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Quelques rappels d’immunologie

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Page 1: Quelques rappels d’immunologie

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dossier

Actualités pharmaceutiques n° 507 Juin 2011

Le système immunitaire a normalement la charge d’éliminer les particules étrangères ayant pénétré dans l’organisme. Cependant, des réactions

immunes peuvent se produire de façon inutile, ou exagé rée, et porter ainsi atteinte à l’organisme. Il est question d’“hypersensibilité” car le corps réagit exces-sivement à certaines substances appelées “allergènes”. Il est également fréquemment question d’“atopie”, qui correspond à une prédisposition héréditaire condui-sant à favoriser l’acquisition d’allergies. Les réactions d’allergie peuvent alors se classer en quatre types, selon la classification de Gell et Coombs.

L’hypersensibilité de type IL’hypersensibilité de type I, immédiate, est la plus fréquen te des quatre types d’allergie. Cette réponse immunitaire (anaphylaxie, certaines urticaires, asthme…) est liée à la production d’anticorps, les IgE.

Le mécanisme de la réaction allergique se déroule en deux étapes.Dans un premier temps survient la phase de sensi-bi li sa tion : l’antigène pénètre dans l’organisme et entraîne la production d’IgE qui vont rester 48 heures dans la circulation générale avant de se fixer sur les récepteurs Fc présents sur les mastocytes cutanés et les basophiles circulants. Cette première étape est cliniquement muette. Dans un second temps, la réaction allergique propre-ment dite se déclenche lorsque, à la faveur d’un deuxième contact, l’antigène se fixe aux IgE présents sur les mastocytes et les basophiles, ce qui déclen-che l’activation d’enzymes membranaires et la dégra-nulation de la cellule. Il se produit alors une libération de médiateurs chimiques de l’allergie : histamine, sérotonine, protéases, tryptase, prostaglandines et leucotriènes.Les symptômes apparaissent très rapidement après l’exposition à l’allergène, en règle générale entre 10 et 20 minutes (parfois moins). La plupart des maladies allergiques appartiennent au type I : c’est le cas de certaines pathologies respiratoi-res comme les rhinites allergiques, les conjonctivites allergiques ou l’asthme allergique, certaines maladies cutanées comme l’eczéma, l’urticaire ou la derma-tite atopique, certaines maladies locales (œdème de Quincke) ou bien encore du choc anaphylactique.

Dans le pire des cas un choc anaphylactique, potentiellement mortel, se déclenche. Les premiers signes sont :– des démangeaisons ;– un prurit dans les paumes et la plante des pieds ;– des picotements et un goût métallique dans la bouche ;– un serrement de la gorge et de la trachée ;– des étourdissements ;– une anxiété ;– des sueurs ;– une chaleur et une rougeur du visage ;– des céphalées.

Quelques rappels d’immunologie

Les personnes génétiquement prédisposées, dites atopiques, sont susceptibles

de présenter des réactions pathologiques diverses, plus ou moins sévères,

potentiellement mortelles. Les réactions d’allergie sont classées en quatre types,

selon la classification de Gell et Coombs.

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Les symptômes apparaissent très rapidement après l’exposition à l’allergène, en règle générale en 10 et 20 minutes.

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Actualités pharmaceutiques n° 507 Juin 2011

Les allergies : mécanismes, symptomatologie et prise en charge

À ces premiers signes, s’ajoutent :– une hypotension ;– un bronchospasme ;– un œdème dans la région du larynx ;– l’apparition de démangeaisons ;– une contraction des muscles de l’intestin accom-pagnée de diarrhée.Ces symptômes de l’anaphylaxie peuvent se mani-fester quelques secondes seulement après le contact avec l’allergène, mais peuvent également survenir plus de 2 heures après.

Les principales causes de réactions anaphylac-tiques sont :– les aliments comme les cacahuètes, les noix, les poissons ou les crustacés, mais aussi les toxines d’insectes (abeilles, guêpes, frelons) ;– les médicaments (antirhumatismaux, antibiotiques, myorelaxants, produits de contraste) ;– le latex ;– les réactions consécutives à une immunothérapie spécifique.L’adrénaline, administrée par voie intramusculaire, est le médicament des hypersensibilités sévères. Toute personne ayant déjà des antécédents doit possé-der une trousse de premiers secours contenant une auto-injection pour usage immédiat (il est important d’en vérifier régulièrement la date de péremption) : Anahelp®, Anapen®. Des corti coïdes ou des anti-histaminiques par voie parentérale peuvent égale-ment être utilisés en complément.

L’œdème de Quincke est une réaction semblable à l’urticaire, mais localisée au niveau de la face, des articulations et des voies respiratoires supérieures (pharynx , larynx). Même si, la plupart du temps, son évolution reste favorable, il s’agit également d’une urgence médicale car le risque vital est tout de même important. Le traitement repose sur l’utilisation d’adré-naline, de corticoïdes et d’antihistaminiques par voie injectable. Trachéotomie et réanimation en milieu hospi-ta lier sont parfois nécessaires. La mise en évidence et l’éviction de l’allergène sont alors indispensables.

L’hypersensibilité de type IIL’hypersensibilité de type II regroupe des réac-tions dites cytotoxiques. Des substances-anticorps complexes (IgG) se déposent à la surface des cellu-les sanguines. Au niveau du complexe, se trouve un facteur d’activation du complément. Une fois activé, celui-ci peut rompre la membrane cellulaire et lyser les cellules, activer la phagocytose, puis attirer les neutrophiles et les granulocytes, ce qui déclenche une réaction inflammatoire. Cette activation du complé ment peut avoir comme conséquence :– une anémie hémolytique du nouveau né ;

– des accidents de transfusion ;– des incompatibilités Rhésus ;– des cytopénies médicamenteuses.En effet, certains médicaments se fixent sur les cellu-les circulantes et se comportent comme des allergè-nes membranaires ; c’est le cas de la pénicilline, de la méthyldopa, de la noramidopyrine, de la phényl-butazone ou de la chlorpromazine.

L’hypersensibilité de type IIIDans l’hypersensibilité de type III, des immuns complexes antigène-anticorps se forment et se dépo-sent sur la paroi des vaisseaux. Le complément est alors activé et déclenche également une réaction inflammatoire. Les neutrophiles attirés vers le foyer inflammatoire libèrent leurs enzymes lysosomiales en tentant de phagocyter ces complexes. Ces enzymes vont alors dégrader la paroi vasculaire.Les principales pathologies caractéristiques d’une allergie de type III sont :– la maladie sérique (allergie à certains médi ca ments) ;– le lupus érythémateux ;– la glomérulonéphrite aiguë ;– la polyarthrite rhumatoïde.

L’hypersensibilité de type IVL’hypersensibilité de type IV correspond à l’hyper-sensibilité retardée qui intervient, par exemple, dans les eczémas allergiques de contact dans lesquels rentrent particulièrement en jeu les lymphocytes T, dirigés spécifiquement contre la substance appli-quée sur la peau. Ces lymphocytes libèrent dans leur environ nement des lymphokines qui activent les macro phages et déclenchent alors une réac-tion inflammatoire. Ces réactions apparaissent 24 à 72 heures après la réintroduction de l’antigène. �

Stéphane Berthélémy

Pharmacien, Royan (17)

[email protected]

Déclaration d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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Les cacahuètes font partie des aliments souvent incriminés dans les réactions anaphylactiques.