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228 LU, VU, ENTENDU entre la manipulation et tel ou tel caractère phénotypique… saura- t-on se mettre d’accord sur ce nouveau ? Si par bonheur on cherche à faire du meilleur (et non du pire) on peut éventuellement approu- ver. Mais qu’est ce que le meilleur ? quels meilleurs ? qui nous le di- ra ? Nicolas Kopp Bibliographie 1. Hunyadi M. Je est un clone. L’éthique à l’épreuve des biotechno- logies, Paris, Seuil, 2004. 2. Droit R.P. « L’identité perturbée », in : H. Atlan, M. Augé, M. Delmas-Marty, R.P. Droit, N. Fresco, Le clone humain, Seuil, 1999, p. 117-128. Soigner les mal soignés. Ethnologie d’un Centre de soins gratuits. J. Ferreira, Paris, L’Harmattan, Logiques sociales, 2004, 387 p. Jacqueline Ferreira, médecin et anthropologue de la santé présente quelques tranches de vie d’un centre de soins gratuits de médecins du monde à Paris. Ces portraits des bénévoles, soignants et usagers (touristes, sans emplois, clandestins, sans-domicile fixe, migrants), montrent d’autres visages de l’exclusion. À partir d’exemples de discussions avec les médecins du centre ou de questionnements des bénévoles, sont développées quelques réflexions sur les différentes perceptions du corps, de la maladie et de la douleur selon les diffé- rentes cultures (essentiellement d’Afrique noire et du Maghreb), mais également des réflexions sur les représentations, de la famille, de la maternité, aussi bien des soignants que des usagers du Centre. En effet, c’est là une des originalités de l’ouvrage, que de s’interro- ger à partir de la relation (soignant-soigné, bénévole-usager) et des problèmes de compréhension qui s’y posent, de part et d’autre. Un ouvrage d’ethnologie de terrain très accessible qui peut permettre de se décentrer et de se sensibiliser à d’autres perceptions de la ma- ladie. Florence Quinche Enfants en soins palliatifs. Des leçons de vie. A. de Broca, Paris, L’Harmattan, coll. Logiques sociales, 2005, 131 p. Neuropédiatre, Alain de Broca présente, à partir de cas réels, ses ré- flexions sur les soins palliatifs en pédiatrie. Chaque cas donne lieu à un questionnement d’ordre éthique, sur l’information au patient, la dignité, les risques, le consentement, l’intimité, la confiance, les ris- ques du mensonge, la souffrance de la fratrie, etc. Les paroles et interrogations des soignants sont également l’occasion d’une réflexion sur la souffrance des équipes confrontées aux ques- tions des parents, aux peurs, à la souffrance que peut provoquer l’in- formation tout comme à leur propre souffrance. La seconde partie porte sur la notion même de soins palliatifs. Comment comprendre ce terme de manière constructive ? Quelle est la spécificité des soins palliatifs en pédiatrie ? Le dernier chapi- tre esquisse quelques pistes de réflexion avec quelques éthiciens contemporains. Un ouvrage qui permettra aux patients de voir « l’autre côté du miroir », à savoir, les interrogations des soignants et médecins, confrontés aux difficultés quotidiennes. La relation de soin réappa- raît ainsi, loin de tout technicisme triomphant, comme infiniment humaine, imprégnée de doute, d’interrogation. Florence Quinche Rapport mondial sur les connaissances pour une meilleure santé. Renforcement des systèmes de santé OMS, Genève, 2004, 146 p. (version fr/angl), disponible sur internet : www.who.int/rpc/wr2004 Selon les termes de Lee Jong-Wook, directeur général de l’OMS, « Le temps est maintenant venu de traduire la connaissance scientifique en actions concrètes pour le bien et la santé des populations ». Dans la plupart des pays, les moyens pour la recherche fondamentale sont impor- tants, alors que les moyens pour synthétiser et communiquer ces ré- sultats, les implanter dans des politiques de santé publique et dans les pratiques sont relativement faibles. Les recherches sur les systèmes de santé, le développement et l’utilisation de nouvelles connaissan- ces pour améliorer la façon dont les sociétés atteignent leurs objec- tifs de santé s’avèrent nécessaires. Les bases de données produites ne suffisent pas à réaliser de changements, même si elles sont bien synthétisées et communiquées. Ce manque d’efficacité de l’infor- mation sur la santé (obésité, tabagisme, consommation d’alcool, etc.) est un problème mondial. La simple transmission de connais- sances scientifiques ne permet pas sans autre de modifier les habi- tudes, croyances, ou traditions. La nécessité d’investir dans la recherche en éthique médicale, no- tamment dans le domaine des droits humains, de la justice sociale, des questions de discrimination, est également mise en avant par ce rapport. Jean-Pierre Quinche Suicide, la fin d’un tabou ? H.-B. Peter, P. Mösli (éd.), Genève, Labor et Fides, coll. Le Champ éthique, 2003, 195 p. Ouvrage collectif de médecins, juristes, psychologues, éthiciens et théologiens suisses. Le taux de suicide en Suisse apparaît comme un des plus élevés au monde, première cause de mortalité des jeunes entre 20-24 ans, mais s’agit-il là d’un biais dû à la récolte des données ? s’interroge Maja Perret-Catipovic, responsable du Centre d’étude et de prévention du suicide des HUG. En effet, si l’on interroge directement les adoles- cents, ou si comme les statistiques de l’OMS, on ne recense que les cas signalés par les centres de soins, les résultats sont passablement différents. La plupart des jeunes ayant fait des tentatives de suicide ne se présentent ni à un centre de soin, ni à une consultation psychiatri- que ou psychologique. Comment dans ces circonstances apporter une aide aux jeunes suicidants, accéder aux adolescents en difficulté ? Les convaincre de suivre une psychothérapie ? Prévenir les récidi- ves ? Comment réagir face au refus de soins ? Des pistes sont avan- cées dans un travail sur la reconstitution d’un réseau relationnel autour du jeune en difficulté. L’apprentissage de la reconstitution de liens, du sens. Pierre-André Michaud présente différents systèmes de prévention mis en place, aussi bien à un niveau très large, dans l’ac- quisition de compétences de vie, l’amélioration de la santé mentale, qu’à un niveau plus ciblé, concernant les personnes « à risque ». Sont également abordés les thèmes du suicide des personnes âgées, du soutien aux proches, des rites funéraires. Florence Quinche

Rapport mondial sur les connaissances pour une meilleure santé. Renforcement des systèmes de santé

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LU, VU, ENTENDU

entre la manipulation et tel ou tel caractère phénotypique… saura-t-on se mettre d’accord sur ce nouveau ? Si par bonheur on chercheà faire du meilleur (et non du pire) on peut éventuellement approu-ver. Mais qu’est ce que le meilleur ? quels meilleurs ? qui nous le di-ra ?

Nicolas Kopp

Bibliographie

1. Hunyadi M. Je est un clone. L’éthique à l’épreuve des biotechno-logies, Paris, Seuil, 2004.

2. Droit R.P. « L’identité perturbée », in : H. Atlan, M. Augé,M. Delmas-Marty, R.P. Droit, N. Fresco, Le clone humain, Seuil,1999, p. 117-128.

Soigner les mal soignés. Ethnologie d’un Centre de soins gratuits.J. Ferreira, Paris, L’Harmattan, Logiques sociales, 2004, 387 p.

Jacqueline Ferreira, médecin et anthropologue de la santé présentequelques tranches de vie d’un centre de soins gratuits de médecinsdu monde à Paris. Ces portraits des bénévoles, soignants et usagers(touristes, sans emplois, clandestins, sans-domicile fixe, migrants),montrent d’autres visages de l’exclusion. À partir d’exemples dediscussions avec les médecins du centre ou de questionnements desbénévoles, sont développées quelques réflexions sur les différentesperceptions du corps, de la maladie et de la douleur selon les diffé-rentes cultures (essentiellement d’Afrique noire et du Maghreb),mais également des réflexions sur les représentations, de la famille,de la maternité, aussi bien des soignants que des usagers du Centre.En effet, c’est là une des originalités de l’ouvrage, que de s’interro-ger à partir de la relation (soignant-soigné, bénévole-usager) et desproblèmes de compréhension qui s’y posent, de part et d’autre. Unouvrage d’ethnologie de terrain très accessible qui peut permettrede se décentrer et de se sensibiliser à d’autres perceptions de la ma-ladie.

Florence Quinche

Enfants en soins palliatifs. Des leçons de vie.A. de Broca, Paris, L’Harmattan, coll. Logiques sociales, 2005, 131 p.

Neuropédiatre, Alain de Broca présente, à partir de cas réels, ses ré-flexions sur les soins palliatifs en pédiatrie. Chaque cas donne lieu àun questionnement d’ordre éthique, sur l’information au patient, ladignité, les risques, le consentement, l’intimité, la confiance, les ris-ques du mensonge, la souffrance de la fratrie, etc.Les paroles et interrogations des soignants sont également l’occasiond’une réflexion sur la souffrance des équipes confrontées aux ques-tions des parents, aux peurs, à la souffrance que peut provoquer l’in-formation tout comme à leur propre souffrance.La seconde partie porte sur la notion même de soins palliatifs.Comment comprendre ce terme de manière constructive ? Quelleest la spécificité des soins palliatifs en pédiatrie ? Le dernier chapi-tre esquisse quelques pistes de réflexion avec quelques éthicienscontemporains.Un ouvrage qui permettra aux patients de voir « l’autre côté dumiroir », à savoir, les interrogations des soignants et médecins,confrontés aux difficultés quotidiennes. La relation de soin réappa-

raît ainsi, loin de tout technicisme triomphant, comme infinimenthumaine, imprégnée de doute, d’interrogation.

Florence Quinche

Rapport mondial sur les connaissances pour une meilleure santé. Renforcement des systèmes de santéOMS, Genève, 2004, 146 p. (version fr/angl), disponible sur internet :www.who.int/rpc/wr2004

Selon les termes de Lee Jong-Wook, directeur général de l’OMS,« Le temps est maintenant venu de traduire la connaissance scientifique enactions concrètes pour le bien et la santé des populations ». Dans la plupartdes pays, les moyens pour la recherche fondamentale sont impor-tants, alors que les moyens pour synthétiser et communiquer ces ré-sultats, les implanter dans des politiques de santé publique et dans lespratiques sont relativement faibles. Les recherches sur les systèmesde santé, le développement et l’utilisation de nouvelles connaissan-ces pour améliorer la façon dont les sociétés atteignent leurs objec-tifs de santé s’avèrent nécessaires. Les bases de données produitesne suffisent pas à réaliser de changements, même si elles sont biensynthétisées et communiquées. Ce manque d’efficacité de l’infor-mation sur la santé (obésité, tabagisme, consommation d’alcool,etc.) est un problème mondial. La simple transmission de connais-sances scientifiques ne permet pas sans autre de modifier les habi-tudes, croyances, ou traditions.La nécessité d’investir dans la recherche en éthique médicale, no-tamment dans le domaine des droits humains, de la justice sociale,des questions de discrimination, est également mise en avant par cerapport.

Jean-Pierre Quinche

Suicide, la fin d’un tabou ?H.-B. Peter, P. Mösli (éd.), Genève, Labor et Fides, coll. Le Champéthique, 2003, 195 p.

Ouvrage collectif de médecins, juristes, psychologues, éthiciens etthéologiens suisses.Le taux de suicide en Suisse apparaît comme un des plus élevés aumonde, première cause de mortalité des jeunes entre 20-24 ans, maiss’agit-il là d’un biais dû à la récolte des données ? s’interroge MajaPerret-Catipovic, responsable du Centre d’étude et de prévention dusuicide des HUG. En effet, si l’on interroge directement les adoles-cents, ou si comme les statistiques de l’OMS, on ne recense que lescas signalés par les centres de soins, les résultats sont passablementdifférents. La plupart des jeunes ayant fait des tentatives de suicide nese présentent ni à un centre de soin, ni à une consultation psychiatri-que ou psychologique. Comment dans ces circonstances apporterune aide aux jeunes suicidants, accéder aux adolescents en difficulté ?Les convaincre de suivre une psychothérapie ? Prévenir les récidi-ves ? Comment réagir face au refus de soins ? Des pistes sont avan-cées dans un travail sur la reconstitution d’un réseau relationnelautour du jeune en difficulté. L’apprentissage de la reconstitution deliens, du sens. Pierre-André Michaud présente différents systèmes deprévention mis en place, aussi bien à un niveau très large, dans l’ac-quisition de compétences de vie, l’amélioration de la santé mentale,qu’à un niveau plus ciblé, concernant les personnes « à risque ». Sontégalement abordés les thèmes du suicide des personnes âgées, dusoutien aux proches, des rites funéraires.

Florence Quinche