Rapport Complet Analyse Situation Education en RDC 2015

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    UNE DUCATION DE QUALIT POUR TOUS 1

    VERS LA RALISATIONDU DROIT UNE

    DUCATION

    DE QUALITPOUR TOUS

    Ministre du Plan et Suivi dela Rvolution de la Modernit

    ANALYSE DE LA SITUATION DES ENFANTS ET DES FEMMES EN RDC 2015

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    RAPPORT FINAL | OCTOBRE 2015

    TOM DE HERDTWIM MARIVOETFERDINAND MUHIGIRWA

    Ministre du Plan et Suivi dela Rvolution de la Modernit

    VERS LA RALISATIONDU DROIT UNE

    DUCATION

    DE QUALITPOUR TOUS

    ANALYSE DE LA SITUATION DES ENFANTS ET DES FEMMES EN RDC 2015

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    LISTE DES ACRONYMES 6

    LISTE DES CARTES 7

    LISTE DES TABLEAUX 8

    LISTE DES GRAPHIQUES 9

    AVANT-PROPOS 11

    PRFACE 13

    INTRODUCTION 15

    1. DYNAMIQUE DE SCOLARISATION AU PRIMAIRE EN PERIODE POST-CONFLIT 21

    1.1. COUVERTURE SCOLAIRE : UNE CAPACITE DACCUEIL ACCRUE 21

    1.2. ACHEVEMENT : UNE MEILLEURE RETENTION, STIMULEE PAR LESSOR DES EFFECTIFS,

    SANS GAINS DEFFICACITE INTERNE 221.3. CAPITAL SCOLAIRE ACCUMULE : UN GAIN DUNE ANNEE DETUDES ENTRE 2005 ET 2012 24

    1.4. QUALITE DES APPRENTISSAGES : UNE APPRECIATION LIMITEE PAR LABSENCE DE DONNEES

    COMPARABLES POUR LA DERNIERE DECENNIE 24

    1.5. DISPARITES : DES CARTS FILLES-GARONS STABLES, PLUS DE VARIANCES

    ENTRE PROVINCES ET UN FOSS MOINS PROFOND ENTRE RICHES ET PAUVRES 25

    1.6. CONCLUSION : AU-DELA DES GAINS DACCES, LACHEVEMENT, LA QUALITE ET LEQUITE

    RESTENT DIMPORTANTS DEFIS 31

    2. ANALYSE DU CONTEXTE ECONOMIQUE SOUS-JACENT A LA RESILIENCE

    DU SYSTEME EDUCATIF EN RDC 332.1. DEMANDE DEDUCATION STIMULEE PAR LA CROISSANCE DU REVENU DES MENAGES 34

    2.2. AUGMENTATION DE LOFFRE DE SERVICES EDUCATIFS GRACE A LINVESTISSEMENT

    COMBINE DE LTAT ET DES MENAGES 36

    2.3. SYSTEME EDUCATIF A DEUX VITESSES QUI REPRODUIT LES INEGALITES SOCIALES 41

    2.4. CONCLUSION : LE RETOUR SPECTACULAIRE DE LTAT SUR LA SCENE BUDGETAIRE

    NATIONALE NA PAS PU SE SUBSTITUER AUX CONTRIBUTIONS DES MENAGES 43

    3. LECONOMIE POLITIQUE DU FINANCEMENT DE LEDUCATION PRIMAIRE :ORIGINES ET DEFIS DUNE HYBRIDITE FINANCIERE 47

    3.1. MOBILISATION DES RESSOURCES ET ARBITRAGES POUR LENSEIGNEMENT PRIMAIRE 47

    TABLE DE MATIRES

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    UNE DUCATION DE QUALIT POUR TOUS 5

    3.2. GOUVERNANCE DE LENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN RDC :

    LHISTOIRE DUNE HYBRIDITE MULTIPLE 52

    3.3. CONCLUSION : LHYBRIDIT DU SYSTME DE LDUCATION PARALYSE LES MCANISMES

    DE REDEVABILIT 58

    4. ANALYSE DE LEFFICIENCE ET DE LEQUITE DE LEDUCATION PRIMAIRE 61

    4.1. ANALYSE DES DISPARITES ENTRE LES PROVINCES 62

    4.2. ANALYSE DES DISPARITES A LINTERIEUR DES PROVINCES : LE CAS DU KATANGA 67

    4.3. CONCLUSION : UNE ALLOCATION INEGALE ET INEFFICIENTE DES RESSOURCES 70

    5. ANALYSE DE LA MISE EN UVRE DES POLITIQUES PUBLIQUES POUR LUTTERCONTRE LEXCLUSION : LE CAS DU KATANGA 73

    5.1. INTRODUCTION 73

    5.2. SLECTION DE POLITIQUES PUBLIQUES EN LIEN AVEC LA LUTTE CONTRE

    LEXCLUSION SCOLAIRE 78

    5.3. LES POLITIQUES PUBLIQUES ET LECONOMIE POLITIQUE LOCALE 81

    5.4. CONCLUSION : UN TAT ENTRAVE PAR LUI-MEME 90

    6. CONCLUSIONS GENERALES ET RECOMMANDATIONS POLITIQUES 93

    6.1. CONCLUSIONS GENERALES 93

    6.2. RECOMMANDATIONS POLITIQUES 98

    BIBLIOGRAPHIE 103

    ANNEXES 107ANNEXE A : CRITIQUES MAJEURES VIS-A-VIS LES ENQUETES AUPRES DES MENAGES EN RDC 107

    ANNEXE B : LES DETERMINANTS DE LEXCLUSION SCOLAIRE AU PRIMAIRE : LES FACTEURS

    CONTEXTUELS LIES AUX FAMILLES, AUX ENFANTS ET AUX PROVINCES 118

    ANNEXE C : METHODOLOGIE ECRIS ET QUESTIONNAIRE POUR LA RECHERCHE AU KATANGA 134

    ANNEXE D : LISTE DES PERSONNES INTERVIEWEES A KINSHASA 140

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    ANALYSE DE LA SITUATION 2015

    LISTE DES ACRONYMESACB Association congolaise des banques

    ACLED Armed Conflict Location & Event Data project

    BCC Banque centrale du Congo

    CENI Commission lectorale nationale indpendante

    CfBT Centre for British Teachers

    CM Chef du mnage

    CTB Coopration technique belge

    DGDA Direction gnrale des Douanes et Accises

    EADE Enfants et adolescents en dehors de lcole

    ECRIS Enqute collective rapide didentification des conflits et des groupes stratgiques

    EDS Enqute dmographique et de sant

    EGMA Early Grade Mathematics Assessment

    EGRA Early Grade Reading Assessment

    EPSP Enseignement primaire, secondaire et professionnel

    EPS-INC Enseignement primaire, secondaire et initiation la nouvelle citoyennet

    ESB tat de suivi budgtaire

    ESDD Enqute de suivi des dpenses publiques destination

    EXETAT Examen dtat

    FAP Frais dappoint

    FC Franc congolais

    FIP Frais dintervention ponctuelle

    FPEN Fonds de promotion de lducation nationale

    IPIS International Peace Information ServiceIRC International Rescue Committee

    UNICEF Fonds des Nations Unies pour lEnfance

    MEPSP Ministre de lEnseignement primaire, secondaire et professionnel

    MEPS-INC Ministre de lEnseignement primaire, secondaire et Initiation la nouvelle citoyennet

    MICS Multiple Indicator Cluster Survey

    MPSRM Ministre du Plan et Suivi de la Rvolution de la Modernit

    ONG Organisation non gouvernementale

    PARSE Projet dappui au redressement du secteur de lducation

    PASEC Programme danalyse des systmes ducatifs de la CONFEMEN

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    UNE DUCATION DE QUALIT POUR TOUS 7

    PEG Programme conomique du gouvernement

    PER Public Expenditure Review

    PETS Public Expenditure Tracking Survey

    PIB Produit intrieur brut

    PIE Plan intrimaire de lducation

    PPAR Parit de pouvoir dachat rgional

    PROVED Provinces ducationnelles

    PRS Pensions et rentes de survie

    RDC Rpublique dmocratique du Congo

    REM Ratio lves-matre

    RESEN Rapport dtat du Systme ducatif national

    SECOPE Service de contrle et de la paie des enseignants

    SERNIE Service national didentification des lves

    SIGE Systme dinformation et de gestion de lducation

    S/PROVED Sous-provinces ducationnelles

    TBS Taux brut de scolarisation

    TENAFEP Test national de la fin des tudes primaires

    WDI Indicateurs du dveloppement dans le monde

    LISTE DES CARTESCarte 1.1 volution du taux net de scolarisation, nouvelles provinces (2005 et 2012) 28

    Carte 1.2 volution du nombre dannes dtudes acheves, nouvelles provinces (2005-2012) 28

    Carte 4.1 Disparits dans les dpenses du SECOPE par lve entre sous-divisions 64

    Carte 5.1 Les trois sites de recherche au Katanga 75

    Carte 5.2 La couverture de la politique de bancarisation de la paie des enseignants. 88

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    ANALYSE DE LA SITUATION 2015

    LISTE DES TABLEAUXTableau 1.1 volution des effectifs inscrits lcole primaire, par rgime de gestion 21

    Tableau 1.2 volution de la participation des enfants (6 17 ans) lcole 22

    Tableau 2.1 volution de la consommation par jour et par quivalent adulte entre 2005 et 2012(en FC 2012 PPAR) 35

    Tableau 2.2 Dif frentes sources destimation des frais scolaires directs (2012-2014) 38

    Tableau 2.3 volution du taux net de scolarisation et des frais scolaires au primaire publicpar province entre 2005 et 2012 39

    Tableau 2.4 volution des frais scolaires et de leur importance par rapport au financement public 40

    Tableau 3.1 volution du nombre denseignants et de leur salaire officiel, 1982-2008 53

    Tableau 3.2 La cl de rpartition des frais de fonctionnement pour les coles conventionnes,Province de lquateur, 2008-2009 (en FC) 54

    Tableau 4.1 Dpenses du SECOPE, par province et par type de dpense, aot 2014 63

    Tableau 4.2 Quelques caractristiques des enseignants de lcole primaire publique,

    ventilation par province 67

    Tableau 4.3 Rpartition des enseignants de lcole primaire publique, par sous-division,province du Katanga 69

    Tableau 5.1 Quelques caractristiques des zones rurales, urbaines, conflictuelles et miniresdans lancienne province du Katanga 75

    Tableau 5.2 Indicateurs de scolarit et de qualit des salles de classes dans les zones rurales,urbaines et les zones de conflit dans lancienne province du Katanga 77

    Tableau 5.3 Facteurs dexclusion et rponses politiques 78

    Tableau 5.4 La politique de la gratuit de lenseignement primaire : Politique du gouvernement central 79

    Tableau 5.5 La politique dimplantation, de mcanisation et de budgtisation des tablissements scolaires 80

    Tableau 5.6 La politique de la bancarisation de la paie des enseignants 81

    Tableau 5.7 Lconomie politique locale des politiques publiques ducatives 82

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    UNE DUCATION DE QUALIT POUR TOUS 9

    LISTE DES GRAPHIQUESGraphique 1.1 Profils de scolarisation probabilistes 23

    Graphique 1.2 Statut scolaire des lves gs de 5 17 ans 23

    Graphique 1.3 volution du nombre dannes dtudes compltes par la cohorte des 17 27 ans 24

    Graphique 1.4 Profils de scolarisation probabilistes (garons vs filles) 26

    Graphique 1.5 Statut scolaire des lves gs de 5 17 ans (garons vs filles) 26

    Graphique 1.6 volution du taux net de frquentation scolaire au primaire [6 11 ans] 29

    Graphique 1.7 Exclusion scolaire des enfants de 6 11 ans par sexe et selon les niveauxdinstruction du chef du mnage et de sa conjointe 30

    Graphique 2.1 volution de la croissance conomique et du budget de ltat en RDC, 2002-2013 34

    Graphique 2.2 volution de la consommation par jour et par quivalent adulte par dcileentre 2005 et 2012 36

    Graphique 2.3 volution du budget de lducation (MEPS-INC), 2003-2014 (en dollars constants) 37

    Graphique 2.4 Rpartition actuelle du poids du financement de lducation primaire publique 41Graphique 2.5 volution de la charge des frais scolaires pour lducation primaire publiquepar dcile de consommation (2005-2012) 42

    Graphique 2.6 volution de la charge des frais scolaires dans le budget des mnages (2005-2012) 43

    Graphique 3.1 volution et composition des dpenses excutes et de lespace de politiqueen faveur du dveloppement (RDC 2003-2013) 48

    Graphique 4.1 Budget public annuel, par lve au primaire public et par enfant scolarisable (2014) 65

    Graphique 4.2 La distribution ingale des ressources publiques pour lenseignement primaireen RDC et au Katanga (coefficient de Theil) 68

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    La ralisation de lanalyse roulante de la situation des enfants et des femmes en Rpublique Dmocratiquedu Congo procde des piliers du DSCRP 2 et du Programme du Gouvernement 2012-2016. Cest une activitimportante inscrite dans la feuille de route du Ministre du Plan et Suivi de la Rvolution de la Modernit etdont les recommandations taient attendues par divers utilisateurs pour clairer leur planification.

    La Rpublique Dmocratique du Congo a ratifi en 1990 la Convention Relative aux Droits de lEnfant (CDE)et sest engage dans un accord de partenariat avec lUNICEF, en mettant en place le Programme pluriannuel

    conjoint RDC-UNICEF.

    Lactuel programme pays RDC-UNICEF pour la priode 2013-2017 a inscrit une srie danalyses continues de lasituation des enfants et des femmes (SITAN) en RDC autour dun fil conducteur Investir dans les enfants, cestbtir le Congo . Les Rolling SITAN 2013-2016, en cohrence avec la Stratgie Nationale de Dveloppement desStatistiques, analyseront les progrs obtenus ainsi que les dfis pour mieux investir dans les enfants.

    Cette premire Analyse roulante de la situation des enfants et des femmes en RDC, centre sur lEducation,est un complment aux analyses disponibles dans le secteur, particulirement, le Rapport dEtat du SystmeEducatif de la RDC (RESEN) Elle offre une opportunit de capitaliser galement des acquis des enqutesnationales telle que l EDS 2013/14 et lenqute 1-2-3.

    Le lancement du rapport de la SITAN pour le secteur de lducation vient point nomm car elle reprsente uninput de qualit au processus de rforme de lducation primaire, particulirement en ce moment o llaborationde la Stratgie Sectorielle de lEducation et de la Formation (SSEF) a atteint sa vitesse de croisire. Cest djun premier pas dans la qute des informations indispensables qui claireront le suivi-valuation de la mise enuvre des Objectifs de Dveloppement Durable (ODD).

    Les recommandations formules dans le rapport sont extrmement varies et pertinentes non seulement pourlducation mais peuvent aussi bnficier les autres secteurs sociaux. Do limportance de les complter avecles analyses de la situation venir.

    Cette premire SITAN, fruit de la collaboration entre la RDC et lUNICEF, tmoigne la dtermination duGouvernement de fournir des informations actualises pour une rponse efficace aux besoins du couple mre-enfant en RDC et susceptibles de renseigner sa politique de dveloppement.

    Aussi, le Gouvernement de la Rpublique, travers le Ministre du Plan et Suivi de la Rvolution de la Modernit,se flicite du partenariat avec lUNICEF et sengage, sans coup frir, poursuivre et renforcer ses actions pourla cause des enfants et des femmes dans le monde et particulirement ceux de la RDC. Cest ici loccasion defliciter lquipe des consultants pour la qualit du travail abattu et de remercier tous ceux qui ont contribu la ralisation de la SITAN.

    Georges WEMBI LOAMBOMinistre du Plan et Suivi de la Rvolution de la Modernit

    AVANT-PROPOS

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    Il y a 25 ans, le 20 novembre 1989, la communaut internationale reconnaissait explicitement les enfants commedes tres part entire, porteurs de droits sociaux, conomiques, civils, culturels et politiques des droitsfondamentaux, obligatoires et non ngociables.

    En adoptant lunanimit la Convention relative aux droits de lEnfant, la communaut internationale reconnaissaitle droit des enfants lducation.

    En ratifiant la Convention le 27 sept 1990, soit moins dun an aprs son adoption par lAssemble gnrale desNations Unies, la Rpublique dmocratique du Congo (RDC) sengageait assurer aux enfants lexercice de cedroit, progressivement et sur la base de lgalit des chances.

    Vingt-cinq ans plus tard, il semble particulirement indiqu dapprcier la ralit de cette promesse faite parla RDC ses enfants.

    LUNICEF est particulirement reconnaissant au gouvernement de la RDC davoir compris limportance delducation et davoir engag des rformes courageuses bnficiant dune part croissante du budget de lEtatet soutenues par les partenaires techniques et financiers.

    Comme le souligne le rapport, des progrs trs rels ont t accomplis, particulirement dans le domaine dela scolarisation et de la rduction des carts entre filles et garons. Mais de nombreux dfis subsistent afinde permettre chaque enfant, tout particulirement ceux appartenant aux communauts les plus pauvres etvulnrables, de complter le cycle scolaire et de bnficier dun enseignement de qualit.

    Le succs dun systme ducatif ne dpend pas seulement de sa capacit scolariser les enfants et de leurapporter un enseignement de qualit. Il dpend galement de la capacit des enfants assimiler pleinementlenseignement qui leur est fourni.

    Lattention apporte lenfant pendant la priode prscolaire, lorsque le cerveau se dveloppe son rythme le plusrapide, influence le dveloppement cognitif, motionnel et social de lenfant et donc sa capacit dapprentissageet son succs scolaire futur. Dans un environnement pauvre, malnutrition, infections et manque de stimulationvont se combiner pour constituer un cocktail toxique pour la capacit dapprentissage de lenfant.

    Cest pourquoi les programmes de dveloppement de la petite enfance constituent le terreau dans lequel lesavoir, transmis par lenseignant, va pouvoir germer et se dvelopper tout au long du cycle scolaire.

    Ce rapport se veut analytique et utile non seulement pour le Ministre de lEducation Primaire, Secondaire etdInitiation la Nouvelle Citoyennet et les autres ministres concerns par la question ducative, mais aussi

    pour lensemble des acteurs de lducation en RDC, enseignants, parlementaires, socit civile, associationsde parents dlves, partenaires techniques et financiers, organisations non gouvernementales, centresuniversitaires et de recherche, et media.

    Nous esprons donc que les analyses et, en particulier, les recommandations seront une contribution utile audveloppement des politiques ducatives en RDC.

    Lducation reste la meilleure arme pour vaincre la transmission intergnrationnelle de la pauvret, acclrerle dveloppement conomique, rduire les divisions sociales et promouvoir la tolrance.

    Les enfants ont acquis le droit lducation. Nous leur avons promis de le raliser. Nous ne pouvons lesdcevoirpour leur avenir et celui de la socit congolaise dans son ensemble.

    Pascal Villeneuve

    Reprsentant de lUNICEF

    PRFACE

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    ANALYSE DE LA SITUATION 2015

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    UNE DUCATION DE QUALIT POUR TOUS 15

    Lanalyse de la situation des femmes et des enfants (SITAN) en Rpublique dmocratique du Congo (RDC)stend sur la priode 2014-2016 et vise documenter les progrs obtenus et les dfis relever dans ce domaine.

    Dans son premier cycle, la SITAN (2015) semploie analyser le secteur de lducation primaire en RDC. Lesdeux autres tudes programmes sattacheront analyser des autres secteurs sociaux. Les trois tudes SITANincluront chaque fois une analyse de la situation macro-institutionnelle du pays.

    Compte tenu de son accent sur lducation primaire, cette premire tude va largement se concentrer surla situation des enfants. La question du genre bnficiera toutefois dune attention particulire en tant quethme transversal, et notamment comme facteur important des disparits qui caractrisent les indicateurs descolarisation et de russite scolaire.

    Le travail est organis autour dun cadre intgr danalyse, qui se penche dabord sur les dynamiques au seindu secteur de lducation. La figure ci-dessous dcrit la structure gnrale du rapport SITAN 20151.

    Dans un premier temps, nous revenons sur quelques caractristiques du systme dducation de la RDC,notamment lampleur de la croissance des effectifs scolariss au cycle primaire, le taux dachvement etlaccumulation du capital ducatif, signes dune participation accrue lcole, et sur les indicateurs des disparitsdaccs lcole (chapitre 1). Ces donnes forment le point de dpar t du prsent rapport, dans la mesure oles analyses qui suivent visent en identifier les lments dinterprtation principaux. Le chapitre 2 poursuitla description des dynamiques que l on trouve du ct de la demande et de loffre dducation.

    Le message essentiel du chapitre 2 est que ltat est revenu avec force sur la scne depuis 2000, mais quil napas pu se substituer aux parents quant au financement de lcole. Le rle important que les parents jouent dansle financement du systme augmente le risque que le systme ducatif reproduise les ingalits existantes.Ltat devrait donc orienter ses actions en fonction de cet objectif : rduire les disparits dans la participation lcole.

    Pour raliser cet objectif, un lment simpose, aujourdhui et demain : la diminution des contributions desparents lducation. Largument principal du chapitre 3 est que cet objectif nest pas en premier lieu unequestion budgtaire. Tout dabord, tant donn les dterminants de lespace de politique (section 3.1), nousne pouvons esprer que ltat se substitue purement et simplement aux contributions des parents dans un

    proche avenir. Une analyse historique des frais scolaires pays par les parents (section 3.2) indique quil fautplutt chercher dans la direction dune restructuration de ladministration de lenseignement en fonction dunecapacit dagir plus effective et quitable.

    INTRODUCTION

    1Cette structure reflte le plan de recherche approuv par le comit de pilotage lors de la prsentation du rappor t de dmarrage le 11septembre 2014.

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    ANALYSE DE LA SITUATION 2015

    Prsentation densemble ou cadre analytique

    Dans le chapitre 4, nous tudions le budget de ladministration de lducation, en nous concentrant sur laprsence ingale de ltat dans le secteur. Ce diagnostic devrait tre approfondi lors de recherches futures,mais dj, partir des quelques donnes que nous avons pu tudier dans le cadre de ce travail, nous pouvonsconclure quil y a bon nombre dopportunits pour rendre le fonctionnement de ltat plus quitable et plusefficient. Le problme de lquit se pose dailleurs aux diffrents chelons, et nous pensons que chaque niveaude gouvernance a potentiellement un rle jouer.

    Le chapitre 5 propose une analyse de trois politiques publiques emblmatiques du secteur de lducation. Sachantque ltat en RDC est lui-mme en pleine transformation ou reconstitution, la mise en place des politiquespubliques constitue en soi un immense dfi cest comme si on rparait un navire en pleine mer (De Herdt &Poncelet 2010). Plus particulirement, nous analysons la chane de transmission de ces politiques du niveaunational jusquau dernier chelon, savoir celui du bnficiaire ultime : l enfant.

    Le chapitre 6 de ltude tire les conclusions des analyses prcdentes et il termine en formulant desrecommandations politiques.

    Complmentarit entre ltude SITAN-ducation et le diagnostic sectoriel RESEN-RDC 2014

    Pendant la dernire dcennie, le systme ducatif congolais a joui dune attention particulire de la part des

    dcideurs politiques, ainsi que dune intensification des donnes (numriques) collectes. La figure ci-dessous

    CHAPITRE 1.La dynamique de scolarisation au primaire en priode de reconstruction

    post-conflit : les principales caractristiques

    CHAPITRE 2.Le contexte conomique sous-jacent

    CHAPITRE 3.Lconomie politique du financement de lducation primaire

    CHAPITRE 4.Analyse de lefficience et quit des dpenses publiques pour le primaire

    CHAPITRE 5.Analyse de la mise en uvre des politiques publiques

    pour lutter contre lexclusion

    CHAPITRE 6.Conclusions et recommandations

    INTRODUCTION

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    UNE DUCATION DE QUALIT POUR TOUS 17

    prsente la chronologie des grands jalons qui ont marqu le domaine, sur le plan des dcisions politiques(au-dessus de la ligne), dune part, et des initiatives visant la rduction des carts dinformation touchant lesecteur de lducation (au-dessous de la ligne), dautre part. Plusieurs de ces initiatives pour augmenter etamliorer la base dinformation du secteur dducation nont souvent t que des exercices isols avec desobjectifs et mthodologies bien dtermins, si bien quelles ne fournissaient quun aperu incomplet duneralit souvent plus complexe. Le deuxime Rapport dtat du systme ducatif national de la RDC (RESEN-RDC 2014) reprsente une premire tape essentielle en vue du croisement et de lintgration de plusieurssources dinformation distinctes.

    Chronologie des initiatives et sources dinformation concernant lducation primaire enRDC (2001-2015)

    Par la prsente tude, nous voulons dabord nous aligner sur le travail du RESEN-RDC pour ensuite intgrer etconsolider davantage la base de nos connaissances actuelles sur le systme ducatif en RDC. Notre objectifest dassurer une complmentarit avec le RESEN-RDC, en y ajoutant, dans la mesure du possible, les quatrelments importants suivants :

    Un accent sur la dimension temporelle : Ltude SITAN sintresse davantage aux dynamiques du secteurde lducation et ses facteurs explicatifs qu llaboration dun diagnostic de la situation, en premier lieuen comparant la RDC avec dautres pays de l Afrique subsaharienne. Bien que le RESEN-RDC incorpore luiaussi une dimension temporelle, le fil rouge du SITAN est plutt de prendre les volutions dans le temps

    comme une indication des changements possibles. Nous mettons laccent sur les changements en coursplutt que sur les objectifs atteindre.

    Un accent sur la dimension spatiale infranationale :Le RESEN-RDC dresse un diagnostic du pays, qui comprendsouvent une mise en perspective des rsultats avec ceux obtenus par des pays en voie de dveloppementcomparables, mais il ne sattarde pas aux diffrences interrgionales, souvent faute de donnes comparativesfiables. Toutefois, il est important de prendre en considration la diversit des territoires en RDC, comptetenu de la taille du pays et des diffrences de rendement enregistres entre les rgions. Dans la mesure oltude SITAN sappuie sur des recherches la fois l chelon national et au Katanga, elle permet de mettreen perspective et danalyser la distance entre le niveau national et les ralits vcues dans les provinces etles localits.

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    ANALYSE DE LA SITUATION 2015

    La mobilisation et lexploitation dinformations et de sources de donnes supplmentaires qui ntaientpas accessibles au moment de la finalisation du RESEN-RDC. Il sagit tout dabord de la deuxime enqutesur lemploi, le secteur informel et la consommation des mnages, dite Enqute 123 , mene au niveaunational en 2012-2013, dont nous avons pu exploiter une large partie de la base de donnes2. Il sagit ensuitede la base de donnes du SECOPE, qui a t fournie directement par cette entit administrative pour lesmois de juillet et daot. Enfin, nous mentionnons le travail qualitatif de terrain ralis au Katanga, qui nouspermet de dvelopper une approche analytique par le bas et de mettre davantage laccent sur quelquesgroupes vulnrables spcifiques, comme ceux habitant les zones minires ou les zones de conflit.

    La recherche des interactions entre les politiques publiques dducation et les rsultats en termes descolarisation.Tandis que le RESEN-RDC reprsente un effort considrable pour dresser un diagnostic dusecteur de lducation un instant donn, ltude SITAN cherche faire un pas de plus, en remettant enquestion le lien avec les politiques menesces derniers temps et en explorant des politiques alternativespotentielles mener dans un proche avenir.

    La mitigation des risques statistiques

    Enfin, il est important de signaler quune analyse de la situation des femmes et des enfants en RDC ne peutignorer ce quon appelle depuis peu la tragdie statistique africaine (Devarajan 2013), savoir labsencedinformations fiables publiquement accessibles. Il faut bien tre conscient que tout type de donne quonutilise dans les analyses de politiques et ltude SITAN ne fait pas exception est lui-mme gnr, puiscommuniqu dune faon particulire. Une information de bonne qualit prsuppose des services statistiquesperformants et une communaut scientifique dynamique, au sein de laquelle on mne des dbats non seulementautour des politiques publiques, mais galement autour des donnes et des bases dinformation elles-mmes.Lhypothse voulant que les services statistiques et la communaut scientifique aient t pargns durant lescrises conomiques, politiques et sociales qua vcues la RDC ces dernires dcennies est par trop irraliste.

    Dans ce qui suit, nous essayons de prendre cet lment en compte de quatre manires. Tout dabord, noustenterons, l o cest possible, de trianguler les diffrentes sources de donnes ou de mthodes de collecte dedonnes afin dobtenir un intervalle de confiance dans lequel inscrire nos rsultats. Ensuite, l o une informationcl est manquante, nous formulerons une hypothse afin de combler ce vide. Souvent, nous adopteronslhypothse la plus conservatrice . Et l o nous ne pouvons vrifier ou confirmer une information, nousmettrons des rserves sur les rsultats noncs, renvoyant leur vrification une date ultrieure, lorsque ladisponibilit de nouvelles donnes le permettra. Enfin, pour les analyses faites partir des enqutes auprsdes mnages, quelques ajustements statistiques ont t effectus sur les donnes brutes pour stabiliser labase de sondage et corriger le budget des mnages par rapport aux prix trs volatils dans le temps et lespace.Lannexe A propose une discussion visuelle de ces deux problmes.

    La mobilisation, lexploitation et les stratgies de mitigation des risques statistiques opres par ltude SITANpermettent en contrepartie didentifier les carts de connaissance combler. Les perspectives de collectede donnes et de recherche recenses par ltude SITAN seront intgres au dernier chapitre contenant lesrecommandations de politiques mener. En effet, la complexit du secteur de lducation en RDC, vu la tailledu pays et la multiplicit des acteurs, devrait rpondre une sophistication du systme de suivi-valuation despolitiques publiques et donc de collecte de donnes concernant le secteur et ses acteurs.

    INTRODUCTION

    2 Les donnes de lEnqute 123 ont t mises notre disposition par lentremise de lAmbassade de Belgique.

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    Dans ce chapitre, nous prsentons les principales caractristiques des dynamiques de scolarisation au primaire entre2000 et 2014. Nous reviendrons sur lampleur de la croissance des effectifs scolariss dans ce cycle et discuteronsses implications sur la qualit des apprentissages et sur lquit. Ces lments constituent le point de dpart deltude, dans la mesure o nos analyses chercheront identifier les facteurs explicatifs potentiels. la recherche

    dune rponse, deux analyses se succdent. La premire sintresse lvolution du revenu des mnages en tant queprincipal facteur de stimulation de la demande dducation (section 2.1). La seconde se penche sur les sources definancement qui ont permis une augmentation de loffre des services ducatifs (section 2.2).

    1.1. Couverture scolaire : Une capacit daccueil accrue

    Depuis 2000, la participation des enfants lcole a augment de manire considrable en RDC.Des effectifs scolaires qui ont doubl en dix ansCommenons par les donnes administratives sur linscription, la frquentation, lachvement et la certification la fin de lcole primaire. En nous basant sur ces donnes, nous pouvons observer un progrs considrable.Entre les annes scolaires 2001-2002 et 2012-2013, le nombre dlves inscrits au primaire a plus que doubl,passant de 5,47 millions 12,60 millions dlves. Cet essor reprsente une croissance annuelle moyenne de 7,9

    %, bien au-del de la croissance dmographique estime 3 % (voir tableau 1.1). Lexpansion de la couverture dusystme ducatif au primaire est galement confirme par le calcul du taux brut de scolarisation (TBS), qui meten perspective les effectifs scolariss et la population dge scolarisable au primaire : le TBSaurait augment de62 % 110 %3sur la mme priode (RESEN-RDC 2014, chapitre 2).

    TABLEAU 1.1 volution des effectifs inscrits lcole primaire, par rgime de gestion

    1. DYNAMIQUE DE SCOLARISATION AUPRIMAIRE EN PRIODE POST-CONFLIT

    3Un taux suprieur 100 % sexplique, pour la RDC, par linscriptions denfants en bas ge (5 ans) et denfants plus gs (12, 13 et 14 ans) que latranche dge considre pour le primaire (6 11 ans). En outre, il y a imprcision des donnes dmographiques utilises pour calculer ce taux.

    Rgime de gestion

    Totaux Croissance moyenne annuelleOfficiel Conventionn Priv

    1986-1987 16,5 % 79,7 % 3,8 % 4 156 032

    2001-2012 15,2 % 73,7 % 11,1 % 5 470 977 1,85 % (1986-2001)

    2006-2007 15,3 % 73,6 % 11,2 % 8 839 888 10,07 % (2001-2006)2007-2008 16,2 % 73,8 % 10,0 % 9 973 365 12,82 % (2006-2007)

    2008-2009 17,5 % 71,6 % 11,0 % 10 244 086 2,71 % (2007-2008)

    2009-2010 16,8 % 71,8 % 11,4 % 10 572 422 3,21 % (2008-2009)

    2010-2011 17,5 % 70,8 % 11,7 % 11 082 501 4,82 % (2009-2010)

    2011-2012 17,4 % 71,9 % 10,7 % 11 949 784 7,83 % (2010-2011)

    2012-2013 17,4 % 71,4 % 11,2 % 12 600 876 5,45 % (2011-2012) 7,8 % (2001-2012)

    Source : Compilation sur la base des donnes de la Banque mondiale (2005, p. 50) et des annuaires statistiques du Ministre de lEnseignementprimaire, secondaire et professionnel (ditions 2006-2007-2012-2013).

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    1. DYNAMIQUE DE SCOLARISATION AU PRIMAIRE

    Cette tendance positive se dgage galement dans le nombre de certificats de fin dtudes primaires octroys,qui a fortement augment, passant de 541 931 944 029 entre 2005 et 2013 (TENAFEP 2006 et 2014).

    Un recul (de 40 % en 2005 25 % en 2012) du nombre denfants et dadolescents en dehors de lcole dans lapopulation scolarisable (6 17 ans)

    Le tableau 1.2 prsente le taux net de frquentation scolaire 4, qui distingue les enfants nayant jamais t lcole et ceux qui ont abandonn leurs tudes.

    TABLEAU 1.2 volution de la participation des enfants (6 17 ans) lcole

    Garons Filles Total

    2005 2012 2005 2012 2005 2012

    Taux net de frquentation scolaire 64 % 77 % 57 % 72 % 61 % 75 %

    Taux dabandon 12 % 7 % 14 % 8 % 13 % 8 %

    Taux de non-frquentation scolaire 24 % 16 % 29 % 19 % 27 % 18 %

    Total 100 % 100 % 100 % 100 % 100 % 100 %

    Source : Calcul des auteurs partir des donnes de lEnqute 123 (2005 et 2012).

    Pour le groupe dge 6 17 ans, le taux net de frquentation scolaire a augment de 14 % (15 % pourles filles). Par ailleurs, le taux dabandons a diminu de 5 % (6 % pour les filles), et le pourcentage denfantsqui nont jamais frquent lcole a diminu de 9 % (10 % pour les filles). Selon ces chif fres, environ 25 % desenfants de la tranche dge allant de 6 17 ans sont encore en dehors de lcole en 2012, mais ce pourcentageslevait presque 40 % en 2005.

    On constate donc une volution significative de la scolarisation qui, sur le chemin des Objectifs du millnairepour le dveloppement (OMD), place la RDC sur la bonne voie.

    1.2. Achvement : Une meilleure rtention, stimule par lessor des effectifs, sans gainsdefficacit interne

    Une dperdition scolaire pratiquement inchangeLa probabilit quun lve termine le cycle primaire a sensiblement augment (de 8 % en moyenne) pour plusieursannes scolaires considres. Ce bon rsultat semble cependant d une augmentation de laccs initial deslves lcole, quel que soit leur ge. En effet, le taux de dperdition est rest pratiquement inchang surlensemble du parcours scolaire et sest mme lgrement dtrior vers la fin des tudes secondaires.

    4 Ou taux net de scolarisation.

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    GRAPHIQUE 1.1 Profils de scolarisation probabilistes

    Source : Calcul des auteurs partir des donnes brutes des enqutes MICS2 (2001) et MICS4 (2010).Note : Les plans dchantillonnage ont t corrigs par tir de la distribution dmographique utilise pour lEDS 2013 et en appliquant desrtroprojections dmographiques de 3 % dcoulant des donnes de vaccination de 2014.

    Des entres tardives persistantes et des redoublements cotant 3,2 annes dtudes

    Le graphique 1.2 prsente le statut scolaire des lves en fonction de leur ge. Bien que le nombre denfantsen dehors de lcole (reprsents en noir sur le graphique) ait chut entre 2001 et 2010, lge moyen dentre lcole primaire reste toujours nettement plus lev que lge lgal. En effet, ce nest qu lge de 11 ans que lenombre des sortants de lcole primaire dpasse celui des nouveaux entrants, ce qui vaut tant pour lchantillonde 2001 que pour celui de 2010. cette problmatique des entres tardives, ajoutons les redoublements, qui, tantpour le primaire que pour le secondaire, font perdre aux lves 3,2 annes dtudes en moyenne (WB-PER 2015).

    GRAPHIQUE 1.2 Statut scolaire des lves gs de 5 17 ans

    Source : Calcul des auteurs partir des donnes brutes des enqutes MICS2 (2001) et MICS4 (2010).

    Note : Les plans dchantillonnage ont t corrigs par tir de la distribution dmographique utilise pour lEDS 2013 et en appliquant desrtroprojections dmographiques de 3 % partir des donnes de vaccination de 2014.

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    1. DYNAMIQUE DE SCOLARISATION AU PRIMAIRE

    1.3. Capital scolaire accumul : Un gain dune anne dtudes entre 2005 et 2012

    Un autre indice rvlateur de lamlioration de la participation lcole est le nombre dannes compltes auxcycles primaire et secondaire par les jeunes adultes(17-27 ans). Cet indicateur a lavantage de faire fi des annesinacheves ou des redoublements. Il permet aussi de lier le niveau dducation au statut socioprofessionnel.Il prsente toutefois le dsavantage de reflter lvolution de la participation scolaire avec un certain retard.

    Le graphique 1.3 prsente lvolution de cet indicateur dans le temps, sur la base des enqutes suivantes : MICS2(2001), Enqute 123 (2005 et 2012) et EDS (2013). En 2012, le jeune Congolais frquente en moyenne lcolependant quelque sept ans, un chiffre qui a augment de presque un an par rapport 2005. Ainsi, le capitalscolaire du jeune adulte se borne lducation primaire , dont on connat les limites en matire de qualit,insuffisante pour lui assurer la matrise des apprentissages fondamentaux en lecture et en mathmatiques

    (RESEN-RDC 2014, pp. 127-131). Il sagit ici, bien entendu, dune moyenne. En 2012, le quart des jeunes de 17 27 ans les plus instruits ont achev 12 annes dtudes (voir graphique 1.3). Ces chif fres sont confirms parlEDS 2013. En revanche, en 2001, le quart des jeunes adultes les moins instruits navaient pas pu achever uneseule anne dcole, et ce pourcentage est rest stable en 2012. Ce constat nest cependant pas confirm parles donnes de lEDS 2013, qui enregistrent un gain dau moins deux annes dcole pour ce premier quartile.

    GRAPHIQUE 1.3 volution du nombre dannes dtudes compltes par la cohorte des17 27 ans (2001-2013)

    Source : Enqutes 123 (2005 et 2012), MICS2 (2001) et EDS (2013).Note : Les plans dchantillonnage ont t corrigs par tir de la distribution dmographique utilise pour lEDS 2013 et en appliquant desrtroprojections dmographiques de 3 % par tir des donnes de la campagne de vaccination de 2014.

    1.4. Qualit des apprentissages : Une apprciation limite par labsence de donnescomparables pour la dernire dcennie

    Il aurait t trs intressant de coupler les donnes sur la dynamique de scolarisation avec lvolution dela qualit de lenseignement et des acquis des lves, dans la mesure o une cole est avant tout un lieudapprentissage. Lintrt dune telle mise en perspective est dautant plus grand en RDC, qui a connu un essorphnomnal des effectifs scolariss depuis 2000. Nombre de pays dont les effec tifs ont explos connaissenten parallle une dgradation des conditions daccueil dans les coles, notamment une augmentation de

    la taille des classes et de pitres rsultats dapprentissages. Cest surtout le cas quand la croissance des

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    effectifs a profit aux plus pauvres, qui connaissent des difficults dapprentissage spcifiques auxquels lesenseignants ne sont pas prts faire face.

    Sur ce point, la base dinformation est insuffisante pour permettre une analyse claire de lvolution desapprentissages. Si lon considre les rsultats avant dlibration, le taux de russite moyen lexamen defin dtudes primaires (TENAFEP) est pass de 65,1 % en 2006 56,6 % en 2013 (TENAFEP 2007 et 2014).Sans validation par dautres sources dinformation, un tel recul pourrait simplement tre li la difficultvariable du test.5

    Toujours est-il que les taux de russite avant dlibration lexamen de fin de cycle sont plutt faibles. Cetteobservation est confirme par les rsultats denqutes standardises sur les apprentissages des lves ralisesdepuis 2010, intgrs aux tudes rcentes (PASEC 2010, 2013, EGRA/EGMA 2012 et 2014). Plus spcifiquement,ces tudes ont montr que nombre dlves connaissent des difficults dapprentissage, souvent ds le dbutdu primaire, et que ces difficults persistent au cours du cycle (voir RESEN-RDC 2014, chapitre 4, pour unediscussion dtaille des rsultats). Toutefois, comme toutes les observations disponibles tires de ces enqutessur la qualit de lenseignement se rfrent la priode 2010-2013, il est impossible de les utiliser pour nourrirdes analyses longitudinales depuis lan 20006.

    Une dernire possibilit serait de vrifier la performance des lves au secondaire, par exemple en faisant lelien avec les rsultats de lExamen dtat. Bien que nous nayons pas eu loccasion de suivre cette piste dansle cadre de la prsente tude, nous la recommandons pour un proche avenir.

    Mentionnons toutefois la diffrence importante entre le TENAFEP ou lEXETAT, examens nationaux grs parles provinces pour valuer les lves, et les enqutes standardises, comme les exercices PASEC ou EGRA/

    EGMA sur les apprentissages, qui sappliquent galement tous les lves de lchantillon considr (voir ltudeSABER 2015). Notre connaissance de la qualit de lducation et de son volution profitera dune augmentationde linformation sur ce type denqutes, excutes des intervalles rguliers.

    1.5. Disparits : Des carts filles-garons stables, plus de variances entre provinces et unfoss moins profond entre riches et pauvres

    1.5.1. Des disparits entre filles et garons : Un meilleur accs initial et une faible efficacit internerduisent lcart vers la fin du primaire seulement

    Voici les faits saillants de la dimension du genre :

    Trajectoire scolaire : Plus de filles entrent lcole, mais rares sont celles qui terminent le cycle et vont

    au secondaire. Bien que laccs au cycle primaire se soit sensiblement amlior, tant pour les filles quepour les garons, ce progrs est largement neutralis vers la fin du cycle secondaire (voir graphique1.4). Chez les garons, une dperdition aggrave semble se produire surtout entre la 3 eet la 4eannedu secondaire. Chez les filles, par contre, nous constatons des taux de dperdition plus svres entre la5eanne du primaire et le dbut du secondaire. Cette observation mrite certainement dtre tudie deplus prs, compte tenu de son ef fet dterminant sur lannulation du rattrapage initial qui a caractris laforte progression de laccs des filles lcole primaire entre 2001 et 2010.

    5Toutefois, le RESEN-RDC a montr, au cours des dernires annes, quil existe une forte corrlation entre les rsultats avant dlibrationau TENAFEP et les enqutes standardises sur les apprentissages ; do sa recommandation de considrer les rsultats du TENAFEPavant dlibration.6Mme si le RESEN-RDC administr par la Banque mondiale en 2005 comprend quelque information sur les apprentissages des lves auprimaire avant cette date, elle porte sur des chantillons dcoles plus limits et non reprsentatifs l chelon national.

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    1. DYNAMIQUE DE SCOLARISATION AU PRIMAIRE

    GRAPHIQUE 1.4 Profils de scolarisation probabilistes (garons vs filles)

    Source : Calcul des auteurs partir des donnes brutes des enqutes MICS2 (2001) et MICS4 (2010).Note : Les plans dchantillonnage ont t corrigs par tir de la distribution dmographique utilise pour lEDS 2013 et en appliquant desrtroprojections dmographiques de 3 % par tir des donnes de vaccination de 2014.

    Non-scolarisation : La majorit des enfants et adolescents en dehors de lcole sont toujours des filles .Malgr le progrs gnral enregistr entre 2001 et 2010 dans la rduction du nombre denfants en dehors delcole, ce sont surtout les filles, qui continuent abandonner lcole prmaturment et entrent tardivementau primaire, mais dans une moindre mesure.

    GRAPHIQUE 1.5 Statut scolaire des lves gs de 5 17 ans (garons vs filles)

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    Source : Calcul des auteurs partir des donnes brutes des enqutes MICS2 (2001) et MICS4 (2010).Note : Les plans dchantillonnage ont t corrigs par tir de la distribution dmographique utilise pour lEDS 2013 et en appliquant desrtroprojections dmographiques de 3 % partir des donnes de vaccination de 2014.

    1.5.2. Disparits provinciales : Des rsultats selon lindicateur et la province, mais des cartssystmatiquement plus grands au nord-ouest, nord-est et sud-est

    Les cartes 1.1 et 1.2 montrent la dispersion de l volution rcente de la scolarisation au primaire sur le territoirede la RDC dans chaque nouvelle province. Elles prsentent les rsultats lintrieur de chaque province entrezones urbaines et rurales. La carte 1.1 documente lvolution du taux net de scolarisation chez les 6 11 ans).En quelques annes seulement, la carte du pays sest colore de vert : en 2012, presque toutes les villes et unebonne partie des provinces ont atteint le mme niveau de scolarisation que la ville-province de Kinshasa en2005. Il y a bien sr des exceptions, comme au nord-ouest (Sud-Oubangui) et au nord-est pour les provinceslimitrophes de lOuganda, ainsi quau sud-est pour lensemble du Katanga et une partie du Kasa Oriental.

    La dimension spatiale dresse un tableau nettement moins optimiste de lvolution de lindicateur du nombredannes acheves pour les jeunes de 17 27 ans (carte 1.2). Certes, en 2012, le nombre de provinces en rouge(4 5 annes dtudes compltes) sest fortement rduit et les villes apparaissent toutes en vert (entre 7 et10 annes dtudes compltes), mais on observe une stratification plus importante de cet indicateur selon

    les provinces, et donc, un paysage beaucoup plus diversifi. Toutefois, en comparant les cartes 1.1 et 1.2, onobserve que le taux net de scolarisation au primaire et le nombre dannes dtudes compltes par les 17 27 ans se confondent dans les provinces les plus faibles sur le plan de la scolarisation. Autrement dit, si laRDC tait un rectangle dont la capitale se trouvait dans un coin, les trois autres coins du pays auraient connuun progrs scolaire moins fort.

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    ANALYSE DE LA SITUATION 2015

    1. DYNAMIQUE DE SCOLARISATION AU PRIMAIRE

    CARTE 1.1 volution du taux net de scolarisation, nouvelles provinces (2005 et 2012)

    Source : Enqute 123 (2005 et 2012).Note : Les plans dchantillonnage ont t corrigs par tir de la distribution dmographique utilise pour lEDS 2013 et en appliquant desrtroprojections dmographiques de 3 % par tir des donnes de la campagne de vaccination d UNICEF en 2014. Le dcoupage territorialchoisi pour ces cartes et la plupart des cartes qui suivront est celui des futures provinces.

    CARTE 1.2 volution du nombre dannes dtudes acheves, nouvelles provinces (2005-2012)

    Source : Enqute 123 (2005 et 2012).Note : Les plans dchantillonnage ont t corrigs par tir de la distribution dmographique utilise pour lEDS 2013 et en appliquant desrtroprojections dmographiques de 3 % par tir des donnes de vaccination de 2014.

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    1.5.3. Disparits de revenus : Une rduction des carts de frquentation scolaire entre richeset pauvres

    Le graphique 1.6 montre qu lcole primaire, leffet du revenu des mnages influence moins quavant lafrquentation scolaire. En effet, tandis que le taux net de frquentation scolaire au primaire variait encoreentre 47 % et 70 % entre le 1er et le 10edcile de consommation en 2005, cet cart sest rduit de 23 10 pointsde pourcentage entre 2005 et 2012. Le 1erdcile connat un taux net de frquentation scolaire de 61 %, tandisque le taux du 10edcile se chif fre 71 %. En dautres termes, la croissance des effectifs et laugmentation delaccs lcole ont principalement profit aux plus pauvres, ce qui constitue pour eux un effet de rattrapage.

    GRAPHIQUE 1.6 volution du taux net de frquentation scolaire au primaire [6 11 ans] pardcile de consommation (2005-2012)

    Source : Enqute 123 (2005 et 2012).Note : Les donnes budgtaires sont exprimes en parit de pouvoir dachat rgional, en faisant usage dune srie de 56 indices de prixrgionaux en 2005 et en prenant Kinshasa 2012 comme rfrence. Les plans dchantillonnage ont t corrigs partir de la distributiondmographique utilise pour lEDS 2013 et en appliquant des rtroprojections dmographiques de 3 % partir des donnes de lacampagne de vaccination de 2014.

    1.5.4. Disparits daccs lcole : Des effets bruts et nets pour les variables genre,province et revenu

    Signalons demble que les disparits selon le genre, la province ou le revenu prsentes ci-dessus ne sont quedes effets bruts ou des corrlations bi-varies entre laccs scolaire et chacune de ces variables explicatives,sans contrle des autres variables. Lanalyse des dterminants de ces disparits, pinglant leffet net du facteur genre , du facteur province ou du facteur revenu , a t initie dans le cadre de ltude Enfants etadolescents en dehors de lcole (EADE) et du RESEN-RDC. Nous prsentons une rflexion sur ces exercices lannexe B. Trois lments mritent dtre retenus :

    Bien que le facteur revenu semble jouer un rle moins important en 2012 quen 2005 dans les analysesmultivaries visant expliquer la scolarisation des enfants, le revenu apparat toujours comme un dterminantsignificatif et important de la frquentation scolaire (voir section 1.5.3.). Ceci confirme les rsultats desrecherches qualitatives menes autour de la perception des entraves la scolarisation, qui identifient lerevenu comme premier facteur limitatif de la scolarisation des enfants (RESEN-RDC 2014, p. 161).

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    1. DYNAMIQUE DE SCOLARISATION AU PRIMAIRE

    GRAPHIQUE 1.7 Exclusion scolaire des enfants de 6 11 ans par sexe et selon les niveauxdinstruction du chef du mnage et de sa conjointe

    Source : Enqute 123 (2012).Note : Les plans dchantillonnage ont t corrigs base de la distribution dmographique utilise pour lEDS 2013 et en appliquant desrtroprojections dmographiques de 3 % par tir des donnes de la campagne de vaccination de 2014.

    Les disparits entre la participation des filles et des garons lcole primaire sont un phnomne largementli au niveau dinstruction du parent fminin. Le graphique 1.7 montre que la discrimination contre lesfilles est trs aigu quand la mre na pas eu dinstruction du tout (environ 90 % dexclusion scolaire), et se

    renverse pour une lgre discrimination par rapport aux garons lorsque la mre a suivi un enseignementsuprieur. Nous pouvons alors parler dinteractions non linaires entre le niveau dinstruction desparents et le sexe de l enfant . Ainsi, tre une fille ge de 6 11 ans ne signifie pas que l avenir scolaireen RDC sera bouch, mais quil dpend du niveau dinstruction des parents (surtout la mre). Sur le planintergnrationnel, cette observation reflte un pige de pauvret vident : une fille qui ne frquente paslcole primaire sera plus tard peu encline envoyer ses filles lcole.

    Dans notre modle multivari, qui inclut notamment le revenu du mnage et le niveau dinstruction de lafemme la plus instruite du mnage, le facteur province nest plus significatif. En dautres termes, lesdisparits de scolarisation observes entre les provinces sexpliquent surtout par le revenu moyen dans laprovince, son degr durbanisation ou sa population de femmes adultes peu instruites. Une fois ces facteurspris en compte, le pouvoir explicatif de la variable province sur la scolarisation des enfants au primaire

    ne tient plus. Sur ce point, notre analyse ne permet pas de soutenir lhypothse nonce dans ltude deCfBT concernant limpact du conflit sur lducation en RDC (Jones & Naylor 2014)7.

    Ce modle statistique peut toujours tre affin en incorporant dautres variables explicatives, notamment cellesqui refltent loffre de services ducatifs. Hlas, les enqutes auprs des mnages documentent davantage lesvariables en lien avec leur demande dducation, et il est difficile de relier les donnes de lEnqute 123 avecles statistiques sur loffre dducation provenant dautres sources. De mme, soulignons que les rsultats denotre analyse refltent aussi dimportantes hypothses concernant lchantillonnage et la prise en compte duneparit de pouvoir dachat inter-rgionale. Pour cette raison, les rsultats en question ne sont pas directementcomparables ou combinables avec ceux dautres analyses8.

    7tant donn le caractre multivari de lanalyse des dterminants, limpact du conflit sur lducation ne peut mme pas jouer un rleindirect parmi les autres variables explicatives inclues dans le modle (comme le revenu.8Comme lExamen des dpenses publiques de la Banque mondiale, qui utilise pour tant la mme base de donnes. Au moment d crireces lignes, seule la prsentation PowerPoint de l Examen en 2015 tait disponible.

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    1.6. Conclusion : Au-del des gains daccs, lachvement, la qualit et lquit restentdimportants dfis

    Grce lessor des effectifs scolariss au primaire, on observe une participation accrue lcole primaire aucours de la dernire dcennie, que ce soit au niveau de laccs que de lachvement. Cette par ticipation sestmme acclre rcemment. Toutefois, lentre tardive au primaire et le redoublement en cours de cycle,principales causes de la dperdition scolaire, restent stables, empchant la RDC de capitaliser pleinement lesgains fantastiques raliss en matire daccs en premire anne et datteinte lOMD de rfrence.

    En outre, bien que le nombre de diplms en fin de 6eanne primaire ait fortement augment durant la priode,il est difficile de savoir si les rsultats dapprentissage se sont amliors, faute de donnes comparables surles acquis des lves partir denqutes standardises. Lhypothse formule sur la base dun accroissement

    des effectifs au primaire, qui a davantage profit aux populations les plus pauvres, postule que la qualit desapprentissages ne sest sans doute pas amliore durant la priode, comme en tmoigne le pourcentage encoretrs lev dlves en difficult dapprentissage en franais et en mathmatiques rvl par le test PASEC 2013.

    Enfin, les rsultats des analyses complmentaires, mobilises pour rendre compte de lvolution des disparitsselon le genre, le milieu de rsidence et le revenu dans le cadre de la dynamique de scolarisation, sont toutefoismoins tranchs. On retient les trois rsultats importants suivants quant la dynamique des ingalits entre2005 et 2012.

    Bien que son effet discriminant se soit un peu rduit entre 2005 et 2012, le revenu des mnages tait et demeurelun des facteurs explicatifs les plus importants de la participation lcole primaire, indpendamment deses interactions avec dautres dterminants de la scolarit.

    Les disparits de genre se sont rduites sur la priode quant laccs au primaire, mais continuent dtremarques au fur et mesure que lon avance sur lchelle ducative, avec un vritable dcrochage desfilles au secondaire. Cette mauvaise efficacit interne qui caractrise la trajectoire scolaire des filles estlie la problmatique des entres tardives et des dperditions, autant dlments difficiles rsoudre court terme pour des raisons culturelles (position des filles dans le mnage, phnomne du mariage et dela grossesse prcoces).

    Les disparits provinciales observes quant la participation scolaire ont volu de faon variable selon lesindicateurs et les provinces. De toute faon, les carts se sont creuss entre les provinces priphriques aunord-ouest, nord-est et au sud-est, dune part, et lensemble du pays, dautre part. Ce qui importe le plus,cest que ces carts sexpliquent trs largement par des disparits entre provinces quant au revenu desmnages et au niveau dinstruction du membre fminin le plus instruit. Comme ces carts peuvent leurtour tre relis en grande partie des disparits de revenu, le secteur de lducation primaire continuerade reproduire les disparits de participation lcole tant et aussi longtemps que lducation primairecontinuera de compter sur les contributions des parents dlves pour se financer. En dautres termes,une politique de diminution effective des contributions des parents augmentera grandement lefficacitinterne du secteur.

    En conclusion, il faudra adopter une politique centre sur la croissance du nombre dlves qui entrent auprimaire une politique axe sur lefficacit interne, la qualit des apprentissages et la rduction des disparits.Une telle rorientation correspond aux priorits du Partenariat mondial pour lducation et aux prochainsindicateurs du domaine, qui seront au cur de lagenda post-2015. Dans les chapitres suivants, nous examineronsle contexte de lconomie politique du secteur pour analyser les dfis dune telle rorientation pour la RDC.

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    La recherche des facteurs explicatifs de la dynamique positive de scolarisation enregistre au primaire durantla dernire dcennie sappuie sur une analyse des stimuli de la demande dducation des parents, dune part,

    et des financements de l offre de services ducatifs, dautre part, avec en son cur lvolution du revenu desmnages. Le graphique 2.1 prsente des informations sur les deux facettes du secteur : la demande partirde lvolution du PIB par habitant entre 2002 et 2012 et loffre partir de l volution du budget de l tat aucours de la mme priode.

    Du ct de la demande, le pays a enregistr des chiffres de croissance conomique vertigineux, autour de 6% par an, hormis pour 2009, alors que le Congo a souffert de la crise financire internationale. la lumirede ces chiffres et de la croissance dmographique, qui recouvre environ la moiti de ce pourcentage, on peutestimer laugmentation moyenne du PIB par habitant un tiers9entre 2003 et 2012. Les donnes des Enqutes123 permettent dobtenir beaucoup plus de dtails sur lvolution des revenus et de la consommation desmnages durant la priode 2005-2012 (voir section 2.1).

    Du ct de loffre, on constate que le budget de ltat a galement augment de manire vertigineuse. En unedcennie, les revenus de ltat ont t multiplis par dix et sont passs de 392 millions de $ en 2002 3952millions de $ en 2012. cette hausse spectaculaire des ressources domestiques, il faut ajouter les ressourcesextrieures fournies par les bailleurs de fonds, dont une large partie est gre par les donateurs eux-mmes.En effet, le budget de l aide publique au dveloppement de la RDC est pass de 395 millions de $ en 2002 ( peuprs quivalent au montant des recettes fiscales et non fiscales mobilises par ltat congolais) environ 1850millions de $ en 2012 (soit environ la moiti des ressources congolaises)10. La question de savoir dans quelleproportion cette augmentation du budget public sest traduite en davantage de ressources pour le Ministrede lEnseignement primaire, secondaire et dInitiation la nouvelle citoyennet (MEPS-INC)11est traite lasection 2.2.1. Une autre source essentielle dans lorganisation du secteur de lducation en RDC, troitementlie celle de la demande scolaire, porte sur le budget priv que versent les mnages par le biais des fraisscolaires. Lvolution de cette contribution prive au financement du secteur sera analyse dans la sectionsuivante (2.2.2), aprs quoi on mettra en perspective lvolution relative de ces deux types de financement(section 2.2.3).

    La section 2.3 prsente ensuite les implications de cette interaction spcifique entre loffre et la demande delducation en RDC.

    2. ANALYSE DU CONTEXTE CONOMIQUESOUS-JACENT LA RSILIENCE DUSYSTME DUCATIF EN RDC

    9Nous estimons la croissance moyenne annuelle des revenus mnagers entre 2005 et 2012 2 %, ce qui est compatible avec unecroissance du PIB dun tiers entre 2003 et 2012, bien que ces deux chiffres ne soient pas comparables, car cette estimation de 2 % se basesur une mthodologie qui opre une correction pour les dif frences dans le pouvoir dachat entre les rgions (voir annexes).10Ces montants nincluent toutefois pas les dpenses ralises dans le cadre des oprations de scurit et de maintien de la paix, ainsique les dpenses de soutien aux lec tions et lassistance humanitaire (Beaudienville 2012, p. 20).11 partir de dcembre 2014, cest ainsi quon appelle lancien MEPSP , soit le Ministre de lEnseignement primaire, secondaire etprofessionnel.

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    2. ANALYSE DU CONTEXTE CONOMIQUE

    GRAPHIQUE 2.1 volution de la croissance conomique et du budget de ltat en RDC,2002-2013 (en millions de $ courants)

    Source : Compilation personnelle des auteurs partir des donnes de la Banque centrale du Congo (rappor ts annuels).

    2.1. Demande dducation stimule par la croissance du revenu des mnages

    La croissance conomique sest traduite par une hausse moyenne du revenu des mnages congolais de 2 %sur la priode 2005-2012

    Mentionnons demble que, si de nombreux observateurs saccordent sur la ralisation dune croissanceconomique importante en RDC dans la dernire dcennie, certains sont plus sceptiques quant limpactdveloppemental de cette croissance, ou la transformation de cette croissance en une relle amliorationdes conditions de vie de la population congolaise. On parle surtout du secteur minier, principale source de ladynamique conomique rcente, dont il est difficile de retracer la destination finale des recettes mobilises,leur redistribution et leurs effets sur la consommation des mnages congolais (Herderschee, Kaiser et MukokoSamba 2012, Marysse et Tshimanga 2013, Englebert 2014).

    La rponse dtaille la question de savoir dans quelle mesure la croissance conomique de la RDC sesttraduite par des progrs sociaux dborde largement le cadre de la prsente tude. Toutefois, avec lEnqute123, nous disposons dun instrument indpendant pour vrifier le degr avec lequel la croissance du produitintrieur brut (PIB) sest traduite par une croissance des revenus et de la consommation des mnages, au moins

    pour la priode comprise entre la premire enqute (2005) et la deuxime (2012).

    Le tableau 2.1 rsume les principaux rsultats de cette analyse, avec le souci dassurer un maximum decomparabilit entre les donnes des enqutes de 2005 et 2012, notamment en ce qui concerne la mthodedchantillonnage et la prise en considration des diffrences inter-temporelles et inter-rgionales de prix (voirlannexe A pour plus de dtails).

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    TABLEAU 2.1 volution de la consommation par jour et par quivalent adulte12entre2005 et 2012 (en FC 2012 PPAR)

    12En essayant de prendre en compte (1) que les enfants ont moins de besoins que les adultes et (2) que les mnages de grandetaille savent raliser des conomies dchelle , la littrature sur les enqutes auprs des mnages propose souvent de diviser laconsommation totale des mnages (Y) non pas simplement par le nombre de membres du mnage, mais par un dnominateur pluscompliqu. Bien quil y ait plusieurs possibilits pour faire ces corrections, nous avons utilis une formule qui calcule la consommationpar quivalent-adulte (YEQ) comme YEQ= Y/ NEQ, avec NEQ= (NA+ NC) , avec NA= nombre dadultes, NC= nombre denfants (< 7ans).Nous avons fix les paramtres = 0,7 (ou la proportion des besoins des enfants par rapport aux adultes) et = 0,85 (refltant le facteurconomies dchelle). Pour plus de dtails, voir Marivoet (2013).13Toutefois, le degr dingalit en RDC es t infrieur celui quon trouve dans les pays de lAmrique latine (coefficient GINI au- dessus de0,5), et suprieur au degr dingalit quon trouve dans les pays europens (GINI en-dessous de 0,3). En fait, le rsultat pour la RDC estvoisin de celui obtenu pour les tats-Unis sur ce point (GINI autour de 3,5-0,4) (Milanovic 2012).

    Source : Calcul des auteurs partir des Enqutes 123 (2005 et 2012).Note : Les donnes budgtaires sont exprimes en pouvoir dachat de Kinshasa 2012 en faisant usage dune srie de 56 indicesde prix rgionaux de 2005 et en appliquant lindice de prix de la Banque centrale du Congo comme mesure dinflation. Les plansdchantillonnage ont t corrigs partir de la distribution dmographique utilise pour l EDS 2013 et en appliquant des rtroprojectionsdmographiques de 3 % partir des donnes de la campagne de vaccination de 2014.

    On estime que la croissance annuelle du revenu moyen des mnages stablit 2,1 % sur la priode considre.

    Cette croissance se traduit par une rduction globale de la pauvret : le pourcentage de pauvres a en effetdiminu de 8 % 9 %, selon la mesure de pauvret utilise, mais lincidence de la pauvret reste leve, carentre 65 % et 70 % de la population vit en dessous du seuil de pauvret, selon la ligne de pauvret nationaleou internationale retenue.

    mais au prix dune croissance des ingalits, dans la mesure o la croissance a davantage bnfici auxpopulations les plus riches.La rduction de la pauvret est lgrement moindre que ce quon pouvait esprer en comparaison avec lacroissance du revenu moyen des mnages, ce qui rvle une croissance des ingalits. En effet, tous lesindicateurs pointent vers une ingalit croissante dans la rpartition des revenus en RDC, et encore plus pourles indices qui donnent davantage de poids aux extrmits de la distribution13.

    Le graphique 2.2 prsente lvolution du revenu des mnages par dcile et montre comment la croissance at partage entre les diffrents groupes, en loccurrence les dciles de consommation. De manire gnrale,les dciles les plus riches ont davantage profit de la croissance conomique. Toutefois, on observe que 90 %de la population ont pu bnficier de cette croissance, et que ce nest que le premier dcile (soit les 10 % lesplus pauvres) qui semble avoir fait lexprience dune croissance ngative (de 0,5 % par an).

    2005 2012 Croissance annuelle

    Budget moyen (FC) 2473 2864 2,1 %

    Ingalit

    Coefficient Gini 0,349 0,369 0,8 %

    Palma (top10/bottom40) 1,4 1,6 1,4 %

    top20-bottom20 5,9 6,9 2,3 %

    top10-bottom10 9,6 11,7 3,0 %Incidence de pauvret

    Ligne nationale (2937FC) 74,2 % 65,0 % -1,9 %

    Ligne internationale (1,25 $ PPP) 78,7 % 70,6 % -1,5 %

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    2. ANALYSE DU CONTEXTE CONOMIQUE

    GRAPHIQUE 2.2 volution de la consommation par jour et par quivalent adulte pardcile entre 2005 et 2012 (en FC 2012 PPAR)

    Source : Enqute 123 (2005 et 2012).Note : Les donnes budgtaires sont exprimes en pouvoir dachat de Kinshasa 2012 en faisant usage dune srie de 56 indices de prixrgionaux de 2005. Les plans dchantillonnage ont t corrigs partir de la distribution dmographique utilise pour lEDS 2013 et enappliquant des rtroprojections dmographiques de 3 % partir des donnes de vaccination de 2014.

    Nous concluons que la croissance conomique observe partir des donnes sur le PIB sest bel et bien traduitepar une croissance des revenus et de la consommation des mnages, et que cette croissance aurait bnfici 90 % des mnages. Mme si, en gnral, cette croissance est alle de pair avec une ingalit accrue, lesdonnes disponibles ne permettent toutefois pas den dduire que la croissance conomique na profit quauxgroupes les plus riches. Finalement, il faut attirer lattention sur le 1erdcile de la population, les 10 % les pluspauvres, dont le revenu aurait encore diminu pendant la priode considre.

    2.2. Augmentation de loffre de services ducatifs grce linvestissement combin deltat et des mnages

    2.2.1 Contribution de ltat au financement du secteur : Lamorce dun rattrapage budgtaire

    Le graphique 2.3 prsente le retour sur le plan budgtaire de ltat dans le secteur de lducation. En dollarsconstants,le budget du MEPS-INC a t multipli par dix entre 2003 et 2013 , soit une augmentation biensuprieure celle de la croissance dmographique, estime 3 % sur la priode. En 2012, ce budget reprsentait1,8 % du PIB, 12,8 % du total des dpenses publiques et 15 % du total des dpenses publiques courantes, cest--dire hors service de la dette (RESEN-RDC 2014, p. 56). Malgr le rattrapage budgtaire dont il est question,ces pourcentages restent clairement en dessous de la moyenne de lAfrique subsaharienne.

    enFCparjour

    dcile de population

    c

    roissanceannuelle

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    GRAPHIQUE 2.3 volution du budget de lducation (MEPS-INC), 2003-2014(en dollars constants)

    Source : Compilation des auteurs partir des donnes de ltat de suivi budgtaire (ESB).

    En considrant ces lments de progrs, en principe, lespace budgtaire ou les marges de manuvre financirespour mettre en uvre la politique ducative devraient stre considrablement largis. Dans le chapitre 3, nous

    reviendrons sur la validit de cette hypothse en en expliquant les limites pour ltat en gnral, et pour lesecteur de l ducation en particulier.

    2.2.2. Contribution des mnages au financement du secteur : Les frais scolaires ne diminuent pas

    Diffrentes sources dinformation concernant les frais scolairesSi le secteur de lducation est financ par le haut grce au budget de ltat, il est galement aliment par lebas grce aux frais de scolarit pays par les parents dlves. Sur ce point, il est important de distinguer entreles frais scolaires directs , dont les bnfices ne reviennent pas directement llve, et les frais scolairesindirects , qui couvrent des dpenses de llve, comme lachat de luniforme, le transport jusqu lcole oulacquisition des manuels et fournitures scolaires. Sauf indication contraire, lappellation gnrique frais scolaires utilise dans la suite de cette tude renvoie au sens troit des frais scolaires directs. Pour valuer les ressourcesmobilises par la collecte des frais scolaires directs, quatre sources dinformation sont disponibles :

    (i) Lenqute de suivi des dpenses publiques destination (MEPSP-PARSE 2014), qui se rapporte aux fraisscolaires pays en 2011 et en 2012 dans six divisions ducationnelles dans les provinces de lquateur,du Kasa Occidental, du Maniema et du Katanga ;

    (ii) Une enqute sur les frais scolaires directement collects par les coles, ralise par lIRC dans le cadrede la mise en uvre du programme Vas-Y-Filles , financ par UK-DFID, enqute ralise en 2013-2014dans les provinces du Katanga, de lOrientale, du Kasa Oriental, de lquateur et du Bandundu ;

    (iii) LEnqute 123, ralise en 2012. Tandis que les enqutes ESDD et de lIRC ont t menes auprs descoles, celle-ci se base sur les dclarations des parents dlves.

    (iv) Lenqute EADE, ralise sur tout le territoire de la RDC en 2012, qui rapporte les donnes pour les colesprives et publiques14.

    14Remarquons de plus que les donnes de lEADE que nous publions ici sont dif frentes de celles rapportes par ltude de SOFRECO(2014), entre autres parce que nous avons pris en c ompte une autre pondration.

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    2. ANALYSE DU CONTEXTE CONOMIQUE

    Le montant moyen des frais scolaires annuels par lve est estim 25 $ en 2012, avec de trs fortes disparitsentre les sources dinformation, entre les provinces et entre les coles dune mme province.

    TABLEAU 2.2 Diffrentes sources destimation des frais scolaires directs (2012-2014)dans les coles primaires publiques en RDC

    Province EADE 2012* ENQ 123 (2012) ESDD (2011) ESDD (2012) IRC (2013-4)

    Bandundu 6 639 5 427 19 546

    Bas-Congo 20 499 24 093

    quateur 15 609 13 319 58 925 47 057 32 409Kasa occ. 8 241 5 513 15 797 19 593

    Kasa or. 9 630 4 645 20 056

    Katanga 49 527 33 588 17 124 18 144

    Kinshasa 115 801 142 848

    Maniema 13 617 15 061 36 864 38 310

    Nord-Kivu 36 882 25 256

    Orientale 20 564 22 506 33 210

    Sud-Kivu 20 720 22 671

    Ensemble 27 280 23 405

    * Frais scolaires directs des coles publiques et prives.Source : Calcul des auteurs partir des donnes de lEnqute 123 et de lIRC, rapports denqute pour EADE et ESDD.

    Le premier enseignement du tableau comparatif est que toutes les sources dinformation confirment lexistencede frais scolaires. Suivant lEnqute 123 (2012), on peut estimer le montant moyen des frais scolaires annuelspar lve autour de 25 $. videmment, cet te moyenne masque de fortes disparits provinciales. Par exemple,la situation exceptionnelle de la ville-province de Kinshasa saute aux yeux, avec des frais scolaires qui sontentre quatre et cinq fois plus levs que la moyenne nationale.

    Le second enseignement du tableau comparatif est que les divergences sont parfois normes entre lesestimations donnes par les diffrentes enqutes. Pour la province de lquateur, par exemple, les frais scolairesvarient entre 13 000 FC et 59 000 FC, pour le Katanga entre 17 000 FC et 34 000 FC. Ceci sexplique en partiepar des mthodologies diffrentes qui, leur tour, refltent certainement aussi la difficult collec ter ce typede donnes15.

    15Mme en adoptant une mthodologie et un chantillonnage similaires, des divergences trs importantes persistent : lenqute ESDD,par exemple, enregistre une baisse des frais scolaires de 12 000 FC entre 2011 et 2012 pour la province de lquateur, sans quil y ait uneexplication convaincante dun tel recul, alors que les frais scolaires des autres provinces ont lgrement augment Il est difficile de diresans une enqute plus fouille sur la mthodologie suivie si ce rsultat est le f ruit dune volution relle ou dun artifice statistique.

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    Laugmentation des frais scolaires par lve lcole primaire publique entre 2005 et 2012 est estime 6 % ; elle crot donc de 0,8 % par anCe pourcentage varie fortement entre les provinces. On note un accroissement plus fort Kinshasa etau Katanga, les deux provinces o la politique de la gratuit na pas compltement t applique (voirci-dessous), mais aussi dans la province Orientale. Ailleurs, en revanche, les frais scolaires augmententmoins ; ils diminuent mme parfois fortement dans les autres provinces. La plus forte diminution sauteaux yeux dans les deux Kasa.

    TABLEAU 2.3 volution du taux net de scolarisation et des frais scolaires au primairepublic par province entre 2005 et 2012

    Frais scolaires par lve au primaire public (en $ constants 2012)

    2005 2012 Croissance annuelle

    Kinshasa 88,3 137,1 6,5 %

    Bas-Congo 35,1 26,2 -4,1 %

    Bandundu 15,2 8,0 -8,8 %

    quateur 13,5 13,5 0,1 %

    Orientale 19,3 22,7 2,4 %

    Nord-Kivu 36,9 29,4 -3,2 %

    Maniema 16,4 17,1 0,6 %

    Sud-Kivu 23,4 20,6 -1,9 %

    Katanga 26,5 48,3 9,0 %

    Kasa Oriental 19,4 6,9 -13,8 %

    Kasa Occidental 18,8 7,6 -12,1 %

    Total 24,1 25,4 0,8 %

    Source : Enqute 123 (2005 et 2012).Note : Les plans dchantillonnage ont t corrigs partir de la distribution dmographique utilise pour lEDS 2013 et en appliquantdes rtroprojections dmographiques de 3 % partir des donnes de vaccination de 2014.

    2.2.3. Importance relative des deux types de financement : Un rquilibrage encore insuffisant au bnficedes mnages

    Pour cet exercice comparatif, nous avons retenu la source dinformation la plus systmatique sur les fraisscolaires, savoir lEnqute 123. Lavantage additionnel de cette enqute, cest quelle donne une ide delvolution des frais scolaires pour la priode 2005-2012.

    Les rsultats sont rapports dans le tableau 2.4.

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    2. ANALYSE DU CONTEXTE CONOMIQUE

    2005 2012 %

    Public Priv Public Priv Public Priv

    Frais par lve (primaire) ($) 24,10 $ 77,69 $ 25,44 $ 89,61 $ 6 % 15 %

    Frais par mnage (primaire) ($) 16,7 $ 7,2 $ 16,0 $ 8,48 $ -4 % 17 %

    Nombre de mnages 12 722 003 12 722 003 16 785 716 16 785 716 32 % 32 %

    Frais totaux (millions de $) 213 $ 92 $ 269 $ 142 $ 27 % 55 %

    Apport des mnages 304,56 $ 411,59 $ 35 %Dpenses effectives MEPS-INC (millionsde $)

    157 $ 350 $ 122 %

    est. Dp. eff. MEPS-INC primaire(millions de $)

    105 $ 233 $ 122 %

    Cot Total ducation primaire secteurpublic (millions de $)

    318 $ 503 $ 58 %

    Contribution des mnages lducationprimaire publique (%)

    67 % 54 % -20 %

    Cot total duc. primaire (millions de $) 410 $ 645 $ 58 %

    % mnages ducation primaire 74 % 64 % -14 %* en dollars constants de 2012.Source : Estimations des auteurs partir des donnes de lEnqute 123 et sur base de lESB pour dpenses publiques effectives,estimant (en fonction de la proportion des salaires verss aux enseignants des coles primaires) que 2/3 du budget du MEPS-INC estdestin au secteur primaire.

    TABLEAU 2.4 volution des frais scolaires* et de leur importance par rapport aufinancement public

    En 2012, les mnages contribuent pour un peu moins des 2/3 (64 %) aux frais directs de lcole primaire et unpeu plus de la moiti (54 %) aux frais directs de lcole primaire publiqueOn note que la contribution financire totale des mnages lducation primaire (secteur public et priv)concourt 64 % des dpenses totales de lducation primaire en 2012. Avec une contribution hauteur de503 millions de $, un peu plus que la moiti du budget de lenseignement primaire public est financ par les

    parents dlves.

    Notre estimation, base sur lEnqute 123, est plus modre que lestimation faite dans le RESEN-RDC (76 %),qui sappuie sur les donnes de lenqute EADE. Trois explications peuvent tre avances pour clairer cesdiffrences. Dabord, lenqute EADE, reprise dans le RESEN-RDC 2014, estime en moyenne les frais scolairesdirects acquitts 61 000 FC par lve et par an. Ce montant est plus lev que celui estim par lexploitationdes donnes de lEnqute 123, car les donnes de lenqute EADE incluent galement les frais indirects (23000 FC). Or, notre objectif est dapprcier lampleur de la parafiscalit dans le secteur de lducation associeaux seuls frais scolaires directs, afin de rendre compte de la mesure dans laquelle les familles contribuent aufinancement des services ducatifs publics. Dautre part, le RESEN-RDC 2014 utilise une estimation un peu plusmodre du budget du MEPS-INC destin au secteur public. Quel que soit le cas, notons que mme selon lessources de donnes diffrentes, on arrive finalement une contribution des parents autour de 2/3 des dpenses

    totales pour faire fonctionner le secteur primaire. En ne considrant que les coles publiques, on peut estimerla contribution des parents 54 % en 2012.

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    UNE DUCATION DE QUALIT POUR TOUS 41

    Entre 2005 et 2012, les frais scolaires pays par les parents pour contribuer au financement des coles publiquesont augment de 27 %La contribution absolue16des mnages au financement de lenseignement primaire a augment de 27 %entre 2005 et 2012. Cette augmentation sexplique non seulement par la croissance des ef fectifs scolarissen lien avec la croissance dmographique, mais aussi par une augmentation du montant des frais scolairespar lve de 6 %, ou encore, une croissance annuelle de 0,8 %. Ceci est cohrent avec lobservation faiteci-dessus voulant que les mnages, ou du moins la plupart dentre eux, aient vu leurs revenus saccrotre de2 % par an sur cette mme priode.

    Entre 2005 et 2012, la part des mnages dans le financement de lenseignement primaire sest toutefoisrduite, passant de 74 % 64 %Dun autre ct, le budget de ltat (en dollars constants de 2012) a augment de 122 % pendant la mmepriode. La contributionrelativedes mnages au financement du secteur primaire public aurait donc, suivantnos estimations, diminu de 2/3 un peu plus que la moiti des dpenses globales.

    GRAPHIQUE 2.4 Rpartition actuelle du poids du financement de lducation primairepublique

    16Les donnes du tableau refltent la variation dans le pouvoir dachat du dollar pendant c ette priode.

    Source : Calcul des auteurs par tir des donnes SECOPE (aot 2014) et lEnqute 123 (2012).Note : Les plans dchantillonnage ont t corrigs par tir de la distribution dmographique utilise pour lEDS 2013 et en appliquant des

    rtroprojections dmographiques de 3 % partir des donnes de vaccination de 2014.

    2.3. Systme ducatif deux vitesses qui reproduit les ingalits sociales

    Le revenu des mnages joue un rle fondamental sur le march scolaire congolaisDans la mesure o, en RDC, les parents dlves, par les frais scolaires directs et indirects quils doiventacquitter, constituent la principale source de financement de lducation primaire, les dynamiques l uvredans le secteur sapparentent celles dun march scolaire rgul par les lois de loffre et de la demande,dans lequel le revenu des familles joue donc un rle fondamental. Lune des consquences majeures de cette

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    ANALYSE DE LA SITUATION 2015

    2. ANALYSE DU CONTEXTE CONOMIQUE

    situation est que lducation risque de contribuer davantage la reproduction des ingalits sociales pluttque de constituer une voie dmancipation sociale, notamment pour les plus pauvres.

    En 2012, les frais scolaires pays en moyenne par les plus riches sont quatre fois plus levs que ceux versspar les plus pauvres, induisant ainsi un systme ducatif plusieurs vitessesLe graphique 2.5 prsente la variabilit du montant des frais scolaires par lve entre les mnages riches etpauvres. Si, en moyenne, les frais scolaires slvent environ 25,5 $ en 2012, ce montant varie entre 10 $ et40 $ si on compare le 1eret le 10edcile ; cet car t a par ailleurs augment entre 2005 et 201217.

    GRAPHIQUE 2.5 volution de la charge des frais scolaires pour lducation primaire

    publique par dcile de consommation (2005-2012)

    17Il serait intressant d aller plus dans le dtail ici, en examinant par exemple davantage lutilisation des frais scolaires, puisquil est fortprobable que leur usage dif fre grandement entre des coles dmunies et des coles aspirant fournir un enseignement de qualit.

    Source : Enqute 123 (2005 et 2012).Note : Seuls les mnages ayant des enfants au cycle primaire ont t retenus. Les plans dchantillonnage ont t corrigs partir de ladistribution dmographique utilise pour l EDS 2013 et en appliquant des rtroprojections dmographiques de 3 % partir des donnesde la campagne de vaccination de lUNICEF, 2014.

    Les plus riches slectionnent les coles qui offrent la meilleure qualit de service ducatifIl est probable que le revenu des familles joue dabord un rle sur la slection des coles : les mieux nantischercheront sans doute scolariser leurs enfants dans une cole mieux quipe, capable dassurer le paiementdune prime de motivation plus importante ses enseignants, lesquels, par ricochet, offriront un meilleur service.

    Si le revenu des mnages est un facteur discriminant de la frquentation scolaire, dautres facteurs entrent enjeu, comme en tmoigne le fait que le taux net de frquentation de lcole primaire du dcile le plus riche est

    galement relativement faible (voir graphique 1.6). En revanche, le revenu des mnages est trs probablementun facteur discriminant important de la qualit du service ducatif reu. Cest une hypothse qui mrite dtrevrifie au moment danalyser les donnes concernant la qualit de lducation.

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    UNE DUCATION DE QUALIT POUR TOUS 43

    GRAPHIQUE 2.6 volution de la charge des frais scolaires dans le budget des mnages(2005-2012)

    Source : Enqute 123 (2005 et 2012).Note : Seuls les mnages ayant des enfants au cycle primaire ont t retenus. Les plans dchantillonnage ont t corrigs partir de ladistribution dmographique utilise pour lEDS 2013 et en appliquant des rtroprojections dmographiques de 3 % partir des donnesde la campagne de vaccination de lUNICEF, 2014.

    Les frais scolaires sont une forme de taxation rgressive, pesant davantage sur les pauvres que sur les richesLe graphique 2.6 prsente le poids des frais scolaires dans le budget des mnages, ventil par dcile deconsommation. Au cours de la priode tudie, on note que la charge des frais scolaires augmente pour les

    dciles les plus pauvres et que le lien entre frais scolaires et niveau de consommation des mnages devientplus troit. Sachant quenviron 3/4 du revenu est destin la consommation alimentaire, il nest pas exagrde dire que le 1er dcile le plus pauvre conomise sur ses dpenses alimentaires pour envoyer ses enfants lcole. Le graphique montre galement que les recettes parafiscales que constituent les frais scolaires sontingalement recueillies au sein de la population, dans la mesure o ce sont les catgories les plus pauvres (lesplus nombreuses) qui y contribuent le plus. Par consquent, une diminution relle des frais scolaires auraitautomatiquement un effet positif sur lingalit conomique. tant donn le niveau relativement lev etcroissant des ingalits de revenus en RDC, le levier que reprsente la rduction des frais scolaires pour rduireles ingalits de revenus est une considration importante.

    2.4. Conclusion : Le retour spectaculaire de ltat sur la scne budgtaire nationale na

    pas pu se substituer aux contributions des mnagesDans ce second chapitre, nous avons mis en vidence lvolution de certains dterminants cls de la demandedducation par les mnages et de loffre de services ducatifs.

    Du ct de la demandedducation des familles, lanalyse des dterminants de lexclusion scolaire a misen vidence le rle primordial que continue de jouer le revenu des mnages. Or, les revenus des mnages,tout comme la structure des dpenses des mnages, ont t modifis au cours de la priode tudie. Toutdabord, les revenus des mnages ont enregistr une croissance annuelle moyenne de 2 %. Mme si cettecroissance est alle de pair avec une ingalit accrue, toutes les couches de la population, lexceptiondes 10 % les plus pauvres, ont pu en profiter. De plus, les mnages ont allou une plus grande part deleurs ressources accrues lducation. Tous ces lments pointent vers une augmentation de la demandedirige vers lducation, qui se reflte dans laugmentation de la contribution financire des mnages au

    fonctionnement du secteur. Selon la comparaison des rsultats des Enqutes 123 de 2005 et 2012, on peutestimer cette augmentation 35 %.

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    ANALYSE DE LA SITUATION 2015

    2. ANALYSE DU CONTEXTE CONOMIQUE

    Du ct deloffre, le changement a t plus spectaculaire encore : sur la mme priode, le budget allou parltat l ducation primaire a augment de 120 %. Laccroissement de ce budget sest traduit, comme on auraloccasion de le voir dans les chapitres suivants, par des augmentations salariales du personnel ducatif, parune augmentation des effectifs dploys dans les structures dencadrement (bureaux gestionnaires) et dansles coles, et par une augmentation des subventions de foncti