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Vendredi 3 septembre 2010 - e Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA, L e télescopage des chiffres, publiés à 24 heures d’inter- valle, est saisissant. Malgré sa légère baisse du deuxième tri- mestre, le taux de chômage conti- nue à frôler la barre des 10 %, son plus haut niveau depuis dix ans. De leur côté, les profits des entre- prises du CAC 40 ont pratique- ment doublé au premier semes- tre et dépassé les 40 milliards d’euros. Le contraste a de quoi cho- quer. Il ne manquera pas de nour- rir la dénonciation rituelle de ces multinationales aux actionnai- res gavés de dividendes, aux diri- geants engraissés aux stock- options et qui n’hésitent pas à sacrifier, sur l’autel de la compéti- tivité, leurs salariés. La réalité estun peu plus com- plexe. D’abord parce que les pro- fits de ces grands groupes se dif- fusent largement dans l’écono- mie nationale, via les recettes fis- cales et le pouvoir d’achat élevé de leurs cadres supérieurs tra- vaillant en France. Ensuite parce que ces entreprises géantes embauchent. Mais elles embau- chent surtout… à l’étranger, où elles ne cessent de croître. Ces groupes mondialisés ont des effectifs eux aussi mondia- lisés, qui reflètent la structure de leurs implantations aux quatre coins du monde. Dans certains groupes, la proportion des effec- tifs travaillant hors de France dépasse les 80 %. Celle des sala- riés étrangers y est même parfois majoritaire. Ce brassage des cultures et des nationalités, cette chasse aux talents locaux sont une condi- tion de leur efficacité et de leur réussite sur les marchés exté- rieurs. Il le sont d’autant plus que la part des pays émergents, en forte croissance, augmente dans leur chiffre d’affaires glo- bal, alors que celle des nations industrialisées, comme la Fran- ce, aux marchés saturés, recule. Certains ont suggéré que ces entreprises phares, grâce aux profits engrangés à l’étranger, pourraient faire un petit effort patriotique et devraient mainte- nir des emplois inutiles sur le ter- ritoire français. Mais les écono- mistes ne croient guère au concept d’une compétitivité à double niveau, faible en France, forte à l’étranger, dans un contex- te de concurrence exacerbée. L’annonce quasi simultanée d’un niveau de chômage élevé et incompressible et de profits record devrait surtout faire pren- dre conscience des risques crois- sants d’une France à deux vites- ses. L’une ancrée dans la mondia- lisation (celle du CAC 40, mais pas seulement), tournée vers l’ex- térieur, hautement qualifiée, prê- te à aller travailler à l’étranger, parlant couramment anglais, etc. L’autre, peu ou mal formée, repliée sur elle-même, apeurée par la mondialisation et vivant, mais de plus en plus mal, dans l’ombre de la première. La mon- dialisation n’est pas l’ennemie de l’emploi, elle ne l’est que de l’emploi non qualifié. Le rôle des responsables politi- ques devrait être d’expliquer aux Français les causes de ce grand écart. Et d’ouvrir large- ment le débat sur les voies et moyens de le réduire pour éviter des déchirures plus profondes. Hélas, sur ce sujet décisif, on ne les entend guère. p Télévision A l’occasion du match France-Biélorussie, vendredi 3 septembre, comptant pour les éliminatoires de l’Euro 2012 de football, l’ancien partenaire de Laurent Blanc dans l’équipe de France championne du monde 1998 fait ses débuts officiels de commentateur sur TF1, étape supplémentaire d’une reconversion réussie dans les médias commencée à Canal+ et RTL. A la télévision comme à la radio, le style direct de ce Basque nature plaît au public du foot, mais son image de beau gosse écolo séduit au-delà de la sphère sportive. Page 16 Presse Dans un entretien au « Monde », son PDG, Emmanuel Hoog, annonce que l’Agence France-Presse va proposer ses contenus sur Internet et investir les réseaux sociaux Twitter et Facebook. Page 13 Edition Les Mémoires de Tony Blair, ancien premier ministre britannique, font grand bruit. Outre-Rhin, le pamphlet xénophobe de Thilo Sarrazin embarrasse la Bundesbank, dont il est un dirigeant. Page 8 H uit cent mille objets, ce n’est pas rien ! Surtout quand il faut les trans- porter, les installer de manière éphémère, présenter brièvement au public les plus prestigieux. A l’Hôtel Drouot, à Paris, ces tâches, à défaut desquelles les ventes publi- ques ne peuvent avoir lieu, étaient dévolues à des commissionnaires regroupés en société, les « cols rou- ges ». Las ! Disparitions d’objets, soupçons de trafics, enquête, scan- dale : les taches s’accumulent sur les « cols rouges ». La justice met en demeure l’Hôtel Drouot de trou- ver de nouveaux manutentionnai- res. Un casse-tête : la rentrée a lieu le 21 septembre. p Lire page 20 Editorial Bixente Lizarazu, une reconversion réussie Déficits : François Baroin relance la controverse sur les hausses d’impôts L’AFP veut s’adresser directement au grand public Londres, Berlin : deux livres politiques, deux polémiques L’Hôtel Drouot doit trouver du personnel, vite ! « Le Monde des livres » Dans « La Carte et le Territoire », son nouveau roman, Michel Houellebecq pose un regard aigu sur le déclin du monde occidental I l est le plus en vue des roman- ciers français. Autour de lui, se déchaînent régulièrement pas- sions et polémiques, en France com- me à l’étranger. Cinq ans après la parution de La Possibilité d’une île, Michel Houellebecq publie son cinquième roman. Saisissante réflexion sur les vertiges de la société contempo- raine, La Carte et le Territoire met en scène un jeune peintre et son ascen- sion vers la célébrité. La société occidentale peut-elle survivre à son désarroi moral ? Non, insinue le romancier. Désenchanté, comme le sont souvent les personnages de Houellebecq, le « héros » est ici le pivot d’un récit plein d’humour et de vitalité, où se croisent des person- nalités de la vie publique. Parmi elles, un certain Michel Houellebecq, écrivain, qui meurt dans des condi- tions atroces. « Le Mon- de des livres » publie un texte de Frédéric Beigbeder, transformé en personnage dans le roman, mais aussi des points de vue sur la récep- tion des livres de Houelle- becq aux Etats-Unis et aux Pays-Bas. p Supplément Marc Dugain L’insomnie des étoiles roman «Un roman à suspense, des scènes très fortes. Marc Dugain a réussi à peindre un tableau fascinant du nazisme ordinaire dans une province allemande.» Bernard Pivot, Le Journal du Dimanche «Expert dans l’art de décortiquer le mal, Marc Dugain est aussi un écrivain hors pair.» Olivia de Lamberterie, Elle C. Hélie © Gallimard P our combler les déficits publics, il faudra peut-être augmenter les prélèvements obligatoires. C’est François Baroin qui vient de le reconnaître dans une lettre, datée du 30 août, adressée à des parlementaires et qui traitait du financement du déficit et de la dette de la Sécurité sociale. L’aveu est de taille. Il a aus- sitôt provoqué les protestations du patronat et un beau pataquès dans la majorité. Le ministre du budget ébrèche ainsi un dog- me élyséen. Nicolas Sarkozy répète à l’envi qu’il a été élu pour diminuer les impôts, pas pour les augmenter. Et cet engagement contraint forte- ment la politique du gouvernement. M. Baroin n’a toutefois pas annoncé que l’exécutif songe à alourdir la fiscalité dans les prochains mois, ce que, pourtant, certains éco- nomistes, mais aussi quelques élus de droite, jugent inéluctable pour réduire les déficits sur les trois prochaines années. Tout juste a-t-il indiqué que cette question se posera pour 2013. Mais, en fixant cette échéance, c’est aussi une belle épine dans le pied du futur candidat de la droite à l’élection présidentielle que le ministre du budget vient de planter. Or, ce candidat sera, selon toute vraisemblance, M. Sarkozy. La perspective évoquée par M. Baroin a été rejetée par la présidente du Medef : « Vraiment, je ne le souhaite pas, parce qu’en matière de pré- lèvements obligatoires, le niveau est presque au niveau du nez : on peut à peine respirer », a décla- ré Laurence Parisot, mercredi 1 er septembre. Philippe Le Cœur aLire la suite page 12, la contre-enquête pages 10-11 et nos informations pages 9 et 15 UK price £ 1,50 Profits et chômage, la France à deux vitesses t Le taux de chômage a baissé de 2 points, à 9,7 %, au deuxième trimestre t Contre-enquête : le modèle social français freine-t-il la reprise économique ? PHILIPPE MATSAS Le regard de Plantu upbybg

Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

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Page 1: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

Vendredi 3 septembre 2010 - e

Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤,Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,

L e télescopage des chiffres,publiés à 24 heures d’inter-valle, est saisissant. Malgré

sa légère baisse du deuxième tri-mestre, le taux de chômage conti-nue à frôler la barre des 10 %, sonplus haut niveau depuis dix ans.De leur côté, les profits des entre-prises du CAC 40 ont pratique-ment doublé au premier semes-tre et dépassé les 40 milliardsd’euros.

Le contraste a de quoi cho-quer. Il ne manquera pas de nour-rir la dénonciation rituelle de cesmultinationales aux actionnai-res gavés de dividendes, aux diri-geants engraissés aux stock-options et qui n’hésitent pas àsacrifier, sur l’autel de la compéti-tivité, leurs salariés.

La réalité estun peu plus com-plexe. D’abord parce que les pro-fits de ces grands groupes se dif-fusent largement dans l’écono-

mie nationale, via les recettes fis-cales et le pouvoir d’achat élevéde leurs cadres supérieurs tra-vaillant en France. Ensuite parceque ces entreprises géantesembauchent. Mais elles embau-chent surtout… à l’étranger, oùelles ne cessent de croître.

Ces groupes mondialisés ontdes effectifs eux aussi mondia-lisés, qui reflètent la structure deleurs implantations aux quatrecoins du monde. Dans certainsgroupes, la proportion des effec-

tifs travaillant hors de Francedépasse les 80 %. Celle des sala-riés étrangers y est même parfoismajoritaire.

Ce brassage des cultures et desnationalités, cette chasse auxtalents locaux sont une condi-

tion de leur efficacité et de leurréussite sur les marchés exté-rieurs. Il le sont d’autant plusque la part des pays émergents,en forte croissance, augmentedans leur chiffre d’affaires glo-bal, alors que celle des nationsindustrialisées, comme la Fran-ce, aux marchés saturés, recule.

Certains ont suggéré que cesentreprises phares, grâce auxprofits engrangés à l’étranger,pourraient faire un petit effortpatriotique et devraient mainte-nir des emplois inutiles sur le ter-ritoire français. Mais les écono-mistes ne croient guère auconcept d’une compétitivité àdouble niveau, faible en France,forte à l’étranger, dans un contex-te de concurrence exacerbée.

L’annonce quasi simultanéed’un niveau de chômage élevé etincompressible et de profitsrecord devrait surtout faire pren-

dre conscience des risques crois-sants d’une France à deux vites-ses. L’une ancrée dans la mondia-lisation (celle du CAC 40, maispas seulement), tournée vers l’ex-térieur, hautement qualifiée, prê-te à aller travailler à l’étranger,parlant couramment anglais, etc.L’autre, peu ou mal formée,repliée sur elle-même, apeuréepar la mondialisation et vivant,mais de plus en plus mal, dansl’ombre de la première. La mon-dialisation n’est pas l’ennemiede l’emploi, elle ne l’est que del’emploi non qualifié.

Le rôle des responsables politi-ques devrait être d’expliqueraux Français les causes de cegrand écart. Et d’ouvrir large-ment le débat sur les voies etmoyens de le réduire pour éviterdes déchirures plus profondes.Hélas, sur ce sujet décisif, on neles entend guère. p

Télévision A l’occasion du match France-Biélorussie,vendredi 3 septembre, comptant pour les éliminatoiresde l’Euro 2012 de football, l’ancien partenaire de LaurentBlanc dans l’équipe de France championne du monde1998 fait ses débuts officiels de commentateur sur TF1,étape supplémentaire d’une reconversion réussie dansles médias commencée à Canal+ et RTL. A la télévisioncomme à la radio, le style direct de ce Basque natureplaît au public du foot, mais son image de beau gosseécolo séduit au-delà de la sphère sportive. Page16

Presse Dans un entretien au « Monde », son PDG,Emmanuel Hoog, annonce que l’Agence France-Presseva proposer ses contenus sur Internet et investirles réseaux sociaux Twitter et Facebook. Page13

Edition Les Mémoires de Tony Blair, ancien premierministre britannique, font grand bruit. Outre-Rhin,le pamphlet xénophobe de Thilo Sarrazin embarrassela Bundesbank, dont il est un dirigeant. Page8

H uit cent mille objets, cen’est pas rien ! Surtoutquand il faut les trans-

porter, les installer de manièreéphémère, présenter brièvementau public les plus prestigieux. Al’Hôtel Drouot, à Paris, ces tâches, àdéfaut desquelles les ventes publi-ques ne peuvent avoir lieu, étaientdévolues à des commissionnairesregroupés en société, les « cols rou-ges ». Las ! Disparitions d’objets,soupçons de trafics, enquête, scan-dale : les taches s’accumulent surles « cols rouges ». La justice metendemeure l’HôtelDrouotdetrou-verde nouveaux manutentionnai-res. Un casse-tête : la rentrée a lieule 21 septembre. p

Lire page20

Editorial

BixenteLizarazu,unereconversionréussie

Déficits:François Baroinrelance la controversesurles hausses d’impôts

L’AFPveuts’adresserdirectementaugrandpublic

Londres,Berlin:deuxlivrespolitiques,deuxpolémiques

L’HôtelDrouotdoit trouver dupersonnel, vite!

«LeMondedeslivres»Dans «La Carte et le Territoire», son nouveauroman, Michel Houellebecq pose un regardaigu sur le déclin du monde occidental

I l est le plus en vue des roman-ciers français. Autour de lui, sedéchaînent régulièrement pas-

sionsetpolémiques,enFrancecom-me à l’étranger. Cinq ans après laparution de La Possibilité d’une île,Michel Houellebecq publieson cinquième roman.Saisissanteréflexionsurlesvertiges delasociété contempo-raine, La Carte et leTerritoire met enscène un jeunepeintre et son ascen-sion vers la célébrité.La société occidentalepeut-elle survivre à sondésarroi moral ?Non, insinue

leromancier.Désenchanté,commele sont souvent les personnages deHouellebecq, le « héros » est ici lepivot d’un récit plein d’humour etdevitalité,oùsecroisentdesperson-

nalités de la vie publique. Parmielles, un certain Michel

Houellebecq, écrivain, quimeurt dans des condi-tions atroces. «Le Mon-de des livres » publieun texte de FrédéricBeigbeder, transformé

en personnage dans leroman, mais aussi des

pointsdevuesurlarécep-tion des livres de Houelle-

becq aux Etats-Unis etaux Pays-Bas.p

Supplément

Marc DugainL’insomnie des étoilesroman

«Un roman à suspense, des scènestrès fortes. Marc Dugain a réussià peindre un tableau fascinant dunazisme ordinaire dans une provinceallemande.»Bernard Pivot, Le Journal du Dimanche

«Expert dans l’art de décortiquerle mal, Marc Dugain est aussi unécrivain hors pair.»Olivia de Lamberterie, Elle

C.H

élie

©Gallim

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P our combler les déficits publics, il faudrapeut-être augmenter les prélèvementsobligatoires. C’est François Baroin qui

vient de le reconnaître dans une lettre, datée du30 août, adressée à des parlementaires et quitraitait du financement du déficit et de la dettedela Sécurité sociale.L’aveu est de taille. Il aaus-sitôt provoqué les protestations du patronat etun beau pataquès dans la majorité.

Le ministre du budget ébrèche ainsi un dog-me élyséen. Nicolas Sarkozy répète à l’envi qu’ila été élu pour diminuer les impôts, pas pour les

augmenter. Et cet engagement contraint forte-ment la politique du gouvernement.

M. Baroin n’a toutefois pas annoncé quel’exécutif songe à alourdir la fiscalité dans lesprochains mois, ce que, pourtant, certains éco-nomistes, mais aussi quelques élus de droite,jugent inéluctable pour réduire les déficits surles trois prochaines années. Tout juste a-t-ilindiqué que cette question se posera pour 2013.Mais, en fixant cette échéance, c’est aussi unebelle épine dans le pied du futur candidat de ladroite à l’élection présidentielle que le ministre

du budget vient de planter. Or, ce candidat sera,selon toute vraisemblance, M. Sarkozy.

La perspective évoquée par M. Baroin a étérejetée par la présidente du Medef : « Vraiment,je ne le souhaite pas, parce qu’en matière de pré-lèvements obligatoires, le niveau est presque auniveaudu nez :on peut à peine respirer»,a décla-ré Laurence Parisot, mercredi 1er septembre.

Philippe Le Cœur

aLire la suite page12,la contre-enquête pages10-11

et nos informations pages9 et15

UK

pric

1,50

Profits et chômage, la France à deux vitesses

t Le taux de chômage a baissé de 2 points, à 9,7%, au deuxième trimestret Contre-enquête: le modèle social français freine-t-il la reprise économique?

PHILIPPEMATSAS

Leregard dePlantu

upbybg

Page 2: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

Le mystère de l’espion bien sous tout rapport

Les faits

L’histoire MarcRoche(Londres, correspondant)

aInternationalMozambique: émeutes meurtrièrescontrela haussedu prix dupain

Tirant à balles réelles après avoir manqué de balles en caoutchouc, lapolice a ouvert le feu, mercredi 1er septembre à Maputo, sur des mani-festants qui protestaient contre l’augmentation du prix du pain. Qua-tre personnes ont été tuées, 142 ont été arrêtées et 27 blessées, dontdeux policiers, d’après le bilan officiel.Des manifestants ont d’abord bloqué, à l’aide de pneus enflammés,les routes principales conduisant à l’aéroport. Le chaos a ensuitegagné la capitale, où de nombreux magasins ont été pillés. Après celledu pétrole, de l’eau et de l’électricité, l’augmentation de 30 % du prixdu pain a provoqué le mécontentement.Ces hausses font suite à la dépréciation du métical par rapport aurand sud-africain. Environ 65 % des 20 millions d’habitants duMozambique vivent sous le seuil de pauvreté. (PHOTO AFP)

M.Nétanyahouréticentàpoursuivrele geldela colonisationLe bureau du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, aindiqué, mercredi 1er septembre, que le gel de la colonisation juive enCisjordanie ne serait pas prolongé, décision dont il a informé, laveille, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton. Aux yeux desPalestiniens, la reprise de la colonisation après le 26 septembre, datede la fin du moratoire de dix mois, mettrait fin aux négociations direc-tes qui ont débuté jeudi 2 septembre à Washington.De son côté, le ministre israélien de la défense et leader travailliste,Ehoud Barak, a déclaré, dans une interview parue dans le journal israé-lien Haaretz, que l’Etat juif serait disposé, dans le cadre d’un accordglobal, à accepter un « régime spécial » pour Jérusalem.M. Nétanyahou et le président de l’Autorité palestinienne, MahmoudAbbas, ont été reçus mercredi soir à la Maison Blanche par le prési-dent Barack Obama.Lire page6n Sur Lemonde.fr : sur le blog Guerre ou paix, «Les experts et lenéophyte»

Tirsfratricidesen Afghanistanauseindes forces françaisesL’enquête sur les circonstances dans lesquelles trois soldats françaisont été blessés en Afghanistan, le 23 août, a conclu qu’ils avaient étéatteints par les tirs d’une unité française, à la suite d’un enchaînementd’incompréhensions sur le terrain, a annoncé, mercredi 1er septembre,l’état-major des armées dans un communiqué.Il s’agit du premier incident du genre impliquant des troupes françai-ses depuis leur déploiement en Afghanistan en décembre 2001 à avoirdes conséquences aussi graves.Le 23 août, explique l’état-major, « les unités étaient engagées de nuit,dans une zone de végétation dense où la présence d’insurgés était avé-rée et où elles avaient été prises sous leur feu moins d’une heure aupara-vant ».Le plus grièvement blessé des trois soldats demeure dans un étatsérieux bien que son diagnostic vital ne soit plus engagé, selon l’ar-mée.

aFranceLesimpôtspourraient augmenteraprèsl’élection présidentielle de2012Dans un courrier adressé à des parlementaires, le ministre du budget,François Baroin, envisage « l’apport de recettes nouvelles à partir de 2013,que ce soit par la suppression de nouvelles niches fiscales et sociales ou, àdéfaut, par une hausse progressive de la CRDS ». La CRDS, ou contribu-tion au remboursement de la dette sociale, a été créée pour résorber l’en-dettement de la Sécurité sociale. Le gouvernement, opposé à toute haus-se générale des impôts, a jusque-là refusé d’y toucher, préférant s’enprendre aux niches fiscales et sociales qui devraient être réduites de10 milliards d’euros dès 2011. Lire page12

Lechômage a légèrementbaisséenFrance audeuxième trimestreLes données trimestrielles de l’Insee, rendues publiques jeudi 2 septem-bre, montrent que le taux de chômage a subi une baisse légère de0,2 point au deuxième trimestre, s’établissant à 9,3 % en métropole et à9,7 % dans les départements d’outre-mer. Au premier trimestre, le tauxde chômage avait baissé de 0,1 point. La ministre de l’économie, Christi-ne Lagarde, évoque « une première baisse significative depuis la crise » etsouligne qu’elle survient « après 21 mois de hausse ». Lire page12

Lacampagne pourla successiondeJean-MarieLe Pen est ouverte

Le Front national a lancé, mercredi 1er septembre, sa campagne internepour la succession de Jean-Marie Le Pen. Les militants départageront,lors du congrès de Tours les 15 et 16 janvier 2011, deux vice-présidents :Marine Le Pen, 42 ans, et Bruno Gollnisch, 60 ans. M. Le Pen, 82 ans, aannoncé son soutien à la candidature de sa fille. Lors d’une conférence depresse, celle-ci a indiqué qu’au moins 50 déplacements dans les départe-ments sont prévus. Sa campagne sera dirigée par Dominique Martin, élude Haute-Savoie, qui fut le directeur de campagne de Bruno Gollnischpour les régionales de 2010. (PHOTO AFP)

n Sur Lemonde.fr : «Marine Le Pen dévoile sa machine deguerre». Portfolio sur la rivalité Marine Le Pen-Bruno Gollnisch

aEconomieL’Allemagnea adoptéun planderigueurdrastique d’ici à2014Pour redresser les finances publiques mises à mal par la crise, le gouver-nement de coalition d’Angela Merkel a adopté en conseil des ministres,mercredi 1er septembre, un plan d’économies de près de 80 milliardsd’euros d’ici à 2014. Ce plan prévoit notamment des coupes dans lesdépenses sociales (indemnisation des chômeurs de longue durée etprestations versées aux parents de jeunes enfants) et dans le budget dela défense, amputé de 4 milliards d’euros. Une taxe de 8 à 45 euros serainstaurée sur les billets d’avion et la fiscalité écologique sera augmen-tée pour les entreprises. Le ministre des finances, Wolfgang Schäuble, ajugé que le redressement des finances était « une condition indispensa-ble pour une croissance économique pérenne ».

L e corps d’un jeune homme, bien sous

tout rapport, est découvert dans un sac

de sport fermé par un cadenas, dans la

salle de bains de son appartement. Le cadavre,

en état de décomposition, ne porte aucune tra-

ce de coups ou de balles. Les voisins affirment

tout ignorer de l’existence de la victime, un

solitaire de 31ans, passionné de cyclisme et

titulaire d’un doctorat en mathématiques.

Autant d’ingrédients pour un honnête roman

policier? Sauf que l’intéressé, Gareth

Williams, était un espion de haut vol au servi-

ce de Sa Majesté.

Le natif du pays de Galles était l’un des

décodeurs stars du GCHQ, la très secrète agen-

ce de renseignement britannique chargée des

écoutes et du contrôle des communications.

Depuis un an, Williams était détaché au MI6,

les services secrets extérieurs du royaume. A

la rentrée, il aurait dû être promu à la sécuri-

té du «chiffre» au GCHQ. Le logement où

l’agent a été découvert mort le 25 août était en

fait une planque du «Six », située à deux pas

du siège de l’organisation, sur les berges de la

Tamise. L’absence de conclusion de la deuxiè-

me autopsie, pratiquée le 1er septembre, a

épaissi le mystère. La police explore les pistes

d’une action de terroristes islamistes, de l’es-

pionnage russe et des dissidents de l’Armée

républicaine irlandaise (IRA).

Filière «rose»Pour sa part, la presse populaire évoque

une affaire de mœurs. Il s’agirait d’un jeu

sexuel destiné à agrémenter une existence

monotone et minutieuse, un jeu qui aurait

mal tourné. Les limiers des journaux à sensa-

tion ont découvert qu’à l’insu de son

employeur et de ses parents, Gareth Williams

fréquentait les bars homosexuels sadomaso-

chistes de Vauxhall, proche du QG du MI6. Les

quotidiens de droite en profitent pour rappe-

ler les histoires d’espions gays qui ont défrayé

la chronique criminelle. Le spectre d’une filiè-

re «rose» ayant infiltré le monde du rensei-

gnement donne le frisson à ses thuriféraires.

En attendant, c’est le branle-le-bas de com-

bat chez les barbouzes. Les enquêteurs amé-

ricains ont débarqué à Londres pour passer

au crible l’ordinateur et le téléphone porta-

ble du défunt. Son savoir-faire dans la

reconstitution d’un puzzle à partir de mor-

ceaux épars ou dissimulés, son acharne-

ment et son esprit méthodique lui avaient

valu d’être dépêché une fois par mois à Fort

Mead au Maryland, au siège de la National

Security Agency (NSA). Le fonctionnaire

échangeait ses informations avec les « cou-

sins » américains.

L’incroyable écho rencontré par cet étran-

ge mort est révélateur de l’espionnite tou-

jours sous-jacente dans le pays qui a inventé

les agents secrets de cinéma, dilettantes et

grands séducteurs maniant avec virtuosité

carnet de chèques et gadgets meurtriers.

«Tout cela n’est pas bien convenable», pen-

serait George Smiley, le grand ancien gar-

dien des joyaux de l’espionnage. Lui n’était

qu’un gentleman. p

Société éditrice du « Monde » SAPrésident du directoire, directeurde la publication : Eric FottorinoVice-président, directeur général : David GuiraudSecrétaire général du directoire :Pierre-Yves RomainDirecteur du « Monde » : Eric FottorinoDirecteur adjoint : Laurent GreilsamerEditeur : Michel SfeirDirectrice de la rédaction : Sylvie KauffmannDirecteurs éditoriaux : Gérard Courtoiset Alain Frachon.Rédacteurs en chef : Michel Kajman, FrédéricLemaître, Franck Nouchi, Isabelle Talès,Didier Pourquery (« Le Monde Magazine »).Chef d’édition : Françoise Tovo.Directrice artistique : Sara Deux.Veille de l’information : Eric Azan.Secrétaire général : Jean-Pierre GiovencoMédiatrice : Véronique MaurusConseil de surveillance : Louis Schweitzer,président. Gilles van Kote, vice-présidentLe Monde est édité par la Société éditrice du « Monde » SADurée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000.Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal : Le Monde SA.Rédaction :80,boulevard Auguste-Blanqui,75707ParisCedex13 Tél. :01-57-28-20-00 ;télécopieur :01-57-28-21-21Abonnements :partéléphone:deFrance0-825-000-778.(0,15TTC/min) ;del’étranger:(33)3-44-31-80-48 ouwww.lemonde.fr/abojournal/Changementd’adresseetsuspension :0-825-022-021(0,15TTC/min)

Les scores

Les gens Les chiffrest JoeMiller,candidatTeaParties,remporteuneprimairerépublicaineenAlaskaCandidat soutenu par le mouve-ment ultraconservateur des TeaParties et par l’ancienne gouver-neure de l’Etat, Sarah Palin, JoeMiller, 43 ans, est sorti vainqueurde la primaire du Parti républi-cain en vue des élections législati-ves de novembre. Le dépouille-ment des votes de cette primaire,organisée le 24 août, ne s’est ache-vé que mardi 31 août. M. Miller abattu la sénatrice républicaine sor-tante Lisa Murkowski.

t FidelCastroregrettelespersécutionsdeshomosexuelscubainsLe quotidien mexicain La Jornadaa publié, mardi 31 août, un entre-tien dans lequel Fidel Castro affir-me que les autorités cubaines onteu tort d’envoyer des homo-sexuels dans des camps de travaildans les années 1960 et de pour-suivre les discriminations dansles années 1970 et 1980. « S’il y aquelqu’un de responsable, c’estmoi (…). C’était des moments degrande injustice, de grande injusti-ce! », a déclaré l’ancien présidentcubain, âgé de 84 ans. Lire page7

t JulianAssangetoujourssouslefeudelajusticesuédoise

La justice suédoise va rouvrir uneenquête préliminaire pour violvisant le fondateur du site Inter-net WikiLeaks, l’Australien JulianAssange. Elle avait clos cetteenquête, faute de preuves, à lami-août. Dans un communiquépublié mercredi 1er septembre, leprocureur Marianne Ny déclareque la décision a été prise aprèsun nouvel examen du dossier.Une autre enquête, pour attentatà la pudeur, va être élargie pourenglober l’accusation de harcèle-ment sexuel. (PHOTO AFP)

tTennisLLodra, Monfils et Simonvainqueurs à l’US OpenLe Français Michaël Llodra a réus-si l’exploit, mercredi 1er septembreà l’US Open, d’éliminer au pre-mier tour, 7-6, (7-3), 6-4, 6-4, leTchèque Tomas Berdych, finalisteà Wimbledon. De son côté, GaëlMonfils décrochait, le jour de ses24 ans, son billet pour le troisièmetour après avoir éliminé (6-3, 6-4,6-3) le Russe Igor Andreev, etGilles Simon, écartait, au premiertour, l’Américain Donald Young(6-1, 6-4, 6-2). Douze Français sontprésents au deuxième tour del’US Open.

tBasket-ballPremier revers des Bleusau Mondial de TurquieLa France, déjà qualifiée pour les8es de finale, a subi, mercredi1er septembre, au Mondial de bas-ket de Turquie, son premierrevers (69-55) contre la Lituanie.

24heuresdans lemonde

tEconomie

–9,8%BaissedesimmatriculationsdevoituresneuvesenFranceLes immatriculations de voituresneuves en France ont baissé enaoût pour le quatrième moisconsécutif, affichant un recul de9,8% sur un an, a annoncé mercre-di 1er septembre le Comité desconstructeurs français d’automo-biles. Les ventes des seules mar-ques françaises ont reculé de 9,3 %en août, tandis que celles des mar-ques étrangères ont baissé de10,4 %.

tDevises

4000milliardsde dollarséchangéschaquejourLes volumes négociés sur le mar-ché mondial des changes a atteint4000 milliards de dollars par jour(plus de 3 100 milliards d’euros),selon un rapport publié mercredi1er septembre par la Banque desrèglements internationaux (BRI)de Londres.Ce chiffre, explique la BRI quipublie son point tous les trois ans,est dû à la montée en puissancedes fonds spéculatifs, des sociétésd’assurance et autres institutionsfinancières non bancaires.

tEtats-Unis

12millionsdedollarssalairemoyendespatronsquiont le pluslicenciéLes dirigeants des 50sociétés amé-ricaines ayant remercié leplus de salariés entre novem-bre 2008 et avril 2010 ont été enmoyenne rémunérés à hauteurde 12 millions de dollars (9,4mil-lions d’euros) en 2009, soit 42 %de plus que la moyenne desdirigeants du Standard &Poor’s500, selon une étude del’Institute for Policy Studies paruemercredi 1er septembre.

0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SA).La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’adminis-tration. Commission paritaire des publications et agences de pressen° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037

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Page 3: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

Aussi bien que la course à pied ou les études, la méditation est au programme de l’Institut Matsushita. YURIKO NAKAO/REUTERS

TokyoCorrespondance

Il est 10 h 30, mais, en cemois d’août, le thermomè-tre affiche déjà plus de35 degrés. Qu’importe, l’en-traînement de kendo (escri-me traditionnelle japonai-

se) est au programme, il faut yaller. C’est l’une des étapes d’unejournée commencée à 6 heures,comme tous les jours, par un postede propreté et un jogging de 3 kilo-mètres.L’après-midi, il faudraarra-cher les mauvaises herbes de larizière.

Plus généralement, la forma-tion prévoit une nuit sur unbateau de pêche et une course de100 kilomètres à réaliser en moinsde vingt-quatre heures. Program-mée début octobre, elle s’annoncedélicate, mais la fraîcheur autom-nale devrait adoucir la souffrance.

Kendo, agriculture, endurance,mais également cérémonie du thé,méditation et, bien sûr, études etdébats. Tout un cursus pour unobjectif unique : « Comprendre lestraditions et la culture pour entreren politique et changer le Japon. »Telle est, selon le directeur, Kazu-hiroFuruyama, l’ambition desétu-

diants de l’Institut Matsushitapour la gestion et le gouverne-ment (MIGM).

C’est ici, non loin de l’anciennecapitale Kamakura, au sud deTokyo, que sont formés les politi-ciens japonais du futur, selon laphilosophie de Konosuke Mat-sushita (1894-1989), le fondateurdu géant de l’électronique Panaso-nic. Natif de Wakayama, berceauspirituel du Japon, cet homme,qui a débuté à 9 ans chez un petitfabricant de poêles à charbon d’O-saka avant d’écrire l’une des plusbelles aventures industrielles nip-pones, avait aussi une âme de phi-lanthrope.

En 1980, il a consacré 7 milliardsdeyens (65millions d’euros), préle-vés sur sa fortune personnelle, à lacréation du MIGM. Panasonic en aajouté cinq milliards. Ces fondspermettent de financer la totalitédes études et même de rémunérerles étudiants 200 000 yens (envi-

ron 1 850 euros) par mois.M. Matsushita reste omnipré-

sentà l’institut.Sastatue et ses por-traits sont partout, ses réflexionset maximes affichées dans les cou-loirs. Le matin, avant les cours,après avoir entonné l’hymne del’école et s’être livrés à une séanced’autocritique, les élèves lisent lesprincipes de celui pour qui « cha-cun a un chemin à suivre » ou « lajeunesse est un état d’esprit ». Ilsétudient aussi sa pensée économi-que, plutôt libérale et axée sur ladisparition de l’impôt.

Le MIGM ouvre une nouvelleporte vers la politique au Japon où,depuis toujours, il vaut mieux êtreun bochan, un héritier, pour espé-rer se faire une place. Les cinq pre-miers ministres qui ont précédél’actuel chef de gouvernement,Naoto Kan, étaient issus de puis-santes et anciennes dynastiesd’hommes de pouvoir.

L’institut représente égalementunespoir pour unpays dont la clas-se politique reste perçue comme lepoint faible du triangle du pouvoirformé avec le puissant monde del’entreprise et la non moinsinfluente haute administration.

Depuis2006etledépart deJuni-chiro Koizumi, le Japon a changéchaqueannée de chefde gouverne-ment. La nouvelle majorité issuedes élections d’août 2009, domi-née par le Parti démocrate duJapon(PDJ),n’apas modifiéla prati-que, malgré son ambition deredonner le pouvoir au politique.Yukio Hatoyama a quitté la tête dugouvernement début juin et sonremplaçant, Naoto Kan, apparaîtdéjà en sursis.

Le PDJ doit renouveler sa direc-tion le 14 septembre. En cas dedéfaite de M. Kan, son présidentactuel, le Japon pourrait changerde premier ministre pour la sixiè-me fois en quatre ans et sa stabilitépolitique se trouverait menacée.

Cela ne semble pas perturber lesopposants de M. Kan, qui ont choi-si de se rassembler derrière unhomme à la personnalité contro-versée: IchiroOzawa, unvieuxrou-tier de la politique actuellementsous la menace d’une mise en exa-men pour un scandale politico-financier impliquant l’organisa-tion qui gère ses fonds politiques.

La piètre image renvoyée par lemonde politique ne nuit pas à lamotivation des étudiants duMIGM. C’est avec le plus grandsérieuxet laplus ferme détermina-tion que Kiyohiro Katayama,

35 ans, en première année d’uneformation qui en compte trois etbientôt quatre, explique qu’ici, onpeut « se construire en tant qu’êtrehumain» et « se forger une vision ».

« Las d’obéir aux décisions del’Etat central » quand il travaillaitcomme fonctionnaire à la mairied’Atsugi, il a choisi de « passer ducôté des décideurs ». Son ambi-tion ? « Créer une ville modèle, dontl’exemple pourrait être transposé àl’échelle nationale. »

Comme ses camarades, cinq ousix par session, il a été sélectionnéparmi quelque 200 candidaturesselon des critères aussi variés queles capacités physiques et de com-munication, la détermination, lesambitions et les projets. Chacunvient avec ses objectifs.

Un médecin a ainsi intégré l’ins-titut car il voulait changer le systè-me médical japonais. Ancien élèvede l’établissement qu’il dirigeaujourd’hui, M. Furuyama souhai-tait « réfléchir au fonctionnementde l’éducation ».

Sur les 200 diplômés de l’insti-tut, 38 ont été élus au Parlement.D’autres dirigent des grandes vil-les ou gouvernent des préfectures.« Nous avons deux ministres dans

le gouvernement actuel », s’enor-gueillit M. Furuyama.

Les anciens constituent unréseau important. « On dit quenous formons une élite, observeKoichi Takemasa, secrétaire d’Etataux affaires étrangères et diplôméd’une des premières promotions.Autrefois, ce vocable était l’apana-ge des héritiers des grandesfamilles politiques. »

Preuve que le MIGM est devenuune référence, il figure désormaisaux côtés des grandes universitésde Tokyo et Keio, comme un passa-ge obligé vers le monde politique.

Le fait qu’il soit financé par unefondation liée à une entreprise pri-vée ne pose guère de problèmes.Un tel fonctionnement n’est pasrare au Japon. Selon un observa-teur,« plus que la simple réussite desonentreprise, Konosuke Matsushi-ta souhaitait vraiment faire quel-que chose pour son pays. Et puisPanasonic, comme Toyota et lesautres géants industriels, c’est leJapon ».

La notoriété du MIGM dépasselesfrontières de l’Archipel. LaFran-ce a aidé trois étudiants à y effec-tuer des stages de six mois. p

Philippe Mesmer

TokyoCorrespondance

L’accès à l’élite politique et à la hau-te fonction publique japonaisespasse par les universités, mais pasn’importe lesquelles. Sur les725établissements publics et pri-vés de l’Archipel, seul un petitnombre comptent. Parmi les plusrespectés figurent les universitésKeio et Waseda, celles de Kyoto oud’Osaka. Mais la plus prestigieusereste l’université publique deTokyo, surnommée «Todai», quiaccueille près de 30000étudiants.

Todai fournit un tiers des minis-tres et 60% des hauts fonctionnai-res de l’administration des finan-ces et de l’économie. Quinze pre-miers ministres en sont issus, etelle occupe la vingtième place duclassement de Shanghaï des uni-versités du monde. La dominationde cet établissement, et notam-ment de sa faculté de droit, dans laformation des élites de l’Etat tientà son histoire. Elle est née en 1877

de la fusion de plusieurs écoles,dont certaines dataient de la pério-de d’Edo (1603-1867). L’Ecole médi-cale de Tokyo, par exemple, oul’Institut pour les documents occi-dentaux, chargé de traduire desécrits étrangers.

Choisie dès 1887 comme l’unedes neuf universités impériales dupays, Todai est considérée commela première université modernedu Japon. Les autorités voulaientformer une élite et, selon le spécia-liste néerlandais du Japon KarelVan Wolferen, de doter le paysd’un système judiciaire efficace,pouvant lui permettre de se sortirdes «Traités inégaux» imposésentre 1854 et 1861 par les Occiden-taux. Malgré la concurrence del’université privée Keio et la déci-sion de l’ancien premier ministreKiichi Miyazawa (1991 à 1993) delimiter à 50% leur présence dansl’administration, les anciens deTodai forment toujours le cœur dela haute fonction publique. p

Ph. M.

Todai, l’ENA japonaise

Pagetrois

Surles200diplômésdel’institut,38ontétéélusauParlementjaponais

Dansun pays maladede sa classepolitique, l’institut privé Matsushitaprétendfaçonner une élite nouvelle.Son programme: «Changer le Japon»

Al’école des visionnaires

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Page 4: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

Pourl’OMS,«ilestimportantdetrieràlasource»

E n France, près de 10 % desdéchets infectieux prove-nant des cabinets médicaux

ou infirmiers partent encore auxordures ménagères. C’est ce quiressort d’une enquête effectuée enDordogne, département qui a faitl’objet d’une étude test de l’Insti-tut de veille sanitaire (InVS),menée en 2009 et dont les résul-tats ont été publiés en mai. Cerésultat ne tient pas compte desprofessionnels sollicités qui n’ontpas répondu à l’enquête (38 %).

Cette évaluation de la prise encharge des déchets d’activités desoins à risques infectieux (Dasri)par les professionnels de santé ensecteur libéral concerne lesdéchetspiquants,coupants et tran-chants (aiguilles, scalpels), lesdéchets de soins (pansements,cotons,compresses, matérielà usa-ge unique du type seringues, pin-

ces ou tubes) et les petits déchetsanatomiques (kystes, peau, liqui-de physiologique…). Ces profes-sionnels ont déclaré majoritaire-ment produire moins de 5 kilos deDasri par mois.

L’étude ne portait pas sur lesdéchets engendrés par les patientspratiquanteux-mêmesleurs injec-tions à domicile, dont la moitiésont des personnes diabétiques. Sil’étudeconduiteenDordognemon-tre que la gestion des déchets parles professionnels peut laisser àdésirer, la loi Grenelle2, définitive-ment adoptée fin juin, entend s’at-taquer à ces déchets produits parles particuliers, dont la quantitéproduite dans l’Hexagone est éva-luée à 1140 tonnes par an.

L’article187 dela loi contraintlespharmacies, laboratoires d’analyseet établissements de soins à collec-ter gratuitement ces déchets. Lecoût de la collecte et de l’élimina-tion, estimé entre 8 et 18 millionsd’euros, sera pris en charge par lesfabricants des médicaments et dumatériel concerné, en vertu duprincipe de la responsabilité élar-gie du producteur.

L’objectifest delimiter au maxi-mum les risques pour les person-nels travaillant au contact desdéchets ménagers. En l’absence defilière spécifique, des seringues se

retrouvent régulièrement dans lescentres de tri et de traitement.Elles sont parfois stockées dansdes bouteilles en plastique, maisles aiguilles peuvent transpercerl’emballage, au risque de blesser etd’infecter éboueurs et employés.

Des dispositifs de collecte sépa-rée existent déjà, à l’initiative descollectivités locales. « La situationvarie beaucoup en fonction de lapolitique de chacune, expliqueJean-Charles Rochard, secrétairegénéral de l’ordre national despharmaciens. Environ 4 000 à5 000 points de collecte existentdans le pays. » Mais aucun disposi-tif de ce type n’existe à Paris, parexemple. Dans l’idéal, pour assu-rer une bonne couverture du terri-toire, le nombredepoints decollec-te devrait atteindre les 10 000.

Les professionnels désignéspar la loi vont donc devoir s’équi-per des dispositifs adéquats… sansenthousiasme. « Les pharmacienssont hostiles au fait de devenir despoints de collecte de tels déchets,affirme Jean-Charles Rochard. Ilfaudra un réceptacle sécurisé,dans lequel les patients dépose-ront directement leurs déchets,sinon les personnels des pharma-cies risqueront eux aussi d’êtrepiqués.» L’entrée en vigueur effec-tive de la collecte et du traitementva demander un certain temps :après publication du décret d’ap-plication de la loi, un éco-organis-me spécifique devra être créé.

Pour les professionnels de san-té libéraux, la question n’est pasdavantageréglée, ainsique lemon-tre l’étude de l’InVS. En Dordogne,faute de prise en charge par le Syn-dicat départemental de traite-ment des ordures ménagères,60% des praticiens concernés fontappelàune sociétéprivée decollec-te, et 20 % disent apporter eux-mêmes les déchets dans des cen-

tres de regroupement comme lesdéchetteries, en principe réser-vées aux particuliers.

Les 20 % restants adoptent« d’autres solutions » : ils appor-tent les déchets à des structureséquipées, comme les laboratoires,les incinèrent eux-mêmes ou leslaissent chez le patient… qui, lui,peut aller en déchetterie. Mais cesalternatives reviennent dans lamoitié des cas à mettre les déchetsaux ordures ménagères, une solu-tion dénoncée par les experts. Ce à

quoi 42 % des professionnels inter-rogés rétorquent que les procédu-resd’éliminationsonttroponéreu-ses et les sociétés de collecte passuffisamment accessibles.

Lucienne Laumond, présidentedu Syndicat départemental desinfirmiers de Dordogne, qui exer-ceenzonerurale,remplitainsi cha-que trimestre un conteneur de30litres, dont la collecte à destina-tion d’un incinérateur nantais luiest facturée 160 euros. « Je paiepour évacuer les déchets des phar-

maciens, mais aussi du voisinage,par regroupement avec le dentistedu village, par exemple, et pour desparticuliers sans moyens de trans-port», dit-elle.

Enville, c’estplus simple,témoi-gne Jean-Marie Lequillec, qui diri-ge les déchetteries de l’aggloméra-tion de Périgueux, où l’on peutapporter son petit conteneur enéchange d’un nouvel emballagevide. En milieu urbain, la situations’améliore, estime-t-il. Les déchet-teriesdeDordogne, quienvoyaient

lecontenu de4435boîtesdeDasri àl’incinérateur en 2006, en ont col-lecté 7 262 en 2009.

Ce résultat confirme que, ainsique le conclut l’étude de l’InVS,une meilleure mutualisation etaccessibilité des filières peuventréduire significativement la partde déchets infectieux qui emprun-tent trop souvent encore un mau-vais chemin. p

Gaëlle Dupont

et Michel Labussière

(à Périgueux)

N e dites pas aux élèves dese calmer, ils chauffent lebâtiment! A l’école mater-

nelle et élémentaire Saint-Exu-péry de Pantin (Seine-Saint-Denis), l’énergie des enfants n’estpas dépensée que dans l’appren-tissage. Tout bardé de bois, legroupe scolaire, qui accueillait,jeudi 2 septembre, ses 300 pre-miers élèves au bord du canal del’Ourcq, est le troisième de Franceconçu pour produire plus d’éner-gie qu’il n’en consomme. Et leplus avancé pour ce qui concernele respect de l’environnement.

Cette rentrée tombe aumoment où la Commission euro-péenne lance un grand concours,le 16septembre, auprès de mil-liers d’écoles primaires et secon-

daires, pour encourager des prati-ques moins voraces en énergie.

«Nous avons poussé tous lescurseurs au maximum, tout entravaillant dans une philosophiede frugalité, quand les normes deconstruction poussent plutôt à laconsommation de matériaux »,indique l’architecte EmmanuellePatte, de l’atelier Méandre.

L’école n’est pas climatisée etn’allumera qu’au plus froid del’hiver le chauffage par géother-mie, grâce à une conception bio-climatique qui optimise l’apportdu soleil, à une isolation drasti-que, à une ventilation à récupéra-tion de chaleur et à de grandesbaies à triple vitrage. La plupartdu temps, la présence des enfantssuffira à tiédir les onze classes.

Si les élèves sont espérés actifs,les trois bâtiments de l’école, eux,sont quasiment «passifs». Leurconsommation, tous usages com-pris, sera de 22kWh/m2/an. Dixfois moins qu’un bâtiment auxnormes actuelles. «C’est la cuisine,avec ses équipements de cuisson etde froid, qui nous a posé le plus deproblèmes, malgré le chauffe-eausolaire», raconte l’architecte.

Chalet urbainPour atteindre l’objectif zéro

énergie, plus de 1100mètres carrésde panneaux photovoltaïques cou-vrent les trois toits. De quoi reven-dre à EDF 110500kWh par an.

Reste à soumettre ces calculs àl’épreuve du réel. A Limeil-Brévannes, dans le Val-de-Marne,

la première école « zéro énergie »,inaugurée en 2007, consommefinalement 24 kWh/m2/an. « Ilnous manque 200 m2 de pan-neaux solaires et encore pas mald’enfants par rapport à la capaci-té réelle », explique François Dela-pierre, chargé de mission dévelop-pement durable dans cette ville.

Le risque de sous-utilisationsemble a priori écarté à Pantin.«Tout le monde veut s’inscrire àSaint-Exupéry, je n’ai jamais reçuautant de demandes de déroga-tion», s’étonne le maire (PS) de laville, Bertrand Kern. Il faut direque, avec ses allures de chaleturbain, l’école attire l’œil dans cequartier en mutation, où l’archi-tecture proprette des nouvellesrésidences gomme peu à peu l’his-

toire industrielle du canal. « C’estici le nouveau cœur de Pantin,l’école en est le fleuron », estime lemaire. Un fleuron coûteux :14millions d’euros, soit un sur-coût de 20 % à 25 % par rapport àune école classique, qui pourraitêtre amorti en trente ans.

Mais y fera-t-il bon vivre, danscette école écolo ? On peut le pen-ser, au vu d’une architecture quine sacrifie pas confort quotidienet surprises ludiques au paradig-me vert. Cela vaut mieux : sa réus-site dépendra largement de lavolonté des équipes de jouer lejeu du développement durable,quitte à changer leurs habitudes.Ce sera l’axe prioritaire du projetpédagogique.p

Grégoire Allix

APantin, les enfants chauffenteux-mêmes leurnouvelle école écolo

Métalrare recycléDesulfovibrio desulfuricans, une bactérie trèsrépandue dans le sol, se révèle capable de recyclerle palladium, métal rare contenu dans les déchetsindustriels et utilisé notamment dans les potscatalytiques des automobiles, selon une étude bri-tannique publiée dans la revue Microbiology.

«Ecologie etpolitique»Danssa40e livraison,cetterevues’interrogesurlespolitiquesàmettreenœuvreencetteère

del’«anthropocène»quivoitl’humanitédevenueun«phénomènegéobiologique»etdesconceptscommeceluidecroissanceremisencause. Editions Syllepses, 196 p., 18 ¤.

Climat L’Amazoneà son plus bas niveaudepuis quarante ansPlus grand fleuve du monde,l’Amazone est tombé, mardi31août, à Iquitos (Pérou), à unecote de 105,97 m au-dessus duniveau de la mer, inférieure de50centimètres au niveau enregis-tré en 2005, qui était sa plus basseréférence depuis quarante ans.L’absence de pluies et des tempé-ratures atteignant 34 ˚C sont àl’origine de cette situation. – (AFP.)

Biodiversité Un cinquièmedes espèces africainesd’eau douce menacéesUn cinquième des espèces africai-nes d’eau douce – poissons, mol-lusques et plantes – est menacéd’extinction, a annoncé, jeudi2septembre, l’Union internationa-le pour la conservation de la natu-re (UICN). – (AFP.)

Enl’absencedefilière spécifique,desseringuesseretrouvent danslescentresde tri, au risquedeblesser etd’infecteréboueursetemployés

Lecasse-têtede lagestion des déchetsmédicauxFaute de dispositifs de collecte satisfaisants, environ 10% des résidus des cabinets libéraux finissent à la poubelle

Sud-SoudaninondéDes inondations au Sud-Soudan ont forcé près de60000 personnes à se déplacer courant août, aannoncé, mardi, le gouvernement de cette régionsemi-autonome. La moitié des huit millionsd’habitants du Sud-Soudan se trouvent déjà ensituation de pénurie alimentaire.

Planète

L’un des gardiens de la déchetterie de Coulounieix-Chamiers (Dordogne), devant le local réservé aux déchets de soins. FRÉDÉRIC

DESMESURE POUR « LE MONDE »

Entretien

L’Organisation mondiale de la san-té (OMS) a défini en 2004 une poli-tique en matière de gestion desdéchets de soins, mais manque dedonnées récentes, ainsi que l’expli-que Yves Chartier, du départementSanté publique et environnement.Quelles sont les spécificités desdéchets de soins?

Sur l’ensemble des déchets desoins produits par les établisse-ments de santé, 85 % à 90 % sontsimilaires aux déchets domesti-ques. Il s’agit d’emballages depapier ou de plastique, ou de pré-

parations destinées à l’alimenta-tion qui n’ont pas été en contactavec les patients. Une petite pro-portion – de 10 % à 15 % desdéchets de soins sont infectieuxou anatomiques – constitue un ris-que, alors que les objets pointusou tranchants ne comptent quepour 1 % du total. Il est importantde trier à la source ces différentsdéchets car, s’ils sont mélangés,alors 100% des déchets présen-tent un risque infectieux.Quels sont les pays qui produi-sent le plus de déchets de soins?

Si l’on considère la quantité dedéchets produite par patient ou

par lit d’hospitalisation, les paysdéveloppés produisent le plus dedéchets liés aux soins. Ces paysont mis en place des procédures deségrégation des déchets, dont unepartie est recyclée. A l’inverse, despays en développement, produi-sant moins de déchets, peuventêtre confrontés à des problèmescar ils ne pratiquent pas ce tri à lasource. La quantité de déchetsconsidérés comme infectieux vadonc augmenter, et avec elle soncoût de gestion.

Nous allons réaliser une étudecette année, ou début 2011, pourobtenir des données plus précises

et plus récentes que celles dontnous disposons sur les déchets desoins, ainsi que sur les maladiesqui leur sont liées. Jusqu’ici, nousn’avons des données que sur les ris-ques d’hépatites A et B et d’infec-tion par le VIH.Quels sont les principes direc-teurs de l’OMS?

Ils sont définis dans un docu-ment d’orientation datant de2004. Ils s’appuient sur la conven-tion de Bâle sur les déchets toxi-ques et sur la convention de Stock-holm sur les polluants organi-ques persistants. L’OMS a définiquatre principes fondamentaux :

tout d’abord, le devoir pour toutestructure produisant des déchetsde s’en débarrasser dans desconditions sûres ; ensuite, le prin-cipe pollueur-payeur : les produc-teurs de déchets sont légalementet financièrement responsablesde la sécurité de l’élimination desdéchets et du respect de l’environ-nement; les deux autres princi-pes sont ceux de précaution et deproximité: le traitement et l’élimi-nation des déchets dangereux doi-vent avoir lieu le plus près possi-ble de la source. p

Propos recueillis par

Paul Benkimoun

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Page 5: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

ACTES SUDUne rentréefrançaiseaoût 2010

www.actes-sud.fr

Page 6: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

UFC QUE CHOISIR c/ SA NC NUMERICABLEJugement du 15 septembre 2009

A la demande de l’Association Union Fédérale des Consommateurs QUECHOISIR (UFC QUE CHOISIR), Association de Consommateurs agréée, 233boulevard Voltaire à Paris.Par jugement du 15 septembre 2009, le Tribunal de Grande Instance dePARIS a condamné, avec exécution provisoire, la société NC NUMERICABLE,anciennement dénommée NOOS, à supprimer 12 clauses illicites ou abusivesde ses conditions générales de vente, contenues à son contrat dans sa versionen vigueur en juin 2008, savoir :- 7.5 et 10.2.2 in fine, prévoyant la restitution du dépôt de garantie, « déduction faite deséventuels coûts justifiés liés à une remise en état des matériels imputables au client » ;- 10.2.1, relatif au dépassement en cours de mois du seuil de 150 € du montant desconsommations téléphoniques, et permettant au professionnel d’exiger le versement d’unacompte sur facturation ;- 10.2 § 4 in fine, relatif à la modification de la périodicité des factures sans imposer undélai de prévenance d’au moins un mois, ni d’information sur la faculté pour le client, derésilier le contrat s’il n’accepte pas cette modification ;- 10.2 § 5, prévoyant la facturation de 2 € en cas de paiement par un mode autre que leprélèvement ou la carte bancaire ;- 10.3 § 2, prévoyant la déchéance du terme de toutes les créances du fournisseur d’accèsen cas d’impayé, sans envoi préalable d’une mise en demeure par lettre recommandée avecaccusé de réception ;- 3.2 § 3, permettant à NC NUMERICABLE de supprimer les adresses e mail non utiliséespendant au moins six mois, ainsi que les pages web associées- 3.6 § 2, prévoyant qu’en cas de portabilité du numéro, la mise en œuvre du service nepourra être effective, au minimum, qu’après dix jours ;- 14 § 3 et 5, prévoyant la restriction ou la suspension des services en cas d’impayés, sansenvoi préalable d’une mise en demeure par lettre recommandée avec accusé de réception ;- 12 § 3, prévoyant que la société ne pourra être tenue responsable de l’impossibilitéd’accéder ou d’utiliser le service- 16, permettant l’utilisation et la communication des informations nominatives du client ;- 15-2.1, prévoyant la reconduction tacite, sauf préavis de 10 jours, sans respect del’art.L.136-1 du code de la consommation- 15.2.2, prévoyant qu’en cas de décès, la résiliation prendra effet le jour de la réception del’acte de décès par la société, et non au jour du décès de l’abonné.Et à verser 30.000 € à l’Association de Consommateurs à titre de dommages etintérêts, et ordonné la présente publication.

Fait à GRENOBLE le 15 juin 2010 - Christian BRASSEUR, Avocat (Grenoble)

PUBLICATIONS JUDICIAIRES01.49.04.01.85 - [email protected]

WashingtonCorrespondante

Au plus fort de la tensionentre la Maison Blanche et legouvernement israélien, au

printemps, Barack Obama avaitinvité Elie Wiesel à déjeuner. L’écri-vain venait de publier une lettreouverte dans la presse réfutant lapolitique américaine de « pres-sions» sur Israël. Venant d’un ami,un homme qui l’avait accompagnéàBuchenwaldau lendemain de sondiscours du Caire sur les relationsavec l’islam, en juin 2009, une telleinitiative avait de quoi inquiéter leprésident américain. Elie Wieselsortit rasséréné du déjeuner du4mai. « La tension a disparu, assu-ra-t-il. C’était une rencontre entredeux amis, deux Prix Nobel de lapaix. Un bon lunch casher.»

Déjeuners,conférencestélépho-

niques, campagne de sensibilisa-tion: après avoir laissé l’incompré-hension s’installer, la Maison Blan-cheaentreprisuntravailenprofon-deurauprès dela communautéjui-ve et du Congrès pour les convain-cre de son attachementà Israël. Elle« s’est rendue compte qu’ellen’avait pas fait beaucoup d’effortspour expliquer sa politique, indi-queLaraFriedman,dontl’organisa-tion,AmericansforPeaceNow,par-ticipe régulièrement aux briefingsdonnés par les conseillers du prési-dent. Elle a mis en place une vraiecampagne en direction de tous lesélémentsdelacommunauté,ycom-pris les plus critiques. »

Les stratèges électoraux ont pro-bablementaussifaitleurscalculsetpris la mesure des soutiens en pas-se d’être perdus (après la réceptionglaciale, en mars, à Washington, deM.Nétanyahou, l’ancien maire deNew York, Ed Koch, avait regrettéêtre allé en Floride faire du por-te-à-porte pour le candidat Oba-ma). La communauté juive nereprésenteque2%delapopulationaméricaine, mais elle vote à plus de75 % pour les démocrates et, danscertainsEtats, chaque voix compte.Ainsi, en Floride, Barack Obama l’aemportéde 3pointsen 2008 (l’élec-torat juif y représente 4%).

Pour tenter de réparer les liensmis à mal par une approche jugéetrop conflictuelle avec Israël, laMaison Blanche a chargé la chef decabinet de Michelle Obama, SusanSher, de faire la liaison avec les élus

juifs et les associations. Les diri-geants des principales organisa-tionsjuivesontétéinvitésàpartici-per à une conférence téléphoni-que régulière avec Dan Shapiro, leresponsable du dossier au Conseilnational de sécurité, et DennisRoss, le conseiller spécial du prési-dent. Une discussion a eu lieu surl’Iran,une autresurle traitéde non-prolifération.

«Dette»Le département d’Etat a diffusé

une note sur le soutien recordaccordé cette année par l’adminis-tration Obama à la sécurité d’Is-raël: 3milliardsdedollars(2,34mil-liards euros, soit plus de la moitiéde la totalité de l’aide militaireinternationale des Etats-Unis) avecun engagement pour dix ans.Devant la Brookings Institution,Andrew Shapiro, l’assistant auxaffaires politico-militaires, a évo-qué début juillet les mesures pri-ses par Washington pour mainte-nir la supériorité militaire qualita-tive d’Israël et les 205 millions dedollars demandés au Congrès parle président pour soutenir la pro-duction du système de défenseanti-roquettes (« Iron Dome»).

Tous ces efforts ont permis àBarack Obama d’aborder la reprisedes négociations israélo-palesti-niennes dans un climat apaiséentreIsraëletlesEtats-Unis.Mercre-di, il a pu dénoncer à l’unisson avecM.Nétanyahoulequadruplemeur-tre de Hébron et les « rejectionnis-

tes» qui cherchent à faire échouerles négociations. « Les Etats-Unisseront inflexibles dans leur soutienà la sécurité d’Israël », a signifié leprésident américain, avant de don-nerune tape dans le dos àson inter-locuteur, loin de l’atmosphère gla-ciale de la première rencontre.

Selon un diplomate européen,c’est l’affaire de la flottille pourGazaquiachangéladonneentreles

deux dirigeants. A l’heure où Israëlétait sous le feu des critiques aprèsle raid meurtrier du 31mai, l’admi-nistrationaméricainen’apasmégo-té son soutien. « M. Nétanyahou aen quelque sorte une dette à l’égardd’Obama», analyse ce diplomate.

Dansladernièreconférencetélé-phonique, le 20 août, Dan Shapiroa indiqué que l’idée d’un déplace-ment du président en Israël etdans

les territoires palestiniens était denouveauàl’étude.Unvoyagepour-rait se révéler « très fructueux »pour autant qu’il y ait lieu « au bonmoment », a-t-il dit. Dans l’immé-diat, la communauté juive attendde voir ce qu’il adviendrait si l’ad-ministration Obama se trouvait denouveaudans la position de devoirexercer des pressions sur Israël. p

Corine Lesnes

Leprésident américainse dit «prudemment pleind’espoir»WashingtonCorrespondante

Trente ans après Jimmy Carter,dix ans après Bill Clinton, BarackObama a pris à son tour le man-teau de faiseur de paix au Proche-Orient. Dans une mise en scènesolennelle, il a réuni sur le mêmepodium de l’East Room de la Mai-son Blanche les dirigeants qu’ilvoudrait voir mettre fin, en un an,à un conflit de plus d’un demi-siè-cle: Benyamin Nétanyahou, l’Is-raélien; Mahmoud Abbas, le Pales-tinien; Hosni Moubarak, l’Egyp-

tien; et le roi Abdallah de Jordanie.D’entrée, le président améri-

cain a placé la barre au plus haut,convoquant la mémoire de Mena-hem Begin, Anouar El-Sadate,Yitzhak Rabin. «Nous ne sommesque cinq hommes, a-t-il déclaré.Notre dîner ce soir ne sera qu’unepetite réunion autour d’une simpletable. Mais quand nous nous réuni-rons, nous ne serons pas seuls.Nous serons accompagnés par lesgénérations de ceux qui nous ontprécédés et de ceux qui suivront.»

Solennel lui aussi, presque ému,le premier ministre israélien qui, il

y a dix-huit mois, se refusait à pro-noncer l’expression «solution àdeux Etats», a salué son «partenai-re» palestinien. «Président Abbas,vous êtes mon partenaire pour lapaix. Et il ne dépend que de nous,avec l’aide de nos amis, de mettrefin au conflit déchirant entre nospeuples et de leur offrir un nouveaudépart.» Evoquant la «terre ances-trale» des juifs, il a ajouté: « Nousreconnaissons qu’un autre peuplepartage cette terre avec nous.»

S’exprimant le dernier, Mah-moud Abbas a, comme l’avait faitHosni Moubarak, réclamé – mais

sans en faire une condition – legel de la colonisation. C’est la pre-mière pierre sur laquelledevraient achopper les négocia-tions qui reprennent jeudi 2 sep-tembre au département d’Etat, lespremiers entretiens directsdepuis décembre 2008.

«Rapprochement»Lors d’un entretien préliminai-

re avec la secrétaire d’Etat HillaryClinton, Benyamin Nétanyahou arejeté l’idée de prolonger le mora-toire de dix mois sur les implanta-tions. Celui-ci vient à expiration le

26septembre. Un gel partiel a étéévoqué, autorisant les construc-tions dans les blocs qui resteraientsous contrôle israélien après unaccord final. Mais la partie améri-caine n’a pas confirmé. Dans leNew York Times, le président égyp-tien a estimé qu’un « gel complet»de la colonisation en Cisjordanieet à Jérusalem-Est était «crucialpour le succès des négociations ».

Barack Obama a fixé l’objectif :des négociations ayant pour butde régler toutes les questions ditesdu «statut final» (le tracé des fron-tières, la sécurité d’Israël, la ques-

tion du retour des réfugiés et le sta-tut de Jérusalem), afin de parvenirà la « fin de l’occupation de 1967 »et à la création d’un Etat palesti-nien « indépendant, démocratiqueet viable ». En cas de blocage,M.Obama fera des « propositionsde rapprochement». « Les Etats-Unis vont mettre tout leur poidsderrière cet effort», a-t-il souligné.

Le président Moubarak a propo-sé d’accueillir la prochaine réu-nion, avant la fin du mois, enEgypte. « Je suis plein d’espoir, aconclu Barack Obama. Prudem-ment plein d’espoir. » p C. Ls

ShanghaïCorrespondance

A près avoir subi les tracas del’affaireGoogle, legouverne-ment chinois prend les

devants. L’agence de presse étati-que Xinhua et le premier opéra-teur de téléphonie mobile du pays,China Mobile, ont acheté les nomsde domaine Guosu.cn et Guo-su.com pour créer avant la fin 2010leur propre moteur de recherche,selon le quotidien Global Times.

Le leader mondial de la recher-che sur Internet, Google, qui n’estque deuxième en Chine derrière lemoteur Baidu, avait mis Pékin audéfi en janvier en annonçant qu’ilrefuserait à l’avenir la censureimposée par le gouvernement.Après plusieurs rebondissements,Google redirige désormais lesrecherches sur son site basé à Hon-gkong, région disposant d’une cer-taine autonomie par rapport àPékin. Pour éviter de tels désagré-ments dans le futur, Xinhua, direc-

tement contrôlée par le gouverne-ment, proposera son outil derecherche aux internautes.

Sa fronde et les déboires qui ontsuivi ont coûté à Google 5 % departs de marché en Chine au pre-mier trimestre, le leader Baidu yassurant 64 % des recherches sur leNet. L’agence de presse officielle etChina Mobile, qui compte près de559millions d’utilisateurs, souhai-tent profiter de cet affaiblissementpour s’imposer, notamment dansl’Internet sur téléphone portable.

Legouvernement chinoisconsi-dère que le Web est un outil straté-gique, capable de renforcer sa légi-timité s’il est bien manipuléautant qu’il pourrait le déstabili-ser s’il échappait à son contrôle.

« La décision de Xinhua de créerun moteur de recherche relèved’une politique constante depuis2008 visant à encourager le déve-loppement des médias étatiquesafin que les dirigeants chinois dis-posent de l’avantage de contrôler àla fois la fourniture et la distribu-

tion de l’information », expliqueDavid Bandurski, chercheur ausein du China Media Project del’université de Hongkong.

Les moteurs de recherche« jouent un rôle croissant pour dis-tribuer l’information et influencerl’opinion publique », a dit Zhou

Xisheng,vice-président deXinhua,lors de la signature de l’accord decoentreprise avec China Mobile, le12 août, ne cachant pas que le nou-veau moteur Guosu « participerad’uneffortplus globalvisantà assu-rer la sécurité de l’information».

Faire progresser le rôle de l’Etatdans les nouvelles technologies aégalement l’avantage de lui pro-mettre une source de revenus,dans un pays qui compte déjà

420 millions d’internautes, selonles dernières statistiques.

D’autres médias chinois, dontLe Quotidien du peuple, organe depresse du Comité central du Particommuniste, ont lancé par le pas-sé leurs moteurs de recherche ain-si que leurs plates-formes d’héber-gement de blogs, sans grand suc-cès. Mais le développement de l’In-ternet via téléphone portable etde l’utilisation de la technologie3G dans les grandes villes du paysoffre une nouvelle opportunité.

La partie n’est pourtant pasgagnée.Malgré leurs avantages res-pectifs dans leurs domaines, ChinaMobileetXinhuapartentderienenmatière de recherches sur le Web,juge Ren Yanghui, spécialiste desnouvelles technologies au sein d’A-nalysis International. « Ils devrontse débrouiller absolument seuls »,dit-il, à l’heure où Google tente deson côté d’imposer son systèmeAndroid sur le marché des porta-bles chinois.p

Harold Thibault

Nouvelle attaque contre desIsraéliens en Cisjordanie

International

XinhuaetChinaMobilepartent de rienenmatière derecherchesur le Web

Le gouvernement chinoisresserre sonemprise sur le NetL’agence de presse d’Etat s’allie au premier opérateur de téléphonie pour «sécuriser l’information»

Deux Israéliens ont été blesséspar balles près d’une colonie jui-ve de Cisjordanie, mercredi1er septembre, attaque revendi-quée par le Hamas, qui s’opposeaux pourparlers entre Israël etl’Autorité palestinienne. La veille,le Hamas avait revendiqué uneattaque près de Hébron qui avaitfait 4 morts. L’Autorité palesti-nienne a lancé une vague d’arres-tations dans les zones autono-mes sous son contrôle. – (AFP.)

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, Barack Obama et le présidentde l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à Washington, le 1er septembre. TIM SLOAN/AFP

BarackObamamet«toutsonpoids»dansledossierisraélo-palestinienAvant la reprise des négociations, la Maison Blanche a tentéd’obtenir l’appui de la communauté juive américaine

6 0123Vendredi 3 septembre 2010

Page 7: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

Chiffre d’affaires : 15,5 milliards Ð + 2,3 %*/**

Résultat opérationnel sur activité : 1 423 millions Ð + 4,8 %**

Résultat net : 703 millions Ð + 1,9 %**

Carnet de commandes : 28,4 milliards Ð + 18 %***

Acompte sur dividende maintenu : 0,52 Ð/action****

www.vinci.com

Service actionnaires

Un Groupe en croissance« Nos performances, en France et à l’international, au 1er semestre 2010, démontrent une nouvelle fois, larésilience de notre modèle de concessionnaire-constructeur. VINCI Autoroutes enregistre une croissance de sonchiffre d’affaires et de ses résultats. VINCI Concessions a été déclaré attributaire de la ligne à grande vitesseSud Europe-Atlantique, le plus important projet d’infrastructure en Europe et concessionnaire pressenti dunouvel aéroport de Nantes, Notre-Dame-des-Landes. Dans le contracting, la marge se stabilise à un bon niveaualors même que le carnet de commandes enregistre une forte progression. Sur ma proposition, le Conseild’administration a décidé le versement d’un acompte sur dividende sur les résultats 2010 de 0,52 euro par action. »

Xavier Huillard,

président–directeur général

* Hors CA ‘Construction’ externe des filiales concessionnaires.** Evolution entre le premier semestre 2009 et le premier semestre 2010.*** Au 30/06/2010 par rapport au 31/12/2009 et au 30/06/2009.**** Paiement, en numéraire, le 16/12/2010 (détachement du coupon : le 13/12/2010).

RÉSULTATS SEMESTRIELS 2010

F idel Castro a reconnu sa res-ponsabilité dans la persécu-tion des homosexuels au

cours des premières années de larévolution cubaine. « Ce furentdes moments d’une grande injusti-ce (…) que nous avons commise (…)Si quelqu’un est responsable, c’estmoi », a admis l’ancien présidentcubain dans une interview fleuveaccordée à Carmen Lira, la direc-trice du quotidien de gauchemexicain La Jornada.

Dans les années 1960 et 1970,les homosexuels, de même queles prêtres et les Cubains considé-rés comme « contre-révolution-naires», ont été envoyés dans descamps de rééducation oucontraints à l’exil. L’écrivain Rei-naldo Arenas a décrit ces persécu-tions dans son autobiographieAvant la nuit (Actes Sud).

«Personnellement, je n’ai pasce genre de préjugé », a affirmé leleader cubain, contraint à laretraite depuis quatre ans en rai-son d’une grave maladie intesti-nale. « A l’époque, je ne pouvaism’occuper de cette question.

J’étais plongé dans la crise d’octo-bre [la crise des missiles de 1962qui a failli dégénérer en conflitnucléaire entre les Etats-Unis etl’Union soviétique], la guerre, lesquestions politiques », a-t-il ajou-té, sans nier le tort causé par cespersécutions à l’image du régime.

«Echapper à la CIA qui achetaittellement de traîtres, parfois par-mi nos proches, n’était pas une cho-se facile, mais enfin, j’assume maresponsabilité et je ne vais pas fai-re porter le chapeau à d’autres », apoursuivi Fidel Castro.

«Un monde de fous»Les relations homosexuelles

ne tombent plus sous le coup dela loi depuis 1979. La situationdes gays s’est beaucoup amélio-rée ces dernières années grâce àl’action de Mariela Castro, la filledu président Raul Castro, et lanièce de son frère Fidel. A la têtedu Centre national d’éducationsexuelle, Mariela Castro mènecampagne contre l’homophobie,qui reste latente, y compris dansles rangs du Parti communiste.

Les opérations de changementde sexe figurent parmi sesconquêtes.

Multipliant les apparitionspubliques depuis deux mois,Fidel Castro a pour la premièrefois livré des détails sur «le calvai-re » qu’il a vécu, sans préciser lanature de sa maladie, qui reste unsecret d’Etat. «Je suis arrivé à lamort. Je n’aspirais plus à vivre. Maseule espérance était que le mon-de s’arrête, puis j’ai survécu, maisen très mauvaise condition »,a-t-il confié à La Jornada, se pré-sentant comme « un ressuscité ».

Retrouvant un « monde defou », il a consacré ses forcesrenaissantes à dénoncer le périld’une déflagration nucléaire queprovoquerait, selon lui, unconflit opposant les Etats-Unis etIsraël à l’Iran. «Nous devons mobi-liser le monde pour persuaderBarack Obama, le président desEtats-Unis, d’éviter la guerrenucléaire», affirme Fidel Castro,qui vient de fêter ses 84 ans. p

Jean-Michel Caroit (Saint-

Domingue, correspondant)

Buenos AiresCorrespondante

A un ande l’élection présiden-tielle de 2011 en Argentine,c’est la guerre entre la prési-

dente péroniste Cristina Kirchneret les médias qui critiquent le gou-vernement. Mardi 31août, Mme Kir-chner a porté plainte devant la jus-tice à l’encontre des deux princi-paux quotidiens du pays, Clarin etLa Nacion. Elle les accuse d’avoiracheté, il y a trente-quatre ans,Papel Prensa, la seule entrepriseargentine qui fabrique du papierjournal,avecla complicité dela dic-tature militaire (1976-1983). Il s’agi-rait, selon elle, d’un délit économi-que, mais aussi d’une violation desdroits de l’homme.

Les responsables des deux quo-tidiens d’opposition ont rejeté cesaccusations, dénonçant « une his-toire inventée par le gouverne-ment pour contrôler Papel Prensa»et pour mettre la pression sur lapresse écrite. Clarin possède 49 %des actions de Papel Prensa, LaNacion 22 %, et l’Etat 28 %.

Après avoir présenté un rap-port de 26 000 pages sur « PapelPrensa et la vérité», le 24 août, lorsd’une cérémonie solennelle aupalais présidentiel, Mme Kirchner aenvoyé au Congrès un projet de loidéclarant d’intérêt public la pro-duction et la distribution depapier journal, de façon à ce quel’Etat contrôle l’entreprise.

L’objectif serait de « préserverl’égalité des chances pour les petitsjournaux qui paient aujourd’hui650dollars la tonne de papier, alorsque Papel Prensa les vend 500 dol-lars à Clarin et à La Nacion », selonle péroniste Juan Carlos Gullo, vice-président de la commission sur laliberté d’expression à la Chambredes députés.

« La liberté d’expression est endanger », ont rétorqué plusieursjournaux et les principaux leadersde l’opposition. Ils dénoncent unemanipulation de la violente histoi-re des années 1970 en Argentine etune instrumentalisation de ladéfense des droits de l’homme.

L’affaire remonte au coupd’Etat militaire du 24 mars 1976,lorsque l’étau s’est resserré surDavid Graiver, un banquier quientretenait des liens avec les Mon-toneros, la guérilla péroniste.Après son décès dans un accidentd’avion suspect, en août 1976, safamille aurait vendu l’entreprisePapel Prensa à bas prix, sous lamenace.«J’ai étéforcéede tout ven-dre, affirme la veuve, Lidia Papa-leo, ça a été : “Tu signes ou je tetue.”» Mme Papaleo est le principaltémoin du gouvernement. Enmars 1977, elle fut enlevée, tortu-rée et violée dans un centre dedétention clandestin.

Après le retour de la démocra-tie, lors du procès historique de1985 contre les chefs de la dictatu-re, Mme Papaleo n’avait pas men-tionné la vente de Papel Prensa.Elle dit avoir eu peur de parler.

Toutefois, selon Isidoro Grai-ver, frère du banquier, égalementséquestré par les militaires, la ven-te s’est faite « sans menaces, niextorsions et en liberté». Il rappelleque Papel Prensa a été vendue ennovembre 1976 et que les mem-bres de lafamille Graiver et desres-ponsables de l’entreprise furentenlevés entre mars et avril 1977.

Cette affaire ravive l’affronte-ment entre Mme Kirchner et Clarin,le plus important groupe de pres-se d’Argentine. Le 19 août, les auto-rités ont refusé de renouveler lalicence de la société Internet Fiber-tel, filiale du groupe multimédia.Unmillion declientsdevrontchan-ger de prestataire.

En 2009, le gouvernementavaitnationalisélesdroits dediffu-sion des épreuves de football audétriment du groupe privé pourque les supporteurs puissent voirgratuitement les matchs. Il avaitaussi introduit une réforme de

l’audiovisuel, présentée commeune victoire sur les monopoles. Legroupe multimédia Clarin possè-delequotidien dumême nom,plu-sieurs chaînes de télévision, uneradio, des actions dans des jour-naux de province et dans la télé-phonie mobile.

Parallèlement, la propriétairedeClarin, Ernestina Noble, fait l’ob-jet d’une enquête judiciaire surl’adoption de ses deux enfants, quipourraient être, selon l’associa-tion des Grands-Mères de la placede Mai, ceux d’opposants disparuspendant la dictature militaire.

Agéstousdeuxde34 ans,Marce-la et Felipe Noble refusent de sesoumettre à une prise de sangpour vérifier leur filiation. Ils crai-gnentd’êtrevictimes «d’une mani-pulation des analyses génétiques »et dénoncent « être maltraités »pour des raisons politiques. p

Christine Legrand

EnArgentine, conflit ouvertentre laprésidence etla presseCristina Kirchner accuse les grands quotidiens d’avoir mis la main surla seule usine de papier journal avec la complicité des militaires en 1976

«Ressuscité», Fidel Castro fait sonmeaculpasur la persécutiondeshomosexuels

Brésil-Colombie

Bogota etBrasilias’associentpourconstruire un avionmilitaireBRASILIA.A l’occasion de la visite du président colombien, Juan ManuelSantos, au Brésil, les ministres de la défense des deux pays ont signéune lettre d’intention, mercredi 1er septembre, en vue de construireensemble l’avion de transport militaire KC 390 de l’avionneur brésilienEmbraer, qui vise à remplacer les Hercule C 130 américains. SelonEmbraer, cet accord « pourrait déboucher sur l’implantation d’une usinede fabrication de pièces en Colombie et l’achat de 12 avions par le gouver-nement colombien ». Le nouveau président colombien effectuait sonpremier déplacement à l’étranger depuis sa prise de fonction. Le Chiliavait conclu un accord similaire, lors de la visite du ministre brésiliende la défense à Santiago, la semaine dernière. – (AFP.)p

Etats-Unis Primaire en Alaska : un ultra-conservateurbat une sénatrice républicaineWASHINGTON. Le candidat ultra-conservateur du mouvement Tea Par-ty, Joe Miller, a battu lors d’une élection primaire en Alaska la sénatricesortante républicaine, Lisa Murkowski. M. Miller était soutenu parl'ancienne candidate à la vice-présidence et ancienne gouverneure del'Etat d’Alaska Sarah Palin. Mme Murkowski a reconnu sa défaite mardisoir, alors que son adversaire avait un avantage de 1 600 voix. – (AFP.)

Prise d’otages près de WashingtonSILVER SPRING. La police a annoncé avoir tué un homme armé qui avaitpris pendant quelques heures des otages dans les locaux de la chaîne detélévision Discovery Channel, dans la banlieue de Washington, mercre-di 1er septembre. Les trois personnes qu’il retenait ont été libérées. Lesmédias américains avançaient que le suspect pourrait être un militantécologiste du nom de James Jay Lee, embarqué dans une lutte contre leréchauffement climatique. – (AFP.)

Iran Le domicile de l’opposant Mehdi Karoubi attaquépar des miliciens islamiquesTÉHÉRAN. Le domicile de Mehdi Karoubi, figure de l'opposition réfor-matrice au président Mahmoud Ahmadinejad, a été attaqué dans lanuit par des « voyous » appartenant à la milice islamique des bassidjis, aindiqué, jeudi 2 septembre, le site de M. Karoubi, Sahamnews. « De nom-breux voyous bassidjis, agissant dans le cadre d'un plan coordonné et pré-médité (...) et avec le soutien de la police, ont jeté des pierres, brisé desvitres et projeté de la peinture » contre l’immeuble ou vit l’ancien prési-dent réformateur du Parlement dans le nord de Téhéran. – (AFP.)

International

Selonl’opposition etplusieursjournaux, la«liberté d’expressionestendanger »

70123Vendredi 3 septembre 2010

Page 8: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

Roumanie

Bucarestveut revenirà un débatplus«rationnel» sur les RomsBUCAREST. La Roumanie conteste l’ampleur de la menace sécuritaireinvoquée par la France pour justifier les renvois de Roms et plaidepour des solutions de fond au niveau européen et un dialogue plus« rationnel » avec Paris. « Nous avons convenu de revenir à un ton plusrationnel» sur cette question qui a « enflammé » les relations bilatéra-les, s’est réjoui, mercredi 1er septembre, le ministre roumain des affairesétrangères, Teodor Baconschi, après une conversation avec son homolo-gue français Bernard Kouchner. Lundi, pour la première fois,M.Baconschi avait critiqué directement le renvoi en Roumanie de mil-liers de Roms avec une somme d’argent. « Ce n’est pas une solution »,avait tranché cet ancien ambassadeur à Paris. Il avait également mis endoute l’efficacité de cette politique pour « faire baisser le niveau de délin-quance en France ». – (AFP.) p

Pays-Bas Les négociations pour constituerun gouvernement continuent dans la douleurAMSTERDAM. Après deux journées de discussions et de confusion, leParti chrétien-démocrate néerlandais (CDA) a décidé, dans la nuit dumercredi 1er au jeudi 2 septembre, de poursuivre les négociations envue de la formation d’un gouvernement de droite, soutenu de l’exté-rieur par les populistes anti-islam de Geert Wilders. D’intenses discus-sions ont été suscitées par une lettre de l’un des deux négociateurs, AbKlink, ministre sortant de la santé. M. Klink indiquait qu’en ce qui leconcerne, toute collaboration avec le Parti pour la liberté (PVV) deM. Wilders était « définitivement exclue » en raison de l’attitude de cedernier durant les négociations et de ses positions sur l’immigration etl’islam. – (Correspondant)

BerlinCorrespondant

E n niant la capacité et la volon-té des musulmans de s’inté-grer, en dénonçant l’islamisa-

tion du pays et en évoquant l’exis-tence d’un «gène juif», l’économis-te Thilo Sarrazin provoque undébat d’une rare intensité en Alle-magne, où un habitant sur cinq estissu de l’immigration et où l’oncompte quatre millions de musul-mans. Les dizaines de milliersd’exemplairesdesonlivreL’Allema-

gne court à sa perte, mis en ventelundi 30 août, ont été rapidementépuisés.

Impossible de regarder la télévi-sion ou d’ouvrir un journal sanstomber sur cet adhérent du Partisocial-démocrate (SPD) âgé de65 ans, ancien responsable desfinances de la ville de Berlin, nom-mé en mai2009 au directoire de laBundesbank (la «Buba »), l’une desinstitutions les plus respectées dupays. D’ailleurs, celle-ci se trouvedepuis quelques jours face à un

dilemme: que faire de M. Sarrazin?Les dirigeants politiques et les

représentants des communautésjuive et musulmane pressent laBanque centrale de s’en séparer, cequi constituerait une première.Réunis mercredi, les responsablesde la banque ont reporté leur déci-sion, mais celle-ci pourrait êtreconnue dès jeudi 2septembre.

Si la présence d’un polémisteparmi les six dirigeants peut nuireà l’image de la banque, s’en séparerest juridiquement risqué. Il fautpour cela prouver que l’intéressé aportéun«gravepréjudiceàl’institu-tion», puis faire valider la décisionpar le président de la République.

Or, les propos de M.Sarrazin ont,certes, d’importantes répercus-sions en Allemagne, mais n’ont euaucun impact sur l’euro ou sur lestauxd’intérêt. Un tribunalpourraitdonc considérer un tel licencie-ment comme abusif !

Alors qu’il apparaît jusqu’icicomme le successeur pressenti deJean-ClaudeTrichetàlaBanquecen-trale européenne, Axel Weber, leprésidentde laBuba, jouepeut-êtresonavenirdanslagestiondecedos-sier. Autre personnalité que M.Sar-razin met en difficulté : SigmarGabriel, président du SPD. D’abord,parce que M. Sarrazin, habituédepuis une dizaine d’années à tenirdes propos choquants, n’a jamaisétéinquiétéparleSPD.Ensuite,par-ce qu’il doit sa nomination à laBuba à Klaus Wowereit, le maire

SPD de Berlin qui, dit-on, voulaits’en séparer élégamment. Et sur-tout, parce que l’exclusion deM.SarrazinduSPD,untempsconsi-dérée comme imminente, ne sem-ble plus aller de soi.

Y aurait-il une limite à la libertéd’expression des adhérents ? « Onpeut discuter de l’intégration ausein du parti, mais pas faire le lienentre les dispositions génétiques et

l’intelligence des hommes ou lescaractéristiques de leur comporte-ment», a rétorqué M. Gabriel.

Mais une partie des adhérentsdu SPD ne voit pas cette évictiond’un bon œil. C’est que, condamnépar les élites, M. Sarrazin n’est pasaussi isolé qu’il y paraît. Dans lequotidienpopulaireBild,quiaassu-rélapromotiondesonlivre, lecour-rier des lecteurs lui est plutôt favo-

rable. « Il est le ghostwriter (lenègre) d’une société qui a peur »,constate le journal Frankfurter All-gemeine Zeitung.

Selon un sondage paru mercre-di, 39 % des électeurs de l’Uniondémocrate chrétienne (CDU) et30% des partisans du SPD approu-veraient les thèses de M. Sarrazin.Le débat qu’il a relancé sur l’inser-tion des musulmans, notamment

des Turcs, fait mouche. M.Sarrazina d’ailleurs reçu le soutien de NeclaKelek, une sociologue allemanded’origine turque, dont le livre surles mariages forcés, La Fiancéeimportée, politiquement incorrect,avaitfaitgrandbruitlorsdesaparu-tion en 2005.

Comme le résume Stefan Sei-dendorf, responsable du départe-ment Europe à l’institut franco-allemand de Ludwigsburg, « ThiloSarrazin exprime un ressentimentd’une partie de l’électorat, portépar plusieurs partis populistes enEurope mais pas en Allemagne, oùil n’y a rien à la droite de la CDU-CSU. Il est donc soutenu par unefrange de la population qui se sentdélaissée, y compris au sein du SPD,etqui pourrait rejoindre un mouve-ment eurosceptique. »

Bien que M. Sarrazin affirmevouloirrestermembreduSPD«jus-que dans la tombe», les groupuscu-les d’extrême droite se frottent lesmains, affirment que le nombre deleurs adhérents est depuis quel-ques jours en nette augmentationet se disent prêts à l’accueillir.

Pour le journaliste AndreasSpeit, spécialiste de l’extrême droi-te allemande, M. Sarrazin diffuseles idées de la Nouvelle Droite, unmouvement intellectuel né en1968 et qui, selon lui, ne respectepas les fondements de la Républi-que, puisqu’il ne considère pas leshommes comme égaux en droit.p

Frédéric Lemaître

LondresCorrespondant

L a condition de has been auRoyaume-Uni n’est pas unesinécure. C’est pourquoi, à

l’instar de Margaret Thatcher et deJohn Major, l’ancien premierministre Tony Blair a sacrifié aurituel dela publication desMémoi-res dont la sortie mondiale a eulieu le 1er septembre. Ses attaquescontre son successeur à la tête dugouvernement, Gordon Brown, etsa mise en garde contre un virage àgauche du Labour sont venuestroubler l’ouverture, le mêmejour, du processus électoral visantàdésigner un nouveau chef du Par-ti travailliste après la déroutesubie par cette formation lors desélections législatives du 6 mai.

A la tête du royaume entre 1997et 2007, Tony Blair n’a guère perdude son mordant. En témoigne le tirde barrage qu’il a déclenché contre

son ancien chancelier de l’Echi-quier (le ministre des finances),Gordon Brown, qui lui a succédéau 10 Downing Street. Le dernierchapitre de cet ouvrage de718 pages, intitulé The Journey (leVoyage), est consacré à cette hosti-lité qui a fait déjà couler beaucoup

d’encre et nourrit bien des polémi-ques. C’est une volée de bois vertque lance M. Blair contre un « typeétrange» dotéd’une grande intelli-gence d’analyse mais « zéro de sensémotionnel».

Tony Blair révèle notammentque la guérilla constante de ce rival

qui visait son poste l’avait poussé àabuser de l’alcool, un whisky secou un gin tonic avant le dîner suivide plusieurs verres de vin lors durepas. « C’était devenu unebéquille»,écrit-il.Lepremierminis-tre a songé à plusieurs reprises àlimoger son grand argentier avantde se raviser face au risque d’en fai-re un martyr de la gauche du parti.

« Le Labour a gagné quand ilétaitNewLabour, ila perduquandila cessé de l’être » : le leitmotiv deM. Blair est qu’en dérivant à gau-che, Gordon Brown était condam-né à la défaite. A le lire, l’arrêt de laréformedesservicespublics,enpar-ticulier de la santé et de l’éducationnationale, l’augmentation desimpôts, le refus de réduire le déficitdes finances publiques et le laxis-me sécuritaire ont ouvert la voie àl’unedesplusgravesdéfaitesélecto-rales des travaillistes et à l’avène-mentdelacoalitionentreconserva-teurs et libéraux-démocrates.

L’avenir ? Tony Blair dresse leportrait d’un futur leader qui res-semble à s’y méprendre à sonancien ministre des affaires étran-gères, David Miliband, le favoridescinq candidats enlice pour diri-ger l’opposition. L’ancien secrétai-re au Foreign Office peut comptersur le soutien de la majorité dugroupe parlementaire et des caci-ques locaux, des milieux d’affairescomme des éditorialistes.

Duel fratricideSon principal challenger, son

frère Ed, peut certes se targuer del’appui de syndicats, des militantsde condition modeste et des jeu-nes attirés par son engagement àprotéger l’Etat qui s’est particuliè-rement développé sous GordonBrown. Le benjamin souffre toute-fois de ses liens étroits avec ce der-nier,desonexpérience ministériel-le limitée et d’une réputation delégèreté intellectuelle.

Selon les sondages auprès desmilitants, des députés et des syndi-calistes,labatailleentrelesdeuxfrè-res ennemis, dont l’issue doit êtreconnue le 25 septembre, devraitêtre serrée. Pour David Miliband, lesoutien de Blair est à double tran-chant. Pour ses détracteurs, l’ex-premier ministre tente, par l’inter-médiaire de son protégé, de perpé-tuer sa fameuse « troisième voie »entre socialisme et capitalisme.

Que ce soit à propos de la paixen Irlande du Nord, de l’améliora-tion des services publics ou duscandaledela ventedes titres nobi-liaires, Tony Blair ne doute jamaisde lui-même et là a résidé sa force.MêmeleTimes, lequotidiende cen-tre-droit qui lui a pourtant tou-jours été hostile, estime, à la lectu-re de ses mémoires, que les élec-teursn’ontpaseu tortd’élireàtroisreprises « le plus grand politicienprogressiste de sa génération».p

Marc Roche

Tony Blairétrille GordonBrown et soutient DavidMiliband à la têtedu LabourDans ses Mémoires, sortis le 1er septembre, l’ancien premier ministre britannique met en garde contre tout virage à gauche du Parti travailliste

LaHayeEnvoyé spécial

L a croisade des familles de vic-times du massacre de Srebre-nicacontre lesPays-Basconti-

nue quinze ans après la chute del’enclave musulmane qu’étaientcensés protéger les casques bleusnéerlandais, à la fin de la guerre deBosnie (1992-1995).

Le parquet d’Arnhem, qui traiteles délits concernant des militai-res, a décidé récemment d’ouvrirune enquête préliminaire après laplainte déposée, en juillet, par qua-tre Bosniaques contre trois offi-ciers supérieurs de l’armée néer-landaise dont Thom Karremans,qui commandait le bataillon Dut-chbat-3 durant l’offensive de l’ar-mée des Serbes de Bosnie, dirigéepar le général Ratko Mladic.

Privés d’appui aérien et s’esti-mantincapables de résister, les sol-dats néerlandais n’avaient rienfait pour empêcher la chute de Sre-brenica, prélude au massacre de7 000 à 9 000 Musulmans. Le tri-bunal pénal international pourl’ex-Yougoslavie (TPIY) a qualifiéces faits de « génocide ». La plaintedes familles de victimes ne retientpas cette qualification. Elle évoquedes « crimes de guerre », moins dif-ficiles à démontrer, estiment desjuristes.

En 2008, un tribunal de La Hayeavait estimé que l’Etat néerlandaisne pouvait être tenu pour respon-sabledu génocide parce que leDut-chbat-3 était placé sous le com-mandement de l’ONU. Le tribunalrenvoyait les plaignants vers lesNations unies, négligeant le faitque les Néerlandais n’avaient pas

évacué leur personnel local, com-me l’avait recommandé l’ONU.

La famille de l’un de ces Bosnia-ques, Hasan Nuhanovic, traduc-teurdel’arméenéerlandaiseàl’épo-que, avait été chassée du camp etfutmassacrée. CommeRizoMusta-fic, électricien auprès du bataillononusien, dont l’une des filles figureparmi les plaignants.

Coresponsabilité politiqueLe parquet d’Arnhem a précisé

qu’il n’en est qu’au premier stadeavantlelancementd’une éventuel-le procédure pénale, « peut-êtredans quelques semaines ». L’avoca-te des victimes, Me LiesbethZegveld, s’étonne que la justice aitdécidé de ne pas entendre detémoins avant de prendre unedécision. Une procédure, civile cel-le-là, lancée parallèlement par les

familles bosniaques, est toujoursexaminée par la justice.

Cette relance du débat sur Sre-brenica suscite un malaise auxPays-Bas,oùdiversesenquêtesoffi-cielles ont démontré, à des degrésdivers, l’incapacité de l’armée àprotéger les réfugiés, mais aussi saparticipationàladéportationorga-nisée par les Serbes de femmes etd’enfants. Wim Kok, alors premierministre, avait démissionné en2002 – ainsi que le chef des armées– après la publication d’un docu-mentévoquant la « coresponsabili-té politique (des Pays-Bas) dans lacréationducontexte»quiavait ren-du possible le massacre.

La Haye freine le rapproche-ment entre l’Union européenne etla Serbie tant que Ratko Mladicn’aura pas été livré au TPIY.p

Jean-Pierre Stroobants

Desfamillesde victimes du massacrede Srebrenicacontinuentleur croisade contre l’Etat néerlandaisQuatre Bosniaques ont déposé plainte contre des officiers déployés dans l’enclave musulmane

Selonun sondage,39% desélecteursdela CDUet30%despartisans duSPDapprouveraient lesthèsesdeM.Sarrazin

Allemagne:unpamphletsusciteundébatsurl’islamLes thèses xénophobes de Thilo Sarrazin, un dirigeant de la Bundesbank, embarrassent le président de l’établissement

L’homosexualité sent toujoursle soufre au Royaume-Uni. Lesecrétaire au Foreign Office,William Hague, a dû démentirqu’il était homosexuel et qu’ilentretenait une liaison extracon-jugale avec l’un de ses collabora-teurs, Chris Myers. D’après plu-sieurs blogs, les deux hommes –mariés – ont souvent partagéune chambre d’hôtel lors de lacampagne électorale en mai.A la suite de ces allégations,M.Myers, le bras droit du minis-tre, âgé de 25ans, a annoncé sa

démission. Dans son communi-qué, M.Hague, un ancien leaderconservateur, assure que sonmariage avec Ffion, épousée en1997, est solide.Le 29mai, le secrétaire au Tré-sor, David Laws, avait dû démis-sionner à cause de révélationssur l’utilisation de fonds publicspour payer le logement de soncompagnon. Et, à la fin août, lesecrétaire d’Etat aux prisons,Crispin Blunt, a révélé son homo-sexualité en se séparant de safemme. – (Correspondant)

Europe

Thilo Sarrazin, le 30août, à Berlin, lors de la présentation de son livre. FABRIZIO BENSCH/REUTERS

William Hague contraint de nier son homosexualité

8 0123Vendredi 3 septembre 2010

Page 9: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

PREFET DE LA MANCHEPREFECTURE

3ème direction - 1er bureau

MISE A L’ARRÊT DEFINITIF ET DEMANTELEMENT DES INSTALLATIONS NUCLEAIRESDE BASE (INB) N°S 33, 38 ET 47 DU SITE DE LA HAGUE

DEMANDES D'AREVA NC

AVIS D'OUVERTURE DE TROIS ENQUETES PUBLIQUES CONJOINTESPar arrêté du préfet de la Manche en date du 26 Août 2010, il a été prescrit, conformément aux dispositions du code de l’en-

vironnement et du décret n°2007-1557 du 2 novembre 2007, l’ouverture de trois enquêtes conjointes relative aux demandes pré-sentées par Areva NC d’obtenir l’autorisation de mettre à l’arrêt définitif et de démanteler les installations nucléaires de base (INB)n°s 33 (UP2 400), 38 (STE2 et AT1) et 47 (ELAN II B) du site de la Hague (département de la Manche).

La personne responsable de ces projets est Areva NC. Les informations relatives à cette procédure peuvent être demandéesauprès du préfet de la Manche (3ème direction – bureau de la coordination des politiques publiques et des actions interministé-rielles – 50009 Saint-Lô Cedex).

Ces enquêtes se dérouleront durant trente et un jours du 27 SEPTEMBRE 2010 au 27 OCTOBRE 2010 inclus, en mairie deBEAUMONT-HAGUE où le dossier pourra être consulté chaque semaine, du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h, et lessamedis de 10h à 12h. Pendant ces jours et heures, le public pourra présenter ses observations sur le registre ouvert à cet effet.

Des dossiers d’enquêtes, concernant ces demandes, ainsi que des registres d’enquêtes seront également déposés du 27SEPTEMBRE 2010 au 27 OCTOBRE 2010 inclus dans les mairies des communes d’AUDERVILLE, DIGULLEVILLE, ECULLEVILLE,GREVILLE-HAGUE, HERQUEVILLE, JOBOURG, OMONVILLE LA PETITE, OMONVILLE LA ROGUE, SAINT GERMAIN DES VAUX ETVAUVILLE ainsi qu’à la sous-préfecture de CHERBOURG et à la préfecture de la MANCHE.

Ils seront tenus à la disposition du public aux jours et heures habituels d’ouverture.Ces projets ont fait l’objet d’une étude d’impact prévue à l’article L.122-1 du code de l’environnement, conformément aux

dispositions des articles 8 et 9 du décret du 2 novembre 2007 précité. Cette étude d’impact figurera parmi les pièces du dossiermis à disposition du public pendant l’enquête.

Conformément à l’article 13-1 du décret n°2007-1557 du 2 novembre 2007 susvisé, le rapport préliminaire de sûreté (RPS) dechacune des INB concernant les demandes d’Areva NC est consultable à la préfecture de la Manche (3ème direction – bureau dela coordination des politiques publiques et des actions interministérielles – 50009 Saint-Lô Cedex) et en sous-préfecture deCherbourg.

M. Jean-Raymond LAUPENIE, retraité, président, Mme Catherine DE LA GARANDERIE, attachée territoriale en retraite et M.Guillaume LEJEMTEL, ingénieur en retraite, membres titulaires, ont été désignés pour constituer la commission d’enquêtes, char-gée de conduire ces enquêtes publiques.

Ils se tiendront à la disposition du public, les lundi 27 septembre 2010 de 9h à 12h, mercredi 29 septembre 2010 de 9h à 12h,vendredi 1er octobre 2010 de 9h à 12h, mardi 5 octobre 2010 de 14h à 17h, samedi 9 octobre 2010 de 9h à 12h, mercredi 13 octo-bre 2010 de 14h à 17h, lundi 18 octobre 2010 de 9h à 12h, vendredi 22 octobre 2010 de 14h à 17h et mercredi 27 octobre 2010 de14h à 17h en mairie de BEAUMONT-HAGUE, pour recevoir ses observations.

Des observations écrites pourront, par ailleurs, être adressées par courrier, durant la durée de ces enquêtes publiques, auprésident de la commission d’enquêtes (à la mairie de Beaumont-Hague).

A l’issue des enquêtes publiques, copie des rapport et conclusions de la commision d’enquêtes seront tenues à la dispositiondu public, pendant un an à compter de la date de clôture des enquêtes, à la préfecture de la Manche (bureau de la coordinationdes politiques publiques et des actions interministérielles), à SAINT-LÔ à la sous-préfecture de CHERBOURG et dans chacune desmairies où aura été déposé les dossiers des enquêtes.

La décision d’autoriser ou non la mise à l’arrêt définitif et le démantèlement des installations nucléaires de base (INB) n°s 33,38 et 47 du site de la Hague sera prise par décret signé du Premier Ministre et publié au journal officiel.

Pour le préfet, Le directeur, J.P. LE BIHAN

APPEL D’OFFRES - AVIS D’ENQUETE01.49.04.01.85 - [email protected]

C ’est l’autre remaniement.Celui de l’équipe qui entoureNicolas Sarkozy, cette poi-

gnée de conseillers qui centralisenttoutes les décisions à l’Elysée :Claude Guéant, secrétaire généralde l’Elysée, Xavier Musca (écono-mie),RaymondSoubie(social), Jean-David Levitte (diplomatie) et HenriGuaino, plume du président etpourfendeur de la pensée unique.

Tout est affaire de vases com-municants : M. Sarkozy modifie-ra d’autant plus son équipe s’ilmaintient François Fillon à Mati-gnon. Le départ des trois poidslourds (Guéant, Musca, Soubie)est exploré.

Le sort de Raymond Soubie, l’in-dispensable conseiller social, estscellé: il partira à l’issue de la réfor-me des retraites. « Il a toujours étéconvenu avec le président que je neresteraispaslatotalitéduquinquen-nat. Le président le sait, le com-prend. Cela devrait nous menerentre fin octobre et décembre »,nous déclare M.Soubie.

Le couple Musca-Guéant pour-rait aussi quitter l’Elysée, d’autantqu’il existe un possible rempla-çant, une « perle rare » citée parplusieurs proches du chef de

l’Etat: Pierre Mariani, président deDexia et ancien directeur de cabi-net de Nicolas Sarkozy au ministè-re du budget. « Cela crée des lienstrès forts. En plus, Mariani, c’est lacompétence technique de Muscaavec une approche beaucoup pluspolitique », commente un prochedu président.

Le préfet de la région Rhône-Alpes, Jacques Gérault, directeur decabinet adjoint de Claude Guéantau ministre de l’intérieur, est, lui,cité pour rejoindre l’Elysée. « Je nesuis pas informé », dit M. Gérault.

M.Musca est censé cornaquer laprésidence française du G8 et duG20, qui rassemble les principalespuissances économiques de la pla-nète. S’il part, ce sera essentielle-ment pour des raisons personnel-les. Cet ancien directeur du Trésorest sur le pont depuis 2002, lors-

qu’il est devenu directeur de cabi-net du ministre des finances Fran-cis Mer et il veut consacrer plus detemps à sa famille. Cet été, il a étédéçu que son adjoint EmmanuelMoulinn’obtienne pasde M.Sarko-zy la direction de l’agence des parti-cipations de l’Etat.

Joint par téléphone, M. Musca sedit « irrité ». « Je suis fonctionnaire.Je reste à mon poste, le président dela République décidera de mon ave-nir. Jen’aipasd’états d’âme»,décla-re-t-il. Avant d’ajouter n’avoirjamais avoir parlé avec le présidentde son recasage à la Banque centra-le européenne – il ne veut pas vivreenAllemagne–,àlabanquedeFran-ce ou à la Caisse des dépôts, alorsque les postes ne sont pas libres.

Vient ensuite le cas Guéant, piè-cemaîtressedudispositifprésiden-tiel. S’en séparer, c’est avouer quequelque chose ne tourne pas rondau royaume de l’hyperprésident. Sice préfet affable quitte l’Elysée, ceseraparlehaut.Onprêteàcespécia-liste des missions délicates auprèsdes dictateurs arabes et africains lerêve de prendre le Quai d’Orsay,mais le poste pourrait échoir àAlain Juppé, que M. Sarkozy désirefaire entrer au gouvernement.

L’intérieur lui irait comme ungant, mais il devrait être conservépar Brice Hortefeux. Un ministrebien informé en déduit queM. Guéant pourrait en définitiveprendre les affaires sociales.« Compte tenu de son caractère etde ses qualités, ce n’est pas absur-de»,confiePierreMéhaignerie,pré-sident de la commission des affai-res sociales, qui le connaît bien.

Comme M. Musca, ClaudeGuéant se dit au service du prési-

dent.«Jesuistrèsbienlàoù jesuis. Jene rêve pas du Quai d’Orsay. Je n’aid’autreambition que de faire ce queje fais», nous déclare M.Guéant.

Toutefois rien n’est encore scel-lé. M.Sarkozy déteste se séparer deses collaborateurs. Il a reçu cet étéson conseiller Pierre Charon, tri-card depuis des mois pour avoirtenudesproposmartiauxdansl’af-faire des rumeurs sur le couple pré-sidentiel. L’ancienne journalisteCatherine Pégard, en panne de mis-

sion précise, est toujours à l’Elysée.Lechefde l'Etat afinipar accepterledépart de son chef de cabinet,Cédric Goubet, qui rejoint le grou-pe Safran. Souvent malmené par leprésident, le conseiller diplomati-que Jean-David Levitte, qui servitau même poste Jacques Chirac,espère rester pour animer le G8 etle G20, où les contacts entre sher-pas sont importants.

Fidèlede M.Sarkozy depuis dou-ze ans, le conseiller presse, Franck

Louvrier, qui s’essaie à la politiqueen Loire-Atlantique où il estconseiller régional, souhaite rester.

Enfin,HenriGuainovoitsonave-nirassuré.«Leprésidentenditbeau-coupde bien», assure unde sesvisi-teurs. Le chef de l'Etat peut difficile-ment se séparer de sa plume, alorsque sa boîte à idées pour la prési-dentielle de 2007, EmmanuelleMignon, a quitté l’Elysée fin2009.p

Arnaud Leparmentier

Des documents saisischez Liliane Bettencourt

Annoncé pour la mi-octobre parNicolas Sarkozy, le remaniementest reporté à novembre, après lacommission mixte paritaire sur laloi sur les retraites et sans douteaprès le vote en première lecturedu budget 2011, indiquent les pro-ches du président. D’ici là, il fautrégler le cas Woerth. Pour proté-ger le gouvernement, mais aussi

le ministre, jugé à bout psycholo-giquement. «M.Woerth considè-re que rester à ses fonctions, com-battre à ses fonctions, c’est cequi compte pour lui. Le débat surles retraites à l’Assemblée com-mence le 7. Normalement, c’estlui qui mènera le débat. Le coupest parti», commente M.Soubie,conseiller social de l’Elysée.

F rançois-Marie Banier détientbien des secrets, aime le fairesavoir, et joue avec le nom de

Nicolas Sarkozy. Quand, en juillet,les policiers sont allés perquisi-tionner au domicile de l’écrivain,ils ont eu la surprise de découvrirdenombreusesnotes, souventdac-tylographiées.

Après lecture, ils s’aperçoiventqueces notes retracent des conver-sations tenues par l’écrivain, ouses proches, avec des protagonis-tes de l’affaire Bettencourt. L’artis-te n’hésite pas à en relativiser laportée, devant les policiers : « C’estbien moi qui les ai rédigées, admet-il, c’est un matériau, mais un maté-riau inexact… »

Les enquêteurs se penchentd’un peu plus près sur le contenudecesnotes.Lescellén˚3,parexem-ple, est censé relater une conversa-

tionentreMartind’Orgeval, lecom-pagnon de M. Banier, et Patrice deMaistre, le gestionnaire de fortunede Liliane Bettencourt. Y figure unmystérieux « Eric W ».

La brigade financière interrogedonc, après les perquisitions, l’écri-vain, quidonne sa version des faits.« Je crois, d’après ce que m’a ditMartin, qu’il voulait se moquer deM. de Maistre, de la fascination desgrands bourgeois qui fréquententun ministre. De Maistre lui a ditqu’il fréquentait M. Eric Woerth.»

«Elle se vantait un peu…»Les enquêteurs amènent douce-

ment l’écrivain à s’expliquer surle contenu du scellé n˚ 1. Ils pren-nent soin de ne pas évoquer expli-citement sa teneur, il y est notam-ment question des rapports deMme Bettencourt avec M. Sarkozy.Pure invention, là aussi, notam-ment quand il est fait référence àl’argent supposément donné parla milliardaire à ses bonnesœuvres politiques ? Les policiersposent la question : « Ces écrits nesont donc pas là des fantasmago-ries d’écrivain ? » « Non, cela corres-pond à ma réalité vécue », rétor-que M. Banier.

Il cite une date qui figure dansle scellé, le 26 avril 2007, soit l’en-tre-deux-tours de la campagneprésidentielle. Il a une longueconversation avec Mme Betten-court, qui s’épanche alors sur lessommes en espèces données à des

solliciteurs de toutes sortes. « Jevous indique que correspond aussien clair à la réalité vécue le passagesur M. Sarkozy, du 26 avril 2007,lâche M. Banier. Elle [Mme

Bettencourt] cherche à me direquels sont les écueils de quelqu’unqui possède de l’argent, et l’exem-ple qu’elle prend par rapport à cesdemandes d’argent est aussi roma-nesque. Qui dit qu’elle ne me mon-tre pas une histoire qui n’est pastout à fait juste ? Ce sont des pro-pos qu’elle m’a tenus, mais je nesais s’ils sont vrais ou pas. »

Mm e Bettencourt, selonM. Banier, cite le nom de M. Sarko-zy. Et l’on peut déduire des répon-ses de l’écrivain, volontairementabscons, qu’il était notammentquestion d’argent. « Elle ne m’apas dit si c’était pour Neuilly, poursa campagne ou pour autre chose.Ce n’était peut-être pas pour lui[M. Sarkozy]. Il était très très rarequ’elle me parle d’argent, elle medisait juste que quand on a de l’ar-gent, on vous en demande tout letemps. Je ne cherche pas à protégerSarkozy, par contre Liliane est dugenre à confondre des noms. Elleaurait pu confondre avec Balladurou un autre… »

Conclusion de l’écrivain : « Je nevois absolument pas Sarkozydemander de l’argent à Liliane. Jepense finalement qu’elle se vantaitun peu… » Des « vantardises » quipeuvent faire du bruit.p

Gérard Davet

François-MarieBanier s’explique devantles policierssur ses carnets de notesL’écrivain a retranscrit des conversations avec Liliane Bettencourt.La milliardaire y parle de son argent et des solliciteurs de toutes sortes

France

Les policiers ont saisi, mercredi1er septembre, lors d’une perqui-sition chez Liliane Bettencourt,plusieurs courriers et docu-ments. «Je suis affreusementchoquée d’apprendre que les ser-rures de mes coffres ont été for-cées et les chambres de mes sala-riés fouillées», a indiqué la mil-liardaire, qui a déploré «la façondont ma fille s’acharne et dontcette juge [Isabelle Prévost-Desprez] se comporte».

M. Sarkozy modifierad’autantplussonéquipes’il maintientFrançoisFillonàMatignon

Protéger Woerth alors que le remaniement est reporté

Le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Levitte, le secrétaire généralde l’Elysée, Claude Guéant, et son adjoint, Xavier Musca. PHILIPPE WOJAZER/REUTERS

NicolasSarkozy préparele renouvellementde son équipe àl’ElyséeClaude Guéant, l’homme de confiance du président,pourrait hériter d’un ministère. Reste à le remplacer

90123Vendredi 3 septembre 2010

Page 10: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

Contre-enquêteFrance

Comparaison n’est pas rai-son. Mais il y a de quoiêtre interpellé par cer-tains chiffres. Par exem-ple, celui relatif à la crois-sance de l’économie fran-çaise. Au deuxième tri-mestre de cette année, la

hausse du produit intérieur brut (PIB) aété de 0,6 %. C’est mieux que prévu (0,5 %).Mais loin du 1 % réalisé dans la zone euro.Et, surtout, sans commune mesure avec le+2,2 % affiché par l’Allemagne.

Un tel écart conduit à se demander si laFrance n’est pas en train de rater le train dela reprise. Il revient, aussi, à (re)poser laquestion du système social français, plusprotecteur des citoyens que dans lesautres pays de l’Union européenne, qui apermis d’atténuer la récession et seseffets, mais dont on peut se demander s’ilne constitue pas un poids en sortie de criseet s’il ne faut pas le réformer. Comme l’afait l’Allemagne, justement.

Il faut d’abord relativiser ces dernièresdonnées trimestrielles, selon les écono-mistes. « Si l’on retire le chiffre allemand, laprogression moyenne du PIB au deuxièmetrimestre dans la zone euro a voisiné avec+ 0,4% », relève Mathieu Plane, de l’Obser-vatoire français des conjonctures écono-miques (OFCE). Quant à l’Allemagne, « lerecul y avait été plus fort qu’en Francedurant la crise », rappelle Mathilde Lemoi-ne, directrice des études économiqueschez HSBCFrance. Traduction: plus la chu-te est importante, plus le rebond est fort.

Le décalage français Le PIB allemand abaissé de 4,7 % en 2009, contre – 2,6 %pour le PIB français. A la fin de l’année, l’Al-lemagne devrait afficher une croissancede + 3 %. La France attend + 1,4 %. « La crois-sance moyenne, en glissement annuel,côté français, reste supérieure à celle obser-vée côté allemand : + 1,8 % sur la période1998-2010, contre + 1,1 % », insiste Mathil-de Lemoine.

La moindre performance trimestriellefrançaise – relativement à l’Allemagne –tient pour une large part, selon les écono-mistes, à une moindre dépendance auxexportations : 30 % du PIB côté français,50% côté allemand. En 2009, cette caracté-ristique a fait que l’économie française aété un peu moins touchée par la crise.

Aujourd’hui que le commerce mondialrepart, elle n’en profite pas pleinement.« En Allemagne, les exportations sont enhausse de 18 % sur un an, contre 9,9 % enFrance », note Sylvain Broyer, économistechez Natixis. « La principale difficulté dela France c’est que, contrairement à l’Alle-magne, elle ne dispose pas de la capacité às’accrocher à la dynamique mondiale.

Notamment à celle, très forte, des marchésémergents», relève Nicolas Bouzou, direc-teur de la société Asterès.

L’autre facteur qui explique le « décala-ge » français, c’est le poids du systèmesocial dans l’économie nationale. Lestransferts sociaux (prestations sociales,fiscalité), mais aussi la structure du mar-ché du travail, jouent un rôle d’« amortis-seur en période de crise », mais ont « uneffet boulet en période de reprise », remar-que Nicolas Bouzou.

Un coussin de sécurité « Les prestationsde protection sociale représentaient 44 %du revenu disponible brut des ménagesfrançaisen 2007 en France, détaille Mathil-de Lemoine. L’ampleur des variations dece revenu, à la hausse comme à la baisse,est donc limitée par ces dépenses publi-ques. » Cela a un impact sur la consomma-tion, qui est la principale composante dela croissance en France : pendant la crise,

les transferts sociaux ont contribué à sou-tenir – relativement – les revenus et doncla demande ; avec la reprise, « l’augmenta-tion des recettes fiscales limite la croissan-ce du revenu disponible, les transferts seréduisent », explique Mathilde Lemoine.

« La variation de l’emploi très faible »est une autre caractéristique française,rappelle Sylvain Broyer. « C’est un coussinde sécurité en période de récession car celasoutient la consommation. Mais, lorsquecela repart, il y a aussi une moindre haussede l’emploi et donc de la consommation,de l’investissement… » Ce qui se traduitdans les chiffres d’évolution du PIB.

Le modèle allemand Faut-il, dès lors,réformer ce « modèle social » ? C’est cequ’a fait l’Allemagne ces dernièresannées, rappellent les économistes, qui,pour un certain nombre, estiment qu’elleen tire aujourd’hui les bénéfices. Avec leslois Hartz, entre 2003 et 2005, puis

l’« Agenda 2010 », les Allemands ontréduit la durée des prestations chômage,les prestations sociales et les dépensesd’assurance-maladie. « Ils ont aussi revula fiscalité, augmenté la TVA, réformé desretraites », rappelle Sylvain Broyer.

La part des dépenses publiques dans lePIB en Allemagne est passée de 48,5 % en2003 à 43,7 % en 2008 – remontant à47,6 % en 2009 avec la crise, contre 55,6 %en France. Le taux de prélèvements obliga-toires était de 39,5 % en Allemagne en2008, contre 42,8 % en France.

Réformer le fonctionnement du mar-ché du travail « En allégeant la fiscalitésur les entreprises et le travail, en transfé-rant une partie sur la TVA, l’Allemagne afacilité considérablement la tâche desentreprises et leur capacité à exporter »,avance Nicolas Bouzou, qui ajoute qu’« àpartir du moment où l’Allemagne a enga-gé ces réformes, sa croissance a accéléré ».

«Le redressement » de l’économie fran-çaise implique de « sortir d’un développe-ment axé sur la consommation, alimentéepar des transferts sociaux financés par ladette », avance l’économiste Nicolas Bave-rez. La « priorité absolue », explique-t-ildans une chronique publiée dans Le Pointdaté du 2 septembre, porte sur « la baissedrastique des dépenses publiques » ainsique sur « la reconstitution d’une offre com-pétitive ». Afin, notamment, d’être plusprésent à l’exportation.

Pas besoin de jouer la compression dessalaires comme en Allemagne, disent tou-tefois Mathilde Lemoine et SylvainBroyer car, selon eux, la « compétitivitécoût du travail » reste meilleure en Fran-ce. Maisil faudrait réformer le fonctionne-ment du marché du travail, « car nousavons raté le coche sur ce plan par rapportaux Allemands », avance Michel Didier,président du Centre d’observation écono-mique et de recherche pour l’expansionde l’économie et le développement desentreprises (COE-Rexecode).

Concurrence fiscale Et la France nedevrait pas échapper à une baisse de la fis-calité sur les entreprises, selon SylvainBroyer car, explique-t-il, «il y a une concur-rence fiscale commune à l’ensemble de lazone euro », l’Allemagne ayant « réduitl’impôt sur les sociétés parce que l’Autri-che l’avait fait et que, chez ses voisins del’Est, il est quasi nul ».

Le gouvernement a engagé la réformedes retraites. Il a également annoncé savolonté de réduire les dépenses publi-ques. Notamment les crédits d’interven-tions, c’est-à-dire les aides économiqueset sociales: – 10 % sur trois ans, soit – 4 mil-liards d’euros dès 2011. Nicolas Sarkozy aégalement insisté, en juillet, sur la nécessi-té de réduire les écarts de compétitivitéen Europe. En commençant par ceuxentre la France et l’Allemagne. Il n’a toute-fois pas précisé, à ce stade, ce qu’il avait enprojet.p

Philippe Le Cœur

Décodage

K Lemodèlesocial freine-t-illarepriseéconomiqueenFrance?K Utileentempsdecrise,dessert-il lacroissance?K Faut-il réformerlemarchédutravail?K Pourquoi l’Allemagnecreuse-t-elle l’écart?

Henri Guaino, conseiller spécial du président de la République

Dimanche Soir Politique

Dimanche 5 septembreà 18h10 sur i>TELE et France Inter

La croissance dans la zone euro en 2010

Allemagne

SOURCE : COMMISSION EUROPÉENNE, LE MONDE

Espagne

0,2 0,6

0,5 2,2

France

Belgique0 0,7

0,5 0,9

Grèce

PaysXX XX

0,1 0,2

0 0,9

– 0,8 – 1,5

Italie0,4 0,4

Autriche

Pays-Bas

2,7 NCIrlande

– 0,4 NCFinlande

– 0,3 NCLuxembourg

1,1 0,2Portugal

0,8 NCMalte

0,3 0,4Chypre

— 0,5 NCSlovénie

0,8 1,2

Slovaquie

en %, par rapport au trimestre précédent

Premiertrimestre

Deuxièmetrimestre 2010

TAUX DE CROISSANCE DU PIB

Etats membres de la zone euro

Membres de l’Union européennehors de la zone euro

SOURCE : HAVER ANALYTICS, BARCLAYS CAPITAL

TAUXDE CROISSANCE DU PIBen%, par rapport à l’année précédente

420–2–4–6

1995 2001 2009

Allemagne France

10 0123Vendredi 3 septembre 2010

Page 11: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

CHAQUE MOIS, UNE SÉLECTION

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«Le systèmefrançais procureun lissage»Mathieu Plane, économiste à l’OFCE

«Il fautdes réformes pourmieuxfaire fonctionnerle marchédu travail»Michel Didier, président de COE-Rexecode

Chez Continental Automo-tive France, la direction adécidé d’appliquer lesrecettes allemandes :

rigueur salariale en échange de lapréservation de l’emploi. Le 13 sep-tembre,à l’occasion d’un « référen-dum » interne, les 2 300 salariés del’entreprise qui travaillent dansles sites de Toulouse, Boussens(Haute-Garonne) et Foix (Ariège)devront dire s’ils approuvent unesérie de mesures destinées à main-tenir les effectifs jusqu’en 2015. LaCGT et la CFDT, majoritaires dansces trois établissements, ontd’ores et déjà appelé à boycotter laconsultation sur ce projet qu’ellesassimilent à du « chantage ».

Continental Automotive, quifabrique des capteurs et des calcu-lateurs pour les voitures, veutréduire de 8 % le coût de main-d’œuvre dans ses trois usines.

Pour y parvenir, la direction inviteson personnel à faire des sacrifi-ces : suppression de journées deRTT, augmentation de salaires pla-fonnée à 1,2 % en 2011, réductionou gel de certaines primes, etc.

Ce tour de vis est surprenant,de prime abord. Continental Auto-motive se porte bien : en 2010, lestrois usines de Midi-Pyrénéesdégageront des bénéfices, commele reconnaît une porte-parole dela direction. D’après la CGT, lasociété, qui a deux autres sites enFrance, était déjà dans le vert en2009 à hauteur de 38 mil-lions d’euros.

Mais l’industriel s’attend à ungros « passage à vide » à partir de2012 car « les carnets de comman-des ne seront pas suffisants ». D’oùles « efforts » demandés aux sala-riés. En contrepartie, la direction,basée en Allemagne, s’engage à« faire tourner les usines à fond » età ne pas lancer de plan socialdurant les cinq années à venir.

Pour Olivier Grimoux, déléguésyndical CGT, ce projet n’est abso-

lument pas justifié. Il ne vise, à sesyeux, qu’à augmenter les profits« en prenant toujours plus auxsalariés ». D’après lui, la directiona multiplié, au cours des derniersmois, les sous-entendus mena-çants afin d’obtenir l’adhésion dupersonnel. Déléguée syndicaleCFDT, Ouria Tounès considère quele vote du 13 septembre n’a « aucu-ne légitimité » : selon elle, le but deContinental Automotive est de« mettre la pression » sur les repré-sentants des salariés pour qu’ilsentérinent ce plan de rigueur.

Depuis quelques années, plu-sieurs entreprises ont proposé un« deal » similaire à leur personnel :l’équipementier automobileBosch à Vénissieux (Rhône), lefabricant d’ampoules Osram àMolsheim (Bas-Rhin)… En août, leconstructeur automobile GeneralMotors a promis d’investir dansl’usine de Strasbourg après avoirobtenu des concessions de la partdes salariés (suppression de jour-nées de RTT, etc.). p

Bertrand Bissuel

Contre-enquêteFrance

Zoom

Lessalariés de Continental Automotivepoussés versle régime allemand

La France, qui a affiché une haus-se de 0,6% de son PIB, contre2,2% pour l’Allemagne et 1%pour les pays de la zone euro,est-elle en train de rater la sortiede crise?

Pour le moment, on ne peutpas dire cela. L’Allemagne a uncommerce extérieur vigoureux.Elle est plus exposée aux cycles ducommerce mondial : récessionplus marquée quand celui-ci chu-te fortement, rebond plus impor-tant quand l’activité mondialerepart. Si on regarde sur une pério-de plus large, en moyenne la pro-gression du PIB français restesupérieure à celle du PIB alle-mand. Ce qui compte, c’est leniveau de production. L’Allema-gne a perdu plus que nous depuisle début de la crise.Le système social françaisconstitue-t-il un handicap?

Oui et non. Le poids des presta-tions sociales, des prélèvementsobligatoires peut peser et jouer surles facteurs de reprise. Mais enpériode de crise, les stabilisateursautomatiques,c’est-à-direlestrans-ferts sociaux, en atténuent leseffets. Le système social françaisprocure un lissage : chutes moinsbrutales, reprises moins fortes.

Sans les transferts sociaux,nous aurions eu une consomma-tion qui aurait chuté plus nette-ment durant la crise. Mais nousaurions aussi eu un ajustementplus fort après, par un coût du tra-vail plus bas, avec des entreprisesqui réembauchent, mais avec dessalaires faibles. Ce système neconduit pas à ce que nous fassionsmoins bien en moyenne en ter-mes de croissance.La France doit-elle réformer sonsystème social comme l’a faitl’Allemagne?

L’Allemagne a fait le choix de laflexibilité du marché du travail,de la baisse des coûts salariaux.Cela s’est traduit, depuis 2003,par une croissance tirée par lecommerce extérieur, mais n’a étépossible que parce que les autrespays européens n’ont pas eu lamême politique de désinflationcompétitive. Si nous faisons lamême chose – baisse des revenuset des salaires, flexibilisation dumarché du travail par la baissedes coûts – nous allons tomberdans la déflation.

Aujourd’hui, nous sommesface à un manque de demande etun excédent d’offre terribles. Sion continue à taper sur la deman-de, à travers l’ajustement sur lessalaires, on entrera en déflation.

Par ailleurs, il ne faut pasoublier que, durant la crise, lesAllemands ont mobilisé l’argent

public avec un plan de relancesupérieur au plan français(3 points de PIB, contre moins de1 point). Ils ont mis en place desmesures de chômage partiel plusfortes : quasiment 1,5 million dechômeurs partiels, contre300 000 chez nous. Cela leur apermis de préserver l’emploi.Mais certaines réformes vousparaissent-elles souhaitables?

Sur la fiscalité. Le problèmede la France, c’est que nousavons une fiscalité du travailrelativement lourde, alors que lecapital est moins imposé. Il fau-drait un rééquilibrage. Cela sup-pose de le faire au niveau euro-péen, pour des raisons de concur-rence fiscale.

On voit aussi qu’un certainnombre des prestations universel-les (maladie, famille…) sontpayées beaucoup par le travail.Elles devraient l’être par l’inter-médiaire de l’impôt sur le revenuen redonnant à ce dernier la pro-gressivité qu’il a perdue. p

Propos recueillis par Ph. L. C.

La France, qui a affiché une haus-se de 0,6% de son PIB, contre2,2% pour l’Allemagne et 1%pour les pays de la zone euro, est-elle en train de rater la sortie decrise?

En termes de croissance, la Fran-ce est et reste dans la moyenneeuropéenne. De 2000 à 2010, letaux de croissance moyen annueldu PIB français a été identique àcelui de la zone euro, qui estd’ailleurs structurellement tropbas, à peine au-dessus de 1 % l’ansur les dix dernières années. Il y aen revanche des décalages tempo-raires entre les conjonctures natio-nales comme on le voit depuis dix-huit mois. Pendant la plongée dela récession, la France a un peumieux résisté que la moyenne,notamment que l’Allemagne. LaFrance reperd en revanche du ter-rain pendant le rebond.Le système social françaisconstitue-t-il un handicap?

La très forte augmentation desprestations sociales en France en2009 a soutenu la consomma-tion. La contrepartie a été l’envo-lée du déficit public qu’il fautmaintenant payer. Une forte redis-tribution sociale n’est pas néces-sairement un handicap pour lacroissance, cela dépend aussi desautres facteurs du dynamismeéconomique, mais cela n’est cer-tainement pas un atout. Il fautaussi mesurer son efficacité.Quant à un fort déficit, c’est àcoup sûr un handicap.

J’ajoute que la redistributionn’est qu’un aspect du systèmesocial. Il y en a d’autres commel’emploi public, qu’il faut finan-cer. Et surtout le fonctionnementdu marché du travail et la capacitéd’insertion ou de réinsertion dansl’emploi.La France doit-elle réformer sonsystème social comme l’a faitl’Allemagne?

Il faut certainement des réfor-mes pour mieux faire fonction-ner le marché du travail. La compa-raison avec l’Allemagne est ins-tructive. Au début des années2000, face à une situation du mar-ché du travail dégradée, elle avaitengagé une réforme de grandeampleur. A partir de 2005, le tauxd’emploi, c’est-à-dire la propor-tion des adultes (15 à 64 ans) quiont un emploi, y a augmenté rapi-dement alors qu’il n’a pas progres-sé en France.

L’exemple de l’Allemagne mon-tre qu’une politique de l’emploistimulante peut aboutir à une aug-mentation sensible du taux d’em-ploi dans des délais relativementbrefs. L’écart des taux d’emploientre la France et l’Allemagne, quiétait d’un point en 2003, est désor-mais de 9 points. Le taux de chô-mage allemand qui était supé-rieur d’environ un point au tauxfrançais en 2003 est désormaisplus faible de deux points.

Sur la même période, le tauxd’emploi des 55-64 ans a progres-sé en France d’un peu plus de4 points. En Allemagne, il a pro-gressé de 18 points. On constate enparticulier une forte augmenta-tion de l’activité des plus de60 ans en Allemagne. La progres-sion du taux d’activité des60-64 ans en Allemagne s’expli-que par les réformes du marchédu travail mais aussi par l’aug-mentation de l’âge légal de laretraite.

Cet accroissement du tauxd’emploi des seniors libère unecapacité de croissance supplémen-taire. Si la France avait aujour-d’hui le même taux d’emploi quel’Allemagne aux différentes tran-ches d’âge, compte tenu de la ven-tilation de la population françai-se, il y aurait aujourd’hui 2 mil-lions de personnes en plus au tra-vail, dont 600 000 dans la seuletranche d’âge de 60 à 64 ans. C’estdire le potentiel de croissance etde pouvoir d’achat que nous pour-rions libérer. p

Propos recueillis par Ph. L. C.

Entretien

Entretien

110123Vendredi 3 septembre 2010

Page 12: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

Politique

MartineAubryrefused’être«complice» des expulsionsde RomsLa première secrétaire du PS, maire de Lille, Martine Aubry, a expliqué,jeudi 2 septembre, sur Europe 1, qu’elle avait demandé mercredi 1er sep-tembre au préfet de « suspendre toute évacuation donnant lieu à desexpulsions » pour ne pas, a-t-elle plaidé, être « complice » de la politique« d’expulsion systématique » de M. Sarkozy à l’égard des Roms.Elle avaitété mise en cause par le premier ministre qui l’accusait de s’indigner dela politique du gouvernement sur les Roms mais d’avoir elle-même exi-gé l’évacuation d’un camp de Roms. Egalement présidente de la commu-nauté urbaine de Lille, Mme Aubry avait effectivement saisi la justicepour exiger l’évacuation d’un camp à Villeneuve-d’Ascq (Nord). Elles’est justifiée en évoquant des problèmes de sécurité et de salubrité : « Ily avait des gamins qui traversaient l’autoroute, il fallait les mettreailleurs. » Concernant François Fillon, Mme Aubry a estimé qu’un pre-mier ministre qui « n’est pas d’accord ne reste pas ». « Je ne vois pas beau-coup de distance prise par le premier ministre, sinon il faut qu’il en tireles conséquences » a-t-elle ironisé. p Sophie Landrin

Ile-de-France

Ledébat public s’ouvresurle Grand ParisLa commission nationale du débat public a communiqué, mercredi1er septembre, les modalités de la consultation organisée à partir du1er octobre et jusqu’au 31janvier, sur les deux projets de métro automati-que dans la région parisienne, celui de l’Etat et de la Société du GrandParis (SGP), et celui de la région et du syndicat des transports d’Ile-de-Fran-ce (Arc Express). Préconisant la réunification des tracés «complémentai-res et non contradictoires», Michel Mercier, ministre de l’aménagementdu territoire, a confirmé la dotation de 4 milliards d’euros pour la rocade,qui inclut une quarantaine de gares sur 155 kilomètres. Son coût est éva-lué entre 21,4 milliards et 23,5milliards d’euros. p Michel Delberghe

Sur le Web : www.debatpublic-reseau-grandparis.org

aaaSuite de la première page

PourquoiM.Baroina-t-ilévoquéla perspective d’une augmentationdes impôts? Parce que les mesuresde taxation supplémentaire desassurances et des mutuelles santé,que le gouvernement vient toutjusted’annoncerendébutdesemai-ne pour financer le déficit de laSécurité sociale et la dette qui y estassociée (Le Monde du 1er septem-bre), ne seront pas suffisantes.

Dans le courrier qu’il a adresséaux parlementaires, le ministre leditexplicitement.Et c’estcelaqui leconduit à expliquer qu’il faudradonc envisager, pour financer ladette sociale, « l’apport de recettesnouvelles à partir de 2013 ».M. Baroin ajoute que cela se fera« soit par la suppression de nou-velles niches fiscales et sociales ou, à

défaut, par une hausse progressivede la CRDS », la Contribution auremboursement de la dette sociale.

« Il ne faut pas d’augmentationdes prélèvements obligatoires », aaffirméChristineLagarde, ministrede l’économie, jeudi 2 septembresur Europe 1. L’entourage deM.Baroin avait précisé dès mercre-di soir, qu’une hausse de la CRDS« n’est pas envisagée ». « C’est sim-plement une contrainte juridiquede le présenter comme cela », au vudelaloiorganiquerégissantlefonc-tionnement de la Caisse d’amortis-sement de la dette sociale (Cades),l’organisme qui gère le rembourse-ment des emprunts effectués pour

combler les déficits de la Sécuritésociale. A Bercy, on assure que lapriorité reste de trouver des recet-tes à travers la réduction des nichesfiscales et sociales.

M.Baroin est néanmoins le pre-mier membre du gouvernement àadmettre explicitement que laquestion de la hausse de la fiscalitédevra être posée dans le cadre de lapolitique de réduction des déficits.

Legouvernementaprisl’engage-ment de ramener les déficitspublics de 8% du produit intérieurbrut (PIB) fin 2010 à 6 % en 2011,puis 3% en 2013. Pour y parvenir, iltable d’abord sur une baisse desdépenses publiques.

Il escompte aussi des recettesplus fortes : non pas par des haus-ses générales d’impôts, mais à tra-vers le retour de la croissance.

Et pour trouver les recettes com-plémentaires, il « nettoie » un cer-tain nombre de niches fiscales etsociales : il veut « raboter » de10milliards d’euros ces avantagesfiscaux chiffrés à 75milliards d’eu-ros par an. Aux yeux de nombreuxéconomistes, ce scénario ne suffirapas pour atteindre l’objectif de 3%de déficit en 2013. Certains élus delamajoritépensentla mêmechose.«Les Français attendent qu’on leurdise les choses comme elles sont. Ilfaut assumer » qu’on augmenterales impôts, répète par exempleJean Arthuis, président centriste dela commission des finances duSénat.

Avec Philippe Marini, rappor-teur (UMP) du budget au Sénat,M. Arthuis plaide pour un relève-ment « sans attendre » du taux deTVA (aujourd’hui à 19,6 %) afin definancer l’assurance-maladie et lapolitique familiale.

OutrelaCourdescomptes,AlainMinc, qui rencontre souvent MSarkozy, ou encore l’ancien pre-mier ministre Alain Juppé ont euxaussi évoqué cette piste de l’aug-

mentation de la TVA pour contri-buer à la réduction des déficits.

M. Baroin lui-même était allésur ce terrain : fin juin, il avait plai-dé pour remonter le taux de TVAsur la restauration de 5,5% à 19,6%.Avant de se rétracter. Ce taux de5,5 % était une promesse présiden-tielle. Pas question d’y toucher.

En fixant à 2013 la question del’augmentation – ou non – de laCRDS, M. Baroin montre, en toutcas, que la question de la fiscalitéseracentraledanslacampagnepré-sidentielle de 2012.

Ce débat est aussi lancé au seindu Parti socialiste. « Notre priorité,c’est de mettre fin aux dépenses fis-cales [les niches] et non pas créer denouveauximpôts»,adéclaréMarti-ne Aubry jeudi 2 septembre surEurope 1. Le PS espère récupérer aumoins15milliardsd’eurosenannu-lant un certain nombre de déci-sions prises par M Sarkozy : bou-clier fiscal, exonération des heuressupplémentaires et autres niches…

Cependant François Hollandeestime qu’on n’évitera pas unehausse des impôts. « C’est aujour-d’hui inévitable», plaide le députéde Corrèze qui milite notamment

pour une fusion de l’impôt sur lerevenu et de la CSG.

Il faut «reconnaître que la restau-ration des finances publiques nepourra s’opérer sans une augmenta-tion des recettes à terme plus oumoins rapproché» et donc par unehausse de lafiscalité, aaussi averti lafondation Jaurès, structure deréflexion et de recherche proche duPS, dans une note d’analyse, publiéele 13juillet.

Il ne faut pas «laisser accroire »que revenir «sur les mesures fiscalesdugouvernement» et miser «sur unretour rapide de la croissance» puis-se «permettre la réduction des défi-cits et la stabilisation puis la décrois-sance de la dette», a quant à lui misen garde Dominique Lefebvre, mai-re de Cergy et membre du bureaunational, en mai, dans une noteadressée aux principaux dirigeantssocialistes.

Cet élu, réputé strauss-khanien,avaitinsistésurlefaitqu’«iln’yaurad’autre choix que d’augmenter» lesprélèvements obligatoires en don-nantla«priorité»auxprélèvementssociaux. « Sauf à devoir changer demodèle social» avait-il précisé. p

Philippe Le Cœur

U ne professeure d’histoire deconfession juive, CatherinePederzoli, a été suspendue

pour quatre mois, à un an de laretraite, en raison d’un surinvestis-sement supposé dans l’enseigne-ment de la Shoah. Christine Tadic,avocate du professeur, a déposé,mardi 31 août, un recours en référédemandant la suspension de ladécision administrative et unrecours sur le fond auprès du tribu-nal administratif.

En poste dans le lycée publicHenri-Loritz de Nancy depuis sep-tembre 1999, elle enseigne chaqueannée à ses élèves le génocide desjuifs d’Europe, comme le pré-voientlesprogrammes.Elleorgani-se également des voyages pédago-giques à Auschwitz et dansd’autres lieux de mémoire, com-me cela se fait dans la plupart deslycées de France.

La situation se tend durant l’an-née scolaire 2009-2010. Mme Pede-rzoli veut amener 140 élèves à Aus-chwitz,commel’annéeprécédente.A la suite d’un vote, le conseil d’ad-ministration du lycée n’autorise ledépart que de 80 élèves afin d’assu-rer un bon encadrement. Le voyage2009 avait donné lieu à des débor-dements et à une consommationoutrancière d’alcool, provoquantdes plaintes de parents d’élèves.

«Forte personnalité»La venue du ministre de l’éduca-

tion nationale, Luc Chatel, au lycéePoincaré de la même ville, endécembre2009,est l’occasionpourles élèves privés de voyage d’expri-mer leur mécontentement. Lasituation se dégrade. Les ensei-gnants eux-mêmes sont divisés.Faitrarissime, une pétition des per-sonnels est lancée contre l’ensei-gnante. Elle recueille 180 signatu-res et aboutit sur le bureau du rec-teur, Jean-Jacques Pollet.

En juin 2010, deux inspecteursgénéraux de l’éducation nationaleviennent à Nancy afin d’étudier lafaçon qu’a la professeur d’aborderson enseignement. Les conclusionsaccablent Mme Pederzoli. Sur unplanstrictementpédagogique,l’en-seignante se voit reprocher sonapproche du génocide: «La dimen-sionmémoriellenefaitpasquel’em-porter sur la dimension historique.Elle devient quasi exclusive.»

Le temps excessif qu’elle consa-

crerait au sujet l’empêcherait deboucler le programme. Elle com-mettrait « de graves manquementsnombreux et répétés», notammentauxprincipesdeneutralitéetdelaï-cité. Il lui est reproché de manipu-ler ses élèves, « ce qui est le plusrépréhensible et le moins accepta-ble au regard de la déontologie laplus élémentaire des enseignants»,mentionne le rapport. Décision estprise par le recteur de suspendrel’enseignante à titre conservatoireavec maintien du traitement.

Pour Me Tadic, le litige trouve sasource dans un conflit de person-ne: « Les relations sont mauvaisesavec la proviseure, arrivée dans lelycée en 2007. Il s’agit d’une person-ne trop jeune pour assumer la res-ponsabilité d’un établissement sco-laire de 2000 élèves.» Selon l’avoca-te, sa cliente, très affectée, trouve ladécision « incompréhensible etinjuste ». Elle reconnaît queMme Pederzoli est «une forte person-nalité qui peut avoir des discussionspassionnées», mais précise que « sielle avait été chrétienne ou musul-mane, on n’aurait jamais dit qu’ellefaisaitdulavagedecerveau,commecela est précisé en toutes lettres».

EtienneHeymann,représentantde la communauté juive de Nancy,voit dans le rapport et la suspen-sion de l’enseignante «un véritablescandale d’Etat qui salit l’honneurde la France».

DesproposvirulentsqueM.Cha-tel ne veut pas laisser passer : « Jesuis ministre de la République d’unEtat laïque. Je n’accepte pas qu’onlaisse entendre ou que l’on disequ’une enseignante a été sanction-néepoursonappartenancereligieu-se.» Pour le ministre, il s’agit de lasituation personnelle d’une ensei-gnante qui a fait l’objet d’un rap-port de l’inspection générale: « Elleen a pris connaissance, formulée sesobservations. A ce stade de la procé-dure, on ne parle pas de sanction etonnepeutpréjugerenriendesdéve-loppements possibles. Je dis de lafaçon la plus nette qu’à aucunmoment il ne s’agit d’une remise encause de l’enseignement de laShoah. Bien au contraire, le prési-dent et moi-même y sommes pro-fondément attachés. Je rappelle quecet enseignement est obligatoiredans tous les établissements scolai-res de France. » p

Christian BonrepauxL a barre symbolique des 10 %d’actifs au chômage n’a pasété franchie pour le plus

grand soulagement du gouverne-ment: le taux de chômage au sensdu Bureau international du travail(BIT) a reculé de 0,2 point audeuxième trimestre 2010 pours’établir à 9,7 % de la populationactive française (DOM compris) et9,3% en France métropolitaine.

La ministre de l’économie, del’industrie et de l’emploi, Christi-ne Lagarde, a salué cette nouvelleannoncée, jeudi 2 septembre, parl’Institut national de la statistiqueet des études économiques(Insee). « Après vingt et un moisconsécutifs de hausse du nombredes demandeurs d’emploi, nousassistons depuis six mois à unediminution. Je considère que lereculde 9,5% à 9,3% du taux de chô-mage en France métropolitaineconstitue une baisse significati-ve », a précisé Mme Lagarde.

Dans cette rentrée morose surle plan politique, ce recul, quis’ajoute à l’accélération de la crois-sance (+0,6% audeuxième trimes-tre) annoncée le 13 août, constitueune bonne nouvelle pour le gou-vernement. D’autant qu’il s’ac-compagne d’autres signaux posi-tifs. Ainsi, la situation des seniorssur le marché du travail, l’un despoints faibles traditionnels de laFrance, s’améliore. Le taux de chô-mage des 55-64 ans a nettementdiminué, passant de 6,6 % à 6,1 %,et leur taux d’emploi a augmenté

de 0,4 point, à 42,1 %. Mme Lagarde,prudente, a demandé à ses servi-ces d’analyser de plus près cesbons chiffres. « J’ose penser, ajoute-elle toutefois, qu’ils résultent ausside notre politique de l’emploi etdes efforts que nous avons faitspouramener les entreprisesà chan-ger ». Cette inversion de tendance,si elle se confirme dans les moisprochains, constitue une bonnenouvelle pour la majorité, aumoment où le gouvernementdemande aux Français de tra-vailler plus longtemps et de recu-ler le moment où ils prendrontleur retraite.

Dans son meeting de rentrée àLyon, le secrétaire général de laCGT, Bernard Thibault, avaitd’ailleurs accusé le gouvernement

d’avoir « fait l’impasse sur la ques-tion de l’emploi, qui a un lien étroitavec celle des retraites ». « Avant detravailler plus, il faudrait déjà tra-vailler tous », avait-il lancé dansune allusion aux difficultés récur-rentes des jeunes et des seniorssur le marché du travail. L’aug-mentation du taux d’emploi desplus de 50 ans arrive donc à pointnommé pour le gouvernement.

La situation reste cependantdif-ficile : le chômage, même en bais-se, se situe à un niveau élevé.2,6millions de personnes en Fran-ce métropolitaine sont chômeursau sens du BIT: c’est-à-dire des per-sonnes ayant 15 ans ou plus quin’ont pas travaillé, sont disponi-bles pour le faire dans les deuxsemaineset sont en recherche acti-

ved’emploi. La population des per-sonnes inactives qui souhaitenttravailler est plus large : elle s’éta-blit à 3,3 millions en France métro-politaine.

Lasituationdesjeunes,enrevan-che, reste très précaire. Si le taux dechômage des 15-24 ans (23,3 % audeuxième trimestre) a baissé d’undemi-point en un an, leur tauxd’emploi a reculé de 0, 4 point pen-dant la même période.

Les jeunes en difficultéL’Insee fait également observer

que les formes particulières d’em-ploi – contrats à durée déterminée(CDD) et intérim – sont en haussetandis que la part des personnes encontrat à durée indéterminée (CDI)«continue de diminuer». C’est unemanière d’indiquer que la précari-té de l’emploi continue d’augmen-ter. A l’occasion de la publicationdes chiffres du chômage de juillet,le 26 août, plusieurs organisationssyndicales s’étaient inquiétées decette évolution et de l’explosion denombre de jeunes en « activitéréduite » (quelques heures de tra-vail au cours du mois).

Ces inquiétudes, relayéesnotamment par Force ouvrière,ontété entendues.Le ministre delajeunesse et des solidarités actives,Marc-Philippe Daubresse, a propo-sé, mercredi 1er septembre, aux par-tenaires sociaux de les rencontrerd’ici la fin du mois pour discuter del’emploi des jeunes.p

Claire Guélaud

Letaux dechômage a baissé au deuxième trimestreetl’emploi des seniors s’estamélioréLe taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) s’est établi à 9,7%de la population active, en recul de 0,2 point. La part des contrats précaires est, elle, en hausse

ABercy, on assurequela prioritérestedetrouver desrecettesàtravers laréductiondesnichesfiscalesetsociales

France

Une légère diminutionTAUXDE CHÔMAGE, en %

SOURCE : INSEE

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

7

7,5

8

8,5

9

9,5

10France France métropolitaine

9,7 %

9,3 %

Des prélèvements plus lourds qu’en Europe

en % du PIB

OCDE Moyenne UE 15France

TAUXDE PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES AVANT LACRISE

1965

25

30

35

40

45

1975 1985 1995 2005 07

SOURCE : OCDE

M.Baroin évoque une hausse des impôtsaprès2013 pour comblerles déficitsLes propos du ministre du budget rejoignent la position de beaucoup d’élus de la majorité.Mais ils écornent le dogme présidentiel et vont peser sur la campagne de 2012

Une professeured’histoireaccuséed’enfaire tropsurla Shoah estsuspendue«De graves manquements»à laneutralité et àlalaïcitésont reprochésàl’enseignante deNancy

12 0123Vendredi 3 septembre 2010

Page 13: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

L’AFPveutfournir de l’information au grand publicEmmanuel Hoog, PDG de l’agence de presse, évalue à 125millions d’euros ses besoins d’investissement

Entretien

E mmanuel Hoog a été élu PDGde l’Agence France-Presse(AFP) en avril. Il a remplacé

Pierre Louette, parti chez FranceTélécom. Arrivé dans un contextedeblocagedudialogueaveclessyn-dicats sur la délicate question de laréforme du statut de l’agence,M.Hoogapacifiélesrelationssocia-les. Parmi ses projets, il souhaitequel’agencesoitdavantage présen-tesurInternet etoffredel’informa-tion directement au grand public.Plusieurs quotidiens régionauxont choisi de se désabonner del’AFP. Ces abonnements repré-sentent l’une de vos premièressources de revenus. Craignez-vous un effet boule-de-neige?

Je ne peux pas croire que celacontinue. Tous les journauxessaient d’obtenir des remises. Achaquefois, la négociationest dureparce que la situation de la presseest difficile. Il faut que l’AFP réin-vente son partenariat avec les édi-teurs. La presse quotidienne régio-nale veut construire un kiosquenumérique où elle mettrait encommun ses contenus. Je suis prêtà y participer.

Nous devons sortir d’un systè-me strict où les agences vendentdes contenus aux journaux, qui lesvendent au grand public. Cette his-toire de pré carré témoigne d’unevision malthusienne des choses,alorsque laconsommationd’infor-mations dans le monde connaîtune croissance exponentielle.Cela signifie que vous allez pro-poser de l’information directe-ment aux lecteurs?

Il serait absurde que la troisiè-me agence mondiale n’ait pas uneapplication sur iPad, sur les smart-phones, ainsi qu’un site Internet.

On ne peut pas dire à la fois quel’AFP est une marque forte, mettreen avant son rôle public et civique,etlui interdirel’accèsau Web. Com-ment imaginer qu’AssociatedPress [AP] et Reuters lancent desapplications en français sur lesappareils mobiles et pas l’AFP ?

Dans le même esprit, nousdevons avoir une vraie stratégie àl’égard des réseaux sociaux. Le1er septembre, nous avons nomméun responsable de ce secteur. Son

rôle sera de définir une stratégiesur l’utilisation et la présence del’agence sur les réseaux sociaux.Nous allons ouvrir un fil Twitter,un compte sur Facebook. Descomptes existent actuellementmais ce sont des faux.Ferez-vous payer pour les infor-mations en ligne?

Toutes les possibilités sontouvertes. Je suis contre l’optionqui consiste à proposer tous sescontenus gratuits, parce que je

pense que l’information a unevaleur. On peut envisager, parexemple, une partie gratuite etune partie payante.A combien évaluez-vous lesbesoins d’investissement etcomment les trouverez-vous?

Je les évalue à 125 millions d’eu-ros. J’ai identifié une dizaine dechantiers, donc cinq sont prioritai-res et représentent un montant de55 millions d’euros. Il faut confir-mer le rôle leader de l’agence en

matière sportive, développer le filarabe, tripler l’offre vidéo en deuxans,développerl’offre surles appa-reils mobiles et les smartphones,et enfin valoriser les archives.

Je suis en discussion avec l’Etatpour obtenir une partie de cesmoyens, peut-être à travers les res-sources du grand emprunt. Jecompte aussi sur les revenus issusde notre développement, surtoutà l’international, où l’agence estsur une croissance qui approcheles deux chiffres.Avez-vous renoncé à transfor-mer l’agence en une entreprise àcapitaux publics?

Il faut que son statut, qui date de1957, évolue, mais cela doit se pas-sersurunterrainleplusapaisépos-sible.Enlisantlesrapportsetendis-cutant avec les personnels, j’ai puconstater que chacun était favora-ble à une évolution de la gouver-nance. Le sujet qui fait polémiqueest la constitution de l’agence ensociété dotée d’un capital. Si celui-ci est privé, on craint une privatisa-tion. S’il est public, une étatisation.Je préfère laisser ce sujet de côté.Quels sont les principauxaspects du statut qui doiventchanger selon vous?

D’abord, la durée du mandat duprésident, qui devrait être de cinqans, renouvelables [aujourd’hui detrois ans], comme dans les entre-prises publiques. En vingt-cinq

ans, AP a connu deux présidents,Reuters trois, l’AFP sept, dont troisdémissionnaires…

Un autre changement devraitconcerner la composition duconseil d’administration. Il fautune représentation plus interna-tionale et qui ne place pas l’agenceen contradiction permanente avecelle-même. Aucune entreprise nepeut vivre avec ses clients majori-taires au conseil d’administra-tion ! Que les éditeurs françaissoientles garants de l’indépendan-ce de l’agence, c’est une chose posi-tive. Mais l’AFP réalise aujourd’huiplus de 50 % de son chiffre d’affai-res [hors aides de l’Etat] à l’étran-ger.Demême, le conseil d’adminis-trationne compteaucun représen-tant de l’économie numérique.

Il faudra enfin clarifier le rap-port financier entre l’AFP et l’Etat,définir les missions d’intérêt géné-ral de l’agence afin de se mettre enrègle avec la Commission euro-péenne. Les esprits sont mûrspour une réforme intelligente,cohérente, efficace et sérieuse. Ilfaudra pour cela une loi.Les salariés s’inquiètentd’un éventuel plan social.L’envisagez-vous?

Non, les effectifs n’ont pas voca-tion à diminuer, au contraire.p

Propos recueillis par

Daniel Psenny

et Xavier Ternisien

Une machine énorme

Rang Troisième mondiale, derrièrel’américaine Associated Press (AP)et l’anglo-canadienne Reuters.

Production 5000 dépêches rédi-gées quotidiennement en six lan-gues: français, anglais, espagnol,allemand, portugais du Brésil etarabe. Elle produit aussi 2000 à3000 photos, 80 infographies et30 à 40 vidéos.

Salariés 2250 personnes, dont1250 journalistes, sans compterles pigistes et correspondants.

Représentation 15 membres siè-gent au conseil d’administration(huit représentants de la pressefrançaise, deux du secteur audio-visuel, trois de l’Etat et deux délé-gués du personnel).

Finances Résultat positif depuis2006. En 2009, le chiffre d’affai-res était de 272millions d’euros,dont 110millions issus des abon-nements pris par les administra-tions et payés par l’Etat, et162millions réalisés en France(49%) et à l’international (51%).

DANS UN RAPPORT remis enfévrier à l’ancien PDG de l’AFPPierre Louette, le journaliste Fré-déric Filloux relevait les boulever-sements provoqués par la révolu-tion numérique sur le modèle tra-ditionnel des agences de presse. Ilinsistait sur la concurrence repré-sentée par les sources d’informa-tion extrêmement nombreusessur Internet, dont la fiabilité estcertes plus ou moins grande, maisqui jouent un rôle d’alerte.

« Le segment du breaking news[information urgente], sur lequelles agences ont construit leur légiti-mité et leur modèle de revenuss’est considérablement dévaloriséau cours des cinq dernièresannées, écrivait M. Filloux. L’avè-

nement des vecteurs numériques afait perdre une grande part de savaleur à l’information chaude. »

Une grande partie de ces infor-mations sont mises en ligne pardes non-professionnels, blogueursou témoins d’un événement qui lerépercutent à travers le réseaumondial. A ce titre, elles réclamentvérification et recoupement pardes professionnels de l’informa-tion. Mais des journalistes utili-sent aussi les ressources d’Internetet des réseaux sociaux pour diffu-ser rapidement leurs scoops.

Plus grave, les agences ont ten-dance à être perçues commemoins indispensables par les jour-nalistes, qui sont pourtant leursprincipaux clients à travers les

abonnements de leurs médias. « Ily a encore cinq ans, la page ouver-te en permanence sur les postes detravail était celle de l’AFP, écrit Fré-déric Filloux. Aujourd’hui, elle setrouve côte à côte avec les autres“sources” que se crée un journa-liste, le plus souvent en fonction deses centres d’intérêt ou des rubri-ques qu’il suit en organisant sessites favoris, fils RSS ou Twitter. »

Produits d’appelEn 2009, plusieurs quotidiens

régionaux ont choisi de se désa-bonner de l’AFP, estimant qu’unabonnement au fil français d’uneagence étrangère et un usage pru-dent des informations disponi-bles sur Internet pouvaient rem-

placer un abonnement dont lestarifs se chiffrent en centaines demilliers d’euros.

Pour promouvoir leur marque,des agences anglo-saxonnes ontchoisi de proposer des contenusau grand public. Bloomberg et Reu-ters offrent de l’information enaccès libre sur Internet et sur desapplications iPhone. Ces contenusne représentent qu’une infimepartie de leur production mais ser-vent de produits d’appel. Pourl’instant, l’AFP ne propose pasencore directement ses servicesau grand public sous sa marque.Elle vend des contenus à des por-tails ou à des agrégateurs (Google,Yahoo!, MSN, Orange et SFR).p

X.T.

EnhausseRyanairPour les voyages vers et depuis l’Espagne, la com-pagnie aérienne irlandaise à bas coûts a détrônépour la première fois sa concurrente espagnoleIberia en nombre de passagers transportés.

Blog,réseauxsociaux... l’actualitéestdésormaispartout

EnbaisseFerrariLe constructeur va rappeler tous les exemplairesde son nouveau modèle, la 458 Italia, produitsavant juillet, après que quatre d’entre eux ontpris feu. Quelque 1 250 véhicules sont concernés.

Lescandidatures françaises et étrangèresau rachatdu «Parisien» se multiplientLes discussions achoppent sur la question du prix. Mme Amaury, présidente du groupe de presse propriétaire, voudrait obtenir 200millions d’euros

Les cours du jour ( 02/09/10 , 09 h 55 )

Economie&Médias

Emmanuel Hoog, PDG de l’Agence France-Presse, le 9 juillet à Paris. MARTIN BUREAU/AFP

O nse bousculepour racheterLeParisien. Depuisl’annon-ce, en juin, de la mise en

vente du quotidien par le groupeAmaury, avec un mandat confié àla banque Rothschild, la liste descandidats s’allonge de jour en jour.Dernier nom cité : celui de SergeDassault. Le propriétaire du Figarovoudrait élargir son offre de quoti-diens de tendance conservatrice.

D’autres groupes ont fait partde leur intérêt : desétrangers, com-me le groupe allemand Axel Sprin-ger, éditeur du Bild, et le britanni-que Mecom ; mais aussi le groupeBolloré, qui édite les gratuits DirectMatin et Direct Soir. « Nous regar-

dons toutes les opportunités, adéclaré son PDG, Vincent Bolloré,mercredi 1er septembre. Le Parisienestuneopportunité très intéressan-te mais qui pose un certain nombrede problèmes pour un groupe com-me nous qui débute. » Le nom duCrédit mutuel, propriétaire dugroupe BRA (Bourgogne-Rhône-Alpes), est aussi évoqué.

Autre candidat potentiel aurachat du Parisien, selon L’Express,le fonds d’investissement Fonda-tions Capital, dirigé par XavierMarinet PhilippeRenauld.L’opéra-teur de téléphonie Orange seraitaussi intéressé. Des contacts ontété établis entre les deux groupes,

selonLa Correspondancede la pres-se du 1er septembre : le directeurgénéraldeFrance Télécom, Stépha-ne Richard, a rencontré Marie-Odi-le Amaury, la présidente du grou-pe de presse, en juin.

Mais, comme cela avait été lecas pour Le Monde, Orange seraitplutôt intéressé par les activitésnumériques du groupe et pourraits’associer à un éventuel repre-neur. « Nous n’avons pas l’inten-tion de prendre des participationsdans les journaux. L’objectif, c’estplutôt de compléter par le voletnumérique une éventuelle offre dereprise d’un journal », a déclaré unresponsable de France Télécom à

La Correspondance de la presse.Pour l’instant, les discussions

achoppent sur la question du prix.Mme Amaury souhaiterait obtenir200 millions d’euros de la ventedu quotidien. Les offres reçues sesituent pour l’instant dans unefourchette de 100 à 150 millionsd’euros.

Faible endettementMme Amaury peut mettre en

avantlefaibleendettementduquo-tidien,quiadégagéunrésultatopé-rationnel de 2,74 millions d’eurosen 2009, pour un chiffre d’affairesde 198,63 millions d’euros, selonson directeur général, Jean Hor-

nain, cité par Les Echos du 1er sep-tembre. Marie-Odile Amaury veutrecentrersongroupesurlenuméri-que et surle sport, viale développe-ment des paris sportifs et l’organi-sation d’événements. Pour cela,elle cherche à se désengager du sec-teur de la presse généraliste, jugépeu rentable. Cette réorientationsuppose de racheter les 25% que legroupe Lagardère détient dans legroupe Amaury. L’argent de la ven-te du Parisien devrait servir à cela.

Arnaud Lagardère, gérant com-mandité du groupe, a réaffirmé, le26août,savolontédecédersaparti-cipation dans le groupe Amaury,dont le recentrage sur le sport en

fait un concurrent direct de songroupe. « Il est important que nousvendions, a-t-il souligné. Nous som-mesprisaupiègedansuneentrepri-se dont nous n’avons pas le contrôleet dont nous ne tirons quasimentaucun dividende.»

La politique pourrait aussi semêler du dossier. Selon le journa-liste de L’Express Renaud Revel,Nicolas Sarkozy aurait déclaré enjuindevantdesjournalistesquil’in-terrogeaient sur la recapitalisationdu Monde : «Vous n’avez rien com-pris, ce n’est pas l’avenir du Mondequiest importantet quim’intéresse,mais c’est le sort du Parisien !» p

X. T.

Euro 1euro : 1,2800 dollar(achat)Or Onced’or : 1246,50 dollarsPétrole Light sweetcrude : 73,93 dollarsTauxd’intérêt France : 2,546 (à dix ans)Tauxd’intérêt Etats-Unis : 2,559 (à dix ans)

130123Vendredi 3 septembre 2010

Page 14: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

L ’Apple TV fait partie des rareséchecs récents de la firme à lapomme. Cette sorte de dis-

que dur multimédia permet deconnecter sa télévision à son ordi-nateur et d’accéder au contenuque ce dernier stocke (images,musique…)mais aussiàcelui d’iTu-nes, la plate-forme sur Internet dedistribution et de paiement dugroupe. Commercialisé à partir de2007, il n’a jusqu’à présent pasréussià décoller : lors de lapublica-tion de ses résultats trimestriels,Apple ne communique plusdepuis longtemps sur le nombrede boîtiers vendus, alors qu’il lefait systématiquement pour l’i-Phone, l’iPod et l’iPad.

« Cela n’a pas marché surtoutparce que sur l’Apple TV, les filmsétaient proposés à la vente [pourêtre téléchargés], mais trop cher, àun moment où le marché a basculévers la location en ligne », expliqueCarolinaMilanesi, analyste au Gar-tner Group.

Mercredi 1er septembre, le grou-pe californien a voulu lui donnerune seconde chance : il casse sonprix, le faisant passer à 99 dollars(119 euros sur le site français d’Ap-ple) contre environ 250 dollars(pour la version 160 Go). L’objetgagne en compacité : il n’est désor-mais pas plus gros qu’un iPhone.Compatible uniquement avec destéléviseurs haute définition (HD),il permet d’accéder à un cataloguede 7 000 films en vidéo à lademande (VaD), et, aux Etats-Unis, à des épisodes de séries télé-visées (des chaînes ABC, Fox,Disney Channel…), pour 99 centsles 48 heures de location.

Steve Jobs, le patron du groupe,avait beau avoir qualifié, mi-2007,l’Apple TV de « hobby », il faut croi-re que l’enjeu reste important. Defait, après celui de l’ordinateur etcelui du téléphone, l’écran de latélévision fait à son tour fantas-mer les géants de l’informatique,des télécommunications et de l’In-ternet. C’est le plus vaste, le pluspopulaire (presque toute la planè-te y a accès), celui sur lequel les for-mats publicitaires se vendentgénéralement le plus cher.

Après Apple, le portail Yahoo! amultiplié, en 2009, les partena-riats avec les constructeurs de télé-viseurs ou les chaînes pour pou-voir placer des petits programmesinformatiques sur la télévision,donnant accès à ses services enligne (Yahoo! Finance, Flickr…). Unpremier pas vers la « télévisionconnectée ».

Un concurrent de tailleLe moteur de recherche Google

se lance lui aussi dans la bataille.Avec énormément d’ambition.Dans les semaines qui viennentcommenceront à être commercia-lisées ses « Google TV », conçuesavec le japonais Sony et l’améri-cain Logitech. Il s’agit de télévi-

seurs connectés à l’Internet surl’écran desquels il sera possible de« surfer », via le moteur de recher-che Google, entre une multitudede contenus audiovisuels diffé-rents, qui auront désormais tousdroit de cité sur l’écran : YouTube,Facebook, Twitter, des offres deVaD, de télévision de rattrapage…

Les intérêts des uns et desautres diffèrent : fidèle à ses raci-nes, Apple cherche avant tout àvendre du matériel, en l’occurren-ce des boîtiers, à défaut de télévi-seurs. Google veut, lui, coloniserl’écran de la télévision pour com-mercialiser toujours davantaged’espaces publicitaires.

L’Apple TV nouvelle générationsaura-t-il trouverson public? S’ins-

crivant en faux par rapport à Goo-gle, M. Jobs a souligné, mercredi,qu’il ne voulait pas « transformerla télévision en ordinateur », maisproposer un outil simple et facile àutiliser.

En France, la partie risque de nepasêtre plusfacilequ’avant, en rai-son du succès des offres de télévi-sion sur Internet incluses dans lesabonnements « triple play »(ADSL, télévision, téléphone fixeillimité). Les fournisseurs d’accès àInternet multiplient le nombre dechaînes disponibles et les servi-ces : télévision de rattrapage,VaD… Le tout pour un prix encorecompétitif (entre 30 et 40 eurospar mois pour le triple play).

Ailleurs, souligne Jordan Sel-burn, consultant pour le cabinetcalifornien iSuppli, dans une notepubliée mercredi, « Apple devracomposer avec d’autres produitsqui rendent déjà le même type deservices, comme les consoles dejeux de salon [la PlayStation 3 deSony et la Xbox 360 de Microsoftpermettent ainsi déjà de consom-mer de la VaD sur la télévision] ».Aux Etats-Unis, on trouve aussides boîtiers très similaires à l’Ap-ple TV : ceux des start-up califor-niennes Roku et Vudu, ou la BoxeeBox, de D-Link. p

Cécile Ducourtieux

Sur France Info

Plantu dévoileson dessin du jourvendredi à 11h40

avec

au micro de Jean Leymarie

Apple a aussi présenté, mercre-di 1er septembre, une nouvellegénération d’iPod, ses bala-deurs numériques. L’iPod Touch(iPhone sans la fonction télépho-nie) sera plus puissant et plusfin. L’iPod nano, malgré sa peti-te taille (l’écran d’une grossemontre), abandonne la molettepour un écran tactile. Apple ten-te ainsi de relancer les ventes decette ligne de produits qui, cesderniers mois, ne cessent de

reculer : – 8% au troisième tri-mestre de l’année fiscale 2010(close fin juin), par rapport à lamême période de 2009; – 1% audeuxième trimestre… Les iPod,lancés en 2001, ont connu unénorme succès: Apple détientencore 70% de parts de marchédes baladeurs numériques. Maisses ventes sont aujourd’hui can-nibalisées par celles de l’iPhone,qui permet aussi d’écouter etd’enregistrer de la musique.

De Apple à Google, les géantsde l’électronique et du Webfantasmentsurl’écran de la télévisionLe groupe de M.Jobs casse les prix de son «Apple TV», connectant les téléviseurs à iTunes

L’AmériqueaimeAmazon,laFrance plébiscitePicard

D éjà de mise en 2010, « l’aus-térité» risquefort deperdu-rer dans le secteur privé en

France. D’après une étude du cabi-net de conseil Hewitt Associates,rendue publique jeudi 2 septem-bre, les salaires versés dans lesentreprises devraient progresseren 2011 à un rythme modeste etpratiquement identique à celui decette année : + 2,7 % contre + 2,6 %.Ces résultats proviennent d’uneenquête conduite en juillet et enaoût auprès d’un peu plus de150 entreprises, employant envi-ron 605 000 personnes dansl’Hexagone.

Pour la deuxième année consé-cutive, relève Hewitt Associates,les patrons ont prévu de consacreraux hausses de salaires un budgetinférieur à celui observé durant lestrois dernières décennies: sur cet-te période, le taux d’accroisse-ment oscillait en moyenne autourde 3,3 % à 3,5 %, selon Hewitt. En2010, certaines catégories de per-sonnel ont été un peu mieux trai-tées que d’autres au niveau desaugmentations individuelles(c’est-à-direen fonction des perfor-mances supposées) : + 2,7 % pourles dirigeants contre + 2 % pour lesagents de maîtrise.

Cette relative rigueur, justifiée

par une « crise persistante », inter-vient « alors que les salariés reçoi-vent des signes de reprise », souli-gnentPierreLe Gunéhec, responsa-bledes sujets de stratégieet derela-tions sociales au sein d’HewittFrance.

Ce « contexte paradoxal » estporteur de « tensions » : « 2010 estune année difficile pour les entre-prises d’un point de vue mana-gérial », souligne le cabinet deconseil. Les conflits liés à desrevendications salariales se sontd’ailleurs considérablement mul-tipliés au début du premier semes-tre : du distributeur d’équipe-ment pour la maison Ikea au sidé-rurgiste ArcelorMittal, en passantpar la société d’autoroute Escotaou la chaîne de restauration rapi-de Kentucky Fried Chicken, denombreuses entreprises ont ététouchées.

Hewitt Associates indique que« le taux de satisfaction moyen desFrançais sur la rémunération n’estque de 21 % ». Plus d’une société surdeux déclare sentir ses « managersen difficulté lors des échangesautour de la rémunération », selonune autre recherche menée enavril par Hewitt auprès d’une cin-quantaine d’employeurs.

« Le défi est donc de taille »,

conclut l’étude : il s’agit à la fois degérer les frustrations qui couvent,« tout en maintenant la motiva-tion » des équipes. Les directionsdes ressources humaines (DRH)ont donc « plus que jamais un rôlecentral et critique à jouer», analysePierre Le Gunéhec. Elles disposent,selon lui, de plusieurs « options »pour faire face à cette situation de« budgets réduits ».

D’abord, elles devraient recou-rir, de façon « décomplexée », à larémunération variable, afin de« reconnaître la performance » etde « différencier significativementles augmentations ». Cette prati-ques’est, au demeurant,« générali-sée ces dernières années », constateHewitt : 95 % des entreprises lamettent en œuvre aujourd’huipour leurs cadres, alors qu’ellesétaient 70 % en 2000. La tendanceest la même pour les « non-

cadres » : 70 % des sociétés interro-gées disent leur verser une rému-nération variable, contre 20 % à30% il y a dix ans.

Pierre Le Gunéhec pense égale-ment que les DRH devraient com-muniquer et mettre en valeur les« véhicules de rémunération diffé-rée » : plan d’actionnariat salarié,plan d’épargne pour la retraite col-lectif (Perco), etc. Ce type de dispo-sitif suscite un intérêt croissant,selon les statistiques de l’Associa-tion française de la gestion finan-cière: l’anpassé, le nombre d’entre-prises qui proposent l’accès auPerco s’est accru « de plus de 41 % »,pour s’établir à près de 111 500 à lafin 2009.

Enfin, Hewitt Associates recom-mande à la direction des ressour-ces humaines d’avoir « une appro-che socialement responsable de lapolitique de rémunération ». Elledoit notamment s’attaquer auxécarts de salaires entre les hom-mes et les femmes qui persistentmalgré les différentes lois adop-tées depuis près de trente ans (LeMonde du 19 août). L’instauration« d’une gouvernance réelle desrémunérations des dirigeants »concourrait, elle aussi, à « créer unclimat favorable ».p

Bertrand Bissuel

SOURCE : ISUPPLI

Un marché aux perspectives extrêmement prometteusesVENTES DE PRODUITS OFFRANTUNE CONNEXION À INTERNETDANS LE MONDE, en millions d’unités

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02009 2010 2011 2012 2013 2014

Prévisions

L es Américains adorent lesite de produits culturelsAmazon, autant que les Bri-

tanniques et les Allemands. LesChinois, eux, plébiscitent lesmagasins de sport Adidas, tandisque les Français préfèrent les bou-tiques… Picard Surgelés. La pre-mière édition du baromètre mon-dial du pouvoir d’attraction desenseignes de distribution, ren-due publique jeudi 2 septembre,révèle quelques surprises.

L’enquête, réalisée par le cabi-net OC&C auprès d’un panel de14000 consommateurs dans sixpays (France, Allemagne, Royau-me-Uni, Pays-Bas, Etats-Unis etChine) en juin et juillet, illustreaussi un phénomène de société :la montée en puissance du com-merce en ligne.

Partout dans le monde, lessites de vente en ligne figurent enbonne place dans ce palmarès. Lechampion toute catégorie estAmazon: numéro un aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Alle-magne; troisième en France, exaequo avec le parfumeur Sephoraet le vendeur de matériel de sportDécathlon. Mais d’autres sites decommerce en ligne se distin-guent aussi : le spécialiste de lamode Vente-privée.com en Fran-ce (6e, devant le bulldozer Zara,10e) ; du site de vente de produitsculturels Bol.com aux Pays-Bas ;ou encore de e-Buyers.com auRoyaume-Uni, un vendeur pro-duits électroménagers.

Un service de qualitéMais être présent sur le Net

n’est toutefois pas suffisant pourséduire le consommateur. Un sitedoit non seulement offrir un prixcompétitif mais aussi un servicede qualité. Dans le cas contraire,

les clients sanctionnent. En Fran-ce le site CDiscount, qui a déçunombre de personnes interro-gées, ne se range ainsi qu’à la19e place, loin derrière eBay (11e).

En outre, certains magasins en«dur» continuent d’avoir du suc-cès. En Chine, le client apprécie ceque représentent Adidas ou Nike(leur deuxième enseigne préfé-rée): un style de vie à l’occidenta-le. Et en France, Picard est lamédaille d’or des consomma-teurs. Etonnant? A l’instar du spé-cialiste suédois du meuble Ikea,numéro deux, de Décathlon ou deSéphora, le spécialiste des surge-lés incarne une marque puissante.La clé de la réussite? «Un conceptclair invariant au fil des années»,indique Guy-Noël Chatelin, asso-cié au sein de OC&C. Les consom-mateurs qui vont chez ces ensei-gnes savent ce qu’ils y trouveront.

Pour cette raison les hypermar-chés, temples de la consomma-tion durant les « trente glorieu-ses», peinent à séduire. Leur côté«bazar», pour reprendre l’expres-sion de Lars Olofsson, patron deCarrefour, ne plaît plus. D’autantque le concept du « tout sous lemême toit» est désormais accessi-ble via Internet.

Toutes les grandes surfaces ali-mentaires sont donc en mauvaiseposition en France. Toutes, saufune: Leclerc, sixième du classe-ment, ex aequo avec Vente-pri-vée.com. De fait, la chaîne d’hyper-marchés et supermarchés tire pro-fit des discours offensifs sur lesprix tenus depuis quarante anspar ses dirigeants et fondateurs,Edouard Leclerc puis Michel-Edouard, son fils. «Leclerc c’est uncombat, le combat contre la vie chè-re!», précise M. Chatelin.p

Claire Gatinois

Finances

LeFMI prévient lespays trèsendettésd’unrisque d’explosion deleurs tauxDans trois études publiées mercredi 1er septembre, les experts du Fondsmonétaire international (FMI) mettent en garde les pays riches quialourdissent de façon excessive le fardeau de leur dette. Car, écrivent-ils, il existe une « dette limite » au-delà de laquelle les marchés peuventprendre peur et faire exploser les taux de leurs futurs emprunts. Sur les23 pays développés étudiés, ils jugent que les plus menacés par cetteréaction sont la Grèce, mais aussi l’Italie, le Japon et le Portugal, sachantque l’Espagne, les Etats-Unis, l’Irlande, l’Islande et le Royaume-Unin’ont pas une grande marge de manœuvre. Pour autant, ils estimentque les risques de défaut en Europe sont surestimés. p Alain Faujas

Pour Alistair Darling, ancien chancelier de l’Echiquierbritannique, la taxe sur les bonus a été un échecAlistair Darling, ancien ministre des finances au Royaume-Uni, a admis,mercredi 1er septembre, que la taxe sur les bonus versés aux traders desbanques avait « échoué » à changer les comportements des banquiers,rapporte jeudi 2 septembre le Financial Times, l’imagination des finan-ciers ayant déjoué cette contrainte. M. Darling avait instauré, en 2009,une taxe de 50 % pour les bonus de plus de 25 000 livres (30000 euros).

Conjoncture L’industrie américaine poursuit sa repriseSelon l’indice ISM, l’activité industrielle américaine a augmenté, enaoût, à 56,3 points, contre 55,5 en juillet. Un recul était attendu. – (AFP.)

Lesconflits liésàdes revendicationssalarialessesontconsidérablementmultipliésau débutdupremiersemestre

Economie

La firme à la pomme tente de relancer les ventes d’iPod

Larigueur salariale se poursuivraen 2011, prévient le cabinetHewittDans sa dernière étude, le cabinet de conseil estime que les rémunérations des salariés du privéne progresseront pas de plus de 2,7% (contre 2,6% en 2010) en raison d’une «crise persistante»

14 0123Vendredi 3 septembre 2010

Page 15: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteurDernier cours connu le 2/9 à 9hValeur Cours date

en euro valeur

Fonds communs de placementsECUREUIL BENEFICESRESPONSABLES 35,70 31/8ECUREUIL ACTIONS EUROPEENNES C 15,11 31/8ECUREUIL CAPIPREMIERE C 2908,37 31/8ECUREUIL OBLI CAPI C 62,48 31/8ECUREUIL PROFIL 90 D 31,40 31/8ECUREUIL PROFIL 75 D 36,06 31/8ECUREUIL EURIBOR 1259,26 31/8ECUREUIL EXPANSION C 18460,38 1/9ECUREUIL INVESTISSEMENT D 40,50 31/8ECUREUIL MONEPREMIERE C 2385,29 31/8ECUREUIL SECURIPREMIERE C 2601,21 31/8ECUREUIL TRESORERIE C 66,92 31/8ECUREUIL OBLI EURO D 271,51 31/8ECUREUIL MONEPREM.INSTC 117416,68 31/8

Multi-promoteursCM-CIC EUROPE 22,39 31/8Fonds communs de placementsCM-CIC EURO ACTS C 18,40 31/8CM-CIC SELECT.PEA 7,05 31/8CM-CIC MID EUROPE 18,67 30/8CM-CIC TEMPERE C 168,66 30/8CM-CIC DYN.EUROPE 31,39 30/8CM-CIC FRANCE C 29,68 31/8CM-CIC EQUILIBRE C 69,22 30/8CM-CIC DYN.INTERN. 25,66 30/8CM-CIC OBLI C.T.D 136,83 1/9CM-CIC MID FRANCE 28,45 31/8

Fonds communs de placementsCM-CIC DYN.INTERN. 25,66 30/8CM-CIC OBLI C.T.D 136,83 1/9CM-CIC OBLIGATIOND 26,70 1/9CM-CIC MID FRANCE 28,45 31/8CM-CIC PLANBOURSEC 17,72 30/8CM-CIC TEMPERE C 168,66 30/8CM-CIC EURO ACTS C 18,40 31/8CM-CIC FRANCE C 29,68 31/8

.......................................................................................

SICAV ET FCP

PER - Price EarningRatio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercicecourant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

FRANCE CAC 40 3602,38 2/9 -0,59 4088,18 11/1 3287,57 25/5 11,10

ALLEMAGNE DAX Index 6059,81 2/9 -0,40 6386,97 6/8 5433,02 5/2 11,20

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5366,41 1/9 0,00 5833,73 16/4 4790,04 1/7 11,30

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 10269,47 1/9 2,54 11258,01 26/4 9614,32 2/7 11,70

Nasdaq composite 2176,84 1/9 2,97 2535,28 26/4 2061,14 1/7 16,10

JAPON Nikkei 225 9062,84 2/9 1,52 11408,17 5/4 8796,45 1/9 15,40

LES BOURSES DANS LE MONDE 2/9, 9h55

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2010 2010

(Publicité)

VALEURS DU CAC40

Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2010. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

ACCOR ......................... ◗ 25,11 25,16 -0,22 -4,04 30,74 22,25 1,05 T FR0000120404AIR LIQUIDE ....................... ◗ 85,07 85,18 -0,13 9,46 89,38 70,59 2,25 T FR0000120073ALCATEL-LUCENT ........... ◗ 2,12 2,11 0,38 -11,04 2,69 1,83 0,16 T FR0000130007ALSTOM ............................ ◗ 38,60 39,05 -1,15 -21,32 55,14 35,42 1,24 T FR0010220475ARCELORMITTAL ................ 24,00 23,91 0,33 -25,44 35,45 21,33 0,16 A LU0323134006AXA .................................... ◗ 12,87 12,96 -0,77 -22,22 17,60 11,51 0,55 T FR0000120628BNP PARIBAS ACT.A ........ ◗ 51,52 52,30 -1,49 -7,84 60,38 40,81 1,50 T FR0000131104BOUYGUES ....................... ◗ 32,03 32,27 -0,71 -12,05 40,56 30,40 1,60 T FR0000120503CAP GEMINI ...................... ◗ 34,80 34,56 0,68 8,85 40,30 30,20 0,80 T FR0000125338CARREFOUR ..................... ◗ 37,58 37,80 -0,61 11,96 39,22 31,81 1,08 T FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............ ◗ 10,31 10,40 -0,82 -16,55 13,78 7,87 0,45 T FR0000045072DANONE ............................ ◗ 43,16 43,57 -0,94 0,77 46,88 39,34 1,20 T FR0000120644DEXIA ................................... 3,36 3,40 -1,18 -21,04 4,87 2,72 0,15 D BE0003796134EADS ................................... ◗ 17,98 17,86 0,67 27,65 18,95 13,29 0,17 T NL0000235190EDF ...................................... ◗ 31,98 31,93 0,16 -23,04 42,84 30,14 0,60 S FR0010242511ESSILOR INTL .................... ◗ 48,21 48,43 -0,45 15,47 50,45 40,84 0,70 T FR0000121667FRANCE TELECOM ............ ◗ 16,07 16,19 -0,71 -7,77 17,92 14,01 0,60 A FR0000133308GDF SUEZ ........................... ◗ 25,25 25,43 -0,71 -16,61 30,77 22,64 0,67 S FR0010208488LAFARGE ........................... ◗ 38,05 38,35 -0,77 -34,17 63,00 35,57 2,00 T FR0000120537LAGARDERE ....................... ◗ 28,66 29,09 -1,46 0,88 32,95 24,08 1,30 T FR0000130213L’OREAL ............................ ◗ 80,40 80,68 -0,35 3,08 85,00 70,90 1,50 T FR0000120321LVMH MOET HEN. ............ ◗ 95,56 95,80 -0,25 21,92 97,72 74,19 1,30 S FR0000121014MICHELIN ........................... ◗ 61,17 60,87 0,49 14,17 65,35 49,81 1,00 T FR0000121261PERNOD RICARD ............... ◗ 62,07 62,74 -1,07 3,61 68,64 54,89 0,61 T FR0000120693PEUGEOT ............................ ◗ 21,47 21,55 -0,37 -9,28 27,49 17,92 1,50 T FR0000121501PPR ..................................... ◗ 106,60 106,75 -0,14 26,54 110,90 81,00 3,30 T FR0000121485RENAULT ............................ ◗ 33,90 33,80 0,30 -6,35 40,39 26,56 3,80 T FR0000131906SAINT-GOBAIN .................. ◗ 30,01 30,32 -1,01 -21,17 40,28 27,81 1,00 T FR0000125007SANOFI-AVENTIS ............. ◗ 46,27 46,62 -0,75 -15,96 58,90 44,01 2,40 T FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC ..... ◗ 86,30 87,44 -1,30 5,53 93,60 72,00 2,05 T FR0000121972SOCIETE GENERALE ......... ◗ 42,20 42,47 -0,61 -13,78 53,12 29,70 0,25 T FR0000130809STMICROELECTR. ............. ◗ 5,53 5,52 0,11 -13,99 8,08 5,16 0,06 A NL0000226223SUEZ ENV. .......................... ◗ 12,88 12,91 -0,27 -20,12 17,86 12,46 0,65 S FR0010613471TECHNIP ............................. ◗ 53,50 53,18 0,60 8,30 64,85 45,14 1,35 T FR0000131708TOTAL ................................. ◗ 37,79 38,15 -0,93 -16,03 46,73 35,66 1,14 S FR0000120271UNIBAIL-RODAMCO ........ ◗ 151,90 153,00 -0,72 -1,17 161,45 119,85 8,00 D FR0000124711VALLOUREC ....................... ◗ 69,80 70,34 -0,77 9,88 81,61 60,35 3,50 T FR0000120354VEOLIA ENVIRON. ............. ◗ 18,72 18,82 -0,56 -19,05 26,49 17,96 1,21 T FR0000124141VINCI ................................... ◗ 35,90 36,27 -1,02 -9,04 44,98 33,01 1,10 S FR0000125486VIVENDI .............................. ◗ 19,21 19,33 -0,59 -7,60 21,47 16,18 1,40 T FR0000127771

Jeudi 2 septembre 9h45Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

Pharmacie Le fabricantdu Botox accepte de payerpour solder des poursuitesAllergan, le fabricant américaindu célèbre Botox, a annoncé, mer-credi 1er septembre, qu’il allaitpayer 600 millions de dollars(468 millions d’euros) pour solderdes poursuites aux Etats-Unis, oùla justice l’accusait d’avoir promudes usages de son antirides autresque ceux pour lequel il est autori-sé (utilisation pour traiter desmaux de tête, des spasmes…).

Distribution Le japonaisAeon convoite des hypersCarrefour en AsieLe distributeur japonais Aeon adéposé une offre pour racheter les61hypermarchés du français Car-refour en Thaïlande, Malaisie etSingapour, mis en vente, affirmele quotidien japonais Nikkei dujeudi 2 septembre. Selon le WallStreet Journal, le britanniqueTesco, Casino et le chinois JardineMatheson avec sa filiale DairyFarm International seraient aussicandidats. – (AFP.)

Transport La DeutscheBahn veut faire circulerun train sous la MancheLa compagnie ferroviaire alleman-de Deutsche Bahn a annoncé, mer-credi 1er septembre, vouloir faire cir-culer mi-octobre, à titre expéri-mental, l’un de ses trains à grandevitesse dans le tunnel sous la Man-che. La Commission intergouver-nementale (CIG) franco-britanni-que, garante de la sécurité dansl’ouvrage, va étudier cette deman-

de destinée à tester les conditionsd’évacuation d’un train de200mètres. La Deutsche Bahnveut une ligne Francfort-Londrespour les JO de 2012. – (AFP.)

Internet Le site de parishippiques Zeturf lève9millions d’eurosZeturf, le challenger du PMU, surle marché des paris hippiques aannoncé, jeudi 2 septembre, lalevée de 9 millions d’euros auprès

d’IDInvest Partners (ex-AGF Priva-te Equity). Cette société, implan-tée à Malte a enregistré 150mil-lions d’euros d’enjeux en 2009,

Horlogerie Swatch porteplainte contre UBSL’horloger suisse Swatch a portéplainte contre la banque UBS pourdes pertes de plus de 23 millionsd’euros subies pendant la crise.« Comme UBS n’a entrepris aucuneffort pour régler ce contentieux,nous avons déposé plainte», décla-re le patron de Swatch, NickHayek, dans le quotidien TagesAnzeiger du jeudi 2 septembre.

Aéronautique Latécoèrese dit ouvert dans larecherche d’un partenaireL’équipementier aéronautiqueLatécoère ne privilégie aucun scé-nario pour participer à la consoli-dation du secteur mais préfère larecherche d’un partenaire en Euro-pe, a déclaré, mercredi 1er septem-bre, son nouveau président duconseil de surveillance PierreGadonneix, ex-PDG d’EDF. – (AFP.)

Economie

Marchés

Transport maritime

Résultaten haussepour CMA-CGMenquête derecapitalisationLe groupe français, numéro trois mondial du transport maritime parconteneurs, a annoncé le 1er septembre une hausse de 41 % de son chiffred’affaires (5,23 milliards d’euros) au premier semestre et un bénéficenet de 675 millions d’euros, contre une perte de 404 millions d’euros unan auparavant. La recapitalisation du groupe – dont la dette est prochede 5 milliards d’euros – est toujours à l’ordre du jour. Après la rupturedes négociations avec les fonds Qatari Holdings et Colony Capital puisavec le financier belge Albert Frère, des discussions sont en cours avec legroupe libanais Mikati et un groupe turc. En cas d’accord, le Fonds stra-tégique d’investissement entrerait dans le capital de CMA-CGM, dont lafamille Saadé entend conserver le contrôle. p Jean-Michel Normand

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Lavie desentreprises

G enzyme est à vendre, Sanofi-Aventis est le bon acheteur,et la seule question à régler

– mais pas la plus facile – est le prixde la transaction. Dans un entre-tien à Reuters, Henri Termeer, lepatron du groupe américain de bio-technologies, vient d’ouvrir sérieu-sement la porte à un accord éven-tuel avec le laboratoire pharmaceu-tique français. M.Termeer est dansson rôle quand il demande à ChrisViehbacher, le directeur général deSanofi-Aventis, de relever sonoffre initiale de 69dollars paraction – qui valoriserait Genzymeà 18milliards de dollars (14mil-liards d’euros).

Le patron de Genzyme vou-drait qu’un prix plancher plus éle-vé soit fixé avant d’autoriser Sano-fi-Aventis à analyser ses comptes– et ses problèmes industriels lan-cinants. Mais cette intransigeancea une limite : M. Termeer doit aus-si prendre en compte le risqueque le groupe français renonce àl’opération après avoir vu les cho-ses de plus près. La partie depoker continue. Et la question estde savoir qui va le premier céderau bluff de l’autre.

Selon plusieurs sources citéespar Reuters, Genzyme auraitdemandé à Sanofi de s’engagersur un prix plancher de 75dollarspar action avant de lui ouvrir sescomptes. Il ne fait pas de douteque Sanofi-Aventis augmenterason offre initiale, mais certaine-ment pas à ce point. Il veutd’abord évaluer les coûts futursdes investissements nécessairespour réparer les problèmes indus-triels de l’usine d’Allston, dans leMassachusetts, et leur impact surle chiffre d’affaires du groupe.

Mais M. Termeer sait aussi queSanofi-Aventis a besoin de Genzy-

me pour compenser ses brevetsperdus et son chiffre d’affaires enberne. Les rumeurs sur une pré-tendue réticence des deux princi-paux actionnaires du français –Total et L’Oréal – face à un prixplus élevé semblent plutôt rele-ver de la tactique de négociation.Le patron de Sanofi-Aventis s’esttoujours montré prudent dansses acquisitions et économe del’argent de ses actionnaires. Maisdans ce cas, M. Viehbacher sembledéterminé à l’emporter.

Sanofi-Aventis va relever sonoffre, ne serait-ce que parce que lesactionnaires de Genzyme, esti-mant que 69 dollars l’action estune bonne affaire, ont déjà pu ven-

dre leur participation – le coursoscille ces jours-ci autour de 70dol-lars. Mais M.Termeer ne pourrarésister jusqu’au bout. Il doit aussiprendre en compte l’hypothèseque le laboratoire français renoncefinalement à l’opération – et le ris-que sérieux que le titre Genzymeretombe à 55dollars, son prixavant que l’intérêt de Sanofi-Aven-tis devienne manifeste.

L’issue la plus vraisemblable dela partie en cours semble être unelégère augmentation du prixconditionnel de départ, avec laperspective d’un coup de pouceultime si un accord est conclu.p

Pierre Briançon

n Sur Breakingviews.comPlus de commentaires sur l’actualitééconomique et financière.

Laquestionestdesavoir quivalepremiercéderaubluff de l’autre

Le point de vue des chroniqueurs de l’agence économique

ReutersBreakingviews

EntreGenzyme et Sanofi-Aventis,une intensepartie depoker

L ’assurance-vie, placement« chouchou » des Français,sera mise à contribution

pour rembourser la dette de laSécurité sociale. Le ministère del’économie a dévoilé, lundi30 août, un train de mesures tou-chant le secteur de l’assurance quidevrait procurer 3,2milliards d’eu-ros à l’Etat en 2011.

Parmices mesures,celle quitou-chera le plus grand nombre deFrançaisconcerne les contrats d’as-surance-viemultisupport, des pro-duits d’épargne longue composésà la fois de fonds en euros (dont lecapital est garanti) et de fonds enunités de comptes, qui contien-nent des actifs risqués car cotés enBourse (actions, obligations, actifsimmobiliers…). Ces contrats repré-sentent 59 % de l’encours de l’assu-rance-vie en France, qui atteignait1 308 milliards d’euros à finjuillet 2010, selon la Fédérationfrançaise des sociétés d’assuran-ces (FFSA). Environ 17 % des 14 mil-lions de contrats d’assurance-vieen France seraient des contratsmultisupport.

Apartirde2011, lesintérêtsgéné-rés par la partie en euros seronttaxés « au fil de l’eau », c’est-à-direqu’ils seront soumis chaque annéeaux prélèvements sociaux de12,1%. Loin d’être négligeable, cettepartieen euros représentait 71% del’encours des contrats multisup-port fin 2009. Jusqu’à présent, ilsn’étaient imposés qu’au momentoù le souscripteur met fin aucontrat. De fait, les épargnants nepaieront pas plus d’impôts, maisils les paieront plus tôt.

Erosion inéluctableLa mesure ne constitue donc

pas à proprement parler une haus-se d’impôts, mais elle devrait pro-curerà l’Etat uneavancedetrésore-rie de 1,6 milliard d’euros en 2011.Pour les épargnants, la mesuresera quasiment indolore. « Certes,les sommes prélevées ne produi-ront plus d’intérêts, précise DanielCollignon, PDG de Axéria Vie, filia-le du groupe April, mais l’impactsera négligeable, de l’ordre de 0,1%des profits générés par le fonds eneuros au bout de huit ans. »

Autre mesure annoncée par legouvernement, les assureurs vontdevoir payer une taxe exception-nelle de 10 % sur les plus-valuesqu’ils mettent en réserve afind’amortir les fluctuations des tauxd’intérêt.

Cette mesure, qui devrait rap-porter 1,4 milliard d’euros, neconcernera pas directement lesdétenteurs d’assurance-vie, maiselle risque de peser indirectementsur le rendement de leurs contrats.«Elle va renchérir le coût des fondspropres des assureurs, d’autantque l’adoption de nouvelles nor-mes comptables à partir de 2013 vaégalement peser sur leur rentabili-té, commente Gilles Ulrich, direc-teur général du groupe Le Conser-vateur. Dans ce contexte, il est peuprobable que les assureurs déli-vrent des taux attractifs sur lescontrats d’assurance-vie dans lesprochaines années.

Alors que les taux desemprunts d’Etat à 10 ans sont tom-bés à 2 % en Allemagne et à 2,5% enFrance, la tendance à la baisse desrendements de l’assurance-vie

paraît inéluctable. La rentabilitédes contrats en euros, qui attei-gnait 4,2 % en moyenne en 2005, achuté à 3,7 % en 2009 et se rappro-chera de 3 % en 2010.

Malgré cette érosion sensible,l’assurance-vie devrait pourtantdemeurer le placement préférédes Français. « Les mesures annon-cées ne sont pas négligeables, maiselles ne vont pas remettre en ques-tionle statut privilégié de l’assuran-ce-vie en France, affirme ChristineValence-Sourdille, ingénieurpatri-monial chez BNP Paribas banqueprivée. Ce placement permettratoujours de capitaliser les revenusafin de se constituer une épargnede long terme. Il restera un instru-ment précieux pour transmettreson patrimoine en payant un mini-mum d’impôts. » Un avis partagépar Philippe Bruneau, directeur dela clientèle privée et des entrepri-ses à la banque Neuflize OBC :« Tant qu’il n’existera pas en Fran-ce de produit d’épargne alternatifpourpréparer sa retraite, l’assuran-ce-vie restera incontournable. » p

Jérôme Porier

Lesmesures fiscales surl’assurance-viepénaliseront très peu les épargnantsLes intérêts de certains contrats seront taxés chaque année et non plus à son terme

C apgemini mise sur le Brésil.Le groupe français de servi-ces informatiques a dévoilé,

jeudi 2 septembre, son entrée aucapital de la société CPM Braxis – àhauteur de 55% – pour 517 millionsde reais (233millions d’euros), avecune option pour acquérir le soldedans trois ou cinq ans à une valeurminimale de 265 millions de dol-lars (207 millions d’euros). Cetteentreprise,trèsprésentedanslesec-teurfinancier–sonpremier action-naire était la banque Bradesco –revendiqueletitredepremiergrou-pe brésilien de services informati-ques. Elle emploie 5 500 person-nes, et prévoit un chiffre d’affairesde 450millions d’euros en 2010.

« Cette acquisition marque unenouvelle étape dans notre stratégiede développement. Elle vise àconforter notre statut d’acteurmondial », explique Paul Herme-lin, directeur général de Capge-mini. Dès 2000, la société a prispied aux Etats-Unis avec l’acquisi-tion d’Ernst &Young, puis a négo-cié, en 2006, pour s’implanter enInde,avantdes’intéresser auxmar-chés émergents. « Aujourd’hui,nous réalisons 78 % de notre chiffred’affairesenEurope, 20%auxEtats-Unis et 2 % dans le reste du monde.Notre objectif est d’atteindre 10 %de notre chiffre d’affaires dans lespays émergents », poursuit-il. En2009, le chiffre d’affaires du grou-pe a atteint 8,37milliards d’euros.

Si Capgemini s’est implantéedans de nombreux pays émer-gents, il nes’agissaitpas deconqué-rir de nouveaux marchés, mais de

développer une capacité de pro-duction. Cette fameuse informati-que offshore dont l’objectif est deprofiter d’une main-d’œuvre qua-lifiée mais à coûts salariaux fai-bles. L’Inde est ainsi le pays le plusprisé par les sociétés informati-ques occidentales. Capgeminicompte aujourd’hui 35 000 sala-riés dans les pays émergents,dont27000 enInde.La sociétéesti-me que le nombre de ses employés« offshore » pourrait s’élever à40000 fin 2010.

Relais de croissanceL’incursion sur les terres brési-

liennes est d’une autre nature. « Lemarchélocaldesservicesinformati-quesest estiméà 10milliardsde dol-lars, en croissance de plus de 10 %par an. Il représente 50 % de l’en-semble du marché de l’Amériquelatine, et est deux fois plus impor-tant que le marché chinois », souli-gne M.Hermelin. Ici, l’enjeu est debénéficier de nouveaux relais decroissance, alors que le marchémondial des services informati-ques, touché par la crise, a régresséen 2009, et qu’il ne devrait bénéfi-cier que d’une légère croissance de2 % en 2010. L’objectif est aussid’accompagner les clients dansleur internationalisation.

M. Hermelin n’avait pas cachéson intention de procéder à desacquisitions. D’autant que Capge-mini disposait, en janvier 2010, de1,3 milliard d’euros de trésorerie.Prochain objectif : le marchéchinois.p

Laurence Girard

Brésil, Chine… Capgeminiveutconquérir le marchédespays émergentsLa société prend le contrôle de CPM Braxis,leader sur les services informatiques au Brésil

150123Vendredi 3 septembre 2010

Page 16: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

La maison natale de MauriceRavel est à deux pas. En contre-bas, les bateaux mouillent dansle port de Ciboure (Pyrénées-Atlantiques), écrasé de soleil encette fin août. Ce décor de rêve,

c’est une partie de son royaume. Et sonquotidien, lui qui habite juste derrière,dans une maison perchée sur les hau-teurs : « En cinq minutes, je peux quittermon domicile et rejoindre mon bateaupour partir en mer, m’aérer la tête. » Sonbateau qui, on l’apprendra un peu plustard,estancré faceàceluid’un certainJean-Michel Larqué.

Ancien capitaine des Verts de la grandeépoque, Larqué le Béarnais a commentépendant plus d’un quart de siècle les mat-ches de l’équipe de France de football à latélévision. Son héritier, récemmentadoubé par la direction de TF1, est doncbasque. Ilcommenteravendredi 3 septem-bre le match France-Biélorussie.

Parrapport àleur métier de commenta-teur sportif, les deux hommes du Sud-Ouest ont une vision commune : « On tra-ce droit ! », résume Bixente Lizarazu. Si lesBleus de son ami Laurent Blanc déçoivent,ils ne seront pas épargnés par l’ancienjoueur de 1,69mètre, qui n’aime ni se fairemarcher sur les pieds ni manier la languede bois : « Quand ça partira en saucisse(sic), je ne me tairai pas ! »

Sur ce point précis, on peut sans doutelui faire confiance. Champion du mondeen1998, champion d’Europe deuxans plustard et 97 sélections au compteur, Lizarazua modérément apprécié les pitreries sud-africaines des Bleus de Raymond Dome-nech, et l’a clairement fait savoir dans lespuissants médias (TF1, RTL, L’Equipe) quil’accueillent.Maiscefilsdemenuisier-char-pentier n’a pas attendu le fiasco du Mon-dial pour étriller l’ancien sélectionneur.

Au soir d’un France-Irlande pitoyable,en novembre 2009, les deux hommessont face à face sur RTL. Bixente Lizarazupose des questions, insiste sur la pauvretédu jeu proposé par les Bleus. A l’antenne,l’échange est vif, événement rare dansl’univers souvent aseptisé des émissionssportives. « Ce n’était pas calculé. J’ai réaginaturellement face à quelqu’un qui refu-sait de s’expliquer sur la prestation mina-ble des Bleus. Il se foutait de ma gueule, etdonc de celle des auditeurs. »

Lizarazu s’est toujours fait respecter,sur les terrains comme en dehors. Lorsd’un entraînement à Munich, il avait colléune claque à Lothar Matthäus, son coéqui-pier du Bayern, sorte de Dieu vivant dufootball allemand, qui lui avait manquéde respect. « La presse en avait beaucoupparlé à l’époque, mais personne n’a le droitde m’insulter, et j’ai réagi comme au rug-by : on se file une bonne peignée et après,l’abcès est crevé ! » Si Matthäus est la pluscélèbre victime du Basque, d’autres ont eudroit à ses colères. Parmi ceux qui ont ététrop loin, le joueur Niko Kovac au Bayern,les entraîneurs Luis Fernandez à Bilbao ouPhilippe Troussier à Marseille.Récemment, Nicolas Anelka,sévèrement critiqué pour sondilettantisme sous le maillotbleu, avait rétorqué avec sontact habituel : « Liza,c’estqui?» L’intéres-sé n’a pas l’inten-tion de poursui-vre la polémiqueavec « un typequi se fout ouver-tement de l’équi-pe de France ».

Le clash Anelka-Lizarazu symbolise lemalaise existant entre internationaux enactivité et anciens de 1998. « Dans le milieutrès conservateur du foot français, certainssemblent avoir peur de cette “Génération98”. Nous ne sommes pourtant ni mes-quins ni manipulateurs ! Mais il est vraique la vie est une histoire de pouvoirs. »Favorable aux sanctions prises récem-ment à l’égard de certains internationaux,il prend en exemple le Bayern Munich,club dont il porta le maillot pendant plusde huit ans : « On me reproche souvent defaire référence à l’Allemagne. Mais là-bas,les rapports sont beaucoup plus simples etdirects. Regardez ce que fait actuellementle club bavarois pour Ribéry en le proté-geant et en lui faisant confiance, c’est énor-me ! Si en échange Franck ne se donne pas àfond, ce sera vraiment un petit merdeux.»Choc générationnel ? « Aujourd’hui, sansqu’ils aient rien prouvé, l’argent tombe surles jeunes footballeurs. Mon premiercontrat signé avec le Bayern n’avait vrai-ment rien à voir avec le deuxième ! J’aiconnu le foot avant l’argent fou. »

Pour fixer rendez-vous sur ses terres deCiboure, Bixente Lizarazu a choisi le caféO’Garra, simple, sans chichis. Ni l’argent

ni la notoriété n’ont réussi à transformerl’ancien défenseur, surfeur émérite, enpersonnage hautain ou bling-bling.« Vivre ici, discrètement, et pas à Paris, estévidemmentun choixdevie. Et celame pré-serve sans doute de certains dangers. J’aitoujours voulu garder ma liberté. Accepterles demandes de la presse people, c’est laperdre ! » De fait, Lizarazu est depuis plusde dix ans une cible de choix des paparaz-zi. Bien plus qu’un footballeur vedette, leBasque est une icône à l’image positive etnature. Il plaît aux femmes, aux hommes,aux gosses… et donc aux annonceurs.

Sportif accompli, militant pour denobles causes écologiques et désormaisacteur de poids du journalisme sportif.Lorsqu’on a son rond de serviette sur lesantennes de la première chaîne privéed’Europe, sur les ondes de la premièreradio française et dans les colonnes d’ungrand quotidien sportif, le pouvoirdevient soudain une notion un peu moinsrelative. « Il y a quatre ans, je n’étais riendans les médias. J’ai appris une partie de cemétier à Canal+, où je suis resté trois ans.J’ai progressé parce que je bosse dur ! Et j’aieu envie de maîtriser différentes techni-

ques journalistiques. Ecrire une analysepour un public averti en presse écrite, pré-senter et animer de A à Z ma propre émis-sion de radio en jonglant avec les lance-ments, le conducteur et les invités. Ets’adresser au grand public à travers la télé.Tout cela demande un investissementtotal. De toute manière, je n’ai jamais pupratiqueruneactivité endilettante, j’ai tou-jours besoin de tout maîtriser.»

Lizarazu, bon journaliste? « Sur Canal, ilne s’est pas contenté du minimum, àsavoir commenter avec compétence lesmatches. Au fil du temps, il s’est amélioré, aénormément bossé, est devenu un très bonéditorialiste, à la fois engagé et crédible.Liza va faire beaucoup de bien à TF1, unechaîne sur laquelle il sera peut-être plusvalorisé que chez nous », estime HervéMathoux, présentateur vedette du servicedes sports de Canal+.

« Sur TF1 comme à Canal, ma liberté deton est totale », assure l’intéressé, avantd’ajouter : « La seule différence, c’est que jetouche plus de monde. Après un match dif-fusé sur TF1, beaucoup de gens m’abordentdans la rue. Cela m’a fait prendre conscien-ce de la puissance médiatique de cetteentreprise. » A TF1, François Pellissier, lenouveau patron des sports, est évidem-ment ravi : « Liza incarne des valeurs fortesqui vont bien au-delà du sport. Ses analysessontpertinentes et sa franchise est toujourscrédibilisée par de solides arguments. »

Longtemps directeur de la rédaction deRTL avant de rejoindre BFM TV, HervéBéroud a vu débuter le Basque en radio :« Il a commencé sur notre antenne en 2008pour commenter les matches de l’équipede France à l’Euro. Rapidement, nous nous

sommes mis d’accord pour lui offrir uneheure d’antenne hebdomadaire, et jamaisnous n’avons eu l’impression de courir ungros risque. Liza apprend vite, est curieux,méticuleux. Il n’était pas du tout contentde sa première émission, il a bossé commeun fou et c’est devenu un vrai homme deradio. Il est crédible aux yeux des passion-nésde foot,mais sonimage attire uneclien-tèle beaucoup plus large. Et pour une radio

généraliste et populaire, c’est un avantageénorme.»

Il y a dix ans, en pleine gloire footballis-tique, Lizarazu posait avec la chanteuseElsa, sa compagne de l’époque, pour ParisMatch. Les sollicitations n’ont, depuis, pascessé. Car le Basque a beau avoir raccrochéles crampons, il reste l’un des Français lesplus médiatisé. Cet été, Voici a fait untabac en publiant à la une les fesses mus-clées de ce surfeur, plongeur, pratiquantacharné de jiu-jitsu et désormais cyclisteconvaincu. Quelques mois auparavant,les lectrices d’un magazine de program-mes télé l’avaient élu « Homme le plussexy de l’année ».

A vec sa compagne, l’actrice ClaireKeim,il tente deseprotéger.«L’arri-vée massive d’Internet a tendance à

foutre la merde, que ce soit dans le journa-lisme ou en ce qui concerne le respect de lavie privée. Et avec un smartphone, tout lemonde devient paparazzo. Je me suis faitpiéger plusieurs fois. » Comme beaucoupde ses anciens coéquipiers champions dumonde, il a profité d’un système qui per-met à des joueurs de foot devenus sou-dain demi-dieux d’engranger de lucratifscontrats publicitaires. « J’ai du mal à assu-mer certaines pubs que j’ai acceptées il y alongtemps ! Heureusement, j’ai appris àdevenir très sélectif », avoue-t-il en riant.

Proche de Franck Riboud, le patron deDanone, il privilégie désormais des parte-nariats longue durée, notamment avec lamarque Quiksilver, et la Française desjeux, un choix plus contestable puisquepouvant être assimilé à un mélange desgenres avec le développement des parissportifs. « Liza, c’est un des plus intelligentsde la bande ! Dans ce monde de faux-culsdu foot français que je connais bien, il dit cequ’il pense. Je le compare à Yannick Noah,un type dont l’image ne cesse de s’amélio-rer avec le temps », souligne le publicitaireFrank Tapiro.

Son avenir se fera-t-il dans les médias ?«Ce métierde journaliste me va bien. Il n’yapas de filtre, c’est direct. Lorsque je dis quel-quechose, onl’entend! »Quant aux regrets,ils existent: ne pas avoir tenté l’expérienceanglaise avec Manchester United, ne pasêtre à l’affiche d’un film tourné par songrand ami Guillaume Canet. « Et j’auraisaussi adoré être un grand guitariste ! Monpère et mon frère chantent dans des chora-les. En fait, je suis très musique. » p

Lizarazu

Styledirect

Nil’argentni lanotoriétén’ontréussià transformerl’anciendéfenseurenpersonnage hautain

DécryptagesEnquête

Basque d’origine,Bixente Lizarazu préfère vivreà Ciboure plutôt qu’à Paris.JEAN-DANIEL CHOPIN POUR « LE MONDE »

Alain Constant

Le championdu monde 1998commente sur TF1les matchesde l’équipe deFrance de football,parachevantsa reconversiondans le journalisme.L’ancien joueurbénéficie d’uneimage de beau gosseécolo qui dépassela sphère sportive

16 0123Vendredi 3 septembre 2010

Page 17: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

Pour se préparer à 2012, il n’estpas inutile de se rappeler noséchecs en 2002 et 2007 enmatière de lutte contre l’insé-curitépublique, et lesmanipu-lations grossières de la droite

qui ont fonctionné. S’il est pourtant undevoir de la République qui mérite uninvestissementdans la durée,et unemobi-lisation de la société tout entière, c’est ledroit de chacun à vivre en sécurité.

Les habitants de notre pays sont épui-sés de voir ce débat sombrer dans lescalculs électoraux.Dans leurgrande sages-se, ils renvoient dos à dos tout à la foisceux qui n’ont pas su prendre la justemesure de leur exaspération, et ceux quiexploitent politiquement l’expositiondes populations les plus modestes à lamontée de la violence sans être capable dela faire reculer.

Tout a été dit sur l’augmentation de ladélinquance, notamment la violence etles agressions sur les personnes, coups etblessures, qui a explosé sous les annéesSarkozy. On pourrait ajouter la croissancecontinue des procédures pour outrage,rébellion ou violence à agents de la forcepublique, témoignant d’une préoccupan-te dégradation de l’image de la police et dela gendarmerie dans la population.

Concentrons-nous maintenant sur lessolutions qui permettront de retrouverun minimum d’efficacité dans la conduitede la politique de lutte contre l’insécurité.C’est le sens de la proposition que j’ai for-mulée d’un « pacte de tranquillité publi-que ». Il part du constat objectif et lucidedes échecs en série sur la sécurité : ceuxqui cherchent des excuses aux auteurs de

troubles impardonnables, comme ceuxqui se livrent à la surenchère ultra-sécuri-taire; ceuxqui désarmentles forcesde l’or-dre, comme ceux qui en rajoutent dans lesarsenaux répressifs. Or, notre responsabi-lité est de donner des résultats à la popula-tion, pas d’entretenir des querelles et desluttes politiques stériles et sans issue.

Le « pacte de tranquillité publique »repose sur une nouvelle méthode et denouvelles propositions. Sur la méthode :élus de gauche et élus de droite, élus natio-naux et élus locaux, magistrats, policierset gendarmes, enseignants et éducateurs,doivent rechercher ensemble des solu-tions concrètes. Il est devenu indispensa-ble de mobiliser toute la société pour fairereculer la violence et la délinquance. Cer-tes, toutes les solutions ne seront pasconsensuelles mais ce qui peut l’être doitêtre identifié comme tel, faire l’objet d’unaccord au profit de la population.

Sur le contenu: partons de l’existant etfaisons-en un audit objectif. Evaluons lesinnombrables modifications législatives,réorganisations et nouveaux dispositifsqui s’enchaînent depuis 2002. Faisons lebilan des peines planchers, des disposi-tions sur les mineurs multirécidivistes, etbientôt de la déchéance de nationalité. On

verra bien ce qui aggrave et ce qui amélio-re, ce qui sert à quelque chose et ce qui nesert à rien. Regardons les expériencesétrangères. Observons l’efficacité réelle dela vidéosurveillance à laquelle même leRoyaume-Uni est en train de renoncer. Onverra bien dans quelle mesure des camé-ras peuvent remplacer des hommes. Pre-nons le temps d’apprécier collectivementet contradictoirement l’impact de ces évo-lutions. Il est probable que nous puissionsnous accorder sur une autre répartitiondes forces de police et de gendarmerie.

La baissecontinue des effectifs est deve-nue une plaie : moins 10 000 policiers entrois ans sur le terrain et dans les commis-sariats, ce sont des milliers d’infractionsqui auraient pu être évitées. Mais il fautinsister sur la nécessité de réduire les iné-galités territoriales les plus manifestes.Pourquoi Paris a-t-elle 1 policier pour172 habitants, quand Aubervilliers en a 1pour 418 ? Le débat doit être ouvert demanière transparente et contradictoire.

La gaucheinterrogera ladroite surl’effi-cacité de ces unités spécialisées, qui sesont multipliées depuis 2002 au gré desévénementsmédiatiques (police anti-hoo-ligans, unités spécialisées contre les ban-des, police ferroviaire, etc.) au détrimentdes effectifs généralistes de la sécuritépublique. Elle interrogera également surla nécessité de maintenir autant de CRS etde gendarmes mobiles quand la sécuritéquotidienne des Français exigerait unredéploiement vers la police de terrain.

Mais je ne doute pas qu’un accord debonne volonté puisse se dessiner pourremettre les policiers sur le terrain, en lesfaisant vivre parmi la population, dans la

population, pour la protéger par une pré-sence permanente, à la fois dissuasive etconfiante. C’est un travail de reconquêtepatiente qui prendra du temps et nécessi-te un accord dans la durée et un compro-mis politique durable.

Lasécuritédoit devenir l’affaire de tous.Chacun ason rôleà jouer dans le reculde laviolence. Parents, professeurs, éduca-teurs, psychologues, travailleurs sociauxsont autant de veilleurs qui voient ce quise passe et doivent pouvoir alerter. Ils doi-ventnouspermettre deretrouverun mini-mum de consensus et de sérénité sur leproblème de la délinquance des mineurs.Les adolescents doivent apprendre le res-

pect de l’autorité, mais ils ne sont pas desadultes et aucune situation n’est identi-que à une autre. Il doit y avoir sanction,mais elle doit retrouver progressivité etpédagogie, ce qui suppose de remobilisertoute la société des adultes et remotiverchacun autour de la recherche collectivede solutions concrètes.

Au-delà de ces premières orientations,qui peuvent susciter l’adhésion de tous lesrépublicains, je fais également la proposi-tionquenous progressions dans unedirec-tion plus radicale encore, qui me paraît àce jour seule susceptible de répondre auxattentes de la population. Nous devonsredonner du pouvoir aux habitants, qui

doivent être associés à la lutte contre ladélinquance. Non pas une rapide enquêtede satisfaction, ou une réunion de veilled’élection, mais un dispositif qui s’inscri-ra dans le temps et la confiance.

Prenons les expériences de type com-munity policing, telle que celle qui estmenée depuis de nombreuses années àChicago. Lapopulation participeà l’identi-ficationdes problèmes. Des réunionsrégu-lières ont lieu avec la police, qui prend encompte et rend compte. La sécuritédevient réellement l’affaire de tous. C’estla direction dans laquelle je souhaite voirévoluerles relations entre lesforcesde l’or-dre et la population. Associer davantageles habitants à la définition concrète etquotidienne de la politique de tranquillitépublique, c’est nécessairement ouvrir ledébat sur les compétences locales.

Nous avons besoin de forces de sécuritépublique plus proches de la population etdes territoires, mais nous ne voulons pasd’une municipalisation, qui provoqueraittrop d’inégalités entre communes. Maisles préfets s’intéressent-ils vraiment auxbesoins de la population? Au niveau locald’autres solutions sont possibles dans lamise en mouvement des forces de l’ordre.Examinons-les.

Forte de l’aspiration au changementqui traverse le pays, la gauche veut desidées neuves pour la France. La sécuritéfait partie de ces transformations, dans lerespect de nos valeurs respectueuses desêtres humains et de leurs libertés. Maisveillons à restaurer les conditions d’uneréussite dans la durée. Tel est le sens de ce« pacte de tranquillité publique » que jepropose. p

Il y a longtemps, l’éducation natio-nale et le ministère des sports orga-nisaient chaque année un crossouvert à tous les établissementsscolaires : le Challenge du nombre.L’école capable d’aligner le plus

grand nombre de participants emportaitla coupe et les élèves des médailles enplastique.

Pourquoi rappeler cela ? Parce quenous allons manifester le 4 et le 7 septem-bre. La première fois contre la politiquexénophobe et raciste du gouvernement,la seconde contre l’iniquité profonde de laréforme des régimes de retraite. Il y auradu monde. Pour autant, il ne faudrait pasque le nombre apparaisse, une fois enco-re, comme l’unique critère de réussite deces deux manifestations. Un critère com-mode qui permet, la plupart du temps, defaire passer à la trappe les revendicationsdes manifestants. On se dispute toujourssur le nombre : les uns disent mille, lesautres un million. En revanche, en écou-tant les commentateurs, en voyant lesimages filmées par les télévisions, person-nene sauraitrépondreàune questionsim-ple : pourquoi ces mille ou ce million sont-ils descendus dans la rue ?

Aucune objectivitéAprès les grandes grèves de 1995, Ber-

nard Thibault [leader de la Fédération descheminots CGT à l’époque] nous avait réu-nis (des cinéastes, des écrivains, des philo-sophes) pour regarder ensemble un mon-tage de tous les journaux télévisés de TF1pendant cette période.Que voyait-on de lagrève et des grévistes ? Des manifestantsqui tapaient sur des tambours, d’autresqui agitaient des fumigènes, des hommeset des femmes portant des banderoles oùfleurissaient les calembours, des chœursqui chantaient des refrains revendicatifs,un peuple rigolard et bon enfant. Où étaitla colère qui les animait ? Où s’expri-maient leurs arguments, leurs revendica-tions, leurs propositions ? Nulle part. Ilsne parlaient pas, ils criaient, et leurs crisétouffaient toutes les voix.

Le choix des images était évidemmentun choix politique, un choix idéologique.Il n’y avait là aucune objectivité. La télévi-sion montrait ce qu’elle voulait montrer.

Et ce qu’elle voulait montrer était claire-ment hostile au mouvement populaire.

En manifestant le 4 et le 7 septembre,quelles images allons-nous donner denotre colère, de notre dégoût devant lesagissements du gouvernement ? Allons-nous encore une fois faire de la marche àpied au son des scies remises au goût dujour ? Allons-nous scander de nouveauxcalembours ? Allons-nous rire et nouscongratuler d’être aussi nombreux ? Lenombre sera-t-il encore une fois la bonneblague que se renverront la police et lesorganisateurs?

Aux Jeux olympiques de Mexico, en1968,Tommie Smithet John Carlosmontè-rent sur le podiumet, baissant la tête, levè-rent le poing vers le ciel pour protestercontre la situation des Noirs américains.Ils n’étaient que deux, sans calembours,sans slogans, sans chansons, mais leurmessage résonne encore en nous.

Les manifestations de débutseptembredevront résonner semblablement dans lesmémoires de nos enfants. Elles sont claire-ment politiques et doivent être montréescomme telles. Le conflit qui nous opposeau gouvernement dépasse la discussionsur tel ou tel amendement au régime desretraites, sur les conditions constitution-nelles de déchéance de la nationalité, surl’expulsion des Roms et des sans-papiers.

C’est un rejet global et de la pensée etdes actes de ceux qui nous gouvernent.C’est cela que nous devons faire entendre,celaque nous devons montrer. Et pour quele message soit clair, renonçons aux bonsmots, aux ritournelles, aux sourires, àl’amabilité bonhomme entre Républiqueet Bastille. Que nous soyons cent ou desmillions, peu importe. Ces manifestationsne doivent avoir qu’un visage, qu’unevoix ; le visage et la voix de la colère.p

Une seule voix et unseulvisage: ceux de la colèreLedéfi des4 et 7septembre

Lasécuritédoitdevenirl’affairedetous.

Chacunasonrôleàjouerdanslereculdelaviolence»

Après plusieurs semainesd’agitation autour des Romsroumains et bulgares et l’ac-célération des démantèle-ments des camps et desretours « volontaires », le

ministère de l’intérieur publie une statisti-que censée justifier les actions menées enraison d’une augmentation exponentiellede la délinquance liée aux citoyens rou-mains en région parisienne.

Parmi les chiffres annoncés, 49 % desactes de délinquance auraient été commispar des mineurs roumains. Les donnéesprésentées sont discutables, car elles por-tent sur des mises en cause et non descondamnations (sans doute moins nom-breuses). Elles ont pour objectif de démon-trer l’inadaptation de ces populations.

Contrairement à ce qui est insinué, loinde s’agir d’un trait culturel qu’on voudraitfaire porter à l’ensemble des Roms rou-mains, l’augmentation des mineurs délin-quants s’explique par la présence depuis2009 d’un groupe particulier, bien identi-fié.DéjàconnuauRoyaume-UnietenEspa-gne dès 2003, spécialisé dans les arnaquesaux distributeurs automatiques de billets,ceréseau contraintdes mineurs àcommet-tre des vols pour son compte. Ces dernierssont fréquemment interpellés, ce quiconstitue l’essentiel de l’augmentation desmises en cause présentées par le ministèrede l’intérieur.

L’incapacité à arrêter les membres duréseau, l’absence de dispositif pour la pro-tection des mineurs victimes d’exploita-tion et le manque de moyens affectés à laprotection judiciaire de la jeunesse sont lesprincipales causes de cet échec. Des phéno-mènes d’exploitation de mineurs tou-chent d’ailleurs d’autres nationalités etsont en augmentation depuis deux ans, etil ne s’agit pas d’une caractéristique ethni-que propre aux Roms. La lutte contre cesphénomènes nécessite aussi de travaillerdavantage en partenariat : justice, police,protectiondel’enfance,associationsspécia-lisées, pays d’origine. De telles initiativesont donné des résultats. Espérons qu’ellespuissent continuer à être développées.

Cette statistique, qui pour la premièrefois cite explicitement les ressortissantsd’un pays, doit permettre de faire accepterunaccordbilatéralentrelaFranceetla Rou-manie que le Parlement ratifiera en octo-bre. Ce dernier, s’il était voté, permettrait

derenvoyerdesmineursisolés,sansvérita-bleenquêtesocialedanslepaysd’origineetsans passage devant le juge pour enfants.L’objectif affiché est la lutte contre la délin-quance plutôt que l’intérêt supérieur del’enfant qui devrait pourtant primer.

Quant à l’efficacité de cette mesure, ilfaut rappeler qu’en 2002, lorsque desmineurs roumains (n’appartenant pas à lacommunauté rom) avaient été utiliséspour piller les horodateurs, leur renvoidansle cadre des précédentsaccords signésavec la Roumanie à l’initiative du ministrede l’intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy,a eu des effets très limités. Une quarantai-ne de retours en trois ans, sans véritableintégration en Roumanie, et parfois desenfantsrécupéréspardesréseauxetexploi-tés dans d’autres pays d’Europe.

Des endroits insalubresPourtant, d’autres solutions existent.

Unegrande partie des enfantsutilisés pourramener de l’argent ont réussi à apprendreun métier en France. Une étude du Centrede recherche pour l’étude et l’observationdes conditions de vie (Credoc), portant sur100 jeunes Roumains de cette époque pas-sés par l’aide sociale à l’enfance de Paris, amontréque 97% d’entreeux ont pu validerune année scolaire ou obtenir un diplôme.

Quittons le terrain des enfants en situa-tion d’exploitation pour revenir auxmineurs roms vivant dans les camps enFrance, cibles des actions spectaculaires decesdernièressemaines.Lesenfantsontsou-vent été les premières victimes de ces opé-rations. La peur de l’expulsion a conduitbeaucoup de familles avec des enfants enbas âge dont les conditions de vie étaientdéjà difficiles à quitter leur terrain, pour secacher dans des endroits insalubres (tun-nels, pavillons en démolition…).

Des enfants allant à l’école depuis plu-sieurs années risquent de renoncer à leurscolaritéà la suite de leur éloignementgéo-graphique par les forces de l’ordre. La plu-part du temps, la destruction de leur loge-ment de fortune par des bulldozers se fait

devant leurs yeux. Si cette politique, dontles principauxrésultatssont la déscolarisa-tion et la mise en danger de mineurs, doitcesser au plus vite, que peut-on faire?

Afin de sortir de l’idée que les Roms despays de l’Est, malgré leur nombre restreint,estimé à 15 000, sont incapables de s’inté-grer en France, il est intéressant de revenirsurlamigration yougoslave,plusancienneque celle des autres pays de l’Est et doncmieux à même d’illustrer les différentesétapes du processus migratoire. Celle-ci acommencé dès la fin des années 1960 ets’est en grande partie « normalisée». Celan’a pas empêché l’apparition de groupesayant des activités illégales.

Malgré tout, la majorité des migrantsroms d’ex-Yougoslavie ont su s’intégrer enFranceaupointqu’ilssontdevenus«invisi-bles» pour l’opinion publique. Les difficul-tés que les Roms roumains et bulgareséprouvent ne sont pas dues à la « culturerom» qui les condamnerait à être à la mar-ge mais aux difficultés d’insertion sur lemarché du travail.

Permettreauxenfantsroms vivant cheznous d’être scolarisés, d’accéder à la forma-tion, notamment professionnelle, puis àl’emploi reste la seule voie pour permettreune intégration de ces familles roms dontle nombre, il faut le rappeler, est stabledepuis plusieurs années et représentemoins de 1 % des Roms de Roumanie.

Dans la pratique, il semble que la voieinverse soit privilégiée puisque, d’aprèsl’étude du collectif Romeurope, seuls 10%des enfantsroms vivant en France et en âged’être scolarisés le sont. Une des raisons estle refus de nombreuses municipalités, tou-tes couleurs politiques confondues, d’ins-crire ceux-ci à l’école par peur de l’installa-tion d’un campement. Suivre une forma-tion professionnelle est quasiment impos-siblesanspriseen chargeparl’aidesocialeàl’enfance. De même, l’accès à l’emploi estlimitéetcomplexedufaitdesmesurestran-sitoires pour les Roumains et les Bulgares.

Au final, ces dispositions restrictivesdont la France a déjà fait savoir qu’elle sou-haitait les prolonger jusqu’à leur terme(31décembre2013)et l’accélérationdes des-tructions de camps privent les enfantsroms d’accès à l’éducation, donc d’intégra-tion. Petit à petit, ils se conforment aux cli-chésdelasociétémajoritaire:pauvres,illet-trés, et condamnés à vivre en marge denotre société civilisée. p

DébatsDécryptages

GérardMordillatCinéaste

DanFranckEcrivain

ArnaudMontebourgDéputé et président du conseilgénéral de Saône-et-Loire

Passonsavecles Français un pacte de tranquillité publiqueNouvelleméthode et propositionsneuves pourlutter contre l’insécurité

OlivierPeyrouxDirecteur adjoint de l’associationHors la rue

Derrièrela politique-spectacle,des enfants roms victimes d’exploitation

170123Vendredi 3 septembre 2010

Page 18: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

InternationalAlain Frachon

A la rentrée,les affaires

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E n matière de relations inter-nationales, il est des millési-mes qui comptent plus que

d’autres. En février 1956, NikitaKhrouchtchev profita du20e congrès du Parti communistesoviétique pour dénoncer la « ter-reur stalinienne ». Mais ceux quicroyaient que les « démocratiespopulaires» allaient enfin mériterleurnomnetardèrentpasàdéchan-

ter, comme le prouva l’entrée deschars soviétiques dans Budapestau mois de novembre. A l’Est, l’an-née se terminait dans le sang.

De l’autre côté du rideau de feraussi, 1956 fut une année de boule-versements géopolitiques. L’évé-nement majeur, ici, fut la crise deSuez, à laquelle l’historien DenisLefebvre consacre une synthèserigoureuse et illustrée de nom-breux documents d’archives.

Le 26 juillet 1956, Gamal AbdelNasser décrète la nationalisationde la Compagnie universelle ducanal de Suez, dont les capitauxsont majoritairement français etbritanniques. A Paris et à Londres,cette décision unilatérale du prési-dent égyptien, officiellementmotivée par la nécessité de finan-cer la construction du haut barra-ge d’Assouan, provoque des réac-tions passionnées.

Même si Le Caire assure lecontraire, on veut croire que laliberté de circulation sur le canalde Suez est menacée. Nasser estcomparé à Hitler. Le laisser faireéquivaut donc à se comporter en« munichois ». L’historien montrebien comment le syndrome deMunich – en référence auxaccords de 1938 qui entérinèrentl’annexion de la région tchécoslo-vaque des Sudètes par l’Allema-gne nazie – a pesé dans la décisionprise par les Français et les Britan-niques de réagir avec fermeté. Bel

exemple d’instrumentalisationde l’histoire à des fins politiques.

Agir, donc, mais comment ?Paris et Londres se mettent finale-ment d’accord pour intervenirmilitairement, tout en liant leuraction à une attaque préventived’Israël contre l’Egypte. Celle-ci alieu dans la nuit du 29 au 30 octo-bre. Le lendemain, les troupesfranco-britanniques intervien-nent. Les Américains sontfurieux. Les Soviétiques – qui sou-tiennent Nasser – vont jusqu’àévoquer des représailles nucléai-res. L’ONU s’en mêle. Un cessez-le-feu est accepté le 6 novembre.

La leçon est claire : lâchées parles Etats-Unis, la France et la Gran-de-Bretagne doivent s’incliner. Lacrise de Suez symbolise ainsi ledéclin des vieilles puissances colo-niales sur la scène mondiale.

Rarement dans l’histoire, pour-tant, Paris et Londres n’avaient agien si étroite liaison. On sait depuisles années 1980 que, au plus fortde la crise, Guy Mollet, alors prési-dent du Conseil, proposa à sonhomologue britannique AnthonyEden que la France adhère au Com-monwealth.

Simple « foucade», comme l’ex-pliqua, en 1989, Christian Pineau,l’ancien ministre des affairesétrangères de Guy Mollet ? Non,répond Denis Lefebvre, dont lelivre a pour mérite de rappelerqu’une telle idée était alors priseau sérieux par certains militantsde la cause européenne, comme lecomte Richard de Coudenhove-Kalergi (1894-1972), fondateurdans les années 1920 du mouve-ment Paneurope. p

Thomas Wieder

Les TeaPartiesoules révoltés du county

Suezestun belexempled’instrumentalisationdel’histoireàdes finspolitiques

I l faut se méfier des conserva-teurs américains: ils veulenttoujours tout changer. A la fin

des années 1970, qui prêta atten-tion à la droite chrétienne ? Uneéquipe subversive, pourtant. Elleallait accompagner l’ascension deRonald Reagan (président de 1980à 1988), imposer le thème des«valeurs» dans le débat politiqueet ancrer à droite un Parti républi-cain jusqu’alors plutôt centriste.Un peu plus tard, qui s’est intéres-sé à un autre petit groupe, desintellectuels ceux-là, rassembléssous la bannière néoconservatri-ce? Des «chambouleurs», eux aus-si. Au lendemain des attentats du11septembre 2001, ils vont façon-

ner en partie la politique étrangè-re américaine et inspirer l’aventu-re irakienne.

Aujourd’hui, faut-il prendre ausérieux la bande des Tea Parties,ces nostalgiques de la révolutionaméricaine (1776-1783), qui vit lescolonies britanniques d’Amériquearracher leur indépendance à lacouronne d’Angleterre? Les anima-teurs du mouvement portentvolontiers tricorne noir et redingo-te rouge en souvenir de l’un desactes fondateurs de ladite révolu-tion: la «Tea Party » du 16 décem-bre1773. Ce jour-là, des membresde la colonie du Massachusetts,dénonçant les taxes imposées parLondres, jetèrent dans le port de

Boston une cargaison de thé de laCompagnie des Indes et posèrentce sain principe: pas d’impositionqui n’ait été votée par les représen-tants du peuple («no taxationwithout representation »).

Samedi 28 août 2010, Washing-ton. Le mouvement des Tea Par-ties, lancé à l’été 2009, rassembleau cœur de la capitale plus de100000 manifestants, selon lesestimations de notre correspon-dante (voir les articles de CorineLesnes dans Le Monde des 26 et30août). Qui sont-ils, ces Améri-cains de la classe moyenne en colè-re contre un ennemi inattendu:leur gouvernement – un gouverne-ment qu’ils accusent de les oppri-

mer comme les Britanniquesavaient opprimé les premierscolons? Des passéistes sans ave-nir? La nouvelle avant-garde de ladroite républicaine? Les chevau-légers d’un grand mouvementpopuliste? Il y a trois écoles à leursujet.

La première voit les Tea Partiescomme le dernier avatar de cettedroite militante qui entend incar-ner le Parti républicain, s’emparerde la majorité au Congrès lors desélections du 2 novembre, puischasser le démocrate Barack Oba-ma de la Maison Blanche. Aprèstout, les thèmes entendus lors desTea Parties sont ceux qui rassem-blent les républicains et les élec-teurs indépendants de droite:réduction drastique du déficit bud-gétaire, qualifié de hold-up généra-tionnel; refus de tout nouvelimpôt; dénonciation des program-mes d’assistance sociale; défensed’une politique étrangère moins«accommodante» à l’égard desennemis de l’Amérique – l’ensem-ble orchestré dans une partition àforte tonalité religieuse et patrioti-que.

Les tenants de cette interpréta-tion purement politicienne desTea Parties ne manquent pas d’ar-guments. Ils font valoir que leshéros du mouvement sont de lafamille républicaine : Glenn Beck,

animateur de télévision sur la chaî-ne Fox News, et Sarah Palin, l’ex-colistière de John McCain, le pré-tendant républicain malheureuxà l’élection présidentielle de 2008.Comme par hasard, le mouve-ment prend forme à quelquesmois du scrutin du 2novembre.

Tels quels, les «tea partiers»ont leur importance. Ils ont pesécet été sur les primaires républicai-nes destinées à sélectionner lescandidats du parti pour le2novembre. Ils ont imposé quel-ques-unes des leurs. Ils ont forcé

les autres à s’aligner sur leur radi-calité : il y a de moins en moins deplace pour la modération au seindu Parti républicain.

La deuxième école ne contestepas que les tea partiers soient lesnouveaux militants de la droiterépublicaine. Mais elle considèreque le mouvement reflète aussiun phénomène plus large, quin’épargne pas l’Europe : la montéedes théories du complot. Le dis-cours type entendu dans les TeaParties égrène une palanquée deboucs émissaires pour expliquerles malheurs de l’Amérique. Le pre-mier d’entre eux, c’est bien sûrBarack Obama, « imposteurkenyan», musulman caché, qu’ani-me une «haine profonde desBlancs» – le mot est de Glenn Beck–, et qui, en douce, conduit le paysvers « le socialisme».

Dans l’univers tea partier, le pré-sident démocrate n’est pas seul àcomploter contre l’Amérique. Il y

a aussi le G7, le G20, l'ONU, laRéserve fédérale, les universitairesprogressistes… Ce qui conduit cer-tains à gauche à faire appel à l’his-torien américain Richard Hofstad-ter (1916-1972) pour expliquer lemouvement Tea Party. Ils citentun article célèbre publié en novem-bre1964 dans la revue Harper’spar ce professeur à Columbia Uni-versity: «Les côtés paranoïaquesde la vie politique américaine »(« The Paranoid Style of AmericanPolitics»). Le mouvement Tea Par-ty serait la dernière manifestationd’une tendance régulière au délireobsidional dans le débat publicaux Etats-Unis?

C’est beaucoup lui prêter, com-me dit le journaliste Richard Berns-tein dans le New York Times(10/03). Plus originale est la troisiè-me interprétation, celle dévelop-pée par l’essayiste Mark Lilla dansla New York Review of Books(mai2010). Les tea partiers vontau-delà, dit-il, de l’obsession anti-gouvernement qui caractérise ladroite américaine. Dans leur détes-tation des élites, des spécialistes,du Congrès, bref de tout ce qui pré-tend monopoliser un savoir ou unpouvoir, il y a une folie libertairequi dépasse le populisme de droi-te traditionnel.

Elle serait la manifestation d’unimmense ras-le-bol devant unesociété de plus en plus régulée, oùles spécialistes commandent « cequ’il faut penser du réchauffementclimatique (…), quand mettre saceinture de sécurité ou son cas-que», où fumer, comment utiliserson portable, etc. Les tea partierssont les «révoltés du county» –l’Amérique de la base – contre cequ’on pourrait appeler « la sociétédes experts ».

Ils pourraient faire des émulesen Europe.p

Courriel : [email protected]

Lelivredu jour

Dansl’univers«teapartier»,leprésidentdémocraten’est passeulà complotercontrel’Amérique

Les Secrets de l’expéditionde Suez (1956)Denis LefebvrePerrin, 296pages, 22,90 ¤

DécryptagesAnalyses

La crise deSuez revisitée

18 0123Vendredi 3 septembre 2010

Page 19: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

VeniseEnvoyé spécial

B ienvenue au chantier. Celapourrait être la devise de la67e édition de la Mostra du

cinéma de Venise, ouverte mercre-di 1er septembre pour un roundininterrompu d’une dizaine dejours de projections. Chantier surmer, où le colossal ouvrage del’opération « Moïse » tente de sau-ver laSérénissime de l’engloutisse-ment. Chantier sur terre, pour peuqu’on accoste sur l’île du Lido, oùsetient la Mostra et où l’infrastruc-ture festivalière est en pleine réno-vation. Dans cette ambiance debâches, de grues et de cheminsd’accès épineux aux salles, il reve-nait à Marco Müller, directeurartistique du festival, la missiond’échafauder une programma-tion qui réhabilite le concept duchantier, sous les auspices dumouvement, de la recherche et del’audace.

Le pari est à ce jour tenu, tantdu point de vue des promessesque semble réserver un program-metrès séduisant que sur le dérou-lement de cette journée inaugura-le. Si le premier demande naturel-lement à être vérifié (ce que nousferons avec une assiduité quoti-dienne), la seconde a d’ores et déjàfait ses preuves. Le lancement res-semblait à celui d’une fusée à troisétages.

Mise à feu politique à 16 heu-res, avec l’ouverture de la sectionparallèle (indépendante et dirigéepar Giorgio Gosetti) Venice Daysqui a présenté L’Accordéon, deJafar Panahi, dernier court métra-ge en date de l’un des plus grandscinéastes iraniens vivants, et l’un

des plus subversifs avec à son actifdes films comme Le Cercle (2000)ou Sang et or (2003). L’Accordéon,parabole lapidaire sur la pauvretécomme source de l’intolérance,construite autour de deux jeunesmusiciens de rues à Téhéran, estextrait d’un long métrage collectifproduit par l’ONG Art of theWorld qui a demandé à une quin-

zaine de cinéastes de plancher surl’article 18 de la Déclaration uni-verselle des droits de l’homme :« Toute personne a droit à la liber-té de pensée, de conscience et dereligion. »

L’événement tient pourtantmoins à la présentation de ce filmqu’à l’absence de son réalisateur.Arrêté le 2 mars à Téhéran pour

son soutien au mouvement decontestation issu de la réélectiondu président Ahmadinejad, il n’enest sorti que le 25 mai, après avoirentamé une grève de la faim d’unesemaine. Depuis lors, son passe-port lui a été confisqué. La Mostraprend donc la suite du Festival deCannes, où le réalisateur avait étésymboliquement invité comme

membre du jury, pour témoignerà cet artiste la solidarité du mondedu cinéma. Avant la projection dufilm, un appel à une pétition a étélancé, et une lettre bouleversantede Panahi a été lue publiquement,dans laquelle il affirme notam-ment que « lorsqu’un cinéaste estempêché de faire des films, il estmentalement emprisonné ».

Toute autre ambiance à 19 heu-res, sous les stucs du Palais du ciné-ma où Black Swan du réalisateuraméricain Darren Aronovsky fai-sait office de film d’ouverture offi-ciel. Interprété par Natalie Port-man dans le rôle d’une ballerinedu New York city ballet, avec à sescôtés Vincent Cassel et WinonaRider, Black Swan est un thrillerpsychologique qui entremêle lestroubles de personnalité d’une bal-

lerine et le double rôle, à la foisangélique et destructeur, qu’elledoit interpréter dans le célébrissi-me Lac des cygnes.

Rehaussé d’une rasade de Berg-man et d’un zest de Hitchcockcopieusement arrosés par la parti-tion envoûtante de Tchaïkovski,Black Swan est un cocktail corsé oùla hantise dudouble et la proliféra-tionparabolique (l’art comme des-truction et libération, la quêtesacrificielle de la perfection, l’aby-me de la sexualité féminine…)nous sont servies comme autantde morceaux de bravoure.

Un rien pompier, à mi-chemindes premiers théorèmes baroques(Pi, 1998) et du virage grand publicde cet étonnant cinéaste (TheWrestler, Lion d’or à Venise en2008), le film n’en fait pas moinsune parfaite ouverture. Il annonceaussi l’un des points forts de cettecompétition qui comportera cinqautres films américains, signés,pardonnez du peu, Sofia Coppola,Kelly Reichardt, Julian Schnabel,Monte Hellman, Vincent Gallo.

Le dernier étage de la fusée, sec-tion Cinéma de minuit, fut enfinun feu d’artifice destiné aux ama-teurs de sémillantes bastonnadeset de cinéma de genre. Legend ofthe Fist, du Chinois de HongkongAndrew Lau, puis Machete, del’Américain Robert Rodriguez,offraient un enchaînement idéal,en forme d’hommage au cinémad’exploitation des années 1970.

Campés par quelques stars visi-blement ravies de se dérouiller(Danny Trejo et Robert De Niro ici,Donnie Yen et Shu-ki là), ces filmsont fait partager, notamment à unpublic italien friand, une joie sim-ple mais ineffable, qui consiste àréduire le fascisme (américainpour l’un, japonais pour l’autre)en charpie. p

J. Ma.

L a machine de guerre contrel’art contemporain au châ-teau de Versailles est relan-

cée. Deux collectifs, Versaillesmon amour et Non aux mangas –Contre les expositions dégradan-tes au château de Versailles, affû-tent leurs armes avant l’exposi-tion consacrée à l’artiste japonaisTakashi Murakami. Du 14 septem-bre au 12 décembre, l’une des starsles plus cotées de l’art contempo-rain, dont l’œuvre est inspirée desmangas, investira les GrandsAppartements du château, la gale-rie des Glaces et le jardin, pour yprésentervingt-deux sculptures etpeintures, dont onze ont été crééesspécialement pour l’exposition.

Pour la plupart, les opposantssont les mêmes qui, en 2008,avaienttenté defaire interdirel’ex-position de l’Américain Jeff Koonsau château du Roi-Soleil. En vain :ilsavaientétédéboutés parletribu-nal administratif de Versailles,

puis par le Conseil d'Etat. Ilsn’étaient pas partis en croisade, enrevanche, contre Xavier Veilhan,invité au château en 2009. Est-ceparce que l’artiste avait installépresque toutes ses œuvres, tel soncarrosse mauve, dans le jardin? Ouparce qu’il est français ? Présidentde l’Etablissement public du châ-teau de Versailles, Jean-JacquesAillagon dénonce un « activismeaux relents xénophobes ».

Les deux camps protestatairespartent en ordre dispersé. Chacuna sa pétition et son mode opératoi-re : Versailles mon amour prépareune manifestation, Non aux man-gas a l’intention de saisir la justice.Versaillesmon amour compte par-mi ses porte-parole Anne Brassié,chroniqueuse littéraire sur RadioCourtoisie, Eric Martin, étudiant àl’université Paris-II-Assas ou AnneAuger, qui se présente comme« organisatrice de salons littéraireset de festivals ».

Ce collectif ne rejette pas en blocl’art contemporain à Versailles. « SiJean-Jacques Aillagon veut faire dubeurre, qu’il installe Murakami àl’Orangerie, qui est vide. Mais pasdans les appartements royaux.Vous peindriez sur les lèvres de laJoconde? », s’indigne Mme Auger.

Descendant de Louis XIVVersailles mon amour a brandi

comme repoussoir quelquesœuvres de Murakami à connota-tion sexuelle, comme ce LonesomeCowboy (1998) en pleine éjacula-tion, alors que cette sculpture nefigure pas dans l’exposition.M. Aillagon y voit « une obsessiondu sexe assez caractéristique desmilieux de l’extrême droite».

De son côté, Non aux mangas aété créé à l’initiative d’Arnaud-Aaron Upinsky, président del’Union nationale des écrivainsfrançais, et a reçu le soutien duprinceSixte-HenrideBourbon-Par-

me, l’un des descendants de LouisXIV. S’appuyant sur le Code de lapropriété intellectuelle, M. Upins-ky estime que « le chef-d’œuvre deVersailles doit être vu tel que LouisXIV l’a conçu ». Utiliser le châteaucomme « faire-valoir » de Muraka-mi constitue un « outrage àl’œuvre de Louis XIV».

«On metnotrepatrimoinecultu-rel au service d’intérêts étrangers.Jean-Jacques Aillagon joue les châ-telains, toujours dans les jupes de lanoblesse. En même temps, il pro-meut un art officiel new-yorkaisalors que nous avons 40 000 artis-tes français marginalisés », dénon-ce M.Upinsky. New-Yorkais, Mura-kami ? « C’est un composite new-yorkais, japonais, un pilleur demangas. Ce n’est pas parce qu’on ales yeux bridés qu’on est japonais. »

Curieusement, M. Aillagonvient d’annoncer que les prochai-nes expositions d’art contempo-rain n’auraient plus lieu dans les

appartements royaux du château.Aux opposants qui saluent « unepetite victoire », le président del’établissement public répliquesèchement : « Je ne cherche pas à

leur faire plaisir. Mais on peut envi-sager d’autres lieux, comme l’Opé-ra royal, pour éviter la routine. » Etla polémique ? p

Clarisse Fabre

Jafar Panahi:«Jeveux travailleret réaliser dansmon pays, l’Iran»

Polémiqueavant l’exposition Murakamià VersaillesDeux collectifs s’opposent à la présentation de 22œuvres de l’artiste japonais dans le château

Aminuit, un feud’artificedestinéauxamateursdesémillantesbastonnadesetdecinéma degenre

Ouvertureen troisétapes pour laMostra de VeniseLa compétition a commencé par la projection de «Black Swan», de Darren Aronofsky

Entretien

Jafar Panahi, né en Iran en 1960, aréalisé cinq longs-métragesdepuis 1995, parmi lesquels LeCer-cle, Lion d’or en 2000 à la Mostrade Venise. Arrêté le 2 mars, puisrelâché et dorénavant privé depasseport par les autorités de sonpays, le réalisateur n’a pas puaccompagner son dernier court-métrage en date, présenté dans cemême festival. Joint par télépho-ne, fin août, en Iran, il évoque sasituation.Votre arrestation, selon la thèseofficielle, serait liée au fait quevous prépariez un film sur lesmanifestations de protestationcontre la réélection du présidentMahmoud Ahmadinejad.Est-ce exact?

C’est exact. Nous étions deux àréaliser ce film, MohammadRasoulof et moi.

C’est un film sur une familledont le fils a été arrêté durant unede ces manifestations. J’étais entrain d’y travailler chez moi lors-que, tout à coup, ils ont envahinotre appartement sans mêmenous présenter un mandat d’arrêt.Ma famille et mes amis ont étéarrêtés et tout notre matérielconfisqué…Vous a-t-on fourni un motif?

Le motif officiel est «une attein-te à la sûreté de l’Etat ». Rien denouveau là-dedans, si ce n’est quele seuil de tolérance est aujour-d’hui à son niveau le plus bas.

Tous les films que j’ai réaliséstouchent la « ligne rouge» définiepar le régime. Ils évoquent des

problèmes sensibles, souvent d’or-dre social, qui affectent mon payset cela, naturellement, ne plaîtpas aux autorités.A quoi devez-vous votre libéra-tion?

J’ai fait une grève de la faim enprison, et j’étais vraiment résolu àaller jusqu’au bout. Il y a eu aussibeaucoup de solidarité des cinéas-tes iraniens en Iran, tout commeun important soutien internatio-nal. Notamment celui du Festivalde Cannes, qui, par son rayonne-ment international, a probable-ment fait réfléchir les autorités,qui m’ont finalement libéré souscaution. Mon procès devaitd’ailleurs avoir lieu il y a déjà quel-ques semaines et j’avais préparéma défense. Mais, le jour dit duprocès, le juge ne s’est pas présen-

té au tribunal ! La date est doncrepoussée au 28 septembre 2010.Qu’est-ce qui vous empêche devous déplacer?

Depuis ma libération, j’ai natu-rellement été invité par de nom-breux festivals à l’étranger, dontcelui de Venise. Mais mon passe-port est confisqué depuis mainte-nant un an. Je ne sais absolumentpas quand je pourrai le récupérer,malgré mes demandes réitérées.Si vous arrivez à quitter votrepays, souhaiteriez-vous fairedes films à l’étranger?

Non. Je veux travailler et réali-ser dans mon pays, l’Iran.Le peut-on encore?

Si c’est pour réaliser un filmpersonnel, la réponse est bien évi-demment négative. Mais la situa-tion ne restera pas figée de cette

façon. Je suis à la fois optimiste etpessimiste. Je veux dire par là queje suis relativement content del’écho recueilli par le mouvementde protestation depuis la réélec-tion présidentielle, et dans lemême temps, je suis très inquiet.

Les droits de l’homme sontbafoués en Iran depuis trente ans,mais on n’avait jamais atteint unesituation semblable à celle queconnaît le pays aujourd’hui. L’at-mosphère est irrespirable, lapopulation se sent méprisée. Or,le mépris et l’humiliation, c’est cequ’il y a de pire pour l’homme.Cela pourrait nous conduire à unesituation totalementincontrôlable…p

Propos recueillis par

Jacques Mandelbaum

et Mamad Haghighat

Culture

«Tongari-Kun», de Takashi Murakami.2003-2004 TAKASHI MURAKAMI/KAIKAI KIKI CO, LTD/ PHOTO : FLORIAN KLEINEFENN

Natalie Portman interprète une ballerine dans «Black Swan», thriller psychologique de Darren Aronofsky. PROD

190123Vendredi 3 septembre 2010

Page 20: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

Tutti « Schumann à la folie »6 concerts et un week-endau CENTQUATREdu 1o sept au 14 oct 2o1oOrchestre Philharmonique de Radio FranceOrchestre National de FranceChœur de Radio FranceMaîtrise de Radio France

Daniele Gatti, Kurt Masur, François-Xavier Roth,Eliahu Inbal, Matthias Brauer, Sofi JeanninNathalie Stutzmann, Marc Coppey, Daniel Müller-Schott

Salle Pleyel, Théâtre des Champs-Elysées,Basilique Sainte-Clotilde,Musée d’Orsay et le CENTQUATRE.

01 56 40 15 [email protected]

L e 16 septembre 1963, JohnCale participe à l’émission dela chaîne de télévision améri-

caine CBS « I’ve Got a Secret » (J’aiun secret). L’acte insolite qui justi-fielaprésencedupianiste,violonis-te et compositeur gallois, toutjuste arrivé, à l’âge de 21 ans, auxEtats-Unis est le suivant : il a étél’un des interprètes, en public, auPocket Theater, à New York, deVexations, d’Erik Satie, courtemélodie destinée à être jouée840 fois. Ce qui donna un concertde 18 heures et 40 minutes sansinterruption, joué par Cale et neufautres pianistes. Pour le présenta-teur, Cale fait figure de sympathi-que original.

Quarante-sept ans plus tard,John Cale est abordé avec respect,voire dévotion, par nombre d’ama-teurs un peu pointus du rock et dela pop, et par l’institution, attenti-ve à sa part de musicien « savant».Ayant participé à la fondation dugroupe The Velvet UndergroundavecLouReed,John Caleetsamusi-que puisent autant dans un solidebagage classique que dans les for-mes les plus rageuses du rock, avecla plupart du temps une attentionà une ligne mélodique claire. Pianosolo, écriture symphonique, din-guerie punk ou rigueur des musi-

ques de films (dont Paris s’éveille,1991,d’OlivierAssayas),sadiscogra-phie compte une quarantaine d’al-bums sous son nom et quelquesenregistrements « historiques »comme producteur (The Stooges,

premier album d’Iggy Pop & TheStooges en 1969, Horses, de PattiSmith en 1975).

Le 5 septembre, John Cale seraSalle Pleyel, à Paris, avec son triorocketl’Orchestrenationald’Ile-de-France dirigé par Christophe Man-gou. Au programme, l’intégralitéde l’album Paris 1919, publié en1973, osmose entre classique etrock, considéré comme l’un de sesmeilleurs et en tout cas son plusconnu. Cale rejoint ainsi des collè-gues du rock ou de la pop (BrianWilson en tête) dans ce qui estdésormais un passage obligé pourqui a un peu fait carrière : jouer sonalbum de référence en entier et surscène, à la note près si possible. Lamême Salle Pleyel recevra ainsi le22 janvier 2011 la chanteuse PattiSmith, qui viendra jouer Horses.

Emotion mélodiqueHistoire d’être en accord avec le

personnage de déglingué parano-schizo que certains de ses actesartistiques ont transmis, il auraitpu choisir d’être plus radical. Eninterprétantpar exemple lamatiè-re de l’album Sabotage, recueil de1979 de certains de ses titres lesplus violents. Ou en jouant sesdeux albums les plus ratés, Carrib-beanSunset (1983)etArtificial Intel-ligence (1985), ce qui aurait été unacte assez warholien pour celui

qui a fréquenté l’artiste agitateurdes avant-gardes américaines.

On ne boudera toutefois pasnotre plaisir à entendre en directParis 1919,dans son émotion mélo-dique, les atmosphères d’étrange-té des textes. Et si l’on en croit laqualité des concerts déjà donnésparCale avec cetteformule orches-trale, le tout sera fidèle aux arran-gements d’origine du producteurChrisThomas. A Cardiffen novem-bre 2009, à Londres en mars ou àNorwichen mai, les neuf chansonsde l’album original ont été jouéesdans l’ordre, à l’exception de Mac-beth, présentée à la fin et non à lacinquième place. En seconde par-tie, un tour d’horizon d’une dizai-ne de compositions de Caledepuis 1970, en solo (piano, vio-lon, guitare), avec sa formationrock ou tout l’ensemble.

Manque juste à ce programmele thème Amsterdam, tiré du pre-mier album solo de John Cale, Vin-tage Violence, en 1970. Un monu-ment de grâce, d’évidences lumi-neuses et de désespoir en accordparfait avec Paris 1919. p

Sylvain Siclier

John Cale joue «Paris 1919», SallePleyel, 252, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris 8e. Mo Ternes.Tél. : 01-42-56-13-13. Le 5 septembre, à20 heures. De 30 ¤ à 45 ¤.

A vec quels commissionnai-res l’Hôtel Drouot, à Paris,principale place de ventes

aux enchères en France, va-t-ilouvrir sa saison, le 21 septembre ?Sans ce personnel, chargé du trans-port et de la manutention des800 000 objets vendus chaqueannée, Drouot ne peut fonction-ner. La question se pose depuis le21juillet, date à laquelle la justice amis en examen l’Union des com-missionnaires de l’Hôtel des ven-tes (UCHV) pour « association demalfaiteurs », « complicité et recelde vols en bande organisée ». Lamise en examen s’accompagned’un contrôle judiciaire interdi-sant à l’UCHV d’exercer à compterdu 1er septembre.

Cette mise en examen est le der-nier épisode d’un scandale qui ter-nit l’image de Drouot depuis qu’aété mis au jour un vaste réseau devols d’objets organisé par des com-missionnaires (Le Monde du4décembre 2009). L’enquête, loind’êtreterminée, à permis de retrou-verdes milliersd’objets, souventdevaleur modeste, mais aussi untableaudeCourbetetdesdiamants.Jusqu’ici,unevingtainedecommis-

sionnaires,surlescentdixexerçantà Drouot et regroupés en société ennom collectif, ont été mis en exa-men et interdits d’exercer. Dontleur gérant, René Revial. Désormaisc’est l’UCHV en tant que personnemorale qui est mise en cause.

Le 21 septembre, le visiteur deDrouot ne verra donc plus dans lessalles ces transporteurs portantune vareuse noire à col Mao rouge– d’où leur surnom de « cols rou-ges ». Pour les remplacer, Drouotdoit aller vite, car dans trois semai-nes, cette place fourmillante doittourner à plein régime, à raison dequatre ventes par jour.

«Solution transitoire»Drouot avait lancé en juin un

appeld’offres auprès de sociétés detransport et de manutention. Troisont répondu au 31 août, date de clô-ture des candidatures. Le Conseild’administration,forméd’unedou-zainedemaisonsdeventes(soixan-te-douze exercent à Drouot) estface à un dilemme, qu’il trancheradans les prochains jours : ou bienchoisir l’un des trois candidats etlui demander d’être opérationneldès le 21 septembre ; ou, jugeant le

délai trop court, opter pour une« solution transitoire », qui pour-raitaller jusqu’au1er novembre,voi-re la fin de l’année.

Qui pourra assurer cette solu-tion transitoire ? Selon nos infor-mations, l’un des trois candidatsestuneentreprisecrééeparquatre-vingts des cent dix anciens com-missionnaires de Drouot, qui nesont pas mis en examen. Connais-sant bien la maison, ses coutumes,son rythme, ils seraient, selonDrouot, « les plus à même de fairetourner la boutique immédiate-ment».

Cette solution transitoire, si elleest retenue, n’est pas sans poser deproblème. La mise en examen del’UCHV comme personne moralejette la suspicion sur l’ensemble deses membres. Rien ne dit, aussi,que des commissionnaires figu-rant dans la nouvelle entreprise neseront pas mis en examen à l’ave-nir. « Drouot prendrait un gros ris-que à les faire travailler », dit-ondans les milieux proches de l’en-quête. D’autant que la police, pourl’instant,n’a inspecté que quarantedes cent containers mis sous scel-lés, appartenant aux commission-

naires –là où ont été trouvés nom-bre d’objets volés.

« Rompre avec le passé seraitplus clair, mais s’il faut une périodetransitoire, qu’elle soit courte », ditFrancine Mariani-Ducray, directri-ce du Conseil des ventes volontai-res, chargée de contrôler le bonfonctionnement du marché del’art en France. Le Syndicat natio-naldesmaisonsdeventesvolontai-res (Symev) s’inquiète aussi pour«l’image de Drouot», dit son prési-dent, Hervé Chayette.

Pour corriger cette image, ladirection de l’Hôtel Drouot faitsavoir qu’elle va changer radicale-mentlefonctionnementdesmanu-tentionnaires : « Drouot aura unpouvoir de contrôle et de disciplinesur ces employés, ce qu’il n’avaitpas. » Pour M. Chayette, c’est uneavancée,maisil faut aller plus loin:«Drouot a besoin d’une réforme enprofondeur, avec l’arrivée d’unactionnaire de référence qui ne soitpas un commissaire-priseur.» Bref,que Drouot ait à sa tête un patronindépendant de ceux qui y font desventes et ne soit plus une entrepri-se autogérée. p

Michel Guerrin

Musique

Montreux(Canton de Vaud)Envoyée spéciale

I l fait un temps de villégiatureà Montreux (Suisse) ce mercre-di 1er septembre, dans une

lumière de rêve dorée sur lesbords du Léman. Mais noncontent de décliner sa sixième sai-son à la tête du festival Septembremusical de Montreux-Vevey,organisé du 27 août au 12 septem-bre, Tobias Richter lèvera dansquelques jours le rideau sur le Bar-bier de Séville de Rossini, qui inau-gure sa deuxième saison à la têtede l’Opéra de Genève et sera jouédu 4 au 19 septembre.

« En Suisse, on n’aime pas lesdéficits », confiait Tobias Richterau Monde en 2008. Le directeurdu Septembre musical de Mon-treux peut se targuer d’avoirreconquis un public et d’être reve-nu à l’équilibre, passant, ainsiqu’il le souligne avec humour,« d’un bénéfice de 16 francs suissesen 2008 à 16 000 francs en2009 ! »

Sur le plan artistique, TobiasRichter a même réitéré le pari ris-qué mais réussi de 2009, quiconsistait à réunir pour la premiè-re fois deux phalanges suissesemblématiques, l’Orchestre de laSuisse romande et celui de la Ton-halle de Zurich autour duRequiem, de Berlioz. Cette fois, cesera avec les monumentaux Gur-relieder, d’Arnold Schoenberg, quiclôtureront le festival sous ladirection de David Zinman le12 septembre, marquant aussiune collaboration de Montreuxavec le prestigieux Festival deLucerne, l’autre manifestationsuisse de la fin de l’été.

L’autre événement aura été larésidence du Royal PhilharmonicOrchestra de Londres, qui don-nait ce 1erseptembre le dernier deses quatre concerts au festival : àla direction, Charles Dutoit ; aupiano, Jean-Yves Thibaudet. Unconcert commencé sous les auspi-ces d’une plate mais robuste« Polonaise », extraite de l’opéraEugène Onéguine, de Tchaïkovski,bientôt relevée par un magnifi-que Deuxième Concerto pour pia-no et orchestre, de Liszt. Un Lisztde haute volée, passionnant debout en bout sous les doigts racéset inventifs de Jean-Yves Thibau-det, qui a su saisir toutes les ambi-

guïtés et les finesses d’une œuvrequi cède aux raffinements de lamusique de chambre comme auxséductions méphistophéliquesdu grand piano lisztien.

Virtuosité magistrale, sciencedes couleurs, des phrasés, tout à lafois poète et guerrier, le pianistefrançais a suscité étonnement etadmiration. De quoi se réjouirque le Lyonnais, 48 ans, connuaux Etats-Unis depuis plus devingt-cinq ans et menant une bel-le carrière, se fasse enfin moinsrare chez nous (Le Monde du1er juin 2010). Il se produira endécembre à Dijon et Strasbourg etnotamment la saison prochaine àParis, au Théâtre des Champs-Ely-sées avec l’Orchestre national de

France (23 mars 2011), à Pleyelavec l’Orchestre de Paris (15 et16 juin 2011).

En seconde partie, la Sympho-nie fantastique, de Berlioz, faisaitla part belle à Charles Dutoit. L’an-cien directeur musical de l’Orches-tre national de France (de 1991 à2001) surprend par une profon-deur et un charisme qu’on ne luiconnaissait pas, donnant aux ver-tiges berlioziens une pâte sombreet jubilatoire proche de l’universwagnérien. Cordes rondes etsoyeuses, bois fruités, cuivresmartiaux : le somptueux RoyalPhilhamonic Orchestra prouveque sa réputation n’a rien d’usur-pé. p

Marie-Aude Roux

Septembremusical de Montreux-Vevey. Prochains concerts : Orchestrenational de France, direction DanieleGatti (le 5) ; récital Bach, Mozart, Schu-bert par Paul Badura-Skoda, en homma-ge à Clara Haskil pour le 40e anniversai-re de la mort de la pianiste (le 9) ; récitaldu pianiste Jinseg Lee, premier prix duConcours Geza-Anda (le 7), « Gurrelie-der » de Schoenberg, direction David Zin-man (le 12) ; Auditorium Stravinski etdivers lieux de Montreux. Tél. : (00-41)21-962-80-05. Jusqu’au 12 septembre.De 23 ¤ à 123 ¤. Septmus.ch

L’HôtelDrouot poussé àchoisirunenouvelle société de manutentionLa place de ventes aux enchères ouvre sa saison affaiblie par une enquête en cours

Edition

LeSalondu livrede Parisréduitàquatre joursetmoins cheren2011Le Syndicat national de l’édition (SNE) a annoncé, mercredi 1er sep-tembre, que l’édition 2011 du Salon du livre de Paris serait réduite àquatre jours au lieu d’une semaine et que les tarifs des stands pourles professionnels bénéficieraient d’une baisse des tarifs de 17 % parrapport à l’édition 2010.Le Salon du livre, qui accueille chaqueannée plus d’un millier d’éditeurs et d’exposants, sera inauguré le17 mars et ouvrira ses portes au public du 18 au 21 mars 2011, à la por-te de Versailles. La baisse des tarifs a pour but de « faciliter l’accès àtous les éditeurs et en particulier aux plus petits d’entre eux », préci-se le communiqué du SNE. Les littératures nordiques seront à l’hon-neur en 2011, avec une quarantaine d’auteurs invités venus du Dane-mark, de Finlande, d’Islande, de Norvège et de Suède. – (AFP.)

Célébrations La Ville de Paris fête les 150ansde ses vingt arrondissementsLa Ville de Paris propose tout au long du mois de septembre unesérie d’expositions, promenades urbaines, colloques et conférences,pour célébrer les 150 ans d’existence de ses vingt arrondissements,ont annoncé les services de communication de la Mairie dans uncommuniqué diffusé mercredi 1er septembre. Le programme serainauguré le 6 septembre avec l’ouverture d’une exposition intitulée« 1860 : agrandir Paris » à la Bibliothèque historique de la Ville deParis. – (AFP.)

Culture

John Cale interprète «Paris 1919», à Londres (mars2010). PHIL BOURNE/RETNA PICTURES/DALLE

Lagrâcede «Paris1919», de JohnCale, en grand formatUn disque osmose entre rock et classique, qui sera recréé sur scène, Salle Pleyel, à Paris

Virtuositémagistrale,sciencedes couleurs,desphrasés, toutà lafoispoète etguerrier,Jean-YvesThibaudetasuscité étonnementetadmiration

Pianode hautevolée etvertigesorchestrauxàMontreuxLa sixième édition du festival Septembremusical est organisée jusqu’au 12septembre

20 0123Vendredi 3 septembre 2010

Page 21: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

Roue libre Jean-Michel Normand

Design

L ’idée d’un retour aux origi-nes, d’un repli quasi fœtalvers la grotte ou le nid, loin

de la transparence architecturale,dutumulteambiantet dela média-tisation à outrance de nos vies,désormais mises à nu à travers lesréseaux sociaux, tenait à cœurdepuis longtemps à Elizabeth Leri-che. Directrice du bureau de stylequi porte son nom, membredepuis dix ans de l’observatoiredes tendances du Salon Maison& Objet qui se veut « à l’affût desmicrosignes annonciateurs dechangements d’influences », elle asigné la scénographie d’« ArchaicShelters » (Refuges archaïques).C’est l’une des trois étapes d’unparcours de créateurs sur le thèmede l’intime, présenté dans l’espace« Now ! Design à vivre », lors de lasession de rentrée du Salon franci-lien, du 3 au 7 septembre.

Des espaces pour soiLes deux autres étapes du par-

cours Intimité, « Please disturb »(« Dérangez SVP ») et « Microcos-mes », sont signées respective-ment par Vincent Grégoire et Fran-çois Bernard, également mem-bres de l’observatoire des tendan-ces de Maison & Objet. Ils adop-tent un parti pris complémentai-re à celui d’Elizabeth Leriche. Tan-dis que le premier célèbre les« rébellions domestiques », entremise à sac et mise à nu, où l’intimi-té est surexposée, le second« explore des pistes qui réanimentl’intériorité de l’objet », imaginedes micromondes et des murs vir-tuels dans un design dont les usa-ges sont, au final, « plus artistiquesque fonctionnels ».

« Beaucoup de choses se passentdans la création autour de l’idéed’un style primitif, explique de soncôté Elizabeth Leriche. On sentl’empreinte de l’outil, le coup deburin, les matières brutes ou natu-relles. » Les frères brésiliens Fer-nando et Humberto Campanaillustrent à souhait cetteoption formelle en mêlantaustérité et fantaisie. Uneinventitivité qui se paye

jusqu’à plusieurs milliers d’euros.Leur étagère anthropomorphiqueCabana, entièrement coiffée deraphia, a des faux airs de CapitaineCaverne. Quant au pla-teau de leur tableCotto, il est

pavé de terre cuite, comme si uneportion de sol antique se mettait àportée de main de convivesd’aujourd’hui. L’évocation d’un

lointain passé et de ses savoir-faire premiers est aussi à

l’œuvre dans les réci-

pients de la série Autarchy du duoitalien Formafantasma, à la foisfragiles et bruts, et élaborés à par-tir de céréales. Cette connivenceentre fonctionnalité et évocationancestrale, largement diffuséepar la Design Academy d’Eindho-ven, en Hollande, qui a formé denombreux créateurs, est sensibledans Hibernate. Créée par la Bri-tannique Aimee Pegram, cettestructure en corde enduite de rési-ne est une réponse ludique aubesoin de cocooning, à la manièrede ces enfants qui croient pouvoirse cacher derrière leurs mains :« Une fois lovée dans cet environ-nement, la personne éprouve à lafois un sentiment d’isolementtout en percevant, visuellement,ce qui se passe autour d’elle »,explique la créatrice.

Plus radicale encore : la ChaiseRefuge, de Nacho Carbonell. L’Es-pagnol, qui, dit-il, façonne ses créa-tions tels des « organismesvivants », a adjoint à ce simpleobjet une protubérance rappelantun nid d’araignée où chacun peutintroduire le haut de son corpscomme pour s’affranchir de lapesanteur du monde.

Cette ambivalence entre ledehors et le dedans trouve uneautre forme derésolution avec Ear-Chair, l’une des œuvres présen-tées par François Bernard dans lasection Microcosmes. Le tendan-ceur poursuit, à sa manière, laréflexion d’Elizabeth Leriche, où« le confort de la discrétion recréedes espaces pour soi ». Jurgen Beyest l’auteur de cet étrange fauteuilà oreilles rabattables. Son utilisa-teur peut ainsi se couper de sonenvironnement visuel. Une condi-tionfavorable àun relatifrépitsen-soriel propice au repos ou à laréflexion. Une façon toute singu-lière de prendre au pied de la lettrelacélèbre morale du fabuliste Jean-Pierre Claris de Florian : « Pourvivre heureux, vivons cachés. » p

Jean-Jacques Larrochelle

Salon Maison &Objet : du 3 au 7 sep-tembre, Parc des expositions de

Paris-Nord, Villepinte (Seine-Saint-Denis). Maison-objet.com

&Vous

U n roadster ? Il y a bien long-temps que Renault nes’était pas autorisé ce

genre de petite fantaisie. Le cabrio-let deux places baptisé Wind, lan-cé en ce mois de septembre, appor-te une touche de piquant bienve-nue dans une gamme certes foi-sonnante mais devenue terrible-ment conventionnelle. Commer-cialisé à partir de 17 500 euros, cemodèle Wind a été conçu sur labase de la dernière Twingo, née en2007, parfaite illustration du vira-ge conformiste négocié depuisquelques années par une marquevisiblement traumatisée par sesaudaces passées.Heureusement, la Wind prend lecontre-pied de la trop fade petiteRenault. Trapue, sa face avantadopte un air volontaire et saligne de toit en léger accent circon-flexe se prolonge en pente doucepour dessiner un profil insolite.Plaqué entre les deux arêtes latéra-les, le hayon accueille deux dis-crets bossages et un petit aileronqui n’ont pas le mauvais goût dese prendre au sérieux.Cette présentation réduit la lunet-te arrière à sa plus simple expres-sion mais permet de loger, dansun compartiment, le toit escamo-table : après avoir pivoté autourd’un axe horizontal, il ira repren-dre sa place au-dessus des deuxoccupants. Grâce à cette cinémati-que simplifiée, moins onéreuse etencombrante que celle des cou-pés-cabriolets, la voiture se décou-vre – à condition d’être à l’arrêtfrein à main serré – en seulementdouze secondes et préserve en tou-tes circonstances le volume deson coffre, modeste sans pourautant être ridicule (270 dm3).La Wind ne manque pas d’alluremais, une fois à bord, on constateque son originalité assumée res-treint beaucoup la visibilité, sur-tout à l’arrière, ce qui ne facilitepas les manœuvres de stationne-

ment. Lorsque le pavillon de toit abasculé dans le coffre, la Wind setransforme en décapotable etmérite amplement son nom dufait des remous d’air qui traver-sent l’habitacle. Atténuées pardeux filets coupe-vent, ces turbu-lences ne deviennent gênantesqu’à grande vitesse, mais les passa-gers n’auront point besoin d’at-teindre des allures folles pour seprocurer des sensations. Commetoutes les voitures où l’on estassis très bas et qui ne constituentpas un modèle de confort, ceroadster accentue l’impression devitesse. A 50 km/h, c’est comme sil’on roulait à 80 km/h.

Assez compacte pour évoluer faci-lement en ville, la Wind doit toutde même supporter un poidssupérieur de quelque 100 kg parrapport à la Twingo. La vivacité et,surtout, son niveau de consomma-tion s’en ressentent. Parmi lesdeux motorisations disponibles(essence uniquement), le 1,2 litreturbo (100 ch) apparaît le plushomogène, même si ses presta-tions n’ont pas de quoi couper lesouffle. La version 1,6 litre (133 ch)mijotée par Renault-Sports pourla Twingo RS n’est pas trop à sonaise en ville et se montre encoreplus gourmande.La Wind aurait sans doute méritéun train avant plus affûté, unhabitacle plus gai et, accessoire-ment, un compteur de vitesseplus lisible. Pourtant, on saura gréà la marque au losange de glisserdans son catalogue un modèledont l’ambition est de réhabiliterla voiture-plaisir. De surcroît à destarifs point trop prohibitifs.p

Avec sa face avant trapue et son toit escamotable, la Windaffiche un profil insolite et sportif. DR

Hibernate,d’Aimee Pegram. DR

Ledesign comme valeur refugeAu Salon Maison &Objet, des créateurs revisitent le cocon, le nid et l’abri

Del’artdansunjardinanglaisPour la cinquième année d’affilée, le château deChatsworth, résidence privée depuis cinq siècles desCavendish, ducs de Devonshire, et haut lieu touristi-que dans le Derbyshire (Grande-Bretagne), accueille-ra, du 13 septembre au 31 octobre, l’exposition-vented’art contemporain « Beyond Limits », organisée parSotheby’s. Rendez-vous pour les amateurs d’artcontemporain, l’événement fournit également auxamoureux de la campagne anglaise l’occasion d’admi-rer une vingtaine de sculptures monumentales deManolo Valdés (Butterflies, à gauche), Arnold Pomo-doro, Damien Hirst, Marc Quinn, Subodh Gupta ou JuMing, dispersées dans le parc du château.Classé parmi les demeures historiques favorites dupublic britannique, le château de Chatsworth recèleune riche collection privée d’art, de la Grèce antique àl’art contemporain. Depuis 2003, les voyageurs peu-vent résider quelques nuits dans la tour de chasse,construite en 1582 et aménagée récemment en cham-bres d’hôte. p Martine Picouët (PHOTO DR)

Information sur la région des East Midlands :Discovereastmidlands.fr ; le château de Chatsworth est ouverttous les jours jusqu’au 23 décembre : Chatsworth.org

Wind,un souffled’audacechez Renault

Cemodèle Windaété conçu surla basedela dernière Twingo,néeen2007

The Stitch Room, des frères Bouroullec. RONAN & ERWAN BOUROULLEC

Ear-Chair, de Jurgen Bey. DARIA SCAGLIOLA & STIJN BRAKKEE

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Page 22: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

Jeudi2 septembreTF1

20.45 MasterChef.Episode 3. Présenté par Carole Rousseau.0.10 « MasterChef » se met à table.Présenté par Carole Rousseau (55 min).

FRANCE2

20.35 Envoyé spécial.Magazine. Au sommaire : Très chère voyance ;Adulescents, retour vers le passé ; Une faillitegrecque.22.45 Infrarouge.L’Envers du tableau : pile profs, face élèves.[1/2]. Documentaire. Stéphanie Molezet Thierry Kübler (France, 2010).0.25 Les Apprenties de la vie. DocumentaireElisabeth Aubert-Schlumberger (2008, 55 min).

FRANCE3

20.35 Les Fautes d’orthographep

Film Jean-Jacques Zilbermann. Avec DamienJouillerot, Carole Bouquet (France, 2004).22.07 Météo, Soir 3.22.40 Rocky IVFilm Sylvester Stallone. Avec Sylvester Stallone,Dolph Lundgren (Etats-Unis, 1985, 90 min).

CANAL+

20.50 FlashForward.Série. C’était écrit. Dernière ligne droite(saison 1, 19 et 20/22) U. Avec James Callis.22.10 « The Pacific » :l’autre front en série. Documentaire V.22.35 The Office.Série. L’Anniversaire de Kelly. Don de sang.Le Ticket en or (saison 5, 17 à 19/28, 60 min).

ARTE

20.35 Le Couperet p

Film Costa-Gavras. Avec José Garcia, KarinViard, Ulrich Tukur, Geordy Monfils (Fr., 2004).22.35 Bomb it. Documentaire (2007).23.30 Tracks.Spécial guerre des sexes. Magazine (55 min).

M6

20.40 Bones.Série. Secret d’Etat. Apparences trompeuses.Chair de poule (saison 5, 12, 13 et 6/22) U ;Lorsque l’enfant paraît... La Raison et le Cœur.(S3, 12 et 13/15) U. Avec Emily Deschanel.0.45 Women’s Murder Club.Série. Les Infiltrés (saison 1, 11/13, 50 min) U.

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Météorologue en directau 0899 700 703

1,34 € l’appel + 0,34 € laminute7 jours/7 de 6h30-18h

Nord-Ouest

Ile-de-France

Nord-Est

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Jours suivants

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Températures à l’aube l’après-midi

Front chaud Front froid

DépressionAnticyclone

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En EuropeAmsterdamAthènesBarceloneBelgradeBerlinBerneBruxellesBucarestBudapestCopenhagueDublinEdimbourgHelsinkiIstanbulKievLa ValetteLisbonneLjubljanaLondresLuxembourgMadridMoscouNicosieOsloPragueReykjavik

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New DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatRio deJaneiroSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashingtonWellingtonOutremerCayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis

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Etats-Unis Le cyclone Earl frappera les Carolines et la Virginie

En Europe12h TU

Les hautes pressionsmaintiendront untemps bien ensoleillé partout. Quelquesbancs de cirrus voileront à peine le cielpar endroits. Des cumulus sedévelopperont sur les Alpes frontalièresjusqu'à la Corse, donnant quelquesondées orageuses de la Côte d'Azur àl'île de beauté. Les températures serontagréables avec une chaleurmodérée surle sud et l'ouest.

Saint GrégoireCoeff. demarée 35

LeverCoucher

LeverCoucher

Météo estivale

Aujourd’hui

Météo&Jeux Ecrans

L a police, apprenait-on hierdans Le Monde, est à larecherche des « petits

papiers » de Mme Bettencourt. Sil’on a bien compris, le photogra-phe François-Marie Banier et legestionnaire de fortune, Patrice deMaistre, avaient pris l’habitude derédiger sur des bouts de papierquelques phrases que la milliardai-re devait apprendre par cœuravant certains rendez-vous impor-tants. Selon la femme de chambrede Mme Bettencourt – c’est dumoins ce qu’elle a dit aux policiersqui l’interrogeaient –, ces docu-ments seraient cachés dans unendroit tenu secret, quelque partdans l’hôtel particulier de LilianeBettencourt.Ah ces petits papiers! On brûled’en connaître le contenu. « Lais-sez parler/Les p’tits papiers/Al’occasion/Papier chiffon», chan-tait Régine. « Papier doré/Celuiqu’y touche/Papier tue-mouches/Est moitié fou/C’est pasbrillant/Papier d’argent/C’est pasdonné/Papier-monnaie/Ou l’on enmeurt… »Dans cette affaire Woerth-Betten-court, les petits papiers se transfor-ment parfois en de véritables bom-bes. Ainsi cette lettre que, selonL’Express et Le Canard enchaîné,M.Woerth aurait écrite le 12mars2007 à M.Sarkozy afin qu’il sou-tienne le souhait de M.de Maistred’obtenir la Légion d’honneur. Elleserait, paraît-il, entre les mainsdes enquêteurs. Papier à en tête,papier flingueur? D’une manièregénérale, il y avait semble-t-ilgrand intérêt à être dans les petitspapiers de Mme Bettencourt.M.Banier et quelques autres ensavent quelque chose. Il arrivait

même que les petits papiers setransforment en enveloppe, et là,paraît-il, c’était jackpot…Avec Nicolas Sarkozy, c’est lamême chose. C’est à qui sera leplus dans ses petits papiers. A l’ap-proche du remaniement, la bagar-re devient féroce. Le Figaro d’hierfaisait grand cas de la rivalitéentre Xavier Bertrand et Jean-Fran-çois Copé. Il titrait : « Le ton monte

entre les leaders de l’UMP ». Dansl’un des articles, on pouvait lirececi : « En 2009, Copé avaitconseillé à Sarkozy de “garder undouble des clés” de la maison UMPune fois Bertrand nommé secrétai-re général. Un an et demi plus tard,le porte-parole du parti majoritai-re Dominique Paillé ironise à sontour: “Si Copé prend le parti, il n’yaura pas besoin de lui demander ledouble des clés. Il faudra changerla serrure”. »Depuis la vanne de Brice Horte-feux à l’université d’été de l’an der-nier (« Un auvergnat, ça va… »),l’humour est devenu une armetrès en vogue à l’UMP.Blague à part, toutes ces histoiresde petits papiers cachés et de clésà refaire commencent à faire dés-ordre. M.Fillon a bien essayé d’ymettre bon ordre, rien n’y fait : legouvernement est devenu unevéritable cour de récré. Il n’y asans doute plus beaucoup à atten-dre pour voir voler dans la salle duconseil des ministres des… avionsen papier.p

Vendredi3 septembreTF1

20.45 Football.Euro 2012 (qualifications, groupe D) : France -Biélorussie. 21.00 En direct du Stade de France.23.00 Secret Story.Episode 9. Télé-réalité (110 min) U.

FRANCE2

20.35 Boulevard du palais.Série. Un marché de dupes. Avec Anne Richard,Jean-François Balmer (France, 2010).22.10 Avocats et associés.Série. Retrouvailles. Avec Frédéric Gorny.23.00 Semaine critique.Magazine. Invités : Jean d’Ormesson,Alain Minc, Jean-Luc Mélenchon (85 min).

FRANCE3

20.35 Faut pas rêver.Les Plus Belles Rencontres de « Faut pas rêver ».Magazine. Au sommaire : Chine : les funambulesdu Yang Tsé ; Mongolie : le train du peuple...22.26 Météo, Soir 3.23.00 Agatha Christie.Série. L’Homme au complet marron (95 min).

CANAL+

20.50 La Proposition p

Film Anne Fletcher. Avec Sandra Bullock,Ryan Reynolds, Mary Steenburgen (EU, 2009).22.35 La Nuit au musée 2pp

Film Shawn Levy. Avec Ben Stiller, RobinWilliams, Alain Chabat (Etats-Unis, 2008).0.15 Watchmen, les gardienspp

Film Zack Snyder. Avec Jackie Earle Haley,Matthew Goode (Etats-Unis, 2008, 95 min) W.

ARTE

20.35 Maman est chez le coiffeur.Téléfilm. Léa Pool. Avec Marianne Fortier,Elie Dupuis, Laurent Lucas (Canada, 2008).22.10 Les corbeaux ont-ilsune cervelle d’oiseau ? Documentaire.23.00 Grand format.Google Baby : bébés en kit. Film documentaire.Zippi Brand Frank (Israël, 2009, 80 min).

M6

20.40 NCIS/Enquêtes spéciales.Série. Délit d’initié (S7, 3/24, inédit) U ; Primitusvictor U. Protéger et honorer V (S6, 5 et 6/25).23.05 Numb3rs.Série (saison 6, 14 à 16/16, 150 min) U.

Lessoiréestélé

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées diman-che-lundi, mardi, mercredi et vendredi.Tous les jours Mots croisés et sudoku.

Legouvernementestdevenuunevéritablecour de récré

Sudoku n˚10-210 Solution du n˚10-209

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;

télécopieur : 01-57-28-21-21Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;

Par courrier électronique : [email protected]édiatrice : [email protected]

Abonnements : par téléphone : de France 0-825-000-778(0,15 TTC/min) ; de l’étranger : (33) 3-44-31-80-48.

Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/Changement d’adresse et suspension :

0-825-022-021 (0,15 TTC/min)Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤

Internet : site d’information: www.lemonde.frfinances : http://finance.lemonde.fr

Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.frDocumentation : http ://archives.lemonde.fr

Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60

Résultats du tirage du mercredi 1er septembre.16, 20, 21, 33, 39 ; numéro chance : 2.Rapports :5 bons numéros et numéro chance : pas de gagnant ;5 bons numéros : 192 649,90 ¤ ;4 bons numéros : 1 665,10 ¤;3 bons numéros : 13,60 ¤ ;2 bons numéros : 5,90 ¤.Numéro chance : grilles à 2 ¤ remboursées.Joker: 5 668 612.

Motscroisés n˚10-210

Chronique FranckNouchi

2 9 4

3 8

5 1 3

4

9 1 8

4 3 7 6

3 2 5

9

7 1 8http://yangeorget.blogspot.com/2009/12/sudokus.html

2 7 3 9 4 8 1 5 6

5 4 1 2 7 6 8 3 9

8 6 9 5 1 3 4 7 2

9 1 7 3 8 4 6 2 5

4 8 6 7 2 5 3 9 1

3 5 2 6 9 1 7 4 8

1 2 8 4 5 7 9 6 3

7 3 5 1 6 9 2 8 4

6 9 4 8 3 2 5 1 7

DifficileCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne,par colonne et parcarre de neuf cases.

L ’ E S P A C E E NP R E M I U M V O Y A G E U R

by

WASHINGTONV O L S P A RJ O U R

airfrance.fr

3Au départ de Paris.

Lesjeux

Loto

Horizontalement Verticalement

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

Retrouvez nos grilles sur www.lemonde.fr

Solution du n° 10 - 209HorizontalementI. Embarquement. II.Nounous.Etui. III. Cinglé. Il. Mf. IV. As.Ellébores.V. Isolé. Pin.VI. Soieries.Dom.VII. SNE. Sor.Maté.VIII. Esse. Ultimes. IX. Palans. US.X. Rudimentaire.

Verticalement1. Encaisseur. 2.Moissons. 3. Bun.Oies. 4. Angèle. Epi. 5. Rollers. AM.6.Quel. Ioule. 7.Us. Eperlan.8. Ibis. TNT. 9.Melon.Misa.10. Et. Dam. 11.Numéroteur.12. Tifs.Messe.

Philippe Dupuis

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

1. Pour attirer discrètementl’attention. 2. Cours en campagne.Légers abrismongols. 3. Prune decoton. Fin hollywoodienne en v.o.4.Ne fait pas le poids. Plein debonsmots. 5. Le noir les habillebienmal. Des phylactères plein lespages. 6.Négation. Rabot oupépin. 7. Supprimé. Briser à bellesdents. 8. Traversé par le Rhône.Boîte à images. 9. Au centre denotre économie. Habitudes.10. Bloqué pour un temps. Ficelésavant expédition. 11. Fit un videsalutaire. Essence africaine.12.Montaigne, Voltaire et gens deplume.

I. Se penche sur les descendeurs etfouille les bas-fonds. II. Permet debien voir la situation. Fourrage.III. Le poitevin est protégé. Biencomblés. IV. Tromper chez lespotes. Abaissa le pavillon.V. Sonnom figure en bas de l’acte. Villeaux bulles d’or.VI. A rendre.Lettres de franchise.VII. Pour unebelle alliance. Sont passées del’église à la salle de bains.VIII. Point de suspension. Arejouer sur le court. IX. Victoirede l’Empire. Passer et repasser labrosse dans le bon sens.X. A faitplaner toute une génération.Facilitent la distribution.

«Laissezparlerles p’tits papiers»

22 0123Vendredi 3 septembre 2010

Page 23: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

230123Vendredi 3 septembre 2010 Carnet

0123cette semai�e---------------------------------------------------------Dossiers et docume�ts

spécial �° 400Chez votre marcha�d de jour�aux

--------------------------------------------------

E� ve�te dès le jeudi 2 septembrechez votre marcha�d de jour�aux

Ve�dredi 3 septembredaté samedi 4 septembre

E� couvertureLes Roms, parias de l’Europe

Témoig�age« Je suis u� ro�fleur »

Nos services--------------------------------------------------------------LecteursKAbo��eme�tsTél. : 0-825-000-778(0,15 TTC/mi�)www.lemo�de.fr/abojour�al

K L’actualité da�svotre magasi�www.lemo�de.fr/kiosque

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Professio��elsK Service des ve�tesTél. : 0-805-05-01-47

Collectio�s-------------------------------------------------------

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Dès le ve�dredi 3 septembreBENNOMOISEIWITSCHLe double CD-livret �° 35

Prolongat�on

• Papy-boomers : quelhér�tage?• Le dro�t à l’eau• De Gaulle mémor�al�ste

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Le Carnet

AU CARNET DU «MONDE»

NaissancesAvignon. Berlin.

Jean et Françoise LIBER,Hans et Yvonne MACKRODT

sont heureux de faire part de la naissancede

Caspar, Louca,

petit frère deMaël,

chezIsabelle etMatthias LIBER,

à Berlin, le 16 août 2010.

Erich-Weinert, Strasse 13,10439 Berlin.

Monique et Jean Claude VÉZILIER,ses grands-parents,

Léa et Pierre GOERIG,Félix et Zélie RIVIÈRE,

ses cousins,

laissent àCyané

le grand bonheur d’annoncer la naissancede sa petite sœur,

Fleur,

le 27 juillet 2010, à Villeneuve-les-Maguelonne,

chezCécile ANDRÉ et Frédéric VÉZILIER.

DécèsMariam Bambara,

son épouse,Ses enfants,Ses petits-enfants,Ses amis,

ont la tristesse de faire part du décès de

Alain Yacouba BAMBARA,ingénieur du génie rural,

fondateur du Groupe Cosmivoire,ancien gouverneur du District 9100

du Rotary International,officier de l’ordre national

de Côte d’Ivoire,officier de l’ordre national du Mérite,

survenu le lundi 28 juin 2010, à Paris.

Ses obsèques ont été célébréesle vendredi 16 juillet, à Abidjan (Côted’Ivoire).

Mme Bambara,07 BP 04,Abidjan 07 (Côte d’Ivoire).

Christine Suquet,sa compagne,

Muriel Barth,François Barth et Stéfanie Pagnoux,

ses enfants,

ont la grande tristesse de faire partdu décès de

Jean-Paul BARTH,chevalier de la Légion d’honneur,

chevalier dans l’ordre national du Mérite,

survenu le 12 août 2010,à l’âge de soixante-huit ans,à Ascain (Pyrénées-Atlantiques).

Les obsèques religieuses ont eu lieudans l’intimité, à Ascain.

Une messe sera célébrée à son intentionle jeudi 9 septembre, à 14 h 30, en l’égliseSaint-Jean-Baptiste de Neuilly-sur-Seine.

9, avenue Sainte-Foy,92200 Neuilly-sur-Seine.

Le Groupe Alcatel-Lucent

a le profond regret de faire part du décèsde

M. Jean-Paul BARTH,chevalier de la Légion d’honneur,

chevalier dans l’ordre national du Mérite,

survenu le 12 août 2010, à Ascain(Pyrénées-Atlantiques), à l’âge desoixante-huit ans.

Au sein du Groupe, Jean-Paul Bartha exercé les fonctions de président puisadministrateur de la compagnie financièred’Alcatel-Lucent, administrateur d’Alcatel-Lucent Entreprise et président-directeurgénéral puis administrateur et présidentd’honneur d’Alcatel CIT, devenu Alcatel-Lucent France, d’octobre 2000 à janvier2009.

Tous ceux qui ont eu l’occasionde travailler avec lui garderont l’imaged’un homme d’act ion, passionnéet pleinement investi dans ses missions.

Nous pensons à sa famille, ses enfantset ses proches qui sont dans la peine etauxquels nous présentons nos sincèrescondoléances.

Wilfrid-Guy Licari,Le délégué général du Québec en

France,

a la profonde tristesse de faire partdu décès de l’artiste québécois

Jean BENOÎT,

survenu à Paris, le 20 août 2010.

Il s’associe à la douleur de sa familleet de ses proches et leur présente ses plusvives condoléances.

L’artiste surréaliste âgé de quatre-vingt-huit ans rejoint sa compagne,l’artiste

Mimi PARENT,

décédée en 2005.

Tous deux étaient venus s’installeren France, en 1948.

Le conseil de surveillance,Le directoire de l’Etablissement public

de santé de Ville-Evrard (Seine-Saint-Denis),Le président de la CME,Le directeurEt l’équipe de direction,

ont la douleur de faire part du décès de

Muguette BOUVIER,née BENVENISTE,

médecin chef au secteur 93G09de 1989 à 2001.

Ils présentent leurs sincèrescondoléances à ses proches.

Les membres du vingt-sixième secteurde psychiatrie du 19e arrondissement

ont la tristesse d’annoncer la disparitiondu

docteurHélène CHAIGNEAU,

qui a dirigé leur service de 1972 à 1987.

Elle est décédée dans sa quatre-vingtonzième année, à Paris, le 29 août 2010.

Nous avons appris d’elle la rencontreavec la maladie mentale à la fois dans sad imens ion c l in ique e t humaine ,l’importance du travail en équipe, éclairépar les concepts de la psychothérapieinstitutionnelle, dont elle fut l’un despiliers.

Les liens avec elle étaient à la fois fortset complexes mais toujours d’une granderichesse.

La famille de

M. Raymond CHAVEL,proviseur honoraire,

officier dans l’ordre national du Mérite,commandeur

dans l’ordre des Palmes académiques,

a la douleur de faire part de son décès,survenu à Paris, le dimanche 29 août 2010,dans sa quatre-vingt-cinquième année,après une longue maladie.

La cérémonie religieuse sera célébréele samedi 4 septembre, à 15 heures,en l’église Saint-Jean, 147, rue de Grenelle,à Paris 7e.

L’inhumation aura lieu dans l’intimitéfamiliale, après crémation.

Mme G. Chavel,57, rue de l’Ourcq,75019 Paris.

Sainte-Marie de Ré.(Charente-Maritime).

Mme Marine Musson,son épouseEt toute sa famille,

ont la douleur de faire part du décès de

M. Philippe FOUCAULT,homme d’images et écrivain,

survenu brutalement le 28 août 2010,à Sainte-Marie de Ré.

Anne Godard,son épouse,Ses enfantsEt petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

Jean-Pierre GODARD,

survenu le 9 août 2010,dans sa quatre-vingtième année.

Les obsèques ont eu lieu dans l’intimitéfamiliale, suivies de l’inhumation aucimetière de Montmartre.

59, avenue Mozart,75016 Paris.

Jeanne Jaudet,son épouse,Danielle et Guy Monniaux,Geneviève et Laurent Jolivet,

ses enfants,Sylvain, Elise et Mohamed,

Marie et Ronan, Romain et Elsa,Louise, Clément,ses petits-enfants,André et Huguette Jaudet,

son frère et sa belle-sœur,Albert et Yvette Garic,

son beau-frère et sa belle-sœur,Ses neveux et nièces,Ainsi que toute la famille,

ont la douleur de faire part du décès de

Raymond JAUDET,chevalier de la Légion d’honneur,

croix de guerre,ancien combattant,

survenu le 30 août 2010,à l’âge de quatre-vingt-huit ans.

La cérémonie religieuse sera célébréele samedi 4 septembre, à 10 h 30, enl’église de Taron (Pyrénées-Atlantiques),où l’on se réunira.

L’inhumation suivra au cimetièrede Taron, dans le caveau de famille.

37, rue de la Marne,91480 Quincy-sous-Sénart.

Mme Anne-Marie Lacalmontie,son épouse,Mme Catherine Lacalmontie

et M. Thomas Parissis,M. Noël et Mme Elisabeth Castaing,

ses enfants,Vincent, Pierre et Olivia, Marion,

ses petits-enfants,

ont la tristesse de faite part du décès du

docteur Jean LACALMONTIE,chevalier de la Légion d’honneur,

chevalierdans l’ordre des Palmes académiques,ancien directeur médical et scientifiquede la Fondation santé des étudiants

de France,

survenu le 24 août 2010, à son domicile,à l’âge de quatre-vingt-cinq ans.

Ses obsèques ont eu lieu le 27 août,dans l’intimité familiale, au cimetièrede Neufmoutiers-en-Brie.

68, rue de France,77300 Fontainebleau.PF Bellifontaines,137, rue Grande,77300 Fontainebleau.

L’Association des amis de la BDIC(Bib l io thèque de documenta t ioninternationale contemporaine)et du Musée

a la grande tristesse de faire part du décèsde l’un de ses membres fondateurs,

Moshe LEWIN,

le 14 août 2010,à l’âge de quatre-vingt-huit ans.

Ses obsèques ont eu lieu vendredi27 août, au cimetière parisien deMontmartre.

Grand historien, il était spécialistede l’Union soviétique.

M. Yvan Mécif,son fils,

a l’immense peine de faire part du décèsde sa maman

Mme Joachine MÉCIF,née LAHOZ,résistante,

ancienne typographe,retraitée de l’administration,

survenu le 20 août 2010.

« La vie aime la conscienceque l’on a d’elle. »

René Char.

34600 Bédarieux.

Stéphane Pimbert,directeur généralEt les équipes de l’INRS,

ont appris avec tristesse le décès de

Bernard MONCELON,directeur du centre de Lorrainede l’Institut de 1982 à 2002,

secrétaire généralpuis président du comitérecherche de l’AISS,

vice-président du comitéchimie de l’AISS.

Ils s’associent au deuil de sa familleet de ses proches auxquels ils adressentleurs plus sincères condoléances.

INRS,30, rue Olivier-Noyer,75680 Paris Cedex 14

A Dieu seul la gloire !

Mme Suzanne Trouilhat,son épouse,Renaud et Claudine Trouilhat,Frédéric et Annie Trouilhat,Michel et Françoise Trouilhat,Pierre et Pascale Trouilhat,

ses enfants,Frédérique, Gaëlle, Florence, Sophie,

Delphine, Claire et Matthieu,ses petits-enfants,Et ses arrière-petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès du

docteur vétérinaireAlbert TROUILHAT,

survenu le 22 août 2010,à Saint-Martin-Vésubie,dans sa quatre-vingt-treizième année.

La bénédiction lui a été donnéele venredi 27 août au temple protestantde Nice.

Il a été inhumé dans le caveau familialdu cimetière de Montmeyran (Drôme).

Eric et Stéphane,ses filsAinsi que leurs familles,

ont la douleur de faire part du décès de

Marcel VAIEDELICH,né le 3 avril 1928,

survenu le 27 août 2010.

Ses obsèques auront lieu le 3 septembre,à 9 h 30, au cimetière de Saint-Maurice(Val-de-Marne).

RemerciementsDans l’impossibilité de répondre

individuellement,

Françoise Lugand-Bourgès,Ses enfantsEt petits-enfants,

très touchés par tous les témoignagesd’affection et d’amitié et par les gestesde solidarité, à la suite du décès de

Jacques-René LUGAND,

vous prient de trouver ici l’expressionde leurs remerciements émus.

Lugand,12, rue du Centre,14840 [email protected]

Les familles Monge, Chupin, Blanché,Cavaillé, Rouger, et d’autres encore,

profondément touchées par les témoignagesd’affection et d’amitié pour

Maurice et Jacqueline MONGE,

perpétueront leur mémoire par leurprésence en ces rivages bretons qu’ils onttant aimés.

Au nom des miens,Jacques Monge,

leur fils.

Anniversaire de décèsLe 23 août 1997,

Jean POPEREN

nous quittait.

Aujourd’hui treize ans après, sonsouvenir est toujours aussi présent.

CommémorationLe Consistoire centralet le Consistoire de Parisrappellent que la cérémoniedes Déportés sera célébrée

le dimanche 5 septembre 2010,à 11 heures, dans la Grande Synagogue,

44, rue de la Victoire, Paris 9e,en présence des plus hautes autoritésciviles, religieuses et militaires.

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Naissances, Anniversairesde naissance, Mariages,Fiançailles… : 18 � TTC

Décès, remerciements,Avis de messe, Anniversairesde décès, Souvenirs : 24 � TTC

Thèses : 15 � TTC

Réduction abonnés

Un justificatif d’identité sera demandé.

& 01 57 28 28 28

Page 24: Le Monde Du Vendredi 3 Septembre 2010

LatinAu cœur des savoirsPermettez-moi de réagir avec unpeu d’humeur à la parution ducourrier de Michael Bulley « Aquoi sert le latin» (Le Monde, du28 août), qui illustre, à unmoment de surcroît où il faudraittenir un discours convaincant etoffensif, une conception tout à lafois naïve et dépassée des humani-tés classiques !On aimerait, après tout ce qui aété écrit, pensé, sur la questiondepuis déjà un certain temps, unpoint de vue rompant enfin aveccette détestable «légende romanti-que» d’un latin ou d’un grec quine seraient beaux et intéressantsqu’à condition de ne servir à rien !Curieuse façon de défendre desdisciplines aussi ambitieuses, aucarrefour de tous les savoirs, et,s’agissant du latin, un savoir quiirrigue la langue, la rhétorique, lalittérature, le droit, constitutif denotre habitus culturel, institutif,pourrait-on dire, en continuant àle parler… Il y a quand même despropos qu’on aimerait ne plusentendre, ou pour le moins qu’onsouhaiterait pouvoir rapidementcorriger…

Cécilia Suzzoni, Paris

Un esprit scientifiqueAyant suivi des cours de latin pen-dant mes études secondaires,j’avais tendance à partager l’opi-nion de Michael Bulley dans soncourrier « A quoi sert le latin » (LeMonde, du 28 août) selon laquellesa connaissance ne saurait êtrequ’un moyen. Mais, après une car-rière d’ingénieur, reprenant desétudes classiques, j’ai eu la surpri-se de constater que mes connais-sances de latin refaisaient surface.J’ai pris conscience du rôlequ’avait joué le latin dans la for-mation de mon esprit. Ainsi, à ladifférence du français, la place desmots latins dans la phrase estlibre et obéit à d’autres contrain-tes que le sens.C’est en se fondant sur leurs dési-nences qu’on parvient à associerles mots comme il convient, enrésolvant en quelque sorte desproblèmes de logique combinatoi-re. J’ai donc acquis l’intime convic-tion que l’étude du latin est duplus grand intérêt pour formerdes esprits scientifiques.

Michel Walter, Paris

C’EST un anniversaire discret que personne ne songe vraiment à célé-

brer : il y a trente ans, en septembre 1980, le mot « beur » faisait son

entrée dans le dictionnaire. Il désignait les jeunes d’origine maghrébi-

ne nés en France de parents immigrés. « Beur» venait d’« arabe », par

une inversion des syllabes. Mais dans un verlan lui-même arabisé

qui transformait certaines voyelles : arabe/ara-beuh/beuh-ara/beur.

Peu à peu, on a vu apparaître des «beurs de service». On a décou-

vert le charme et l’audace des beurettes. On a assisté à la naissance

d’une petite-beurgeoisie, avec quelques figures emblématiques. Le

mot a eu son heure de gloire en 1998, quand la France, championne

du monde de football, s’est déclarée « black-blanc-beur». Le ballon a

tourné moins rond par la suite, tandis que le communautarisme

gagnait du terrain. « Arabe » se prononce de plus en plus «islam »…

Le mot « beur » a d’ailleurs été lui-même verlanisé, donnant « rebeu »,

qui est entré à son tour dans le dictionnaire.

Faut-il s’attendre, au cours des années qui viennent, à une troisiè-

me inversion ? En attendant, les choses n’avancent pas beaucoup.

Les rebeux ont toujours l’impression de compter pour du beurre. p

Lettre de RussieMarie Jégo

Black-blanc-rebeu

«Avec Apocalypse bébé, l’auteurede Baise-moi déploie le grand jeu :thriller, road-movie, peinturesociale, chronique sexuelle…Un feu d’artifice !»Marianne Payot, L’Express

«Virginie Despentes est l’un desmeilleurs écrivains françaisd’aujourd’hui. Elle n’a jamaisobtenu de grands prix littéraires.Tant pis pour eux.»Marie-Laure Delorme, Le Journal du Dimanche

«Un vrai grand roman palpitant,tonique et dérangeant.»Didier Pourquery, LeMondeMagazine

«Son grand retour au roman.»Elle

«Despentes, c’est une énergie,une personnalité. Un agentprovocateur. Une tête brûlée.Une effervescence et une colèreintactes.»Nathalie Crom, Télérama

« Virginie Despentes est de retour– elle est en grande forme.»Sylvain Bourmeau,Mediapart

Grasset

DANS TOUTES LES LISTES

DE MEILLEURES VENTES

Josyane Savigneau, LeMonde des Livres

«

»ÀCETTE SOCIÉTÉDONT LARÈGLE SEMBLE L’EXCLUSION.

ELLENEFAITPASDE

CADEAULe courrier du jour

Billet Robert Solé

L’unchante,l’autremoins

V ladimir Poutine aux commandesd’un bombardier d’eau au-dessusdes forêts en feu dans la région de

Riazan, Vladimir Poutine harponnant unebaleine en mer d’Okhotsk, Vladimir Pouti-ne face à un ours au Kamtchatka, VladimirPoutine contemplant des ossements demammouth en Iakoutie: les téléspecta-teurs russes ont pu contempler leur pre-mier ministre dans les poses les plusvariées.

Après l’étude des ossements de mam-mouth, le «leader national» a pris levolant d’une Lada Kalina jaune canari,modèle «ordinaire», pour se rendre deKhabarovsk à Tchita, afin d’inspecter lanouvelle autoroute (2165km) tout justeconstruite entre le Pacifique et la frontièrede la Mongolie. «Je veux voir de mes pro-

pres yeux comment l’argent public estdépensé», explique-t-il aux journalistesmoscovites invités à monter à bord, sousles regards attentifs des gardes du corpsinstallés dans de grosses cylindrées noiresde marque allemande.

Installé dans la Lada, Alexandre Gamov,le journaliste de Komsomolskaïa Pravdalui dit : «Vladimir Vladimirovitch, j’airemarqué au cours du trajet que partoutles gens avaient peur de Poutine… – C’estbien!», rétorque l’intéressé. Très vite, il pré-cise toutefois que le vrai chef, c’est le prési-dent Medvedev. C’est lui qui tire les ficel-les, et personne d’autre. Dire le contraire,c’est colporter «un ragot», affirme Vladi-mir Poutine.

En lui succédant au Kremlin enmars2008, Dmitri Medvedev l’a soulagé

d’un lourd fardeau. Après deux mandats àla tête du pays (2000-2004 et 2004-2008),l’ancien président était «fatigué de la poli-tique étrangère». Et puis «Dmitri Anatolie-vitch fait très bien son travail». Les kremli-nologues qui croyaient avoir décelé descouacs dans le «tandem» en ont été pourleur frais. Les deux hommes vont-ils s’af-fronter au moment de l’élection présiden-tielle de 2012? Ils se gardent bien de dévoi-ler leur jeu. Une chose est sûre, la campa-gne électorale a déjà commencé. La radioEcho de Moscou l’a bien compris. Deuxémissions ont été consacrées au sujet,l’une était intitulée «Medvedev meilleurque Poutine» et l’autre «Poutine meilleurque Medvedev».

Vladimir Poutine semble avoir une bon-ne longueur d’avance sur son protégé. Sonstyle plaît. Son rallye en Sibérie lui a donnél’occasion de discuter avec des pêcheurs etdes camionneurs, de dialoguer avec les étu-diants de l’université du gaz et du pétrolede Sibérie, de jouer au volley avec des jeu-nes, d’inaugurer un tronçon d’oléoducvers la Chine. Convié pour finir à poser lapremière pierre d’un barrage hydro-électri-que, le premier ministre a jeté sa montredans un bloc de ciment frais. Qui ditmieux?

Le président Medvedev a du mal à sui-vre. Ses opérations de relations publiquessont plus fades. Tandis que Poutine étei-gnait les incendies, Medvedev se pronon-çait pour le changement de nom de lamaréchaussée russe, débaptisée «milice»pour être rebaptisée «police». Tandis que

le «maître» – c’est ainsi que Medvedev, dit-on, parle de Poutine à son entourage –sillonnait le Far East au volant de sa Lada,son protégé dévoilait une icône restauréesur la tour Spasskaïa du Kremlin.

Entre les deux hommes, c’est le jour etla nuit. Medvedev est un fan d’Internet,Poutine voit la Toile comme un «ramassisde pornographie ». Medvedev utilise uniPhone et un iPad, Poutine n’envoie aucunmail et ne possède pas de portable. «Si j’enavais un, il n’arrêterait pas de sonner»,a-t-il expliqué à un ouvrier du combinatNorilsk Nickel mardi 31août. Et d’ailleurs,quand le téléphone fixe se met à sonnerchez lui, il ne « prend jamais le combiné».

Medvedev est fan de nouvelles techno-logies mais terne. Poutine a tous les traitsde l’homme providentiel. Mais, au fond,explique le politologue Stanislav Belkovs-ki, «idéologiquement», rien ne les différen-cie. Peu importe lequel des deux l’empor-tera en 2012, car leur programme est iden-tique. Simplement, chacun prend biensoin de s’adresser à un public différent.

Le président est apprécié par l’intelli-

gentsia urbaine, le premier ministre plaîtau peuple. Et, de plus, il chante! Recevantle 25juillet à Moscou la dizaine d’espionsrusses expulsés des Etats-Unis, il a enton-né avec eux une vieille chanson, La patrie,ça commence avec quoi? La veille, vêtu decuir noir, il avait fredonné Comme c’estbon d’être réunis aujourd’hui devant5000 motards ukrainiens à Sébastopol.

Cette opération de charme intervientau moment où la société civile, comme àl’époque de la perestroïka gorbatchévien-ne, est en plein frémissement. Face à l’auto-ritarisme du Kremlin, les Russes, que l’ondisait si passifs, se sont mobilisés. Troismille manifestants rassemblés à Moscoule 22août ont obtenu gain de cause : l’abat-tage des chênes de la forêt de Khimki, à5kilomètres de la capitale, a été interrom-pue, un peu tard sans doute, 60 hectaresde forêt ayant déjà été rasés, mais quandmême. A Kaliningrad, au nord-ouest dupays, le gouverneur Gueorgui Boos, impo-pulaire auprès des habitants de l’enclave,n’a pas été reconduit dans ses fonctions.

Dans la foulée, de nouveaux héros sontapparus: Iouri Chevtchouk, l’ancien roc-ker devenu le barde de l’opposition démo-cratique, Evguenia Tchirikova, la jeunemère de famille écolo investie dans ladéfense de la forêt de Khimki, «DocteurLiza», dont le blog a crevé des records defréquentation au moment des incendies.Jeunes et adulés, ils sont bien partis pourfaire de l’ombre au «tandem». p

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VladimirPoutineetDmitriMedvedevvont-ilss’affronter lorsdel’élection présidentiellede2012? Ilssegardent biendedévoiler leur jeu

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