Upload
nicole-boschung
View
236
Download
3
Embed Size (px)
DESCRIPTION
Â
Citation preview
RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE
M a i 2 0 1 5 | N u m é r o 5
Ag
rosc
op
e |
OFA
G |
HA
FL |
AG
RID
EA
| E
TH Z
üri
ch |
FiB
L
Environnement Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région
de montagne Page 188
Economie agricole Influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses Page 196
Eclairage Congrès inter national sur la reproduction humaine et animale Page 224
Dans les régions de montagne suisses, la biodiversité repré-sente une ressource importante à divers points de vue. Les cher-cheurs et chercheuses de l’ETH Zurich et du FiBL ont interrogé des exploitants de montagne au sujet des deux approches mises en place par la Confédération pour promouvoir la biodiversité: l’approche axée sur les mesures et l’approche axée sur les résultats. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope)
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (Institut des sciences en production végétale IPV;
Institut des sciences en production animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des sciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.chb Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, www.fibl.org
Rédaction Direction et rédaction germanophoneAndrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 58 466 72 21, fax +41 58 466 73 00
Rédaction francophoneSibylle Willi, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, case postale 1012, 1260 Nyon 1, tél. +41 58 460 41 57
SuppléanceJudith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, case postale 1012, 1260 Nyon 1, tél. +41 58 460 41 82
e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich), Thomas Alföldi (FiBL).
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne/App: CHF 61.–*
* Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 64, 1725 Posieux e-mail: [email protected], fax +41 26 407 73 00
Changement d'adressee-mail: [email protected], fax +41 31 325 50 58
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
SommaireMai 2015 | Numéro 5
187 Editorial
Environnement
188 Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne
Sophia Rudin, Otto Schmid et Florian Knaus
Economie agricole
196 Quelle est l’influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses? Andreas Kohler et Ali Ferjani
Economie agricole
202 Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine
Stefan Mann et Daniel Erdin
Production végétale
210 Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orge
Peter Frei et Katia Gindro
Société
218 Réorganisation du système de connais-sances agricoles en Suisse
Robert Obrist, Heidrun Moschitz et Robert
Home
Eclairage
224 Du laboratoire à la pratique: congrès inter national sur la reproduction humaine et animale
David Kradolfer, Martin Kaske et Susanne E.
Ulbrich
Eclairage
228 Sécurité microbiologique et chimique des aliments
Marc Mühlemann
231 Actualités
232 Interview
235 Manifestations
Liste variétale
Encart Liste recommandée des variétés de colza d’automne pour la récolte 2016
Alice Baux, Carolin Luginbühl et Yves Grosjean
Editorial
187
Jean-Philippe Mayor et Arnold Schori, Agroscope
Diversité génétique et efficience en sélection
Chère lectrice, cher lecteur,
La diversification du blé remonte au Néolithique et aux débuts de l’agriculture.
L’évolution du blé vers les formes actuelles a été initiée dans le Croissant fertile
par croisements spontanés entre trois graminées sauvages. Le talent des agricul-
teurs, les migrations humaines et les échanges de semences ont favorisé l’appari-
tion et l’utilisation par l’homme des mutations les plus utiles, aboutissant à la
vaste diversité actuelle du blé et de sa culture, bien au-delà de sa zone d’origine.
La diversité génétique est la matière première de tout progrès en création
variétale. Les gènes (et non les variétés), intéressent le sélectionneur, car ils
peuvent être combinés par croisement. Pour la conservation de ce patrimoine, on
parle justement de banques de gènes, et non de collections de variétés.
Collaborations internationales
Le sélectionneur privilégie les gènes intéressants présents dans des variétés les
plus proches de ses objectifs de sélection. Il organise pour cela des échanges de
géniteurs au niveau planétaire.
Ces échanges sont actuellement fragilisés par de nouveaux systèmes de pro-
tection variétale, par la concentration de la sélection auprès de quelques acteurs
majeurs et partiellement par le Protocole de Nagoya. Celui-ci considère les res-
sources génétiques comme «patrimoine national» et non plus comme «patri-
moine commun de l’humanité», avec les dérives possibles vers la marchandisa-
tion du vivant.
Enfin, le développement fulgurant de la transgénèse, actuellement liée au
brevet, interdit l’utilisation en sélection d’une part croissante de variétés
modernes. Ainsi, sur soja, la quasi-totalité des nouvelles variétés nord-améri-
caines ne sont plus utilisables en croisement, en raison des brevets et des diffé-
rences de législation concernant la culture des OGM.
Les sélectionneurs d’Agroscope entretiennent un vaste réseau de collabora-
tion et d’échange de matériel génétique avec les acteurs des domaines publics et
privés de l’amélioration variétale, dans le monde entier et pour certains depuis
des décennies. Ainsi, 57 % des blés d’automne et 100 % des sojas d’Agroscope ont
au moins un ascendant étranger.
Ces échanges représentent une situation gagnant-gagnant pour les parte-
naires et sont d’une absolue nécessité pour la poursuite du progrès génétique et
la relève des défis à venir, comme l’adaptation aux nouvelles maladies, au chan-
gement climatique ou à l’intensification écologique.
Une collaboration entre Agroscope, l’obtenteur allemand Deutsche Saatvere-
delung AG et Delley Semences et Plantes SA sur blé de printemps verra le jour
cette année. Ce rapprochement impliquera un programme de croisement com-
mun, le partage du matériel génétique disponible, des lieux de sélection et
d’infrastructures ainsi qu’une mise en commun des compétences. Cette collabo-
ration aboutira à la co-obtention de variétés, à un renforcement et à une meil-
leure efficience du programme suisse, élargissant ainsi notre impact vers de nou-
veaux marchés. Notre mission de servir en priorité les besoins suisses et nos
objectifs à long terme (rusticité et résistances, qualité et rendement) seront ren-
forcés, de même que notre contribution à la sélection mondiale.
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 187, 2015
188 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 188–195, 2015
Pour contrer la diminution de la biodiversité dans les
zones agricoles suisses, la Confédération paie des
contributions pour la biodiversité selon une approche
axée sur les mesures (AAM) et une approche axée sur
les résultats (AAR) (Conseil fédéral 2014). L’AAM per-
met aux agricultrices et agriculteurs de recevoir des
paiements directs quand ils mettent en œuvre des
mesures d’exploitation précisément définies (Burton et
al. 2013). La réalisation insuffisante des objectifs écolo-
giques avec l’AAM a provoqué l’introduction supplé-
mentaire de l’AAR – en Suisse dans le cadre de l’ordon-
nance sur la qualité écologique (Lachat et al. 2010;
Mann 2010).
I n t r o d u c t i o n
Dans les régions de montagne Suisses, la biodiversité
représente une ressource importante à divers points de
vue car ces régions, en tant que hauts lieux de biodiver-
sité uniques, contiennent un riche réservoir génétique,
une faune et une flore diversifiées et développent les
milieux les plus divers (Klaus 2013). Dans les régions de
montagne, la biodiversité est actuellement menacée
d’une part par l’intensification des surfaces favorables et
d’autre part par l’abandon des surfaces marginales
(Peter et al. 2009; Dietschi et al. 2007; MacDonald et al.
2000; Tasser et al. 2002).
Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagneSophia Rudin1, Otto Schmid2 et Florian Knaus1
1Ecosystem Management, Département des sciences des systèmes de l’environnement, ETH Zurich, 8092 Zurich, Suisse2Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, 5070 Frick, Suisse
Renseignements: Sophia Rudin, e-mail: [email protected]
Mesures en faveur de la biodiversité en cours de réalisation, axées sur les résultats: prairie extensive en montagne, de qualité écologique 2 pour des espèces cibles et caractéristiques entourée de bosquets d’épineux indigènes, d’arbres isolés et de lisières de forêt étagées comme éléments de mise en réseau écologique. (Photo: Florian Knaus)
E n v i r o n n e m e n t
Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne | Environnement
189
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 188–195, 2015
Pour maintenir et encourager la biodiversité
dans la zone agricole, la Confédération soutient
les surfaces de promotion de la biodiversité
(SPB) en suivant deux approches différentes:
avec l’approche axée sur les mesures (AAM), les
agricultrices et agriculteurs sont dédommagés
pour des mesures définies; avec l’approche
axée sur les résultats (AAR) ils le sont pour des
résultats définis. On attend de cette deuxième
approche, qui dans l’ordonnance sur les
paiements directs se fonde sur l’AAM, une plus
grande efficacité. C’est particulièrement
important en zone de montagne, où on
s’attend à une aggravation des pertes de
biodiversité. La réussite des mesures axées sur
les résultats nécessite un grand engagement
des agriculteurs de montagne et leur adhésion
à cette approche. L’acceptation de l’AAR
comparée à l’AAM a été analysée dans cette
étude, ainsi que la disposition des agriculteurs
de montagne à s’engager dans cette voie. Sur
les 146 agriculteurs suisses-allemands de
montagne interrogés par questionnaire écrit,
trois quarts d’entre eux préfèrent l’AAM à
l’AAR pour l’encouragement de la biodiversité,
au motif qu’elle implique moins de contrôles et
garantit mieux le versement des paiements
directs. Les agriculteurs de montagne qui
pratiquent une agriculture biologique et/ou
extensive sont plus disposés à appliquer l’AAR.
Tous les sondés demandent une prolongation
des horizons de planification et une augmenta-
tion des contributions pour les SPB avant de
s’engager plus fortement pour l’AAR comme
pour l’AAM. Ces résultats pourraient être
utilisés par les pouvoirs publics pour élaborer
des concepts de communication et de forma-
tion plus efficaces, plus adaptés aux besoins de
différents groupes de paysans, et plus
conformes aux objectifs pour les agriculteurs
de montagne.
L’AAR permet aux paysannes et paysans de recevoir des
contributions pour la biodiversité s’ils obtiennent des
résultats écologiques, comme par exemple l’apparition de
certaines espèces cibles (Burton et al. 2013). Les agricul-
teurs décident eux-mêmes des mesures à prendre pour
atteindre le résultat écologique souhaité. Vu qu’on
cherche à favoriser spécifiquement certaines espèces cibles
et caractéristiques, cette approche permet d’atteindre des
résultats écologiques importants pour la biodiversité avec
plus d’efficacité qu’avec l’AAM (Sabatier et al. 2012).
Les paysannes et paysans de montagne suisses
doivent faire preuve d’un grand engagement pour réa-
liser les mesures axées sur les résultats. Cet engagement
ne peut se développer que si l’AAR jouit d’une bonne
acceptation. On ne sait cependant pas encore si les pay-
sans de montagne suisses acceptent l’AAR parce qu’il
n’y a pas encore d’études empiriques. Le présent travail
doit combler cette lacune en étudiant l’acceptation de
l’AAR par les paysans de montagne suisses par rapport
à l’AAM, et en analysant les raisons et les facteurs qui
influencent la disposition en faveur de cette approche.
Le travail résume aussi les conditions-cadres que les
paysans de montagne considèrent comme nécessaires
pour renforcer l’encouragement de la biodiversité. En
font partie des facteurs comme la vulgarisation et la
formation en écologie ainsi que certains aspects de la
politique agricole.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Pour répondre aux questions posées au début, un ques-
tionnaire de huit pages a été élaboré en allemand. Il
comportait des questions sur des caractéristiques socio-
démographiques et gestionnelles, l’engagement actuel
des paysans de montagne pour encourager la biodiver-
sité, l’acceptation de l’AAR, la disposition à s’engager à
l’avenir pour un encouragement de la biodiversité axé
sur les résultats, ainsi que le soutien désiré pour
atteindre cet objectif. L’intensité de la production a été
évaluée par la charge en bétail et la fréquence des
coupes des prairies. L’engagement actuel pour l’encou-
ragement de la biodiversité a été évalué à l’aide de la
proportion de SPB de différents niveaux de qualité en
comparaison avec l’ensemble de la surface agricole utile.
La disposition à s’engager pour un encouragement de
la biodiversité axé sur les résultats a été enregistrée via
des questions sur des mesures concrètes d’encourage-
ment de la biodiversité axées sur les résultats. Les ques-
tions étaient de type fermé, les réponses multiples ont
été notées sur une échelle de cinq degrés (1 = pas juste,
2= pas vraiment juste, 3 = partiellement juste, 4 = assez
juste, 5 = juste).
Environnement | Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne
190
Le questionnaire a été testé au printemps 2014 dans
une étude préliminaire qualitative comprenant 21 pay-
sans de montagne lucernois participant au projet MERIT
pour vérifier la pertinence des questions et les complé-
ter du point de vue de la pratique. Le questionnaire
révisé a ensuite été envoyé à 1000 paysans de montagne
suisses-allemands ayant droit aux paiements directs,
choisis au hasard dans la banque suisse des données
agricoles. Sur les 1000 questionnaires, 257 ont été
envoyés en Suisse orientale (y compris Zurich), 302 en
Suisse centrale, 13 en Suisse du nord-ouest et 428 dans
les parties germanophones de l’Espace Mittelland (can-
tons de Berne, Fribourg, Soleure, Neuchâtel et Jura) et
du Valais. L’échantillon a été stratifié selon les critères
zone de montagne (zones de montagne I à IV) et sys-
tème de production (production biologique ou non bio-
logique). Le choix au hasard stratifié a été effectué par
l’Office fédéral de l’agriculture. Un total de 146 ques-
tionnaires remplis ont été mis en valeur statistiquement
(retour 20 %). L’échantillon est représentatif du point de
vue de l’âge, de la surface agricole et de la charge en
bétail. L’échantillon n’est pas représentatif pour la pro-
portion de producteurs biologiques; les fermes bio sont
surreprésentées dans l’échantillon (moyenne suisse en
zone de montagne: 18 %, échantillon 35 %).
Les questionnaires ont été mis en valeur à l’aide de
statistiques descriptives et de tests statiques (tests t pour
les raisons du choix de l’AAR et de l’AAM et corrélation
de Pearson resp. test du khi carré pour l’analyse des fac-
teurs d’influence). Tous les calculs ont été effectués avec
le programme SPSS (Version 22.0., Armonk, NY: IBM
Corporation).
R é s u l t a t s
Nette préférence pour l’approche axée sur les mesures
Trois quarts des paysans de montagne interrogés pré-
fèrent l’AAM à l’AAR pour l’encouragement de la biodi-
versité, indépendamment des caractéristiques sociodémo-
graphiques et entrepreneuriales (fig. 1). Les agriculteurs
Figure 1 | Préférences des agriculteurs de montagne interrogés concernant les types d’approche pour l’encouragement de la biodiversité (n = 146).
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 188–195, 2015
0
10
20
30
40
50
60
70
80
Approche axée sur les résultats (AAR)
Approche axée sur les mesures (AAM)
Pour
cent
ages
des
agr
icul
teur
s [%
]
Approche axé sur les résultats:
Comparaison Suisse-Europe
L’AAR se trouve en partie dans l’ordonnance fé-
dérale sur la qualité écologique, au chapitre des
surfaces de promotion de la biodiversité (SPB) du
niveau de qualité 2 (définition d’un nombre mini-
mal d’espèces cibles), et en partie dans les pro-
jets de mises en réseau (Conseil fédéral 2014).
Il y a en Allemagne et en France des AAR purs
(Nitsch 2014). En Suisse, l’AAR et couplée à
l’AAM parce que la condition de base pour
l’obtention des paiements directs est le respect
de certaines mesures des SPB de niveau de
qualité 1 (prescriptions entre autres sur la pro-
portion minimale de la surface agricole, sur les
dates et la fréquence des coupes et des utilisa-
tions des prairies et des pâturages).
L’intérêt pour l’AAR a augmenté dans toute
l’Europe au cours de la dernière décennie (Bur-
ton et al. 2013): Des projets de recherche sont
en cours, comme celui cofinancé par l’Office
fédéral de l’agriculture – le projet de l’UE ME-
RIT, Merit-based income from sustainable land
management in mountain farming (MERIT
2014). L’Institut de recherche de l'agriculture
biologique (FiBL) de Frick et des partenaires de
quatre pays européens de l’Arc alpin (Autriche,
France, Italie et Slovénie) étudient si des sys-
tèmes étatiques et privés d’encouragement de
la diversité naturelle, davantage axés sur les
résultats que sur les mesures, pourraient s’avé-
rer particulièrement intéressants pour les agri-
culteurs et pour la politique. Le département
de l’environnement de la Commission euro-
péenne a en outre organisé fin septembre 2014
à Bruxelles une conférence sur le thèmes des
paiements pour la biodiversité axés sur les ré-
sultats dans les programmes agro-environne-
mentaux et a réalisé sur son site internet une
plateforme d’information avec des exemples
(RBAPS 2014).
Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne | Environnement
191
culteurs de montagne une explication plus claire de ce
qu’ils doivent faire pour avoir les paiements directs et
une meilleure garantie de recevoir vraiment les paie-
ments directs. Les agriculteurs de montagne qui pré-
fèrent l’AAR pensent que celle-ci favorise plus directe-
ment et efficacement la biodiversité.
Exploitations bio et extensives plus engagées
La disposition des agriculteurs de montagne à réaliser
des mesures d’encouragement de la biodiversité axées
sur les résultats est influencée significativement par
leur engagement actuel pour l’encouragement de la
biodiversité, leur mode de production et l’intensité de
leur production (tabl. 2). Plus les agriculteurs de mon-
tagne s’engagent déjà pour la biodiversité avec des
SPB de tous les niveaux de qualité, plus ils auront ten-
dance à vouloir s’engager ensuite pour un encourage-
ment de la biodiversité axé sur les résultats. Les agricul-
de montagne qui préfèrent l’AAM ne se différencient pas
significativement des agriculteurs de montagne qui pré-
fèrent l’AAR. Il existe cependant de petites différences
non significatives entre les deux groupes: il y a davan-
tage d’agriculteurs de montagne biologiques parmi les
agriculteurs de montagne qui soutiennent l’AAR (43%)
que parmi les agriculteurs de montagne préférant l’AAM
(35 %). Les agriculteurs de montagne qui préfèrent l’AAR
ont une charge en bétail un peu plus faible (1,1 UGBF)
que les agriculteurs de montagne qui préfèrent l’AAM
(1,3 UGBF).
Les raisons de préférer l’une des deux approches dif-
férentes sont multiples (tabl. 1). Les agriculteurs de mon-
tagne qui préfèrent l’AAM pensent que cette approche
nécessite moins de contrôles et de spécialistes pour la
mise en valeur des résultats des mesures, qu’elle est plus
simple à contrôler et qu’elle offre donc les mêmes condi-
tions à tous les agriculteurs. L’AAM apporte à ces agri-
Raison Approche Valeur moyenne1 Valeur-p2
Cette approche favorise plus directement et plus efficace-ment la biodiversité.
MOA 3,42***
ROA 4,09
Cette approche me montre mieux ce que je dois faire pour avoir les paiements directs.
MOA 4,19**
ROA 3,53
Cette approche nécessite moins de contrôles et de spéci-alistes pour la mise en valeur des résultats des mesures.
MOA 4,10***
ROA 2,87
Cette approche me donne une meilleure garantie de rece-voir vraiment les paiements directs.
MOA 4,11**
ROA 3,31
Cette approche est plus simple à contrôler et offre donc les mêmes conditions à tous les agriculteurs.
MOA 4,19**
3,471Valeurs de l’échelle: 1 = pas juste, 2= pas vraiment juste, 3 = partiellement juste, 4 = assez juste, 5 = juste2Test t qui compare les valeurs de la préférence pour l’AAR et l’AAM. Niveau de signification: *p < 0,05, ** p < 0,01, *** p < 0,001.
Facteurs d’influenceValeur Pearson resp. valeur du khi carré
Valeur P
Engagement actuel pour les surfaces de promotion de la biodi-versité (SPB)
0,234 a **
Engagement actuel pour les mesures d’encouragement de la biodiversité axées sur les résultats
18,964 b ***
Production biologique selon Bio Suisse versus production inté-grée selon IP-Suisse
5,413 b *
Production biologique selon Bio Suisse versus production con-ventionnelle selon les prestations écologiques requises (PER)
8,610 b **
Charge en bétail [UGBF/ha] ‒0,264 a **
Fréquence des coupes dans les prairies intensives ‒0,250 a **aCorrélation Pearson, b test du khi carré.
Niveau de signification: *p < 0,05, ** p <0,01, *** p < 0,001.
Tableau 1 | Raisons expliquant la préférence pour l’AAR ou l’AAM du point de vue des agriculteurs de montagne interrogés (n = 146)
Tableau 2 | Facteurs influençant la disposition des agriculteurs de montagne interrogés à réaliser des mesures d’encouragement de la bio-diversité axées sur les résultats (n = 146)
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 188–195, 2015
Environnement | Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne
192
teurs de montagne qui travaillent en bio sont
davantage prêts à favoriser la biodiversité avec des
AAR que les agriculteurs de montagne qui produisent
des denrées alimentaires en intégré selon les directives
d’IP-Suisse ou en conventionnel selon les prestations
écologiques requises (PER). Les agriculteurs de mon-
tagne qui font de la production intensive sont moins
prêts à s’engager pour un encouragement de la biodi-
versité axé sur les résultats que les agriculteurs de mon-
tagne qui cultivent leurs terres de manière plus exten-
sive.
Sécurité de planification à plus long terme exigée
Une sécurité de planification à plus long terme est exi-
gée dans le domaine des paiements directs, afin d’aug-
menter les mesures d’encouragement de la biodiversité.
Les agriculteurs de montagne préfèrent en outre des
contributions pour la biodiversité plus élevées, une
bonne vulgarisation et une augmentation de la
demande pour leurs produits (fig. 2). Les canaux de vul-
garisation préférés sont les services cantonaux de vulga-
risation, les revues agricoles spécialisées, le préposé
local à l’agriculture (agriculteur qui fonctionne comme
intermédiaire entre l’agriculture et la commune) et
l’union paysanne régionale. Pour les agriculteurs de
montagne qui préfèrent les AAR, les formations conti-
nues, l’acceptation sociale des mesures (par la famille,
les voisins, les collègues et la société) et une étroite col-
laboration avec d’autres agriculteurs de montagne sont
plus importantes que pour les agriculteurs de montagne
préférant les AAM.
D i s c u s s i o n
La majorité des agricultrices et agriculteurs de montagne
interrogés préfèrent les mesures d’encouragement de la
biodiversité axées sur les mesures avant tout pour des
motifs financiers, pour la clarté des instructions pour
l’exploitation et pour la meilleure garantie de recevoir
les contributions pour les SPB. Une minorité des agricul-
teurs de montagne interrogés est prête à se préoccuper
davantage des résultats écologiques (espèces cibles défi-
nies) et des mesures d’encouragement de la biodiversité
qui sont nécessaires pour cela dans leur exploitation. Ils
pensent en effet que cela permet de favoriser plus effi-
cacement la biodiversité.
La préférence des agriculteurs de montagne est vrai-
semblablement faussée en direction de l’AAR par la sur-
représentation des agriculteurs biologiques. Il n’y a pas
de chiffres comparables en Suisse. Dans une étude faite
0%
5%
10%
15%
20%
25%
Grande
sécu
rité
de pl
anific
ation
Paiem
ents
direct
s
Vulgari
sation
Forte
deman
de
Form
ation
conti
nue
Incita
tions
par u
n lab
el
Reconn
aissan
ce so
ciale
Canau
x d'éc
oulem
ent
supp
lémen
taires
Etroit
e coll
abora
tion
Prop
ortio
ns d
e pa
ysan
s de
mon
tagn
e
Agriculteurs de montagne qui préfèrent l'approche axée sur les résultats
Agriculteurs de montagne qui préfèrent l'approche axée sur les mesures
Figure 2 | Facteurs cités par les agriculteurs de montagne concernant le soutien de la réalisation de l’encouragement de la biodiversité (n = 146; réponses multiples possibles).
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 188–195, 2015
Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne | Environnement
193
L’augmentation des paiements directs écologiques peut
en plus obtenir un élargissement ou une amélioration
des SPB. Des incitations pourraient être créées par un
élargissement des paiements, surtout pour les prairies
et pâturages extensifs et peu intensifs, ou par un dépla-
cement des paiements directs vers la qualité et la mise
en réseau des SPB.
Outre les aspects financiers, la vulgarisation faite par
les vulgarisateurs régionaux, les préposés communaux à
l’agriculture ou les associations paysannes locales est
utile pour montrer les possibilités et l’utilité de l’encou-
ragement de la biodiversité dans les exploitations. Pour
les agriculteurs qui préfèrent l’AAR, la vulgarisation
devrait plutôt porter davantage sur les interactions éco-
logiques et les besoins des espèces cibles et caractéris-
tiques. Pour interpeller les agriculteurs qui préfèrent
l’AAM, il faudrait focaliser la vulgarisation sur la compa-
tibilité de l’économie et de l’écologie dans les exploita-
tions. Comme l’avaient montré plusieurs discussions
avec des agriculteurs de montagne pendant l’étude pré-
liminaire, les possibilités de réalisation de mesures d’en-
couragement de la biodiversité dans l’exploitation et leurs effets positifs pourraient être intégrés de manière
dans le sud de l’Allemagne, dans laquelle les agriculteurs
biologiques étaient aussi surreprésentés, 36 % des agri-
culteurs de montagne interrogés préféraient l’AAR
(Matzdorf et al. 2010).
Les agriculteurs biologiques montrent une forte dis-
position à s’engager pour l’encouragement de la biodi-
versité et ils ont tendance à consacrer de plus grandes
proportions de leur surface agricole utile aux SPB (Scha-
der et al. 2008).
Plus la charge en bétail est donc l’intensité de la produc-
tion est élevée, moins il est probable qu’un agriculteur
s’investisse pour l’encouragement de la biodiversité
(Dupraz et al. 2003; Wilson et al. 2000). Cela signifie que
la production biologique peut influencer positivement
l’encouragement de la biodiversité tandis que l’exploi-
tation intensive l’influence plutôt négativement.
Les réponses concernant les conditions-cadres pour
l’encouragement de la biodiversité révèlent que la pro-
portion de SPB dans la surface agricole utile peut être
augmentée si la sécurité de planification des agricul-
teurs est améliorée. Il faut pour cela que la politique
agricole soit définie à plus long terme (pour plus long-
temps que les quatre années actuellement usuelles).
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 188–195, 2015
Figure 3 | Étude de la flore et de la faune sur le terrain dans la région d’Entlebuch, dans le cadre du projet MERIT, pour déterminer le potentiel de multiplication des mesures d’encouragement de la biodiversité axées sur les résultats (qualité écologique 2). (Photo: Otto Schmid)
194
Environnement | Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne
Bibliographie ▪ Conseil fédéral, 2014. Ordonnance sur les paiements directs versés dans l’agriculture. SR 910.13. Accès: http://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/20130216/index.html [9.6.2014]
▪ Burton R. J. F. & Schwarz G., 2013. Result-oriented agri-environmental schemes in Europe and their potential for promoting behavioural change. Land Use Policy 30 (1), 628–641.
▪ Dietschi S., Holderegger R., Schmidt S.G. & Linder P., 2007. Agri-environ-ment incentive payments and plant species richness under different ma-nagement intensities in mountain meadows of Switzerland. Acta Oecolo-gica-International Journal of Ecology 31 (2), 216–222.
▪ Dupraz P., Vermersch D., De Frahan B.H. & Delvaux L., 2003. The environ-mental supply of farm households – A flexible willingness to accept model. Environmental & Resource Economics 25 (2), 171–189.
▪ Klaus G., 2013. Hotspot and reduit of species diversity. Environment 4, 16–19.
▪ Lachat T., Pauli D., Gonseth Y., Klaus G., Scheidegger C., Vittoz P. & Wal-ter T., 2010. Conversion of Biodiversity in Switzerland since 1900. Is the trend bottomed out? Verlag Haupt, Bern.
▪ MacDonald D., Crabtree J. R., Wiesinger G., Dax T., Stamou N., Fleury P. & Gibon A., 2000. Agricultural abandonment in mountain areas of Euro-pe: Environmental consequences and policy response. Journal of Environ-mental Management 59 (1), 47–69.
▪ Mann S., 2010. Analyse des points faibles de l'Ordonnance sur la qualité écologique. Recherche Agronomique Suisse 1 (1), 24–29.
▪ Matzdorf B. & Lorenz J., 2010. How cost-effective are result-oriented agri-environmental measures? – An empirical analysis in Germany. Land Use Policy 27 (2), 535–544.
▪ MERIT, 2014. Merit-based income from sustainable land management in mountain farming. Accès: http://www.umweltbuero-klagenfurt.at/merit [9.6.14].
▪ Nitsch H., 2014. Review on result-oriented measures for sustainable land management in alpine agriculture & comparison of case study areas. Report of Work package 1. MERIT-Project. RURAGRI Research Program-me 2013–2016. Accès: http://www.umweltbuero-klagenfurt.at/merit/re-ports/EU-MERIT_WP1-Report_Review_Result-oriented-measures_Nov2014.pdf [6.2.15].
▪ Peter M., Gigon A., Edwards P.J. & Luscher A., 2009. Changes over three decades in the floristic composition of nutrient-poor grasslands in the Swiss Alps. Biodiversity and Conservation 18 (3), 547–567.
▪ RBAPS, 2014. Result-based agri-environment schemes: payments for bio-diversity achievements in agriculture. Accès: http://ec.europa.eu/envi-ronment/nature/rbaps/ [9.6.14].
▪ Sabatier R., Doyen L. & Tichit M., 2012. Action versus Result-Oriented Schemes in a Grassland Agroecosystem: A Dynamic Modelling Approach. Plos One 7 (4), e33257.
▪ Schader C., Pfiffner L., Stolze M. und Schlatter C., 2008. Umsetzung von Ökomassnahmen auf Bio- und ÖLN-Betrieben. Agrarforschung 15 (10), 506–511, 2008
▪ Tasser E. & Tappeiner U., 2002. Impact of land use changes on mountain vegetation. Applied Vegetation Science 5 (2), 173–184.
▪ Wilson G. A. & Hart K., 2000. Financial imperative or conservation con-cern? EU farmers' motivations for participation in voluntary agri-environ-mental schemes. Environment and Planning A 32 (12), 2161–2185.
plus importante dans la formation des futurs agriculteurs.
Cela favoriserait à long terme l’acceptation des approches
axées sur les mesures aussi bien que sur les résultats.
C o n c l u s i o n s
Une intervention bénéficiant d’un large soutien est
nécessaire pour contrer la réussite insuffisante de la
compensation écologique (Lachat et al. 2010) et l’aggra-
vation attendue de la régression de la biodiversité dans
les régions de montagne (Peter et al. 2009). Les offres
de vulgarisation et de formation devraient tenir compte
des différentes attentes et points de vue des agricul-
teurs en ce qui concerne l’AAR et l’AAM. Le soutien spé-
cialisé devrait s’orienter davantage en fonction des
groupes-cibles et des producteurs individuels. Les
connaissances de base sur l’écologie et la biodiversité
devraient trouver une place plus importante dans les
plans de formation des formations agricoles. La poli-
tique agricole, qui devrait permettre aux agriculteurs
une meilleure planification à long terme, représente un
pilier particulièrement important. Elle devrait placer
plus au centre l’encouragement ciblé de la biodiversité,
c’est-à-dire augmenter les paiements directs écolo-
giques pour les SPB, surtout ceux pour la qualité et la
mise en réseau. n
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 188–195, 2015
195
Encouragement de la biodiversité axé sur les résultats: acceptation en région de montagne | Environnement
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 188–195, 2015
Results-oriented approach to biodiversity
promotion: acceptance among Swiss mountain
farmers
To conserve and enhance biodiversity in agricul-
tural areas, the Swiss Confederation uses two
different approaches that support biodiversity
enhancement areas (Biodiversitäts-Förder-
flächen, BFF). The action-oriented approach
(Massnahmen-orientierter Ansatz, MOA)
compensates farmers for prescribed manage-
ment measures, whereas the result-oriented
approach (Resultat-orientierter Ansatz, ROA)
compensates farmers for proven ecological
results. This second approach, which in the Swiss
Ordinance on Direct Payments in Agriculture
builds on the MOA, is expected to be more
effective and efficient. This is of particular
significance in the mountain regions where
future biodiversity losses are expected to
increase. The successful implementation of
result-oriented measures demands much commit-
ment and initiative of the mountain farmers. To
develop such commitment, farmers must first
accept the ROA. To assess how mountain farmers
perceive the ROA compared with the MOA and if
they are willing to implement result-oriented
measures, 146 Swiss German farmers in moun-
tain zones I–IV were interviewed using a written
questionnaire. Three out of four farmers interviewed prefer the
MOA over the ROA for biodiversity enhancement
because they think the MOA involves fewer
inspections and assures more direct payments
than the ROA. Organic and low-input mountain
farmers are more willing to implement the ROA
than conventional farmers. All respondents call
for a more long-term planning horizon and
higher payments for biodiversity enhancement
areas to compensate them for any increased
commitment with respect to both the ROA and
the MOA. Mountain farmers who prefer the ROA
prefer other specific framework conditions for
the successful implementation of result-oriented
measures than mountain farmers who prefer the
MOA. These results can be used to deliver
targeted and effective communications to the
public sector and educational programmes to
mountain farmers.
Key words: result-oriented measures, biodiver-
sity measures, ecological compensation area,
Swiss mountain farmers.
Approccio orientato ai risultati per la promo-
zione della biodiversità: accoglienza nelle
regioni di montagna
Per conservare e promuovere la biodiversità
nelle zone agricole la Confederazione sostiene
le superfici per la promozione della biodiver-
sità (SPB) con due approcci diversi. Per quanto
riguarda il metodo basato sulle misure (MBM),
i contadini sono indennizzati per misure
definite mentre per quanto riguarda il metodo
basato sul risultato (MBR) sono indennizzati
per risultati definiti. Da questo secondo
approccio, che nell’Ordinanza sui pagamenti
diretti svizzera si fonda sul MBM, ci si aspetta
una maggiore efficacia ed efficienza. Ciò è
importante soprattutto nelle regioni di
montagna nelle quali si prevedono maggiori
perdite di biodiversità. Affinché sia possibile
realizzare con esito positivo le misure basate
sul risultato è necessario un grande impegno
da parte dei contadini di montagna che può
rinforzarsi solo se vi è consenso per il MBR.
Sono pertanto stati analizzati il consenso per
questo metodo rispetto al MBM e la disponibi-
lità alla realizzazione di misure orientate al
risultato da parte dei contadini di montagna. A
questo scopo è stato inviato un questionario a
146 contadini della Svizzera tedesca nelle
regioni di montagna da I a IV.
Tre quarti dei contadini di montagna intervi-
stati prediligono il MBM rispetto al MBR per la
promozione della biodiversità perché comporta
meno controlli e perché è un modo più sicuro
per ottenere i pagamenti diretti. I contadini di
montagna che gestiscono la propria azienda in
modo biologico ed estensivo sono maggior-
mente disposti ad applicare il MBR. Per un
maggior impegno nell’applicazione del MBR
ma anche del MBM, tutti gli intervistati
chiedono orizzonti di pianificazione più lunghi
e contributi per SBP più elevati. I contadini di
montagna che preferiscono il MBR propendono
per altre condizioni quadro specifiche per la
realizzazione con esito positivo delle misure
basate sul risultato rispetto ai contadini che
prediligono il MBM. Questi risultati potrebbero
essere utilizzati dagli enti pubblici per elabo-
rare strategie di comunicazione e di forma-
zione più mirate ed efficaci per i contadini di
montagna.
196 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 196–201, 2015
blèmes économiques dans un avenir proche, et que la
reprise économique aux Etats-Unis est encore lente sept
ans après la crise financière, beaucoup considèrent
encore le franc suisse comme une valeur refuge. C’est ce
qui explique qu’immédiatement après l’annonce de la
BNS, la valeur du franc suisse ait augmenté de près de
20 % par rapport à l’euro et au dollar américain. Même
si cette envolée du franc suisse n’était qu’une réaction
démesurée des marchés au départ, il est difficile de
savoir à quel point le franc suisse est surévalué et com-
ment sa valeur évoluera à l’avenir.
La question de la répercussion des fluctuations du
taux de change sur la compétitivité des entreprises
suisses à l’étranger attire donc de nouveau l’attention
publique et politique. On peut se demander notamment
I n t r o d u c t i o n
Depuis la crise financière mondiale en 2008, le franc
suisse s’est considérablement revalorisé en termes réels
par rapport aux monnaies des plus importants parte-
naires commerciaux de la Suisse. La revalorisation a
certes été stoppée par la fixation le 6 septembre 2011
d’un taux plancher par rapport à l’Euro par la Banque
nationale suisse (BNS). Mais le 15 janvier 2015, surprise
totale: la BNS annonce la suppression immédiate du taux
plancher en place depuis un peu plus de trois ans; le
cours du franc suisse par rapport à l’euro est de nouveau
déterminé librement par les marchés monétaires inter-
nationaux. Comme les acteurs du marché ne s’attendent
pas apparemment à ce que la zone euro résolve ses pro-
Quelle est l’influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses?Andreas Kohler et Ali Ferjani
Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8356 Ettenhausen, Suisse
Renseignements: Andreas Kohler, e-mail: [email protected]
Terminal à conteneurs à Hambourg: les exportations du secteur agricole et agroalimentaire suisse s’avèrent remarquablement résilientes face aux fluctuations du taux de change. (Photo: Hapag-Lloyd AG, Hambourg)
E c o n o m i e a g r i c o l e
Quelle est l’influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses? | Economie agricole
197
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 196–201, 2015
Ces dernières années et depuis la suppres-
sion du taux plancher de l'Euro par la Banque
nationale suisse en janvier 2015, le franc
suisse est devenu nettement plus fort que
toutes les monnaies des principaux parte-
naires commerciaux de la Suisse. Cet article
analyse, à l’aide de modèles empiriques,
comment les exportations du secteur agricole
et agroalimentaire réagissent à une apprécia-
tion du franc suisse. Selon cette étude, une
appréciation ponctuelle de 1 % entraîne un
recul provisoire des exportations d’env. 0,8 %
en moyenne au bout de quatre trimestres.
Cet effet différé est probablement dû aux
contrats de longue durée et aux change-
ments lents des habitudes de consommation.
Une réévaluation continue impliquant une
appréciation du franc suisse de 1 % chaque
trimestre, conduit par contre à un recul
permanent des exportations d’environ 0,9 %
par trimestre. L’estimation des effets du taux
de change sur les exportations agricoles et
agroalimentaires montre qu’ils se situent
donc dans le même ordre de grandeur que
les effets ressentis par l’ensemble des
exportations suisses. Par conséquent, les
exportations du secteur agricole et agroali-
mentaire s’avèrent remarquablement
résilientes face aux fluctuations du taux de
change. Ce phénomène est sans doute dû au
fait que dans ce secteur aussi, les entreprises
réussissent à différencier leurs produits par la
qualité qu’elles proposent, et qu’elles
peuvent ainsi, au moins partiellement,
échapper à la concurrence par les prix à
l’étranger.
comment les exportations réagissent à une réévaluation
du franc suisse. A l’aide de modèles économétriques, cet
article étudie la réaction des exploitations agricoles et
agroalimentaires suisses aux fluctuations du taux de
change. Nous voulons savoir de combien les exporta-
tions baissent en moyenne, si la valeur du franc suisse
augmente. Le but est d’estimer la réaction de l’ensemble
du secteur pour pouvoir la comparer avec la réaction des
exportations des autres secteurs économiques.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Pour savoir à quel point les exportations du secteur agri-
cole et agroalimentaire réagissent à une réévaluation du
franc suisse, plusieurs sources d’information ont été uti-
lisées: nous utilisons la statistique des exportations de
l’Administration fédérale des douanes (AFD), les taux de
change de la BNS et de l’Office statistique de l’Union
européenne (Eurostat) ainsi que les chiffres du produit
intérieur brut (PIB) des partenaires commerciaux, mis à
disposition par l’Organisation de coopération et de
développement économique (OCDE). Au total, l’analyse
a porté sur les données de 36 partenaires commerciaux,
comprenant tous les pays faisant partie de l’OCDE (hor-
mis le Chili et la Grèce) ainsi que le Brésil, la Russie, l’Inde,
l’Afrique du Sud et l’Indonésie, pour chaque trimestre de
1999 à 2012. Pendant cette période, entre 80 % et 90 %
de toutes les exportations agricoles et agroalimentaires
de la Suisse allaient vers ces 36 pays. L’Europe est de loin
le marché le plus important, suivi par l’Asie et l’Amé-
rique.
Nous avons notamment étudié les chapitres douaniers 01
à 24, qui comprennent toutes les exportations agricoles
et agroalimentaires de la Suisse. Ces chapitres englobent
aussi bien les produits bruts que les produits transformés.
De 1999 à 2012, les sept chapitres douaniers suivants
représentaient entre 80 % et 90 % des exportations agri-
coles et agroalimentaires (mesurées en francs suisses):
•• 04: lait, oeufs, miel (les exportations de fromage
dominent dans cette catégorie)
•• 09: café, thé, épices (capsules de café Nespresso)
•• 18: cacao (chocolat)
•• 19: préparations à base de céréales (aliments pour
bébé, produits de boulangerie)
•• 21: préparations alimentaires diverses (concentrés)
•• 22: boissons et liquides alcooliques (boisson énergé-
tique Red Bull et vins)
•• 24: tabac et succédanés de tabac fabriqués
De 1999 à 2012, les pourcentages ont considérablement
changé dans ces sept chapitres douaniers. Tandis que le
pourcentage de café et de boissons ne représentait par
exemple qu’environ 7 % des exportations en 2002, il en
représentait environ 43 % en 2012 (cf. Kohler 2015 pour
une analyse détaillée de la structure des exportations).
La statistique d’exportation de la Suisse est dominée par
les produits manufacturés comme les capsules de café
Nespresso, le Red Bull, le chocolat et le fromage, derrière
lesquels se tiennent des grandes entreprises comme
Nestlé Suisse, Red Bull SARL, Lindt & Sprüngli, Mondelez
International ou Emmi SA. Ceci doit être pris en compte
lors de l’interprétation des résultats. Dans l’analyse, les
valeurs des exportations (en francs suisses) sont défla-
tées, c’est-à-dire qu’elles sont divisées par l’indice des
valeurs moyennes des produits agricoles et des denrées
Economie agricole | Quelle est l’influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses?
198
alimentaires de l’AFD, pour supprimer l’impact des varia-
tions de prix. Cette méthode permet de se prononcer sur
l’évolution réelle des exportations (cf. AFD 2006).
Pour représenter l’influence du taux de change, un
indice de taux de change réel effectif a été calculé, qui
représente la valeur extérieure du franc suisse par rap-
port aux 23 monnaies nationales officielles des 36 pays
mentionnés. L’indice de taux de change réel effectif est
corrigé de l’inflation et pondère le rapport d’échange
entre le franc suisse et les 23 monnaies nationales diffé-
rentes avec les pourcentages d’exportation des pays
correspondants (Fluri et Müller 2001). Comme la part
des exportations dans la zone euro est très élevée, l’évo-
lution de l’indice reflète en grande partie l’évolution de
la valeur du franc suisse par rapport à l’euro.
Outre les variations de prix relatives réelles, décrites
par l’indice de taux de change réel effectif, les fluctua-
tions de la demande étrangère de produits agricoles et
de denrées alimentaires suisses sont également prises
en compte. La fluctuation de la demande étrangère
réelle est estimée à partir des variations du PIB réel des
36 pays considérés, sachant que chaque PIB a été pon-
déré par le pourcentage d’exportations correspondant
(moyenne géométrique pondérée). Comme les exporta-
tions suisses se font principalement avec l’Allemagne, la
France et l’Italie, le PIB respectif de ces pays reçoit une
pondération proportionnellement élevée.
Afin d’estimer l’impact des fluctuations du taux de
change sur les exportations du secteur agricole et agroa-
limentaire suisse, nous utilisons à la fois des modèles de
séries chronologiques et des modèles avec données de
panel (Kohler et Ferjani 2015). Nous apprécions particu-
lièrement les modèles dits «autoregressive-distributed-
lag» selon la méthode des moindres carrés (Wooldridge
2009) et les modèles dynamiques avec données de panel
selon la méthode d’Arellano et Bond (1991). La compa-
raison entre les modèles de séries chronologiques et les
modèles avec données de panel permet d’évaluer la sen-
sibilité des résultats par rapport à la spécification du
modèle et à la méthode d’estimation. Les modèles
décrivent les variations des exportations dans le temps
en fonction des variations des exportations ces dernières
années et des variations de l’indice de taux de change et
du PIB. Nous admettons également de manière explicite
que les variations du taux de change tout comme les
fluctuations de la demande étrangère peuvent avoir des
effets retardés. Enfin, cette analyse tient également
compte des effets saisonniers ainsi que de l’introduction
du cours plancher franc-euro.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Avant d’aborder les résultats de l’analyse empirique, il
est important de jeter un œil sur les données. La figure 1
montre l’évolution des exportations agricoles et agroali-
mentaires et de l’indice du taux de change, une courbe
ascendante indiquant une réévaluation du franc. L’ana-
lyse descriptive montre que les exportations réelles ont
continué à augmenter de 2008 à 2011, même pendant la
forte réévaluation du franc suisse, toutefois à un taux
9010
011
012
0In
dice
du
taux
de
chan
ge ré
el e
ffect
if
0,6
0,8
11,
21,
41,
6
Vale
ur ré
elle
exp
orté
e (m
illia
rds,
CHF
)
1999q1 2000q4 2002q3 2004q2 2006q1 2007q4 2009q3 2011q2 2013q1
Valeur réelle exportée (lissée) Indice du taux de change réel effectif
Sources: AFD, BNS, Eurostat, OCDE. Remarque: les valeurs d’exportation réelles sont lissées sur la base d’une moyenne mobile.
Figure 1 | Evolution de l’indice du taux de change et des exportations agricoles et agroalimentaires réelles (1999q1: 1er trimestre 1999).
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 196–201, 2015
Quelle est l’influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses? | Economie agricole
199
avant que les exportations n’accusent une baisse unique
d’environ 16 %. Cette situation est comparable à celle
qui a suivi la suppression du cours plancher, lorsque le
franc suisse s’est immédiatement apprécié d’environ
20 % d’un seul coup par rapport à l’euro et au dollar
américain. La réaction retardée des exportations s’ex-
plique sans doute par les contrats de longue durée et par
la lenteur avec laquelle les habitudes de consommation
changent. En outre, les gros exportateurs comme Nestlé
Suisse, Red Bull SARL, Lindt & Sprüngli et Emmi SA
couvrent certainement leurs risques de change sur les
marchés monétaires.
Par contre, si le franc suisse s’apprécie d’1 % à chaque
trimestre, les exportations agricoles et agroalimentaires
baissent en moyenne de 0,9 % par trimestre (significatif
pour un seuil de significativité de 5 %). Une réévaluation
continue du franc suisse de 1 % se traduit donc par une
baisse trimestrielle permanente des exportations
d’env. 0,9 %. Cependant, cet effet est davantage le fruit
d’une approche hypothétique que le reflet d’une situa-
moins soutenu que par le passé. L’analyse empirique per-
met d’estimer l’influence du taux de change sur les
exportations et de la quantifier.
Les modèles de séries chronologiques et les modèles
avec données de panel, discutés précédemment, per-
mettent de distinguer les effets temporaires des effets
permanents. Plus précisément, ils permettent de diffé-
rencier les effets d’une réévaluation ponctuelle du franc
de ceux d’une réévaluation continue. On constate que
les résultats ne dépendent pas de la spécification du
modèle, ni de la méthode d’estimation. En d’autres
termes, les effets estimés sont très semblables quel que
soit le modèle.
La figure 2 indique la réaction des exportations à
une appréciation ponctuelle du franc suisse de 1 % au
moment de la réévaluation (trimestre 0) ainsi qu’un à
douze trimestres plus tard. On constate qu’au bout de
quatre trimestres, une appréciation ponctuelle du franc
suisse de 1 % conduit à une baisse provisoire des expor-
tations agricoles et agroalimentaires de 0,8 % en
moyenne. La réaction des exportations après quatre tri-
mestres atteint le seuil de significativité de 5 % et est
donc statistiquement significative. Les réactions dans
tous les autres trimestres ne sont pas statistiquement
significatives (c.-à-d. que le zéro tombe dans l’intervalle
de confiance de 95 % en grisé à la fig. 2).1 En d’autres
termes, lorsque le franc suisse est réévalué de 20 % et
reste ensuite à ce niveau, il faut attendre une année
1La probabilité d‘erreur (ou seuil de significativité) et l’intervalle de confiance sont deux valeurs statistiques qui indiquent quelle confiance on peut avoir dans les effets estimés. La probabilité d’erreur montre quelle est la probabilité que l’hypo-thèse nulle (c.-à-d. que l’effet estimé soit nul) ait été rejetée à tort bien qu’elle soit juste en réalité. Un intervalle de confiance de 95 % signifie que nous pouvons avoir la certitude à 95 % que le véritable effet de taux de change se situe dans notre intervalle de confiance construit. Plus précisément, 95 % de tous les intervalles de confiance construits contiennent l’effet de taux de change effectif.
−1,
5−
1−
0,5
00,
51
Pour
cent
age
de v
aria
tion
des
expo
rtat
ions
réel
les
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12trimestreSources: AFD, BNS, Eurostat, OCDE
Intervalle de confiance de 95 % Pourcentage de variation des exportations par trimestre t
Figure 2 | Effet temporaire estimé du taux de change provenant du modèle dit autoregressive-distributed-lag.
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 196–201, 2015
200
Economie agricole | Quelle est l’influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses?
tion réelle. Les périodes très longues de réévaluation
continue sont plutôt rares et ne traduisent pas un équi-
libre de marché. Selon la théorie économique, le taux de
change devrait se stabiliser à long terme de façon à ce
que les monnaies aient le même pouvoir d’achat dans
deux espaces monétaires (parité du pouvoir d’achat).
Cette hypothèse n’en reste pas moins intéressante dans
le cas de la Suisse; puisque le franc suisse s’est apprécié
d’environ 2 % par trimestre en moyenne depuis le début
de la crise financière mondiale et la mise en place du
taux plancher franc-euro. Cela correspond à une rééva-
luation réelle de près de 30 % en un peu plus de trois ans.
La résilience des exportations de produits agricoles et de
denrées alimentaires suisses par rapport aux fluctuations
du taux de change est remarquable. Les exportations
agricoles et agroalimentaires réagissent donc en
moyenne comme l’ensemble des exportations suisses.
Différentes études montrent que les exportations
baissent en moyenne d’un peu moins de 1 %, lorsque le
franc suisse s’apprécie de 1 % (SECO 2010; Tressel et Arda
2011; Hanslin et al. 2014). Selon Hanslin et al. (2014), la
réaction des exportations agricoles et agroalimentaires
se situe dans le même ordre de grandeur que celles des
exportations de machines, d’instruments de précision,
d’horlogerie et de bijouterie ainsi que du textile. La réac-
tion des exportations de produits chimiques et pharma-
ceutiques est moindre.
Ceci suggère que les produits agricoles et agroalimen-
taires suisses sont relativement difficiles à substituer à
l’étranger, ce qui permet aux entreprises d’imposer de
légères hausses de prix (p. ex. lors de la conclusion de
nouveaux contrats de livraison). Le manque de possibili-
tés de substitution tient sans doute à ce que les entre-
prises misent sur une qualité élevée pour démarquer
leurs produits par rapport à leurs concurrents. Les appel-
lations d’origine contrôlée (p. ex. pour le fromage AOC
ou les produits carnés), la suissitude (p. ex. chocolat
suisse) ou les marques premium (p. ex. Nespresso ou Red
Bull) parviennent manifestement à communiquer avec
succès les différences de qualité. La politique agricole
suisse avec sa stratégie qualité y contribue aussi en
créant les incitations et les conditions-cadres propres à
stimuler les producteurs de matières premières indi-
gènes. Grâce à une stratégie compétitive axée sur la dif-
férenciation des produits par leur qualité, les entreprises
semblent pourvoir échapper, tout au moins partielle-
ment, à la concurrence par les prix à l’étranger.
Le fait que le coût des intrants importés (p. ex. cacao,
café ou tabac) ait tendance à baisser en cas de réévalua-
tion du franc suisse pourrait avoir pour effet de freiner
la réaction des exportations. Avec les produits comme le
fromage et les produits de boulangerie, qui utilisent des
matières premières indigènes comme le lait et le beurre,
les contributions à l’exportation de produits agricoles
transformés («Loi chocolatière») jouent sans doute éga-
lement un rôle compensatoire.2
Enfin, les entreprises semblent aussi réussir à conquérir
de nouveaux marchés, afin de réduire les risques de
change en misant sur la diversification. Le pourcentage
des exportations vers l’Asie et l’Amérique a ainsi aug-
menté entre 2002 et 2012, tandis que celui des exporta-
tions vers l’Europe a baissé (Kohler 2015).
C o n c l u s i o n s
Les exportations du secteur agricole et agroalimentaire
suisse ne réagissent, en moyenne, pas excessivement aux
variations temporaires et permanentes de taux de
change. Leur réaction est donc du même ordre de gran-
deur que celle de l’ensemble des exportations suisses.
Faut-il en conclure que les fluctuations de taux de
change ne posent aucun problème à la compétitivité du
secteur agricole et agroalimentaire suisse? Partielle-
ment seulement, car les exportations d’un secteur ne
sont qu’un indicateur de sa compétitivité parmi d’autres.
D’autres indicateurs sont les coûts relatifs de la main-
d’œuvre et le taux d’occupation qui en dépend. Cette
analyse ne permet pas de tirer de conclusions sur les
répercussions des fluctuations du taux de change sur ces
indicateurs. Cependant les résultats permettent d’espé-
rer que ces répercussions seront moins graves que sup-
posées à première vue, puisque les ventes à l’étranger
de ce secteur semblent remarquablement résilientes en
moyenne. Une étude approfondie sur la réaction de
lignes particulières de tarifs douaniers (groupes de pro-
duits) parmi les exportations agricoles et agroalimen-
taires permettrait d’avoir une vision plus détaillée de la
situation. n
2Dans le cadre de la «Loi chocolatière», les exportateurs peuvent demander des contributions à l’exportation en faisant état de la différence entre le prix des matières premières en Suisse et à l’étranger (prix de référence). Le budget annuel est compris entre 70 et 80 millions de francs suisses (AFD 2015).
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 196–201, 2015
201
Quelle est l’influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses? | Economie agricole
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
How strongly does the exchange rate
influence Swiss agri-food exports?
In the last few years, and since the abolition
of the minimum exchange rate by the Swiss
National Bank in January 2015, the Swiss
franc has appreciated strongly against all
currencies of Switzerland’s most important
trading partners. With the help of empirical
models, we analyse how strongly aggregate
exports of the agri-food sector react to an
appreciation of the Swiss franc. According to
our analysis, a one-time appreciation of 1 %
leads on average to a temporary decline in
exports of approx. 0.8 % after four quarters.
This lagged effect could be the result of
long-term contracts and inert consumption
habits. By contrast, a sustained appreciation
in which the Swiss franc appreciates by 1 %
each quarter leads on average to a perma-
nent decrease in exports of approx. 0.9 %
per quarter. The estimated exchange rate
effects for agri-food exports are therefore of
the same order of magnitude as those for
aggregate Swiss exports. Hence, agri-food
sector exports also prove remarkably
resilient to exchange rate fluctuations. The
reason for this may be that businesses in this
sector are also able to successfully differenti-
ate their products on the basis of quality,
and hence are able – at least in part – to
avoid price competition abroad.
Key words: exchange rate, exports, agricul-
ture and food sector.
In che misura il tasso di cambio influenza le
esportazioni svizzere di prodotti agricoli e
alimentari?
Negli ultimi anni e da quando, nel gennaio
2015, la Banca nazionale svizzera ha abolito
il cambio minimo, il franco svizzero si è
nettamente apprezzato rispetto a tutte le
valute dei principali partner commerciali.
Con l'ausilio di modelli empirici, analizziamo
in che misura le esportazioni aggregate del
settore agricolo e alimentare reagiscono a
una rivalutazione del franco svizzero.
Secondo la nostra analisi, una rivalutazione
una tantum dell'1 per cento comporta dopo
quattro trimestri una temporanea contra-
zione delle esportazioni pari in media allo
0,8 per cento circa. Questo effetto ritardato
potrebbe essere la conseguenza di contratti
a lungo termine e di abitudini di consumo in
lento mutamento. Una rivalutazione
persistente, vale a dire se il franco svizzero si
rivaluta dell'1 per cento ogni trimestre, porta
invece in media a una contrazione perma-
nente delle esportazioni dello 0,9 per cento
circa a trimestre. Gli effetti stimati del tasso
di cambio sulle esportazioni di prodotti
agricoli e alimentari sono pertanto in linea
con gli effetti sulle esportazioni complessive
della Svizzera. Di conseguenza, anche le
esportazioni del settore agricolo e alimen-
tare si presentano notevolmente resilienti
alle fluttuazioni del tasso di cambio. Il
motivo potrebbe essere che anche le imprese
di questo settore riescono a differenziare
efficacemente i propri prodotti grazie
all'elevata qualità, sottraendosi così almeno
in parte alla concorrenza dei prezzi che
caratterizza i mercati esteri.
Bibliographie ▪ Arellano M. & Bond S., 1991. Some Tests of Specification for Panel Data: Monte Carlo Evidence and an Application to Employment Equations. The Review of Economic Studies 2 (2), 277–297.
▪ AFD, 2006. Indices de commerce extérieur suisse – Guide d’utilisateur. Administration fédérale des douanes, AFD, Berne.
▪ AFD, 2015. Contributions à l’exportation de produits agricoles transfor-més. Administration fédérale des douanes, AFD, Berne. Accès: http://www.ezv.admin.ch/zollinfo_firmen/04021/index.html?lang=fr [30.1.2015]
▪ Fluri R. & Müller R., 2001. La révision des indices du cours du franc suisse, nominaux et réels, pondérés par les exportations. Banque Natio-nale Suisse, Zurich. Bulletin trimestriel 19 (3), 42–47.
▪ Hanslin S., Lein S. M. & Schmidt C., 2014. Exchange Rate and Foreign GDP Elasticities of Swiss Exports Across Sectors and Destination Coun-tries. Working Paper. Banque Nationale Suisse, Zurich.
▪ Kohler A., 2015. Determinanten der Schweizer Agrarexporte – Eine An-wendung des ökonomischen Gravitationsmodells. Journal of Socio- Economics in Agriculture 8, 21–38.
▪ Kohler A. & Ferjani A., 2015. Exchange rate effects: A case study of the export performance of the Swiss Agriculture and Food Sector. Agroscope Science 20, 1–25. Agroscope, Ettenhausen.
▪ SECO, 2010. Evolution du commerce extérieur de la Suisse en 2009. Tendan-ces conjoncturelles printemps 2010. Secrétariat à l’économie SECO, Berne.
▪ Tressel T. & Arda A., 2011. Switzerland: Selected Issues Paper. IMF Coun-try Report No. 11/116. International Monetary Fund, Washington. Accès: http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2011/cr11116.pdf [4.2.2015].
▪ Wooldridge J. M., 2009. Introductory Econometrics: A Modern Approach. Cengage Learning EMEA, 4th edition.
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 196–201, 2015
202 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 202–209, 2015
E c o n o m i e a g r i c o l e
Viande de bœuf et de veau: les différences de prix entre les classes de qualité augmentent, tandis qu’elles s’amenuisent entre les labels de qualité. (Photo: Proviande, Berne)
Stefan Mann1 et Daniel Erdin2
1Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8356 Ettenhausen, Suisse2Union suisse des paysans, 5201 Brugg, Suisse
Renseignements: Stefan Mann, e-mail: [email protected]
Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine
I n t r o d u c t i o n
Le positionnement de la Suisse sur les marchés interna-
tionaux étant devenu de plus en plus explicite du fait de
la globalisation, l’opinion s’est largement répandue que
la Suisse pouvait subsister uniquement grâce à son lea-
dership en matière de qualité (Ortner 2000; Lobsiger et
Wyss 2008; Bystricky et al. 2014). Cet article décrit la
montée de la prise de conscience par rapport à la qualité
dans le secteur agricole en prenant l’exemple de la poli-
tique des prix sur le marché de la viande bovine. Contrai-
rement à de nombreux autres marchés, la définition des
différentes qualités sur le marché de la viande se fait
moins par les concepts de marques que par les labels
qualité attribués en fonction des processus de produc-
tion d’une part, et par la répartition des carcasses en dif-
férentes classes d’autre part.
Ce travail développe et vérifie la thèse selon laquelle
la logique de la qualité sur le marché de la viande suisse
suit deux courants contraires: on suppose d’un côté que
les différences de prix entre les classes de qualité aug-
mentent avec le temps, car il s’agit de standards de plus
en plus largement acceptés. On suppose d’un autre côté
Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine | Economie agricole
203
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 202–209, 2015
Les classes de qualité sont attribuées au
résultat de production proprement dit, tandis
que les labels de qualité sont attribués à un
processus de production. Comme les labels
sont toujours associés à des idéologies (à
l’exemple du label Bio contre le producti-
visme) et que les idéologies ont de moins en
moins de poids dans la société, on pourrait
penser que les différences de prix ente les
classes de qualité se creuseraient, tandis que
celles entre les labels qualité auraient plutôt
tendance à se réduire. Des régressions faites
sur le marché des veaux et sur 4180 séries de
données du marché bovin ont largement
confirmé cette tendance dans la période de
2000 à 2014. Pendant la période d’observa-
tion, les différences de prix se sont creusées
entre les classes du système suisse d’estima-
tion et d’assurance de la qualité CH-TAX,
alors que les suppléments de prix dont
bénéficiaient les produits bio ont fondu. Pour
les labels «TerraSuisse» et «AQ-Viande
Suisse», aucune discrimination par les prix
n’a pu être identifiée d’emblée.
que les labels jouent un rôle moins important dans la déter-
mination des prix, car ils ne se répercutent qu’indirecte-
ment sur la qualité de la viande et que par conséquent, à
long terme, ils seront inférieurs aux classes, lesquelles sont
directement associées à la qualité de la viande.
Pour vérifier cette thèse, nous feront d’abord un
aperçu sur les classes et les labels suisses ainsi que sur
l’impact de la classification et de son organisation dans
la littérature. La deuxième partie sera consacrée à la
présentation des données et des modèles économé-
triques utilisés, puis les résultats seront abordés dans
une troisième partie. L’article s’achèvera par des conclu-
sions sur le rôle du système suisse d’assurance qualité
CH-TAX et des différents labels.
Classes et labels sur le marché bovin
Les Etats-Unis sont clairement les pionniers de l’évalua-
tion systématique des carcasses puisqu’ils ont publié les
premières recommandations sur les standards de qualité
dès 1916 (USDA 1997). Depuis le début des années 1980,
l’Union européenne utilise le système dit EUROP-System
(Fisher 2007). Le système similaire en Suisse, du nom de
CH-TAX, a été conçu sur la base des travaux de Leuenber-
ger (1980) et de Schläpfer (1988). Il est appliqué pour les
bovins et les ovins depuis les années 1990. La classe C est
la plus élevée et décrit des animaux très bien en viande,
que l’on reconnait chez les bovins par des cuisses et des
lombaires particulièrement larges et des épaules très pro-
noncées. Inversement, X est la classe de produits la plus
basse et est attribuée à des bovins ayant des cuisses faible-
ment développées, des lombaires étroits et des épaules
plates. Tandis que les bovins à viande ne sont pratique-
ment jamais taxés d’un X, les vaches laitières destinées à
la transformation sont généralement réparties dans les
classes T, A et X. Jusqu’en 1999, les abattoirs étaient eux-
mêmes responsables du classement. Depuis 2000, l’orga-
nisation interprofessionnelle Proviande est investie d’un
mandat de prestations et est présente lors de la taxation
aussi bien sur les marchés de bétail que dans les abattoirs.
Le marché de la viande suisse est également diversi-
fié en termes de qualité grâce à l’attribution de labels.
Le label sans doute le plus traditionnel pour désigner les
produits biologiques est le label du bourgeon, qui est
attribué depuis 1981 en Suisse par l’organisation inter-
professionnelle Bio Suisse, un groupement d’organisa-
tions cantonales et régionales. Les principales conditions
requises pour la détention des bovins sont l’affourrage-
ment d’aliments bio et les restrictions en matière d’utili-
sation d’antibiotiques.
Le label TerraSuisse (Birrer et al. 2012) est l’exemple
typique d’un nouveau développement. Il est utilisé
exclusivement par le distributeur Migros et se situe donc
Economie agricole | Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine
204
un peu entre le label et la marque. Dans le programme
TerraSuisse, les agriculteurs sont tenus de participer aux
deux programmes nationaux de bien-être animal, «Sys-
tèmes de stabulation particulièrement respectueux des
animaux» (SST) et «Sorties régulières en plein air d’ani-
maux de rente» (SRPA). En outre, il est interdit à l’exploi-
tation d’exporter du fumier et du lisier.
Comme dernier exemple d’un label de qualité, il faut
mentionner encore le programme coordonné par
l’Union suisse des paysans, «AQ Viande Suisse» (AQ). Ce
label ne va pas au-delà des exigences fixées par la légis-
lation, mais suppose un contrôle plus intensif du respect
de ces directives.
Qu’est-ce qui distingue les classes des labels?
Bien que les points de recoupement soient rares dans la
littérature entre classes et labels de qualité, il est cepen-
dant possible de dégager quelques points communs et
différences en associant les deux domaines de recherche.
VanDyke (2000) déclarait ainsi avec optimisme: «When
agricultural grades and standards are clearly defined
and used, they provide the common language for defi-
ning product value» («Lorsque les classes et les standards
sont clairement définis et utilisés, ils établissent un lan-
gage commun permettant de définir la valeur du pro-
duit»). Ces attentes élevées sont indirectement confir-
mées par des études qui critiquent le fait que la teneur
en matière grasse de la viande (un paramètre important
pour les consommateurs) ne soit pas prise en compte
dans le système de classification actuel (Cox et al. 1990).
L’aspect important de la fiabilité du classement qualité
est mis en lumière par Chalfant et Sexton (2002). Ils
constatent que la classification floue du système
conduira à une baisse de la différenciation des prix.
Cette réflexion – considérant le niveau des différences
de prix comme un indicateur de la fiabilité du système –
est particulièrement importante pour notre probléma-
tique.
Il s’agit ici d’un parallèle par rapport aux labels pour
qui la fiabilité est également une condition importante
de la valeur économique (Jahn et al. 2005). La principale
différence entre les labels et les classes est cependant
illustrée dans la figure 1: contrairement à la classe, le
label ne se réfère jamais aux propriétés du produit lui-
même, mais à des propriétés convenues et contrôlées du
processus de production. A priori, on pourrait donc sup-
poser que les labels ne peuvent pas refléter de manière
aussi précise la qualité d’un produit que les classes de
qualité.
L’exemple du label bio dévoile cependant encore
une autre différence entre les labels et les classes: les
différences de méthode de production ont souvent
aussi des composantes d’origine culturelle. L’agriculture
biologique a ainsi fait figure de défi du système produc-
tiviste (Clunies-Ross et al. 1994) ou de lutte contre la
matérialisation (Darnhofer 2005). Les classes de qualité
n’ont pas une telle fonction de symbole.
A l’échelle macro-économique, depuis la fin de la
guerre froide, on argumente occasionnellement que les
idéologies perdraient de leur importance (Betz 1992;
Méthodes de production Résultat de production
Labels Classes
Figure 1 | Différence entre les labels et les classes.
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 202–209, 2015
Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine | Economie agricole
205
ponibles sur des périodes de temps les plus longues pos-
sibles, ce qui a permis d’obtenir une compilation de 4180
prix, qui ont été expliqués de manière économétrique.
Un petit échantillon de ces données est représenté sous
forme graphique dans la figure 2, à partir de l’exemple
des veaux produits selon l’AQ appartenant aux classes
qualité C, H, T et A. Les fluctuations saisonnières des prix
sont visibles au premier coup d’œil. En outre, on constate
que les prix ont globalement augmenté en 2004 une fois
que la confiance des consommateurs a été rétablie sur le
marché de la viande de veau après la crise de la vache
folle (ESB). Le graphique permet également d’observer
une différence croissante entre les prix des classes de
qualité.
L’explication économétrique des différents prix
observés s’appuie sur les variables données dans le
tableau 1. L’analyse graphique montre également la
nécessité des variables saisonnières (rupture structurelle
en 2004 d’une part, aspect saisonnier d’autre part). L’au-
tomne sert de saison de référence. Il est également
évident que l’espèce des bovins exerce elle aussi une
influence sur le niveau des prix. La viande de veau et la
viande de fabrication sont des marchés que les consom-
mateurs perçoivent comme totalement distincts. Par
conséquent, des modèles d’explication ont été estimés
séparément pour ces deux marchés ainsi que pour le
marché «résiduel» du bétail. De plus, le fait que des prix
Kalinovsky et Radchenko 2011). On est amené à penser
que cette évolution sociale se retrouve également à
l’échelle micro-économique. Cependant, à partir des
relations observées, les classes de qualité sont certaine-
ment plus éloignées de ces divisions idéologiques que
les divers labels qui postulent quasiment a priori la supé-
riorité d’un mode de production déterminé. Il s’agit
donc de montrer ici que ces dernières années, en matière
de formation des prix, l’importance des labels a diminué
tandis que celle des classes de qualité a augmenté.
M é t h o d e
L’étude se base sur les prix mensuels de la viande de bœuf
et de veau exprimés en fr. par kg de poids à l’abattage et
relevés par l’Union suisse des paysans durant la période
2000 à 2014. Dans ces données, les prix sont différenciés
par espèce animale, classe de qualité et label employés.
Dans une première phase de l’étude, on est parti de
l’exemple de la viande de veau, qui se situe générale-
ment dans les quatre classes de qualité supérieures, pour
expliquer de manière économétrique la différence de
prix des classes de qualité C, H et A par rapport à la classe
T, qui est la classe de qualité la plus fréquente.
La deuxième phase consistait en une explication plus
approfondie des prix de la viande de bœuf. Les prix les
plus équilibrés possibles ont été extraits des données dis-
Figure 2 | Prix de la viande de veau en 2000−2014 (C = classe supérieure, A = classe inférieure).
10
12
14
16
18Kälber QM CHTA
Fr./k
g de
poi
ds à
l’ab
atta
ge
2001
−01
2002
−01
2003
−01
2004
−01
2005
−01
2006
−01
2007
−01
2008
−01
2009
−01
2010
−01
2011
−01
2012
−01
2013
−01
2014
−01
Axe des ordonnées: Fr./kg de poids à l’abattage Classe C Classe H Classe T Classe A
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 202–209, 2015
Economie agricole | Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine
206
systématiquement différents des prix de référence
soient payés pour les bœufs et les taurillons a également
été pris en compte.
Deux autres variables concernent les circuits de commer-
cialisation des animaux. Les marchés de bétail sur les-
quels une partie des animaux est vendue ont été pris en
compte. En outre, certains agriculteurs fournissent leurs
produits franco à l’abattoir, ce qui laisse supposer un sup-
plément de prix.
Les autres variables concernent directement notre pro-
blématique. Les labels décrits (Bio, TerraSuisse et AQ)
ainsi que les classes de qualité C, T, A, et X (avec H comme
référence) sont utilisés pour expliquer les différences de
prix. Ces sept variables ont également été multipliés par
la variable temps pour savoir si les hausses et baisses de
prix variaient avec le temps.
R é s u l t a t s
L’analyse exploratoire à partir de l’exemple de la
viande de veau montre déjà qu’entre 2001 et 2014,
toutes les classes de qualité étudiées se sont démar-
quées de plus en plus de la classe T, vers le haut pour
les classes C et H bien entendu, et vers le bas pour la
classe A.
Le tableau 3 présente le modèle de régression plus
complet des prix de la viande bovine qui confirme la
différence croissante également pour les autres types
de viande bovine. Les différences par rapport à la classe
H décrites ici augmentent par exemple d’un tiers de
centime par kilo chaque mois dans le cas de la classe T.
Pour les veaux, la différence entre les prix des classes T
et H augmente même d’un demi-centime par kilo et
par mois.
Une telle évolution ne peut pas être observée pour les
labels qualité. On constate certes un supplément de
prix initial de près de deux francs par kilo pour la
viande bio, mais il baisse d’environ un demi-centime
par mois. La situation est encore plus précaire pour les
autres labels. En effet, il n’est pas possible de constater
un supplément de prix systématique par rapport à la
marchandise conventionnelle ni pour TerraSuisse ni
pour AQ, qui représente de plus en plus la qualité de
base. Les résultats montrent au contraire que les prix
des produits AQ sont de plus en plus bas.
Variable Signification Moyenne
Durée Continu à partir de 1 = janvier 2000 (unité = mois) 95,01
Juin 2004 Après juin 2004 = 1, sinon 0 0,73
Hiver Prix des mois de décembre, janvier, février 0,25
Printemps Prix des mois de mars, avril, mai 0,25
Eté Prix des mois de juin, juillet, août 0,25
Veaux Viande de veau = 1, sinon 0 0,20
Transformation Vaches destinées à la transformation = 1, sinon 0 0,18
Taurillons Taurillons = 1, sinon 0 0,24
Bœufs Bœufs = 1, sinon 0 0,20
Marché Vente sur les marchés de bétail = 1, sinon 0 0,16
Franco Prix y compris livraison à l’abattoir = 1, sinon 0 0,27
Bio Production biologique = 1, sinon 0 0,17
AQ AQ Viande Suisse = 1, sinon 0 0,70
TerraSuisse Label Migros = 1, sinon 0 0,05
C Classe C = 1, sinon 0 0,08
T Classe T = 1, sinon 0 0,51
A Classe A = 1, sinon 0 0,20
X Classe X = 1, sinon 0 0,05
Tableau 1 | Statistique descriptive
Variable Coefficient
Classe C 0,623** (16,78)
Classe H 0,403** (10,86)
Classe A −0,491** (−13,22)
Classe C*temps 0,00456** (12.21)
Classe H*temps 0,00334** (8,94)
Classe A*temps −0,0072** (−19,26)
**p < 0,01; valeurs t entre parenthèses.
Tableau 2 | Résultats des calculs de régression du prix de la viande de veau, 2001−2014
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 202–209, 2015
Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine | Economie agricole
207
Total Transformation Veaux Reste
n 4180 754 854 2572
Temps0,00688** 0,0 0,00585** 0,00620**
−5,6 −1,4 −3,8 −5
Juin 20040,811** 0,916** 1,37** 0,603**
−18,3 −10,2 −13,5 −14,0
Hiver−0,262** −0,0400 −0,216** −0,340**
(−7,54) (−0,57) (−2,63) (−10,16)
Printemps−0,546** 0,434** −1,74** −0,438**
(−15,78) −6,2 (−21,33) (−13,12)
Eté−0,518** 0,452** −1,96** −0,323**
(−14,99) −6,4 (−24,05) −9,7
Veaux5,42**
−132,5
Transformation−1,39**
(−25,74)
Taurillons−0,153** −0,170**
(−3,62) (−4,90)
Bœufs0,704** 0,715**
−14,6 −17,1
Marché0,418** −0,189 0,126*
−5,6 (−1,25) −2,0
Franco−0,309** 0,529** −0,532
(−6,77) −4,0 (−11,81)
Bio1,84** 1,93**
−14,5 −15,0
AQ−0,149 −0,885** −0,379**
(−1,27) (−5,01) (−2,95)
TerraSuisse0,4 0,3
−1,1 −0,9
Classe C0,329** 0,2 0,699**
−2,8 −0,1 −5,8
Classe T−0,941** 2,50** −0,876**
−9,5 −19,5 (−10,13)
Classe A−0,938** 1,04** −0,785** −1,01†
(−10,29) −7,3 (−3,82) (−1,76)
Classe X−2,27**
Référence−17,9
Bio*temps−0,00466** −0,00806**
(−4,49) (−6,93)
QM*temps−0,00265** −0,00237*
(−2,62) (−2,22)
TerraSuisse*temps0,0 −0,00291
−1,5 (−1,30)
Klasse C*temps0,00192† 0,0 −0,000990
−1,7 −0,6 (−0,89)
Classe T*temps−0,00312** −0,000707 −0,00585** −0,00163*
−9,5 (−0,55) (−3,62) (−2,27)
Classe A*temps−0,00352** −0,00104 −0,106** −0,00139*
(−4,14) (−0,71) (−5,49) (−1,76)
Classe X*temps−0,00560**
(−17,94)
Constant7,90** 3,02** 14,31** 8,21**
−57,6 −24,1 −126,9 −59,2
R2 0,9 0,8 0,7 0,7†p < 0,1; *p < 0,05; **p < 0,01; valeurs t entre parenthèses.
Tableau 3 | Résultats des calculs de régression de l’ensemble du modèle
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 202–209, 2015
208
Economie agricole | Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine
Les variables explicatives dans le modèle fournissent
quelques informations supplémentaires intéressantes.
La différence des fluctuations saisonnières des prix en
fait partie. Tandis que les veaux se vendent à leur prix le
plus élevé en hiver, il est préférable de vendre les vaches
destinées à la fabrication au printemps ou en été pour
obtenir un bon prix. Sur le marché de la viande bovine,
les bœufs atteignent généralement 70 centimes de plus
que les génisses qui se situent légèrement au-dessus des
taurillons. Enfin, tandis que la vente sur les marchés de
bétail semble être rentable du point de vue agricole, la
livraison aux abattoirs ne l’est pas. Les animaux livrés
franco sont payés en moyenne 30 centimes/kg de moins.
C o n c l u s i o n s
Les résultats empiriques confirment largement la thèse
selon laquelle les différences de prix entre les classes de
qualité augmentent, tandis que celles entre les labels
qualité s’affaiblissent. La seule restriction qui doit être
faite est que certains labels qualité, comme «AQ Viande
Suisse» ou «TerraSuisse», ne permettent pas d’emblée
une discrimination positive par les prix.
Depuis 2000, la Confédération investit chaque année
quatre millions de francs pour que les bovins et les porcs
soient taxés par un organe indépendant. Les différences
de prix croissantes entre les classes de qualité semblent
indiquer que ces fonds soutiennent la stratégie qualité
de l’agriculture suisse en ce qui concerne le marché des
bovins.� n
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 202–209, 2015
209
Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine | Economie agricole
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Classi o marchi? Prezzi della carne di
manzo e qualità
La differenza tra classi di qualità e marchi
di qualità consiste nel fatto che questi
ultimi vengono assegnati sulla base del
processo produttivo, le prime, invece, sulla
base dell'effettivo risultato della produ-
zione. Poiché i marchi sono costantemente
legati anche a ideologie (per esempio la
contrapposizione tra biologico e produtti-
vismo) e queste ultime rivestono sempre
meno importanza nella società, è lecito
presupporre che, mentre le differenze di
prezzo tra le classi di qualità continuano
ad aumentare, quelle tra i marchi di
qualità tenderanno a ridursi. Le analisi di
regressione effettuate sul mercato dei
vitelli, da una parte, e su 4180 set di dati
del mercato dei bovini, dall'altra, confer-
mano ampiamente questo schema tra il
2000 e il 2014. Nel periodo di osserva-
zione, si registra infatti un ampliamento
del range dei prezzi tra le singole classi del
sistema di qualità svizzero CH-TAX, mentre
diminuisce il rincaro dei prodotti biologici.
Per i marchi «TerraSuisse» e «GQ Carne
Svizzera» non viene, fin da principio,
rilevata nessuna discriminazione di prezzo.
Bibliographie ▪ Betz H.-G., 1992. Postmodernism and the New Middle Class. Theory, Cul-ture & Society 9 (2), 93−114.
▪ Birrer S., Balmer O., Chevillat V., Graf R., Hagist D., Jahrl I., Jenny M., Pfiffner L. & Zellweger-Fischer J., 2012. Mit Vielfalt punkten – Jahresbe-richt 2011, Schweizerische Vogelwarte, Sempach & Forschungsinstitut für biologischen Landbau, Frick.
▪ Bystricky M., Alig M., Nemecek T. & Gaillard G., 2014. Ökobilanz ausge-wählter Schweizer Landwirtschaftsprodukte im Vergleich zum Import. Agroscope Science 2. Agroscope, Zurich.
▪ Bowbrick P., 1992. The Economics of Quality, Grades and Brands. Rout-ledge, London. 344 p.
▪ Chalfant J.A. & Sexton R.J., 2002. Marketing Orders, Grading Errors and Pri-ce Discrimination. American Journal of Agricultural Economics 84 (1), 53−66.
▪ Clunies-Ross T., Cox G. & Lowe P., 1994. Challenging the Productivist Paradigm: Organic Farming and the Politics of Agricultural Change. In: Regulating Agriculture (Ed. P. Lowe, T. Marsden & S. Whatmore). David Fulton Publishers, London.
▪ Cox L.J., McMullen B.S. & Garrod P.V., 1990. An Analysis of the Use of Grades and House Brand Labels in the Retail Beef Market. Western Jour-nal of Agricultural Economics 15 (2), 245−253.
▪ Darnhofer I., 2005. Organic Farming and Rural Development: Some Evi-dence from Austria. Sociologia Ruralis 45 (4), 308−323.
▪ Fisher A., 2007. Beef carcass classification in the EU: an historical perspective. In: Evaluation of Carcass and Meat Quality in Cattle and Sheep (Ed. C. Lazza-roni, S. Gigli & D. Gabina). Wageningen Academic Publications, Wageningen.
▪ Jahn G., Schramm M. & Spiller A., 2005. The Reliability of Certification: Quality Labels as a Consumer Policy Tool. Journal of Consumer Policy 28 (1), 53−73.
▪ Kalinovsky A. M. & Radchenko S., 2011. The End of the Cold War and the Third World. Taylor and Francis, New York.
▪ Leuenberger H., 1980. Schlachtkörperwert und Fleischqualität verschie-dener Rassen und Kreuzungen des Rindes. ETH Zurich, Zurich.
▪ Lobsiger M. & Wyss U., 2008. Werte und Image der graslandbasierten Milchproduktion. Accès: http://www.lfl.bayern.de/mam/cms07/ipz/ dateien/aggf_2008_lobsiger_wyss.pdf [12.12.2014].
▪ Ortner H. M., 2000. The human factor in quality management. Accredita-tion and Quality Assurance 5 (4), 130−141.
▪ Schläpfer E., 1988. Bewertung und Einschätzung von Schlachttieren der Kategorien Kühe, Jungbullen und Kälber unter schweizerischen Verhält-nissen. ETH Zurich, Zurich.
▪ USDA, 1997. United States Standards for Grades of Carcass Beef. U.S. Department of Agriculture, Washington.
▪ VanDyke J. E., 2000. The role of grades and standards. In: China in the Global Economy (Ed: Organisation for Economic Cooperation and Deve-lopment OECD, Paris.)
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 202–209, 2015
Grades or labels? Beef prices and quality
The difference between quality grades
and quality labels is that the latter are
awarded on the basis of production
processes, whilst the former are conferred
on the strength of the actual production
results. In the course of a de-ideologisa-
tion of society, it might be assumed that
the price differences between quality
grades would grow larger and larger,
while those between quality labels would
tend to shrink. Regressions for the calf
market on the one hand and for 4180
cattle-market datasets on the other largely
confirm this pattern between 2000 and
2014. In the period under consideration, a
price spread occurs between the individual
grades of the CH-TAX system, whilst the
surcharge for organic products shrinks. No
price discrimination is identified a priori
for ‘Terrasuisse’ and ‘QM’ labels.
Key words: labels, grades, beef, quality.
210 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 210–217, 2015
tions climatiques s’y prêtent, et notamment lors d’alter-
nance d’épisodes très ensoleillés et couverts, ces nécroses
peuvent s’étendre très rapidement sur toute la surface
foliaire, en provoquant la sénescence précoce de la
feuille et la perte de ses fonctions photosynthétiques et
métaboliques. Ce développement drastique des nécroses
foliaires entraîne des chutes de rendement, sur le plan
quantitatif et qualitatif, pouvant dépasser 20%.
Pendant longtemps, les grillures foliaires des céréales
ont été imputées à des troubles d’ordre physiologique. A
la fin du 19e siècle, Cavara (Cavara 1892) décrit un nou-
veau champignon présent dans les nécroses foliaires de
cultures d’orge du nord de l’Italie, qu’il nomme Ophio-
cladium hordei. Dès 1986, la présence de ce champignon
est mentionnée en Suisse, puis dans tous les pays du nord
des Alpes. Entre temps, Ophiocladium hordei a changé
de nom pour s’appeler désormais Ramularia collo-cygni.
Les grillures de l’orge sont principalement causées
par Ramularia collo-cygni qui produit une molécule phy-
totoxique, la rubelline D (Miethbauer et al. 2003). Mais
elles peuvent aussi être dues à des stress physiologiques
liés aux conditions climatiques. Il reste toutefois difficile
d’attribuer la formation des nécroses à des stress bio-
tiques ou abiotiques en l’absence de sporulation du
champignon.
Depuis 2002, les grillures ont un statut officiel de
maladie, assorti d’un seuil d’intervention à l’apparition
des premières nécroses visibles sur les trois dernières
feuilles. Le chlorothalonil a été le premier fongicide
homologué en Suisse en 2003 contre les grillures. Ce
contexte a motivé Agroscope à entamer des recherches
afin de mieux comprendre la biologie, l’épidémiologie
et la transmission de cette maladie, ou encore son impli-
cation avec des nécroses d’origine physiologique.
R é s u l t a t s
Grillures physiologiques et pathologiques
Grillures dues à Ramularia collo-cygni
Les recherches effectuées ont déjà livré certaines don-
nées sur la biologie et le cycle de vie de Ramularia collo-
cygni (fig. 1). Toutefois, certains points restent encore à
I n t r o d u c t i o n
Au nord des Alpes, les grillures de l’orge sont signalées
dès le début des années 90 et depuis lors ne cessent de
gagner du terrain. Les symptômes foliaires apparaissent
d’abord comme des petites taches nécrotiques de
quelques millimètres de diamètre sur les feuilles les plus
exposées à la lumière, au moment de l’épiaison (BBCH51)
et après la floraison de la culture (>BBCH61). Si les condi-
Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orgePeter Frei et Katia Gindro
Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260 Nyon, Suisse
Renseignements: Peter Frei, e-mail: [email protected]
Forte attaque de Ramularia collo-cygni sur orge de printemps (variété Célika).
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
211
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 210–217, 2015
Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orge | Production végétale
Les grillures constituent une menace pour la
culture de l’orge et mènent à d’importantes
pertes de rendement sur le plan quantitatif
et qualitatif. Ces symptômes peuvent être
dus à un stress d’ordre physiologique, mais
avant tout à la présence du champignon
Ramularia collo-cygni. En l’absence de
sporulation, ces deux types de nécrose
foliaire sont pratiquement impossibles à
distinguer. Afin de combattre ce pathogène,
Agroscope a lancé une vaste étude pour
mieux connaître sa biologie. Le champignon
a été suivi par analyse moléculaire depuis les
stades les plus précoces de la culture, ce qui a
permis d’établir qu’il pouvait être transmis
par les graines. De nouvelles formes de
dissémination ont également été décou-
vertes, dont le rôle doit encore être précisé
dans l’épidémiologie et la survie du champi-
gnon. Des essais fongicides ont été réalisés
avec différentes stratégies d’application. Ils
ont montré que, en l’absence d’autres
maladies foliaires dans la culture, un seul
traitement à partir du stade BBCH37 suffit
pour combattre efficacement les grillures de
l’orge.
élucider. Ce champignon peut être considéré comme un
endophyte qui se développe de façon asymptomatique
dans la plante hôte. L’éventail de ses plantes hôtes est
vaste et ne cesse de s’agrandir. Les principales cultures
touchées sont les céréales, l’orge, le blé, le triticale,
l’avoine et le maïs (Huss 2008), ainsi que de nombreuses
autres graminées telles que l’orge des rats (Hordeum
murium), le chiendent (Agropyron repens), le raygrass (Lolium sp.), le pâturin (Poa sp.) et l’agrostis jouet-du-vent
(Apera spica-venti). Des essais d’infections artificielles en
conditions contrôlées ont montré qu’une même souche
de R. collo-cygni peut infecter un grand nombre de
plantes hôtes différentes, sans montrer de préférence
particulière.
Les premiers symptômes sur l’orge apparaissent sur
les feuilles exposées à la lumière entre l’épiaison et la fin
de la floraison. Par temps humide, le champignon pro-
duit des spores en abondance sur la face inférieure des
feuilles, sous forme de petites touffes blanches de coni-
dophores émergeant des stomates et ne portant chacun
qu’une seule spore. Au niveau microscopique, les coni-
dophores ont la forme d’un cou de cygne, particularité
qui a donné son nom au champignon (collo-cygni = cou
de cygne). Les spores peuvent alors infecter d’autres
plantes. Seule cette étape de sporulation permet d’attri-
buer avec certitude les symptômes de grillure à la pré-
sence du champignon. En cas de fortes attaques, des
taches peuvent aussi être observées sur les barbes, les
Présence dans les grains
Détectable par PCRmais sans symptômes
Sporulation sur feuilles sénescentes
Protection par un traitement fongicide
BBCH 37–51
Symptômes sur épis et barbes
Symptômes sur feuilles
Sporulation abondante sur feuilles sénescentes
BBCH 0 BBCH 12 BBCH 25–31
BBCH >77 BBCH 69–73 BBCH (41)–51
Figure 1 | Cycle de développement de Ramularia collo-cygni selon Walters modifié (Walters et al. 2008).
212
Production végétale | Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orge
graines et les gaines des feuilles au niveau de la tige.
Dans de plus rares cas, les premières taches peuvent être
observées sur les feuilles sénescentes à la base des
plantes au printemps, aux stades fin de tallage et redres-
sement (BBCH25 à BBCH32). Dans ce cas, ces taches spo-
rulantes sont légèrement rougeâtres, ce qui permet
d’éviter toute confusion avec les symptômes d’autres
maladies connues de l’orge, telles que l’helmintospo-
riose (Pyrenophora teres), la rynchosporiose (Rhynchos-
porium secalis) et l’oïdium (Erysiphe graminis). Des outils
moléculaires ont été adaptés pour détecter très préco-
cement le champignon, avant même que les symptômes
apparaissent (Havis et al. 2006; Frei et al. 2007). Les plan-
tules peuvent être contaminées soit par des spores pro-
duites en automne, soit par la graine, ce qui a été
démontré et confirmé en laboratoire. L’ADN du cham-
pignon a été détecté en effet dans le péricarpe, le
corps farineux et l’embryon des graines. Ce fait signifie-
rait que le champignon peut se développer en même
temps que la graine germe, en colonisant progressive-
ment les tissus de la plante au fur et à mesure que la
plantule se développe. Le mycélium de R. collo-cygni
est intercellulaire et ne détruit pas les cellules de la
plante hôte. La nécrotisation de la feuille est principa-
lement due aux toxines photodynamiques produites
par le champignon. Ces molécules de la famille des
rubellines (Miethbauer et al. 2003), une fois activées
par la lumière, détruisent les membranes cellulaires. Ce
Figure 2 | Structures de dissémination de Ramularia collo-cygni produites sur milieu nutritif gélosé. A. Sclérotes (20–40 µm). B. Microconidies (2 µm) portées par des microconidiophores. C. Chlamydospores (6–10 µm). D. Détail de C.
Produit Dose / ha Matière active 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Bravo 500 1,5 l Chlorothalonil 41,0 % (500g/l) X
Proline 0,8 l Prothioconazole 25,0 % (250 g/l) X X X X X
Opera 1,75 lPyraclostrobin 12,5 % (133g/l)Epoxiconazol 4,7 % (50g/l)
X X X X X X X
Cherokee 2,5 lPropiconazol 5,17 % (62,5 g/l)Cyproconazol 4,13 % (50,0 g/l)Chlorothalonil 31,0 % (375 g/l)
X
Aviator Xpro 1,25 lBixafen 7,5 % (75 g/l)Prothioconazole 15,0 % (150 g/l)
X
Bell 1,5 lBoscalid 20,8 % (233 g/l)Epoxiconazole 6,0 % (67 g/l)
X X X
Tableau 1 | Fongicides utilisés dans les essais de traitement de l’orge contre Ramularia collo-cygni
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 210–217, 2015
213
Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orge | Production végétale
cultures en milieu PDA ont montré que le champignon
peut produire différents types de spores telles que des
chlamydospores, des conidies et des microconidies
(fig. 2) considérées comme rares (Salamati et Raitan
2006). Sur SBA, il est possible d’observer la formation
de très nombreux sclérotes de petite dimension (100 à
300 µm). Le rôle de ces différentes propagules dans le
cycle épidémiologique de R. collo-cygni reste encore à
élucider. De même, il se pourrait que les microconidies
jouent le rôle de spermatie dans la formation de la
structure sexuée du champignon, mais cela reste
encore à démontrer.
processus explique pourquoi les feuilles du haut, plus
exposées à la lumière, sont les premières à présenter
les symptômes typiques de taches nécrotiques brunes
de quelques millimètres, oblongues et cerclées de
jaune.
R. collo-cygni est difficile à isoler car cette opéra-
tion n’est possible que lors de la sporulation du cham-
pignon. Les cultures mycéliennes se font essentielle-
ment sur des milieux nutritifs gélosés tels que le PDA
(Potato Dextrose Agar), ou sur SBA (Straw Bran Agar,
paille et son de blé), pour la production de spores. Des
observations microscopiques effectuées sur de vieilles
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
traitement BBCH
traitement BBCH
traitement BBCH
traitement BBCH
traitement BBCH
traitement BBCH
traitement BBCH
Produitdose
37–41 45–51 37–41 45–51 37–41 45–51 37–41 45–51 37–41 45–51 37–41 45–51 37–41 45–51
Proline0,8 l/ha
138 129 120 128 106 110 106 110 116 114
Opera1,75 l/ha
119 131 110 122 107 104 107 104 115 111 131 120 119 117
Bell1,5 l/ha
129 129 123 121 120 117
Bravo1,5 l/ha
120 112
Cherokee2,5 l/ha
119 122
Aviator Xpro1,25 l/ha
99 104
Cellules bleu clair: augmentation statistiquement significative du rendement.
Tableau 2 | Rendements relatifs des essais sur orge menés à Goumoëns-la-Ville entre 2007 et 2013 selon différentes stratégies de lutte contre Ramularia collo-cygni (non traité = 100 %)
2008 2009 2010 2011 2012
traitement BBCH traitement BBCH traitement BBCH traitement BBCH traitement BBCH
Produitdose
37–41 45–51 37–41 45–51 37–41 45–51 37–41 45–51 37–41 45–51
Proline0,8 l/ha
136 133 103 108 105 108 103 108
Opera1,75 l/ha
124 126 103 103 101 108 105 108 109 106
Bell1,5 l/ha
100 101
Bravo1,5 l/ha
Cherokee2,5 l/ha
132 135
Aviator Xpro1,25 l/ha
107 103
Cellules bleu clair: augmentation statistiquement significative du rendement.
Tableau 3 | Rendements relatifs des essais sur orge menés à Changins entre 2007 et 2013 selon différentes stratégies de lutte contre Ramularia collo-cygni (non traité = 100 %). Les essais 2007 et 2013 n’ont pas été récoltés à cause des conditions climatiques défavorables
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 210–217, 2015
214
Grillures d’origine physiologique PLS
Les taches physiologiques, aussi appelées taches de pollen,
ont longtemps passé pour la cause principale du dessè-
chement des feuilles. Les PLS (Physiological leaf spots)
sont des taches d’origine physiologique, ce qui signifie
qu’aucun microorganisme n’est impliqué dans le dévelop-
pement des symptômes (Obst et al. 1995); Wu et v. Tiede-
mann 2002). Ces derniers peuvent être observés lors de
brusques alternances entre temps couvert et fort rayon-
nement solaire. Durant ces rapides transitions climatiques,
les stomates ne s’ouvrent pas instantanément, ce qui pro-
voque l’accumulation très rapide de radicaux libres (radi-
caux d’oxygène = ROS) phytotoxiques (Obst et al. 1995).
Ces molécules, en détruisant les membranes des cellules,
provoquent ainsi des nécroses sur les feuilles exposées.
L’interaction des ROS et des rubellines produites par R.
collo-cygni mène à une déstructuration progressive des
membranes et de l’intégrité cellulaires, et ainsi à la
réduction drastique de la capacité photosynthétique des
feuilles (Miethbauer et al. 2003).
Lutte contre les grillures
Sensibilité variétale
Pour le moment, aucune différence de sensibilité n’a été
décrite entre les variétés d’orge de printemps et d’orge
d’automne. Le seul changement observé est la période
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
2008 2009 2010 2011 2012 2013
P. teres F
R. secalis F-2
P. teres F-1
Grillures F
P. teres F-2
Grillures F-1
R. secalis F
Grillures F-2
R. secalis F-1
année d’observation
taux
d’a
ttaq
ue e
n %
Figure 3 | Taux d’attaque, moyenne en % de la surface foliaire atteinte de 50 feuilles par étage foliaire des différentes maladies foliaires de l’orge dans les essais non traités à Changins (BBCH 69-73). P. teres: Pyrenophora teres (helminthos-poriose); R. secalis: Rhynchosporium secalis (rynchosporiose); grillures: Ramularia collo-cygni (ramulariose). F: feuille étendard; F-1: deuxième feuille; F-2: troisième feuille.
Année Lieu Rhynchosporiose Helminthosporiose Grillures
2007CHA --- --- ---
GlV Faible Forte Forte
2008CHA Très faible Très faible Forte
GlV Très faible Très faible Forte
2009CHA Très faible Très faible Faible
GlV Très faible Très faible Faible
2010CHA Très faible Très faible Faible
GlV Très faible Très faible Faible
2011CHA Très faible Très faible Faible
GlV Très faible Très faible Faible
2012CHA Très faible Très faible Faible
GlV Très faible Très faible Faible
2013CHA Très forte Faible Forte
GlV Très forte Faible Faible
Tableau 4 | Taux d’attaque des maladies foliaires de l’orge dans les parcelles non traitées des essais sur orge à Changins (CHA) et Goumoëns-la-Ville (GIV) de 2007 à 2013 selon différentes stratégies de lutte contre Ramularia collo-cygni
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 210–217, 2015
Production végétale | Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orge
215
celles d’une surface de 9 m² ont été traitées au pulvéri-
sateur à dos (300 l/ha) avec les produits présentés dans
le tableau 1. Un suivi épidémiologique a été effectué
chaque année dans les parcelles non traitées et les résul-
tats publiés sur le site www.agrometeo.ch, rubrique
grandes cultures / orge.
Deux essais ont dû être abandonnés à Changins à la
suite d’une forte attaque du virus de la jaunisse nani-
sante (2007) et de la tempête de grêle du 21 juin 2013.
Sur les sept années d’expérimentation, cinq essais de
Goumoëns-la-Ville ont fourni des rendements signifi-
cativement supérieurs au témoin non traité, avec un
gain maximal de 38 % en 2007 (tabl. 2). À Changins en
revanche, le rendement n’a été amélioré par le traite-
ment qu’une seule fois, et de peu, en 2008 (tabl. 3). Ces
résultats s’expliquent par la pression des différentes
maladies foliaires de l’orge, résumées dans le tableau 4,
et par le taux de grillures présent dans les essais (fig. 3
et 4).
C o n c l u s i o n s
En dépit des nouvelles connaissances acquises sur la bio-
logie et l’épidémiologie de Ramularia collo-cygni, ainsi
que des outils moléculaires développés pour détecter
très tôt le pathogène, plusieurs questions restent encore
ouvertes pour assurer une lutte plus ciblée. Cela importe
d’autant plus que la transmission peut se faire d’une
culture à l’autre par la semence et que le champignon
est présent dans l’embryon de façon latente. Les facteurs
d’apparition des grillures, liée à la précocité des variétés.
Les grillures apparaissant toujours à la fin de la floraison,
et se manifestent ainsi plus tôt chez les variétés hâtives.
Une trentaine de variétés européennes d’orge de prin-
temps et d’automne ont été semées chaque année
(2006 – 2009) sur différents sites de cinq pays européens,
l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, l’Ecosse et la
Suisse, dont deux sites en Suisse romande (Nyon et Gou-
moëns-la-Ville). Vu la grande différence de précocité
entre les variétés, ces essais ont été contrôlés trois fois
durant la période de culture (BBCH51, 69 et 83). La syn-
thèse des observations (BBCH 51 à BBCH 83) montre que
toutes les variété sont plus ou moins sensibles aux gril-
lures causées par R. collo-cygni.
Essais fongicidesDans le cadre des essais d’homologation d’Agroscope
(2007 à 2013), deux programmes de traitement ont été
évalués. Une première série a été traitée au stade
BBCH37 (apparition de la feuille étendard) ou au seuil
d’intervention défini pour les maladies foliaires (appari-
tion des premières grillures sur les trois dernières
feuilles); une autre série a été traitée à partir du stade
BBCH45 (gonflement de la gaine de la feuille étendard),
en privilégiant le positionnement d’un unique traite-
ment à la limite du dernier stade autorisé BBCH51
(début épiaison, barbes apparentes). Chaque année, des
essais randomisés (4 répétitions par procédé, variété
Plaisant) ont été menés sur les domaines d’Agroscope à
Changins (CHA) et Goumoëns-la-Ville (GlV). Les par-
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
P. teres F R. secalis F Grillures F
P. teres F-1 R. secalis F-1 Grillures F-1
P. teres F-2
R. secalis F-2 Grillures F-2
année d’observation
taux
d’a
ttaq
ue e
n %
Figure 4 | Taux d’attaque, moyenne en % de la surface foliaire atteinte de 50 feuilles par étage foliaire des différentes maladies foliaires de l’orge dans les parcelles non traitées à Goumoëns-la-Ville (BBCH 69-73). P. teres: Pyrenophora teres (helminthosporiose); R. secalis: Rhynchosporium secalis (rynchosporiose); grillures: Ramularia collo-cygni (ramulariose) et PLS (physiological leaf spots). F: feuille étendard; F-1: deuxième feuille; F-2: troisième feuille.
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 210–217, 2015
Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orge | Production végétale
216
physiologiques qui ont permis le passage de l’état d’en-
dophyte à l’état de pathogène ne sont pas connus mais
ont été déterminants pour la propagation du champi-
gnon et ses conséquences sur les rendements. Une étude
en Allemagne a montré que R. collo-cygni était déjà pré-
sent dans les semences en 1960 (Hess M., communication
personnelle). De même, le rôle exact de la toxine pro-
duite par le champignon, notamment dans sa virulence
sur l’orge, doit encore être élucidé.
En ce qui concerne la lutte, les fongicides autorisés
mis à disposition sont efficaces. Les essais d’Agroscope
ont montré qu’une seule application après le stade
BBCH37 suffit en général à limiter le développement du
champignon. Si la parcelle n’est pas atteinte avant le
stade BBCH37 par des attaques massives de rhynchospo-
riose, helminthosporiose, oïdium ou rouille naine, cet
unique traitement qui protège la feuille étendard
s’avère efficace. Quand la pression de ces maladies est
importante avant le stade BBCH37, un traitement spéci-
fique est alors conseillé. n
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 210–217, 2015
Production végétale | Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orge
217
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Ramularia collo-cygni, un nuovo patogeno
fungino dell’orzo
Essendo causa di cali significativi di resa,
sia sul piano quantitativo che qualitativo,
le bruciature fogliari rappresentano una
seria minaccia per le colture di orzo.
Benché gli stessi sintomi possano anche
essere dovuti a uno stato di stress di
natura fisiologica, le cause sono da
ricercare in primo luogo nella presenza del
fungo Ramularia collo-cygni. In mancanza
della sporulazione, tuttavia, è pratica-
mente impossibile distinguere tra questi
due tipi di necrosi fogliare. Per combattere
questo patogeno, Agroscope ha avviato
un ampio studio volto ad approfondire le
conoscenze sulla sua biologia. Grazie a un
monitoraggio del fungo fin dalle primis-
sime fasi della coltivazione per mezzo di
un esame genetico-molecolare, è stato
possibile scoprire che la trasmissione può
avvenire attraverso i semi. Sono state poi
individuate anche altre modalità di
diffusione, pur restando ancora da chiarire
quale ruolo svolgano sul piano epidemio-
logico e della sopravvivenza del fungo.
Una serie di test fungicidi, realizzati
mettendo in atto differenti strategie
d’applicazione, ha dimostrato che, in
assenza di altre malattie fogliari nella
coltivazione, un unico trattamento a
partire dalla fase BBCH37 è del tutto
sufficiente per risolvere con efficacia il
problema delle bruciature fogliari
dell’orzo.
Bibliographie ▪ Cavara F., 1892. Ueber einige parasitische Pilze auf dem Getreide. Zeit-schrift für Pflanzenkrankheiten III, 16–25.
▪ Frei P., Gindro K. G., Richter H. & Schürch S., 2007. Direct-PCR detection and epidemiology of Ramularia collo-cygni associated with barley necrotic leaf spots. Journal of Phytopathology 155, 281–8.
▪ Havis N., Oxley S. J. P. , Piper S. R. & Langrell S. R. H., 2006. Rapid nes-ted PCR-based detection of Ramularia collo-cygny direct from barley. FEMS Microbiology Letters 256, 217–23.
▪ Huss H., 2008. Die Sprenkelkrankheit nun auch auf Mais. Der Pflanzen-arzt 11–12, 6–7.
▪ Miethbauer S., Heiser I. & Liebermann B., 2003. The phytopathogenic fungus Ramularia collo-cygni produces Biologically active Rubellins on infected barely leaves. Journal of Phytopathology 151, 665-8.
▪ Obst A., Baumer M. & Huber G., 1995. Nichtparasitär bedingte Blattver-bräunungen bei Gerste- ein Problem mit zunehmender Bedeutung. Gesunde Pflanzen 74, 308–14.
▪ Salamati S. & Raitan L., 2006. Ramularia collo-cygni on spring barley, an overview of its biology and epidemiology. Proccedings, 1 European Ramularia Workshop Göttingen, 19–35.
▪ Walters D., Havis N. & Oxley S. P., 2008. Ramularia collo-cygni: the biology of an emerging pathogen of barley. FEMS Microbiology Letters 279, 1–8.
▪ Wu Y-X & von Tiedemann A., 2002. Evidence for oxidative stress invoved in physological leaf spot formation in winter and spring barley. Phytopa-thology 145, 145–55.
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 210–217, 2015
Ramularia collo-cygni – un nouveau champignon pathogène de l’orge | Production végétale
Ramularia collo-cygni, a new patho-
genic fungus of barley
Leaf spot constitutes a threat to barley
cultivation, leading to significant
quantitative and qualitative yield
losses. Although these symptoms can
be due to physiological stress, they are
primarily caused by infestation with
the Ramularia collo-cygni fungus. In
the absence of sporulation, these two
types of leaf necrosis are practically
impossible to tell apart. In order to
control the pathogen Ramularia
collo-cygni, Agroscope has launched a
major study to learn more about its
biology. The fungus was monitored by
molecular analysis from the earliest
stages of cultivation, allowing us to
ascertain that it can be transmitted by
seed. New forms of transmission of the
disease have also been discovered
whose roles in the epidemiology and
survival of the fungus have yet to be
determined. Fungicide trials have been
conducted with different application
strategies. These have shown that, in
the absence of other leaf diseases in
the crop, a single treatment from the
BBCH 37 (flag-leaf) stage onwards is
sufficient for the effective control of
barley leaf spot.
Key words: Ramularia collo-cygni,
biology, barley, fungicides.
218 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 218–223, 2015
connaissances fondamentales tant pour la production
de denrées alimentaires de haute qualité que pour la
préservation des biens collectifs, notamment la protec-
tion des animaux ainsi que le maintien de paysages
ruraux et de la vitalité de l’espace rural (Conseil fédéral
suisse 2012). Le concept d’un «système intégré d’alimen-
tation», fondé sur la durabilité et résistant aux perturba-
tions externes (Lötscher 2012), est devenu le principe
directeur. Promouvoir un développement durable cons -
titue une tâche complexe impliquant de nouvelles
approches afin que l’agriculture puisse poursuivre simul-
tanément plusieurs objectifs. C’est l’association de
conditions-cadres politiques, de découvertes scienti-
fiques et de l’expérience pratique qui génèrera des inno-
vations aboutissant à des solutions durables et adaptées
au contexte local (Moschitz et al. 2015).
Cet article montre comment le SCA en Suisse s’ef-
force de relever ces défis afin de promouvoir un déve-
loppement rural durable. Comme cette étude prend en
compte l’ensemble du système de connaissances agri-
I n t r o d u c t i o n
Nouveaux buts des systèmes de connaissances agricoles
Les systèmes de connaissances agricoles (SCA) englobent
l’ensemble des institutions et organisations publiques et
privées chargées de la recherche, de la formation et de
la vulgarisation dans le secteur agricole (Buess et al.
2011; Hermans et al. 2015).
Dans le cadre des réformes de la politique agricole
introduites à la fin du 20e siècle, le centre d’intérêt des
SCA s’est déplacé vers le développement durable de
l’espace rural. Les objectifs ont été redéfinis, qu’il
s’agisse des thématiques orientées vers les techniques
de production ou des questions liées à l’environnement.
Des activités nécessitant des compétences en économie
et en gestion ont été développées (Brunori et al. 2013).
Ce glissement du centre d’intérêt découle de la subordi-
nation des paiements directs au respect des prestations
écologiques requises en Suisse depuis 1999 (OFAG 2009).
Le SCA suisse s’efforce actuellement de développer des
Réorganisation du système de connaissances agricoles en SuisseRobert Obrist, Heidrun Moschitz et Robert Home
Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL, 5070 Frick, Suisse
Renseignements: Robert Obrist, e-mail: [email protected]
Échange de connaissances à l’occasion d’une démonstration de machines agricoles. (Photo: Marion Nitsch)
S o c i é t é
Réorganisation du système de connaissances agricoles en Suisse | Société
219
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 218–223, 2015
Le système de connaissances agricoles (SCA) en
Europe était et est aujourd’hui encore conçu
comme un transfert linéaire de connaissances
des scientifiques vers les agriculteurs. Avec le
changement de la politique agricole et l’intro-
duction du couplage entre les performances
environnementales et les paiements directs à la
fin du 20e siècle, de nouvelles structures se sont
développées, en particulier en Suisse. Cet
article identifie les facteurs qui influent sur la
transformation actuelle du SCA en Suisse afin
de promouvoir un développement agricole
multifonctionnel et durable. Lors d’un atelier
réunissant des représentants des différents
acteurs du SCA, une «matrice de performance
du système d’innovation» a été élaborée. Les
résultats révèlent une évolution en cours dans
la conception du rôle des scientifiques, des
vulgarisateurs et des formateurs: leur mission
ne se limite plus à la transmission du savoir
mais se mue en un rôle de modérateurs,
générant ainsi des connaissances nouvelles par
un effort commun de différents acteurs. Ce
changement de paradigme implique la pour-
suite du développement du SCA en Suisse.
L’approche dans le choix des thèmes de
recherche, la poursuite efficace d’une recherche
orientée vers la pratique, la présentation claire
des résultats de la recherche et leur discussion
avec les parties prenantes ainsi que la mise en
pratique concertée des conclusions doivent
encore être organisées plus précisément.
coles, elle est axée sur les interactions entre les diffé-
rents acteurs et sur les facteurs qui favorisent ou qui
entravent ces interactions.
La situation actuelle du SCA en Suisse est tout
d’abord présentée ainsi que les résultats d’un atelier sur
les facteurs qui favorisent ou qui freinent le développe-
ment durable dans le SCA. Des suggestions sont ensuite
formulées sur la base de ces constatations afin d’assurer
la poursuite du développement du SCA.
Système actuel de connaissances agricoles suisse
L’échange d’informations entre les institutions chargées
de l’application des lois et des décrets se fait de manière
régulière et bien formalisée (avec des listes officielles de
participants, des ordres du jour et des procès-verbaux).
Ces rencontres assurent une remontée d’informations de
«bas» (niveau cantonal) en «haut» (niveau fédéral), ce
qui est nécessaire car la politique agricole est en grande
partie élaborée au niveau fédéral mais mise en œuvre au
niveau cantonal. Les plateformes et les groupes de tra-
vail les plus importants réunissent les directions, les
comités directeurs ou les représentations des différents
départements concernés (p. ex. conférence des services
d’agriculture cantonaux, différents groupes de travail au
niveau fédéral chargés de l’amélioration structurelle, de
l’efficacité de l’utilisation des ressources, des paiements
directs, etc.). En outre, des représentants des autorités
fédérales sont habituellement invités à participer à ces
réunions.
L’échange de connaissances sur des questions rela-
tives aux techniques de production a lieu principalement
au niveau des communautés de travail et des plate-
formes de communication et de coopération. Ces plate-
formes, coordonnées par différentes institutions,
servent en premier lieu à l’échange d’expériences et aux
discussions sur des projets communs et des développe-
ments techniques dans le domaine agricole. Les projets
novateurs sont souvent portés par des plateformes et
des groupes de travail spécialisés et peuvent, à l’initia-
tive d’une ou plusieurs institutions du SCA, être lancés
par les cantons ou des acteurs particuliers (Barjolle 2011;
Buess et al. 2011). Comme exemple de projets novateurs
de ce type, citons les marchés paysans ou les projets ASC
(agriculture soutenue par la communauté). De plus en
plus souvent, d’autres acteurs sont également impliqués.
Ainsi, lors des séminaires professionnels du FiBL, des ges-
tionnaires de produits de l’organisation faîtière (Bio
Suisse), des transformateurs (p. ex., meuneries agricoles)
et des distributeurs (grossistes) sont amenés à jouer un
rôle actif. Cette approche favorise la compréhension
réciproque et la disposition à trouver une solution com-
mune aux problèmes.
M é t h o d e
Pour déterminer quels facteurs du SCA favorisent ou
entravent un soutien plus efficace à une agriculture
durable et à un développement de l’espace rural, un ate-
lier a été organisé dans le cadre du projet européen de
recherche SOLINSA1 (www.solinsa.net), avec douze
acteurs représentant différents groupes d’intérêt du
SCA. Au cours de l’atelier, la méthode de la «matrice col-
lective de performance du système d’innovation» a été
1Le projet de recherche SOLINSA (Agricultural Knowledge Systems in Transition: Towards a more effective and efficient support of learning and innovation networks for sustainable agriculture, www. solinsa.net) – Développement de réseaux de formation et d’innovation pour une agriculture durable – a bénéficié d’un soutien financier de la Commission européenne (7e programme-cadre pour des actions de recherche, convention de subvention N° 266306).
Société | Réorganisation du système de connaissances agricoles en Suisse
220
appliquée, comme décrit dans le manuel Reflexive Moni-
toring in Action (Mierlo et al. 2010). La figure 1 présente
la structure du SCA, tandis que cette matrice permet
d’analyser de manière systématique les fonctions et les
interactions au sein du SCA pour identifier les facteurs
qui stimulent ou qui freinent le développement durable
(tabl. 1). Dans les colonnes figurent les acteurs concernés
du système (associations paysannes, organismes de vul-
garisation, écoles d’agriculture, etc.), tandis que les
lignes représentent différents aspects du système:
•• Dans le SCA, «Infrastructure» signifie infrastructures
physiques, par exemple les structures de communica-
tion entre instituts et exploitations agricoles, les voies
de transport, les établissements de recherche et de
développement ou le financement de la recherche
publique et privée.
•• Le «Cadre législatif» comprend l’ensemble des règles
formalisées du système, tels que les paiements
agricoles directs.
•• Les «Institutions sociales» sont les valeurs, les normes
et les aspects culturels qui influencent la façon de
communiquer des acteurs, la manière d’interpréter
«bonnes pratiques» et la façon dont s’effectuent les
échanges.
•• «Interactions» désigne la façon dont les acteurs
interagissent et coopèrent. Il peut s’agir de liens
informels ou de réseaux étroitement imbriqués. Il
s’agit à la fois de relations verticales (entre les acteurs
à différents niveaux) et horizontales (entre acteurs
d’un même niveau).
•• «Aptitudes» représente les aptitudes techniques et
organisationnelles des acteurs leur permettant de
s’adapter aux nouveautés et, le cas échéant, de les
intégrer dans la pratique. Parmi elles figurent notam-
ment l’esprit entrepreneurial et une formation
appropriée.
•• La «Structure du marché» se réfère aux interactions
entre les acteurs du marché, en l’occurrence, entre
diffuseurs et demandeurs de connaissances.
La trame de la matrice du SCA a été présentée sur un
grand poster. Tous les participants ont alors été priés
d’indiquer dans la trame, au moyen d’étiquettes adhé-
sives, les facteurs du SCA qui, selon eux, stimulent ou
entravent un soutien plus efficace au développement
durable de l’espace rural. Les résultats ont ensuite été
discutés, les étiquettes ont été regroupées ou leur
contenu a été reformulé. À l’issue de cet échange appa-
raît une matrice qui reflète l’ensemble des points de vue
des acteurs présents sur la situation du SCA en Suisse.
Outre ce résultat élaboré et reconnu par l’ensemble des
participants, un autre effet de cette approche participa-
tive est de permettre à tous les acteurs de connaître le
point de vue des autres participants. Bien que la méthode
choisie demande explicitement de nommer aussi les fai-
blesses du système, l’absence d’anonymat dans le
Recherche EPF Recherche
fondamentale
Recherche appliquée, plateformes OFAGRecherche et vulgarisation
Formation SEFRI Formation, recherche
et innovation
EnvironnementOFEV/OFAG
Environnement
Développement rural
SECODéveloppement rural
Vétérinaires OSAVSanté animale
Santé publique OFSPSanté publique
Expl
oita
tions
agr
icol
es
Confédération Inter-cantonal Cantons
EPFZ
Agroscope FiBL
Services agricoles
Nutrinet
Services canto-naux de
vulgarisation
Conférence des directeurs cantonaux
de l’agriculture
Méd
ias,
ON
G, c
onse
ils p
rivés
et e
ntre
pris
es, o
rgan
isat
ions
pro
fess
ionn
elle
s,
orga
nism
es p
rivés
de
cont
rôle
et d
e ce
rtifi
catio
n
Privé
EPFZChimistes cantonaux
Offices cantonaux
UniversitésVétérinaire
cantonal
Universités, hautes écoles
EPFZ et universités
AGRIDEA FiBL
regiosuisse
Hautes écoles spécialisées (agric, alim, org. travail)
Services de santé
Écoles d'agriculture
Offices de protection de la nature
Universités, hautes écoles
Figure 1 | Le système de connaissances agricoles en Suisse, classé par sources de financement (d’après Barjolle 2011).
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 218–223, 2015
Réorganisation du système de connaissances agricoles en Suisse | Société
221
l’aspect «Institutions sociales», les interactions entre les
acteurs sont considérées comme positives par de nom-
breux participants. Ainsi, les services de vulgarisation et
les écoles de formation professionnelle paraissent entre-
tenir de bonnes relations avec la recherche et la pratique,
même si celles-ci pourraient être intensifiées. L’échange
d’informations entre les institutions chargées de l’appli-
cation des lois et des décrets a lieu de manière régulière,
est bien formalisé et assure la communication entre le
niveau cantonal et le niveau fédéral. L’échange de
connaissances sur les questions relatives aux techniques
de production a principalement lieu au sein des groupe-
ments de travail et des plateformes de communication
et de coopération qui sont coordonnés par différentes
institutions. Ces plateformes servent en premier lieu à
l’échange d’expériences et aux discussions sur des pro-
jets communs et des développements techniques dans
le domaine agricole (Barjolle 2011). Cependant, les
contacts informels entre les acteurs jouent également
un rôle important et favorisent souvent les innovations.
Le niveau de formation généralement élevé des agricul-
teurs (aspect «Aptitudes») et l’ancrage du principe de
durabilité dans la politique suisse (aspect «Cadre législa-
tif») sont d’autres facteurs positifs importants.
Les principaux freins au développement durable
sont des facteurs qui limitent la propension à la prise de
risque. Ces facteurs concernent les aspects «Cadre légis-
latif», «Structure du marché» et à nouveau «Interac-
tions» – abordés sous différents angles. Les réglementa-
tions contraignantes dans l’agriculture se traduisent par
la lourdeur des tâches juridiques et administratives pour
tous les acteurs, ce qui les rend moins disponibles pour
contexte de l’atelier pousse à souligner plus fortement
les aspects positifs. Les critiques acerbes des institutions
représentées ont été évitées lors de l’atelier.
R é s u l t a t s
Le tableau 1 présente une vue d’ensemble succincte des
résultats de la «matrice de performance du système d’in-
novation» pour le SCA en Suisse. Il indique les facteurs
du SCA en Suisse qui favorisent (+) ou freinent (–) les
innovations en faveur d’un développement durable de
l’espace rural. Les principaux freins et moteurs sont
décrits ci-après; par manque de place, tous les facteurs
ne peuvent être présentés dans cet article.2
Les facteurs ayant les effets les plus stimulants dans
le SCA en Suisse se situent, selon les participants à l’ate-
lier, dans les quatre aspects «Infrastructure», «Institu-
tions sociales», «Interactions» et «Structure du marché».
Une dotation appropriée en ressources et une stabilité
de l’infrastructure financière, notamment en faveur des
établissements de formation et de recherche, per-
mettent d’engager des personnes très compétentes et
motivées. Les paiements directs garantis par l’État
assurent aux agriculteurs des ressources financières leur
permettant de concrétiser des idées nouvelles. Fonda-
mentalement, tous les acteurs sont disposés à apprendre
les uns des autres et à collaborer entre eux, ce qui est
une condition essentielle pour l’innovation. Les agricul-
teurs sont généralement décrits comme favorables à
l’expérimentation. En plus de ces points positifs dans
ActeursAgri-
culteursAssociations paysannes
Associations sectorielles
Organismes publics
Services de vulgarisa-
tion
Écoles de formation
profession-nelles
Établissements d’enseignement
supérieur
Instituts de recherche
Acteurs de la chaîne de valeur ajou-
tée
Sous-trai-tants
ONG
Aspects
Infra- structure
+ + + + +–
Cadre législatif
+ + + + +
– – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – –
Institutions sociales
+ + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + +
– – – – – – – – – – – –
Interactions+ + + + + + + + + +
– – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – –
Aptitudes+ + + + + +
+– – – – – – – –
Structure du marché
+ + + + + + + + + + + + + +
– – – – – – – – – – – – – –
Le nombre de (+) ou de (–) reflète la quantité de facteurs stimulants ou inhibiteurs: ( ) aucun; (+) 1–2; (+)(+) 3–4; (+)(+)(+) 5 et plus.
Tableau 1 | «Matrice de performance du système d’innovation» du SCA en Suisse et facteurs favorisant (+) ou freinant (–) le soutien d’un développement durable
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 218–223, 2015
2Pour plus de détails, voir Home et al. (2013), où tous les facteurs sont présentés.
Société | Réorganisation du système de connaissances agricoles en Suisse
222
le développement créatif et l’expérimentation. Sur le
«marché des connaissances», la concurrence entre l’offre
et la demande augmente certes la qualité de l’offre,
mais en période de changement du système de connais-
sances, de nombreux acteurs ont un comportement
défensif et sont peu enclins à l’innovation, car ils consi-
dèrent que cette attitude augmente leurs chances de
survie. En ce qui concerne les services de vulgarisation,
on remarque qu’il est difficile de «vendre» les cours axés
sur l’acquisition de compétences méthodologiques,
alors qu’ils constituent une clé des innovations durables.
Selon les parties prenantes, les principaux freins à l’inno-
vation dans l’aspect «Interactions» sont principalement
le peu d’échanges entre organismes publics ainsi
qu’entre les acteurs de la vulgarisation, les établisse-
ments d’enseignement supérieur et les instituts de
recherche dans leurs domaines respectifs. En outre, les
acteurs sont souvent trop peu ouverts à la collaboration
en dehors des réseaux existants; par exemple, l’absence
de financement de la recherche par les organisations
agricoles a été soulignée. Par ailleurs, il n’y a pas de
feedback entre les acteurs de la chaîne de valeur ajoutée
et ceux de la recherche. Un autre frein mérite d’être
remarqué: malgré la bonne formation reconnue des
agriculteurs, leur formation entrepreneuriale est insuf-
fisante, ce qui entrave leur comportement novateur en
faveur du développement durable.
D i s c u s s i o n e t c o n c l u s i o n s
Actuellement, les services de vulgarisation agricole en
Suisse se concentrent en premier lieu sur les aspects rela-
tifs aux techniques de production. Les conseils s’ins-
crivent principalement dans une optique de commercia-
lisation et portent sur les moyens de production (engrais,
produits phytosanitaires, aliments pour animaux, etc.).
Les conseils relatifs au développement et à la stratégie
de l’exploitation sont généralement prodigués à l’occa-
sion des changements générationnels. Aujourd’hui déjà
et certainement aussi à l’avenir, l’évolution des
conditions-cadres est toujours plus rapide sous l’effet de
la politique (p. ex. libéralisation des marchés), de la
société (p. ex. demande de prestations environnemen-
tales) ou de changements naturels (p. ex. changement
climatique). Dès lors, des compétences entrepreneuriales
accrues sont attendues des chefs d’exploitation. De plus
en plus, l’élaboration de stratégies individuelles pour les
exploitations est mise en avant. Il est donc essentiel de
connaître les forces et les faiblesses de ses collaborateurs.
À l’avenir, l’offre diversifiée de formation permanente
existant dans le domaine de la gestion et du développe-
ment d’entreprises devrait être davantage exploitée.
Les aptitudes des apprentis sont prises en compte dans la
formation de base avec les deux cursus sanctionnés par
un «Certificat fédéral de capacité» et une «Attestation
de formation». Comme l’enseignement a lieu dans des
classes séparées, les petites écoles ont de plus en plus de
difficultés à atteindre le nombre minimal d’élèves requis.
Le nombre d’exploitations agricoles diminue d’année en
année. Elles se spécialisent de plus en plus, tant dans le
secteur de la production végétale que celui de l’élevage.
Les services cantonaux de vulgarisation doivent s’adap-
ter à ces évolutions en se spécialisant eux-mêmes en
conséquence et en acquérant de nouvelles compétences.
Les défis actuels et surtout futurs de la formation et de
la vulgarisation ne pourront être relevés que par une
coopération renforcée entre les cantons. À cet égard, les
vulgarisateurs actuellement en activité et les vulgarisa-
teurs futurs au service des cantons doivent acquérir des
compétences supplémentaires. En plus des spécialistes
des techniques de production et des experts en gestion
et développement d’entreprises, il faudra pouvoir dispo-
ser à l’avenir de spécialistes capables de jouer un rôle de
médiateurs, d’initier et de soutenir les évolutions suscep-
tibles d’améliorer le développement durable dans l’agri-
culture.
Dans la recherche, davantage d’incitations et de pos-
sibilités doivent être ménagées pour intégrer les
connaissances fondées sur l’expérience de la pratique
agricole dans les projets. Comme Home et Moschitz
(2013) l’ont montré, un ensemble de mesures sont néces-
saires à cet effet, visant à la fois les chercheurs à titre
individuel et les conditions-cadres politiques et institu-
tionnelles. Ces mesures pourraient, par exemple, avoir
pour effet de ne plus retenir l’excellence scientifique des
requérants comme unique critère de soutien aux projets
de recherche, mais également leurs capacités à coopérer
avec les praticiens. De même, les projets incluant une
coopération entre recherche et pratique devraient être
davantage soutenus. Toutefois, cette approche ne peut
aboutir que si l’échange de connaissances entre la
recherche et la pratique est une dimension intégrée
dans la formation des chercheurs, des vulgarisateurs et
des agriculteurs. Tous les acteurs doivent devenir
capables d’échanger au-delà des limites de leur domaine
professionnel et de développer des innovations en asso-
ciant les cultures du savoir des uns et des autres en un
processus d’apprentissage commun (voir également Fry
et al. 2011; Moschitz et al. 2015). n
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 218–223, 2015
Réorganisation du système de connaissances agricoles en Suisse | Société
223
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Bibliographie ▪ Barjolle D., 2011. Agriculture Knowledge System: Country Report, Switzerland.
Unpublished report for FP7 – EU research project SOLINSA (GA 266306) – WP3 – ETH-D-USYS.
▪ Barjolle D., Chappuis J.-M. & Eggenschwiler C., 2008. L'agriculture dans son nouveau rôle. Lausanne: Presses polytechniques et universitaires romandes.
▪ Brunori G., Barjolle D., Dockes A.-C., Helmle S., Ingram J., Klerkx L., Moschitz H., Nemes G. & Tisenkopfs T., 2013. Die Reform der GAP und Innovation: Die Rolle von Lern- und Innovationsnetzwerken. EuroChoices 12 (2), 27–33.
▪ Buess A., Gantner U., Lötscher M., Stöckli A. & Tschumi M., 2011. Das landwirt-schaftliche Wissenssystem in der Schweiz. Agrarforschung 2 (11–12), 484–489.
▪ Conseil fédéral Suisse, 2012. Message concernant l’évolution future de la poli-tique agricole dans les années 2014 à 2017. Accès : http://www.blw.admin.ch/themen/00005/ 00044/01178/01591/index.html?lang=fr [1er janvier 2015].
▪ Fry P., Zingerli C., Kläy A. & Förster R., 2011. Wissensaustausch aktiv gestalten: Erfahrungen in der Forschungspraxis. GAIA – Ecological Perspectives for Sci-ence and Society 20 (2), 130–132.
▪ Hermans F., Klerkx L. & Roep D., 2015. Structural Conditions for Collaboration and Learning in Innovation Networks: Using an Innovation System Performance Lens to Analyse Agricultural Knowledge Systems. The Journal of Agricultural Education and Extension 21 (1), 35–54.
▪ Home R., & Moschitz H., 2013. Incentive Mechanisms for Researchers to Parti-cipate in Targeted Interactive Research and Innovation Processes–Beyond Aca-
demic Relevance. In: UE CPRA (éd.), Agricultural knowledge and innovation systems towards 2020 – an orientation paper on linking innovation and research (232–233). Bruxelles: European Union.
▪ Home R., Jawtusch J., & Moschitz H., 2013. Das landwirtschaftliche Wissens-system in der Schweiz: Herausforderungen einer nachhaltigen Entwicklung des ländlichen Raums. Yearbook of Socioeconomics in Agriculture 6 (1), 33–58.
▪ Lötscher M., 2012. Das neue Forschungskonzept Land- und Ernährungswirt-schaft 2013–16 des BLW. Agrarforschung Schweiz 3 (10), 500–503.
▪ Mierlo van B. C., Regeer B., Amstel van M., Arkesteijn M. C. M., Beekman V., Bunders J. F. G., Cock Buning de T., Elzen B., Hoes A. C., & Leeuwis C., 2010. Reflexive Monitoring in Action: A guide for monitoring system innovation pro-jects. Athena Institute, Wageningen and Amsterdam.
▪ Moschitz H., Roep D., Brunori G. & Tisenkopfs T., 2015. Learning and Innovation Networks for Sustainable Agriculture: Processes of Co-evolution, Joint Reflection and Facilitation. The Journal of Agricultural Education and Ex-tension 21 (1), 1–11.
▪ Office fédéral de l’agriculture OFAG (éd.) 2009. L’agriculture suisse en mouve-ment. La nouvelle loi sur l’agriculture. Un bilan dix ans après. Berne.
▪ Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI), 2008. Ordonnance sur la formation professionnelle initiale, champ professionnel de l’agriculture et de ses professions du 8 mai 2008 (état au 1er janvier 2013) (SR 412.101.220.83).
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 218–223, 2015
Reconfiguring the agricultural knowledge
system in Switzerland
The Agricultural Knowledge System (AKS) in
Europe has been, and often continues to be,
characterised by the idea of linear knowledge
transfer from science to farmers. Particularly in
Switzerland, new structures have arisen as a
result of the turnaround in agricultural policy
and the introduction at the end of the twenti-
eth century of cross-compliance between the
provision of environmental services and direct
farm payments. The aim of this paper is to
illustrate the factors impacting on the reform
of Switzerland’s current AKS, with a view to
supporting innovation for multifunctional and
sustainable rural development. A collective
Innovation System Performance matrix was
developed in a workshop with representatives
of the various AKS stakeholder groups. From
the results, we can reasonably conclude that a
change is underway in the understanding of
the role of stakeholders in science, extension
and education, with the latter progressing
from mere conveyors of information to
facilitators who generate new knowledge
jointly with the various actors. In Switzerland
as elsewhere, the AKS must be reconfigured in
order to achieve this paradigm change. There
is still a need to shape more clearly the choice
of research topics, the efficient and effective
performance of practice-oriented research, the
processing of research results, stakeholder
discussions, and joint implementation.
Key words: agricultural knowledge system,
innovation, system performance matrix,
stakeholder interactions.
Ridefinire il sistema della conoscenza in
agricoltura in Svizzera
Il sistema della conoscenza in agricoltura (SCA)
in Europa era ed è tuttora spesso caratteriz-
zato dall’idea del trasferimento lineare delle
conoscenze dalla scienza agli agricoltori. Con
la svolta della politica agricola e con l’introdu-
zione della relazione tra prestazioni ambientali
e pagamenti diretti alla fine del 20° secolo si
sono sviluppate, soprattutto in Svizzera, nuove
strutture. L’obiettivo del presente contributo è
di indicare i fattori che influiscono sul rinnova-
mento dell’attuale SCA in Svizzera affinché
possano essere sostenute innovazioni per uno
sviluppo rurale multifunzionale e sostenibile.
In un workshop con rappresentanti dei diversi
attori dello SCA è stata elaborata una collet-
tiva «Innovation System Performance Matrix».
I risultati permettono di concludere che è in
corso un cambiamento della percezione dei
ruoli da parte dei partecipanti per quanto
riguarda la scienza, la consulenza e la forma-
zione: da semplici trasmettitori di informazioni
a moderatori che producono nuove cono-
scenze assieme a diversi attori. Per realizzare
questo cambiamento d’impostazione è
necessario che lo SCA si sviluppi ulteriormente
in tal senso anche in Svizzera. Il procedimento
per quanto riguarda la scelta dei temi di
ricerca, l’attuazione efficace e incisiva della
ricerca orientata alla pratica, l’elaborazione dei
risultati della ricerca, la discussione con le parti
interessate e la realizzazione comune va
ulteriormente definito.
224 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 224–227, 2015
Avec 216 participants issus de 13 pays, l’intérêt suscité
par la Conférence de février 2015 a dépassé toutes les
attentes. La diversité était au rendez-vous, tant dans la
provenance des participants que dans les domaines de
recherche présentés. Outre la médecine humaine, de
nombreuses contributions portaient sur la reproduction
des animaux de rente tels que les bovins, les porcs et les
chevaux. Mais les présentations ont également porté sur
les nouvelles connaissances relatives aux lapins, chiens,
lynx et dromadaires.
Plus de 200 spécialistes internationaux de la recherche
fondamentale en sciences agronomiques, en bioméde-
cine et en médecine vétérinaire clinique se sont rencon-
trés lors de la Conférence de février (Februartagung),
du 11 au 14 février 2015 à Zurich, pour échanger des
connaissances sur les progrès les plus récents dans les
domaines de la physiologie et de la pathologie de la
reproduction. Un cours de formation continue sur la
fertilité de la vache laitière a ensuite été donné au
Tierspital.
Les participants au congrès de février dans le bâtiment des sciences agronomiques LFW de l’ETH Zurich. (Photo: Jochen Bick)
David Kradolfer1, Martin Kaske2 et Susanne E. Ulbrich1
1ETH Zurich, Institut des sciences agronomiques, chaire de physiologie animale, 8092 Zurich, Suisse2Service sanitaire bovin, Faculté Vetsuisse Zurich, 8057 Zurich, Suisse
Renseignements: Susanne E. Ulbrich, e-mail: [email protected]
Du laboratoire à la pratique: congrès inter-national sur la reproduction humaine et animale
E c l a i r a g e
Du laboratoire à la pratique: congrès inter national sur la reproduction humaine et animale | Eclairage
225Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 224–227, 2015
Recherche fondamentale et recherche clinique
Les organisateurs avaient particulièrement à cœur de
promouvoir la collaboration entre la recherche fonda-
mentale et la recherche clinique. Les deux approches
peuvent être considérées comme complémentaires car
elles abordent parfois les mêmes problèmes avec les
mêmes outils, mais avec des motivations très différentes.
Les uns se concentrent sur l’application clinique d’une
problématique, et s’intéressent prioritairement aux
aspects liés à la thérapie du malade. Les autres en
revanche s’attachent à expliquer les mécanismes à l’ori-
gine de la santé. Ces mécanismes peuvent n’avoir aucune
application clinique dans un premier temps, mais servir
de base pour de nouvelles préparations efficaces en cli-
nique. Pour les aspects touchant à la physiologie et à la
pathologie de la reproduction chez l’homme et chez
l’animal, ces deux approches sont indispensables.Les différents modèles animaux utilisés sont égale-
ment très utiles pour établir de nouvelles hypothèses
pour l’espèce animale concernée ainsi que pour
l’homme. Dans la médecine de la reproduction de
l’homme et de l’animal, la demande de traitements ne
cesse d’augmenter, mais de nombreux mécanismes de
régulation fondamentaux sont parfois insuffisamment
expliqués, voire totalement inexpliqués. La reconnais-
sance des compétences réciproques permet de contri-
buer au progrès commun dans le domaine très com-
plexe de la reproduction.
Rôle du système immunitaire dans la reproduction
Le congrès a notamment mis l’accent sur le système
immunitaire maternel, un élément très important pour
la fertilité. La conférencière Claire Wathes (Royal Veteri-
nary College, Herts, UK) a ouvert les feux sur le sujet,
avec un exposé sur l’influence du stress métabolique sur
le système immunitaire des vaches laitières. Durant la
période périnatale, la consommation d’énergie d’une
vache est tellement élevée qu’elle ne peut être couverte
que par la mobilisation des réserves corporelles de la
mère. Cela conduit à une diminution du nombre de cer-
taines cellules immunitaires spécialisées, les granulocytes
neutrophiles, dans le sang, et donc à une sensibilité
accrue de la vache aux infections. C’est un problème par-
ticulièrement préoccupant car durant la mise-bas et la
période post-partum, les bactéries peuvent pénétrer
dans le système reproducteur par le canal pelvien ouvert.
Après la mise-bas, environ 20 à 30 % des vaches déve-
loppent une métrite, une inflammation de la couche
musculaire de l’utérus, puis une endométrite, une
inflammation de la muqueuse de l’utérus qui diminue
leur fertilité. Des études indiquent que les virus jouent
également un rôle important dans l’apparition d’endo-
métrites et de problèmes de fertilité. Il a ainsi été mon-
tré qu’une infection due au BVDV, un virus largement
répandu qui peut provoquer de fortes diarrhées, peut
empêcher l’activation des gènes nécessaires aux défenses
immunitaires et au maintien de la gestation à son début.
Un autre conférencier invité, Mats Troedsson (Uni-
versity of Kentucky, USA), a présenté un autre aspect de
l’endométrite. Chez les juments, l’insémination pro-
voque une inflammation passagère de la muqueuse de
l’utérus qui disparaît après 24 à 36 heures chez les
juments fertiles. Ce processus physiologique normal
libère l’utérus des spermatozoïdes et des bactéries qui
s’y sont introduits. Près de 10% des juments, le plus sou-
vent des animaux âgés, développent toutefois une
endométrite qui dure plus longtemps. Si cette inflam-
mation n’a pas encore disparu cinq jours après l’ovula-
tion, c’est-à-dire au moment où l’embryon passe de
l’oviducte à l’utérus, cela conduit à une diminution du
taux de gestation.
Grossesse et diabète
Anne Navarrete Santos (Université Martin Luther, Halle-
Wittenberg, Allemagne) a expliqué l’effet du diabète
durant la grossesse. Chez les femmes, le diabète de type
I provoque plus de troubles de fertilité et de complica-
tions durant la grossesse. Outre ces impacts directs sur
l‘embryon, il y a aussi des effets à long terme via la pro-
grammation métabolique. Les enfants et les adultes sont
ainsi plus souvent atteints de surpoids et de diabète si
leur mère souffrait de diabète durant sa grossesse. Le
développement embryonnaire du lapin ressemble beau-
Encadré 1 | Conférence de février 2015
Du 11 au 14 février 2015, la Conférence de
février 2015 (Februartagung 2015) chapeautait
deux rencontres scientifiques internationales:
le 48e congrès annuel international de physio-
logie et pathologie de la reproduction, ainsi
que la 40e conférence de médecine humaine et
vétérinaire, organisés par l’ETH Zurich (groupe
de physiologie animale, prof. Susanne Ulbrich)
et par l’Université de Zurich (clinique pour la
médecine de la reproduction, prof. Heiner
Bollwein).
Deux symposiums satellite ont en outre été
mis sur pied à cette occasion, sur les thèmes
de la reproduction du cheval et la fertilité de la
vache laitière.
Eclairage | Du laboratoire à la pratique: congrès inter national sur la reproduction humaine et animale
226
coup à celui de l’homme, raison pour laquelle le lapin
convient bien comme modèle animal. L’utilisation de
lapins diabétiques a ainsi permis d’étudier les modifica-
tions moléculaires qui se produisent dans l’embryon
durant la gestation. C’est une condition essentielle pour
trouver le traitement optimal du diabète de gestation
pour l’embryon et pour la mère.
Formation sur la fertilité de la vache laitière
Après la clôture de ce congrès qui fut une réussite, une
formation continue d’un jour organisée par le Service
sanitaire bovin suisse (SSB), destinée spécifiquement aux
vétérinaires praticiens, a eu lieu à la Faculté Vetsuisse de
Zurich. L’accent était mis sur la fertilité de la vache lai-
tière. Les praticiens suisses ont fait preuve d’un intérêt
bien plus grand que prévu. Martin Kaske, responsable
du SSB, a souhaité la bienvenue à plus de 100 proprié-
taires de cabinet pour gros animaux, assistants et étu-
diants; de nombreuses inscriptions ont effectivement
malheureusement dû être refusées en raison de la capa-
cité limitée de l’auditoire.
Heiner Bollwein (Université de Zurich) a consacré son
exposé au sens et au non-sens des différentes thérapies
hormonales chez les vaches souffrant de troubles ova-
riens dus à une inactivité des ovaires, une ovulation
retardée ou à des follicules kystiques des ovaires. A l’aide
d’exemples tirés de la littérature et des résultats de ses
propres études, il a pu prouver de manière impression-
nante que si l’indication est claire, l’utilisation réfléchie
de prostaglandines, de GnRH et de suppléments de pro-
gestérone peut augmenter fortement les chances de
réussite d’une insémination; d’autre part, il existe égale-
ment de nombreux protocoles de synchronisation du
cycle et d’insémination qui sont utilisés en pratique mais
dont l’efficacité n’a jamais pu être démontrée. Les parti-
cipants ont ensuite pu suivre des exposés consacrés aux
options thérapeutiques en cas d’endométrite chronique
et à la valeur du diagnostic par échographie au moment
de l’insémination. Ulrich Witschi (Swissgenetics) a pré-
senté de nouveaux résultats qui prouvent que le sperme
sexé conduit à des succès d’insémination satisfaisants en
pratique, de sorte que son utilisation s’avère tout à fait
Figure 1 | Les organisateurs du congrès Heiner Bollwein (clinique pour la médecine de la reproduction de l’Université de Zurich) et Susanne Ulbrich (chaire de physiologie animale de l’ETH Zurich) entourent les trois lauréats (de gauche à droite): Jochen Bick (meilleur poster, ETH Zurich), Jan-Dirk Haeger (meil-leur exposé Postdoc, Haute école vétérinaire de Hanovre) et Killian Simmet (meilleur exposé des doc-torants, Université Ludwig-Maximilian, Munich). (Photo: Stefan Bauersachs)
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 224–227, 2015
Du laboratoire à la pratique: congrès inter national sur la reproduction humaine et animale | Eclairage
227
semaines de lactation. Les maladies inflammatoires qui
débutent dans la mamelle ou la matrice constituent éga-
lement des causes importantes pour des résultats d’insé-
mination insatisfaisants. Mais on observe que dans les
exploitations ayant une production laitière supérieure à
la moyenne, la fertilité du troupeau s’avère souvent
satisfaisante – un indice clair de l’importance énorme du
management pour la compatibilité entre la santé ani-
male, la fertilité, une période d’utilisation plus longue et
des performances élevées. Ces deux exposés ont ainsi
présenté d’une part les possibilités de surveillance du
métabolisme à l’aide des résultats du contrôle laitier
ainsi que les options permettant de minimiser le défi
métabolique lié à la lactation chez les vaches à haute
performance grâce à une amélioration du management.
L’ambiance studieuse, les nombreuses discussions et les
échos très positifs des participants ont montré que ce
symposium a permis de susciter de nombreuses réflexions
et propositions pour les praticiens en médecine bovine.
Pour le SSB, c’était un lancement parfait pour les jour-
nées de formation continue planifiées plus tard dans
l’année.
Synthèse
Durant ces quatre jours, le thème de la reproduction a
été considéré sous des angles complètement différents
et on a pu avoir une perspective de l’orientation que
prendra la recherche à l’avenir. L’ETH Zurich et l’Univer-
sité de Zurich fourniront conjointement d’autres contri-
butions importantes pour les sciences agronomiques et
la médecine vétérinaire. n
rentable et judicieuse pour le client. Les expériences
faites jusqu’ici avec l’utilisation de SpermVital ne sont
pas encore évidentes; les évaluations indiquent toutefois
un succès meilleur en cas d’insémination trop précoce.
Marion Piechotta (Haute école vétérinaire de Hanovre),
a présenté le potentiel et les limites du diagnostic de
gestation effectué par détermination de la concentra-
tion des PAG (Pregnancy Associated Glycoproteins) dans
le lait des vaches. Cette méthode va assurément gagner
en importance à l’avenir.
Les thèmes présentés après la pause de midi concer-
naient davantage l’approche à l’échelle du troupeau
que celle à l’échelle de l’animal individuel. Maren Feld-
mann (Haute école vétérinaire de Hanovre) a montré
l’importance des chiffres-clé de la fertilité pour évaluer
la fertilité actuelle du troupeau et pour identifier les
problèmes spécifiques. Les valeurs moyennes du temps
de repos, de la période de service, du succès de la pre-
mière insémination et du taux de réforme dû à l’inferti-
lité donnent une bonne vue d’ensemble, les chiffres
étant presque tous fortement influencés par le taux de
détection des chaleurs.
Dans leurs exposés, Rupert Bruckmaier (Physiologie
vétérinaire de l’Université de Berne), et Martin Kaske
(Faculté Vetsuisse de Zurich) ont souligné le rôle très
important de l’état métabolique des vaches au début de
la lactation pour la fertilité. L’impact négatif d’une pro-
duction laitière moyenne croissante sur les chiffres-clés
de la fertilité du troupeau peut effectivement être
prouvé. Le bilan énergétique négatif des vaches à haute
performance joue un rôle essentiel durant les premières
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 224–227, 2015
228 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 228–230, 2015
que les produits subissent pendant la transformation, le
transport et l’entreposage chez les fabricants et les dis-
tributeurs, mais aussi pendant le transport et l’entrepo-
sage par les ménages privés. La sécurité alimentaire ne
prend fin qu’à l’expiration de la date de consommation
ou à la préparation et la consommation du produit par
le consommateur. Les fabricants doivent garantir la sécu-
rité de leurs produits jusqu’à ce moment-là. C’est pour-
quoi on tient compte, dans les calculs, de l’ingestion
orale d’impuretés par les consommateurs, mais aussi de
l’ingestion par inhalation ou par contact avec la peau
des utilisateurs de produits chimiques. Cela s’effectue à
l’aide de systèmes de modélisation assistés par ordina-
teur ainsi que de banques de données sur la sécurité ali-
mentaire et la santé publique.
Bases de la sécurité alimentaire microbiologique
Il existe différents systèmes de modélisation pour la
sécurité alimentaire microbiologique comme par
exemple le PMP, le ComBase ou le SymPrevius pour illus-
trer la multiplication ou la diminution de microorga-
nismes pathogènes. La formule mathématique (1) utili-
sée à cet effet est simple:
Ho–R+I ≤ FSO où: FSO = Objectif de sécurité alimentaire
Ho = Niveau de contamination initial
R = Réduction cumulée totale de la
contamination initiale
I = Croissance cumulée de la
contamination initiale
Cela peut être formulé de la manière suivante: la conta-
mination microbiologique de la matière première moins
la somme de tous les effets réduisant la contamination
plus la somme de tous les effets augmentant la contami-
nation doit s’élever au maximum à l’objectif de sécurité
alimentaire. Cette formulation a été choisie de sorte à
éviter toute conséquence négative sur la santé du
consommateur.
En général, les modèles présentent la multiplication
ou la destruction de microorganismes pathogènes
attendue lors des différentes conditions de fabrication
Les denrées alimentaires peuvent être contaminées
par diverses impuretés chimiques et microbiologiques.
Grâce à des systèmes éprouvés en matière de sécurité
alimentaire, il est possible de les limiter à un niveau
non préjudiciable pour la santé. Cet article présente
quelques banques de données sur la sécurité
alimentaire et la santé publique. Les méthodes de calcul
de base et les systèmes assistés par ordinateur pour le
calcul du risque chimique et microbiologique y sont
brièvement présentés. Deux méthodes de comparaison
des divers risques et classes de risque sont également
mentionnées.
La sécurité alimentaire basée sur le risque couvre l’en-
semble de la chaîne alimentaire, de la production pri-
maire des matières premières jusqu’à la consommation
des produits finis. Elle tient compte des modifications
Sécurité microbiologique et chimique des alimentsMarc Mühlemann
Agroscope, Institut des sciences en denrées alimentaires IDA, 3003 Berne, Suisse
Renseignements: Marc Mühlemann, e-mail: marc.mü[email protected]
Exemple de contaminations microbiologiques dans une boîte de Pétri.
E c l a i r a g e
Sécurité microbiologique et chimique des aliments | Eclairage
229Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 228–230, 2015
et de stockage des denrées alimentaires. Aussi bien le
PMP que le ComBase (fig. 1) se basent sur la croissance
de microorganismes cultivés en laboratoire sur des
milieux nutritifs. Par rapport à la croissance de micro-
organismes issus de l’environnement de la production,
ils montrent une croissance plus fréquente et plus
importante dans des matrices naturelles. Le programme
payant SymPrevius permet de disposer d’une estimation
proche de la pratique lors de situations données pour
des aliments et des processus de production spécifiques.
Bases de la sécurité chimique des aliments
Toute une série de paramètres sont particulièrement
importants pour l’évaluation de produits chimiques:
a) données relatives à l’absorption, à la répartition, au
métabolisme et à l’élimination chez les mammifères;
b) données relatives à la toxicité aiguë et à long terme
chez les animaux de laboratoire;
c) mode d’action toxique;
d) test in vivo et in vitro par rapport à la cancérogénicité,
à la génotoxicité, à la neurotoxicité, à la toxicité sur la
reproduction et le développement;
e) exposition à des substances chimiques ou absorption
de produits chimiques et
f) accès à des données concernant des études épidémio-
logiques sur l’homme. Pour les substances avec un seuil
toxicologique, on définit des quantités d’absorption
acceptables, voire tolérables; il s’agit des valeurs ADI
(acceptable daily intake) et TDI (tolerable daily intake).
Celles-ci représentent les quantités ingérables quoti-
diennement durant toute la vie sans risque mesurable
pour la santé. Les valeurs en question sont calculées avec
prudence à partir de données d’animaux de laboratoire
et en utilisant un facteur de risque de 100. En revanche,
des substances cancérigènes et génotoxiques peuvent
avoir un effet dommageable pour la santé à long terme
même en doses infimes. Elles sont évaluées à l’aide du
concept MoE (margin of exposure). Cette valeur permet
de calculer le rapport entre une dose provoquant une
tumeur chez les animaux et l’absorption de cette subs-
tance par l’homme. Cela signifie que, plus la quantité de
cette substance absorbée par l’homme est faible, plus le
MOE y relatif est élevé et la substance analysée a un
impact moindre à court terme sur la santé humaine.
Pour les calculs, on peut utiliser par exemple le
modèle BMD, le ConsExpo et la base de données PRIMo
ainsi que le modèle PROAST pour les statisticiens. Le
modèle BMD découle des principes cités préalablement.
Le PRIMo utilise toutes les données de consommation
nationales au sein de l’UE. Le ConsExpo évalue en
revanche aussi bien l’ingestion orale d’une substance
que l’absorption cutanée. Il ne sert donc pas à l’évalua-
tion des produits chimiques dans les aliments, mais à
celle dans les objets usuels et les biens de consommation,
par exemple des substances (semi) volatiles, des biocides,
des cosmétiques, des jouets et des aérosols.
Priorisation des risques
La comparaison de divers risques et différentes classes de
risque comme par exemple les risques microbiologiques
et chimiques représentent des problèmes connus et d’un
caractère urgent. Pour surmonter ce problème, des sys-
tèmes de priorisation ont été développés récemment par
la FDA (Food and Drug Administration, USA) et l’EPF de
Zurich en collaboration avec l’Office fédéral de la santé
publique. Il s’agit de systèmes dits experts qui requièrent
de nombreuses données spécifiques de toxicologie,
d’épidémiologie, de calcul de probabilités et de consom-
mation de denrées alimentaires. En outre, Agroscope a
développé un modèle pratique qui utilise les caractéris-
tiques indirectes des risques et qui fait partie du savoir
actuel des gestionnaires du risque. Comme principal
indicateur pour l’analyse des risques, on utilise le concept
DALY (disability adjusted life years). Le concept DALY,
Figure 1 | Capture d’écran de la page d’accueil du système de modélisation ComBase.
Eclairage | Sécurité microbiologique et chimique des aliments
230 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 228–230, 2015
développé par la Banque mondiale, doit permettre de
mesurer l’impact de diverses maladies sur la société. Il
permet d’enregistrer non seulement la mortalité, mais
aussi l’atteinte portée à une vie normale sans douleurs
liées à une maladie. Cette valeur de référence est ensuite
modélisée à l’aide de deux facteurs d’influence, regrou-
pés en blocs séparés, par rapport au produit et à la
contamination. Un bloc regroupe les facteurs d’influence
relatifs à l’exposition et l’autre contient des indications
concernant la manière dont une société pourrait réagir
face à un risque (fig. 2). n
Bibliographie ▪ Cole M., 2004. Food safety objectives – Concept and current status. Mitt. Lebensm. Hyg. 95, 13–20.
▪ ComBase Consortium`s ComBase. Accès: http://www.combase.cc/index.php/en/.
▪ Lampen A., 2010. Lebensmittel. In: Vohr, H. W. (éd.) Toxikologie Band 1, 377–406. Wiley-VCH: Weinheim.
▪ Mühlemann M., 2013. Practitioner framework for the evaluation and pri-oritization of food and feed safety hazards and related research needs. ALP science 545, 1–12. Accès: http://www.agroscope.admin.ch/publika-tionen/suche/index.html?sb_pubsearch=1&pubkeywords=&pubautor=m%C3%BChlemann&pubjahrvon=&pubjahrbis=&pubtyp=&pubsprache=&lang=de&pubsuche=Suchen).
▪ Food and Drug Administration Center for Food Safety and Applied Nutriti-on (FDA/CFSAN), Joint Institute for Food Safety and Applied Nutrition (JIFSAN) and Risk Sciences International (RSI). 2012. FDA-iRISK version 1.0. FDA CFSAN. College Park, Maryland. Accès: http://irisk.foodrisk.org/
Figure 2 | Capture d’écran du modèle convivial de priorisation de divers risques et classes de risque.
Other Legitimate Criteria:relevant for value chain
1 Human Health &6 Exposure Criteria
Product x Hazard x Processing-> FLEXIBILITY
231
Aktuelles
A c t u a l i t é s
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 231, 2015
Sonntag, 31. Mai, 9.30 Uhr
Breitenhof-Tagung 2015Agroscope Steinobstzentrum Breitenhof in Wintersingen BL
ReferateBegrüssung zur Breitenhof-Tagung
Robert Baur, Agroscope, Leiter Pflanzenschutz und Extension Obst- und Gemüsebau und Vorsitz Beirat Steinobstzentrum Breitenhof
Ausblick auf die Schweizer Steinobsternte und Vermarktung 2015 Hansruedi Wirz, Früchtezentrum Basel
BetriebsrundgangDie Kirschessigfliege – Zahlen und Fakten
Bewässerung bei Süsskirschen – so funktioniert’s!
Massenware versus blaue Qualität – Zwetschgenanbau quo vadis?
Ausstellung und InfoständeInformationen – Gespräche – Gemütlichkeitwww.agroscope.ch
Fest- wirtschaftab 11:30im Zelt
GENETIK DER TIERE
VERBAND AM PFERD
WOHER KOMMTDIE MILCH?
STREICHELZOOSCHWEIN
ENTWICKLUNGZEBRAFISCH
TIERSCHUTZ PONYREITEN
BIENEN VORGESTELLT
6.6.201510:00 –17:00
im tierspital bern
WILDTIERECKE
PFERDE-FORTPFLANZUNG
LAUFENDEROPERATIONSSAAL
FORSCHUNG AMTIERSPITAL
NEURO-UNTERSUCHUNGAM KLEINTIER
HERZGERÄUSCHESEHEN & HÖREN
TIERARZTSTUDIUMDAS SKILLS-LAB
RÖNTGENRATESPIEL
WEITERE INFOS: WWW.VETSUISSE.UNIBE.CH
232 Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 232–233, 2015
Heidrun Moschitz: «Les villes devraient s’intéresser davantage à l’alimentation»
ration de la jeunesse rurale allemande à Berlin. J’ai
ensuite cherché un autre emploi pour me rapprocher des
montagnes et j’ai été embauchée au FiBL.
Vous avez répondu à une offre d’emploi?
Oui, mais je pense que c’est mon mémoire de fin d’études
«Gestion durable des sols dans les Alpes» qui m’a ouvert
les portes. Il s’intégrait dans un projet européen auquel
participait également le FiBL. J’ai ainsi fait la connais-
sance de collaborateurs du FiBL où l’on ne m’avait pas
oubliée quand je me suis manifestée après avoir travaillé
six mois sur un projet au Nigeria et un an à Berlin. J’ai
obtenu un contrat de deux ans dans le cadre d’un projet
européen sur la politique en matière d’agriculture biolo-
gique en Europe centrale et orientale.
La thèse de doctorat était donc la suite logique de votre
activité au FiBL?
Oui, pour moi c’était clair, je voulais obtenir le doctorat.
Quand j’ai commencé au département des sciences éco-
nomiques et sociales, nous n’étions qu’une demi-dou-
zaine de chercheurs et pratiquement personne n’était
docteur. Mon projet a donc rapidement éveillé l’intérêt
de Matthias Stolze, responsable du département. Ma
décision a été rapide également: j’étais fascinée par le
travail au FiBL où je souhaitais rester et approfondir
l’étude des relations entre les politiques. Mon sujet de
thèse était «Les réseaux politiques dans l’agriculture bio-
logique européenne». Le directeur actuel de l’OFAG,
Bernard Lehmann, qui était alors titulaire de la chaire
d’économie agricole à l’ETH Zurich, s’est montré ouvert à
ma demande et m’a prise sous son aile, alors que le pro-
jet dans lequel s’insérait le travail était déjà très avancé.
C’était une bonne chose tant pour moi que pour le
département des sciences économiques et sociales du
FiBL, car un premier contact a ainsi été établi avec cette
chaire de l’ETH Zurich.
Vous avez déjà mentionné à plusieurs reprises votre
intérêt pour les relations entre les politiques, quelles
sont vos motivations?
Je ne sais pas exactement ce qui a suscité mon intérêt,
mais je me suis engagée très jeune dans des activités
politiques et des associations. Avant mes études, je diri-
geais un groupe d’enfants pour la Ligue bavaroise de
protection de la nature. Pendant mes études, j’ai été
I n t e r v i e w
Heidrun Moschitz travaille depuis douze ans au FiBL, au
département des sciences économiques et sociales. Les
principales thématiques de cette agronome bavaroise
de 40 ans sont les systèmes alimentaires urbains (Urban
Food Systems), la sociologie rurale et les questions en
lien avec la politique agricole. Outre son intérêt pour
l’agriculture biologique, c’est sa passion pour les mon-
tagnes qui a motivé sa venue en Suisse.
Heidrun Moschitz, vous êtes née dans une petite ville et
vous n’avez pas de racines paysannes. Comment se fait-
il que vous travailliez dans un institut de recherche
agronomique?
Je me suis toujours intéressée à la politique. Les sciences
agronomiques étaient une des orientations possibles
dans mes études. Pendant mon premier semestre à l’Uni-
versité de Weihenstephan, j’envisageais encore de m’in-
vestir dans d’autres domaines. Le facteur décisif a été ma
rencontre avec d’autres étudiants, qui ont eu l’initiative
de créer un cursus associant agriculture et environne-
ment. Il était axé sur l’interface entre l’utilisation du sol,
l’écologie et le développement rural, ce qui m’a convain-
cue. Après mes études, j’ai d’abord travaillé pour la fédé-
233
I n t e r v i e w
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 232–233, 2015
membre du Comité directeur de l’organisation pour la
jeunesse de la Ligue qui compte plus de 25 000 membres.
Nous y avons mené de nombreuses discussions politiques
et organisé des actions, par exemple sur le thème des
OGM et de l’étanchéification de la surface des sols. J’ai
ainsi appris beaucoup de choses dans les domaines de la
gestion de projets, du développement d’organisations et
de la conduite de réunions. Aujourd’hui encore, elles me
sont très utiles au FiBL.
Comment s’est développé le département des sciences
économiques et sociales du FiBL au cours des douze der-
nières années?
D’abord, le nombre de collaborateurs a fortement aug-
menté. Ensuite, beaucoup de choses ont changé égale-
ment sur le plan du contenu. Quand j’ai commencé, le
département offrait des services de conseils en gestion
d’exploitation et en marketing. Depuis cette époque,
nous nous sommes fortement développés en tant que
département de recherche; les aspects sciences sociales
et politiques sont devenus beaucoup plus importants. La
durabilité et son évaluation sont de nouveaux éléments
qui se sont ajoutés à notre activité depuis que mon col-
lègue Christian Schader a montré dans sa thèse que
l’agriculture biologique était un instrument efficace
pour atteindre l’ensemble des objectifs majeurs du déve-
loppement durable. Mon champ d’activité s’est égale-
ment élargi du fait de ma plus forte implication dans des
sujets traitant de sociologie et de sciences politiques.
Quelles sont aujourd’hui les principales orientations de
votre travail au FiBL?
Actuellement, je m’occupe principalement de systèmes
alimentaires urbains (Urban Food Systems) dans le cadre
de trois projets: «Supurbfood», «Système d’alimentation
de Bâle» et «Better Gardens». À cela s’ajoutent, à plus
petite échelle, des projets portant sur des modèles inno-
vants de commercialisation de céréales rares et sur le
potentiel de l’agriculture biologique en Bulgarie pour le
développement des zones rurales, qui comptent parmi
les plus pauvres d’Europe. Dans mes recherches, j’ac-
corde également une grande importance à la participa-
tion des acteurs concernés et à une approche transdisci-
plinaire. Il est intéressant d’observer comment différents
points de vue peuvent influencer un problème et ses
solutions et comment un consensus peut finalement être
dégagé.
L’agriculture urbaine est actuellement très en vogue.
Effectivement, c’est un bon moyen d’attirer l’attention
des citadins sur la question de la nourriture et de l’ali-
mentation. Par ailleurs, l’agriculture urbaine offre la
possibilité d’acquérir une expérience concrète. Toutefois,
le système alimentaire urbain est bien davantage que la
somme de projets d’agriculture urbaine: c’est la façon
dont une ville assure son alimentation. Les trois-quarts
de la population suisse vivent aujourd’hui dans des villes
et disposent donc d’un potentiel énorme pour influencer
le mode de production des aliments. Ce potentiel est
encore peu utilisé actuellement.
Quelles approches envisagez-vous?
Une approche importante consiste à impliquer les res-
ponsables publics des achats qui gèrent l’approvisionne-
ment des administrations, des écoles, des hôpitaux et
d’autres institutions de soins. Notre politique nutrition-
nelle doit également devenir plus active. Il est de plus en
plus paradoxal qu’à peine 2 % de la population agricole
doivent résoudre tous les problèmes. Actuellement, la
politique nutritionnelle est principalement une poli-
tique agricole. Les consommateurs et leur santé ne sont
guère pris en compte. Les politiques agricole, environne-
mentale, sanitaire et de l’aménagement du territoire
sont fortement déconnectées les unes des autres. L’ali-
mentation est cependant beaucoup plus que la gestion
des sols. Les villes devraient donc s’intéresser davantage
à cette question et mettre en place des plateformes per-
mettant un échange entre consommateurs et produc-
teurs. Nous y travaillons en coopération avec les autori-
tés des villes, les utilisateurs de jardins familiaux, les
«jardiniers citadins» (Urban Gardeners), les consomma-
teurs, mais aussi avec les agriculteurs.
Un des objectifs du FiBL est la transposition rapide des
résultats de la recherche dans la pratique, par la vulga-
risation. Que pouvez-vous apporter à vos partenaires?
Dans le cadre du projet «Solinsa»*, par exemple, nous
avons essayé d’identifier les éléments qui freinent la
transposition des innovations dans la pratique. Cepen-
dant, les résultats de notre travail ne sont pas toujours
conçus en vue de la pratique paysanne, nous travaillons
souvent avec un objectif politique et cherchons à exercer
une influence par cette approche. n
Adrian Krebs, FiBL
*Support of Learning and Innovation Networks for Sustainable Agriculture, (développement de réseaux de formation et d’innovation pour une agriculture durable), projet européen 2011–2014.
234
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 234–235, 2015
Afin d’étudier la rentabi-
lité de la vente directe,
huit exploitations dont
la prestation brute de la
vente directe est supé-
rieure à Fr. 10 000.– ont
été analysées. Les presta-
tions réalisées ont été
comparées aux coûts
complets des cinq
groupes de produits suivants: fruits et légumes, oeufs,
viande, jus et moûts ainsi que vins et spiritueux. Tandis
que les trois groupes de produits oeufs, viande, vins et
spiritueux ont permis une valorisation du travail, c.-à d.
une indemnisation du travail fourni par la main-d’œuvre
familiale de plus de Fr. 28.– de l’heure (coûts d’opportu-
nité), les deux autres groupes de produits fruits et
légumes ainsi que jus et moûts se situaient en dessous
de ce seuil. Par conséquent, la rentabilité étant très
hétérogène d’un groupe de produits à l’autre, il n’est
pas possible de tirer de conclusions sur la rentabilité des
produits transformés et non transformés en général.
L’évaluation des huit exploitations par catégorie de
prestations brutes (chiffres d’affaires) donne un résultat
similaire. Il n’est pas possible d’observer un net effet
d’échelle, car la catégorie de prestation brute moyenne
atteint, avec Fr. 45.80 par heure de main-d’oeuvre
(MOh), une valorisation du travail nettement meilleure
que la catégorie supérieure qui affiche une prestation
environ deux fois plus élevée, mais une valorisation du
travail de Fr. 27.40 par MOh. L’influence des canaux de
commercialisation qui demandent peu de travail (p. ex.
livraison à domicile ou livraison à des détaillants) et l’as-
sortiment proposé jouent apparemment un plus grand
rôle que les économies liées à la taille de l’exploitation.
La structure des coûts est dominée par les coûts spéci-
fiques de la marchandise vendue (deux tiers) et le travail
investi (un quart). Les autres postes de coûts comme la
part de frais généraux de l’exploitation ne représentent
pas plus de 10 %.
Hauke Reitz, Daniel Hoop et Markus Lips
EconomieAgroscope Transfer | N° 61 / 2015
Rentabilité de la vente directe Prestations brutes et coûts complets de cinq groupes de produits et de quatre catégories
de prestations brutes
Avril 2015
Afin d’étudier la rentabilité de la vente directe, huit exploitations dont la presta-tion brute de la vente directe est supérieure à Fr. 10 000.– ont été analysées. Les presta-tions réalisées ont été comparées aux coûts complets des cinq groupes de produits suivants: fruits et légumes, œufs, viande, jus et moûts ainsi que vins et spiritueux. Tandis que les trois groupes de produits œufs, viande ainsi que vins et spiritueux ont permis une valorisation du travail, c.-à-d. une indemnisation du travail fourni par la main-d’œuvre familiale de plus de Fr. 28.– de l’heure (coûts d’opportunité), les deux autres groupes de produits fruits et légu-mes ainsi que jus et moûts se situaient en dessous de ce seuil. Par conséquent, la ren-tabilité étant très hétérogène d’un groupe de produits à l’autre, il n’est pas possible de tirer de conclusions sur la rentabilité des produits transformés et non transformés en général. L’évaluation des huit exploitations
par catégorie de prestations brutes (chiffres d’affaires) donne un résultat similaire. Il n’est pas possible d’observer un net effet d’échelle, car la catégorie de prestation brute moyenne atteint, avec Fr. 45.80 par heure de main-d’œuvre (MOh), une valo-risation du travail nettement meilleure que la catégorie supérieure qui affiche une pres-tation environ deux fois plus élevée, mais une valorisation du travail de Fr. 27.40 par MOh. L’influence des canaux de commercia-lisation qui demandent peu de travail (p. ex. livraison à domicile ou livraison à des détail-lants) et l’assortiment proposé jouent appa-remment un plus grand rôle que les écono-mies liées à la taille de l’exploitation. La structure des coûts est dominée par les coûts spécifiques de la marchandise vendue (deux tiers) et le travail investi (un quart). Les autres postes de coûts comme la part de frais généraux de l’exploitation ne repré-sentent pas plus de 10 %.
En termes de prestation brute, la commercialisation directe est le plus important secteur de la para-agriculture.
Auteurs
Hauke ReitzDaniel HoopMarkus Lips
Sommaire
Introduction 2 Méthode 2 Résultats 4 Conclusions 5 Bibliographie 6 Remerciements 6 Impressum 6
Phot
o: L
ukas
Egl
off,
Agr
osco
pe
Rentabilité de la vente directe
Drosophila suzukii: quatre nouvelles fiches techniques publiées en français, allemand et italien
•• Drosophila suzukii en viticulture. Recommandations
2015
•• Stratégie de lutte contre Drosophila suzukii dans les
fruits à noyaux
•• Stratégie de lutte contre Drosophila suzukii en vergers
haute-tige
•• Drosophila suzukii. Stratégie 2015 pour les petits fruits
Disponibles sous:
www.agroscope.ch/publikationen ou dans l’application
publications Agroscope.
Plantes Agroscope Fiche technique | N° 19 / 2015
Stratégie de lutte contre Drosophila suzukii en vergers haute-tige
Auteurs: Groupe de travail Drosophile du cerisier (Groupe d’accompagnement Arboriculture) Mars 2015
En 2014, la drosophile du cerisier (DC) a occasionné d’importants dégâts dans les vergers haute-tige de cerises et de prune s. Avec une récolte abondante, de nombreux fruits destinés à la distillation ou à la conserve ont éclatés suite à la météo défavorable du mois de juillet. Beaucoup de fru its ont été réc oltés trop tard o u pas d u tout, ce qui a favorisé le développement massif de DC. Afin d’éviter pareille situation à l’avenir, les mes ures clé d e protection et d’accompagnement sont pr ésentées ci-après. Objectif: limiter le développement des populations de DC tôt da ns l’année et ne pas créer des conditions de multiplication favorables. Les arbres non-récoltés sont des viviers pour DC et mettent e n danger les arbres et cultures vo isins à matur ité plus tar dive. La responsabilité ainsi que la mise en place de mesures d’hygiène et de la gestion de la récolte sont du ressort des producteurs. 1. Surveillance: Pour la détection précoce de DC, les arbres situés en bordure et proches d’ habitats naturels (haies, forêts, etc.) peuvent être surveillés à l’aide de plusieurs pièges Riga ou modèles comparables et c ontrôlés hebdomadairement pour la présence de l’insecte. En c as de c apture, il faut s’ attendre à des dégâts sur les fruits. Tamiser le liq uide, faire tomber les insectes dans une cuvette blanche et diluer avec de l’eau. Identifier les mâles à leurs caractéristiques et les com pter. Le niv eau des captures peut également être comparé à celles enregistrées régulièrement sur www.drosophilasuzukii.agroscope.ch.
2. Contrôles d‘attaque: Des contrôles réguliers d’au moins 50 fruits par échantillon aident à détecter les infestations précoces et permettent d’adapter rapidement la gestion de la r écolte et de la protection phytosanitaires, d’intensifier les mesures d’hygiène et d’anticiper la récolte si nécessaire. Contrôler les échantillons pour les pontes et les piqûres de pontes et/ou l es placer 2h dans de l’eau tiède salée et contrôler les asticots.
3. Mesures d‘hygiène: Les arbres no n-récoltés ou récoltés trop tard sont des foyers de multiplication pour DC et mettent en danger les cultures plus tar dives. Les fruit s mûrs doiv ent être régulièrement récoltés a u moment optimal. Eliminer les fruits attaqués (fosse à lisier, tonneau de fermentation, usine d’incinération, installation de biogaz; ne pas composter!).
Les vergers haute-tige sont très attractifs pour DC
Femelle sur une cerise
Surveillance: Piège Riga, Piège Agroscope, Piège en PET avec des trous de 3mm
235
Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
Actualités
M a n i f e s t a t i o n s
Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations
L i e n s i n t e r n e t
Mai 2015
13.05.2015Gesunde und leistungsfähige Nutztiere: Futter an Genotyp oder Genotyp an Futter anpassen?Fachtagung ETH Zürich, Vetsuisse Zürich und Bern, Agroscope INTETH-Zentrum
31.05.2015Breitenhof-Tagung 2015, Treffpunkt der SteinobstbrancheAgroscope Steinobstzentrum Breitenhof, Wintersingen
Juni 2015
06.06.2015Tag der offenen Türe VetSuisse Fakultät Uni BernVetsuisse-Fakultäten Bern und Zürich, AgroscopeTierspital Bern
13.06.2015Journée suisse des Grandes Cultures BioFRI, Ebenrain, Bio Suisse, agridea, FiBL et SativaCourtételle JUInformations: www.grandes-cultures-bio.ch
14. – 17.06.201554. IALB-Tagung ( Internationale Akademie land- und hauswirtschaftlicher Beraterinnen und Berater)3. EUFRAS-KonferenzEffizienz in der Land- und ErnährungswirtschaftAgrideaSolothurnInformations: http://url.agridea.ch/IALB2015
25.06.2015Agroscope: 125 Jahre Forschung in WädenswilAgroscope Wädenswil
Octobre 2015
29.10.2015Selection and spread of antibiotic resistances in agro-ecosystems and food production environmentsAgroscope IPAInstitut agricole de Grangeneuve IAG, 1725 Posieux
V o r s c h a u
Juin 2015 / Numéro 6
Les céréales sont indispen-sables à l’alimentation humaine et animale. Le numéro de juin de Recherche Agro-nomique Suisse contient un article sur la qualité des semences de seigle et de triti-cale, ainsi que la liste des varié-tés de céréales recommandées pour la récolte de 2016.
D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o
•• Causes de la qualité inconstante des semences de seigle
et de triticale, Thomas Hebeisen et al., Agroscope
•• Examen du ray-grass d’Italie: 37 variétés à l’épreuve,
Daniel Suter et al., Agroscope
•• Pomme de terre: l’Empire Pectobacterium contre-
attaque, Patrice de Werra et al., HAFL et Agroscope
•• Analyse du cycle de vie des produits agricoles suisses
en comparaison avec des produits importés,
Maria Bystricky et al., Agroscope
•• Potentiel quantitatif de valorisation du petit-lait dans
l’alimentation humaine en Suisse, Katrin Kopf-Bolanz,
HAFL, Agroscope et ESU-services GmbH
•• La santé des abeilles en Suisse, Anja Ebener et
Benjamin Dainat, Service sanitaire apicole SSA
•• Le phosphore dans l’agriculture, Klaus Jarnosch,
ETH Zurich
•• Pleins feux sur les questions de semences,
Thomas Hebeisen, Agroscope
•• Liste recommandée des variétés de céréales pour la
récolte 2016, Agroscope
Recherche Agronomique Suisse 6 (5): 234–235, 2015
Blog du futur de l’ETH de Zurich
www.ethz.ch/zukunftsblog
Le blog du futur de l’ETH de Zurich publie des faits et
des points de vue sur la durabilité, en particulier dans
les domaines suivants: changement climatique, alimen-
tation mondiale, villes du futur, énergie et ressources
naturelles. On trouve parmi les 50 auteur-e-s qui parti-
cipent au blog du futur de l’ETH non seulement des pro-
fesseur-e-s de l’ETH et d’autres universités, spécialistes
en durabilité, mais aussi des étudiant-e-s de même que
des rédacteurs-trices invités du monde politique, écono-
mique, des OGN et des autorités.
Jeudi, 29 octobre 2015
Selection and spread of antibiotic resistances in agro-ecosystemsand foodproduction environments
Topics:• Fate and effects of antibiotics in organic fertilizers on soil bacteria:Dr Kornelia Smalla
• Antibiotic resistance in environmental microbiomes and their selectivetransfer: Dr FionaWalsh
• Rational antimicrobial use in animals: from theory to practice,Dr Luca Guarabassi
• Preliminary results of the Agroscope research program“REDYMO”,which emphasizes on the reduction and dynamics of antibiotic-resistantand persistent microorganisms along the food chain, and other Swissresearch projects on antibiotic resistance in the environment
Public-cible scientifique: agronomes, vétérinaires, microbiologistes, spécia-listes de l’environnement, autres personnes intéresséesLangue: anglaisLieu: Institut agricole de Grangeneuve IAG, 1725 PosieuxDurée: de 9h00 à 15h00Frais: Repas de midi à la charge des participant-e-sInscription et renseignements: [email protected]élai d’inscription: 30.9.2015
• Démonstrations de machines• Techniques culturales• Variétés et fumure• Pour Bio et PER
Journée suisse des GrandesCultures Bio
13 juin 2015 à Courtételle JU
OrganisateursPlus d’informations sur la visited’exploitations (vendredi) et surla journée des grandes cultures(samedi) surwww.grandes-cultures-bio.ch.
Profitez d’une visite guidée etdécouvrez trois exploitationsbiologiques de pointe de larégion le vendredi 12 juin.