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Quels sont les enjeux de la littérature de jeunesse….

Quels sont les enjeux de la littérature de jeunesse…. · 2016. 7. 3. · Pourquoi la littérature ( de jeunesse) ? J Giasson: la littérature comme source de plaisir, comme quête

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  • Quels sont les enjeux de la littérature de jeunesse….

  • D’abord, un classement des livres de littérature de jeunesse….

  • Une enquête de Claude Delaborde fournit un outil particulièrement pertinent pour voir plus clair dans le foisonnement des publications destinées à la jeunesse.

    S’appuyant sur les analyses de Bourdieu, il propose une grille de critères qui rend compte de la segmentation de la production éditoriale destinée à la jeunesse.

    Cette analyse s’appuie sur une échelle de légitimité .

    La grille qui suit présente certes un grand intérêt. Il serait cependant absurde de s’en servir pour caractériser les auteurs. Un auteur peut en effet répondre à des motivations ou à des commandes différentes. Dans ces situations, les écrivains les plus talentueux sont capables d’adapter leur écriture à un projet.

  • niveau 1

    la littérature de kiosque, absente en général des bibliothèques et de l’école. Elle regroupe pêle-mêle des adaptations à bon marché des classiques de la littérature, des documentaires du même ordre, des coloriages, etc. Ces produits ne trouvent leur place ni dans les bibliothèques, ni dans les établissements scolaires. On peut essentiellement se les procurer en supermarché ou en kiosque.

  • niveau 1

  • niveau 2 –

    la littérature de série. On connaît les séries de la Bibliothèque Verte, et « Chair de poule ». Il conviendrait d’y ajouter la profusion des séries thématiques. Il est par contre plus délicat d’y classer des livres comme Harry Potter ou Golem, qui tiennent de l’esprit du feuilleton, même s’ils affichent des ambitions littéraires plus grandes.

    C’est dans cette catégorie que l’on peut ranger la plupart des ouvrages qui trouvent spontanément leur place auprès des enfants et qui ne nécessitent pas de médiation.

    Pour répondre à des demandes pressantes, ces ouvrages trouvent leur place dans les bibliothèques et dans les CDI, mais en nombre limité pour créer un effet de manque. Ils font rarement l’objet d’animations ou d’exploitations pédagogiques ;

  • niveau 2 –

  • niveau 3 –

    la littérature de jeunesse moyenne. Par cette appellation, il faut entendre la production éditoriale courante, qui peut être caractérisée par une certaine exigence littéraire mais aussi par la volonté de s’adapter aux capacités des enfants.

    Ce sont ces livres qui font le plus souvent l’objet de l’attention des professionnels, que ce soit pour l’organisation de jeux ou d’animations .

    S’ils font rarement l’objet d’études suivies en classe, ils peuvent être intégrés à des dispositifs pédagogiques tels que les lectures en réseaux.

  • niveau 3 –

  • niveau 4 –

    la littérature de jeunesse légitimée. Il s’agit à ce niveau d’une littérature qui a acquis un droit de cité à l’école. Elle recouvre au premier rang le patrimoine de la littérature de jeunesse, avec au premier rang des ouvrages comme Alice au pays des merveilles ou l’Ile au Trésor,

    Au second rang on retrouve des auteurs consacrés dans le monde de l’édition générale, comme Gripari, Tournier, Le Clézio, et enfin des auteurs comme Pennac ou Delerm, installés à cheval entre édition générale et édition de jeunesse, et qui disposent de ce fait d’un plus grand crédit à l’école ;

  • niveau 4

  • niveau 5 –

    la littérature de recherche.

    Il s’agit cette fois d’une littérature qui, bien qu’elle se rattache à l’enfance, est peut-être davantage destinée aux adultes qu’aux enfants eux-mêmes.

    Elles ne sont en vérité accessibles qu’au prix de médiations qui fournissent des occasions de communication avec les jeunes. On peut évoquer les noms de François Place et de Frédéric Clément, il faudrait y ajouter ceux d’un bon nombre d’auteurs d’albums graphiques des éditions du Rouergue, de l’Ecole des Loisirs ou de Gallimard.

    Des imagiers destinés aux tout petits aux ouvrages complexes destinés aux adolescents, l’album suscite le dialogue et se lit accompagné .

  • niveau 5 –

  • Pourquoi la littérature ( de jeunesse) ?

    J Giasson: la littérature comme source de plaisir, comme quête de sens, comme contribution au

    développement social, cognitif et affectif des élèves et, enfin, comme activité contribuant à l'acquisition des connaissances, y compris, bien sûr, celles de la

    langue écrite.

  • Le plaisir de lire

    • «Une histoire de la lecture, Manguel donne une très belle description du plaisir de lire:

    • « Nous lisons pour connaître la fin, pour l'histoire. Nous lisons pour ne pas atteindre cette fin, pour le seul plaisir de lire. Nous lisons avec un intérêt profond, tels des chasseurs sur une piste, oublieux de ce qui nous entoure. Nous lisons distraitement, en sautant des pages. Nous lisons avec mépris, avec admiration, avec négligence, avec colère, avec passion, avec envie, avec nostalgie. Nous lisons avec des bouffées de plaisir soudain, sans savoir ce qui a provoqué ce plaisir. »

  • La quête de sens

    • Le rôle le plus important de la littérature est probablement de

    permettre aux lecteurs de comprendre le monde qui les entoure, de lui donner un sens.

    • Les textes littéraires répondent à un besoin particulier qui demeure souvent inconscient: le lecteur cherche à donner un sens à son univers, il veut savoir comment d'autres personnes résolvent leurs problèmes, quel sens ils donnent à leur propre vie.

    • Les personnages fictifs répondent aux mêmes lois que les êtres réels et sont même souvent plus vrais que nature.

  • Le développement affectif

    • On sait que le lecteur a tendance à s'identifier aux personnages.

    • Les bons écrivains savent traduire les sentiments en mots..

    • Le jeune lecteur s'identifiera ensuite au personnage qui vit le même problème que lui.

    • Ainsi, le jeune lecteur prendra connaissance des solutions envisagées par le personnage et pourra éventuellement les faire siennes pour résoudre ses propres problèmes.

  • Le développement social

    • Un des buts de celui qui raconte une histoire est de susciter chez le lecteur l'empathie, cette capacité de l'être humain d'être attristé par les malheurs d'autrui, de se réjouir de la joie d'un autre, de vivre le sort de quelqu'un comme étant le sien.

    • La lecture peut amener les enfants et les adolescents à comprendre les qualités humaines véhiculées dans les histoires.

    • La littérature incite également le lecteur à amorcer des réflexions sur sa façon de vivre.

    • La littérature offre aussi une ouverture à la réalité multiculturelle en décrivant les expériences qui sont communes à tous et en montrant les particularités de chaque groupe.

  • Le développement cognitif et métacognitif

    • Le rôle de la littérature dans le développement cognitif et métacognitif des élèves est plutôt méconnu.

    • Pourtant, plus les élèves discutent des textes littéraires, plus ils ont de chances de développer une pensée d'ordre supérieur, une pensée critique

  • L'acquisition du vocabulaire et des connaissances

    • Tous reconnaissent que la lecture peut contribuer à l'acquisition du vocabulaire et des connaissances.

    • « La littérature de fiction, mais aussi la poésie, la littérature autobiographique (récits de voyage, journaux, mémoires, correspondances, etc.), la littérature historique (roman, théâtre, biographies, etc.), constituent un immense réservoir pour construire l'encyclopédie au sens d'Eco. Il n'est pas un domaine du savoir (religion, sciences, techniques, arts), il n'est pas une réalité sociale (travail, chômage, etc.), pas une réalité économique ou politique pour lesquelles la littérature ne peut considérablement contribuer à construire l'encyclopédie. »

  • Le développement des habiletés en lecture

    • Pour les enseignants, il n'est pas indifférent de savoir que la mise en présence de la littérature peut contribuer au développement des habiletés générales en lecture.

    • Plus l'élève lit, plus il développe ses habiletés en lecture, plus la tâche devient facile et agréable et plus il a envie de lire. L'inverse est également vrai.

  • conclusion

    • La littérature remplit plusieurs rôles chez l'enfant et l'adolescent: elle leur sert à mieux connaître le monde qui les entoure tout en les aidant à construire des attitudes positives, comme l'estime de soi, la tolérance envers les autres, la curiosité envers la vie. La lecture peut être un moyen d'interpréter l'expérience humaine, de définir ce que l'on est et ce que l'on pourrait être, de considérer des possibilités nouvelles et d'envisager des voies inédites. La littérature peut servir non seulement à informer sur la vie, mais à transformer la vie.

  • Un exemple de littérature « exigeante »….

  • Léandre Helsinki (Finlande) Ma mère quand elle range ma chambre, ça me dérange la tête Sylvain Cherbourg (Manche) Hier Sylvain était à l'enterrement de son grand père. Aujourd'hui, il regarde le soleil sortir d'un gros nuage noir et dit: - salut papi! On va au stade? Zoé Pontarlier ( Doubs) Pour elle, la classe est la mi-temps entre deux parties de foot dans la cour. Nicolas Vitré ( Deux-Sèvres) Plus personne ne se moquera de Nicolas: on lui a enfin acheté des chaussures à la mode.

  • Epais comme un dictionnaire, encyclopédique comme au temps de Diderot, voici un livre formidable. Parce que ici chacun compte, chacun à sa place, peut la décrire avec émotion ou humour, fantaisie ou tristesse. Mais surtout, parce que ici chacun se respecte, chacun peut éprouver les sentiments de l’autre, les comprendre et les accepter. Pef dresse un inventaire incomparable des enfants du monde entier, souvent de France (de la Manche, du Val de Marne ou de Dordogne), parfois de plus loin, de Finlande, de Sierra Leone ou d’Afghanistan. Partout où l’enfance apparaît, parfois rêveuse et insouciante, d’autre fois grave, guerrière et malheureuse. Ils sont tous là ces enfants qui, à n’en pas douter selon Pef, feront le monde de demain (en fin d’ouvrage deux enfants devenus grands et amoureux, donneront naissance à un petit enfant). A sa lecture on aura l’impression de tenir le monde entier entre ses mains, avec tout l’espoir nécessaire, pour gommer les frontières, les races et les différences. Ricochet.

  • Un livre tour à tour drôle, sensible et poignant qui tente de dresser le portrait de tous les enfants que Pef a rencontrés aux quatre coins du monde... Épais comme un guide botanique, documenté comme un catalogue raisonné de Buffon, cet étonnant album dresse la liste de toutes leurs histoires, leurs rêves, Leurs délires ou leurs souffrances. Chacun compte et Pef veut lui offrir une place dans ses livres. Ainsi se succèdent les portraits écrits et dessinés, de dizaines d’enfants aux vies bien différentes : de Zoé, pour qui la classe « est la mi-temps entre deux parties de foot jouées dans la cour. » ; de VaLentine (« Elle est rousse. On lui dit qu’elle est tombée dans un volcan. Réchauffe-moi, lui demande toujours Corinne, sa meilleure copine. ») ; d’Abdou, qui « appartient à une famille de magicien. Avec du café noir sur le dessus de la main et du café-crème dans la paume ». Mais la réalité parfois moins souriante est aussi présente dans cette vaste galerie de portraits avec, par exemple, Ousmane. « Il marche sur une piste. La guerre a pris son village, sa maison, sa famille. Si la poussière pouvait se manger, il en offrirait à tout son quartier. » Si Pef sait fort joliment parler de la détresse du pipi au lit ou de la maman qui prend trop de cachets, il sait aussi quitter l’intimité de l’enfant et se faire grand témoin de l’enfance. Sans discours, avec la même tendresse. Cent cinquante enfants au total peuplent cette ribambelle qui bien sûr est sans fin et sans issue... L’auteur finit par admettre qu’on n’enfermera jamais les enfants dans aucun catalogue, qu’on ne les connaîtra jamais complètement. Un nouveau-né toujours débarque avec ses mystères, puis un autre avec sa drôle d’histoire... Cinq nouveaux humains chaque seconde. En fin d’ouvrage, deux enfants du livre, devenus grands et amoureux, ont donné naissance à un petit enfant. Devinez qui sont les parents de ce nouveau Terrien ! Ce n’est pas une histoire. Et c’est une histoire sans fin sur laquelle les enfants vont rebondir. La liste générale est un livre comme une lettre que Pef envoie aux enfants pour leur parler d’eux-mêmes et de leurs semblables. Un courrier qui ne devrait pas rester lettre morte. CEMEA