176
RÉPUBLIQUE DU TCHAD MINISTÈRE DE L’ELEVAGE ET DES RESSOURCES ANIMALES UNION EUROPÉENNE Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération Ordonnateur National du FED Projet d'Appui à la Filière Bovin - Viande (PAFIB) – Europaid / 128197 / D / SER / TD Juillet 2010 Etude de faisabilité pour la définition d’une zone pilote de transit et de services aux acteurs de la filière d’exportation de bétail et d’un cadre général de certification Bernard BONNET (IRAM) Andréa MASSARELLI (JVL- Consulting) Haroun MOUSSA (DOPSSP/MERA) Adam Brahim ADAM (DAF/MERA) RAPPORT FINAL

Rapportfiliere-bovine-tchad.com/classified/Raptfinal_R1A1... · Web viewLe développement de l’élevage dans les communautés agricoles. Ceci est un facteur qui devrait compléter

Embed Size (px)

Citation preview

Rapport

RPUBLIQUE DU TCHAD

MINISTRE DE LELEVAGE ET DES RESSOURCES ANIMALES

Massaguet

Massakory

Moundou

Dourbali

Tchad

Sarh

Moussoro

Bitkine

Ati

Bol

Pala

Linia

Karm

Klo

Pni

Goundi

Mongo

Gor

Sorgha

Peni

Roro

Koudjourou

Bitkine

Dourbali

Goz

-

beida

Massakory

Moussoro

Am

-

timan

Goundi

Sido

Abch

Sarh

Pala

Gor

Bol

Mao

N

Djamena

Mongo

Sorgha

Massaguet

Ati

Faya

-

Largeau

Massaguet

Massakory

Moundou

Dourbali

Tchad

Sarh

Moussoro

Bitkine

Ati

Bol

Pala

Linia

Karm

Klo

Pni

Goundi

Mongo

Gor

Sorgha

Peni

Roro

Koudjourou

Bitkine

Dourbali

Goz

-

beida

Massakory

Moussoro

Am

-

timan

Goundi

Sido

Abch

Sarh

Pala

Gor

Bol

Mao

N

Djamena

Mongo

Sorgha

Massaguet

Ati

Faya

-

Largeau

UNION EUROPENNE

Zone d

accueil des leveurs transhumant entre le Tchad et la RCA,

prsentant d

intenses activits de collecte en hivernage

Marchs de regroupement

Zone de faible collecte

Zone d

accueil des leveurs descendus du Nord, ne prsentant

des activits de collecte quen saison sche

Zone

agro

-

pastorale avec collecte toute l

anne

Zone d

attache des transhumant, avec d

intenses

activits de collecte en hivernage et en saison sche

Zone du lac Tchad, domaine du buf kouri

Zone d

accueil des leveurs transhumant entre le Tchad et la RCA,

prsentant d

intenses activits de collecte en hivernage

Marchs de regroupement

Zone de faible collecte

Zone d

accueil des leveurs descendus du Nord, ne prsentant

des activits de collecte quen saison sche

Zone

agro

-

pastorale avec collecte toute l

anne

Zone d

attache des transhumant, avec d

intenses

activits de collecte en hivernage et en saison sche

Zone du lac Tchad, domaine du buf kouri

Zone d

accueil des leveurs transhumant entre le Tchad et la RCA,

prsentant d

intenses activits de collecte en hivernage

Marchs de regroupement

Zone de faible collecte

Zone d

accueil des leveurs descendus du Nord, ne prsentant

des activits de collecte quen saison sche

Zone

agro

-

pastorale avec collecte toute l

anne

Zone d

attache des transhumant, avec d

intenses

activits de collecte en hivernage et en saison sche

Zone du lac Tchad, domaine du buf kouri

Marchs de regroupement

Zone de faible collecte

Zone d

accueil des leveurs descendus du Nord, ne prsentant

des activits de collecte quen saison sche

Zone

agro

-

pastorale avec collecte toute l

anne

Zone d

attache des transhumant, avec d

intenses

activits de collecte en hivernage et en saison sche

Zone du lac Tchad, domaine du buf kouri

Ministre de lEconomie, du Plan et de la Coopration

Ordonnateur National du FED

Projet d'Appui la Filire Bovin - Viande (PAFIB) Europaid / 128197 / D / SER / TD

Massakory

Moundou

Nigeria

Tchad

Niger

Faya

-

Largeau

Rpublique

Centrafricaine

Moussoro

Bitkine

Ati

Bol

Cameroun

Adoumri

Guider

Kousseri

Pala

Banyo

Banki

Gamboru

Mubi

Karm

Klo

Sido

Mongo

Banki

Kano

Lagos

Ngali

Gambarou

Abuja

Diffa

Machina

Nguru

Zinder

Gour

Sorgha

Pala

Bongor

Abch

Klo

Mubi

Bogo

Port

-

Harcourt

Enugu

Ibadan

Maiduguri

Massakory

Moundou

Nigeria

Tchad

Niger

Faya

-

Largeau

Rpublique

Centrafricaine

Moussoro

Bitkine

Ati

Bol

Cameroun

Adoumri

Guider

Kousseri

Pala

Banyo

Banki

Gamboru

Mubi

Karm

Klo

Sido

Mongo

Banki

Kano

Lagos

Ngali

Gambarou

Abuja

Diffa

Machina

Nguru

Zinder

Gour

Sorgha

Pala

Bongor

Abch

Klo

Mubi

Bogo

Port

-

Harcourt

Enugu

Ibadan

Maiduguri

Flux principaux

Flux secondaires

March terminal

March relais frontalier

Flux principaux

Flux secondaires

March terminal

March relais frontalier

Abech

Amdout

Katarflata

Oum Hadjer

Batha

Matrar

Amhadjarat

Amssinet

Aboutileh

a

Koudjourouj

Abougada

Hadja

rmadog

o

(allaye)

Gama

Forro

Bili

korry

Mao

Mondo

Michmir

ambassatna

Ndjamna

Bilala

Moussoro

Toukouss

a

Badjoudd

a

Hidiri

Faly

Hamodji

Dandil

Sourtang

a t

djalala

dordone

Ndouli

Kouzitchou

wi

Mouzzourak

i

Arada

Amchougu

a

Dourbali

Salamangu

a

Tacha

Sabangali

Galoo

Afourda

Djabata bara

Moto

Amkakou

k

angoura

Bisney

lala

Massakor

y

bochom

bircamanda

Karm

Djousmanga

Djehin

Douliya

Ndjamena

Lidjia

Ngueli

moukkron

Massaguet

barka

Ndjamena

fara

Awmal

Amdoud

ou

a

Juillet 2010

Savoir

Commercial

local

Animaux et

capitaux

Les

pouvoirs

locaux

Les fondamentaux

et les acteurs du

march

March

...

de la

rencontre

humaine la

transaction

commerciale

Organisation d'leveurs

Eleveurs

Mairie

Tmoins

Commerants

Bouchers

Service de l'Elevage

Banque & IMF

Usuriers

Chefferie

Logeurs

Transporteurs

Courtiers

Garants

Bergers

LES MARCHES A BETAIL SUIVIS (2008)

Donnes SIM Btail DES

Dlgations

Secteurs

PV

Marchs

Les Prix moyenx des Bufs vendus sur les marchs btail (2008)

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

Moyennes

Batha

Ati

Ati

Ati

212000

300000

200000

210000

215000

221000

230000

250000

260000

275000

270000

285000

244000

Oum-hadjer

Oum-hadjer

Oum-hadjer

175000

160000

244000

190000

185000

183500

190000

200000

225000

300000

285000

305000

220000

Guera

Bitkine

Bitkine

Bitkine

185000

204000

195000

182500

170000

144500

152000

156000

175000

185000

172000

170000

174250

Hadjer Lamis

Massakory

Massakory

Massakory

200000

121000

218000

210000

208000

204000

200000

215000

220000

225000

200000

210000

202500

Massaguet

Massaguet

Massaguet

189000

185000

190700

160000

180000

205000

195000

205000

200000

235000

200000

210000

196225

Bokoro

Moto

Moto

120000

124000

123300

135000

195000

216000

200000

250000

245000

235000

250000

200000

191000

Ouadda

Abch

Abkouta

Abkouta

227000

181000

148000

135000

195000

216000

200000

250000

245000

235000

250000

200000

207000

Goz-Beida

Kerfi

Kerfi

275000

200000

155000

160000

152000

185000

200000

215000

220000

225000

200000

210000

199750

Goz-Beida

Tcharaw

135000

195000

68000

135000

195000

216000

200000

250000

245000

235000

250000

200000

194000

Salamat

Haraze

Haraze

Haraze

98000

95000

87000

90000

89000

92000

93750

97600

97000

94375

95000

95000

94000

Am-Timan

Am-Timan

Am-Timan

91600

100000

95000

125000

120000

115000

150000

180000

285000

182500

170000

144500

146550

N'Djamena

Goudji

Goudji

Diguel

152000

152000

141000

140750

145500

151500

165000

175000

170000

168000

160000

150000

156000

MOYENNES

171633,33

168083,3

155416,7

156104,2

170792

179125

181312,5

203633,3

215583

216240

208500

198292

Sommaire

iSommaire

vRsum

xSigles et abrviations

11. Objectif et droulement de la mission

11.1. Objectifs de la mission

11.2. Composition et droulement de la mission

21.3. Remerciements

21.4. Organisation du rapport

32. Enjeux et politiques de commercialisation des bovins sur pied

32.1. Llevage bovin et son exportation partir du Tchad

32.1.1. Des systmes dlevage bovin dominante pastoraux diversifis

72.1.2. Un secteur de llevage trs important et difficilement mesurable

92.1.3. Une productivit de llevage trs mal connue

92.1.4. Linfluence forte de lvolution de la consommation du Nigeria sur la commercialisation des bovins

112.1.5. Des donnes trs partielles sur les flux: la fraude serait bien suprieure au commerce formel enregistr

162.2. La politique nationale de dveloppement de llevage et de valorisation du cheptel

162.2.1. Le Plan National de Dveloppement de lElevage

172.2.2. Les orientations pour la commercialisation du btail

182.2.3. Le renforcement des services dappui et des professionnels du secteur

212.2.4. La cration dun environnement fiscal et administratif favorable au commerce du btail

232.2.5. Les projets en cours dans le domaine

232.3. Politiques et normes des institutions rgionales et internationales dappui la commercialisation

232.3.1. Les normes internationales et nationales de commercialisation du btail sur pieds

242.3.2. Les organisations rgionales

313. Acteurs, stratgies et contraintes rencontres pour la commercialisation

313.1. Introduction

313.2. Lorganisation gographique de la commercialisation: marchs et circuits

313.2.1. Les marchs: diversit, complmentarit des fonctions commerciales

343.2.2. Les marchs: espaces de ngociations sociales entre les acteurs

353.2.3. Les circuits de commercialisation

413.3. Lorganisation sociale de la commercialisation: une grande diversit dacteurs

423.3.1. Les leveurs: pasteurs, agro-pasteurs et agriculteurs leveurs

453.3.2. Les commerants: collecteurs, commerants, exportateurs patents, transitaires

473.3.3. Les fournisseurs de services: convoyeurs, garants

513.3.4. Les acteurs du prlvement sur la chane de valeur

543.3.5. Les femmes et la commercialisation du btail

543.3.6. Lorganisation collective des professionnels de la filire

623.4. Les stratgies et les contraintes vues par les diffrentes catgories dacteurs rencontrs

623.4.1. Les leveurs: leurs stratgies et les contraintes

643.4.2. Les contraintes souleves par les commerants

673.4.3. Les contraintes rencontres par les services et ladministration

703.4.4. Conclusions: les enjeux prioritaires

734. Propositions de la mission

734.1. Identification, traabilit et certification des bovins (IT&C)

734.1.1. Pourquoi un systme de IT&C

744.1.2. Analyse de la situation actuelle au Tchad

764.1.3. Propositions

774.2. Mise en place dun dispositif pilote de services aux acteurs et de transit pour lexportation

774.2.1. Le concept de zone pilote de transit et de services aux acteurs de la filire

774.2.2. Rsultats de la faisabilit dun tel concept au terme du diagnostic des contraintes

784.2.3. Orientation gnrale propose par la mission

784.2.4. Les services aux acteurs mettre en place

814.2.5. Identification des zones dintervention

824.3. Renforcer les effets au profit des leveurs hommes et femmes

824.3.1. Limplication des leveurs aux trois chelles

834.3.2. Limplication des femmes dleveurs

834.4. Dvelopper la concertation entre les organisations professionnelles de la filire

844.4.1. Les tches danimation remplir

874.4.2. Le dispositif danimation promouvoir pour remplir ces fonctions

894.5. Dmarche oprationnelle damnagement des points deau

894.5.1. Les enjeux

894.5.2. Le choix des tronons prioritaires

904.5.3. Les tapes prvoirdans laccompagnement par le PAFIB

944.6. Fonds de lElevage

944.6.1. Le processus de mise en place du FONADEL

944.6.2. Les objectifs du FONADEL

944.6.3. Analyse et propositions pour le PAFIB

975. Annexes

975.1. Termes de Rfrence

1055.2. Documents consults par lamission

1055.2.1. Documents gnraux sur llevage au Tchad

1055.2.2. Documents sur la commercialisation du btail au Tchad

1065.2.3. Lgislation sur le commerce du btail et la dcentralisation

1075.2.4. Documents PAFIB

1085.3. Itinraire de la mission et liste des personnes rencontres

1105.4. Liste des personnes rencontres

1145.5. Composition de la mission

1145.6. Les diffrents marchs btail du Tchad

Liste des cartes

5Carte 1: les systmes dlevage du Tchad, SDEA 2002.

29Carte 2: Carte des marchs Btail du Tchad (source tude IRAM 2004)

33Carte 3: Filire bovine dans la CEMAC et le Nigeria, CEBEVIRHA, 2005.

37Carte 4: Les principaux circuits de commercialisation du btail vers le Nigeria

38Carte 5: Filire bovine Nord (source Infiesta, 2000)

40Carte 6: Filire bovine centre (source Infiesta, 2000)

41Carte 7:Filire bovine sud (source Infiesta, 2000)

49Carte 8: Esquisse dun itinraire de convoyeur

81Carte 9: Premire esquisse du faisceau des marchs intgrs dans laxe Nord

Liste des tableaux

6Tableau 1: Zonage et typologie des systmes pastoraux

8Tableau 2: Rpartition du cheptel par espces et par dpartement (DESP, 2007)

13Tableau 3: Donnes sur la circulation intrieure du btail (Anne 2008)

14Tableau 4: Certification sanitaire du btail sur pieds export formellement en 2008

15Tableau 5: Quelques statistiques des recettes des bureaux btail des douanes

39Tableau 6: Bovins exports formellement via le poste de Bongor

43Tableau 7: variation des prix des bufs vendus en 2008 sur quelques marchs

46Tableau 8 : Estimation du nombre de type d'agents en activit sur les marchs tchadiens et nigrians

53Tableau 9: exemple dune opration dexportation Dourbali - Lagos

58Tableau 10: Caractrisation des associations dleveurs rencontres

92Tableau 11: Recueil des informations par tronon

Liste des figures

35Figure 1: les ples fondamentaux dans le contrle des marchs btail

42Figure 2: la diversit des acteurs intervenant dans lexportation du btail sur pied

43Figure 3: variation des prix des bufs vendus en 2008 sur quelques marchs

43Figure 4: Mcanisme de dgradation des termes de lchange dans lEst du Sahel

Rsum

Objectifs et droulement de la mission. La prsente tude avait principalement pour objectif de contribuer prciser les diffrentes activits de la composante 1 en proposant des actions pour amliorer le fonctionnement gnral de la filire dexportationau bnfice des diffrentes parties prenantes. Il sagissait en particulier danalyser les diffrentes contraintes affrontes par les acteurs du commerce du btail et de prciser les services et les amnagements dinfrastructures utiles et reconnus par eux. Il sagissait aussi dtudier lintrt conomique et la faisabilit dune amlioration du contrle sanitaire et de la traabilit des animaux exports. La mission sest droule du 27 avril au 14 mai au Tchad et a intgr diffrentes rencontres avec les partenaires institutionnels et les acteurs concerns Ndjamena et sur les marchs btail et zones de sorties du btail vers le Cameroun et le Nigria. Les lments de diagnostic et les propositions de la mission ont t prsents et dbattus dans le cadre dun atelier national dune journe et lors dune sance de travail avec la cellule action et la dlgation de lUE.

Parmi la grande diversit des intervenants impliqus dans la filire dexportation bovine, les acteurs essentiels qui prennent les risques sont les leveurs qui doivent lever les animaux sur la dure (5-6 ans pour un animal lexportation). Les commerants eux grent un risque financier plus grand sur de plus courtes priodes et cheval sur trois pays (3-4 mois pour acheter, transfrer, finir et vendre 3.000 km plus loin au Nigria, parfois plus, le temps de revendre les matriaux achets au Nigria et rcuprer les Fcfa). De nombreux autres acteurs apportent une valeur ajoute et un service dans la chane de valeur: garants, convoyeurs, transitaires, bergers, piroguiers En revanche dautres acteurs, de plus en plus nombreux, tirent surtout un profit de la filire de manire licite et illicite. Lensemble des prlvements constitue la charge la plus importante des activits de commercialisation. De surcrot la plupart des taxes prleves sur les marchs ne servent que trs rarement llevage et lamnagement des marchs.

Les contraintes perues par les leveurs. Bien que les producteurs de btail soient les plus nombreux dans la filire, ils sont aussi ceux qui sont les moins intgrs dans la commercialisation. Ils disposent dun savoir-faire important en matire dlevage. En cette anne pourtant trs critique, ltat des animaux prsents sur les marchs visits en constitue une bonne illustration. Cest la prsence des leveurs qui dicte lactivit des marchs qui se vident au dpart de la transhumance. Les leveurs dveloppent des stratgies de commercialisation souvent mconnues et en rupture avec les clichs sur le pastoralisme hors march: valorisation des mles de 5-6 ans en bon tat, rforme des femelles improductives, achat de gnisses de reconstitution aprs les crises, achat daliment du btail individuellement et collectivement quand il est disponible, contrats de vente anticipe auprs de commerants de confiance pour prvenir les pertes, contournement de certains marchs jugs trop prdateurs. En revanche gnralement lleveur ne prsente quune position assez marginale dans les marchs visits. Il a besoin de vendre et peut difficilement repartir au campement sans les produits quil doit acheter partir de la vente des animaux. Il ne dispose pas dune information trs prcise sur le march le jour o il sy rend. Sa dcision se prend au en ralit au vu des informations quil a eues auprs des leveurs qui sont alls au march les semaines prcdentes. Plusieurs intermdiaires constituent un cran entre lleveur vendeur et lacheteur. Les difficults les plus souvent releves par les leveurs soulignent linsuffisance de services en priode de crise comme cette anne (aliments, produits vtrinaires), les difficults dans laccs leau (manque de points deau) Hajer Lamis, Kanem, Chari Baguirmi, les conflits dans laccs aux ressources pastorales (Dourbali, Guelengdeng). Viennent aussitt aprs les tracasseries par les hommes en uniformes. Ils soulignent aussi parfois que beaucoup de promesses faites nont pas t tenues vis vis des leveurs. Enfin, de manire plus spcifique en lien avec le march, les leveurs soulignent la baisse des prix les acheteurs insistant sur les contraintes cots des multiples prdations et tracasseries. Ils mentionnent galement le fait quaucun amnagement nest fait sur le march, mme pas un endroit o se mettre lombre dans la journe. Leau et le fourrage sont galement payants sur place quand ils existent.

Les contraintes souleves par les commerants. La taxation constitue le premier point soulev par les commerants. Ils relvent laugmentation rcente en 2009 des frais de ddouanement passant de 8.000 12.500 F par tte, laugmentation de la redevance pour le fonds de llevage passant de 2.100 F par tte 5.000 F par tte. Cest aussi la multiplication des taxes locales sur les marchs et on assiste une spirale de multiplication des centres de formalits douanires de sortie lintrieur des zones de collecte, occasionnant une certaine duplication des formalits dexportation. Plusieurs textes apparaissent soient non adapts ou non appliqus par les acteurs institutionnels : lgislation non adapte concernant linterdiction de vente des femelles lexportation, non-reconnaissance des laissez-passer sanitaires par les douaniers, exigence de paiement des visas par les agents de lEtat, paiement de la redevance au Fonds de lElevage non assortie des prestations prvues par les textes (bouclage et vaccination). Une inscurit extrme dans les transferts de btail se manifeste en particulier par lintervention de multiples intermdiaires hors la loi faisant pression sur les convois de btail. Cest aussi linsuffisance de points deau sur les axes de commercialisation sur pieds, ainsi que les pertes lies la traverse prilleuse du Chari, du Logone et du Lac, les risques de vol de btail sont permanents. Enfin linscurit dans les transferts dargent et la non convertibilit de la naira occasionnent des dsquilibres importants dans les transactions et amnent les leveurs recouvrir leur argent en rinvestissant dans lachat de produits manufacturs, de construction, quils doivent couler ensuite au Tchad avant de relancer un nouveau cycle de commercialisation.

En dfinitive, alors que llevage gnre une filire de commercialisation trs dynamique, trs peu dinvestissement est fait pour soutenir cette activit et scuriser la production. Ceci est particulirement ressenti par les leveurs en cette situation pastorale trs difficile en 2009-2010. Alors que de nombreux acteurs institutionnels prlvent des recettes importantes lors des activits de commercialisation et notamment dexportation, le poids des taxes et les tracasseries ne fait quaugmenter et induisent fortement le dveloppement de la fraude tous les niveaux. Cette situation, dj releve il y a plus de dix ans et qui a motiv la mise en place dun projet comme le PAFIB, semble stre encore largement dgrade. Les postes de ddouanement du btail se sont multiplis et sont passs dune dizaine en 1999 34 en 2010 suivant une spirale de multiplication des barrires la circulation des troupeaux lintrieur du pays depuis les zones de collecte. Cette tendance est le rsultat dune politique nationale dexportation non coordonne entre les deux dpartements ministriels concerns de lElevage et des Finances. Face une telle situation quelques organisations professionnelles encore peu structures tentent dagir pour dfendre les droits de leurs membres, mais leur action demeure encore peu perceptible au vu de la complexit du jeu des acteurs.

Les systmes didentification, traabilit et certification sanitaire au Tchad. Ils sont inadquats et mritent dtre complts et/ou actualiss. Ces systmes doivent respecter les standards internationaux fixs par lOIE dans le Code sanitaire pour les animaux terrestre, 2009 (www.oie.int chapitres 4.1; 4.2; 4.3; 4.4; et TITRE 5). Le systme didentification repose principalement sur le marquage au feu que certains groupes ethniques appliquent sur leurs dromadaires, bovins(moins souvent) et petits ruminants (trs rarement). Dautres groupes dleveurs marquent les bovins dune entaille loreille. Ces types de marquages ne sont pas officiellement structurs, ni rpertoris dans des systmes denregistrement officiels. Un marquage la peinture au signe de lacheteur est appliqu aux animaux achets sur le site de march, avant dtre dplacs. Les animaux vendus sont accompagns dans leur dplacement lintrieur du pays par un certificat vtrinaire (laissez-passer sanitaire) et par un passeport valable dans les pays CEMAC (donc pas au Nigeria, majeure destination du btail sur pies) en cas dexportation. Les deux certificats sont satisfaisants, respectent les standards internationaux, mais ncessitent une mise jour et actualisation suite lvolution desdits standards. A part le tmoignage verbal des garants sur les marchs, les certificats mentionns ci-dessus sont les seuls documents permettant la traabilit des animaux.

Propositions pour lidentification, la traabilit et la certification sanitaire. Aprs discussion et changes avec tous les acteurs de la filire, la mission a identifi trois options principales pour lavenir. Option zro: ne rien faire et maintenir le statuquo. Ce qui permettrait de maintenir lquilibre actuel et les liens commerciaux avec toutes les implications telles que fraudes, pression fiscale licite et illicite, manque didentification et traabilit des animaux- avec les partenaires actuels, principalement le Nigeria, pays qui accepte les documents produits par les autorits tchadiennes et les garanties dorigine et sant des animaux. Option court-moyen terme, prvoyant des mesures de caractre administrative et physique, la mise en place de mesures damlioration didentification et traabilit telles que le marquage selon le march de vente, la reprise du bouclage des animaux dexportation, lactualisation des certificats accompagnant les animaux. Option long terme, portant sur la volont politique et financire du Gouvernement dtablir un systme modern et fiable de IT&C qui permettrait de gagner laccs marchs plus lucratifs que les marchs actuels. Dans ce cas, il serait indispensable investir dans lamlioration (voir construction suivant les normes internationales) des abattoirs dexportation, dans lintroduction dun systme prenne et gnralis de IT&C et assurer une bonne maitrise de la sant et des mouvements des animaux afin dtablir une(plusieurs) zone(s) de compartimentation et dexportation. Les actions prvues dans loption moyen terme sont proposes pour tre inclues dans le plan dactivits du PAFIB pour la mise en place dun dispositif pilote de services aux acteurs et de transit pour lexportation.

Faisabilit du dispositif pilote de services aux acteurs et de transit pour lexportation. Le concept tel quil est dfini dans les documents du PAFIB visait amliorer le cadre formel des exportations et la qualit du btail export. Le PNDE prvoyait le dveloppement de ce type de zone, qui n'a pas vraiment d'quivalent en Afrique Centrale. Cest dans ce cadre quune premire zone de transit frontalier devait tre mise en place titre pilote par le PAFIB. Ce dispositif devait inciter les commerants exporter leur btail dans un cadre formel en leur offrant un ensemble de services (accs l'eau, enclos, service sanitaire, choppes diverses), et les moyens d'obtenir une certification sanitaire du btail, qui devrait leur permettre d'augmenter la valorisation de leurs btes.

Diagnostic de la faisabilit dune zone pilote de transit et de service aux acteurs de la filire. Face aux contraintes soulignes dans le diagnostic, ce concept de zone pilote de transit et de services aux exportateurs pourrait prsenter des atouts et une certaine cohrence: amlioration des conditions de transit des hommes et des animaux, unicit de guichet qui pourrait permettre une plus grande cohrence des pratiques administratives et induire un contrle mutuel entre services levage et douanes, investir dans des amnagements rendus ncessaires par la pression urbaine qui rend difficile la traverse du pont de Nguelli, et prilleuse la traverse du fleuve en priode de crue en plusieurs endroits.

Mais, dans le prsent contexte, la pertinence de ce type dinvestissement prsente des risques qui peuvent tre levs que si un certain nombre de pralables sont effectivement remplis. Sans modification significative des pratiques actuelles de taxation et de multiplication des points de contrles dans le pays, le site pilote deviendrait un site de tracasserie de plus, incitant les commerants son contournement. Pour faire voluer la gouvernance de la filire, il est ncessaire dagir pralablement sur la concertation entre les professionnels et les services de llevage et des finances pour influer sur les modalits de contrle et les pratiques des acteurs. Lanalyse des circuits dexportation sur pieds actuels montre quils noffrent pas de plus value des animaux certifis, ce qui ne laisse pas esprer une meilleure valorisation de leurs animaux par les commerants. Le tissu des organisations professionnelles de la filire est encore largement trop peu structur et outill pour peser dans ces concertations et grer un tel dispositif pilote tel que propos par le concept de zone pilote de transit et de service.

Propositions dveloppes par la mission pour la composante 1. Au vu de ces constats, la mission recommande que la composante visant lamlioration de la qualit et des conditions de vente formelle du btail export sur pied soit recentre autour de trois champs dactivits: (i.) lanimation dun espace de concertation entre les organisations professionnelles et service aux leveurs et commerants pour la dfense de leurs droits et les intrts, (ii.) lexprimentation et le dveloppement sur un des axes de commercialisation du pays, dune stratgie de structuration, de suivi et damnagement avec les acteurs, (iii.) la construction de systmes de gestion des marchs btail et des axes de dplacements scuriss en eau et pturage impliquant fortement les organisations dleveurs.

Dfinition des services aux oprateurs mettre en place. (i) Lanimation dun espace de concertation national des organisations dleveurs, de commerants, de bouchers, des cuirs et peaux. Il sappuie sur des activits de type: appui organisationnel aux structures existantes, (appui conseil formation), observation collective des pratiques, dbat et analyse en groupes professionnels sur les problmes clefs sur lesquels les concertations devraient aider se positionner et agir (accs aux aliments du btail et gestion des crises pastorales, scurisation des axes de dplacement des troupeaux, interdiction de lexportation des vaches, dmarches douverture dun compte facilitant les transferts dargent entre Tchad et Nigeria, doubles taxations abusives des exportations, prparation du FONADEL et place des organisations de la filire dans le futur office, fiscalit des marchs et dcentralisation de leur gestion). La dfense des droits des leveurs et des acteurs de la filire est aussi inscrite dans cet axe: analyse et formation au contenu de la lgislation, accords sur un code de bonne conduite, mise en place dun service juridique. Enfin des interventions au niveau des acteurs des politiques rgionales en concertation avec la CEBEVIRHA, CBLT, commissions de scurit Tchad-Cameroun sont galement proposes. (ii) Lamnagement concert dun espace pilote de scurisation du commerce du btail est aussi dvelopp comme second champ daction. Il intgre concrtement lappui aux acteurs dans lamnagement et la gestion des marchs btail (test sur quelques premiers marchs avec larrive des collectivits dcentralises), llaboration des priorits de scurisation des axes de commercialisation et le suivi de sa mise en uvre (amnagement des points deau sur quelques tronons prioritaires), lamnagement des postes de contrle lexportation, lamnagement des postes de contrle sanitaire le long des axes dexportation, et enfin le test sur le terrain du dispositif dassistance juridique aux acteurs de la filire. (iii.) Lappui aux structures de gestion locale des amnagements marchs, points deau et centres transit et contrle. Sur les sites retenus pour les amnagements de marchs et de points deau, on accompagnera la concertation et la gestion: appui llaboration daccords locaux pour la scurisation des axes de commercialisation, la mise en place de systmes de gestion des marchs impliquant les leveurs en lien avec la dcentralisation, la mise en place de systmes innovants permettant un meilleur accs aux aliments btail (constitution de stocks de concentrs sur les marchs btail, technologies mlasse-ure, broyage des rsidus de culture et traitement lure) et produits vtrinaires pour les leveurs sur les marchs, la mise en place dun fonctionnement intgrant douane, services vtrinaires et syndicats commerants sur les centres stratgiques de contrles lexportation.

Identification des zones. La mission propose de travailler sur la moiti Ouest de laxe Nord de commercialisation: Ati, Bitkine, Am Djnana Billala, Moto, Karm, Massakory Ce circuit est le plus important car il est le plus frquent et il rencontre de grandes difficults. Il est galement en lien direct avec les zones de collecte et offre donc la possibilit dune action proche des leveurs et de leurs organisations de base dans le Kanem, le Bahr el Ghazal, le Batha, le Chari Baguirmi et le Gura.

Fonds de lElevage. Deux facteurs ont pouss le Ministre travailler sur une volution institutionnelle du Fonds de lElevage depuis 1997. Cest dabord le fait de sa perte dautonomie financire lie au versement au Trsor Public des redevances. Une tude a t ralise en vue de lever une des conditionnalits au dmarrage du PASEP. Aprs deux ans le projet de FONADEL est toujours en discussion entre le Ministre de lElevage et le Ministre des Finances. Le point dachoppement actuel serait le mcanisme de prlvement sur les passations de marchs publics du MERA. Les textes accessibles mentionnent bien lide dun office dans lequel les professionnels seraient reprsents. Il importe donc que la concertation mene au niveau national sapproprie la rflexion sur ces volutions venir, de manire peser dans la prparation des textes dfinissant les modalits dorganisation et de participation des professions de la filire dans le futur office.

Recommandations spcifiques concernant le dispositif danimation. Au vu des propositions un enjeu trs important rside dans la mobilisation de ressources humaines disponibles et capables de sinscrire dans une fonction de secrtariat permanent des organisations professionnelles que lon cherche faire renforcer. Cette fonction danimation plein temps sera aussi indispensable pour aborder lanimation sur les deux autres champs daction proposs: axe de commercialisation (pilote) et sites damnagement et de gestion. Des propositions sont faites pour rsoudre ce problme crucial et plusieurs alternatives sont analyses. Enfin un dveloppement spcifique est galement prsent concernant la dmarche dimplantation des points deau et des amnagements de marchs qui devrait rapidement tre engage par la DOPSSP.

Sigles et abrviations

AFD

Agence franaise pour le dveloppement

AC

Afrique Centrale

ACP

Afrique, Carabe et Pacifique

AT

Assistance Technique

BAD

Banque Africaine de Dveloppement

BM

Banque Mondiale

CE

Commission Europenne

CEBEVIRHA Communaut du Btail, de la Viande et des Ressources Halieutiques

CECOQDA Centre de Contrle de Qualit des Denres Alimentaires

CEMAC Communaut Economique et Montaire de lAfrique Centrale

CP/PIDRCellule Permanente du PIDR

CP

Comit de Pilotage

CIRAD

Centre international pour la recherche agronomique et le dveloppement

CNCPRT Conseil National de Concertation des Producteurs Ruraux de Tchad

CSO

Comit de Suivi Oprationnel

CTS

Comit Technique de Suivi du PIDR

CTP

Conseiller Technique Principale

DAO

Dossier dAppel dOffre

DRE

Direction Rgionale de l'Elevage

DSV

Direction des Services Vtrinaires

EM

Etats Membres

EMF

Etablissements de Micro-Finances

FAO

Organisation des Nations unies pour lalimentation et lagriculture

FE

Fonds d'Elevage

FED

Fonds Europen pour le Dveloppement

FCFA

Franc de la communaut financire africaine

FIP

Fiche d'Identification du Projet

GTZ

Service de Coopration Allemande

LRVZ

Laboratoire de recherche Vtrinaire et Zootechnique

MAT

Maladies Animales Transfrontalires

MERA

Ministre de lElevage et des Ressources Animales

MSCSDR Mcanisme de Suivi de la Consultation Sectorielle sur le Dveloppement Rural

MEERH

Ministre de lEnvironnement et de lEau et des Ressources Halieutiques

MEP

Ministre de l'Economie et du Plan

OI

Organisations Internationales

OIE

Organisation Internationale de l'Elevage

ON

Ordonnateur National du FED

OP

Organisation des Producteurs

OPE

Organisation des Producteurs d'Elevage

ONG

Organisation non gouvernementale

PARC

Campagne Panafricaine de lutte contre la Peste Bovine

PACE

Programme Panafricain de Contrle contre les Epizooties

PAFIB

Programme d'Appui a la Filire Bovine

PASEP

Projet dAppui au Systme dElevage Pastoral

PPCB

Pripneumonie Contagieuse Bovine

PIB

Produit intrieur brut

PIDR

Plan dintervention pour le dveloppement rural

PIN

Programme Indicatif National

PME

Petites et Moyennes Entreprises

PMI

Petites et Moyennes Industries

PNDE

Plan National de Dveloppement de lElevage

PNSA

Programme National de Scurit Alimentaire

PNUD

Programme des Nations Unies pour le Dveloppement

PROADELProgramme d'Appui au Dveloppement Local (financement BM)

PRODALKAProgramme de Dveloppement Local des rgions de LAC Wey et de la Kabia

PRODABOProgramme de Dveloppement Local des rgions de Ouadda/Biltine

PASILD

Programme d'Appui Structurant des Initiatives Locales de Dveloppement

PDL

Plans de Dveloppement Locaux

REPIMAT Rseau dEpidmio-surveillance des Maladies Animales au Tchad

SCAC

Services de la Coopration d'Actions Culturelles (Ambassade de France)

SNRP

Stratgie Nationale de la Rduction de la Pauvret

SOTERASocit Tchadienne dExploitation des Ressources Animales

UE

Union Europenne

UBT

Unit Bovin Tropical

1. Objectif et droulement de la mission

1.1. Objectifs de la mission

La prsente tude dont les termes de rfrences figurent en annexe 1, avait pour objectif danalyser en profondeur les domaines suivants:

Contribuer rsoudre les contraintes affrontes par les acteurs du commerce du btail, des leveurs jusquaux commerants, travers la conception de services, lamnagement ou la rfection dinfrastructures utiles et reconnus par eux;

Etudier lintrt conomique (en terme de ciblage de march spcifique) et la faisabilit dune amlioration du contrle sanitaire et la traabilit des animaux exports;

Amliorer la fiscalit sur le commerce du btail: la mise en place dun mcanisme de taxation adapt, au sein du mcanisme Fonds de lElevage, permettrait de collecter des fonds ncessaires la mise en place dactivits de dveloppement de llevage;

Prciser comment les lments prcdents permettront damliorer la collecte des donnes et linformation sur le commerce dexportation (flux danimaux, priode, dterminants).

Cette tude devait proposer des pistes dactions dans le but damliorer le fonctionnement gnral de la filire dexportationau bnfice des diffrentes parties prenantes. Il sagissait donc de contribuer prciser le contenu des diffrentes activits de la composante 1.

1.2. Composition et droulement de la mission

La mission sest droule du 27 avril au 14 mai au Tchad suivant les tapes dfinies dans les termes de rfrence en adaptant notamment avec lquipe du PAFIB la liste des sites visiter.

La mission tait compose de Bernard Bonnet, socio-conomiste, chef de mission, Andrea Massarelli, vtrinaire spcialiste de la traabilit et du suivi zoo-sanitaire tous deux mobiliss au titre du Groupement IRAM-JVL-Euro Consultants. Le PAFIB a galement mobilis deux experts nationaux, Haroun Moussa de la DOPSSP, Adam Brahim Adam expert de la DAF du MERA. Le troisime expert national spcialiste du commerce du btail au Tchad vers le Nigeria na pu se joindre la mission.

Les entretiens avec les acteurs institutionnels se sont drouls entre le 23 avril et le 13 mai NDjamena et sur le terrain lors des visites de marchs, des dlgations dlevage et de centres de contrle et dexportation (voir itinraire de la mission en annexe).

Des entretiens ont pu tre mens avec lensemble des parties prenantes et personnes ressources prsentes NDjamena.Dautres intervenants ont t galement rencontrs notamment diffrents projets intervenant dans le secteur. (voir en annexe la liste des personnes rencontres)

Des visites de terrain ont permis de rencontrer les diffrents types dacteurs des marchs btail et des sites de transit du btail: poste de sortie de Ndjamena Fara, de Ngueli, de Bongor et Guelengdeng, marchs de collecte et de regroupement de Massakory, Dourbali, Massaguet et Moto.

Un atelier runissant les reprsentants des services publics, des reprsentants des organisations des leveurs, des commerants et des bouchers, ainsi que de diffrents projets et institutions rencontres lors de la mission a t organise le 13 mai NNdjamena. Aprs son ouverture par le Ministre de lElevage et des Ressources Animales, les travaux ont permis de prsenter, dbattre et complter les analyses sur les contraintes de la filire dexportation. Les orientations stratgiques issues de ces constats ont ensuite t discutes par les diffrents acteurs. Des observations et amendements ont enrichi les propositions de la mission.

1.3. Remerciements

La mission tient remercier de leur collaboration et de leur disponibilit tout au long du programme de travail ralis, les nombreux acteurs organisations dleveurs, de commerants, bouchers et convoyeurs et les partenaires institutionnels du MERA (de ses diffrents services SG, DOPSSP, DSV, DES), de la Chambre de Commerce, du Ministre des Finances et des diffrents projets ainsi que les partenaires financiers rencontrs Cellule Action, DUE, AFD, FAO et bien-sr lquipe du PAFIB avec qui nous avons largement partag les observations sur le terrain dans les diffrents marchs et chang sur les propositions faites dans ce rapport.

1.4. Organisation du rapport

Le prsent rapport sorganise en trois grands chapitres:

1. la problmatique gnrale et les enjeux de lexportation du btail sur pieds depuis le Tchad,

2. lanalyse des contraintes perues par les diffrents acteurs de la commercialisation,

3. les propositions de la mission dans le domaine de lidentification, la certification et la traabilit des bovins et la mise en place dun service aux acteurs de la filire bovine.

Enjeux et politiques de commercialisation des bovins sur pied

1.5. Llevage bovin et son exportation partir du Tchad

1.5.1. Des systmes dlevage bovin dominante pastoraux diversifis

La version actualise 2008 du Plan National de Dveloppement de lElevage propose une lecture de la diversit des modes dlevage en procdant une analyse en deux critres, celui des socits pastorales, puis celui des systmes de production.

Diversit des socits pastorales. Au Tchad, le pastoralisme est pratiqu par une multitude de groupes dethnies diffrentes, parmi lesquelles les plus importantes sont les Toubous, les Arabes et les Peuls.

Les groupes Toubous: ils occupent une vaste rgion du Sahara central, une rgion qui dborde lOuest sur le Niger et au Nord sur la Libye. Le terme Toubou renferme en ralit un ensemble de groupes, parmi lesquelles figurent le groupe Tda ou Tdaga et celui de Daza ou Dazagada, avec des subdivisions encore plus fines comprenant dautres sous-groupes.

Les Arabes: le peuplement des pasteurs Arabes stend sur toute la partie centrale du Tchad, des rgions priphriques du Lac Tchad jusquau Salamat vers le Sud Est et jusquau Nord de lAdamaoua au Cameroun. Certains distinguent les Arabes du Nord, qui sont essentiellement des Nomades sans habitat fixe, et les Arabes du Sud qui pratiquent des activits agricoles et sont trs souvent au moins partiellement sdentaires.

Les Peuls: ils forment une socit pastorale qui est connue dans tous les pays de lAfrique sahlienne. Les Peuls forment au Tchad deux grands groupes: les Foulbs, plus nombreux et prsents dans les rgions autour du Lac Tchad, dans le Chari Baguirmi, autour du Lac Fitri et dans le Mayo- Kebbi, et les Wodab (Ouda), principalement attachs au Chari Baguirmi et au Lac Tchad.

Enfin, sur les polders du Lac Tchad, on trouve des leveurs Buduma et Kuri, qui sont des agro- pasteurs- pcheurs. Ils sont leveurs dune race locale appele kouri (unique dans le monde). Cette race est adapte vivre dans les conditions amphibies lacustres. Elle est trs clbre pour ses cornes protubrantes.

Le dveloppement de llevage dans les communauts agricoles. Ceci est un facteur qui devrait complter lanalyse prcdente. Dans de nombreuses zones agricoles, notamment en zone cotonnire lintroduction de la traction animale a induit le dveloppement de pratiques dlevage dans des socits qui ntaient pas des socits pastorales.

Le MERA reconnat ensuite deux grands types de systmes dlevage, les systmes extensifs et les systmes urbains et priurbains. Cest le premier type qui nous intresse ici puisque ce sont ces systmes extensifs qui sont lorigine de la commercialisation des bovins.

Les systmes dlevage extensifs sont orients des degrs divers vers la vente de lait, de produits laitiers et de btail sur pied. Le caractre extensif de l'levage leur confre des cots de production rduits. En se fondant sur la nature des ressources alimentaires des animaux, on peut distinguer deux grands systmes dlevage des ruminants:

Les systmes pastorauxsont localiss dans les zones arides et semi-arides du pays. Dans ces systmes, la disponibilit alimentaire commande les mouvements des troupeaux qui dfinissent des modes de production nomades ou transhumants. Les espces utilises sont des ruminants (bovins, ovins, caprins et camlids). La mobilit qui est la base de ces systmes permet de tirer le meilleur parti des conditions de ptures et de disponibilits en eau, variables selon la rgion et la saison. La production laitire occupe une place centrale dans la gestion de ces systmes. Elle permet la subsistance du groupe par lautoconsommation ou grce aux changes.

Ces systmes reprsentent 80% des effectifs de bovins et utilisent le plus souvent des ressources collectives dont la gestion pose parfois des problmes, compte tenu des alas climatiques et de la pression exerce par dautres types dutilisation (agriculture, foresterie). De plus en plus, certains groupes dleveurs pratiquent de lagriculture pour leur propre subsistance, ce qui les conduit se sdentariser.

Les systmes agro-pastoraux ou systmes mixtes combinent lagriculture et llevage pour lautoconsommation et pour la vente connaissent une croissance importante, en raison de la pousse dmographique. Dans ces systmes trs divers, llevage est associ lagriculture et fournit du fumier, de la traction animale, ainsi quune rserve de capital. La diversit des espces animales (volailles, petits ruminants, bovins) confre une relle souplesse ces systmes. Les dynamiques dintgration de lagriculture et de llevage sont trs variables dune rgion une autre.

Mais au sein de ces deux grandes catgories, la variabilit est trs forte du fait des particularits des interactions entre socits et des cosystmes naturels auxquels elles ont du sadapter. Une lecture plus fine de cette diversit des systmes dlevage extensifs est donne dans la carte et le tableau ci-aprs.

Carte 1: les systmes dlevage du Tchad, SDEA 2002.

Rpublique

du

Tchad

Figure 1 :

Systmes pastoraux

10

.

Tableau 1: Zonage et typologie des systmes pastoraux

Zone agro-climatique

Type dlevage

Zone saharienne

Les systmes pastoraux de type pimont, mouvements sont limits en saison sche aux abords des massifs du Tibesti et de l'Ennedi et, dans une moindre mesure, autour des hauteurs orientales du Kapka et galement la priphrie des oasis de Faya, Zouar, Barda, Fada, et des lacs de la rgion dOunianga.

Le systme pastoral du Kanem Occidental, install dans les ergs fossiles du Chittati et du Liloa. Dplacements trs courts, limits aux ouaddis o sont cultives des crales pluviales et parfois entretiennent des jardins. En saison sche, mouvements vers le Lac ou vers les confins du Chari-Baguirmi. Cure sale aux puits natrons de Dira et Nira, en bonne anne, vers Leschour au nord de Nokou.

Zone sahlienne

Le systme pastoral du secteur lacustre, Buduma et Kouri, entre autres, exploitent avec des troupeaux de taurins, pturages de dcrue des les du lac Tchad. En hautes eaux, en novembre, pour quelques semaines dans les ergs ctiers o poussent des ptis dannuelles et des savanes Leptadenia.

Le systme pastoral du Kanem oriental, oscillations annuelles faites par rapport laxe du Bahr El Ghazal. Vers le Sud en fin de saison sche, jusquau niveau de la route de Massakory Ati. (Descendant beaucoup plus au Sud dans le cas des Kreda). Lorsque les pluies tardent descente jusqu la latitude de NNdjamena, Remonte, en passant par les eaux de surface que concentre la valle du Bahr-El-Ghazal.

Le systme pastoral du Batha occidental, au moins neuf mois de lanne autour du lac Fitri, o leurs troupeaux pturent les bourgoutires rglementes par les sdentaires Bilala de Yao en juin juillet. Ensuite remonte vers les pturages sahariens et retour au niveau de la sous prfecture de Djedda.

Le systme pastoral du Batha oriental, compte tenu de troupeaux importants, migration vers le Sud pour ne pas avoir puiser sur les puits trs profonds de leur sous-prfecture dOum Hadjer. Ils gagnent les lacs et les grandes mares du Salamat en contournant le massif du Gura par lEst ou par lOuest. La remonte est rapide au dbut de lhivernage pour franchir les oueds en crue.

Le systme pastoral du Tchad Oriental amplitudes de nomadisation aussi grandes que celles des leveurs prcdents. Ils les ctoient dailleurs dans les rgions mridionales. Leur descente mridionale sappuie sur les puisards quils creusent dans les lits des oueds. Au dbut de lanne ils se retrouvent dans les rgions du Salamat.

Le systme pastoral remues et transhumance. Eleveurs des villages sdentaires qui possdent dimportants troupeaux zbus. En saison sche, ils scartent plus ou moins des villages la recherche de pturages. En hivernage, les propritaires confient leur btail aux leveurs transhumants, le temps des migrations estivales, pour se consacrer leurs activits agricoles.

Zone soudanienne

Un systme gnralis dlevages villageois et dlevages de culture attele (remues et transhumance) en se rapprochant des grands centres provinciaux, cristallise de plus en plus de petits troupeaux spculatifs. Ces situations agropastorales sont limites par les ressources en eau disponibles localement.

Le systme pastoral fluvial, dvelopp le long des grands cours d'eau, est constitu de troupeaux de zbus, qui s'abreuvent toute lanne aux cours deau permanents. Trs souvent lors des pluies ils effectuent de courtes transhumances destines plutt carter les troupeaux des cultures, plus qu effectuer une vritable transhumance dhivernage.

Un systme pastoral Peul, spcifique au Chari-Baguirmi, pousant les mobilits rgionales durant les mois secs, amorant avant les pluies une transhumance vers bourgoutires Lac Tchad.

Les systmes pastoraux trangers, originaires du Cameroun et de RCA, comprenant des moutonniers et des leveurs de bovins peuls, qui passent par les sous-prfectures mridionales. Ils pntrent au Tchad avec les premires pluies et vont jusquen zone sahlienne, et mme jusquaux marges de la zone saharienne les annes pluvieuses. Ils repartent vers les contres sud avec les pluies.

Source: Schma Directeur de lEau et de lAssainissement, volume thmatique 4, hydraulique pastorale, 2002.

1.5.2. Un secteur de llevage trs important et difficilement mesurable

Plusieurs sources attestent de manire concordante de limportance du secteur de llevage dans lconomie tchadienne. Llevage reprsente lun des principaux supports de lconomie nationale. Il contribue la subsistance denviron 40% de la population rurale avec une contribution de 18% au PIB (environ 300 milliards de Fcfa). 80 % du cheptel est estim appartenant des systmes pastoraux.

La difficult est ensuite de mettre les chiffres en perspectives, les diffrentes sources tant difficiles recouper. Comme le souligne la DESP dans son rapport 2009, aucun comptage d'animaux ou recensement n'a t ralis au Tchad depuis 1976. De ce fait, lestimation des effectifs du cheptel pour l'anne 2008 est le rsultat d'une extrapolation des chiffres donns par le recensement de 1976, corrigs chaque anne par un facteur multiplicateur correspondant un taux de crot estim de la population animale, diffrent selon les espces concernes. Pour l'anne 2008, le MERA estime donc le cheptel du pays 7.075.417 bovins, 2.886.281 ovins, 6.287.553 caprins, 397.089 quins, 436.830 asins, 1.374.308 camelins, 90.482 porcins.

La dernire version du PNDE fournit des estimations en UBT et situe le cheptel entre 10 16 millions dUBT (Unit Btail Tropical) rparti comme suit: plus de 7 millions de bovins, environ 3 millions de camelin et 8 millions dovins caprins. Cet effectif est gr 80% par les systmes pastoraux caractriss par des productions extensives dont la mobilit constitue une stratgie de production et de gestion de risques.

Le taux de crot utilis depuis 1976 pour estimer l'volution des effectifs au fil des ans a t arrt 2,4 % pour les espces bovines, ovines et caprines, 3 % pour les camelines, 2 % pour les quines et asines, et 5% pour les porcines.

Tableau 2: Rpartition du cheptel par espces et par dpartement (DESP, 2007)

DEPARTEMENTS

Bovines

Ovines

Caprines

quines

Asines

Camelines

Porcines

Assongha

81 129

17 137

33 622

1 554

9 326

25 954

-

Baguirmi

823 121

279 485

541 358

20 567

37 722

10 157

965

Bahr El Ghazal

60 184

48 571

97 233

4 317

7 324

64 367

-

Bahr Kh

350 480

76 381

101 647

2 798

0

0

8 868

Batha Est

348 247

167 910

333 340

12 434

15 874

69 212

-

Batha Ouest

694 295

335 821

666 678

24 867

31 748

138 424

-

Biltine

191 083

195 278

456 987

6 216

93 253

69 211

-

Borkou

783

53 034

31 618

746

4 973

109 663

-

Dababa

340 355

115 565

223 848

8 505

16 046

47 340

399

Ennedi

0

51 304

31 619

746

4 973

109 663

-

Gura

777 026

94 529

187 496

174 600

39 166

98 695

-

Hadjer Lamis

329 308

111 814

216 583

8 229

15 524

45 804

384

Kabia

37 478

1 189

65 894

1 493

4 177

0

6 158

Kanem

133 957

108 108

216 422

9 609

16 298

143 269

-

Lac

781 489

223 662

1 157 093

58 412

31 581

166 108

-

Lac Iro

233 654

50 921

67 764

1 865

0

0

5 913

Logone Occidental

45 455

57 841

90 811

3 856

0

0

5 303

Logone Oriental

129 806

156 682

218 050

8 705

0

0

11 972

Mandoul

194 711

42 435

56 471

1 554

0

0

4 928

Mayo Boneye

60 901

1 931

107 075

2 425

6 789

0

10 005

Mayo Dala

57 778

1 832

101 584

2 300

6 440

0

9 505

Monts de Lam

57 153

72 726

114 181

4 848

0

0

6 381

Ouadda

356 971

75 402

147 933

6 838

41 031

114 199

-

Salamat

522 794

277 723

562 749

7 459

19 289

0

-

Sila

210 936

44 557

87 416

4 041

24 245

67 481

-

Tandjil Est

64 430

92 964

148 743

7 081

0

0

10 959

Tandjil Ouest

26 063

37 604

60 164

2 865

0

0

4 433

Tibesti

0

26 228

15 809

373

2 486

54 831

-

Totaux 2007

6 909 586

2 818 631

6 140 185

389 302

428 264

1 334 377

86 173

Rappel 2006

6 747 643

2 752 569

5 996 275

381 669

419 867

1 295 512

82 070

Au regard de ces estimations une grande incertitude demeure par rapport aux taux de crot appliqu et donc aux effectifs rels du cheptel tchadien. Plusieurs hypothses sont voques, parmi lesquelles lhypothse la plus haute estimait en 2000 le cheptel tchadien prs de 20 millions de ttes dont:

Espces

Taux de crot naturel (%)

Effectif

(nombre de ttes)

Coefficient

(UBT/ttes)

UBT

Bovins

2,4

8 777 571

1

8 777 571,0

Camelins

3,0

3 509 409

1,5

5 264 113

Ovins

2,4

2 374 016

0,2

474 803

Caprins

2,4

5 170 640

0,2

1 034 128

Le tableau ci aprs issu du Schma Directeur de lEau et de lAssainissement rcapitule lhypothse haute en 2001 pour les diffrentes zones go-climatiques.

Zones

Bovins

Camelins

Ovins

Caprins

Saharienne

995

668 745

109 950

66 564

Sahlienne

6 514 110

2 840 664

1 530 800

3 676 609

Soudanienne

2 262 467

0

733 266

1 427 467

Total

8 777 571

3 509 409

2 374 016

5 170 640

En utilisant un taux moyen dexploitation annuel de 12,25%, le volume exploitable du cheptel bovin slverait 1.075.252 ttes dans notre hypothse haute.

En dpit de la pertinence de ces estimations, il demeure nanmoins une grande incertitude par rapport aux effectifs rels du cheptel tchadien.

1.5.3. Une productivit de llevage trs mal connue

Les performances zootechniques des races locales sont en ralits mal connues faute dun suivi effectif des paramtres dans les troupeaux. Le document actualis PNDE reprend des donnes cites en 2002.

Tableau : Paramtres zoo conomiques

Paramtres

Bovin

Camlid

Petit ruminant

Production pondrale annuelle

30 kg vif

50 kg vif

5 kg vif

Taux de fcondit

55-60%

10%

100-130%

Age la 1re mise-bas

4- 5 ans

4 ans

15 mois

Intervalle entre mise-bas

14 mois

8 mois

Taux de mortalit

10-20%

10-20%

10-20%

Croit annuel

3,5%

1,5%

20-30%

Production laitire

2-4 litres/jour

06 litres/jour

0,6-1 litre/jour

Taux dexploitation

13%

6%

25-30%

Source: Rapport dvaluation PASEP 2002

1.5.4. Linfluence forte de lvolution de la consommation du Nigeria sur la commercialisation des bovins

Ce champ danalyse na pas t couvert par la prsente tude qui ne disposait pas de moyens pour conduire des investigations au Nigeria principal dbouch des exportations de bovins sur pieds levs au Tchad. On se limitera donc ici reprendre les principaux lments danalyse produits par la Direction de lHydraulique Pastorale et de la Scurisation des Systmes Pastoraux de juillet 2009, en y apportant quelques complments issus dune tude rgionale sur la commercialisation du btail ralise en 2009.

Un march rgional du btail en pleine expansion. En Afrique de lOuest et en Afrique centrale, les animaux sur pieds occupent sans nul doute le premier poste des transactions rgionales des produits du cru (hors brut ptrolier), tant de par la permanence que de limportance des flux. Selon Williams et al (2004), ce march rgional est en pleine expansion, la valeur des transactions commerciales de btail sur pieds tant passe dun peu plus de 6 milliards de Fcfa en 1970, 72 milliards de Fcfa, en 2000 (ce qui semble relativement faible compar aux rsultats du PSSP qui pour le seul Tchad estime les exportations, en 2000, 86 milliards de Fcfa).

Une demande rgionale de viande non satisfaite par la production rgionale. La demande rgionale est tire par celle de cinq pays : le Nigeria, la Cte-dIvoire, le Ghana, le Bnin et le Togo. Elle semble loin dtre satisfaite par la production rgionale de viande estime (CSAO, 2008) environ 919.500 tonnes pour la viande bovine, (3,2kg/hab.), 269.000 tonnes pour les ovins et 351.000 pour les caprins. La mme tude souligne que la croissance annelle de la demande en viande, estime en 2005 4% par an, est appele crotre en Afrique de lOuest de plus de 250% lhorizon 2020 (Club du Sahel/OCDE, 1998, Delgado et al, 2001).

Linfluence majeure du march de consommation nigrian. Le sous espace Est de ce march rgional regroupe le Nigeria et ses voisins immdiats (Bnin, Niger, Tchad, Cameroun, et Rpublique Centrafricaine). Le march nigrian constitue le principal moteur de cet ensemble. Outre la taille du pays (plus de 60% des consommateurs de la rgion), son fort taux durbanit (60% des nigrians sont des citadins), la demande intrieure nigriane en produits animaux semble, en effet, avoir connu un bond significatif au cours des 20 dernires annes, conscutivement lamlioration du pouvoir dachat des populations mais aussi la relative bonne tenue des cours mondiaux des produits ptroliers et la stabilit de la monnaie locale, la Naira. Selon la FAO (2003), la disponibilit apparente en viande de la Fdration est passe de prs de 230.000 tonnes en 1990 plus de 325.000 tonnes en 1999. la disponibilit connat ensuite une acclration pour atteindre 400.000 tonnes en 2001. De toute vidence, cette disponibilit ne rsulte pas uniquement de la production domestique mme si le Nigeria concentre lui seul plus de 50% du cheptel bovin de lAfrique de lOuest. Les rsultats d'tudes rcentes centres sur la question mettent en relief le poids des importations de btail au Nigeria, en particulier celles du Tchad, considr comme premier pays fournisseur de btail du Nigeria (Balami DH, 1999 et 2003), et du Niger. Ces deux pays satisferaient eux-seuls 20 25% de la consommation apparente au Nigeria (Liagre et al, 2004).

Une forte augmentation des prix de la viande au Nigeria. Enfin concernant les prix de la viande et du btail au Nigeria, les diffrentes sources statistiques convergent vers le constat d'une forte augmentation durant les dix dernires annes, avec deux phases d'acclration, la premire partir de la dvaluation du FCFA, et la seconde partir de 1999, date qui correspond la relance de l'activit conomique au Nigeria. Selon les donnes du Programme "Suivi des changes transfrontaliers entre le Nigeria et les pays voisins" entre 1997 et 2002, cette augmentation est de 78% prix courant, mais n'est toutefois que de 59% prix constant.

Lapparition de nouvelles pratiques alimentaires. Lapparition des fast food, servant prioritairement des mets locaux incluant de la viande de volaille et bovine, contribue structurer des habitudes alimentaires mergences des populations urbaines de ce pays. Les nouvelles habitudes alimentaires (fast food) accompagnent donc lmergence dune classe moyenne. Les populations pauvres se tournent vers les volailles importes ou encore vers le poisson. Cette nouvelle consommation dans les fast food reprsenterait 10% de la consommation des produits animaux des grandes villes et peine 1% au niveau de la Fdration. Cest toutefois une tendance mergente de circuits courts quil y a lieu de prendre pour lexemple. Des approvisionnements pourraient tre envisags entre des commerants sahliens et les structures de restauration rapide. Quarante-quatre structures de ce type ont t rpertories sur la seule ville de Kano.

En dfinitive cette configuration de la demande et sa dynamique en forte augmentation constituent donc des dterminants importants de lexportation du btail sur pieds du Tchad vers le Nigeria. Ceci permet de mieux comprendre les logiques de flux et des systmes de commercialisation existants et qui laissent penser que lexportation du btail sur pied vers le Nigeria demeure une filire stratgique pour llevage tchadien. Cependant un facteur particulirement important est observer avec plus de prcision, celui de lintroduction des viandes extra-africaines volaille et de poissons congels dans les grands centres de consommation urbains ctiers. En effet, en dpit dune croissance incontestable, la production domestique ne semble pas parvenir satisfaire cette demande en augmentation. De ce fait, des parts de march sont progressivement perdues et ouvrent la voie des importations croissantes de produits animaux (volailles, abats, produits halieutiques, en provenance dAmrique du Sud et dEurope).

Le dveloppement de limportation de ces sous-produits congels est dautant plus menaant que sur le plan des prix, la production intrieure ne peut pas concurrencer ces produits dimportation. Ramens au kg, ces sous-produits congels se situent parfois 50 % du prix des produits animaux intrieurs.

1.5.5. Des donnes trs partielles sur les flux: la fraude serait bien suprieure au commerce formel enregistr

Lexportation du btail est libralise depuis 1988. Elle occupe un grand nombre doprateurs et semble tre une activit profitable, mais on dispose de trs peu de donnes fiables pour en valuer limportance vritable. Sur le plan conomique, les flux annuels de revenus sont estims actuellement 140 milliards de Fcfa et une valeur ajoute de 210 milliards Fcfa. Le secteur assure la subsistance de 40% de la population rurale et reprsente 30% des exportations du Tchad (plus de 50% hors ptrole).

Seules deux sources peuvent tre exploites lchelle du pays, celles fournies par le MERA et celles du Ministre des Finances.

a. Les donnes fournies par le Ministre de lElevage et des Ressources Animales:

Le contrle sanitaire de la circulation intrieure du btail donne lieu la dlivrance de laissez-passer sanitaires pour les trajets intrieurs des animaux. Chaque LPS mentionne le nombre d'animaux contrls (par espce), le march de dpart, la localit de destination et les points de contrles intermdiaires. Suivant les statistiques les plus rcentes du MERA 372.273 bovins auraient t recenss au titre du commerce intrieur du btail au titre de lanne 2008 (266.851 bovins mles et 105.422 femelles).

La dlivrance des LPS entrane le paiement par le bnficiaire d'une taxe au profit du Trsor Public, dont le montant est fix par le dcret n 021/PR/MEHP/85 du 31/01/85, conformment au barme suivant pour les bovins (2 500 FCFA par certificat + 100 FCFA / tte), ovin caprin (1.000 FCFA par certificat + 30 Fcfa / tte), camelin (2.000 Fcfa par certificat + 150 Fcfa / tte), quin (800 Fcfa par certificat).

La DESP en diffusant les chiffres du tableau suivant mentionne que le nombre d'animaux soumis au contrle de circulation intrieure est sans doute trs infrieur au nombre rel d'animaux faisant l'objet d'un commerce intrieur, du fait de la sous-dclaration aux services vtrinaires. Elle note galement avoir constat que dans certains postes vtrinaires une part importante d'animaux destins en principe la boucherie et ayant bnfici de LPS de circulation intrieure taient en fait exports en fraude l'aide de ce document, notamment vers le Nigria. Officiellement ce sont donc 372.273 ttes de bovins qui se seraient acquites du laissez-passer sanitaire en 2008 au titre du commerce intrieur.

Traverse du Chari

Tableau 3: Donnes sur la circulation intrieure du btail (Anne 2008)

Dlgations

Nbre

Bovins

Ovins

Caprins

Camelins

Equins

Asins

Porcins

Destination

LPS

Mles

Femelles

Mles

Femelles

Batha

1 631

74 029

15 818

93 469

17 167

370

-

10

6

-

N'Djamna

B.E.T.

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Chari Baguirmi

711

12 160

4 622

14 372

8 642

-

-

25

93

-

N'Dj, Gule,Bgor

Gura

1 040

21 725

15 123

37 074

35 016

302

87

100

-

-

N'Ndjamena

Hadjer Lamis

976

26 873

14 734

41 634

14 329

48

298

53

62

-

N'Ndjamena

Kanem

56

82

65

1 810

-

12

260

-

-

-

N'Ndjamena

Lac

-

-

-

-

-

-

-

-

-

-

Logone Occi.

94

1 858

80

-

-

-

-

-

-

1 068

Pala, Sorga, Fianga

Logone Or.

66

1 574

40

689

-

-

-

-

-

-

Mandoul

206

3 144

1 798

3 940

176

-

-

-

-

-

Moundou, Klo

Mayo-Kebbi Est

338

5 190

2 180

7 001

2 682

-

-

-

14

184

N'Ndjamena

Mayo-Kebbi Ouest

220

6 011

789

18

77

-

-

-

-

-

Fianga, lagon

Moyen Chari

652

11 569

11 481

9 834

123

-

-

-

-

-

Moundou, Klo

N'Djamna

400

39 594

23 466

14 140

444

109

943

385

-

-

Guel, Bongor

Ouadda

723

40 972

-

15 393

4 971

108

-

186

30

-

N'Ndjamena

Salamat

557

15 124

13 634

10 420

2 519

332

142

15

-

-

N'Ndjamena

Tandjil

282

6 286

1 592

192

460

-

-

10

19

289

Pala, Fianga

Wadi Fira

7

660

-

40

-

-

-

-

-

-

Abch

Total 2008

7 959

266 851

105 422

250 026

86 606

1 281

1 730

784

224

1 541

Source: rapport statistiques 2008, MERA, avril 2009, 52 p.

Les chiffres sur lexportation sur pieds. Le MERA estime les effectifs exports par le nombre de passeports ou certificats sanitaires octroys au niveau des postes de formalits vtrinaires reconnus. Ce document doit mentionner le nombre d'animaux contrls (par espce), le lieu de contrle, le pays de destination, les traitements raliss et les garanties sanitaires formules pour les animaux ayant fait l'objet du contrle. Comme pour l'exportation des viandes fraches, la dlivrance des passeports sanitaires l'exportation des animaux sur pied ncessite le paiement par l'exportateur d'une redevance au profit du Fonds Elevage du Ministre, conformment au barme tabli par larrt N039/MERA/SG/08 portant rglmentation de lexportation du btail sur pied et ses sous produits de llevage du 14/10/2008. Pour les bovins le montant est de 2 500 Fcfa/passeport par troupeau additionn 5 000 Fcfa par tte au titre de la redevace au fonds de llevage.

Tableau 4: Certification sanitaire du btail sur pieds export formellement en 2008

Dlgations

Nbre Pass.

Bovins

Ov/Cap

Camelins

Equins

Asins

Porcins

Destination

Batha

-

-

-

-

-

-

-

B.E.T

-

-

-

-

-

-

-

Chari Baguirmi

53

8 041

464

-

-

-

-

Nigeria

Gura

-

-

-

-

-

-

-

Hadjer Lamis

181

30 516

1 356

18

54

1 936

-

Nigeria

Kanem

26

873

-

-

-

-

-

Nigeria

Lac

49

2 194

825

24

-

115

-

Nigeria

Logone Occidental

74

2 347

1 368

-

-

-

-

Cam/Nigeria

Logone Oriental

16

676

-

-

-

-

-

Nigeria

Mandoul

61

2 203

1 697

-

-

-

-

Cam/Nigeria

Mayo-Kebbi Est

100

5 357

80

-

-

-

17

Cam/Nigeria

Mayo-Kebbi Ouest

52

3 983

-

-

-

-

-

Cam/Nigeria

Moyen-Chari

149

7 143

1 018

-

-

-

-

Cam/Nigeria

N'Djamna

228

34 386

6 275

502

5

2

-

Nigeria

Ouadda

-

-

-

-

-

-

-

Salamat

87

4 640

-

-

-

-

-

Nigeria

Tandjil

63

1 589

635

-

-

-

-

Nigeria

Wadi Fira

7

-

356

-

-

-

-

Libye

Total 2008

1 146

103 948

14 074

544

59

2 053

17

Source DESP, 2008

Le tableau ci dessus montre que les bovins reprsentent, de trs loin, l'espce la plus exporte en nombre d'animaux, principalement vers le Nigria qui constitue un dbouch majeur pour le btail tchadien. Suivant le mme rapport DESP 2008, le nombre de bovins contrls destination du Nigria reprsenterait 98.906 ttes soit 95,14 % du nombre total de bovins soumis au contrle sanitaire d'exportation en 2008 toutes destinations confondues (103.948). On constate par ailleurs que ce sont les postes vtrinaires de Hadjer Lamis, de NDjamna et du Chari-Baguirmi qui effectuent la majorit des contrles l'exportation, les postes des autres dlgations tant vits par les exportateurs.

La DESP avertit aussi le lecteur que comme les annes prcdentes, les nombres d'animaux contrls pour l'exportation au cours de l'anne 2008 ne reprsentent qu'un faible pourcentage du chiffre rel des animaux exports, en raison de la fraude massive pratique par les ngociants afin d'viter le paiement des redevances sanitaires et des taxes douanires l'exportation.

b. Les donnes fournies par le Ministre des Finances

La valeur des exportations du btail fournie par le Service Exportation du Btail de la Direction gnrale des Douanes et Droits Indirects apporte dautres lments quantitatifs sur lactivit dexportation. La valeur des exportations officielles du btail pour 2007 tait de 22.367.328.000 Fcfa; pour 2008 de 26.281.558.635 Fcfa. Pour 2009, seule la priode de janvier septembre est disponible et reprsentait 17.534.353.979 Fcfa. Ces donnes globales cumulant les recettes du btail des diffrents postes o soprent les ddouanements sont malheureusement impossibles rapprocher des donnes en nombre de ttes fournies par le MERA, car ils nindiquent pas le nombre de ttes et les espces qui sont exportes.

Le tableau ci-dessous situe la perspective dvolution sur quelques sites de ddouanement en distinguant ceux qui sont vritablement des postes de sorties de ceux qui se trouvent lintrieur, voire dans les zones de collecte.

Tableau 5: Quelques statistiques des recettes des bureaux btail des douanes

Bureaux de sortie

Bureaux de sortie lintrieur

2006

janvier-dcembre

2007

janvier-dcembre

2008

janvier-dcembre

2009

janvier-septembre

Biltine

poste non encore cr

7.417.052

2.984.696

3.200.600

Haraz Mangueine

poste non encore cr

28.173.336

36.655.044

54.416.480

Am Timan

23.177.596

15.910.708

35.208.628

27.484.900

Moussoro

10.927.136

10.711.388

18.750.544

17.895.280

Massakory

61.906.520

76.001.380

99.241.596

34.274.160

Massaguet

288.659.904

339.124.072

182.999.704

157.337.440

Ngueli

571.998.736

822.784.924

1.139.350.916

473.305.240

Dourbaly

poste non encore cr

poste non encore cr

78.645.736

64.386.080

Bongor

45.750.896

116.492.362

158.516.698

117.556.320

Mandalia

6.416.800

15.560.896

18.889.615

10.747.760

Guelendeng

23.731.436

48.056.956

86.284.860

89.123.040

Sources: donnes services des douanes btail NNdjamena, mai 2010.

On remarquera la forte frquentation du poste de Ngueli, qui de part le pont, est fortement frquent dans les priodes de crues qui rendent trs hasardeuses les traverses la nage du Chari, du Logone et du Lac Tchad. On notera galement la tendance la progression quasi gnralise daugmentation des montants de ddouanement effectus entre 2006 et 2009, mettre en relation avec laugmentation de la demande Nigriane.

c. Comment intgrer limportance de la fraude lexportation dans les estimations?

Lensemble des acteurs souligne que la fraude lexportation atteint des proportions extrmes. Une tude de terrain sur les circuits de commercialisation (KOUSSOU, M., O., LIAGRE, L., Commercialisation du btail entre le Tchad et le Nigeria) a relev quen 2000 seulement 240.000 ttes taient exportes de manire formelle sur les 520.000 estimes (aprs observations et interviews sur les marchs frontaliers). Les dclarations lexportation taient estimes ainsi 46 % des exportations supposes. Le chiffre daffaires rel de la filire tait estim par ces mmes auteurs 86 milliards de Fcfa soit 50% des exportations tchadiennes en 2000. Ces lments rejoignent les estimations de la Banque des tats de lAfrique Centrale (BEAC, 2001) qui montrent que les exportations tchadiennes sont en croissance marque et rgulire depuis 1994 et auraient atteint 470.000 ttes de bovins en 2001 soit un chiffre daffaires de 85,4 milliards de Fcfa.

1.6. La politique nationale de dveloppement de llevage et de valorisation du cheptel

1.6.1. Le Plan National de Dveloppement de lElevage

Une premire rflexion prospective sur llevage au Tchad a t produite en octobre 1998. Elle a permis de formuler un certain nombre dobjectifs spcifiques qui concernaient llevage (les productions animales et leur commercialisation) ainsi que son environnement institutionnel (organisation du service public de lElevage et gestion de ses ressources humaines, alimentation et gestion des ressources pastorales, organisation du monde pastoral, recherche, formation etc.).

Le PNDE labor en 2008 devrait permettre de prendre en compte toutes les questions du cadre institutionnel, des productions animales, de la commercialisation, dorganisation et des ressources pastorales, de la formation et de la recherche vtrinaire etc., et devant dboucher sur des propositions claires permettant de rattraper les dsquilibres accuss sur des activits spcifiques du sous secteur dune part, et assurant un dveloppement harmonieux de lconomie rurale dans son ensemble, dautre part.

Le processus dlaboration du PNDE a impliqu lensemble des acteurs de dveloppement rural travers lorganisation des ateliers de validation aux niveaux rgional et national, et lappui de la Banque Mondiale et de la FAO par la mise disposition dun expert international.

Les objectifs et les programmes dactions dfinis dans le document du PNDE permettent daffirmer que non seulement l'levage est une activit incontournable dans la lutte contre la pauvret au Tchad mais qu'il est aussi le principal potentiel en matire de garantie pour la scurit alimentaire, l'amlioration des revenus et la cration d'emplois, principalement en milieu rural dans une perspective de gestion globale et intgre des ressources naturelles.

Lobjectif gnral du Plan National de Dveloppement de lElevage (PNDE) consiste augmenter durablement la production animale dans un environnement prserv, afin daccrotre la contribution du secteur de llevage la croissance de lconomie nationale, la rduction de la pauvret et la scurit alimentaire.

Pour atteindre lobjectif gnral, le PNDE vise spcifiquement les huit objectifs spcifiques suivants:

1. Accrotre la production animalepar lintensification et la diversification tout en scurisant les systmes pastoraux et agro-pastoraux ;

2. Dvelopper les filires animales et encourager les productions spcialises par la promotion dun levage productif et conomiquement rentable;

3. Dvelopper la commercialisation et les exportations par lintroduction des nouvelles technologies de transformation et de conservation;

4. Amliorer la connaissance du secteur par la matrise des donnes sur les effectifs, et les caractristiques zoo -conomiques du cheptel;

5. Prserver et renforcer les acquis en matire de sant animale et de recherche vtrinaire;

6. Mettre en place une politique damnagement et de gestion concerte des ressources pastorales ;

7. Renforcer les capacits des services techniques et des professionnels du secteur de llevage;

8. Assurer au secteur de llevage un financement substantiel et rgulier pour permettre sa promotion.

On sintressera sur deux de ces axes dorientation plus directement en lien avec laction du PAFIB et la prsente mission.

1.6.2. Les orientations pour la commercialisation du btail

Plus spcifiquement dans le domaine de la commercialisation du btail, le PNDE dveloppe un sous programme dveloppement des filires qui vise augmenter la production animale travers lamlioration de la productivit des espces et le perfectionnement des pratiques pastorales dune part, et laugmentation des revenus des leveurs par un systme de commercialisation et de transformation plus efficace, dautre part.

Plus spcifiquement, il sagit en particulier damliorer les conditions de commercialisation de produits et sous produits de llevage; de fixer et faire respecter les normes de qualit de produits dlevage en concertation avec les autres services concerns; de conqurir les marchs de la zone CEMAC, des pays africains ctiers et ceux du Golfe arabo- persique; et de favoriser le dveloppement du partenariat entre les groupements de producteurs, les prestataires de services techniques et les systmes financiers et bancaires

La stratgie de mise en uvre sappuie sur deux composantes essentielles: dveloppement des productions animales et commercialisation. Nous mettrons en vidence certains points particuliers de ces composantes avec la problmatique de cette tude.

Dveloppement des productions animales. Cette composante sappuie sur la diffusion de techniques amliorantes au sein des groupements dleveurs, et sur la mise en place dunits semi-intensives autour des grands centres urbains. Plus particulirement lappui la filire btail viande se fera par lencadrement et la formation des leveurs. A cet effet, des thmes bass sur lamlioration de la conduite des animaux seront adopts, une sensibilisation soutenue portant sur le dstockage des animaux sera mene. De nouvelles pratiques de convoyage, limitant la perte de poids des animaux, seront introduites.

Transformation et commercialisation des produits et sous-produits de llevage. On retiendra plus particulirement ici les grands titres des orientations dfinies en matire dorganisation professionnelle et de commercialisation dont nous donnerons quelques lments:

Encadrement et formation des organisations professionnelles.Laccent devait tre mis sur la professionnalisation (cration de 700 nouvelles organisations dleveurs