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RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE
J u i n 2 0 1 4 | N u m r o 6
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Production vgtale Les crales paille hybrides progressent Page 224
Economie agrocole Exploitations laitires: pourquoi la Suisse produit-elle plus cher que la Norvge? Page 248
Liste varitale Liste recommande des varits de crales pour la rcolte 2015 Encart
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication parat en allemand et en franais. Elle sadresse aux scientifiques, spcialistes de la recherche et de lindustrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fdraux, praticiens, politiciens et autres personnes intresses.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (Institut des sciences en production vgtale IPV;
Institut des sciences en production animale IPA; Institut des sciences en denres alimentaires IDA; Institut des sciences en durabilit agronomique IDU), www.agroscope.ch
b Office fdral de lagriculture OFAG, Berne, www.ofag.chb Haute cole des sciences agronomiques forestires et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fdrale de Zurich ETH Zrich,
Dpartement des Sciences des Systmes de l'Environnement, www.usys.ethz.chb Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, www.fibl.org
Rdaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse /Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux, Tl. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 1012, 1260 Nyon 1 e-mail: [email protected]
Team de rdaction Prsident: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zrich), Thomas Alfldi (FiBL).
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.*, TVA et frais de port compris(tranger + CHF 20. frais de port), en ligne: CHF 61.** Tarifs rduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux e-mail: [email protected], Fax +41 26 407 73 00
Changement d'adressee-mail: [email protected], Fax +41 31 325 50 58
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 7917 (imprim)ISSN 1663 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrg: Rech. Agron. Suisse
Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction rservs. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intgrale, doit faire lobjet dun accord avec la rdaction.
Index: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
SommaireJuin 2014 | Numro 6
Le bl est la culture mondiale numro 1 pour lalimenta-tion. Il faut au moins 15 ans pour obtenir une nouvelle varit de bl. Le numro de juin consacre un article au sujet des crales hybrides et contient la Liste recomman-de des varits de crales pour la rcolte 2015. (Photo: Carole Parodi, Agroscope) 223 Editorial
Production vgtale
224 Les crales paille hybrides progressent Andreas Hund, Dario Fossati, Fabio Mascher et
Peter Stamp
Production vgtale
232 Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse Alexandra Maltas et Sokrat Sinaj
Economie agricole
240 Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture? Florian Sandrini, Bruno Durgiai, Sylvie Aubert
et Hansjrg Meier
Economie agricole
248 Exploitations laitires: pourquoi la Suisse produit-elle plus cher que la Norvge? Christian Gazzarin, Matthias Kohler et
Ola Flaten
Environnement
256 Irrigation et changement climatique: une analyse rgionale du dficit en eau Jrg Fuhrer et Pierluigi Calanca
264 Portrait
265 Actualits
267 Manifestations
Liste varitale
Encart Liste recommande des varits de crales pour la rcolte 2015 Numa Courvoisier et al.
Editorial
223Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 223, 2014
Chre lectrice, cher lecteur,
Le march et la socit sont demandeurs de denres alimentaires de qualit,
saines et naturelles, produites efficacement dans le respect de normes colo-
giques leves. Ces exigences complexes sinscrivent dans un environnement
dynamique marqu par des impratifs sociaux et politiques en constante vo-
lution et par des conditions de march fluctuantes, sans oublier la dimension
du changement climatique. Lagriculture, et la recherche sur laquelle elle
sappuie, doivent donc faire preuve dun pouvoir dinnovation et dune flexi-
bilit accrus. Notre rle de chercheurs consiste concevoir, ds aujourdhui,
des solutions sur mesure qui seront ncessaires demain aux exploitations agri-
coles et la branche.
Dpartement de la Haute cole spcialise bernoise, la HAFL, forte de ses
comptences en sciences agronomiques, forestires et alimentaires et de
son vaste rseau, couvre toute la chane de valeur, des matires premires au
produit commercialisable. Cette approche globale est complte par des
valuations de la durabilit ou des analyses de la consommation. Le lien
troit entre la recherche applique et lenseignement joue par ailleurs un
rle central: les tudiants de bachelor et de master sont impliqus dans les
travaux de recherche et, en retour, lenseignement senrichit des connais-
sances issues de ces travaux.
La recherche de la HAFL prsente un autre atout. En effet, dans bon
nombre de nos projets, nous dveloppons des solutions adaptes la pra-
tique, en collaboration avec la branche et directement dans les exploitations.
Cette mthode est non seulement trs efficace, mais garantit galement
que nous respections leur juste valeur les spcificits des entreprises et les
particularits rgionales. Dans le cadre dun projet du Fonds national suisse
(FNS) men avec plusieurs partenaires, nos experts en recherche porcine
montrent par exemple comment il est possible de rduire les impacts nga-
tifs de la production sur lenvironnement et de diminuer le recours aux anti-
biotiques. Un autre projet de recherche intgre toutes les tapes de la chane
de valeur afin doptimiser la qualit et les proprits de transformation du
bl bio suisse.
Grce cette collaboration, certaines entreprises commencent mettre
en uvre des solutions alors que le projet est encore en cours. Les obstacles
sont reprs en amont et levs dans les meilleurs dlais. A lissue du projet,
les solutions sont dj oprationnelles. Cette dmarche anticipative est exi-
ge aujourdhui par le secteur, par la Commission pour la technologie et
linnovation (CTI) et par le FNS, qui souhaitent que lapplication commence
ds la ralisation du projet. La coopration permet non seulement une
exploitation plus efficace des solutions, mais offre galement aux cher-
cheurs la possibilit de faire face immdiatement aux nouveaux dfis. Le
cycle identification des problmes, laboration de solutions et application
est ainsi nettement court. Acclrer la mise en uvre pratique de nou-
velles connaissances et de nouvelles technologies est le seul moyen pour
nous de relever les nouveaux dfis en temps utile.
Peter Spring, directeur supplant de la Haute cole des sciences agronomiques, forestires et alimentaires HAFL
Anticiper lapplication des nouvelles connaissances
224 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 224231, 2014
qu partir de la 7e gnration dautofcondation que
lon peut considrer les descendants nouveau comme
homozygotes, soit gntiquement homognes. Pour
beaucoup de caractristiques, ceci rend lidentification
des meilleurs individus plus difficile lors des premires
gnrations. Lobservation minutieuse au champ, les
analyses de laboratoires, les ordinateurs et la statistique
sont ici dune aide prcieuse. Une autre voie, qui avait
t suivie en Suisse dans le bl, passe par la cration
dhaplodes doubls. Mme si tout nest pas si facile, on
peut depuis plus de trente ans, grce aux cultures in
Les haplodes doubls pour acclrer la slection
Dans la slection traditionnelle des crales autogames
(qui sautofcondent) comme le bl ou lorge, le dve-
loppement dune nouvelle varit commence par le croi-
sement de deux lignes homozygotes. Les hybrides issus
du croisement sont en 1re gnration (F1) uniformes et
htrozygotes (fig. 1). Lors de la gnration suivante
(F2), aprs autofcondation, on observe la sgrgation
des caractres parentaux. Ds cette gnration, on peut,
selon les critres de slection, commencer choisir les
descendants les plus prometteurs. Ce nest cependant
Les crales paille hybrides progressent
Andreas Hund1, Dario Fossati2, Fabio Mascher2 et Peter Stamp1
1ETH Zurich, Institut des sciences agronomiques, 8092 Zurich, Suisse2Agroscope, Institut des sciences en production vgtale IPV, 1260 Nyon, Suisse
Renseignements: Andreas Hund, e-mail: [email protected]
P r o d u c t i o n v g t a l e
Figure 1 | Les parents et leur hybride F1.
Les crales paille hybrides progressent | Production vgtale
225
Rs
um
Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 224231, 2014
Pour les crales autogames comme le bl et
lorge, le manque de retour sur investisse-
ment assombrit les perspectives des varits
traditionnelles. En Europe, aprs des dcen-
nies de statu quo relatif, un renouveau en
faveur des hybrides se fait prsent. Pour les
espces allogames comme le mas, le colza
ou le seigle, la production dhybrides, base
sur des systmes gntiques, a dj permis
une production de semences hybrides bon
march. Un tel systme est prsent dispo-
nible et efficace pour l'orge, mais pas encore
vritablement dans le bl. En rgle gnrale,
pour produire des hybrides on croise
deuxlignes homozygotes, mais lhomo-
zygotie nest atteinte quaprs sept gnra-
tions dautofcondations. Pour beaucoup de
crales, on peut raccourcir ce processus en
une tape en rgnrant des plantes partir
de cellules germinales haplodes et en
doublant leurs chromosomes. Les plantes
haplodes doubles (HD) obtenues sont
alors gntiquement identiques des lignes
autofcondes. Dans les espces autogames,
on sattend trouver plus difficilement une
forte htrosis (une performance suprieure
aux parents), car ces espces ont dj une
performance qui a t optimise. Cependant,
on observe depuis quelques annes un retour
de grandes firmes dans la slection du bl et
de l'orge. Pourquoi? Au niveau du G20, une
initiative internationale en collaboration
avec de grandes entreprises a rapprci le
statut du bl, qui avait t quelque peu
nglig ces dernires dcennies. Ces entre-
prises ninvestiront long terme dans la
slection du bl que si les taux de renouvelle-
ment de semences sont prvisibles. Pour les
petits programmes de slection, la question
se pose de savoir comment sadapter cette
volution.
vitro et partir de cellules germinales issus dun croise-
ment, rgnrer une plante. Celle-ci ne possde cepen-
dant quun set de chromosomes. A laide de la colchicine,
une toxine extraite du colchique qui perturbe la division
cellulaire au cours de la miose, le matriel gntique
est doubl nouveau et devient haplode-doubl
(HD), ce qui correspond ltat homozygote. Ainsi, il ne
faut quune gnration au lieu de sept pour obtenir des
plantes homozygotes dont les caractristiques sont
immdiatement observables (fig. 2). A ce stade, il faut
bien sr encore liminer beaucoup de plantes inutiles,
qui auraient t limines progressivement au cours des
annes par une slection traditionnelle. Ce procd aug-
mente la prcision et raccourcit le processus de slection.
Pour le bl, lETHZ a particip au dveloppement de ces
mthodes qui ont t testes dans les annes 80 90, en
collaboration avec les stations fdrales de recherches
agronomiques. Le systme fonctionnait bien mais ntait
pas parfait, ni mme aussi performant que souhait; il
dpendait beaucoup du gnotype maternel et, sans une
perce plus importante, il tait difficile de linsrer en
routine. Pour le mas, depuis une dizaine danne, une
mthode plus lgante de production dhaplode, sans
passer par la culture in vitro de cellules germinales, a t
dveloppe lUniversit de Stuttgart Hohenheim. Grce des lignes dites inductives, lovule non
fcond dveloppe un embryon haplode. Cette
mthode est utilise actuellement par tous les slec-
tionneurs de mas travers le monde. Entre temps, la
technologie HD a t dveloppe et adopte gale-
ment pour le bl par la plupart des grandes maisons de
slection.
Slection dhybride chez les autogames
Pourquoi la slection de bl hybride et dorge sest-elle
dveloppe si tardivement? Cette question a t soule-
ve car des interrogations apparaissent dans la pratique
quant la disponibilit future de semence de qualit
(Stamp 2013). Il a t dcouvert, il y a plus de 100 ans aux
USA, que des lignes de mas autofcondes puis croi-
ses entre elles produisaient des semences qui donnaient,
la premire anne, des rendements nettement sup-
rieurs ceux des varits populations dorigine des
lignes. Actuellement dans le monde, on ne cultive
presque plus que des mas hybrides et trs peu de mas
population. Jusqu prsent, la plupart des varits
hybrides sont principalement issues despces partielle-
ment ou compltement allogames. Lavantage des
hybrides est partag entre agriculteurs et slectionneurs.
Les agriculteurs profitent de varits plus performantes
mais, comme la descendance de varits hybrides nest
pas conforme et est moins performante, les agriculteurs
Production vgtale | Les crales paille hybrides progressent
226 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 224231, 2014
doivent racheter chaque anne de la semence hybride,
ce qui assure aux slectionneurs la possibilit dinvestir
long terme. Depuis plus de 20 ans, les varits hybrides
de seigle et de colza rencontrent galement du succs.
Ainsi, pratiquement 100 % des varits de mas, 75 % de
seigles et plus de 50 % de colza, toutes des espces com-
pltement ou partiellement allogames, sont actuelle-
ment des varits hybrides. Pour avoir du succs, la pro-
duction de semences hybrides doit tre suffisamment
conomique pour rester dun cot accessible. Cest le cas
depuis 100 ans pour la mas, car la castration mcanique
limine facilement le panicule des plantes utilises
comme femelles. Avec les crales paille, cest plus
compliqu. Dans le mas, en parallle de la castration
mcanique, des systmes gntiques de strilit mle
cytoplasmique (CMS) ont t dvelopps et, depuis des
dcennies, permettent une production dhybrides sre
et bon march. Il existe aussi de tels systmes pour le
seigle et le tournesol. Tous ces systmes sont bass sur
des gnes dfectueux dans la centrale nergtique de
la cellule, les mitochondries (fig. 3). Ces gnes affectent
la croissance des grains de pollen de la ligne utilise
comme femelle lors de la production de semence hybride.
Ces lignes ne peuvent pas sautofconder et doivent
tre fcondes par le pollen de la ligne utilise comme
mle. Les plantes qui en rsultent portent toutefois les
mmes mitochondries dfectueuses, car elles sont hri-
tes de la part femelle. Elles seraient ainsi galement
mles striles, une catastrophe pour lagriculteur car
sans fcondation, pas de rendement. On a russi iden-
tifier des gnes dans le gnome nuclaire, dits gnes de
restauration, qui annulent ce dfaut. La ligne paren-
tale pollinisatrice transmet ce gne de restauration et
assure ainsi que la semence hybride donnera des plantes
compltement fertiles (fig. 4). Depuis quelques annes,
Syngenta a mis sur pied un tel systme pour la produc-
tion dorges hybrides, une perce qui a galement
relanc des espoirs pour le bl. La production dhybride
F1 a toujours soulev lintrt des slectionneurs en
Suisse. Il tait envisag dutiliser des lignes de bl HD de
lETHZ et des stations fdrales combines avec lemploi
de gamtocides (fig. 5), des produits chimiques qui
Parentshomozygotes
F1
F2 F3 F4 F5 F6 F7
0,5 0,25 0,13 0,06 0,03 0,02
Autofcondations traditionnelles
Technologie haplodes doubls
0,00
Colchicine
Culture d anthres
Figure 2 | Comparaison de lobtention de varits de bl homozygote par autofcondation en ppinire ou par la cra-tion in vitro de plantes haplodes doubls issues des anthres, la partie mle des fleurs de bl. Comme les anthres ne possdent quun seul jeu de chromosomes, la rgnration in vitro des embryons haplodes, puis leur traitement la colchicinie, double les chromosomes et produit des plantes compltement homozygotes (pourcentage htrozygotie de 0,00) en une tape. En comparaison, les individus autofconds traditionnellement sont, aprs six gnrations, en-core htrozygotes dans un rapport approximatif de 0,02. Le schma montre l'une des 21 paires de chromosomes ho-mologues du bl.
Les crales paille hybrides progressent | Production vgtale
227Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 224231, 2014
lopp avec lUniversit de Zurich sest arrt face lop-
position croissante aux OGM. Deux gamtocides avaient
t homologus provisoirement en France, mais le
retrait de lun d'eux par Monsanto dcouragea des
petites entreprises de slection de sengager dans un
programme hybride. Pendant ce temps, le deuxime
gamtocide efficace, CROISOR, rachet par Saaten
Union, a t non seulement autoris depuis 2011 par
lUE, mais galement dclar inoffensif. Par cette
mthode, de trs bonnes varits de bls hybrides sont
disponibles sur le march. On peut supposer que les prin-
cipales firmes semencires sintressent davantage aux
bls hybrides, surtout dans les conditions favorables aux
hauts rendements. Le groupe de gntique des plantes
fourragres (Professeur Bruno Studer) tudie lauto-
incompatibilit, les systmes CMS et linduction dHD
pour les gramines fourragres; en Suisse, ces nouvelles
comptences pourraient profiter aussi la gramine
bl. Lexemple du riz hybride montre que lutilisation
de lhtrosis peut aussi fonctionner pour des espces
autogames. La Chine a fait des efforts considrables
empchent la production de pollen (Schmid et al. 1994).
Au sein du programme de slection du triticale
dAgroscope, qui a malheureusement t arrt depuis
lors, et en collaboration avec DSP, de grands espoirs
staient fait jour. Grce aux lignes courtes de triticale
du programme de slection, des combinaisons trs per-
formantes mais de taille raisonnable ont t relative-
ment rapidement dcouvertes et mme inscrites. Toute-
fois, le gamtocide nayant dautorisation dutilisation
que pour le bl et non pour le triticale, le dveloppe-
ment commercial a d tre abandonn. Du point de vue
de la slection, le triticale serait particulirement adapt
la production hybride. Dune part, le seigle, espce
allogame, voit probablement son gnome rprim
lorsquil est incorpor sous une forme homozygote dans
une espce trs autogame comme le triticale; dautre
part, pour la production commerciale, la pollinisation
est, par rapport au bl, facilite par labondante produc-
tion de pollen du triticale. DSP avait galement dmarr
un programme intensif avec des firmes du sud de lAlle-
magne. Un systme de strilit mle transgnique dve-
noyau mitochondrie
cytoplasme
N/s Rf/rf
interaction
Figure 3 | La strilit mle cytoplasmique est cause par un dfaut de fonctionnement de gnes mitochon-driaux. Par rapport des cellules ayant un fonctionnement normal (N) cette dfaillance conduit une stri-lit (s). Cette strilit peut, cependant, tre annule par des gnes dominants de restauration (Rf). Comme ils sont contenus dans le noyau, ces gnes peuvent tre transmis par le pollen paternel. Au contraire, les mitochondries ne sont transmises que par la mre.
Production vgtale | Les crales paille hybrides progressent
228 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 224231, 2014
dans les annes 70 pour mettre sur pied un programme
de riz hybride. Une strilit mle cytoplasmique a t
utilise. Aujourdhui, 50 % de la culture du riz en Chine
sont bass sur le riz hybride, avec un avantage moyen de
10 15 % en rendement (Khush 2013).
Ces dernires annes, les conditions climatiques ont
montr limportance de la scurit de rendement, en
plus du rendement maximal. Les hybrides ont lavantage
davoir, en plus du rendement, une bonne robustesse et
une meilleure stabilit de rendement grce un meilleur
enracinement. Cet enracinement plus prcoce et plus
profond contribue une meilleure utilisation de lazote
(Schachschneider 2012). La slection dhybride nest pas
un jeu denfant, il faut tester des centaines de combinai-
sons et avoir de bonnes lignes initiales pour identifier
un hybride vritablement performant. Pour le mas et le
seigle, ltablissement des bonnes populations paren-
tales a ncessit plusieurs dcennies. Pour les crales
autogames comme le bl et lorge, les gains dhtrosis
sont encore faibles. Nous en sommes encore aux dbuts,
comme la soulign cette anne la panne dans la produc-
tion dorge hybride en Allemagne, qui a provoqu beau-
coup de troubles parmi les agriculteurs. Pour la produc-
tion dhybrides, il faut des lignes femelles qui gardent
leur fleurs ouvertes pendant une longue priode, mais
ceci peut favoriser une contamination des semences. Le
passage aux hybrides ne viendra que si lagriculteur est
convaincu que le gain apport par les hybrides peut
effectivement, en pratiquant des semis prcoces et
faible densit, compenser le prix lev des semences.
Qui slectionne?
Entre le nombre considrable de varits de bl et dorge
inscrites en Europe et lintrt des agriculteurs pour les
varits les plus performantes, la dure de vie des vari-
ts nest, en gnral, pas trs longue. Ceci semble indi-
quer une slection des crales paille trs dynamique.
Toutefois, en 2010, Bonn, lors dune confrence des
slectionneurs de langue allemande, il a t affirm
quau vu du faible retour des royalties, une place sur
deux allait disparatre dans le secteur. Au niveau interna-
tional, le mme souci a conduit les ministres de lagricul-
x
Ligne mainteneuse (mle fertile)
Partenaire du croisement(ligne restauratrice)
Hybride mle fertile
(Ligne CMS)
1
2
s rfrf
N rfrf
s rfrf
N RfRf
strile
strile
Rf rf
s
x
Figure 4 | Le cytoplasme strile (s) est conserv par la fcondation avec la ligne mainteneuse. La ligne mainteneuse est identique gntiquement avec la ligne CMS, mais possde un cytoplasme normal (N). 2) Les hybrides fertiles sont produits par le croisement de la ligne CMS avec nimporte quelle ligne autofconde si elle porte des gnes de restauration (Rf).
Les crales paille hybrides progressent | Production vgtale
229Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 224231, 2014
tion du bl rachtent des programmes existants comme
dernirement Bayer avec la firme franaise RAGT par
exemple. Dans lensemble, cette stratgie de rachat pro-
voque une restructuration massive de la slection mon-
diale, au profit de quelques trs grands acteurs (Howard
2008). Il est difficile de prdire quel sera l impact de ces
concentrations sur loffre des varits. Comme la comp-
tition entre firmes reste importante, limage du mas,
cela peut conduire une amlioration plus rapide des
varits lavantage des producteurs de bl. Pour lagri-
culteur, ce nest pas le nombre de varits sur les listes
varitales qui compte, mais laccs au progrs gntique
sil est adapt ses conditions de production.
Crer des varits adaptes au climat, au milieu, aux
conditions agro-conomiques, au march, aux besoins
des utilisateurs et des consommateurs restera un dfi
pour les slectionneurs. Maintenir une diversit des pro-
grammes de slection est ncessaire pour y parvenir.
Suivant les objectifs, les diffrentes voies possibles
doivent tre explores et utilises au mieux, que ce soit
par les varits traditionnelles ou les hybrides.
ture du G20 crer une initiative pour le bl, pour coor-
donner et amliorer les efforts pour la slection du bl
(http://www.wheatinitiative.org ). ct des ministres
et dinstitutions internationales de slection, des firmes
comme KWS (D), Desprez (F), Limagrain (F), Syngenta
(CH) ou Monsanto (USA) participent cette initiative. Si
jusquen 2000 la plupart des grosses firmes staient reti-
res ou ne sintressaient pas la slection du bl, elles
ont depuis, lexemple de Bayer ou de Monsanto - sur-
tout par lachat de maisons de slection - renforc nou-
veau leur engagement. Ainsi, le bl qui avait t quelque
peu nglig par la recherche et la slection en regard de
sa place de numro un dans lalimentation humaine,
devrait retrouver son rang. Ce mouvement a et aura des
consquences pour la diversit des firmes de slection.
Un programme de slection du bl ne peut pas fonction-
ner sans continuit. La cration de matriel gntique
de base intressant demande beaucoup de temps et il
faut toujours de 10 15 annes entre le croisement et
lobtention dune varit commerciale. Les firmes inter-
nationales qui renouent avec ou commencent la slec-
Figure 5 | Production de combinaisons hybride F1 de triticale. Les sacs permettent de vrifier le taux de strilit obtenu aprs lutilisation du gamtocide.
230
Production vgtale | Les crales paille hybrides progressent
Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 224231, 2014
C o n c l u s i o n s
Pour certaines espces autogames, le mas ou le seigle,
les hybrides sont devenus des vidences. Pour lorge ou
le bl, il faudra probablement encore un peu de temps
avant dobtenir des varits hybrides productives et
robustes aussi convaincantes. Pour les crales paille, la
qualit et le prix sont cruciaux pour ladoption des
semences hybrides. Des lignes femelles mles striles et
des lignes mles restauratrices sont pour cela probable-
ment le meilleur systme. Bien quil nexiste pas encore
de systmes gntique suffisamment fiable pour le bl,
un gamtocide autoris dans lUE permet la production
de varits hybrides sur la base dune strilit mle
induite chimiquement. Ceci explique en partie le retour
dattention pour la slection du bl de la part de firmes
internationales, qui lavaient nglige, comme la d-
plor la politique. Les varits hybrides ne convaincront
les agriculteurs que si lachat annuel de semences plus
chres est financirement compens par un rendement
nettement suprieur et plus stable. La caractristique de
la slection publique suisse est la combinaison dune
excellente qualit boulangre avec un trs bon niveau
de rsistance. Les hybrides peuvent tre une des voies
pour poursuivre ce dfi et sengager avec succs au
niveau national et international dans les nouveaux dve-
loppements. n
231
Les crales paille hybrides progressent | Production vgtale
Riassunto
Summary
Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 224231, 2014
Bibliographie Howard P. H., 2009. Visualizing Consolidation in the Global Seed Indust-ry: 1996-2008. Sustainability 1, 12661287.
Khush G. S., 2013. Strategies for increasing the yield potential of cereals: case of rice as an example. Plant Breeding 132, 433436. doi:10.1111/pbr.1991.
Schachschneider R., 2012. Weizenzchtung - Tatsachen und Visionen. Accs: http://media.repro-mayr.de/94/543694.pdf, [18.1.2014].
Schmid J. E., Winzeler M., Keller B., Bter B., Stamp P. & Winzeler. H., 1994. Induction and use of double haploids in wheat and spelt breeding programs. In: Prospectives of cereal breeding in Europe (Ed. A. Brni-mann, B. Keller et H. Winzeler). Eucarpia Cereal Section, Landquart, Switzerland, 4142.
Stamp P., 2013. Beim Ertrag wenig Fortschritt. dlz Agrarmagazin 10, 2847.
Hybrid cereals are progressing
Low return on investment from breeding
licenses has made breeding of self-
fertilizing species like wheat and barley
less attractive. However, for some dec-
ades, the variety types have been chang-
ing in Europe, because cytoplasmic male
sterile systems of outcrossing species like
maize, rape seed and rye exist for the
production of affordable hybrid seeds,
which have recently been introduced for
barley but not for wheat. To produce
hybrid seed, two homozygous lines must
be crossed. The development of a pure
line takes up to seven inbreeding genera-
tions. In many cereals, the process can be
shortened biotechnologically by regener-
ating plants from haploid gametes leading
to so-called double haploids (DH), which
are genetically identical to complete
inbred lines. Varieties of self-fertilizing
species, such as barley and wheat, are
yield optimized inbred lines by definition;
therefore, it requires much more investiga-
tion to find combinations with increased
hybrid vigor for self-fertilizing than for
outcrossing species, which usually show
great inbreeding depression. However, big
international companies have renewed
their interest in hybrid wheat breeding,
now that even the G20 have realized that
the global crop number 1 for food supply,
wheat, has become an orphan crop. For
big companies, it would be attractive to
ensure long-term investments when
farmers change seeds annually due to
higher yield consistency and solid financial
gains awin-win option. Smaller breed-
ing programs will have to determine when
to join this new movement.
Key words: wheat breeding, F1 hybride,
CMS, gametozid, doppelhaploide (DH).
I cereali da paglia ibridi progrediscono
Il debole flusso di ritorno degli
investimenti nella selezione di variet
tradizionali di cereali autogami, quali il
frumento e lorzo, ne offusca le
prospettive per il futuro. Da alcuni
decenni, per, si nota in Europa un
rinnovo a favore delle variet ibride.
Per le specie allogame come il mais, la
colza o la segale, la disponibilit di
sistemi genetici ha permesso la
produzione di sementi ibridi a buon
mercato. Un tale sistema attualmente
disponibile per lorzo, ma non ancora
per il frumento. Per le specie auto-
game, infatti, pi difficile trovare un
effetto evidente delleterosi, ossia una
prestazione della prole nettamente
superiore rispetto a quella dei genitori,
perch in queste specie le capacit
biologiche sono gi ottimizzate.
Eppure, si assiste da qualche anno al
ritorno delle grandi ditte alla selezione
di frumento e orzo. Perch? A livello
dei G20, dopo alcuni decenni di
disinteressamento, la collaborazione
con le grandi ditte di produzione di
sementi ha condotto ad una rivaluta-
zione del frumento. Queste ditte
investiranno a lungo termine nella
selezione solo a condizione che il tasso
di rinnovamento delle sementi sia
prevedibile. Ci pone i piccoli pro-
grammi di selezione di fronte alla
questione di come adattarsi a questa
evoluzione.
232 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 232239, 2014
Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse
(RS.916.171, 2011) mais une autorisation peut leur tre
dlivre si elles rpondent aux exigences fixes pour les
engrais de recyclage dans lannexe 2.6 de lORRChim
(RS.814.81, 2011). Afin de prserver la qualit des sols et
de rduire les risques de transfert de substances indsi-
rables vers la chaine alimentaire, cette annexe dfinit
des teneurs totales maximales ne pas dpasser pour six
lments traces mtalliques (ETM) potentiellement
toxiques (Cd, Cu, Hg, Ni, Pb et Zn).
Les cendres de bois ne respectent que rarement ces
exigences et sont donc gnralement mises en dcharge,
ce qui reprsente une perte importante dlments fer-
tilisants naturels et un cot pour les chaufferies bois.
Or, pour valuer et prvenir les risques environnemen-
taux, la seule dtermination des teneurs totales en ETM
nest pas suffisante, puisque la mobilit, la biodisponibi-
lit et donc la toxicit des ETM dpend avant tout de leur
forme chimique (Bruder-Hubscher et al. 2002). Dautre
part, cest la quantit dETM pandue lhectare qui
dtermine les risques daccumulation long terme
dETM dans les sols. Les intrts et risques agro-environ-
nementaux de lutilisation agricole de ces sous-produits
industriels doivent donc tre valus plus prcisment.
Lquipe de nutrition des plantes dAgroscope
Changins tudie depuis 2011 les effets agronomiques de
lpandage des cendres sous foyer de la centrale Ener-
bois. Les objectifs sont (i) la caractrisation de la compo-
sition, de la minralogie et de la forme chimique des
macrolments et des ETM contenus dans les cendres, (ii)
lidentification de lorigine de ces ETM et (iii) lvaluation
des effets des cendres sur les proprits chimiques et bio-
logiques des sols, le rendement et le prlvement en
ETM par les cultures. Le prsent article synthtise les
rsultats dune tude relative lobjectif (iii) (Maltas et
Sinaj 2013).
M a t r i e l e t m t h o d e s
Echantillonnage et analyses des cendres
La centrale Enerbois (Rueyres, Vaud) est la plus grande
centrale de production dnergie lectrique base de
biomasse de Suisse romande. Elle produit de lnergie
I n t r o d u c t i o n
Lutilisation des cendres de bois pour le chaulage des sols
et la fertilisation potassique des cultures tait autrefois
pratique courante, mais elle est aujourdhui dlaisse en
Suisse. Les cendres de bois ne figurent pas dans la liste
des engrais autoriss par lordonnance sur les engrais
Alexandra Maltas et Sokrat Sinaj
Agroscope, Institut des sciences en production vgtale IPV, 1260 Nyon
Renseignements: Sokrat Sinaj, e-mail: [email protected]
Les cendres sous foyer de la centrale Enerbois sont humidifies pour abaisser leur temprature puis transportes par convoyeur jusqu une benne o elles sont stockes jusqu leur mise en dcharge. (Photo: Maltas, 2013).
P r o d u c t i o n v g t a l e
Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse | Production vgtale
233
Rs
um
Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 232239, 2014
Lutilisation de cendres de bois en guise
dengrais potassique a t teste sur le tourne-
sol. Lessai sest droul en serre Changins,
avec les cendres sous foyer de la centrale bois
Enerbois (Vaud). Ces cendres prsentaient des
teneurs leves en Ca et en K mais contenaient
galement des lments traces mtalliques,
notamment du Cu, du Zn et du Ni. Cet essai a
mis en vidence une efficience du K contenu
dans ces cendres quivalente celle du KCl
utilis comme engrais potassique de rfrence.
En conditions limitantes en NPKMg, ces cendres
ont eu un effet favorable sur la biomasse du
tournesol et labsorption du K, alors que les
quantits de Ni et Zn absorbes ont diminu,
vraisemblablement en raison de leffet ngatif
du chaulage sur la solubilit de ces lments.
En conditions non limitantes en NPKMg, les
mmes tendances ont t observes sur la
biomasse et labsorption du Ni et Zn. Cet essai a
montr que, malgr des teneurs en Ni et Cu
suprieures aux seuils actuellement autoriss
en Suisse pour lpandage dengrais de recy-
clage, ce sont avant tout les teneurs en K qui
limitent la quantit de cendres pandre.
partir de la combustion des sous-produits (corces et pla-
quettes) de la scierie voisine, la scierie Zahnd. Les bois
utiliss sont des rsineux propres, non traits et prlevs
en Suisse occidentale. La centrale produit deux types de
cendres: des cendres sous foyer qui sont vacues par des
grilles mobiles et refroidies par de leau et des cendres
volantes davantage charges en ETM (Maltas et Sinaj
2013). Lors de lchantillonnage, les cendres sous foyer
reprsentaient un tiers du total des cendres produites par
la centrale. Les cendres analyses ici sont des cendres
sous foyer prleves en mars 2011 aux semaines 10, 11,
12 et 13. Chaque chantillon hebdomadaire tait un
mlange constitu de cinq sept prlvements journa-
liers denviron 500 g chacun. Les cendres ont ensuite t
sches 40 C et tamises 2 mm. Leurs teneurs totales
en macrolments, microlments et ETM ont t analy-
ses aprs mise en solution dans les acides fluorhydrique
et perchlorique (www.lille.inra.fr/las). Les analyses min-
ralogiques (diffractions aux rayons X et microscopie lec-
tronique balayage) ont t effectues par lINRA de
Nancy. La spciation des macrolments et ETM a t
analyse selon la mthode BCR (Rauret et al. 2000).
Essai en serre
Un essai en pots a t effectu dans les serres dAgroscope
Changins. Le tournesol (varit San Lucas) a t choisi
pour ses exigences trs leves en K. Il a t sem le 11
mai et rcolt maturit le 19 septembre 2012. Chaque
pot contenait 2 kg de sol sec et une plante. Lhumidit
du sol tait maintenue environ 70% de la capacit au
champ avec de leau dminralise. La temprature de
la serre tait rgule entre 20 25 C.
Le sol utilis tait un sol argileux (53,8% dargile et
12,4% de sable) de pH faiblement acide (6,7). Ses teneurs
totales en N, P, K et Mg slevaient respectivement 3,4,
0,94, 19,8 et 12,4 g/kg MS. Quatre traitements ont t
mis en place: (i) Tmoin sans apport de cendres et de
nutriments chimiques, (ii) Cendres avec apport de K
sous forme de cendres mais sans apport de nutriments
chimiques, (iii) NPMg-Cendres avec apports de K sous
forme de cendres et de N, P et Mg sous forme dengrais
chimiques et (iv) NPMg-K avec apport de N, P, Mg et K
sous forme dengrais chimiques. Chaque traitement a
t rpt trois fois et randomis au sein de trois blocs.
Les doses de cendres (traitements Cendres et NPMg-
Cendres) et de KCI (traitement NPMg-K) ont t cal-
cules de manire satisfaire les besoins en K du tourne-
sol (Sinaj et al. 2009). Les autres nutriments chimiques N,
P et Mg ont galement t apports selon Sinaj et al.
(2009). Les engrais chimiques et les cendres sous foyer
ont t incorpors et mlangs au sol avant le remplis-sage des pots. Les engrais chimiques utiliss taient du
Production vgtale | Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse
234 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 232239, 2014
nitrate dammonium (NH4NO3), du triple superphosphate
[Ca(H2PO4)2.H2O], du chlorure de magnsium (MgCl2), du
chlorure de potassium (KCl) et de la chaux vive (CaO). A la
rcolte, la matire sche (MS) totale (racines, feuilles,
tiges, grains) a t mesure et ses teneurs en N, P, K, Mg,
Zn, Cu et Ni ont t analyses aprs une minralisation
par voie sche et une mise en solution dans lacide fluo-
rhydrique (www.bordeaux.inra.fr/usrave).
Calculs et analyses statistiques
Les effets de lapport de cendres ont t analyss en
conditions limitantes (traitements Tmoin versus
Cendres) et non limitantes en NPMgK (traitements
NPMg-K versus NPMg-Cendres) laide du test t de
Student et du logiciel R 2.14.1 (R Development Core
Team, 2011).
R s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Caractristiques des cendres sous foyer dEnerbois
Les cendres dEnerbois prsentent un pH trs alcalin, qui
est mettre en relation avec leurs teneurs leves en Ca
etMg (tabl. 1). Le Ca se prsente (fig. 1) majoritairement
sous forme de carbonate [(calcite: CaCO3)] et dhydroxyle
[portlandite: Ca(OH)2], formes peu ractives qui ex-
pliquent laction moins agressive et plus lente des
Cendres Enerbois Littrature1
pH-H2O 13,2 (1 %) 9 13,5
Macrolments (g/kg MS)
Calcium (Ca) 281,3 (2 %) 109,4 317,4
Potassium (K) 67,4 (9 %) 24,0 41,3
Magnsium (Mg) 16,5 (5 %) 16,0 22,5
Phosphore (P) 9,2 (9 %) 5,0 14,0
Azote (N) 0,07 (27 %) 0,3 0,9
Microlments (mg/kg MS)
Aluminium (Al) 17 300 (7 %) 13 000 23 650
Fer (Fe) 12 175 (3 %) 3300 19 500
Manganse (Mn) 7550 (7 %) 3470 8160
Bore (B) 147 (12 %) 8 135
Chrome (Cr) 123 (17 %) 14 86
Vanadium (V) 22 (12 %)
Cobalt (Co) 9 (168 %) 4 10
Molybdne (Mo) 1,1 (7 %)
Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse | Production vgtale
235Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 232239, 2014
cendres sur le pH des sols compare celle de la chaux
vive (CaO) (Maltas et Sinaj 2013).
Comme attendu, ces cendres sont une source impor-
tante de K et dans une moindre mesure de P et Mg
(tabl.1). Elles apportent galement un grand nombre
de microlments (en particulier Al, Fe, Mn et B) et
dETM dont du Zn, Cu, Ni et Pb (tabl. 1 et 2). Ces ETM,
qui sont prsents dans les sols suisses (Luster et al. 2006)
et donc dans les bois, se concentrent dans les cendres
lors de la combustion (Hbert et Breton 2008; Maltas et
Sinaj 2013). Par ailleurs, les ETM se concentrent davan-
tage dans les cendres volantes que dans les cendres sous
foyer (Maltas et Sinaj 2013). La centrale Enerbois spare
ces deux types de cendres alors que les cendres analy-
ses dans la littrature sont gnralement un mlange
des deux. Ainsi, les cendres Enerbois prsentent des
teneurs en Zn, Pb et Cd nettement moindres que celles
reportes dans la littrature (tabl. 2). Malgr cela, leurs
teneurs en Cu et Ni dpassent les seuils fixs dans lORR-
Chim, interdisant toute utilisation agricole de ces
cendres (tabl. 2).
Effet des cendres sur la biomasse du tournesol
En conditions limitantes en NPMgK (Tmoin versus
Cendres), lapport de cendres augmente significative-
ment la production de MS (fig. 2a). La mme tendance
est observe en conditions non limitantes en NPMgK
(fig.2b). Leffet positif des cendres sur la production a
dja t observ sur de nombreuses plantes cultives:
avoine, bl dhiver, ftuque, pinard, pois, mas, peuplier
et soja (Demeyer et al. 2001). Cet effet peut tre imput
leffet chaulant des cendres sur ce sol faiblement acide
et/ou lapport de macro- et microlments par les
cendres.
Absorption des macrolments par le tournesol
En conditions limitantes en NPMgK, labsorption du K est
significativement plus leve en prsence de cendres
(Cendres versus Tmoin, fig. 3a). Ceci montre que
les cendres apportent du K facilement assimilable par les
plantes. En effet, 36% et 49% du K total contenu dans
ces cendres sont solubles respectivement dans leau
(Maltas et Sinaj 2011) et dans lacide actique (fig. 4).
Erich (1991) mentionne une efficience du K contenu
dans les cendres quivalente celle des engrais potas-
siques chimiques. Cet essai confirme ce rsultat,
puisquen conditions non limitantes en NPMgK, les
quantits de K absorb par le tournesol sont compa-
rables, que le K soit apport sous forme de cendres ou
sous forme de KCl (fig. 3b).Par ailleurs, lapport de cendres tend (P>0,05) amlio-
rer labsorption de lazote (N) et du phosphore (P) par le
Tmoin Cendres NPMgK NPMgCendres
MS
tota
le (g
/pla
nte)
0
10
20
30
40 a)P=0,02
b)P=0,14
Figure 2 | Quantit de matire sche (MS) totale du tournesol la rcolte en conditions a) limitantes et b) non limitantes en NPMgK. La probabilit du test t et lerreur standard (barres verticales) sont indiques.
Figure 1 | Minralogie du calcium.
Portlandite (Ca(OH)2) Calcite (CaCO3) Gypse (CaSO4. 2H2O)
Inte
nsit
(cou
ps /s
econ
des)
CaO + H2O Ca(OH)2 Ca(OH)2 + CO2 CaCO3 + H2O CaSO4 +2H2O
CaSO4. 2H2O
Portlandite
Cellule vgtale
Mica blanc
480
440
420
400
380
360
340
320
300
280
260
240
220
200
180
160
140
120
100
80
60
40
20
02 10 20 30 40 50 60
2-Thta (Degrs)
Production vgtale | Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse
236 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 232239, 2014
tournesol en conditions limitantes (fig. 3a) et surtout en
conditions non limitantes en NPMgK (fig. 3b). Les
cendres sont pratiquement dpourvues de N (tabl. 1).
Cet effet bnfique sur le prlvement en N est vraisem-
blablement li laction positive du chaulage sur la
minralisation de la matire organique du sol (Maltas et
Sinaj 2013). Leffet positif des cendres sur labsorption du
P par le tournesol rsulterait, quant lui, dun double
effet sur la teneur du sol en P changeable [extrait
lactate ammonium EDTA (AAE)]: (i) un effet positif du
chaulage sur la disponibilit du P dans ce sol lgrement
acide (Maltas et Sinaj 2013) et (ii) un effet d aux quan-
tits significatives de P changeable apportes par les
cendres (fig. 4).
0
50
100
150 Azote
Phosphore
Magnsium
Potassium
Calcium
Nickel
Cuivre
Zinc
NPMg-K NPMg-Cendres
0
50
100
150 Azote
Phosphore
Magnsium*
Potassium*
Calcium
*Nickel
Cuivre
*Zinc
Tmoin Cendres a) b)
Figure 3 | Absorption des minraux par le tournesol en conditions a) limitantes et b) non limitantes en NPMgK. Les rsultats sont exprims en valeur relative par rapport aux traitements sans cendres (traitements tmoin et NPMg-K respectivement pour la figure a et b). Les astrisques indiquent des diffrences significatives entre les deux traitements au seuil de 5 % selon le test t.
0 20 40 60 80 100
Plomb
Nickel
Cuivre
Zinc
Phosphore
Magnsium
Potassium
Calcium
teneur(% du total)
Fraction 1
Fraction 2
Fraction 3
Rsiduelle
Solubles et lis aux carbonates
Lis aux oxydes de Fe et Mn
Lis la matire organique
Inclus dans le rseau cristallin
Immdiatement disponible Indisponible
Figure 4 | Spciation des macrolments et ETM.
Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse | Production vgtale
237Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 232239, 2014
et la faune (Hbert et Breton 2008). Cependant, la ques-
tion de leur toxicit sur le long terme demeure, dans la
mesure o 73% du Cu, 73% du Zn, 44% du Ni et 5% du
Pb contenus dans les cendres tudies sont prsents sous
des formes lentement mais potentiellement disponibles
en conditions rductrices ou oxydantes (fig. 4).
Risques sur le long terme lis aux ETM
Seule la dfinition de quantits maximales dETM
(kg/ha) apportes au sol permet dviter les risques
daccumulation des niveaux toxiques sur le long terme.
Pour viter cela, la quantit maximale dengrais de recy-
clage autorise pour la fumure a t fixe 25 t MS/ha
en trois ans rpartir en une ou plusieurs applications
(annexe 2.6, ch 3.2.2 de lORRChim). En tenant compte
des teneurs maximales autorises (tabl. 2), cette quan-
tit de MS permet de maintenir les quantits dETM sous
les seuils mentionns au tableau 3. Sur la base des
teneurs en K des cendres sous foyer dEnerbois (tabl. 1)
et des besoins des grandes cultures en K (Sinaj et al.
2009), la quantit de cendres ncessaire pour fertiliser
une culture en K ne devrait pas excder 5 t MS/ha. Or,
avec une dose maximale de cendres de 5 t MS/ha en trois
ans, rpartir en une ou plusieurs fois, les quantits
dETM apportes par les cendres sont bien moindres que
(i) les quantits maximales autorises pour les engrais de
recyclage et (ii) les quantits engendres par un compost
agricole classique utilis la dose maximale autorise de
25 t MS/ha en 3 ans (tabl. 3). Ce constat pose la question
de la pertinence des teneurs maximales en ETM actuelle-
ment utilises pour les cendres. Une modulation des
En conditions limitantes en NPMgK, labsorption du Mg
par le tournesol diminue significativement en prsence
de cendres (fig. 3a), malgr lapport de Mg par ces der-
nires. En prsence damendement calcaire, une baisse
de labsorption du Mg par les plantes est gnralement
impute lantagonisme entre labsorption du Ca et du
Mg (Marschner 2012, Halvin et al. 2005). Dans cet essai, il
na pas t constat deffet significatif des cendres sur
les quantits de Ca absorb (fig. 3). Un antagonisme
avec labsorption du K semble donc plus plausible.
Absorption des ETM par le tournesol
En prsence de cendres, le tournesol a absorb moins de
Zn et de Ni. Cet effet est significatif en conditions limi-
tantes en NPMgK (fig. 3a), mais ne l'est pas en conditions
non limitantes (fig. 3b). Les moindres absorptions de Zn
et Ni en prsence de cendres peuvent tre relies la
baisse des teneurs dans le sol en Zn et Ni changeables
(extraits lAAE) observe lorsque ce sol faiblement
acide est chaul (Maltas et Sinaj 2013). En effet, lorsque
le pH du sol augmente, les ETM sont adsorbs sur les
oxydes de Fe et Al, ce qui les rend indisponibles pour les
cultures (Havlin et al. 2005). Le Zn et le Ni sont trs sen-
sibles cet effet du pH alors que le Cu est peu affect
(Smith 1994). De plus, les cendres sous foyer dEnerbois
apportent de trs petites quantits de Zn, Cu, Ni et Pb
sous forme immdiatement disponibles (0,2 8% du
total; fig. 4). Les tudes dpandage de cendres aux
doses agronomiques menes au Qubec ne rapportent
galement pas de problmes court terme dus aux ETM
sur la qualit des sols, des cultures, de leau souterraine
Quantits apportes (kg/ha en trois ans)
Maximales autorises1 Cendres Enerbois Compost agricole2
MS3 25 000 5000 25 000
Zn 10 0,89 3,71
Cu 2,5 0,55 1,59
Ni 0,75 0,26 0,37
Pb 3 0,11 1,15
Cd 0,025
238
Production vgtale | Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse
Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 232239, 2014
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teneurs maximales en fonction de la quantit de MS
pandue permettrait de respecter les quantits dETM
maximales autorises tout en permettant la valorisation
de nouvelles sources dengrais naturels telles que les
cendres sous foyer.
Ces rsultats vont dans le sens dautres tudes qui
mettent en vidence que les cendres de bois utilises
occasionnellement et des doses agronomiques ne pr-
senteraient pas de risques environnementaux court et
long terme (Demeyer et al. 2001, Hbert et Breton 2008).
Demeyer et al. (2001) soulignent que les besoins en
amendement ou en K limitent gnralement deux-
mmes la dose de cendres pandues.
C o n c l u s i o n s
Les rsultats de cette tude montrent (i) que les cendres
sous foyer de la centrale Enerbois ne semblent pas pr-
senter de risques pour les sols et les cultures et pour-
raient tre utilises comme engrais potassique sur les
sols acides, et (ii) quil serait intressant de poursuivre les
recherches en analysant les effets de ces cendres sur des
sols neutres et lgrement alcalins ainsi quau champ. n
Remerciements
Les auteurs remercient lentreprise Romande Energie SA pour le co-financement de cette tude et Dr M. P. Turpault, INRA Nancy, pour les analyses minralogiques.
239
Les cendres de bois: un nouvel engrais pour lagriculture suisse | Production vgtale
Riassunto
Summary
Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 232239, 2014
Le ceneri del legno: un nuovo
fertilizzante per agricoltura Svizzera
Questo articolo riassume i principali
risultati di una prova svolta in serra
allo scopo di verificare gli effetti delle
ceneri provenienti dalla centrale a
legno Enerbois e utilizzate come
fertilizzante potassico sul girasole.
Queste ceneri presentavano elevati
tenori in Ca e in K, ma contenevano
anche tracce metalliche, in particolare
Cu, Zn e Ni. Questa prova ha eviden-
ziato una disponibilit in potassio
contenuto nelle ceneri equivalente a
quella di KCI utilizzata come fertiliz-
zante potassico di riferimento. In
condizioni limitanti in NPKMg queste
ceneri hanno ottenuto un effetto
favorevole sulla biomassa del girasole
e sullassorbimento di K, mentre le
quantit di Ni e Zn assorbite sono
diminuite, presumibilmente a causa
delleffetto negativo sulla solubilit
della calcinazione di questi elementi. In
condizioni senza limitazioni in NPKMg
sono state osservate le stesse tendenze
sia sulla biomassa, sia sullassorbi-
mento di Ni e ZN. Questa prova ha
mostrato che, malgrado i tenori in Ni e
Cu si situino oltre le soglie attualmente
autorizzate in Svizzera per lo spargi-
mento di fertilizzanti da riciclaggio,
siano soprattutto i tenori in K a
limitare la quantit di cenere da
spargere.
Wood ashes: a new fertilizer for Swiss
agriculture
The use of wood ashes as potash
fertilizer was tested on sunflower. The
greenhouse experiment was conducted
in Changins and used wood ashes
provided by the wood power station
Enerbois (Vaud). These ashes contained
high amounts of Ca and K but also
trace elements, particularly Cu, Zn and
Ni. Results of the trial highlighted an
efficiency of K contained in these ashes
equivalent to that of KCl used as
reference potassic fertilizer. In NPKMg-
limiting conditions, the wood ashes
had a positive effect on the biomass of
sunflower and the absorption of K, but
they reduced the amount of absorbed
Ni and Zn, probably because of the
negative effect of liming on the
solubility of these elements. In
not-NPKMg-limiting conditions, the
same trends were observed regarding
the biomass and the absorption of Ni
and Zn. This trial showed that despite
Ni and Cu contents beyond the limits
currently approved in Switzerland for
recycling fertilizer, it is above all the K
levels that limit the amount of ashes to
be spread.
Key words: wood ashes, potassium,
trace element, nutrient solubility,
liming, Swiss legislation.
240 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 240247, 2014
culture et contribue ainsi lvolution structurelle,
paralllement au progrs technique (OFAG 2009). Lagri-
culture dispose de deux possibilits daccrotre sa comp-
titivit: laugmentation des prix la production et la
baisse des cots de production. Lexploitation, en raison
de sa position au sein de la filire de valorisation, peut
surtout influer directement sur les cots de production.
I n t r o d u c t i o n
La loi sur lagriculture de 1998 a constitu un tournant
historique pour lagriculture suisse. Depuis cette date, en
effet, les paiements directs ne sont plus lis aux quanti-
ts et aux produits, mais des prestations dintrt
gnral. Le march influe sur la comptitivit de lagri-
Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture?Florian Sandrini1, Bruno Durgiai1, Sylvie Aubert2 et Hansjrg Meier2
1Haute cole des sciences agronomiques, forestires et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse2AGRIDEA, Groupe exploitation, famille, diversification, 8315 Lindau, Suisse
Renseignements: Sylvie Aubert, e-mail: [email protected]
Les membres du groupe daccompagnement discutent des mesures doptimisation de la formation continue dans le domaine de la gestion d'entreprise.
E c o n o m i e a g r i c o l e
Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture? | Economie agricole
241
Rs
um
Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 240247, 2014
Les cots de production jouent un rle-cl
dans la comptitivit des exploitations
agricoles. Divers acteurs de la vulgarisation
et de la formation agricoles ont offert par le
pass des formations continues sur le sujet.
Toutefois, le nombre de participants est rest
en de des attentes. Le groupe de travail
Opticost a voulu en connatre les raisons et
ainsi pouvoir prendre des mesures damlio-
ration. Pour ce faire, des entretiens semi-
structurs ont t conduits avec des experts
chefs de projets, vulgarisateurs et
participants qui sont partie prenante dans
cinq projets de formation continue de
lagriculture suisse. Le groupe Opticost a par
ailleurs analys, lchelon de la vulgarisa-
tion, trois projets trangers de formation
continue en gestion dentreprise (France,
Allemagne, Autriche) et un projet suisse
extrieur la branche. Les entretiens avec les
experts ont t analyss daprs Meyer
(2009) et leur codage thorique daprs
Bhm (1994). Les rsultats ont montr que
lon peut subdiviser le groupe cible en deux
catgories, les uns sappuyant sur un modle
innovant, les autres sur un modle ractif.
Les personnes du modle innovant sont
venues suivre une formation continue de leur
propre chef, tandis que les personnes de
lchantillon ractif y sont venues par
ncessit. La composition des groupes de
participants une formation continue a t
influence par la pondration de lexigence
de formation et de lorientation sur un
groupe cible. Pour sensibiliser les participants,
la communication directe a donn les
meilleurs rsultats. lavenir, cette sensibili-
sation devrait tre en meilleure adquation
avec le groupe cible et impliquer davantage
les organisations agricoles, la vulgarisation,
les fiduciaires, etc.
Il ny a pas lieu en effet dattendre une augmentation
des prix la production au cours des prochaines annes
en raison de lvolution politique saccompagnant dune
multiplication des accords de libre-change et de la
rduction de la protection douanire.
Les milieux politiques, AGRIDEA et lUnion suisse des
paysans (USP) ont reconnu le rle-cl jou par les cots
de production dans lexploitation agricole. En collabora-
tion avec lOffice fdral de lagriculture (OFAG), ils ont
donc fond le groupe de travail Opticost. Avec dautres
parties prenantes de la branche, celui-ci a analys, du
point de vue de la politique de la formation, lvolution
de la stratgie et des cots. Il a ainsi constat que les
organisations charges de la vulgarisation et de la for-
mation avaient pris diverses mesures pour favoriser
loptimisation des cots et le dveloppement strat-
gique des exploitations. Malgr tout, le nombre de par-
ticipants ces mesures est souvent rest en de des
attentes. Paralllement, les analyses de diverses organi-
sations agricoles ont soulign un rapport intrants/
extrants dsavantageux et, par consquent, un poten-
tiel dconomies considrable dans les exploitations.
Ajoutons cela que souvent, les exploitations avec le
potentiel doptimisation le plus lev ne participaient
pas aux formations continues en gestion dentreprise.
(Les termes formation continue et formation sont utili-
ss de manire large et concernent aussi bien des offres
de cours de perfectionnement, la participation des
cercles de travail ou du conseil dit individuel).
Le groupe de travail Opticost a donc voulu tudier
cette ralit de la formation continue plus en profon-
deur. Il a labor un projet dtude du processus de par-
ticipation une formation continue en gestion dentre-
prise et de ses applications, pour en dduire les mesures
damlioration futures.
M a t r i e l e t m t h o d e s
Organisation des responsabilits
Pour llaboration de ce projet, le groupe de travail
Opticost a cr une quipe de projet et un groupe dac-
compagnement. Ce dernier comptait, outre les membres
crateurs, des reprsentants des organisations suivantes:
Agroscope, Forum la Vulg Suisse (FVS) et Confrence des
responsables des coles dagriculture suisses. Lquipe de
projet a t constitue quant elle de deux reprsen-
tants dAGRIDEA ainsi que de la Haute cole des sciences
agronomiques, forestires et alimentaires (HAFL).
Le groupe daccompagnement a dfini lorientation
stratgique du projet. Il a dcid quels projets devaient
tre tudis en Suisse et quelles taient les questions
auxquelles il fallait rpondre. Lquipe de projet a t
Economie agricole | Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture?
242 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 240247, 2014
charge de ltude concrte des projets slectionns et
de rpondre aux questions. Par ailleurs, elle a pu choisi
les projets trangers tudier aprs avoir consult le
groupe daccompagnement.
Description de la slection des projets
Dans une premire analyse dans le contexte du projet
Opticost, Meier (2012) avait identifi huit champs dac-
tion lis aux cots de production, sur lesquels les paysans
pouvaient exercer une influence. AGRIDEA en a dduit
divers facteurs qui peuvent influer sur les champs dac-
tion avec la participation des agriculteurs (fig. 1). Deux
de ces facteurs dinfluence identifis sont la formation et
la vulgarisation. Aprs avoir conduit une discussion dex-
perts, le groupe daccompagnement a slectionn sur
cette base les cinq projets analyser suivants:
le projet Actif Regional Creatif (ARC) le projet Bergmilch de la HAFL gestion dentreprise dans le domaine de larboricul-ture, un projet Interreg IV en Suisse et en Allemagne
le projet optimisation des cots de la production laitire conduit par les Producteurs suisses de lait, le
FVS, Profilait et AGRIDEA
le cours calcul des cots de machines de la Fondation Rurale Interjurassienne.
Dans sa slection, le groupe daccompagnement a voulu
couvrir lventail le plus large possible des huit champs
daction et assurer simultanment une rpartition go-
graphique quilibre des projets dans le pays.
Une fois les rsultats des projets suisses analyss dis-
ponibles, lquipe de projet a choisi, aprs avoir consult
le groupe daccompagnement, trois projets trangers
raliss en France, en Autriche et en Allemagne. Et pour
disposer dun regard sur une autre branche, il a par ail-
leurs analys une offre de formation continue dans le
domaine de la sant.
Analyse des projets
Le but des analyses des projets tait dtablir de nou-
veaux faits lis la participation et au droulement
dune formation continue. Les phases dune formation
ont t rparties en phase prparatoire, phase de forma-
tion et phase postrieure. Pour complter cette rparti-
tion, un domaine qui ntait pas directement imputable
une phase de formation a t cr.
Lanalyse des projets suisses a repos sur les docu-
mentations de formation ainsi que sur les entretiens
semi-structurs avec les chefs de projet et une slection
de vulgarisateurs (responsables de formation) et de par-
ticipants. Pour les projets trangers, lanalyse a t limi-
te aux entretiens semi-structurs avec les vulgarisa-
teurs.En procdant aux analyses des entretiens, lquipe de
projet a suivi le fil rouge propos par Meyer (2009) pour
lanalyse dentretiens avec des experts. La thorie rsul-
tant de cette analyse a t complte par la procdure du
codage thorique selon Bhm (1994). La combinaison de
ces deux instruments a permis de travailler sur les points
communs des projets et den dterminer les diffrences.
Dans le mme temps, il a t possible de minimiser les
interprtations concurrentes, toujours possibles avec des
mthodes danalyse qualitatives, du fait quil nexiste pas
dinterprtation uniforme de textes (Meyer 2009).
Facteurs dinfluence Dcideurs Champ daction
1. Dfinir une stratgie
2. Initier des cooprations
3. Raliser des investissements
4. Financer des investissements
5. Acheter des moyens de production
6. Effectuer un controlling
7. Dvelopper lexploitation
8. Organiser
Formation
Vulgarisation
Recherche
AGRIDEA
Entreprises
Comptences:de directiontechniques
socialespersonnelles
Famille
Associations Administration
Organisations
Figure 1 | Facteurs dinfluence sur les dcideurs agricoles. (AGRIDEA 2012)
Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture? | Economie agricole
243Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 240247, 2014
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Figure 2 | Modle de sensibilisation aux formations continues en gestion dentreprise dans lagriculture. Les cellules rectangulaires reprsentent des tapes du processus et les cellules ovales des facteurs dinfluence.
Economie agricole | Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture?
244 Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 240247, 2014
Dveloppement du modle de sensibilisation
Lquipe de projet a utilis les enseignements tirs des
interviews et de la documentation des formations pour
dvelopper un modle de sensibilisation. Ce modle pr-
sente, dune part, le comportement du groupe cible li
la participation une formation. Il relve galement,
dautre part, les lments qui devraient renforcer
lavenir le succs des formations continues en gestion
dentreprise. Pour rendre praticable la procdure dcrite
dans le modle, des mesures damlioration opration-
nelles et stratgiques en ont t dduites.
R s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Les rsultats de ce travail sont prsents et discuts dans
le cadre du modle de sensibilisation (fig. 2).
Perspective des participants
Les facteurs dterminants pour la frquentation dune
formation continue en gestion dentreprise sont lexploi-
tation et la famille. Les participants ont compar les
informations reues de leur environnement et les
mesures de sensibilisation avec leurs propres connais-
sances. En loccurrence, le type dinformation a influenc
le traitement cognitif. Les personnes ont t rparties
soit dans un groupe avec un modle innovant, soit dans
un groupe avec un modle ractif.
Modle innovant
Les personnes de ce groupe ont trait les informations en
lien avec leur environnement et la sensibilisation en se
rfrant leurs objectifs personnels. Les participants ont
reconnu dans ces informations une chance pour le dve-
loppement futur de leur exploitation. Ils y ont vu un
potentiel daction personnelle et/ou lie lexploitation.
Indpendamment des informations de sensibilisation
reues jusque-l, elles ont tabli des objectifs relatifs au
contenu et la structure (forme) dune formation. Si ces
objectifs correspondaient une offre, ces personnes se
mettaient dans la perspective de participer une forma-
tion continue dfinie et y prenaient effectivement part.
Mais pour que des perspectives de participation puissent
tre dfinies, il faut qu ce moment prcis, les mesures de
sensibilisation du groupe cible fournissent des informa-
tions sur les objectifs et le type de la formation continue.
Modle ractif
Les personnes de ce groupe ont trait les informations
concernant leur environnement et la sensibilisation en
se rfrant leur exploitation et elles ont reconnu lexis-
tence dun danger. Cela a entran chez elles la ncessit
dentreprendre quelque chose. Elles ont formul les
objectifs de la formation comme les personnes du
groupe avec modle innovant et ont agi de mme pour
la suite du processus de participation.
Les personnes dun autre sous-groupe avec modle
ractif ne sont pas parvenues identifier les signes de
danger pour leur exploitation partir des informations
provenant de leur environnement ou de sensibilisation.
Ce sont les vulgarisateurs spcialiss dans la production
ou les fiduciaires qui ont d les rendre attentives lexis-
tence dun risque pour leur exploitation. Dans certains
cas, ces spcialistes les ont orientes directement vers
une formation continue; il sest pass parfois plusieurs
annes entre la prise de conscience du danger et la par-
ticipation une formation.
Perspective des organisateurs
Divers groupes concerns sont intervenus dans la cra-
tion doffres de formation continue. La vulgarisation a
cherch crer une offre pertinente, compte tenu de ses
propres besoins (exigences de formation) et dans cer-
tains cas de ceux de lagriculture (demande de groupes
cibles). Dans la cration de son offre, la vulgarisation a
suivi une approche base sur la pertinence. Elle a donc
justifi en quoi une formation continue est pertinente et
en a dduit les objectifs, le contenu et la structure.
Dans leur approche de lorganisation de formation,
les projets tudis ont valu diffremment lexigence
de formation et lorientation sur un groupe cible, ce qui
a influ sur la composition des participants aux projets.
Les offres fortement orientes sur un groupe cible ont
attir principalement les participants en faveur dun
modle innovant.
Facteurs de russite de la phase prparatoire
Les mesures de sensibilisation ont une importance dci-
sive sur la participation une formation continue. Dans
ce contexte, il convient de rpondre aux deux questions
fondamentales suivantes:
1. Comment sensibiliser le groupe cible le mieux
possible?
La communication directe entre les reprsentants des
organisations agricoles et les agriculteurs et agricul-
trices a eu le plus deffet. Mais ce groupe cible a aussi
t touch par les mdias crits.
2. Durant quelle phase les mesures de sensibilisation
doivent-elles toucher le groupe cible?
Les informations de sensibilisation (articles de jour-
naux, exposs, etc.) doivent toucher le groupe cible
quand celui-ci discute du sujet considr. Il faut donc
une large dispersion de linformation. Mais en
fonction du groupe cible, ces mesures ne sont pas
suffisantes.
Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture? | Economie agricole
245Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 240247, 2014
Phase postrieure la formation
Au terme dune phase de formation, il sest agi de mettre
en pratique les connaissances ainsi acquises. Durant
cette phase, les participants ont centr la mise en pra-
tique sur lexploitation et la famille.
Quand les formations continues taient focalises
sur certains secteurs ou instruments particuliers, lac-
tion lchelon stratgique tait limite seulement
certains cas. Les mises en uvre des connaissances
acquises lors des formations se limitaient en premier
lieu au domaine trait. Ce qui ne les a toutefois pas
empches dinfluer sur la dimension stratgique de
lexploitation.
Facteurs de russite de la phase postrieure
La mise en uvre cible de lacquis dune formation
peut tre amliore quand les participants sont en
mesure de faire valoir leurs connaissances par rapport
leurs projets et au contexte. Dans ces circonstances, une
phase postrieure russie peut aussi signifier que rien de
ce qui a t appris pendant la formation nest mis en
pratique.
Du point de vue des organisateurs, la probabilit de
russite dune mise en oeuvre peut tre augmente par
un conseil facultatif lors de cette phase.
C o n c l u s i o n s
Le groupe de projet a tir des rsultats de ses travaux un
certain nombre de conclusions lchelon stratgique et
oprationnel. Ces conclusions doivent servir au transfert
des connaissances dans la pratique.
chelon stratgique
lavenir, les mesures de sensibilisation devront tre mieux orientes sur le groupe cible. Pour y parvenir,
les agents dinfluence que sont les vulgarisateurs, les
fiduciaires, les organisations agricoles, etc. devront
simpliquer dans cette sensibilisation. Pour quils
puissent guider les agriculteurs vers une formation
continue offerte par leur organisation ou une autre, il
faudra amliorer la mise en rseau des diffrents
services.
Pour offrir diverses formes de formations des moments diffrents et attirer suffisamment de
participants, les stages considrs devraient tre
coordonns au plan intercantonal. On pourrait ainsi
rpondre en mme temps au besoin marqu
danonymat du groupe cible.
Les contenus des formations continues doivent tre imprativement orients sur les attentes du groupe
cible, ce quoi la vulgarisation agricole sengage en
Pour la cration dune perspective de participation, le
groupe cible doit disposer de suffisamment dinforma-
tions de sensibilisation ds le moment o il a formul
pour lui-mme les objectifs de cours. Durant cette phase,
il est bien possible que le groupe cible recherche active-
ment des offres de formation.
Phase de formation
Durant la phase de formation, les objectifs, le contenu et
la structure de la formation taient dune importance
cruciale. Pour lvaluation des objectifs de la formation,
la pertinence et laccessibilit taient des critres capi-
taux. Les buts ne pouvaient en effet tre atteints que si
ces deux facteurs existaient. Pour atteindre une perti-
nence leve, il fallait que les objectifs de la sance de
formation continue soient en adquation avec ceux des
participants, ce qui fut ralis en impliquant les partici-
pants dans la dfinition des objectifs durant la phase
prparatoire.
Pour un droulement optimal de la formation, il
tait important que les contenus soient adapts aux
buts et aux participants, ce que certains projets sont
parvenus faire concider de faon optimale.
La structure de la formation joue un rle important
en matire de lieu de runion, de salles de cours et dho-
raire (Siebert 2003). Dans aucun des projets tudis
cependant, cette structure de la formation na constitu
le seul motif de participation la formation. En revanche,
lamnagement de la salle de cours (discussion en tte-
-tte vs. discussion de groupe, peur dtre ridiculis) a
pu en retenir certains. En fonction des buts de la forma-
tion, le moment de loffre a jou un rle important. Les
sujets dactualit lis linfluence du contexte (effon-
drement du prix du lait, politique agricole) ne sont res-
ts pertinents que sur une dure limite. En revanche,
les problmes lis au cycle du dveloppement de lex-
ploitation (dveloppement stratgique, changement de
gnration, etc.) sont rests pertinents sans limite de
temps. Une offre permanente de formations pour le
groupe cit en second est donc absolument ncessaire.
Facteurs de russite de la phase de formation
Durant les formations, il sest agi de faire concider les
attentes des organisateurs et celles des participants. Plus
les formations continues taient orientes sur les
groupes cibles et les participants, mieux elles sont parve-
nues faire concider les attentes des uns et des autres.
Ce qui a augment leurs chances de succs.
Les formations continues proposant de traiter le
mme contenu thmatique sous diverses formes sont
parvenues toucher plus de participants. Lobstacle
reprsent par la forme de la formation a ainsi disparu.
246
Economie agricole | Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture?
Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 240247, 2014
premier lieu. Le rle des divers groupes intresss doit
se limiter la responsabilit du financement et au
travail de sensibilisation.
chelon oprationnel
Les mesures de sensibilisation doivent tre mieux adaptes aux spcificits du groupe cible. Elles doivent
prsenter leurs informations de manire permettre
au groupe cible dtablir un lien entre un problme et
un objectif.
Selon le groupe cible, il faut dfinir si les mesures de sensibilisation doivent uniquement offrir laccs une
formation continue ou si elles doivent aussi constituer
une raison (danger pour lexploitation) de participer
une telle formation.
Pour que les formations continues rpondent aux attentes des divers groupes cibles, il faut proposer
divers sujets sous des formes et des dures diffrentes.
Mme quand loffre de formation continue est clairement oriente sur un objectif, les participants
doivent garder la possibilit de prendre des dcisions
indpendamment des vulgarisateurs.
Les organisations de vulgarisation devraient mettre disposition des participants des moyens adquats pour
un suivi volontaire durant la phase postrieure la
formation. En loccurrence, il faut veiller ce que le
vulgarisateur qui soccupe du suivi soit le mme que
celui qui tait prsent durant la phase de formation.
Ces conclusions ont t discutes au sein du groupe de
travail Opticost, mme si ce dernier na pu exercer
aucune influence. Il appartient maintenant aux repr-
sentants du groupe de travail de mettre ces enseigne-
ments en pratique afin de permettre long terme une
vulgarisation et une formation continue en gestion
dentreprise efficaces et concrtes. Il sagira notamment
de sattaquer sans attendre aux amliorations proposes
au niveau oprationnel. n
Bibliographie AGRIDEA, 2012. Anstze zur Optimierung der Produktionskosten, 26 p. Bhm A., 1994. Texte verstehen: Konzepte, methoden, Werkzeuge. UVK, Konstanz.
Meier H., 2012. Wirkungsschema, AGRIDEA, 1 p. Meyer H. O., 2009. Interview und schriftliche Befragung. Oldenburgver-lag, Mnchen, Wien.
OFAG, 2009. Lagriculture suisse en mouvement / La nouvelle loi sur lagriculture / Un bilan dix ans aprs, Berne, 36 p.
Siebert H., 2003. Didaktisches Handeln in der Erwachsenenbildung: Di-daktik aus konstruktivistischer Sicht. Luchterhand, Mnchen/Unter-schleissheim.
247
Comment optimiser la formation continue en gestion dentreprise dans lagriculture? | Economie agricole
Riassunto
Summary
Recherche Agronomique Suisse 5 (6): 240247, 2014
How to optimize agricultural extension
for a successful farm management?
Production costs play a key role in the
competitiveness of agricultural
enterprises. In the past, various actors
in agricultural consultancy and
education offered advanced training,
but the number of participants
remained below expectations. To
investigate the reasons for this low
participation and determine measures
for improvement, the Opticost working
group conducted semi-structured
interviews with experts who were
project managers, consultants and
participants in five economic advanced
training projects in Swiss agriculture.
The group also interviewed consult-
ants from economic training projects
on French, German and Austrian
agriculture and from another project
outside this sector in Switzerland. The
analysis of the expert interviews was
carried out according to Meyer (2009),
the theoretical coding according to
Bhm (1994). The results showed that
a distinction could