(Jn 16,33)…

Jacques Fournier

Correction de la Fiche 27 :

CV – 27 – Jn 16,16-33 Correction

Fiche N°28 : La dernière Prière deJésus avant sa Passion… (Jn 17)Jésus sait que le temps de sa Passion est désormais tout proche.Il n’a cessé durant ces dernières années d’annoncer le Royaume desCieux (Mt 4,17), de faire connaître le Père (Jn 1,18) et son Amourinlassable pour tous les hommes qu’il veut sauver du mal et de sesconséquences dramatiques (1Tm 2,3-6 ; Jn 3,16-17 ; 4,42). « Remplide l’Esprit Saint » (Lc 4,1) « et de puissance, il est passé enfaisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient tombés aupouvoir du diable car Dieu était avec lui » (Ac 10,38). Il a ainsimanifesté la totale Bienveillance de Dieu à notre égard. Et ilcontinuera de le faire en ne répondant que par l’Amour à toutecette violence qui, très bientôt, va se déchainer contre lui.« Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc

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23,34). Mais il le sait, le combat sera rude, la difficulté sera àla mesure de l’enjeu : le salut du monde… Aussi commence-t-il parprier son Père pour lui demander de pouvoir aller jusqu’au bout deson offrande et de sa mission, pour le seul bien de tous leshommes qui accepteront d’accueillir la gratuité de son Amour…

Première partie : Jn 17,1-5 ; Jésus prie son Père pour que, grâceà Lui,

il puisse accomplir jusqu’au bout l’œuvre du Père…

Noter comment Jésus commence sa prière. Et comment nous a-t-ilappris à prier en Lc 11,2 ? Si nous acceptons de reprendre sesparoles, que se passe-t-il d’après Rm 8,14-17 ? Dans quelledynamique sommes-nous alors entraînés ?

Noter la demande exprimée en Jn 17,1 ; la comparer avec lepremier vœu exprimé en Lc 11,2 : qu’en pensez-vous ? D’après Ez36,22-28, qui est le premier à œuvrer à la réalisation de cevœu, et que fera-t-il très concrètement pour qu’il en soiteffectivement ainsi ? Comparer Ez 36,24 avec Jn 11,49-52 ;conclusion. Comparer Ez 36,25 avec Jn 19,34 ; puis lire Mt26,28 avec Hb 9,14 et 1Jn 1,7 et Ap 7,14 ; lire encore Ac 2,38avec Tt 2,4-7 et 1Co 6,11 et Ep 5,25-27 ; conclusion. ComparerEz 36,26-27 avec 2Co 5,17 lu avec Jn 20,22 et Jn 1,29 et Ga5,22.25 ; conclusion.

Que confirme cette prière instante de Jésus à son Père(cf. Jn 5,19-20 ; 5,30) ? Il sait que cette dernière étape de savie sera humainement très dure ; que demande-t-il donc ici à sonPère (cf. Ep 1,19‑20a ; 6,10-11 ; 2Tm 1,7‑8 ; 4,17 ; compareraussi Rm 6,4 avec Rm 8,11 ; puis 2Co 13,4 avec Lc 4,14) etpourquoi (cf. Jn 13,1 ; 14,31 ; 19,30) ? Quel exemple Jésus nousdonne-t-il ici : avant toute action pour Dieu, que devrions-nousfaire et pourquoi (Jn 15,4-5 d’où Ep 6,18) ?

Mais Jn 17,1 éclaire en fait toute la vie de Jésus (cf. Jn 17,4) :

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dans quel contexte particulier nous a-t-il visités d’après Lc 1,78(Lc 1,76-79 : « Et toi, petit enfant (Jean‑Baptiste), tu serasappelé prophète du Très-Haut; car tu marcheras devant le Seigneur(Jésus), pour lui préparer les voies, (77) pour donner à sonpeuple la connaissance du salut par la rémission de ses péchés(78) grâce aux entrailles de miséricorde de notre Dieu, danslesquelles nous a visités l’Astre d’en haut, (79) pour illuminerceux qui demeurent dans les ténèbres et l’ombre de la mort, afinde guider nos pas dans le chemin de la paix. ») ? Qu’est-ce queJésus a donc manifesté par tous ses actes et toutes ses Paroles,et cela jusqu’au bout, jusqu’à la Croix (cf. Ep 2,4 ; 2Co 1,3 ;Rm 9,16 ; 1P 1,3 ; 1Tm 1,15-16 ; Lc 23,34) ? En agissant ainsi,qu’a-t-il fait (répondre avec les expressions utilisées en � Jn17,4 ; Jn 17,6 avec 1Jn 4,8 ; � Jn 1,18) ? Et qui lui donnait depouvoir parler (Jn 17,8) et agir (Jn 10,37-38) comme il l’a fait ?Nous retrouvons Jn 5,19-20…

Comparer le second vœu exprimé à la fin de Lc 11,2 avec Jn17,2 : conclusion. Et tout ceci s’accomplit dans le contextesuivant : � Rm 6,23 ; �Jn 3,16‑17 ; � Jn 10,10b ; � Jn 1,4-5.Qu’est-ce donc que « le Royaume des Cieux » (� comparer lesexpressions utilisées en Mc 9,43 et Mc 9,45 avec celle de Mc9,47 ; � lire Rm 14,17 avec Ga 5,25 ; puis Ep 2,18 ; � lire 1Jn1,3) ? A la lumière de ces dernières réponses, que signifiedonc « connaître Dieu » en Jn 17,3 ? Nous sommes ici à la finde l’Evangile : comment la perspective annoncée au tout débuten Jn 1,18 s’est-elle donc mise en œuvre (cf. Jn 3,16 ; 3,36a ;10,10b ; 17,2) ? Et Jn 17,5 sera un nouveau clin d’œil au débutde l’Evangile (cf. Jn 1,14 ; 1,1 ; 1,15), tout comme Jn 17,8(cf. Jn 1,9-14)…

La mission terrestre de Jésus « Sauveur du monde » (Jn4,42) s’achève donc… Remarquons que l’expression « toute chair »de Jn 17,2 fait allusion à Gn 9,8-17 : comment Dieu se révèle-t-ilen ce texte ? Noter combien de fois intervient le mot Alliance etl’expression « toute chair » ; se souvenir que sept est symbole deperfection et quatre d’universalité (les quatre points

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cardinaux) ; conclusion ? Et que permettra l’offrande de Jésus surla croix (cf. Mt 26,28 et 1Co 11,25) ? Et d’après la conception del’époque (cf. Lv 17,11), que recevront donc tous ceux et cellesqui accepteront d’être les heureux bénéficiaires de cette offrandedu Christ, de ce sang versé pour eux (cf. Jn 6,53‑58) ? Et commenttout cela se mettra-t-il très concrètement en œuvre au plusprofond de notre être (cf. Jn 6,63 TOB ; Ga 5,25) ?

Redire la mission universelle de Jésus avec les termesexprimés en Jn 17,2 ; qui sont « ceux que tu lui as donnés »d’après Jn 6,44 ; 6,65 et 17,6.9, en se souvenant du double sensde « venir à Jésus » (cf. le parallèle de Jn 6,35) ? D’après Jn6,44, quelle attitude de l’homme apparaît alors primordiale pourque Jn 17,2 puisse s’accomplir (le contraire apparaît à la fin dechacun des versets suivants : Ep 2,2 ; 5,6 ; Col 3,6) ?

Remarquons enfin que les versets 1 à 5 sont construitsen inclusion, et l’on retrouve avec cette disposition une phrasecélèbre de St Irénée (2° siècle ap JC)…

A – Glorifie ton Fils

B – afin que le Fils teglorifie… « La Gloire de Dieu,

C – afin qu’ildonne la vie éternelle… c’est l’homme vivant ».

B’ – je t’ai glorifié…

A’ – Glorifie-moi, Père…

Deuxième partie : la prière de Jésus pour ses disciples (Jn17,6-23)

a) Rappel du cheminement des disciples (Jn 17,6-10)1.

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Nous retrouvons au tout début la mission première deJésus : faire connaître le Père. Nous allons suivre lesdifférentes étapes qui permettent d’atteindre ce but :

1 – Qui est le premier à agir et que fait-il (cf. Jn 17,6 ; Jn6,44 ; 6,65) ?

2 – Que fait alors Jésus d’après Jn 17,8 ?

3 – Mais alors même que Jésus agit ainsi, quel Don vient frapper àla porte du cœur de ceux et celles qui l’écoutent avec bonnevolonté (cf. Jn 3,34[1]) ?

4 – Grâce à ce Don, que pourront d’ailleurs dire tous ceux etcelles qui l’ont accueilli (cf. deuxième moitié de 1Co 12,3 ; Jn9,38) ?

5 – Où ce Don se trouve-t-il au même moment en Plénitude (cf. Lc4,1).

6 – Et quel est Celui qui permet qu’il en soit ainsi de touteéternité (� à la lumière du lien établi en Jn 6,63 ; Rm 8,2 ; 8,6(TOB) ; fin de 2Co 3,6 ; Ga 5,25 ; fin de Ga 6,8 ; fin de1P 3,18 ; fin de 1P 4,6 ; Ap 11,11 ; � les conséquences sontdécrites en Jn 5,26 ; première moitié de Jn 6,57) ?

7 – Que permet aussi ce Don au cœur des disciples (1Co 2,12) ?Noter ce verbe qui intervient en ce verset mais aussi en Jn 17,3et Jn 17,7…

Récapitulons : Par leur … (4)…, les disciples de Jésusont reçu … (3)… en accueillant … (2)… que Jésus leur a données. …(3)… leur a permis alors de … (7) … que ce même … (3)… se trouveaussi en plénitude en … (5)… grâce à … (6)… C’est ainsi, ditJésus, « qu’ils ont connu que tout ce que tu m’as donné vientd’auprès de toi » (Jn 17,7), et « qu’ils ont connu vraiment que jesuis venu d’auprès de toi » (Jn 17,8)…

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Et pourquoi Jésus peut-il dire maintenant : « je suisglorifié en eux » ; que reconnaît-il à son tour en eux ?

b) Prière de Jésus pour ses disciples (Jn 17,11-19)1.

Premièreintention (Jn 17,11-13) Dans la Bible « le Nom » renvoie au Mystère même deCelui qui le porte… Ici, pour Dieu, il renvoie à ce que Dieu esten Lui-même… Or, que peut-on en dire d’après Jn 4,24 ? En Jn17,11, Jésus évoque d’ailleurs ce « Nom que tu m’as donné » ; àla lumière de Jn 4,24, que donne donc le Père au Fils de touteéternité ? Et c’est ainsi que le Fils est « engendré, non pascréé, de même nature que le Père. Il est Dieu né de Dieu, Lumièrené de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu »… Quel mystère viventalors le Père et le Fils, depuis toujours et pour toujours ?Comment St Jean en parle-t-il en Jn 10,30 ? Or, quel est justementle Don que Jésus, l’envoyé du Père, est venu nous communiquer (Ac2,38 ; 10,45 ; 1Th 4,8) ? Ainsi, on peut dire que Jésus est venudonner aux hommes ce « Nom » qu’il reçoit de son Père de touteéternité… C’est comme cela qu’il nous le fait « connaître » (Jn17,26), en nous le communiquant… Le Catéchisme de l’EgliseCatholique écrit ainsi (& 460) : « Le Verbe s’est fait chair pournous rendre « participants de la nature divine » (2 P 1,4) : « Cartelle est la raison pour laquelle le Verbe s’est fait homme, et leFils de Dieu, Fils de l’homme : c’est pour que l’homme, en entranten communion avec le Verbe et en recevant ainsi la filiationdivine, devienne fils de Dieu » (St. Irénée). « Car le Fils deDieu s’est fait homme pour nous faire Dieu » (St. Athanase). « LeFils unique de Dieu, voulant que nous participions à sa divinité,assuma notre nature, afin que Lui, fait homme, fit les hommesDieu » (S. Thomas d’Aquin). »

Si ce Don est effectivement reçu par les disciples de Jésus, quevivront-ils alors à leur tour d’après la fin de Jn 17,11 ? Avec

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cette prière, « Père, garde les dans ton Nom », que demande enfait Jésus à son Père ? Mais il connaît bien la faiblesse deshommes : qu’est-ce qui permettra en fin de compte à cette demanded’aboutir (cf. Lc 1,50.54.78 ; Rm 9,16 ; 15,9 ; 2Co 1,3 ; Ep 2,4 ;1Tm 1,16 ; Tt 3,5 ; Hb 4,16 ; 1P 1,3 ; 2,10 ; Jude 1,21) ? Encorefaut-il bien sûr que nous acceptions, jour après jour, de tout luioffrir… Et quel est le seul but que Jésus poursuit en priant ainsipour eux (cf. Jn 17,13) ?

Deuxièmeintention (Jn 17,14-16) Le mot « monde » en Jn 17,14 et 17,16 a le même sensqu’en Jn 12,31 ; 14,30 et 16,11… Quelle difficulté Jésus souligne-t-il en Jn 17,14 (cf. Jn 15,18-16,4 ; Mc 10,29‑30 ; Mt 10,17-25) ?Et que demande-t-il pour ses disciples ? Que retrouve-t-on(cf. Mt 6,13) ? Comme toujours, inspiré par l’Esprit Saint (cf.Rm 8,26-27), Jésus demande à Dieu ce qu’il veut faire pour chacund’entre nous : voir Jn 12,46 avec 8,12 ; Ac 26,17-18 ; Col1,12-14…

Les disciples seront-ils donc préservés de toute épreuve ? Maisqu’est-ce que Jésus leur avait déjà promis (cf. Jn 16,33 avec Mt28,20) ? Nous sommes ici au cœur de la Bonne Nouvelle. Nouspouvons en effet relire 2Co 1,3-7 : « Béni soit le Dieu et Pèrede notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et leDieu de toute consolation, (4) qui nous console dans toute notretribulation, afin que, par la consolation que nous‑mêmes recevonsde Dieu, nous puissions consoler les autres en quelque tribulationque ce soit. (5) De même en effet que les souffrances du Christabondent pour nous, ainsi, par le Christ, abonde aussi notreconsolation. (6) Sommes-nous dans la tribulation ? C’est pourvotre consolation et salut. Sommes-nous consolés ? C’est pourvotre consolation, qui vous donne de supporter avec constance lesmêmes souffrances que nous endurons, nous aussi. (7) Et notre

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espoir à votre égard est ferme : nous savons que, partageant nossouffrances, vous partagerez aussi notre consolation. »

Et la Bible de Jérusalem donne en note : « La consolation estannoncée par les prophètes comme caractéristique de l’èremessianique (Is 40,1) et devait être apportée par le Messie (Lc2,25). Elle consiste essentiellement dans la fin de l’épreuve etdans le début d’une ère de paix et de joie (Is 40,1s ; Mt 5,5).Mais, dans le NT, le monde nouveau est présent au sein du mondeancien et le chrétien uni au Christ est consolé au sein même de sasouffrance, (2 Co 1,4‑7 ; 7 4 ; cf. Col 1,24). Cette consolationn’est pas reçue passivement, elle est en même temps réconfort,encouragement, exhortation (même mot grec paraklèsis). Sa sourceunique est Dieu (2 Co 1,3-4) par le Christ (2 Co 1,5), et parl’Esprit (Ac 9,31), et le chrétien doit la communiquer (2 Co 1,4.6; 1 Th 4,18). Parmi ses causes, le NT cite : le progrès de la viechrétienne, (2 Co 7,4.6.7), la conversion (2 Co 7,13), l’Ecriture(Rm 15,4). Elle est source d’espérance (Rm 15,4).

Dans sa deuxième Lettre aux Corinthiens, Paul insisteconstamment sur la présence de réalités antagonistes, voirecontradictoires, dans le Christ, l’apôtre et le chrétien :souffrance et consolation (1,3-7 ; 7,4) ; mort et vie (4,10-12 ;6,9) ; pauvreté et richesse (6,10 ; 8,9) ; faiblesse et force(12,9-10). C’est le mystère pascal, la présence du Christressuscité au milieu du monde ancien de péché et de mort (1 Co1-2). »

Et puisque Dieu est « Source d’Eau Vive » (Jr 2,13 ;17,13), c’est-à-dire Source d’Esprit Saint (cf. Jn 7,37‑39), laprière est avant tout ouverture du cœur, accueil de cette Eau Viveet donc de l’Esprit qui sanctifie… L’Esprit donné s’unit en effetà celui ou celle qui accepte de le recevoir et le transforme ainsien Lui… Christ Ressuscité apparaît alors, par la Présence de sonEsprit donné gratuitement dans nos cœurs, au milieu du mondeancien de péché et de mort dont nous faisons tous partie, car noussommes tous des êtres blessés par le mal, d’une manière ou d’uneautre…

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Troisièmeintention (Jn 17,17-19) Littéralement, Jésus demande : « Sanctifie-les dansla vérité »… Quel principe retrouvons-nous ici (cf. Ex 31,13 ;Lv 21,8 ; Ez 20,12 ; 37,28 ; 2Mac 1,24-25 ; 1Th 5,23‑24), comments’accomplit-il (cf. Rm 15,16 ; 1Co 6,11 ; 2Th 2,13) et quelleattitude réclame-t-il de nous (1P 1,22 ; Jn 3,21 ; 2Co 7,1) ?Et la vérité de notre misère rencontrera la vérité de laMiséricorde qui nous sanctifiera par le Don de l’Esprit de Vérité.Il s’agira ensuite, jour après jour, de lui obéir pour avancer àla suite du Christ, sur le Chemin de la Vérité qui conduit à laVie (Jn 14,6)… Pourquoi d’ailleurs, après avoir dit « sanctifie-les dans la vérité », le Christ déclare-t-il juste après : « taparole est vérité » (cf. Jn 3,34 dans la traduction de la Bible deJérusalem vue précédemment, puis Jn 15,3 ; même idée supposant unelogique semblable en 1Tm 4,5[2]) ? Et le Fils obéira de tout cœuret jusqu’au bout à la vérité (cf. Jn 18,37) pour que, par sonoffrande, le projet du Père s’accomplisse : que nous soyonssanctifiés dans la vérité… De quoi, d’après Jn 17,18, cette œuvrede Dieu sera ensuite le fondement ? En effet, que devront fairepar la suite les disciples (cf. Lc 24,48 éclairé par le versetprécédent ; Ac 1,8 ; 5,32) ?

Quatrièmeintention Jésus envoie ses disciples dans le monde comme Lui-même fut envoyé dans le monde (Jn 20,21). Et il prie maintenantpour tous les nouveaux disciples que feront ses disciples, c’est-à-dire pour l’Eglise, jusqu’à la fin des temps…

Quelle fut l’activité missionnaire par excellence deJésus (cf. Jn 17,8 ; Lc 4,15.31 ; 5,3 ; 6,6 ; 13,10 ; 20,1…) ?

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Celle des disciples d’après Jn 17,20 sera-t-elle différente ? Dequelle Parole Jésus s’est-il fait le Serviteur (Jn 17,8 ; 3,34 ;7,16-17 ; 8,26.28.40 ; 12,49-50 ; 14,10.24 ; 15,15) ? De quelleParole ses disciples seront-ils les serviteurs (cf. Mt 28,18-20) ?Et qui les aidera dans cette tâche (cf. Jn 14,26 ; 1Co 2,13) ? Etquel est le but final recherché (cf. Jn 17,21 ; 11,49-52 ; Ep1,9-10 ; 2,18) ? Et par quel moyen tout ceci se réalisera-t-il (Ep4,3 ; 2Co 13,13) ? En quel autre terme pourrait-on en parlerd’après le parallèle entre Jn 4,24 et 1Jn 1,5 ? Que se passera-t-il alors dans les ténèbres de ce monde ? Et quel en sera lerésultat pour tous ceux et celles qui accepteront de lereconnaître (fin de Jn 17,21 ; deuxième moitié de Jn 17,23) ? A lamême question, Mt 5,16 apporte une réponse différente, laquelle ?Que retrouvons-nous ainsi indirectement (cf. Jn 10,30 ; 14,9) ? Si« le monde » atteint ce but décrit à la fin de Jn 17,21, qu’ensera-t-il pour lui (cf. j Jn 6,47 ; 20,31 ; k et donc Jn 3,16-18 ;1Tm 2,3-6) ? Si toute la mission de Jésus est résumée en Jn 17,2et la fin de Jn 4,42, quelle ne peut qu’être la mission del’Eglise ? Et avec elle et par elle, qui continue d’agir (cf. Mc16,20 ; 2Co 2,14-15 ; 5,20 ; 1Co 3,5-9) ?

Et d’ailleurs, nous retrouvons cette dernière réponsedans la logique même de Jn 17,20-23. En effet, en Jn 17,20-21 quiagit et en donnant « quoi » pour que « le monde croie » que lePère a envoyé le Fils ? Et en Jn 17,22-23, qui agit et en donnant« quoi » pour que « le monde reconnaisse » que le Père a envoyé leFils ? Les deux actions sont donc simultanées… Nous retrouvons enfait la dynamique même de la mission de l’Eglise. En effet, cen’est qu’animée par l’Esprit Saint qu’elle peut rendre témoignageau Christ (Ac 1,8 ; 1Co 2,13 ; 1Co 12,7-8). Or, la Gloire de Dieun’est que la manifestation, d’une manière ou d’une autre, de ceque Dieu est en Lui-même. Il n’existe donc pas de « Gloire deDieu » sans la nature divine qui en est comme la source. Donner lagloire, c’est donc donner la nature divine… Or Dieu est Esprit(Jn 4,24). Quand l’Eglise, au fil des siècles, donne au monde laParole du Fils, Celui-ci, au même moment, lui donne l’Esprit pourlui permettre d’accomplir sa mission. Or cet Esprit est aussi

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« Lumière » (1Jn 1,5)… Le monde est ainsi invité à « voir »,à « reconnaître » cette Présence qui habite l’Eglise. La démarcheest alors la même que celle des disciples de Jésus qui étaientinvités à « voir », à « reconnaître » (Jn 6,40 : « Oui, telle estla volonté de mon Père, que quiconque voit le Fils et croit en luiait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour. » Etla Bible de Jérusalem explique en note : « “ Voir ” le Fils, c’estdiscerner et reconnaître qu’il est réellement le Fils envoyé parle Père, cf. 12,45 ; 14,9 ; 17,6 ».) cette même Présence quil’habitait en Plénitude, signature de ce Mystère de Communion quil’unit au Père dans l’unité d’un même Esprit. Et ce « voir » quiest un don de Dieu, car nul ne peut voir la Lumière sans laLumière (Ps 36(35),10), débouche alors sur un « croire » (Fin deJn 17,21, et deuxième moitié de Jn 17,23)… St Paul dit la mêmechose quand il présente l’Eglise comme « le Corps du Christ »…« Voir » l’Eglise vivante rassemblée par sa foi au Christ dansl’unité d’un même Esprit, c’est comme « voir » le Christ uni à sonPère dans l’unité de ce même Esprit…

Et d’après la fin de Jn 17,23, quelle est la seuleréalité qui rend possible cette aventure ? Et « qui » la met enœuvre ? En se souvenant de ce principe de Ste Thérèse de Lisieux,pris au pied de la lettre pour Dieu, « Aimer, c’est tout donner etse donner soi-même », noter la comparaison établie en cette fin deJn 17,23. Qu’implique-t-elle pour les disciples de Jésus (¯)?

Conclusion : prière ultime pour tous…

Cette conclusion est constituée de deux parties : Jn17,24 et Jn 17,25-26 ; comment chacune d’entre elles commence-t-elle et se termine-t-elle ? Comparer la fin de chacune de ces deuxparties, et la fin du verset qui précède immédiatement Jn17,24-26 ; conclusion : dans quel contexte doit être placée toutel’aventure humaine, depuis sa création jusqu’à la fin ? Et quesommes-nous tous appelés à vivre (cf. ¯) ?

Page 40: Quelques ouvrages pour travailler St Matthieu

D’après Jn 3,13-17 ; 4,13-14 ; 4,42 ; 6,39-40.45 ;11,25-26 ; 12,46 ; 18,37, « qui » sont ceux que le Père a donnésau Fils pour les sauver ? Mais cette base étant établie, quelleautre démarche est maintenant nécessaire (cf. Os 11,7 ; Mi 6,3 ;Jn 1,11-12) ? Et qu’est-ce que Jésus « veut » de toutes les fibresde son être ? Conclusion à la lumière de Ps 115(113B),3 ;135(134),6 et de Lc 15,4-7 ; Jn 14,1-4… Cette volonté du Fils, quiest bien sûr la même que celle du Père (1Tm 2,3-6), est àl’origine du Mystère de la Création : Dieu nous a tous en effetcréés pour que nous participions à la Plénitude de sa vie : « Tupeux manger à satiété de tous les arbres du jardin », et notammentde « l’arbre de vie » planté « au milieu du jardin » (Gn 3,16 et3,9), symbole de la vie éternelle, précise la Bible de Jérusalemen note… Et si l’homme a perdu la Plénitude de cette vie par sadésobéissance, la volonté de Dieu, elle, n’a pas changé : et il aenvoyé son Fils dans le monde pour nous donner gratuitement, paramour, ce que nous avions perdu par suite de nos fautes (cf. Rm6,23 ; Jn 10,10 ; Ep 2,1-10)… Il s’est fait chair, il a vécu notrevie d’homme, il a souffert, il est mort et ressuscité pour cela :nous donner la Plénitude de sa Vie… Et maintenant, c’est parl’Eglise qu’il veut continuer sa Mission. Toute la prière de Jn17, juste avant sa Passion et sa Résurrection, est orientée ence sens. Retrouver cette « dynamique de fond » en reprenant tous« les cœurs » ou toutes « les conclusions » des différentesparties de cette prière (voir mouvement littéraire en fin dedocument ; Jn 17,2 ; 17,6 (en se souvenant de Jn 3,34 vuprécédemment, d’où Jn 6,68-69) ; 17,11 et 17,14 pour le bonaccomplissement de 17,18 dont le but est la fin de 17,21 et17,23 ; alors 17,24 et la fin de 17,26 pourra être vraimentvécu !).

Alors, « que ta volonté soit faite » (Mt 6,10) :première moitié de Jn 17,24 et deuxième moitié de Jn 17,26… Etcela « sur la terre comme au ciel » (Mt 6,10), car ce Mystère decommunion avec Dieu commence dès maintenant, sur la terre, par lafoi et dans la foi… Mais là, « on ne voit bien qu’avec les yeux ducœur » (Antoine de St Exupéry)… Et, disait Jésus à ses disciples :

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« Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ; bien desprophètes et des rois ont voulu le voir et ne l’ont pas vu » (Mt13,16-17). Oui, « heureux », dès maintenant, « ceux qui n’ont pasvu et qui ont cru » (Jn 20,29)…

Jacques Fournier

Jean 17 : la Prière de Jésus pour la Vie du monde…

(1) Ainsi parla Jésus, et levant les yeux au ciel, il dit :

Jésus prie son Père pour qu’il puisse accomplir jusqu’au bout samission…

A – « Père, l’heure est venue : glorifie ton Fils,

B – afin que ton Fils te glorifie

(2) C – et que, selon lepouvoir que tu lui as donné sur toute chair,

il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés !

(3) Or, la vieéternelle,

c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul véritableDieu,

et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ.

(4) B’ – Je t’ai glorifié sur laterre,

en menant à bonne fin l’œuvre que tu m’as donné de faire.

(5) A’ – Et maintenant, Père, glorifie-moi auprèsde toi

de la gloire que j’avais auprès de toi, avant que fût le monde.

Page 42: Quelques ouvrages pour travailler St Matthieu

Rappel du cheminement de ses disciples

(6) A – J’ai manifesté ton Nom aux hommes,

que tu as tirés du monde pour me les donner.

Ils étaient à toi et tu me les as donnés et ils ont gardé taparole.

(7) B – Maintenant ils ont (re)connu

que tout ce que tu m’as donné vient de toi ;

(8) C – car les paroles que tum’as données, je les leur ai données,

et ils les ont accueillies

B’ – et ils ont vraiment (re)connu que je suis sorti d’auprès detoi,

et ils ont cru que tu m’as envoyé.

(9) A’ – C’est pour eux que je prie ; je ne priepas pour le monde,

mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi,

(10) et tout ce qui est à moi est àtoi, et tout ce qui est à toi est à moi,

et je suis glorifié en eux.

Première intention de prière pour eux

(11) A – Je ne suis plus dans le monde ; eux sontdans le monde,

et moi, je viens vers toi.

B – Père saint, garde-les dans ton Nom que tu m’as donné,

Page 43: Quelques ouvrages pour travailler St Matthieu

C – pour qu’ils soient un comme nous.

(12) B’ – Quand j’étais avec eux,

je les gardais dans ton Nom que tu m’as donné.

J’ai veillé et aucun d’eux ne s’est perdu,

sauf le fils de perdition, afin que l’Écriture fût accomplie.

(13) A’ – Mais maintenant je viens vers toi et jeparle ainsi dans le monde,

afin qu’ils aient en eux-mêmes ma joie complète.

Deuxième intention de prière pour eux

(14) A – Je leur ai donné ta parole et le monde lesa haïs,

parce qu’ils ne sont pas du monde,

comme moi je ne suis pas du monde.

(15) B – Je ne te prie pas de lesenlever du monde,

mais de les garder du Mauvais.

(16) A’ – Ils ne sont pas du monde,

comme moi je ne suis pas du monde.

Troisième intention de prière pour eux

(17) A – Sanctifie-les dans la vérité : ta paroleest vérité.

(18) B – Comme tu m’as envoyé dans lemonde,

moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.

Page 44: Quelques ouvrages pour travailler St Matthieu

(19) A’ – Pour eux je me sanctifie moi-même,

afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité.

Quatrième intention pour les disciples que feront les disciples…

(20) A – Je ne prie pas pour eux seulement,

mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi,

(21) B – afin que tous soient un.

C – Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi,

qu’eux aussi soient en nous,

D – afin que le monde croie que tu m’as envoyé.

(22) A’ – Je leur ai donné la gloire que tu m’asdonnée,

B’ – pour qu’ils soient un

(23) C’ – comme nous sommesun : moi en eux et toi en moi,

afin qu’ils soient parfaits dans l’unité,

D’ – et que le monde reconnaisse que tu m’as envoyé

et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.

Conclusion : prière ultime pour tous…

(24) I – Père, ceux que tu m’as donnés, (17,6.9)

je veux que là où je suis, (Auprès detoi 17,5.8(11.13) ; en toi 17,21)

eux aussi soient avec moi,

Page 45: Quelques ouvrages pour travailler St Matthieu

afin qu’ils contemplent ma gloire,

que tu m’as donnée (17,5.22)

parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. (17,23)

(25) II – Père juste, le monde ne t’a pas connu,

mais moi je t’ai connu

et ceux-ci ont (re)connu que tu m’as envoyé. (17,3.7-8)

(26) Je leur ai fait connaître ton nom (17,6)

et je le leur ferai connaître,

pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi eneux. » (17,23)

[1] Jn 3,31-34 : « Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous; celui qui est de la terre est terrestre et parle en terrestre.Celui qui vient du ciel (32) témoigne de ce qu’il a vu et entendu,et son témoignage, nul ne l’accueille. (33) Qui accueille sontémoignage certifie que Dieu est véridique ; (34) en effet, celuique Dieu a envoyé prononce les paroles de Dieu, car il donnel’Esprit sans mesure. »

[2] Et puisque Dieu est « Source d’Eau Vive » (Jr 2,13 ; 17,13),c’est-à-dire Source d’Esprit Saint (cf. Jn 7,37‑39), la prière estavant tout ouverture du cœur, accueil de cette Eau Vive et donc del’Esprit qui sanctifie… L’Esprit donné s’unit en effet à celui oucelle qui accepte de le recevoir et le transforme ainsi en Lui…

Correction de la fiche 28 :

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CV – 28 – Jn 17 Correction

Fiche N°29 : La Passion de Jésus (1) :Jn 18,1-19,16.Jésus se laisse arrêter (Jn 18,1-11)…

Jésus avait une mission : laquelle d’après Jn 1,18 etJn 17,6, en se souvenant que le nom, dans la Bible, renvoie àl’identité profonde de celui qui le porte et dit « quelque chose »de son Mystère ? Préciser la réponse précédente avec 1Jn 4,8 et1Jn 4,16. Si Dieu est ainsi, quelle est donc, envers et contretout, son unique attitude vis-à-vis des hommes qu’il a créés (cf.Jr 24,6 ; 32,40‑41 ; 33,9) ? Jésus sera fidèle à cette missionjusqu’au bout… « Le Fils de l’homme va être livré aux mains despécheurs ». Il va « beaucoup souffrir » de leur part, « êtrerejeté, tué » (Mt 26,45 ; Mc 8,31), mais face à toutecette violence, cette méchanceté, cette cruauté, Jésus ne répondraque par l’amour. Il ne cessera d’aimer ceux qui lui font tant demal, ne cherchant et ne désirant que leur bien le plus profond… LaPassion est ainsi le sommet de la Révélation du Mystère de ce DieuAmour qui, de toute éternité, n’est qu’Amour et recherchecontinuelle du bien le plus profond de tous les hommes qu’il aime,quels qu’ils soient…

« Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même »(Ste Thérèse de Lisieux). Retrouver ce principe pour Jésus en Jn15,13 et Rm 5,6-8. Et quels sont « ses amis » d’après Jn 3,16‑17 ?Mais si Dieu est, depuis que le monde existe, « ami des hommes »

Page 47: Quelques ouvrages pour travailler St Matthieu

(Sg 1,6 ; 7,23), ami de tous les hommes, quels qu’ils soient,toute amitié, pour être réellement vécue, demande, espère, implorela libre réciprocité… Voilà donc tout ce que Dieu attend de nous :reconnaître son Amour indéfectible et sans réserve, l’accepter,l’accueillir, et lui répondre dans le même registre. « Sesdisciples » ont commencé à le faire (1Jn 4,19), une réponse queDieu désire et attend de tout homme…

La Passion sera donc le sommet de la révélation deDieu « Amour ». Telle était toute la mission de Jésus. Il lui serafidèle jusqu’au bout, non sans difficultés ni combats (Lc22,39-46), ce qui nous montre une fois de plus, et à quel point,il était humain ! A tout ce mal que les pécheurs lui feront, etquel mal, il ne répondra que par l’Amour, et la recherchecontinuelle de leur bien, acceptant de mourir sur une croix pourqu’un jour, ils soient tous sauvés, s’ils l’acceptent !

Cette attitude demande une force qui dépasse noscapacités humaines… Jésus l’implora de son Père : qu’il soitfidèle jusqu’au bout à manifester que « Dieu est Amour » et qu’Iln’Est qu’Amour… « Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils afinque ton Fils te glorifie » (Jn 17,1 ; cf. Jn 12,27-28) en nerépondant au mal que par l’Amour et la recherche continuelle duBien de tous, et notamment de ceux qui le tueront… Et de fait, unefois ressuscité, que se proposera-t-il de faire à leur égard (cf.Ac 3,25-26) ?

Marie, la Mère de Jésus, ne vivra pas la Passion… Maiselle sera « auprès de la Croix de Jésus » (Jn 19,25), touteproche, le soutenant par sa prière, son acceptation, son offrande,par amour de Dieu et des hommes… « Toi-même, une épée tetranspercera l’âme », lui avait annoncé Syméon, prophète en cetinstant, lui « sur » qui « reposait l’Esprit Saint » (Lc 2,35 ;2,26). Ce qui nous est dit ici sur Marie, peut nous aider àpercevoir, tant soit peu, ce que Dieu le Père a vécu en son cœur…Et il l’a accepté par amour pour tous les hommes… « Dieu a tantaimé le monde qu’il a donné son Fils, l’Unique-Engendré, afin quequiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie

Page 48: Quelques ouvrages pour travailler St Matthieu

éternelle » (Jn 3,16).

« De l’autre côté du torrent du Cédron, il y avait làun jardin dans lequel Jésus entra ainsi que ses disciples »… StJean ne nomme pas le jardin où il se rend ; quel est-il d’aprèsles autres évangiles (Mt 26,36 ; Mc 14,32) ? D’après Jn 18,4, est-ce que ce sont les soldats qui viennent vers Jésus et mettent lamain sur lui ? Que se passe-t-il en réalité (cf. Jn 10,17-18 :« Je dépose ma vie, pour la recevoir. Personne ne me l’enlève ;mais je la dépose de moi-même. J’ai pouvoir de la déposer et j’aipouvoir de la recevoir de nouveau ; tel est le commandement quej’ai reçu de mon Père. »). Et quelle en est la raison profonde(1 – Jn 14,31 ; 2 – Jn 13,1) ?

Souvenons-nous… Au tout début de son ministèreterrestre, deux disciples de Jean-Baptiste s’étaient mis à suivreJésus. Que leur avait-il demandé (cf. Jn 1,38) ? Et il leur avaitrépondu : « Venez et voyez », c’est-à-dire, dans le vocabulaire deSt Jean, « croyez » et « posez sur moi un regard de foi » qui vouspermettra de reconnaître que « je suis dans le Père et que le Pèreest en moi » (Jn 14,10-11), « un » avec le Père (Jn 10,30), uni auPère dans la communion d’un même Esprit (Jn 4,24), d’une mêmeLumière (1Jn 1,5), d’un même Amour (1Jn 4,8.16)…

Jésus est donc « l’Unique Engendré » du Père (Jn1,14 ; 1,18 ; 3,16 ; 3,18), « le Fils bien-aimé » du Père (Mt3,17 ; 12,18 ; 17,5 ; cf. Jn 3,35 ; 5,20 ; 10,17 ; 15,9 ;17,23-26), « le Fils de Dieu » (Jn 1,49), Celui qui est auprès duPère avant tout commencement (Jn 1,1-2). Et à la fin de sonministère, Jésus pose une question semblable, mais cette fois àceux qui viennent l’arrêter (Jn 18,4). Et que répondentles gardes ? Quel est en fait le contenu de leur réponse (cf. Jn6,42 ; Mt 13,53-58 ; Mc 6,1-6) ? Et Jésus, lui, que répond-il ?Derrière nos traductions, qui tiennent compte du contexterelationnel dans lequel Jésus s’exprime, quel grand Mystères’offre en fait aux gardes (se souvenir de Jn 4,26 ; 6,20 ; 8,24 ;8,58 ; Ex 3,14) ? Et combien de fois cette expression intervient-elle dans notre passage (Se souvenir que le chiffre « trois » dans

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la Bible renvoie souvent à Dieu en tant qu’il agit) ? On peutsupposer qu’en cet instant, au moment où Jésus prononçait cesparoles, « quelque chose » de l’épisode raconté en Mc 9,2-8 s’estréalisé pour ces gardes ; un élément supplémentaire, allant dansle même sens, leur est d’ailleurs offert en Jn 18,6 : quel est-ilet que signifie-t-il ? Mais pour reconnaître ce Mystère, quelregard doivent-ils porter sur Jésus (cf. Jn 6,40 avec la note dela Bible de Jérusalem : « “ Voir ” le Fils, c’est discerner etreconnaître qu’il est réellement le Fils envoyé par le Père, cf.Jn 12,45 ; 14,9 ; 17,6 » ; situation semblable en Jn 9,35-38) ?Mais que suppose en fait ce regard (De tout cœur : 1 – Is 45,22 ;2 – Mt 3,2 ; 4,17 ; Ac 2,38 ; 3,19 ; 17,30 ; 20,21 ; 26,20 – Ap2,21 ; 16,9-11 ; 3 – Ac 16,14 ; 14,27) ? Et si tel est le cas,puisque Dieu est tel qu’il est décrit en Jr 2,13 et 17,13 lu avecJn 7,37-39, que se passera-t-il aussitôt (cf. Lc 1,15 ; 1,40 ;1,67 ; 4,1 ; Ac 2,4 ; 4,8) ? Et en mettant ensemble Jn 4,24 et 1Jn1,5, qu’est-ce qui pourra alors être vécu (cf. Ep 1,18 ;Ps 36(35),10) et donc affirmé (cf. 1Co 12,3) ? Mais ces gardesouvrent-ils leur cœur à Dieu et au témoignage qu’il ne cesse derendre à son Fils par l’Esprit Saint (Jn 15,26 ; 1Jn 5,5‑12) ? Etpourtant, que se passera-t-il encore par la suite (Jn 18,10)d’après Lc 22,50-51 ? Si autrefois leur cœur s’était entrouvert,s’ils avaient perçu « quelque chose » de son Mystère,s’ils n’avaient pas pu alors l’arrêter (Jn 7,45-47), maintenant,hélas, « son heure est venue » (Jn 7,30 ; 8,20 ; 12,23-24.27 ;13,1 ; 17,1)… Ils vont mettre la main sur lui (Mt 26,50), sesaisir de lui, l’arrêter et l’emporter… Mais ce ne sont pas lespécheurs qui, à travers Jésus, mettent la main sur Dieu… C’estDieu qui se donne à eux tout entier, pour leur salut…

Jésus accepte donc la volonté du Père, mais ens’exprimant comme il le fait en Jn 18,11, à quel épisode fait-ilallusion (cf. Lc 22,39-44) ? Si St Jean ne rapporte pas « l’agoniede Jésus à Gethsémani », nous constatons une fois de plus qu’il yfait souvent allusion (cf. Jn 12,27-28 ; 14,31 avec Mt 26,46)…

Jésus devant Anne et Caïphe. Reniements de Pierre (Jn 18,12-27).

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D’après les tableaux chronologiques de nos Bibles,quand Anne et Caïphe furent-ils « grands prêtres » ?

Jn 18,14 rappelle Jn 11,45-54. Ainsi, avant même quele procès n’ait commencé, en connaît-on déjà l’issue (∆) ? Etd’après ce dernier texte, pour quel but Jésus accepte-t-il toutecette mascarade (voir aussi Jn 14,1-3 ; 17,24 avec la perspectivede Jn 3,16-17 ; 1Tm 2,3-6 ; Ep 1,9-10 ; 2,18 ; 1Th 5,9-10 ; 1Jn1,1-4) ?

D’après les notes de nos Bibles, qui est trèscertainement cet autre disciple nommé en Jn 18,15 (cf. Jn19,25-27 ; 13,23 ; 20,2 ; 21,7.20) ? Qu’indique sa présence en celieu et en une telle circonstance ? Et il fera entrer Pierre qui« se tenait près de la porte, dehors » en disant « un mot à laportière ». Qu’avait dit autrefois ce dernier (cf. Jn 13,37-38 ;Mt 26,30-35 ; Mc 14,26-31) ? En quoi se trompait-il ?Quelle douloureuse expérience fera-t-il par la suite (Mt 26,75 ;Lc 22,62) ? Mais à la lumière de Mc 10,21, que découvrit Pierredans le regard de Jésus en Lc 22,61 ? En accord avec la prédictionde Jésus en Jn 13,38, combien de fois Pierre déclare-t-il ne pasle connaître en Jn 18,12-27 ? Or, « trois » dans la Bible, est lechiffre de Dieu en tant qu’il agit… Quelle interprétation lesymbolisme de ce chiffre apporte-t-il donc à la scène (cf. Lc1,51-52) ? Qu’apprend donc ici St Pierre (cf. 1P 5,5) ? Or,d’après cette dernière citation, quelle attitude de cœur estabsolument nécessaire à l’accueil de cette grâce dont Dieu veutcombler tous les hommes ? Quel but Dieu poursuivait-il donc àtravers cette épreuve vécue ici par St Pierre ? Et quels fruitsportera-t-elle encore en lui d’après 1P 3,8 ; Col 3,12 ; Ep 4,2 ?Noter particulièrement Ph 2,3 ; or, quelle était la vocation àlaquelle Pierre était appelée (cf. Mt 16,18-19) ? Et de fait, enquelle position intervient-il dans les Evangiles chaque fois qu’ilest nommé avec les autres disciples (cf. Mt 10,2-4 ; Mc 3,16‑19 ;Lc 6,13-16 ; puis Mc 4,18-22 ; Mt 17,1 ; 26,37…) ? Mais, tout enétant à cette place, comment devait-il se comprendre de cœur vis-

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à-vis de tous (cf. Mt 20,24-28 ; Mc 10,41-45 ; Lc 22,24-27 ; voiraussi Mt 11,11 ; Lc 9,48) ? En effet, « qui » est celui qui seproposait d’agir au cœur de sa vocation pour lui donner de porterdu fruit (relire Mt 16,18-19) ? Et ceci est valable pour tous,quelque soit le service que nous pouvons accomplir en Eglise (cf.Jn 15,5)…

« Le grand prêtre interrogea Jésus sur ses discipleset sur sa doctrine »… Pourquoi Jésus ne répond-il pas (cf. (∆) ;Jn 8,37.43-47 ; Mt 13,15 ; Ac 7,57) ? Et c’est lui qui va semettre à interroger le grand prêtre (Jn 18,21) ! Dans ce contexte,à quoi renvoie sa question (cf. Jn 7,51 ; car Jn 3,20 ; et de faitn’oublions pas Mc 11,18 ; et pourtant, les Grands Prêtres et tousles responsables religieux auraient dû être les premiers à mettreen pratique Ex 20,13 !).

Jésus devant Pilate (Jn 18,28-19,16)

Ces « autorités religieuses » vont livrer Jésus à Pilate,l’autorité romaine en place. Mais ils ne vont pas entrer dans sonpalais « pour ne pas souiller »… En effet, quiconque ne pratiquepas la Loi est considéré comme un être impur, lequel transmet sonimpureté à tout ce qu’il touche… C’est pourquoi il fallaitpratiquer soigneusement toutes sortes d’ablutions rituelles auretour du marché, car on avait pu, sans la savoir, toucherquelqu’un d’impur… Ils n’entrent donc pas cher Pilate « pour nepas se souiller ». Nous retrouvons ici un trait de cette« hypocrisie religieuse » dont le cœur n’est en fait qu’unerecherche de soi par la mise en pratique des prescriptionsreligieuses… J’agis bien, donc je suis quelqu’un de bien… Unetelle attitude intérieure ne peut que pousser à mépriser tous ceuxet celles qui n’agissent pas de la même manière… « Le Pharisien,debout, priait ainsi en lui-même : Mon Dieu, je te rends grâces dece que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces,injustes, adultères… Je jeûne deux fois la semaine, je donne ladîme de tout ce que j’acquiers » (Lc 18,11-12). « Mais cette foule

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qui ne connaît pas la Loi, ce sont des maudits ! » (Jn 7,49).Mais, « malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, quiacquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, aprèsavoir négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, lamiséricorde et la bonne foi; c’est ceci qu’il fallait pratiquer,sans négliger cela » (Mt 23,23). « Si vous aviez compris ce quesignifie : C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice,vous n’auriez pas condamné des gens qui sont sans faute » (Mt12,7). Et ces « guides aveugles » vont condamner Jésus de la mêmecondamnation avec laquelle ils méprisaient tous ceux et celles quine pratiquaient pas leurs multiples préceptes « religieux »…« Guides aveugles » car « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16). La seulechose qu’il attend de nous, c’est que nous nous aimions les unsles autres, quelles que soient nos origines, notre couleur depeau, notre condition sociale… Tous les hommes en effet sontd’égales dignité, et Dieu ne regarde pas aux apparences, mais aucœur… La plus grande richesse en cette vie est ainsi faite detoutes les petites attentions et délicatesses que nous pouvonsnous porter les uns envers les autres…

Que retrouvons-nous ici en Jn 18,31 (cf. (∆)) ? Mais les Romainsavaient retiré aux Juifs le droit de mettre à mort. Si tel n’avaitpas été le cas, comment Jésus serait-il mort (cf. Jn 8,59 ;10,31 ; Ac 7,55-60) ? Mais était-ce ce que prédisaient lesEcritures (cf. Ps 22(21),17-19 : Si le texte hébreu a « comme pourdéchiqueter », la traduction liturgique a suivi la traductionlatine de St Jérôme (« la Vulgate ») : « Oui, des chiens mecernent, une bande de vauriens m’entoure. Ils me percent les mainset les pieds ; je peux compter tous mes os. Ces gens me voient,ils me regardent. Ils partagent entre eux mes habits et tirent ausort mon vêtement »…) ? Et Jésus les connaissait par cœur (Jn3,14 ; Mt 21,42 ; 22,29 ; 26,30 ; 26,54 ; Lc 20,42 ; 24,44 ; Jn5,39)… Il savait donc par quelles mains il allait mourir et dequelle mort (Mt 26,2 ; Lc 24,7), même s’il a découvert toutes lescirconstances précises au moment où il les vivait…

Quel moyen les Chefs d’Israël avaient-ils trouvé pour

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accuser Jésus auprès des Romains (cf. Jn 19,12) ? Et en effet,s’il en avait bien été ainsi, quel aurait été le motif desa condamnation (cf. Mc 15,7 ; Lc 23,18) ? Voilà ce que Pilate,responsable de l’ordre public et de la souveraineté de Rome sur laPalestine, va chercher à mettre en évidence ; quelle questionpose-t-il donc immédiatement à Jésus (cf. Jn 18,33) ? A nouveauJésus répond par une question ; et avec elle, que cherche-t-il,lui, à mettre éventuellement en évidence (cf. Jn 1,49-50 tout ense souvenant de Jn 6,44 ; 6,65 ; 1Co 12,3) ? Une réponsepersonnelle de Pilate aurait alors manifesté sa bonne volonté, soncœur ouvert à la vérité. Dans des circonstances normales, était-cela peine pour lui de poser une telle question (cf. Jn 2,25) ? Atravers cette question à Pilate, que pressentons-nous ici (cf. Jn12,27 ; 13,21) ? Voilà ce que Jésus vit en cet instant au plusprofond de lui‑même, et pourtant, que ne cesse-t-il de désirerpour ses disciples (cf. Jn 14,1.27) ?

Une fois de plus, Jésus va se montrer fin diplomate…Répond-il directement à la question que lui pose Pilate en Jn19,35 ? Que lui dit-il aussitôt ? Se présente-t-il commeun éventuel concurrent à l’autorité romaine ? Par contre, ques’était-il passé pour Barabbas (cf. Mc 15,7) ? Et qui finalementsera relâché ? Comble de l’injustice… Noter en passant combien defois intervient le mot « royaume » dans la réponse de Jésus… Noussommes ici à la fin de son ministère, et ce même mot étaitintervenu seulement deux fois auparavant, au tout début de sonministère, en Jn 3,3 et 3,5… A la lumière de Rm 14,17 et de Jn6,63, redire ce qu’est « le Royaume des Cieux » pour St Jean(cf. 1Jn 1,3).

Telle est « la vérité » à laquelle Jésus rendtémoignage (Jn 18,37), une vérité qui prend sa Source dans lePère, « le seul véritable Dieu » (Jn 17,3), et qui est mise enœuvre dans le Fils (cf. Jn 5,26) par le Don que le Père lui faitde toute éternité de la Plénitude de l’Esprit, « l’Esprit quivivifie » (Jn 6,63). Le Père Est « Dieu », et à ce titre, il « EstEsprit » (Jn 4,24). En donnant au Fils cette Plénitude de l’Esprit

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qui le constitue, il l’engendre « avant tous les siècles ». LeFils est ainsi « Dieu Fils Unique » (Jn 1,18), « de même natureque le Père »… Il n’est pas le Père, mais cette même Plénitude del’Esprit qu’il reçoit du Père depuis toujours et pour toujours leconstitue lui aussi « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière,vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo). Le Fils est ainsi le témoinde cette Communion qu’il vit avec le Père en tant qu’il la reçoitdu Père par le Don de « l’Esprit qui vivifie ». Et il nous appelletous à nous tourner nous aussi avec Lui vers le Père (Jn 1,18 ; Mt3,2 ; 4,17) pour que nous puissions recevoir nous aussi ce que Luireçoit du Père : « l’Esprit qui vivifie » et qui, seul, peutcombler nos cœurs de la Vie (Jn 10,10), de la Paix (Jn 14,27) etde la Joie même de Dieu (Jn 15,11)… « Dieu Est Esprit », « Dieuest Amour »… « Le fruit de l’Esprit est Amour, Joie, Paix »…

D’après Jn 18,38, Pilate a-t-il compris que Jésus nereprésente aucun danger pour Rome ? Que désire-t-il pour lui ?Cela rejoint-il le désir des autorités d’Israël (∆) ? Pourquoi, àvotre avis, Pilate va-t-il faire flageller Jésus ? Et nousretrouvons en cet épisode le motif de condamnation avancé par lesautorités juives… Le mot « roi » intervient en St Jean en 1,49 ;6,15 ; 12,13.15 ; 18,33.37.39 ; 19,3.12.14.15.19.21… En quellecirconstance est-il donc le plus souvent employé ? Conclusion :quand Jésus manifeste-t-il en toute clarté le Mystère de saRoyauté ? Que veut donc dire pour lui « être roi », dequelle royauté parle-t-on (cf. Ps 117(116)) ? Nous allonsretrouver cette réponse à travers la présentation que Pilate faitde Jésus en Jn 19,5. A la lumière de Mt 8,17 qui citeIs 52,13-53,12 (cf. Is 53,4 d’une part, et Is 53,5-6.11-12), quevoyons-nous ici à travers cet homme meurtri, souffrant, écrasé ?Quelle solidarité Jésus a-t-il donc voulu vivre et pourquoi(cf. 2Co 5,21 ; 1P 2,21-25) ? Voilà ce qu’est pour lui « êtreroi » et il ne l’est que « pour nous » (Rm 4,24-25 ; 5,8 car8,31-32 ; 8,34 ; 1Co 1,30 ; 15,3-4 ; 2Co 5,21 ; Ga 1,3-5 ; 3,13 ;Ep 5,2 ; 1Th 5,9-10 ; Tt 2,11-14)… Sa résurrection manifestera savictoire totale et définitive, une victoire qu’il veut mettre enœuvre dans notre vie (cf. Ap 2,7.11.17.26 ; 3,5.12.21 ; 21,6-7) si

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nous acceptons de nous abandonner entre ses bras tels que noussommes, faibles, fragiles, pécheurs, blessés… Alors s’accomplira« pour nous » Jn 1,4-5 ; 16,33 ; Rm 5,20 ; 6,23 ; 8,35-39 ; 2Co2,14 ; Ep 2,4-10 ; 1Jn 2,13‑14 ; 4,4 ; 5,3‑5 ; Ap 12,10-12 ;17,14…

Noter la condamnation portée par les autorités juivesà Jésus en Jn 19,7 ; est-elle exacte (cf. Jn 8,54-55 ; 12,28 ;3,16-18.35-36 ; 5,19-20 ; 5,21-23.26-27 ; 6,27.40 … et aussi Jn1,49 ; noter aussi comment Jésus parlait de lui-même en Jn 1,51 ;3,13-14 ; 8,28… une expression que nous pourrions tous reprendre ànotre compte comme Ezéchiel : Ez 2,1.3.6.8…) ? Pilate posera alorsen Jn 19,9 « la » question centrale de l’Evangile… La Bible deJérusalem donne en note : « C’est-à-dire non pas : “ de quel payses-tu ? ” mais : “ quelle est ta mystérieuse origine ? qui es-tu ? ”. Après les gens de Cana, 2,9, la Samaritaine, 4,11, lesapôtres, la foule, 6,5, les chefs juifs, 7,27s ; 8,14 ; 9,29s,Pilate se trouve lui aussi face au mystère de Jésus, 16,28 ;17,25, sujet de tout l’évangile »… Et pourquoi Pilate a-t-il encet instant « pouvoir » sur Jésus (cf. Jn 8,20 ; se souvenir deJn 18,6 et pourtant 18,12) ? A nouveau Pilate cherche à lerelâcher… A nouveau, l’accusation de « se faire roi » lui estlancée… Mais la haine se déchaîne, poussant les autorités juives àaller jusqu’à la reconnaissance de l’autorité romaine, et donccelle de Pilate (Jn 19,15)… Le reste lui importe peu… « Alors ille leur livra pour être crucifié »…

D. Jacques Fournier.

Correction de la fiche N° 29

CV – 29 – Jn 18,1-19,16 Correction

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Fiche N° 30 : La Passion de Jésus (Jn19,16-42)…

Le crucifiement (Jn 19,16-22)…

« Alors, il (Pilate) le leur livra pour êtrecrucifié »… Mais ce n’est pas Pilate qui « livre » Jésus… Plusprofondément, c’est le Père qui le livre, au sens où il le donneaux pécheurs, par amour des pécheurs et pour leur salut, « Lui quin’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous tous »(Rm 8,32). Nous l’avons vu précédemment : « Un glaive tetranspercera le cœur » (Lc 2,35). Combien cette parole, adresséepar Syméon à Marie, la mère de Jésus, est-elle valable elle aussipour son Père, à un degré dont nous n’avons pas conscience puisquenous parlons ici d’une Personne divine dont l’Amour Eternel estinfini… Le Père « donne » ainsi son Fils : « Le Pain qui vient duciel, le Vrai, c’est mon Père qui vous le donne… Je Suis le Painde Vie » (Jn 6,32-35). C’est donc le Père qui donne son Fils auxhommes, pour leur salut, et en le donnant, il lui donne de pouvoirse donner… Souvenons-nous : « Ma vie, nul ne la prend mais c’estmoi qui la donne » et si Jésus la donne, c’est qu’il a « pouvoirde la donner » (Jn 10,18), un pouvoir qu’il a reçu de son Père…« Père, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie » (Jn17,1)… Et Jésus, de son côté, adhère totalement et de tout cœur àce désir du Père de « sauver le monde » (Jn 3,16-17)… Le Père sedonnera ainsi tout entier au Fils, pour lui donner de pouvoir sedonner, et le Fils, porté par le Père, se donnera tout entier auxhommes, pour leur salut… Il va accepter de mourir de leurs mains,dans des souffrances atroces… Et alors même qu’il y sera plongé,il ne cessera de dire à ceux-là mêmes qui le tuent : « Je vousaime… Ce que vous me faîtes ne m’empêche pas de vous aimer… Sivous agissez ainsi, vous qui avez été créés « à l’image etressemblance de Dieu » (Gn 1,27-27), un Dieu qui n’Est qu’Amour(1Jn 4,8.16), c’est que vous êtes profondément, spirituellement,malades… Et je ne cesserai pas de désirer votre guérison, de

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m’offrir pour elle, en un mot, de vous aimer. » Car, habités pourl’instant par la haine, ils ne peuvent participer à cettePlénitude de l’Amour qui est tout en même temps Paix, Vie, Joie etdonc Bonheur indescriptible… Qu’ils puissent passer de la haine àl’Amour, de la mort, au sens de privation de la Plénitude de Vie,à cette Plénitude, de la tristesse à la Joie, la Joie même de Dieu(Jn 15,11), tel est tout le sens de l’offrande du Christ sur laCroix… Accepter de telles souffrances, indescriptibles, pour lebien même de ceux qui vous les affligent, et cela jusqu’à enmourir… Existe-t-il une révélation de l’Amour qui pourrait êtreplus forte ? « Nul n’a plus grand amour que celui-ci : déposer savie pour ses amis » (Jn 15,11). Et Dieu appelle tout homme « sonami », jusqu’à Judas (Mt 26,50)… « Une femme oublie-t-ellel’enfant qu’elle nourrit ? Cesse-t-elle de montrer sa tendresse aufils de ses entrailles ? Même si celles-là oubliaient, moi je net’oublierai pas ! Vois, je t’ai gravée sur les paumes de mesmains » (Is 49,15-16), une prophétie qui prendra tout son sensavec le Christ crucifié… Ses poignets transpercés l’ont été pournous… Il a vécu tout cela pour nous, et Il Est Dieu ! Peut-ilexister une offrande plus grande ?

Par amour des hommes, « le Père a donc livré sonpropre Fils pour nous tous » (Rm 8,32), et par amour du Père etdes hommes, le Fils « s’est livré lui-même pour nos péchés afin denous arracher à ce monde actuel et mauvais, selon la volonté deDieu notre Père » (Ga 1,4)… Il s’est ainsi « livré en rançon pourtous » (1Tm 2,6)… Oui, « le Christ vous a aimés, et il s’est livrépour nous, s’offrant à Dieu en sacrifice d’agréable odeur » (Ep5,2)… Et St Paul acceptera, avec joie, d’être l’heureuxbénéficiaire de cette offrande. Il l’accueillera avecreconnaissance, et nous invitera tous à faire de même… Pardonnésde peu ou de beaucoup, nous avons tous besoin de ce pardon sanslequel nous ne pouvons atteindre cette Plénitude que Dieu veutnous communiquer, que nous soyons retenus par le fil le plus minceou par les chaines les plus lourdes… Dorénavant, écrit St Paul,« ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vieprésente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui

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m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2,20). « Et s’il m’a étéfait miséricorde, c’est pour qu’en moi, le premier, Jésus Christmanifestât toute sa patience, faisant de moi un exemple pour ceuxqui doivent croire en lui en vue de la vie éternelle » (1Tm 1,16).Et toute l’humanité est appelée à cette Plénitude de Vie, sansaucune exception…

Le Père « livre » donc son Fils pour le salut dumonde, par amour, et le Fils se « livre » lui aussi, gratuitement,par amour, pour que cette volonté de salut du Père s’accomplisse.Tous les hommes sont pécheurs (Rm 3,9), une vérité que chacun estappelé à reconnaître pour lui-même… Si nous l’acceptons de toutcœur, autant qu’il nous est possible, nous ne pourrons quedécouvrir, en le vivant, que Jésus Christ est vraiment « l’Agneaude Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29) par « larémission des péchés » qu’il est venu nous offrir au Nom de sonPère (Lc 1,76-79 ; 5,20)… Et avec ce pardon, nous retrouveronsaussitôt le Trésor que nous avions perdu par suite de nos fautes :cette Plénitude de Vie qui est en même temps Lumière, Paix etJoie… « Bienheureux alors ceux qui auront cru » (Jn 20,29)…

« Alors, il (Pilate) le leur livra pour êtrecrucifié »… Ce verbe « livrer » se dit, dans le grec desEvangiles, « parad…dwmi, paradidômi ». Or la préposition « para,para » signifie « auprès de, contre », et le verbe « d…dwmi,didômi » se traduit par « donner ». Etymologiquement, « livrer »signifie donc « donner auprès de, contre »… Et Jésus s’esttellement « donné » aux pécheurs, tout « contre » eux, qu’il s’est« uni » à eux, partageant pleinement leur condition de filsblessés alors que lui-même n’avait jamais commis de faute… Il aainsi vécu par amour nos ténèbres, conséquences de nos fautes, cetétat où nous pensons que Dieu nous a abandonnés, alors qu’il n’ajamais cessé d’être tout proche… « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoim’as-tu abandonné » (Mc 15,34)… Et il a expérimenté ce qu’est lamort « spirituelle » (cf. Rm 6,23) dans le seul but de nous endélivrer ! « Sur le bois, dans son corps, il a porté lui-mêmenos fautes », c’est-à-dire toutes leurs conséquences, « afin que

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morts à nos fautes, nous vivions pour la justice » (1P 2,24).« Celui qui n’avait pas connu le péché », celui qui n’avait jamaisfait l’expérience du mal (cf. 1P 2,22), « Il l’a fait péché pournous », au sens où il a vécu en son cœur toutes les conséquencesde nos fautes, « afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu »,des femmes et des hommes tels que Dieu les veut, remplis enleur cœur par sa Plénitude de Lumière et de Vie (2Co 5,21)…

Relire Jn 19,16-18 à la lumière de Ph 2,8 ; Hb 5,8 ;quelle valeur essentielle Jésus a-t-il vécue une nouvelle fois encet instant ? La retrouver avec Jn 14,31 ; et d’après ce dernierverset, quelle est la réalité ultime qui la motive (1) ? En lavivant, quel but poursuit-il (cf. Rm 5,19) ? De fait, d’après Jn13,1, quelle est ici la réalité ultime qui la motive, en donnant àl’expression « les siens » une valeur universelle (2) ? Encomparant les réponses (1) et (2), quelle équivalence retrouvons-nous (cf. Mt 22,34-40) ? Mais pour que l’offrande de Jésus puissepleinement porter ses fruits, que nous demande-t-il à notre tour(cf. Hb 5,9 ; Rm 1,5 ; 6,16-17 ; 16,26 ; 2Co 10,5-6) ? Et« obéir » au Christ sera très concrètement lui offrir jour aprèsjour nos misères (Jn 1,29), écouter sa voix, le suivre sur leChemin de la Vie, accueillir ce Don de la Vie éternelle qu’il necesse de nous faire (Jn 6,47 ; 10,10 ; 10,27-28 ; 17,2 ; 20,31 ;1Jn 5,13) par le Don de l’Esprit Saint (1Th 4,8) « Eau vive » (Jn7,37-39) qui, jour après jour, nous lave (Hb 10,22 ; Ap 7,14 avecJn 6,63) et nous communique la Vie……

Que demande Jésus à ses disciples en Mt 10,38 et16,24 ? Bien comprendre cette dernière invitation et la préciser àla lumière de Rm 6,13 ; 6,19 ; 12,1 ; 1Co 10,24 ; 10,33 ; 13,5. Etque fait-il ici en Jn 19,17 et d’après Ep 5,2 ? Conclusion : quefait toujours Jésus avant de nous demander quoique ce soit ? Nousretrouvons ce principe dans l’ordre des verbes employés enMt 5,19 : conclusions pour chacun d’entre nous ? De plus, quandJésus nous invite à « porter notre croix », qu’a-t-il déjà faitd’après Mt 8,17 ? Cette seule réponse pourrait être un résumé detout l’Evangile (cf. Is 53,4‑5.8.11-12 ; 1P 2,24 ; 2Co 5,21 ;

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1,3-7)…

Souvenons-nous d’Is 53,12 : qui entoure Jésus sur lacroix ? Quel sens cela prend‑il en cet événement central pournotre foi (cf. Lc 5,29-32 ; 15,1-7) ?

Au cœur de cette scène du crucifiement, culminel’écriteau : « Jésus le Nazôréen, le Roi des Juifs ». Compterle nombre de fois où apparaît ce mot « roi », ainsi que le nombrede langues mentionnées : le chiffre « trois » renvoyant à Dieu entant qu’il agit, quelle interprétation Jean donne-t-il ainsi àcette scène ? Et, répétons-nous, quelle royauté Jésus manifeste-t-il sur la Croix (cf. Ps 117 ; 145,13) ? Notre salut en serale fruit, si nous acceptons que Dieu ait toujours le dernier motdans nos cœurs et dans nos vies… Et quel est-il (Is 43,3 ; voiraussi Os 3,1 ; Ps 18,20 ; Jn 3,16-17 ; Rm 5,8 ; Ga 2,20 ; 1Jn4,10 ; Ap 1,5) ?

Le partage des vêtements (Lc 19,23-24) Ce passage évoque les vêtements de Jésus… Avantd’aller plus loin, rappelons-nous que dans la Bible, le vêtementdit quelque chose du mystère de la personne qui le porte. « Jesuis plein d’allégresse en Yahvé, mon âme exulte en mon Dieu, caril m’a revêtu de vêtements de salut, il m’a drapé dans un manteaude justice » (Is 61,10), autrement dit, il m’a sauvé, il m’ajustifié… « La tunique sans couture, tissée d’une pièce à partirdu haut » renvoie donc symboliquement au Mystère de Jésus Lui-même, à ce qu’Il Est… « Tissée d’un pièce » évoque l’idée d’unité,centrale en St Jean : « Moi et le Père, nous sommes un » nous ditJésus, c’est-à-dire unis l’un à l’autre dans la communion d’unmême Esprit (Jn 4,24) qui est tout à la fois Amour (1Jn 4,8.16),Lumière (1Jn 1,5) et Vie (Jn 1,4 ; 8,12). Par cet Esprit commun,« je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jn 14,10-11 ;17,20-23), nous dit-il, alors même que le Fils n’est pas le Pèreet réciproquement… Mais la Plénitude de la nature divine qui les

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constitue tous les deux est la même… Le Fils est « Dieu » « demême nature que le Père » (Crédo)… Si « Dieu est Lumière », toutela Lumière du Père est dans le Fils et toute la Lumière du Filsest dans le Père. Autrement dit, le Fils Est Lumière tout comme lePère Est Lumière.

Cette tunique du Fils est tissée « à partir du haut »car le Fils se reçoit entièrement du « Très Haut », le Père, qui,pour Jésus, dans l’Amour, « est plus grand que lui » (Jn 14,28).Le Père a en effet la primauté dans la vie du Fils car c’est deLui que le Fils se reçoit de toute éternité en « Dieu né de Dieu,Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu ». Cetteprimauté d’amour n’enlève rien au fait que le Fils est pleinement« Dieu » comme le Père est « Dieu » car il est « de même natureque le Père » (Crédo). Mais le Fils reçoit éternellement cettenature divine du Père qui, dans son Amour, lui donne tout ce qu’IlEst, et Il Est Esprit (Jn 4,24), « un Esprit qui vivifie »(Jn 6,63). Et c’est en recevant du Père cette Plénitude del’Esprit qui vivifie, que le Fils a la Vie en lui-même comme lePère a la vie en lui-même (Jn 5,26)…

« La tunique sans couture du Fils, tissée d’une pièceà partir du haut » évoque donc cette Plénitude d’Être et de Vieque le Fils reçoit du Père depuis toujours et pour toujours, unePlénitude qui Est au même moment Mystère de Communion avec le Pèredans l’unité d’un même Esprit (Jn 4,24), d’un même Amour (1Jn4,8.16), d’une même Lumière (1Jn 1,5), d’une même Vie… Et cettetunique, indivisible en elle-même, est donnée aux hommes… Atravers ce geste si concret, nous retrouvons ainsi, avecle symbolisme propre au vêtement dans la Bible, le grand Don quele Fils est venu faire à tout homme au Nom de son Père : l’EspritSaint « nature divine » (2P 1,4), « l’Esprit qui vivifie » et quinous établit avec le Père dans un Mystère de Communion semblable àCelui que le Fils vit avec Lui de toute éternité. « Il est fidèle,le Dieu par qui vous avez été appelés à la communion de son Fils,Jésus Christ notre Seigneur » (1Co 1,9), la communion que le Filsvit avec le Père et qu’il est venu nous partager par le Don de

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l’Esprit. « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avonsentendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avonscontemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie – car laVie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendonstémoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui étaittournée vers le Père et qui nous est apparue – ce que nous avonsvu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez encommunion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec lePère et avec son Fils Jésus Christ » (1Jn 1,3).

Mais la tunique de Jésus n’était pas son seulvêtement… Il avait assez de linges sur lui pour que les soldats enfassent « quatre parts »… Or le chiffre « quatre » dans la Bibleest symbole d’universalité… Tout homme est donc appelé à avoirpart au vêtement de Jésus, c’est-à-dire à son Mystère de Communionavec le Père dans l’unité d’un même Esprit. Tel est par excellencele fruit du baptême, un Mystère dont St Paul rendra compte enreprenant cette image du vêtement : « Vous êtes tous fils de Dieu,par la foi, dans Christ Jésus. Vous tous en effet, baptisés dansle Christ, vous avez revêtu le Christ : il n’y a ni Juif ni Grec,il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme ;car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus » (Ga 3,26-28).La même idée est évoquée dans le Livre de l’Apocalypse par l’imagede la couleur blanche qui, dans cet ouvrage, renvoie à « la naturedivine ». « Le vainqueur sera revêtu de blanc ; et son nom, je nel’effacerai pas du livre de vie, mais j’en répondrai devant monPère et devant ses Anges »… « Ces gens vêtus de robes blanches,qui sont-ils et d’où viennent-ils ? (…) Ce sont ceux qui viennentde la grande épreuve », cette vie sur la terre : « ils ont lavéleurs robes », c’est-à-dire leur cœur, leur vie, « et les ontblanchies dans le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devantle trône de Dieu, le servant jour et nuit dans son temple ; etCelui qui siège sur le trône étendra sur eux sa tente. Jamais plusils ne souffriront de la faim ni de la soif; jamais plus ils neseront accablés ni par le soleil, ni par aucun vent brûlant. Carl’Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur pasteur et lesconduira aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute

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larme de leurs yeux » (Ap 3,5 ; 7,13-17).

Notons aussi que, dans ce partage des vêtements deJésus, St Jean y a vu l’accomplissement littéral du Ps 22(21),19…Que tout se passe selon les Ecritures est important pour lui : cf.Jn 19,28 avec Ps 69(68),22 et Jn 19,36-37 avec Ps 34(33),21 +Ex 12,46 et Za 12,10. Pourquoi, à votre avis, St Jean insiste-t-ilautant sur l’accomplissement des Ecritures ? on peut lire à cesujet : Mt 21,42 ; 26,54.56 ; Mc 14,49 ; Lc 24,27 ; 24,44-49 ; Ac17,11-12 ; 18,28 ; Rm 1,1-4 ; 16,25-27 ; 1Co 15,3‑4 ; 1P 1,10-12 ;Ep 1,3-14 (selon le plan préétabli), d’où 1Co 1,17-25…

Jésus et sa mère (Jn 19,25-27) Littéralement, en tenant compte de la présence ou nondes pronoms possessifs grecs auprès du mot « mère », le texte peutse traduire ainsi :

(25) D’autre part, se tenaient auprèsde la croix de Jésus

sa mère

et la sœur de samère, Marie, (femme) de Clopas

et Marie deMagdala.

(26) Jésus donc, voyant la mère

et se tenantauprès (d’elle), le disciple qu’il aimait,

dit à la mère:

« Femme, voici ton fils ».

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(27) Puis il dit au disciple : « Voicita mère ».

Et à partir de cette heure-là,le disciple la reçut chez lui.

Noter, dans l’ordre d’apparition, les pronomspossessifs ou les articles définis employés devant ce mot« mère » : cette succession a du sens, lequel ?

On se souvient que Nicodème représentait le PeupleJuif (Jn 3), la Samaritaine les Samaritains (Jn 4,1-42), lefonctionnaire royal les païens (Jn 4,46-54). Les personnages en StJean ont donc souvent une portée représentative. Si « le disciplebien-aimé » renvoie très certainement à St Jean lui-même, quelensemble plus vaste évoque-t-il ici ? Et dans cet ensemble, quellecaractéristique prend alors une valeur universelle (cf. Jn 15,9) ?Quelle vocation Marie reçoit-elle donc de son Fils ? Après avoirété « la mère de Jésus, le Fils Unique », assiste-t-on ici à unrétrécissement ou à un élargissement de la perspective ? Et à lalumière de Ga 4,19, peut-on parler de rupture ou de continuité ?Marie est ainsi « la Nouvelle Eve », Eve en hébreu signifiant« mère de tout vivant »… Jésus veut qu’il en soit ainsi : « Voicita mère » ; mais pour que ce désir s’incarne dans notre vie,quelle valeur première de la vie chrétienne retrouvons-nous ici(cf. cf. Hb 5,9 ; Rm 1,5 ; 6,16-17…) ? Et de fait, quelle estla réaction du disciple en Jn 19,27 ? Nous retrouvons, dans latraduction de la Bible de Jérusalem, le même verbe qu’en Jn 1,12 ;conclusion : « croire » en ce Dieu qui est Soleil (Ps 84(83),12)et qui donne la Lumière, en ce Dieu qui est « Source d’Eau Vive »(Jr 2,13 ; 17,13) et qui donne l’Eau Vive de l’Esprit Saint, c’estavant tout ……… ?

La vocation première d’une femme est de donner la vie, d’êtremère… Marie est donc pleinement « femme » : elle a donné au monde« le Prince de la vie » (Ac 3,15), celui qui dira de lui-même « JeSuis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6), « Je Suisla résurrection et la vie » (Jn 11,25)… Et il dira aussi, « Je

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Suis le pain de vie », « le pain vivant descendu du ciel… pour lavie du monde » (Jn 6,35.48.51). Or il appartient à la mère denourrir ses enfants : quelle « nourriture » ne cesse donc de nousproposer Marie, notre Mère ? Dès que nous mettons Marie au cœur denotre vie que recevons-nous donc aussitôt d’elle ? Et en agissantainsi, à quel accomplissement, en chacun d’entre nous, Marie necesse-t-elle de travailler, avec toute la tendresse, l’amour etl’affection d’une mère (cf. Jn 1,12 ; Jn 10,10b ; 6,47 ; 6,57 ;10,28…) ?

La mort de Jésus (Jn 19,28-30)En lisant les Ecritures d’Israël, notre Ancien Testament, de quoiJésus a-t-il petit à petit pris conscience, qu’a-t-il découvert(cf. Hb 10,7 ; Rm 2,17-18 ; Sg 6,4) ? Préciser le contenu de cetteréponse avec 1Tm 2,3-6 ; Jn 3,16-17 ; 6,39-40 (∆). Or, d’aprèsJn 19,28, pourquoi Jésus dit-il « J’ai soif » ? D’après les notesde nos Bibles, à quel texte de l’Ancien Testament fait-il iciallusion ?

En disant ce « J’ai soif », quel ardent désir Jésus manifeste-t-il(cf. Jn 4,34 ; 5,30 ; 6,38-40) ? Un désir inséparable d’un autredésir, lequel : cf. le point précédent (∆) ; Jn 17,24 ; 12,47…Nous retrouvons l’équivalence exprimée en Mt 22,34-40…

Lire Ps 115(113b),3 et 135(134),6 ; puis 1Tm 2,3-6 ; puis Jn14,1-3 ; qui est donc, très concrètement, le premier à agir pourque tout l’humanité se retrouve un jour « au ciel », « sainte etimmaculée en Présence de Dieu dans l’amour » (cf. Ep 1,3-14) ?Qu’est-ce que Dieu attend donc, une fois de plus, de l’homme (cf.Rm 1,5 ; 6,16-17) ? Ce qui se traduit par quelle attitude d’aprèsl’agir du Christ évoqué en Jn 14,3 ?

En Jn 19,30, St Jean emploie le même verbe étudié précédemmentqu’en 19,16 : « parad…dwmi, paradidômi » : « Et inclinant la tête,il livra l’esprit ». Comment peut-on l’interpréter à la lumière deLc 23,46. Mais dans le grec des Evangiles, aucune majuscule n’est

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employée… Il serait donc aussi possible de comprendre ce verset enlisant : « Et inclinant la tête, il livra l’Esprit »… Par amour,le Fils s’est « livré » entre les mains des pécheurs pour leur« livrer » l’Esprit d’Amour qu’il reçoit du Père de touteéternité… La Bible de Jérusalem fait allusion à cette doublepossibilité de comprendre ce texte : « Le dernier soupir de Jésusprélude à l’effusion de l’Esprit ».

Le coup de lance (Jn 19,31-37) D’après les notes de nos Bibles, qu’est-ce que « laPréparation » : que préparait-on et que faisait-on de particulieren ce jour ? Pourquoi les responsables religieux du Peupled’Israël demandent-ils à Pilate d’enlever les corps des croix (cf.Dt 21,22-23) ?

St Paul fait allusion à ces circonstances dans saLettre aux Galates : quel texte cite-t-il en Ga 3,13, et à quiest-il appliqué ? Mais en Ga 3,10, il cite un autre passage :lequel et à qui s’applique-t-il ? Un homme pécheur, et nous sommestous pécheurs, laissé à ses seules forces d’homme, peut-ilappliquer toujours et partout tous les préceptes de la Loi etfaire toujours ce qui est bien (cf. Rm 7,14-23 ; 2,17-24 ; Mt23,1-4 ; 23,25-28) ? Conclusion : qu’est-il d’après Ga 3,10 ? Etle Christ, lui, a-t-il toujours fait ce qui plaît au Père(cf. Jn 8,29 ; 8,46 ; Ac 3,14 ; 1P 1,19 ; 2,22) ? Conclusion :qu’a-t-il pris sur lui en se laissant clouer sur la croix ? Etdans quel but (cf. Ga 3,14) ? Quel sera le premier effet de ce Donpour celui qui acceptera de le recevoir (cf. 1Co 6,11 ; Ez36,25) ? Que pourra-t-on dire alors de lui (cf. Col 1,21-22 ; Ep5,25-27 ; 2P 3,14 avec Ep 4,30) ?

Nous allons conclure avec Rm 2,9, « souffrance et angoisse pourtoute âme humaine qui s’adonne au mal », et Rm 8,35 : « Qui nousséparera de l’amour du Christ ? La souffrance, l’angoisse… ? Maisen tout cela, nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous

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a aimés ». En effet, « il a pris sur lui nos faiblesses (mêmeterme en 2Co 12,7-10) et s’est chargé de nos maladies », du corpscomme de l’âme (Mt 8,17)… Conclusion : les conséquences mêmes denos misères peuvent-elles encore nous séparer de l’amour duChrist ? Et pourquoi ? Quel devrait donc être notre réflexe chaquefois que nous constatons qu’il existe encore des zones d’ombredans notre vie ?

Nous allons redire autrement ce que nous venons de voir avec lescirconstances mêmes de la mort de Jésus. Pour bien célébrer lafête de Pâque, que devait-on faire d’après la Loi de Moïse (cf. Ex12,3-6), et où (cf. Dt 16,2) ? Et c’est ce que l’on faisaitle jour de la Préparation… Dans quel but accomplissait-on cesoffrandes d’après Ez 45,21-23 ? Or que dit Jean-Baptiste de Jésusà deux de ses disciples en Jn 1,36 ? Et quel en sera le fruitd’après Jn 1,29 ? Conclusion : quel sacrifice unique s’est-ilaccompli sur la Croix et pourquoi (cf. Hb 9,26 ; 10,12 ; 1Jn 3,5 ;Hb 9,14) ? Cela correspond-il bien à l’annonce qu’en fit leprophète Isaïe des siècles avant le Christ (cf. Is 53,7 puis 53,10puis 53,4-6 et 53,11-12) ? Alors, si nous constatons que le péchéhabite encore notre vie, quel devrait être notre réflexe encore ettoujours (cf. 2P 3,9 pour Lc 1,77) ? Relire 2Co 5,19-21 ; d’aprèsce dernier texte, qu’est-ce que le Christ a pris sur lui en cettecirconstance, et que nous donne-t-il en retour ? Nous retrouvons,avec un autre vocabulaire, ce que le Christ, librement, par amour,a voulu vivre (Ga 3,13), alors que cette situation est en fait lanôtre (Ga 3,10) ! Mais c’était pour que nous recevions de lui Ga3,14, ce Don de Dieu qui fait « toutes choses nouvelles » (Is43,19 ; 2Co 5,17 ; Jn 3,1‑8 ; Tt 3,4-7) et « prépare la Rédemptiondu peuple que Dieu s’est acquis pour la louange de sa Gloire »(Ep 1,13‑14 ; Ap 21,1-7) !

Tout ceci est encore dit et redit avec les symboles bibliquesinhérents au sang et à l’eau. « L’un des soldats, de sa lance, luiperça le côté et il sortit aussitôt du sang et de l’eau. » Eneffet, qu’est-ce que le sang pour un Juif (cf. le début de Lv17,11 et 17,14) ? Que signifie donc ce sang qui s’écoule du côté

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ouvert de Jésus (cf. Jn 10,11 ; 10,27-28 ; 10,10b ; 6,47 ;6,51-58…) ? Et comment ceci se réalise-t-il très concrètement dansnos vies d’après Jn 6,63 (cf. Ga 5,25) ? Et que représente« l’eau » en St Jean (cf. Jn 7,37-39) ? Quel en sera donc ànouveau « l’effet » au cœur de celui ou celle qui acceptera de larecevoir ((1) Ez 36,25 ; (2) Ez 37,14) ? Or quelle est laconséquence du péché d’après Rm 5,12 ? Voilà ce que le Christ apris sur lui, voilà ce qu’il a vécu, et que nous donne-t-il enretour ?

St Jean regarde le Christ transpercé avec un regard de foi, commeJean-Baptiste au tout début de l’Evangile (Cf. Jn 1,29). Ce sanget cette eau qui coulent de son cœur ouvert lui semblent tellementimportants qu’il scelle solennellement son témoignage en Jn 19,35.A nous maintenant d’accueillir jour après jour ce « merveilleuxéchange » où le Christ, par amour, prend toutes nos misères pournous donner en retour ce dont nous aurions dû être privés à caused’elles : sa Sainteté, sa Lumière, sa Vie, sa Paix, sa Joie…

L’ensevelissement (Jn 19,38-42) Nicodème, « un notable des Juifs », « un maître »,était intervenu en Jn 3,1-9. Jésus lui avait parlé du « Royaume deDieu », un thème très important pour les Juifs (Les expressions« royaume des cieux » et « royaume de Dieu » apparaissentrespectivement 32 fois et 5 fois en St Matthieu, ce scribe juifqui écrit pour des Juifs…) et qui n’interviendra d’ailleurs qu’ence passage dans tout l’Evangile de Jean. Mais noter la dernièreparole de Nicodème en Jn 3,9 lors de cette entrevue : est-ce unedéclaration de foi ? Puis Nicodème réapparaît en Jn 7,50-52 : sedéclare-t-il explicitement en faveur de Jésus ? Même si ensevelirun mort était considéré comme une œuvre bonne (Tb 12,12‑13 ; 2M5,10), Jésus avait été condamné pour blasphème (Mt 26,65 ;Mc 14,64 ; Jn 10,36), et on le regardait comme un « maudit ». Or,que fait ici Nicodème en faveur de Jésus : est-ce une démarche« en secret » ou publique ? De plus, quelle fête très importante

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devait-on célébrer le lendemain ? Souvenons-nous de la demande desresponsables Juifs à Pilate (cf. Jn 19,31) : à quoi s’expose doncNicodème en « enlevant le corps de Jésus » (cf. Nb 9,16 ; 9,6) ?Enfin, il apporte avec lui une quantité énorme d’aromates :« environ 100 livres », soit presque 33 kilos ! A quoi fait pensercette surabondance, ainsi que le tombeau neuf utilisé pour Jésus(cf. 2Ch 16,13-14) ? La mention du « jardin » peut aller dans lemême sens (cf. 2R 21,18.26)… En rassemblant tous les élémentsabordés précédemment, que suggère donc maintenant cette démarchede Nicodème (Se souvenir de la déclaration de Nathanaël, au toutdébut de l’Evangile : Jn 1,49) ?

« C’est là qu’ils déposèrent Jésus » (Jn 19,42)… Engrec, le même verbe intervient en Jn 10,11 ; 10,15 ; 10,17-18 ;15,13…

Jacques Fournier

Corriger de la fiche 30 :

Fiche 31 : La Résurrection de Jésus(Jn 20).Le tombeau trouvé vide (Jn 20,1-10) Préciser quel est ce « premier jour de la semaine »dont il est question au premier verset ; à quel jour correspond-ilaujourd’hui (Ap 1,10) ? Ce jour-là, il était possible pour un Juif

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de recommencer ses activités habituelles dès les toutes premièreslueurs du jour ; que nous dit cette venue « de bonne heureau tombeau, comme il faisait encore sombre », de l’attitude decœur de Marie de Magdala vis-à-vis de Jésus (cf. aussi Jn 20,11) ?Où était-elle d’ailleurs au moment de sa Passion, alors que tousles disciples ou presque l’avaient abandonné (cf. Jn 19,25) ?D’après Lc 8,2 et Mc 16,9, qu’est-ce que Jésus avait faitautrefois pour elle ? « Celui à qui on remet peu montre peud’amour » (Lc 7,47), celui à qui on remet beaucoup montre beaucoupd’amour… Or, dans le Royaume des Cieux, seul compte l’amour …C’est pourquoi, « les publicains et les prostituées arrivent avantvous au Royaume de Dieu » (Mt 21,31), dit Jésus aux GrandsPrêtres, aux Anciens et aux Pharisiens, les personnalitésreligieuses de l’époque (Mt 21,23.45)…

Après avoir constaté que « la pierre a été enlevée du tombeau »,Marie de Magdala court trouver Simon-Pierre : que nous révèlecette démarche sur le rôle que jouait ce dernier dans l’Egliseprimitive (cf. Mt 16,15-19) ? Retrouver cette réponse avecl’attitude du disciple « que Jésus aimait » lorsqu’il arrive,avant Pierre, au tombeau (Jn 20,3-6)…

« On a enlevé le Seigneur, et nous ne savons pas où onl’a mis ». Les quatre évangélistes s’accordent sur le fait quele tombeau de Jésus a été trouvé ouvert et vide (Mt 28,1-8 ; Mc16,1-8 ; Lc 24,1-10 ; Jn 20,1.11-18). Matthieu nous précise quec’est « l’Ange du Seigneur », c’est-à-dire Dieu Lui-même (ComparerEx 3,2 avec Ex 3,4), qui, descendant du ciel « vint rouler lapierre sur laquelle il s’assit » (Mt 28,2), comme on s’assoit surun ennemi vaincu… « On a enlevé le Seigneur, et nous ne savons pasoù on l’a mis ». A la lumière de Mt 28,1, Mc 16,1-4 et Lc23,55-24,3, que suggère ce « nous » ? Nommer, autant que possible,les personnes concernées et préciser ce qu’elles venaient faire autombeau ; la précipitation évoquée en Jn 19,42 le suggèreégalement… « On a enlevé le Seigneur… où on l’a mis »…L’imprécision de ces deux formules laisse la porte ouverte à deuxréponses possibles : lesquelles (1 – Mt 28,11-15 ; 2 – Ac

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2,24.32 ; 3,15.26 ; 4,10 ; 5,30 ; 10,40 ; 13,30.33.34.37) ? Dansle deuxième cas, où donc Jésus a-t-il été « mis » et par qui(cf. 1 – Jn 14,10-11 ; 17,21 ; 2 – Jn 17,5 ; Ac 7,56 ; Rm 8,34 ;Ep 1,20 ; Ph 2,9‑11 ; Col 3,1 ; Hb 1,1-5) ? Nous retrouvons unprincipe qui est à la base du Mystère du Fils, de son Être, de savie, de ses paroles, de ses actes, lequel (cf. Jn 5,19–20 ; 5,30 ;5,26 ; 6,57 ; 3,35 ; Ps 57(56),3 ; 138(137),8) ? Mais là « où » ila été « mis », n’y était-il pas déjà, de cœur ? Et, nous prometJésus, « où » sera également, dès maintenant dans la foi, celui oucelle qui acceptera de le suivre de tout cœur (cf. Jn 12,26 ; 1Jn1,3 ; 1Co 1,30 ; le contraire en Jn 7,34-36 car Jn 8,24) ? Quifera en sorte qu’il en soit ainsi (cf. Jn 14,1-3) ? Du côté deshommes, est-il question de « mérite », de « récompense » après desbonnes actions (cf. Rm 9,16 ; Ep 2,4‑10) ? Quel principe à la basede la vie de tout disciple de Jésus retrouvons-nous ici(cf. Jn 15,5) ?

Jean vit « le suaire qui avait recouvert sa tête ; nonpas avec les linges, mais roulé à part dans un endroit. Alorsentra aussi l’autre disciple », St Jean lui-même… « Il vit et ilcrut ». La discussion sur le sens exact de l’expression « roulé àpart dans un endroit » est délicate, mais le soin apporté parl’évangéliste pour décrire comment était ce « suaire » suffit ànous montrer que le simple fait qu’il était ainsi l’a amené àcroire que le Christ était ressuscité… La seule explicationsatisfaisante est qu’il n’aurait pu être dans la configuration oùJean l’a vu si quelqu’un avait enlevé le corps. Le corps de Jésusa donc du disparaître lors de la résurrection, et tous les lingesse sont affaissés, conservant le « souvenir » de la forme qu’ilsavaient sur le corps… Si le « suaire » est la mentonnière quientourait la tête de Jésus pour maintenir sa mâchoire fermée,celle-ci avait conservé la forme arrondie qu’elle avait, uneposition impossible à reproduire si quelqu’un avait touché aucorps…

« En effet, ils ne savaient pas encore que, d’aprèsl’Écriture, il devait ressusciter d’entre les morts ». Pour les

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disciples de Jésus, une résurrection d’entre les morts étaitinconcevable… Lorsque Jésus, après sa transfiguration, leurannonça sa résurrection prochaine, ils ne comprirent rien du toutà ce qu’il leur disait : « Comme ils descendaient de la montagne,il leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, sice n’est quand le Fils de l’homme serait ressuscité d’entre lesmorts. Ils gardèrent la recommandation, tout en se demandant entreeux ce que signifiait ressusciter d’entre les morts » (Mc9,9-10). Ce n’est que lorsqu’ils le verront ressuscité qu’ilscomprendront… Alors, dans la Lumière de l’Esprit Saint, ilsdécouvriront à quel point l’Ancien Testament avait de faitprophétisé sa mort et sa résurrection. C’est d’ailleursle Ressuscité Lui-même qui leur ouvrira « l’esprit àl’intelligence des Ecritures ; et il leur dit : « Ainsi est-ilécrit que le Christ souffrirait et ressusciterait d’entre lesmorts le troisième jour, et qu’en son Nom le repentir en vue de larémission des péchés serait proclamé à toutes les nations, àcommencer par Jérusalem. De cela vous êtes témoins » » (Lc24,46-48).

L’apparition de Jésus Ressuscité à Marie de Magdala(Jn 20,11-18) Marie de Magdala aimait son Seigneur de tout son être…Trois jours seulement après sa mort, il lui apparaît, ressuscité,et elle ne le reconnaît pas ! Retrouver un cas de figure semblableen Lc 24,15-16 ; Jn 21,4 et 21,12. En Lc 24,30, que fait Jésus ?Or, qu’est-ce que « ses disciples » (Lc 22,11) avaient vécu aveclui juste avant sa Passion (cf. Lc 22,19-20) ? En se rappelant cesinstants, aidés par l’Esprit Saint, un déclic se produit, « leursyeux s’ouvrirent et ils le reconnurent » (Lc 24,31)… De même pourles disciples qui sont repartis pêcher comme autrefois (cf. Mc1,16-20) « et cette nuit-là, ils ne prirent rien » (Jn 21,3)… Maisque leur dit le Christ Ressuscité, alors même qu’ils ne l’ont pasencore reconnu (cf. Lc 21,4-6) ? Et qu’avaient-ils vécu avec lui

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autrefois (cf. Lc 5,4-7) ? A la lumière de ce qu’ils avaient vécu,quel déclic se produit aussitôt en St Jean (cf. Jn 21,7) ? Etpourtant, cette « reconnaissance », quelque part, n’était toujourspas si évidente que cela d’après Jn 21,12… Ici, pour qui Marie deMagdala prend-elle, dans un premier temps, le Christ Ressuscité(cf. Jn 20,14-15) ? A priori, elle voit cet homme pour la premièrefois… Et pourtant, que lui dit-il en Jn 20,16 ? Et aussitôt que sepasse-t-il en elle ? Conclusion : à quel type de regard le Christressuscité se laisse-t-il percevoir (cf. 2Co 4,18 ; Lc 18,8) ?Quelle porte désire‑t‑il ouvrir à ses disciples (cf. Ac 14,27) ?Et de fait, que se passe-t-il en Lc 24,31 dès qu’ils lereconnaissent ? Car … Mt 28,20 ! En effet, quelle œuvre Dieuaccomplit-il par son Fils en ceux et celles qui lui accordent leurfoi (cf. Ac 15,9 ; Jn 15,3 ; Ez 36,25) ? Quel est alors lerésultat de cette œuvre de Dieu d’après Mt 5,8 ? Voilà alors cequi commence à être vécu par les disciples dès maintenant, dans lafoi (cf. Ac 26,18 en Ac 26,15-18)… Alors, Jn 12,46 et Jn 8,12s’accomplissent, et… 1Jn 1,5 est reconnu !

Quel message Marie de Magdala devra-t-elle transmettreaux disciples de la part du Christ Ressuscité (cf. Jn 20,17)?Comment le Christ les appelle-t-il (cf. aussi Hb 2,9‑12) ? Commentle disciple doit-il donc maintenant se comprendre (cf. Rm 8,14 ;8,29 ; Ga 4,6-7 ; Hb 2,10) ? Or, tout l’Evangile selon St Jeannous présente le Mystère du Fils dans le cadre de sa relationfondatrice avec le Père. Nous découvrons donc avec Lui ce que« être fils » veut dire… Or, à quoi sommes-nous tous appelés ?Conclure en terminant la phrase : tout ce qui est dit de Jésusdans les Evangiles peut donc, d’une certaine manière, être dit de…… Ste Thérèse de Lisieux l’avait bien compris… Voir, à la fin,comment elle relisait Jean 17…

Le Christ Ressuscité apparaît à ses disciples (Jn20,19-29) Dans quelle situation se trouvent très concrètement

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les disciples et pourquoi ? Ils n’ont pas encore vécu l’événementde la Pentecôte (Ac 2,1-13). Que se passera-t-il alors (cf. Ac3,12-26 ; 4,1-22) : seront-ils toujours tenaillés par la peur faceà ceux qui avaient fait mourir le Christ ? Attention : « lesJuifs » désignent ici, en Jn 20,20, les responsables religieux duPeuple Juif qui ont comploté la mort de Jésus, eux et eux seuls…Toute la communauté chrétienne primitive en effet était juive…

Quel grand cadeau Jésus offre-t-il par deux fois à sesdisciples ? C’est vraiment le grand cadeau du Christ à tous ceuxet celles qui lui offriront leur foi : Lc 1,76-79 ; Jn 14,27 ;16,33 ; Ac 10,36 ; Rm 15,13 ; 2Co 13,11 ; Ep 2,17-18 ; 4,3 ;6,15 ; Ph 4,7 ; Col 3,15 ; 2Th 3,16… De quelle Présence sera-t-elle le fruit dans leur cœur, tout comme cette joie qu’ilsexpérimentent ici en Jn 20,20 (cf. Ga 5,22) ?

Puis que leur dit Jésus en Jn 20,21 ? Le « comme » estimportant… Comment Jésus a-t-il vécu tout son ministère (cf. Jn5,19-20.30 ; 4,34 ; 14,10-11 ; noter le titre employé en Mt12,18 ; Ac 3,13.26 ; 4,27.30) ? Comment les disciples devront-ilsvivre le leur (cf. Jn 15,5 ; 15,9-10 ; noter le titre employé enRm 1,1 ; 1Co 4,1 ; Ga 1,10 ; Ph 1,1 ; Col 4,12 ; 1Tm 4,6 ; 2Tm2,24…) ?

Puis que fait Jésus en Jn 20,22 ? Le projet créateurde Dieu est parfaitement accompli (cf. Gn 2,4b-7) : Jn 10,10 estrépandue largement sur le monde par le don de l’Esprit Saint,« l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; cf. 2Co 5,17-21 ; Tt 3,4-7)…Quelle sera d’après Jn 20,23 la première œuvre de l’Esprit au cœurde ceux et celles qui accepteront de le recevoir ? Nous retrouvonsLc 24,47 ; Ac 2,38 ; Ez 36,25 lu avec Jn 7,37-39… Et seul celuiqui refusera d’accueillir ce pardon, et donc de se convertir detout cœur en mettant sa vie en accord avec sa foi, ne pourra quevoir ses péchés « retenus »…

« Huit jours après » (Jn 20,26)… En incluant dans lecalcul ce « premier jour de la semaine » où le Christ Ressuscités’était manifesté à ses disciples, quel jour sommes-nous ? Or que

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fait habituellement la communauté chrétienne en ce jour ? Quelmessage ce texte adresse-t-il donc à tout croyant par la seulemention des jours où surviennent ces évènements ? A nouveau leChrist Ressuscité « se tint au milieu de ses disciples »… Que leurdit-il de nouveau ? Combien de fois cette expression sera-t-elledonc intervenue en tout dans notre passage ? Conclusion (« Trois »est le chiffre de Dieu en tant qu’il agit : quelle est doncl’action de Dieu par excellence dans nos cœurs blessés ? Ne jamaisoublier Lc 5,31-32) !

Le Ressuscité porte donc toujours les traces de saPassion sur son corps glorifié : qu’est-ce que cela signifie pourchacun d’entre nous (cf. 1P 2,21.24 ; Rm 4,24‑25 ; 8,31‑32 ; 1Co15,3-5 ; 2Co 5,14-15 ; Ga 1,3-4 ; Ep 5,1-2 ; Col 1,21-23 ; 1Th5,9-10 ; 1Tm 2,3-6 ; Tt 2,13-14 ; voir aussi le début d’Is49,16) ? Thomas le constate… Que lui déclare le Christ ? D’aprèsle verbe qu’il emploie, est-on un homme « de foi » tout de suite,instantanément, ou la foi est-elle une réalité qui mûrit etgrandit petit à petit avec le temps ? Le même verbe étaitintervenu en Jn 1,12 et dans la question de Jésus à l’infirme enJn 5,6 : « Veux-tu devenir bien-portant ? »

Noter la réponse de Thomas… Que confesse-t-il vis-à-vis de ce Christ vrai homme qu’il a si bien connu ? De tellesaffirmations directes et explicites sont rares dans le NouveauTestament : voir la fin de Jn 1,1 et noter que l’Evangile setermine comme il avait commencé… Puis Jn 1,18 (« un Dieu FilsUnique ») ; Rm 9,5 ; Hb 1,1,8 ; 13,21 ; Tt 2,13 ; 2P 1,1. Enfin,notre passage se termine par une affirmation qui concerne tous lescroyants de tous les temps, et que dit-elle (cf. Jn 15,11 ;16,20-24 ; Mt 5,1-11 ; 13,44 ; 28,8 ; Ac 2,28 ; 8,8 ; 13,52 ; Rm14,17 ; 15,13 ; Ga 5,22 ; Col 1,11-14 ; 1Th 1,6 ; 1P 1,3-9…) ?Enfin, bien relire la conclusion de l’Evangile (Jn 20,30-31) : lafoi pour la vie ! DJF

Jean 17 avec Ste Thérèse de Lisieux

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Jésus, mon Bien-Aimé, je ne sais pas quand mon exil finira… plusd’un soir doit me voir encore chanter dans l’exil vosmiséricordes, (Ps 89,2) mais enfin, pour moi aussi viendra, ledernier soir ; alors je voudrais pouvoir vous dire, ô mon Dieu :

« Je vous ai glorifié sur la terre ; j’ai accompli l’œuvre quevous m’avez donnée à faire ; j’ai fait connaître votre nom à ceuxque vous m’avez donnés ; ils étaient à vous et vous me les avezdonnés. C’est maintenant qu’ils connaissent que tout ce que vousm’avez donné vient de vous ; car je leur ai communiqué les parolesque vous m’avez communiquées, ils les ont reçues et ils ont cruque c’est vous qui m’avez envoyée. Je prie pour ceux que vousm’avez donnés parce qu’ils sont à vous, [34v°] Je ne suis plusdans le monde ; pour eux, ils y sont et moi je retourne à vous.Père Saint, conservez à cause de votre nom ceux que vous m’avezdonnés. Je vais maintenant à vous, et c’est afin que la joie quivient de vous soit parfaite en eux, que je dis ceci pendant que jesuis dans le monde. Je ne vous prie pas de les ôter du monde, maisde les préserver du mal. Ils ne sont point du monde, de même quemoi je ne suis pas du monde non plus. Ce n’est pas seulement poureux que je prie, mais c’est encore pour ceux qui croiront en voussur ce qu’ils leur entendront dire. Mon Père, je souhaite qu’où jeserai, ceux que vous m’avez donnés y soient avec moi, et que lemonde connaisse que vous les avez aimés comme vous m’avez aiméemoi-même. » Jn 17,4-24

Oui, Seigneur, voilà ce que je voudrais répéter après vous, avantde m’envoler en vos bras. C’est peut-être de la témérité ? Maisnon, depuis longtemps vous m’avez permis d’être audacieuse avecvous. Comme le père de l’enfant prodigue parlant à son fils aîné,vous m’avez dit : « TOUT ce qui est à moi est à toi » (Lc 15,31). Vos paroles, ô Jésus, sont donc à moi et je puis m’en servir pourattirer sur les âmes qui me sont unies les faveurs du PèreCéleste. Mais, Seigneur, lorsque je dis qu’où je serai, je désireque ceux qui m’ont été donnés par vous y soient aussi, je neprétends pas qu’ils ne puissent arriver à une gloire bien plusélevée que celle qu’il vous plaira de me donner, je veux demander

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simplement qu’un jour nous soyons tous réunis dans votre beauCiel. Vous le savez, ô mon Dieu, je n’ai jamais désiré que vousaimer, je n’ambitionne pas d’autre gloire. [35r°] Votre amour m’aprévenue dès mon enfance, il a grandi avec moi, et maintenantc’est un abîme dont je ne puis sonder la profondeur. L’amourattire l’amour, aussi, mon Jésus, le mien s’élance vers vous, ilvoudrait combler l’abîme qui l’attire, mais hélas ! ce n’est pasmême une goutte de rosée perdue dans l’océan !… Pour vous aimercomme vous m’aimez, il me faut emprunter votre propre amour, alorsseulement je trouve le repos. O mon Jésus, c’est peut-être uneillusion, mais il me semble que vous ne pouvez combler une âme deplus d’amour que vous n’en avez comblé la mienne ; c’est pour celaque j’ose vous demander d’aimer ceux que vous m’avez donnés commevous m’avez aimée moi-même (Jn 17,23). Un jour, au Ciel, sije découvre que vous les aimez plus que moi, je m’en réjouirai,reconnaissant dès maintenant que ces âmes méritent votre amourbien plus que la mienne ; mais ici-bas, je ne puis concevoir uneplus grande immensité d’amour que celle qu’il vous a plu de meprodiguer gratuitement sans aucun mérite de ma part (Rm 3,24).

Ma Mère chérie, enfin je reviens à vous ; je suis tout étonnée dece que je viens d’écrire, car je n’en avais pas l’intention, maispuisque c’est écrit, il faut que ça reste, et avant de revenir àl’histoire de mes frères, je veux vous dire, ma Mère, que jen’applique pas à eux, mais à mes petites sœurs (du noviciat), lespremières paroles empruntées à l’Évangile : Je leur ai communiquéles paroles que vous m’avez communiquées (Jn 17,8 ) etc. car je neme crois pas capable d’instruire des missionnaires, heureusementje ne suis pas encore assez orgueilleuse pour cela ! je n’auraispas davantage été capable [35v°] de donner quelques conseils à messœurs, si vous, ma Mère, qui me représentez le bon Dieu, nem’aviez donné grâce pour cela.

C’est au contraire à vos chers fils spirituels qui sont mesfrères que je pensais en écrivant ces paroles de Jésus et cellesqui les suivent : « Je ne vous prie pas de les ôter du monde… jevous prie encore pour ceux qui croiront en vous sur ce qu’ils leur

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entendront dire » (Jn 17,15-2O). Comment, en effet, pourrais-jene pas prier pour les âmes qu’ils sauveront dans leurs missionslointaines par la souffrance et la prédication ?

Diacre Jaques Fournier :

Fiche 32 : L’apparition de Jésus aubord du lac de Tibériade (Jn 21)Qui a de nouveau l’initiative de la rencontre entre Dieu et leshommes ? Conclusion avec Hb 13,8 ? Quel est le premier disciplequi intervient ? Pourquoi est-il une nouvelle fois cité en premier(cf. Mt 16,17-19) ? Combien de disciples avons-nous en tout ? Lechiffre sept étant symbole de perfection, qui représentent-ilsici ?

Que décident-ils de faire et pourquoi (cf. Mc 1,16-20) ? Quandagissent-ils ? Comment Jésus se présente-t-il en Jn 8,12 et12,46 ? Mais ils ne prennent rien… En mettant ensemble les deuxdernières réponses, retrouver le principe exprimé en Jn 15,5. Lemessage est identique en Lc 5,5… Nous avons ici le principe de lamission de l’Eglise tel qu’on le retrouve en Mc 16,20 ; Ac 14,27 ;15,4 ; 21,19 ; Rm 15,15-19…

Que nous dit-on au début du verset 4 ? Et de fait, qui intervientjuste après ? Nous retrouvons symboliquement 1Jn 2,8… Lesdisciples le reconnaissent-ils (comme en Lc 24,15-16 ; Jn 20,14) ?Sa première parole en Jn 21,5 est surprenante (cf. Jn 13,33) : quesuggère-t-elle (cf. Jn 1,3) ? Jésus les rejoint au cœur de leurspréoccupations, comme en Lc 24,17. Puis que fait-il en Jn 21,6 ?Et quelle est la réaction immédiate des disciples ? Nousretrouvons ici le principe de la vie chrétienne, lequel (cf. Ac5,29.32 ; 6,7 ; Rm 1,5 ; 10,16 ; 15,18 ; 16,19.26 ; 2Co 7,15 ;9,13 ; 10,5-6 ; Hb 5,9 ; Ph 2,12 ; 1P 1,1-2 ; 1,14.22…) ? Et quel

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est aussitôt le fruit porté (voir aussi Jn 2,7) ? On peut noterque Jean emploie ici deux mots grecs différents pour parler despoissons : ikhthus (21,6.8.11) et opsarion[1] ((21,9.13.10). Etles deux termes interviennent chacun trois fois. Or « trois » dansla Bible est le chiffre de Dieu en tant qu’il agit…

D’après les remarques données en note, cette pêche miraculeuseserait à nouveau centrée sur le Christ : manifestation du ChristRessuscité toujours offert comme « la vraie nourriture qui demeureen vie éternelle » (Jn 6,27). Les disciples en seront les premiersbénéficiaires et c’est cela qu’ils devront ensuite annoncer aumonde entier pour sa plus grande joie (Jn 15,11). Ils vont doncpasser ici du « poisson » très concrètement reconnu dans leursfilets (ikhthus) à cette vraie « nourriture », ce « morceau dechoix » (opsarion) qu’est Jésus lui-même… Notons enfin que plustard, les premiers chrétiens emploieront ce mot « ikhthus », ou ledessein correspondant, pour proclamer leur foi en Jésus. En effet,toutes les lettres de « ikhthus » font : « Iésous khristos théouuios sôter », soit « Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur »…

Mais que rappelle également cet épisode (cf. Lc 5,1-10) ? Et à lalumière de Lc 5,10, que symbolisent ici les poissons ? Cesymbolisme est également présent en Jn 21,11 avec ces « 153ikhthuôn ». En effet, « 153 » est, selon certains commentateurs,un chiffre qui renvoie à toutes les nations existantes sur cetteterre… Nous retrouvons ainsi indirectement Mt 28,18-20 ; Mc16,15 et Lc 24,47 car 1Tm 2,4… Et comme Jn 4,34, alors Jn 4,42 !

Tous ces faits sont des « Paroles en actes » de Jésus… Or de quoiest synonyme « garder la Parole » d’après Jn 14,23 ? Or, quireconnaît ici Jésus (comme en 20,8…) ? Conclusion à la lumière dela réponse précédente ? Et plus largement, quelle attitude, queltype de regard nous permettra de reconnaître la Présence du Christressuscité dans notre vie ? Et tout ceci est un don de Dieu quin’attend que notre « oui » de tout cœur… En effet, si la premièremoitié de Jn 14,23 se vérifie effectivement dans nos vies, que sepassera-t-il alors d’après la fin de ce même verset ? Conclureavec 1Jn 1,5 ; Jn 8,12 ; 12,46 d’une part, et Ps 36(35),10 d’autre

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part… Heureusement, cette aventure est toujours possible pour nousgrâce à Jude 1,21 ; Lc 5,31-32 ; 15,4‑7 ; Jn 1,29 ; 3,16-17… et Mt28,20 ; 2Tm 2,13…

Le disciple que Jésus aimait le reconnaît : « C’est le Seigneur »,une affirmation répétée deux fois dans le texte. Quelle est laréaction immédiate de Pierre (comme en Jn 20,3-4…) et quemanifeste-t-elle, notamment après son triple reniement ?

Jésus avait demandé : « Avez-vous quelque chose à manger ? », avecune formulation qui, dans le grec des Evangiles, demande uneréponse négative. St Jean nous suggère donc qu’il connaissait déjàla réponse… En Jn 21,9, il a déjà tout préparé, mais que veut-ild’après Jn 21,10 ? Quel est donc le désir de Dieu pour tout ce quiconcerne la vie des hommes et leur salut (cf. le début de 1Co3,9 ; Mc 16,20 ; Ac 14,27 ; 15,4) ? Conclusion vis-à-vis de notreengagement personnel dans la mission que le Christ a confiée à sonEglise (Mt 28,16-20 ; Mc 16,15 ; Lc 24,46-49 ; Jn 20,21) ? Et lebut poursuivi est que tous vivent Jn 20,31 ; 10,10 ; 14,27 ;15,11 grâce à Jn 1,29 ; 4,42… Que signifie le geste accompli parPierre en Jn 21,11 (cf. Mt 16,18-19) ?

Et comment Jésus apparaît au début de Jn 21,13 ? C’est comme celaqu’il était apparu pour la première fois dans l’Evangile en Jn1,29… C’est ce qu’il ne cesse de faire dans la vie de chacund’entre nous… Et pourquoi agit-il ainsi d’après la suite deJn 21,13… Echo à Jn 6,11 qui annonçait Jn 6,35.48 ; Lc 22,19-20…Conclusion : que vivent en fait ici les disciples avec Jésus ?

L’avenir de Pierre (Jn 21,15-19)Comment appelle-t-on la dernière partie de chacune de noseucharisties, lorsque le Prêtre, au Nom de Jésus, nous dit :« Allez dans la paix du Christ ! » ? De fait, cet « allez » faitécho à Mt 28,19 ; Mc 16,15 mais aussi Mt 20,4.7 ; 22,9 ; Lc 10,3 ;Ac 5,20… Or, d’après Jn 21,15, à quel moment du repas sommes-nous ? Et que se passera-t-il par la suite ? Mais cet « allez »

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sera toujours pour chacun de nous un « suis‑moi » (Jn 21,19.22)…C’est Dieu qui dirige la mission de l’Eglise (cf. Ac 13,1‑5 ;16,6-10…).

Dans le contexte de la Passion qui précède immédiatement, à quoiJésus fait-il allusion par cette triple demande qu’il adresse àPierre (cf. Jn 18,15-27) et que suggère-t-elle (cf. Lc 5,20) ? Orque se passera-t-il pour Pierre d’après Lc 7,47 ? Et de fait,quelle est la seule chose que lui demande Jésus dansl’accomplissement de sa mission ? Notons à quel point cesévènements de la Passion ont transformé Pierre… Maintenant, il nedit plus « je » de manière orgueilleuse (Lc 22,33 ; Mc 14,31),mais « tu », « tu sais »… et il s’en remet désormais à Jésus quile connaît plus que lui-même…

Notons à quel point Dieu espère, demande, attend notre libreassentiment… Et ce n’est que lorsque celui-ci est effectivementdonné, qu’il confirme Pierre dans sa mission ; et quelle sera-t-elle ? Combien de fois apparaît-elle elle aussi ? Quel sens àcette triple répétition dans notre contexte (cf. 2Tm 2,13) ? Mêmemessage en Lc 5,10 après l’affirmation de Lc 5,8… Et de fait, dequoi les disciples devront-ils être les heureux témoins pourl’avoir expérimenté en eux-mêmes (cf. Lc 24,46-48 ; 1Tm 1,12-17) ?De plus, le chiffre trois renvoie dans la Bible à Dieu en tantqu’il agit. Conclusion : qui permettra à Pierre d’accomplirsa mission (cf. Rm 15,15-16 ; 1Co 15,10 ; 2Co 3,4-6) et qui serale premier à agir au cœur de cette mission (cf. Jn10,11-16.27-28 (noter comment Jésus appelle « les agneaux » ou« les brebis » en Jn 21,15-17) ; Rm 15,17-19 ; 1Co 3,5-10 ;2Co 2,14 ; 5,17-21 ; 13,3) ? Avant de parler des brebis, Jésusévoque d’abord les agneaux, plus faibles, plus fragiles ; que dit-il ainsi à Pierre par rapport à cette communauté chrétienne surlaquelle il devra plus tard veiller en serviteur de l’UniquePasteur (même message en Mt 18,6.10.14) ?

Qu’annonce ensuite Jésus à Pierre en Jn 21,18 (même annonce,voilée, en Jn 13,36) ? Et cette fois, qu’est-ce que celamanifestera de Pierre vis-à-vis de Jésus ? Qu’a vécu Jésus pour

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ses brebis d’après Jn 10,15.17-18 ; du parallèle de ce texte avecJn 21,18, en déduire Lc 6,40 grâce à 1Co 15,10… Quelle finalitéavait la mort de Jésus d’après la fin de Jn 17,1 ? Mais pour qu’ilen soit ainsi, que demande juste avant Jésus ? Et il en sera demême pour Pierre : qui lui permettra d’aller jusqu’au bout du donde lui-même ?

Notons enfin que Jésus s’adresse à Pierre en l’appelant « Simon »,comme il l’avait fait lors de leur première rencontre (Jn 1,42),et il lui redit ici ce qu’il lui avait dit alors (Mc 1,16-18 ; Mt4,18-20 ; et… Lc 5,11 ; cf. Mc 2,14 ; 10,21 ; Mt 8,22 ; Jn 1,43) :« Suis-moi ! » Pierre est invité à vivre un nouveau départ…

Et, selon la tradition, Pierre mourra en 64 à Rome, crucifié latête en bas, lors de la persécution déclenchée par l’empereurNéron. Son corps fut ensuite recueilli et déposé dans le cimetièrequi bordait « le cirque de Néron ». Les chrétiens lui construirontune sépulture toute simple qui fut retrouvée sous le maître autelde la Basilique St Pierre lors des fouilles débutées en 1939 sousPie XII…

L’avenir du disciple bien-aimé (Jn 21,20-23)Remarquer la disposition des différents personnages. Qui est entête ? Puis, qui trouve-t-on d’après la fin de Jn 21,19 ? Et quiintervient ensuite en Jn 21,20 ? Que retrouvons-nous ainsiindirectement du Mystère de l’Eglise ?

La suite du texte reflète le trouble de la communauté chrétienneau moment de la mort de Jean, certainement très âgé pour l’époque…Une croyance s’était répandue selon laquelle le Christ reviendraiten gloire avant la mort de Jean. Nous retrouvons ici un pointcaractéristique de la toute première communauté chrétienne : laconviction selon laquelle le retour du Seigneur, la Parousie, lafin du monde, était toute proche. Cette conviction intervient trèssouvent dans la 1° Lettre aux Thessaloniciens… Mais… Jean meurt« avant » le retour du Christ… Tout repose alors sur cette

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précision répétée par deux fois : « Si je veux qu’il demeurejusqu’à ce que je vienne »… Manifestement, le Christ ne voulaitpas… Voilà qui devait permettre à la communauté de retrouverla paix… Mais en se souvenant que la figure du Disciple bien-aimérenvoie en St Jean à tous les disciples de Jésus, on peut espérerqu’il y aura toujours sur la terre une Eglise vivante et priantelorsque le Christ reviendra… En ce sens-là, le disciple bien-aimédemeurera jusqu’à ce qu’il vienne… « Mais le Fils de l’homme,quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18,8).

ConclusionUne notion revient par deux fois en Jn 21,24 (qui rappelle Jn19,35), laquelle ? Nous retrouvons ici l’un des thèmes centraux del’Evangile… Et c’est bien par cela que St Jean avait commencé enJn 1,7-8… Et de fait, celui dont on parle en Jn 1,4 est venu pourque s’accomplisse Jn 10,10b ; 20,31 grâce à Jn 3,31-33 ; 8,14 ;18,37… Or maintenant, à la fin de l’évangile, qui sont ceux quipeuvent dire « nous savons » ? Si tel est vraiment le cas, que sepassera-t-il d’après la première moitié de Jn 3,11 ? En espérantque la seconde moitié sera cette fois positive, comme le Christl’envisage en Jn 17,20… Alors, le Christ lui-même sera le premierà être « heureux » de ce que beaucoup seront « heureux » d’avoircru sans avoir vu (Jn 20,29), « heureux » car comblés dèsmaintenant de sa Vie (Jn 6,35.47). Existe-t-il œuvre plus belle ?Puissions-nous tous y contribuer

D. JacquesFournier

[1] On peut noter que ce dernier terme, « opsarion », n’intervient qu’en lienavec Jésus. Or son sens est « nourriture ; spécialement du poisson » (M.Carrez), « petit mets ; petit plat de poisson » (Bailly), « nourriture mangéeavec du pain ; peut signifier « morceau de choix » ou spécifiquement« poisson » » (Bauer W.). En lien avec Jésus, ce terme peut suggérer ànouveau indirectement qu’il est « la vraie nourriture qui demeure en vie

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éternelle » (Jn 6,27). En effet, c’est justement ce terme que St Jean avaitdéjà employé en Jn 6,9.11 lors de cette multiplication des pains où Jésus seprésentait en acte comme étant « la vraie nourriture » (voir aussi Jn 6,55)…Et en Jn 21,13, ce sera encore lui, en personne, qui donnera cet « opsarion »à manger à ses disciples, comme en Jn 6,11… Ce terme intervient en tout cinqfois dans l’Evangile : nouveau clin d’œil vers Jésus « vraie nourriture » parsa Parole ? Le chiffre 5 renvoie en effet dans la Bible à ses 5 premierslivres, « la Torah », la Loi, « la Parole de Dieu », un symbolisme repriségalement dans la multiplication des pains (5 pains pour 5000 hommes) en Jn6,1-15.

Notons le terme employé dans la bouche de Jésus en 21,5 : « N’avez-vous pasquelque « prosphagion » ? », soit littéralement « ce qu’on mange en plus dupain » (M. Carrez). Et ce serait notamment de « l’opsarion »… Jésus seraitdonc à nouveau visé ici… Et de fait, ils ne l’ont pas encore reconnuressuscité, ils se croient seuls, sans lui… De leur point de vue, ils nel’ont plus comme « nourriture » offerte à leur foi… La manifestation duChrist Ressuscité va leur prouver le contraire…

Joseph assume la paternité légale deJésus (Mt 1,18-25)Le texte (traduction liturgique officielle – cf.aelf.org)

(18) « Or, voici comment fut engendré Jésus Christ :

Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ;

avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action del’Esprit Saint.

(19) Joseph, son époux,

qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement,

décida de la renvoyer en secret.

(20) Comme il avait formé ce projet,

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voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit :

« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse,

puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ;

(21) elle enfantera un fils,

et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve),

car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »

(22) Tout cela est arrivé

pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète :

(23) Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ;

on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».

(24) Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avaitprescrit :

il prit chez lui son épouse,

(25) mais il ne s’unit pas à elle, jusqu’à ce qu’elle enfante un fils,

auquel il donna le nom de Jésus. »

Commentaire

Juste avant notre passage, St Matthieu s’était attaché à nousprésenter les racines juives de Joseph, l’époux de Marie. Aprèsêtre parti d’Abraham, le Père fondateur d’Israël (vers 1850 avJC), il avait mentionné le roi David (1010 – 970 av JC), qui avaitreçu du Seigneur la promesse que sa royauté durerait pourtoujours… Puis, rompant avec la formule habituelle « untelengendra untel », arrivé à Josias, il avait écrit : « Josias

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engendra Jéchonias et ses frères ; ce fut alors la déportation àBabylone. Après la déportation à Babylone, Jéchonias engendraSalathiel »… Pourquoi une telle insistance sur cette déportation àBabylone provoquée par le roi Nabuchodonosor en 587 av JC ?Israël, en fait, ne s’en remettra jamais… A l’exception dequelques années chaotiques, il n’y aura plus de rois en Israël…Qu’en était-il alors de la promesse faite à David ? Etait-ilpossible que la promesse de Dieu ne s’accomplisse pas ? Non… « Entoi ils espéraient et n’étaient pas déçus » (Ps 22(21),5-6).Aussi, attendaient-ils le moment où elle se réaliserait, le momentoù un envoyé de Dieu donnerait l’onction au nouveau roi, le« Messie » (de l’hébreu « Mashach, oindre »), le Christ (du grec« khriô, oindre »), « l’Oint » du Seigneur.

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La porte est maintenant ouverte : en conclusion de sa généalogie,St Matthieu présentera Jésus, ce Messie tant attendu, qui recevral’onction de Jean Baptiste dans les eaux du Jourdain (Mt 3,13-17)…Mais avec lui, il n’écrira plus « un tel engendra untel », maisavec « Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus,que l’on appelle Christ. » Que se cache-t-il donc derrière cettesoudaine forme passive du verbe « engendrer » ? Qui en est lesujet ‘actif’ ? St Matthieu nous donne la réponse dans notrepassage…

C’est pourquoi, après avoir commencé par…

Βίβλος γενέσεως Ἰησοῦ Χριστοῦ υἱοῦ Δαυὶδ υἱοῦ Ἀβραάμ.

Biblos genéseôs Iêsou Khristou uiou David uiou Abraam

Livre de la genèse de Jésus Christ, fils de David, filsd’Abraham.

… il repart ici avec :

Τοῦ δὲ Ἰησοῦ χριστοῦ ἡ γένεσις οὕτως ἦν.

Tou dé Iêsou Khristou ê génesis outôs ên.

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Litt. : La et de Jésus Christ genèse celle-ciétait.

« Or telle fut la genèse de Jésus Christ ».

Nous avons vu que parler de « genèse » renvoie au premier chapitrede la Bible, avec le récit de la création du monde où « L’Esprit »(« le souffle, ‘ruah, j’Wr’ en hébreu, un mot qui renvoie toujoursau « souffle de Dieu ») « planait sur les eaux » (Gn 1,2).

Ainsi parler de « la genèse de JésusChrist » laisse donc entendre un nouvelacte créateur à son égard, avec encore ettoujours la Présence de l’Esprit Saint,l’Esprit de Dieu, le Souffle de Dieu (cf.Ps 33,6 ; 104,30)… Et c’est bien ce quiarrivera : « l’Esprit Saint »,« Puissance du Très Haut », viendra, nonpas « sur les eaux », mais sur Marie etcréera en elle, avec sa collaboration,l’humanité de Jésus, le Fils éternel duPère (cf. Lc 1,35)… Et Matthieu écrit :« Marie, sa mère, était fiancée à Joseph

: or, avant qu’ils eussent mené vie commune, elle se trouvaenceinte par le fait de l’Esprit Saint. » Mais contrairement àSt Luc, un homme de culture grecque qui écrit pour des païens, StMatthieu, Juif, va tout raconter du point de vue de Joseph quisera le père légal de l’enfant, car dans la société juive, c’estl’homme qui était au centre de tout… Et pour un fils premier né,il était de tradition que celui-ci porte le prénom de son père etqu’ainsi la lignée se poursuive de génération en génération… Maisce ne sera pas le cas ici. Néanmoins, la décision viendra deJoseph, qui obéira à l’invitation de l’Ange…

« Avant qu’ils eussent mené vie commune »… Marie habitait àl’époque à Nazareth, dans la maison de ses parents, Anne etJoachim, selon la tradition… Elle était toute jeune : douze,

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treize ans…. Un jour, un homme du nom de Joseph, de la maison deDavid, était venu demander la main de Marie à ses parents, et tousavaient accepté… Une petite fête avait suivi, celle desfiançailles, et depuis, tous les proches de Marie, ses amis,ses voisins, l’appelaient déjà « la femme de Joseph », même si lagrande cérémonie du mariage n’avait pas encore eu lieu… La Biblede Jérusalem précise ainsi en note : « Les fiançailles juivesétaient un engagement si réel que le fiancé était déjà appelé“mari” et ne pouvait se dégager que par une “répudiation” (v.19). » En général, le mariage avait lieu un an après ! Pendanttout ce temps, la jeune fiancée demeurait avec ses parents, et cen’est qu’au jour de son mariage que son mari l’emportait dans cequi allait être désormais leur maison…

Pour l’instant, Marie n’habite donc pas encore avec Joseph… Ellevit chez elle, et comme elle le dira elle-même, « elle ne connaîtpas d’homme » (Lc 1,34), c’est à dire, elle est toujours vierge…

Mais, « elle se trouva enceinte »… Comment Joseph l’apprit-il ? Letexte ne le précise pas. Seule sa réaction nous est racontée : « Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas ladénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. » Au fildes siècles, plusieurs possibilités d’interprétation sontapparues…

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St Justin († 165 ap JC), St Ambroise († 397 ap JC), St JeanChrysostome († 407 ap JC) et St Augustin († 430 ap JC) ont comprisque « Joseph est juste » en tant que fidèle à la Loi. Mais siMarie avait commis un adultère, même s’il aurait aimé continueravec elle, il se devait de rompre en obéissance à la Loi. Cettehypothèse suppose « la suspicion », c’est-à-dire le « fait desupposer, à partir de quelques indices, l’existence d’un délit »(Dictionnaire Larousse). Joseph aurait donc perdu confiance enMarie…

Clément d’Alexandrie († 215 ap JC) interprétera de son côté lefait que Joseph était « juste » en termes de « bonté », sa« justice » se manifestant dans son désir que Marie ne connaissepas la peine prévue par la Loi en cas d’adultère : la lapidation(Lv 20,10 ; Dt 22,22-24). Mais cette hypothèse suppose aussi « lasuspicion », la perte de confiance…

St Eusèbe de Césarée († 339 ap JC), Saint Ephrem († 373 ap JC),Saint Théophylacte († 1107 ap JC) pensaient de leur côté que StJoseph savait que cet enfant venait de Dieu. Il décida alors de seretirer, laissant ainsi Dieu accomplir son œuvre avec et parMarie. Mais l’Ange lui apparut alors en songe pour lui révéler queDieu comptait aussi sur lui : son mariage avec Marie appartientbien à son projet car c’est par lui que l’enfant sera « fils deDavid ». Et l’Ange l’indique de suite au tout début de la Parolequ’il lui transmet de la part de Dieu : « Alors qu’il avait forméce dessein, voici que l’Ange du Seigneur lui apparut en songe etlui dit : Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toiMarie, ta femme : car ce qui a été engendré en elle vient del’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu l’appelleras du nomde Jésus car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »

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Comme souvent dans la culture biblique, le nom dit quelque chosedu Mystère et donc de la mission de celui qui le porte. Le prénom« Jésus », « Ἰησοῦς, Iêsous, en grec », vient en effet de l’hébreuYeshoua (ַיֵשׁוּע, yēšūă‘) qui lui-même est une contraction deYehoshuah (ַיְהוֹשֻׁע, d’où vient aussi « Josué »). L’hébreu selit de droite à gauche : le son « ă‘» final pour nous, qui seradonc le premier en hébreu, renvoie à la première syllabe de« Yahvé », יהוח, le tétragramme (YHWH) révélé à Moïse lors del’épisode du buisson ardent (Ex 3,13-15), et ce qui, pour nous,précède ce « ah » vient quant à lui du verbe « עשי, yaša,sauver ». « Yeshoua » signifie donc « Yahvé sauve », « le Seigneursauve », « Dieu sauve ». Et telle sera bien sa mission première :« Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29)dira Jean Baptiste. Et il l’enlève en le prenant sur lui :« C’étaient nos péchés qu’en son propre corps, il portait sur lebois, afin que morts à nos péchés, nous vivions pour la justice »(1P 2,24). En effet, « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné sonFils, l’Unique‑Engendré, afin que quiconque croit en lui ne seperde pas, mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé leFils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le mondesoit sauvé par son entremise » (Jn 3,16-17). « Ce n’est plus surtes dires que nous croyons », diront à la Samaritaine ses amis etses voisins ; « nous l’avons nous-mêmes entendu et nous savons quec’est vraiment lui le sauveur du monde » (Jn 4,42).

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Jésus, d’après le grec, Josué d’après l’hébreu, était donc unprénom courant à l’époque. Pensons ainsi à « Josué fils de Noun »(Nb 11,28 ; 13,16 ; 14,6.30.38… ; Si 1,2 ; 50,27 ; 51,30)… Tousétaient des hommes, bien sûr, et Jésus, fils de Marie, est hommelui aussi. Mais la citation que St Matthieu va ensuite luiappliquer ouvre la porte à la compréhension d’un Mystère plusprofond :

Mt 1,22-23 : « Tout ceci advintpour que s’accomplît cet oracleprophétique du Seigneur : Voicique la vierge concevra etenfantera un fils, et onl’appellera du nom d’Emmanuel, cequi se traduit : Dieu avec nous. »

Matthieu cite alors Is 7,14 (Is 7,10-14) : « Yahvé parla à Achazen disant : Demande un signe à Yahvé ton Dieu, au fond, dans leshéol, ou vers les hauteurs, au‑dessus. Et Achaz dit : Je nedemanderai rien, je ne tenterai pas Yahvé. Il dit alors : Écoutezdonc, maison de David ! Est-ce trop peu pour vous de lasser leshommes, que vous lassiez aussi mon Dieu ? C’est pourquoi leSeigneur lui-même vous donnera un signe : Voici, la jeune femmeest enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nomd’Emmanuel. »

Dans le contexte du prophète Isaïe, cette parole s’adresse au roiAchaz (736 – 716 av JC). Le fils en question, « en dépit desincertitudes de la chronologie », précise en note la Bible deJérusalem, est « probablement » Ezéchias (716 – 687 av JC). Maisil sera décevant… Les générations suivantes reprendront donc cetteprophétie d’Isaïe et l’appliqueront au Messie à venir. Et c’estbien le Christ qui accomplira cette parole…

En hébreu, « la jeune femme » se dit « hm;l][‘, ‘almâh ». Ellepeut ou non être vierge, bien que selon les coutumes et les loisjuives, la grande majorité des femmes appelées ainsi étaient de

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fait vierges. Or, à partir du troisième siècle avant Jésus Christ,la communauté juive d’Alexandrie, qui, dans sa vie de tous lesjours, parlait grec, traduisit en grec tous les textes hébreux del’Ancien Testament (la Septante), ce qui donna pour Is 7,14 :

« ἰδοὺ ἡ παρθένος ἐν γαστρὶ ἕξει καὶ τέξεται υἱόν,

idou ê parthénos en gastri exei kai texetai uion,

Voici la vierge en (son) sein aura et elle enfantera unfils,

καὶ καλέσεις τὸ ὄνομα αὐτοῦ Εμμανουηλ· »

kai kaleseis to onoma autou Emmanouêl ; »

et tu appeleras son nom Emmanuel. »

« hm;l][‘, ‘almâh, jeune femme » aurait du se traduire en grec par« neçniw, néanis ». Mais le traducteur a choisi « pary°now,parthénos, vierge » qui, en hébreu, traduirait plutôt « betûlâ,hl;WtB] ». On le comprend : toutes les « jeunes femmes » fiancéesse devaient d’être vierges. Il ne faisait qu’exprimer ainsi unétat de fait pour l’époque. Il n’empêche : ce glissement de« jeune femme » à cette précision « vierge » était en lui-mêmeprophétique, inspiré par l’Esprit Saint. Et de fait, dans le grecdes Evangiles, il exprimera parfaitement le Mystère qui s’est misen œuvre en Marie : une jeune fille explicitement « vierge » (voiraussi Lc 1,27) mettra au monde un Fils sans « connaître d’homme »(cf. Lc 1,34)…

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Et si le nom d’ « Emmanuel », qui, en hébreu, signifie « Dieu avecnous » pouvait être appliqué au Fils d’Achaz pour dire que « Dieuallait protéger et bénir Juda » (cf. la note de la Bible deJérusalem), il prend avec Jésus un tout autre sens : Jésus est eneffet « le Verbe fait chair » (Jn 1,14), ce Verbe qui, de touteéternité, avant tout commencement « θεὸς ἦν, théos ên, étaitDieu ». Il est en effet « μονογενὴς θεός, monogevês théos, DieuUnique Engendré » (Jn 1,18), « Dieu né de Dieu, vrai Dieu né duvrai Dieu, de même nature que le Père » (Crédo). A ce titre, ilest Dieu au sens où, « né du Père avant tous les siècles », cedernier « l’engendre » en lui donnant de toute éternité d’être cequ’il est : « de condition divine » (Ph 2,6). Alors, si « Dieu estLumière » (1Jn 1,5), « le Père des lumières » (Jc 1,17), « le Pèrede la Gloire » (Ep 1,17), par le Don de l’Esprit de Lumière (Jn4,24 et 1Jn 1,5), « l’Esprit de Gloire » (1P 4,14), l’EspritSaint, lui donne d’être « Lumière née de la Lumière », « Lumièredu monde » (Jn 8,12 ; 12,46) et « Seigneur de la Gloire »(1Co 2,8). Et c’est par ce même Don de l’Esprit Saint, agissantavec Puissance en Marie avec son consentement (Lc 1,35-38), qu’ilrecevra aussi du Père sa nature humaine… Nous constatons ainsi àquel point ce Fils éternel du Père se reçoit du Père en tout cequ’il est, vrai Dieu et vrai homme, et cela par cet unique Don del’Esprit Saint que le Père ne cesse de lui faire en Plénitude…

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Et c’est toujours en déployant en lui la Puissance de ce mêmeEsprit qu’il le ressuscitera d’entre les morts et lui donnera, ensa chair glorifiée, ce Nom qui est au dessus de tout nom, et quidonc ne peut qu’être que « le Nom de Dieu », expression quirenvoie dans ce contexte à tout ce que Dieu est en lui-même, à laPlénitude de sa nature divine : « Jésus Christ notre Seigneur »,« issu de la lignée de David selon la chair, établi Fils de Dieuavec puissance selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection desmorts » (Rm 1,3-4). « Dieu l’a alors exalté, et il lui a donné leNom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus toutgenou fléchisse dans les cieux sur la terre et sous la terre etque toute langue proclame que le Seigneur c’est Jésus Christ à lagloire de Dieu le Père » (Ph 2,9-11). Or, toute l’œuvre du Christconsiste à faire en sorte que nous puissions nous aussi êtrecapables d’accueillir ce même Don qu’il reçoit du Père de touteéternité, le Don de l’Esprit Saint par lequel le Père l’engendreen Fils, Don par lequel Dieu veut nous aussi nous engendrer à lamême Plénitude… « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22). « En lui »,le Christ, « habite corporellement toute la Plénitude de laDivinité, et vous vous trouvez en lui associés à sa Plénitude »(Col 2,9-10). « Cherchez donc dans l’Esprit votre plénitude » (Ep5,18). En effet, « si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésusd’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le ChristJésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortelspar son Esprit qui habite en vous » (Rm 8,11). « Vous entrerez

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alors par votre plénitude dans toute la Plénitude de Dieu. À Celuidont la puissance agissant en nous est capable de faire bien au-delà, infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons demander ouconcevoir, à Lui la gloire, dans l’Église et le Christ Jésus, pourtous les âges et tous les siècles ! Amen » (Ep 3,19-21).

Tel est l’Amour (1Jn 4,8.16) qui ne poursuite que la Plénitude, levrai Bonheur de tous les hommes qu’il aime (Lc 2,14 ; 1Tm 2,3-6).Lui obéir, c’est trouver avec lui le chemin de la vie. C’est ceque va faire ici Joseph, et cela parfaitement… « Quand Joseph seréveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : ilprit chez lui son épouse, mais il ne s’unit pas à elle, jusqu’à cequ’elle enfante un fils, auquel il donna le nom de Jésus. » « Eten nommant l’enfant, rôle réservé au père, il l’adoptera. Dans cemonde ancien, toute paternité est un acte d’adoption et touteadoption confère les pleins droits de fils à celui qui la reçoit.Ainsi, l’authentique filiation davidique de l’enfant dépend del’obéissance de Joseph » (P. Claude Tassin)…

« Le texte confirme donc simplement la conception virginale del’enfant ; il ne dit rien des relations ultérieures de Marie te deJoseph, ni dans un sens ni dans l’autre. La mention des « frèresde Jésus » (Mc 6,3) peut, dans le contexte sémitique, évoquer devrais frères ou de simples cousins (cf. en fin de document).Lorsqu’on examine l’ensemble du dossier, on aboutit à ceci que lavirginité perpétuelle de Marie relève de la tradition desEglises : les textes évangéliques ne la contredisent pas maisn’apportent pas de preuves » (Claude Tassin).

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Les différents sens possibles de l’expression :« Les frères de Jésus ».

Jésus, n’est-il pas « le frère de Jacques, de José, de Jude et deSimon ? Et ses sœurs, ne sont-elles pas ici chez nous ? » (Mc6,3).

Le mot « frère, ἀδελφός » peut avoir de multiples sens selon lecontexte :

1 – Frères de sang comme Simon et André, Jacques et Jean (Mc1,16.19) : « Comme (Jésus) passait sur le bord de la mer deGalilée, il vit Simon et André, le frère de Simon, qui jetaientl’épervier dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs… Et avançantun peu, il vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, euxaussi dans leur barque en train d’arranger les filets »…

2 – Demi-frères comme Philippe et Hérode Antipas, avec un mêmepère, le roi Hérode le Grand, mais avec deux mères différentes,Cléopâtre et Malthacé (Mc 6,17) : « C’était lui, Hérode, qui avaitenvoyé arrêter Jean et l’enchaîner en prison, à cause d’Hérodiade,la femme de Philippe son frère qu’il avait épousée ».

3 – Cousins, parents éloignés comme « Joset et Jacques » (Mc 6,3)qui sont les fils d’une autre Marie qui sera présente elle aussilors des évènements tragiques de la Passion (Mc 15,40.47) : « Il yavait aussi des femmes qui regardaient à distance, entre autresMarie de Magdala, Marie mère de Jacques le petit et de Joset, etSalomé… Or, Marie de Magdala et Marie, mère de Joset, regardaientoù on l’avait mis…

4 – Disciples de Jésus, recevant par leur foi la même Vie

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éternelle que celle que le Fils Unique reçoit du Père de touteéternité. « « Qui est ma mère ? Et mes frères ? » Et, promenantson regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, ildit : « Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté deDieu, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère » »(Mc 3,31‑35). Et une fois ressuscité d’entre les morts, il dira àMarie de Magdala : « Je monte vers mon Père et votre Père, versmon Dieu et votre Dieu » (Jn 20,17). Cette parole, adressée auxdisciples, est valable à travers eux pour tous les hommes de tousles temps…

D. Jacques Fournier

Si vous désirez imprimer ce document, il voussuffit de cliquer sur le titre ci-après pouraccéder au texte mis en page :

Fiche SI – 2 – Mt 1,18-25

La généalogie de Jésus Christ (Mt1,1-17)Le texte (traduction liturgique officielle – cf.aelf.org)

» GENEALOGIE DE JESUS, CHRIST, fils de David, fils d’Abraham.

(2) Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendraJuda et ses frères, (3) Juda, de son union avec Thamar, engendraPharès et Zara, Pharès engendra Esrom, Esrom engendra Aram, (4)

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Aram engendra Aminadab, Aminadab engendra Naassone, Naassoneengendra Salmone, (5) Salmone, de son union avec Rahab, engendraBooz, Booz, de son union avec Ruth, engendra Jobed, Jobed engendraJessé, (6) Jessé engendra le roi David.

David, de son union avec la femme d’Ourias, engendra Salomon,(7) Salomon engendra Roboam, Roboam engendra Abia, Abia engendraAsa, (8) Asa engendra Josaphat, Josaphat engendra Joram, Joramengendra Ozias, (9) Ozias engendra Joatham, Joatham engendra Acaz,Acaz engendra Ézékias, (10) Ézékias engendra Manassé, Manasséengendra Amone, Amone engendra Josias, (11) Josias engendraJékonias et ses frères à l’époque de l’exil à Babylone.

(12) Après l’exil à Babylone, Jékonias engendra Salathiel,Salathiel engendra Zorobabel, (13) Zorobabel engendra Abioud,Abioud engendra Éliakim, Éliakim engendra Azor, (14) Azor engendraSadok, Sadok engendra Akim, Akim engendra Élioud, (15) Élioudengendra Éléazar, Éléazar engendra Mattane, Mattane engendraJacob, (16) Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquellefut engendré Jésus, que l’on appelle Christ.

(17) Le nombre total des générations est donc : depuis Abrahamjusqu’à David, quatorze générations ; depuis David jusqu’à l’exilà Babylone, quatorze générations ; depuis l’exil à Babylonejusqu’au Christ, quatorze générations.

Commentaire

« Tel le générique d’un film, une généalogie ouvre l’Evangile, unrien fastidieuse pour le lecteur moderne. Pour les anciensOrientaux, en revanche, les généalogies comptaient beaucoup :elles tenaient lieu d’état civil et inséraient quelqu’un dans letissu historique et social.

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Par ailleurs, les généalogies remontent dans le temps jusqu’où onpeut, mais aussi jusqu’où on veut » (Claude Tassin). Et ici, StMatthieu, Juif comme le Christ, nous offre dès le premier versetles deux grandes figures du Peuple d’Israël qu’il veut souligner :Abraham, avec qui et par qui Dieu se fit « un Peuple particulierparmi toutes les nations de la terre » (Dt 7,6), et le roi David àqui il fit la promesse que « son trône sera affermi à jamais »(2Sm 7,16), une promesse fondatrice pour Israël de l’attente duMessie. Toute l’histoire d’Israël est ainsi récapitulée. Le Christest donc bien celui qui « accomplit » toutes les Ecritures etdonne à Israël de réaliser pleinement sa vocation, nous yreviendrons.

L’Evangile de Matthieu commence donc par cette phrase :

« Généalogie de Jésus, Christ, fils de David, filsd’Abraham ».

En grec : Βίβλος γενέσεως Ἰησοῦ Χριστοῦ υἱοῦ Δαυὶδ υἱοῦ Ἀβραάμ.

Biblos genéseôs Iêsou Khristou uiou Daviduiou Abraam

Livre de la genèse de Jésus Christ, fils deDavid, fils d’Abraham.

« Pour les premiers chrétiens de langue grecque, le « livre de laGenèse » était une expression familière, le titre du premier livrede la Bible qui raconte la création » (Claude Tassin). En effet,

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« GENÈSE » se dit en grec « ΓΕΝΕΣΙΣ, genésis ». St Matthieu y faitdonc allusion et suggère ainsi que toute l’œuvre du Christs’inscrit dans cette dynamique de « création » : avec lui et parlui, Dieu va porter son projet créateur à son terme. Il a créél’homme « à son image et ressemblance » (Gn 1,26-27)? Il fera ensorte qu’il en soit vraiment ainsi… Dès qu’il a créé l’homme, ill’a béni (Gn 1,28) ? En réconciliant les hommes avec Dieu par leDon surabondant du « pardon des péchés », il fera en sorte qu’ilspuissent vraiment accueillir cette bénédiction qui, depuis le toutdébut de leur existence, leur est déjà donnée…

St Marc et St Jean feront eux aussi allusion à ce Livre de laGenèse mais avec un moyen différent : le premier mot de leurEvangile est le premier mot de la Genèse dans la traductiongrecque de la Septante réalisée par la communauté juived’Alexandrie à partir du troisième siècle avant Jésus Christ :

Gn 1,1 : Ἐν ἀρχῇ ἐποίησεν ὁ θεὸς τὸν οὐρανὸν καὶ τὴν γῆν.

En arkhê époiêsen o théos ton ouranon kai têngên.

Au commencement fit Dieu le ciel et la terre.

Mc 1,1 : Ἀρχὴ τοῦ εὐαγγελίου Ἰησοῦ Χριστοῦ υἱοῦ θεοῦ.

Arkhê tou euangéliou Iêsou Khristou uiou théou

Commencement de l’Evangile de Jésus Christ Fils de

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Dieu.

Jn 1,1 : Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος…

En arkhê ên o logos…

Au commencement était le Verbe…

« Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut » (Jn 1,3), poursuivraSt Jean, évoquant ainsi explicitement la création du monde… Tout aété créé par le Fils, tout sera sauvé par le Fils, ce salutconsistant à faire en sorte que l’homme soit vraiment ce que Dieuvoulait qu’il soit quand il l’a créé : un enfant vivementpleinement de sa vie… « A tous ceux qui l’ont accueilli, il adonné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient enson nom » (Jn 1,12). « Pouvoir devenir » pleinement ce qu’ils sontdéjà aux yeux de leur Dieu et Père… Pour que cela s’accomplissevraiment, il suffit de consentir à mettre Dieu dans sa vie, Luiqui est Source de Vie éternelle depuis toujours et pour toujours…« En toi est la Source de vie, par ta lumière, nous voyonsla lumière » (Ps 36,10). En enlevant tous les obstacles quipeuvent exister entre Dieu et sa créature, en « enlevant le péchédu monde » (Jn 1,29), le Christ rétablira une relation vivanteentre Dieu et les hommes, ses enfants, permettant ainsi à cesderniers, dans leur libre consentement à recevoir le Don gratuitde l’Amour, d’être pleinement ce que Dieu voulait qu’ils soient…

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« Genèse de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham »… Lesgrandes étapes de la généalogie qui suivra sont données. Le pointde départ sera Abraham, puis, en passant par David, St Matthieumontrera que Jésus est bien « le Christ », un mot qui vient dugrec « Χριστός, khristos » qui dérive à son tour du verbe « Χρίω,khriô, oindre » : le Christ est l’Oint du Seigneur, celui qui areçu l’onction. Le premier Livre de Samuel raconte ainsi l’onctionde David : « Jessé envoya chercher » David, le plus jeune de sesfils : « il était roux, avec un beau regard et une belle tournure.Et Yahvé dit : Va, donne-lui l’onction : c’est lui ! Samuel pritla corne d’huile et l’oignit au milieu de ses frères. L’Esprit deYahvé fondit sur David à partir de ce jour-là et dans la suite »(1Sm 16,12-13). Le nouveau roi était ainsi oint par un prophète :l’huile que l’on versait sur sa tête symbolisait le don dela grâce, le don de l’Esprit, qui allait dorénavant l’aider àrégner au mieux sur son Peuple en serviteur du Seigneur…

Et c’est ce même David qui recevra du Seigneur cette promesse :« Quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tespères, j’élèverai ta descendance après toi, celui qui sera issu detes entrailles, et j’affermirai sa royauté. C’est lui qui bâtiraune maison pour mon Nom et j’affermirai pour toujours son trôneroyal. Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils… Mafidélité ne s’écartera pas de lui… Ta maison et ta royautésubsisteront à jamais devant toi ; ton trône sera affermi àjamais » (2Sm 7,12‑16). Or, après la destruction de Jérusalem en587 av JC par Nabuchodonosor, roi de Babylone, Israël ne connaîtraquasiment plus de royauté stable. Les Juifs, à l’époque de Jésus,se basaient donc sur cette promesse faite à David pour espérer etespérer encore le retour d’une ère stable où, libérée de tous sesennemis, et notamment à l’époque de l’occupant romain, Israëlpourrait enfin prospérer avec un Roi issu de ses rangs quiappartiendrait à la lignée de David… Alors la promesse du Seigneurserait enfin accomplie…

C’est pourquoi St Matthieu s’attache ici à présenter Jésus commeétant non seulement descendant d’Abraham, et donc Juif, mais

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encore descendant de David…

L’allusion à Abraham permet aussi de placer tout de suite leChrist dans une perspective d’accomplissement de la vocationd’Israël telle qu’elle fut donnée à Abraham et à ses descendants :« Yahvé dit à Abram : Quitte ton pays, ta parenté et la maison deton père, pour le pays que je t’indiquerai. Je ferai de toi ungrand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom ; sois unebénédiction ! Je bénirai ceux qui te béniront, je réprouverai ceuxqui te maudiront. Par toi se béniront toutes les familles de laterre » (Gn 12,1-4). La mission d’Abraham avait donc une portéeuniverselle : que « toutes les familles de la terre » puissentaccueillir elles aussi la bénédiction qu’il avait lui-même reçue,« je te bénirai », et qui l’avait transformé en bénédiction pourles autres : « Sois une bénédiction »… Telle sera bien la missiondu Christ que de révéler à tout homme qu’il est déjà béni : n’est-ce pas ce que Dieu a fait dès qu’il l’a créé (cf. Gn 1,28) ? Qu’ilconsente donc à l’amour de son Père à son égard et accepte derecevoir pleinement, de tout cœur, ce qui, du côté de Dieu lui estdéjà donné… Et cette bénédiction se résume par le Don de l’EspritSaint, « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6), « l’Espritqui est vie » (Ga 5,25) et qui, reçu, ne peut donc que « donner lavie » (Rm 8,2). Et avec cet Esprit, Dieu ne peut pas nous donnerplus puisqu’il nous communique en fin de compte ce qu’il est lui-

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même de toute éternité : « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), « Dieu estSaint » (cf. Lv 19,2 ; 20,26 ; 21,8)… Commencé par une allusion àAbraham et donc à sa mission universelle, l’Evangile de Matthieuse terminera par la mission universelle donnée à l’Eglise, missiondont le premier acteur sera le Christ Ressuscité en Personne :« Jésus dit ces paroles » aux Onze disciples, et à travers eux, àtous ses disciples de tous les temps : « Tout pouvoir m’a étédonné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nationsfaites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils etdu Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vousai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’àla fin de l’âge » (Mt 28,18-20).

Notons également que « le nombre total des générations est :depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations ; depuis Davidjusqu’à l’exil à Babylone, quatorze générations ; depuis l’exil àBabylone jusqu’au Christ, quatorze générations. » Nous avons doncen tout trois fois « quatorze générations ».

Or, le chiffre « trois » dans la Bible renvoie à Dieu en tantqu’il agit. Ainsi, « Yahvé fit qu’il y eut un grand poisson pourengloutir Jonas. Jonas demeura dans les entrailles du poissontrois jours et trois nuits… Yahvé commanda alors au poisson, quivomit Jonas sur le rivage » (Jon 2,1s). Jonas annonçait ainsiprophétiquement le Christ mis au tombeau, englouti dans les

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entrailles de la mort pour en sortir, ressuscité, le troisièmejour : « Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selonles Écritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscitéle troisième jour selon les Écritures » (1Co 15,3-4). St Pierredisait également à ses compatriotes qui avaient contribué, d’unemanière ou d’une autre, à ce que Jésus soit crucifié : « Le Dieud’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères a glorifiéson serviteur Jésus que vous, vous avez livré et que vous avezrenié devant Pilate, alors qu’il était décidé à le relâcher. Maisvous, vous avez chargé le Saint et le Juste; vous avez réclamé lagrâce d’un assassin, tandis que vous faisiez mourir le prince dela vie. Dieu l’a ressuscité des morts : nous en sommes témoins…Vous êtes, vous, les fils des prophètes et de l’alliance que Dieua conclue avec nos pères quand il a dit à Abraham : Et enta postérité seront bénies toutes les familles de la terre. C’estpour vous d’abord que Dieu a ressuscité son Serviteur et l’aenvoyé vous bénir, du moment que chacun de vous se détourne de sesperversités » (Ac 3,13-15.25-26). Et c’est par la puissance del’Esprit Saint que le Père a ressuscité son Fils avec cettehumanité qu’il avait assumée pour notre salut : « Paul, serviteurdu Christ Jésus, apôtre par vocation, mis à part pour annoncerl’Évangile de Dieu, que d’avance il avait promis par ses prophètesdans les saintes Écritures, concernant son Fils, issu de la lignéede David selon la chair, établi Fils de Dieu avec puissance selonl’Esprit de sainteté, par sa résurrection des morts, Jésus Christnotre Seigneur » (Rm 1,1-4). Alors, « si l’Esprit de Celui qui aressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui aressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vieà vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Rm 8,11).D’où l’invitation du Christ à la fin de l’Evangile selon StMatthieu à recevoir le baptême, et avec lui, le Don de cet Espritqui est vie, Plénitude de vie…

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Le Père a donc « ressuscité » son Fils « le troisième jour »,agissant en lui avec la Toute Puissance de son Esprit… Ce chiffre« trois » renvoie donc à « Dieu en tant qu’il agit », et il lefait toujours avec et par le Don de l’Esprit… Que la généalogie deJésus contienne « trois » fois « quatorze générations » soulignedonc la Présence et l’Action de Dieu au cœur de l’histoirehumaine… « Dieu a ainsi dirigé l’histoire en vie de l’avènement deson Christ » (Claude Tassin).

De plus, « quatorze » est le résultat de la multiplication de« sept » par « deux ». Or le chiffre « sept » est symbole deplénitude… Avec le Christ et par le Christ, Dieu va donc agir enplénitude dans l’histoire pour tous les hommes de tous les temps…Avec lui et par lui sa volonté s’accomplira. Et quelle est-elle ?St Paul écrit : « Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieunotre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés etparviennent à la connaissance de la vérité. Car Dieu est unique,unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le ChristJésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous »(1Tm 2,3-6). En effet, « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donnéson Fils, l’Unique-Engendré, afin que quiconque croit en lui ne seperde pas, mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé leFils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le mondesoit sauvé par lui » (Jn 3,16-17). Telle est la vocation du ChristJésus : il est « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde »(Jn 1,29), et donc « le Sauveur du monde » (Jn 4,42). Avec Lui etpar Lui se met en œuvre la Miséricorde infinie de Dieu : aucunmal, aucun péché, aussi énorme soit-il, ne pourra jamais la mettreen échec. Dieu aura toujours le dernier mot… « On pourrait croireque c’est parce que je n’ai pas péché que j’ai une confiance sigrande dans le bon Dieu. Dites bien, ma Mère, que si j’avaiscommis tous les crimes possibles, j’aurais toujours la mêmeconfiance, je sens que toute cette multitude d’offenses seraitcomme une goutte d’eau jetée dans un brasier ardent » (Ste Thérèsede Lisieux). Alors, « digne est l’Agneau égorgé de recevoir lapuissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire

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et la louange », car « il a remporté la victoire »… « En effet tufus égorgé et tu rachetas pour Dieu, au prix de ton sang, deshommes de toute race, langue, peuple et nation » (Ap 5,5.9.12).Cette dernière expression insiste bien sur l’universalité dusalut, et l’auteur le souligne encore en employant quatre mots, lechiffre quatre étant symbole d’universalité (les quatre pointscardinaux : le nord, le sud, l’est, l’ouest)… Et il reprendra letout un peu plus loin : « Après quoi, voici qu’apparut à mes yeuxune foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation,race, peuple et langue ; debout devant le trône et devantl’Agneau, vêtus de robes blanches, des palmes à la main, ilscrient d’une voix puissante : Le salut est donné par notre Dieu,qui siège sur le trône, ainsi que par l’Agneau ! » (Ap 7,9-10).« Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » ? « Alléluia !Louez le nom du Seigneur… Louez la bonté du Seigneur, célébrez ladouceur de son nom…. Car le Seigneur est grand… Tout ce que veutle Seigneur, il le fait au ciel et sur la terre, dans les mers etjusqu’au fond des abîmes » (Ps 135(134).

Remarquons également, avec Claude Tassin, « qu’outre Marie, quatreautres noms de femmes se glissent dans la généalogie : Thamar dutjouer les prostituées pour obtenir la postérité qui lui était due(Gn 38) ; selon certaines traditions juives, cette femme était uneétrangère convertie au vrai Dieu. Rahab, une prostituéecananéenne, fut intégrée au peuple d’Israël (cf. Jos 2,1-21 ;6,22-25). Ruth, ancêtre de David, était aussi une étrangère, unemoabite, modèle de piété et de vertu (cf. Rt 1,16 ; 3,10).La « femme d’Ourias », Bethsabée, femme d’un étranger hittite,

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devint l’épouse de David » à la suite d’un péché d’adultère(2S 11-12). Le Christ, et avec Lui « le Père des Miséricordes »(2Co 1,3), assument donc toute l’histoire d’Israël, avec sesfidélités et ses infidélités… Dieu aime le monde tel qu’il estpour l’inviter encore et toujours, avec une infinie patience, àpartir de « là où il est » pour avancer, changer, se convertir,se repentir, et trouver enfin, grâce à l’Amour Miséricordieux,cette Plénitude de Vie et de Paix, stable, éternelle, solide, àlaquelle nous sommes tous appelés…

De plus, écrit encore Claude Tassin, « Matthieu aurait pu choisirde « vraies » aïeules israélites, Sara ou Rébecca. En préférantces femmes à demi étrangères », il montre ainsi que toutel’histoire d’Israël n’a pu que se déployer « avec » ces peuplesétrangers qu’ils côtoyaient et qui appartenaient donc eux aussi,d’une certaine manière, à leur histoire… Qu’Israël ne se repliedonc pas sur son élection, en croyant qu’eux seuls sont choisis,élus… Qu’ils n’oublient jamais leur vocation : « Par toi »,Israël, « se béniront toutes les familles des nations » (Gn 12,4).Qu’il en soit ainsi, et ce sera l’éternelle fierté d’Israëld’avoir été l’instrument privilégié, en Serviteur du Seigneur, dubonheur éternel de l’humanité tout entière… Quelle vocation !Alors, « debout ! », Israël, « resplendis ! Car voici ta lumière,et sur toi se lève la gloire du Seigneur. Tandis que les ténèbres

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s’étendent sur la terre et l’obscurité sur les peuples, sur toi selève le Seigneur, et sa gloire sur toi paraît. Les nationsmarcheront à ta lumière et les rois à ta clarté naissante. Lèveles yeux aux alentours et regarde : tous sont rassemblés,ils viennent à toi… Alors les nations verront ta justice, et tousles rois ta gloire. Alors on t’appellera d’un nom nouveau que labouche du Seigneur désignera. Tu seras une couronne de splendeurdans la main du Seigneur, un turban royal dans la main de tonDieu. On ne te dira plus : Délaissée et de ta terre on ne diraplus : Désolation . Mais on t’appellera : Mon plaisir est en elleet ta terre : Épousée. Car le Seigneur trouvera en toi sonplaisir, et ta terre sera épousée. Comme un jeune homme épouse unevierge, ton bâtisseur t’épousera. Et c’est la joie de l’époux ausujet de l’épouse que ton Dieu éprouvera à ton sujet » (Is60,1-4 ; 62,2-5). Et avec le Christ, « ta terre » a la dimensionde la terre tout entière…

Enfin, alors que toute la généalogie avance avec l’expression« untel engendra untel », reprise 39 fois, elle se conclut avec« Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, quel’on appelle Christ. » La forme passive ne précise pas « qui » està l’origine de cet engendrement. St Matthieu le dira plus tard àl’occasion de ce songe où Joseph sera confirmé dans sa vocation àêtre le père adoptif de Jésus, et en Israël, le fils adoptif avaitles mêmes droits que le fils naturel. Jésus sera donc bien « filsde David » par Joseph : « Voici que l’Ange du Seigneur lui apparuten songe et lui dit : Joseph, fils de David, ne crains pas de

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prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré enelle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tul’appelleras du nom de Jésus car c’est lui qui sauvera son peuplede ses péchés » (Mt 1,20-21). En effet, « Jésus » vient del’hébreu « Yehochoua » ou « Yechoua » qui signifie « le Seigneursauve »… C’est donc Dieu le Père qui est à l’origine deson engendrement dans le sein de Marie, et cela par la Puissancede l’Esprit Saint. Voilà ce que suggère déjà St Matthieu par cetteforme passive « il fut engendré »… St Luc, de son côté, nousrapporte ce dialogue entre Marie et l’Ange Gabriel dans le récitde l’Annonciation : « Voici que tu concevras dans ton sein etenfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus… Mais Mariedit à l’ange : Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pasd’homme ? L’ange lui répondit : L’Esprit Saint viendra sur toi, etla puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’estpourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu » (cf.Lc 1,26-38)…

Et il en est en fait de l’engendrement du Fils dans l’histoirecomme de son engendrement éternel par le Père… En effet, nousdisons dans notre Crédo que le Fils est « né du Père avant tousles siècles », c’est-à-dire avant l’apparition du temps, avant ceque les scientifiques appellent le big-bang qui eut lieu entre13,7 et 13,8 milliards d’années… Nous sommes donc « avant » letemps, et donc dans l’éternité… L’engendrement du Fils par le Pèreest un acte éternel… Et le Père engendre le Fils en se donnant à

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Lui, gratuitement, par amour, en tout ce qu’il est… Il est Dieu ?Il lui donne tout ce qui fait qu’il est Dieu, ce par quoi il vitet s’exprime, ce que nous appelons « sa nature divine ». Et leFils est « Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu ». Il est« Lumière » (1Jn 1,5) ? Il lui donne tout ce qui fait qu’il estLumière, et le Fils est ainsi « Lumière née de la Lumière »,« engendré non pas créé, de même nature que le Père »… Or Jésusdit à la Samaritaine en St Jean : « Dieu est Esprit » (Jn 4,24).Ce seul mot « Esprit » peut donc être employé pour évoquer tout ceque Dieu est en Lui-même, sa nature divine, son « insondablerichesse » (Ep 3,8). Alors, si le Père est Esprit, il engendreéternellement le Fils en lui donnant la Plénitude de son Esprit…Et puisque Dieu est Saint, nous pouvons joindre cet adjectif aumot Esprit et parler du Don de l’Esprit Saint : le Père engendrele Fils en se donnant à Lui en tout ce qu’il est, et donc en luicommuniquant le Don de l’Esprit Saint… Et c’est par ce même Dondéployé dans le sein de la Vierge Marie qu’il engendreraégalement, avec la libre collaboration de Marie, bien sûr,l’humanité de son Fils… « L’Esprit Saint viendra sur toi, et lapuissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoil’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1,35) car« ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint » (Mt1,20).

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Et puisque l’onction royale renvoyait à ce Don de l’Esprit Saintque le nouveau roi recevait de Dieu, le Fils est donc l’éternel« oint » du Père, l’éternel « Christ », et c’est par ce Don que lePère fait de son Fils « le Roi des rois et le Seigneur desseigneurs » (Ap 19,16). Comme le dira Jésus lors de sa Passion,« sa royauté ne vient pas de ce monde » (Jn 18,36). Elle est uneroyauté spirituelle : le règne de la Lumière sur les ténèbres (Jn1,5), de l’Amour sur la haine (1Jn 4,8.16), de la Paix sur touteforme de violence (Jn 14,27), de la Joie (Jn 15,10), de la Douceur(Mt 11,29)… Et le Fils s’est fait homme pour communiquer ce Don del’Esprit à tous les hommes : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn20,22)… Quiconque consent à recevoir ce Don gratuit de l’Amour (Rm6,23) sera alors « Roi » lui aussi, car c’est ce Don accueilli enson cœur qui règnera en lui sur tout ce qui lui est contraire :« Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en adisposé pour moi » (Lc 22,29). Etre chrétien, c’est doncparticiper par sa foi à l’onction même du Christ. Tel est le grandcadeau qui, petit à petit, doit nous permettre de changer nosvies. « Vivez donc dans la prière, priez sans cesse en tout tempsdans l’Esprit », pour accueillir sans cesse ce Don de l’Esprit car« le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ep 6,18 ; 1Th5,17-22 ; Ga 5,22).

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D. Jacques Fournier

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Fiche SI – 1 – Mt 1,1-17

Quelques ouvrages pour travailler StMatthieuSi vous désirez vous lancer dans une lecture approfondie del’Evangile selon St Matthieu, le fondement de tout sera toutd’abord une bonne Bible. En voici deux ; il en existe d’autres :

1 – La Bible de Jérusalem, complète, avec notes, aux Editions duCerf.

2 – La TOB (Traduction Oeucuménique de la Bible), éditioncomplète, avec notes, aux éditions du Cerf.

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Ensuite, un bon commentaire de l’Evangile de Saint Matthieu seratoujours d’une aide précieuse. Nous vous conseillons notamment :

1 – Claude TASSIN, « l’Evangile de Matthieu » (Editions duCenturion)

2 – Pierre BONNARD, « L’Evangile selon St Matthieu » (Labor etFidès)

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3 – Michel HUBAUT, « L’Alliance est accomplie ; commentaire del’Evangile selon St Matthieu »