Rapport sur les catastrophes dans le monde 2010

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  • 8/7/2019 Rapport sur les catastrophes dans le monde 2010

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    Rapport sur

    les catastrophesdans le monde2010

    Rsum

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    La Fdration internationale des Socits

    de la Croix-Rouge et du Croissant-

    Rouge dsire exprimer sa gratitude aux

    partenaires suivants pour le soutien

    quils ont apport cette publication.

    Swedish International

    Development Cooperation

    Agency

    Red Crescent Society of the United Arab Emirates

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    Table des matiresLa fracture des risques en milieu urbain, dfi du XXIe sicle _____________ 2

    Chapitre 1viter lurbanisation des catastrophes ____________________________ 5Encadr : Quelques mythes propos des villes______________________ 9

    Chapitre 2Villes et catastrophes - tendances _______________________________ 10Encadr: La vulnrabilit Istanbul (Turquie),le fait dune double carence ___________________________________ 14

    Chapitre 3

    Repartir zro: les droits des communautset lintervention aprs la catastrophe _____________________________ 15Encadr: Droits au logement, la terre et la proprit (LTP)et programmes de logement aprs une catastrophe __________________ 18

    Chapitre 4Violence urbaine ____________________________________________ 20Tableau : Coefficient de Gini 1992-2007__________________________ 24

    Chapitre 5Les risques pour la sant en ville ________________________________ 25

    Encadr : La scurit routire en ville_____________________________ 29Chapitre 6

    Lurbanisation et les risques lis aux changements climatiques __________ 30Encadr : La coopration face au risque dinondation au Sngal________ 35

    Chapitre 7Gouvernance urbaine et rduction des risques de catastrophe __________ 36Encadr: En Amrique latine, des villes qui stendentsur des zones haut risque_____________________________________ 40

    1Rapport sur les catastrophes dans le monde 2010 Table des matires

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    La fracture des risquesen milieu urbain,

    dfi du XXIe

    sicleLes signes de notre vulnrabilit aux risques du mode de vie urbain sont visiblespartout.

    Un tremblement de terre peut provoquer leffondrement dhpitaux, dcoles et delogements et avoir ainsi des consquences tragiques. Un volcan peut semer le chaosdans les aroports. Des inondations transforment des rues bien tenues en canauxjonchs de dtritus. Avec le commerce des drogues, un quartier dfavoris peut semuer en une zone de guerre. Une pidmie se propage rapidement dans un bidonvillefort peupl.

    mesure que le pendule du dveloppement humain se dplace des campagnes vers lesvilles, lurbanisation rapide et la croissance dmographique se conjuguent pour crerde nouveaux problmes, quasi insurmontables, et nous obligent sortir de notreprimtre confortable pour affronter un monde trange, urbain mais autre.

    Face aux catastrophes naturelles, des villes bien gres peuvent tre parmi les endroitsles plus srs au monde. Elles peuvent aussi remplir au mieux les conditions souhaites

    pour lever des enfants, les scolariser, se faire soigner et trouver un emploi. Selon lesstatistiques, les citadins ont une esprance de vie plus longue que les ruraux.

    Les villes peuvent tre aussi les endroits les plus dangereux au monde pour ceux quivivent dans un environnement o les autorits sont peu prsentes et o les ressourcesmanquent, tout comme la volont dassurer les services sociaux de base, la scuritalimentaire, la police, lalimentation en eau courante, lvacuation des eaux uses et lerespect des normes de construction.

    Cette fracture des risques en milieu urbain est un dfi majeur pour lhumanit du

    XXIe

    sicle : il faut en effet viter que le mouvement des populations des campagnesvers les villes, que lon observe lchelle mondiale, nentrane une augmentation dela morbidit et de la mortalit en recrant les dangers du XIXe sicle pour la santpublique, aggravs par les risques lis aux changements climatiques et la menace depandmie.

    Dans les pays faible revenu et revenu intermdiaire, les tensions et facteurs de stressde la vie en ville peuvent tre multiplis linfini pour ceux qui finissent par chouerdans les priphries des villes, avec un dollar par jour ou moins pour subsister.

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    Malgr le dynamisme du commerce et dautres signes de cette vie bouillonnante quelon peroit au cur de nombreux bidonvilles, lexistence peut y tre cruelle, brutaleet courte. Beaucoup de leurs habitants se battent contre la maladie, la malnutrition,lanalphabtisme, la criminalit et les catastrophes naturelles dans une luttedarwinienne pour la survie dont ils ont peu de chances de sortir vainqueurs.

    Cest cette classe trs dfavorise de citadins qui devrait tre la premire proccupationdes milieux humanitaires. Ils sont prs dun milliard et leur nombre crot au rythmede 10 millions chaque anne, malgr des efforts louables dploys dans des payscomme lInde et la Chine pour raliser lobjectif du Millnaire pour le dveloppementconcernant le logement.

    Sans attendre que le courant de lurbanisation ne les fasse perdre pied, les milieuxhumanitaires doivent changer radicalement leur mode daction auprs de cespopulations vulnrables et avec les gouvernements, qui se donnent beaucoup de peinepour comprendre ce qui se passe dans leurs villes et prouvent des difficults affecterles ressources ncessaires une riposte adquate.

    Si le Rapport de cette anne sur les catastrophes dans le monde na pas toutes lesrponses, il donne de sages conseils sur les moyens de rduire la fracture entre lemonde en dveloppement et le monde dvelopp pour ce qui est des risques auxquelson est expos en ville. Il montre aussi qu lre de la mondialisation une dficiencedans une rgion peut crer des problmes dans le monde entier.

    Lurbanisation peut tre un puissant rempart contre les pires effets des changementsclimatiques. Les villes bien administres ralisent des conomies dchelle, la foisdans la rduction des risques et les capacits dintervention. Elles ne manquent pasnon plus de citoyens qui peuvent agir dans leurs quartiers et ne sen privent pas parcequils ont la scurit de jouissance et que leurs droits fonciers et leurs droits aulogement et la proprit sont respects.

    Le dfi pour les acteurs humanitaires consiste trouver de nouveaux moyens detravailler avec les autorits locales et les populations vulnrables pour veiller ce quela rduction des risques touche tous les domaines et ne se limite pas simplement

    ce qui saute aux yeux et aux travaux de nettoyage aprs la catastrophe.

    Les nombreux exemples rapports ici montrent que les communauts urbaines sontcapables de trouver leurs solutions propres, daffirmer leurs droits et de jouerpleinement leur rle dans le relvement aprs la catastrophe et la rduction des risquesmais que beaucoup ont besoin dun soutien extrieur adapt leur situation.

    Le canal dcoulement de lun est le domicile de lautre. Ce paradoxe lliminationdun risque pour le remplacer par un autre doit nous encourager travailler de

    3Rapport sur les catastrophes dans le monde 2010 Introduction

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    manire intelligente avec les populations qui se battent pour subsister en ville sur leslignes de faille des risques. long terme, en veillant au bien-tre des populationsvulnrables de nos villes, cest au ntre que nous veillons.

    Bekele GeletaSecrtaire gnral

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    viter lurbanisationdes catastrophesIl est possible dviter lavenir que des villes soient sujettes aux catastrophes. Unetendance nest pas une fatalit. Cependant, mesure que la population du monde seconcentre dans de grandes villes, on assiste une urbanisation des catastrophes et desrisques qui y sont lis. Les dfis qui en rsultent pour les institutions internationales,les ONG, les gouvernements et les municipalits voluent rapidement et se rsument cette question : comment aborder lintervention en milieu urbain lorsquunecatastrophe se produit, en particulier dans les pays faible revenu o la vulnrabilitaux phnomnes catastrophiques tient une pauvret endmique ? Comme laobserv lAsian Coalition for Housing Rights(Coalition asiatique pour les droits aulogement), si les services de secours napprennentpas rapidement travailler avec des gens quinont pas de titre, ne sont inscrits sur aucunregistre ni sur aucune liste et sont sans papiers, ilspeuvent favoriser et mme creuser les ingalitsqui existaient avant la catastrophe.

    Les projections de la Division de la populationdes Nations Unies (ONU) laissent penser quau

    cours des prochaines dcennies presque toute lacroissance de la population mondiale seconcentrera dans les villes et bourgs des pays faible revenu et revenu intermdiaire. Unegrande partie de cette croissance dmographiquea lieu actuellement dans les bidonvilles o lesconditions de logement sont gnralementmauvaises et o manque souvent lquipement de protection le plus rudimentaire.Cette croissance urbaine a lieu pour une large part dans des villes exposes desvnements mtorologiques extrmes et de brusques montes des eaux en cas de

    temptes, dont la frquence et lintensit devraient saccrotre avec le drglementclimatique. Une ville peut tre parmi les lieux les plus srs au monde en cas de tempte,dinondation ou de tremblement de terre. La plupart des vnements mtorologiquesextrmes qui se produisent dans des pays haut revenu ne font pas de mort.

    Du point de vue des risques, les zones urbaines doivent tre considres sparmentdu fait de leur nature mme : la concentration de population, de logements et dautresbtiments, linfrastructure des transports et lindustrie posent des problmes maisoffrent aussi la possibilit de rduire les risques de catastrophe et facilitent laide

    5Rapport sur les catastrophes dans le monde 2010 viter lurbanisation des catastrophes

    CarolaSolis/Croix-Rougechilienne

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    humanitaire. La pression du march sexerce aussi davantage dans les zones urbaines,en particulier dans les grandes villes ou les villes recherches, o les populationsconomiquement faibles ont beaucoup de peine trouver un logement et des servicesde sant qui soient la porte de leur bourse et o elles sont la merci dune haussedes prix ou dune baisse de leurs revenus.

    Les populations urbaines doivent aussi tre prises en considration ne serait-ce quepour leur importance numrique :

    n En 2010, les zones urbaines des pays faible revenu et revenu intermdiairecomptaient 2,5 milliards dhabitants, ce qui quivaut peu prs la populationtotale du monde en 1950.

    n LAfrique est gnralement considre comme essentiellement rurale. Pourtant,sa population urbaine dpasse de loin celle de lAmrique du Nord.

    n Les plus grandes villes du monde se trouvent, pour la plupart, dans des pays faible revenu et revenu intermdiaire, ce qui est sans prcdent car, jusquprsent, la plupart des grandes villes taient dans les pays les plus riches.

    Bien quon manque de chiffres prcis, il ressort dun examen gnral des estimationsde lONU quenviron un milliard de citadins vivent dans des logements surpeupls demauvaise qualit dans des bidonvilles ou des implantations sauvages et que leurnombre passera 1,4 milliard dici 2020 moins que les gouvernements et lesinstitutions internationales ne parviennent beaucoup mieux financer le reclassementdes logements des populations conomiquement faibles.

    La corrlation entre la pauvret en ville et les risques de catastrophe risque de devenirplus troite encore. Avec les changements climatiques qui accroissent lintensit destemptes, des inondations et des vagues de chaleur, des dizaines de millionsdhabitants des zones urbaines sont ou seront exposs sous peu un danger de mortet au risque de perdre leurs moyens de subsistance, des biens essentiels (dont leurlogement) et de voir compromises la qualit de leur environnement et leur prospritfuture. Ceux qui courent le plus de risques cet gard sont les peuples et nations quiont le moins contribu au rchauffement de la plante.

    Le fait dtre vulnrable ne devrait pas en soi crer des risques de catastrophe. Il suffit

    de supprimer les risques par exemple dinstaller des systmes efficaces dcoulementdes eaux pour que la vulnrabilit soit rduite. La vulnrabilit nest pas synonymede revenu insuffisant mais, sans revenu suffisant, il est difficile daccder unlogement sr, avec un bon approvisionnement en eau et un systme dassainissement, des soins de sant, lducation et de se relever aprs une catastrophe.

    La pauvret aigu en milieu urbain, lextension rapide des bidonvilles et le nombrecroissant des catastrophes urbaines viennent de ce que les autorits nont pas su ou paspu adapter leurs institutions lurbanisation. Cette carence est souvent lie leurs

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    faibles moyens financiers, au manque de personnel spcialis et au refus dugouvernement central et des autorits provinciales de les doter de ressources lamesure de leurs responsabilits. Les autorits municipales et communales devraienttravailler avec les populations faible revenu et dautres groupes vulnrables pourveiller ce que lexpansion de la ville ne cre pas de risque de catastrophe : cest peut-

    tre la leon la plus importante retenir de ce rapport. Des exemples montrent quecest possible, malgr les contraintes que subissent les autorits des villes.

    Si les bases de donnes nationales et internationales sur les catastrophes livrent desinformations plus prcises et plus compltes sur les effets qui en rsultent pour telleou telle ville, les tendances observes confirmeront lide que les risques lis auxcatastrophes augmentent dans les villes mal gres et diminuent dans les villes biengres. Elles montreront aussi que de nombreuses autorits municipales augmententles risques lis aux catastrophes en ignorant la population des bidonvilles ou en rasantces derniers et en dtruisant ainsi le logement, les biens et les moyens de subsistancede dizaines de milliers de personnes sans leur offrir de solution de rechange.

    Il est ncessaire de tenir davantage compte du rle que joue le logement dans les zonesurbaines pour des conomiquement faibles tels que les centaines de milliers deHatiens que le tremblement de terre de janvier a transforms en sans-abri. La valeuret limportance du logement pour ces populations en dpassent de loin la valeurmontaire. Ce qui, aux yeux dobservateurs extrieurs, nest quune cabane construiteen grande partie avec des matriaux de fortune est en fait un foyer, avec tout ce quecela implique dintimit et de scurit pour la famille et la vie sociale, et la premire

    dfense, pour ceux qui y vivent, contre la plupart des risques sanitaires lis lenvironnement. Cest aussi parfois le lieu de travail de certains des membres dumnage et souvent leur bien le plus prcieux.

    En matire de logement, les zones urbaines posent deux types de difficultsparticulires. Premirement, dans les pays faible revenu et revenu intermdiaire, leprix du mtre carr pour se loger est gnralement plus lev que dans les zones rurales.Lacquisition et loccupation de terres des fins de logement sont aussi soumises unerglementation plus complexe. Cest pourquoi une aussi forte proportion de lapopulation urbaine vit sur des terres occupes ou subdivises illgalement dans les pays

    faible revenu et revenu intermdiaire. Les prix levs du mtre carr poussent aussiles municipalits locales ouvrir la construction des zones haut risque.Deuximement, le logement nest pas seulement le foyer mais aussi le moyen daccder des revenus et des services et, pour ceux qui ont des revenus limits, la distance entrela maison et le lieu de travail et les coles pour les enfants a autant dimportance, sinonplus, que la qualit du logement et la scurit de son mode doccupation.

    Choisir, pour reloger ceux qui ont perdu leur toit lors dune catastrophe, un endroit sr mais loign de celui o ils gagnent leur vie ne fait quaggraver les effets de la

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    catastrophe et la plupart ny resteront pas. Dans nimporte quelle initiative, il vaut lapeine damliorer les conditions de logement car il est bien prfrable, pour la plupartdes mnages dun bidonville, de bnficier dun reclassement de leur logement pluttque dtre relogs ailleurs, o les conditions seront presque toujours pires. Lesmnages doivent faire un choix : certains souhaiteront partir cause des risques et du

    traumatisme vcu par leur famille, tandis que dautres prfreront regagner leur ancienlieu dhabitation ou y rester. Et ceux qui ont un titre de proprit foncire ouimmobilire ne devraient pas tre les seuls obtenir une aide la reconstruction.

    Un dernier facteur complique encore lintervention aprs la catastrophe. La trsmauvaise qualit et le caractre illgal de beaucoup de logements avant lacatastrophe et linsuffisance de linfrastructure rendent la reconstruction trs difficile.Il existe rarement une carte de limplantation indiquant les limites de chaque lopin deterre. Il y a souvent peu dquipements rparer. Les lieux sont frquemment difficilesdaccs ou inatteignables. Confrontes toutes ces complications, des institutionsextrieures font rarement du bon travail.

    Nous savons quels principes devraient rgir la reconstruction de logements : plus leshabitants, individuellement et collectivement, ont de pouvoir, plus le soutien qui leurest apport a des chances datteindre son but. La Fdration internationale desSocits de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a nonc les principes cls : Deplus en plus, on saccorde penser que pour satisfaire les besoins en matire delogement au lendemain dune catastrophe, il faudrait laisser les mnages sinistrsentreprendre leur projet dhbergement et le mener bien avec une assistance diverse,

    matrielle, technique, financire et sociale selon les cas, plutt que fournir en matirede logement un produit prdtermin.

    Le Rapport sur les catastrophes dans le mondede cette anne met laccent sur le soutiendes initiatives communautaires parce que, dans presque tous les pays faible revenuet la plupart des pays revenu intermdiaire, cest le seul moyen de rpondre auxbesoins de ceux qui sont le plus exposs aux catastrophes et de prendre en compteleurs priorits. Souvent, les grandes institutions daide au dveloppement ne saventpas comment sy prendre pour soutenir des organisations communautaires aveclesquelles elles ont rarement de contact. En effet, elles ont t mises en place pour faire

    parvenir des sommes importantes aux gouvernements nationaux, et non poursoutenir la myriade dinitiatives prises par la population et les autorits locales qui,avec un modeste soutien extrieur, peuvent rduire les risques de catastrophe.

    L o les autorits de la ville et des communes ont suffisamment de moyens,concentrent leur action sur les mnages conomiquement faibles et ont de bonnesrelations avec leurs administrs, les possibilits de prvention des risques decatastrophe sont dcuples. Ce rapport donne suffisamment dexemples de bonnespratiques en usage dans les pays faible revenu et revenu intermdiaire pour montrer

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    quil est possible de rduire les risques de catastrophe en ville, mais elles sont encorelexception. Une bonne gestion locale de loccupation des sols, allie une justevaluation des risques courus au plan local, peut transformer des plans durbanismeen plans de prvention des catastrophes car elle permet dviter de construire sur desemplacements dangereux ou de supprimer les raisons qui les rendent dangereux.

    Accompagns de mesures adquates, de bons programmes de reclassement pourbidonvilles peuvent dans une large mesure prvenir les risques. Il faut cependant undispositif de soutien de la part des autorits suprieures et des institutionsinternationales. Il importe de cultiver les rseaux dans lesquels autorits municipales,professionnels de lurbanisme et groupes de citoyens peuvent apprendre au contact lesuns des autres. De manire gnrale, cela suppose un changement radical de la plupartdes institutions bilatrales daide, qui devraient tre prpares et aptes travailler enzone urbaine avec des organisations communautaires et les autorits locales.

    David Satterthwaite, chercheur principal lInternational Institute for Environment andDevelopment (IIED Institut international pour lenvironnement et le dveloppement),est lauteur de ce chapitre et de lencadr.

    9Rapport sur les catastrophes dans le monde 2010 viter lurbanisation des catastrophes

    1. Les villes sont des parasites, qui poussentpartout sans lconomie pour les faire vivre. En gnral, plus un pays est urbanis, plusson conomie est forte et productive. Les paysqui ont enregistr la plus grande russite co-nomique au cours des dernires dcenniessont gnralement ceux qui se sont urbaniss

    le plus vite ; les moins urbaniss sont, pour laplupart, ceux dont lconomie est la moinsprospre.

    2. Les mgapoles stendent rapide-ment et domineront le paysage urbain la-venir. Il y a relativement peu de mgapoles(17 en 2000, la dernire anne de recense-ment). Elles reprsentent moins de 5 % de lapopulation mondiale et beaucoup enregist-rent plus de dparts que de nouvelles arrives

    car les petites villes de leur pays attirent lesnouveaux investissements en plus grandequantit.

    3. Plus de la moiti de la populationmondiale vit en ville. Plus de la moiti de lapopulation mondiale vit dans des centresurbains, pas des villes car une grande partiedentre eux sont des bourgs ou dautres cent-res trop petits pour tre qualifis de villes.

    4. Les grandes villes qui stendent rapi-

    dement sont celles qui ont les pires problmesde pollution. La salubrit de lenvironnementest souvent rgie par des normes plus svresdans les grandes villes que dans la plupartdes autres villes et bourgs de leur pays (et deszones rurales). Ce sont les villes bien gresqui ont la meilleure qualit de vie au monde(et o lesprance de vie est la plus longue).Ce nest ni la taille dune ville ni la vitesse laquelle elle pousse qui dtermine ltat de

    son environnement mais la qualit de sa ges-tion et des relations entre les autorits et lapopulation conomiquement faible. n

    Quelques mythes propos des villes

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    Villes etcatastrophes tendancesLa majeure partie de la population urbaine du monde et la plupart des mgalopoles setrouvent maintenant dans les pays faible revenu et revenu intermdiaire o, selon lesestimations, vivent 2,8 milliards de citadins sur les 3,5 milliards recenss dans le monde.

    Les projections de lONU laissent penser que, de 2010 2030, presque toute lacroissance de la population mondiale se concentrera dans les villes et bourgs des pays faible revenu et revenu intermdiaire et que lAsie connatra une croissance urbainemassive. Il y a juste deux sicles, seules deux villes atteignaient ou dpassaient le

    million dhabitants, Londres et Pkin,aujourdhui appele Beijing. En 1950, ellestaient 75 et, en 2008, 431. Une forte proportionde ces villes dpassant le million dhabitants est enAfrique, en Asie et en Amrique latine et elle esten augmentation. Une solide logique conomiqueexplique cette urbanisation rapide. Lesmgalopoles se trouvent, pour la plupart, dans lesplus grandes conomies du monde.

    Linfrastructure et les services qui rduisent les

    risques de catastrophe sont trs insuffisants pourune grande partie de la population dAmriquelatine, dAfrique et dAsie et ce dficit est imputer dans une large mesure aux dfaillancesinstitutionnelles et celles de la gouvernance. Lesnations les plus riches du monde ont unepopulation surtout urbaine alors que presque

    toutes les nations les plus pauvres sont majorit rurale. En gnral, plus un pays esturbanis, plus lesprance de vie et le taux dalphabtisation y sont levs et plus ladmocratie y est solidement implante, surtout au niveau local. Si lon examine les

    tendances des catastrophes majeures depuis dix ans, telles quelles ressortent de la basede donnes (EM-DAT) du Centre for Research on the Epidemiology of Disasters(Centre de recherche sur lpidmiologie des catastrophes CRED), il semble quedans les rgions du monde qui sont plutt urbanises, les catastrophes naturelles tuentmoins mais entranent plus de pertes conomiques.

    lexception du tsunami de 2004 en Asie du Sud, les morts et les pertes causes parles tremblements de terre ont eu lieu dans des villes. De toutes les catastrophesmajeures, ce sont les sismes qui ont t les plus meurtriers ces dernires annes, tuant

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    BenoitMatsha-Carpentier/Fdrationinternationale

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    en moyenne 50184 personnes par an de 2000 2008. Les inondations ont fait le plusgrand nombre de sinistrs, en moyenne 99 millions par an entre 2000 et 2008. Si lonne sait pas combien de personnes sinistres par des inondations vivent en zoneurbaine, on peut supposer quil sagit dune proportion importante. Ce manque deprcision quant au lieu o les victimes ont t tues ou blesses empche aussi de

    comprendre o et comment il faudrait rduire les risques.

    Gros plan numro un : les biens exposs des dangers multiples dans les grandes villesLa base de donnes NatCat du groupe Munich Re a servi llaboration dun indicedes risques lis aux catastrophes naturelles pour 50 des plus grandes villes du monde(de plus de 2 millions dhabitants) et des mtropoles conomiques (dont le PIBreprsente une bonne part du PIB du pays). Cet indice est le premier indiceinternational qui permette aux villes davoir une vue densemble de tous les risques quiles guettent : tremblements de terre, temptes, inondations, ruption volcanique,incendies de forts et dgts hivernaux, entre autres. Il se compose de trois variables :exposition aux risques, vulnrabilit des constructions et valeur des biens exposs.Lindice montre que pour les catastrophes majeures, les cots conomiques sontsouvent beaucoup plus levs dans les pays haut revenu et quils sont encourus pourune large part dans les zones urbaines, bien quil ne renseigne pas sur le nombre depersonnes non assures qui ont subi de fortes pertes conomiques.

    Gros plan numro deux :

    les villes portuaires exposes aux inondationsCent trente-six villes portuaires de plus dun million dhabitants risquant fort dtreenvahies par les eaux une fois en cent ans ont t classes selon un indice publi parlOrganisation de coopration et de dveloppement conomiques. Cet indice examineles risques pour la population et les biens en 2005 et les prvisions en la matire pour2070. Celles-ci tiennent compte de la croissance dmographique, de lurbanisation,de laffaissement du terrain et des changements climatiques. La croissancedmographique et les investissements dans lquipement urbain sont les facteurs quipoussent le plus les risques la hausse en cas de monte des eaux. Cest

    particulirement vrai dans les rgions en dveloppement, o la croissancedmographique devrait tre forte. En chiffres rels, sur les 38,5 millions de personnesactuellement exposes, 65 % vivent dans des villes asiatiques.

    Gros plan numro trois : des donnessur les risques multiples encourus lchelle de la villeLa base de donnes DesInventar offre une chelle de donnes plus fine, fournissantdes informations plus dtailles au plan local et dpeignant plus prcisment les

    11Rapport sur les catastrophes dans le monde 2010 Villes et catastrophes tendances

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    risques rels que courent les villes et les citadins, y compris les microvnements et lesdangers de tous les jours. Les tudes de cas de villes dArgentine, de Colombie, duCosta Rica et du Mexique montrent quel point les risques crs par lexpansion desvilles sont multiples et troitement lis un refus croissant de nouveaux travauxdamnagement urbain, au sous-investissement chronique dans des travaux de

    drainage des eaux de surface lchelle de la ville, limplantation de logements defortune dans des zones inondables et linsuffisance de la gestion de leau lchelledu bassin hydrographique. Il est probable que lexpansion urbaine fera aussiaugmenter les risques dans de nombreuses villes dAsie et dAfrique et peut-tremme plus que dans celles dAmrique latine prises pour exemple, puisque beaucoupmoins de citadins bnficient dquipements et de services en Asie et en Afrique.

    Gros plan numro quatre : des donnessur les incendies lchelle de lagglomrationLa base de donnes MANDISA dAfrique du Sud (Monitoring, Mapping and Analysisof Disaster Incidents in South Africa Suivi, cartographie et analyse des incidentscatastrophiques) qui a enregistr 18 504 incendies au Cap, Afrique du Sud, de janvier1995 fin 2004, offre une autre vision des risques courus en ville. La base de donnes,propre au Cap, donne une image extrmement dtaille des risques dincendie, etmontre lampleur massive de ces petites catastrophes qui nentrent pas gnralementdans les calculs des risques en ville, mais qui nen ont pas moins un effet dvastateursur les mnages sinistrs.

    Ce qui nous apparat comme risque en ville tel que lexpansion des implantationssauvages ou illgales, linsuffisance des quipements ou des services, la constructionsur des lieux exposs aux risques de vents violents, dinondation ou de glissement deterrain, ou lutilisation pour la construction de matriaux inflammables, est caus enralit par une double carence face la vulnrabilit. La premire est le manque deconnaissances ou de moyens financiers et parfois de volont des pouvoirs publics derduire la vulnrabilit. La priorit donne en ville la croissance conomique et lexpansion de la ville et le fait que les citadins aiss ne sont sans doute pas trsvulnrables aux catastrophes freinent les efforts qui pourraient tre dploys pourrduire les risques. La seconde est celle des populations pauvres, qui font ce quelles

    peuvent pour rduire leur vulnrabilit mais qui, en dernier ressort, manquent demoyens financiers et dappui politique pour rduire les risques auxquels elles sontexposes.

    Historiquement, linfrastructure physique a toujours pris le pas dans les villes surlinfrastructure sociale. Cela commence changer car les autorits municipales ontpris conscience de limportance des filets de scurit sociale (notamment dune aideaux personnes ges et aux sans-abri), de services en matire de sant et dducationqui soient de qualit et accessibles et de lapplication des normes de construction.

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    La marchandisation en ville est telle quon a besoin dargent pour se procurer mmele strict ncessaire de leau, de la nourriture et un logement, contrairement ce quise passe dans les campagnes. Aussi les pauvres ont-ils moins de chances daccumulerdes biens, de se protger du danger et de se relever aprs une catastrophe.

    Lurbanisation a aussi le pouvoir de rduire long terme les pertes que pourraientcauser les catastrophes, mme si elle peut les augmenter court terme. Lurbanisationrapide, telle que celle que connaissent certaines rgions dAsie et dAfrique, aura trsprobablement pour effet court terme daugmenter les pertes causes par lescatastrophes dans la mesure o les gouvernements ne peuvent pas agir aussi vite quele demanderait une bonne gestion des risques lis aux catastrophes. Les inondations,les tremblements de terre et les consquences des changements climatiques risquentde faire plus de morts et de dgts dans les villes qui connaissent une croissance rapideet qui sont trs exposes aux catastrophes naturelles et aux risques sanitaires. Lacroissance industrielle ira de pair avec une augmentation des dangers technologiques.Cependant, lorsque les zones urbaines se rejoindront et accderont aussiprobablement plus de richesses, les gouvernements pourront faire appliquer desmesures de rduction des risques pour protger les habitants. Cela, dans lhypothseo les autorits veulent agir de bonne foi et de manire responsable envers tous leursadministrs, riches et pauvres.

    lheure actuelle, il nest pas possible de connatre le nombre de catastrophes dans lesvilles, lampleur de leurs consquences pour les zones urbaines ni de savoir en quoi lestendances se diffrencient selon les rgions du monde. Il faudrait des informations

    plus prcises aux niveaux national et international pour comprendre les consquencesdes catastrophes majeures pour les zones urbaines. Par exemple, des informations plusprcises dans la base de donnes du CRED sur le lieu de lincident et les zonesurbaines quil a touches.

    13Rapport sur les catastrophes dans le monde 2010 Villes et catastrophes tendances

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    Le chapitre 2 et lencadr sont de Cassidy Johnson, Development Planning Unit, BartlettSchool of the Built Environment, University College de Londres.

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    Istanbul est extrmement vulnrable aux trem-blements de terre, aux glissements de terrain

    et aux inondations. Elle le doit en partie sonemplacement, juste au nord de la faille ana-tolienne, qui a une forte activit sismique,mais cest la croissance rapide de la ville etlabsence de plan stratgique qui ont fait aug-menter les risques. En 1950, Istanbul avaitune population de 1,16 million dhabitants ;elle en compte aujourdhui 12,5 millions etproduit le quart du PIB du pays. Depuis letremblement de terre dIzmit, qui a tu plus de

    17000 personnes en 1999 et dont les effetsse sont fait sentir sur la priphrie estdIstanbul, la ville sait bien quun autre trem-blement de terre dvastateur se produira unjour, quil pourrait mme tre encore plus des-tructeur la prochaine fois et son picentre plusproche encore dIstanbul. Outre les tremble-ments de terre, les inondations posent aussiproblme.

    On estime aujourdhui que 70 % des

    logements sont illgaux ou ont t lgaliss etque beaucoup ont t construits sans que leurconformit aux normes de construction para-sismiques ait t vrifie. Si un tremblementde terre de magnitude 7,5 devait se produire,on estime que sur les quelque 800000 bti-

    ments dIstanbul, 25 % subiraient des dgtsmodrs, 10 % de profonds dommages et

    que 5 % seffondreraient compltement.Au cours des dix dernires annes,

    depuis le grand tremblement de terre de1999, le gouvernement a pris de nombreusesinitiatives pour essayer de rduire les risquessismiques Istanbul : il a notamment dressdes plans cadres durbanisme pour rduireces risques, modifi les lois relatives la sur-veillance des btiments, lassurance obliga-toire contre le risque de sisme et charg les

    municipalits dentreprendre des projets dereconstruction pour remplacer les btimentsvulnrables. Ainsi, dun ct, la volont poli-tique existe maintenant Istanbul, de mmeque les comptences ncessaires la rduc-tion des risques, mais la capacit de mise enuvre fait encore dfaut car ces initiativesgouvernementales ont eu jusqu prsent peudeffets sur le terrain.

    De lautre ct, la capacit de la popula-

    tion rduire les risques est limite par denombreux facteurs, notamment sa perceptiondu risque, sa connaissance des techniques deconstruction parasismiques, des structures deproprit compliques et des contraintesfinancires. n

    La vulnrabilit Istanbul, Turquie : le fait dune double carence

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    Repartir zro : les droitsdes communauts

    et linterventionaprs la catastrophe

    Les organisations de secours en cas de catastrophe sont peu efficaces lorsquil sagit deconcevoir des oprations long terme pour permettre aux survivants de reconstruireleurs maisons et de retrouver leurs moyens de subsistance. Elles se concentrent sur cequelles peuvent faire pour les victimes et non surce que celles-ci doivent faire par elles-mmes.Elles ne peuvent pas trouver de terrains plus srso les habitants des bidonvilles qui ont perduleur toit puissent construire : ces terrains cotenttrop cher. En fait, pour des promoteurs ayant debonnes relations, une catastrophe peut treloccasion dacqurir des terrains nagureoccups par des bidonvilles : on la vu maintesreprises sur les ctes de locan Indien dvastespar le tsunami en 2004. Le principe vident et

    essentiel qui veut que les plus touchs soient aucentre des dcisions sur le lieu et les modalits dereconstruction est souvent ignor.

    Pour obtenir des secours et une aide lareconstruction aprs une catastrophe, il fautsouvent fournir une attestation de rsidence etprsenter des cartes didentit, ce qui explique aussi que beaucoup ignorent les avisdvacuation lapproche dune tempte ou dune inondation : ils craignent de ne pastre autoriss revenir chez eux. Si les services de secours napprennent pas

    rapidement travailler avec des gens qui nont pas de titre, ne sont inscrits sur aucunregistre ni sur aucune liste et sont sans papiers, ils peuvent favoriser et mme creuserles ingalits qui existaient avant la catastrophe.

    Les autorits locales peuvent autoriser les mnages dont la maison a t dtruite sinstaller dans des camps provisoires mais naccepteront jamais quils reconstruisentsur ces lieux pour y rsider en permanence. Il arrive souvent quelles ne les autorisentpas rentrer dans leurs bidonvilles mais ne soient pas disposes non plus mettredautres terrains leur disposition. Les beaux discours sur la reconstruction dune

    Rapport sur les catastrophes dans le monde 2010 Repartir zro

    JosManuelJimenez/Fdrationintrnatio

    nale

  • 8/7/2019 Rapport sur les catastrophes dans le monde 2010

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    cit nouvelle et sre et la dcentralisation destine viter la forte concentrationqui rgnait dans les bidonvilles veulent souvent dire en clair camps loigns etreconstruction dans des lieux o personne ne veut vivre.

    Les oprations montes aprs la catastrophe doivent renforcer et soutenir les

    organisations des survivants et maintenir les femmes au centre. Les visites et changesentre organisations communautaires permettent aux survivants de dcouvrir ce qui at entrepris dans dautres communauts et aussi de montrer ce quils font ouprojettent de faire. Banda Aceh, en Indonsie, aprs le tsunami de 2004, il fallait unrseau dorganisations communautaires pour faire face ce quon a appel le secondtsunami lafflux subit en ville dune aide internationale non coordonne qui souventpassait au-dessus des structures communautaires.

    Shack/Slum Dwellers International (SDI), lInternationale des habitants des taudis etdes bidonvilles, est une confdration dorganisations de 28 pays dAfrique, dAsie etdAmrique latine, qui regroupent les pauvres des villes. Selon ses adhrents, certainsfacteurs contribuent lefficacit de lopration aprs une catastrophe. Le premier estlexistence dassociations dpargne dans les lieux sinistrs, qui fournissent une aideimmdiate ceux qui ont t touchs par la catastrophe. Le second est lexistencedorganisations communautaires capables dapporter des secours immdiats et decrer la cohsion sociale ncessaire au rglement de questions long terme telles quela reconstruction ou la relocalisation.

    Les responsables communautaires de SDI se rendent souvent sur les lieux des

    catastrophes et encouragent la formation dorganisations reprsentatives etdassociations locales dpargne. Ils apportent leur exprience de la gestion delpargne, du dveloppement organisationnel, des enqutes locales et de la conceptionde maisons modles grandeur nature et voient quelle architecture et quels matriauxpermettent de construire les meilleurs logements bas prix. Ils veillent ltablissement du profil de la communaut et la ralisation des enqutes pourmobiliser les sinistrs ; ils les aident sorganiser, recueillir les donnes ncessaires surles lieux de la catastrophe et montrer ainsi leur potentiel aux autorits locales.Lorsquil faut dplacer des populations, ils soulignent limportance dobtenir duterrain sur un emplacement appropri, bien situ, avec accs des possibilits de

    travail ou demploi. Ils sont beaucoup plus efficaces avec le soutien des autoritslocales et des organisations nationales. Il est urgent en particulier dobtenir, le caschant, des terres ou des titres fonciers (ce qui suppose souvent un appui politiqueen haut lieu capable dacclrer les procdures administratives), et lautorisation derecommencer reconstruire. Il peut tre important aussi de disposer dun soutientechnique pour concevoir lopration.

    Le recensement des habitants du bidonville est lvidence un premier pas vers lareconstruction. L o les organisations communautaires en ont pris linitiative, elles

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    ont pu influencer les oprations et viter des expulsions. Avec les informations runiessur le site quelle a occup, lorganisation communautaire est assez forte pour contrerdes politiques publiques inappropries et des forces mercantiles qui souvent cherchent profiter de la catastrophe.

    La deuxime tape, vidente elle aussi, consiste commencer les rparations et lareconstruction. Les autorits essaient souvent dinterdire la reconstruction tantquelles nont pas une valuation dtaille des dgts et quelles ne peuvent pas tablirdes principes directeurs et des normes pour la reconstruction mais cela retarde trssouvent des interventions essentielles. Or tout retard ajoute aux difficults des plusdmunis. La reconstruction entreprise linitiative communautaire peut faire appelaux connaissances et savoir-faire de la population elle-mme bien que, pour les grosquipements, les communauts doivent tablir des partenariats avec les autoritslocales.

    Des fonds doivent tre dbloqus au niveau national et local pour aider les personneset mnages sinistrs dans limmdiat et mettre en place des solutions plus long termequi rpondent aux besoins de la communaut sinistre. Une aide en espces auxmnages sinistrs sest rvle efficace dans bien des cas et peut mettre fin lrosionde leurs avoirs, particulirement grave sils sont conomiquement faibles.

    Dans les zones urbaines, la reconstruction des logements et le rtablissement desmoyens de subsistance sont dordinaire troitement lis car le logement met la famille labri, donne aux actifs la possibilit de trouver un emploi et peut abriter lentreprise

    familiale.

    Le reclassement des bidonvilles, lorsque linitiative vient des habitants eux-mmes, estun important aspect de la rduction des risques lis aux catastrophes car il amliore laqualit des logements et met en place linfrastructure et les services qui rduisent cesrisques. Le reclassement des taudis est devenu lun des modes les plus courants et lesplus efficaces damlioration des conditions de logement en Amrique latine et enAsie. Dans des pays comme lArgentine, le Brsil et la Thalande, les programmes dereclassement ont touch une proportion importante de la population dont lhabitatest ou tait informel. Le reclassement devrait aller jusqu loctroi dun titre lgal

    doccupation du terrain et de la maison aux habitants mais on vite souvent denarriver l cause des cots et des complications juridiques, la demandedindemnisation du propritaire notamment.

    La notion de reclassement suppose que les autorits admettent la lgitimit delhabitat reclasser. Lune des initiatives les plus intressantes ce titre est celle dugouvernement thalandais, qui subventionne le reclassement quentreprend lacommunaut et obtient des rsultats dchelle par le trs grand nombre dinitiativeslocales quil soutient. Les prts et les subventions accords aux organisations

    17Rapport sur les catastrophes dans le monde 2010 Repartir zro

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    communautaires par lInstitut thalandais pour le dveloppement des organisationscommunautaires (Thai Community Organizations Development Institute CODI)ont touch 2,4 millions de mnages entre 1992 et 2007. Cette initiative estremarquable trois gards : lchelle, lampleur de lengagement communautaire et lamesure dans laquelle elle sefforce de faire avaliser des solutions communautaires par

    les autorits locales. Les fonds viennent des pouvoirs publics nationaux et locaux, desmnages et des communauts. Le CODI aide aussi des rseaux dorganisationscommunautaires forms par les pauvres des villes travailler avec les autoritsmunicipales, dautres acteurs locaux et des agences nationales. Ceux dont lhabitat estillgal ont divers moyens de lgaliser leur statut : ils peuvent acheter le terrain aupropritaire avec laide dun prt des pouvoirs publics ou ngocier un bail, ou encoreaccepter soit daller sinstaller sur un autre terrain mis leur disposition par lagencegouvernementale propritaire du terrain quils squattent, soit de se dplacer sur unepartie du terrain quils occupent moyennant un droit doccupation (partage desterres). Le CODI accorde aussi des prts des organisations communautaires pourquelles prtent leurs membres et les aident construire ou amliorer leurlogement.

    Les types dinterventions aprs la catastrophe dcrits dans ce chapitre, qui peuventnotamment rduire ou prvenir des catastrophes majeures, devraient tenir une placeimportante dans les stratgies de rduction de la pauvret en ville.

    Il arrive frquemment que des problmes dedroits fonciers, de droit au logement et laproprit se posent aprs une catastrophenaturelle. Ils servent souvent valuer la rus-site ou lchec dun programme de logement.De plus en plus, la communaut internationaleprend conscience de la ncessit douvrir unaccs ces droits dans ses programmes delogement. Les problmes les plus courantsaprs une catastrophe sont les suivants :

    Ceux qui se posent dans lesimplantations informelles, coutumiresou extralgales. Aprs une catastrophe, lapolitique, pour ce qui est des droits LTP, a ten-dance accorder un traitement nettement pr-frentiel aux propritaires lgaux, souvent audtriment des droits de ceux qui se situent dans

    le secteur informel ou coutumier, ce qui soulvedes questions dquit et de droits.

    Les familles sans terre ni abri. Bienquelles constituent lun des groupes les plusvulnrables et soient touches de plein fouetpar la catastrophe, les familles qui navaient niterre ni abri avant la catastrophe sont fr-quemment exclues des oprations de secourset de relvement, ou au mieux marginalises.

    La rue vers les terres et leur acqui-sition illgale ou injuste. Lacquisitioninjuste de terres aprs une catastrophe peutavoir des effets dsastreux la fois sur les per-sonnes dpossdes et sur les institutions huma-nitaires travaillant dans le domaine du loge-ment. Les terres sont subtilises par des moyens

    Droits au logement, la terre et la proprit (LTP)

    et programmes de logement aprs une catastrophe

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    Ce chapitre a t crit par David Satterthwaite, chercheur principal lInstitutinternational de lenvironnement et du dveloppement (International Institute for

    Environment and Development IIED) et lencadr est de Scott Leckie, directeur deDisplacement Solutions.

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    divers, qui vont de la violence pure des mesu-res lgislatives soigneusement orchestres.

    Restitution ou rinstallation ? Selonles normes internationales pertinentes telles que

    les Principes des Nations Unies concernant larestitution des logements et des biens dans lecas des rfugis et des personnes dplaces(2005), il y a, lorsque les conditions le permet-tent, prsomption de restitution et, dans le casdes personnes dplaces par une catastropheou un conflit, le droit de rintgrer leur foyerdorigine est en passe de simposer.

    Iniquit de traitement entre pro-pritaires et non-propritaires. Bien que

    les propritaires de terres, de logement ou debiens, les locataires et autres non-propritairessoient touchs de la mme faon par une cata-strophe, ces derniers sont souvent traits demanire inique, sagissant des droits LTP.Aprs louragan Katrina, laide financire ver-se pour la reconstruction de logements loca-tifs a t relativement modeste par rapport auxsommes considrables mises la dispositiondes propritaires qui occupaient leur logement

    pour quils puissent reconstruire.Litiges relatifs aux droits LTP et occu-

    pation secondaire. Loccupation secondairede logements et de terres est souvent loriginede litiges aprs une catastrophe.

    Inscurit de jouissance. Linscuritde jouissance ou un statut doccupation insa-tisfaisant peut sensiblement assombrir les per-spectives des populations sinistres pour ce

    qui est de leurs droits LTP.Dans le contexte spcifique des droits LTPet des catastrophes, le principe ne pasnuire devrait amener les acteurs humanitai-res ne soutenir que les lois et politiqueslocales ou nationales qui sont conformes auxdroits fonciers, aux droits au logement et laproprit protgs par des traits internatio-naux. cet gard, il est bon de mditer surces cinq principes cls :n largir la participation des bnficiairesaux oprations et la prise de dcisions

    touchant aux droits LTPn Comprendre la notion reconstruire

    mieux dans le sens suivant : des terrespour les sans-terre et des abris pour lessans-abri

    n Appliquer le mme traitement aux propri-taires, aux locataires et aux occupants ill-gaux en mettant laccent sur la scurit de

    jouissancen Sopposer ouvertement larbitraire et la

    mainmise sur les terres que dclenchent par-fois les catastrophes

    n Donner la priorit la restitution. n

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    Violence urbaineCe chapitre passe en revue les causes et les cots de la violence urbaine, et analysela faon dont les ingalits extrmes et linstabilit politique favorisent la monte de

    la violence dans les villes du monde en dveloppement, avant dexaminer quelques-unes des stratgies actuellement appliques pour mettre fin aux problmes quellecause.

    La violence conomique, qui recouvre les dlits de la rue, la violence lie aux drogueset les enlvements, a le profit pour mobile. Elle est monnaie courante l o lingalitet la pauvret se conjuguent pour rendre les dbouchs conomiques dun accsingal. Dans certains cas, la transformation de la socit et des politiques de

    dveloppement telles que lajustement structurelont aggrav la pauvret, creus les ingalits etcontribu une monte de la criminalit et de laviolence.

    La violence socialevient du dsir dobtenir ou degarder un pouvoir social et un moyen decontrle dans les rapports entre individus, lintrieur des familles et des communauts etentre elles. Les gangs, forme de raction lexclusion sociale et conomique o les jeunes

    trouvent statut et ancrage, en sont unemanifestation courante. Lpuration sociale, lasgrgation des zones urbaines et les excutionsextrajudiciaires auxquelles se livre la policeentrent aussi dans la catgorie des actes deviolence sociale.

    Motive par le dsir dacqurir ou de conserver un pouvoir politique, la violencepolitique est souvent le fait des lites. Elle est troitement associe labsence derforme au sein de la police et de la justice ou labandon de fait de zones urbaines

    des rseaux criminels et des gangs de trafiquants de drogues. Lorsque ces gangsimposent leur loi des quartiers pauvres, y assurent la scurit, rendent la justiceet institutionnalisent la violence, on parle dune criminalisation de lagouvernance.

    La criminalit organise, le trafic international de drogues, le commerce darmesmeurtrires et les gangs de quartiers sont des manifestations aigus de cette violenceen milieu urbain o se mlent souvent violence politique, violence conomique etviolence sociale.

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    VictorLacken/Fdrationintrnationale

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    LAmrique du Sud produit quelque 900 tonnes de cocane par an. Lesnarcotrafiquants dfient ouvertement des gouvernements, notamment ceux de laColombie, du Mexique et de la Jamaque, par le biais du conflit et de lintimidation.La violence est le plus souvent associe au transit, plutt qu la consommation, dedrogues illicites destination des tats-Unis via lAmrique centrale et les Carabes, et

    de lEurope via lAfrique de lOuest.

    Les armes feu rendent la violence plus meurtrire encore. Selon Small Arms Survey,les civils dans le monde dtiennent quelque 650 millions darmes feu (les trois quartsdu total connu), lesquelles tuent au moins 200 000 personnes chaque anne dans despays en paix. Le commerce illicite des armes lgres reprsenterait au bas mot unmilliard de dollars par an. De nombreuses armes lgres demeurent dans les zonesurbaines aprs un conflit, tandis que dautres proviennent de pays qui sont en guerreou qui ltaient encore il y a peu de temps.

    La culture amricaine des gangs a gagn lintrieur de lAmrique latine et desCarabes, souvent rapporte dans leur pays dorigine par des nationaux expulss destats-Unis. Entre 2000 et 2004, quelque 20000 jeunes appartenant des gangs dequartiers dfavoriss de Los Angeles ont t expulss vers des pays dAmrique centraleo beaucoup navaient jamais mis les pieds auparavant, ce qui a fait monter en flchele taux des homicides chez les jeunes. Des membres de gangs de Nairobi travaillentparfois comme mercenaires pour des hommes politiques. Les gars de la zone rgnent en matres dans les rues de Lagos, au Nigria, o ils extorquent de largent auxpassants. Les enfants des rues sont des proies toutes dsignes pour grossir les rangs

    des gangs de jeunes.

    Il est difficile de mesurer exactement les cots de la violence urbaine. Une tuderalise en El Salvador, par exemple, value le cot total de la violence pour lanation 11,5 % du PIB. Les pays producteurs de drogues ont un niveaudhomicides de 35 % suprieur au taux moyen enregistr dans le reste du monde.La dgradation du climat conomique serait responsable de laugmentation sensibledautres actes de violence dlictueux tels que viols, vols et cambriolages.

    En termes conomiques, un grand nombre de morts, de blesss et de dtenus se

    traduit, entre autres, par des pertes de productivit et de revenu, une baisse du PIB etune hausse des dpenses des soins de sant et des soins hospitaliers. Et il existe uncercle vicieux de la violence urbaine car si elle plonge ses racines dans le sous-dveloppement et les ingalits, elle sattaque aussi au dveloppement et fragilise lesinstitutions de ltat.

    La violence urbaine altre le capital social, fait obstacle la mobilit sociale, dtruit lesliens communautaires, rode peu peu la confiance des habitants envers leurs voisins,la police et les autorits locales et dresse un mur entre les populations marginalises et

    21Rapport sur les catastrophes dans le monde 2010 Violence urbaine

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    lordre tabli. Les plus touchs sont les plus vulnrables. La peur et langoisse que faitnatre la persistance de la violence peuvent en accrotre les cots pour la socit. Parexemple, les femmes risquent de ne plus aller travailler, de renoncer suivre des coursdu soir ou de garder leurs enfants la maison.

    Des niveaux plus levs de violence urbaine sont lis deux sries de facteurs : lesfacteurs socioconomiques, qui aggravent la pauvret et lexclusion et creusent lesingalits, et les facteurs politico-institutionnels, qui peuvent entraner une crise de lagouvernance.

    Les besoins, lorsquils sont insatisfaits, sont une source importante de conflit social.Dans les villes et cits des pays en dveloppement, une personne sur trois vit dans unbidonville. Et comme les habitants des bidonvilles paient rarement des impts, biendes municipalits dcrtent quils nont droit ni aux services publics ni la scurit. Ilssont donc ignors par ltat, privs des services de base et exclus de la socit. Enpriode durbanisation rapide, lincapacit des pouvoirs publics assurer la scurit et fournir des services sociaux de base comme une eau propre, un systmedassainissement, la sant et lducation, peut exacerber les tensions cres parlintgration de migrants ruraux la vie urbaine et entraner de violents affrontementsentre groupes se disputant de maigres ressources. Lexpulsion par la force est unemenace constante.

    Les tudes ont montr que lingalit des revenus, beaucoup plus que la pauvret, esttroitement lie aux dlits de violence. En Amrique latine, les taux des homicides

    sont de 40 56 % suprieurs ce quils sont dans le reste du monde. Selon desdonnes runies par la Commission conomique pour lAmrique latine et lesCarabes (CEPALC), 180 millions de personnes vivent dans la pauvret dans largion, et 71 millions dentre elles sont trs pauvres ou indigentes. Daprs le rapport2009 de la CEPALC, La rpartition des revenus est ressentie comme inique, et cetteperception saccompagne de mfiance lgard des institutions politiques et de lideque les gouvernements servent les lites plus quils ne servent la majorit .

    Il y a aussi des facteurs sociaux, tels que la culture du machisme, dans laquelle leshommes se font respecter par la dmonstration de leur force et de leur masculinit. Le

    chmage lev des jeunes est une autre cause de violence. lchelle mondiale, lesjeunes de 15 24 ans reprsentent le quart de la population en ge de travailler alorsque la moiti des chmeurs sont des jeunes de cet ge. Prs de 25 % des actifs de cegroupe dge gagnent moins dun dollar par jour.

    En Amrique latine et aux Carabes, la consommation et le trafic de drogues sont aucur dun processus de dcomposition sociale qui produit de la violence dans lesfamilles, entre les gangs, entre les trafiquants et entre eux et des fonctionnaires oupersonnalits corrompus. mesure quelles seffritent, les institutions sociales

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    traditionnelles sont remplaces par des formes perverses du capital social comme lesgangs, les mafias de la drogue qui rgissent des quartiers entiers, et les rseaux defonctionnaires et dhommes politiques corrompus.

    Les tats qui prsentent des niveaux levs de violence urbaine sont, dans bien des

    cas, incapables dassurer la scurit ou de fournir des services. Le contrat social entreltat et la socit ne fonctionne plus. Lorsquil fonctionne bien, ltat mobilisesuffisamment de recettes publiques et assure les services de la scurit et dautressecteurs essentiels et les citoyens paient des impts pour financer la production de cesbiens publics par ltat, dont la lgitimit et la stabilit en sortent renforces.Lorsque ltat ne rpond pas aux attentes des citoyens, il perd en lgitimit. Danscertains pays, les lites ne sont pas disposes financer des programmes sociaux. Parexemple, limpt sur le revenu reprsente 11 % du PIB au Mexique, 12 % auGuatemala et 16 % au Prou. Au Pakistan, il est tomb 9 % du PIB.

    Il ressort des recherches que les pauvres des villes se sentent rejets par la socit,victimes de discriminations et systmatiquement privs des possibilits damliorerleur qualit de vie. Elles dmontrent que cette sgrgation systmatique les enfoncedans la pauvret et la perptue dune gnration lautre. Laura Tedesco, expertelatino-amricaine, parle dune conscience dissidente qui se dveloppe dans lescommunauts urbaines marginalises et se manifeste souvent par la violence.

    On peut aborder le problme sous divers angles et se mettre en qute dun meilleururbanisme, dune gouvernance locale efficace et inclusive, veiller y associer la

    population, rformer les systmes policier et judiciaire, duquer les jeunes et leuroffrir des emplois, militer pour un droit international efficace contre la criminalitorganise, pour le dsarmement et une prise de conscience des dangers dune culturedes armes et semployer trouver des ripostes adaptes aux spcificits du contextelocal. Une participation intelligente des citoyens la gouvernance locale contribue demanire dcisive la rduction de la violence en milieu urbain. Le contrat social entreltat et la socit repose sur un dialogue actif avec les citoyens pour savoir ce quilsattendent de ltat, de sa capacit fournir des services, notamment assurer lascurit et obtenir des recettes fiscales de sa population.

    Un leadership local fort peut accrotre la lgitimit dun tat. Des autorits locales quidialoguent avec les lecteurs, rpondent leurs besoins et les associent la prise dedcision, tablissent des relations de confiance avec eux et encouragent les diffrentsgroupes dialoguer pour dsamorcer les ventuelles tensions. En mme temps,lurbanisme, la prestation des services et les stratgies de rduction de la violence ontde meilleures chances de fonctionner lorsque la population y participe. Pour tenirleurs engagements et mener une action efficace, les autorits municipales doiventavoir suffisamment dautonomie et de ressources. En Amrique latine, plusieurs paysont transfr des pouvoirs aux villes et obtenu des rsultats positifs. Medelln, en

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    Colombie, le taux des homicides est tomb de 174 29 pour 100000 habitants entre2002 et 2007, en grande partie grce des initiatives des autorits locales. Les mairesont mis laccent sur la prvention de la violence, ont travaill avec des organisationsde la socit civile et ont investi dans les quartiers dfavoriss pour les doter detransports publics, de services dducation, de logements et mme dune bibliothque.

    La police de proximit sest peu peu impose dans les villes travers le monde.Fondamentalement, elle sappuie sur lide que la participation des habitants estncessaire au maintien de la scurit et que la police est responsable devant lapopulation. En mme temps, parmi les plus grandes villes du monde, beaucoup sontrelativement sres, ce qui prouve que le milieu urbain nest pas forcment synonymede meurtres et de destruction. Avec limpulsion souhaite et suffisammentdimagination et de coopration, il est possible de trouver des solutions pour faire dela mtropole du XXIe sicle un endroit sr o il fait bon vivre.

    Ni les dpenses sociales, si leves soient-elles, ni les programmes de dveloppement,si irrprochables soient-ils, ne pourront rsister lusure de la corruption ou auxtentatives de dtournement des lites, si le systme politique ntablit pas lgalitdevant la loi. Laide internationale peut tre utile mais, comme le fait observer leComit daide au dveloppement de lOCDE, les acteurs internationaux nont pasencore pleinement intgr leurs politiques et pratiques une conceptionsuffisamment nuance de la dynamique de ltat incapable dtablir un ordrepolitique stable ni imagin pour ltat des stratgies de renforcement qui soient assezcontextualises. En dernire analyse, le plus important pour rduire la violence

    pourrait bien tre daffronter les lites et les groupes dintrt.

    Les auteurs du chapitre 4 sont Amy Serafin, journaliste indpendante, et Sean Deely,ancien chef de la section Consolidation de la paix et relvement du PNUD au Npal.Le tableau a t emprunt au PNUD.

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    Chili 52Mexique 48.1Costa Rica 47.2Brsil 55Colombie 58.5Prou 49.6quateur 54.4Rpublique dominicaine 50Jamaque 45.5Philippines 44

    El Salvador 49.7Honduras 55.3Bolivie 58.2Guatemala 53.7Afrique du Sud 57.8Pakistan 31.2Kenya 47.7Papouasie-Nouvelle-Guine 50.9Hati 59.5Lesotho 52.5

    Coefficient de Gini 1992-2007

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    Les risquespour la sant en villeDans les villes dotes dun systme dalimentation en eau potable, dassainissement etde gestion des dchets, o les logements sont suffisants et appropris et la pollutionsurveille et matrise, les risques que prsente lenvironnement pour la sant sontrduits et les taux de mortalit et de morbidit assez bas. En rgle gnrale, leshabitants des villes bien organises peuvent sattendre vivre plus longtemps car ilssont mieux informs des avantages de lhygine, dune bonne alimentation et delexercice physique pour la sant et des dangers du tabagisme. lautre extrmit duspectre se trouvent les pays faible revenu et revenu intermdiaire o vivent laplupart des citadins pauvres du monde. Dans lesmnages urbains dont les logements sont privsdes services de base en particulier delalimentation en eau et dun systmedassainissement les taux de prvalence de ladiarrhe chez les enfants montent en flche. Siprs de dix millions denfants meurent avantlge de cinq ans, prs de deux millions dentreeux sont emports par les maladies diarrhiques.

    En 2008, alors que dans une ville moyenne

    dAustralie, le taux de mortalit infantile(TMI) aurait t gal ou infrieur 5 pour1 000 naissances vivantes, le systme desurveillance sanitaire et dmographique de laville de Nairobi, qui couvre une zone chevalsur les bidonvilles de Korogocho et deViwandani, dont la population totale est de73661 habitants, a enregistr un TMI de 87 pour 1000 naissances vivantes, soitun taux suprieur la moyenne nationale de 81.

    La faim et la malnutrition en milieu urbain sont non seulement le fait de linscuritalimentaire mais aussi la consquence de risques environnementaux et dun manquede logements dcents. Linsalubrit de la vie dans les bidonvilles cre un cercle vicieuxen ce sens que labsence de gestion des dchets et de systme de traitement de leauaugmente fortement pour les enfants les risques de contracter la diarrhe, uneinfection respiratoire aigu et/ou le paludisme. Selon les recherches actuelles, prs dela moiti des problmes nutritionnels sont lis aux conditions de vie dans lesbidonvilles. Associe des maladies infectieuses telles que la pneumonie, le paludisme,la rougeole et les maladies diarrhiques principale cause de mortalit chez les enfants

    25Rapport sur les catastrophes dans le monde 2010 Les risques pour la sant en ville

    ClaudiaJanke/Croix-Rougebritannique

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    la malnutrition est particulirement meurtrire. Elle entre dans plus de la moiti desdcs denfants.

    Cependant, les maladies infectieuses ne sont quune partie et une partie de plus enplus petite lchelle mondiale des problmes sanitaires auxquels sont exposs les

    citadins. Les maladies non transmissibles telles que les maladies cardiovasculaires etle diabte tuent 35 millions de personnes par an. Selon une tude de lOMS de 2009,les principaux risques de mortalit dans le monde sont lhypertension (responsablede 13 % des dcs dans le monde), le tabagisme (9 %), le taux de glucose dans lesang (6 %), le manque dactivit physique (6 %), lexcs de poids et lobsit (5 %).Ces risques sont responsables dune vulnrabilit aux maladies chroniques telles queles maladies cardiovasculaires, le diabte et les cancers.

    Si les tendances actuelles se confirment, les maladies non transmissibles dun sujet lautre non infectieuses seront responsables de 75 % des dcs dans dix ans, selonle rapport 2010 du Forum conomique mondial sur les risques dans le monde. AuKenya, 17 % des habitants des bidonvilles souffrent de diabte ou dhypertension etnont accs ni aux services de dpistage ni aux mdicaments.

    Le facteur de risque le plus visible et le plus grave pour la sant est peut-tre lobsit.Un excs de poids significatif augmente fortement le risque de dvelopper un diabtede type 2, des affections cardiaques et respiratoires et mme certaines formes decancer. Selon lOMS, plus de 1,6 milliard dadultes prsentent une surchargepondrale et prs dun sur quatre est obse. Dici 2015, les personnes prsentant un

    excs de poids seront au nombre de 2,3 milliards.

    Les maladies mortelles dorigine arienne telles que la peste pneumonique, la grippeet la tuberculose peuvent se propager facilement dans des salles daroportsurpeuples, des avions pleins ou par lintermdiaire de passagers de retour chez eux.Le poliovirus a t import au Canada en 1978 et en 1992 par des voyageurs enprovenance dEurope occidentale. Les maladies se sont mondialises et les villesconstituent un maillon important de la chane. Les grandes mtropoles font officedincubateurs pour les nouvelles maladies, crant les conditions idales pour quellespuissent dabord se dvelopper puis circuler.

    De nouvelles recherches laissent penser que le VIH tait peut-tre prsent en Afriquecentrale depuis beaucoup plus longtemps quon ne le souponnait initialement. Il estpossible quil ait fallu le dveloppement dagglomrations comme Kinshasa, la capitalede la Rpublique dmocratique du Congo, pour que la maladie simplante, se propageet gagne rapidement le monde entier. Dans la plupart des rgions du monde, leVIH/sida est un phnomne surtout urbain. LONUSIDA estime que la prvalencedu VIH est en moyenne 1,7 fois plus grande dans les villes que dans les zones rurales.Cela sexplique dans une large mesure par le fait que beaucoup de facteurs de risque,

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    tels que la consommation de drogues injectables, sont plus courants en ville. Lesprofessionnel (le) s du sexe ou les hommes ayant des rapports sexuels avec deshommes, deux autres groupes haut risque, sont aussi plus nombreux dans les villes,ne serait-ce quen raison de la densit de la population. En Afrique subsaharienne, ole VIH se transmet principalement par des rapports htrosexuels non protgs, la

    recherche montre que les citadines risquent plus dtre infectes que les femmes descampagnes.

    De nouvelles maladies peuvent apparatre en franchissant la barrire qui spare lesespces animales de lhomme. Le virus de la grippe H5N1, plus connue sous le nomde grippe aviaire , viendrait lorigine des oiseaux sauvages. Il en a tprobablement de mme pour le virus du SRAS. Les deux maladies ont montr que lesvilles, par la densit de leur population et les conditions de vie qui y rgnent, offraientaux nouveaux virus un terrain de reproduction idal.

    En termes de gestion des risques, les populations humaines sont maintenant forcesde vivre dune manire qui donne la maladie de fantastiques moyens de sedvelopper ; ensuite, les voyages, le commerce et tout le rseau reliant les centresurbains ouvrent ces maladies la voie royale de la mondialisation , note leDr Michael J. Ryan, Directeur des oprations Alerte et action de lOMS.

    Lexemple de la dengue, qui est une maladie tropicale, est peut-tre celui qui illustrele mieux la faon dont la vie en ville favorise la progression de lpidmie. Lincidencede la dengue, dont les effets vont dune lgre fivre lhmorragie fatale, a augment

    de manire spectaculaire dans le monde tel point que quelque 2,5 milliards depersonnes les deux cinquimes de la population mondiale sont maintenant endanger, selon lOMS. LOrganisation mondiale de la sant estime quil pourrait y avoirjusqu 50 millions dinfections chaque anne, mais que la plupart ne sont passignales. Pourtant, la maladie tait pratiquement inconnue il y a 50 ans. Elle estpropage par le moustique Aedes aegypti qui a trouv dans le milieu urbain tropicalun terrain de prdilection. La dengue serait arrive au Brsil, qui est maintenant lundes pays les plus touchs, dans des jantes de pneus imports dAsie.

    Lexposition aux maladies non transmissibles prend aussi dautres formes pour les

    pauvres des villes. Selon lOMS, quelque 1,5 milliard de citadins surtout dans lespays en dveloppement sont exposs des niveaux de pollution de lair suprieursaux limites maxima recommandes. On estime que les missions des vhicules moteur et des usines sont la cause denviron 8 % des dcs dus au cancer du poumon,5 % des dcs imputs aux affections cardio-pulmonaires et environ 3 % des dcsdus aux infections respiratoires.

    Environ 25 % des habitants des villes dans les pays en dveloppement et 70 % descitadins des pays les moins avancs utilisent des combustibles solides pour se chauffer

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    et faire la cuisine. En 2004, on estimait que la pollution intrieure entranait quelquedeux millions de dcs dans le monde, dus le plus souvent une pneumonie, uneaffection pulmonaire chronique et au cancer du poumon.

    Il nest pas tonnant que la ville, avec les tensions auxquelles elle soumet les individus,

    aggrave les troubles mentaux et la dtresse psychique. LOMS prvoit quau cours desdix prochaines annes la dpression unipolaire alourdira la charge de morbidit dansles pays en dveloppement. Les tudes communautaires de la sant mentale dans lespays en dveloppement confirment lestimation selon laquelle 12 51 % des citadinsadultes souffrent dune forme de dpression. Les facteurs de risque sont notammentla rupture des relations conjugales, la pauvret, le vcu dvnements prouvants, unelongue exposition au stress et le manque de soutien social.

    La ville met la sant rude preuve, cause soit des conditions insalubres et souventdangereuses dans lesquelles des millions de personnes sont obliges de vivre, soit desmodes de vie quelle encourage, soit des tensions et des stresses quelle impose.Linsuffisance des politiques menes par les autorits municipales et centrales,notamment en matire durbanisme, entre pour une part non ngligeable dans cesrsultats.

    Sil est vrai que la population des bidonvilles continue daugmenter, certaines desavances les plus importantes dans le domaine de la sant se produisent dans des Etatsqui encouragent et soutiennent activement une bonne gouvernance urbaine et qui sesont donn pour but de sortir les gens des bidonvilles. Cest le cas en Thalande, par

    exemple, o les rsultats atteignent lchelle voulue grce au trs grand nombredinitiatives de reclassement prises par les communauts et soutenues par legouvernement. Au niveau local, des ONG telles quAsha montrent ce que lon peutobtenir en travaillant avec les habitants des bidonvilles pour amliorer les conditionsde vie et lutter contre la maladie. Dans les 49 bidonvilles de New Delhi dans lesquelsAsha travaille, la mortalit infantile est maintenant de 36 pour 1000 naissancesvivantes, ce qui est infrieur la moiti du taux de mortalit de toute lInde.

    Pour agir sur les problmes de sant, les villes doivent tre bien conues, bien greset bien gouvernes. Ce nest qu ces conditions que la sant de ceux qui y vivent y est

    moins menace.

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    Ce chapitre a t crit par Richard Waddington, crivain indpendant et ancien chef debureau de Reuters. Lencadr 5.3 est de Grard Lautrdou, conseiller de la Fdrationinternationale en matire de scurit routire.

    29Rapport sur les catastrophes dans le monde 2010 Les risques pour la sant en ville

    Les transports routiers sont devenus un lmentcl de lurbanisation. Surtout, ils sont de plus en

    plus associs laugmentation rapide du nomb-re des accidents de la route et des dcs pr-maturs, ainsi que des handicaps physiques etdes traumatismes psychologiques.

    Les pertes ne sarrtent pas une baisse deproductivit pour les travailleurs et au traumatis-me que subit la victime dans sa vie prive. Lesaccidents de la route font aussi augmenter lescots des services de sant et alourdissent lacharge conomique qui en rsulte (1 3 % du

    produit national brut, selon les estimations).Une urbanisation rapide et sauvage aggra-

    ve encore la situation dans les pays en dve-loppement. Labsence dinfrastructure appro-prie dans les villes, allie linsuffisance dudispositif lgal de contrle, rend dautant plusinquitante laugmentation exponentielle dunombre des accidents de la route.

    On estime 1,3 million le nombre depersonnes tues chaque anne dans des

    accidents de la route de par le monde et 50 millions le nombre des blesss. Pourchaque dcs, 20 30 personnes sont han-dicapes, dont beaucoup vie.

    Il existe cependant des solutions cono-miques. Elles ont dj permis dobtenir desrsultats trs positifs dans de nombreux pays.Avec le projet quelle hberge, le Partenariatmondial pour la scurit routire, la Fdrationinternationale sest donn pour priorit de

    rduire le nombre des accidents de la routedont sont victimes des jeunes gens et plaidepour lapplication dune politique nationale dela scurit routire, pour de meilleurs systmesroutiers et des partenariats plus troits avec lesgouvernements, le secteur priv et la socitcivile. n

    La scurit routire en ville

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    Lurbanisationet les risques lis aux

    changements climatiquesLanne dernire a t la cinquime anne la plus chaude inscrite aux annales. Elle at marque par des phnomnes mtorologiques graves tels quune vague de chaleursans prcdent qui a frapp les grandes agglomrations du sud de lAustralie et unescheresse qui a entran des pnuries alimentaires pour les habitants des bidonvillesde Nairobi au Kenya.

    Dans son quatrime rapport dvaluation, leGroupe dexperts intergouvernemental surlvolution du climat (GIEC) cite parmi leschangements climatiques probables lavenir desjournes plus chaudes, moins de journes et denuits froides, des journes et nuits chaudes plusfrquentes, des priodes et vagues de chaleur plusfrquentes dans la plupart des rgions terrestres,une frquence accrue des fortes prcipitationsdans presque toutes les rgions terrestres, uneextension des rgions touches par la scheresse et

    une augmentation de lintensit des cyclonestropicaux ainsi que des effets dune monteextrme du niveau de la mer.

    Ladaptation aux changements climatiques peutaider les villes atteindre de nombreux objectifsqui tournent autour de lagrment dy vivre, de

    la prestation de services et de la rduction des risques de catastrophe. Il faudra queles connaissances et les comptences circulent entre les spcialistes deschangements climatiques et ceux de la rduction des risques afin que les premiers

    tirent les leons des expriences de rduction des risques lis aux catastrophes etque les seconds puissent affronter les nouveaux problmes climatiques aveclefficacit voulue.

    De la situation gographique des villes dpendent les dangers climatiques auxquelselles sont exposes, ainsi que les risques quelles courent de souffrir de tempraturesplus leves, dune modification des prcipitations, de llvation du niveau de la merou de la frquence ou de la gravit dautres phnomnes extrmes. Quant lavulnrabilit ces effets, elle tient la situation sociale et conomique de la ville et de

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    RicciShryock/Fdrationintrnationale

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    ses habitants, et la capacit des intresss et des institutions relever les dfis deschangements climatiques, parfois appele capacit dadaptation. Aussi les villes despays faible revenu et revenu intermdiaire sont-elles particulirement vulnrablesaux changements climatiques.

    Au niveau national, la moyenne annuelle des missions de gaz effet de serre parhabitant est suprieure 20 tonnes de dioxyde de carbone dans bien des pays trsindustrialiss, notamment lAustralie, le Canada et les tats-Unis. lautre extrmitdu spectre, de nombreux pays de lAfrique subsaharienne, dont le Burkina Faso, leMalawi et la Tanzanie, mettent moins de 0,2 tonne par habitant et par anne. Or, lescitadins de ces pays sont ceux qui risquent dtre les plus touchs, ce qui fait dufinancement de ladaptation aux changements climatiques une question vitale dejustice environnementale au XXIe sicle.

    Entre les effets des changements climatiques et lurbanisation, les rapports sontcomplexes. Il est probable que des phnomnes extrmes et des volutions progressivescontribueront dans bien des cas un accroissement de la mobilit. Dans la plupart deces cas, la mobilit tiendra une grande place dans la stratgie laquelle recourront lesmnages et les communauts pour rduire leur vulnrabilit aux risques,environnementaux ou non, et pour affronter ainsi les changements climatiques.Cependant, la forte densit de population dans les villes augmentera la vulnrabilitaux catastrophes lies aux changements climatiques, en particulier parce quelinsuffisance des institutions et le manque dinfrastructure se font surtout sentir l olon a une forte densit de citadins faible revenu.

    Les capacits dadaptation peuvent tre elles aussi concentres dans les villes. Lesressources conomiques, des sources dalimentation diversifies, les possibilits detravail et demploi, les systmes dalerte avance et les conomies dchelle pour lesinterventions durgence sont autant de capacits qui peuvent tre beaucoup plus fortesdans les zones urbaines.

    La rpartition gographique des risques lisaux changements climatiques

    Les zones urbaines des rgions ctires sont particulirement exposes llvationdu niveau de la mer. Les zones ctires de faible altitude moins de 10 mtres au-dessus du niveau de la mer reprsentent juste 2 % des terres de la plante maisabritent 13 % de la population urbaine du monde. En 2007, lAfrique avait 37 villesde plus dun million dhabitants et la moiti dentre elles se situent du moins enpartie dans la zone ctire de faible altitude.

    Autre aspect gographique des risques climatiques : la raret de leau qui toucherasurtout les villes des rgions semi-arides. mesure que reculeront les glaciers de

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    lAmrique du Sud, de nombreuses villes des Andes souffriront de pnuries deaupendant la saison sche.

    La rpartition sociale des risques lis

    aux changements climatiquesLes facteurs sociaux entrent pour une large part dans la variabilit de la vulnrabilitaux consquences des changements climatiques. Premirement, la pauvret et lamarginalit contribuent beaucoup la vulnrabilit, en particulier pour les mnageset populations vivant dans des endroits exposs la monte des eaux pluviales, auxinondations et aux glissements de terrain et qui nont ni les ressources ni lespossibilits de ramnager ces sites en consquence.

    Deuximement, aux effets disproportionns des catastrophes sur la morbidit et lamortalit fminines sajouteront ceux des changements climatiques sur les moyens desubsistance des femmes, qui verront se rduire leurs perspectives conomiques etsalourdir la charge de travail lie la reproduction, cause par exemple dunemorbidit accrue des enfants.

    Troisimement, la vulnrabilit aux consquences des changements climatiquesdpend beaucoup de lge. Les enfants sont plus susceptibles de contracter desmaladies dues un mauvais assainissement ou propages par des vecteurs. Les vaguesde chaleur touchent particulirement les habitants gs des villes tempres o lesbtiments ne sont pas adapts des canicules prolonges : la vague de chaleur qui a

    frapp lEurope en 2003 a fait plus de 70000 morts supplmentaires travers lecontinent.

    Enfin, les changements climatiques auront pour effet de modifier qualitativement lespathologies des populations urbaines. La mtorologie et le climat influent aussi surla mortalit et la morbidit lies la pollution de lair, sur la prvalence des maladiestransmises par les moustiques et les tiques et la propagation des maladies doriginehydrique ou alimentaire.

    Le rle des villes dans lattnuationdes changements climatiquesEn dernire analyse, la rduction des risques lis aux changements climatiquesncessite des stratgies mondiales axes sur la rduction de la concentration des gaz effet de serre dans latmosphre. Lattnuation des changements climatiques peut treconsidre comme la forme la plus efficace de rduction des risques de catastrophe lisaux changements climatiques, et cest un domaine dans lequel les villes peuvent jouerun rle de premier plan. Les pouvoirs publics urbains peuvent contribuer desrductions des missions, par exemple en amliorant les transports publics ou en

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    encourageant les propritaires de biens immobiliers choisir des appareils mnagersmoins gourmands en nergie. Le New-Yorkais moyen produit seulement 30 % desmissions de lAmricain moyen et le Londonien moyen juste 55 % des missions duBritannique moyen.

    Les politiques relatives aux changements climatiques ont montr les avantagesconjugus des stratgies dattnuation : la rduction des missions de gaz effet deserre permet datteindre dautres objectifs tels quune plus grande indpendancenergtique, une baisse des cots, une amlioration de la qualit de la vie. Mme sicela na quun intrt limit pour une large proportion de la population urbainemondiale dont les missions sont dj extrmement faibles, ladaptation auxchangements climatiques et le dveloppement prsentent de nombreux avantagesconjugus, dont, outre celui de rduire les risques de catastrophe, celui de retarderlapparition de risques volution lente tels que la salinisation de leau souterraine, quiont une incidence sur laccumulation des risques avec le temps.

    des fins pratiques telles que la dfinition des politiques, la distinction entre lavariabilit naturelle (qui inclut les phnomnes extrmes) et la variabilit progressivedue aux changements climatiques est ngligeable limportant est de reconnatre lesfacteurs qui sont lorigine de la vulnrabilit et dagir sur eux.

    Veiller au bon fonctionnement de linfrastructure pour les pauvres. Les nouveauxquipements en particulier pour lalimentation en eau, lassainissement et ledrainage constituent un aspect important de ladaptation des villes aux changements

    climatiques et du renforcement de la rsilience en gnral.

    Soutenir le reclassement des taudis et des squats. Lorsquun grand nombre depersonnes vivent dans des logements de mauvaise qualit dans des bidonvilles,lamlioration du logement et la mise en place dun quipement de base est unepriorit pour ladaptation.

    Reconsidrer la rglementation relative aux zones, lamnagement du territoireet aux btiments. Permettre aux mnages conomiquement faibles de sinstaller dansdes endroits appropris et sans danger, cest aussi rduire les risques dinondation, de

    glissement de terrain et dautres catastrophes auxquels ils sexposent. Appliquer laconstruction des rgles qui soient adaptes au contexte local, y compris en matire deprix.

    Pour crer des villes et des mtropoles qui soient capables daffronter les risques lisaux catastrophes et les changements climatiques, il faut que diverses parties agissent,dont les intresss, les experts techniques et les dcideurs. Elles peuvent alors se runirpour aborder des problmes particuliers. Les organisations uvrant dans le domainedu dveloppement et de laide humanitaire peuvent aussi modifier leurs programmes,

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    leurs politiques et leurs pratiques pour mieux tenir compte des changementsclimatiques dans les zones urbaines.

    Conclusion

    Les changements climatiques auront un impact la fois quantitatif et qualitatif sur lesrisques auxquels seront exposes les zones urbaines dans les dcennies venir. Du faitde lincapacit de prdire selon quels scnarios les missions volueront lavenir, lescitadins et les autorits seront dans une incertitude croissante quant la frquence et lintensit des phnomnes mtorologiques extrmes.

    Avec une urbanisation croissante et des problmes sociaux et environnementauxcontinus dans les villes et les mtropoles, de nombreux citadins risquent de voirgrandir les risques quils courent et leur vulnrabilit. Plus exposs aux dangers etdisposant de moins de moyens pour sadapter, les groupes conomiquement faiblesrisquent de se retrouver particulirement vulnrables. Le meilleur moyen de protgerla vie et les moyens de subsistance des citadins est donc de semployer accrotre leurrsilience face lincertitude, plutt que dappliquer des solutions sur la base descnarios spcifiques.

    Les initiatives que prendront les autorits municipales, les organisations de la socitcivile et les organisations humanitaires dans les zones urbaines peuvent avoir unimpact considrable. Pour les habitants des villes de nombreux pays faible revenu et revenu intermdiaire, le grand problme est celui du dficit de linfrastructure

    lincapacit des systmes urbains faire face la variabilit actuelle du climat. Lesdangers et les risques que les changements climatiques prsentent pour les villes sontnotamment des modifications des dangers et risques actuels et les villes qui sontincapables de relever les dfi