Recherche Agronomique Suisse, numéro 6, juin 2014

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  • RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE

    J u i n 2 0 1 4 | N u m r o 6

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    Production vgtale Les crales paille hybrides progressent Page 224

    Economie agrocole Exploitations laitires: pourquoi la Suisse produit-elle plus cher que la Norvge? Page 248

    Liste varitale Liste recommande des varits de crales pour la rcolte 2015 Encart

  • ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication parat en allemand et en franais. Elle sadresse aux scientifiques, spcialistes de la recherche et de lindustrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fdraux, praticiens, politiciens et autres personnes intresses.

    EditeurAgroscope

    Partenairesb Agroscope (Institut des sciences en production vgtale IPV;

    Institut des sciences en production animale IPA; Institut des sciences en denres alimentaires IDA; Institut des sciences en durabilit agronomique IDU), www.agroscope.ch

    b Office fdral de lagriculture OFAG, Berne, www.ofag.chb Haute cole des sciences agronomiques forestires et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fdrale de Zurich ETH Zrich,

    Dpartement des Sciences des Systmes de l'Environnement, www.usys.ethz.chb Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, www.fibl.org

    Rdaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse /Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux, Tl. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]

    Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 1012, 1260 Nyon 1 e-mail: [email protected]

    Team de rdaction Prsident: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zrich), Thomas Alfldi (FiBL).

    AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.*, TVA et frais de port compris(tranger + CHF 20. frais de port), en ligne: CHF 61.** Tarifs rduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch

    AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux e-mail: [email protected], Fax +41 26 407 73 00

    Changement d'adressee-mail: [email protected], Fax +41 31 325 50 58

    Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch

    ISSN infosISSN 1663 7917 (imprim)ISSN 1663 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrg: Rech. Agron. Suisse

    Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction rservs. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intgrale, doit faire lobjet dun accord avec la rdaction.

    Index: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

    SommaireJuin 2014 | Numro 6

    Le bl est la culture mondiale numro 1 pour lalimenta-tion. Il faut au moins 15 ans pour obtenir une nouvelle varit de bl. Le numro de juin consacre un article au sujet des crales hybrides et contient la Liste recomman-de des varits de crales pour la rcolte 2015. (Photo: Carole Parodi, Agroscope) 223 Editorial

    Production vgtale

    224 Les crales paille hybrides progressent Andreas Hund, Dario Fossati, Fabio Mascher et

    Peter Stamp

    Production vgtale

    232 Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse Alexandra Maltas et Sokrat Sinaj

    Economie agricole

    240 Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture? Florian Sandrini, Bruno Durgiai, Sylvie Aubert

    et Hansjrg Meier

    Economie agricole

    248 Exploitations laitires: pourquoi la Suisse produit-elle plus cher que la Norvge? Christian Gazzarin, Matthias Kohler et

    Ola Flaten

    Environnement

    256 Irrigation et changement climatique: une analyse rgionale du dficit en eau Jrg Fuhrer et Pierluigi Calanca

    264 Portrait

    265 Actualits

    267 Manifestations

    Liste varitale

    Encart Liste recommande des varits de crales pour la rcolte 2015 Numa Courvoisier et al.

  • Editorial

    223Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 223, 2014

    Chre lectrice, cher lecteur,

    Le march et la socit sont demandeurs de denres alimentaires de qualit,

    saines et naturelles, produites efficacement dans le respect de normes colo-

    giques leves. Ces exigences complexes sinscrivent dans un environnement

    dynamique marqu par des impratifs sociaux et politiques en constante vo-

    lution et par des conditions de march fluctuantes, sans oublier la dimension

    du changement climatique. Lagriculture, et la recherche sur laquelle elle

    sappuie, doivent donc faire preuve dun pouvoir dinnovation et dune flexi-

    bilit accrus. Notre rle de chercheurs consiste concevoir, ds aujourdhui,

    des solutions sur mesure qui seront ncessaires demain aux exploitations agri-

    coles et la branche.

    Dpartement de la Haute cole spcialise bernoise, la HAFL, forte de ses

    comptences en sciences agronomiques, forestires et alimentaires et de

    son vaste rseau, couvre toute la chane de valeur, des matires premires au

    produit commercialisable. Cette approche globale est complte par des

    valuations de la durabilit ou des analyses de la consommation. Le lien

    troit entre la recherche applique et lenseignement joue par ailleurs un

    rle central: les tudiants de bachelor et de master sont impliqus dans les

    travaux de recherche et, en retour, lenseignement senrichit des connais-

    sances issues de ces travaux.

    La recherche de la HAFL prsente un autre atout. En effet, dans bon

    nombre de nos projets, nous dveloppons des solutions adaptes la pra-

    tique, en collaboration avec la branche et directement dans les exploitations.

    Cette mthode est non seulement trs efficace, mais garantit galement

    que nous respections leur juste valeur les spcificits des entreprises et les

    particularits rgionales. Dans le cadre dun projet du Fonds national suisse

    (FNS) men avec plusieurs partenaires, nos experts en recherche porcine

    montrent par exemple comment il est possible de rduire les impacts nga-

    tifs de la production sur lenvironnement et de diminuer le recours aux anti-

    biotiques. Un autre projet de recherche intgre toutes les tapes de la chane

    de valeur afin doptimiser la qualit et les proprits de transformation du

    bl bio suisse.

    Grce cette collaboration, certaines entreprises commencent mettre

    en uvre des solutions alors que le projet est encore en cours. Les obstacles

    sont reprs en amont et levs dans les meilleurs dlais. A lissue du projet,

    les solutions sont dj oprationnelles. Cette dmarche anticipative est exi-

    ge aujourdhui par le secteur, par la Commission pour la technologie et

    linnovation (CTI) et par le FNS, qui souhaitent que lapplication commence

    ds la ralisation du projet. La coopration permet non seulement une

    exploitation plus efficace des solutions, mais offre galement aux cher-

    cheurs la possibilit de faire face immdiatement aux nouveaux dfis. Le

    cycle identification des problmes, laboration de solutions et application

    est ainsi nettement court. Acclrer la mise en uvre pratique de nou-

    velles connaissances et de nouvelles technologies est le seul moyen pour

    nous de relever les nouveaux dfis en temps utile.

    Peter Spring, directeur supplant de la Haute cole des sciences agronomiques, forestires et alimentaires HAFL

    Anticiper lapplication des nouvelles connaissances

  • 224 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 224231, 2014

    qu partir de la 7e gnration dautofcondation que

    lon peut considrer les descendants nouveau comme

    homozygotes, soit gntiquement homognes. Pour

    beaucoup de caractristiques, ceci rend lidentification

    des meilleurs individus plus difficile lors des premires

    gnrations. Lobservation minutieuse au champ, les

    analyses de laboratoires, les ordinateurs et la statistique

    sont ici dune aide prcieuse. Une autre voie, qui avait

    t suivie en Suisse dans le bl, passe par la cration

    dhaplodes doubls. Mme si tout nest pas si facile, on

    peut depuis plus de trente ans, grce aux cultures in

    Les haplodes doubls pour acclrer la slection

    Dans la slection traditionnelle des crales autogames

    (qui sautofcondent) comme le bl ou lorge, le dve-

    loppement dune nouvelle varit commence par le croi-

    sement de deux lignes homozygotes. Les hybrides issus

    du croisement sont en 1re gnration (F1) uniformes et

    htrozygotes (fig. 1). Lors de la gnration suivante

    (F2), aprs autofcondation, on observe la sgrgation

    des caractres parentaux. Ds cette gnration, on peut,

    selon les critres de slection, commencer choisir les

    descendants les plus prometteurs. Ce nest cependant

    Les crales paille hybrides progressent

    Andreas Hund1, Dario Fossati2, Fabio Mascher2 et Peter Stamp1

    1ETH Zurich, Institut des sciences agronomiques, 8092 Zurich, Suisse2Agroscope, Institut des sciences en production vgtale IPV, 1260 Nyon, Suisse

    Renseignements: Andreas Hund, e-mail: [email protected]

    P r o d u c t i o n v g t a l e

    Figure 1 | Les parents et leur hybride F1.

  • Les crales paille hybrides progressent | Production vgtale

    225

    Rs

    um

    Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 224231, 2014

    Pour les crales autogames comme le bl et

    lorge, le manque de retour sur investisse-

    ment assombrit les perspectives des varits

    traditionnelles. En Europe, aprs des dcen-

    nies de statu quo relatif, un renouveau en

    faveur des hybrides se fait prsent. Pour les

    espces allogames comme le mas, le colza

    ou le seigle, la production dhybrides, base

    sur des systmes gntiques, a dj permis

    une production de semences hybrides bon

    march. Un tel systme est prsent dispo-

    nible et efficace pour l'orge, mais pas encore

    vritablement dans le bl. En rgle gnrale,

    pour produire des hybrides on croise

    deuxlignes homozygotes, mais lhomo-

    zygotie nest atteinte quaprs sept gnra-

    tions dautofcondations. Pour beaucoup de

    crales, on peut raccourcir ce processus en

    une tape en rgnrant des plantes partir

    de cellules germinales haplodes et en

    doublant leurs chromosomes. Les plantes

    haplodes doubles (HD) obtenues sont

    alors gntiquement identiques des lignes

    autofcondes. Dans les espces autogames,

    on sattend trouver plus difficilement une

    forte htrosis (une performance suprieure

    aux parents), car ces espces ont dj une

    performance qui a t optimise. Cependant,

    on observe depuis quelques annes un retour

    de grandes firmes dans la slection du bl et

    de l'orge. Pourquoi? Au niveau du G20, une

    initiative internationale en collaboration

    avec de grandes entreprises a rapprci le

    statut du bl, qui avait t quelque peu

    nglig ces dernires dcennies. Ces entre-

    prises ninvestiront long terme dans la

    slection du bl que si les taux de renouvelle-

    ment de semences sont prvisibles. Pour les

    petits programmes de slection, la question

    se pose de savoir comment sadapter cette

    volution.

    vitro et partir de cellules germinales issus dun croise-

    ment, rgnrer une plante. Celle-ci ne possde cepen-

    dant quun set de chromosomes. A laide de la colchicine,

    une toxine extraite du colchique qui perturbe la division

    cellulaire au cours de la miose, le matriel gntique

    est doubl nouveau et devient haplode-doubl

    (HD), ce qui correspond ltat homozygote. Ainsi, il ne

    faut quune gnration au lieu de sept pour obtenir des

    plantes homozygotes dont les caractristiques sont

    immdiatement observables (fig. 2). A ce stade, il faut

    bien sr encore liminer beaucoup de plantes inutiles,

    qui auraient t limines progressivement au cours des

    annes par une slection traditionnelle. Ce procd aug-

    mente la prcision et raccourcit le processus de slection.

    Pour le bl, lETHZ a particip au dveloppement de ces

    mthodes qui ont t testes dans les annes 80 90, en

    collaboration avec les stations fdrales de recherches

    agronomiques. Le systme fonctionnait bien mais ntait

    pas parfait, ni mme aussi performant que souhait; il

    dpendait beaucoup du gnotype maternel et, sans une

    perce plus importante, il tait difficile de linsrer en

    routine. Pour le mas, depuis une dizaine danne, une

    mthode plus lgante de production dhaplode, sans

    passer par la culture in vitro de cellules germinales, a t

    dveloppe lUniversit de Stuttgart Hohenheim. Grce des lignes dites inductives, lovule non

    fcond dveloppe un embryon haplode. Cette

    mthode est utilise actuellement par tous les slec-

    tionneurs de mas travers le monde. Entre temps, la

    technologie HD a t dveloppe et adopte gale-

    ment pour le bl par la plupart des grandes maisons de

    slection.

    Slection dhybride chez les autogames

    Pourquoi la slection de bl hybride et dorge sest-elle

    dveloppe si tardivement? Cette question a t soule-

    ve car des interrogations apparaissent dans la pratique

    quant la disponibilit future de semence de qualit

    (Stamp 2013). Il a t dcouvert, il y a plus de 100 ans aux

    USA, que des lignes de mas autofcondes puis croi-

    ses entre elles produisaient des semences qui donnaient,

    la premire anne, des rendements nettement sup-

    rieurs ceux des varits populations dorigine des

    lignes. Actuellement dans le monde, on ne cultive

    presque plus que des mas hybrides et trs peu de mas

    population. Jusqu prsent, la plupart des varits

    hybrides sont principalement issues despces partielle-

    ment ou compltement allogames. Lavantage des

    hybrides est partag entre agriculteurs et slectionneurs.

    Les agriculteurs profitent de varits plus performantes

    mais, comme la descendance de varits hybrides nest

    pas conforme et est moins performante, les agriculteurs

  • Production vgtale | Les crales paille hybrides progressent

    226 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 224231, 2014

    doivent racheter chaque anne de la semence hybride,

    ce qui assure aux slectionneurs la possibilit dinvestir

    long terme. Depuis plus de 20 ans, les varits hybrides

    de seigle et de colza rencontrent galement du succs.

    Ainsi, pratiquement 100 % des varits de mas, 75 % de

    seigles et plus de 50 % de colza, toutes des espces com-

    pltement ou partiellement allogames, sont actuelle-

    ment des varits hybrides. Pour avoir du succs, la pro-

    duction de semences hybrides doit tre suffisamment

    conomique pour rester dun cot accessible. Cest le cas

    depuis 100 ans pour la mas, car la castration mcanique

    limine facilement le panicule des plantes utilises

    comme femelles. Avec les crales paille, cest plus

    compliqu. Dans le mas, en parallle de la castration

    mcanique, des systmes gntiques de strilit mle

    cytoplasmique (CMS) ont t dvelopps et, depuis des

    dcennies, permettent une production dhybrides sre

    et bon march. Il existe aussi de tels systmes pour le

    seigle et le tournesol. Tous ces systmes sont bass sur

    des gnes dfectueux dans la centrale nergtique de

    la cellule, les mitochondries (fig. 3). Ces gnes affectent

    la croissance des grains de pollen de la ligne utilise

    comme femelle lors de la production de semence hybride.

    Ces lignes ne peuvent pas sautofconder et doivent

    tre fcondes par le pollen de la ligne utilise comme

    mle. Les plantes qui en rsultent portent toutefois les

    mmes mitochondries dfectueuses, car elles sont hri-

    tes de la part femelle. Elles seraient ainsi galement

    mles striles, une catastrophe pour lagriculteur car

    sans fcondation, pas de rendement. On a russi iden-

    tifier des gnes dans le gnome nuclaire, dits gnes de

    restauration, qui annulent ce dfaut. La ligne paren-

    tale pollinisatrice transmet ce gne de restauration et

    assure ainsi que la semence hybride donnera des plantes

    compltement fertiles (fig. 4). Depuis quelques annes,

    Syngenta a mis sur pied un tel systme pour la produc-

    tion dorges hybrides, une perce qui a galement

    relanc des espoirs pour le bl. La production dhybride

    F1 a toujours soulev lintrt des slectionneurs en

    Suisse. Il tait envisag dutiliser des lignes de bl HD de

    lETHZ et des stations fdrales combines avec lemploi

    de gamtocides (fig. 5), des produits chimiques qui

    Parentshomozygotes

    F1

    F2 F3 F4 F5 F6 F7

    0,5 0,25 0,13 0,06 0,03 0,02

    Autofcondations traditionnelles

    Technologie haplodes doubls

    0,00

    Colchicine

    Culture d anthres

    Figure 2 | Comparaison de lobtention de varits de bl homozygote par autofcondation en ppinire ou par la cra-tion in vitro de plantes haplodes doubls issues des anthres, la partie mle des fleurs de bl. Comme les anthres ne possdent quun seul jeu de chromosomes, la rgnration in vitro des embryons haplodes, puis leur traitement la colchicinie, double les chromosomes et produit des plantes compltement homozygotes (pourcentage htrozygotie de 0,00) en une tape. En comparaison, les individus autofconds traditionnellement sont, aprs six gnrations, en-core htrozygotes dans un rapport approximatif de 0,02. Le schma montre l'une des 21 paires de chromosomes ho-mologues du bl.

  • Les crales paille hybrides progressent | Production vgtale

    227Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 224231, 2014

    lopp avec lUniversit de Zurich sest arrt face lop-

    position croissante aux OGM. Deux gamtocides avaient

    t homologus provisoirement en France, mais le

    retrait de lun d'eux par Monsanto dcouragea des

    petites entreprises de slection de sengager dans un

    programme hybride. Pendant ce temps, le deuxime

    gamtocide efficace, CROISOR, rachet par Saaten

    Union, a t non seulement autoris depuis 2011 par

    lUE, mais galement dclar inoffensif. Par cette

    mthode, de trs bonnes varits de bls hybrides sont

    disponibles sur le march. On peut supposer que les prin-

    cipales firmes semencires sintressent davantage aux

    bls hybrides, surtout dans les conditions favorables aux

    hauts rendements. Le groupe de gntique des plantes

    fourragres (Professeur Bruno Studer) tudie lauto-

    incompatibilit, les systmes CMS et linduction dHD

    pour les gramines fourragres; en Suisse, ces nouvelles

    comptences pourraient profiter aussi la gramine

    bl. Lexemple du riz hybride montre que lutilisation

    de lhtrosis peut aussi fonctionner pour des espces

    autogames. La Chine a fait des efforts considrables

    empchent la production de pollen (Schmid et al. 1994).

    Au sein du programme de slection du triticale

    dAgroscope, qui a malheureusement t arrt depuis

    lors, et en collaboration avec DSP, de grands espoirs

    staient fait jour. Grce aux lignes courtes de triticale

    du programme de slection, des combinaisons trs per-

    formantes mais de taille raisonnable ont t relative-

    ment rapidement dcouvertes et mme inscrites. Toute-

    fois, le gamtocide nayant dautorisation dutilisation

    que pour le bl et non pour le triticale, le dveloppe-

    ment commercial a d tre abandonn. Du point de vue

    de la slection, le triticale serait particulirement adapt

    la production hybride. Dune part, le seigle, espce

    allogame, voit probablement son gnome rprim

    lorsquil est incorpor sous une forme homozygote dans

    une espce trs autogame comme le triticale; dautre

    part, pour la production commerciale, la pollinisation

    est, par rapport au bl, facilite par labondante produc-

    tion de pollen du triticale. DSP avait galement dmarr

    un programme intensif avec des firmes du sud de lAlle-

    magne. Un systme de strilit mle transgnique dve-

    noyau mitochondrie

    cytoplasme

    N/s Rf/rf

    interaction

    Figure 3 | La strilit mle cytoplasmique est cause par un dfaut de fonctionnement de gnes mitochon-driaux. Par rapport des cellules ayant un fonctionnement normal (N) cette dfaillance conduit une stri-lit (s). Cette strilit peut, cependant, tre annule par des gnes dominants de restauration (Rf). Comme ils sont contenus dans le noyau, ces gnes peuvent tre transmis par le pollen paternel. Au contraire, les mitochondries ne sont transmises que par la mre.

  • Production vgtale | Les crales paille hybrides progressent

    228 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 224231, 2014

    dans les annes 70 pour mettre sur pied un programme

    de riz hybride. Une strilit mle cytoplasmique a t

    utilise. Aujourdhui, 50 % de la culture du riz en Chine

    sont bass sur le riz hybride, avec un avantage moyen de

    10 15 % en rendement (Khush 2013).

    Ces dernires annes, les conditions climatiques ont

    montr limportance de la scurit de rendement, en

    plus du rendement maximal. Les hybrides ont lavantage

    davoir, en plus du rendement, une bonne robustesse et

    une meilleure stabilit de rendement grce un meilleur

    enracinement. Cet enracinement plus prcoce et plus

    profond contribue une meilleure utilisation de lazote

    (Schachschneider 2012). La slection dhybride nest pas

    un jeu denfant, il faut tester des centaines de combinai-

    sons et avoir de bonnes lignes initiales pour identifier

    un hybride vritablement performant. Pour le mas et le

    seigle, ltablissement des bonnes populations paren-

    tales a ncessit plusieurs dcennies. Pour les crales

    autogames comme le bl et lorge, les gains dhtrosis

    sont encore faibles. Nous en sommes encore aux dbuts,

    comme la soulign cette anne la panne dans la produc-

    tion dorge hybride en Allemagne, qui a provoqu beau-

    coup de troubles parmi les agriculteurs. Pour la produc-

    tion dhybrides, il faut des lignes femelles qui gardent

    leur fleurs ouvertes pendant une longue priode, mais

    ceci peut favoriser une contamination des semences. Le

    passage aux hybrides ne viendra que si lagriculteur est

    convaincu que le gain apport par les hybrides peut

    effectivement, en pratiquant des semis prcoces et

    faible densit, compenser le prix lev des semences.

    Qui slectionne?

    Entre le nombre considrable de varits de bl et dorge

    inscrites en Europe et lintrt des agriculteurs pour les

    varits les plus performantes, la dure de vie des vari-

    ts nest, en gnral, pas trs longue. Ceci semble indi-

    quer une slection des crales paille trs dynamique.

    Toutefois, en 2010, Bonn, lors dune confrence des

    slectionneurs de langue allemande, il a t affirm

    quau vu du faible retour des royalties, une place sur

    deux allait disparatre dans le secteur. Au niveau interna-

    tional, le mme souci a conduit les ministres de lagricul-

    x

    Ligne mainteneuse (mle fertile)

    Partenaire du croisement(ligne restauratrice)

    Hybride mle fertile

    (Ligne CMS)

    1

    2

    s rfrf

    N rfrf

    s rfrf

    N RfRf

    strile

    strile

    Rf rf

    s

    x

    Figure 4 | Le cytoplasme strile (s) est conserv par la fcondation avec la ligne mainteneuse. La ligne mainteneuse est identique gntiquement avec la ligne CMS, mais possde un cytoplasme normal (N). 2) Les hybrides fertiles sont produits par le croisement de la ligne CMS avec nimporte quelle ligne autofconde si elle porte des gnes de restauration (Rf).

  • Les crales paille hybrides progressent | Production vgtale

    229Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 224231, 2014

    tion du bl rachtent des programmes existants comme

    dernirement Bayer avec la firme franaise RAGT par

    exemple. Dans lensemble, cette stratgie de rachat pro-

    voque une restructuration massive de la slection mon-

    diale, au profit de quelques trs grands acteurs (Howard

    2008). Il est difficile de prdire quel sera l impact de ces

    concentrations sur loffre des varits. Comme la comp-

    tition entre firmes reste importante, limage du mas,

    cela peut conduire une amlioration plus rapide des

    varits lavantage des producteurs de bl. Pour lagri-

    culteur, ce nest pas le nombre de varits sur les listes

    varitales qui compte, mais laccs au progrs gntique

    sil est adapt ses conditions de production.

    Crer des varits adaptes au climat, au milieu, aux

    conditions agro-conomiques, au march, aux besoins

    des utilisateurs et des consommateurs restera un dfi

    pour les slectionneurs. Maintenir une diversit des pro-

    grammes de slection est ncessaire pour y parvenir.

    Suivant les objectifs, les diffrentes voies possibles

    doivent tre explores et utilises au mieux, que ce soit

    par les varits traditionnelles ou les hybrides.

    ture du G20 crer une initiative pour le bl, pour coor-

    donner et amliorer les efforts pour la slection du bl

    (http://www.wheatinitiative.org ). ct des ministres

    et dinstitutions internationales de slection, des firmes

    comme KWS (D), Desprez (F), Limagrain (F), Syngenta

    (CH) ou Monsanto (USA) participent cette initiative. Si

    jusquen 2000 la plupart des grosses firmes staient reti-

    res ou ne sintressaient pas la slection du bl, elles

    ont depuis, lexemple de Bayer ou de Monsanto - sur-

    tout par lachat de maisons de slection - renforc nou-

    veau leur engagement. Ainsi, le bl qui avait t quelque

    peu nglig par la recherche et la slection en regard de

    sa place de numro un dans lalimentation humaine,

    devrait retrouver son rang. Ce mouvement a et aura des

    consquences pour la diversit des firmes de slection.

    Un programme de slection du bl ne peut pas fonction-

    ner sans continuit. La cration de matriel gntique

    de base intressant demande beaucoup de temps et il

    faut toujours de 10 15 annes entre le croisement et

    lobtention dune varit commerciale. Les firmes inter-

    nationales qui renouent avec ou commencent la slec-

    Figure 5 | Production de combinaisons hybride F1 de triticale. Les sacs permettent de vrifier le taux de strilit obtenu aprs lutilisation du gamtocide.

  • 230

    Production vgtale | Les crales paille hybrides progressent

    Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 224231, 2014

    C o n c l u s i o n s

    Pour certaines espces autogames, le mas ou le seigle,

    les hybrides sont devenus des vidences. Pour lorge ou

    le bl, il faudra probablement encore un peu de temps

    avant dobtenir des varits hybrides productives et

    robustes aussi convaincantes. Pour les crales paille, la

    qualit et le prix sont cruciaux pour ladoption des

    semences hybrides. Des lignes femelles mles striles et

    des lignes mles restauratrices sont pour cela probable-

    ment le meilleur systme. Bien quil nexiste pas encore

    de systmes gntique suffisamment fiable pour le bl,

    un gamtocide autoris dans lUE permet la production

    de varits hybrides sur la base dune strilit mle

    induite chimiquement. Ceci explique en partie le retour

    dattention pour la slection du bl de la part de firmes

    internationales, qui lavaient nglige, comme la d-

    plor la politique. Les varits hybrides ne convaincront

    les agriculteurs que si lachat annuel de semences plus

    chres est financirement compens par un rendement

    nettement suprieur et plus stable. La caractristique de

    la slection publique suisse est la combinaison dune

    excellente qualit boulangre avec un trs bon niveau

    de rsistance. Les hybrides peuvent tre une des voies

    pour poursuivre ce dfi et sengager avec succs au

    niveau national et international dans les nouveaux dve-

    loppements. n

  • 231

    Les crales paille hybrides progressent | Production vgtale

    Riassunto

    Summary

    Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 224231, 2014

    Bibliographie Howard P. H., 2009. Visualizing Consolidation in the Global Seed Indust-ry: 1996-2008. Sustainability 1, 12661287.

    Khush G. S., 2013. Strategies for increasing the yield potential of cereals: case of rice as an example. Plant Breeding 132, 433436. doi:10.1111/pbr.1991.

    Schachschneider R., 2012. Weizenzchtung - Tatsachen und Visionen. Accs: http://media.repro-mayr.de/94/543694.pdf, [18.1.2014].

    Schmid J. E., Winzeler M., Keller B., Bter B., Stamp P. & Winzeler. H., 1994. Induction and use of double haploids in wheat and spelt breeding programs. In: Prospectives of cereal breeding in Europe (Ed. A. Brni-mann, B. Keller et H. Winzeler). Eucarpia Cereal Section, Landquart, Switzerland, 4142.

    Stamp P., 2013. Beim Ertrag wenig Fortschritt. dlz Agrarmagazin 10, 2847.

    Hybrid cereals are progressing

    Low return on investment from breeding

    licenses has made breeding of self-

    fertilizing species like wheat and barley

    less attractive. However, for some dec-

    ades, the variety types have been chang-

    ing in Europe, because cytoplasmic male

    sterile systems of outcrossing species like

    maize, rape seed and rye exist for the

    production of affordable hybrid seeds,

    which have recently been introduced for

    barley but not for wheat. To produce

    hybrid seed, two homozygous lines must

    be crossed. The development of a pure

    line takes up to seven inbreeding genera-

    tions. In many cereals, the process can be

    shortened biotechnologically by regener-

    ating plants from haploid gametes leading

    to so-called double haploids (DH), which

    are genetically identical to complete

    inbred lines. Varieties of self-fertilizing

    species, such as barley and wheat, are

    yield optimized inbred lines by definition;

    therefore, it requires much more investiga-

    tion to find combinations with increased

    hybrid vigor for self-fertilizing than for

    outcrossing species, which usually show

    great inbreeding depression. However, big

    international companies have renewed

    their interest in hybrid wheat breeding,

    now that even the G20 have realized that

    the global crop number 1 for food supply,

    wheat, has become an orphan crop. For

    big companies, it would be attractive to

    ensure long-term investments when

    farmers change seeds annually due to

    higher yield consistency and solid financial

    gains awin-win option. Smaller breed-

    ing programs will have to determine when

    to join this new movement.

    Key words: wheat breeding, F1 hybride,

    CMS, gametozid, doppelhaploide (DH).

    I cereali da paglia ibridi progrediscono

    Il debole flusso di ritorno degli

    investimenti nella selezione di variet

    tradizionali di cereali autogami, quali il

    frumento e lorzo, ne offusca le

    prospettive per il futuro. Da alcuni

    decenni, per, si nota in Europa un

    rinnovo a favore delle variet ibride.

    Per le specie allogame come il mais, la

    colza o la segale, la disponibilit di

    sistemi genetici ha permesso la

    produzione di sementi ibridi a buon

    mercato. Un tale sistema attualmente

    disponibile per lorzo, ma non ancora

    per il frumento. Per le specie auto-

    game, infatti, pi difficile trovare un

    effetto evidente delleterosi, ossia una

    prestazione della prole nettamente

    superiore rispetto a quella dei genitori,

    perch in queste specie le capacit

    biologiche sono gi ottimizzate.

    Eppure, si assiste da qualche anno al

    ritorno delle grandi ditte alla selezione

    di frumento e orzo. Perch? A livello

    dei G20, dopo alcuni decenni di

    disinteressamento, la collaborazione

    con le grandi ditte di produzione di

    sementi ha condotto ad una rivaluta-

    zione del frumento. Queste ditte

    investiranno a lungo termine nella

    selezione solo a condizione che il tasso

    di rinnovamento delle sementi sia

    prevedibile. Ci pone i piccoli pro-

    grammi di selezione di fronte alla

    questione di come adattarsi a questa

    evoluzione.

  • 232 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 232239, 2014

    Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse

    (RS.916.171, 2011) mais une autorisation peut leur tre

    dlivre si elles rpondent aux exigences fixes pour les

    engrais de recyclage dans lannexe 2.6 de lORRChim

    (RS.814.81, 2011). Afin de prserver la qualit des sols et

    de rduire les risques de transfert de substances indsi-

    rables vers la chaine alimentaire, cette annexe dfinit

    des teneurs totales maximales ne pas dpasser pour six

    lments traces mtalliques (ETM) potentiellement

    toxiques (Cd, Cu, Hg, Ni, Pb et Zn).

    Les cendres de bois ne respectent que rarement ces

    exigences et sont donc gnralement mises en dcharge,

    ce qui reprsente une perte importante dlments fer-

    tilisants naturels et un cot pour les chaufferies bois.

    Or, pour valuer et prvenir les risques environnemen-

    taux, la seule dtermination des teneurs totales en ETM

    nest pas suffisante, puisque la mobilit, la biodisponibi-

    lit et donc la toxicit des ETM dpend avant tout de leur

    forme chimique (Bruder-Hubscher et al. 2002). Dautre

    part, cest la quantit dETM pandue lhectare qui

    dtermine les risques daccumulation long terme

    dETM dans les sols. Les intrts et risques agro-environ-

    nementaux de lutilisation agricole de ces sous-produits

    industriels doivent donc tre valus plus prcisment.

    Lquipe de nutrition des plantes dAgroscope

    Changins tudie depuis 2011 les effets agronomiques de

    lpandage des cendres sous foyer de la centrale Ener-

    bois. Les objectifs sont (i) la caractrisation de la compo-

    sition, de la minralogie et de la forme chimique des

    macrolments et des ETM contenus dans les cendres, (ii)

    lidentification de lorigine de ces ETM et (iii) lvaluation

    des effets des cendres sur les proprits chimiques et bio-

    logiques des sols, le rendement et le prlvement en

    ETM par les cultures. Le prsent article synthtise les

    rsultats dune tude relative lobjectif (iii) (Maltas et

    Sinaj 2013).

    M a t r i e l e t m t h o d e s

    Echantillonnage et analyses des cendres

    La centrale Enerbois (Rueyres, Vaud) est la plus grande

    centrale de production dnergie lectrique base de

    biomasse de Suisse romande. Elle produit de lnergie

    I n t r o d u c t i o n

    Lutilisation des cendres de bois pour le chaulage des sols

    et la fertilisation potassique des cultures tait autrefois

    pratique courante, mais elle est aujourdhui dlaisse en

    Suisse. Les cendres de bois ne figurent pas dans la liste

    des engrais autoriss par lordonnance sur les engrais

    Alexandra Maltas et Sokrat Sinaj

    Agroscope, Institut des sciences en production vgtale IPV, 1260 Nyon

    Renseignements: Sokrat Sinaj, e-mail: [email protected]

    Les cendres sous foyer de la centrale Enerbois sont humidifies pour abaisser leur temprature puis transportes par convoyeur jusqu une benne o elles sont stockes jusqu leur mise en dcharge. (Photo: Maltas, 2013).

    P r o d u c t i o n v g t a l e

  • Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse | Production vgtale

    233

    Rs

    um

    Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 232239, 2014

    Lutilisation de cendres de bois en guise

    dengrais potassique a t teste sur le tourne-

    sol. Lessai sest droul en serre Changins,

    avec les cendres sous foyer de la centrale bois

    Enerbois (Vaud). Ces cendres prsentaient des

    teneurs leves en Ca et en K mais contenaient

    galement des lments traces mtalliques,

    notamment du Cu, du Zn et du Ni. Cet essai a

    mis en vidence une efficience du K contenu

    dans ces cendres quivalente celle du KCl

    utilis comme engrais potassique de rfrence.

    En conditions limitantes en NPKMg, ces cendres

    ont eu un effet favorable sur la biomasse du

    tournesol et labsorption du K, alors que les

    quantits de Ni et Zn absorbes ont diminu,

    vraisemblablement en raison de leffet ngatif

    du chaulage sur la solubilit de ces lments.

    En conditions non limitantes en NPKMg, les

    mmes tendances ont t observes sur la

    biomasse et labsorption du Ni et Zn. Cet essai a

    montr que, malgr des teneurs en Ni et Cu

    suprieures aux seuils actuellement autoriss

    en Suisse pour lpandage dengrais de recy-

    clage, ce sont avant tout les teneurs en K qui

    limitent la quantit de cendres pandre.

    partir de la combustion des sous-produits (corces et pla-

    quettes) de la scierie voisine, la scierie Zahnd. Les bois

    utiliss sont des rsineux propres, non traits et prlevs

    en Suisse occidentale. La centrale produit deux types de

    cendres: des cendres sous foyer qui sont vacues par des

    grilles mobiles et refroidies par de leau et des cendres

    volantes davantage charges en ETM (Maltas et Sinaj

    2013). Lors de lchantillonnage, les cendres sous foyer

    reprsentaient un tiers du total des cendres produites par

    la centrale. Les cendres analyses ici sont des cendres

    sous foyer prleves en mars 2011 aux semaines 10, 11,

    12 et 13. Chaque chantillon hebdomadaire tait un

    mlange constitu de cinq sept prlvements journa-

    liers denviron 500 g chacun. Les cendres ont ensuite t

    sches 40 C et tamises 2 mm. Leurs teneurs totales

    en macrolments, microlments et ETM ont t analy-

    ses aprs mise en solution dans les acides fluorhydrique

    et perchlorique (www.lille.inra.fr/las). Les analyses min-

    ralogiques (diffractions aux rayons X et microscopie lec-

    tronique balayage) ont t effectues par lINRA de

    Nancy. La spciation des macrolments et ETM a t

    analyse selon la mthode BCR (Rauret et al. 2000).

    Essai en serre

    Un essai en pots a t effectu dans les serres dAgroscope

    Changins. Le tournesol (varit San Lucas) a t choisi

    pour ses exigences trs leves en K. Il a t sem le 11

    mai et rcolt maturit le 19 septembre 2012. Chaque

    pot contenait 2 kg de sol sec et une plante. Lhumidit

    du sol tait maintenue environ 70% de la capacit au

    champ avec de leau dminralise. La temprature de

    la serre tait rgule entre 20 25 C.

    Le sol utilis tait un sol argileux (53,8% dargile et

    12,4% de sable) de pH faiblement acide (6,7). Ses teneurs

    totales en N, P, K et Mg slevaient respectivement 3,4,

    0,94, 19,8 et 12,4 g/kg MS. Quatre traitements ont t

    mis en place: (i) Tmoin sans apport de cendres et de

    nutriments chimiques, (ii) Cendres avec apport de K

    sous forme de cendres mais sans apport de nutriments

    chimiques, (iii) NPMg-Cendres avec apports de K sous

    forme de cendres et de N, P et Mg sous forme dengrais

    chimiques et (iv) NPMg-K avec apport de N, P, Mg et K

    sous forme dengrais chimiques. Chaque traitement a

    t rpt trois fois et randomis au sein de trois blocs.

    Les doses de cendres (traitements Cendres et NPMg-

    Cendres) et de KCI (traitement NPMg-K) ont t cal-

    cules de manire satisfaire les besoins en K du tourne-

    sol (Sinaj et al. 2009). Les autres nutriments chimiques N,

    P et Mg ont galement t apports selon Sinaj et al.

    (2009). Les engrais chimiques et les cendres sous foyer

    ont t incorpors et mlangs au sol avant le remplis-sage des pots. Les engrais chimiques utiliss taient du

  • Production vgtale | Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse

    234 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 232239, 2014

    nitrate dammonium (NH4NO3), du triple superphosphate

    [Ca(H2PO4)2.H2O], du chlorure de magnsium (MgCl2), du

    chlorure de potassium (KCl) et de la chaux vive (CaO). A la

    rcolte, la matire sche (MS) totale (racines, feuilles,

    tiges, grains) a t mesure et ses teneurs en N, P, K, Mg,

    Zn, Cu et Ni ont t analyses aprs une minralisation

    par voie sche et une mise en solution dans lacide fluo-

    rhydrique (www.bordeaux.inra.fr/usrave).

    Calculs et analyses statistiques

    Les effets de lapport de cendres ont t analyss en

    conditions limitantes (traitements Tmoin versus

    Cendres) et non limitantes en NPMgK (traitements

    NPMg-K versus NPMg-Cendres) laide du test t de

    Student et du logiciel R 2.14.1 (R Development Core

    Team, 2011).

    R s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

    Caractristiques des cendres sous foyer dEnerbois

    Les cendres dEnerbois prsentent un pH trs alcalin, qui

    est mettre en relation avec leurs teneurs leves en Ca

    etMg (tabl. 1). Le Ca se prsente (fig. 1) majoritairement

    sous forme de carbonate [(calcite: CaCO3)] et dhydroxyle

    [portlandite: Ca(OH)2], formes peu ractives qui ex-

    pliquent laction moins agressive et plus lente des

    Cendres Enerbois Littrature1

    pH-H2O 13,2 (1 %) 9 13,5

    Macrolments (g/kg MS)

    Calcium (Ca) 281,3 (2 %) 109,4 317,4

    Potassium (K) 67,4 (9 %) 24,0 41,3

    Magnsium (Mg) 16,5 (5 %) 16,0 22,5

    Phosphore (P) 9,2 (9 %) 5,0 14,0

    Azote (N) 0,07 (27 %) 0,3 0,9

    Microlments (mg/kg MS)

    Aluminium (Al) 17 300 (7 %) 13 000 23 650

    Fer (Fe) 12 175 (3 %) 3300 19 500

    Manganse (Mn) 7550 (7 %) 3470 8160

    Bore (B) 147 (12 %) 8 135

    Chrome (Cr) 123 (17 %) 14 86

    Vanadium (V) 22 (12 %)

    Cobalt (Co) 9 (168 %) 4 10

    Molybdne (Mo) 1,1 (7 %)

  • Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse | Production vgtale

    235Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 232239, 2014

    cendres sur le pH des sols compare celle de la chaux

    vive (CaO) (Maltas et Sinaj 2013).

    Comme attendu, ces cendres sont une source impor-

    tante de K et dans une moindre mesure de P et Mg

    (tabl.1). Elles apportent galement un grand nombre

    de microlments (en particulier Al, Fe, Mn et B) et

    dETM dont du Zn, Cu, Ni et Pb (tabl. 1 et 2). Ces ETM,

    qui sont prsents dans les sols suisses (Luster et al. 2006)

    et donc dans les bois, se concentrent dans les cendres

    lors de la combustion (Hbert et Breton 2008; Maltas et

    Sinaj 2013). Par ailleurs, les ETM se concentrent davan-

    tage dans les cendres volantes que dans les cendres sous

    foyer (Maltas et Sinaj 2013). La centrale Enerbois spare

    ces deux types de cendres alors que les cendres analy-

    ses dans la littrature sont gnralement un mlange

    des deux. Ainsi, les cendres Enerbois prsentent des

    teneurs en Zn, Pb et Cd nettement moindres que celles

    reportes dans la littrature (tabl. 2). Malgr cela, leurs

    teneurs en Cu et Ni dpassent les seuils fixs dans lORR-

    Chim, interdisant toute utilisation agricole de ces

    cendres (tabl. 2).

    Effet des cendres sur la biomasse du tournesol

    En conditions limitantes en NPMgK (Tmoin versus

    Cendres), lapport de cendres augmente significative-

    ment la production de MS (fig. 2a). La mme tendance

    est observe en conditions non limitantes en NPMgK

    (fig.2b). Leffet positif des cendres sur la production a

    dja t observ sur de nombreuses plantes cultives:

    avoine, bl dhiver, ftuque, pinard, pois, mas, peuplier

    et soja (Demeyer et al. 2001). Cet effet peut tre imput

    leffet chaulant des cendres sur ce sol faiblement acide

    et/ou lapport de macro- et microlments par les

    cendres.

    Absorption des macrolments par le tournesol

    En conditions limitantes en NPMgK, labsorption du K est

    significativement plus leve en prsence de cendres

    (Cendres versus Tmoin, fig. 3a). Ceci montre que

    les cendres apportent du K facilement assimilable par les

    plantes. En effet, 36% et 49% du K total contenu dans

    ces cendres sont solubles respectivement dans leau

    (Maltas et Sinaj 2011) et dans lacide actique (fig. 4).

    Erich (1991) mentionne une efficience du K contenu

    dans les cendres quivalente celle des engrais potas-

    siques chimiques. Cet essai confirme ce rsultat,

    puisquen conditions non limitantes en NPMgK, les

    quantits de K absorb par le tournesol sont compa-

    rables, que le K soit apport sous forme de cendres ou

    sous forme de KCl (fig. 3b).Par ailleurs, lapport de cendres tend (P>0,05) amlio-

    rer labsorption de lazote (N) et du phosphore (P) par le

    Tmoin Cendres NPMgK NPMgCendres

    MS

    tota

    le (g

    /pla

    nte)

    0

    10

    20

    30

    40 a)P=0,02

    b)P=0,14

    Figure 2 | Quantit de matire sche (MS) totale du tournesol la rcolte en conditions a) limitantes et b) non limitantes en NPMgK. La probabilit du test t et lerreur standard (barres verticales) sont indiques.

    Figure 1 | Minralogie du calcium.

    Portlandite (Ca(OH)2) Calcite (CaCO3) Gypse (CaSO4. 2H2O)

    Inte

    nsit

    (cou

    ps /s

    econ

    des)

    CaO + H2O Ca(OH)2 Ca(OH)2 + CO2 CaCO3 + H2O CaSO4 +2H2O

    CaSO4. 2H2O

    Portlandite

    Cellule vgtale

    Mica blanc

    480

    440

    420

    400

    380

    360

    340

    320

    300

    280

    260

    240

    220

    200

    180

    160

    140

    120

    100

    80

    60

    40

    20

    02 10 20 30 40 50 60

    2-Thta (Degrs)

  • Production vgtale | Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse

    236 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 232239, 2014

    tournesol en conditions limitantes (fig. 3a) et surtout en

    conditions non limitantes en NPMgK (fig. 3b). Les

    cendres sont pratiquement dpourvues de N (tabl. 1).

    Cet effet bnfique sur le prlvement en N est vraisem-

    blablement li laction positive du chaulage sur la

    minralisation de la matire organique du sol (Maltas et

    Sinaj 2013). Leffet positif des cendres sur labsorption du

    P par le tournesol rsulterait, quant lui, dun double

    effet sur la teneur du sol en P changeable [extrait

    lactate ammonium EDTA (AAE)]: (i) un effet positif du

    chaulage sur la disponibilit du P dans ce sol lgrement

    acide (Maltas et Sinaj 2013) et (ii) un effet d aux quan-

    tits significatives de P changeable apportes par les

    cendres (fig. 4).

    0

    50

    100

    150 Azote

    Phosphore

    Magnsium

    Potassium

    Calcium

    Nickel

    Cuivre

    Zinc

    NPMg-K NPMg-Cendres

    0

    50

    100

    150 Azote

    Phosphore

    Magnsium*

    Potassium*

    Calcium

    *Nickel

    Cuivre

    *Zinc

    Tmoin Cendres a) b)

    Figure 3 | Absorption des minraux par le tournesol en conditions a) limitantes et b) non limitantes en NPMgK. Les rsultats sont exprims en valeur relative par rapport aux traitements sans cendres (traitements tmoin et NPMg-K respectivement pour la figure a et b). Les astrisques indiquent des diffrences significatives entre les deux traitements au seuil de 5 % selon le test t.

    0 20 40 60 80 100

    Plomb

    Nickel

    Cuivre

    Zinc

    Phosphore

    Magnsium

    Potassium

    Calcium

    teneur(% du total)

    Fraction 1

    Fraction 2

    Fraction 3

    Rsiduelle

    Solubles et lis aux carbonates

    Lis aux oxydes de Fe et Mn

    Lis la matire organique

    Inclus dans le rseau cristallin

    Immdiatement disponible Indisponible

    Figure 4 | Spciation des macrolments et ETM.

  • Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse | Production vgtale

    237Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 232239, 2014

    et la faune (Hbert et Breton 2008). Cependant, la ques-

    tion de leur toxicit sur le long terme demeure, dans la

    mesure o 73% du Cu, 73% du Zn, 44% du Ni et 5% du

    Pb contenus dans les cendres tudies sont prsents sous

    des formes lentement mais potentiellement disponibles

    en conditions rductrices ou oxydantes (fig. 4).

    Risques sur le long terme lis aux ETM

    Seule la dfinition de quantits maximales dETM

    (kg/ha) apportes au sol permet dviter les risques

    daccumulation des niveaux toxiques sur le long terme.

    Pour viter cela, la quantit maximale dengrais de recy-

    clage autorise pour la fumure a t fixe 25 t MS/ha

    en trois ans rpartir en une ou plusieurs applications

    (annexe 2.6, ch 3.2.2 de lORRChim). En tenant compte

    des teneurs maximales autorises (tabl. 2), cette quan-

    tit de MS permet de maintenir les quantits dETM sous

    les seuils mentionns au tableau 3. Sur la base des

    teneurs en K des cendres sous foyer dEnerbois (tabl. 1)

    et des besoins des grandes cultures en K (Sinaj et al.

    2009), la quantit de cendres ncessaire pour fertiliser

    une culture en K ne devrait pas excder 5 t MS/ha. Or,

    avec une dose maximale de cendres de 5 t MS/ha en trois

    ans, rpartir en une ou plusieurs fois, les quantits

    dETM apportes par les cendres sont bien moindres que

    (i) les quantits maximales autorises pour les engrais de

    recyclage et (ii) les quantits engendres par un compost

    agricole classique utilis la dose maximale autorise de

    25 t MS/ha en 3 ans (tabl. 3). Ce constat pose la question

    de la pertinence des teneurs maximales en ETM actuelle-

    ment utilises pour les cendres. Une modulation des

    En conditions limitantes en NPMgK, labsorption du Mg

    par le tournesol diminue significativement en prsence

    de cendres (fig. 3a), malgr lapport de Mg par ces der-

    nires. En prsence damendement calcaire, une baisse

    de labsorption du Mg par les plantes est gnralement

    impute lantagonisme entre labsorption du Ca et du

    Mg (Marschner 2012, Halvin et al. 2005). Dans cet essai, il

    na pas t constat deffet significatif des cendres sur

    les quantits de Ca absorb (fig. 3). Un antagonisme

    avec labsorption du K semble donc plus plausible.

    Absorption des ETM par le tournesol

    En prsence de cendres, le tournesol a absorb moins de

    Zn et de Ni. Cet effet est significatif en conditions limi-

    tantes en NPMgK (fig. 3a), mais ne l'est pas en conditions

    non limitantes (fig. 3b). Les moindres absorptions de Zn

    et Ni en prsence de cendres peuvent tre relies la

    baisse des teneurs dans le sol en Zn et Ni changeables

    (extraits lAAE) observe lorsque ce sol faiblement

    acide est chaul (Maltas et Sinaj 2013). En effet, lorsque

    le pH du sol augmente, les ETM sont adsorbs sur les

    oxydes de Fe et Al, ce qui les rend indisponibles pour les

    cultures (Havlin et al. 2005). Le Zn et le Ni sont trs sen-

    sibles cet effet du pH alors que le Cu est peu affect

    (Smith 1994). De plus, les cendres sous foyer dEnerbois

    apportent de trs petites quantits de Zn, Cu, Ni et Pb

    sous forme immdiatement disponibles (0,2 8% du

    total; fig. 4). Les tudes dpandage de cendres aux

    doses agronomiques menes au Qubec ne rapportent

    galement pas de problmes court terme dus aux ETM

    sur la qualit des sols, des cultures, de leau souterraine

    Quantits apportes (kg/ha en trois ans)

    Maximales autorises1 Cendres Enerbois Compost agricole2

    MS3 25 000 5000 25 000

    Zn 10 0,89 3,71

    Cu 2,5 0,55 1,59

    Ni 0,75 0,26 0,37

    Pb 3 0,11 1,15

    Cd 0,025

  • 238

    Production vgtale | Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse

    Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 232239, 2014

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    RS.916.171. 2011. Ordonnance sur les engrais (OEng). 10 janvier 2001 (tat le 1er juillet 2011).

    teneurs maximales en fonction de la quantit de MS

    pandue permettrait de respecter les quantits dETM

    maximales autorises tout en permettant la valorisation

    de nouvelles sources dengrais naturels telles que les

    cendres sous foyer.

    Ces rsultats vont dans le sens dautres tudes qui

    mettent en vidence que les cendres de bois utilises

    occasionnellement et des doses agronomiques ne pr-

    senteraient pas de risques environnementaux court et

    long terme (Demeyer et al. 2001, Hbert et Breton 2008).

    Demeyer et al. (2001) soulignent que les besoins en

    amendement ou en K limitent gnralement deux-

    mmes la dose de cendres pandues.

    C o n c l u s i o n s

    Les rsultats de cette tude montrent (i) que les cendres

    sous foyer de la centrale Enerbois ne semblent pas pr-

    senter de risques pour les sols et les cultures et pour-

    raient tre utilises comme engrais potassique sur les

    sols acides, et (ii) quil serait intressant de poursuivre les

    recherches en analysant les effets de ces cendres sur des

    sols neutres et lgrement alcalins ainsi quau champ. n

    Remerciements

    Les auteurs remercient lentreprise Romande Energie SA pour le co-financement de cette tude et Dr M. P. Turpault, INRA Nancy, pour les analyses minralogiques.

  • 239

    Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse | Production vgtale

    Riassunto

    Summary

    Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 232239, 2014

    Le ceneri del legno: un nuovo

    fertilizzante per agricoltura Svizzera

    Questo articolo riassume i principali

    risultati di una prova svolta in serra

    allo scopo di verificare gli effetti delle

    ceneri provenienti dalla centrale a

    legno Enerbois e utilizzate come

    fertilizzante potassico sul girasole.

    Queste ceneri presentavano elevati

    tenori in Ca e in K, ma contenevano

    anche tracce metalliche, in particolare

    Cu, Zn e Ni. Questa prova ha eviden-

    ziato una disponibilit in potassio

    contenuto nelle ceneri equivalente a

    quella di KCI utilizzata come fertiliz-

    zante potassico di riferimento. In

    condizioni limitanti in NPKMg queste

    ceneri hanno ottenuto un effetto

    favorevole sulla biomassa del girasole

    e sullassorbimento di K, mentre le

    quantit di Ni e Zn assorbite sono

    diminuite, presumibilmente a causa

    delleffetto negativo sulla solubilit

    della calcinazione di questi elementi. In

    condizioni senza limitazioni in NPKMg

    sono state osservate le stesse tendenze

    sia sulla biomassa, sia sullassorbi-

    mento di Ni e ZN. Questa prova ha

    mostrato che, malgrado i tenori in Ni e

    Cu si situino oltre le soglie attualmente

    autorizzate in Svizzera per lo spargi-

    mento di fertilizzanti da riciclaggio,

    siano soprattutto i tenori in K a

    limitare la quantit di cenere da

    spargere.

    Wood ashes: a new fertilizer for Swiss

    agriculture

    The use of wood ashes as potash

    fertilizer was tested on sunflower. The

    greenhouse experiment was conducted

    in Changins and used wood ashes

    provided by the wood power station

    Enerbois (Vaud). These ashes contained

    high amounts of Ca and K but also

    trace elements, particularly Cu, Zn and

    Ni. Results of the trial highlighted an

    efficiency of K contained in these ashes

    equivalent to that of KCl used as

    reference potassic fertilizer. In NPKMg-

    limiting conditions, the wood ashes

    had a positive effect on the biomass of

    sunflower and the absorption of K, but

    they reduced the amount of absorbed

    Ni and Zn, probably because of the

    negative effect of liming on the

    solubility of these elements. In

    not-NPKMg-limiting conditions, the

    same trends were observed regarding

    the biomass and the absorption of Ni

    and Zn. This trial showed that despite

    Ni and Cu contents beyond the limits

    currently approved in Switzerland for

    recycling fertilizer, it is above all the K

    levels that limit the amount of ashes to

    be spread.

    Key words: wood ashes, potassium,

    trace element, nutrient solubility,

    liming, Swiss legislation.

  • 240 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 240247, 2014

    culture et contribue ainsi lvolution structurelle,

    paralllement au progrs technique (OFAG 2009). Lagri-

    culture dispose de deux possibilits daccrotre sa comp-

    titivit: laugmentation des prix la production et la

    baisse des cots de production. Lexploitation, en raison

    de sa position au sein de la filire de valorisation, peut

    surtout influer directement sur les cots de production.

    I n t r o d u c t i o n

    La loi sur lagriculture de 1998 a constitu un tournant

    historique pour lagriculture suisse. Depuis cette date, en

    effet, les paiements directs ne sont plus lis aux quanti-

    ts et aux produits, mais des prestations dintrt

    gnral. Le march influe sur la comptitivit de lagri-

    Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture?Florian Sandrini1, Bruno Durgiai1, Sylvie Aubert2 et Hansjrg Meier2

    1Haute cole des sciences agronomiques, forestires et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse2AGRIDEA, Groupe exploitation, famille, diversification, 8315 Lindau, Suisse

    Renseignements: Sylvie Aubert, e-mail: [email protected]

    Les membres du groupe daccompagnement discutent des mesures doptimisation de la formation continue dans le domaine de la gestion d'entreprise.

    E c o n o m i e a g r i c o l e

  • Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture? | Economie agricole

    241

    Rs

    um

    Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 240247, 2014

    Les cots de production jouent un rle-cl

    dans la comptitivit des exploitations

    agricoles. Divers acteurs de la vulgarisation

    et de la formation agricoles ont offert par le

    pass des formations continues sur le sujet.

    Toutefois, le nombre de participants est rest

    en de des attentes. Le groupe de travail

    Opticost a voulu en connatre les raisons et

    ainsi pouvoir prendre des mesures damlio-

    ration. Pour ce faire, des entretiens semi-

    structurs ont t conduits avec des experts

    chefs de projets, vulgarisateurs et

    participants qui sont partie prenante dans

    cinq projets de formation continue de

    lagriculture suisse. Le groupe Opticost a par

    ailleurs analys, lchelon de la vulgarisa-

    tion, trois projets trangers de formation

    continue en gestion dentreprise (France,

    Allemagne, Autriche) et un projet suisse

    extrieur la branche. Les entretiens avec les

    experts ont t analyss daprs Meyer

    (2009) et leur codage thorique daprs

    Bhm (1994). Les rsultats ont montr que

    lon peut subdiviser le groupe cible en deux

    catgories, les uns sappuyant sur un modle

    innovant, les autres sur un modle ractif.

    Les personnes du modle innovant sont

    venues suivre une formation continue de leur

    propre chef, tandis que les personnes de

    lchantillon ractif y sont venues par

    ncessit. La composition des groupes de

    participants une formation continue a t

    influence par la pondration de lexigence

    de formation et de lorientation sur un

    groupe cible. Pour sensibiliser les participants,

    la communication directe a donn les

    meilleurs rsultats. lavenir, cette sensibili-

    sation devrait tre en meilleure adquation

    avec le groupe cible et impliquer davantage

    les organisations agricoles, la vulgarisation,

    les fiduciaires, etc.

    Il ny a pas lieu en effet dattendre une augmentation

    des prix la production au cours des prochaines annes

    en raison de lvolution politique saccompagnant dune

    multiplication des accords de libre-change et de la

    rduction de la protection douanire.

    Les milieux politiques, AGRIDEA et lUnion suisse des

    paysans (USP) ont reconnu le rle-cl jou par les cots

    de production dans lexploitation agricole. En collabora-

    tion avec lOffice fdral de lagriculture (OFAG), ils ont

    donc fond le groupe de travail Opticost. Avec dautres

    parties prenantes de la branche, celui-ci a analys, du

    point de vue de la politique de la formation, lvolution

    de la stratgie et des cots. Il a ainsi constat que les

    organisations charges de la vulgarisation et de la for-

    mation avaient pris diverses mesures pour favoriser

    loptimisation des cots et le dveloppement strat-

    gique des exploitations. Malgr tout, le nombre de par-

    ticipants ces mesures est souvent rest en de des

    attentes. Paralllement, les analyses de diverses organi-

    sations agricoles ont soulign un rapport intrants/

    extrants dsavantageux et, par consquent, un poten-

    tiel dconomies considrable dans les exploitations.

    Ajoutons cela que souvent, les exploitations avec le

    potentiel doptimisation le plus lev ne participaient

    pas aux formations continues en gestion dentreprise.

    (Les termes formation continue et formation sont utili-

    ss de manire large et concernent aussi bien des offres

    de cours de perfectionnement, la participation des

    cercles de travail ou du conseil dit individuel).

    Le groupe de travail Opticost a donc voulu tudier

    cette ralit de la formation continue plus en profon-

    deur. Il a labor un projet dtude du processus de par-

    ticipation une formation continue en gestion dentre-

    prise et de ses applications, pour en dduire les mesures

    damlioration futures.

    M a t r i e l e t m t h o d e s

    Organisation des responsabilits

    Pour llaboration de ce projet, le groupe de travail

    Opticost a cr une quipe de projet et un groupe dac-

    compagnement. Ce dernier comptait, outre les membres

    crateurs, des reprsentants des organisations suivantes:

    Agroscope, Forum la Vulg Suisse (FVS) et Confrence des

    responsables des coles dagriculture suisses. Lquipe de

    projet a t constitue quant elle de deux reprsen-

    tants dAGRIDEA ainsi que de la Haute cole des sciences

    agronomiques, forestires et alimentaires (HAFL).

    Le groupe daccompagnement a dfini lorientation

    stratgique du projet. Il a dcid quels projets devaient

    tre tudis en Suisse et quelles taient les questions

    auxquelles il fallait rpondre. Lquipe de projet a t

  • Economie agricole | Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture?

    242 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 240247, 2014

    charge de ltude concrte des projets slectionns et

    de rpondre aux questions. Par ailleurs, elle a pu choisi

    les projets trangers tudier aprs avoir consult le

    groupe daccompagnement.

    Description de la slection des projets

    Dans une premire analyse dans le contexte du projet

    Opticost, Meier (2012) avait identifi huit champs dac-

    tion lis aux cots de production, sur lesquels les paysans

    pouvaient exercer une influence. AGRIDEA en a dduit

    divers facteurs qui peuvent influer sur les champs dac-

    tion avec la participation des agriculteurs (fig. 1). Deux

    de ces facteurs dinfluence identifis sont la formation et

    la vulgarisation. Aprs avoir conduit une discussion dex-

    perts, le groupe daccompagnement a slectionn sur

    cette base les cinq projets analyser suivants:

    le projet Actif Regional Creatif (ARC) le projet Bergmilch de la HAFL gestion dentreprise dans le domaine de larboricul-ture, un projet Interreg IV en Suisse et en Allemagne

    le projet optimisation des cots de la production laitire conduit par les Producteurs suisses de lait, le

    FVS, Profilait et AGRIDEA

    le cours calcul des cots de machines de la Fondation Rurale Interjurassienne.

    Dans sa slection, le groupe daccompagnement a voulu

    couvrir lventail le plus large possible des huit champs

    daction et assurer simultanment une rpartition go-

    graphique quilibre des projets dans le pays.

    Une fois les rsultats des projets suisses analyss dis-

    ponibles, lquipe de projet a choisi, aprs avoir consult

    le groupe daccompagnement, trois projets trangers

    raliss en France, en Autriche et en Allemagne. Et pour

    disposer dun regard sur une autre branche, il a par ail-

    leurs analys une offre de formation continue dans le

    domaine de la sant.

    Analyse des projets

    Le but des analyses des projets tait dtablir de nou-

    veaux faits lis la participation et au droulement

    dune formation continue. Les phases dune formation

    ont t rparties en phase prparatoire, phase de forma-

    tion et phase postrieure. Pour complter cette rparti-

    tion, un domaine qui ntait pas directement imputable

    une phase de formation a t cr.

    Lanalyse des projets suisses a repos sur les docu-

    mentations de formation ainsi que sur les entretiens

    semi-structurs avec les chefs de projet et une slection

    de vulgarisateurs (responsables de formation) et de par-

    ticipants. Pour les projets trangers, lanalyse a t limi-

    te aux entretiens semi-structurs avec les vulgarisa-

    teurs.En procdant aux analyses des entretiens, lquipe de

    projet a suivi le fil rouge propos par Meyer (2009) pour

    lanalyse dentretiens avec des experts. La thorie rsul-

    tant de cette analyse a t complte par la procdure du

    codage thorique selon Bhm (1994). La combinaison de

    ces deux instruments a permis de travailler sur les points

    communs des projets et den dterminer les diffrences.

    Dans le mme temps, il a t possible de minimiser les

    interprtations concurrentes, toujours possibles avec des

    mthodes danalyse qualitatives, du fait quil nexiste pas

    dinterprtation uniforme de textes (Meyer 2009).

    Facteurs dinfluence Dcideurs Champ daction

    1. Dfinir une stratgie

    2. Initier des cooprations

    3. Raliser des investissements

    4. Financer des investissements

    5. Acheter des moyens de production

    6. Effectuer un controlling

    7. Dvelopper lexploitation

    8. Organiser

    Formation

    Vulgarisation

    Recherche

    AGRIDEA

    Entreprises

    Comptences:de directiontechniques

    socialespersonnelles

    Famille

    Associations Administration

    Organisations

    Figure 1 | Facteurs dinfluence sur les dcideurs agricoles. (AGRIDEA 2012)

  • Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture? | Economie agricole

    243Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 240247, 2014

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    Demande des

    groupes cibles

    Info

    rmat

    ion

    Cont

    enu

    Stru

    ctur

    e

    Figure 2 | Modle de sensibilisation aux formations continues en gestion dentreprise dans lagriculture. Les cellules rectangulaires reprsentent des tapes du processus et les cellules ovales des facteurs dinfluence.

  • Economie agricole | Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture?

    244 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 240247, 2014

    Dveloppement du modle de sensibilisation

    Lquipe de projet a utilis les enseignements tirs des

    interviews et de la documentation des formations pour

    dvelopper un modle de sensibilisation. Ce modle pr-

    sente, dune part, le comportement du groupe cible li

    la participation une formation. Il relve galement,

    dautre part, les lments qui devraient renforcer

    lavenir le succs des formations continues en gestion

    dentreprise. Pour rendre praticable la procdure dcrite

    dans le modle, des mesures damlioration opration-

    nelles et stratgiques en ont t dduites.

    R s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

    Les rsultats de ce travail sont prsents et discuts dans

    le cadre du modle de sensibilisation (fig. 2).

    Perspective des participants

    Les facteurs dterminants pour la frquentation dune

    formation continue en gestion dentreprise sont lexploi-

    tation et la famille. Les participants ont compar les

    informations reues de leur environnement et les

    mesures de sensibilisation avec leurs propres connais-

    sances. En loccurrence, le type dinformation a influenc

    le traitement cognitif. Les personnes ont t rparties

    soit dans un groupe avec un modle innovant, soit dans

    un groupe avec un modle ractif.

    Modle innovant

    Les personnes de ce groupe ont trait les informations en

    lien avec leur environnement et la sensibilisation en se

    rfrant leurs objectifs personnels. Les participants ont

    reconnu dans ces informations une chance pour le dve-

    loppement futur de leur exploitation. Ils y ont vu un

    potentiel daction personnelle et/ou lie lexploitation.

    Indpendamment des informations de sensibilisation

    reues jusque-l, elles ont tabli des objectifs relatifs au

    contenu et la structure (forme) dune formation. Si ces

    objectifs correspondaient une offre, ces personnes se

    mettaient dans la perspective de participer une forma-

    tion continue dfinie et y prenaient effectivement part.

    Mais pour que des perspectives de participation puissent

    tre dfinies, il faut qu ce moment prcis, les mesures de

    sensibilisation du groupe cible fournissent des informa-

    tions sur les objectifs et le type de la formation continue.

    Modle ractif

    Les personnes de ce groupe ont trait les informations

    concernant leur environnement et la sensibilisation en

    se rfrant leur exploitation et elles ont reconnu lexis-

    tence dun danger. Cela a entran chez elles la ncessit

    dentreprendre quelque chose. Elles ont formul les

    objectifs de la formation comme les personnes du

    groupe avec modle innovant et ont agi de mme pour

    la suite du processus de participation.

    Les personnes dun autre sous-groupe avec modle

    ractif ne sont pas parvenues identifier les signes de

    danger pour leur exploitation partir des informations

    provenant de leur environnement ou de sensibilisation.

    Ce sont les vulgarisateurs spcialiss dans la production

    ou les fiduciaires qui ont d les rendre attentives lexis-

    tence dun risque pour leur exploitation. Dans certains

    cas, ces spcialistes les ont orientes directement vers

    une formation continue; il sest pass parfois plusieurs

    annes entre la prise de conscience du danger et la par-

    ticipation une formation.

    Perspective des organisateurs

    Divers groupes concerns sont intervenus dans la cra-

    tion doffres de formation continue. La vulgarisation a

    cherch crer une offre pertinente, compte tenu de ses

    propres besoins (exigences de formation) et dans cer-

    tains cas de ceux de lagriculture (demande de groupes

    cibles). Dans la cration de son offre, la vulgarisation a

    suivi une approche base sur la pertinence. Elle a donc

    justifi en quoi une formation continue est pertinente et

    en a dduit les objectifs, le contenu et la structure.

    Dans leur approche de lorganisation de formation,

    les projets tudis ont valu diffremment lexigence

    de formation et lorientation sur un groupe cible, ce qui

    a influ sur la composition des participants aux projets.

    Les offres fortement orientes sur un groupe cible ont

    attir principalement les participants en faveur dun

    modle innovant.

    Facteurs de russite de la phase prparatoire

    Les mesures de sensibilisation ont une importance dci-

    sive sur la participation une formation continue. Dans

    ce contexte, il convient de rpondre aux deux questions

    fondamentales suivantes:

    1. Comment sensibiliser le groupe cible le mieux

    possible?

    La communication directe entre les reprsentants des

    organisations agricoles et les agriculteurs et agricul-

    trices a eu le plus deffet. Mais ce groupe cible a aussi

    t touch par les mdias crits.

    2. Durant quelle phase les mesures de sensibilisation

    doivent-elles toucher le groupe cible?

    Les informations de sensibilisation (articles de jour-

    naux, exposs, etc.) doivent toucher le groupe cible

    quand celui-ci discute du sujet considr. Il faut donc

    une large dispersion de linformation. Mais en

    fonction du groupe cible, ces mesures ne sont pas

    suffisantes.

  • Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture? | Economie agricole

    245Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 240247, 2014

    Phase postrieure la formation

    Au terme dune phase de formation, il sest agi de mettre

    en pratique les connaissances ainsi acquises. Durant

    cette phase, les participants ont centr la mise en pra-

    tique sur lexploitation et la famille.

    Quand les formations continues taient focalises

    sur certains secteurs ou instruments particuliers, lac-

    tion lchelon stratgique tait limite seulement

    certains cas. Les mises en uvre des connaissances

    acquises lors des formations se limitaient en premier

    lieu au domaine trait. Ce qui ne les a toutefois pas

    empches dinfluer sur la dimension stratgique de

    lexploitation.

    Facteurs de russite de la phase postrieure

    La mise en uvre cible de lacquis dune formation

    peut tre amliore quand les participants sont en

    mesure de faire valoir leurs connaissances par rapport

    leurs projets et au contexte. Dans ces circonstances, une

    phase postrieure russie peut aussi signifier que rien de

    ce qui a t appris pendant la formation nest mis en

    pratique.

    Du point de vue des organisateurs, la probabilit de

    russite dune mise en oeuvre peut tre augmente par

    un conseil facultatif lors de cette phase.

    C o n c l u s i o n s

    Le groupe de projet a tir des rsultats de ses travaux un

    certain nombre de conclusions lchelon stratgique et

    oprationnel. Ces conclusions doivent servir au transfert

    des connaissances dans la pratique.

    chelon stratgique

    lavenir, les mesures de sensibilisation devront tre mieux orientes sur le groupe cible. Pour y parvenir,

    les agents dinfluence que sont les vulgarisateurs, les

    fiduciaires, les organisations agricoles, etc. devront

    simpliquer dans cette sensibilisation. Pour quils

    puissent guider les agriculteurs vers une formation

    continue offerte par leur organisation ou une autre, il

    faudra amliorer la mise en rseau des diffrents

    services.

    Pour offrir diverses formes de formations des moments diffrents et attirer suffisamment de

    participants, les stages considrs devraient tre

    coordonns au plan intercantonal. On pourrait ainsi

    rpondre en mme temps au besoin marqu

    danonymat du groupe cible.

    Les contenus des formations continues doivent tre imprativement orients sur les attentes du groupe

    cible, ce quoi la vulgarisation agricole sengage en

    Pour la cration dune perspective de participation, le

    groupe cible doit disposer de suffisamment dinforma-

    tions de sensibilisation ds le moment o il a formul

    pour lui-mme les objectifs de cours. Durant cette phase,

    il est bien possible que le groupe cible recherche active-

    ment des offres de formation.

    Phase de formation

    Durant la phase de formation, les objectifs, le contenu et

    la structure de la formation taient dune importance

    cruciale. Pour lvaluation des objectifs de la formation,

    la pertinence et laccessibilit taient des critres capi-

    taux. Les buts ne pouvaient en effet tre atteints que si

    ces deux facteurs existaient. Pour atteindre une perti-

    nence leve, il fallait que les objectifs de la sance de

    formation continue soient en adquation avec ceux des

    participants, ce qui fut ralis en impliquant les partici-

    pants dans la dfinition des objectifs durant la phase

    prparatoire.

    Pour un droulement optimal de la formation, il

    tait important que les contenus soient adapts aux

    buts et aux participants, ce que certains projets sont

    parvenus faire concider de faon optimale.

    La structure de la formation joue un rle important

    en matire de lieu de runion, de salles de cours et dho-

    raire (Siebert 2003). Dans aucun des projets tudis

    cependant, cette structure de la formation na constitu

    le seul motif de participation la formation. En revanche,

    lamnagement de la salle de cours (discussion en tte-

    -tte vs. discussion de groupe, peur dtre ridiculis) a

    pu en retenir certains. En fonction des buts de la forma-

    tion, le moment de loffre a jou un rle important. Les

    sujets dactualit lis linfluence du contexte (effon-

    drement du prix du lait, politique agricole) ne sont res-

    ts pertinents que sur une dure limite. En revanche,

    les problmes lis au cycle du dveloppement de lex-

    ploitation (dveloppement stratgique, changement de

    gnration, etc.) sont rests pertinents sans limite de

    temps. Une offre permanente de formations pour le

    groupe cit en second est donc absolument ncessaire.

    Facteurs de russite de la phase de formation

    Durant les formations, il sest agi de faire concider les

    attentes des organisateurs et celles des participants. Plus

    les formations continues taient orientes sur les

    groupes cibles et les participants, mieux elles sont parve-

    nues faire concider les attentes des uns et des autres.

    Ce qui a augment leurs chances de succs.

    Les formations continues proposant de traiter le

    mme contenu thmatique sous diverses formes sont

    parvenues toucher plus de participants. Lobstacle

    reprsent par la forme de la formation a ainsi disparu.

  • 246

    Economie agricole | Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture?

    Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 240247, 2014

    premier lieu. Le rle des divers groupes intresss doit

    se limiter la responsabilit du financement et au

    travail de sensibilisation.

    chelon oprationnel

    Les mesures de sensibilisation doivent tre mieux adaptes aux spcificits du groupe cible. Elles doivent

    prsenter leurs informations de manire permettre

    au groupe cible dtablir un lien entre un problme et

    un objectif.

    Selon le groupe cible, il faut dfinir si les mesures de sensibilisation doivent uniquement offrir laccs une

    formation continue ou si elles doivent aussi constituer

    une raison (danger pour lexploitation) de participer

    une telle formation.

    Pour que les formations continues rpondent aux attentes des divers groupes cibles, il faut proposer

    divers sujets sous des formes et des dures diffrentes.

    Mme quand loffre de formation continue est clairement oriente sur un objectif, les participants

    doivent garder la possibilit de prendre des dcisions

    indpendamment des vulgarisateurs.

    Les organisations de vulgarisation devraient mettre disposition des participants des moyens adquats pour

    un suivi volontaire durant la phase postrieure la

    formation. En loccurrence, il faut veiller ce que le

    vulgarisateur qui soccupe du suivi soit le mme que

    celui qui tait prsent durant la phase de formation.

    Ces conclusions ont t discutes au sein du groupe de

    travail Opticost, mme si ce dernier na pu exercer

    aucune influence. Il appartient maintenant aux repr-

    sentants du groupe de travail de mettre ces enseigne-

    ments en pratique afin de permettre long terme une

    vulgarisation et une formation continue en gestion

    dentreprise efficaces et concrtes. Il sagira notamment

    de sattaquer sans attendre aux amliorations proposes

    au niveau oprationnel. n

    Bibliographie AGRIDEA, 2012. Anstze zur Optimierung der Produktionskosten, 26 p. Bhm A., 1994. Texte verstehen: Konzepte, methoden, Werkzeuge. UVK, Konstanz.

    Meier H., 2012. Wirkungsschema, AGRIDEA, 1 p. Meyer H. O., 2009. Interview und schriftliche Befragung. Oldenburgver-lag, Mnchen, Wien.

    OFAG, 2009. Lagriculture suisse en mouvement / La nouvelle loi sur lagriculture / Un bilan dix ans aprs, Berne, 36 p.

    Siebert H., 2003. Didaktisches Handeln in der Erwachsenenbildung: Di-daktik aus konstruktivistischer Sicht. Luchterhand, Mnchen/Unter-schleissheim.

  • 247

    Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture? | Economie agricole

    Riassunto

    Summary

    Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 240247, 2014

    How to optimize agricultural extension

    for a successful farm management?

    Production costs play a key role in the

    competitiveness of agricultural

    enterprises. In the past, various actors

    in agricultural consultancy and

    education offered advanced training,

    but the number of participants

    remained below expectations. To

    investigate the reasons for this low

    participation and determine measures

    for improvement, the Opticost working

    group conducted semi-structured

    interviews with experts who were

    project managers, consultants and

    participants in five economic advanced

    training projects in Swiss agriculture.

    The group also interviewed consult-

    ants from economic training projects

    on French, German and Austrian

    agriculture and from another project

    outside this sector in Switzerland. The

    analysis of the expert interviews was

    carried out according to Meyer (2009),

    the theoretical coding according to

    Bhm (1994). The results showed that

    a distinction could