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RECHERCHEAGRONOMIQUESUISSE
J u i l l e t – A o û t 2 0 1 4 | N u m é r o 7 – 8
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Production végétale Examen variétal du trèfle violet: nets progrès Page 272
Environnement Traitements des pommiers à la streptomycine et résistances aux antibiotiques dans
l’environnement Page 300
Eclairage Préservation de la diversité génétique des animaux de rente en Suisse Page 306
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (Institut des sciences en production végétale IPV;
Institut des sciences en production animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des sciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.chb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.chb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.chb Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.chb Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, www.fibl.org
Rédaction Direction et rédaction germanophoneAndrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 58 466 72 21, Fax +41 58 466 73 00
Rédaction francophoneSibylle Willi, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, Tél. +41 58 460 41 57
SuppléanceJudith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz,Agroscope, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, Tél. +41 58 460 41 82
e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich), Thomas Alföldi (FiBL).
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux e-mail: [email protected], Fax +41 26 407 73 00
Changement d'adressee-mail: [email protected], Fax +41 31 325 50 58
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
Depuis plus de 200 ans, le trèfle violet (Trifolium pratense L.) joue un rôle important dans nos prairies. Depuis, l’éventail des variétés proposées s’est considérablement élargi. De 2011 à 2013, Agroscope a conduit des essais variétaux avec 30 nouvelles obtentions et 24 variétés de trèfle violet déjà recommandées et constaté de nets progrès dans la sélec-tion. (Photo: Gabriela Brändle, Agroscope).
271 Editorial
Production végétale
272 Examen variétal du trèfle violet: nets progrès
Daniel Suter, Rainer Frick, Hansueli Hirschi et
Philippe Aebi
Production végétale
280 Essais variétaux et culturaux sur le pavot d’hiver Jürg Hiltbrunner, Christine Herzog,
Carolin Luginbühl et Thomas Hebeisen
Production végétale
286 L’avenir de la sélection du blé
Peter Stamp, Dario Fossati, Fabio Mascher et
Andreas Hund
Production végétale
292 Suppression des adventices par les couverts végétaux: différents facteurs analysés Frédéric Tschuy et al.
Environnement
300 Traitements des pommiers à la streptomy-cine et résistances aux antibiotiques dans l’environnement
Fiona Walsh et al.
Eclairage
306 Préservation de la diversité génétique des animaux de rente en Suisse: progrès et défis
Maurice Tschopp, Catherine Marguerat et
François Pythoud
Eclairage
310 Râtelier pour chevaux avec dispositif temporisé d’accès au foin
Sabrina Briefer, Samuel Schär et Iris Bachmann
314 Portrait
315 Actualités
319 Manifestations
SommaireJuillet–Août 2014 | Numéro 7–8
Editorial
271Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 271, 2014
Chère lectrice, cher lecteur,
La rédaction de Recherche Agronomique Suisse a à cœur d’entretenir un lien
étroit avec son lectorat, afin de le satisfaire au mieux et, dans la mesure du
possible, d’améliorer ses prestations.
L’enquête de satisfaction adressée aux lecteurs de la revue en 2013
montre des résultats réjouissants, avec une moyenne générale de satisfac-
tion de 84 %*! Les thèmes traités sont jugés actuels, intéressants et orientés
vers la pratique (87 %). La répartition entre articles scientifiques, éclairages
et actualités est appréciée (89 %). Les encartés, notamment les fiches varié-
tales, sont très demandés (79 %) et apportent une plus-value. Les articles
sont compréhensibles (90 %), la proportion des textes et illustrations appro-
priée (90 %). Les articles sont jugés par certains comme «trop scientifiques»
(43 %) et par d’autres, au contraire, «insuffisamment scientifiques» (27 %).
Certains souhaiteraient une revue visible au niveau international, anglo-
phone et fonctionnant avec des comités de lecture très sélectifs. Toutefois,
dès son lancement en janvier 2010, la mission première de la revue Recherche
Agronomique Suisse (publication de la Confédération) a clairement été com-
muniquée. Elle consiste à diffuser les connaissances et informations pra-
tiques découlant des résultats de la recherche dans les domaines agrono-
miques, des denrées alimentaires et de l’environnement. Les chercheurs
doivent pouvoir publier rapidement leurs résultats et les lecteurs bénéficier
des informations les plus actuelles et ce, dans les deux langues nationales
principales.
Le lectorat de la revue réunit des scientifiques, des spécialistes de la
recherche et de l’industrie, des enseignants, des organisations de conseil et
de vulgarisation, des offices cantonaux et fédéraux, des politiciens, des pra-
ticiens et toute autre personne intéressée. Satisfaire les attentes d’un lecto-
rat aussi diversifié tient davantage de la quadrature du cercle que de la
simple diffusion des résultats de la recherche. Cependant, nous nous effor-
çons constamment d’améliorer nos publications et d’informer les lecteurs
sur le devenir de la recherche agronomique suisse. Vous avez reçu, dans l’édi-
tion de mai, un encarté de 24 pages «Agroscope», disponible en français,
allemand et anglais, et aussi sur internet (www.agroscope.admin.ch), pré-
sentant le nouveau programme de recherche Agroscope 2014 – 2017 et la
nouvelle structure organisationnelle.
En outre, la rédaction a déjà entrepris un processus d’amélioration, dont
voici quatre exemples:
•• diversification des thèmes traités, grâce au nouveau partenariat avec
l’Institut de recherche de la production biologique (FIBL);
•• meilleure lisibilité et compréhension des graphiques;
•• amélioration de la qualité des résumés italiens et anglais;
•• davantage d’articles relatifs aux coûts de production.
Nous vous remercions pour votre soutien et espérons que vous apprécierez
les améliorations apportées à votre revue. Bonne lecture!
*Les statistiques se basent sur les réponses de 137 enquêtes qui nous ont été adressées.
Jean-Philippe Mayor, président Recherche Agronomique Suisse et responsable Corporate communi-cation Agroscope CCA
Recherche Agronomique Suisse: où en sommes-nous?
«Il faut rendre les choses
aussi simples que possibles,
mais pas trop.»
Albert Einstein
272 Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 272–279, 2014
choses en commun avec la variété originale, le trèfle des
prés. Les cultivars modernes poussent de manière plus
érigée, ont des feuilles plus abondantes, permettent plu-
sieurs coupes et fleurissent plusieurs fois par an. La plu-
part des variétés ne sont toutefois pas aussi résistantes
que la forme sauvage. Ces types non persistants, qui ne
résistent guère plus d’un hiver, sont communément
appelés «trèfle violet de courte durée». En Suisse, un
type de trèfle violet s’est également développé que l’on
appelle «trèfle violet longue durée». Ces variétés persis-
tantes se sont développées dans les exploitations du Pla-
teau grâce au semis répété des écotypes locaux, dont les
semences venaient à l’origine des Flandres, du Brabant
ou d’Allemagne. Il existe depuis lors des variétés étran-
gères de trèfle violet qui n’ont rien à envier à notre
trèfle violet longue durée en terme de persistance et qui
doivent être classées dans cette catégorie.
La persistance détermine la fonction
Pour notre système de production fourragère qui
exploite les avantages des mélanges de différentes
espèces de trèfles et de graminées (Finn et al. 2013;
Lüscher et al. 2008; Nyfeler et al. 2009), il est important
de faire la distinction entre trèfle violet de courte et de
longue durée. Dans les mélanges standard, le trèfle de
courte durée remplit une fonction de culture de couver-
ture (Mosimann et al. 2012). Sa levée est rapide, il
empêche l’apparition des adventices et fournit rapide-
ment la première récolte. Sous sa protection, les espèces
qui se développent plus lentement peuvent s’établir et
remplacer progressivement les espèces qui se déve-
loppent rapidement, contribuant ensuite au rendement.
L’important dans ce cas est que le trèfle violet ne domine
pas trop longtemps pour que les espèces qui se déve-
loppent lentement puissent se développer correctement.
Le trèfle violet de longue durée n’y parvient pas, c’est
pourquoi il n’est pas utilisé dans les mélanges de grami-
nées et de trèfle blanc où la substitution des espèces est
particulièrement importante.
Tout comme le trèfle violet courte durée, le trèfle
violet longue durée comprend des variétés diploïdes
ainsi que des variétés tétraploïdes. Du fait de leur teneur
Examen variétal du trèfle violet: nets progrès
Daniel Suter1, Rainer Frick2, Hansueli Hirschi1 et Philippe Aebi2
1Agroscope, Institut des sciences en durabilité agronomique IDU, 8046 Zurich, Suisse2Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1260 Nyon 1, Suisse
Renseignements: Daniel Suter, e-mail: [email protected]
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Figure 1 | Trèfle violet (Trifolium pratense L.). Illustration tirée du livre «Wiesen- und Alpenpflanzen» de Walter Dietl et Manuel Jor-quera, Österreichischer Agrarverlag, Leopoldsdorf, 4. Edition 2012. (Dessins: Manuel Jorquera, Zurich. Tous droits réservés. Copyright: ADCF, Zurich. Avec l’aimable autorisation de l’ADCF.)
I n t r o d u c t i o n
Important pour la production fourragère
Depuis plus de 200 ans, le trèfle violet (Trifolium pra-
tense L.; fig. 1) joue un rôle important dans nos prairies.
Au fil des années, l’éventail des variétés proposées s’est
considérablement élargi et leur aspect général a peu de
Examen variétal du trèfle violet: nets progrès | Production végétale
273
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um
é
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 272–279, 2014
Lors des essais variétaux réalisés de 2011 à
2013 sur six sites différents avec 30 nouvelles
obtentions et 24 variétés de trèfle violet
(Trifolium pratense L.) déjà recommandées,
Agroscope a constaté de nets progrès dans la
sélection. Les caractéristiques évaluées étaient
le rendement, l’aspect général, la vitesse
d’installation, la résistance aux maladies
foliaires, la tolérance aux conditions hivernales
ainsi que la persistance. Parmi les variétés de
longue durée, les variétés diploïdes «TP 0425»
et «TP 0445» ont obtenu des résultats permet-
tant une recommandation, de même que les
variétés tétraploïdes «TP 0645» et «TP 0486».
Parmi les variétés de courte durée, les variétés
diploïdes «Bonus», «TP 0725», «Regent»,
«Harmonie», «AberClaret», «Garant» et
«Dimanche» ont elles aussi obtenu des résultats
suffisants pour une recommandation, de même
que les variétés tétraploïdes, «Magellan»,
«Hammon» et «Atlantis». Les nouvelles obten-
tions «TP 0425», «TP 0445», «TP 0645»,
«TP 0486» et «TP 0725» doivent encore passer
les tests de distinction, d’homogénéité et de
stabilité avant de pouvoir être recommandées.
Les variétés «Corvus», «Larus», «Suez»,
«Slavoj», «Sigord» et «Maro» ne remplissent
plus les exigences pour une recommandation et
doivent donc être radiées de la liste des
variétés recommandées de plantes fourragères.
Elles pourront encore être utilisées comme
variétés recommandées jusqu’à fin 2016.
élevée en eau, les variétés tétraploïdes conviennent
moins bien à la conservation et sont donc de préférence
utilisées pour la production de fourrage vert.
Le trèfle violet donne un fourrage riche en énergie et
en protéines (Daccord et al. 2002), s’il n’est pas exploité
trop tard. Car la digestibilité, et par conséquent la
teneur en énergie et en protéine, diminuent considéra-
blement avec la durée de croissance, comme c’est le cas
pour la luzerne ou les graminées. Des coupes fréquentes
améliorent donc la qualité du fourrage (Schubiger et
Lehmann 1994a), mais peuvent néanmoins réduire la
persistance de la plante. Une première coupe au stade
où un quart des boutons floraux a pris une couleur vio-
lette constitue un bon compromis entre persistance et
qualité du fourrage. Les coupes suivantes devraient si
possible avoir lieu après sept à huit semaines.
Tiges à partir du collet
Le trèfle violet hiverne au stade de la rosette. Celle-ci se
forme au ras du sol autour du collet, qui est en fait la
tige principale. C’est de là que les tiges prennent nais-
sance au printemps et après la fauche. Si cette partie de
la plante est abîmée, toute la plante peut mourir. C’est
pourquoi un fauchage ras n’est pas bon pour la persis-
tance de la plante. Pour la même raison, le trèfle violet
ne convient pas pour le pâturage, à l’exception de celui
dit pour la pâture. Actuellement, il n’en existe qu’une
seule variété sur le marché. Ce type de trèfle violet a
quelques propriétés du trèfle violet sauvage des pâtu-
rages jurassiens et du trèfle violet longue durée. Il est
susceptible de prospérer surtout dans les pâturages qui
contiennent peu d’azote du fait des règles d’exploita-
tion, ainsi que dans les pâturages plutôt secs.
Racines profondes
Grâce à ses racines pivotantes pouvant atteindre un
mètre de profondeur, le trèfle violet supporte relative-
ment bien les périodes de sécheresse. C’est pourquoi les
mélanges de graminées et de trèfle violet longue durée
jouent un grand rôle pour les rendements des sites par-
fois affectés par la sécheresse estivale. Par rapport à la
luzerne, le trèfle violet est un peu moins tolérant à la
sécheresse, mais il résiste nettement mieux à l’humidité.
Pour des rendements élevés, le trèfle violet a besoin de
sols profonds, plutôt lourds et frais. Une réaction de la
solution du sol avec un pH d’au moins 6 est un avantage.
Comme le trèfle violet peut puiser son azote dans l’at-
mosphère grâce à des rhizobactéries (Rhizobium legumi-
nosarum biovar. trifolii), les peuplements qui en sont
riches peuvent se passer totalement des engrais azotés
(Nyfeler et al. 2011). En revanche, le trèfle violet a besoin
de suffisamment de phosphore et de potassium.
La résistance aux maladies est décisiveLes maladies les plus dangereuses sont notamment la
sclérotiniose (Sclerotinia trifoliorum) – la menace la plus
importante en hiver à part les gelées – et l’anthracnose
(anthracnose septentrionale Kabatiella caulivora,
anthracnose du sud Colletotrichum trifolii; fig. 2; Schu-
biger et al. 2004). Ces maladies ont une grande influence
sur la persistance des variétés de trèfle. Enfin, les varié-
tés souffrent plus ou moins des attaques de l’oïdium
(Erysiphe poligoni), du mildiou (Peronospora trifolii), de
la stemphyliose (Stemphylium sarcinaeforme) et occa-
sionnellement de la maladie des taches de suie (Cama-
dothea trifolii; Michel et al. 2000). Certaines variétés de
trèfle violet peuvent afficher des teneurs élevées de for-
Production végétale | Examen variétal du trèfle violet: nets progrès
274 Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 272–279, 2014
mononétine, un phytoestrogène (Schubiger et Lehmann
1994b). Comme on ne peut exclure des troubles de la
fertilité chez les animaux qui reçoivent des rations de
fourrage riches en trèfle violet en continu, les variétés
qui contiennent peu de formononétine sont particuliè-
rement recherchées.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Test en plein champ
De 2011 à 2013 compris, Agroscope a réalisé des essais
variétaux comparatifs sur six sites différents. Ces essais
portaient sur 30 nouvelles obtentions et 24 variétés
recommandées de trèfle violet. Le but était de trouver les
variétés les mieux adaptées aux conditions de culture en
Suisse. La plupart des observations ont été effectuées sur
des semis purs dans de petites parcelles de 1,5 × 6 mètres
(fig. 3). Comme dans la production fourragère suisse, les
plantes sont semées en mélanges, les informations rela-
tives à la force de concurrence des variétés sont impor-
tantes. Dans les associations standardisées avec ray-grass
hybride et de dactyle, la force de concurrence de la
variété testée a été évaluée en relevant la part de la
variété dans le rendement du mélange. Tous les essais ont
été effectués sans fumure azotée. Le tableau 1 comprend
d’autres informations sur les variétés testées et le semis.
Les propriétés ont été évaluées sur une échelle allant
de 1 à 9, 1 étant la meilleure note et 9 la moins bonne.
L’aspect général du peuplement (densité, prolifération,
homogénéité), la vitesse d’installation, la résistance aux
maladies foliaires, la tolérance aux conditions hivernales
ainsi que la persistance (correspond à l’aspect général
de la culture au terme de la période d’essai) ont fait
l’objet d’estimations. Afin d’évaluer le rendement
annuel, le rendement en matière sèche a été converti en
notes à l’aide d’un procédé statistique (Suter et al. 2013).
La note de la force de concurrence a été calculée à partir
de la part de la variété à tester dans le rendement, selon
la formule suivante:
Note = 9 – 0,08 × part relative du rendement (%)
Pour compléter l’évaluation, les variétés ont été répar-
ties en trèfle violet longue durée et trèfle violet courte
durée en fonction de leur persistance: les variétés qui se
distinguaient significativement des variétés de trèfle vio-
let longue durée recommandées jusqu’ici ont été clas-
sées dans la catégorie trèfle violet courte durée. Ces
deux groupes ont ensuite chacun été subdivisés en un
groupe de variétés diploïdes et un groupe de variétés
tétraploïdes.
Indice d’évaluation global
Un indice permet de comparer les variétés au sein d’un
même groupe. Pour y parvenir, on a établi la moyenne
des notes des différentes propriétés. Le rendement, l’as-
pect général, la résistance à l’anthracnose et la tolérance
aux conditions hivernales comptent double par rapport
aux autres caractéristiques. Dans le cas du trèfle longue
durée, la persistance compte double elle aussi.
Une nouvelle variété est inscrite dans la «Liste des
variétés recommandées» (Frick et al. 2012) si sa valeur
d’indice global est d’au moins 0,20 points au-dessous de
la moyenne des variétés déjà recommandées (témoin).
Une variété déjà recommandée est éliminée si son indice
global est dépasse de plus de 0,20 points la moyenne des
variétés témoins (valeur plus élevée = propriétés plus
mauvaises).
Figure 2 | Anthracnose du sud (Colletotrichum trifolii) sur du trèfle violet. Cette maladie importante peut avoir une grande influence sur la persistance des variétés touchées. (Photo: Daniel Suter, Agroscope)
Figure 3 | Essai variétal avec du trèfle violet: première pousse du-rant la deuxième année d’exploitation principale. La différence de qualité du peuplement est évidente. (Photo: Daniel Suter, Agroscope)
Examen variétal du trèfle violet: nets progrès | Production végétale
275Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 272–279, 2014
l’indice de 3,18 nécessaire pour une recommandation
(valeur plus basse = meilleures propriétés). La variété
«Corvus», recommandée jusqu’à présent, doit être
radiée de la liste des variétés recommandées, car elle n’a
pas atteint l’indice nécessaire pour une recommanda-
tion. Elle pourra encore être utilisée comme «variété
recommandée» jusqu’à fin 2016. La variété «Formica»
continue à être recommandée en dépit de certaines fai-
blesses car elle présente une teneur particulièrement
basse en formononétine (tabl. 2).
Trèfle violet pour la pâture: une seule variété
Le trèfle violet pour la pâture «Pastor» (tabl. 2) occupe
toujours une position à part. Il reste à espérer que la
gamme s’élargisse à l’avenir et accueille de nouvelles
obtentions afin de pouvoir offrir davantage de possibili-
tés d’utilisation de ce type intéressant de trèfle violet.
Longue durée, tétraploïde: en net progrès
Dans le groupe du trèfle violet longue durée tétraploïde,
les progrès de sélection sont aussi très nets. La nouvelle
obtention «TP 0645» a obtenu la meilleure note pour
l’aspect général et arrive en deuxième position pour le
rendement, derrière la variété déjà recommandée «Ela-
nus» (tabl. 2). Pour les caractéristiques importantes que
sont la persistance et la résistance à l’anthracnose, elle
arrive en tête du classement, avec 1,2 points de moins
que les variétés témoins pour la persistance (valeur plus
basse = meilleures propriétés)! La variété «TP 0486» a
obtenu des résultats tout aussi bons. Ses notes de rende-
ment et d’aspect général n’étaient que de 0,1 point plus
mauvaises que celles de «TP 0645». «TP 0486» se caracté-
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Nouvelles obtentions avec de meilleures notes
Les deux nouvelles obtentions «TP 0425» et «TP 0445»
sont arrivées en tête de classement pour plusieurs carac-
téristiques (tabl. 2). «TP 0425» s’est ainsi distinguée par
le meilleur rendement, un aspect général excellent, la
meilleure persistance et une tolérance aux conditions
hivernales qui n’a été dépassée que par la variété déjà
recommandée «Milvus». Seule la résistance aux maladies
foliaires n’a pas obtenu d’aussi bonnes notes. Au final,
«TP 0425» a obtenu un meilleur indice que le témoin
(0,50 points en dessous). «TP 0445» a obtenu des résul-
tats similaires: cette variété se classait au niveau de
«TP 0425» pour l’aspect général et venait juste après
pour la vitesse d’installation et la résistance à l’anthrac-
nose. La différence entre les deux variétés était un peu
plus marquée en ce qui concerne la persistance avec
0,3 points, mais cela a néanmoins suffi pour une deu-
xième place dans cette propriété. L’indice de «TP 0425»
est légèrement plus faible que celui de la variété déjà
recommandée «Lestris», mais tout de même meilleur
l’indice du témoin (0,4 points en dessous). Ces deux nou-
velles obtentions sont encore en train de subir les tests
de distinction, d’homogénéité et de stabilité à l’étran-
ger. Ce n’est qu’après avoir réussi cet examen que les
variétés pourront être commercialisées et recomman-
dées. A signaler aussi que désormais, des variétés issues
d’autres régions européennes comme «Van» ou «Spurt»
atteignent une très bonne persistance et peuvent donc
être classées dans la catégorie trèfle violet longue durée.
Hélas, leur rendement noté 3,57 et 3,67 n’a pas atteint
Lieu, canton Altitude (m) Date de semisNombre de répétitions Nombre de coupes pesées
pure1) mélange2) 2012 2013
Changins, VD 430 12/04/2011 1* 2 – –
Rümlang, ZH 450 20/04/2011 4 3 4 4
Oensingen, SO 460 11/04/2011 4 – 4 4
Ellighausen, TG 520 15/04/2011 4 3 4 4
Goumoëns, VD 630 13/04/2011 3 – 4 –
La Frêtaz, VD 1200 19/04/2011 3 3 – –*Notation de l’indice de précocité.1Culture pure: 200 g/100 m2 trèfle violet (variété «Formica» comme variété témoin pour la quantité de semis) 2Mélange: 50 g/100 m2 trèfle violet (variété «Formica» comme variété témoin pour la quantité de semis)
+ 60 g/100 m2 dactyle «Prato»
+ 60 g/100 m2 ray-grass hybride «Dorcas»
Tableau 1 | Trèfle violet: caractéristiques des essais variétaux terminés en 2013
Production végétale | Examen variétal du trèfle violet: nets progrès
276 Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 272–279, 2014
Tableau 2 | Trèfle violet de longue durée: résultats des mesures de rendement et des observations de 2011 à 2013
Diploïde
Variété (requérant)Indice de précocité1
Classe-ment2
Rende-ment3*
Aspect général*
Vitesse d’installation
Force de concurrence
Persis-tance*
Résistances/Tolérances:
IndiceConditions hivernales*
Anthra c-nose*
Maladies foliaires
1 Lestris (DSP, CH) 53b 1 2,5 2,7 3,4 4,8 3,0 4,4 1,2 2,9 2,97
2 Pavo (DSP, CH) 53b 1 3,5 2,6 3,3 4,8 3,3 4,4 1,2 2,7 3,13
3 Dafila (DSP, CH) 53b 1 3,1 2,7 3,3 4,9 3,2 4,5 1,3 3,3 3,16
4 Merula (DSP, CH) 61a 1 3,5 2,7 2,9 4,7 3,8 4,3 1,6 3,1 3,28
5 Milvus (DSP, CH) 53b 1 3,7 2,8 3,3 5,2 4,8 4,2 1,9 2,4 3,52
6 Corvus (DSP, CH) 61a 2/3 4,5 3,1 3,4 5,1 4,6 5,1 1,7 2,3 3,75
7 Formica4 (DSP, CH) 53b 1 4,5 3,0 3,3 4,9 5,0 4,7 2,3 2,3 3,81
Moyenne des témoins 3,6 2,8 3,3 4,9 3,9 4,5 1,6 2,7 3,38
8 TP 0425 (DSP, CH) 53b 1* 2,3 2,5 3,2 4,7 2,7 4,3 1,1 3,0 2,83
9 TP 0445 (DSP, CH) 53b 1* 2,8 2,5 3,1 4,8 3,0 4,5 1,2 2,8 2,98
10 Spurt (OSEVA UNI, CZ) 62a 3 3,5 3,0 3,7 5,1 4,5 5,2 1,3 2,4 3,57
11 Van (OSEVA UNI, CZ) 62a 3 4,3 2,9 3,6 5,4 4,4 5,4 1,1 2,6 3,67
Pour la pâture, diploïde
Variété (requérant)Indice de précocité1
Classe-ment2
Rende-ment3*
Aspect général*
Vitesse d’installation
Force de concurrence
Persis-tance*
Résistances/Tolérances:
IndiceConditions hivernales*
Anthra c-nose*
Maladies foliaires
1 Pastor (DSP, CH) 53b 1 4,8 2,9 3,3 5,5 3,9 4,5 1,2 2,3 3,50
Témoin 4,8 2,9 3,3 5,5 3,9 4,5 1,2 2,3 3,50
Longue durée, tétraploïde
Variété (requérant)Indice de précocité1
Classe-ment2
Rende-ment3*
Aspect général*
Vitesse d’installation
Force de concurrence
Persis-tance*
Résistances/Tolérances:
IndiceConditions hivernales*
Anthra c-nose*
Maladies foliaires
1 Carbo (DSP, CH) 61a 1 2,2 2,4 2,4 4,5 3,2 5,0 1,8 2,0 2,93
2 Fregata (DSP, CH) 53b 1 2,5 2,5 2,4 4,6 3,3 4,6 1,8 2,2 2,95
3 Elanus (DSP, CH) 53b 1 1,9 2,6 3,0 4,8 3,8 4,4 1,6 2,4 2,98
4 Astur (DSP, CH) 61a 1 3,6 2,6 2,6 4,7 4,1 4,6 1,8 2,1 3,29
5 Larus (DSP, CH) 61a 2/3 3,6 2,6 2,5 4,4 4,5 5,0 2,1 1,9 3,41
Moyenne des témoins 2,7 2,5 2,6 4,6 3,8 4,7 1,8 2,1 3,11
6 TP 0645 (DSP, CH) 61a 1* 2,2 2,2 2,5 4,6 2,6 4,5 1,3 1,9 2,67
7 TP 04864 (DSP, CH) 61a 1* 2,3 2,3 2,5 4,2 3,0 4,5 1,5 2,3 2,78
8 TP 0345 (DSP, CH) 53b 3 2,6 2,7 2,6 4,6 3,7 4,5 1,6 2,3 3,04
9 Blizard (OSEVA UNI, CZ) 62a 4 3,2 2,9 3,1 4,8 4,5 5,5 1,4 2,3 3,49
10 Ostro (OSEVA UNI, CZ) 62b 4 3,8 2,9 3,6 4,8 4,8 5,4 1,5 2,1 3,64
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées.
Notes: 1 = très élevé, très bon; 9 = très faible, très mauvais *Caractéristique comptant double dans le calcul de l’indice. 1 Indice de précocité: Le premier chiffre indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début, b = fin). Exemple: 53b = début épiaison du 26 au 31 mai. 2 Classement basé sur les résultats des essais:
Classe 1 : Variété recommandée en Suisse
Classe 1* : Ne peut être recommandée qu'après avoir rempli les exigences légales pour une commercialisation en Suisse (voir Ordonnance du DEFR sur les semences et plants RS 916.151.1)
Classe 2/3 : Ancienne variété recommandée déclassée en vue d'une radiation dès le 1er janvier 2017
Classe 3 : Variété ne satisfaisant pas à une recommandation. Variété moyenne, sans caractéristique particulièrement intéressante
Classe 4: Variété ne satisfaisant pas à une recommandation. Variété ne convenant pas à la culture en Suisse 3 Notes de rendement: rendement annuel, 2012: 4 lieux, 4 coupes pesées, 2013: 3 lieux, 4 coupes pesées. 4 Variété à faible teneur en formononétine.
Examen variétal du trèfle violet: nets progrès | Production végétale
277Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 272–279, 2014
Diploïde
Variété (requérant)Indice de précocité1
Classe-ment2
Rende-ment3*
Aspect général*
Vitesse d’installation
Force de concur-rence
Persis-tance
Résistances/Tolérances:IndiceConditions
hivernales*Anthra c-
nose*Maladies foliaires
1 Global (Freudenberger, DE) 62a 1 5,1 3,8 3,5 5,7 5,6 5,5 1,6 2,6 4,12
2 Diplomat (DSV, DE) 62a 1 5,3 3,8 3,6 5,5 6,1 5,6 1,8 2,4 4,20
3 Monaco (DSP, CH) 53b 1 5,3 3,8 3,4 5,4 5,8 5,4 2,2 2,9 4,22
4 Merian (Carneau, FR) 61b 1 5,9 4,2 3,2 5,7 6,7 5,8 1,5 3,2 4,46
5 Suez (Agrogen, CZ) 61b 2/3 6,4 4,3 3,6 5,7 7,1 6,1 1,8 2,9 4,71
6 Slavoj (Agrogen, CZ) 61b 2/3 6,8 4,8 4,0 6,2 7,3 6,4 1,9 2,7 4,99
Moyenne des témoins 5,8 4,1 3,6 5,7 6,4 5,8 1,8 2,8 4,45
7 Bonus (Selgen, CZ) 61b 1 5,0 3,5 3,5 5,2 5,6 5,5 1,3 2,8 3,98
8 TP 0725 (DSP, CH) 61a 1* 5,0 3,7 3,2 5,2 5,8 5,4 1,5 2,7 4,01
9 Regent (Carneau, FR) 62a 1 5,2 3,6 3,2 5,4 5,6 5,6 1,5 3,1 4,08
10 Harmonie (NPZ-Lembke, DE) 62a 1 4,6 3,8 3,5 5,2 5,4 6,1 1,5 3,1 4,11
11 AberClaret (Germinal Holdings, UK) 53b 1 5,1 3,8 3,3 5,1 6,0 5,6 2,0 2,5 4,17
12 Garant (Selgen, CZ) 61b 1 5,6 3,7 3,5 5,5 6,3 5,5 1,2 3,0 4,21
13 Dimanche (Caussade, FR) 53a 1 5,3 4,1 3,3 5,9 6,7 5,2 1,5 2,4 4,21
14 Himalia (HZ 80-06) (Životice, CZ) 61a 2 5,1 3,8 3,6 5,5 5,1 6,3 1,9 2,5 4,24
15 Kontiki (DSV, DE) 62a 3 5,5 3,9 3,7 5,5 6,0 6,0 1,7 2,7 4,35
16 Callisto (DLF Životice, CZ) 61a 3 5,8 3,9 3,4 5,5 6,6 5,8 1,9 2,4 4,39
17 Matris (Ferri, IT) 61b 3 5,4 4,5 3,4 5,4 7,5 5,8 2,3 2,4 4,55
18 Brisk (Selgen, CZ) 62a 3 6,6 4,5 3,8 5,8 7,3 5,7 1,8 2,6 4,73
19 Spadone gigante de santa marta (Padana, IT) 62a 3 7,3 4,9 2,6 5,1 7,2 5,7 1,9 2,4 4,75
20 Cyllene (DLF-Trifolium, DK) 53b 3 6,2 4,4 4,1 5,7 6,7 5,8 2,4 3,0 4,76
21 Quinequeli (Cozzi, IT) 61a 3 7,2 4,6 3,4 5,7 7,6 5,6 1,9 2,3 4,79
22 Uno (Continental, IT) 62a 4 7,4 5,0 3,6 5,8 7,9 6,4 1,6 2,2 5,03
23 Vyciai (Agrolitpa, LT) 62a 4 8,3 5,6 4,1 6,1 8,3 6,7 2,4 3,3 5,64
Tétraploïde
Variété (requérant)Indice de précocité1
Classe-ment2
Rende-ment3*
Aspect général*
Vitesse d’installation
Force de concur-rence
Persis-tance
Résistances/Tolérances:IndiceConditions
hivernales*Anthra c-
nose*Maladies foliaires
1 Tedi (Agri Obtentions, FR) 53b 1 5,5 3,4 2,8 4,8 6,2 5,5 2,4 2,1 4,10
2 Taifun (SZ-Steinach, DE) 62a 1 7,0 4,7 3,3 5,5 7,5 6,5 2,2 2,4 4,95
3 Titus (SZ-Steinach, DE) 62a 1 7,2 4,9 3,0 5,6 7,5 6,1 2,9 2,5 5,07
4 Sigord (SCPV VÚRV, SK) 62b 2/3 7,3 4,8 3,6 5,5 7,4 6,5 2,7 2,3 5,12
5 Maro (NPZ-Lembke, DE) 62a 2/3 8,0 4,9 3,7 5,4 7,5 6,3 2,9 2,3 5,26
Moyenne des témoins 7,0 4,5 3,3 5,4 7,2 6,2 2,6 2,3 4,90
6 Magellan (DLF-Trifolium, DK) 62a 1 5,5 3,9 3,1 5,3 6,4 5,9 2,8 2,2 4,44
7 Hammon (Veles) (Innoseeds, NL) 61b 1 6,1 3,9 3,4 5,2 6,6 5,9 2,4 2,5 4,55
8 Atlantis (NPZ-Lembke, DE) 62a 1 5,8 4,3 3,3 5,1 6,6 6,2 2,4 2,3 4,55
9 Quatro (Continental, IT) 62a 4 7,5 5,5 4,1 5,6 7,8 6,7 2,8 2,5 5,41
Variétés en caractères gras = anciennes variétés recommandées.
Notes: 1 = très élevé, très bon; 9 = très faible, très mauvais.* Caractéristique comptant double dans le calcul de l’indice. 1 Indice de précocité: Le premier chiffre indique le mois, le second la décade et la lettre la partie de la décade (a = début, b = fin). Exemple: 53b = début épiaison du 26 au 31 mai. 2 Classement basé sur les résultats des essais:
Classe 1 : Variété recommandée en Suisse
Classe 1* : Ne peut être recommandée qu'après avoir rempli les exigences légales pour une commercialisation en Suisse (voir Ordonnance du DEFR sur les semences et plants RS 916.151.1)
Classe 2 : Variété de remplacement. Bien que cette variété atteint l'indice nécessaire pour une recommandation, elle ne peut pas être recommandée en raison de la limitation du nombre de variétés
recommandées. En cas de retrait d'une variété recommandée, la meilleure variété de classe 2 entre automatiquement dans la «liste des variétés recommandées de plantes fourragères».
Classe 2/3 : Ancienne variété recommandée déclassée en vue d'une radiation dès le 1er janvier 2017
Classe 3: Variété ne satisfaisant pas à une recommandation. Variété moyenne, sans caractéristique particulièrement intéressante
Classe 4: Variété ne satisfaisant pas à une recommandation. Variété ne convenant pas à la culture en Suisse 3 Notes de rendement: rendement annuel, 2012: 4 lieux, 4 coupes pesées, 2013: 3 lieux, 4 coupes pesées.
Tableau 3 | Trèfle violet de courte durée: résultats des mesures de rendement et des observations de 2011 à 2013
278
Production végétale | Examen variétal du trèfle violet: nets progrès
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 272–279, 2014
risait par une bonne tolérance aux conditions hivernales,
ce qui lui a permis de se classer en deuxième position,
avec «TP 0645». Sa persistance était un peu moins bonne
que celle de «TP 0645», mais tout de même 0,8 points
au-dessous de celle des variétés témoins. Enfin, sa faible
teneur en formononétine est également intéressante.
Les excellentes performances de ces deux nouvelles
obtentions leur ont permis d’obtenir un meilleur indice
que celui du témoin, 0,44 points en dessous pour
«TP 0645» et 0,33 points en dessous pour «TP 0486». A
signaler, les variétés «Blizard» et «Ostro» – deux nou-
velles variétés persistantes inscrites aux tests – ne pro-
viennent pas de la région typique du trèfle violet longue
durée. Hélas, aucune d’elles n’a atteint l’indice néces-
saire pour une recommandation. La variété déjà recom-
mandée «Larus» n’a atteint l’indice de 3,32 nécessaire
pour une recommandation et sera donc radiée de la
liste. Elle pourra encore être utilisée comme «variété
recommandée» jusqu’à fin 2016 (tabl. 2).
Courte durée, diploïde: plus de variétés
Sept nouvelles obtentions remplissent les conditions
agronomiques nécessaires à une recommandation. Parmi
les trèfles violets courte durée, diploïdes, la variété
«Bonus» s’est distinguée avec 3,5 points pour l’aspect
général, ce qui lui a valu le premier rang pour cette pro-
priété (tabl. 3). Elle s’est classée au deuxième rang pour
le rendement, la force de concurrence et la résistance à
l’anthracnose. Ses performances se sont traduites par un
indice inférieur de près d’un demi-point à celui du
témoin. «Bonus» est suivie par «TP 0725», qui arrive en
deuxième position et a obtenu des notes aussi bonnes
pour le rendement et pour la force de concurrence, ainsi
que de très bons résultats pour la vitesse d’installation et
la tolérance aux conditions hivernales. Hélas, cette
variété n’a pas encore réussi l’examen d’enregistrement,
c’est pourquoi une recommandation n’est pas possible
pour l’instant. La nouvelle obtention «Regent» a donné
de beaux peuplements, ce qui lui a valu le deuxième
rang pour l’aspect général. La variété «Harmonie» a
fourni un rendement très élevé. «AberClaret» s’est dis-
tingué par une force de concurrence élevée et le troi-
sième meilleur rendement. La variété «Garant» se carac-
térisait par une très bonne résistance à l’anthracnose et
est également arrivée aux premiers rangs pour l’aspect
général. La nouvelle obtention «Dimanche» était la
variété la plus tolérante aux conditions hivernales dans
ce groupe. Citons encore la variété «Himalia». Elle rem-
plit certes les exigences agronomiques nécessaires à une
recommandation, mais ne peut actuellement être utili-
sée que comme variété de remplacement en raison du
nombre limité de variétés recommandées. Les deux
variétés «Suez» et «Slavoj» recommandées jusqu’ici ne
remplissent plus les exigences nécessaires pour une
recommandation et seront donc radiées de la liste des
variétés recommandées de plantes fourragères. Elles
pourront encore être utilisées comme «variétés recom-
mandées» jusqu’à fin 2016 (tabl. 3).
Courte durée, tétraploïde: grandes améliorations
Sur quatre nouvelles obtentions, trois ont satisfait les
exigences agronomiques nécessaires à une recomman-
dation. La variété «Magellan» s’est particulièrement dis-
tinguée en obtenant la meilleure note pour le rende-
ment et la deuxième note pour l’aspect général. Son
indice est meilleur que celui du témoin (0,46 points en
dessous) et se classe derrière celui de la variété déjà
recommandée «Tedi» (tabl. 3). Cette dernière a décroché
la première place pour sept des huit propriétés et une
excellente deuxième place pour la résistance à l’anthrac-
nose. «Magellan» est suivie par «Hammon», qui s’est
classée deuxième de toutes les variétés de trèfle courte
durée tétraploïdes pour les principales propriétés, aspect
général, tolérance aux conditions hivernales et résis-
tance à l’anthracnose. La troisième nouvelle variété
recommandée, «Atlantis», s’avère également aussi résis-
tante à l’anthracnose que «Hammon»; sa force de
concurrence est au-dessus de la moyenne et son rende-
ment arrive en deuxième position dans ce groupe. Les
performances des deux variétés déjà recommandées
«Sigord» et «Maro» étaient chacune inférieures de plus
de 0,20 points à celles du témoin, ce qui a conduit à leur
radiation de la liste. Elles aussi pourront encore être uti-
lisées comme «variétés recommandées» jusqu’à fin 2016
(tabl. 3).
C o n c l u s i o n s
Les résultats indiquent de nets progrès dans la sélection.
L’amélioration de la résistance à l’anthracnose et de la
tolérance aux conditions hivernales est particulièrement
frappante. Elle y est sans doute pour beaucoup dans
l’amélioration du rendement annuel, de la force de
concurrence et de la persistance. Le fait que désormais
des variétés doivent être classées comme trèfle violet
longue durée alors qu’elles n’ont pas été sélectionnées
dans la région typique permet de le supposer. n
279
Examen variétal du trèfle violet: nets progrès | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 272–279, 2014
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Esame delle varietà di trifoglio violetto:
notevoli progressi
Nelle prove varietali eseguite dal 2011 al
2013 in sei siti su 30 nuove coltivazioni e
24 varietà già raccomandate di trifoglio
violetto (Trifolium pratense L.), Agroscope
ha constatato notevoli progressi nella
coltivazione. Le seguenti caratteristiche sono
state prese in considerazione: resa, qualità
del popolamento, sviluppo giovanile,
resistenza alle malattie fogliari, resistenza
allo svernamento e persistenza. I risultati
che consentono di formulare una nuova
raccomandazione sono stati ottenuti con le
varietà poliennali nel tipo diploide «TP 0425»
e «TP 0445», nel tipo tetraploide «TP 0645» e
«TP 0486», con le varietà biennali nel tipo
diploide «Bonus», «TP 0725», «Regent»,
«Harmonie», «AberClaret», «Garant» e
«Dimanche» nonché nel tipo tetraploide
«Magellan», «Hammon» e «Atlantis». Le
nuove coltivazioni «TP 0425», «TP 0445»,
«TP 0645», «TP 0486» e «TP 0725» devono
ancora essere sottoposte all’esame della
distinguibilità, omogeneità e stabilità delle
loro caratteristiche, prima di potere essere
raccomandate. Le varietà «Corvus», «Larus»,
«Suez», «Slavoj», «Sigord» e «Maro» non
soddisfano più i requisiti e vengono per-
tanto tolte dalla lista delle varietà raccoman-
date di piante foraggere, tuttavia possono
ancora essere impiegate come varietà
raccomandate fino alla fine del 2016.
Substantial progress in variety testing with red
clover
Agroscope noted significant breeding progress in
the variety tests with 30 new cultivars and 24
already recommended varieties of red clover
(Trifolium pratense L.) conducted at six locations
from 2011 to 2013. Yield, vigour, juvenile develop-
ment, resistance to leaf diseases, winter-hardiness
and persistence were all evaluated. For the
persistent varieties («Mattenklee» type), results
allowing for recommendation were obtained by
the diploids «TP 0425» and «TP 0445» as well as by
the tetraploids «TP 0645» and «TP 0486», whilst in
the short-lived varieties (common red clover),
success was achieved by the diploids «Bonus»,
«TP 0725», «Regent», «Harmonie», «AberClaret»,
«Garant» and «Dimanche», and by the tetraploids
«Magellan», «Hammon» and «Atlantis». The new
cultivars «TP 0425», «TP 0445», «TP 0645», «TP
0486» and «TP 0725» have yet to pass the test for
distinctness, uniformity and stability of traits
before they can be recommended. The varieties
«Corvus», «Larus», «Suez», «Slavoj», «Sigord» and
«Maro» no longer satisfy the requirements, and are
being deleted from the List of Recommended Varie-
ties of Forage Plants. They may, however, still be
used as recommended varieties until the end of
2016.
Key words: Trifolium pratense, red clover, variety
testing, yield, disease resistance, persistence.
280 Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 280–285, 2014
époque, elle représentait encore environ 1300 ha
(Koblet 1965). A l’issue de cette période, cette culture a
disparu relativement rapidement de nos paysages agri-
coles. Témoin de la culture nationale de cette plante,
une capsule de pavot orne encore les armoiries du vil-
lage de Mägenwil (AG).
En 2012, la production mondiale de graines de pavot
représentait une surface cultivée d’environ 70 000 ha
(FAO 2014). La surface significative consacrée à la pro-
duction d’opiacées n’est pas prise en compte dans cette
statistique. Les rendements moyens dans les pays oscil-
laient entre 2,8 et 20,4 dt/ha dans les années 2003–2012
(FAO 2014). De 2010 à 2012, la quantité de graines de
pavot importées en Suisse est restée très stable et s’éle-
vait environ à 120 t par an. Les six principaux pays pro-
ducteurs durant les quatre dernières années étaient
l’Allemagne, la Turquie, la France, la Hollande, l’Autriche
et la République tchèque (AFD 2014). Ces importations
suffisaient à couvrir plus de 90 % des besoins de la Suisse
en pavot – pour la production d’huile ou de graines pour
les pâtisseries.
Les principaux défis de la culture du pavot sont d’une
part la régulation des adventices (notamment dans
l’agriculture biologique), car les plantes ont une installa-
tion très lente, et d’autre part une densité de peuple-
ment optimale et régulière. Les très petites graines
(poids de mille grains d’env. 0,5 g) posent des exigences
très élevées en matière de technique de semis et de pré-
paration du lit de semences.Indépendamment du type de pavot, aujourd’hui la
Suisse manque d’expérience pratique et de connais-
sances sur cette culture. Or, le pavot possède un poten-
tiel intéressant, car outre la valeur de la graine d’un
point de vue nutritionnel (p. ex. teneur en acide lino-
léique et oligo-éléments), sa culture présente des avan-
tages en matière d’assolement. Botaniquement par-
lant, le pavot fait partie d’une espèce distincte des
grandes cultures pratiquées chez nous et peut donc
soulager les assolements intensifs quant à la pression
des maladies et de ravageurs. Le pavot peut aussi
mettre en valeur le paysage grâce à la couleur unique
de ses fleurs (fig. 1).
I n t r o d u c t i o n
En dépit du marché potentiel pronostiqué (Frick et
Hebeisen 2005), la culture du pavot (Papaver somnife-
rum L.) reste insignifiante en Suisse. Pourtant, l’huile,
dont le goût est apprécié, se vend à des prix corrects, et
les pâtisseries aux graines de pavot se développent de
plus en plus. Néanmoins, la surface cultivée en pavot ne
représente que quelques hectares en Suisse et n’est pas
comptée dans les statistiques jusqu’à présent.
La culture du pavot a connu son heure de gloire
pendant la Deuxième Guerre mondiale, lorsqu’elle ser-
vait à l’auto-approvisionnement en huile. A cette
Essais variétaux et culturaux sur le pavot d’hiver
Jürg Hiltbrunner, Christine Herzog, Carolin Luginbühl et Thomas Hebeisen
Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8046 Zurich, Suisse
Renseignements: Jürg Hiltbrunner, e-mail: [email protected]
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Figure 1 | Couleur des fleurs de la variété Josef (premier plan) par rapport aux fleurs violettes des variétés Zeno au second plan. (Photo: Jürg Hiltbrunner, Agroscope)
Essais variétaux et culturaux sur le pavot d’hiver | Production végétale
281
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 280–285, 2014
Le pavot (Papaver somniferum L.) est une
culture traditionnelle en Suisse. Pendant la
Deuxième Guerre mondiale, il était encore
cultivé sur près de 1300 ha pour l’auto-
approvisionnement du pays en huile comestible.
Aujourd’hui, la culture du pavot en Suisse ne
représente plus que quelques hectares. Avec la
politique agricole 2014–2017, la culture du
pavot est désormais encouragée par la contri-
bution pour les oléagineux (700 CHF/ha).
Agroscope a comparé les variétés d’hiver à
faible teneur en morphine Zeno, Zeno Morphex,
Zeno 2002 et Josef. Les effets de la densité de
semis et de différentes techniques ont été
testés sur le rendement de la variété Zeno 2002.
L’étude montre que le pavot d’hiver peut
également être cultivé en Suisse. Dans de
bonnes conditions, il peut fournir des rende-
ments intéressants d’environ 15 dt/ha. Pour la
réussite de la culture, il est essentiel que les
conditions les plus favorables soient réunies
pour une levée au champ rapide et régulière.
Selon les conditions pédoclimatiques, la
richesse en éléments nutritifs et la pression des
adventices, les techniques culturales et la
densité de semis optimales ne sont pas les
mêmes. Il est impérativement recommandé de
rouler le sol avant le semis. Le pavot sortira-t-il
de son long sommeil grâce au soutien de la
politique agricole 2014–2017? L’avenir le dira.
Au cours d’essais précédents réalisés en Suisse, seuls des
types de pavot de printemps ont été comparés (Frick et
Hebeisen 2005). Depuis la fin des années 1990, il existe
également des variétés d’hiver qui proviennent des pro-
grammes de sélection autrichiens. Sous nos latitudes, ce
type de variétés est supposé avoir un potentiel de rende-
ment plus élevé que les variétés de printemps. L’étude a
servi à clarifier la question des variétés de pavot d’hiver,
mais a également traité les questions liées à la technique
de culture, comme la densité et la technique de semis.
M a t é r i e l e t m é t h o d e
Installation des essais
La majorité des essais sur de petites parcelles a été réali-
sée sur une exploitation certifiée bio (label Bourgeon) à
Zurich-Seebach (ZH). L’essai sur les techniques culturales
a été réalisé sur un deuxième site, à Flawil (SG), exploité
selon les conditions PI. A une exception près (2007), le
semis a toujours eu lieu durant la deuxième semaine de
septembre, avec un interligne de 0,18 m. Au total,
80 kg N/ha ont été épandus en deux apports (60 kg N/ha
au début de la végétation au printemps et 20 kg N/ha
lors de la montaison). Sur le site biologique, le produit
Biorga a été utilisé et, sur le site PI, des engrais minéraux
du commerce.
Sur le site bio, une régulation mécanique de la flore
adventice a été réalisée (2 à 3 passages de sarcleuse, par-
fois combinés avec une herse-étrille), sur le site PI, à
l’aide d’herbicides. Si nécessaire, les mauvaises herbes
étaient également arrachées à la main. Pour éviter les
zones lacunaires dues aux dégâts de limaces dans les
parcelles, des granulés anti-limaces ont été épandus de
manière préventive.Les essais variétaux réalisés de 2007 à 2009 ont
permis de comparer les variétés à faible teneur en
morphine Zeno, Zeno Morphex, Zeno 2002 (sélection-
neur: G. Dobos, A; couleur des fleurs: violet, type à
capsule fermée). De 2008 à 2009, la variété à faible
teneur en morphine Josef (sélectionneur: RWA Raif-
feisen Ware Austria, A; couleur des fleurs: violet pâle,
type à capsule fermée) est venue s’ajouter aux autres
(fig. 1). Pour toutes les variétés, la quantité de semis
était de 4,45 kg/ha.
Une deuxième série d’essais a été établie en 2009
pour étudier les effets de densités de semis ou de tech-
niques de semis différentes. Il a été pratiqué de même
en 2010 et 2011, toujours avec la variété Zeno 2002. Un
semoir maraîcher Sembdner et un semoir Hege ont été
utilisés pour des semis en ligne. Ils ont été comparés à un
semoir Krummenacher (semis en planche). Deux densi-
tés de semis différentes (3,2 et 0,75 kg/ha) ont été utili-
sées avec la machine de semis en ligne, trois avec le
semoir Sembdner (3,5; 1,5 et 0,75 kg/ha) et une seule
avec le semoir Krummenacher (3,2 kg/ha). Les expé-
riences réalisées durant les essais variétaux ont conduit
à réduire la quantité maximale de semences dans ces
essais de 4,45 à environ 3,5 kg/ha. La récolte a eu lieu
entre le 10 et le 22 juillet à l’aide d’une moissonneuse
adaptée aux petites parcelles. La récolte de 2007 fait
exception puisqu’elle a été réalisée le 29 juin.
Les parcelles de 25 m² ont été disposées en blocs ran-
domisés complets à un facteur et trois répétitions.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n s
Influence de la variété
En moyenne de toutes les variétés, les rendements les
plus élevés des trois années d’essais ont été obtenus en
2007, avec environ 12 dt/ha (fig. 2). Les deux années sui-
vantes, la moyenne était d’environ 7,5 dt/ha. Les diffé-
rences entre les variétés n’étaient statistiquement signi-
Production végétale | Essais variétaux et culturaux sur le pavot d’hiver
282
ficatives qu’en 2008, la variété Zeno Morphex ayant
obtenu le rendement le plus bas avec 4 dt/ha et la variété
Zeno 2002 le rendement le plus élevé (9 dt/ha) (fig. 2).
Les rendements les plus élevés se situaient à un niveau
satisfaisant, sachant que les rendements attendus sont
compris entre 10 et 15 dt/ha et que la moyenne des ren-
dements européens sur 10 ans est de 7,6 dt/ha (FAO
2014). Comparés aux types de printemps (Frick et Hebei-
sen 2005), les types d’hiver testés durant ces essais n’ont
pas obtenu des rendements supérieurs comme on l’espé-
rait. Les variétés Zeno et Josef ont fourni des rendements
stables au fil des ans. A noter que les rendements de
Zeno étaient légèrement supérieurs à ceux de Josef.
Du fait d’une installation lente de la culture, les inter-
ventions mécaniques pour la régulation des adventices
n’ont pu avoir lieu qu’au printemps, compte tenu des
conditions météorologiques et pédologiques. C’est
pourquoi la pression des adventices était particulière-
ment élevée au début de la période de végétation, quelle
que soit l’année. En dépit de l’arrachage manuel parfois
effectué en complément du sarclage, toutes ces mesures
avaient sans doute lieu trop tard pour pouvoir encore
avoir une influence positive sur les rendements. Il fau-
drait sans doute accélérer le développement des plantes
au début de la période de végétation en ayant recours à
des engrais de ferme ou, dans les conditions des PER, en
épandant des engrais azotés à action rapide. Les essais
ne permettent pourtant pas de confirmer l’effet de telles
mesures, car la fumure était basée exclusivement sur une
fumure organique (Biorga).
Les variétés ne se différenciaient pas énormément en
termes de précocité à maturité. L’humidité moyenne des
semences au moment de la récolte était de 7 % (2008) et
de 10 % (2009). Par manque d’expérience, la récolte 2007
a eu lieu un peu trop tôt. En principe, les plantes sont
arrivées correctement à maturité, quelle que soit l’année,
et la récolte s’est déroulée sans problèmes techniques.
On a également pu observer que dans leurs capsules, les
graines étaient bien protégées des fortes précipitations.
Sur la base des expériences réalisées dans notre étude
et dans d’autres zones de cultures, la variété Zeno 2002
peut désormais être recommandée. Les semences
peuvent être commandées directement chez le sélec-
tionneur (Dr. G. Dobos, Gentzgasse 129, 1180 Wien, A).
Teneur en huile et profil des acides gras
Les teneurs en huile des variétés de pavot d’hiver étu-
diées étaient de l’ordre de 45 %. L’acide linoléique repré-
sentait la part la plus importante de tous les acides gras,
avec environ 72 % (fig. 3). Les profils d’acides gras des
variétés de pavot d’hiver étudiées se situaient dans la
même gamme que celles des types de printemps (Frick et
Hebeisen 2005) et ne variaient pratiquement pas entre
les variétés.
Influence de la quantité et de la technique de semis
Dans deux essais sur cinq, les quantités de semences les
plus élevées (3,5 kg/ha) ont permis d’atteindre les meil-
leurs rendements avec l’un ou l’autres des semoirs selon
le site et l’année (fig. 4). Avec 14 dt/ha (Zurich-Seebach
Zeno Zeno Morphex Zeno 2002 Josef
Variétés
Rend
emen
t en
grai
nes
(dt/h
a)
Hum
idité
du
grai
n à
la ré
colte
(%)
Rendement 2007Rendement 2008Rendement 2009Humidité 2007Humidité 2008Humidité 2009
ababa
16
14
12
10
8
6
4
2
0
24
22
20
18
16
14
12
10
8
6
Figure 2 | Rendement en graines (dt/ha avec 13 % H2O) et humidité du grain à la récolte (% H2O au moment de la ré-colte) de quatre variétés de pavot d’hiver dans les conditions de l’agriculture biologique sur le site de Zurich-Seebach (2007, 2008 et 2009). Des lettres différentes au sein des années indiquent des différences significatives (test HSD Tukey, P < 0,05). Les lignes correspondent à l’erreur standard.
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 280–285, 2014
Essais variétaux et culturaux sur le pavot d’hiver | Production végétale
283
fig. 4). La distribution des plantes sur une grande surface
(semis en planche) n’a pas permis de réguler les adven-
tices autrement qu’avec une herse-étrille en conditions
bio; la parcelle était fortement envahie par les adven-
tices car la première intervention n’a été possible qu’au
printemps. Sur le site de Flawil, un très bon rendement a
été obtenu en 2009 avec le semoir Krummenacher. Ce
résultat s’explique sans doute ainsi: en raison du sol plu-
tôt pierreux et des conditions plutôt difficiles qui en
découlent pour le semis, la quantité élevée de semences
a juste permis d’atteindre la densité de peuplement
idéale. Par contre en 2010, le même procédé a donné un
très mauvais rendement (fig. 4). On peut toutefois en
conclure que la culture du pavot peut également réussir
avec le semoir Krummenacher.
Le semoir Sembdner présente aussi des propriétés
intéressantes pour la culture du pavot. Avec une très
faible quantité de semences, 0,75 kg/ha, des rendements
satisfaisants n’ont été obtenus que dans un des trois
essais. Comme cet outil a déjà un rouleau intégré, il n’est
pas nécessaire de procéder au tassage du sol recom-
mandé avant le semis. Ce système garantit, notamment
par rapport au semoir Krummenacher, un enfouisse-
ment régulier des graines en profondeur.
Dans l’ensemble, le semis en ligne a donné, suivant le
site et l’année, un rendement en graines intéressant. Il
faut notamment citer le semis en ligne dans les condi-
tions de l’agriculture biologique avec une densité de
semences élevée. C’est avec cette combinaison que les
rendements les plus stables ont été réalisés durant les
trois années d’essai (fig. 4).
Les effets positifs potentiels d’une faible densité de
semis plus sont très importants notamment dans l’agri-
culture biologique. La concurrence intra-spécifique
moins marquée et l’investissement ciblé des éléments
nutritifs disponibles en quantité limitée (notamment au
début de la période de végétation) sur un plus petit
nombre de plantes par mètre carré se traduisent au final
par des plantes plus solides. Elles peuvent alors former
des capsules plus grandes et faire plus d’ombre, tout au
moins à un stade ultérieur, à la flore adventice. L’impor-
tant est toutefois que jusqu’à la fin de la formation des
rosettes, la concurrence des adventices puisse être jugu-
lée ou tout au moins largement limitée et qu’il n’y ait
pas de dégâts supplémentaires dus aux limaces pendant
la levée ou au froid durant l’hiver.
Lorsque les éléments nutritifs sont aisément disponibles,
les peuplements plus denses sont moins problématiques.
C’est pourquoi dans ce cas, il est recommandé de ne pas
opter pour une densité de semences trop réduite, pour
éviter les peuplements lacunaires suite à d’éventuelles
pertes en hiver.
2009, 2010 et 2011) et 17 dt/ha (Flawil 2009), de très bons
rendements ont été atteints dans de bonnes conditions.
En 2010, les rendements à Flawil (site PI) étaient relative-
ment bas, ce qui s’explique par le sol pierreux et la levée
irrégulière qui s’en est suivie. Bien que le sol ait été simi-
laire en 2009 à Flawil, les conditions météorologiques
plus favorables pendant la levée ont donné un meilleur
peuplement, avec des répercussions directes sur le ren-
dement. En 2011, à Zurich-Seebach (site bio), de faibles
densités de semis ont permis d’atteindre des rendements
d’environ 14 dt/ha, comparables aux rendements obte-
nus avec des densités de semis élevées. Avec de faibles
quantités de semis, les plantes de pavot ont développé
de plus grandes capsules, ce qui, dans le cas de densités
de peuplement régulières, a également conduit à d’ex-
cellents rendements (fig. 4). Sur le site bio en 2010 et
2011 (r = –0,76; p < 0,001) comme sur le site PI en 2010
(r = –0,58; p < 0,05), une corrélation négative et statisti-
quement significative a été constatée entre la quantité
de semis et le diamètre des capsules (fig. 4). Cette obser-
vation confirme que le développement des plantes est
influencé par la densité de semis, voire par la densité du
peuplement.
Bien qu’avec le semoir Krummenacher, la levée au
champ ait été relativement bonne et que les plantes
aient été régulièrement réparties, la quantité de
semences choisie a eu pour résultat un peuplement très
dense, avec des plantes ayant tendance à être trop
petites avec de très petites capsules (Zurich-Seebach;
Figure 3 | Profil d’acide gras des quatre variétés de pavot d’hiver comparées sur le site de Zurich-Seebach (2009). C16:0 = acide pal-mitique, C16:1 = acide palmitoléique. C17:0 = acide margarique, C18:0 = acide stéarique, C18:1 = acide oléique, C18:2 = acide lino-léique, C18:3 = acide linolénique, C20:0 = acide arachidique.
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 280–285, 2014
Zeno Morphex Josef Zeno 2002 ZenoVariétés
%
100
80
60
40
20
0
284
Production végétale | Essais variétaux et culturaux sur le pavot d’hiver
C o n c l u s i o n s
Dans de bonnes conditions, le pavot d’hiver peut donner
des rendements intéressants d’environ 15 dt/ha. Le pavot
d’hiver ne permet pas forcément de réaliser de meilleurs
rendements que le pavot de printemps mais il peut profi-
ter de meilleurs conditions de semis en automne. Globale-
ment, on peut considérer que le pavot se caractérise par
une très grande capacité d’adaptation en ce qui concerne
les rendements, car il forme des capsules plus grandes
avec plus de graines lorsque les densités de peuplement
sont plus faibles. Par conséquent, il est possible d’utiliser
différentes techniques et quantités de semis pour cette
culture. Les effets sur la densité du peuplement et finale-
ment sur le rendement dépendent beaucoup des condi-
tions pédoclimatiques ainsi que de la disponibilité des
éléments nutritifs et de la pression des adventices des par-
celles. Il est vivement recommandé de rouler le sol avant
de procéder au semis, pour que les graines puissent être
placées à faible profondeur et le plus régulièrement pos-
sible. Lorsque le sol est sec, il est également recommandé
de tasser le sol après le semis pour favoriser le contact du
sol avec la graine. Avant de débuter la production de
graines de pavot – dans la mesure où la récolte n’est pas
directement commercialisée – il est indispensable de
prendre soin de prévoir le conditionnement de la récolte
(triage et séchage) ainsi que sa prise en charge. n
Remerciements
Nous remercions la fondation Hauser (Weggis) pour son soutien financier ainsi que la famille Götsch et le centre agricole SG à Flawil pour leur précieuse collabo-ration. Les profils d’acides gras ont été déterminés par Oleificio Sabo (Manno).
Rend
emen
t en
grai
nes
(dt/h
a)Re
ndem
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n gr
aine
s (d
t/ha)
Flawil
Zurich-Seebach
20
15
10
5
20
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
40
35
30
25
10
040
35
30
25
10
0
Diam
ètre
des
cap
sule
s (m
m)
Diam
ètre
des
cap
sule
s (m
m)
Semb 3,5 Drill 3,2 Krum 3,2 Semb 1,5 Semb 0,75 Drill 0,75
Semb 3,5 Drill 3,2 Krum 3,2 Semb 1,5 Semb 0,75 Drill 0,75
Procédé (semoir/quantité de semences (kg/ha)
Rendement 2009
a a ab ab b ab
a a ab abb
ab
Rendement 2010
Rendement 2011
Diamètre des capsules 2010
Diamètre des capsules 2011
Figure 4 | Rendement moyen en graines (dt/ha avec 13 % H2O) et diamètre des capsules (mm) de la variété de pavot d’hiver Zeno 2002 sur les sites de Flawil (en haut) et de Zurich-Seebach (en bas) pour différentes densités de semis (0,75; 1,5, 3,2 resp. 3,5 kg/ha) et différents procédés (semoir Sembdner, semis en ligne, semoir Krummenacher) en 2009, 2010 et 2011. Les lignes correspondent à l’erreur standard. Des lettres différentes au sein des années indiquent des différences significatives (test HSD Tukey, P < 0,05).
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 280–285, 2014
285
Essais variétaux et culturaux sur le pavot d’hiver | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Bibliographie b AFD, 2014. Statistique du commerce extérieur de la Suisse. Administrati-on fédérale des douanes, Berne. Accès: http://www.swiss-impex.ezv. admin.ch/ [9.4.2014].
b FAO, 2014. FAOSTAT database 2013. Food and Agriculture Organization of the United Nations, Rom. Accès: http://faostat3.fao.org [29.4.2014].
b Frick C. & Hebeisen T., 2005. Mohn als alternative Ölpflanze. Agrarfor-schung 12 (1), 4–9.
b Koblet R., 1965. Der Mohn. In: Der landwirtschaftliche Pflanzenbau unter besonderer Berücksichtigung der Schweizerischen Verhältnisse. Birkhäu-ser Verlag, Basel und Stuttgart, 218–219.
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 280–285, 2014
Variety and cultivation trials with winter-
hardy poppy
Poppy (Papaver somniferum L.) is a tradi-
tional field crop of Switzerland. During the
Second World War, it was still grown on
around 1300 ha with a view to the country
becoming self-sufficient in cooking oil.
Today, poppy is only grown in Switzerland
on a few hectares. With the entry into force
of the 2014–2017 agricultural policy, how-
ever, the cultivation of poppy is now
supported by the oilseed production
payment (CHF 700/ha). In addition to
comparing the low-morphine, winter-hardy
varieties «Zeno», «Zeno Morphex», «Zeno
2002» and «Josef», Agroscope has studied
also the effects of various sowing tech-
niques and seed quantities on yield with the
variety «Zeno 2002». The study shows that
winter poppy can also be grown in Switzer-
land, and that attractive yields of around
15 dt/ha can be achieved under good
conditions. A key factor for successful
cultivation is the creation of favourable
conditions for a regular and rapid emer-
gence. Different sowing techniques and seed
quantities are suitable for this, depending
on site and weather conditions, nutrient
availability and weed pressure. Rolling the
soil before sowing is urgently recommended.
Whether the subsidies provided under the
2014–2017 agricultural policy will wake the
poppy from its current slumber, only the
future will tell.
Key words: poppy, variety, field trial,
Switzerland, organic farming.
Prove varietali e di coltivazione con il
papavero resistente alle basse temperature
Il papavero (Papaver somniferum L.) è una
tipica coltura campicola della Svizzera. Se
durante la Seconda guerra mondiale veniva
coltivato su un'estensione di circa 1300 ha
per l'autoapprovvigionamento di olio
alimentare, oggi, invece, sono pochi gli ettari
destinati alla coltivazione del papavero in
Svizzera. Con la Politica agricola 2014–2017,
la coltura del papavero da oppio viene ora
sostenuta mediante i contributi per la
trasformazione dei semi oleosi (700 fr./ha).
Agroscope ha, da una parte, comparato fra
loro le varietà a basso contenuto di morfina
resistenti al freddo invernale Zeno, Zeno
Morphex, Zeno 2002 e Josef e, dall’altra, ha
esaminato con la varietà Zeno 2002 gli
effetti di varie tecniche di semina e quantità
delle sementi sulla resa. Lo studio dimostra
che il papavero resistente alle basse tempe-
rature può essere coltivato anche in Svizzera
e che, in presenza di condizioni propizie, si
possono ottenere rese interessanti di circa 15
q/ha. L’elemento fondamentale per garantire
la riuscita della coltivazione è la creazione di
condizioni favorevoli a un'emergenza delle
sementi rapida e regolare. A seconda delle
condizioni geografiche e atmosferiche del
sito, della disponibilità di sostanze nutritive
e della diffusione di malerbe si rivelano
adatte diverse tecniche di semina e quantità
delle sementi. Si raccomanda vivamente di
spianare il terreno prima della semina. Solo
in futuro saremo in grado di stabilire se
l'incentivo della Politica agricola 2014–2017
riuscirà a svegliare il papavero dal suo
sonno.
286 Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 286–291, 2014
y a actuellement en Europe des variétés qui, dans de
bonnes conditions, réalisent régulièrement des rende-
ments de 10 t/ha. «Dans de bonnes conditions» signifie
en particulier: suffisamment d’azote est disponible avant
et après floraison afin de délivrer une qualité boulan-
gère acceptable pour le marché européen, sans toutefois
atteindre le niveau qualitatif attendu en Suisse. Ces der-
nières décennies, lorsque la prise en charge de la produc-
tion de blé était garantie par le gouvernement, un
niveau exceptionnel de qualité boulangère et une bonne
résistance aux maladies étaient considérés comme un
choix évident pour la sélection publique des variétés
suisses (fig. 1). Avec la libéralisation du marché, ces qua-
lités doivent être combinées avec un meilleur rendement
pour rester attractives en Suisse et dans le monde (Fos-
sati et Brabant 2003).
Renouvellement des semences et sélection privée
Le pain reste une part essentielle de notre alimentation.
La culture du blé ainsi que sa sélection doivent donc
garder une place importante pour notre agriculture. Le
blé doit continuellement être amélioré car, cultivé main-
tenant sur tous les continents, il rencontre toujours de
nouveaux ravageurs et de nouvelles races de patho-
gènes. Ceci exige une sélection constante pour la résis-
tance. Les variétés qui seront nécessaires en 2030 doivent
déjà être planifiées cette année et les premiers croise-
ments effectués l’année prochaine (Stamp 2011). Ces
futures variétés doivent apporter de bons rendements,
une très bonne qualité et offrir aux agriculteurs une
grande stabilité du rendement par une grande robus-
tesse face au gel, à la chaleur, à la sécheresse et aux
humidités excessives. Ce progrès est-il suffisamment
rétribué ? Non ! Sans un renouvellement suffisant de la
semence, les sélectionneurs manquent de moyens.
Même si, dans certains pays de l’UE, il existe depuis
quelques années un système de redevance également
pour les semences de ferme, le niveau des redevances est
très bas. La semence hybride, à l’exemple du maïs,
implique un taux de renouvellement de semence très
élevé. C’est pourquoi, il y a un nombre aussi considé-
I n t r o d u c t i o n
Il y a cent ans, A. Nowacki, professeur d’agronomie de
l’EPF Zurich, écrivait qu’après trente ans de travail, le
rendement des céréales avait augmenté de 1,1 à 1,6 t/ha
dans l’empire d’Allemagne. Déjà autrefois, les bateaux à
vapeur permettant l’importation bon marché de blé
panifiable de l’Amérique du Nord, stimulaient le besoin
d’améliorer la productivité du blé. À l’exception de la
Suisse, les Européens avaient déjà commencé à croiser
leurs variétés avec les blés américains et anglais, très pro-
ductifs mais de faible qualité boulangère (Porsche et
Taylor 2001). Après la Première Guerre mondiale, en plus
du rendement pour garder un niveau minimal d’autosuf-
fisance, la qualité boulangère a repris de l’importance. Il
L’avenir de la sélection du blé
Peter Stamp1, Dario Fossati2, Fabio Mascher2 et Andreas Hund1
1ETH Zurich, Institut des sciences agronomique, 8092 Zurich, Suisse2Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260 Nyon, Suisse
Renseignements: Peter Stamp, e-mail: [email protected]
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Figure 1 | Les sélectionneurs d’Agroscope sont attentifs aux résis-tances contre les maladies.
L’avenir de la sélection du blé | Production végétale
287
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 286–291, 2014
En Suisse, la sélection publique possède une
longue tradition de création de variétés de
haute qualité boulangère. Il reste à en
améliorer le potentiel de rendement. Dans le
reste de l’Europe, où la sélection est presque
exclusivement privée, le rendement a été
l’objectif prioritaire pendant plus de 100 ans.
La qualité boulangère n’a été longtemps
qu’un objectif secondaire. Le progrès de
rendement des blés fourragers est d’environ
1 % par an, mais pour garantir une sécurité
alimentaire globale, il devrait être de 2,5 %.
Pour y parvenir, des investissements bien
plus importants seraient nécessaires, alors
que les royalties pour cette espèce sont
encore faibles. Dans certains pays, le taux de
renouvellement de semence n’est plus que
de 50 %. Dans cette situation, on ne peut
espérer d’importants progrès de sélection,
d’autant plus que l’indice de récolte – la part
du grain par rapport à la matière sèche
aérienne de la plante – a probablement
atteint son optimum, avec plus de 50 %, et a
perdu son rôle comme moteur du progrès.
Une autre voie propose le doublement de
l’efficacité photosynthétique. Néanmoins,
cela exige la reconstruction d’un appareil
photosynthétique issu de trois milliards
d’années, ce qui ne sera probablement pas
réalisé ces prochaines décennies. La sélection
devient plus rapide et plus précise grâce aux
outils de la biologie moléculaire. Pour le blé,
l’utilisation de ces outils n’en est qu’à ses
débuts. L’utilisation et l’intégration judi-
cieuse de tous les moyens sont nécessaires
pour que les nouvelles variétés soient
adaptées, malgré un rapide changement
climatique, aux excès d’humidité, de séche-
resse, de froid et de chaleur, ainsi que
résistantes aux ravageurs et aux maladies.
rable de sélectionneurs de maïs à travers le monde, car
les firmes de sélection peuvent planifier des investisse-
ments à long terme. Dans le blé, le taux de renouvelle-
ment de semence, par exemple en Allemagne, en France
ou en Italie, n’atteint qu’environ 50 % (Curtis et Nilson
2012). Un taux qui n’est certainement pas suffisant pour
maintenir une sélection forte pour les espèces auto-
games telles que le blé ou l’orge. En Suisse, il est cepen-
dant réjouissant d’observer que ce taux de renouvelle-
ment est supérieur à 90 % (Willy Wicki, DSP, pers. com.).
Sélection satisfaisante, avenir à assurer
Durant le dernier siècle, les rendements en grains
atteints par les agriculteurs ont progressé rapidement
(Hategekimana et al. 2012). Mais si on compare la masse
biologique aérienne d’anciennes et de nouvelles variétés
dans des conditions optimales de fumure et sans dégâts
de verse, le progrès est maigre. Par contre, l’index de
récolte, la part du grain par rapport à la masse aérienne
totale, a été augmentée, passant de 35 % à plus de 50 %
(Peltonen-Saino et al. 2008). Grâce à des tiges plus
courtes, la résistance à la verse a été améliorée. Ainsi,
des doses physiologiquement optimales de fumure azo-
tée peuvent être apportées lors des phases décisives de
la croissance. Les articles de revues de littérature
constatent cependant que le rendement du blé stagne
en Europe depuis environ vingt ans. Ceci est causé par
plusieurs facteurs. D’une part, l’augmentation de l’in-
dice de récolte, qui dépasse 50 % depuis plusieurs décen-
nies, ne peux plus être un facteur principal de l’augmen-
tation du rendement. D’autre part, les réglementations
de la production agricole, reflétant l’écologisation sou-
haitée par la société, diminuent les possibilités de contrô-
ler la croissance et l’état sanitaire des cultures par les
intrants. Enfin, le changement climatique exerce dans
nos régions un effet négatif sur le rendement du blé
(Brisson et al. 2010). L’ensemble de ces facteurs masque
le progrès génétique qui, lui, n’a pas ralentit. La sélec-
tion en Suisse donne une place importante au taux de
protéine, ce qui limite la progression du rendement. Le
rendement maximal, atteint lorsque la variété est culti-
vée de manière intensive, doit cependant être comparé
avec le rendement économiquement optimal réalisé pra-tiquement par les meilleurs agriculteurs. Dans les pays
avancés, ce rendement se situe à environ 80 % du rende-
ment maximal. Pour ce rendement pratique, le progrès
génétique est d’environ 1 % par an pour des blés de qua-
lité moyenne. Néanmoins, pour assurer une sécurité ali-
mentaire à l’horizon des années 2050, il faudrait que ce
progrès soit de 2,5 % par an (Fischer et Edmeades 2010).
Il faut développer de nouveaux moyens d’améliorer la
qualité boulangère et le rendement, qui restent les buts
Production végétale | L’avenir de la sélection du blé
288
prioritaires de la sélection du blé. Les bases biochimiques
de la qualité boulangère sont relativement bien connues.
Le gluten y joue un rôle essentiel. Il est composé de diffé-
rents types de protéines de réserve du grain, des gliadines
ainsi que de plus grosses molécules, les glutenines. Ces
protéines riches en acides aminés soufrés sont essentielles
pour la cohésion entre les protéines du gluten. Elles
assurent la bonne tenue des pâtes lors des fermentations
et de la cuisson même si, sur le plan nutritionnel, elles
sont largement inutiles. Il est nécessaire que le sol soit
suffisamment fourni en souffre pour produire de bons
rendements avec des blés panifiables à plus de 12 % de
protéines. Le rapport entre ces types de molécules, leurs
compositions et les interactions très complexes avec les
autres composantes de la pâte sont les principaux déter-
minants de la qualité boulangère. Bien que la base géné-
tique des molécules les plus importantes soit bien connue,
elle n’est pas encore suffisamment utilisée pour faire en
routine un pronostic de la qualité boulangère des lignées
de sélection au laboratoire (Gobaa et al. 2007). Pendant une centaine d’année, les principales cibles
d’amélioration du rendement ont été une meilleure
répartition entre le grain et la paille, accompagnée
d’une augmentation du nombre de grains produits à
l’hectare. Nous ne connaissons pas encore des caracté-
ristiques aussi importantes sur le plan physiologique ou
moléculaire qui permettraient de continuer à augmen-
ter le rendement aussi rapidement. Prolonger la durée
de vie de la feuille après floraison est certainement, avec
l’index de récolte, très important pour la croissance du
grain et du rendement. La durée de vie de la feuille est
constamment menacée par les maladies, les ravageurs,
la chaleur et la sécheresse. Ceci explique l’importance
des résistances et des tolérances biotiques et abiotiques.
Si les espèces sauvages apparentées au blé ont bien des
taux de photosynthèse très élevés, leurs feuilles meurent
rapidement après la floraison. Les blés actuels peuvent
déjà avoir une longue durée de vie foliaire lorsque la
disponibilité en azote est bonne. L’exemple du maïs du
type «stay-green» où, dans les cas extrêmes, les grains
sont récoltés alors que leurs feuilles sont encore vertes,
montre l’intérêt limité d’améliorer la durée de vie des
feuilles. D’où la conclusion que, pour la sélection du blé
et pour ces prochaines décennies, il n’y a pas de sauts
importants en vue. Toutefois, il existe une lueur d’espoir.
L’amélioration du rendement dans des variétés de blé et
de maïs a pu être attribuée à un rendement photosyn-
thétique amélioré (Stamp 2011).
Phénotypage
Sélection
Biologie
Génétique/Biotechnologies
Informatique
Ingrédients/Qualité
Agronomie
Physiologie,Phénomique
Figure 2 | La sélection moderne est la mise en commun de connaissances complexes.
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 286–291, 2014
L’avenir de la sélection du blé | Production végétale
289
peut conduire à de nouvelles variétés que si le sélection-
neur domine tous les processus (fig. 2). Depuis plus de
deux décennies, des discussions sur les potentiels d’utili-
sation des nouvelles connaissances au niveau molécu-
laire ont lieu. Ces discussions intenses sont renforcées
par les progrès rapides et continus concernant la connais-
sance des structures, des fonctions des gènes et de leurs
interactions très complexes dans la formation des pro-
priétés de la plante (Stamp et Visser 2012). Souvent, l’in-
térêt se concentre malheureusement uniquement sur le
génie génétique et son potentiel, par l’insertion de
gènes individuels, pour remédier à une faiblesse d’une
variété très bonne par ailleurs. Alors, qu’au-delà du
génie génétique, la génétique moléculaire cherche plus
largement à décoder le génome d’une plante, soit tous
les gènes d’une plante et leurs interactions. En identi-
fiant les gènes d’importance, elle a permis de développer
des marqueurs moléculaires, outils indispensables de la
sélection assistée par marqueurs (SAM). Une autre
approche est considérer plus globalement l’ensemble du
génome, pour évaluer la valeur d’une plante et la sélec-
tionner. Toutefois, dans le blé, cette «sélection géno-
mique» en est seulement à ses débuts. La dite «sélection
intelligente» («smart breeding») devrait finalement
intégrer au mieux toutes les techniques convention-
nelles et de la biologie moléculaire, pour sélectionner
plus rapidement et plus précisément (Lusser et al. 2012).
Ainsi, théoriquement, le sélectionneur pourrait, dès le
choix des parents et lors du développement des lignées,
Dans la même veine, selon des calculs encore très théo-
riques et hypothétiques de biochimistes, on pourrait
doubler la performance des plantes en modifiant fonda-
mentalement les activités enzymatiques et d’autres pro-
cessus pour adapter le blé à l’augmentation de la teneur
en CO2 de l’atmosphère (Zhu et al. 2010). C’est de la
musique d’avenir et une tâche pour les décennies à venir.
Actuellement, il faut davantage étudier comment amé-
liorer le rendement photosynthétique pendant la florai-
son afin d’augmenter encore le nombre de grains au
mètre carré. Traduire les progrès de la biologie molécu-
laire moderne en des critères de sélection directement
utilisables par les sélectionneurs reste un défi majeur.
L’amélioration génétique aujourd’hui
L’objectif pour les années à venir est d’améliorer la vita-
lité globale de la plante, y compris une amélioration de
la tolérance aux maladies et aux changements clima-
tiques. Ces objectifs de sélection ont aussi leurs limites,
car les tolérances de la plante entraînent souvent «des
coûts» supplémentaires, à travers des activités ou des
interactions avec des processus métaboliques. Ceci a été
montré par exemple avec l’introduction de gènes de
résistance supplémentaires dans la variété Arina (Ortelli
et al. 1996). D’autre part, les nouveaux outils de sélec-
tion apportés par la génétique moléculaire sont de plus
en plus aisément disponibles pour les sélectionneurs. Ils
ont longtemps été au centre de l’intérêt public, mais la
sélection moderne est une entreprise complexe; elle ne
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 286–291, 2014
Engrainsauvage
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Figure 3 | L’ascendance du blé panifiable. (source: www.sortengarten.ethz.ch)
290
Production végétale | L’avenir de la sélection du blé
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vérifier que tous les gènes souhaités de résistance aux
maladies, de qualité boulangère ou propices au rende-
ment soient bien présents. C’est prometteur, mais cepen-
dant, pour le blé, pas si facile à mettre en œuvre rapide-
ment. En comparaison, le riz a un très petit génome, alors
que le blé tendre réunit trois génomes complets de trois
espèces sauvages différentes bien qu’apparentées et pos-
sède ainsi un génome immense, cinq fois plus grand que
celui de l’être humain (fig. 3). Il n’est donc pas surprenant
qu’un premier décodage du génome du blé n’ait été réa-
lisé qu’en 2009 sur la variété modèle «Chinese Spring».
L’utilisation et la traduction de ces connaissances scienti-
fiques dans une nouvelle variété ne sont pas attendues
avant 2030 (Brenchley et al. 2011). Cependant, ces der-
nières années, la détection de gènes d’intérêts est deve-
nue vingt fois moins chère et beaucoup plus rapide. Ainsi,
des propriétés peuvent être diagnostiquées et sélection-
nées en utilisant la technologie des puces à ADN.
Les ressources génétiques dans les banques de
gènes constituent toujours un énorme potentiel de
gènes encore sous-exploités. Il existe des centaines de
milliers d’accessions d’ancêtres du blé, de variétés
locales ou d’anciens blés à travers le monde. De nom-
breux gènes de résistance aux maladies peuvent y être
trouvés, comme l’a démontré une étude de l’Université
de Zurich (Bhullar et al. 2010). Toutefois, le sélection-
neur ne sera intéressé au gène identifié dans les res-
sources génétiques que s’il peut l’introduire rapide-
ment et avec précision dans une variété moderne à
l’aide de marqueurs, par rétrocroisement ou, si appro-
prié, par génie génétique.
C o n c l u s i o n s
En Suisse, depuis plus de cent ans, le blé a été sélectionné
avec les mêmes objectifs pour combiner à un haut niveau
la qualité boulangère, la productivité et les résistances.
En Europe, il y a maintenant des variétés productives et
de bonne qualité boulangère. Avec l’intérêt renouvelé
pour la sélection du blé par de grandes entreprises, on
peut s’attendre à un progrès génétique plus rapide,
comme c’est déjà le cas dans le maïs. Grâce au choix judi-
cieux de ses objectifs à long terme, le programme
d’Agroscope, bien que de dimension modeste, a le
potentiel de relever ces défis. Les moyens engagés, com-
binés avec l’expertise scientifique et professionnelle des
sélectionneurs, ont prouvé par le passé que même la
sélection publique peut profiter des opportunités de
marché grâce à une coopération efficace avec DSP. De
plus, le «microcosme» helvétique offre des possibilités
de connecter aisément les recherches des EPF et des uni-
versités cantonales concernant la sélection dans une
situation gagnant-gagnant. En d’autres termes, par des
ajustements mineurs de leurs objectifs, les projets de
recherches et de la sélection peuvent mutuellement
s’enrichir. Ces collaborations nationales pourront ainsi
s’intégrer plus efficacement au niveau international, par
exemple à travers la «Wheat Initiative». Seuls ceux qui
peuvent donner reçoivent quelque chose en retour. n
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 286–291, 2014
291
L’avenir de la sélection du blé | Production végétale
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Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 286–291, 2014
The future of wheat breeding
Unlike the situation in the European Union,
where wheat breeding is almost exclusively
in the hands of the private sector, public
breeding of disease-resistant wheat with
high baking quality has a long-standing
tradition in Switzerland. Important increases
in yield potential are still possible here. After
World War I, wheat yield in other European
countries increased rapidly due to a focus on
mass production and a demand for high
baking quality. The current annual breeding
progress in mass-produced wheat remains at
1 %, and large investments would be
necessary to raise this rate to the 2.5 %
required for global food security. However,
investment does not pay back when seed
rotation is reduced to 50 % as it is the case in
some countries. Therefore, significant yield
leaps cannot be expected in the near future.
As the harvest index—the driving trait of
the Green Revolution—is close to its theo-
retical maximum above 50 % and thus no
longer drives progress, smart-breeding may
allow fast and precise breeding. Smart-
breeding combines cheap and efficient
molecular tools with new phenotyping
techniques to produce novel varieties, such
as hexaploid bread wheat. The theoretical
possibility of doubling the photosynthetic
efficiency is a silver line at the horizon, but it
demands fundamental changes to an
age-old breeding system. In the face of
climate change and ongoing globalization,
the reasonable use of new breeding tools
will help us develop new productive wheat
varieties that are tolerant to rapid changes
from hot to cold or flooding to drought and
are resistant to pests and diseases.
Key words: wheat breeding; breeding
investments; smart-breeding; baking quality.
L'avvenire del miglioramento genetico del
frumento
In Svizzera il contributo di istituzioni
pubbliche alla selezione di frumento può
vantare una lunga tradizione nella
produzione di varietà sane e di elevata
qualità panificabile ed esiste tuttora un
buon margine per migliorare il potenziale
di rendimento. Diversa è la situazione nel
resto d’Europa, dove la selezione è
prevalentemente organizzata da enti
privati. Un secolo fa la loro preoccupa-
zione primaria era la resa, ed è solo
qualche decennio più tardi che si assiste a
un riorientamento verso la qualità. Oggi
l’aumento di rendimento delle varietà più
comuni languisce intorno all’ 1 %, mentre
sarebbe necessario un aumento del 2,5 %
per nutrire la popolazione mondiale. Un
tale progresso necessiterebbe di maggiori
investimenti, che però mancano a causa
delle basse riscossioni legate alle licenze.
In certi Paesi il tasso di rinnovamento della
semenza è inferiore al 50 % e non ci si può
dunque aspettare salti impressionanti nei
rendimenti. Inoltre l’indice di resa, cioè la
percentuale di grano nella massa aerea
della pianta, si attesta intorno al 50 % e
ha probabilmente raggiunto l’optimum
biologico, perdendo il suo ruolo come
stimolo di progresso. D’altra parte, la
selezione diventa più precisa e celere
grazie all’impiego di metodi molecolari,
noti anche come «smart breeding». Per il
grano tenero si è ancora agli inizi. Si mira,
è vero, a un raddoppiamento dell’effi-
cienza fotosintetica, ciò comporta tuttavia
una ricostruzione dell’intero sistema
fotosintetico vecchio di 3 miliardi d’anni
che giungerà a completamento solo nel
prossimo secolo. Di conseguenza, l’im-
piego intelligente di tutti i mezzi a
disposizione è indispensabile per rispon-
dere al cambiamento climatico con nuove
varietà più adatte ai giochi d’alternanza
tra periodi umidi e di siccità, e ondate di
freddo e di calore. Lo stesso dicasi per
l’adattamento alla diffusione di nuovi
parassiti e malattie in un mondo sempre
più globalizzato.
292 Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 292–299, 2014
ressources, c’est-à-dire pour l’eau, les éléments nutritifs
et la lumière, et d’autre part des éventuels effets allélo-
pathiques des cultures implantées. L’allélopathie est
définie comme tout effet direct ou indirect, positif ou
négatif, d’une plante sur une autre, par le biais de com-
posés biochimiques libérés dans l’environnement (Rice
1984). La plupart du temps il s’agit d’un effet inhibiteur
d’une plante (donneur) sur le développement (germina-
tion et croissance) d’une autre plante (receveur). Les
composés allélochimiques peuvent être libérés des
plantes donneuses par volatilisation, lessivage des
feuilles, décomposition des résidus ou exsudations raci-
naires. La grande difficulté est de séparer les facteurs de
compétition pour les ressources des effets allélopa-
thiques. Plusieurs auteurs estiment que cela est pratique-
ment impossible dans des systèmes naturels (He et al.
2012; Inderjit et del Moral 1997).
I n t r o d u c t i o n
Depuis de nombreuses années, l’implantation des
cultures intermédiaires, notamment des couverts végé-
taux, augmente sur le territoire helvétique et est encou-
ragée par les autorités suisses. Les cultures intermé-
diaires sont des végétaux implantés entre deux cultures
principales et ne sont pas destinées à être récoltées
(Arvalis 2011). Elles rendent des services écosystémiques,
comme la réduction de la lixiviation, la fourniture
d’azote à la culture suivante, la réduction de l’érosion,
l’amélioration de la structure et des propriétés hydriques
du sol, la réduction de la pression parasitaire sur les
cultures et l’empêchement du développement des
adventices (Justes et al. 2012). Plusieurs facteurs inter-
viennent dans la suppression des adventices par les cou-
verts végétaux. Il y a d’une part la concurrence pour les
Suppression des adventices par les couverts végétaux: différents facteurs analysésFrédéric Tschuy, Aurélie Gfeller, Roger Azevedo, Caroline Khamissé, Lydie Henriet et Judith Wirth
Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260 Nyon, Suisse
Renseignements: Judith Wirth, e-mail: [email protected]
Vue d’ensemble de l’essai au champ. (Photo: Frédéric Tschuy)
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Suppression des adventices par les couverts végétaux: différents facteurs analysés | Production végétale
293
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 292–299, 2014
Les cultures intermédiaires représentent une
technique culturale de plus en plus répandue
en Suisse en raison de leurs services écosys-
témiques, dont la suppression des adventices.
Ce phénomène peut être expliqué par
l’action conjointe de facteurs de compétition
(pour l’eau, la lumière et les éléments
nutritifs) et des éventuels phénomènes
allélopathiques (interactions biochimiques
entre les plantes). Pour mieux comprendre
les phénomènes de suppression des adven-
tices par les couverts végétaux, nous avons
mis en place un essai au champ permettant
de mesurer l’effet de trois couverts sur la
croissance des adventices, notamment de
l’amarante. De plus, nous avons tenté de
comprendre le rôle des différents facteurs de
suppression par l’installation d’un nouveau
dispositif expérimental. Il s’agissait d’étudier
séparément l’effet dû à la compétition pour
la lumière par les couverts et l’effet dû aux
phénomènes allélopathiques suite à des
interactions racinaires entre les couverts et
les amarantes. Durant cette première année
d’essai, la compétition pour la lumière a pu
être fortement réduite; toutefois, pour des
raisons méthodologiques, les interactions
racinaires n’ont pas pu être totalement
supprimées au champ. Les résultats intermé-
diaires ont montré le rôle important de la
concurrence pour la lumière dans le contrôle
des adventices au champ. En revanche, le
rôle de l’allélopathie n’a pas encore pu être
observé.
Pour mettre en évidence le phénomène d’allélopathie,
la plupart des essais sont effectués en laboratoire ou en
serre en conditions contrôlées. De nombreuses études
utilisent des méthodes d’extraction à l’eau ou à l’étha-
nol des parties aériennes et/ou des racines pour des tests
de germination avec des graines de cresson ou de laitue
par exemple (Kalinova et Vrchotova 2009). En conditions
naturelles, l’étude est plus complexe car les interactions
biotiques et abiotiques du sol peuvent influencer la
présence des composés allélopathiques. De même, les
multiples formes de concurrence entre les plantes sont
susceptibles de masquer les effets allélopathiques
recherchés (Inderjit et Callaway 2003). Pour l’étude pré-
sentée ici, les trois espèces choisies (sarrasin, sorgho et
moutarde brune) sont connues pour leur forte suppres-
sion des adventices pendant leur culture au champ
(Kumar et al. 2009; Tominaga et Uezu 1995; Weston et al.
2013). Le but de cet essai au champ est de comprendre
pourquoi les cultures intermédiaires vivantes suppri-
ment les adventices et de mettre au point un système
permettant de séparer les différents facteurs de concur-
rence, notamment l’ombrage, des éventuels phéno-
mènes allélopathiques, afin de pouvoir ensuite caracté-
riser et évaluer différentes espèces ou variétés de
couverts végétaux sur ce dernier critère. Une fois un
phénomène d’allélopathie prouvé, nous chercherons à
identifier et à quantifier les composés allélochimiques
dans le sol.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Matériel végétal utilisé
Les semences ont été obtenues auprès de Semences UFA.
Il s’agit des espèces et variétés suivantes: Fagopyrum
esculentum Moench (sarrasin, variété Lileija), Sorghum
bicolor Moench x Sorghum sudanense (Piper) Stapf (sor-
gho hybride, variété Haykin) et Brassica juncea (mou-
tarde sarepta, variété Vitasso). Les graines d’Amaranthus
retroflexus (amarante réfléchie) ont été fournies par
Herbiseed (Twyford, Angleterre).
Mise en place de l’essai au champ
Après un labour à 22 cm de profondeur réalisé le 5 août
2013, les trois espèces ont été semées le 6 août 2013 sur
un sol limono-argileux (29,1 % d’argile, 42 % de limon,
28,9 % de sable, MO 2,2 %, pH 8). Le précédent cultural
était de la luzerne (Medicago sativa) semée le 30 mars
2012. Les couverts végétaux ont été semés avec un
espace interligne de 12,5 cm aux densités suivantes: sar-
rasin 75 kg/ha, sorgho hybride 60 kg/ha et moutarde
sarepta 10 kg/ha. Chaque culture était semée dans un
bloc de 48 m² divisé en quatre plates-bandes de superfi-
Production végétale | Suppression des adventices par les couverts végétaux: différents facteurs analysés
294
cie identique. Un témoin sol nu de la même surface a été
préparé similairement. Un apport de 50 kg N (nitrate
d’ammoniaque 27,5 %)/ha a été apporté le 12 août (7 JAS
(= jours après semis) sur l’ensemble de l’essai. Pour la vari-
ante expérimentale séparation des rhizosphères, des
tuyaux en pvc (profondeur 25 cm, diamètre 10 cm) ont
été enfoncés dans l’interligne des cultures ainsi que sur le
bloc sol nu (tabl. 1: variante C, D et F, N=8, Fig. 2B) le 6
août juste après le semis. Pour la variante expérimentale
absence de séparation des rhizosphères, des anneaux en
pvc (diamètre 10 cm) ont été positionnés dans l’interligne
des cultures ainsi que sur le bloc sol nu afin d’assurer la
même superficie pour les amarantes que dans les tuyaux
(tabl. 1: variante A, B et E, N=8; fig. 2A). Le même jour,
une trentaine de graines d’amarante réfléchie ont été
semées dans les tuyaux et dans les anneaux. Le 23 août
(18 JAS) les amarantes ont été éclaircies à cinq plants par
tuyau, et respectivement par anneau pour avoir une
quantité homogène de plantes par variante. Pour la vari-
ante expérimentale ombrage sur les amarantes et pour
étudier ainsi le facteur de concurrence pour la lumière,
des filets rigides en métal (1,2 sur x 0,5 mètres, mailles
12 mm) ont été placés entre les lignes des cultures (tabl. 1:
variante B et D, N=4; fig. 1) le 26 août (21 JAS).
Analyse de terre
Le 6 août, un échantillon de terre a été prélevé dans
chaque bloc pour l’analyse des éléments P, K et Mg dis-
ponibles (extraits à l’eau) et en réserve (extraits à l’acé-
tate d’ammonium + EDTA). Le 9 et le 27 septembre (35 et
53 JAS respectivement) le sol de chaque bloc a été ana-
lysé pour les éléments P, K et Mg disponibles (extraits à
l’eau saturée en CO2, selon Dirks-Scheffer). Le 3 et le
27 septembre (29 et 53 JAS respectivement) le Nmin a été
déterminé par chromatographie ionique (Agroscope
ART et ACW 2010).
Mesures du PAR
Le PAR (photosynthetically active radiation) a été mesuré
à différents moments durant l’essai (25, 31, 39, 45 et
49 JAS) avec un LI-191 Line Quantum Sensor (LI-COR
Biosciences). Les mesures ont été faites à midi lorsque le
soleil était à son zénith. Les PAR ont été déterminés aux
niveaux de la canopée et du sol des différents couverts
végétaux. La fraction du PAR interceptée (en %) a été
calculée avec la formule suivante: (1-(PAR niveau sol/PAR
niveau canopée))*100.
Détermination de la masse sèche des amarantes
Le 27 septembre (53 JAS), les amarantes présentes dans
les tuyaux et dans les anneaux ont été coupées au niveau
du sol, puis séchées pendant 24 heures à 50 °C. La masse
sèche (MS) a été déterminée.
Figure 1 | Variantes expérimentales B et D dans le couvert de sarra-sin le 28 août (23 JAS). Entre deux filets se trouvent deux tuyaux en pvc et deux anneaux avec chacun 5 plantes d’amarante. Les filets écartent le feuillage pour éviter l’ombre sur les amarantes.
Figure 2 | A) Variantes expérimentales A, B, E avec anneau et B) tuyau en pvc avec variantes C, D, F le 28 août (23 JAS) dans le sol nu. Dans chaque anneau et tuyau se trouvent cinq plantes d’amarante.
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 292–299, 2014
A) B)
Suppression des adventices par les couverts végétaux: différents facteurs analysés | Production végétale
295
tices était réduite de 99 à 100 % par rapport à celle des
adventices sur le bloc sol nu. Ces observations corres-
pondent à nos observations antérieures au champ (résul-
tats non présentés) et à celles d’autres groupes de
recherche (Kumar et al. 2009; Weston et al. 2013). Néan-
moins, la présence d’adventices dans l’ensemble de l’es-
sai était très faible en 2013 par rapport aux années précé-
dentes. En 2012 par exemple, dans un autre essai, nous
avons mesuré en moyenne 181 g d’adventices/0,25 m²
dans le témoin sol nu, par rapport à seulement 64 g d’ad-
ventices/0,25 m² en 2013. Nous supposons que la culture
d’un an et demi de luzerne a laissé un champ bien propre.
Nous avons également constaté que la présence d’ama-
rantes réfléchies dans notre essai était très faible par rap-
port à l’essai 2012. Dans les seize cadres de comptage
présents (quatre par bloc) les espèces suivantes ont été
déterminées: panic pied-de-coq (Echinochloa crus-galli),
chénopode blanc (Chenopodium album), chénopode
polysperme (Chenopodium polyspermum), luzerne culti-
vée (Medicago sativa), euphorbe réveille-matin (Euphor-
bia helioscopia), capselle (Capsella bursa-pastoris), prêle
des champs (Equisetum arvense) et laiteron rude (Son-
chus asper). Les cadres présents sur le sol nu contenaient
en moyenne onze plantes adventices.
Fertilité des sols
Au début de l’essai (06.08.13), la quantité des éléments
nutritifs en réserve était satisfaisante (P et K) ou même
riche (Mg) (tabl. 3A). Les quantités d’éléments nutritifs
Détermination de la masse sèche des adventices
Le 7 août (2 JAS), quatre cadres de comptage (0,25 m²)
ont été placés au hasard dans chaque bloc pour suivre le
nombre et la biomasse des adventices dans les couverts
durant l’essai. Le 1er octobre (57 JAS) les adventices pré-
sentes dans ces cadres ont été déterminées, comptées et
coupées au niveau du sol. Elles ont été ensuite séchées
pendant 48 heures à 50 °C pour déterminer leur masse
sèche.
Analyses statistiques
Les données ont été analysées avec R studio 3.0. Pour
chaque espèce, un test de normalité des données
(Shapiro-Wilk-test) a été effectué. L’homogénéité des
variances a ensuite été vérifiée avec le test de Levene.
Une analyse non-paramétrique a été réalisée à l’aide du
package Rfit (Rank-based Estimation for Linear Models)
(Kloke et McKean 2012). Pour le sarrasin et le sorgho,
une correction des données par le logarithme a dû être
faite. Finalement, le test de comparaison multiple de
Bonferroni a été utilisé pour observer si les différences
entre les groupes étaient significatives (p ≤ 0,5).
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Suppression totale des adventices
La suppression des adventices par les trois cultures inter-
médiaires était quasi totale (tabl. 2). Dans les trois blocs
semés avec les couverts végétaux, la croissance des adven-
variante expérimentale
séparation des rhizosphères
interactions racinaires
filetombrages sur les
amarantesprésence d’un couvert
végétal
A (-T, -F) non oui non oui oui
B (-T, +F) non oui oui non oui
C (+T, -F) oui non non oui oui
D (+T, +F) oui non oui non oui
E (-T) non – non non
F (+T) oui – non non
Tableau 1 | Dispositif expérimental au champ. T = tuyaux en pvc, F = filet, - = absence, + = présence
couverts végétaux MS adventices/0,25 m2 (g) réduction par rapport au témoin sol nu (%)
moutarde 0,09 ± 0,0 a -100*
sorgho 0,73 ± 0,4 a -99*
sarrasin 0,15 ± 0,0 a -100*
sol nu 64,03 ± 9,2 b
Tableau 2 | La masse sèche (MS) des adventices par 0,25 m2 a été déterminée 57 jours après semis. Les valeurs sont les moyennes de 4 répé-titions ± erreur standard. Les chiffres suivis de la même lettre ne sont pas significativement différents à p<0,05. Les pourcentages suivis par une étoile sont significativement différents de la matière sèche des adventices sur sol nu
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 292–299, 2014
Production végétale | Suppression des adventices par les couverts végétaux: différents facteurs analysés
296
disponibles dans le sol étaient également suffisantes
(facteur de correction selon la norme de fumure: 1,0)
pour P et K pendant toute l’expérience, tandis que les
teneurs en Mg étaient médiocres (facteur de correction
selon la norme de fumure: 1,4) (tabl. 3B) (Sinaj et al.
2009). Néanmoins, sur la base de ces analyses, nous
émettons l’hypothèse que l’ensemble des couverts végé-
taux était bien approvisionné en éléments nutritifs et
qu’ils n’ont pas subi de carence. Pour les valeurs en azote,
l’apport de 50 kg N/ha début août a permis de garantir
en fin d’essai (mesure du 27.09) un taux d’azote optimal
pour le développement des plantes (tabl. 3C). Les résul-
tats montrent également que les teneurs en éléments
nutritifs sont très similaires entre les différentes variantes
expérimentales (dont le sol nu) durant toute la période
de culture.
En résumé, une concurrence pour les principaux élé-
ments nutritifs P, K, Mg et N était peu probable, car les
plantes ont été suffisamment approvisionnées tout au
long de l’expérience. Cependant, on ne peut pas exclure
qu’il y ait eu des carences pour d’autres macronutri-
ments et/ou pour des micronutriments, ou que les subs-
tances allélopathiques éventuellement présentes dans
le sol aient agi sur l’absorption des substances nutritives
par les amarantes. Il a pu être montré que l’exsudation
de la phytotoxine 8HQ (8-hydroxy-quinoline) de centau-
rée diffuse (Centaurea diffusa Lam.) facilite également
l’absorption des métaux, notamment du fer (Tharayil et
al. 2009). Pour connaitre l’éventuel effet des exsudats
racinaires des couverts végétaux sur l’absorption des
éléments nutritifs de l’amarante, il est prévu de mesurer,
dans notre prochain essai au champ, la teneur en élé-
ments nutritifs des feuilles.
Effet de l’ombrage
Les mesures de la fraction PAR interceptée par les
cultures intermédiaires réalisées entre 25 et 49 JAS
montrent qu’à partir de 39 JAS les trois couverts végé-
taux interceptent la quasi-totalité de la lumière (entre 97
et 98 %, fig. 3, Sarrasin O, Sorgho O et Moutarde O). La
canopée du sorgho (Sorgho O) a été la plus lente à se
développer. Par contre, la présence des filets (fig. 1) a
permis de réduire considérablement l’ombrage sur les
amarantes (fractions PAR interceptées entre 0 et 9 %,
fig. 3, Sarrasin F, Sorgho F et Moutarde F). Par la suppres-
sion de la concurrence pour la lumière, l’effet de l’om-
A éléments nutritifs en réserve (mg/kg)
P K Mg
date 06.08
moutarde 42 143 337
sorgho 47 144 340
sarrasin 49 149 289
sol nu 42 141 329
B éléments nutritifs disponibles (mg/kg)
P K Mg
date 06.08 09.09 27.09 06.08 09.09 27.09 06.08 09.09 27.09
moutarde 3,1 1,8 1,8 19,0 19,0 20,0 6,1 4,8 5,2
sorgho 3,4 2,0 2,2 19,3 16,0 17,0 7,1 5,6 5,8
sarrasin 2,5 1,8 1,7 19,8 16,0 17,0 7,4 6,0 6,2
sol nu 2,6 1,6 2,1 18,9 15,0 18,0 6,6 5,2 5,4
C Nmin (kg N/ha)
date 03.09 27.09
moutarde 22,6 16,8
sorgho 34,4 23,8
sarrasin 31,4 23,2
sol nu 56,2 23,3
Tableau 3 | A) Les éléments nutritifs en réserve dans le sol ont été déterminés à la mise en place de l’essai le 06.08. B) Les éléments nutritifs disponibles dans le sol ont été déterminés le 06.08, le 09.09 et le 27.09. C) Le Nmin a été mesuré le 03.09 et le 27.09. 50 kg N (nitrate d’ammo-niaque 27,5 %)/ha a été apporté le 12.08
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 292–299, 2014
Suppression des adventices par les couverts végétaux: différents facteurs analysés | Production végétale
297
tion des rhizosphères) n’a pas eu un effet significatif sur
la croissance des amarantes (moutarde -11 et -49 %, sor-
gho -15 et 48 %, sarrasin 18 et -10 % du rapport de la
matière sèche de l’amarante entre les modalités pré-
sence et absence de tuyau) et ne peut donc pas expliquer
une partie de l’effet total de suppression, contrairement
à l’ombrage. L’essai réalisé au champ n’a sans doute pas
permis techniquement de contrôler le facteur séparation
de la rhizosphère. En effet, la séparation des rhizos-
phères par un tuyau, qui offrait l’avantage de pouvoir
être enfoncé dans le sol après le semis sans devoir creu-
ser et modifier la structure du sol, n’a pas permis d’éviter
les contacts racinaires entre l’adventice et les différents
couverts. La longueur de la racine pivotante de l’ama-
rante aurait déjà dépassé la longueur du tuyau deux
semaines après le semis (observation faite dans un essai
ultérieur en phytotron). Les racines des couverts végé-
brage des différents couverts sur la croissance de l’ama-
rante a pu être étudiée. L’effet total de suppression de la
croissance des amarantes, plus précisément le rapport
entre les variantes expérimentales D (pas de concurrence
pour la lumière, pas d’interactions racinaires) et A (fort
ombrage, interactions racinaires), était élevé pour les
trois couverts végétaux (entre 76 et 97 %) (tabl. 4A et B).
Dans notre essai, la totalité de cette suppression s’expli-
quait par l’ombrage (tabl. 4B, effet de la lumière). Il sem-
blerait donc que l’ombrage soit le facteur principal de
l’inhibition de la croissance des amarantes.
Effet des interactions racinaires
L’essai au champ n’a pas démontré que les interactions
racinaires avaient un effet suppressif sur le développe-
ment des amarantes (tabl. 4B, incidence du tuyau). A
part pour la moutarde, la présence des tuyaux (sépara-
A Matière sèche par amarante (mg)
variante sarrasin sorgho moutarde
A (-T -F) 24 ± 9 a 232 ± 49 a 34 ± 12 a
B (-T +F) 670 ± 191 b 1429 ± 305 b 264 ± 47 b
C (+T -F) 20 ± 3 a 273 ± 64 a 39 ± 13 a
D (+T +F) 746 ± 127 b 969 ± 54 b 521 ± 54 c
B incidence totale (%) incidence de la lumière (%) incidence du tuyau (%)
couverts végétaux (D vers. A) (B vers. A) (D vers. C) (C vers. A) (D vers. B)
sarrasin -97* -96* -97* 18 -10
sorgho -76* -84* -72* -15 48
moutarde -93* -87* -93* -11 -49*
Tableau 4 | A) Matière sèche par amarante (mg) 53 JAS dans les trois couverts végétaux pour les variantes expérimentales A à D. Les valeurs sont les moyennes (± erreur standard) de 8 répétitions. T = tuyau plastique ; F = filet ; - = absence ; + = présence. B) Incidences (%) entre les variantes expérimentales. Les chiffres suivis de la même lettre ne sont pas significativement différents à p<0,05. Les pourcentages sui-vis par une étoile sont significativement différents
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
25 31 39 45 49
fract
ion
PAR
inte
rcep
tée
(%)
jours après semis (JAS)
sarrasin F
sorgho F
moutarde F
sarrasin O
sorgho O
moutarde P
Figure 3 | La fraction PAR interceptée a été déterminée à midi entre les filets et sous les différents couverts végétaux 25, 31, 39, 45 et 49 JAS. Les valeurs sont les moyennes de 4 répétitions ± erreur standard. F= filet, O = ombre.
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 292–299, 2014
298
Production végétale | Suppression des adventices par les couverts végétaux: différents facteurs analysés
taux sont donc entrées en contact avec les racines des
amarantes. En raison de périodes sèches, les cultures ont
pu souffrir d’un stress hydrique. La concurrence pour
l’eau entre les adventices et les cultures intermédiaires
ne peut donc pas être exclue. Il est démontré que la pré-
sence d’Echinochloa crus-galli (panic pied-de-coq) induit
l’exsudation de molécules allélopathiques chez le riz
(Zhao et al. 2005). Il est possible qu’il faille également
une pression écologique des adventices pour inciter l’ex-
pression du potentiel allélopathique des cultures étu-
diées. La faible densité des adventices (surtout de l’ama-
rante) lors de l’essai pourrait expliquer l’absence de
l’effet des interactions racinaires sur la croissance de
l’amarante. On peut également imaginer qu’un couvert
dense de cultures intermédiaires qui se développe rapi-
dement fait suffisamment d’ombre pour inhiber la crois-
sance des adventices. Les couverts végétaux n’auraient
donc pas «besoin» de produire des exsudats racinaires
pour supprimer les plantes concurrentes, il faudrait donc
considérer que des phénomènes allélopathiques ne sont
pas observables sur l’ensemble de la durée de l’essai mais
plutôt à des étapes clé du développement de la plante,
en particulier dans les premiers stades de développe-
ment avant l’établissement d’un couvert dense.
Néanmoins, la suppression des adventices au champ
ne semble pas s’expliquer seulement par le taux de cou-
verture des cultures intermédiaires (Gebhard et al. 2013).
Un essai réalisé en pot et phytotron avec les mêmes
variantes expérimentales (durée 28 jours) a montré que
les interactions racinaires entre l’adventice et le couvert
végétal étaient nécessaires à la suppression de la crois-
sance de l’amarante par le sarrasin et le sorgho. L’effet
de la suppression de l’amarante a été supérieur lorsque
l’interaction entre les racines était ajoutée au seul effet
de l’ombrage. L’effet observé a été plus marqué chez le
sarrasin que chez le sorgho. Dans l’essai en phytotron, la
concurrence pour l’eau et les éléments nutritifs a été
exclue par un arrosage et un apport nutritif optimal. A
noter que la durée de l’essai en phytotron était plus
courte que celle de l’essai au champ et que la canopée
du sarrasin à 53 JAS au champ était plus dense que celle
observée en chambre de culture à 28 JAS.
C o n c l u s i o n s
•• Cet essai a été conduit pour séparer le phénomène
allélopathique du facteur de concurrence pour la
lumière au champ.
•• le système mis en place a permis de supprimer effi-
cacement l’ombrage créé par les couvert végétaux sur
les adventices et a montré la part importante de la
compétition pour la lumière entre les plantes concer-
nées.
•• La concurrence pour les nutriments a pu être contrô-
lée et n’était pas déterminant pour les résultats.
•• L’eau a pu jouer un rôle marginal dans l’essai et il
conviendrait de mieux gérer son influence.
•• La séparation des systèmes racinaires n’a pas pu être
garantie avec le système de séparation des zones
racinaires par des tuyaux en plastique de 25 cm de
hauteur.
•• Des essais au champ supplémentaires sont nécessaires
pour comprendre et prouver l’existence des phéno-
mènes allélopathiques in situ. n
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299
Suppression des adventices par les couverts végétaux: différents facteurs analysés | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Weed suppression by cover crops: analyzing
different factors
Cover crops represent an increasingly widespread
agricultural technique in Switzerland as they provide
different ecosystem services. One important role of
cover crops is weed control, which can be explained
by resource competition (for water, nutrients and
light) and allelopathic effects (biochemical interac-
tions between plants). To better understand the
phenomenon of weed suppression by cover crops, we
set up a field experiment that has allowed us to
measure the effect of three cover crops on weed
growth, particularly amaranth. In addition, we tried
to understand the role of different weed growth
suppression factors by using a new experimental
approach. It allowed us to study separately the factor
of light competition by the plant cover and the
allelopathic root interactions between the cover crops
and the amaranth plants. In this first year of the trial,
light competition could be strongly reduced, but root
interactions in the field could not be prevented
completely due to methodological reasons. The
intermediate results have demonstrated clearly the
important role of light competition for weed control
in the field. The role of allelopathy in weed suppres-
sion by cover crops remains to be identified.
Key words: cover crops, weed suppression,
buckwheat, sorghum, brown mustard, resource
competition, allelopathy, root interactions.
Soppressione delle avventizie mediante
coperture vegetali: diversi fattori analizzati
Le colture intercalari rappresentano una tecnica
colturale sempre più diffusa in Svizzera grazie ai
loro servizi ecosistemici, tra i quali la soppressione
delle avventizie. Questo fenomeno può essere
spiegato dall’azione congiunta di fattori di
competizione (per acqua, luce ed elementi
nutritivi) e di eventuali fenomeni allelopatici
(interazioni biochimiche tra le piante). Per meglio
comprendere i fenomeni di soppressione delle
avventizie attraverso le coperture vegetali,
abbiamo realizzato una prova in campo che
permette di misurare l’effetto di tre coperture sulla
crescita delle avventizie, in particolare, l’amaranto.
Inoltre, abbiamo tentato di comprendere il ruolo
dei diversi fattori di soppressione attraverso
l’istallazione di un nuovo dispositivo sperimentale.
Si trattava di studiare separatamente l’effetto
dovuto alla competizione per la luce attraverso le
coperture e l’effetto dovuto ai fenomeni allelopa-
tici in seguito a interazioni radicali tra le coperture
e gli amaranti. Durante questo primo anno di
prova, la competizione per la luce ha potuto essere
fortemente ridotta; tuttavia, per ragioni metodolo-
giche, le interazioni radicali non hanno potuto
essere completamente soppresse in campo. I
risultati intermedi hanno mostrato il ruolo impor-
tante della concorrenza per la luce nel controllo
delle avventizie in campo, mentre non è ancora
stato possibile osservare il ruolo dell’allelopatia.
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Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 292–299, 2014
300 Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 300–305, 2014
lement des stratégies permettant de contourner ou de
bloquer le mécanisme mortel de l’antibiotique: c’est ainsi
que se développent des résistances à la streptomycine.
Il peut y avoir plusieurs causes à l’apparition d’une
résistance à la streptomycine. Par exemple, des muta-
tions génétiques peuvent modifier les ribosomes de
telle manière que la streptomycine ne peut plus s’y lier
pour inhiber la synthèse des protéines. Autre possibilité,
des gènes de résistance (par exemple strA (aph3), strB
(aph6) et aadA (ant3)) situés sur des éléments mobiles
d’ADN, codent pour des enzymes inactivant la strepto-
I n t r o d u c t i o n
La streptomycine est un antibiotique isolé pour la pre-
mière fois en 1943 à partir de la bactérie Streptomyces
griseus. La découverte de son efficacité particulière
contre le pathogène de la tuberculose (Mycobacterium
tuberculosis) a valu Selman Waksman le prix Nobel de
médecine en 1952. La streptomycine tue les bactéries en
inhibant la synthèse des protéines au niveau de leurs
ribosomes. Les streptomycètes eux-mêmes, et d’autres
bactéries exposées à la streptomycine, élaborent naturel-
Traitements des pommiers à la streptomycine et résistances aux antibiotiques dans l’environnementFiona Walsh1,2, Cosima Pelludat2, Brion Duffy3, Daniel P Smith4,
Sarah M Owens4, Jürg E Frey2 et Eduard Holliger2
1National University of Ireland, Department of Biology, Maynooth, Co Kildare Ireland2Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 8820 Wädenswil, Suisse3 ZHAW Life Sciences und Facility Management, Umweltgenomik und Systembiologie,
Grüental, 8820 Wädenswil, Suisse4Argonne National Laboratory, 60439 Illinois, Etats-Unis
Renseignements: Fiona Walsh, e-mail: [email protected]
Verger à pommiers en pleine floraison.
E n v i r o n n e m e n t
Traitements des pommiers à la streptomycine et résistances aux antibiotiques dans l’environnement | Environnement
301
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 300–305, 2014
En 2008, l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) a
autorisé l’utilisation contrôlée de la streptomycine
pour combattre le feu bactérien. Cette autorisa-
tion a été accordée sous la condition que le
dévelopement de résistances aux antibiotiques
soit étudié dans les vergers de pommiers traités.
Agroscope à Wädenswil a conduit la première
étude quantitative sur les gènes mobiles de
résistance à la streptomycine et à la tétracycline
(strA, strB, aadA, tetB, tetM, tetW) et sur la
séquence d’insertion IS1133. Des fleurs, feuilles et
échantillons de sol ont été pris dans trois vergers
de pommiers qui ont été traités à la streptomycine
en 2010, 2011 et 2012. L‘abondance et la distribu-
tion des gènes de résistance ont été étudiées à
différents moments et en fonction du traitement.
Les gènes mobiles de résistance à la streptomycine
et à la tétracycline ont déjà pu être détectés avant
la première application de streptomycine dans
presque tous les échantillons, ce qui documente la
présence de ces gènes de résistance dans la nature.
Des augmentations significatives de l’abondance
de ces gènes de résistance n’ont été observées
que dans des cas individuels, mais n’étaient pas
constantes et n’ont pas été observées les années
suivantes. Ce projet a aussi étudié l’effet de
l’application de la streptomycine sur la commu-
nauté bactérienne du sol. Ces analyses n’ont
également pas montré de différences significa-
tives et constantes dans les échantillons du sol.
Les résultats de cette étude montrent que
l’application de la streptomycine dans les vergers
de pommiers choisis n’a pas entraîné une aug-
mentation des gènes de résistance à la streptomy-
cine et à la tétracycline, et n’a également pas eu
d’effets négatifs sur la composition de la popula-
tion bactérienne du sol.
mycine. Mobiles, de tels gènes de résistance peuvent se
transmettre entre bactéries de la même espèce, mais
aussi à des bactéries «apparentées». En médecine
humaine, ces gènes mobiles de résistance sont les princi-
paux responsables de la diffusion des résistances aux
antibiotiques; ce sont eux aussi qui font craindre un
transfert des gènes de résistance de l’agroécosystème
vers des bactéries pathogènes pour l’être humain.
Dans le cadre de travaux préliminaires aux recherches
décrites ci-après, Agroscope a démontré que les formu-
lations de streptomycine appliquées dans les vergers de
pommiers ne contenaient pas de gènes de résistance
(Rezzonico et al. 2009).Les résistances aux antibiotiques existent naturelle-
ment chez les bactéries. Cependant, on connaît mal la
proportion de bactéries naturellement résistantes aux
antibiotiques, et la mesure de l’influence humaine dans
une possible évolution de cette proportion. Il a été établi
que l’épandage de lisier provenant d’animaux d’engrais-
sement traités aux antibiotiques favorise la dissémina-
tion de résistances aux antibiotiques dans l’environne-
ment. De plus, il est apparu au cours des 35 dernières
années que l’apparition de résistances à certains antibio-
tiques était corrélée à l’utilisation de ces derniers dans
l’élevage. C’est pourquoi l’utilisation d’antibiotiques
dans l’élevage fait l’objet de réglementations et de
contrôles sévères dans l’Union européenne et en Suisse.
Le feu bactérien, une maladie causée par la bactérie
Erwinia amylovora, s’attaque à d’importantes espèces
végétales cultivées, par exemple le pommier, le poirier
et le cognassier. En cas d’attaque massive, il faut arra-
cher les arbres ou même les vergers entiers contaminés,
afin d’empêcher que la maladie ne gagne les plantes
voisines. La streptomycine est utilisée depuis 1955 déjà
aux États-Unis pour lutter contre le feu bactérien. Avec
une efficacité de 70 à 90 % contre les infections aux
fleurs, c’est actuellement la meilleure substance active
contre le feu bactérien. Pour éviter la dissémination de
bactéries résistantes aux antibiotiques dans la chaîne
alimentaire et les risques sanitaires qui en découleraient,
l’utilisation de la streptomycine en arboriculture frui-
tière n’est pas autorisée dans l’Union européenne (sauf
en Allemagne et en Autriche, où une autorisation excep-
tionnelle a été accordée pour la lutte contre le feu bac-
térien).
Après l’expansion catastrophique du feu bactérien
en 2007, l’Office fédéral de l’agriculture a pour la pre-
mière fois autorisé, l’année suivante, l’utilisation de
streptomycine pour lutter contre E. amylovora dans les
vergers en Suisse. L’utilisation était strictement limitée
dans l’espace et dans le temps: au maximum trois appli-
cations à 130 grammes de substance active par hectare
dans les vergers en fleurs. Pour évaluer les effets de ces
applications de streptomycine sur l’environnement,
Agroscope Wädenswil a procédé durant trois ans
(2010 – 2012) à une étude détaillée sur mandat de la
Commission fédérale d’experts pour la sécurité biolo-
gique (CFSB).
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Dispositif de l’essai
L’étude a porté sur l’analyse des populations bacté-
riennes d’échantillons de sol, de feuilles et de fleurs de
plusieurs vergers (Wädenswil, Güttingen, Lindau ZH)
Environnement | Traitements des pommiers à la streptomycine et résistances aux antibiotiques dans l’environnement
302
traités à la streptomycine. Comme l’antibiotique tétracy-
cline est aussi autorisé aux États-Unis pour lutter contre
le feu bactérien, la présente étude a porté également sur
un éventuel effet croisé de l’application de streptomy-
cine sur la résistance à la tétracycline. Tous les échantil-
lons ont ainsi fait l’objet, en plus, d’une analyse PCR
quantitative développée pour les gènes tetB, tetM et
tetW de résistance à la tétracycline.
La streptomycine a été appliquée sur tous les vergers
trois fois par saison de floraison, à la même dose par hec-
tare et sur les mêmes arbres. Cette triple application cor-
respond au nombre maximal autorisé en Suisse par saison
de floraison (en 2008 et 2009 uniquement - le nombre
maximal d’applications dans les vergers suisses ayant été
réduit à deux pour les années suivantes). Cependant, l’es-
sai en cours s’est poursuivi avec trois applications. Ainsi,
les vergers étudiés étaient exposés à une plus grande
quantité de streptomycine que les vergers exploités com-
mercialement. Dans l’essai, un nombre égal de pommiers
a été traité à l’eau. Les procédés «streptomycine» et «eau»
ont été répétés trois fois dans chaque verger, et des échan-
tillons de fleurs/fruits, de feuilles et de sol ont été prélevés
chaque fois dans chaque répétition (fig. 1).
Les traitements à l’eau et à la streptomycine ont été
appliqués en trois répétitions sur des lignes alternées
dans chacun des vergers de l’essai. Trois échantillons
(fleurs/fruits, feuilles et sol) ont été prélevés chaque fois
dans chaque ligne (fig. 2).
Le premier prélèvement d’échantillons a été fait à la
date T1, un jour avant la première application de strep-
tomycine. Les trois prélèvements suivants ont été faits
un jour (T2) puis deux semaines (T3) après la troisième
application de streptomycine et finalement à la récolte
(T4) (fig. 2).
Figure 1 | Exemples d'échantillons de fleurs, de feuilles et de fruits à la récolte (au total, trois sites et trois répétitions pour chaque traite-ment).
Application de streptomycine ou d'eau durant la floraison des pommiers
1. 2. 3.
1 jour avant l'application T1
1 jour après la troisième application T2
2 semaines après la troisième application T3
Récolte T4
Figure 2 | Dispositif de l'essai avec les applications de streptomycine/d'eau et le calendrier des échantillon-nages destinés aux analyses.
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 300–305, 2014
Traitements des pommiers à la streptomycine et résistances aux antibiotiques dans l’environnement | Environnement
303
Mise en évidence et quantification des gènes de résistance
L’ADN total de chacun des échantillons a été isolé pour
les procédures analytiques. Les gènes mobiles de résis-
tance à la streptomycine strA (aph3), strB (aph6) et aadA
(ant3) ainsi que la séquence d’insertion IS1133 associée à
la présence de strA (aph3) et strB (aph6), ont été révélés
au moyen d’une analyse PCR quantitative multiplexe
(analyse de plusieurs gènes au cours d’une seule réac-
tion) développée par Agroscope (Walsh et al. 2011). Le
nombre total de bactéries présentes a été déterminé en
standard interne sur la base du rRNA 16S présent dans
toutes les bactéries. Ce procédé ainsi que les techniques
utilisées prennent en considération le fait qu’une grande
partie des bactéries présentes dans l’environnement ne
peuvent pas être cultivées dans les conditions standards
de laboratoire. Les procédés choisis permettent la déter-
mination du nombre de bactéries dans chaque échantil-
lon, à mettre ensuite en relation avec le nombre de résis-
tances aux antibiotiques détectées. Les données récoltées
ont fait l’objet d’une évaluation statistique au moyen du
logiciel Xlstat 2011 et du test ANOVA (P< 0.05).
Analyse de la population bactérienne du sol
L’éventualité de modifications dans la composition des
populations bactériennes des neuf échantillons de sol
provenant de parcelles de Güttingen, Lindau et Wäden-
swil (2008, 2011) traitées à la streptomycine ou à l’eau a
été examinée. Pour ce faire, la région V4 du rRNA 16S
des bactéries de ces échantillons a été séquencée afin de
pouvoir définir et comparer les populations entre elles.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
À l’exception de aadA, les gènes de résistance à la strep-
tomycine et à la tétracycline recherchés ont été détectés
dans quasiment tous les échantillons, déjà avant le pre-
mier traitement à la streptomycine. Le gène aadA a été
trouvé dans 15 échantillons. En 2010, une augmentation
statistiquement significative de l’abondance des gènes
strA et strB a été relevée dans les échantillons de fleurs
de tous les vergers, un jour ainsi que deux semaines
après les traitements (T2, T3) à la streptomycine. Cette
augmentation n’a pas été observée en 2011. Aucune
modification statistiquement significative de la présence
de aadA n’a pu être constatée à aucun moment ni dans
aucun des échantillons.
En comparant les échantillons (T1) des années 2010
et 2011, une différence statistiquement significative n’a
pu être constatée quant à l’abondance des gènes de
résistance. Cela suggère que trois applications de strep-
tomycine par année n’exercent aucun effet à long terme
sur l’abondance des gènes de résistance recherchés.
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Figure 3 | Abondance relative des gènes de résistance à la strepto-mycine strA, strB, aadA et de l'élément d'insertion IS1133 (normalisé avec des produits PCR définis) des échantillons de fleurs des trois ver-gers de pommiers (Wädenswil, Lindau ZH et Güttingen). Trois applica-tions de streptomycine, respectivement d'eau (témoin), ont été faites durant la saison de floraison. Les prélèvements d'échantillons ont été faits avant la première application (T1) puis à trois moments diffé-rents après la troisième application de streptomycine (T2,T3, récolte).
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Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 300–305, 2014
Environnement | Traitements des pommiers à la streptomycine et résistances aux antibiotiques dans l’environnement
304
Concernant les gènes de résistance à la tétracycline, une
augmentation statistiquement significative de l’abon-
dance du gène tetM dans les échantillons de sol (T3) de
Güttingen a été détectée en 2011. Toutefois cette aug-
mentation n’était plus observable au moment de la
récolte ni à aucune des périodes de prélèvement de l’an-
née suivante. Une augmentation de l’abondance de
tetM a également été constatée seulement dans les
échantillons d’inflorescences (T2) de Güttingen, et une
augmentation de l’abondance de tetB et de tetW seule-
ment au temps de la récolte dans les fruits de Lindau.
Au cours des années de l’essai, on a constaté des aug-
mentations statistiquement significatives, mais ins-
tables et non répétitives, du pool des résistances recher-
chées dans les échantillons de sols, de feuilles et de
fleurs (fig. 3). Nous en déduisons que l’application de
streptomycine à trois reprises par saison dans ces vergers
de pommiers n’entraîne pas une augmentation durable
des gènes de résistance à la streptomycine ou à la tétra-
cycline (Duffy et al. 2014).
L’intérêt des chercheurs ne s’est pas concentré seule-
ment sur l’influence d’un traitement à la streptomycine
sur l’abondance des gènes de résistance, mais aussi sur la
composition des communautés bactériennes. Les don-
nées relevées (fig. 4) montrent que l’application de
streptomycine dans les vergers n’a pas entraîné une
modification significative de la composition de la com-
munauté bactérienne (Walsh et al. 2014). Si l’on consi-
dère que les bactéries de l’ordre des Actinomycetales
présentes dans le sol (auquel appartient aussi S. griseus)
sont connues comme productrices d’antibiotiques, ce
résultat n’est pas étonnant. Les bactéries du sol ont dis-
posé de millions d’années pour s’adapter aux antibio-
tiques et à leurs effets.
Les résultats de cette étude nous amènent à conclure
que l’application de streptomycine dans les vergers de
pommiers de cet essai n’a pas entraîné une augmenta-
tion durable de l’abondance des gènes de résistance à la
streptomycine et à la tétracycline recherchés, et qu’elle
n’a pas eu non plus d’incidence sur la composition de la
population bactérienne. Les conditions très strictes
imposées à l’utilisation de streptomycine limitée dans
l’espace et dans le temps s’avèrent donc adéquates
quant au risque de développement de résistances aux
antibiotiques dans l’environnement. n
Remerciements
Agroscope remercie l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) pour le financement de ce projet de recherche. Nous remercions aussi les chefs d'exploitation qui ont mis à notre disposition leurs vergers et procédé aux applications dans les par-celles expérimentales.
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 300–305, 2014
Figure 4 | Composition des communautés bactériennes des échantillons de sol analysés. La liste comprend les classes de bactéries pré-sentes dans les échantillons de sol analysés (2008, 2011).
Acidobacteria; Acidobacteria
Acidobacteria; Acidobacteria-6
Acidobacteria; Solibacteres
Actinobacteria; Actinobacteria
Bacteroidetes; Sphingobacteria
Firmicutes; Bacilli
Gemmatimonadetes; Gemmatimonadetes
Nitrospirae; Nitrospira
Proteobacteria; Alphaproteobacteria
Proteobacteria; Betaproteobacteria
Verrucomicrobia; Pedosphaera
Verrucomicrobia; Spartobacteria
Lind
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Lind
au 2
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n 20
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E S E E S E E E S E = eau
S = streptomycine
Traitements des pommiers à la streptomycine et résistances aux antibiotiques dans l’environnement | Environnement
305
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Bibliographie b Rezzonico F., Stockwell V. O. & Duffy B. 2009. Plant agricultural strepto-mycin formulations do not carry antibiotic resistance gene. Antimicrob Agents Chemother 53 (7), 3173–3177.
b Walsh F., Ingenfeld A., Zampicolli M., Hilber-Bodmer M., Frey J. E. & Duf-fy B., 2011. Real-time PCR methods for quantitative monitoring of strep-tomycin and tetracycline resistance genes in agricultural ecosystems. Journal of Microbiological Methods 86 (2), 150–155.
b Duffy B., Holliger E. & Walsh, F. 2014. Streptomycin use in apple or-chards did not increase abundance of mobile resistance genes. FEMS Microbiology Letters. 350 (2), 180–9.4.
b Walsh F., Smith D. P., Owens S. M., Duffy B. & Frey J. E., 2014. Restricted streptomycin use in apple orchards did not adversely alter the soil bacte-ria communities. Front. Microbiol. 31 (4), 383.
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 300–305, 2014
Impact of streptomycin applications on
antibiotic resistance in apple orchards
The Federal Office for Agriculture (FOAG)
authorized the use of streptomycin to fight
fire blight under controlled conditions in 2008
with the provison that the development of
antibiotic resistance in the treated plots is
monitored.
Agroscope in Wädenswil thus performed the
first study to quantitatively analyze the
influence of streptomycin use in agriculture on
the abundance of the mobile streptomycin and
tetracycline resistance genes (strA, strB, aadA,
tetB, tetM, tetW) and the insertion sequence
IS1133. Furthermore, the effect of the strepto-
mycin treatment on the bacterial community
structure was assessed. Flowers, leaves and soil
were collected from three streptomycin-treated
orchards in 2010, 2011 and 2012. The abun-
dance and distribution of the resistance genes
was analyzed at different time-points and
included as a function of the treatment. The
mobile antibiotic resistance genes were
detected prior to streptomycin treatment in
almost all samples, indicating the presence of
these genes in nature. Statistically significant
increases in the resistance gene abundance
were occasional, inconsistent and not repro-
ducible from one year to the next. Analysis of
the bacterial community in soils from orchards
with or without streptomycin treatment
revealed no statistically significant or constant
alterations.
We conclude that the application of strepto-
mycin in these orchards led neither to an
increase in streptomycin or tetracycline
resistance gene abundance nor to a negative
impact on the bacterial community.
Key words: streptomycin, antibiotics, apple
orchard, development of resistance, bacterial
community in soil.
Effetto dello steptomicina nei meleti sulle
resistenze agli antibiotici d’nell’ambiente
Nel 2008 l’Ufficio federale dell’agricoltura
(UFAG) ha autorizzato l’uso regolamentato
di streptomicina nella lotta contro il fuoco
batterico. Una delle condizioni poste era il
monitoraggio dello sviluppo della resistenza
all’antibiotico usato negli appezzamenti
trattati.
Inoltre Agroscope ha condotto i primi studi
inerenti l’analisi quantitativa dei geni
trasferibili di resistenza alla streptomicina e
alla tetraciclina (strA, strB, aadA, tetB, tetM,
tetW), così come quella della sequenza di
inserzione IS1133 in appezzamenti trattati
con streptomicina. Nel 2010, 2011 e 2012
sono stati raccolti campioni di fiori, foglie e
terreno da tre diverse parcelle trattate con
streptomicina. La presenza e la distribuzione
delle suddette sequenze è stata analizzata
per identificare gli effetti dovuti ai tratta-
menti. I geni mobili di resistenza agli antibio-
tici sono stati trovati in quasi tutti i campioni
raccolti prima dei trattamenti con la strepto-
micina, cosa che indica la naturale distribu-
zione di questi geni nelle popolazioni del
patogeno. Sporadicamente sono stati
riscontrati aumenti significativi nella fre-
quenza di questi geni, ma questi non sono
stati osservati sistematicamente tra appezza-
menti e non sono stati confermati con i
campioni raccolti l’anno seguente. Infine è
stata comparata la composizione batterica
tra suoli prelevati da appezzamenti con e
senza trattamento con streptomicina senza
trovare differenze costanti e significative.
Dai risultati ottenuti è stato possibile
concludere che l’applicazione di streptomi-
cina in meleti, seguendo le raccomandazioni
attuali, non porta all’aumento dei geni
mobili di resistenza agli antibiotici indagati
in questo studio e non ha effetti negativi
sulle popolazioni batteriche nel terreno.
306 Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 306–309, 2014
Le premier rapport sur l’état des ressources zoogéné-
tiques pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde
a été présenté lors de cette conférence (voir encadré 1).
Il recensait 7616 races animales à travers le monde, dont
près de 20 % étaient menacées. Pire encore, 690 races
répertoriées avaient déjà disparu, dont 62 pendant les
six ans nécessaires à la préparation et à la rédaction de
ce rapport (FAO 2007)1!
Une diversité génétique élevée des animaux de rente
est pourtant essentielle (Notter 1999; LPP et al. 2010). En
effet, contrairement aux végétaux, les populations ani-
males génétiquement uniformes sont indésirables,
notamment en raison de la diminution de la fertilité et
des risques liés à la consanguinité. Une base génétique
diversifiée est généralement synonyme d’une meilleure
résistance aux maladies et il n’est pas exclu que des races
traditionnelles reviennent sur le devant de la scène suite
aux effets du changement climatique (FAO 2010). Enfin,
En 2002, l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) trans-
mettait la première évaluation sur l’état des ressources
génétiques animales en Suisse à l’Organisation des
Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Cette démarche s’inscrivait dans le cadre de la prépara-
tion du rapport sur «l’état des ressources zoogénétiques
pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde» –
rapport qui a mis en évidence la situation critique de
nombreuses races animales. En mars 2014, l’OFAG a sou-
mis une seconde évaluation à la FAO, présentant les
progrès réalisés. Bien que plusieurs races suisses soient
encore menacées, le bilan est globalement positif.
Le 8 septembre 2007, les représentants de 109 Etats réu-
nis à Interlaken adoptaient le Plan d’action mondial
pour les ressources zoogénétiques. Ce plan d’action et le
message politique qui l’accompagnait – la Déclaration
d’Interlaken – réaffirmaient l’importance de la diversité
des ressources zoogénétiques et énonçaient des prin-
cipes et mesures visant à la protéger et à la conserver.
Préservation de la diversité génétique des animaux de rente en Suisse: progrès et défisMaurice Tschopp, Catherine Marguerat et François Pythoud
Office fédéral de l’agriculture OFAG, 3003 Berne, Suisse
Renseignements: Catherine Marguerat, e-mail: [email protected]
La situation de la race évolénarde s'est améliorée, mais elle reste menacée. L'OFAG soutient un projet de préservation. (Photo: Fédé-ration d'élevage de la race évolénarde)
E c l a i r a g e
Encadré 1 | Chronologie
1996-1998: Création d’un groupe de travail
mandaté par l’OFAG pour inventorier les races
des animaux de rente suisses et évaluer les
mesures nécessaires à leur conservation.
2002: Elaboration et envoi à la FAO du premier
rapport sur l’état des ressources zoogéné-
tiques en Suisse
2007: Conférence d’Interlaken organisée par
l’OFAG et la FAO. Présentation du rapport sur
l’état mondial des ressources zoogénétiques et
adoption du Plan d’action mondial pour les
ressources zoogénétiques
2013–2014: Préparation du deuxième rapport
national sur l’état des ressources zoogéné-
tiques en Suisse et sur les progrès réalisés de-
puis l’adoption du Plan d’action mondial.
1Le nombre de races menacées ou disparues pourrait être plus élevé, notamment en raison du manque de données dans de nombreux pays.
Préservation de la diversité génétique des animaux de rente en Suisse: progrès et défis | Eclairage
307Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 306–309, 2014
différentes races animales possèdent des qualités nutri-
tionnelles bien spécifiques et peuvent également contri-
buer à la durabilité des systèmes alimentaires (Baumung
et al. 2012).
Plus de dix ans après le premier rapport national,
l’OFAG a complété la seconde évaluation des ressources
zoogénétiques suisses et les progrès réalisés depuis
l’adoption du Plan d’action mondial. Ces documents ont
été soumis à la FAO en mars 2014. L’organisation onu-
sienne doit maintenant rassembler les informations
transmises par plus de 100 pays et rédiger le rapport
mondial sur l’état des ressources génétiques qui devrait
être finalisé en 2016.
Un processus participatif
Pour préparer ce rapport national, l’OFAG a mené un
important processus de consultation. Quelque 26 ques-
tionnaires ont été envoyés aux principales associations
d’éleveurs, aux institutions de recherche suisses et à
d’autres acteurs actifs dans le domaine de la conserva-
tion. L’objectif de ce processus était de pouvoir obtenir
des acteurs concernés des informations sur les lacunes et
progrès accomplis.
Les conclusions de cette enquête sont résumées dans les
figures 1 et 2 et sont brièvement présentées ici. Dans
l’ensemble, les mesures développées par la Confédéra-
tion, notamment à travers l’ordonnance sur l’élevage,
semblent donner satisfaction aux principaux représen-
tants du secteur. Les organisations consultées recon-
naissent que le soutien de la Confédération aux races
locales et menacées s’est globalement amélioré lors des
dernières années. Elles indiquent également que l’accès
au marché et la demande en produits animaux se sont
renforcés. C’est notamment le cas pour les produits spé-
ciaux, portant une labélisation de type AOP, Bio ou autre.
Toutefois, certaines organisations se plaignent du carac-
tère changeant des paiements directs et de l’imprévisibi-
lité qui découle d’un modèle économique basé en pre-
mier lieu sur le soutien de l’Etat. Beaucoup sont
également préoccupés par l’ouverture des marchés, qui
affecte directement les prix en Suisse et qui menace ce
faisant la survie de certaines races traditionnelles ayant
une productivité plus faible que les races modernes. Par
contre, les associations d’éleveurs sont peu préoccupées
par des phénomènes à long terme, comme la perte de
zones d’estivage ou le changement climatique.
Figure 1 | Impact sur les ressources zoogénétiques et leur gestion au cours des dix dernières années.
Figure 2 | Impact futur sur les ressources zoogénétiques et leur gestion (prédiction pour les dix prochaines années).
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Changement dans la demande des produits de l’élevage
Changements climatiques
Aspects politiques
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Eclairage | Préservation de la diversité génétique des animaux de rente en Suisse: progrès et défis
308
Etat des ressources zoogénétiques en Suisse
Le questionnaire, comprenant 77 questions, était com-
posé de quatre parties:
•• Tendances et éléments clés influençant la gestion des
ressources zoogénétiques ainsi que les forces, faibles-
ses, carences, défis et priorités stratégiques en vue
d’actions futures;
•• Données pour la préparation du rapport sur l’état des
ressources zoogénétiques (flux des ressources zoogé-
nétiques, évolution du secteur de l’élevage, vue
d’ensemble des ressources zoogénétiques, caractérisa-
tion, institutions et acteurs impliqués, programmes de
sélection, conservation, biotechnologies reproductives
et moléculaires)
•• Données contribuant à la préparation du rapport sur
«l’état de la biodiversité pour l’alimentation et
l’agriculture dans le monde» (intégration de la gestion
des ressources zoogénétiques, phytogénétiques,
forestières et aquatiques ainsi que fourniture de
services écosystémiques)
•• Rapport intérimaire sur la mise en œuvre du Plan
d’action mondial pour les ressources zoogénétiques.
L’élevage constitue une part importante de la produc-
tion agricole suisse. Le pays compte près de 13 millions
d’animaux de rente tels que bovins, porcs, moutons,
chèvres, chevaux, poules et lapins. 4,3 millions seule-
ment appartiennent aux espèces bovines, porcines,
ovines et caprines. Sur ces 4,3 millions d’animaux, 29 %
sont inscrits dans un livre généalogique ayant deux
Figure 3 | La chèvre Col noir du Valais est jugée menacée en raison de son haut degré de consanguini-té et de sa valeur traditionnelle typique. L'OFAG accompagne un projet de valorisation. (Photo: Fédéra-tion suisse d'élevage caprin)
2EFABIS: European Farm Animal Biodiversity Information System; DAD-IS: Domes-tic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations; voir p.ex. www.efabis.ch
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 306–309, 2014
générations parentales de la même race. Cet aspect est
très important pour le travail de conservation en race
pure. Sur les env. 70 races bovines, porcines, ovines et
caprines principales, plus de la moitié (33) sont des races
traditionnelles (originaires du pays) ou adaptées aux
conditions locales (élevage démontré en Suisse depuis
1949, notamment par la présence d’un livre généalo-
gique). Cette diversité s’explique surtout par la topogra-
phie et le paysage de la Suisse, qui en font un pays par-
faitement adapté à l’élevage.
Les effectifs des différents animaux inscrits dans les livres
généalogiques en Suisse sont régulièrement publiés sur
des portails d’informations tels que EFABIS et DAD-IS2. En
2013, 23 races suisses étaient jugées menacées sur la base
de leur nombre effectif (en tenant compte du rapport
mâle/femelle par rapport au total), de leur degré de
consanguinité ou de leur valeur traditionnelle typique
dans une certaine région (fig. 3). Ce dernier point est
aussi très important en raison du danger que court une
race en cas d’épidémie, si elle est surtout élevée dans une
certaine région. Malgré l’état critique de ces races, la
situation s’est globalement améliorée au cours des der-
nières décennies comme le montre l’exemple de la race
évolénarde dont l’effectif, selon le portail national d’EFA-
BIS.ch, a augmenté de 200 % entre 1995 et 2007. L’amé-
lioration du nombre d’animaux de races menacées est le
résultat de grands efforts des éleveurs suisses et des orga-
Préservation de la diversité génétique des animaux de rente en Suisse: progrès et défis | Eclairage
309
nétiques a permis de dresser un bilan des dix dernières
années de politique de conservation. Même si ce bilan est
jugé positif, l’engagement du gouvernement et des
diverses organisations de la société civile doit être main-
tenu pour préserver ce patrimoine important. Les futures
mesures pourront notamment inclure un renforcement
de l’offre de formation. Cependant, la priorité doit conti-
nuer à être donnée au développement de mesures créant
un cadre pour l’utilisation durable des ressources géné-
tiques suisses. Ceci passe notamment par une promotion
des produits issus de races locales (fig. 4), mais également
par une meilleure compréhension par les consommateurs
des enjeux liés aux races menacées en Suisse. n
nisations d’élevage. De plus en plus d’éleveurs sont inté-
ressés à garder des animaux de races menacées, véritable
patrimoine génétique national, malgré leur productivité
inférieure. La large participation des divers acteurs et
parties prenantes dans la formulation et la gestion des
programmes d’élevage figure également parmi les points
positifs de cette évaluation nationale. Le suivi du Plan
d’action mondial pour les ressources zoogénétiques est
également jugé satisfaisant. La Suisse atteint ainsi déjà la
plupart des objectifs définis et avancés dans les quatre
domaines prioritaires (voir encadré 2) et met en œuvre
des 23 priorités stratégiques fixées dans ce plan.
Ce rapport a également permis d’identifier certaines
lacunes, comme les mesures de conservation ex-situ. Si le
matériel génétique stocké en Suisse dans les banques de
gènes de Swissgenetics, de Suisag et du Haras à Avenches,
permettrait en théorie de pouvoir «restaurer» la plupart
des races bovines, porcines et équines menacées, ce n’est
de loin pas le cas pour les races ovines ou caprines. La
moitié à peine de ces races est présente dans des banques
de gènes. Le même genre de déséquilibre se manifeste
dans le secteur de la recherche. Une grande partie des
efforts actuellement menés concernent les races bovines,
au détriment des autres espèces.
C o n c l u s i o n s
La Suisse, de par la diversité de ses paysages et de son cli-
mat, dispose d’une importante diversité génétique tant
parmi les plantes cultivées qu’au sein des animaux de
rente. Le rapport national sur l’état des ressources zoogé-
Bibliographie b Baumung R., Hoffmann I., Burlingame B., & Dernini S., 2012. Animal genetic diversity and sustainable diets. In: Sustainable Diets and Biodi-versity: Directions and Solutions for Policy, Research and Action. Interna-tional Scientific Symposium, 82-93. FAO.
b FAO, 2007. The State of the World’s Animal Genetic Resources for Food and Agriculture, Rome.
b LPP, LIFE, IUCN–WISP & FAO, 2010. Adding value to livestock diversity – Marketing to promote local breeds and improve livelihoods. FAO Animal Production and Health Paper 168. Rome, FAO.
b Notter, D. R., 1999. The importance of genetic diversity in livestock populations of the future. Journal of Animal Science, 77 (1), 61–69.
b OFAG, 2012. Rapport agricole. b OFAG, 2005. Ressources génétiques animales de l’agriculture suisse.
Encadré 2 | Les priorités stratégiques du Plan
d’action mondial
Domaine prioritaire 1:Caractérisation, inventaire et surveillance des
tendances et des risques associés (deux priori-
tés stratégiques)
Domaine prioritaire 2: Utilisation durable et mise en valeur (quatre
priorités stratégiques)
Domaine prioritaire 3: Conservation (cinq priorités stratégiques)
Domaine prioritaire 4: Politiques, institutions et renforcement des
capacités (douze priorités stratégiques).
Figure 4 | Lors de l'achat d'un produit issu de races suisses mena-cées, les consommateurs et consommatrices contribuent à leur maintien. (Photo: ProSpecieRara)
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 306–309, 2014
310 Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 310–313, 2014
16 heures de la journée d’un cheval (Duncan 1980). Une
phase d’alimentation trop brève est considérée comme
un facteur de risque pouvant entraîner des troubles
digestifs et le développement de stéréotypies (McGreevy
et al. 1995). La fréquence de la distribution du fourrage
a aussi une grande importance. En liberté, les chevaux
ne restent pas plus de trois à quatre heures sans prise de
nourriture. Dans un cas extrême, ces temps de pause ne
dépassent pas 40 minutes (Tyler 1972). De longues pauses
ne sont pas naturelles pour les chevaux. Comme pour
d’autres animaux de rente, on utilise donc des stations
d’affouragement munis d’un dispositif électronique, qui
par ailleurs nécessitent de gros investissements. Avec des
râteliers électroniques meilleur marché, il est possible de
distribuer du fourrage en plusieurs portions tout au long
de la journée. On ne peut certes pas procéder à un affou-
ragement individualisé, mais cette formule n’engendre
pas de travail supplémentaire pour les gardiens et rac-
courcit les pauses entre les prises de nourriture.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Le râtelier testé mesure L x P x H = 2,12 × 2,12 × 2,7 m
(hauteur réglable). Il dispose sur chaque côté de trois
places d’affouragement de 28,5 cm de largeur chacune,
séparées les unes des autres par trois barres verticales
(intervalle de 55 mm entre chaque barre). Le râtelier est
surmonté d’un toit et peut contenir une grosse balle
ronde de foin. Sur chaque côté, une bâche en matière
synthétique de 2 m de large, fixée sur un rail, permet ou
empêche l’accès au foin. L’ouverture et la fermeture de
la bâche sont actionnées par un moteur électrique (Rohr-
motor Becker; 230 V, 255 Watt, 1,2 A, 44 Nm) et peuvent
être programmées (système de commande STAVEB AG).
Le système de programmation permet de sélectionner
jusqu’à sept ouvertures de durée variable pendant
24 heures.
Installation d’essai et chevaux
L’essai a été conduit dans une stabulation à plusieurs
compartiments du Haras national suisse. La stabulation a
été divisée en deux parties. Dans la zone K, des valeurs
Contrairement à ce qui est prévu pour d’autres animaux
de rente et selon la législation suisse sur la protection
des animaux, aucune autorisation n’est nécessaire pour
la vente d’installations pour chevaux produites en série.
Celles-ci devraient pourtant être examinées scientifique-
ment quant à leur conformité aux besoins des animaux.
Avec l’augmentation du nombre d’équidés en Suisse,
les constructeurs d’installations d’écurie étendent leur
offre dans le secteur du cheval et demandent de plus
en plus souvent au Haras national suisse d’Agroscope,
sur une base volontaire, de contrôler leur nouveau pro-
duit. Le présent article en est un exemple. Les résultats
de l’étude ont été publiés sous la forme d’un rapport
d’essai (Briefer et al. 2013).
I n t r o d u c t i o n
Un aspect important d’une détention conforme aux
besoins des chevaux est la possibilité d’ingérer du four-
rage tout au long de la journée (Vervuert et Coenen
2002). A l’état sauvage, cette activité peut occuper
Râtelier pour chevaux avec dispositif temporisé d’accès au foinSabrina Briefer, Samuel Schär et Iris Bachmann
Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1580 Avenches, Suisse
Renseignements: Iris Bachmann, e-mail: [email protected]
Un des aspects importants de la détention des chevaux conformé-ment à leurs besoins est de leur offrir la possibilité d’être occupés longtemps et à différents moments de la journée par la consomma-tion de fourrage. (Photo: Agroscope)
E c l a i r a g e
Râtelier pour chevaux avec dispositif temporisé d’accès au foin | Eclairage
311Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 310–313, 2014
de référence ont été relevées lors de la prise de nourri-
ture dans les stalles d’affouragement existantes; dans la
zone T a eu lieu l’affouragement au moyen du râtelier à
tester. Dans chaque zone, les chevaux disposaient d’une
aire de repos de 70 m² et d’une aire de sortie en dur de
250 m². L’aire de repos était recouverte d’une litière pro-
fonde constituée de paille. Tous les jours, on y remettait
60 kg de paille de blé.
Dans la zone K se trouvaient sept stalles d’affourage-
ment pour six chevaux. Abritées par un toit, les stalles
avaient une largeur de 80 cm, une longueur de 3 m et
des parois de séparation de 2,2 m de haut, munies d’une
fente dans la partie supérieure. Le foin pour chevaux
(5 kg / jour / cheval) était déposé sur le sol. Dans la zone
T, une balle de foin de 250 kg était mise dans le râtelier
tous les quatre jours au moyen d’une machine.
Pour cet essai, quatre demi-sang suisses et deux
franches-montagnes âgés de 11 à 14 ans ont été sélec-
tionnés. Ces juments étaient toutes en bonne santé,
vivaient depuis au moins six mois dans le troupeau et
n’étaient ni montées ni attelées.
Réalisation de l’essai
Pour relever les valeurs de référence, les six juments ont
été observées pendant la première semaine (= phase de
test K) dans la zone K (stalles d’affouragement). L’obser-
vateur était présent trois fois par jour aux heures habi-
tuelles d’affouragement, à savoir 7h15, 11h15 et 15h45
dès le début de la distribution de foin et jusqu’à ce qu’il
n’y ait plus de foin. Il a été possible de relever le temps
total en minutes de prise de nourriture des six chevaux
simultanément, identifiés à la tête, de même que le
nombre d’éventuelles évictions de la place d’affourage-
ment (fig. 1).
Au cours de la deuxième semaine (= phase de test T1),
les chevaux ont été transférés dans la zone T. Le râtelier
s’ouvrait trois fois par jour: de 7h15 à 8h45, de 11h15 à
12h45 et de 15h45 à 17h15. Les chevaux avaient donc au
total 270 minutes d’accès au foin par jour. Entre 17h15 et
7h15, le râtelier était fermé, les chevaux avaient libre
accès à de la paille dans l’aire de repos. L’observateur se
tenait dans la zone T pendant toute la durée d’ouver-
ture du râtelier et relevait le temps total en minutes de
prise de nourriture de tous les chevaux, de même que le
nombre d’évictions de la place d’affouragement.
Au cours de la troisième semaine (= phase de test T2),
les chevaux sont restés dans la zone T. Le râtelier s’est
ouvert à six reprises de 7h15 à 8h00, de 8h45 à 9h30, de
10h15 à 11h00, de 12h30 à 13h15, de 14h00 à 14h45 et de
15h30 à 16h15. Comme pour la phase de test T1, l’accès
au foin était possible pendant 270 min. Pendant la nuit,
le râtelier était fermé. Les observations ont été faites de
façon analogue à la phase de test 1.
Le fonctionnement du râtelier a été contrôlé au
moyen de divers paramètres (précision du système de
commande, ouverture et fermeture correctes des
bâches) et tous les évènements ont été décrits qualitati-
vement. Les chevaux ont été examinés tous les jours
quant à d’éventuelles blessures. Leur poids a été relevé
au début et à la fin de chaque phase de test au moyen
d’un pont-bascule. Les données relevées ont été mises
en valeur avec le programme statistique SYSTAT©13.
Pour vérifier les différences entre médianes, un test
Mann-Whitney-U a été effectué. Le seuil de significa-
tion a été fixé à 5 % (p<0,05).
Figure 1 | Prise de nourriture dans la phase de test K (= affourage-ment dans les stalles). (Photo: Agroscope)
300
250
200
150
100
Tem
ps d
e pr
ise
de n
ourr
iture
[min
.]
Phase test K Phase test T1 Phase test T2
Durée journalière d’ingestion de foin
Figure 2 | Durées journalières de prise de foin pendant les trois phases de test (K = 5 kg de foin/cheval/jour répartis en trois por-tions par jour dans les stalles d’affouragement; T1 = 3 ouvertures du râtelier de 90 min chacune; T2 = 6 ouvertures du râtelier de 45 min chacune).
Eclairage | Râtelier pour chevaux avec dispositif temporisé d’accès au foin
312
R é s u l t a t s
Temps total de prise de nourriture et intervalles
Dans la phase de test K, lors de la distribution de 5 kg de
foin/cheval/24 h répartis en trois portions par jour, l’in-
gestion de foin a duré en moyenne 151 minutes par jour.
(125 – 216 minutes). Les chevaux ont mangé tout le foin.
Lors de la phase de test T1, avec accès au râtelier trois fois
par jour pour une durée totale de 270 minutes, les chevaux
ont ingéré du foin en moyenne pendant 268 minutes
(145 – 270 minutes). Dans la phase de test T2 avec six
ouvertures par jour et une durée totale d’ouverture du
râtelier également de 270 minutes, le temps total de prise
de nourriture s’est élevé en moyenne à 250 minutes (212 –
270 minutes) (fig. 2). La différence n’était pas significative.
L’accès au foin six fois par jour a conduit à un raccour-
cissement des intervalles entre les ouvertures du râtelier
à 1 ½ heure au maximum contre trois heures dans la
variante «trois ouvertures par jour». Dans le cas d’un
affouragement dans les stalles (semaine de référence),
les durées entre les prises de nourriture s’élevaient entre
2 h 48 min et 3 h 18 min. Pendant les trois semaines d’essai,
les chevaux ont toujours eu accès à une aire de repos avec
litière. L’ingestion de paille, en plus du foin dans les stalles
d’affouragement et dans le râtelier, n’a pas été relevée.
Evictions de la place d’affouragement
Aucune éviction n’a été constatée lorsque les chevaux
ingéraient du foin dans les stalles d’affouragement (phase
de test K). Dans le cas d’une ouverture du râtelier trois fois
par jour (phase de test T1), on a enregistré une moyenne
de 47 tentatives d’éviction pas jour (36 – 73 fois), ce qui
était significativement moins que dans le cas d’un accès au
foin six fois par jour (phase de test T2) avec en moyenne 87
tentatives d’éviction par jour (72 – 99 fois) (p=0,043).
Fonctionnement du râtelier et du dispositif de commande
Pendant la durée totale de l’essai (T1, T2), des pro-
blèmes de fonctionnement du râtelier ont été relevés.
La fermeture des bâches a été bloquée à plusieurs
reprises par du foin accroché aux montants du râtelier.
Les bâches ne se fermaient plus correctement et les che-
vaux pouvaient se servir de fourrage au travers d’ouver-
tures laissées par les bâches mal baissées (fig. 3, à
gauche). A deux reprises, l’une des bâches ne s’est pas
ouverte automatiquement et a dû être relevée à la
main. Par ailleurs, une bâche a glissé (soit sous l’action
d’un cheval, soit en raison d’une hyper-rotation du sys-
tème de traction) à l’intérieur du râtelier empêchant
l’accès au foin (fig. 3, à droite).
Les durées d’ouverture ont été programmées sans
problème tout au long de l’essai, le système de com-
mande a fonctionné parfaitement et avec précision.
Aucune blessure n’a été constatée chez les chevaux. Le
râtelier ne présentait aucune partie dangereuse.
Aucune modification significative du poids des chevaux
n’a été observée pendant la période d’essai.
D i s c u s s i o n
De nos jours, en raison des systèmes de détention et
d’organisation du travail, les chevaux domestiques sont
en règle générale rationnés afin d’éviter une suralimen-
tation. Selon une étude menée par Bachmann et Stauf-
facher (2002), 48 % des chevaux reçoivent du fourrage
seulement deux fois par jour et 34 % trois fois par jour.
Or, ce type de gestion de l’affouragement ne comble pas
les besoins physiologiques et psychologiques des che-
vaux. Cette façon de faire conduit, en particulier dans la
détention en groupe, à un risque accru de blessures,
étant donné que les longues pauses entre les phases
d’affouragement entraînent de l’agitation et des inter-
actions potentiellement dangereuses entre les membres
du groupe (Streit, 2009; Gülden et al. 2011). Le râtelier
avec accès au foin régulé électroniquement testé dans
cette étude vise une distribution plus fréquente de four-
rage grossier à des chevaux détenus en groupe, avec des
intervalles plus courts entre les prises de nourriture sur
une période de 24 heures, et sans surplus de travail pour
le gardien. A cet effet, il est possible de régler automati-
quement l’accès au foin pendant plusieurs périodes de
durées variables. Après une première phase de test pour
relever des valeurs de référence dans un groupe de six
chevaux avec des conditions d’affouragement usuelles
(stalles d’affouragement), deux variantes d’accès au
râtelier à foin tout au long de la journée ont été compa-
rées dans cette étude: d’une part, trois périodes de
90 minutes et, d’autre part, six périodes de 45 minutes.
Figure 3 | Problèmes de fonctionnement du dispositif de ferme-ture/ouverture. (Photo: Agroscope)
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 310–313, 2014
Râtelier pour chevaux avec dispositif temporisé d’accès au foin | Eclairage
313
Pendant toute la phase de test de plusieurs semaines,
des problèmes techniques lors de l’ouverture et de la
fermeture des bâches du râtelier ont été relevés. Ces
problèmes n’ont pas entraîné de situations dangereuses
pour les chevaux, mais il a fallu intervenir et fermer/
ouvrir les bâches à la main. Afin que le râtelier permette
une meilleure répartition de l’affourragement tout au
long de la journée sans la présence de gardien ni un sur-
plus de travail, il vaudrait la peine de procéder à des
améliorations techniques.
C o n c l u s i o n s
Le râtelier à balles rondes pour les chevaux avec accès au
foin régulé électroniquement de la société B et M, Haus-
und Agrotech AG, Densbüren, a conduit, comme prévu,
à une réduction des intervalles entre les phases de prise
de nourriture. La répartition des rations de fourrage
jusqu’à sept fois en 24 heures contribue fortement à une
gestion de l’affouragement conforme aux besoins des
chevaux. Toutefois, dans la détention en groupe, il faut
être attentif lors de l’utilisation d’un râtelier à foin au
rapport cheval/place d’affouragement et à l’homogé-
néité du groupe (chevaux avec les mêmes besoins ali-
mentaires). En raison des problèmes techniques observés
lors de l’ouverture et de la fermeture des bâches, il est
nécessaire de contrôler le fonctionnement du râtelier
plusieurs fois par jour, ce qui ne va pas dans le sens d’une
utilisation dans une écurie sans présence de gardiens et
donc sans surveillance. n
Comparé aux conditions naturelles de 12 à 16 heures, le
temps total de prise de nourriture de 4 ½ heures est
assez bas. Cependant, les chevaux avaient en perma-
nence de la paille à disposition dans l’aire de repos. Le
temps total de prise de nourriture au râtelier automa-
tique a augmenté, comparé à la semaine de référence
(stalles d’affouragement). En revanche, elle ne se diffé-
rencie pas significativement entre la variante «six ouver-
tures par jour» et la variante «trois ouvertures par jour».
Les intervalles ont toutefois été fortement réduits dans
le cas des six ouvertures. Cette meilleure répartition de
l’accès au foin tout au long de la journée prévient un
encombrement de l’estomac, particulièrement petit
chez le cheval, et représente donc une gestion de l’af-
fouragement plus adaptée aux besoins des chevaux.
Dans la détention de chevaux en groupe, la distribu-
tion de fourrage dans des râteliers à balles rondes
entraîne régulièrement des tentatives d’éviction de la
place d’affouragement des individus de rang inférieur
en raison de l’organisation hiérarchique des équidés. Ce
comportement est ressorti très clairement de la compa-
raison entre la phase de test K (affouragement en stalles:
pas de tentatives d’éviction) et les phases de test T1 et
T2 (affouragement au râtelier). La distribution de four-
rage grossier dans des râteliers de grande dimension
pour plusieurs chevaux ne convient qu’à des groupes
homogènes (chevaux avec les mêmes besoins alimen-
taires) et avec un bon rapport «place d’affouragement/
cheval» ou encore dans le cas d’un affouragement à
volonté. Le râtelier testé (douze places) convient à l’af-
fouragement d’un groupe composé de quatre chevaux,
le nombre d’évictions par jour de la place d’affourage-
ment ayant été nettement plus élevé avec un groupe de
six chevaux, ce qui n’est pas synonyme de «repas pris
dans un climat serein».
Bibliographie b Bachmann I. & Stauffacher M., 2002. Haltung und Nutzung von Pferden in der Schweiz: Eine repräsentative Erfassung des Status quo. Schweiz. Arch. Tierheilk. 144, 331–347.
b Briefer S., Bucher F., Schär S. & Bachmann I., 2013. Rundballenraufe für Pferde mit zeitgesteuerter Fütterungsplane. Prüfbericht, Agroscope – Schweizerisches Nationalgestüt, 6 p.
b Duncan P., 1980. Time-budgets of Camargue horses. II. Time-budgets of adult horses and weaned sub-adults. Behaviour 72 (1–2), 26–49.
b Gülden A., Gauly M. & Troxler J., 2011. Die computergesteuerte Kraftfut-terstation für Pferde in Gruppenhaltung – Der Einfluss einer Austreibhilfe auf den Fütterungsablauf. KTBL-Schrift 489, Münster-Hiltrup, 113–121.
b McGreevy P. D., Cripps P. J., French N. P., Green L. E. & Nicol C. J., 1995. Management factors associated with stereotypic and redirected behavi-our in the Thoroughbred horse. Equine Vet. J. 27, 86–91.
b Tyler S. J., 1972. The behaviour and social organization of the New Forest ponies. Animal Behaviour Monographs 5, 85–196.
b Vervuert I. & Coenen M., 2002. Aspekte der Fütterungs- und Haltungs-technik von Pferden. Pferdeheilkunde 18, 629–63.
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 310–313, 2014
314
P o r t r a i t
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 314, 2014
«Les chevaux ne mentent pas. Ils réagissent immédiate-
ment aux stimuli et en fonction de leur personnalité
authentique. C’est une expérience et une école de vie
que je souhaite à tous de vivre.» Quand Iris Bachmann
évoque les chevaux, la passion qu’elle nourrit pour ces
quadrupèdes dotés d’une grande sensibilité est nette-
ment palpable.
Responsable de l’équipe Ethologie, détention et uti-
lisation de chevaux au Haras national suisse d’Agroscope
à Avenches depuis le début 2014, Iris Bachmann teste
avec son équipe – composée uniquement de femmes –
non seulement de nouveaux systèmes de détention (lire
l’article sur les râteliers en p. 310), mais étudie aussi le
comportement du cheval, en particulier lors de l’appren-
tissage. Le thème «Détention de chevaux et aménage-
ment du territoire» est aussi de son ressort et fait régu-
lièrement la une des journaux. Selon elle, une détention
et une utilisation modernes peuvent être à la fois
conformes au bien-être des animaux et applicables dans
la pratique «tout en étant profitables aussi bien à
l’homme qu’à l’animal».
Née en 1968 dans le canton de Zurich, Iris Bachmann
a grandi à la campagne, entourée de nombreux animaux
domestiques. Enfant déjà, elle a appris à observer les
animaux et à tirer des conclusions de leur comporte-
ment naturel. Pas étonnant qu’elle ait étudié plus tard la
biologie et – en en branche principale – la zoologie et
l’éthologie à l’Université de Zurich, ni qu’elle ait rédigé
une thèse en 2002 intitulée «Chevaux en Suisse. Préva-
lence et causes des troubles du comportement considé-
rés sous l’angle de la détention et de l’utilisation» (titre
orignal en allemand, traduction française libre).
Depuis 2003, Iris Bachmann travaille au Haras natio-
nal suisse, d’abord en qualité de collaboratrice scienti-
fique et responsable du Bureau de conseil, puis comme
responsable de la formation et, en 2012 et 2013, en tant
que responsable d’un groupe de recherche. «Au cours
des dernières années, nous avons acquis un grand
nombre de nouvelles connaissances que nous avons pu
transmettre à la pratique». Elle considère la nouvelle
orientation du haras en 2012 pour elle, personnellement,
mais aussi pour la filière suisse du cheval comme «pas-
sionnante, motivante et en général très positive». La
conscience de la filière du cheval dans les domaines de
l’éthologie et de la détention s’est considérablement
accentuée. Et Iris Bachmann d’ajouter: «Bien que beau-
coup de connaissances font encore défaut, nous avons
déjà fait bouger bien des choses. Et j’en suis fière!»
Avec sa famille – son mari et ses deux garçons Nick (12) et
Till (14) – et une ribambelle d’animaux domestiques, elle
a élu domicile à Mur, sur le Mont Vully. Mère de famille,
détentrice d’animaux et responsable d’une équipe de
recherche, elle trouve sa vie «géniale». Mais: «J’aimerais
que les journées soient deux fois plus longues». Elle
trouve un équilibre à cette vie trépidante en joggant.
«Chausser mes baskets et hop! dans la nature pour un
jogging, c’est pour moi la relaxation par excellence».
Et si elle avait un vœu à faire? «Je souhaiterais que
l’éthologie soit reconnue comme une discipline de
recherche scientifique à part entière par tous les prati-
ciens, chercheuses et chercheurs et les autorités. Car, les
efforts déployés pour le bien-être des animaux ne sont
pas simplement un effet lié à une société prospère
hypersensible, mais ont des retombées directes sur le
bien-être des humains».
Christine Caron-Wickli, Agroscope
Le comportement du cheval est son pain quotidien
315
A c t u a l i t é s
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 315–319, 2014
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
Le bétail a repris le chemin des pâturages alpestres. Le
livre «Avenir de l’économie alpestre suisse» parait en
français et en italien juste au moment où débute la nou-
velle saison d’alpage. Il présente une vue d’ensemble
claire et approfondie des résultats du travail accompli
pendant cinq ans par quatre-vingt chercheurs et cher-
cheuses dans le cadre du programme de recherche Alp-
FUTUR. De premières mesures sont déjà mises en pra-
tique. Des postes à l’alpage sont désormais proposés
dans le cadre du service civil. La recherche a montré que
trois facteurs étaient particulièrement décisifs pour
l’avenir de l’économie alpestre: le personnel de l’alpage,
le changement structurel agricole en plaine et la poli-
tique agricole.
Le livre «Avenir de l’économie alpestre suisse. Faits, analyses et pistes de réflexion du programme de recherche AlpFUTUR» est accompagné de deux DVDs, comportant les films
d’application AlpFUTUR «D’alpagistes à alpagistes» (sous-titré en
français), ainsi que le documentaire «Une saison à l’alpage»
(sous-titré en français). L’ouvrage peut être commandé auprès du
WSL pour la somme de 30 francs (port en sus): www.alpfutur.ch/
livre. Les deux DVDs sont également vendus séparément.
Parution du livre sur AlpFUTUR: où va l’économie alpestre?
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Actualités
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 315–319, 2014
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
Agroscope Transfer | N° 21
Selon le relevé du budget-temps réalisé en 2011 dans
179 exploitations familiales agricoles, le temps de tra-
vail des paysannes représente en moyenne 65 heures
par semaine. Les paysannes consacrent près d’un tiers
de ce temps à l’exploitation agricole ainsi qu’aux activi-
tés administratives et proches de l’agriculture. Les acti-
vités professionnelles hors exploitation représentent
13 pourcents de leur temps de travail. Le ménage et la
famille occupent la moitié de leur temps et restent le
domaine des paysannes, bien que les partenaires
consacrent davantage de temps à la garde des enfants
qu’autrefois. Les paysannes adaptent leurs activités à
l’intérieur et à l’extérieur de l’exploitation à leur situa-
tion familiale: lorsque les enfants sont petits, elles
réduisent leurs activités dans l’exploitation et en dehors
et investissent davantage de temps dans la garde des
enfants. Depuis 1974, le temps consacré au ménage et à
l’exploitation par les paysannes a baissé, tandis que celui
consacré à l’éducation des enfants et aux activités pro-
fessionnelles hors exploitation a augmenté. Depuis lors,
on compte trois fois plus de paysannes avec une forma-
tion non-agricole qu’autrefois. Les résultats de l’en-
quête budget-temps montrent que la contribution des
paysannes aux exploitations familiales agricoles reste
très importante. Leur engagement polyvalent dans le
ménage, la famille, l’exploitation et l’administration
ainsi que leurs activités proches de l’agriculture ou hors
exploitation contribuent incontestablement au bon
fonctionnement des exploitations agricoles familiales.
Ruth Rossier et Linda Reissig, Agroscope
EconomieAgroscope Transfer | N° 21
Contribution des paysannes aux exploitationsfamiliales agricoles en Suisse
Une enquête budget-temps
Juin 2014
Autrices
Ruth Rossier et Linda Reissig
Selon le relevé du budget-temps réalisé en2011 dans 179 exploitations familiales agri-coles, le temps de travail des paysannesreprésente en moyenne 65 heures parsemaine. Les paysannes consacrent prèsd’un tiers de ce temps à l’exploitation agri-cole ainsi qu’aux activités administrativeset proches de l’agriculture. Les activitésprofessionnelles hors exploitation repré-sentent 13 pourcents de leur temps de tra-vail. Le ménage et la famille occupent lamoitié de leur temps et restent le domainedes paysannes, bien que les partenairesconsacrent davantage de temps à la garded’enfants qu’autrefois.Les paysannes adaptent leurs activités àl’intérieur et à l’extérieur de l’exploitationà leur situation familiale: lorsque lesenfants sont petits, elles réduisent leursactivités dans l’exploitation et en dehors et
investissent davantage de temps dans lagarde des enfants.Depuis 1974, le temps consacré au ménageet à l’exploitation par les paysannes abaissé tandis que celui consacré à l’éduca-tion des enfants et aux activités profession-nelles hors exploitation a augmenté.Depuis lors, on compte trois fois plus depaysannes avec une formation non-agri-cole qu’autrefois.Les résultats de l’enquête budget-tempsmontrent que la contribution des pay-sannes aux exploitations familiales agri-coles reste très importante. Leur engage-ment polyvalent dans le ménage, la famille,l’exploitation et l’administration ainsi queleurs activités proches de l’agriculture ouhors exploitation contribuent incontesta-blement au bon fonctionnement desexploitations agricoles familiales.
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Fig. 1: Du fait de leur polyvalence, les paysannes apportent une contribution considérable au bon fonctionnementdes exploitations agricoles familiales: paysanne dans son magasin à la ferme.
Contribution des paysannes aux exploitationsfamiliales agricoles en Suisse
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Actualités
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 315–319, 2014
Agroscope Science N° 4 / 2014
(disponible uniquement en allemand)
La graisse joue un rôle important dans l’alimentation
humaine. Les graisses sont vitales pour un corps sain, lui
fournissent de l’énergie, contribuent à l’absorption de
vitamines liposolubles et constituent des éléments struc-
turels pour les parois cellulaires. Lorsque l’on cuisine
aussi, la graisse joue un rôle important en tant que
vecteur pour les arômes et le goût. Cependant, aucune
autre substance nutritive ne doit lutter autant contre les
préjugés que la graisse.
Depuis des années, les organismes officiels et les
sociétés de nutrition recommandent de réduire la teneur
en graisses de l’alimentation et de préférer les huiles et
les graisses végétales aux graisses animales. Ainsi, elles
ont influencé le comportement de nombreux consom-
mateurs-trices par rapport à la graisse animale, comme
le montrent différents sondages d’opinion réalisés en
Suisse. Le fait que ces recommandations n’étaient pas
étayées par suffisamment de faits scientifiques a été cri-
tiqué dès le début; ces dernières années, les indications
se précisent que la graisse en général et également la
graisse animale ne méritent pas la mauvaise réputation
dont elles jouissent souvent.
La présente publication réunit la littérature scienti-
fique concernant des aspects choisis du thème de la
graisse animale (teneur en matière grasse de la viande,
composition de la graisse animale, source d’arôme, his-
torique des recommandations relatives à la teneur en
graisse, impact de la graisse animale sur la santé). Etant
donné que la graisse animale est absorbée en général
lors de la consommation de viande, les possibles aspects
néfastes pour la santé liés à la consommation de viande
seront également abordés brièvement.
Alexandra Schmid, Agroscope
Agroscope Science est publié uniquement sous forme électronique.
Téléchargement en format PDF: www.agroscope.ch > Publications
Fleischfett –Ein Geschmacksträgermit Einfluss auf diemenschliche Gesundheit?Autorin:Alexandra Schmid
LebensmittelAgroscope Science | Nr. 4 / 2014
Graisse animale: un vecteur de goût qui influence la santé humaine?
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www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen
Actualités
C o m m u n i q u é s d e p r e s s e
www.agroscope.admin.ch/communiques
30.06.2014 Les mouches mineuses: passagers clandestins des plantes importées C'est bientôt la période des vacances d'été – et des sou-
venirs que l'on ramène dans ses bagages. Les objets
décoratifs ne posent généralement pas de problème à
la douane, tandis que les plantes exotiques, elles, néces-
sitent souvent des permis d'importation, ou même sont
carrément interdites. Ces mesures visent à éviter l'intro-
duction de maladies ou ravageurs des plantes (orga-
nismes de quarantaine) en Suisse, comme les mouches
mineuses. L'inspectorat phytosanitaire d'Agroscope et le
service phytosanitaire fédéral recommandent donc vive-
ment de renoncer aux plantes comme souvenir de
voyage. En pratique, ces directives phytosanitaires
restent souvent ignorées.
24.06.2014 L’agriculture biologique a elle aussi besoin de mesures ciblées pour la biodiversité Le nombre d’habitats différents joue un rôle décisif dans
la préservation de la diversité des espèces en région agri-
cole. Les exploitations biologiques qui ne prennent pas
de mesures d’encouragement ciblées comme la création
de milieux naturels supplémentaires riches en espèces
présentent une biodiversité qui n’est que légèrement
plus élevée que celle des autres exploitations. C’est ce
que montre une étude réalisée dans dix régions euro-
péennes et deux régions africaines. Les programmes de
BioSuisse et IP Suisse pour la promotion de la diversité
des milieux naturels peuvent servir d’exemples au niveau
européen.
17.06.2014 Fromagers et fromagères d’alpage: l’importance de la formation pour la qualité des produits Les fromages d’alpage sont très appréciés par les
consommateurs-trices. Etant donné que la fabrication
du fromage requiert beaucoup de travail manuel, la
transformation du lait sur l’alpage est plus exigeante
qu’en plaine. Des collaborateurs-trices d’Agroscope ont
participé à l’organisation ce printemps de plus de
20 cours pour fromagers-ères d’alpage et transmis leurs
connaissances techniques à près de 500 personnes.
10.06.2014 Rouille jaune: il faut trouver des variétés résistantes Cette année, une forte épidémie de rouille jaune se
répand sur les cultures de blé et de triticale en Europe.
En Suisse, plusieurs variétés sont concernées. La cause se
trouve dans une combinaison de conditions météorolo-
giques particulièrement favorables et l’arrivée d’une
nouvelle race très virulente du pathogène. Le labora-
toire de pathologie de la sélection du blé et du soja
d’Agroscope analyse actuellement les virulences du
pathogène et évalue la résistance des variétés de blé
suisses et étrangères. Dès que possible, les producteurs
seront informés sur les variétés qui offrent la meilleure
résistance pour chaque classe boulangère.
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 315–319, 2014
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Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
Actualités
M a n i f e s t a t i o n s
Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations
L i e n s i n t e r n e t
Vidéo documentaires
www.agroscope.ch/publikationen
Les films vidéo documentaires d’Agroscope présentent
des aspects de la recherche et du développement
d’Agroscope de manière informative et divertissante,
pour des produits alimentaires savoureux, une agricul-
ture compétitive et un environnement sain.
Août 2014
09.08.2014Geschmackserlebnis Kartoffelvielfalt in MaraniProSpecieRara et Agroscope (IPV, IDU)Schaugarten Maran, Arosa/GR
14.08.2014Ostschweizer AGFF-Tagung 2014Agroscope INH, AGFF, Landw. Zentrum SG, Profi-LaitMoorhof, 9464 Rüthi SG
21. – 22.08.2014Info-Tag: Medizinal- und Aromatische PflanzenAgroscope IPV, ContheyLe Prese, GR
23.08.2014Güttingertagung 2014Agroscope + BBZ ArenenbergVersuchsbetrieb Güttingen, Güttingen TG
28.08.2014AGFF-WaldhoftagungINT, INH, AGFF, Inforama, HAFL, Profi-LaitInforama Langenthal
30. – 31.08.2014Journées portes ouvertes: Toucher la recherche Agroscope Conthey
Septembre 2014
11.09.201437. Informationstagung AgrarökonomieAgroscopeAgroscope INH, 8365 Ettenhausen
17.09.2014Journée Semis directAgroscope IPV, Changins
V o r s c h a u
Septembre 2014 / Numéro 9
Pour des raisons économique, les porcelets sont rapidement séparés de leur mère, avant que celle-ci ait pu leur enseigner à manger des aliments solides. Lors d’un essai alimentaire, des chercheurs d’Agroscope et de l’EPFZ ont cher-ché à savoir si les porcelets fraî-chement sevrés pouvaient profiter de l’exemple et de l’expérience d’autres porcelets déjà habitués à consommer des aliments solides.
D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o
•• Des porcelets expérimentés ne favorisent pas la
croissance de porcelets fraîchement sevrés, Andreas
Gutzwiller et al., Agroscope et ETH Zürich
•• La sélection végétale suisse – une analyse spatiale,
temporelle et thématique de la situation,
Achim Walter et al., ETH Zürich
•• Résultats des essais variétaux de luzerne 2011 – 2013,
Rainer Frick, Agroscope
•• Qui achète des aliments bio en Suisse?
Franziska Götze et Ali Ferjani, Agroscope
•• Potentiel de l’agriculture dans la région du Gothard,
Andreas Hochuli et al., HAFL
•• Calculs des coûts complets des travaux en régie,
Daniel Hoop et al., Agroscope
•• World Café «Croissance dans l‘agriculture»,
Linda Reissig, Agroscope
•• Charbon de l‘orge: sensibilité variétale et alternatives
de lutte, Heinz Krebs et al., Agroscope
Recherche Agronomique Suisse 5 (7–8): 315–319, 2014
Donnerstag,11. September 2014
37. Informationstagung AgrarökonomieAgroscope, Institut für Nachhaltigkeitswissenschaften INH, Tänikon
An der Tagung wird über die laufenden agrarwirtschaftlichen Arbeiten des Instituts für Nachhaltigkeitswissenschaften (vormals Forschungsanstalt Agroscope ReckenholzTänikon) informiert. Mehrere Beiträge sind dem Thema Kostensenken gewidmet.
Themen•Buchhaltungsergebnisse2013•VollkostenwichtigerSchweizerAckerbaukulturen•KostenundNutzenderGentechnik•WechselkursundWettbewerbsfähigkeitderLandwirtschaft•ZukunftimInternet:SwissAgriculturalOutlook•ZufriedenheitundsozialeVernetzung
Detailprogrammwww.agroscope.ch>Aktuell>Veranstaltungen
AnmeldungBis am 28. August 2014 bei [email protected]
TagungsortAgroscope, Institut für Nachhaltigkeitswissenschaften INH, Tänikon1,8365Ettenhausen,HörsaalRefenthal
KostenFr. 80.– (inkl. Dokumentation und Mittagessen)
Eidgenössisches Departement für Wirtschaft, Bildung und Forschung WBFAgroscope
Schweizerische EidgenossenschaftConfédération suisseConfederazione SvizzeraConfederaziun svizra