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BULLETIN DE LIAISON DES USAGERS DU CENTRE CULTUREL ANDRÉ MALRAUX Έ AUÃ Ή www.facebook.com/au.ccam ARTISTE EN VUE Sans territoire Įxe CréaƟon 2015 - Compagnie Ormone - Chorégraphie d’Aurore Gruel Le Président Christian Vincent édito ( ... Ö ) B iennale de danse en Lorraine # 54 / octobre 2015 P ar quel mot commencer ? Ils aŋuent et ne me saƟsfont pas. Trop évidents, trop pauvres, trop présomptueux, trop réducteurs ou trop vastes… Parler d’un spectacle, chose qui est quand elle joue, chose écrite/inscrite dans une autre langue que celle des mots, un écrin de sensibles ! J’arƟcule des formes et compose avec d’autres. Face à moi : le vivant. La poussée de l’intuiƟon, la convergence d’énergies et de talents au service d’une proposiƟon commune. Nourrir, creuser, œuvrer, quesƟonner, susciter l’étonnement ceƩe émoƟon causée par un événement ou une réalité qui conduit à se poser des quesƟons du fait de son caractère inhabituel, inaƩendu, étrange, diĸcile à expliquer. SANS TERRITOIRE FIXE repose sur plusieurs éléments et n’est pas linéaire. C’est un travail d’équipe, un tout fait de parƟes : un CORPS VIVANT. Est-ce que je poursuis maintenant qu’il est dit que c’est un corps vivant ? UN CORPS VIVANT, cela pourrait suĸre. Cela dit tout : la simplicité, la complexité, la légèreté, la gravité… Des parƟes ont formé un corps au terme d’un processus de créaƟon dont les modes de recherche se sont inventés dans le faire. Chorégraphe Concrète c’est ainsi que m’a déĮnie, lors de ceƩe créaƟon, Hervé Birolini, compositeur, avec qui je partage une complicité depuis 2008. (Vous pourrez pénétrer dans le processus de fabricaƟon de ceƩe pièce grâce au documentaire « Tout un art de la fabrique – Retour sur la fabricaƟon de SANS TERRITOIRE FIXE » réalisé par Delphine Ziegler qui en a suivi chaque étape et qui sorƟra lors des représentaƟons des 2 et 3 octobre au CCAM). Un espace de créaƟon est une étuve où le vivant est dilaté. Il faut trouver une alchimie entre les ingrédients : une composiƟon des forces en présence où leur addiƟon ne provoque pas leur dissoluƟon. SANS TERRITOIRE FIXE oīre un plateau où plusieurs projecƟons sont possibles. Un monde qui déraille, un monde qui ne sait pas, un monde qui tourne. Le mouvement est au centre de ceƩe pièce : mouvement des corps dansants, scénographique et musical… SANS TERRITOIRE FIXE, un univers aux teintes oniriques. Il remue, désaxe, désarƟcule le réel, le bouleverse. C’est un voyage, une traversée dans plusieurs régions de l’être. Il n’y a pas de Territoire Fixe car nous sommes dans un monde mobile les images, les états, les énergies, glissent et s’enchevêtrent subrepƟcement. Ce jeu La rentrée 2015 s’eīectue sous le signe de la danse contemporaine. La Biennale de danse en Lorraine pointe le dynamisme de la créaƟon et la curiosité des publics de l’ensemble du territoire lorrain et de nos voisins frontaliers. Avec le Centre Culturel André Malraux, l’ACB de Bar-le-Duc, le Carreau de Forbach, le CCN Ballet de Lorraine de Nancy et de l’Arsenal de Metz, la danse contemporaine va vivre deux mois de fête, placée sous les projecteurs de la biennale. L’AUccam se doit d’accompagner ceƩe manifestaƟon.

Raisonnances n°54

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Page 1: Raisonnances n°54

BULLETIN DE LIAISONDES USAGERS DU CENTRE CULTUREL ANDRÉ MALRAUX

AU

www.facebook.com/au.ccam

ARTISTE EN VUE

Sans territoire xeCréa on 2015 - Compagnie Ormone - Chorégraphie d’Aurore Gruel

Le Président

Christian Vincent

édito

( ... )

B i e n n a l ede danseen Lorraine

# 54 / octobre 2015

Par quel mot commencer ? Ils a uent et neme sa sfont pas. Trop évidents, trop pauvres,trop présomptueux, trop réducteurs ou trop

vastes… Parler d’un spectacle, chose qui est quand ellejoue, chose écrite/inscrite dans une autre langue quecelle des mots, un écrin de sensibles !

J’ar cule des formes et compose avec d’autres.Face à moi : le vivant. La poussée de l’intui on, laconvergence d’énergies et de talents au service d’uneproposi on commune. Nourrir, creuser, œuvrer,ques onner, susciter l’étonnement ce e émo oncausée par un événement ou une réalité qui conduità se poser des ques ons du fait de son caractèreinhabituel, ina endu, étrange, di cile à expliquer.

SANS TERRITOIRE FIXE repose sur plusieurs élémentset n’est pas linéaire. C’est un travail d’équipe, untout fait de par es : un CORPS VIVANT. Est-ce que jepoursuis maintenant qu’il est dit que c’est un corpsvivant ? UN CORPS VIVANT, cela pourrait su re. Celadit tout : la simplicité, la complexité, la légèreté, lagravité…

Des par es ont formé un corps au terme d’unprocessus de créa on dont les modes de recherchese sont inventés dans le faire. Chorégraphe Concrètec’est ainsi que m’a dé nie, lors de ce e créa on,Hervé Birolini, compositeur, avec qui je partage unecomplicité depuis 2008. (Vous pourrez pénétrer dans

le processus de fabrica onde ce e pièce grâce audocumentaire « Tout unart de la fabrique – Retoursur la fabrica on de SANSTERRITOIRE FIXE » réalisépar Delphine Ziegler quien a suivi chaque étapeet qui sor ra lors desreprésenta ons des 2 et3 octobre au CCAM). Unespace de créa on estune étuve où le vivantest dilaté. Il faut trouverune alchimie entreles ingrédients : unecomposi on des forces

en présence où leur addi on ne provoque pas leurdissolu on.

SANS TERRITOIRE FIXE o re un plateau où plusieursprojec ons sont possibles. Un monde qui déraille,un monde qui ne sait pas, un monde qui tourne. Lemouvement est au centre de ce e pièce : mouvementdes corps dansants, scénographique et musical…

SANS TERRITOIRE FIXE, un univers aux teintesoniriques. Il remue, désaxe, désar cule le réel, lebouleverse. C’est un voyage, une traversée dansplusieurs régions de l’être. Il n’y a pas de TerritoireFixe car nous sommes dans un monde mobileoù les images, les états, les énergies, glissent ets’enchevêtrent subrep cement. Ce jeu

La rentrée 2015 s’e ectue sous le signe de la dansecontemporaine. La Biennale de danse en Lorrainepointe le dynamisme de la créa on et la curiositédes publics de l’ensemble du territoire lorrain et denos voisins frontaliers.Avec le Centre Culturel André Malraux, l’ACB deBar-le-Duc, le Carreau de Forbach, le CCN Ballet deLorraine de Nancy et de l’Arsenal de Metz, la dansecontemporaine va vivre deux mois de fête, placéesous les projecteurs de la biennale.L’AUccam se doit d’accompagner ce e manifesta on.

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ARTISTE EN VUE

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( ... ) des transforma ons et des retournementsest central. Construc on d’une terre, d’un univers àmul ples face es qui vise un idéal de coexistence. Unetectonique des plaques où se dévoilent di érentesstrates, un monde suspendu où le temps se dilate etoù, des choses hétérogènes se me ent en dialogue.C’est une expérience des sens, une plongée dans unespace c onnel et symbolique : une féérie onirique.(Remarque : lors de la première représenta on,depuis la régie, je pouvais sen r le mouvement desspectateurs).« Suivre un trajet, est, je crois, le mode fondamental que les êtres

vivants, humains et non humains, adoptent pour habiter la terre…Même si ces lignes sont généralement sinueuses et irrégulières, leur

entrecroisement forme un tissu uni aux liens serrés… »Tim Ingold – Une brève histoire des lignes

« Le voyageur itinérant adapte constamment son mouvement – sonorientation et son rythme – à ce qu’il perçoit de l’environnement en

train de se découvrir sur son chemin »Tim Ingold – Une brève histoire des lignes

Trois gures sont incarnées par Lucile Guin, AnneMarion et Élodie Sicard. Chacune porte un onirismesingulier celui d’ « Iris », de « Pénélope » et de« Lactée » sur lequel un focus est fait lors de lapremière par e de la pièce (« Temps des Solitudes »).Un cadre en suspension dans lequel on découvreune silhoue e qui marche, chute, danse la terre.Elle ouvre une première spirale, s’e ace alors qu’uneautre est apparue. Lactée : Onctuosité, con dences,débordements, tension vers quelque chose de plusspa al, elle trace ses courbes, aimantée à un pointrouge qui est son centre. Intrusion des autres gureslors de ce e séquence : des sons générés par l’unequi ouvre la constella on d’une autre. Traveling d’un« personnage boîte » qui glisse dans l’espace et ouvreun arrière plan, avant de découvrir une nouvelle airede jeu. La table de Pénélope, la mystérieuse, quis’e ace dans une première tempête… Trois êtres selivrent : part de secret, jeu d’énigme, quête de sens(dans tous les sens du terme), où la dérision se mêleà la gravité.

Après ces trois premières constella ons « solo »,la terre commence à trembler sous les pieds d’Irisqui annonce une bascule vers un « percutage desprésences » et un temps de chaos teinté de jeuxenfan ns, sur une musique qui rythme le pas de cesfemmes fantassins. Une explosion, un trop plein puis,une image se xe dans un cadre, la peinture des troisvisages. Les trois reprennent leur sou e, dans unarrêt…une autre tempête s’annonce déjà, celle d’uneépure, d’un espace blanc où le mouvement ne peutpas être sans l’appui de l’autre. Solitaires et solidaires,elles engagent une marche perpétuelle, symbole desmonts et vallées, des pics et des creux, des ascensionset des descentes. Elles disparaissent…on imagine lechemin qui se poursuit, dans l’empreinte de leurs paset les échos de leurs passages. Seuls, restent, un cadresuspendu, 3 hauts parleurs qui se balancent, avant quele silence et le noir se fassent.

Le corps scénographique : A ce sujet, je désirais unescénographie mobile. En partageant mes idées etprojec ons avec Olivier Irthum nous avons avancésur plusieurs pistes. Finalement ce sont des formessimples qui sont apparues pour ce e scénographie :plans, lignes, cadres, boîtes. Des formes simples qui

vont se modi er tout au long de la pièce et quiintègrent des éléments de lumière et de sons.

Le corps musical : « Quand Aurore Gruel m’a proposéce e nouvelle partition, j’ai immédiatement rapproché lespersonnages de mon enfance des personnages qu’elle tirede ce e recherche dansée. J’ai suivi les pérégrinations deces femmes qui ont arpentés tous ces territoires. C’étaitcomme regarder un disque épuiser son sillon, un saphirchorégraphique qui se posait sur les territoires qu’ellessondaient. » Hervé Birolini

Hervé Birolini coud la musique sur les corps,une « choréosonie » si je puis dire. Il joue endirect, depuis la régie au côté d’Olivier Irthumqui respire et rythme la lumière, en fait, ils sontsur le plateau.

Retour d’un spectateur à ce sujet (janvier 2015)« Un propos sonore, qui ne vient jamais déborder lesdanseuses (les submerger, prendre leur place) même sielles sont mises à l’épreuve avec les motifs arythmiqueset atonaux... le jeu est très justement dans les relations/tensions entre elles et toi. La mise en espace avec la mul-ti-di usion aide aussi grandement à ne pas considérer leson uniquement comme un décor, mais bien comme uneconstruction en trois dimensions qui s’intègre/se mêleaux danseuses. Tu n’es pas sur scène, mais en fait Tu y es.On sent que ton son était dans les pas, et pas une simplesurface jetée aux oreilles des spectateurs. Jamais tu es tropprésent, même quand tu es fort (les guitares disto/delayen loop), jamais quand tu disparais tu n’es plus là parceque tu laisses une trace. Je n’ose pas imaginer le boulotde fou... et les heures à répéter pour trouver ce e fluiditéintégrale. »

L’émo on du corps ne se tarit pas : ce e beauté descorps qui se livrent, quand ils sont justes… La recherchede ce e justesse est tout un aspect du travail. SANS

TERRITOIRE FIXE permet une liberté au sein d’unepar on. La structure et l’écriture de la pièce sontlà, mais à chaque mise en jeu, c’est une nouvellepar e qui s’engage. Elle n’est jamais exactement lamême car elle dépend de la manière dont elle seratraversée et reçue. Il y a des zones de non contrôle. Unkaléidoscope où les sens se me ent en mouvement :un nombre ni d’éléments dans un espace clos quiautorise un nombre indé ni de combinaisons, gurequi réconcilie les termes apparemment opposés de lapermanence et du changement, de l’iden té et de ladi érence.

Un projet abou ? En tous les cas il n’a pas avorté,SANS TERRITOIRE FIXEexiste et je remercie toutesles personnes qui se sontengagées à nos côtés pourrévéler ce e forme. Çapourrait ne pas exister, onsait ô combien tout celaest fragile et à bien desendroits. Il reste à découvrir,la créa on ne peut pass’arrêter, ce n’est jamais ni.A présent, c’est à traversd’autres regards que savie doit se poursuivreet, en guise de points desuspension, je laisse laparole à un spectateur dontje vous con e ce MOI J’Y AIVU :« Moi j’y ai vu un question-nement magni que sur laplace de chacun par rapportaux autres, les obstacles de lacommunication, la force dela poésie pour aller au delàdes mots, une gifle au confor-misme, un dé aux stéréotypeset aux idées toutes faites. Ona passé une soirée hors dumonde, hors du temps, un purmoment onirique parfait... »

(Spectateur présent enjanvier 2015 lors de lacréa on de la pièce, il se dit« à peu près ignare en danse, et

pourtant » il a « beaucoup aimé parce que rien n’est forcé :les danseuses n’imposent ni leur présence, ni leur propos.Elles laissent beaucoup de place au spectateur pour venirà elles, et chercher sa propre compréhension des pas etde la chorégraphie. Elles donnent à s’émouvoir, mais lespectateur peut et doit faire le chemin restant pour saisirles moments oniriques. »

Aurore Gruel

Spectacle présentévendredi 2 octobre à 20 h 00 et samedi 3 octobre à 19 h 00

au CCAM

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ARTISTE EN VUE

Spectacle de la Dis llerie collec vecréé au CCAM les lundi 16 et mardi 17 novembre 20 h 30

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Créa on chorégraphique et sonore - Cie La dis llerie collec ve / Marie Cambois & Jean-Philippe Gross

We killed a cheerleader 3.5

LE DÉBUT2007 Jean-Philippe et moi-mêmeévoquons l’idée de collaborer à un même

projet. Nous décidons d’aller vers un travailécrit, de me re de côté l’improvisa on que nouspra quons beaucoup par ailleurs. Jean-Philippepropose une pièce sonore qu’il souhaite di usersur un seul haut-parleur. C’est une pièce de 25minutes en deux par es dis nctes. La premièrede 10 minutes est une succession de fréquencespures entrecoupées de silence, la secondeest un seul et même con nuum d’infrabassesde 15 minutes. Dès la première écoute, jeprends conscience qu’il me faudra aborder lemouvement et son écriture d’une toute nouvellefaçon. L’épure, la répé on et les durées dece e musique, indiquent de manière évidente latournure de l’écriture chorégraphique : abstraite,minimale et peu démonstra ve.

LE CHEERLEADING COMMEPRETEXTE À ÉCRIRE DUMOUVEMENTMais dans ce cas, pourquoi unmouvement plutôt qu’un autre ?C’est presque une blague qui varépondre à ce e ques on. Audétour d’une discussion, Jean-Philippe me raconte son goût pourles lms américains de série B,autour du football et des pom-pomgirls. Le prenant au mot, je visionnedes vidéos de cheerleading etpropose d’y piocher des séries demouvements, de les dépouiller deleur aspect « excessif » et d’opérerune réduc on jusqu’à ce qu’ilsdeviennent méconnaissables.Ce e manière de faire m’apermis d’écrire la par onchorégraphique, sans avoir àchoisir les mouvements pour leursens, leur beauté ou leur intérêt, mais parcequ’ils pouvaient devenir, comme le son, unema ère abstraite. C’est à par r de ce postulatque le travail de recherche, celui de traiter lemouvement et le son de la même manière, aréellement commencé.

Le premier volet, WE KILLED A CHEERLEADER 1.1(pour une danseuse et un haut-parleur) a été créé authéâtre du Saulcy à Metz en novembre 2008. C’est ladanseuse Aurélie Gandit qui a interprété la par onchorégraphique lors de ce e première.

DÉPLIER LE PROCESSUSL’envie de faire une série avait été évoquée dèsle début du travail et très vite nous nous sommesa elés à un deuxième volet, conçu pour deuxdanseuses et deux haut-parleurs. Le premieravait été traité comme un aplat, la danseuseà côté du haut-parleur en avant-scène, pas

de déplacement et une frontalité absolue. Cedeuxième volet a été abordé avec la volonté debriser ce e frontalité et de donner au spectateurplusieurs points de vue et d’écoute possibles. Touten gardant le même vocabulaire chorégraphique,ce e fois-ci les danseuses se déplaçaient etchangeaient d’orienta on. La circula on possibledu public, autour de la performance, renforçaitencore ce nouvel aspect de la pièce.

Pour ce volet nous avons écrit synchroniquementles par ons sonore et chorégraphique. Nousavons cherché volontairement une « fusion »entre la qualité du son et celle du mouvement.Nous avons demandé à Hugo Roussel, designergraphique et comme nous, membre fondateurde La dis llerie collec ve, de ré échir à lascénographie avec la même épure que tous leséléments cons tu fs du projet. Sa par cipa onest venue compléter le travail d’espace quenous avions ini é, et comme nous cherchons

toujours à le faire, à créer une perturba onà par r d’éléments extrêmement simples etprimaires. En l’occurrence pour lui, trois bandesde ga er noir posées sur le tapis de danse blanc,en rela on aussi bien avec les deux danseusesqu’avec les deux haut-parleurs.

WE KILLED A CHEERLEADER 2.2 a été créé en mai 2011au CCAM-Scène na onale de Vandœuvre-lès-Nancypendant le fes val Musique Ac on avec Aurélie Ganditet Marie Cambois.

WE KILLED A CHEERLEADER 3.5 - L’ÉQUIPELotus Edde-Khouri et Morgan De Quellen, toutes deuxdanseuses, ont rejoint l’équipe et se sont emparéestrès vite de l’esprit de notre travail. Hugo Roussel retoujours ses bandes de ga er mais sa mise en œuvreest très di érente. Philippe Colin, lui aussi membrede La dis llerie collec ve, crée la lumière de la pièce,ce qui est une nouveauté, les deux précédents voletsayant toujours été actés dans un plein feu sans aucunmouvement de lumière.

LES PLANS COMME NOUVEL ÉLÉMENTNous sommes actuellement en train de nirl’écriture du 3.5 pour trois danseuses et cinqhaut-parleurs. Jean-Philippe et moi avionsprojeté pour ce troisième volet d’ouvrir encored’avantage l’espace de jeu tout en conservantle vocabulaire chorégraphique et sonore ini alet perme re ainsi aux spectateurs-auditeursd’avoir accès à di érents plans, tant au niveau del’écoute qu’au niveau du regard.

Nous parlons maintenant de « calques ». Nousentendons par là, les di érentes ma ères quicoexistent sur le plateau, chorégraphique,sonore, scénographique et lumineuse. Par lajuxtaposi on et la superposi on de ces di érentscalques, et selon leur agencement, nouscherchons à abou r à de nouvelles formes derela ons pour notre projet. Rela ons entre cesdi érentes ma ères, mais aussi entre l’espaceet le temps, entre le public et les performers. Si

ces calques dialoguentintentionnel lementou non, s’ils peuventconverger ou s’éclater(prendre un contre-point), ils se travaillenttous «en live», auxaguets et en tensionles uns des autres.Leur addi on nousintéresse car elle peutparfois changer ladonne : notre par onse construit sur le l,en alerte.

Nous avons égalementdécidé d’augmenterla durée de la pièce.Nous é ons jusqu’alorssur des formats courts,autour de 25 minutes.

Ce troisième volet devrait durer 45 minutes.

Marie Cambois

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DANS LE R TROVISEUR

Quelques unes des images captées par les photographes de l’AUccam

Musique Ac on 2015

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DANS LE R TROVISEUR

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Photo Spectacle

1 J.M. Dandoy Five winds

2 J. Joannes Enfants de la terreur

3 J. Joannes Oshima

4 J.M. Dandoy Apertures

5 G. Savin EPO+LSD+Oliver Lake

6 G. Savin Cabaret discrépant

7 J. Joannes Azéotropes

8 G. Savin Nomos

9 J.M. Dandoy Krupuk

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Parce que l’accès à la culture doit être pourtous, pour chacun, dans un souci d’équité et derefus que ce e mission ne soit con ée qu’aux

familles, c’est-à-dire aux logiques sociales et à leurinjus ce, parce que les rencontres avec l’art et laculture sont fondamentales dans la construc on del’enfant puisqu’elles favorisent la tolérance, éduquentle regard et l’écoute, ques onnent, développent lacréa vité et la sensibilité,Parce que les di érentes capacités devant sedévelopper à l’Ecole ne peuvent se faire dans le vide,l’associa on ICAR (Ini a ve Culturelle et Ar s que deRencontres) est née en 2005 bien décidée à placer laculture et l’art au cœur du système éduca f. *

Chaque année, elle organise une semaine desarts pendant laquelle une cinquantaine d’ar stesenvahissent l’ensemble scolaire et vont à la rencontredes 1 500 élèves de 2 établissements de la région.Cet événement contribue à l’appropria on de savoirs,de compétences et de valeurs citoyennes.

Ce e année, les élèves d’une classe de CM2 avaientpour mission de créer un journal pour raconter cesrencontres avec la créa on contemporaine. Ils ontinterviewé les ar stes, fait des recherches, appris lescontraintes liées à l’ar cle de presse et se sont a elésà la rédac on de leurs ar cles faisant prendre ainsitout leur sens aux composantes de notre langue :grammaire, orthographe, conjugaison, vocabulaireet orthographe liés par l’exigence d’une produc oncommunicable à tous.

Véronique Basile

* Icar est accompagnée et soutenue par le CCAM et laGalerie Lillebonne

La «semaine des arts» chez les scolaires

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Du 18 au 22 mai 2015, rencontre entre de jeunes élèves et des ar stes

DANS LE R TROVISEUR

Depuis quelques semaines, nous apprenons àrédiger des ar cles de presse sur des sujets que

nous avons choisis.C’est dans le cadre de ce travail que nous avonsaccueilli Gérard Savin, journaliste à l’Est Républicainet Jean Marie Dandoy, responsable d’un périodiqueculturel.- Comment devient-on journaliste ?- Qui travaille dans un journal ?- Que fait un rédacteur en chef ?- Comment les journalistes se répar ssent-ils le travail ?- Comment être un bon interviewer ?- Comment traiter un interview ? Que garder ?- Comment écrire un bon ar cle ?- Comment trier les informa ons ?- Quel point de vue choisir ?- Comment choisir la photo pour illustrer un ar cle ?- Qu’en est-il du droit à l’image pour les journalistes ?- Les règles sont elles di érentes quand on écrit dansun quo dien ou dans un hebdomadaire ?

Quelques ar cles rédigés par les élèves :Le jeudi 21 mai au gymnase Saint Léon, à l’occasiondu fes val des arts qui se déroule du 18 au 22 mai,Aurore Gruel et sa compagnie ont interprété Couleursd’ombres devant l’ensemble scolaire Saint Léon IX .Ce e gymnaste est connue mondialement. Elle acommencé la danse à 5 ans, tandis que ses collabora-trices, elles, ont débuté l’expression corporelle à 8 et4 ans.Aurore Gruel : « La danse est exigeante maisquand on est sur scène on est plongé dans sesrêves. Le spectacle vivant est un parcours devie, de partage, de rencontre et de sérénité.»Aurore Gruel et sa compagnie, ensemble depuis 2013,font des spectacles de danse.

Couleurs d’ombres est un magni que spectacle queles élèves ont adoré.

Equilibre entre souplesse et force, jeu d’ombres etcontrastes de luminosité, musique actuelle et silence..

Courez le voir, nous vous le conseillons.

Nathan H. et Titouan L.

Le vendredi 22 mai 2015 à 11h20, la musicienne YukoOshima est venue à l’école St Léon XI pour par ciperau fes val des Arts .

Rencontre :Mme Oshima est d’origine japonaise, elle a commencéà être ba euse à 18 ans. Cela fait 10 ans qu’elle fait dela percussion.La musique pour elle c’est sa vie. Elle joue d’autresinstruments comme le piano et la basse .Elle est devenue ba euse car Yuko aime le son !!

Vinciane et Emma

Nous avons interviewé Thierry Laroche, photographeprofessionnel qui exposait à la salle ICAR à l’occasionde la semaine des arts.

L et A : « Depuis quand êtes-vous photographeprofessionnel ?T. L : J’ai toujours été passionné par l’image. Avant dedevenir photographe professionnel à l’âge de 40 ans,j’étais régisseur lumière dans les spectacles.L et A : Ce mé er vous plaît-il ?T L : Oui cela me plaît énormément.Nous avons regardé l’exposi on.L et A : Pourquoi prenez-vous vos photos en noir etblanc ?T L : Car le spectateur se concentre sur les couleurs etnon sur l’image.

L et A : Travaillez-vous en par culier avec un ar ste ?T L : Oui avec Frédéric le Junter un musicien-inventeur.L et A : Le connaissez-vous personnellement ?T. L : Oui et je prends des photos de ses spectacles.»

Nous avons clos l’interview pour pouvoir laisser ThierryLaroche faire découvrir son mé er au restant de laclasse. Il nous a expliqué que pour lui, la photographie,c’est sa passion !

Antoine Marion et Louis Husson

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L’AUccam (Association des Usagers du Centre Culturel André Malraux)

c’est :

- un regroupement de curieux et de passionnés de la création artistique contemporaine,- un vecteur de communication, un lieu d’échanges (bulletin Raisonnances, site Internet, rencontres artistes-public...),- un soutien à la Scène Nationale (l’AUccam participe à son conseil d’administration),- une association créée en 1999, régie par la Loi de 1901, soucieuse d’apporter un complément au programme d’activité du CCAM.

Les rendez-vous de l’AUccam et l’intérêt d’en être membre :- l’accueil à l’entrée de la plupart des spectacles,- l’envoi à domicile de Raisonnances à la rédaction des articles duquel ses membres sont invités à contribuer,- les invitations à plusieurs spectacles programmés au CCAM,- des avantages tarifaires sur les entrées aux spectacles ainsi qu’auprès de plusieurs organismes culturels partenaires,- les réunions de ses membres pour assurer son fonctionnement statutaire (conseil d’administration, assemblée générale annuelle).

Alors, rejoignez-nous ! (bulletin d’adhésion au verso)

ARTISTE EN VUE

Go go go, said the bird Danse - Cie Li(Luo) - Camille Mutel

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Au CCAMles mercredi 2 et jeudi 3 décembre à 20 h 30

ARTISTE EN VUE

( Human kind cannot bear very much reality )

La nouvelle créa on de la compagnie Li(luo) emprunte àT.S. Eliot quelques vers de son poème Four Quartets, pourse tailler un tre, et associer au projet chorégraphique

en cours un possible sens de lecture : ce à quoi la natureinvite, l’humanité ne semble pouvoir le supporter.

Désirs à suivreTrois interprètes sont en scène : la chanteuse IsabelleDuthoit, le danseur Philippe Chosson et la chorégraphe etdanseuse Camille Mutel. Ce e dernière a conçu pour sescompagnons une trame dramaturgique dans laquelle chacunaventure sa singularité. Les situa ons scéniques auxquellesils sont confrontés ensemble ques onnent la possibilité, ouplutôt, l’impossibilité de rapports – sexuels – entre eux. Lastructure de la pièce est agencée de sorte que le désir puissese manifester, s’engou rer dans les corps tel un coup de ventdans une ruelle... sans cer tude qu’il le fasse néanmoins.Les interprètes en scène ont pour tâche d’en construire lesappari ons, d’en canaliser mé culeusement les étapes,a n de traverser et se laisser traverser, pudiquement, pardivers ux de désirs possibles. Ils jouent des gammes dedésirs innomés, de l’invita on à la tenta on, en passantpar l’inhibi on et l’ini a on, en faisant valoir la spéci citédu travail des corps en scène, qui est de ne pas désigner,discourir ou cerner mais travailler avec la possibilité d’undésir au présent.

Ero sme abstraitCamille Mutel a longuement travaillé les sources de ce epièce pour donner toute sa place à la mise en expérience.Qu’il s’agisse de la sienne, de celle des interprètes en scène,mais aussi celle du public au moment de sa rencontre avecl’oeuvre.Pour que la ques on de l’éro sme soit abordéerigoureusement, il importe qu’elle suscite en chacun unevigilance à ses propres représenta ons et aux gestes porteursd’imaginaires. S’il y a une ambi on, c’est celle de ne pasdétourner le désir de son mouvement, qu’il soit élaboréou spontané, vers l’inconnu en soi et en l’autre, pour en

la parole de l’oiseau : écoute et vas vers ton désir. À quoi lepoète associe un constat presque désabusé mais primordial :le désir en tant que réalité est trop complexe pour être suivi,compris, écrit, parce que nous ne pouvons pas supporter outoucher l’objet de notre désir. Il échappe, cet « obscur objetdu désir », qu’on ne cesse (go, go, go) de chercher, acharnés,en répétant inlassablement les mêmes schémas. C’est alorsaux ar stes qu’incombe la tâche de descendre profondémenten soi pour jalonner, pour faire jaillir les traits et les tracesdes désirs.

Réalité de l’artA n de saisir la sub lité de cet espace entre des corps et lesdésirs qui les meuvent, Camille Mutel fait appel à la réalitéde l’art, partant d’expériences « universelles » pour aller versl’individuel, et façonnant ainsi une méthode de composi oninédite pour elle : de loin en proche. Elle s’inspire parexemple d’images (la fresque dionysiaque de la Villa desMystères à Pompéï, la Conversa on sacrée de Piero dellaFrancesca, La Naissance de Vénus de Bo celli, le Déjeuner surl’herbe de Manet), dont elle détourne les mo fs, les objetsou les ambiances pour élaborer des condi ons scéniquespropres à révéler des intui ons (de sens, de geste, d’a tude)qui voilent et dévoilent les désirs. Elle u lise la référenceéro que de l’oeuf, hautement codi ée, de l’Histoire de l’oeilde Bataille à l’Empire des sens d’Oshima, et des extraits detextes de Marguerite Duras, Emily Brontë, James Joyce etChantal Ackerman. Autant de supports sollicités en espérantfaire trembler l’in mité en toute pudeur.Les voix d’Isabelle Duthoit, ses sons de ventre, ses chantssensuels, ses intui ons et inspira ons mul ples, sou ennentl’artefact chorégraphique en con nuant de fabriquer etsuivre du désir avec les deux autres interprètes en scène.Les photographies et la vidéo de l’ar ste japonais OsamuKanemura, contrastent la temporalité « hors du temps » dece e pièce, et « urbanisent » son propos, en situant l’enjeude l’éro sme dans une dynamique citadine e rénée maiscapable d’une grande poé que.

Ninon Steinhausser

concevoir une écriture (cela prend ici la forme de danses, de chants, d’images). C’est ce que la chorégraphe entend dans

Page 8: Raisonnances n°54

FRAGILE(S) - Exposition galerie Robert DoisneauPhotographie et action architecturale de Jean Revillardet Guilhem Vincent

...en cours et jusqu’à samedi 17 octobre 2015

Bulletin édité par l’association loi 1901 "AUccam" - Rue de Parme - 54500 VANDŒUVREResponsable de la publication : Christian Vincent - Comité de rédaction : Jean-Marie Dandoy - PAO : Michel Simon - Dépôt légal en cours

Ne soyez pas seulement spectateur, soutenez l’ac on de l’associa on des usagers du centre culturel André Malraux. Adhérez ! Prenez votre carte !

montant de l’adhésion : 12 €

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Mais encore...

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Prochains rendez-vous

en entrée libre

MUSIC TO DANSEInstallation vidéo de Jean Yves Camus et Emmanuel Jolly d’invitationà la danse

du vendredi 2 octobre au jeudi 3 décembre

INVENTAIRE - Exposition galerie Robert DoisneauVernissage des photographies d’Arno Paul

jeudi 5 novembre à 19 h 00

A la médiathèque Jules VerneConférence dansée avec Marie Cambois et Jean-Philippe Gross

vendredi 6 novembre à 19 h 00

A la médiathèque Jules VerneLA NUIT DU CONTE - Invité : V. Battiato

vendredi 21 novembre à 21 h 00

Charnières : la contre-culture à la loupeTHEATRE ET POLITIQUEConférence et débat - Les Patries Imaginaires et Olivier Neveux

Vendredi 4 décembre à 20 H 00

Charnières : la contre-culture à la loupeUNE HISTOIRE DU MOUVEMENT FEMINISTENadja Ringart

mardi 8 décembre à 20 H 00

MOLITOR #08 - Exposition galerie Robert DoisneauVernissage du huitième volet de l’atelier photographique de l’ENSADautour du chantier ARTEM

mardi 15 décembre à 19 H 00

Libre propos : J.L. Houchart parle des talents d’Isabelle Duthoit

LA VOCALYSA(C)TION D’ISABELLE DUTHOIT,OU «SI CHANTER VA SANS DIRE !»*

Révélée en tant que clarine ste de grande valeur dès sa première presta on au CCAM - en compagnie notammentde Jacques DI DONATO, Isabelle DUTHOIT «donne (aussi) de la voix» depuis une décennie, et l’émancipa on de sa

vocalysac on, par culièrement remarquable lors de Musique Ac on 2014 (en solo à la Médiathèque Jules Verne), ladétermine comme l’une des plus prégnantes improvisatrices vocales de ce début de siècle.On put encore apprécier sa valeureuse ambivalence musicale lors de la saison 2014-2015 (cf. la créa on de YUJ, en avrildernier, avec l’ensemble ]H[iatus et la compagnie Les Décisifs), mais encore lors du fes val 2015 avec sa contribu on àla pièce de la compagnie Roland Furieux «Mevlido appelle Mevlido» au TGP de Frouard.

Duthoit s’adresse au toi, mais à l’Autre qui est en nous, subrep ce, et c’est important au sens où ce n’est pas au moi -au même - comme ce n’est pas son moi qui vocalyse (= qui ue vocalement), mais bien ça voicyfère, sous-entendant,souvent la vociféra on libertaire, la dé-rangée-dé-rangeante, mais aussi la douceur du murmure, des pseudo-mélopées,des neumes, des chuintements laryngo-buccaux, et toujours s’avérant une invite à redécouvrir, reconsidérer les jeuxvocaux enfan ns du playing, dont les capacités exploratoires-expérimentatrices sont trop souvent discréditées par ladoxa qui infan lise leur persistance, avant de les spolier, de les perver r, de les éradiquer par une éduca on modélisantequi les no(r)malise en très réducteur, très codé, très mimé que, très servile game... Infan le Isabelle Duthoit, dont laconcentra on et la persévérance en ac on sont évidemment, résolument matures ? Que nenni : éminemment ar stebrute, peut-être déjà saluée par Michel Thévoz - cf. notamment son livre L’ART BRUT - Skira - Flammarion ...

En parfaite gratuité, donc, elle pulse sans adresse à quiconque, pas davantage à UN toi, à UN autre spéci que - singulier -qu’à la totalité des sujets, ne s’ins tuant pas en tant que sur-moi qui in merait notre délivrance inven ve, notre alter-a(c) on ; et c’est bien par cela qu’elle nous touche - imparablement -, lyseuse avant d’être cata-lyseuse. Même lorsqu’elle

crisse par diphonie parallèle, elle ne se laisse jamais aller à l’autre adresse issue du dressage vocal, à la «juste», «à-droite»technicité, à la «belle» voix conven onnelle ; c’est pour (ce) ça qu’elle donne du cri, dé-criant ainsi toute esthé quescolas que, toute voix-voie bien balisée, bien contrôlée, bien civilisée, bien sexuée, bien décemment féminine. Elle ne batque pour le dévoiement, ne trace aucun parcours, ne fraye aucune menée, aucune c on, ignore superbement le diktatsigni ant - signi é**. Elle ne (nous) narre pas une histoire sans paroles ! Ici l’errance est un nomadisme glossomaniaque -il faut entendre là une méliora on et non pas une péjora on - qui n’est pas même un idiolecte, de par la permanence deson étrangeté - = extravagante extranéité ... Inexhaus ve mul plicité de l’Altérité duthoi enne ...

Son expressionnisme procède d’une jacente sub lité qui alimente la richesse mbrale, et d’une véridicité rythmique quele respir informe ...La complexe prolixité du cri ne s’écrit jamais ... Le processus est sans objet ...

Une fulgura on de l’instant dans (et par) l’improvisa on libre qui expose - sans l’arborer, la revendiquer - la uctua ongénésiaque - qui est toujours hétérogenèse, exogenèse -, tant il est vrai que la voix émancipée n’est d’aucun genre,d’aucun âge, celle qui, délivrée de toute pression, déborde (aussi) l’intensité expressionniste pour un con nuum abstrait- sans lyre - dont la constance métamorphique n’a pas l’apanage de la composi on performante.

Jean-Louis Houchard

*cf. le livre de François Jullien : «Si parler va sans dire» (Seuil) où l’on peut lire, notamment, in le chapitre Dire au gré,page 178 :»C’est bien sûr ce dernier type de paroles qui cons tue l’idéal de la parole aux yeux du taoïste, de même qu’il meparaît dessiner l’écart le plus marqué avec la «décision du sens» d’Aristote et la législa on du logos [...]. Paroles qui n’ontrien de contraint, ou même seulement de régi, mais qu’on laisse aller, qui ne sont porteuses d’aucun message et même neprétendent pas avoir un»sens» [...] ces paroles, à vrai dire, ne disent rien, ou plutôt elles ne disent ni «rien» ni «quelquechose» [...], mais «se répandent» ou «s’épanchent» indé niment, [...] à la fois se déversent et se dispersent, [...].»**Elle ne (nous) narre pas une «histoire sans paroles».