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Le recensement de Quirinius - 1 - L E R E C E N S E M E N T D E Q U I R I N I U S _______________ Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2006 )

QUIRINIUS ET LE RECENSEMENT - FIDES Digital …digital.fides.org.pl/Content/106/CD_1/TOME17/5_Rome_Le_probleme... · Dans la Tora : Dt I-13-15 / V-23(20) 4 ... quand vous entendîtes

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Le recensement de Quirinius - 1 -

L E R E C E N S E M E N T

D E

Q U I R I N I U S

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Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'à Tertullien " ( 1978 à 2006 )

Le recensement de Quirinius - 2 -

T A B L E

_______________ Page: A la mort d’Hérode le Grand 3 Dans l’évangile de Saint Luc (II-1 et 2) 3 Dans la Tora : Dt I-13-15 / V-23(20) 4 Avec Tacite : P. Sulpicius Quirinius 4 Avec Flavius Josèphe : 5 Sur Hérode le Grand 5 Paul citoyen romain (Actes XXI à XXIII) 6 Décret de l’empereur Auguste au sujet des juifs 7 Lettre de l’empereur Auguste à Flaccus 7 Lettre de Agrippa aux magistrats d’Ephèse 7 Lettre de Agrippa aux magistrats de Cyrène 8 Lettre de Flaccus aux magistrats de Sardes 8 Lettre de Jules Antoine aux magistrats d’Ephèse 8 La succession d’Hérode le Grand 9 Les troubles en Judée / Demande de rattachement à la Syrie 10 Auguste décide de l’héritage d’Hérode le Grand 11 Archelaus est exilé à Vienne en Gaule 12 Le recensement de Quirinius 13 Hérode Archelaus est exilé à Vienne 11 Le recensement de Quirinius 12 Un (faux-)Messie : Judas de Gamala 14 Avec Suétone 15 Avec Orose 15 Avec Tacite : Caius César (petit-fils d’Auguste) 16 En l’an 6 après J.-C. (la naissance de Jésus) 17 Une signature de Dieu 18 Sur le droit de citoyenneté / Paul citoyen romain 19 Pourquoi Luc a-t-il cité le nom de Quirinius ? 22 Pourquoi Flavius Josèphe a-t-il écrit longuement sur Archelaus ? 23 Pourquoi Tacite a-t-il écrit sur Quirinius ? 25 Annexe I : Un conte merveilleux (Mt I-1 à II-23) 30 Annexe II : Un mot merveilleux : kataluma (Mt II-7) 38 Annexe III: Sur l’emploi du mot Nazareth dans le texte de Mt 45 Annexe IV : Sur le droit de citoyenneté (Année 212 : Caracalla) 49

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A LA MORT D’ HERODE A la mort d’Hérode en 4 av. J.-C., Archelaus lui succéda et administra son royaume d’une façon telle que, à sa mort, la situation fiscale fut dans une grande désorganisation : Archelaus avait prononcé des dégrèvements importants favorables à ses amis, alors que ces dégrèvements n’étaient pas justifiés. La situation fut tellement un objet de scandale que Rome déposa Archelaus et l’exila à Vienne en Gaule, ceci en l’an 6 après J.-C.. A partir de ce moment, toute la Judée fut sous le contrôle de Rome et les forteresses furent occupées par des garnisons romaines. L’administration romaine prit en main l’administration de la Syrie et de la Judée et elle envoya le sénateur Quirinius en Judée afin de faire une révision cadastrale pour établir une base nouvelle de l’assiette de l’impôt. L’affaire du recensement et la nomination du gouverneur? Quirinius? ont été l’objet d’un certain nombre de textes. La singularité ‘graphique’ de ces trois mots oblige à étudier ces textes. Voici en les classant selon l’ordre chronologique de leur rédaction : DANS L’ EVANGILE DE SAINT LUC Lc II-1 et 2 Il arriva or en les jours ceux-là εγενετο δε εν ταις ηµεραις εκειναις sortit un-édit de César Auguste εξηλθεν δογµα παρα Καισαρος Αυγουστου (pour-)recenser tout le monde-romain() . απογραφεσθαι πασαν την οικουµενην Celui-ci (le-)recensement le-premier arriva, αυτή απογραφη πρωτη εγενετο étant-gouverneur? de-la Syrie : Quirinius? . ηγεµονευοντος της Συριας Κυρηνιου En grec : Κυρηνιος = Cyrenius = Quirinius? = P. Sulpicius Quirinius. Le nom de ce ‘gouverneur’ arrive uniquement ici, pour ce seul emploi de tout le Nouveau Testament. étant-gouverneur? : Le verbe grec êgemoneuô (ici au participe / génitif absolu) n’a aucun autre emploi dans le Nouveau Testament et il arrive uniquement dans le texte de Lc, par la diade : Lc II-2 et III-1, une diade : car ce recensement est contraire aux préceptes et aux lois d’Israël.

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Dans la Tora, le verbe grec êgemoneuô présente une triade d’emplois : Deutéronome I-13 Voici les paroles que dit Moïse à tous les fils d’Israël, au-delà du Jourdain, dans le désert : « … Désignez pour vous des hommes sages, intelligents, instruits, d’après vos tribus et je (les) établirai gouverneurs? sur vous. »

και καταστησω εφ` υµων ηγουµενους υµων Deutéronome I- 15 « Alors je pris parmi les chefs de vos tribus des hommes sages et instruits (Septante : des hommes sages, expérimentés et instruits) et je les ai établis gouver-neurs? sur vous. » και κατεστησα αυτους ηγεισθαι εφ` υµων Deutéronome V-23(20) « Or, quand vous entendîtes la voix du milieu des ténèbres, la montagne étant embrasée par le feu, vous vos approchâtes de moi, tous vos gouverneurs de tribus et vos anciens et vous dîtes : ‘Voici que YHVH notre Dieu nous a fait voir sa Gloire et sa Grandeur…’ » οι ηγουµενοι των φυλων υµων Si je fais le renvoi vers la Tora du mot grec désignant des gouverneurs? du peuple, je note que Quirinius est considéré, par les rédacteurs du texte de Lc, comme un homme sage, expérimenté et instruit. De plus, je prends acte que, le choix d’un tel gouverneur? par les romains m’incite à faire mémoire que : Voici que YHVH notre Dieu nous fait voir Sa Gloire et Sa Grandeur, et je vais recevoir du texte l’information que voici un temps qui va être celui de la naissance humaine de Dieu, Gloire et Grandeur de YHVH Messie Jésus. AVEC TACITE : P. SULPICIUS QUIRINIUS Quirinius était issu de la maison la plus obscure qui fût. Vieillard et sans enfant, il fut un homme riche et solitaire. Consul sous le principat de l’empereur Auguste, il devint sénateur. Très apprécié de l’empereur, celui-ci l’envoya en mission en Arménie aux côtés de son petit-fils Gaius César. Quelque temps après la mort de ce dernier, Auguste nomma Quirinius gouverneur de Syrie, avec la mission spéciale d’agir en tant que directeur extraordinaire des finances pour toute la Palestine. Il est donc très logique que Quirinius, venu réformer les finances locales, soit considéré comme un vieillard avare et autoritaire. Il proposa de faire un recensement fiscal, qui permettrait de supprimer les malversations fiscales devenues un objet de scandale jusqu’à Rome, ce recensement devant être mené en Syrie. Rome ayant reçu ce projet, décida d’étendre le recensement à toute la Judée, l’extension des surfaces territoriales recensées n’étant pas génératrice de coûts supplémentaires importants.

(Tacite : Annales – II-30 / III-22-23-48)

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Le recensement de Quirinius - 5 -

Un certain Judas de Gamala agita la population contre cette mesure qui lésait l’indépendance des juifs. Flavius Josèphe écrira, à ce sujet, que cela fut le début d’une agitation des juifs qui amena la guerre contre les romains en l’an 66. AVEC FLAVIUS JOSEPHE (Histoire ancienne des juifs :)

Livre XVI / CHAPITRE IX « …On ne pouvait assez s’étonner de voir dans ce prince (= Hérode) de si grandes contrariétés car, lorsque l’on considérait les largesses qu’il faisait avec tant de profusion et de bonté, on était obligé d’avouer qu’il était très bienfaisant. Et quand on voyait d’un autre côté les cruautés et les injustices qu’il exerçait envers ses sujets, et même envers ceux qui avaient le plus d’accès auprès de lui, on ne pouvait ne point reconnaître qu’il était d’un naturel dur, inexorable, et qu’il ne gardait nulle mesure. Mais quoique ces qualités soient si opposées qu’il semble qu’elles ne sauraient se rencontrer dans une même personne, j’en juge d’une autre sorte et crois qu’elles venaient d’une même cause, car comme la passion dominante de ce prince était l’ambition et la gloire, le désir de mériter des louanges toute sa vie et d’immortaliser sa mémoire le portait à être si magnifique ; et d’autre part son bien, quelque grand qu’il fût, ne pouvant suffire à des dépenses si excessives, il était contraint de traiter très rudement ses sujets pour recouvrer par de mauvais moyens ce que sa vanité lui avait fait dissiper. Ainsi, parce qu’il ne pouvait sans s’appauvrir cesser de commettre ces exactions qui le rendaient odieux à ses peuples et regagner leur affection, au lieu de les adoucir, il profitait de leur haine car, lorsque quelques-uns n’obéissaient pas aveuglement à tout ce qu’il ordonnait et qu’il les soupçonnait de porter impatiemment le joug d’une si dure servitude, il les traitait avec la même rigueur dont il aurait usé envers ses plus mortels ennemis, sans épargner même ses proches, ni ceux qu’il aimait le plus, parce qu’il voulait qu’on lui rendît un respect et une soumission absolue, quelque injuste que fût son gouvernement. Il ne faut point de meilleure preuve de cette passion démesurée qu’il avait d’être honoré, que les honneurs excessifs qu’il rendait à Auguste, à Agrippa et à ses autres amis, puisque son dessein n’était en cela que de faire voir par ces exemples de quelle manière il voulait lui-même être révéré. Mais comme nos lois n’ont pour objet que la justice et non pas la vanité, elles ne permettaient pas aux juifs de gagner l’affection de ce prince en lui dressant des statues, en lui consacrant des temples et en usant de semblables flatteries, pour contenter son ambition. Et c’est de cette cause que procédait, à mon avis, que plus Hérode était magnifique et libéral envers les étrangers, plus il était injuste et cruel envers ses propres sujets.

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Livre XVI / CHAPITRE X En ce même temps, les juifs qui demeuraient dans l’Asie et dans l’Afrique, et à qui les rois avaient accordé les droits de citoyenneté, étaient si mal traités par les grecs qui les accusaient de transporter de l’argent et de leur être à charge en toutes choses, qu’ils furent contraints d’avoir recours à la justice d’Auguste. /.. (Note : Cfr. = Paul dans les Actes des Apôtres : ‘Comme on allait le faire entrer dans la forteresse, Paul dit au tribun : « Ai-je le droit de te dire quelque chose ? » L’autre lui dit : « Tu sais le grec ? Tu n’es donc pas l’égyptien qui, ces jours-ci, a soulevé et emmené au désert quatre mille tueurs ? » Paul lui dit : « Je suis juif, moi, de Tarse en Cilicie et citoyen d’une ville qui n’est pas sans renom (= Rome). Permets-moi, je te le demande, de parler au peuple. » Il le lui permit...’

(Actes XXI-37 à 39) ‘Le tribun ordonna de faire entrer Paul dans la forteresse et dit de le mettre à la question par le fouet pour savoir pour quel motif on vociférait ainsi contre lui. Quand on l’eut fait étendre pour le flageller, Paul dit au centurion qui était là : « Avez-vous le droit de fouetter sans jugement un romain ? » A cette parole, le centurion alla prévenir le tribun : « Qu’est-ce que tu vas faire : cet homme est un romain ! » Le tribun alla donc trouver Paul : »Dis-moi, tu es romain ? » Il lui dit : « Oui. » Le tribun répondit : « Cette citoyenneté, je l’ai acquise moyennant un gros capital. » Et Paul lui dit : « Moi, c’est de naissance. »

(Actes XXII-24 à 28) Lettre du tribun Claude Lysias au gouverneur Félix : « Claude Lysias au noble gouverneur Félix : Salut ! L’homme que voici a été pris par les juifs et ils allaient le supprimer quand, survenant avec l’armée et apprenant que c’était un romain, je le leur ai arraché… et comme on m’a prévenu qu’il y aurait un complot contre cet homme, je te l’envoie à l’instant, tout en ordonnant à ses accusateurs de dire devant toi ce qu’ils ont contre lui. »

(Actes XXIII-26 à 30) (Note : Paul est donc né dans une famille qui avait reçu le droit de cité, très vraisemblablement lorsque Jules César accorda le droit de cité aux juifs, à cause de l’éternelle question du transfert vers le temple de Jérusalem de l’argent prélevé au titre de la taxe frappant tous les fils d’Israël en âge de porter les armes. L’autorisation de transférer l’argent vers Jérusalem est liée étroitement aux lois et aux coutumes appliquées par les juifs au moins depuis le temps d’Hircan, Grand Prêtre d’Israël. Cette spécificité du droit juif est confirmée par les décrets et les lettres que Flavius Josèphe insère aussitôt dans son texte :) (../ J’ai cru devoir apporter toutes ces preuves pour leur faire savoir que ce n’est pas d’aujourd’hui que ceux qui avaient la suprême autorité nous ont permis d’observer les coutumes de nos pères. /..) ../ Ce grand prince écrivit dans les provinces qu’il voulait qu’ils fussent maintenus dans leurs privilèges, comme on pourra le voir par la copie de sa lettre que j’ai cru devoir rapporter afin de faire connaître qu’elle a été l’affection des empereurs romains envers nous.

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Décret de l’empereur Auguste au sujet des juifs : « César Auguste souverain pontife et administrateur de la république, a ordonné ce qui s’ensuit : - parce que la nation des juifs a toujours, non seulement dans le temps présent, mais par le passé, été fidèle et affectionnée au peuple romain et particulièrement à l’empereur César, mon père, lorsque Hircan était leur grand sacrificateur, nous ordonnons avec l’avis du sénat que les juifs vivront selon leurs lois et leurs coutumes comme ils faisaient au temps d’Hircan grand sacrificateur du Dieu très haut, - que leurs temples jouiront du droit d’asile, - qu’il leur sera permis d’envoyer à Jérusalem l’argent qu’ils consacreront au service de Dieu, - qu’ils ne seront point contraints de comparaître en jugement ni le jour du sabbat, ni la veille du sabbat après neuf heures en la Parascève, - que si quelqu’un dérobe leurs livres saints ou l’argent destiné au service de Dieu, il sera puni comme sacrilège et son bien confisqué au profit du peuple romain. Et, comme nous désirons donner en toutes rencontres des marques de notre bonté envers tous les hommes, nous voulons que la requête que C. Marcius Censorinus nous a présentée au nom des juifs, soit mise avec le présent arrêt en un lieu éminent dans le temple d’Argyle que toute l’Asie a consacré à notre nom, et que, si quelqu’un est si hardi que d’entreprendre d’y contrevenir, il soit très sévèrement puni. » On voit aussi le décret qui suit, gravé sur une colonne du temple d’Auguste : Lettre de l’empereurAuguste à Flaccus « César à Norbanus Flaccus : Salut ! Nous voulons qu’il soit permis aux juifs, en quelques provinces qu’ils demeurent, d’envoyer de l’argent à Jérusalem comme ils l’ont de tout temps accoutumé, pour l’employer au service de Dieu, sans que personne les en empêche. » Agrippa écrivit aussi en faveur des juifs en cette sorte : Lettre de Agrippa aux magistrats d’Ephèse « Agrippa aux magistrats, au sénat et au peuple d’Ephèse : Salut ! Nous ordonnons que la garde et l‘emploi de l’argent sacré que les juifs envoient à Jérusalem suivant la coutume de leur nation, leur appartienne et que, si quelqu’un après l’avoir dérobé, avait recours aux asiles pour y trouver sa sûreté, on l’en tire et on le remette aux mains des juifs pour lui faire souffrir la peine que les sacrilèges méritent. »

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Le même Agrippa écrivit aussi au gouverneur Syllanus pour empêcher que l’on obligeât les juifs de comparaître en jugement le jour du sabbat. Lettre de Agrippa aux magistrats de Cyrène : « Marc Agrippa aux magistrats et au sénat de Cyrène : Salut ! Les juifs qui demeurent à Cyrène nous ayant fait des plaintes de ce que, encore qu’Auguste ait ordonné à Flavius, gouverneur de la Libye, et aux officiers de cette province de les laisser dans une pleine liberté d’envoyer de l’argent sacré à Jérusalem, comme ils ont de tout temps accoutumé, il se trouve des gens si malicieux que de les en vouloir empêcher sous prétexte de quelques tributs dont ils prétendent qu’ils sont redevables et qu’ils ne doivent point en effet. Sur quoi, nous ordonnons qu’ils seront maintenus dans la jouissance de leurs droits, sans qu’ils puissent y être troublés, et que, s’il se trouve que dans quelque ville ont ait diverti de l’argent sacré, il soit restitué aux juifs par ceux qui seront nommés pour ce sujet. » Lettre de Flaccus aux magistrats de Sardes : « Caius Norbanus Flaccus, proconsul, aux magistrats de Sardes : Salut ! César nous a commandé, par ses lettres, d’empêcher que l’on ne trouble les juifs dans la liberté, qu’ils ont toujours eue, d’envoyer à Jérusalem, suivant la coutume de leur nation, l’argent qu’ils destinent pour ce sujet. Ce qui m’a obligé à vous écrire cette lettre, afin de vous informer de la volonté de l’empereur et de la nôtre. » Jules Antoine, proconsul, écrivit aussi en ces mêmes termes. Lettre de Jules Antoine aux magistrats d’Ephèse : « Jules Antoine, proconsul, au sénat et au peuple d’Ephèse : Salut ! Lorsque je rendais la justice, le treizième jour de février, les juifs qui demeurent en Asie me représentèrent que César Auguste et Agrippa leur avaient permis d’envoyer en toute liberté, à Jérusalem conformément à leurs lois et à leurs coutumes, les prémices que chacun d’eux voudrait offrir à Dieu par un sentiment de piété et de son propre mouvement, et ils m’ont prié de leur confirmer cette grâce. C’est pourquoi je vous fais savoir que, conformément à la volonté d’Auguste et d’Agrippa, je permets aux juifs d’observer en cela leurs coutumes sans que personne puisse les en empêcher. » Comme je sais que cette Histoire pourra tomber entre les mains des grecs, j’ai cru devoir apporter toutes ces preuves pour leur faire savoir que ce n’est pas d’aujourd’hui que ceux qui avaient la suprême autorité nous ont permis d’observer les coutumes de nos pères et de servir Dieu en la manière que notre religion nous ordonne.

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La succession d’Hérode :

Livre XVII / CHAPITRE X Hérode changea ensuite son testament car, au lieu que par le précédent il avait nommé Antipas pour son successeur, il se contenta pour celui-ci de l’établir tétrarque de la Galilée et il donna le royaume à Archelaus … Lorsque la mort d’Hérode se fut répandue, ils firent assembler dans l’amphithéâtre de Jéricho tous les gens de guerre pour leur rendre une lettre que ce prince leur avait écrite. Elle fut lue publiquement et elle portait : - qu’il les remerciait de l’affection et de la fidélité qu’ils lui avaient témoignée et les priait de continuer à Archelaus, son fils, qu’il avait nommé son successeur au royaume. Ptolémée, à qui il avait confié son sceau, lut aussi son testament qui portait expressément qu’il ne pourrait avoir lieu qu’après qu’Auguste l’aurait confirmé. Aussitôt, on commença à crier : ‘Vive le roi !’ et les gens de guerre et tous leurs chefs promirent de le servir avec la même fidélité qu’ils avaient servi le roi son père (=Hérode le Grand) et ils lui souhaitèrent un heureux règne. Ce prince pensa ensuite à faire faire de superbes funérailles au roi son père et voulut même se trouver à cette cérémonie… /.. ../ Après que ce nouveau roi eut, selon la coutume de notre nation, célébré le deuil de son père, il fit un festin au peuple et monta au Temple. On criait ‘Vive le roi !’ partout où il passait. Et, après qu’il se fut assis sur un trône d’or, tout retentit d’acclamations et de vœux pour la prospérité de son règne. Il les reçut avec beaucoup de bonté et témoigna de leur savoir gré de n’avoir rien diminué de leur affection pour lui par le souvenir de la dureté avec laquelle le roi son père les avait traités. Il les assura qu’il leur donnerait des marques de sa reconnaissance. Il leur dit qu’il ne prendrait point encore le nom de roi jusqu’à ce qu’Auguste eût confirmé le testament de son père et qu’il avait refusé, par cette même raison, de recevoir le diadème que toute l’armée lui avait offert à Jéricho, mais qu’aussitôt qu’il l’aurait reçu de la main d’Auguste, qui avait seul le pouvoir de le lui donner, il leur ferait connaître par ses actions qu’ils avaient raison de l’aimer et qu’il s’efforcerait de les rendre plus heureux, qu’ils ne l’avaient été sous le règne de son père. Comme c’est la coutume du peuple de se persuader que les princes, lors de leur avènement à la couronne, agissent avec beaucoup de sincérité, ce discours d’Archelaus, qui leur était si favorable, leur fit redoubler leurs acclamations. Ils y ajoutèrent même de grandes louanges et prirent la liberté de lui demander diverses grâces : - les uns : la diminution des tributs, - les autres : de délivrer plusieurs prisonniers que le roi, son père, avait fait mettre en prisons et dont quelque-uns y étaient depuis longtemps, - et les autres : d’abolir des péages et des impositions mises sur les marchandises. Ce prince, qui ne pensait qu’à s’affermir dans sa domination naissante, crut ne leur devoir rien refuser. Et après que les sacrifices furent achevés, il fit un festin à ses amis.

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Les troubles en Judée / Demande de rattachement à la Syrie

Livre XVII / CHAPITRES XI et XII Cependant quelques juifs qui ne demandaient que la confusion et le trouble, commencèrent à s’assembler… La crainte qu’ils avaient d’Hérode les avait retenus dans le silence durant sa vie, mais ils étaient rassurés par sa mort et ils déclamaient contre lui… Ils pressèrent Archelaus de (mettre) à mort quelques-uns des amis d’Hérode… (Archelaus leur répond) que le temps n’était pas propre à faire de semblables plaintes (et qu’il prendrait une décision après avoir rencontré l’empereur Auguste à Rome, c’est à dire après avoir été) confirmé dans la possession du royaume… Les factieux firent connaître par leurs cris (leur désaccord et il réclamaient la mort des amis d’Hérode.) La fête de Pâque était proche, augmentant le nombre des (manifestants) car non seulement toute la Judée solemnise cette fête avec grande joie… mais une multitude infinie de juifs, qui demeurent hors le royaume, viennent par dévotion à Jérusalem pour y assister… (Les factieux occupent le Temple et Archelaus envoie des policiers contre eux.) Les factieux, les voyant venir, animèrent tellement le peuple par leurs cris et par leurs exhortations à les attaquer (que presque tous furent tués… et les factieux continuèrent, comme auparavant, à occuper le Temple. Archelaus envoie alors contre eux) toute son armée, avec ordre à la cavalerie de tuer tous ceux qui sortiraient du Temple pour se sauver… (Et Archelaus va à Rome.) Antipater alla aussi à Rome, sur le conseil de Salomé, dans le dessein d’obtenir le royaume par préférence à Archelaus parce qu’il avait été nommé par Hérode comme successeur dans le premier testament (que Hérode avait fait avant de le changer cinq jours avant sa mort.) D’où de violentes discussions en face d’Hérode. On reproche à Archelaus de ce qu’il avait été si peu touché de la mort d’Hérode qu’il avait, la nuit suivante, fait un festin (qui avait failli causer une révolution, le peuple étant horrifié d’une telle conduite. En Judée, il y a alors une véritable révolution. Varus, gouverneur de Syrie, intervient avec ses troupes et rétablit faussement le calme car) la fête de la Pentecôte s’approchant, ils vinrent en très grand nombre de tous les endroits non seulement de la Judée, mais de la Galilée, de l’Idumée, de Jéricho et d’au-delà du Jourdain. (Les romains interviennent et) ils mirent le feu aux portiques et ils jetèrent dessus quantité de bois. La flamme monta incontinent jusqu’à la couverture et, comme il y avait beaucoup de poix et de cire dans la matière sur laquelle on avait appliqué les ornements et les dorures, elle s’embrasa facilement. (Les assiégés sont brûlés ou se jettent en contre-bas où, étant sans armes, ils sont tués par les romains. Un certain nombre de juifs ne se découragent pas et) un groupe des plus vaillants enferma le palais royal, menaça de le brûler et de tuer tous ceux qui étaient dedans.) Lorsque les choses étaient en cet état dans Jérusalem, il se fit de grands soulèvements en divers lieux du reste de la Judée… Juda, fils d’Ezéchias, chef des voleurs, assembla auprès de la ville de Sephoris une grande troupe, entra sur les terres du roi, se saisit de l’arsenal, prit tout l’argent du prince, pilla tout ce qu’il rencontra… Un nommé Simon, que Hérode avait autrefois employé à des affaires importantes… fut assez hardi pour mettre la couronne sur sa tête… et la folie du peuple alla jusqu’à le saluer du titre de roi. La première chose qu’il fit fut de mettre le feu au palais royal de Jéricho… Mais Gratus, qui commandait les troupes du roi… vint à sa rencontre et, après un très grand combat…lui fit trancher la tête. Une troupe de gens semblables à ceux qui avaient suivi Simon brûlèrent le palais royal d’Amatha, sur le bord du Jourdain…

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Le recensement de Quirinius - 11 -

…………. Dans une confusion si étrange et qui remplissait toute la Judée de brigandages, aussitôt que quelqu’un avait assemblé une troupe de séditieux, il prenait le nom de roi : l’état était déchiré de toutes parts et la moindre partie du mal tombait sur les romains parce que les juifs, au lieu de se réunir pour tourner tous ensemble leurs armes contre eux, se partageaient entre ces factieux et s’entretuaient les uns les autres. Varus (voyant) le péril que courait la légion assiégée dans Jérusalem, prit les deux autres qui lui restaient en Syrie avec quatre compagnies de cavalerie et les troupes auxiliaires qu’il tira des rois et des tétrarques pour aller au secours des siens… Quant à la ville d’Emmaüs que les habitants avaient abandonnée, ce fut par le commandement de Varus qu’elle fut brûlée, en vengeance de la mort des romains qui y avaient été tués. (Les habitants de Jérusalem, ayant fait soumission et déclaré qu’ils n’étaient pour rien dans cette affaire, furent pardonnés.) Après que Varus eut ainsi apaisé tous ces troubles et rétabli le calme dans la Judée, il laissa en garnison dans la forteresse de Jérusalem la même légion qui y était auparavant et s’en retourna à Antioche. Pendant que les choses se passaient de la sorte dans la Judée, Archelaus rencontra un nouvel obstacle à ses prétentions par la cause que je vais dire. Cinquante ambassadeurs des juifs vinrent, avec la permission de Varus, trouver Auguste pour le supplier de vivre selon leurs lois. Plus de huit mille juifs qui demeuraient à Rome se joignirent à eux dans cette poursuite… Ces ambassadeurs parlèrent les premiers… (Ils commencent par décrire toutes les horreurs que la Judée a subies de la part d’Hérode, puis ils disent combien Archelaus leur était apparu, au début, bien disposé, jusqu’au jour où) sans attendre que l’empereur l’eût confirmé dans le royaume… il avait fait égorger dans le Temple trois mille hommes de sa propre nation, qu’on pouvait juger par une action si détestable… (Finalement, ils) conclurent en suppliant Auguste de changer la forme de leur gouvernement en ne les soumettant plus à des rois, mais en les unissant à la Syrie pour ne dépendre que de ceux à qui l’empereur donnerait le gouvernement. Auguste décide de l’héritage d’Hérode le Grand

Livre XVII / CHAPITRE XIII Lorsque Auguste eut donné cette audience, il sépara l’assemblée et peu de jours après, il accorda à Archelaus non pas le royaume de Judée tout entier, mais la moitié sous le titre d’ethnarchie et lui promit de l’établir roi lorsqu’il s’en serait rendu digne par sa vertu. Il partagea l’autre moitié entre Philippe et Antipas, ces autres fils d’Hérode qui avaient disputé le royaume à Archelaus. Cet Antipas eut, pour sa part, la Galilée avec le pays qui est au-delà du fleuve, dont le revenu était de deux cents talents et Philippe eut la Batanée, la Trachonite et l’Auranite avec une partie de ce qui avait appartenu à Zénodore, dont le revenu montait à cent talents.

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Le recensement de Quirinius - 12 -

Quant à Archelaus, il eut la Judée, l’Idumée et Samarie à qui Auguste remit la quatrième partie des impositions qu’elle payait auparavant, à cause qu’elle était demeurée dans le devoir lorsque les autres s’étaient révoltées. La tour de Straton, Sebaste, Joppée et Jérusalem se trouvèrent dans ce partage d’ Archelaus. Mais quant à Gaza, Gadara et Yppon, parce qu’elles vivaient selon les coutumes des grecs, Auguste les sépara du royaume pour les unir à la Syrie. Ainsi, le revenu annuel d’Archelaus était de six cents talents. Archelaus est exilé à Vienne en Gaule :

Livre XVII / CHAPITRE XV Lorsque Archelaus fut retourné en Judée et qu’il eut pris possession de son ethnarchie, il ôta la grande sacrificature à Joazar, fils de Boëtus qu’il accusait d’avoir favorisé le parti de séditieux et la donna à Eleazar, frère de Joazar. Il rebâtit ensuite superbement le palais de Jéricho… construisit un bourg qu’il nomma de son nom Archelaïde et ne craignit point de violer nos lois en épousant Glaphyra… veuve d’Alexandre son frère de qui elle avait des enfants. Eleazar ne jouit pas longtemps de la grande sacrificature car Archelaus la lui ôta pour la donner à Jésus, fils de Sias. « En la dixième année du gouvernement de ce prince les principaux des juifs et des samaritains, ne pouvant souffrir plus longtemps sa tyrannique domination, l’accusèrent devant Auguste et ils se portèrent d’autant plus hardiment à lui en faire des plaintes qu’ils savaient qu’il lui avait expressément recommandé de gouverner ses sujets avec toute sorte de bonté et de justice. Auguste s’irrita de telle sorte contre lui que, sans daigner lui écrire, il dit à l’agent d’Archelaus à Rome de partir à l’heure même pour l’aller quérir et le lui amener. Il obéit et, en arrivant en Judée, il trouva son maître qui faisait un grand festin à ses amis. /.. (Note : Voici que, transcrivant ce passage de l’œuvre de Josèphe, je suis réveillé par ce grand festin. Franchissant un espace de temps, je me revois, dans l’autre texte, assister à la fête donnée par ‘Hérode’ pour son anniversaire, car lui aussi eut la même réaction : il fit un festin auquel assistèrent ses notables et les officiers et les premiers de la Galilée = Mc VI-21. Il y a là une connivence entre textes qui mérite d’être mémorisée.) ../ Il lui exposa sa commission et l’accompagna à Rome où, après qu’Auguste eut entendu ses accusateurs et ses défenseurs, il confisqua tout ce qu’il avait d’argent et envoya Archelaus en exil à Vienne, qui est une ville des Gaules. Archelaus, avant de recevoir l’ordre d’aller trouver Auguste, avait eu un songe qu’il avait raconté à ses amis. Il lui sembla qu’il voyait dix épis de blé tous mûrs et extrêmement remplis de grain et que des bœufs les mangèrent.

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Le recensement de Quirinius - 13 -

S’étant éveillé, il crut ne devoir pas négliger ce songe et envoya quérir ceux qui passaient pour les plus capables de les lui interpréter ; mais, comme ils ne s’accordaient point entre eux, un essénien nommé Simon le pria de lui pardonner s’il prenait la liberté de lui en donner l’explication. Et il lui dit ensuite que ce songe présageait un changement dans sa fortune qui ne lui serait pas favorable, parce que les bœufs sont des animaux qui passent leur vie dans un travail continuel et, qu’en labourant la terre, il lui font changer de place et de forme ; que ces dix épis marquaient dix années, parce qu’il ne se passe point d’année sans que la terre en produise de nouveaux par une révolution continuelle et qu’ainsi la fin de la dixième année serait la fin de sa domination . Cinq jours après que Simon eut ainsi expliqué ce songe, l’agent d’ Archelaus lui apporta l’ordre d’aller trouver Auguste. La princesse Glaphyra eut un autre songe. Nous avons vu comment elle avait épousé en premières noces Alexandre, fils du roi Hérode. Après sa mort, le roi Archelaus, son père, la maria à Juba, roi de Mauritanie qui mourut aussi et, étant veuve, elle retourna en Cappadoce auprès de son père. Alors Archelaus, l’ethnarque conçut une si violente passion pour elle, qu’il répudia Mariamne sa femme et l’épousa. /.. (Note : Il m’est difficile de ne pas franchir de nouveau le même espace de temps car j’ai déjà connu un nommé Hérode qui vécut semblable mésaventure : lui, Hérode, avait saisi Jean et l’avait jeté en prison en raison d’Hérodiade, la femme de Philippe son frère, parce qu’il s’était marié avec elle / Mc VI-17.) ../ Comme elle était donc avec lui, elle eut un tel songe… J’ai cru qu’il n’était pas hors de propos de rapporter ceci au sujet des rois et des grands, parce qu’il peut servir non seulement d’un exemple, mais d’une preuve de l’immortalité de l’âme et de la divine providence. Que si quelques-uns trouvent que de semblables choses doivent passer pour incroyables, ils peuvent demeurer dans leur sentiment sans trouver étrange que d’autres y ajoutent foi et qu’en étant touchés, elles leur servent pour s’exciter à la vertu. Quant aux états qu’Archelaus possédait, Auguste les unit à la Syrie et donna charge à Cyrenius, qui avait été consul, d’en faire le dénombrement et de vendre le palais d’Archelaus. » Le recensement de Quirinius :

Livre XVIII / CHAPITRE I « Cyrenius (= Quirinius) sénateur romain, qui était un homme de très grand mérite et qui, après avoir passé tous les autres degrés d’honneur, avait été élevé à la dignité de consul, fut, comme nous venons de le voir, établi par Auguste gouverneur de Syrie, avec ordre d’y faire le dénombrement de tous les biens des particuliers et Coponius, qui commandait un corps de cavalerie, fut envoyé avec lui pour gouverner la Judée. Mais, comme cette province venait d’être unie à la Syrie, ce fut Cyrenius et non pas lui qui fit le dénombrement et qui se saisit de tout l’argent qui appartenait à Archelaus.

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Le recensement de Quirinius - 14 -

Un (faux-)Messie : Judas de Gamala : Les juifs ne pouvaient souffrir d’abord ce dénombrement ; mais Joazar, grand sacrificateur, fils de Boëtus, leur persuada de ne se pas opiniâtrer à y résister. Et quelque temps après, un nommé Judas, qui était gaulanite et de la ville de Gamala, assisté d’un pharisien nommé Sadoc, sollicita le peuple à se soulever disant que ce dénombrement n’était autre chose qu’une manifeste déclaration qu’on les voulait réduire en servitude. Et, pour les exhorter à maintenir leur liberté, il leur représenta que, si le succès de leur entreprise était heureux, ils ne jouiraient pas avec moins de gloire que de repos de tous leurs biens, mais qu’ils ne devaient point espérer que Dieu leur fut favorable, s’ils ne faisaient de leur côté tout ce qui serait en leur pouvoir. Le peuple fut si touché de ce discours, qu’il se porta aussitôt à la révolte. Il est incroyable quel fut le trouble que ces deux hommes excitèrent de tous côtés. Ce n’était que meurtres et que brigandages ; on pillait indifféremment amis et ennemis, sous prétexte de défendre la liberté publique ; on tuait, par le désir de s’enrichir, les personnes de la plus grande condition ; la rage de ces séditieux passa jusqu’à cet excès de fureur qu’une grande famine qui survint ne put les empêcher de forcer les villes ni de répandre le sang de ceux de leur propre nation. Et l’on vit même le feu de cette cruelle guerre civile porter ses flammes jusque dans le Temple de Dieu, tant c’est une chose périlleuse que de vouloir renverser les lois et les coutumes de son pays ! (Note : Que le lecteur prenne note de cette grande famine !) La vanité qu’eurent Judas et Sadoc d’établir une quatrième secte et d’attirer après eux tous ceux qui avaient de l’amour pour la nouveauté fut la cause d’un si grand mal. Il ne troubla pas alors seulement toute la Judée, mais il jeta les semences de tant de maux dont elle fut encore affligée depuis. Sur quoi, j’ai cru à propos de dire quelque chose des maximes de cette secte.

Livre XVIII / CHAPITRE II Ceux qui faisaient, parmi les juifs, une profession particulière de sagesse étaient depuis plusieurs siècles divisés en trois sectes : des esséniens, des sadducéens et des pharisiens dont, encore que j’en aie parlé, dans le second livre de la Guerre des Juifs, je crois dire ici quelque chose.

Voir la suite de ce texte dans le Tome XIV, dossier intitulé : (faux)-Messies aux pages 5 à 7 et, plus particulièrement, la note 1 en bas de la page 7)

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Le recensement de Quirinius - 15 -

Livre XVIII / CHAPITRE III Après que Cyrénius (= Quirinius ) eut vendu les biens qui faisaient partie de la confiscation d’Archelaus et achevé ce dénombrement qui se fit trente sept ans après la bataille d’Actium gagnée par Auguste sur Antoine, les juifs s’étant soulevés contre Joazar, souverain sacrificateur, il lui ôta cette charge et la donna à Ananus, fils de Seth. Nous avons vu comment Hérode et Philippe furent maintenus par Auguste dans les Tétrarchies que le roi Hérode le Grand, leur père, leur avait laissées par son testament et ces deux princes n’oublièrent rien pour s’y établir le plus avantageusement qu’ils purent. … Philippe, de son côté embellit extrêmement Paneade qui est près des sources du Jourdain et la nomma Césarée ( = Césarée de Philipe) Il augmenta aussi de telle sorte le bourg de Bethsaïde aussi sur le rivage du lac de Gennesareth qu’on l’aurait pris pour une ville, le peupla d’habitants, l’enrichit et le nomma Juliade en l’honneur de Julie, la fille d’Auguste. Pendant que Coponius gouvernait la Judée il arriva, le jour de la fête des Azymes que nous nommons Pâque, que les sacrificateurs ayant, selon la coutume, ouvert à minuit les portes du Temple, quelques samaritains entrèrent secrètement dans Jérusalem et répandirent des os de morts dans les galeries et dans tout le reste du Temple, ce qui rendit les sacrificateurs plus soigneux à l’avenir. Un peu après, Coponius étant retourné à Rome… » AVEC SUETONE « Avec le temps, (Tibère) se tourna même vers la rapine. Voici des faits suffisamment établis :… Il fit aussi condamner Lepida, femme de la plus haute naissance, pour plaire à Quirinius, consulaire puissamment riche et sans enfant qui, vingt ans après son divorce, l’accusait d’avoir autrefois voulu l’empoisonner. » (Suétone : Tibère 49) AVEC OROSE « Après que le Seigneur Jésus Christ, rédempteur du monde, fut venu sur terre et inscrit comme citoyen romain (?) par le recenseur de César, tandis que les portes de la guerre étaient tenues fermées dans le calme si bienheureux de la paix pendant douze ans, César Auguste envoya son petit-fils Caius pour prendre des dispositions dans les provinces d’Egypte et de Syrie. Ce dernier, traversant la Palestine en venant d’Egypte, dédaigna de prier à Jérusalem dans le Temple de Dieu, alors saint et très fréquenté selon ce que rapporte Suétone. ./.. « A l’égard des cultes étrangers, s’il(Auguste) marque le plus grand respect pour ceux qui étaient consacrés par le temps, il méprise les autres. Ainsi il avait reçu l’initiation à Athènes…

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Le recensement de Quirinius - 16 -

Quand il parcourut l’Egypte, il dédaigna de faire le moindre détour pour aller voir le bœuf Apis et même il félicita vivement son petit-fils Caius pour avoir traversé la Judée sans offrir de sacrifice à Jérusalem. »

(Suétone : Vespasien 93) ../ Quand Auguste apprit la chose par Caius, il le loua d’avoir agi sagement, faisant ainsi preuve d’un manque de jugement. C’est pourquoi la quarante-huitième année du pouvoir de César une famine s’en suivit à Rome à ce point cruelle que César prescrivit de chasser de Rome les troupes de gladiateurs et tous les étrangers… »

(Orose : Histoires VII-III-4 à 6) AVEC TACITE : CAIUS CESAR Petit-fils d’Auguste, né en 20 av. J.-C., il était le fils aîné de Julie, la fille unique d’Auguste et de son deuxième mari Agrippa, Elle avait été mariée d’abord avec Tibère qu’elle quitta en le méprisant et c’est pour cette raison que Tibère se retira durant quelque temps à Rhodes. Caius et son frère Lucius ont été adoptés ensemble par Auguste en 17 avant J.-C.. Très jeunes, l’un et l’autre ont reçu le titre de « princes de la jeunesse » et ont été désignés comme consuls En effet, on désignait souvent longtemps à l’avance, des consuls, afin que le pouvoir reste dans la famille régnante. Sejan reçut la charge de s’occuper de Caius dans sa prime jeunesse ‘et bientôt, il s’attacha Tibère’ dont il devint, plus tard, le préfet du prétoire. Caius s’est marié avec Livilla, la fille de Drusus. En 1 av. J.-C., il reçoit le pouvoir proconsulaire extraordinaire sur l’Orient. Consul en 1 ap. J.-C., Auguste le ‘désigne pour régler les affaires d’Arménie’ et Auguste désigne Quirinius pour accompagner Caius dans sa mission avec le titre de ‘conseiller’. Quirinius avait donc une parfaite connaissance de la situation en Syrie lorsque Auguste le nomma gouverneur de Syrie, en lui donnant pour affectation de normaliser les bases d’imposition fiscales en Syrie ainsi qu’en Judée et pour liquider les biens d’Archelaus. Au cours de sa mission, Caius a rencontré le roi des Parthes sur une île de l’Euphrate. Blessé au cours d’un combat contre l’Arménie, il est mort en Lydie en 4 ap. J.-C..

(Tacite : Annales I-3-53 / II-4-42 / III-48 / IV-1-40 / VI-51)

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Le recensement de Quirinius - 17 -

EN L’ AN 6 APRES JESUS-CHRIST Lecteur ! Rappelles-toi : I. A la page 12 : En la dixième année du gouvernement de ce prince II. A la page 13 ainsi la fin de la dixième année serait la fin de sa domination III. A la page 15 : trente sept ans après la bataille d’Actium La mort d’Hérode le Grand : en 4 av. J.-C. la dixième année du règne = l’année 6 après J.-C. La bataille d’Actium : le 2 septembre de l’an 31 av. J.-C. ACTIUM = victoire d’Auguste sur Cléopâtre et Marc-Antoine trente sept ans après Actium = l’année 6 après J.-C.

(Voir dans le Tome XVII/3 le dossier Titus (Annexes) à la page 17)

I + II + III = Trois références qui permettent de conclure :

Le recensement de Quirinius a eu lieu en l’année 6 après J.-C.

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Czeslaw
Texte surligné

Le recensement de Quirinius - 18 -

UNE SIGNATURE DE DIEU Que mon lecteur… - lise avec attention la date que Flavius Josèphe a tenu à préciser par trois fois :

l’année 6 après J.-C. - se remémore la date de la fête des Azymes et de la Pâque au cours de laquelle Jésus mourut en Croix :

(Voir dans le Tome XVI en bas de la page 98) l’année 31 après J.-C.

- se rappelle comment, en ce temps-là, le décompte d’une durée de temps se fait en partant depuis l’année du commencement vers celle de l’aboutissement

et il verra apparaître :

l a

S i g n a t u r e d e Y H V H !

. . . . . . . .

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Le recensement de Quirinius - 19 -

SUR LE DROIT DE CITOYENNETE A la page 6 ci-dessus, j’ai cité les premières lignes écrites par Flavius Josèphe au commencement de son…

Livre XVI / CHAPITRE X « En ce même temps, les juifs qui demeuraient dans l’Asie et dans l’Afrique, et à qui les rois avaient accordé les droits de citoyenneté, étaient si mal traités par les grecs qui les accusaient de transporter de l’argent et de leur être à charge en toutes choses, qu’ils furent contraints d’avoir recours à la justice d’Auguste. Ce grand prince écrivit dans les provinces qu’il voulait qu’ils fussent maintenus dans leurs privilèges, comme on pourra le voir par la copie de sa lettre que j’ai cru devoir rapporter… » La connaissance acquise sur la façon dont est écrite l’Histoire ancienne des juifs et dont sont fournies, avec précision, les diverses informations offertes au lecteur par l’auteur, m’ont incité à chercher si, quelque part dans son œuvre, il n’était pas possible de trouver l’explication de cette donnée politique.

Voici : « Voyons maintenant quels sont ces torts insupportables que ceux d’Alexandrie accusent les juifs de leur avoir faits. ‘Lors, dit Appion, que les juifs vinrent de Syrie, ils s’établirent le long du rivage de la mer dans un lieu sans port et battu des flots.’ Ne fait-il pas, en parlant de la sorte un grand tort à cette ville qu’il dit faussement être sa patrie, puisque chacun sait qu’elle est assise sur le rivage de la mer, et que son habitation est très commode. Que si les juifs l’ont occupée de force sans avoir pu depuis en être chassés, c’est une preuve de leur valeur. Mais la vérité est qu’Alexandre le Grand les y établit et voulut qu’ils y jouissent des mêmes honneurs que les Macédoniens. Qu’aurait donc dit Appion si, au lieu d’avoir été établis dans cette ville royale, on les eût mis à Nécropolis, et si on ne les nommait point encore aujourd’hui Macédoniens ? Ou il a lu sur cela les lettres d’Alexandre le Grand, de Ptolémée Lagus et des rois d’Egypte ses successeurs, et ce que le grand César a fait graver à Alexandrie sur une colonne pour conserver la mémoire des privilèges qu’il accordait aux juifs : et en ce cas il ne peut, sans une malice noire, avoir écrit le contraire. Ou s’il ne l’a point vu, il faut qu’il avoue qu’il n’y eut jamais une plus grande ignorance que la sienne. Ce n’en est pas une moindre de dire qu’il s’étonne de ce que les juifs prennent le nom d’Alexandrins. Car qui ne sait que tous ceux qui s’établissent dans quelque colonie prennent le nom des anciens habitants, quoiqu’ils soient différents d’eux en beaucoup de choses ? Quels exemples ne pourrais-je point en alléguer ? N’appelle-t-on pas Antiochéens les juifs qui demeurent à Antioche parce que roi Séleucus leur y a donné le droit de citoyenneté ? Ne nomme-t-on pas Ephésiens ceux qui demeurent à Ephèse et Ioniens ceux qui demeurent en Ionie, comme tenant ce privilège des autres rois ?

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Le recensement de Quirinius - 20 -

La bonté des Romains n’a-t-elle pas accordé la même grâce non seulement à des particuliers, mais à des provinces entières : ce qui fait que les anciens Espagnols, les Toscans et les Sabins portent le nom de Romains ? Que si Appion leur veut faire perdre ce privilège, qu’il cesse donc de se nommer Alexandrin : car étant né dans le fond de l’Egypte comment pourrait-il prétendre à ce droit si on l’en privait comme il veut que l’on nous en prive, n’y ayant que les seuls Egyptiens à qui les Romains, qui sont aujourd’hui les maîtres du monde, refusent de l’accorder ? Ainsi ce rare personnage se trouvant hors d’état de pouvoir espérer cette grâce, il s’efforce de calomnier ceux qui l’ont si justement obtenue. Je dis ‘si justement’, puisque ce ne fut pas par la difficulté de peupler cette ville qu’Alexandre bâtissait avec tant d’affection qu’il y assembla un grand nombre de juifs ; mais ce fut par la connaissance qu’il avait de leur valeur et de leur fidélité qu’il voulut les honorer de cette grâce. Car il avait tant d’estime pour notre nation, que nous lisons dans Hécatée que ce grand prince était si satisfait de l’affection et de la fidélité des juifs, qu’il ajouta Samarie à la Judée et l’exempta de tribut ; que Ptolémée Lagus, l’un de ses successeurs, ne témoigna pas moins d’estime et de bonne volonté pour les juifs qui demeuraient à Alexandrie ; qu’il confia à leur courage et à leur fidélité la garde des plus fortes places de l’Egypte et que pour conserver Cyrène et les autres villes de la Libye dont il s’était rendu le maître il y envoya des colonies des juifs ; que Ptolémée Philadelphe, l’un de ses successeurs, ne mit pas seulement en liberté tous ceux de notre nation qui étaient captifs en son pays, mais leur donna à diverses fois de grandes sommes et, ce qui est plus considérable, il eut un tel désir d’être informé de nos lois et de nos saintes écritures, qu’il envoya quérir des personnes capables de les lui interpréter et de les traduire, et ne commit pas le soin de les lui amener à des gens du commun, mais à Démétrius de Phalère qui passait pour le plus savant homme de son temps, et à André et Aristée, capitaines de ses gardes. Or ce prince aurait-il pu désirer avec tant d’ardeur d’être instruit de nos lois et de nos coutumes, s’il eût méprisé ceux qui les observaient et s’il ne les eût pas, au contraire, beaucoup estimés. Appion a-t-il donc ignoré ou voulu ignorer que ces successeurs des rois de Macédoine nous ont toujours aussi extrêmement affectionnés…

(Flavius Josèphe : Réponse à Appion – Livre II – Chapitre II) Le texte de Fl. Josèphe explique pourquoi dans les Actes des Apôtres les paroles prononcées ont été rapportées d’une façon qui pourrait sembler étrange : le seul fait pour Paul de se dire romain signifie qu’il a la citoyenneté romaine. Il est très vraisemblable qu’il a acquis cette citoyenneté par le moyen de ses ancêtres qui l’avaient reçue lorsque la bonté des Romains l’accorda à la province entière où ils résidaient. Voici, en rappel, les textes relatifs à Paul : Paul dit au centurion qui était là : « Avez-vous le droit de fouetter sans jugement un romain ? » A cette parole, le centurion alla prévenir le tribun : « Qu’est-ce que tu vas faire : cet homme est un romain ! » Le tribun alla donc trouver Paul : »Dis-moi, tu es romain ? » Il lui dit : « Oui. »

(Actes XXII-24 à 28)

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Le recensement de Quirinius - 21 -

« L’homme que voici a été pris par les juifs et ils allaient le supprimer quand, survenant avec l’armée et apprenant que c’était un romain… »

(Actes XXIII-26 à 30) Ainsi il arrive parfois, dans la vie, qu’une parole prononcée dit° beaucoup plus que ce qu’elle semble dire. Lorsque Paul dit° qu’il est romain, il fait référence à son appartenance à l’empire de Rome et au fait qu’il a hérité du droit de citoyenneté romaine. La conséquence de cette déclaration d’identité de Paul va faire qu’il se sentira obligé de faire appel à l’empereur : Actes XXV-10 et 11 (A Césarée, le gouverneur Festus, assis au tribunal, fait comparaître Paul.) Paul lui dit° : « J’ai comparu devant le tribunal de César : c’est là que je dois être jugé. Je n’ai fait aucun tort aux juifs, tu le sais très bien. Et si j’ai tort, si j’ai fait quoi que ce soit qui mérite la mort, je ne refuse pas de mourir. Mais si ceux-là m’accusent pour rien, personne ne peut me livrer à eux : j’en appelle à César. » Paul ira à Rome afin de comparaître devant l’empereur, car le droit romain est tel que tout citoyen peut faire appel à l’empereur ; celui-ci écoute l’exposé des motifs, les arguments de la défense et il prononce le jugement qui est définitif, puisque prononcé par l’empereur Grand Pontife des romains. Pierre qui a reçu de Jésus, sur les bords de la mer de Tibériade, la charge d’être le chef de l’Eglise naissante, lui le créateur de l’Eglise d’Antioche mais résidant à Jérusalem, ira également à Rome car il y a risque de scission dans l’Eglise : Paul et Pierre proclament deux théologies différentes. Il y aura deux martyrs, et leur sang mêlé imprégnera la terre de la colline du Vatican ; il sera l’eau du nouveau baptême de l’Eglise Nouvelle et Rome sera, dans un futur proche, le lieu nouveau de cette Nouvelle Eglise. Ainsi, aujourd’hui, moi je puis dire° la parole de Paul, mot pour mot, afin de dire ma nouvelle identité :

J e s u i s r o m a i n .

_______________ Note : Sur le droit de citoyenneté : voir Annexe IV.

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Le recensement de Quirinius - 22 -

Pourquoi LUC a-t-il cité le nom de QUIRINIUS ? Pourquoi l’a-t-il cité, alors que le personnage n’a joué qu’un rôle très secondaire dans l’Histoire de Rome et de la Judée ? Il fallait relater l’événement qui a fait arriver Joseph et Marie ensemble à Bethléem, dans la ville de David qui est aussi la ville du pain = Beth – Lehem. Le Messie attendu doit être descendant de David et l’Histoire a fait qu’un recensement fiscal allait obliger tous les fils de David à se rassembler dans la ville de David, sur ordre de l’empereur de Rome. Il fallait relater l’événement qui a fait que Marie devait accompagner Joseph pour satisfaire à l’ordre de l’occupant, alors que la naissance annoncée était proche C’est pourquoi il fallait que le monde soit informé que ce recensement n’était pas un quelconque dénombrement juif des seuls hommes en âge d’être soldats d’Israël. Lc a précisé que ce recensement avait lieu pour la première fois et qu’il n’avait jamais eu lieu auparavant : Lc II-2 Celui-ci (le-)recensement le-premier arriva, αυτή απογραφη πρωτη εγενετο (Ou encore :) ‘Ce recensement arriva pour la première fois sous cette forme’. Tous savent qu’aucune naissance ne peut être prédite au jour près et le jour de la naissance va, comme par hasard, coïncider avec le jour de leur arrivée dans la ville : ils ne pourront pas trouver de logement ! Luc II-7 pour la raison que ne pas était pour eux un lieu dans la salle en bas. διοτι ουκ ην αυτοις τοπος εν τω καταλυµατι (Ou encore :) ‘Parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune’. Ceci est dans la logique de ce qui a été écrit en Lc (II-2) : le recensement nouvelle forme oblige que tous les membres de chaque famille se présentent ensemble au lieu d’origine du mari (le mari : selon la loi romaine, l’ascendance est définie par l’homme, alors que – selon la loi juive – elle est identifiée par la femme). Même dans la salle commune (Voir Annexe II), il n’y avait aucun lieu (le mot lieu – Béni soit-il ! - est un nom pour Dieu !) pour eux ! S’il y a foule à Bethléem en ce jour-là, cela est du à la présence de très nombreuses familles venues se faire recenser en ce même lieu : ils sont tous de la descendance directe de David. Ainsi Joseph et Marie sont venus ensemble de Nazareth de la Galilée. Le Messie vient de la Galilée, royaume du Nord et il mourra crucifié dans le royaume du Sud, en Judée.

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Le recensement de Quirinius - 23 -

Pourquoi Fl. JOSEPHE a-t-il longuement écrit sur ARCHELAUS ? Josèphe écrit dans les années 75 et il a une parfaite connaissance des événements arrivés à Rome, car Josèphe habite la maison privée de l’empereur Vespasien, alors que celui-ci réside dans le palais impérial. De par sa situation privilégiée, Josèphe a un libre accès aux archives de Rome et cette situation lui permet de connaître tous les documents, traités, édits, sénatus-consultes, correspondances, etc.. Lorsqu’il a rédigé son Histoire Ancienne des Juifs, il s’est documenté sur tous les événements arrivés aux fils d’Israël et il a eu connaissance de ce qui arriva lors de l’affaire Jésus. En ce temps-là, il y a de nombreux chrétiens à Rome et il y en a de très proches de l’empereur, dans sa famille. La comparution de Paul devant l’empereur Néron a laissé des traces dans les archives : on y a obligatoirement archivé les rapports des divers gouverneurs de province, notamment de Félix et de Festus. Il doit s’y trouver aussi des documents établis par / ou / sous les ordres de Pallas, ‘ministre de l’intérieur’ de Néron. Il s’y trouve également des archives judiciaires, dont quelques-unes relatives au procès à l’issue duquel Félix, le frère de Pallas, a été relaxé alors que son comparse de Galilée était condamné. Joseph sait que les événements de ce que nous nommons l’année 6 après J.-C. ont été très importants dans l’histoire de Jésus puisque les registres fiscaux établis à l’époque sous la haute direction de Quirinius font état de sa naissance = Joseph a été recensé comme époux de Marie, présente à ses côtés, et comme le père d’un fils nouvellement né à Bethléem. Ainsi est confirmé le fait que Marie, enceinte presque au terme de la naissance de son fils, a fait un long trajet de Nazareth jusque Bethléem. Si sa présence n’avait pas été rendue obligatoire par la loi fiscale romaine, elle serait sagement restée dans son foyer ; ainsi font beaucoup de femmes au moment de la fête des Azymes et de la Pâque : seuls les hommes en âge de porter les armes ont l’obligation de venir manger l’agneau pascal dans le Temple de Jérusalem et il est impensable que, à Pâque, toutes les femmes accompagnent leurs maris, car il y a la maison à tenir, les enfants à garder et les affaires en cours à gérer. Pour toutes sortes de raisons, fonctions de ces données de la vie courante, Josèphe se devait de relater avec précision ce qui s’est passé entre les années 4 avant J.-C. et 6 après J.-C. durant le règne d’Archelaus. Il a précisé – par trois fois – l’année dans laquelle Quirinius avait reçu d’Auguste l’ordre de faire un recensement fiscal, c’est à dire de faire le dénombrement de tous les biens des particuliers. (Voir en bas de la page 13 : Livre XVIII / Chapitre I)

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Le recensement de Quirinius - 24 -

En publiant de nombreuses informations sur ce qui s’est passé sous le règne d’Archelaus, Josèphe donne les motifs pour lesquels il était devenu nécessaire de faire une révision des bases de l’impôt foncier et de l’impôt de capitation pour la région de Syrie. Les juifs étant économiquement très engagés en Syrie, terre de passage des caravanes y transitant dans leurs déplacements depuis l’Orient vers la Méditerranée et les ports d’embarquement vers l’Italie, l’empereur a eu le réflexe d’étendre cette révision fiscale à la Judée qui, Terre Promise pour Israël, est comme une patrie pour les juifs. Par contre, Josèphe écrira peu de choses au sujet du personnage de Quirinius. Dans ses Annales, Tacite fera diverses allusions à Gaius César, petit-fils d’Hérode le Grand, ce qui est dans la logique d’un quindecemvir chargé par le sénat d’écrire l’histoire des empereurs, Grands Prêtres de la religion romaine. Ainsi, en recoupant les informations données par Fl. Josèphe et par Tacite, il devient possible de dater avec sûreté la naissance de Jésus. Il faut rappeler que Flavius Josèphe appartenait au cercle privé des amis de Vespasien et que déjà il y a des chrétiens au cœur de la famille de l’empereur… mais que l’empereur lui-même doit rester d’une totale neutralité religieuse, puisqu’il porte – de droit – le titre de Grand Prêtre de la religion païenne. Ceci est la raison pour laquelle Tacite n’évoquera pratiquement jamais l’existence des juifs étrangers, disciples de Jésus.

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Le recensement de Quirinius - 25 -

Pourquoi TACITE a-t-il écrit sur QUIRINIUS ? La lecture du texte de Flavius Josèphe apporte peu d’informations sur Quirinius que, d’ailleurs, il appelle Cyrenius. Ce dernier nom a-t-il une relation avec le rappel que Ptolémée Lagus, pour conserver Cyrène et les autres villes de la Libye dont il s’était rendu le maître, y envoya des colonies des juifs ? (Voir ci-dessus page 20) Voici les éléments du texte que Josèphe consacre à Quirinius : « Quant aux états qu’Archelaus possédait, Auguste les unit à la Syrie et donna charge à Cyrenius, qui avait été consul, d’en faire le dénombrement et de vendre le palais d’Archelaus. » « Cyrenius sénateur romain, qui était un homme de très grand mérite et qui, après avoir passé tous les autres degrés d’honneur, avait été élevé à la dignité de consul, fut, comme nous venons de le voir, établi par Auguste gouverneur de Syrie, avec ordre d’y faire le dénombrement de tous les biens des particuliers et Coponius, qui commandait un corps de cavalerie, fut envoyé avec lui pour gouverner la Judée. Mais, comme cette province venait d’être unie à la Syrie, ce fut Cyrenius et non pas lui qui fit le dénombrement et qui se saisit de tout l’argent qui appartenait à Archelaus. »

(Livres XVII-fin et XVIII-commencement) « Après que Cyrénius eut vendu les biens qui faisaient partie de la confiscation d’Archelaus et achevé ce dénombrement… »

(Livre XVIII – Chapitre II) Les seules informations données sur le personnage sont qu’il a été consul, qu’il est sénateur, que c’est un homme de très grand mérite et que Auguste l’a nommé gouverneur de Syrie. Tacite donne beaucoup plus d’informations (Voir en bas de la page 4) et notamment il précise que Auguste l’envoya en mission au côté de son petit-fils Gaius César. Dans ses Annales, Tacite fait intervenir Gaius plusieurs fois et les renseignements fournis permettent de connaître certaines dates dont, notamment, celle de la fin de la mission en Arménie, puisque Gaius mourut en 4 ap. J.-C. au cours d’une bataille contre l’ennemi traditionnel de Rome : contre les Parthes. D’autre part, Tacite signale que Gaius était consul en 1 ap. J.-C. au moment où Auguste le désigne pour l’Arménie.

Le recensement de Quirinius est donc obligatoirement

postérieur à cette dernière date.

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Tacite a écrit ses Annales au début du IIème siècle et j’ai signalé, ailleurs, quelles précautions on devait prendre lors de l’analyse de ses textes (Voir dans le Tome XVII/1 le dossier sur Tacite contre Saint Matthieu aux pages 47 et seq.) :

« Tacite fut peut-être écrivain et historien en réalité il fut d’abord un païen totalement engagé :

q u i n d e c e m v i r. » Mon lecteur pourra relire, ici, ce qui est offert en page 60 et en haut de la page qui suit, puis il reviendra auprès de Quirinius. Le règne d’Archelaus a laissé des traces importantes dans la mémoire juive car ce furent dix années de malversations, de trafics d’influence et financiers, de révolutions. Fl. Josèphe a évoqué l’intervention militaire de Varus et de ses légions ; il a cité l’incendie des palais royaux à Jéricho et à Amatha… D’autre part Tacite n’a pas oublié la rébellion de Judas de Gamala alors que le peuple des juifs était touché par les discours de celui-ci que l’on considéra ensuite comme un faux-messie. (Voir ci-dessus page 14) Cela entraîna des pillages, des incendies, et une grande famine survint. Comme ce fut aussi le temps dans lequel naquit Jésus, ne peut-on pas établir une relation directe entre Jésus, messie des juifs et cette grande famine ? Lorsque plus tard Tibère proposera un sénatus-consulte au vote du sénat afin de rendre licite le message ‘chrétien’, le sénat le refusera d’une façon quasi unanime, animé de la pensée qu’il n’est pas admissible que, dans l’empire romain, des païens puissent se judaïser en une secte religieuse juive et fonder ainsi un groupe d’opposants pouvant faire en sorte que la livraison des grains venant d’Egypte soit stoppée, d’où une grande famine ! De plus, Tacite sait que, en ce temps-là, on a recensé une famille juive résidant ordinairement à Nazareth. Le mari et la femme sont venus à Bethléem, la ville de David, puisque Joseph, le mari, est de la maison et de la famille de David (Lc II-4 et III-31). Tacite a connaissance du dossier Mt et il a noté l’incohérence des événements rapportés dans les premières pages (les deux premiers chapitres) : - une généalogie qui diffère de celle donnée dans le dossier Lc. (III-23 à 38) - cette généalogie arrangée en références à trois périodes de l’histoire juive :

Abraham jusqu’à David / David jusqu’à l’exil / L’exil jusqu’à Jésus. - une naissance parfaitement normale car humaine (Mt I-18/b à 21) par un texte insistant sur les mots des fiançailles, du mariage, de la chair, de la fiancée enceinte et de la loi juive bafouée ! - des mages de l’Orient alertés… par qui ? - une étoile : aucun astronome n’a pu l’identifier ! - des mages d’Orient, ayant vu cette étoile à l’Orient, la suivent et vont aller vers l’Occident ! - des prophètes Osée (XI-1) et Jérémie (XXXI-15) ont écrit autre chose que ce que le dossier Mt a mentionné ! (Voir dans le Tome X les pages 3 et seq.)

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- une jeune accouchée qui n’hésite pas à aller en Egypte alors que, quelques heures auparavant, elle a déjà fait le trajet de Nazareth à Bethléem ? - une affaire de Rachel qui n’est pas claire et dont divers romains spécialistes des écritures juives estiment que le texte a été trafiqué ! - un meurtre ordonné de tous les enfants en bas-âge dans Bethléem et dans toutes les régions (Mt II-16), génocide dont l’Histoire n’a jamais parlé ! - enfin un texte étrange historiquement : Mt II-22 Entendant or que Archelaus règne (sur) la Judée ακουσας δε ότι Αρχελαος βασιλευει της Ιουδαιας à-l’égal-de le père de lui Hérode αντι του πατρος αυτου Ηρωδου il craint là de s’éloigner. εφοβηθη εκει απελθειν αντι = à la face de = (souvent traduit par) à la place de) / à l’égal de / en comparaison de Car le règne d’Archelaus a ressemblé étrangement à celui d’Hérode ! Tacite a constaté qu’il y a dans le texte de Mt un très grand nombre d’incohérences historiques et il en déduit que ceux qui l’ont écrit ont ignoré, déformé ou inventé certains événements. Ce Jésus, qui naquit à ce moment précis ainsi décrit dans le dossier Mt, a eu un destin extraordinaire et il est devenu le fondateur d’une religion qui lèse fortement la religion païenne de tradition romaine. Tacite doit donc attirer l’attention de ses lecteurs sur la réalité des événements qui viennent en contradiction avec ceux décrits dans le texte de Mt, dont la conclusion logique (dans le verset Mt II-22 si on lit ‘à la place de’) est que la naissance de Jésus a eu lieu en l’année de la mort d’Hérode le Grand. (nous disons : en l’an 4 av. J.-C.) Alors Tacite donna beaucoup plus d’informations au sujet de Quirinius, attirant le lecteur dans une hésitation qui devrait l’inciter à rejeter l’un et l’autre textes :

le texte de Mt et le texte de Lc. Lecteur : Ceci est ma réaction et ma compréhension de deux textes : par Tacite et par Flavius Josèphe, mis l’un à côté de l’autre. Excuse cette exégèse, mais tu accepteras que l’histoire dans Mt, telle que souvent elle est comprise, est vraiment merveilleuse (nous disons : miraculeuse) surtout lorsque notre imagination y insère trois rois mages (ici : deux mots qui ne sont pas dans le texte) s’appelant Gaspard, Melchior et Balthazar (trois noms que je n’ai jamais rencontrés dans un texte) et lorsqu’on contemple un bœuf et un âne, l’un et l’autre réchauffant de leur souffle un nouveau-né couché sur de la paille.

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Le recensement de Quirinius - 28 -

Pourquoi TACITE a-t-il écrit sur QUIRINIUS ? - … car Tacite a voulu que son écrit permette de dater le recensement, lequel fut la cause du voyage de Joseph et Marie depuis Nazareth jusqu’à Bethléem, la ville de David - … car le recensement a été d’ordre fiscal, sinon Marie n’aurait pas été obligée d’aller à Bethléem, car jusque là, tous les recensements des juifs s’appliquaient seulement aux juifs en âge de porter les armes. Le recensement de Quirinius n’est pas un dénombrement fait selon les critères d’Israël, mais il a été appliqué en exécution d’une loi fiscale romaine : Le texte de Lc a précisé que ce recensement fut le premier qui arriva ainsi. (Lc II-2) - … car Mt a écrit autre chose : Le nom de la ville de Nazareth n’y arrive qu’après le voyage en Egypte en Mt II-23 (Sur l’emploi du mot Nazareth dans cet évangile = Voir ci-dessous : Annexe III) et l’on sait seulement que l’enfant est né à Bethléem de Judée (Mt II-1, confirmé par Mt II-5) où il est loisible de supposer que ses parents résidaient d’ordinaire. - … car Fl. Josèphe a compris que le ‘montage’ de Mt consiste à entraîner Joseph, Marie et l’enfant en Egypte, dans le seul but de pouvoir écrire ensuite l’idée force : Mt II-15 hors de (l’)Egypte j’ai appelé le fils de moi. εξ Αιγυπτου εκαλεσα τον υιον µου Voici que, dès le début du texte, cette phrase interpellera depuis tout membre de l’administration romaine jusqu’à l’empereur lui-même. En effet, il est de notoriété publique que Vespasien, général en chef dans la guerre contre les juifs, appela son fils Titus qui était en Egypte et celui-ci vint aussitôt accompagné de la légion qu’il commandait. (Cette phrase interpelle si violemment son lecteur que, ayant décidé d’ouvrir un Tome nouveau relatif à la lecture de l’évangile de Saint Matthieu « Lecture païenne d’évangile », j’ai – inconsciemment – commencé par l’analyse de ce verset Mt II-15 :

(Voir Tome X : D’Egypte j’ai appelé mon fils / Page 3) - … car Tacite, en écrivant sur Quirinius, donne des informations qui suggère que le texte de « Mt est un faux ! » - … car c’est là le but du travail de Tacite dans ses Annales : reprendre l’histoire romaine, en l’exposant sans évoquer l’existence des chrétiens et en mettant le doute dans l’esprit de tout lecteur des textes de Mt et de Lc.

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Le recensement de Quirinius - 29 -

Tous doivent savoir que Quirinius a réellement joué un rôle important au cours de l’Histoire et qu’il a été chargé, par Auguste, du recensement fiscal qui entraîna le fait que Jésus est né à Bethléem, un peu de temps après la destitution du roi Archelaus. Tous comprendront que le texte de Mt a falsifié la vérité de l’événement en blasphémant le roi Hérode le Grand, accusé d’avoir commandé l’assassinat le plus odieux de tous les petits enfants. - … Ecrivant ainsi, Tacite confirme que Flavius Josèphe a écrit la vérité, ce qui est dans la logique de la politique romaine, puisque Josèphe habitait dans la maison privée de l’empereur, celui-ci résidant dans le palais impérial. L’écrit de Josèphe offre le récit authentique des événements, d’autant que chacun sait que Titus est intervenu dans l’écriture et la diffusion des œuvres de Josèphe, que Titus est le fils de l’empereur et que son père, Vespasien empereur, est Grand Pontife de la religion romaine. Tacite suggérant que Mt est un texte fabriqué, il devient facile de comprendre que Hadrien décrètera bientôt une persécution contre tous les juifs, ceux du vrai Israël et ceux juifs étrangers.

Ainsi arriva le plus insidieux

de tous les pièges tendus

aux prosélytes chrétiens.

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Le recensement de Quirinius - 30 -

ANNEXE I

UN CONTE MERVEILLEUX :

Mt I – 1 à II - 23

_______________ Déjà j’ai exposé comment l’analyse structurale permettait de pénétrer à l’intérieur d’un texte en faisant le recensement des mots relatifs à l’ETRE et à l’AGIR de tous ses intervenants. Ceci revient à établir une liste de chaque ETAT et de chaque ACTION ou encore à répartir toutes les informations données par le texte dans l'une des deux colonnes d'un tableau. La méthode de Vladimir Propp (in : Morphologie du conte - 1929) s’applique particulièrement bien à l’analyse de l’évangile de Saint Matthieu alors que les divers travaux entrepris ont montré que cette méthode d'analyse ne convenait pas pour les trois autres évangiles.

(Voir : Tome IX : Les évangiles synoptiques - Pages 145 et seq.)

(Voici quelques extraits de ce dossier :) LA FONCTION Par fonction on entend une action d'un personnage définie du point de vue de sa signification dans le déroulement de l'intrigue. Au sujet des fonctions, Propp est arrivé à énoncer quatre séries d'observations qui peuvent être formulées de la manière suivante : 1. Les éléments constants, permanents, du conte sont les fonctions du personnage, quels que soient ces personnages et quelle que soit la manière dont ces fonctions sont remplies. Les fonctions sont les parties constitutives du conte. 2. Le nombre des fonctions que comporte le conte merveilleux est limité. 3. La succession des fonctions est toujours identique. 4. Tous les contes merveilleux appartiennent au même type en ce qui concerne leur structure.

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Propp a réussi à montrer que dans la sélection des contes merveilleux qu'il avait retenue, chaque récit, sous des formes très diverses, était agencé de la même manière parce qu'il obéissait à un même schéma et mettait en œuvre, et dans l'ordre des fonctions dont le nombre maximum est de trente et une..."

(Edouard Pousset s.j. : Préface au Livre de Julien de Pomerol) Voici quelques extraits de ce dossier : « Le schéma de Propp s'applique au récit de Mt et permet de définir sa forme… La structure de l'ensemble n'est pas aussi simple que celle des contes merveilleux en général, mais les séquences de ce récit obéissent aux lois du nombre et de la succession des fonctions des personnages dans le conte merveilleux… Nous avons découpé le texte de MT selon ses parties constitutives et avons ainsi déterminé quatorze séquences. Il ne s'agit pas pour autant de quatorze contes merveilleux juxtaposés... Il n'y a donc pas quatorze récits successifs, mais bien un seul récit dans lequel treize séquences déploient successivement la dynamique interne d'une séquence initiale contenant déjà en elle toute la richesse de l'ensemble. Nous pouvons désormais affirmer que la succession des actions des personnages dans le récit de Matthieu n'est pas due au hasard mais obéit à la logique des fonctions des personnages du conte merveilleux, telle qu'elle a été exposée par Propp dans la Morphologie du conte. Ceci ne veut nullement dire que l'auteur de cet évangile eût pensé à une telle logique. Celle-ci n'est pas dans son intention : elle est dans le texte produit. » Sur les deux pages qui suivent, mon lecteur trouvera la liste avec la définition de chacune des trente et une fonctions. Puis, sur les deux pages à la suite, il trouvera comment le récit de Mt a pu être ‘découpé’ selon les fonctions de Propp

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Mon lecteur pourra ainsi faire le constat que la méthode de Propp convient pour le texte de Saint Matthieu à cause des lois du nombre et de la succession des fonctions. Ceci n'est pas dû au hasard, mais se constate dans le texte tel qu'il a été produit afin de convaincre l'empereur de Rome en lui faisant relire, à travers le texte de Mt, sa propre histoire merveilleuse. L’histoire personnelle de Vespasien est celle d’un homme dont l'histoire s’est nouée dans le contact avec les hommes, soldats de l'armée d'Orient puis fonctionnaires de tous les ministères de l'empire. Il a dû prendre des décisions graves et importantes face à l'imprévu : bataille de Gadara, acclamations à valeur d'élection par quelques soldats romains en Egypte, puis en Mésie, enfin par ses propres troupes à Jérusalem. Il y eut des problèmes relationnels avec ses deux fils… Il y avait aussi l’héritage de ses prédécesseurs : l’incendie de la Ville, les légionnaires exigeant d’abord une solde régulière, quelles que soient les missions, puis une prime de fin de carrière… L'empereur n’a pas été le personnage d'un conte merveilleux rédigé par quelques historiens, mais il fut le personnage central d’une ‘folle aventure’, dévoué à la Ville, à l’Italie, à l’Empire, bref au Monde Romain qui était, en ce temps-là, l’ensemble du monde connu. . Le contenu du récit de la vie de Vespasien n'est pas celui des contes merveilleux car l'homme a vécu pleinement sa vie d'homme non pas comme un personnage de roman, mais comme le Sauveur d’un empire devenu l’enjeu de généraux d’armées selon les provinces lieux de leurs engagements. Lisant à la fois l’une et l’autre ‘Histoire’, celle de l’empereur de Rome, celle du Messie d’Israël, le lecteur –soit un païen romain, soit un juif – sait que l’homme ne fut pas fils de l'imaginaire, mais qu’il fut 'Fils de l'homme' pleinement homme, plongé dans l’humanité de son temps. Celui-là, le rédacteur juif du récit, pouvait inconsciemment aboutir au texte, tel qu'il l'a produit, alors qu’il pensait à la manière dont il devait rédiger l’Histoire du ‘Fils de l’Homme’ afin que l’autre, celui dont l’origine romaine était par un centurion et un directeur des impôts, puisse s’y retrouver.

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Le recensement de Quirinius - 37 -

Il n’a pas rédigé un conte merveilleux, destiné à divertir par un roman tiré de l’imagination. Le contenu du texte de Saint Matthieu ne pouvait pas être asservi aux règles de composition des contes merveilleux car Jésus a été le Messie, ou encore Dieu-Incarné, et l'Ecriture n'est pas un conte merveilleux. Il a rédigé selon sa foi, sa vérité, sa culture… mais, tout en écrivant, il vivait à la fois comme l’auteur d’un texte juif que, se voulant lecteur romain, il relisait sans cesse. Il était dans le même instant celui qui rédige et celui qui analyse son texte.

Ainsi est arrivé, dans l’évangile de Saint Matthieu

un écrit : • simultanément hautement Inspiré par l’Esprit-Saint • dogmatiquement respectueux du Dogme Saint • historiquement vrai de l’Histoire du Christ • historiquement suggestif de l’Histoire de Rome

• écrit fondateur d’Eglise

• écrit de Vérité.

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Le recensement de Quirinius - 38 -

ANNEXE II

UN MOT MERVEILLEUX : k a t a l u m a

Mt II - 7

_______________ Luc II-7 (Marie emmaillote son fils et l’étend dans une mangeoire…) pour la raison que ne pas était pour eux un lieu dans la salle en bas. διοτι ουκ ην αυτοις τοπος εν τω καταλυµατι (Ou encore :) ‘Parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle en bas’. Le mot kataluma est traduit ici par salle basse. Ce mot arrive, dans le Nouveau Testament uniquement en Mc XIV-14 et en Lc II-7 (ici) et Lc XXII-11, lequel est identique à Mc XIV-14. Dans le texte de Mc et comparablement pour le deuxième emploi de Lc, il a été traduit par le mot de salle en bas : Mc XIV-13 à 15 Et il envoie deux de ses disciples. Et il leur dit : « Partez vers la ville. Et viendra à la rencontre pour vous un homme en portant° une cruche d'eau. Suivez-le ! Et là où il entrera, dites° au maître de maison que : Le maître dit : « Où° est la salle en bas pour-moi là-où la Pâque avec mes disciples je-mangerai ? »

Που εστιν το καταλυµα µου οπου το πασχα µέτα των µαθητων µου φαγω ‘Pou estin to kataluma mou opou to Pascha meta tôn mathêtôn mou phagô’

Et lui vous montrera une grande chambre-en-haut (anagaion mega ) étalée, prête. Aussi là, apprêtez pour nous. » Lc XXII-11 (Le texte est identique à celui de Mc !) Il dit à toi le maître : « Où° est la salle en bas pour-moi là-où la Pâque avec mes disciples je-mangerai ? »

Που εστιν το καταλυµα µου οπου το πασχα µετα των µαθητων µου φαγω ‘Pou estin to kataluma mou opou to Pascha meta tôn mathêtôn mou phagô’

Mt XXVI-18 Le maître dit : « Le temps pour-moi proche est : auprès-de toi je-fais la Pâque avec mes disciples. »

Ο καιρος µου εγγυς εστιν προς σε ποιω το πασχα µετα των µαθητων µου ‘O kairos mou eggus estin pros se poiô to pascha meta tôn mathêtôn mou’

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Le recensement de Quirinius - 39 -

DANS LA VULGATE LATINE Luc II-7 Et peperit filium suum primogenitum et pannis eum involuit et reclinavit eum in praesepio quia non erat eis locus in diversorio …parce qu’il n’y avait pas pour eux de lieu dans l’auberge. diversorium = deversorium : auberge, hôtellerie, lieu où l’on s’arrête pour loger/se reposer Mc XIV-14 Ubi est refectio mea ubi pascha cum discipulis meis manducem Où est mon repas, où la pâque avec mes disciples je mangerai. refectio = repas, collation, action de se restaurer, nourriture (spirituelle) Lc XXII-11 (Le texte devrait être identique à celui de Mc !) Ubi est diversorium ubi Pascha cum discipulis meis manducem Où est le-lieu-où-nous-logerons où la Pâque avec mes disciples je mangerai. diversorium = deversorium : lieu où l’on s’arrête pour loger/se reposer, auberge, hôtellerie Pour le même mot grec : deux mots latins, mais avec divers sens ! Jérôme a-t-il éprouvé quelque difficulté ? Ou : les traductions latines ont-elles été faites à des dates différentes ? SUR LE MOT ‘KATALUMA’ Le préfixe kata donne à la racine à laquelle il s’accroche un sens qui peut signifier à la fois : vers le bas et la traduction donnera alors : salle en bas (ou encore salle basse = au rez-de-chaussée) mais aussi il peut marquer l’achèvement de l’action. En traduisant ici par salle en bas, on sous-entend que dans cette salle, au rez-de-chaussée de l’auberge, ceux qui arriveront tard, seront les derniers, comme des reclus / des refusés de la vie venus y passer la nuit. ‘Le verbe λυω = luô est souvent employé avec des pré-verbes, par exemple : καταλυω = kataluô, au sens intransitif : « loger chez quelqu’un ». En réalité, les emplois à Bethléem et à Jérusalem pour la Cène ont un sens identique et je proposerais de les traduire par Mc XIV-14 / Lc XXI-11 « Où° est la salle en bas pour-moi… Où pourrons-nous être hébergés pour manger… Lc II-7 pas un lieu dans la salle en bas …pas de lieu dans la salle commune de l’auberge !

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Le recensement de Quirinius - 40 -

A LA CENE J’ai hésité à utiliser le mot logement, car il sous-entend une demeure, idée de durée dans le temps. Or il s’agit d’un temps très limité : celui d’un repas. Je note cependant que, à la Cène, les deux disciples envoyés à la ville doivent demander une salle en bas, simplement un hébergement et que le maître de maison leur montrera bien plus qu’un simple (lieu) d’hébergement : une grande chambre en haut, étalée (et) prête. (Voir dans le Tome XIX : ‘La femme adultère’ = les Annexes I et II’) Le maître de maison a commandé qu’on aille lui chercher une cruche d’eau car il veut la mettre sur le rebord de la fenêtre afin qu’elle puisse refroidir durant la prochaine nuit ; cet homme respecte le calendrier religieux d’Israël selon lequel Pâque commence le mardi 14 nisan au soir, alors que, au Temple, ils reportent la fête au grand sabbat qui suit. Le maître de maison marque son respect pour ceux qui veulent célébrer la Pâque selon le calendrier sacerdotal et, en réponse à leur demande d’un lieu d’hébergement, il leur offre une grande chambre en haut, avec l’évocation de ce que cette dernière expression contient en comparaison avec la grande chambre haute du Temple, (lieu) de retraite et de méditation du Grand Prêtre aux jours de Yom Kippour. A BETHLEEM Luc II-7 Pour la raison que ne pas était pour eux un lieu dans la salle en bas.

ou encore : Pour la raison qu’il n’y avait pour eux aucun lieu pour les héberger. J’ai été obligé de rectifier le mot salle retenu initialement pour le texte de Mc en préparation de la Cène, et je doit préciser salle en bas, ce qui lui donne d’être un lieu où l’on peut encore offrir un abri pour tous les attardés, les retardés de la vie qui continuent à affluer à Bethléem afin de s’y faire recenser. Jésus n’aura que l’abri d’une mangeoire, YHVH Messie d’Israël n’aura aucun lieu d’utilisation humaine et il sera étendu par sa mère dans une mangeoire qui est un lieu destiné aux animaux. Les bergers (Lc II-15 à 20) et les mages (Mt II-11) viendront contempler l’enfant nouvellement né et se prosterner devant lui : « Quand tout Israël viendra pour se présenter devant YHVH ton Elohim dans le lieu qu’il aura choisi… »

(Deutéronome XXXI-11 : Voir dans le Lexique à la référence L-57)

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Le recensement de Quirinius - 41 -

DANS L’EVANGILE DE SAINT MATTHIEU Le mot kataluma est absent et il n’y a aucune demande d’hébergement. Jésus envoie les disciples et ceux-ci ont pour mission de laisser un simple avis de passage : « Auprès de toi… » (C’est à dire : chez toi) … nous viendrons manger la Pâque. Pour moi, cette absence d’un mot qui, en Mc puis en Lc a été chargé de sens (la Naissance… la Cène…) m’a interrogé fortement et, au-delà d’un simple réflexe, j’ai eu le désir intense de me faire héberger par la Tora. Voici : DANS LA TORA Le mot kataluma est d’un emploi unique dans le livre de l’Exode. Aussitôt après la naissance de Moïse suivie de l’épisode de l’arche flottant sur le Nil parmi les roseaux, après sa découverte par la fille de pharaon qui confie l’enfant à une nourrice juive, en réalité la mère de l’enfant, Moïse entre dans la vie pour être témoin de l’assassinat d’un égyptien par un hébreu. Pharaon en est informé et il cherche à tuer Moïse, lequel s’enfuit en pays de Madian. Le décor change : un puits, sept filles et du petit bétail. Moïse abreuve le petit bétail et il est invité par le père des filles qui en profite pour lui en donner une, du nom de Séphorah. D’où un petit-fils nommé Gerschom = un hôte / Ger + en ce pays, là-bas / Schom. D’où aussi Moïse hébergé par Jéthro et devenant le gardien de son troupeau de petit bétail. Le décor change : un feu de brousse, dans un buisson, un appel en écho… et l’intervention de YHVH (Kurios) qui fait sa déclaration d’identité. Il dit° : Exode III-6 « Je suis l’Elohim (Theos) de ton père, l’Elohim (Theos) d’Abraham, l’Elohim (Theos) d’Isaac et l’Elohim (Theos) de Jacob. » Alors Moïse se voila la face car il craignait de regarder vers l’Elohim (Theos). Or YHVH (Kurios) dit° à Moïse : « J’ai bien vu l’humiliation de mon peuple qui est en Egypte… Je suis donc descendu pour le libérer… Je t’envoie vers pharaon. Fais sortir d’Egypte mon peuple, les fils d’Israël. »

(Exode III-6 à 10) Questionnements de Moïse, réponses de YHVH, Moïse ne croit pas que ce soit possible. YHVH lui fait répéter une gestuelle de miracles : le bâton devenu serpent, la main blanche de lèpre. Moïse a compris et il retourne à Madian informer le beau-père de son départ vers l’Egypte.

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Le recensement de Quirinius - 42 -

Lecteur ! Prends patience ! Voici la séquence dans laquelle va arriver kataluma. Je transcris l’intégralité du texte car il s’y trouve un environnement d’expressions et de situations qui vont se retrouver dans le texte de Mt. Exode IV-… 19 « YHVH dit° à Moïse en Madian : ‘Va, retourne en Egypte, car ils sont morts tous les hommes qui en voulaient à ta vie !’ 20 Moïse prit sa femme et ses fils, les fit monter sur l’âne et retourna au pays d’Egypte. Moïse prit le bâton d’Elohim dans sa main. 21 YHVH dit° à Moïse : ‘Pendant que tu retourneras en Egypte, vois tous les prodiges que j’ai mis en ta main, tu les feras devant le pharaon ; mais moi, j’endurcirai son cœur et il ne renverra pas le peuple. 22 Alors tu diras°° à pharaon : ‘Ainsi a dit YHVH : mon fils premier-né est Israël. 23 Et je t’ai dit° : « Renvoie mon fils pour qu’il me serve ! » Si tu ne veux pas, voici donc que moi, je vais tuer ton fils premier-né.’ 24 Il arriva que, durant le voyage, dans une salle en bas (une salle commune)… εγενετο δε εν τη οδω εν τω καταλυµατι συνηντησεν αυτω αγγελος Κυριου …YHVH l’aborda et chercha à le faire mourir. 25 Alors Séphorah prit un caillou, trancha le prépuce de son fils et en toucha ses pieds. Puis elle dit° : ‘Tu es pour moi un époux de sang !’ 26 Alors, il le laissa. Elle avait dit° : ‘époux de sang’ à cause de la circoncision. »

(Exode IV-19 à 26)

…car ils sont morts tous les hommes qui en voulaient à ta vie ! Exode IV-19 tethnêkasi gar pantes oi zêtountes sou tên psuchên Mt II-20 tethnêkasin gar oi zêtountes tên psuchên tou paidiou Exode IV-22 Mon fils : premier-né est Israël Mt II-4/5 Où doit naître le Messie ? … A Bethléem ! Exode IV-23 Renvoie mon fils pour qu’il me serve ! Mt II-15 D’Egypte j’ai appelé mon fils. Exode IV-23 moi, je vais tuer ton fils premier-né Mt II-13 car Hérode va chercher l’enfant pour le perdre Mt II-16 Alors Hérode envoie exécuter tous les petits-enfants dans Bethléem…

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Le recensement de Quirinius - 43 -

Lecteur ! Voici la séquence dans laquelle arrive le mot kataluma : Exode IV-24 Il arriva que, durant le voyage, dans une salle (d’hôtellerie)… Mc XIV-14 / Lc XXI-11 La salle en bas pour-lui là-où la Pâque avec ses disciples il-mangera : Puis : Exode IV 25

‘Tu es pour moi un époux de sang !’ Puis : Mc XIV-24 ‘Ceci est mon sang de l’Alliance !’ et : Lc XXII-20 ‘Cette coupe : la nouvelle Alliance en mon sang !’

Avec l’image que tant de peintres nous font contempler :

Exode IV-20 Moïse prit sa femme et (ses) fils, les fit monter sur l’âne et se retira vers l’Egypte.

Mt II-14

Joseph prend le petit-enfant et sa mère, de nuit, et il se retire vers l’Egypte. …parelaben to paidion kai tên mêtera autou nuktos kai anechôrêsen eis Aigupton

_______________ DANS LA VULGATE LATINE : Exode IV-24 Cumq(ue) esset in itinere in diversorio occurit ei dominus et volebat occidere eum. Tulit illico Sephora a cutissimam petram et circuncidit praeputium filii sui, tegitque pedes ejus ait : ‘Spo(n)sus sanguinum tu mihi es’. Et dimisit eum postquam dixerat, sponsum sanguinum tu mihi es : ob circuncisionem.

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Le recensement de Quirinius - 44 -

FINALE Trois jours après, l’empereur a convoqué les premiers des juifs étrangers qui, à Rome, vivaient en marge de leurs frères romains orthodoxes. Quand ils furent assemblés, il leur dit : « Voici le motif pour lequel j’ai demandé à vous voir et à vous parler, car c’est à cause d’un document qui nous est récemment parvenu. Selon nos renseignements, vous en avez bonne connaissance car, dans certaines de vos réunions, vous en lisez divers passages. Dites-moi : Qu’en est-il concrètement de ce document ? » Ils lui dirent : « Parce que nous, romains, avons toujours été fidèles et affectionnés à la Ville et au monde romain, nous allons te répondre dans la Vérité. Les textes que tu évoques, nous les lisons régulièrement et nous aimons les travailler. Il s’y développe une morale et une justice, qui sont notre foi. Il est écrit : Le juste vivra par sa foi. Cette morale et cette justice nous ont été enseignées par Jésus de Nazareth et nous savons que Dieu juge selon la Vérité ceux qui agissent ainsi. Or l’ensemble de ces textes, sur lesquels tu nous interroges, ont été écrits par un de ses disciples et ils relatent sa vie, car il enseignait avec autorité, et non pas comme les scribes de Jérusalem et de toute la Judée :

Jésus fut un nouveau Moïse ! … » A ce moment précis et les interrompant, l’empereur s’est fait apporter par l’un d’entre nous le dossier de Tibère. L’empereur leur lut l’édit et, avant de les renvoyer, il a tenu à les assurer qu’il pensait diffuser à travers l’empire entier de Rome la formule de Tibère : « Verum cum consulto patrum christianos eliminari Urbe placuisset Tiberius per istum edictum accusatoribus comminatus est mortem. »

Oelenberg « Roma » / 15.01.2005

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Le recensement de Quirinius - 45 -

ANNEXE III

SUR L’ EMPLOI DU MOT : N a z a r e t h

DANS L’ EVANGILE DE SAINT MATTHIEU

_______________ Dans le texte de Mt, le nom de la ville de Nazareth arrive : Mt II-23 Et il vient habiter() vers une ville dite Nazareth. και ελθων κατωκησεν εις πολιν λεγοµενην Ναζαρετ En réponse à ce premier emploi, arrive le mot Nazara : Mt IV-13 Et abandonnant le Nazara και καταλιπων την Ναζαρα il vient habiter() vers Capharnaüm --- ελθων κατωκησεν εις ----- -------- Καρφαρναυµ (en-)la bordure-de-la-mer? . την παραθαλασσιαν Rappel : La préposition εις = eis marque la pénétration dans le lieu qu’elle désigne. C’est la raison pour laquelle elle indique toujours un lieu avec la Présence de Dieu. Il est impossible pour un pharisien ou un scribe d’aller.. vers, puisque l’un comme l’autre sont des opposants à Jésus. Ici, Jésus, fils de David, vient habiter() vers Nazareth ; puis, quittant la région de Nazara, il vient habiter() vers Capharnaüm, en-bordure-de-la-mer? de Galilée. De même, Salomon, fils de David, alla vers la ville d’Ailath, en-bordure-de-la-mer? (= Mer des Joncs / Mer Rouge), ainsi qu’il est écrit dans l’Ecriture : II Chroniques VIII-17 Alors (alla) Salomon vers le Ailath τοτε ωχετο Σαλωµων εις την Αιλαθ (en-)la bordure-de-la-mer? dans la terre d’Idumée. την παραθαλασσιαν εν γη Ιδουµαια

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Le recensement de Quirinius - 46 -

Dans le texte de Mt, le verset Mt II-23 reçoit une réponse dès que le texte fait abandonner la ville de Nazareth par le moyen de la préposition απο = apo, laquelle vient se substituer à la préposition εις = eîs : Mt XXI-11 Les or foules disaient : οι δε οχλοι ελεγον « Celui-ci est le prophète Jésus le de Nazareth de la Galilée. » Ουτος εστιν ο προπφητης Ιησους ο από Ναζαρεθ της Γαλιλαιας LA REGION DE NAZARETH Le mot Nazara n’arrive à aucun autre endroit dans le texte de Mt et son emploi en Mt IV-13 est unique. Dans l’ensemble du Nouveau Testament, il n’arrive qu’une seule autre fois, comme en écho de l’emploi de Mt, par : Lc IV-16 Et il vient vers Nazara où il était ayant été élevé°() . (où il fut éduqué) και ηλθεν εις Ναζαρα ου ην τεθραµµενος tethrammenos = participe parfait passif du verbe trephô. (Référence Lexique : x3-22)

(Sens originel de ce verbe : ‘favoriser le développement de ce qui est soumis à croissance, nourrir’.) CE JOUR – LA, A ROME… Ce jour-là, à Rome, dans notre bureau proche de celui de l’empereur, nous vivions un jour de forte chaleur et de profond silence. Nous étions occupés par notre travail quotidien lorsqu’il a frappé à la porte. Ayant entendu notre réponse, l’homme est entré. Nous le connaissions à peine, seulement comme un grammairien consacrant sa vie à l’étude des textes. L’homme aussitôt précisa le motif de sa venue : « Je viens, dit-il, de prendre connaissance d’un texte qui circule dans Rome et dont on dit que vous l’auriez répertorié en un dossier intitulé ‘Affaire Matthieu’. Un mien ami, juif étranger, me l’a transmis car il s’interroge sur la raison qui a fait écrire par l’auteur de ce texte un mot grec facile à comprendre, mais d’une telle structure qu’il semble avoir été fabriqué de façon provocante. Il s’agit du mot parathalassian, un adjectif qualifiant un lieu en-bordure-de-la-mer?. Mon ami m’a dit combien il trouvait étrange qu’un juif, habitué aux mots ne comportant que deux ou trois lettres, ainsi qu’il est d’usage dans la langue des juifs, ose insérer dans son texte un mot de treize lettres.

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Le recensement de Quirinius - 47 -

Mon ami a été frappé de ce que ce mot grec est constitué d’une ossature de sept consonnes entre lesquelles on a inséré cinq fois la voyelle ‘alpha’, fille grecque de l’aleph hébreu, lequel est le souffle insonore au commencement de l’aleph-beth. Ainsi, ce mot grec, inconnu jusqu’alors, comporte douze lettres significatives, avec une treizième lettre pour la diphtongue finale : un iota. » Ainsi l’homme expliqua la raison pour laquelle il nous demandait si, dans le dossier qu’effectivement nous avons archivé, nous n’avions pas remarqué ce signe et si, surtout, nous pouvions lui en fournir l’explication. Nous avons été très surpris de ce questionnement… jusqu’à ce que l’un d’entre nous, spécialiste de l’Histoire juive, se soit rappelé avoir déjà rencontré une semblable formulation grecque faisant intervenir ce même mot nouveau : εις την (ici : le nom d’une ville) την παραθαλασσιαν vers la.. - - - - - - (en-)la bordure-de-la-mer? Cherchant dans ses dossiers, il a retrouvé le texte et, lentement, il l’a lu, depuis avant jusque loin après, afin de tester le ou les événements aux alentours du mot. C’était un texte tiré du Livre des Chroniques : « (VIII-1) Au bout de vingt ans… (12) Salomon faisait monter des holocaustes pour YHVH sur l’Autel de YHVH qu’il avait bâti devant le Vestibule. Il les faisait monter suivant le rite de chaque jour, d’après le commandement de Moïse, de même qu’aux sabbats, aux néoménies, aux solennités et, trois fois par an : à la fête des Azymes, à la fête des Semaines et à la fête des Tabernacles… (16) Ainsi fut accomplie toute l’œuvre de Salomon depuis le jour de la fondation de la Maison de YHVH jusqu’à son achèvement. Parfaite était la Maison de YHVH. Alors Salomon alla à Esion-Gaber et Eylath sur le bord de la mer au pays d’Edom /.. II Chroniques VIII-17 Alors (alla) Salomon vers Asion Gaber τοτε ωχετο Σαλωµων εις Γασιων Γαβερ εις την (ici : le nom d’une ville) την παραθαλασσιαν και εις την Αιλαθ την παραθαλασσιαν et vers le Ailath (en-)la bordure-de-la-mer? εν γη Ιδουµαια dans la terre d’Idumée.

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Le recensement de Quirinius - 48 -

../ (IX-1 à 8) Or la reine de Saba entendit parler de Salomon et elle vint pour éprouver Salomon par des énigmes dans Jérusalem, avec une très importante escorte et des chameaux portant des aromates et de l’or en quantité, ainsi que des pierres précieuses. Elle entra chez Salomon et s’entretint avec lui de tout ce qu’elle avait dans le cœur et Salomon élucida pour elle toutes ses questions : il n’y eut aucune question qui fut insoluble pour Salomon et qu’il ne pût élucider pour elle. Quand la reine de Saba vit la sagesse de Salomon, la maison qu’il avait bâtie, la chère de sa table, l’habitation de ses serviteurs, la tenue de ses ministres et leurs vêtements, ses échansons et leurs vêtements, les holocaustes qu’il faisait monter dans la Maison de YHVH, elle en perdit le souffle et elle dit au roi : ‘C’était donc vrai ce que j’avais entendu dire, dans mon pays, de tes propos et de ta sagesse ! Je ne croyais pas à ces paroles avant que je sois venue et que mes yeux aient vu. Mais voici qu’on ne m’avait pas appris la moitié de l’ampleur de ta sagesse : tu as surpassé la réputation dont j’avais entendu parler. Heureux tes sujets et heureux tes serviteurs que voici, eux qui se tiennent constamment devant toi et écoutent ta sagesse ! Béni soit YHVH ton Dieu, lui qui s’est complu en toi pour te placer comme roi sur son trône. Parce que ton Dieu aime Israël pour le faire subsister à jamais, il t’a placé sur eux comme roi pour exercer le droit et la justice.’ » Alors que la lecture arrivait à cette finale de la parole de la reine de Saba, l’homme est intervenu : « Arrêtez ! J’ai compris ! N’est-ce pas là tout ce que mon ami me dit et me redit au sujet de Jésus afin de me convertir ? » Ce jour-là, à Rome, au milieu d’un jour de forte chaleur et de profond silence, l’ange du Seigneur est venu parmi nous et, depuis ce jour-là, nous avons pris un très grand soin du dossier Mt que nous avons mis à la place d’honneur : d’abord dans notre bureau proche de celui de l’empereur, mais aussi, pour certains d’entre nous, dans nos cœurs.

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ANNEXE IV

SUR LE DROIT DE CITOYENNETE

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1. A tous hommes libres de l’empire : En l’année 212, l’empereur Caracalla confère la citoyenneté à tous les hommes libres de l’empire. Chacun se voit imposer les mêmes devoirs et chacun doit désormais acquitter un impôt de 20 % sur les successions les legs et les affranchissements avec, en plus, l’obligation de payer les taxes diverses qu’ils payaient auparavant. (Voir dans le Tome XX le dossier sur Les impôts sous Vespasien dans la rubrique intitulée Rome) En réalité, cette mesure était prise pour renflouer le trésor public. Pour les chrétiens, la banalisation de cet impôt à tous entraîna la conséquence qu’il supprimait le droit d’en appeler à l’empereur ainsi que le ‘privilège’ de mourir par le glaive, droit qui était réservé aux seuls citoyens romains. Le supplice qui sera appliqué dorénavant sera celui des esclaves : la croix, le bûcher ou les fauves dans l’arène. 2. PAUL citoyen romain : ‘Après cela, (Paul) quitta Athènes et vint à Corinthe. Il y trouva un juif appelé Aquilas… avec sa femme Priscille… Il s’approcha d’eux et, comme il était de leur métier, il demeurait et travaillait chez eux. Ils étaient en effet, par leur technique des fabricants de tentes.’ ησαν γαρ σκηνοποιοι τη τεχνη (erant autem scenosactoriae artis.)

(Actes XVIII-1 à 3) Au sujet de l’aménagement des camps romains, j’ai lu : « Pour l’anecdote, le père de Saint Paul reçut la citoyenneté romaine pour services rendus à l’Etat romain : il était en effet fabricant de tentes pour l’armée. »

(F. Gilbert : Le soldat romain / Editions Errance / 2004)

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Le recensement de Quirinius - 50 -

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