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RAPPORT RSNA 2014 IMAGERIE CARDIOVASCULAIRE (Sébastien BROS, Aissam LABANI) Les maladies de la valve aortique entrainent rapidement une dysfonction diastolique ou systolique nécessitant un traitement rapide avant l’apparition d’une insuffisance cardiaque irréversible. Leur prise en charge devient un enjeu de santé publique compte tenu de l’évolution de la courbe des âges. Chez la personne âgée, le traitement chirurgical est souvent récusé et, depuis plus d’une décennie, remplacé par des techniques percutanées moins invasives. La tomodensitométrie (TDM) joue un rôle primordial pour la sélection des patients candidats à l'implantation ou au remplacement de la valve aortique par voie percutanée (TAVI ou TAVR). La qualité du bilan pré thérapeutique est essentielle dans ce contexte. Le scanner injecté fournit des informations sur l’accessibilité des vaisseaux périphériques, la possibilité de cathétériser ces vaisseaux par des cathéters de gros calibre nécessaires à l’introduction de la prothèse (Bernt J. Wintersperger). Cette modalité d’imagerie permet également, grâce à une acquisition rétrospective synchronisée au rythme cardiaque et à des reconstructions perpendiculaires à l’axe du flux, des mensurations précises de l'aorte ascendante, racine de l'aorte, et de l'anneau aortique. Ces mesures sont indispensables pour le choix de la taille des prothèses. Le scanner a déjà prouvé sa supériorité sur les données échographiques dans ce bilan pré thérapeutique (session « transcatheter aortic valve replacement »). Ce bilan pré thérapeutique est l’objet de deux enjeux principaux : optimiser la précision des mensurations de l’anneau aortique et limiter les risques liés à l’injection de produit de contraste iodé chez ces personnes âgées souvent à risque d’insuffisance rénale et notamment prévenir la survenue d’une insuffisance cardiaque gauche au décours immédiat de l’injection. Une première étude a permis de lever le verrou de la problématique de la mensuration de la valve (Jonathan A Leipsic). En effet, le risque est de sous-estimer ou surestimer sa taille et d’entrainer un RA ou IA post procédure La méthode de mesure est standardisée, l’anneau aortique est mesuré en télé-systole passant par le plan déterminé par la base d’insertion des 3 valvules. Trois mesures sont alors faites : plus petit et plus grand diamètre et la moyenne de ces deux valeurs (D). Puis la mesure de la circonférence est réalisée manuellement. Enfin le calcul de la surface (A) est donné par la formule suivante [D = 2*√ (A/ π)]. La seconde problématique a été explorée par une étude présentée au RSNA 2014. Cette étude (M. Ohana) prospective sur 50 patients inclus pour pose de prothèse valvulaire percutanée, a été réalisée sur un scanner 320 barrettes offrant une couverture de 16 cm et une résolution temporelle de 0,275 s par une acquisition rétrospective sur un cycle cardiaque du massif cardiaque suivie d’une hélice thoraco-abdomino-pelvienne non synchronisée suivant la même injection. La réduction de la quantité de produit de contraste iodé obtenue est d’environ 50 % par rapport au protocole standard actuel (23,1g vs 43,2 g et un volume inférieur à 60 ml).

RAPPORT RSNA 2014 - sfrnet.org · remplacement de la valve aortique par voie percutanée (TAVI ou TAVR). La qualité du bilan pré thérapeutique est essentielle dans ce contexte

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RAPPORT RSNA 2014

IMAGERIE CARDIOVASCULAIRE (Sébastien BROS, Aissam LABANI)

Les maladies de la valve aortique entrainent rapidement une dysfonction diastolique ou systolique

nécessitant un traitement rapide avant l’apparition d’une insuffisance cardiaque irréversible. Leur

prise en charge devient un enjeu de santé publique compte tenu de l’évolution de la courbe des

âges. Chez la personne âgée, le traitement chirurgical est souvent récusé et, depuis plus

d’une décennie, remplacé par des techniques percutanées moins invasives. La tomodensitométrie

(TDM) joue un rôle primordial pour la sélection des patients candidats à l'implantation ou au

remplacement de la valve aortique par voie percutanée (TAVI ou TAVR). La qualité du bilan pré

thérapeutique est essentielle dans ce contexte. Le scanner injecté fournit des informations sur

l’accessibilité des vaisseaux périphériques, la possibilité de cathétériser ces vaisseaux par des

cathéters de gros calibre nécessaires à l’introduction de la prothèse (Bernt J. Wintersperger). Cette

modalité d’imagerie permet également, grâce à une acquisition rétrospective synchronisée au

rythme cardiaque et à des reconstructions perpendiculaires à l’axe du flux, des mensurations

précises de l'aorte ascendante, racine de l'aorte, et de l'anneau aortique. Ces mesures sont

indispensables pour le choix de la taille des prothèses. Le scanner a déjà prouvé sa supériorité sur

les données échographiques dans ce bilan pré thérapeutique (session « transcatheter aortic valve

replacement »). Ce bilan pré thérapeutique est l’objet de deux enjeux principaux : optimiser la

précision des mensurations de l’anneau aortique et limiter les risques liés à l’injection de produit

de contraste iodé chez ces personnes âgées souvent à risque d’insuffisance rénale et notamment

prévenir la survenue d’une insuffisance cardiaque gauche au décours immédiat de l’injection.

Une première étude a permis de lever le verrou de la problématique de la mensuration de la valve

(Jonathan A Leipsic). En effet, le risque est de sous-estimer ou surestimer sa taille et d’entrainer

un RA ou IA post procédure La méthode de mesure est standardisée, l’anneau aortique est mesuré

en télé-systole passant par le plan déterminé par la base d’insertion des 3 valvules. Trois mesures

sont alors faites : plus petit et plus grand diamètre et la moyenne de ces deux valeurs (D). Puis la

mesure de la circonférence est réalisée manuellement. Enfin le calcul de la surface (A) est donné

par la formule suivante [D = 2*√ (A/ π)].

La seconde problématique a été explorée par une étude présentée au RSNA 2014. Cette étude

(M. Ohana) prospective sur 50 patients inclus pour pose de prothèse valvulaire percutanée, a été

réalisée sur un scanner 320 barrettes offrant une couverture de 16 cm et une résolution temporelle

de 0,275 s par une acquisition rétrospective sur un cycle cardiaque du massif cardiaque suivie d’une

hélice thoraco-abdomino-pelvienne non synchronisée suivant la même injection. La réduction de

la quantité de produit de contraste iodé obtenue est d’environ 50 % par rapport au protocole

standard actuel (23,1g vs 43,2 g et un volume inférieur à 60 ml).

IMAGERIE DE LA FEMME (Marine BRICOUT, Guillaume SSI-YAN-KAI)

Les dernières années ont vu l’émergence de nouveaux traitements ciblés en fonction de l’identité

génétique des patients et des caractéristiques génomiques des lésions. Une session entière intitulée

« Molecular Imaging Symposium: Radiogenomics: Linking Imaging to the Future - How to

Prepare for the Radiogenomic Revolution » était consacrée aux rapports entre le cancer du sein et

la génétique et à leurs implications cliniques actuelles et futures. Cette session comprenait 4

parties : « Integrating Histology and Genomics: Spatial and Molecular Heterogeneity of Immune

Infiltration in Triple-negative Breast Tumours (Yinyin Yuan) , « An Introduction to the Technical

Framework for Quantitative Biomarker Imaging Analysis for Radiogenomic Analysis » (Jong Hyo

Kim) ; « Radiogenomics-multiscale Molecular Imagaing : Applications in Clinical Practice »

(Michael D. Kuo), « Correlating Imaging with Human Genomics (Hands-on)

Refresher/Informatics » (Daniel L. Rubin). Le développement de bases de données radiologiques

couplées aux bases de données moléculaires a permis le développement de corrélations radio-

génétiques permettant d’envisager d’éventuelles thérapies ciblées. Ces corrélations radio-

génétiques sont à la base d’une discipline émergente intégrant les données génomiques aux

données médicales dans le but d’améliorer la prise en charge des patientes et les décisions

thérapeutiques. En cancérologie, il existe désormais des bases de données radiologiques et

génomiques qui sont accessibles publiquement via les « Archives d’Image de Cancer » (TCIA

Tumor Cancerology Imaging Atlas) et l’« Atlas Génomique du Cancer » (TCGA Tumor

Cancerology Genomic Atlas). Ces bases de données constituent donc un outil précieux pour

effectuer des travaux de recherche et de corrélations.

Ces archives TCIA/TCGA fournissent des exemples de correspondance moléculaire qui intéressent

cinq types de cancer, à savoir le sein, le poumon, le cerveau, la prostate et le rein.

Les données du TCGA incluent plusieurs types de données telles que l'expression de gène,

l'expression du micro A.R.N., l'ADN méthylation et les sous- types de mutation.

Les données du TCIA permettent d’extraire des caractéristiques radiologiques telles que le volume

des tumeurs, leur forme, leur densité à partir des différents examens d’imagerie : IRM, scanner et

PET /TDM. Par ailleurs les radiologues annotent ces images avec des descripteurs sémantiques

utilisant des terminologies contrôlées pour enregistrer les caractéristiques visuelles des différentes

pathologies. L’utilisation de termes validés par la communauté médicale comme le propose le

lexique BI-RADS (Breast Imaging Reporting and Data System) permet une homogénéisation des

comptes-rendus. La disponibilité de ces données génomiques corrélées aux phénotypes

radiologiques permettrait dans un avenir proche de reconnaître en imagerie certains types de cancer

comme par exemple le cancer triple négatif ou le cancer basal like. Il y a également un intérêt

potentiel à pouvoir distinguer les différents types radio-moléculaires dans l’évaluation de la

réponse thérapeutique. L’analyse de l’ensemble de ces données requiert cependant d’utiliser des

outils informatiques pour d’une part analyser les données moléculaires et d’autre part les corréler

aux images radiologiques.

On peut espérer dans un futur proche pouvoir multiplier les applications thérapeutiques et améliorer

la prise en charge diagnostique grâce à ces corrélations radio-génétiques et à l’implication des

radiologues, des généticiens, des anatomopathologistes mais également des oncologues qui, en

travaillant ensemble, pourront faire progresser ces connaissances passionnantes situées à

l’intersection du génome et de l’image.

La pathologie pelvi-périnéale a été abordée sous la forme de présentations pédagogiques plus que

sur le versant "innovations technologiques". Parmi les présentations scientifiques, une étude nous

a semblé particulièrement intéressante : l'injection de produit de contraste iodé chez la femme

enceinte est-elle sans risque pour le bébé ? Les recommandations américaines indiquent que les

produits de contraste iodés doivent être évités pendant la grossesse sur la base des études in vitro

et animales mais quelques rapports ont évalué son utilisation clinique. Une étude rétrospective par

une équipe de Cleveland (Richard S. Dargan) a été menée pour évaluer le risque de complications

de la grossesse associées à l'utilisation de produit de contraste iodé par voie intraveineuse en

scanner chez les femmes enceintes. Deux groupes de patientes ont été suivis, l'un ayant bénéficié

d'une TDM avec injection de produit de contraste et l'autre (groupe contrôle) qui a bénéficié d'une

TDM sans contraste. Les patientes ont été incluses uniquement si leur TDM était négative et ont

été suivies jusqu'à l'accouchement. Les données démographiques et cliniques ont été enregistrées

et comparées entre les deux groupes en utilisant un test t bilatéral. Au total, 336 femmes enceintes

explorées en TDM pendant leur grossesse ont été recrutées. Parmi les examens négatifs, 128

patientes ont reçu du produit de contraste (TDM abdomino-pelvienne ou thoracique) et 91 ont

bénéficié d'un examen sans contraste (TDM cérébrale). Le poids à la naissance était

significativement inférieur dans le groupe de produit contraste administrée (2,679 g) par rapport au

groupe témoin (3,055 g) (p < 0,01). Il n'y avait pas de différences statistiquement significatives

entre les groupes concernant l'âge moyen de la mère au moment de l'accouchement, l'âge

gestationnel lors de l'accouchement ou l'indice d'Apgar à 1 et 5 minutes (p > 0,05).

Sur la base de cette étude rétrospective préliminaire, il apparaît que l'administration de contraste

iodé en scanner pendant la grossesse peut être associée à un faible poids de naissance. Afin de

comprendre et valider cette association, d'autres études devront être menées.

IMAGERIE NEURO TETE ET COU Idris DIALLO, Baptiste MOREL)

Deux posters étaient consacrés à l’utilisation du scanner double énergie en neuro-imagerie et en

ORL ("dual energy CT" - a boon to clinical advances in neuroimaging par Bachhav et al;

“Neuroradiology applications of dual energy CT” par Campeau et al.). Il existe 3 types de scanner

double énergie (DECT) : bi-sources, mono-source avec changement rapide des kV et mono-source

avec deux couches de détecteurs. Une fois l’acquisition réalisée, trois séries sont créées à partir des

données brutes. Une série sans contraste virtuel (0 % iode), une série mixte correspondant au

scanner injecté classique (50 % iode) et une série présentant uniquement l’image de l’iode (100 %

iode) sont alors disponibles. Par exemple, ces trois séries permettent une évaluation précise des

hémorragies intracrâniennes. Elles permettent de différencier une hémorragie d’un rehaussement

dans une métastase en mettant en évidence l’absence d’hyperdensité sur l’image 100 % iode. La

série 100% iode permet aussi une meilleure visualisation des anévrysmes rompus en supprimant

l’hyperdensité du sang. En imagerie post-interventionnelle, le DECT permet de différencier un re-

saignement d’une extravasation de produit de contraste. On peut également différencier une prise

de contraste méningée d’une hémorragie sous-arachnoïdienne. En neuro-vasculaire, la suppression

automatique de l’os et des calcifications est améliorée. Au niveau du rachis, l’élimination des

artéfacts métalliques améliore la visualisation du cordon médullaire et permet ainsi une réduction

de la dose délivrée. En ORL, le DECT permettrait de différencier les récidives tumorales des

lésions bénignes post-thérapeutiques. Le chevauchement des courbes spectrales d’UH à kV bas à

la partie inférieure du spectre de kV est en faveur de remaniements post-thérapeutiques. Alors

qu’une séparation significative des courbes spectrales d’UH à la partie inférieure du spectre des kV

est en faveur d’une récidive tumorale. Le DECT est donc un outil précieux pour l’imagerie

neurologique et en particulier oncologique en période post-thérapeutique, pour adapter encore plus

précocement le traitement du patient.

La pratique du football américain n’est pas sans conséquence. Une matinée entière s’est consacrée

à analyser les possibles effets des traumatismes crâniens sur le parenchyme cérébral, en particulier

la substance blanche. N. Bahrami a étudié la substance blanche par des séquences de tenseurs de

diffusion chez 24 joueurs de football américains, suivis pendant toute une saison. Dans leur casque

était fixé 6 capteurs en permanence reliés au scalp, relevant en continu l’énergie des impacts et

permettant de classer les joueurs en ‘faible’ traumatisé ou ‘traumatisé sévère’. L’analyse de la

fraction d’anisotropie de ces joueurs a montré une corrélation linéaire entre les perturbations de la

FA et l’intensité des impacts. Il existe également une corrélation entre les zones cérébrales atteintes

(diminution de la FA dans le faisceau longitudinal supérieur et le bras antérieur de la capsule

interne) et les symptômes neuropsychiatriques décrits par les joueurs (essentiellement dépression

et anxiété). E.Whipple objective des résultats similaires chez les anciens militaires ayant souffert

d’un traumatisme crânien sévère, avec une perturbation de la fraction d’anisotropie dans les régions

frontales corrélée aux perturbations neuropsychologiques.

Dans une session consacrée à l’imagerie de la substance blanche et des lésions démyélinisantes une

présentation a été consacrée à l’intérêt de nouvelles séquences à TE ultracourt à 3T, permettant de

mieux visualiser la myéline au sein de la substance blanche et de dépister encore plus précocement

des lésions (VR Shet). Cette même séquence permet de mettre en évidence des dépôts de fer à de

très faibles concentrations chez les patients atteints de SEP (QH Meng). Ces dépôts de Fer

pourraient jouer un rôle pro-inflammatoire dans l’initiation de la maladie et dans son évolution.

IMAGERIE ONCOLOGIQUE MUSCULOSQUELETTIQUE (Olivier ANDREANI,

Mariem BEN HAJ AMOR)

La session de mise au point sur les outils de caractérisation en IRM des tumeurs des parties molles

était animée par M.D. Murphy. L’outil principal d’évaluation d’une masse des parties molles est

l’IRM même si le bilan standard est utile et complémentaire pour la détection des calcifications et

l’étude de la minéralisation osseuse difficilement caractérisable en IRM. Ces 2 techniques

permettent d’orienter le diagnostic dans plus de 50 % des cas. Il est primordial d’avoir un plan axial

en pondération T1 et T2 puis en fonction de la localisation de la masse en antéropostérieur ou en

médiolatéral respectivement un plan sagittal ou coronal. Les séquences sans suppression du signal

de la graisse doivent être privilégiées car elles sont très utiles dans la délimitation de la masse et

l’étude de ses rapports avec les structures avoisinantes (vasculaire, nerveuse). L’approche proposé

par Murphy répond à 4 questions principales « 4 W’s Approach » : Where ? What ? When ? Why ?

D’abord, essayer de localiser la lésion (Where) : sous cutanée, intra ou intermusculaire, multifocale

ou diffuse. Si le lipome sous cutané est la tumeur bénigne la plus fréquente, on retiendra que la

tumeur maligne sous cutanée la plus fréquente chez l’adulte est le dermatofibrosarcome malin (ou

tumeur de Darier et Ferrand). Cette dernière présente une caractéristique importante à connaître

qui est une extension sous cutanée non palpable. Il est important de la spécifier au chirurgien afin

d’optimiser la prise en charge et d’obtenir une exérèse R0. Le « split fat sign », décrit comme un

liseré graisseux en périphérie de la tumeur est un signe intéressant qui oriente vers une tumeur à

développement inter musculaire et en première hypothèse une tumeur d’origine nerveuse. Certaines

localisations spécifiques typiques doivent être connues car elles ne nécessitent pas d’examen

complémentaire : ce sont l’élastofibrome de la pointe de la scapula et la fibromatose palmaire ou

plantaire. Ensuite, on caractérisera la lésion (What ?), en se basant sur le signal de la composante

tissulaire spécifique de la tumeur (graisse, nécrose, myxoide) et sur ses contours. Enfin, l’âge du

patient (When) oriente vers certaines pathologies en se basant sur l’épidémiologie. Cette démarche

systématique permet d’approcher la nature de la tumeur et d’optimiser sa prise en charge en

proposant soit une simple surveillance soit une biopsie en fonction des éléments péjoratifs ou non

retrouvés (Why).

La session « Radiologic imaging features and clinicopathology correlation of hemosiderotic

fibrolipomatous tumour » par Meagle et al. a été l’occasion d’une mise au point sur cette tumeur

des parties molles décrite pour la 1ère fois en 2000, peu référencée dans la littérature, et

correspondant à une association de fibroblastes, adipocytes et macrophages chargés

d’hémosidérine. Cette tumeur bénigne a un potentiel de récidive locale ainsi que de transformation

maligne en myxofibrosarcome inflammatoire. Son apparence en IRM est celle d’une masse

graisseuse sous cutanée, infiltrative, avec des septas réticulo-nodulaires, en hypersignal T2 et T2

STIR. Son rehaussement est variable mais concerne plus du tiers de la lésion. Les dépôts

d’hémosidérine peuvent être détectés par des « blooming artifacts » sur les séquences en écho de

gradient. Les diagnostics différentiels à évoquer sont le lipome hémorragique ou nécrotique ; le

liposarcome bien différencié hémorragique ou avec nécrose graisseuse ; et le liposarcome myxoïde.

Dans « Angiomatoïd fibrous histiocytoma (AFH) : novel MR observation, pathologic and clinical

features », Moreno a actualisé les connaissances sur cette tumeur de bas grade des parties molles,

à partir d’une série rétrospective de 6 cas. Toutes les lésions ont une composante kystique

prédominante, avec des limites bien définies du fait de la présence d’une pseudocapsule en

hyposignal. Deux signes évocateurs ont été mis en avant : le signe de la tête de méduse et le signe

du double anneau. Le signe de la tête de méduse correspond à la présence de « travées » cellulaires

tumorales infiltratives linéaires ; le signe du double anneau est formé de l’hyposignal capsulaire

périphérique fibreux (pouvant être incomplet) cerné par l’hypersignal T2 en rapport avec un œdème

réactionnel des parties molles. En conclusion une masse kystique majoritairement bien circonscrite

par un hyposignal T2 pseudocapsulaire associé à des infiltrations tumorales linéaires suggère le

diagnostic d’AFH, surtout chez un enfant ou un adulte jeune présentant une masse sous cutanée

d’un membre.

Une communication était consacrée aux métastases musculaires, entités rares compliquant dans 2/3

des cas des carcinomes et dans l’autre tiers un lymphome ou une leucémie. La présentation typique

est celle d’une masse intra musculaire bien limitée, iso intense au muscle en T1, hyper intense en

T2, rehaussée de façon importante, avec des zones de nécrose et un œdème réactionnel. Ces

métastases peuvent mimer une myosite d’où le titre de la présentation « Carcinomatosis of muscle :

a potential mimic of myositis » par Soliman et al., mais le diagnostic doit être évoqué chez des

patients ayant une maladie métastatique évoluée, surtout dans le cadre des carcinomes gastriques

ou de l’oesophage.

Une matinée consacrée au poignet a retenu notre attention. Les ligaments intrinsèques du poignet

sont aux nombres de 3 : le ligament scapholunaire (LSL) (stabilisateur principal), le lunotriquétral

(LLT) et le complexe triangulaire fibrocartilagineux du carpe. L’atteinte du LSL est responsable

principal des tableaux d’instabilité du poignet. La sensibilité de la détection des lésions est

supérieure en IRM 3T (89 %) vs 1.5 T (41 à 86 %). Elle est équivalente après injection intra

articulaire de produit de contraste, avec cependant une meilleur puissance diagnostique. L’atteinte

du LLT est 6 fois moins fréquente que celle du LSL et ne s’accompagne pas d’un diastasis

lunotriquétral. Ces lésions sont nettement mieux visualisées en IRM 3T (82 %) vs 1.5 T (0 à 56 %).

L’adjonction intra articulaire de PDC améliore la sensibilité dans les deux cas. Les lésions du

complexe fibrocartilagineux triangulaire du carpe sont d’origine post traumatique ou dégénérative

(classification de Palmer). La détection de ces lésions est nettement meilleure en IRM 3 T vs 1.5

T, sans amélioration après injection intra articulaire de PDC. En conclusion, l’IRM 3T améliore la

détection des lésions ligamentaires intrinsèques du carpe. L’injection de produit de contraste intra-

articulaire augmente la puissance diagnostique et la détection des lésions du LLT (« IRM vs Arthro

IRM » par Mark. D Murphy). L’IRM dynamique constitue une nouvelle approche dans le

diagnostic des dissociations scapholunaires (Behrndt). Le poignet est positionné en pronation ; des

séquences statiques sont réalisées (sagittale /coronale T1, axiale 2) suivies de séquences

dynamiques coronales ciné true FISP en inclinaison ulnaire et radiale avec une résolution

temporelle de 10 images/s. La sensibilité et la spécificité de la détection des lésions du LSL est de

83 % et 94 %. Il n’y pas de différence significative en comparaison aux radiographies dynamiques

après injection intra articulaire de PDC. Cette technique pourrait représenter une alternative au

bilan standard invasif.

Le but de l’étude « Evaluating MRI-detected tenosynovitis of the hand and wrist in early arthritis »

présentée par Nieuwenhuis était de décrire la prévalence des ténosynovites de la main et du poignet

chez des patients souffrant d’arthrite débutante et d’évaluer la performance discriminative de

localisations spécifiques chez des patients souffrant d’arthrite rhumatoïde. Les IRM de 178

patients ont été étudiées à l’aide de séquences T1, après injection et annulation du signal de la

graisse. Deux lecteurs cherchaient à mettre en évidence un épanchement péritendineux ou une

prolifération synoviale des articulations du poignet et des 2ème à 5ème métacarpo-phalangiennes et

concluaient à la présence ou non d’une ténosynovite. 39 % de leurs patients satisfaisaient les

critères diagnostiques 2010 de polyarthrite rhumatoïde. Une ténosynovite était présente chez 65 %

de tous les patients : chez 75 % des patients souffrant d’arthrite rhumatoïde et 59 % des autres.

L’analyse des localisations concluait qu’une ténosynovite du fléchisseur du 5 et des extenseurs du

2 et du 4 au niveau des MCP et qu’une atteinte des tendons extenseurs des 1er, 2ème et 4ème

compartiments au niveau du poignet étaient spécifiques de polyarthrite rhumatoïde.

Dans « Opposed-phase gradient echo MR imaging improves image quality and visualization of

erosions in arthritis » par Stomp et al., les auteurs ont cherché à montrer que la visualisation

d’érosions osseuses pouvait être améliorée par la réalisation de séquences en opposition de phase

grâce à une meilleure délimitation de l’interface os-tissu et à un temps d’acquisition réduit (moins

d’artefacts de mouvement, diminution de l’inconfort du patient). Les IRMs de 14 patients souffrant

d’arthrite rhumatoïde évoluant depuis moins de 2 ans ont été analysées, comparant des séquences

standards T1 sans et avec injection à des séquences écho de gradient en opposition de phase. Les

érosions ont été gradées selon le score OMERACT RAMRIS par 2 radiologues. La sensibilité ainsi

que les valeurs prédictives positives et négatives étaient plus élevées pour les séquences en

opposition de phase. Ainsi les auteurs concluent que ces séquences sont utilisables pour scorer les

érosions d’arthrite débutante, augmentent la qualité des images et la visualisation des érosions tout

en diminuant le temps d’examen.

Les lésions spécifiques du golfeur et du gymnaste ont été passées en revue par Wilfred dans « Sports

related injuries of the wrist ». Chez le golfeur, la fracture du crochet de l’hamatum, le syndrome

d’impaction ulnaire (lésion du TFCC par impaction de la tête ulnaire sur le versant ulnaire du

carpe), la ténosynovite de l’extenseur ulnaire du carpe sont des lésions classiques. Chez le

gymnaste, les lésions de la plaque de croissance du radius sont visibles sur les radiographies

standard sous la forme d’érosions métaphysaires mal définies associées à une sclérose sous

chondrale. L’IRM retrouvera une ligne fracturaire hypointense ou un œdème osseux réactionnel au

stress mécanique, sans fracture forcément associée.

En imagerie oncologique l’objectif principal est la caractérisation de la maladie locale ainsi que

l'identification des métastases. Certaines entités en oncologie affectent d’emblée le corps entier de

manière diffuse comme les maladies hématologiques et l’IRM corps entier est une modalité de

choix pour faire le bilan de ces affections (Tobias Heye). Ainsi le développement continu de la

technologie IRM a permis d'améliorer le temps d'acquisition et la couverture de volume permettant

une imagerie du corps entier dans un intervalle de temps réalisable en pratique courante. Un

protocole standardisé permet d’obtenir un équilibre entre la multitude de séquences IRM

disponibles avec la quantité d'informations nécessaire pour répondre à la question clinique. Les

séquences coronales T1, STIR, diffusion et sagittale STIR +/- injection de produit de contraste

permettent de répondre à la question posée. Par rapport au TEP scanner, l’IRM permet la détection

des petites lésions hépatiques, pelviennes, osseuses ainsi que les lésions cérébrales. La diffusion

avec le calcul de l’ADC est un bon indice de suivi des lésions sous traitement. Le TEP scanner

reste supérieur dans le bilan primaire et la détection des adénomégalies métastatiques. Ces deux

techniques sont équivalentes dans le myélome multiple et les maladies lymphoprolifératives.

L’IRM-TEP apparaît donc comme la modalité d’avenir la plus complète.

RADIOPEDIATRIE (Baptiste MOREL, Marine BRICOUT)

Appareil par appareil, les présentations scientifiques en radiopédiatrie étaient riches d’informations

et en voici une sélection.

La première session portait sur le système nerveux central, et en particulier sur les anomalies

médullaires. E. Schwartz a illustré les différents types de dysraphismes, des plus fréquents telle la

myéloméningocèle, au plus rare tel le « limited dorsal myeloschisis » (LMD). Comme l’a ensuite

exposé H. Cho, le LMD est caractérisé par une tige fibreuse reliant une anomalie cutanée lombaire

au cordon médullaire sous-jacent. Dans 75 % des cas étudiés de LDM, le cône médullaire est bas

situé, inférieur à L2 et, à la différence des sinus dermiques congénitaux, il n’était pas retrouvé

d’infection ou de lésion épidermoïde ou dermoïde associée.

D. Middleton a présenté un nouvel algorithme de post-traitement de tenseur de diffusion

médullaire, cherchant à limiter les artefacts de mouvements physiologiques (à l’origine de

mouvements oscillants et pulsatiles du cordon médullaire) et améliorant ainsi la visualisation de la

différenciation substance blanche/substance grise en DTI à 3T.

Une nouvelle technique d’IRM moléculaire, l’« Amide Proton Transfer » (APT) détecte les

protéines cytosoliques mobiles et peut aider à différencier les différentes portions d’une lésion

infectieuse cérébrale.

Des éléments nouveaux émergent également dans l’exploration des encéphalopathies. Dans

l’encéphalopathie chronique liée à la bilirubine, les anomalies de signal et la perte de volume des

noyaux gris centraux (globi pallidi et noyaux sous thalamiques) sont bien connues mais A. James

a démontré qu’il existait également une perte de volume significative des hippocampes qui devait

être recherchée dans le cadre d’un bilan cognitif.

Par ailleurs, la spectroscopie par résonance magnétique nucléaire objective chez les nouveau-nés

souffrant d’encéphalopathie anoxo-ischémique modérée ou sévère une diminution de plusieurs

métabolites (Glutamate, aspartate et GABA) dans les noyaux gris centraux associée à une élévation

de la Glutamine. Ces éléments diagnostics permettraient d’adapter plus précocement la prise en

charge de ces enfants.

Une autre session était dédiée à l’imagerie ostéo-articulaire pédiatrique. L’étude des courbes de

rehaussement dynamique en IRM permet de différencier plus aisément le caractère actif ou non

des arthrites juvéniles idiopathiques, en suivant les modèles définis pour les caractérisations

tumorales. Dans les ostéochondrites primitives de hanche, l’étude de la perfusion après injection

de produit de contraste (Dotarem) permet de détecter rapidement une hypoperfusion de l’épiphyse

fémorale de mauvais pronostic, ou une perfusion hétérogène également de mauvais pronostic si la

vascularisation métaphysaire est centrale. La séquence de diffusion est utile pour quantifier le

caractère inflammatoire d’une sacro-iliite survenant chez les enfants atteints de spondylarthrite

ankylosante (SPA). La restriction de l’ADC est bien corrélée aux intensités d’anomalie de signal

STIR, validée pour les adultes souffrant de SPA.

Concernant l’exploration cardio-thoracique, Y Wang et al ont montré que chez des enfants atteints

de retour veineux pulmonaire anormal total, l’utilisation d’une technique de scanner double énergie

avec un bas voltage de 70 kV associée à une méthode de reconstruction itérative (SAFIRE)

permettait de diminuer significativement les doses tout en étant suffisamment informative pour

permettre à terme d’éviter le recours à une imagerie plus invasive de type cathéterisme cardiaque.

Plusieurs présentations du RSNA ont porté sur les imprimantes 3D et leurs nombreuses

applications. Dans le cadre de l’exploration des malformations cardiaques, l’utilisation

d’imprimantes 3D permet de créer un cœur en plastique flexible à partir d’images DICOM de

scanner ou d’IRM cardiaque. Ces modèles facilitent l’analyse et la compréhension de ces

malformations complexes et peuvent être utilisées à des fins pédagogiques, ou pour aider les

chirurgiens à planifier leur traitement.

L’échographie de contraste est une technique qui peut être utilisée en pédiatrie. Le produit de

contraste utilisé consiste en une suspension de microbulles ou microsphères biocompatibles

remplies de gaz inertes, que l’on peut injecter en intraveineux ou par infusion via un cathéter. Un

logiciel élaboré d’imagerie harmonique est conseillé pour visualiser au mieux le rehaussement. Le

produit Sonovue vient récemment d’être autorisé aux USA. Dans la littérature, 948 utilisations

intraveineuses et 4131 remplissages vésicaux ont été rapportés, avec une tolérance excellente.

Seuls 5 effets mineurs ont été rapportés. La demi-vie étant de 1.3 minutes, le produit est éliminé de

l’organisme en 10 minutes. A noter que le foie et la rate retiennent les microbulles. Les indications

pédiatriques des produits de contraste sont identiques à celles des adultes, caractérisation de masses

hépatiques. La recherche de reflux vésico-urétral est visualisable par le rehaussement des cavités

rénales et constitue une alternative non invasive à la cystographie rétrograde. L’intérêt des produits

de contraste ultrasonore en pédiatrie est la possibilité d’effectuer rapidement l’examen, sans

nécessité de sédation lourde pour l’enfant, avec des résultats immédiatement disponibles. Une autre

application est la recherche de signes échographiques de synovite, en particulier pour les arthrites

juvéniles inflammatoires.

RADIOLOGIE DIGESTIVE ET INTERVENTIONNELLE (Guillaume SSI-YAN-KAI,

Sébastien BROS, Guillaume VESSELLE)

La prise en charge thérapeutique des lésions hépatiques primitives et secondaires par le radiologue

était un thème largement abordé lors de ce congrès, traduisant d’une part le rôle croissant du

radiologue en tant qu’acteur thérapeutique mais également l’apparition de nouveaux outils

thérapeutiques, la volonté de repousser les limites techniques actuelles et d’améliorer la

surveillance post thérapeutique. Différentes techniques ont été mises au point pour détruire les

tumeurs en utilisant la chaleur, le froid … plusieurs communications ont permis de faire le point

sur ces différentes techniques avec leurs indications et leurs limites.

L’ablathermie par radiofréquence est la technique la plus ancienne et la plus répandue à travers

le monde depuis les années 90. Elle est utilisée en chirurgie ouverte, par voie endoscopique,

endovasculaire et percutanée. Elle repose sur l’administration d’un courant alternatif de haute

fréquence agitant les ions et générant ainsi de la chaleur. L’objectif est d’atteindre 60 à 100°C,

température générant une thermo-coagulation des protéines. Les applications les plus courantes

sont les lésions néoplasiques thoraciques, les CHC et les tumeurs rénales à cellules claires. Plus

rarement son champ d’action s’étend au domaine ostéo-articulaire (ostéome ostéoide) et splénique

(métastases). Ses avantages reconnus sont la large expérience acquise chez l’homme, les nombreux

types de sondes proposés par les différentes constructeurs et les bénéfices par rapport à la chirurgie

ouverte (diminution du risque de saignement, procédures plus rapides, moins de complications et

de temps de récupération le tout pour un coût moins important). Ses inconvénients sont

principalement la taille restreinte des lésions traitables (< 3 cm), la résistance à la conduction liée

aux gaz générés réduisant parfois ainsi le volume traité. On notera également que cette technique

est réservée aux tumeurs périphériques éloignées des principaux vaisseaux (« heat sink effect ») et

des principaux troncs biliaires. L’efficacité primaire rapportée est de plus de 90 % et 97 % en

intention secondaire. Plusieurs auteurs ont développé des techniques pour pallier aux limitations

anatomiques notamment hépatiques. Parmi celles-ci on peut noter la création d’une ascite

artificielle pour protéger les structures à risque (estomac, vésicule biliaire) ou le refroidissement

des voies biliaires par voie endoscopique (en administrant un liquide froid).

La technique d’ablathermie utilisant les micro-ondes est disponible aux USA depuis les années

2000. Son principe repose sur la création d’ondes électromagnétiques. Les mouvements

moléculaires de l’eau génèrent une augmentation de température. Cette technique est utilisée pour

les tumeurs hépatiques primitives et secondaires jusqu'à un volume de 5 cm de diamètre. Les

avantages sont l’efficacité plus importante que la radio-fréquence au contact des gros vaisseaux, le

plus grand volume tumoral traitable, les températures plus importantes atteintes, le tout pour un

temps de traitement plus court. Elle génère une augmentation active de la température de la tumeur

contrairement à la RF qui fonctionne par une augmentation passive au contact de la sonde. Les

points négatifs sont liés à son caractère plus récent que la RF avec un faible recul clinique et une

moins grande expérience acquise. Les taux de récurrence sont identiques à la résection chirurgicale

pour des lésions < 5 cm.

La cryoablation, connue depuis le 19ème siècle, engendre, par chute de la température

à -185 degrés, une rupture membranaire, une déshydratation cellulaire et une ischémie locale des

tissus. L'utilisation de l'argon a permis d'optimiser la zone de traitement. La circulation à l'extrémité

des cryoablateurs d'argon haute pression crée une chute locale de température, une bille de glace

et un traitement complet grâce à deux cycles de gel-dégel. Parmi ses nombreux avantages, une

sédation légère est suffisante en raison de son caractère moins douloureux que d'autres méthodes ;

par ailleurs la zone d'ablation est visible sur le scanner sans injection. Son principal inconvénient

est le faible volume d'ablation qui nécessite l'utilisation de multiples sondes avec un risque non

négligeable de complications hémorragiques surtout en cas de thrombopénie ou de cirrhose.

L'électrolocation irréversible ou électroporation est une technique récente décrite chez l'homme

depuis 2009. Elle entraîne l'apoptose des cellules tumorales, au moyen d’un champ électrique élevé

appliqué localement grâce à des microsondes à haut voltage. Cette mort cellulaire est obtenue par

modification des potentiels membranaires. Si un faible voltage est utilisé, le phénomène est alors

réversible. Elle n'entraine pas d'effet thermique et peut donc être utilisée à proximité des vaisseaux,

canaux biliaires ou des nerfs. Les sondes de 19G utilisées sont fines et offrent une très bonne

réponse thérapeutique. En revanche, le recul clinique de cette technique récente est faible et elle

n’est pas encore remboursée en France. De plus cette technique exige une préparation plus longue,

une organisation spécifique avec synchronisation cardiaque en raison du risque d'arythmie et une

anesthésie générale avec curarisation pour éviter tout mouvement gênant les pulses de haut voltage.

En conclusion, les microsondes permettent de traiter un volume plus important que la RF, plus

rapidement et avec une moindre sensibilité au « heat sink effect ». La RF est la technique la mieux

maitrisée et aucune technique n’a montré de meilleur résultat jusque-là. La cryoablation est

principalement utilisée pour le rein mais très peu pour le foie. Le temps de traitement est beaucoup

plus long que les deux techniques précédentes. L’électroporation est la plus récente des techniques

sans « heat sink effect », épargnant l’architecture tissulaire mais très peu de données sont

disponibles.

L’imagerie des complications de la chirurgie bariatrique était au centre de plusieurs sessions, les

auteurs rappelant les différentes techniques chirurgicales, leurs intérêts, l’imagerie normale et les

complications. Parallèlement à ces techniques chirurgicales, plusieurs études sont actuellement

menées sur une nouvelle technique de radiologie interventionnelle pour la prise en charge de

l’obésité, l’embolisation bariatrique. L’embolisation des artères gastriques a été pour la première

fois rapportée en 1970 pour le contrôle d’un saignement sur ulcère tumoral. En 2007, le Dr.

Arepally proposa une nouvelle application à l’embolisation gastrique, la diminution de la sécrétion

de ghréline, une hormone dont le rôle est de stimuler l’appétit. Une étude réalisée en 2007 sur des

cochons montra un bénéfice de l’embolisation gastrique en termes de perte de poids par rapport au

placebo. Bawudun et al. ont par la suite montré que la perte de poids était proportionnelle au

pourcentage de vascularisation du fundus par l’artère gastrique gauche lorsqu’elle était embolisée

par lipiodol ou PVA, concluant que la compréhension de l’anatomie artérielle gastrique et

principalement du fundus avec les variations anatomiques était nécessaire. Une étude menée par

Paxton a montré que lorsque l’ensemble des artères vascularisant le fundus étaient embolisées, une

diminution de la sécrétion de ghréline allant jusque 55 % était objectivée, soit l’équivalent obtenu

après chirurgie bariatrique mais au prix d’effets indésirables à type de gastrites et ulcères. En 2013,

Kipshidze et al. ont rapporté une baisse de 13 % du poids à un mois après embolisation d’artères

gastriques gauches par des particules de 300 μm chez 5 patients. Une étude est actuellement en

cours aux USA. Avec les améliorations techniques portant sur les microcathéters et les agents

emboliques, l’embolisation bariatrique pourrait s’avérer être une option intéressante pour les

patients ne pouvant pas bénéficier d’un By-Pass chirurgical. Des recherches complémentaires sont

nécessaires afin d’évaluer l’efficacité en terme de perte pondérale ainsi que la sécurité de ces

techniques nouvelles qui nécessitent de la part du radiologue une parfaite connaissance de la

vascularisation artérielle de l’estomac et notamment de la vascularisation fundique.

THORAX (Aissam LABANI, Guillaume CHASSAGNON)

Le dépistage du cancer broncho-pulmonaire a à nouveau été la principale thématique en imagerie

thoracique. Les présentations se sont articulées autour des expériences des programmes de

dépistage aux Etats Unis, de la réduction de dose et des recommandations LungRADS éditées en

2014 par l’ACR. Le principe de dépistage impose l’utilisation de dose la plus faible possible.

Plusieurs présentations ont montré les réductions de dose permises par l’utilisation des nouveaux

algorithmes de reconstructions itératives et par un système de filtration des photons X de basse

énergie. Ainsi plusieurs études ont attesté de la possibilité de réaliser des protocoles ultra-low dose

(< 0,2 mSv). La détection des nodules de verre dépoli par ces mêmes protocoles reste sujette à

discussion. Le dépistage du cancer pulmonaire selon les critères NLST (National Lung Screening

Trial) a déjà commencé à être appliqué dans plusieurs centres d’excellence aux Etats Unis mais

celui-ci reste surtout le fait d’une démarche personnelle et non d’un dépistage organisé et le nombre

de patients est relativement faible. Début 2014, une étude des pratiques de ces centres a montré que

les critères décisionnels utilisés étaient uniquement basés sur les mesures 2D (critères NLST,

Fleischner) et non sur les mesures 3D qui sont plutôt utilisées en Europe. Or, une étude a rapporté

la faible corrélation entre ces mesures 2D et 3D (Marjolein A et al, séance SSA04). Au début de

l’année 2014, un nouvel arbre décisionnel a été introduit par l’ACR pour la prise en charge des

nodules solides et non solides découverts au cours du dépistage : les critères LungRADS. Ces

critères qui reposent sur les mesures 2D ont été validés rétrospectivement sur les données de l’étude

NLST et permettent de diminuer le nombre de faux positifs.

Une séance a été consacrée à l’IRM pulmonaire. Les avancées permettent désormais une meilleure

exploration de l’étage thoracique et notamment l’étude du parenchyme grâce aux prometteuses

séquences UTE à temps d’écho ultra court (Hiroto Hatabu, séance VSCH31).

Plusieurs séances ont également abordé la quantification des pathologies parenchymateuses et

notamment de la BPCO (Séances SSK05, RC525 et SSQ04)

APPAREIL URO-GENITAL (Mikael FONTARESKI)

Cette année, de nombreuses sessions étaient dédiées à l’imagerie prostatique, les orateurs sont

largement revenus sur l’intérêt du score Pi-RADS dans la caractérisation des nodules prostatiques

d’une part (Hamoen E, Thompson L, Witjes F, Rovers M, Barentsz J, « Evaluation of PI-RADS for

Multi-parametric Prostate MRI: How to Improve the Overall Score? »), mais également sur

l’amélioration de l’efficacité des biopsies prostatiques échographiques guidées par l’IRM

(Margolis D, « MR and MR-US Guided Biopsy »). On retiendra également l’arrivée de la

surveillance active par IRM multiparamétrique et des thérapies focales : laser, high intensity

focused US, electroporation and cryotherapy (Verma S, « Active Surveillance with MRI » ; Oto A,

« Focal Therapies ») chez les patients présentant un risque faible.

Une séance portait sur les méthodes de caractérisation des masses rénales, notamment grâce au

scanner double énergie (Mileto A, Nelson R, Samei,E, Jaffe T, Paulson E, Marin D, « Dual Energy

MDCT in Renal Cysts : Effect of Virtual Monochromatic Imaging on Pseudoenhancement in an

In-Vitro and In-Vivo Study. »), la caractérisation des masses rénales kystiques ou non, en utilisant

les images post contraste après acquisition bi-énergie apparaît fiable. Une autre communication

s’est intéressée à la caractérisation des carcinomes papillaires (Pol C, McInnes M, Moosavi B,

Flood T, Schieda N, « MR Imaging of Papillary Renal Cell Carcinoma: Does Intracellular Lipid

Content Correlate with T2 Weighted (T2W) Imaging Characteristics? »), on retiendra

essentiellement que la présence de graisse intra lésionnelle n’exclut pas le diagnostic de carcinome

papillaire, mais contrairement à l’angiomyolipome qui présente un hyposignal T2 homogène, la

lésion papillaire présente elle un signal T2 variable hétérogène.

Au cours de la session consacrée à l’imagerie des urolithiases, l’attention a été focalisée d’une

part sur la bi-énergie pour la détection et la caractérisation des calculs : uriques, oxalates et apatites

(Duan X, Qu M, Zhang G, Li Z, Yu L, Leng S, Halaweish A, Fletcher J, McCollough C, « Urinary

Stone Composition Analysis: Impact of Increased Spectral Separation in Dual-energy CT on

Urinary Stone Material Classification ») et d’autre part sur les progrès des reconstructions

itératives de dernière génération permettant une nette réduction de la dose délivrée dans les

pathologies abdomino-pelviennes. Les acquisitions abdomino-pelviennes peuvent désormais

passer sous la barre des 1mSv en moyenne tout en gardant une qualité diagnostic équivalente (Park

S, Choi S, Lee J, Park H, « Knowledge-based Iterative Model Reconstruction Algorithm (IMR) for

Evaluation of Urolithiasis: With Respect to Radiation Dose Reduction, Image Quality and

Diagnostic Performance » ; Fontarensky M « Model-based Iterative Reconstruction (MB-IR

VEOTM) with Ultra Low-dose Abdominal CT versus Adaptative Statistical Iterative

Reconstruction (ASIR) in the Diagnosis of Acute Renal Colic »)

Concernant l’imagerie des voies excrétrices, une étude a attiré notre attention, (Hwang I, Cho J,

Lee M, Kim S, Kim S, « Low Iodine Content Contrast Media with Low Tube Voltage Technique in

MDCT Urography : Initial Experience in Single Center »), elle met en avant l’utilisation de produit

de contraste faiblement dosé (240 mg/ml) associé à un protocole à basse énergie (80 kV) couplé à

une reconstruction itérative. Ce protocole donne des résultats équivalents en terme de diagnostic et

d’évaluation qualitative que le protocole classique (pdc : 350 mg/ml et 120 kV) tout en permettant

une réduction significative de la quantité d’iode injecté et de la dose d’irradiation. Pour finir, un

des orateurs a communiqué sur l’intérêt dosimétrique d’une acquisition unique bi-énergie au temps

néphrographique et urographaphique mixte, remplaçant un protocole triphasique pour la détection

des tumeurs urothéliales dans les bilans d’hématuries, avec comme inconvénient une moins bonne

détection des micro-lithiases (< 3 mm) (Park B, Park J, Choi E, « Can Nephrographic Dual-energy

CTU Replace Three-phase CTU ? »).

LES « EXPERTS » … EN RADIOLOGIE (Idris DIALLO)

L’identification des victimes est un point clé de la médecine légale et de la prise en charge des

catastrophes de masse. La compréhension par le radiologue des images post-mortem normales,

anormales et des variantes anatomiques peut apporter des preuves cruciales pour la confirmation

ou la réfutation d’une identité comme le montre le poster électronique “CSI radiology : a precis of

radiologic identification (RADid) for the practicing radiologist” par GM Hatch et al.

La réalisation du scanner post-mortem (PMCT) fournit au radiologue de précieuses informations.

L’identification du sexe de la victime peut être réalisée par l’étude du squelette (bassin, crâne). Le

point clé réside dans la comparaison du PMCT avec les examens d’imagerie ante-mortem du

patient. Avec le développement des systèmes d’archivage numérique (PACS), l’accès aux examens

antérieurs d’imagerie du patient est facilité. Il existe de nombreux moyens de confirmer l’identité

du patient en utilisant des points de comparaison précis et fiables. L’anatomie normale et ses

variantes est une première piste : la visualisation d’une variante anatomique rare, la comparaison

des sinus de la face (sinus frontaux et sphénoïdaux notamment) ou des contours osseux peut

permettre une identification formelle. La mise en évidence d’un processus pathologique est une

deuxième possibilité : les tumeurs bénignes (kystes rénaux, enchondrome, etc…) ou maligne, les

pathologies dégénératives (forme particulière d’un ostéophyte rachidien) ou les séquelles

fracturaires sont utiles. Le PMCT permet également de visualiser les stigmates d’intervention

chirurgicale ou le matériel implanté afin de le comparer au dossier médical de la victime potentielle.

En cas d’absence d’imagerie en coupe pré-mortem, le PMCT permet de créer des images pseudo-

radiographiques à l’aide de MPR épais. Ces images pourront être comparées à une radiographie

pulmonaire ou du rachis cervical. Enfin l’utilisation du VRT permet de réaliser des mesures

anthropométriques précises et fiables sur le squelette. En raison du développement des PMCT en

complément des méthodes classiques d’identifications (ADN, empreintes digitales, etc…), la place

du radiologue dans la stratégie d’identification devient essentielle.

Les lésions consécutives aux explosions (dites lésion de blast) sont des évènements rares, en dehors

des zones de guerre, résultant d’accidents industriels ou rarement d’attaques terroristes. J.F

Brunner et al. en font une revue radiologique détaillée dans “Explosive blast injuries: a review of

radiologic findings”. Quatre schémas lésionnels ont été décrits en fonction du mécanisme :

primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire. Une explosion comporte deux phases et s’étend à

partir d’un point source avec des dégâts diminuant exponentiellement avec la distance. L’onde de

choc correspond à la première phase puis elle est suivie par le souffle. Les blessures primaires sont

en rapport avec l’onde de choc. Les ruptures de la membrane tympanique sont les lésions les plus

fréquentes suivies par les ruptures d’organe creux, les lésions pulmonaires (contusions, lacérations)

et les embolies gazeuses qui sont plus rares. Les lésions secondaires sont liées aux projectiles

touchant la victime qui vont entraîner des traumatismes balistiques pénétrant et contondant. Ces

projectiles peuvent être des fragments primaires provenant du dispositif explosif comme des

morceaux métalliques de l’enveloppe ou des objets vulnérants ajoutés intentionnellement en cas

d’attaque terroriste (clou, roulements à bille, vis). Les fragments secondaires proviennent de

l’environnement (morceaux de bois, de plastiques, etc..). Les causes principales de décès et de

blessure grave sont les traumatismes pénétrant au niveau de la tête et du thorax. Les atteintes

tertiaires sont causées par le souffle déplaçant la victime ou entrainant l’effondrement des

structures avoisinantes. Il en résulte surtout des lésions contondantes comme des fractures ou des

écrasements. Les lésions pénétrantes sont également possibles. Les affections quaternaires sont

d’origine thermique ou gazeuse (gaz brûlant, monoxyde de carbone). Elles entrainent des brûlures,

des lésions pulmonaires (SDRA) ou des atteintes toxiques. Elles sont le plus souvent rencontrées

dans les accidents industriels. La stratégie d’imagerie est fonction de la stabilité clinique de la

victime : si elle est instable une FAST écho est réalisée au bloc opératoire associée à des

radiographies (thorax, bassin) ; si la victime est stable, le couple FAST écho/radiographies est

complété par un scanner corps entier injecté et éventuellement une angiographie. Lors de son

interprétation, le radiologue doit tenir compte des quatre mécanismes lésionnels afin d’évaluer au

mieux la gravité de l’atteinte de la victime.

INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES EN SCANNER ET EN IRM (Guillaume

CHASSAGNON et Mikael FONTARESKI)

CT (Guillaume CHASSAGNON)

Un an après les nombreuses nouveautés du RSNA 2013, l’édition 2014 a été moins riche en

annonces de la part des principaux constructeurs. Général Electric, Philips et Siemens présentaient

leur gammes récemment renouvelées, notamment dans le domaine du haut de gamme où les

scanners proposés offrent une large couverture (jusqu’à 16 cm) associée à des temps de rotation

réduits permettant des acquisitions encore plus rapides.

Chez Philips, on annonce la prochaine labellisation CE du nouveau détecteur iQON (RSNA 2013)

permettant de réaliser l’ensemble des acquisitions en double énergie grâce à la technologie double

couche. Siemens a dévoilé au RSNA 2014 un nouveau système permettant de réaliser des

acquisitions en double énergie sur des scanners simple source par division du faisceau de rayons X

en faisceaux de haute et de basse énergie grâce à un filtre appliqué à la sortie du tube. Tandis que

Toshiba présentait un nouveau détecteur miniaturisé avec un bruit quantique diminué, Hitachi s’est

surtout concentré sur des évolutions logicielles.

IRM (Mikael FONTARESKI)

Les principaux fabricants présents au RSNA, tels que Philips, Siemens, Toshiba ou GE, proposent

tous une gamme complète d'appareils permettant de répondre à la plupart des attentes du marché

en IRM 1,5T ou 3T, avec des appareils 3T qui tendent à se « miniaturiser » pour pouvoir être

déployés en remplacement dans des locaux d’IRM 1.5T

On évoquera une nouvelle séquence proposée sur les appareils premium de GE 3T, la séquence

« MAGIC », qui en une acquisition de 5 min permet d’obtenir des coupes de 4 mm avec des valeurs

dynamiques de TR TE et TI permettant alors de reconstruire 6 séquences différentes : T1, T2,

STIR, T1Flair, T2Flair, DP. Le principal avantage avancé par le constructeur est une augmentation

d’un patient par heure, il reste maintenant à réaliser des études cliniques afin de s’assurer de la

qualité du signal

Les autres innovations proposées vont vers l’amélioration du confort du patient avec notamment

l’extension des séquences silencieuses avec une réduction du bruit de 95dB à 60dB en moyenne

pour les séquences de diffusion EPI. Sans oublier l’amélioration du confort pour les manipulateurs

avec l’extension des antennes souples et légères, et le confort d’interprétation avec l’optimisation

des correction d’artefact de mouvement aussi bien sur les acquisitions 2D que volumiques.