Recueil d'articles sur l’École des mines pendant la Résistance

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Plusieurs articles relatent la Résistance issue de l’École des Mines de Saint-Etienne

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  • CADRE OPERATIONNEL DE L'ECOLE DES MINES DE SAINT-ETIENNE" .

    Cette structure de formation scientifique rpute tait l'une des trois seules de ce typefonctionnant en France avec Paris et Nancy. Elle va susciter, former, engager dans lessabotages un rseau de rsistance qui runit lves-ingnieurs et professeurs dans le mmelan interactif qu' Fauriel, mais qui les regroupe en une seule unit oprationnelle rattache

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    directement l'adjoint du chef de l'Arme Secrte .. pour l'agglomration stphanoise, Guy deFrondeville. L'organisationdel'Arme secrte dans la Loire comprend, avant le 6 juin 1944,six secteurs : Saint-Etienne (responsable Henri Jeanblanc), valle de l'Ondaine (Chapelon),valle du Gier (Brodin, puis Arnaud), Chazelles-sur-Lyon-Plaine est du Forez (AdrienMonier), Montbrison-Plaine du Forez contre (Rolle), Roannais (Boisserolle), ",Henri Jeanblanc a servi en 1940-1942 comme aspirant au Sme RI Saint-Etienne, sous lesordres quelque temps du capitaine Jean Marey dont il a apprci les qualits militaires,intellectuelles et humaines. Frapp par. la dissolution de l'Arme d'armistice, l'aspirantJeanblanc entre au lyce Fauriel en 1943 tout en achevant la prparation de sa licenced'histoire. C'est en novembre 1943 que le commandant Marey lui confie la direction del'Arme secrte de Saint-Etienne. Ce secteur englobe les communes limitrophes de Villars,La Fouillouse, Terrenoire et, comme il est essentiellement urbain et qu'il n'a ni possibilit derepli, ni zone propice au maquis, on lui rattache le maquis du Pilat.Missions de Jeanblanc avec l'AS Saint-EtienneHenri Jeanblanc a trois missions Saint-Etienne :-le recrutement d'une part d'un groupe actif capable de mener immdiatement les oprationsdemandes, d'autre part l'engagement de volontaires qui seraient utiliss au fur et mesureque des armes proviennent au secteur. Le premier groupe est le groupe franc (GF) dirig parMarcel Bastin, dit Marcellin, chef courageux et intelligent, qui dispose avec l'artificierMarius Granotier d'un homme courageux jusqu' la tmrit. A ct de ce GF, Jeanblancs'attache les services de quatre autres groupes destins l'action: le groupe de l'Ecole desMines, constitu par Guy de Frondeville (cf'orestier), le groupe du lyce avec les professeursJalabert et Chapelle, l'cole des cadres de Terrenoire non pas avec Stouff rcus par Marey,mais avec l'un de ses cadres, Drapeau, le groupe des anciens du Sme emmen par l'adjudantRudel.-le renseignement, ce qui oriente les contacts et les rapports de Jeanblanc vers les organismestatiques (groupe de la police, contact avec Auguste Fleuret, commissaire central), lesorganismes conomiques (groupe Eaux et Forts, dirig par l'ingnieur Colin et qui doitprparer le transfert du maquis dans le Pilat), les services administratifs ( la Prfecture, lecentre de Transmissions, indpendant des divisions, o Massard runit les informations) et lesservices ~e scurit (Garde Mobile dirige par le lieutenant Millon qui apporte par la suitearmement et munitions). Jeanblanc a des relations officielles excellentes, rgulires et fixesavec l'Etat-major dpartemental de l'AS," Knoblauch, Ducanchez, Pialat, et des lienspersonnels avec le pharmacien Gimon qui l'a beaucoup renseign et avec les MUR oCalamand et Perroy l'ont beaucoup aid.-l'action, multiforme avant le 6 juin 1944 : les armes (prlvement d'armement et d'explosifs,rception de parachutages), la contre-propagande (

  • Source: -ADL, 11J 551/3, Rapport de Il pages du 16 aot 1989,sur le secteur AS de Saint-Etienne, adress par Henri Jeanlanc au colonel Ren Gentgen. '

  • UN CLIMAT FAVORABE A LA RESISTANCE A 1'~COLE.DES MINES (1941-1943)L'Ecole Suprieure des Mines de Saint-Etienne est, aprs -la dfaite de 1940, le seultablissement de formation des lves-ingnieurs dans ce domaine de spcialisation, situ enzone non occupe. Elle suscite, par son ,climat de tolrance antiraciste et de patriotismerpublicain, l'engagement dans la Rsistance de futurs ingnieurs des mines et de professeurs.

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    Ils vont se grouper dans une organisation dirige par l'lve-ingnieur Jacques Lagneau, puiss'insrer dans une unit commande par Guy de Frondeville,Les prmices la Rsistance par l'accueil et le vritable 'esprit patriotiqueLe futur chef du groupe de l'Ecole des Mines, Lagneau, est frapp par l'esprit anti-allemand de la grande majorit des lves des trois promotions. Mme dj en 1941, lesautorits de Vichy se font des' illusions sur les vritables sentiments de ces tudiants. Unrapport du 15 fvrier 1941 par le commissaire de la police, spcialis dans le renseignement,les juge patriotes et fervents admirateurs du marchal Ptain. Le seul cas de Philipe Akar,isralite selon les normes de la loi de Vichy du 3 octobre 1940, accueilli avec une volontspontane en 1940-1941 par le directeur, M. Descombes, et le corps professoral, suffirait dmentir ce conformisme au gouvernement. Akar retrouve son ami Andr Lelong, prisonnierde guerre vad et d'autres camarades de Paris. L'Ecole accueille, en effet, des tudiants dela capitale comme Clment Bcat ou un polytechnicien comme Roger Durand. Notons queds l'anne 1941-1942, Lelong initie Akar l'expdition de colis truqus aux prisonniers deguerre pour organiser leur vasion.L'anne 1942-1943 est logiquement une anne d'changes et de maturation en vue de laformation d'un groupe de Rsistance l'Ecole. Au terme de cette anne-l, le corpsprofessoral semble aux lves anim du pur esprit franais. Les lves gaullistes de lapromotion 1941-1944 de Lagneau, durant cette premire anne de formation, se rapprochenttrs vite et, dans leurs chambres, mnent des changes de rflexion sur la prvision d'undbarquement de plus en plus affirm par les antennes de Londres.Mais la loi du ST du 16 fvrier 1943, applicable aux jeunes de 20, 21 et 22 ans, lesproccupe. Le directeur de l'cole des Mines, en liaison avec l'ancien directeur adjoint ducours Fauriel, M. Perrin-Pelletier, met au point un systme d'emploi au travail qui permetaussi aux lves de suivre leurs cours. Ils se rendent deux jours par semaine aux mines et lesquatre autres jours, ils suivent leurs cours. Au passage, il faut savoir que l'puration conduite la Libration contre Perrin-Pelletier a t partisane.L'ouverture des protestants en religionGeorges Massard se trouve en inaction fin novembre 1942 aprs cinq annes de service dansles troupes marocaines. En fvrier 1943, il peut, rentrer au rseau radio du Ministre del'Intrieur, au centre de la Prfecture de la Loire. En mars, il est dsign chef du centre deTransmissions. C'est aussi en ce mois de 1943 qu'il rejoint la Rsistance en adhrant aumouvement Equipes de France inspir par Uriage o se trouvait une Ecole de cadres.Amen dans ce mouvement par un conseiller presbytral de Saint-Etienne, il fait laconnaissance de son chef, le Dr Raoul Duval, conseiller presbytral galement.En octobre ou novembre 1943, il prend contact avec l'Arme secrte d'une manire curieuse.A l'occasion d'un rendez-vous la Rivire, Saint-Etienne, pour une marche de nuit, lesparticipants se rendent dans une ferme de la commune de Saint-Genest-Malifaux par unparcours dans les bois et sur sentiers. A l'arrive, aprs le repas pris, il fait la connaissance deMarey (

  • l'Ecole Suprieure des Mines dont le chef est Lebrun (Lagneau), la seconde constitue parMassard, Les Routiers Unionistes.

    Grard AventurierSources: - Revue de l'ANACR, Le Rsistant de la Loire, Jacques Lagneau L'Ecole desMines de Saint-Etienne dans la Rsistance, juillet 1970-juillet1971, n? 11-12-13-14-15.-Revue des Ingnieurs des Mines, Tmoignage de Philippe Alear, mai 1995.-Tmoignage crit de Georges Massard, Equipe Routiers "Unionistes, corps franc de l'Annesecrte de la Loire), 2000, 10 p. '

  • L'ORGANISATION D'UN GROUPE DE RESITANTS A L'ECOLE DES MINESDes sympathisants de la RsistanceDurant l'anne 1940-1941, .I'Ecole Suprieure des Mines a accueilli des tudiants de Parisreplis ou prisoniers vads, ou encore des juifs en tudes aprs la loi raciale d'octobre 1940.Quelques lves-ingnieurs .se regroupent pendant l'anne 1942-1943 autour de Paysant. LeDirecteur, M. Neltner, s'y associe en orientaions ainsi qu'aux runions extrieures. Le Groupede Jeunesse sert de devanture. Ces, lves proviennent donc d'horizons trs divers,gographiquement ainsi que. socialement. Cependant, une anne de vie en communaut leurpermet d'oser rvler leur fibre patriote. En effet, 'ils sont pour la majorit d'entre euxhbergs la Maison des .Elves au 34 rue Csar Bertholon, et ils sont en deuxime anned'tudes (anne des Kroumir).Dans l't 1943, avec la cration des maquis dans les campagnes ou l'avance des Allis enItalie, les forces internes et les vnements voluent favorablement. A la rentre d'octobre1943, les Allemands apparaissent aux lves-ingnieurs dans le recul, perdus, c'est--direcommenant tre repousss vers la dfaite. Les maquisards gagnent envers eux de plus enplus de sympathie.De la frquentation des MUR la RsistanceLe futur chef de la Rsistance dans l'Ecole, l'tudiant Jacques Lagneau, se rend compte qu'ilexiste derrire l'officiel Groupe de jeunesse dirig par Paysant, une aute association plusrestreinte et secrte, qui groupe entre autres: Paysant, Courant, Baulier, Les runions sur lesMUR (Mouvements Unis de la Rsistance), fond dans la zone sud le 27 janvier 1943, ontlieu en ville, au dernier trimestre de 1943, et Monsieur Neltner y apporte son concours. Maisce n'est que bien plus tard que Lagneau va apprendre la dnomination et la fonction de cetteunification pralable la gurilla.Peu avant Nol 1943, Lagneau est appel dans la chambre de Paysant par l'intermdiaire deBaulier pour une communication importante, lui dit-il. Paysant le pressent pour constituerune sizaine, petit groupe cloisonn de cinq camarades, prts effectuer, le moment voulu,les actes ncessaires la ralisation des plans allis. En janvier 1944, il doit recruter aprss'tre mis en rapport, sur l'introduction de Paysant, avec de Frondeville qui occupe une placed'ingnieur au Service des Mines ~e la Loire depuis quelques mois. Guy de Frondeville,second du responsable de l'AS Saint-Etienne, Henri Jeanblanc, doit lui donner les motsd'ordre de l'tat-major dpartemental de l'AS, dirig par Jean Marey.Il n'est pas raliste pour l'Ecole de prendre la promotion ancienne des 1941-1944, lesArabes, qui se trouvent trs pris par leurs examens en mars. Le premier compagnon deLagneau est naturellement Francis Baulier, futur 'chef de sizaine, puis sont obtenues lesadhsions. de Jean Paupier, Georges Mesmeur, Paul Laneyrie, et peu aps, celle dusympathique professeur de stratigraphie, Monsieur Letourneur. Aprs le sectionnement dela ligne tlphonique Saint-Etienne-Lyon, le recrutement est intensifi. Fin mars 1944,Lagneau est la tte de quinze camarades qu'il divise en trois sizaines sous la direction deBcat, Baulier et Letourneur:

    Commandant l'Ecole des Mines: Guy de Frondeville (

  • Lelong, prisonnier vad, Coignard et Boudard sont affilis au Service de renseignements1.De Frondeville dirige une trentaine, d'une part la quinzaine d'ingnieurs en formation, d'autrepart le groupe quivalent d'Eclaireurs Unionistes, command par l'aspirant Massard, affectau Centre de transmissions ci la Prfecture de la Loire. Lagneau ne tarde pas connatre sousleurs pseudonymes les chefs de qui de Frondeville reoit les ordres communiquer:

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    Navarre (capitaine Jeanblanc), responsable . de l'AS de Saint-Etienne, Herv(commandant Marey) la tte dpartementale ,de l'AS et Massier (Massard).

    , Grard AventurierSources: - Revue de. l' ANACR, Le Rsistant de la Loire, Jacques Lagneau, L'Ecole desMines de Saint-Etienne dans la Rsistance, juillet 1970-1971, n 11-12-13-14-15.-Tmoignage crit de Georges Massard, Equipe Routiers Unionistes, corps franc de l'Armesecrte de la Loire, 2000, 10 p.-Lettre de Jean F. Barbier, Association des anciens lves de l'Ecole des Mines, 23 mai 1998.

    1 Lebrun tait un lve de l'Ecole des Mines de Paris dont le vritable nom, rsonance isralite, l'avait amen prendre un pseudo. Peyronie tait un lve de l'ENS d'aronautique, rfugi Saint-Etienne (lettre de Jean F.Barbier G. Aventurier, Paris, 03/04/98).

  • LES ACTIONS DE L'ECOLE DES MINES 1\VANT LE JOUR J (1)Le groupe de Rsistance de l'Ecole des Mines a son histoire partiellement lie avec le groupedes Eclaireurs Unionistes, command par Georges Massard. L'ingnieur du service des Minesde Saint-Etienne, Guy de Frondeville (
  • 3 L'arrire de la caserne Rullire et l'entre de la caserne Desnottes sont toutes proches.4 Adjoint de Georges Massard dans l'quipe des Eclaireurs Unionistes.

  • LES ACTIONS DE L'ECOLE DES MINES AVANT LE JOUR J (2)Le secteur AS de Saint-Etienne est bien organis la fin de l'anne 1943. L'aspirant HenriJeanblanc (
  • En ville, l'AS dispose, dans le secteur de Saint-Etienne, d'une centaine d'hommes dont unebonne partie a t instruite en vue du maniement des armes parachutes et des explosifs ; ellepeut utiliser un dpt avec de l'armement, un garage et une camionnette, une centaine de litresd'essence. Au maquis, des armes pour tous sont mis dans la cave d'une maison 5 km duBessat [... ]. La ferme inhabite situe sur la. route de Plussin, garnie de vivres, doit servir

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    comme PC. Lagneau souligne qu'ils sont presque, prts et la priode qui s'ouvre avec ledbarquement va marquer pour. [eux] une re d'activit intense ... .

    Grard AventurierSources: - Revue de. l' ANACR, Le Rsistant de la Loire; Jacques Lagneau, L'Ecole desMines de Saint-Etienne dans la Rsistance, juillet 1970-juillet 1971, n 11-12-13-14-15.-Tmoignage crit de.Georges Massrd, Equipe Routiers Unionistes, corps franc de l'Armesecrte de la Loire, 2000, 10 p.-Guy de Frondeville, Souvenirs de guerre (1939-1945)>>, pp. 45-47.

  • LE GROUPE DE L'ECOLE DES MINES DU 6 AU 29 JUIN 1944 (1)Le 5 juin 1944 au soir, Lagneau, lve-ingnieur dirigeant l'ensemble des trois sizaines del'Ecole des Mines de Saint-Etienne, est averti par Guy de Frondeville du dclenchement desoprations en France le lendemain matin. Le mardi 6 juin 1944, le monde entier apprend quele dbarquement a commenc en Normandie. Les rsistants ont reu de Londres l'ordre

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    d'oprer selon les clbres .instructions du plan vert (sabotage des voies ferres et desmoyens de communication ennemis), ,Les oprations sur les voies. de communicationDe Frondeville commande la trentaine, c'est--dire le groupe de l'Ecole des Mines et celuides Eclaireurs Unionistes. Ds le 7 juin, Lagneau avec Navarre (Jeanblanc), chef du secteurAS de Saint-Etienne, Forestier (de Frondeville) et un spcialiste de la dynamite desexplosifs, Marcellin (Bastin) la tte du GF de la ville, ralisent la premire coupure devoie ferre du ct d'Annonay. Lagneau, form thoriquement dans ce domaine par lelieutenant Knoblauch, prend les complments pratiques sur la pose du plastic. Oprationsymbolique en engags et en excution !Ensuite, le groupe de l'Ecole des Mines est dsign pour immobiliser la voie entre Saint-Etienne et Saint-Just-sur-Loire. Bcat, Baulier, Lagneau vont reprer un endroit propice, unpassage en dblai dans une courbe. Le lendemain, le 10 juin, les trois tudiants et Bastinmettent en place les explosifs et l'amorce tirette (petit cble de plusieurs mtres quidclenche l'explosion distance). Ils attendent pendant deux heures le passage d'un convoi demarchandises, chosi comme objectif pour ne pas causer de catastrophe ...quand ils voientapparatre des soldats allemands le long de la voie ferre. Ils ne sont pas suffisammentnombreux, ni arms pour engager la lutte. Les explosifs, invisibles d'une locomotive, sontfaciles percevoir par des pitons. Bientt, des cris gutturaux s'lvent. Les rsistants,risquant d'tre dcouverts, sont dans l'obigation de s'enfuir. Lagneau, toutefois, prend letemps de tirer sur la ficelle. L'explosion endommage la voie et couvre la retraite des quatrehommes. La voie coupe est inutlisable pour quelques heures. Au retour, les rsistantsapprennent que la prsence de la patrouille allemande tait due un autre draillement ralis Montrond-les-Bains.Aprs ces dbuts mouvements, les lves-ingnieurs reprennent leurs sabotages. Mais ledanger d'oprer le jour devient vite impossible sur une voie svrement garde. Bcat devientle spcialiste des explosifs du groupe. Il est l'auteur de plusieurs sabotages sur les aiguillagesdu ct de La Fouillouse. L'objectif n'est pas l'immobilisation dfinitive des voies, faute degrands moyens, mais une sorte de harclement avec des explosions rptitives, allongeant lestemps des rparations.Quant I'quipe des Unionistes, elle a t charge une date inconnue du draillement d'untrain l'entre du tunnel deVillars. Le chef, Massard, s'y rend avec Marc Royet et Marius.Le passage d'une camionnette d'Allemands en nombre et le long de la voie les dissuade desortir l'explosif de leur sacoche.L'action sur les lignes tlphoniques souterrainesC'est ce qu'on appelle le plan violet appliqu par de Frondeville qui donne l'ordre decouper les cbles tlphoniques de la ligne Saint-Etienne-Lyon. L'quipe de Masard a repravant le jour J l'endroit o il faut oprer. Dumas, Royet, Massard et son adjoint, RogerArgaud, s'y rendent.' Pendant qu' Argaud et Royet font le guet, Dumas creuse le sol. La botede raccordement apparat. Ses deux boulons sont dvisss et le couvercle retir. Le cbleest alors cisaill ave un burin.De retour la Prfecture, son poste de chef au centre des Transmissions, Massard demande la tlphoniste de le mettre en relation avec. Lyon. Elle lui rpond que les liaisons sontinterrompues. Il appelle alors le central PTT, un fonctionnaire lui indique que le cble estcoup, mais que l'on peut atteindre Lyon par Roanne. Aussitt, il prvient 'Forestier.

  • La destruction des pylnes d'nergieLe volet bleu recommande les actions sur la perturbation de l'nergie lectrique. L'AS dusecteur de Saint-Etienne dtruit les pylnes Ide Mons et de La Bernerie, et un transformateurencore Mons les 9 et 12 juin d'une part, le 10 d'autre part.

    Grard Aventurier. 1

    Sources: - Revue de l'ANACR, Le Rsistant de la Loire, Jacques Lagneau, L'Ecole desMines de Saint-Etienne dans la Rsistance, juillet 1970-juillet 1971, n? 11-12-13-14-15.-Tmoignage crit de Georges Massard, Equipes Routiers Unionistes, corps franc del'Anne secrte de la Loire, 2000,10 p.-Guy de Frondeville, Souvenirs deguerre (1939-1945)>>, p~ 47.-Ren Gentgen, Rsistance Loire, Esperluette, 1993, pp. 98-99.

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  • LE GROUPE DE L'ECOLE DES MINES DU 6 AU 29 JUIN 1944 (2)Aprs le jour J, le groupe de l'Ecole des Mines, conduit par l'lve-ingnieur JacquesLagneau s'investit fond dans l'action. Le plan vert sur le sabotage des voies ferres estmen plutt par ce groupe, 'mais le plan violet sur la destruction d'un cble souterrain decommunication est assur. par l'autre groqpe, Les Routiers Unionistes de la Chapelle,command par Georges Massard (
  • LE GROUPE DE L'ECOLE DES MINES DU 6 AU 29 JUIN 1944 (3)Les groupes de l'Ecole des Mines, les lves-ingnieurs de Lageau et les EclaireursUnionistes de Massard doivent peaufiner la.prparation de leur maquis avant le lancement dela gurilla, des accrochages contre l'ennemi. Ils ont satisfait leurs besoins en ravitaillement eten matire de circulation en vhicules.Obtention de matrielIl faut encore du matriel divers, Le groupe se procure de l'outillage grce des bons-matiredcrochs par le directeur Neltner, Rendez-vous de Massard avec Jeanblanc rsponsable dusecteur AS de Saint-Etienne, place Marengo, qui lui reinet des scies mtaux.Le chef dpartemental AS, le corinnandant Marey, envoie le spcialiste de transmissions,Massard, vrifier l'tat d'un metteur radio cach dans une ferme du Pilat, au-dessus de lavalle du Gier. Contact avec un guide dans un caf de Rive-de-Gier. L'metteur, dissimuldans le foin, est inventori. Au retour, compte rendu Marey.Avant la fin juin, mission en vlo la maison du Bessat, de l'quipe des Routiers . Nuitpasse l'inventaire de l'armement pour le spcialiste Knoblauch. Le lendemain, Saint-Etienne est regagn avec quelques armes. Un membre de l'quipe, sans armes, roulenettement en tte pour signaler ventuellement un barrage de la Milice au Portail Rouge.Une attente tendue du passage au harclement de l'ennemiC'est dans cette priode que survient une lgre modification dans la hirarchie de l'AS. DeFrondeville devient le chef d'une centaine de rsistants. Lagneau prend son tour lecommandement de sa trentaine (lves de l'Ecole et Unionistes) et Bcat devient sa placeresponsable des trois sizaines d'ingnieurs des Mines en formation.Avant le 6 juin 1944, Jeanblanc et de Frondeville obtiennent des Eaux et Forts l'autorisationd'utiliser comme PC une maison forestire situe sur la route de Plussin. Lagneau et deFrondeville vont le visiter un matin et laissent proximt un des leurs pour surveiller largion. Le butin d'alimentation pris Firminy est d'ailleurs achemin par l'quipe des Mines.Dans cette ferme inoccupe, ct sud du Pilat, sur la route Le Bessat-Plussin, Massardsouligne y avoir mis, donc aprs le 6 juin, un de ses hommes, le camarade Weber.L'impatience et l'anxit montent. Lagneau constate: Les nerfs de chacun sont un peu plustendus chaque nouvelle expdition, toujours plus risque que la prcdente, par suite duresserrement de la surveillance ennemie. Mais il faut tenir le plus longtemps possible en ville.L'ordre est formel. Jeanblanc indique que Marey lui a demand de tenir jusqu'au passage dela Garde mobile au maquis, opration qu'il a longuement prpare avec le lieutenat Millon,.etqui est fixe au 7 juillet.L'attitude des professeurs vis--vis de absences d-es lves rsistantsJacques Lagneau a tmoign de la bienveillance d'un professeur et de l'appui gnral de ladiretion:Monseur Fer, son tour, devient bientt complice car notre prsence aux cours devenait de plus en plus rareet, au grand tonnement de l'excellent Monsieur Mayoux, les mauvais points que nous rcoltions sans vergognedisparaissaient comme par enchantement, sous l'impitoyable crayon rouge du sous-directeur! Ces petits faitsprouvent loquemment comben l'Ecole tout entire communiait alors dans le mme esprit de lutte.

    Grard AventurierSources: - Revue de l'ANACR, Le Rsistant de la Loire, Jacques Lagneau, L'Ecole desMines de Saint-Etienne dans la Rsistance, juillet 1970-juillet 1971, nOll-12-13-14-15.-Tmoignage crit de Georges Massard, Equipe Routiers Unionistes, corps franc de l'Armesecrte de la Loire, 10 p.

  • DEUX ELEVES-INGENIEURS ARRTES LE 29 JUIN 1944Les rsistants de l'Ecole des Mines sont bien prpars surprendre les Allemands dans desaccrochages et par la gurilla, Leurs deux vhicules, leurs vivres et leur poste decommandement sont installs dans une ferme dans le sud du Pilat, sur la route Le Bessat-Plussin, l'armement est entass dans la cave d'une fermette dsaffecte, cinq kilomtres duBessat; les fts d'essence etles pneus y ont t aussi .dposs, Dans la ferme inoccupe sur laroute de Plussin, Georges Massard, le chef de la quinzaine d'Eclaireurs Unionistes, a laissson camarade Weber au gardiennage. 'Le projet de la visite d'un garage de collaborateurJacques Lagneau, responsable des 'deux groupes de l'Ecole, est averti le mercredi 28 juind'une occasion tentante. avec Bcat, chef des trois sizaines, et Baulier, en charge d'une. Ilexiste dans un garage de collaborateur, prs de la place Bellevue, deux tractions Citron entat de circulation. Il s'agit d'en prendre au moins une, une fausse cl du garage leur estprocure. Lagneau doit aller chercher le lendemain des accus leur garage Meunier,membre des MUR (Mouvements Unis de la Rssitance), situ en face de la caserne ennemieDesnottes. Marcel Bastin, chef du corps franc du secteur AS de Saint-Etienne, un peumcano, doit aider faire dmarrer la voiture que Lagneau sait conduire en lieu sr.Tout parat prpar pour le jeudi aprs-midi. Cependant, le 29 au matin, Guy de Frondeville,l'ingnieur des Mines, responsable de la centaine Saint-Etienne, avertit Lagneau qu'il y aaussi, dans ce garage, de l'essence enlever et que la camionnette est indispensable. Baulierva donc le remplacer pour la mise en tat de la voiture tandis que Lagneau doit aller chercherle Berliet au Pilat.L'aprs-midi du chef de l'Ecole des MinesLagneau quitte Bcat et Baulier aprs djeuner, leur ayant donn toutes les instructionsncessaires. Il fait en vlo les trente kilomtres qui le sparent du dpt. Au retour, il doitaller directement vers 18 h ou 19 h au garage, proximit de la place Bellevue. Vers 18 h,Blain, un ancien lve-ingnieur, demeur Saint-Etienne et rsistant avec l'Ecole, lui confie,place Bellevue: File vite, Baulier et Bcat sont blesss. Lagneau fait demi-tour, enapercevant dans la rue Gutenberg, qui dbouche sur la place, un cordon d'Allemands enarmes. Pensant qu'il s'agit simplement d'un accrochage et que ses deux camarades peuventrejoindre la Maison des Elves, il gare la camionnette dans une rue dserte et va rue CsarBertholon.Les relations de cet vnement dramatiqueEn fait, Bastin (
  • vrification. Il dcouvrit les armes dont ils taient porteurs. Pris au pige, les deux lvestentent de fuir. Ils sont pris sous le feu des mitraillettes ennemies. Blesss, ils sont repris.Bcat a reu une balle dans le ventre. Ils sont livrs sur le champ aux agents du SD.Un tmoignage de l'poque parat le plus proche de la ralit : Les agents de la Gestapo intrigus par les. accumulateurs qu'ils portaient la main, les

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    avaient fouiills et avaient dcouvert dans la sacoche de Bcat deux revolvers. Interrogsplus violemment, ilsn 'avaient pas desserr les dents, puis Bcat, tentant le tout pour le tout,avait arrach la mitraillette appuye' sur son ventre et tent de fuir. Une balle, parmalchance, devait l'atteindre au foie et, laiss sans soins; il devait succomber dans la nuit.Son cadavre avait t retrouv le vendredi dans un foss. .Les deux lves-ingnieurs sont fouills rue Passementier, sur une rue proche du garage.Bcat essaie de s'emparer de la mitrailette anne presse sur son ventre. Il est gravementbless et emmen avec Baulier au sige des SD (Service de Scurit des SS) au Nouvel Htel, Chteaucreux. Les ennemis en action sont non des soldats allemands, mais l'quipe ditedes Italiens. L'historien Robert Aron en a parl en 1967 d'aprs un document du responsablestphanois du renseignement, Gustave Gimon, qui l'a transmis au rsistant de la NAP, ReneRoinat: Parmi les Franais inscrits la Gestapo, se constitue une certaine Equipe desItaliens, de terrible notorit. Ce sont des tortionnaires et des tueurs, parmi lesquels serencontrent les figures les plus sinistres de la Gestapo ...

    Grard AventurierSources: - Revue de l'ANACR, Le Rsistant de la Loire, Jacques Lagneau L'Ecole desMines de Saint-Etienne dans la Rsistance, janvier 1971, n? 13, p. 7.-Tmoignage crit de Marcellin (Marcel Bastin), Marcellin raconte. Mon combatclandestin, 14 p.-Tmoignage crit de Georges Massard, Equipe Routiers Unionistes, 2000, 10 p.-Guy de Frondeville, Souvenirs de guerre (1939-1945)>>, p. 51.-Ren Gentgen, Rsistance Loire, Esperluette, 1993, p. 101.-Robert Aron, L'Epuration Saint-Etienne, Fayard, 1967, tome 1, p. 372.

  • LE 29 JUIN 1944 AU SOIR POUR L'ECOLE DES MINESBcat et Baulier, chefs de sizaine l'Ecole des Mines de Saint-Etienne, sont arrts rue desPassementiers, sur leur chemin de prlvement d'une voiture et d'essence dans un garage deBellevue appartenant un collaborateur. La sinistre quipe qui les a intercepts et blessgrivement Bcat est l'Equipe des Italiens, compose d'indicateurs du SD (Service deScurit des SD). Le groupe franc (GF) de l'AS de Saint-Etienne, compos de son chefMarcel Bastin (
  • vendredi 30 juin, une traction du SD va explorer et saisir la cache d'armes dans une fermettedu Pilat. Ce sont eux qui jettent au-dessus de Rochetaille le corps "de Clment Bcat achevdans un foss.Le danger encouru par un membre des Eclaireurs UnionistesLe chef de cet autre groupe de l'Ecole des Mines, Georges Massard, tmoigne que son

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    camarade Weber, plac depuis quelques jours comme gardien du futur PC pour le maquis del'Ecole, sur la route Le Bssat-Plussin, a ,eu une chance inoue. Il a quitt cette fermeinhabite, remplie de vivres, pour aller Saint-Etienne se faire soigner un furoncle.Il est facile de comprendre pourquoi l'Ecole des Mines, aprs lajoume dramatique du 29, ne

    peut que redouter le lendemain les perquisitions des agents du SD.Grard Aventuirer

    Sources: - Jacques Lagneau, L'Ecole des Mines de Saint-Etienne dans la Loire, LeRsistant de la Loire; janvier 1971, n 13, p. 7.-Tmoignage crit de Marcellin (Marcel Bastin), Marcellin raconte. Mon combatclandestin, 14 p.-Archives prives de Gabriel Debard.-ADL, Fonds Albert Peycelon, 23J 5, Evnements de mai 1944 juin 1944 et 23J 6,Evnements de juillet 1944 .-Ren Gentgen, Rsistance Loire, Esperluette, 1993, p. 101.-Tmoignage crit de Georges Massard, Equipe Routiers Unionistes 10 p.

  • LE 30 JUIN 1944, TOUJOURS DRAMATIQUE POUR L~ECOLEDES MINESLe groupe rsistant de l'Ecole des Mines s'attend le vendredi 30 juin des fouilles du SD,aprs l'arrestation et le passage la torture .de deux de leurs chefs de sizaines sur trois, Bcatet Baulier. La visite de l'Ecole des Mines, o les responsables - Lagneau, chef des deuxgroupes (lves-ingnieurs et Unionistes)" de Frondeville, dirigeant d'une centaine,

    . (Jeanblanc, charg du secteur AS de Saint-Etienne, .Neltner le Directeur - ont dcid de nelaisser la Maison des Elves que des tudiants non engags.La perquisltion de la Maison des lvesEffectivement, vers 12 h, la' Gestapo vient 34 rue Csar Bertholon cerner l'immeuble et fontmettre les bras en l'air, contre les murs du rfectoire, tous les prsents. Les gestapistesappellent en vain les rsistants: Francis Tambrun, Paul Murdry, Jean Maurel ...Ne pouvants'emparer d'aucun rsistant, ils vrifient l'identit des Marteaux [les lves de l'Ecole dansle langage de ceux-ci] etarrtent Roger Durand, l'lve de l'Ecole des Mines de Paris, repliet hors d'engagement.Les seules chambres qui ont t fouilles sont celles de Baulier dans la Maison, mais la veilleaprs sa saisie avec Bcat, et le 30, celle de Jacques Lagneau dont ils connaissent le rle et oils ne relvent que deux ou trois photos, une prise que le rsistant considre comme maigre.Il a dmnag quelques jours avant son matriel de rsistant de la gurilla entreprendre :.. j'avais aussi lou, rue du Chambon, une chambre une dame qui ne cachait pas sessentiments ptainistes et avait une sainte horreur des terroristes.Elle avait quitt St-Etiennepour la campagne et refus la location un GMR [Groupe Mobile de Rserve] de crainte queles maquisards ne viennent pas l'assassiner chez elle. Je l'assurai de mes parfaitesconvictions collaborationistes et, sans plus tarder, transportai le soir mme chez elle deuxvalises truffes de mitraillettes, grenades et explosifs ! Le chef du groupe de rsistants de l'Ecole des MinesJacques Lagneau, de la promotion 1942-1945, surtout concern depuis le mois de mars 1944par l'action rsistante, a dj le 29 juin chapp au sort terrible de son ami Baulier qui l'aremplac dans l'exploitation d'un garage de collaborateur pendant que lui-mme est allchercher dans le Pilat la camionnete destine rcuprer les fts d'essence. Vu la tournure deces vnements, Henri Jeanblanc dcide que le groupe de l'Ecole des Mines doit partir pour lemaquis. Comme ils ignorent si leurs deux dpts dans le Pilat ont t dcouverts, Lagneau etLetourneur, le seul chef des trois sizaines, non arrt, professeur de gologie, laborentensemble un plan: Lagneau part vers Rochetaille en claireur avec la camionnette Berlietqu'il a ramene et Letourneur et tous les volontaires viennent le rejoindre avec un rendez-vous vers 21 h sur la route du Bessat.Lagneau part donc vers 17 h avec le Berliet, mais il a peine dpass Rochetaille qu'ils'aperoit que le radiateur a besoin d'eau. Il s'arrte au bord de la route et se prpare leremplir quand il entend un bruit suspect de moteur. Il se cache prudemment dans le boisvoisin et observe, de son buisson, la route. La traction avant bien connue de la Gestapo et uncamion de soldats allemands s'arrtent au niveau de la camionnette. Trois soldats trouventdans son sac, empli de biscuits, des paquets de pansement et tout son quipement quin'indiquent que trop [sa] destination! . Les Allemands se mettent parcourir les environsavec deux chiens policiers. Lagneau comprend qu'il faut non seulement chapper cessoldats qui le recherchent dans toutes les directions, mais aussi aller prvenir Saint-Etienneses camarades. pour qu'ils ne tombent pas dans le guet-apens que constitue dsormais [leur]vhicule.Rampant dans les fougres, puis sautant dans la valle de Rochetaille Saint-Etienne-Terrenoire, Lagneau fait 50 mtres dans le lit du ruisseau, pour dpister les chiens. Il regagneSaint-Etienne 19 h, compltement fourbu. Lagneau va connatre six mois aprs tous lesaspects la nouvelle chance qu'il a eue, grce un intrepte tchque au service de la Gestapo

  • qui avait vu sa photo le matin du 30 juin et qui, six mois plus tard, tait jug. Au Palais deJustice, il lui aprend que Baulier se trouvait dans la traction du sn Rochetaille Lagneauestime que peu s'en fallut pour qu' [il] l'YI rejoigne. Aprs Albert Peycelon, indiquons quecet inteprte est Nowak Wadis (Wladislas), agent trs actif du SD, arrt Strasbourg aucours du 1er semestre 1945.. Il a t condamn mort par la Cour de justice de Saint-Etiene le12 juin 1945 et excut le 13 juillet.Une disposition provisoire' pour le rsitantsDe retour Saint-Etienne, Lagneau rencontre, Jeanblanc qui a rendez-vous avec Letourneur etses compagnons le soir mme. Ils vont s'installer dans des -bois proches de la sortie de Saint-Etienne, le Rond Point et l~ Portail Rouge. Lagneau doit les rejoindre le lendemain aprs avoirramen toutes les armes qui restent en ville. Il va coucher chez des amis, mais il ne sait pascomme ses camarades de la Rsistance s'ils peuvent retrouver au Pilat armes, essence, pneuset vivres. Ils ne connaissent pas encore tous les faits du vendredi 30 juin qui les concernent.

    Grard AventurierSources: - Revue de l'ANACR, Le Rsistant de la Loire, Jacques Lagneau, L'Ecole desMines de Saint-Etienne dans la Rsistance, juillet 1970-juillet 1971, n" 11-12-13-14-15.-Archives prives de Gabriel Debard.-ADL, Fonds Albert Peycelon, 23J 21 et 22, Condamns par la Cour de justice.-Liste tablie par Louis Nicolas, mai 2003.

  • LA FIN DU RESEAU DE L'ECOLE DES MINESLe chef de l'AS de Saint-Etienne, Jeanblanc (
  • faisant passer pour des maquisards. Deux jeunes cherchant un maquis, Gaitet Jean et MillierMarcel, se font arrter. Poursuivant leur route vers Bourg-Argental, Saint-Julien-Molette, lesgestapistes stoppent au col du Banchet (678 m) pour assassiner les deux candidats laRsistance et l'lve de l'Ecole des Mines, aux pires souffrances depuis trois jours, Baulier.La partie de la rue de Csar Bertholon Saint-Etienne, passant devant la Maison des Elvesde l'Ecole des Mines, va recevoir le nom de Francis Baulier.Ren Gentgen, adjoint de Jean Marey, chef dpartemental de l'AS, a fait le bilan final de cerseau: Les meilleures troupes de l'AS de Saint-Etiene, celles qui devaient assumer lesupport du maquis du Pilat, sont ananties. Un coup trs dur vient de leur tre port, Jeanblancet de Frondeville ont pris des mesures propres limiter les dgts.

    Grard AventurierSources: - Revue de l'ANACR, Le Rsistant de la Loire, Jacques Lagneau, L'Ecole desMines de Saint-Etienne dans la Rsistance, avril 1971, n 14, pp. 6-7.-ADL, Fonds Albert Peycelon, 23 J6 et 23 J7, Evnements de mai 1944 juin 1944 etEvnements de juillet 1944.-Ren Gentgen, Rsistance Loire, Esperluette, 1993, p. 102.

  • LES DERNIERS RESISTANTS DE L'ECOLE DES ~NES ,DANS LE MAQUIS (1)Les trois sizaines de rsistants de l'Ecole des Mines sont dcapites aprs la tuerie de leurschefs Bcat et Baulier et la saisie de leurs dpts d'armes, d'essence et de vivres dans le PilatSeuls le responsable Lagneau et quelques autres lves, Tambrun, Laneyrie, Combes,Mesmeur, leur professeur Letourneur, ainsi que deux jeunes de l'extrieur, Dalens et

    .1

    Berthelet, rejoignent le maquis de l'AS dirig par. Albert Oriol. C'est le dimanche 2 juillet'1944 au soir, 22 h.. ' ,Les premiers contacts avec le commandant de l'unit de GlandLe lendemain, le lundi 3, les' huit hommes prennent contact avec le lieutenant Oriol. Lagneaufait allusion un groupe d'une cinquantaine de jeunes gens de toutes conditions, dans uneferme dominant les gorgesde laLoire et au village du Gland, loign 2 km environ, [o] setrouve le Groupe Franc compos de durs de la bande . En effet, le Corps franc est auvillage de Gland (749 m) et la grande partie de l'unit a pris possession de la ferme Chometinoccupe, 1,5 km au nord-est du centre. Albert accueille les huit rsistants par ces mots:On vous a mis ici en vert ; par consquent, vous pouvez vous considrer comme envacances pour 8 jours. Aprs, on verra! Effectivement, le lundi et le mardi s'coulent dans un doux farniente. Ils font sans douteconnaissance du chef de la Loire de l'AS, Jean Marey qui passe pour la premire fois lajourne avec les hommes d'Oriol et qui les baptise Maquis du 18 juin, soit venir GMO(Groupe mobile oprationnel) du 18 juin. Comme le dit son adjoint Gentgen, ...poursuivispar le SD et la Milice, [... ] ils sont l au vert pour une semaine en attendant une nouvelleaffectation. Lagneau fait tat de leur il amus sur des prisonnires, accuses decollaboration, que le Groupe Franc a t cueillir Firminy.Maurice Patin, acteur et tmoin du combat la ferme Chomet, fait bien le point sur cetteSUspICIon:Deux femmes suspectes furent repres, elles furent identifies comme collaboratrices aprsenqute, .au dpart, les gars du Corps Franc pensaient avoir faire des femmes peufarouches qui cherchaient aventure, mais l'enqute ne fut que superficielle , car nous apprmes nos dpens d'ailleurs que si ces femmes n'avaient que peu d'envergure, par contre leurshommes taient autrement dangereux, puisque dans l'action qui va suivre on les retrouveraaux cts des Allemands et des Miliciens.Les rsistants de l'Eole des Mines ne sont bien que de repos, en principe, dans ce maquis. Ilsreoivent seulement un PM et un colt, puis des grenades main, malgr leur entranementantrieur dans leur tablissement par le lieutenant AS Maurice Knoblauch.Leur prsence au combat de Gland (5 juillet 1944)Aprs deux jours du bien manger et du bien dormir, les huit rsistants de passage voient leclimat changer. Lagneau est appel par Oriol qui mobilise ses hommes la surveillance: Onme signale une attaque possible des boches pour demain matin, la suite de l'enlvement deces femmes. Je voudrais donc qu'avec tes types tu fasses des rondes cette nuit, assez loin. Demon ct, je doublerai les sentinelles. Dans la nuit du 4 au 5 juillet, Lagneau effectue unepremire ronde avec Mesmeur et Laneyrie, de minuit 3 h. Pas de bruit de camion dans lavalle, ni de lumires suspectes. A 3 h donc, Letourneur, Berthelet et Combes les relventdans le mme rle d'alerte ventuelle, arms de leur PM et de leur Colt. Jusqu'audclenchement du premier combat de l'AS de la Loire, la patrouille Letourneur ne remarquerien d'insolite, elle se trouve entre ferme et village.Le petit groupe de Lagneau se rendort jusqu' l'clatement d'un coup de feu vers 5 h. Rveilbrutal, le bruit rageur d'un fusil-mitrailleur dchire le silence. C'est le branle-bas de combat,l'habillage dans l'obscurit, tandis que pleuvent, sur le toit, les grenades. Aprs l'liminationdu tireur du FM ennemi par un homme d'Oriol, Lagneau, Mesmeur, Laneyrie, Tambrun,Dalens peuvent franchir le chemin d'accs la ferme Chomet et bondir de l'autre ct. Ils se

  • masquent et s'abritent derrire une butte o se sont organisees aussi les positions descombattants du Maquis du 18 juin. Quatre FM du maquis sont prts intervenir; l'un deceux-ci, tant au bord du ,chemin, soutient de violents changes de feu. Lagneauet sescamarades assistent en spectateurs au combat . Tous les cinq, inquiets sur le sort des troisautres, [se sentent] pleinement inutiles, sans Iy moindre fusil !

    Grard AventurierSources: - Revue cle l'ANAR, Le Rsistant de la Loire, Jacques Lagneau, L'Ecole desMines de Saint-Etienne dans la Rsistance, avri11971, n? 14, pp. 7-8.-Maurice Patin, Ami; si tu tombes, livre paratre, Le combat de Gland, 5 juillet 1944 parMaurice Patin, tmoin et acteur de ce fait, p. 45.-Ren Gentgen, L 'Arme' Secrte de la Loire- Les combats de juillet septembre 1944,SHAT, 1992, Gland, 5 Juillet 1944, pp. 31-34.

  • LES DERNIERS RESISTANTS DE L'ECOLE DES MINES. DANS LE MAQUIS (2)Cinq lves-ingnieurs de l'Ecole des Mines, un de leurs professeurs et deux rsistantsextrieurs, poursuivis par le SD et la Milice, ont t guids pour quelques jours au repos laferme abandonne Chomet; prs de Gland, au-dessus de la Loire. Ils sont entours par uneunit d'une quarantaine d'hommes, commands par le lieutenant Albert Oriol. La troisime

    , 1

    nuit, cinq heures, ils sontrveills par le harclement des Allemands qui obligent tous lesdfenseurs, y compris les rsistants accueillis, non arms .. ~ reculer sur la crte voisine. LeMaquis du 18 juin tient solidement sa position. Mais Patin, mesurant les risques, amneOriol dcrocher dans l'ordre. Le chef du maquis charge legroupe de l'Ecole des Mines, sansarmes individuelles, gagner les rives de la Loire, sans plus attendre.

    , Regroupement des rsistants de l'Ecole des MinesLe repli organis s'effectue plus d'un heure aprs le dclenchement du combat par l'ennemi,soit vers 6 heures 30. Ce mercredi 5 juillet 1944, c'est le premier fait d'armes de l'Annesecrte de la Loire.. Le chef de l'Ecole des Mines, Lagneau, remarque les pertessanglantes des Allemands - Gentgen a soulign l'importance des ennemis tus et blesss -comme l'vacuation des blesss du maquis. Les groupes de combat dcrochent un un,derrire celui de Lagneau, vers le fond de la valle de la Loire. Mais Lagneau, Mesmeur,Laneyrie, Tambrun, Dalens sont de plus en plus inquiets du sort du groupe en patrouilledepuis 3 h du matin, Letourneur, Combes et Berthelet. Le premier, le colt la main, arrive dixminutes aprs la dcision de repli, relatant qu'il s'est perdu aux alentours, les deux autres,sains et saufs apparaissent vingt minutes plus tard. Ils sont passs derrire les positionsallemandes, en se guidant sur la fusillade.Les huit runis gagnent le fleuve. Ils avancent ensuite dans le lit de la Loire et, aprsplusieurs heures de marche, arrivent se rfugier sur l'autre rive. Dans l'aprs-midi, ilsvoient brler, en face, la ferme Chomet et le village de Gland. Les vandales ont tout saccaget ont mme fusill sept civils innocents. Il y a eu cinq tus du maquis au village et deuxautres la ferme. Vers 20 h, Lagneau propose Albert Oriol de rentrer Saint-Etiennepuisqu'ils n'ont pas d'armes personnelles. Les quatre groupes d'Oriol au combat se rendentdans la nuit du 5 au 6 juillet Sury-le-Comtal, dans un gte, par le ballast de la voie ferre.Le 6 juillet, une nouvelle journe prouvanteOriol a conseill au groupe de l'Ecole des Mines de regagner: Saint-Etienne pourretrouver leurs chefs directs Jeanblanc et de Frondeville, Les huit quittent les maquisards aupont de Saint-Victor-sur-Loire et dorment, grce M. Deleplaire, au centre d'apprentissage deRoche-la-Molire. A Saint-Etienne, Lagneau apprend que Jeanblanc, le chef AS du secteur dela ville et du Pilat, a t arrt avec sa femme, assistante sociale du rseau. Guy deFrondeville, dirigeant une centaine sur Saint-Etienne, a disparu ainsi que l'ancien lve-ingnieur Blain.Le responsable dans la Rsistance et l'historien, Henri Jeanblanc, a tmoign en 1989 surcette sombre journe: Me sentant traqu, j'avais demand au capitaine Marey de partir aumaquis. Mais il m'avait demand d'abord d'assurer le dpart de la Garde et de quitter Saint-Etienne avec elle. Le chef dpartemental de l'AS, Jean Marey, avait bien coordonn lescomposantes d'un futur maquis propre Saint-Etienne. Il prend le relais de Jeanblanc. C'estle 8 juillet finalement que le 5e escadron du 4e rgiment de la Garde Rpublicaine, commandtemporairement par' Millon, va s'installer avec armes et matriel, non pas dans le Pilat l'infrastructure dtruite, mais dans les monts du Forez. Lagneau et ses camarades apprennentsrement l'assassinat par des miliciens le 6 juillet du lieutenant Knoblauch qui les a forms la prparation de la gurilla.Le choix d'un maquis en dehors de la Loire .L'quipe de Lagneau ne peut rester dans la situation d'tre recherche activement par laGestapo et la Milice. Le professeur Letourneur, alias Le Barbu, prend un nouveau

  • pseudonyme, Lefranois, et Lagneau (cd.ebrun) devient Jean. Ce dernier obtient parl'intermdiaire de son ancien professeur d'Hydraulique, M. Dudenhoffer, une carte de travailau nom de Lecour .Mais Lagneau, embauch aux mines de Chaneau, ne veut pas se sparerde ses camarades ;Finalement, le 9 juillet, Letourneur propose/une solution, celle de rejoindre le maquis del'Ain, trs combatif, organis pour les enrler immdiatement dans la lutte. Parmi les huit,Dalens et Berthelet,. non recherchs, ont repris leur travail, Tambrun a trouv une retraitesre et Mesmeur est reparti pour la Bretagne en vlo. Les quatre derniers rsistants del'Ecole des Mines, Letourneur, Combes et Laneyrie, quittent Saint-Etienne et rejoignent lesud de l'Ain, le 12, Pont-Oe-Ve:yle'. .

    Grard AventurierSources: - Revue de l'ANACR, Le Rsistant de la Loire, Jacques Lagneau, L'Ecole desMines de Saint-Etienne dans la Rsistance, avril 1971, na 14, p. 8 et juillet 1971, n015, p. 5.-ADL, IlJ 551/3, Henri Jeanblanc Ren Gentgen, Le secteur de l'AS de Saint-Etienne ,16 aot 1989.-Ren Gentgen, L'Arme secrte de la Loire, Les combats de juillet septembre 1944, SHAT,1992, Gland, 5 juillet 1944 , pp. 32~36.-Ren Gentgen, Rsistance Loire, Esperluette, 1993, pp. 99-100.

  • L'Ecole des Mines de Saint-Etienne d'une Rsistance notoire?L'loge de Ren GentgenDans le cadre d'tude du secteur AS de Saint-Etienne et des groups d'action ou deprpartion l'action, Ren Gentgen souligne les comptences de l'Ecole: Le groupe dit de l'Ecole des Mines est certainement, de par sa composition, l'une des plusextraordnaires de France. ~Il est form d'une majorit d'lves ingnieurs et d'claireursunionistes de France. Il rassemble des lments d'une haute technicit capabled'entreprendre efficacement n'importe quel sabotage et, le cas chant, de subvenir pour unelarge part, aux besoins de l'encadrement - chefs de section ou de groupe - de l'AS de laLoire. La participation aux combats de la LibrationPropos de louange, mais que le documentaliste relativise en plaant en sous-titre pour lesecteur AS de Saint-Etienne: Un dpart remarquable et presque le nant. Aux 22 rsistantscits par Lagneau, il faut y ajouter Paysant de la promotion 1940-1943, les directeurs MM.Descombes et Netlner, et Bieder Marius, mort en dportation. Aprs la destruction de leursdeux camps dans le Pilat et l'arrestation du chef du secteur AS, Henri Jeanblanc, ces rsistantsrecherchs par le SD ne sont plus que quatre s'engager dans le grand maquis de l'Ain et duJura. Trois hommes des deux groupes, Jacques Lagneau, Jean Letourneur, Georges Massard,responsables d'une ou de l'ensemble des sizaines et de l'quipe des Eclaireurs Unionistes,participent la libration des Alpes du sud de novembre 1944 avril 1945, mais c'est leurancien chef l'Ecole, le lieutenant Guy de Frondeville, qui les commande dans la valle del'Ubaye. D'autres s'engagent dans la campagne de France, comme Andr Lelong, tu enseptembre1944 dans les luttes de la 2me Division blinde de Leclerc.Un bilan plus qu'ordinaire dans la Rsistance des lves et professeursL'Ecole des Mines de Saint-Etienne obtient la croix de guerre 1939-1945 et la dnominationde la rue de leur Maison des Elves en mmoire de Francis Baulier. Elle a associ la dfensedes droits de l'homme, la capacit technique en sabotage, une prparation soigne la gurillaet des services probants en libration du pays. Ds sa premire anne l'Ecole, en 1942-1943,Jacques Lagneau, le chef du rseau ultrieur, peroit le corps professoral, dans son ensembleanim lui aussi du pur esprit franais, du rejet de l'abandon et de l'espoir d'un dbarquementlibrateur.L'Ecole des Mines joint ces attitudes ou conduites les contacts avec les agents derenseignement franais, Saint-Etienne le pharmacien Gustave Gimon, grce Jeanblanc etde Frondeville. Elle a reu des juifs des 1941 provenant de l'Ecole des Mines de Paris commePhilippe Akar ou le futur rsistant Lebrun, dot-ds son accueil d'un pseudonyme. La veillede la dramatique journe du 29 juin, Bcat, Baulier, Lagneau vont chez sa prparatriceMarguerite Soulas chercher des cachets de cyanure. Les deux premiers connaissent une autre:fin, le troisime chappe l'ennemi. L'Ecole des Mines est, notre sens, la principaleorganisation d'enseignement rsistante dont il reste toffer une histoire de notrereconnaissance et de sa mmoire.

    Grard AventurierSources: - Ren Gentgen, Rsistance Loire, Esperluette, 1993, pp. 92-95.-Revue de l'ANACR, Le Rsistant de la Loire, Jacques Lagneau, L'Ecole des Mines deSaint-Etienne dans la Rsistance, juillet 1970-juillet 1971, n? 11-12-13-14-15.-Lettres de Jean-Franois Barbier, ex- prsident de l'Association des anciens lves de l'Ecoledes Mines, G. Aventurier, 3 avril et 23 mai 1998.-Entretien de Marguerite Soulas avec G. Aventurier, Il mars 1998.

  • LE RESISTANT LOUIS NELTNER, UN DIRECTEUR DE L'ECOLE DES MINESD'UNE GRANDE EMPREINTE (1)

    Louis Neltner (1903-1985) est n dans un milieu militaire. Comme son jumeau, il a hrit deson pre le sens du devoir et l'adhsion la discipline', Il s'agit de discipline touteintrieure, prcise un de ses professeurs l'Ecole des Mines, sans le moindre got pour leformalisme et les conventions. Le frre de Louis, pass comme lui par Polytechnique,devient officier d'artillerie. Louis Neltner accde l'Ecole des Mines de Paris avec PierreTermier qui chante symboliquement La joie de connatre. De 1925 1930, il est dans leService des mines du Maroc et s'y voue totalement la recherche gologique.Si Termier n'tait pas dcd la fin de l't 1930, Louis n'aurait pas modifi sa carrire versl'enseignement. Il songe remplacer son ami Paris, mais ne peut obtenir le poste vacant etentre l'Ecole des Mines de Saint-Etienne pour quarante ans. Un prsident pass del'Association des anciens lves de l'Ecole des Mines, Jean-Franois Barbier, a rsum d'unemanire significative la vie de celui qu'il a eu comme directeur et professeur durant les annes1950-1953 : Monsieur Neltner a vcu des aventures hors du commun le dcouverte du Sudmarocain, l'assaut de l'Himalaya ou dans la rsistance l'occupant... .Un montagnard prt la RsistanceDurant sa priode de l'avant-guerre, s'interacale l'pisode himalayen de sa carrire, plusconnu en 19502 que ses services en Rsistance. C'est en 1936 que la premire expditionfranaise dans cet immense massif s'attaque un sommet vertigineux en taille et en danger, leHidden Peak. Neltner fait partie des cordes d'assaut qui, surmontant l'inconnu, progressent plus de 6500 m sur un peron escarp grce l'installation de cinq camps successifs.L'expdition doit abandonner logiquement son entreprise cause de l'arrive avance de lamousson. En vain, Neltner, du camp IV, a demand par crit le 24 juin 1936 , Henry deSgogne, au camp de base, d'attendre jusqu' trois semaines, s'il le fallait, pourtenter un 'raid la grce de Dieu en direction du 8 068 m. Au retour, un des compagnons de LouisNeltner crit qu'il s'est montr, au cours de la campagne, un rude lutteur.Les liens de Neltner avec Jean Letourneur, comme lui passionn de gologie et un futurrsistant, s'tablissent en aot 1941, au Carrelet, prs de La Brarde. Organisateur d'unensemble de camps-coles d'alpinisme, Neltner les inspecte tour de rle. Moniteur dans lecamp du Carrelet, Letourneur, quoiqu'intimid par le pass de grimpeur et la prestance deNeltner, s'entretient avec lui: Je m'enhardis, un jour o nous nous trouvions seuls, jusqu'lui dire que ces camps taient une bonne chose, puisque le moment venu o l'on devaitreprendre les armes, il en sortirait un effectif de jeunes alpins entrans. Il ne me contredit paset je sus qu'il tait du bon ct.Sous-directeur de M. Descombes auquel il succde la rentre 1943-1944, Neltner participeavec lui l'accueil d'tudiants juifs, comme Philippe Akar, lve en deuxime anne, et depolytechniciens en repli de Paris comme Roger Durand. Letourneur remarque curieusementl'engagement rsistant de cettte direction de l'Ecole des Mines lorsque le 5 mars 1943, il vas'informer de l'officialisation de son poste de chef de travaux et lorsqu'il dcouvre 1v1M.Descombes et Neltner en pleine complicit de confection d'un faux diplme. Ils procdent une idendit d'emprunt pour un isralite, ancien lve, afin de lui trouver un emploi lamine. Il peut tre trait le cas d'un lve-ingnieur de Paris, Lebrun, ( ne pas confondreavec le pseudonyme du responsable des sizaines de l'Ecole, Lagneau), engag en rsitancedans celle de Bcat.

    1 Tmoignage d'un professeur de l'Ecole des Mines rsistant, Jean Letourneur.2 L'on peut tmoigner qu'alors on clbre la premire victoire sur un sommet de plus de 8000 ID, le 3 juin 1950,par Maurice Herzog, marqu physiquement, et Louis Lachenal en rappelant le renoncement mritoire d'Henry deSgogne au si difficile Hidden Peak (8068 m). De Gaulle souligne, comme il convient, la victoire prouvantesur l'Annapma (8075 m).

  • Ses premires actions dans la RsitanceLes lves-ingnieurs de la promotion 1941-1944, est la plus pourvoyeuse en rsistants.Lagneau rappelle que la majorit d'entre eux sont gaullistes. Il s'aperoit en octobre ounovembre 1943 que ses camarades Courant, Baulier et un lve d'une promotion prcdente,Paysant, abritent derrire un officiel Groupe de Jeunesse une association clandestine qui va des runions en ville pour organiser Saint-Etienne les MUR (Mouvements Unis de laRsistance). Neltner y apporte son concours . Auparavant, la suite de la loi vichyste du 16fvrier 1943 sur le STO, MM. Descombes et Neltner ont fait chapper leurs lves au travailobligatoire en sollicitant le prsident du Comit des Houillres, Georges Perrin-Pelletier. Ilsobtiennent leur couverture par leur embauche la mine deux jours par semaine, la formationd'ingnieurs tant concentre sur quatre jours. Ils travaillent comme mineurs de fond enextrayant du charbon. En cette anne-l, la cration d'un rseau actif est amorce.

    Grard AventurierSources: - Jean Letourneur, Souvenirs d'un professeur, annes 1990, 4 p.-Tmoignage crit de Jean-Franois Barbier, lve-ingnieur 1950-1953.-Revue de l'ANACR, Le Rsistant de la Loire, Jacques Lagneau, L'Ecole des Mines deSaint-Etienne dans la Rsistance, juillet 1970-juillet 1971.-Monique Luirard, La Rgion stphanoise dans la guerre et dans la paix (1936-1951),Universit de Saint-Etienne, CEF et CIERSR, 1980, pp. 612 et 705.-Revue de l'Amicale des anciens lves de l'Ecole des Mines de Saint-Etienne, juillet 1998,Ncrologie de Jacques Lagneau,

  • LES MULTIPLES FORMES DE RESITANCE DEGUY DE FRONDEVILLE (1)De 1941 juin 1944

    Guy de Frondeville est admis Polytechnique en 1938. Il ne peut achever sa formation car ilpart au Front en janvier 1940 comme lieutenant d'artillerie (243me Rgiment ArtillerieLourde Divisionnaire). Il est fait prisonnier le 22 juin 1940 (Oflag VI D de Munster,Westphalie). Envoy dans la forteresse de Colditz pour positions anti-allemandes le 12 juin1941, il Y termine ses tudes .de polytechnicien, puis s'en vade le 17 dcembre 1941 (15vasions russies seulement.entre 1941 et 1942). Rentr Paris pour Nol 1941. Evasion de lazone occupe par Salies-de-Barn l~ 27 dcembre 1941.Une famille dans la RsistanceLe dbut de l'anne 1942, le 15 janvier, l'amne l'Ecole Polytechnique replie Lyon.Jusqu' mi-mars, il passe ses examens de sortie. Il opte pour le Corps des Mines, class 7mede sa promotion de 250 lves. Il s'inscrit l'Ecole des Mines de Saint-Etienne pour uneanne d'tudes, celle de Paris lui tant interdite pour des raisons de scurit. Curieusement, iln'est pas d'abord sollicit 'par des rsistants locaux, mais par des missaires du rseau Vlite-Termophyles pour couvrir la rgion stphanoise et, si possible lyonnaise, en qualit de chefrgional. Son cousin, Michel de Saint-Pierre, appartient au plus haut niveau du rseau et sonfrre Ren, qui a facilit son vasion, dirige une importante branche parisienne. L'missairequi passe le plus souvent la ligne de dmarcation est Sixte de Guitaud, le cousin de Michel deSaint-Pierre.Dans la mesure o le rseau rgional de Vlite-Termophiles n'a pas les moyens d'installer unmetteur clandestin, les renseignements sont vite prims. Toutefois, en fvrier 1943, il vatransmettre [... ] avec les indications voulues le plan de l'usine Nadella. La production de

    cette usine ricamandoise en roulements billes est tenue pour importante et entirementtransporte dans les pays de l'Axe. Le 10 mars 1944, les avions anglais effectuent, selon deFrondeville, sur l'usine un bombardement extraordinaire.Ses responsabilits comme rsistant et comme ingnieur des MinesSur le plan de la rsistance locale, c'est probablement en novembre 1943 que de Frondevilleprend l'attache du chef AS du secteur de Saint-Etienne, Henri Jeanblanc, qui le met enrelation avec le chef dpartemental, le commandant Marey. Charg par celui-ci de former uncorps franc, ill'artic.ule avec deux quipes Il entre en rapport, par l'intermdiaire dudocteurRaoul Duval, conseiller presbytral, avec Georges Massard, chef d'un groupe d'EclaireursUnionistes d'une dizaine de membres. Il opre pour le groupe interne l'Ecole des Minesavec l'lve Lagneau qui l'a dj contact et le professeur Letourneur. Le lieutenant derserve, Guy de Frondeville, pseudo Forestier, acepte le poste d'adjoint au chef du secteurAS de Saint-Etienne et du Pilat en prenant la direction des deux groupes de l'Ecole des Mines,celui de l'lve-ingnieur Lagneau (cl.ebrun) compos de trois sizaines et celui de Massard(Massier).De Frondeville cumule les tches depuis le 1er dcembre 1943. Du point de vue professionnel,comme ingnieur, il a pris les fonctions du sous-arrondissement de Saint-Etienne-Sud. Cettezone minralogique englobe le dpartement de l'Ardche et comprend le contrle des mines,de la cokerie et d'autres installations de la moiti du bassin de Saint-Etienne. D'autre part, il aengag une licence en droit la Facult de Clermont-Ferrand et il russit les deux premiresannes en tudiant seul les fameux Prcis Dalloz.Ses actions dans la RsistanceSon implication dans l'AS n'est pas fugace. Il dcouvre ave Massad la maisonnettedsaffecte du Bessat, dans le Pilat, avant le 15 mai, pour le dpt des armes et des explosifs.Il lui prte sa Fiat poussive qui est arrte par un policier la Croix-de-l'Orme, lequelsignale... l'existence d'un garage tout proche. Le 7 juin 1944, avec Lagneau, Bastin(

  • d'un tunnel du ct d'Annonay, par le draillement d'un train. Deux crapauds, sorted'amorces, devaient dtoner au passage du premier train.Guy de Frondeville poursuit ses activits du renseignement. Il dtient des informations sur lesdplacements prvus d'units allemandes dans le Sud-Est. Par Georges Massard, chef ducentre des Transmissions la Prfecture de.la Loire, il obtient des renseignements sur ces

    " 1

    mouvements. Le pre d'Edmond Dumas, collgue de travail de Massard, relve Chteaucreux les numros' et la destination des convois allemands. Mais les menacesd'arrestation le guettent la gare de Moulins. Sans port de pice d'identit, il s'en tire avecune amende. Fin juin, Massard vient le prvenir "que' 1a Gestapo recherche un certainForestier, chef de groupes de l'AS de Saint-Etienne.

    " " Maurice Passemard-Grard AventurierSources: - Guy de Frondeville, Souvenirs de la guerre 1939-1945, mai 1963, pp. 2, 7, 14,22,27,37,38,40,42,44-49,50-51.-Revue de l'ANACR, Le Rsistant de la Loire, Jacques Lagneau, L'Ecole des Mines deSaint-Etienne dans la Rsistance, juillet 1970-juillet 1971, n" 11-12-13-14-15.-Tmoignage crit de Georges Massard, Equipes Routiers Unionistes, corps franc del'Arme Secrte de la Loire.

  • LES MULTIPLES FORMES DE RESISTANCE DE GUY DE FRONDEVILLE (2)De juillet 1944 avril 1945

    Fin juin 1944, Guy de Frondevillc apprend la recherche acharne par la Gestapo et par laMilice dont il fait l'objet. L'un de ses adjoints, l'aspirant Georges Massard, responsable desEclaireurs Unionistes, groupe rsistant li de .prs celui de l'Ecole des Mines, l'a averti des

    . fmenaces. Lui-mme, le soir du 29 juin, il a appris, leur chef Lagneau l'arrestation dansl'aprs-midi de deux de ses' camarades, Baulier, chef des trois sizaines de l'Ecole, et celle deBcat qui en dirige une. L~ dernire action qu'il accomplit pour l'Ecole est d'aller discuteravec Jeanblanc et Lagneau, le jour mme 22 h, 'de J'accueil durant la nuit des lvesrsistants. Le Directeur, M. Neltner, y coopre volontiers en ne laissant la Maison, 34 rueCsar Bertholon, que des lves-ingnieurs non suspects.Le retrait provisoire de.Guy de FrondevilleIl se cache sans doute ds le lendemain alors que Bcat est mort pendant la nuit du 29 au 30et que Baulier est fusill le 2 juillet par un homme tueur du SD. Le 6 juillet, Lagneauconstate son absence, tandis que leur chef sur Saint-Etienne, Jeanblanc, est arrt et que leurmilitaire formateur, Knoblauch, est abattu. Mais de Frondeville ne dispose plus des groupesde l'Ecole des Mines et des Eclaireurs Unionistes qui se sont rduits normment ou mis ausommeil, ni de leurs dpts de vivres et d'armement au Pilat anantis.Il a t reproch Guy de Frondeville de s'tre clips pendant le mois de juillet 1944. Il adonn dans ses Souvenirs de la guerre 1939-1945 l'explication de son retrait: Marey qui'vient de perdre deux de ses lments et me sait recherch, me donne l'ordre formel dedisparatre jusqu' ce qu'il me fasse signe. Excutant l'ordre, de Frondeville se rfugie chezses amis Martin-Binachon Pont-Salomon, puis Paris, au chteau de Saint-Maixent auprsde sa famille, et dans la Sarthe o il a la surprise d'apercevoir le marchal Rommel l'intrieur d'une voiture purement mdicale.Sa mobilisation dans la libration des AlpesLe 25 juillet, de Frondeville rentre Saint-Etienne. Il constitue son corps franc ou Groupemobile d'Oprations, le GMO Revanche. A la Libration de Saint-Etienne, il s'installe le 23aot 1944 la caserne Grouchy. Les jeunes gens affluent par centaines, le chef du GMO doiteffectuer une slection impitoyable. Mais il n'hsite pas retenir des mineurs de LaRicamarie. Il engage le pasteur Wehrung, lieutenant d'infanterie de rserve, le sous-lieutenantMet, l'adjudant-chefMausset et l'adjudant Gartal, Il retrouve les chefs des deux groupes de satrentaine, Lagneau et Massard. Le 28 aot, l'encadrement et les effetifs de son GMO,future compagnie, sont au complet. Le GMO, ce jour-l, peut relever les vainqueurs Estivareilles. Puis, Bellegarde-en-Forez, le lieutenant de Frondeville est promu capitaine.Quelques semaines aprs, au cours d'une inspection du GMO Revanche, le commandantMarey souffle au nouveau capitaine de Frondeville : Avec une troupe comme celle-l, on valoin.Le 14 septembre 1944, le GMO Revanche intgre le bataillon AS de la Loire sous la forme dela 1re compagnie, puis en octobre le bataillon FFI de la Loire, est dnomm en rfrence son chef Bataillon Maury. Le 26 novembre, ce bataillon monte en ligne en Ubaye. AJausiers, la 1re compagnie est affecte au fort de Tournoux o, minuit, elle relve le 1erRTA. Tout l'hiver, dans des conditions de vie effroyable, la compagnie tient le secteur Ubaye-Ubayette pendant 90 jours sans relve. Ramene au repos Embrun, la compagnie, devenuele 17 dcembre la Vlme Cie du 1I/99me RIA, est rappele en Ubaye pour l'offensive deprintemps. Le capitaine de Frondeville conduit sa compagnie jusqu' la prise finale du fort deRoche-la -Croix, le 22 avril 1945,.aprs dix heures trente de combat.Le 27 avril, 18 h, pied, colonne par un, capitaine en tte, la 6me compagne entre en Italie.En trois jours, elle libre Cesana-Torinese, Oulx et Suse, o elle parvient quelques heuresavant les chasseurs du 6me BCA, venus du Mt Cenis. Aprs une reconnaissance jusqu'

  • Bussoleno, les Amricains lui interdisent de poursuivre la marche sur Turin. Ensuite, la 6meCie occupe un mois Bardonecchia et est ramene sur Brianon. Le '23 mai 1945, le capitaineDe Frondeville, malade, esthospitalis Grenoble. Il passe le commandement de la 6eme Cieau lieutenant Met. En septembre 1945, il reprend ses fonctions d'ingnieur au Corps desMines en Allemagne, en zone d'occupation franaise.Un rsistant polyvalent -Il a assur les places d'homme du renseignement, de chef de deux groupes l'Ecole desMines, puis d'une centaine Saint-Etienne, de rsistant ~ oprant dans les sabotages et laprparation d'un maquis, decapitaine d'une compagnie dans le II bataillon du 99 RIA dansdes combats des Alpes. Sur les deux formes de responsabilits qu'il a exerces paralllement,renseignement et combat" Guy' de Frondeville estime avoir rendu plus de services dans laconduite de la premire et couru plus de risques dans la seconde.

    Grard Aventurier-Maurice PassemardSources: - Guy de Frondeville, Souvenirs de la guerre 1939-1945, mai 1963, pp. 46, 51-54,56, 60, 64-69.-Revue de l'ANACR, Le Rsistant de la Loire, Jacques Lagneau, L'Ecole des Mines deSaint-Etienne dans la Rsistance, juillet 1970-juillet 1971, n? 11-12-13-14-15.-Tmoignage crit de Georges Massard, Equipes Routiers Unionistes, corps franc del'Arme secrte de la Loire, 13 p.

  • ROGER DURAND (ECOLE DES MINES) DANS UN CONVOI D'AVRIL 1945Le polytechnicien non rsistant Roger Durand, repli l'Ecole des Mines de Saint-Etienne, etHenri Falque, responsable rgional de la presse clandestine de Franc-Tireur, sont dports parle dernier convoi, parti de Compigne le 16 aot 1944. Aprs leur transit Buchenwald, ils selient d'une grande amiti .. Stassfurt, proche' de Magdburg (Magdbourg). La prparation degaleries souterraines, dans une mine de sel, 400, 430, 460 mtres de profondeur, s'avre, du14 septembre 1944 au 9 avril 1945, extnuante envers ces concentrationnaires ... avant leconvoi final, dans tous ses sens, de dplacement devant la progression des librateurs.Une usine souterraine mobillsatrice des derniers mois d'activit concentrationnaireLe travail de 12 heures conscutives au moins consiste creuser 10 km de tunnels, rpartis surtrois tages, pour installer une usine souterraine, non expose aux bombardements. Letransport du sable extrait aux wagonnets et de sacs de ciment aux btonnires puisent cesesclaves du travail dans les immenses galeries. Henri Falque a tmoign dans les annes1950, pour la Comission de la dportation du Comit d'Histoire de la Seconde Guerremondiale, sur la perscution de Roger Durand dans ce labeur accablant:Je me souviendrais toujours de ce SS que nous avions surnomm fil de fer et qui s'appelait en ralitHOFMANN. Il tait certainement le plus cultiv et le plus intelligent de nos bourreaux et pourtant le plusmauvais. [ ...] Ce zl excuteur des hautes uvres nazies s'attaquait surtout et par priorit aux intellectuels etc'est ainsi qu'un de mes camarades de dtention, Roger Durand, de Monte-Carlo, ingnieur des mines 22 ans,major de sa promotion Polytechnique, un homme promu un extraordinaire avenir de par son intelligence etses qualits, tait devenu sa bte noire parce qu'il ne remuait pas la pelle assez vite.DURAND russit changer de commando mais le stage qu'il fit sous la botte de ce SS ne lui laissa aucunechance. Henri Faque a dit rcemment des lves de lyce par une vision approfondie du sort desconcentrationnaires que chaque dport a une histoire personnelle du travail 1La dernire marche pied avec des SSLe 10 avril 1945, devant l'avance des Amricains, les Allemands entreprennent ledplacement du camp vers le sud-est, le dtour de Leipzig et la Tchcoslovaquie. En ultimemarche de la mort, commence le Il avril, les dports, dcharns et entours par unecolonne de SS de chaque ct du chemin, vont d'un village l'autre, en perdant chaque jourdes camarades par puisement, rpression de tentative de vol ou de cache la nuit. Ce sont lesburgs de Warmsdurf, Glebitsch, Wellaume, Kossa qui sont franchis dans la plus grandefaiblesse, parfois dans l'inconscience comme pour Falque, frapp de coups de gourdin sur latte avant de partir.Le jeudi 17 avril 1945, Oberhaudenhain, c'est le massacre par les SS d'une trentaine dedports de Neu-Stasfurt, retirs de l'infirmerie (Revier), plus encore effondrs sur le planpsychique que physique. Ce jour-l, deux Ligriens subissent leur fin, Ren Freyssinet,tudiant en pharmacie, non-rsistant aussi, rafl avec son frre Marcel le Il juillet 1944 Saint-Chamond et Roger Durand. N'est-ce pas l une illustration de la criminalit et dubarbarisme du nazisme, bien au-del de toute logique et de toute considration guerrire?L'anantissement et le nihilisme des camps reposent sur l'limination totale de tous lesdtenus en concentration et extermination.

    Grard AventurierSources :-Tmoignage de Monsieur Henri Falque pour la Commission de dportation, Comitd'Histoire de la Seconde Guerre mondiale, annes 1950, 4 p.-Entretiens d'Henri Falque avec G. Aventurier, Il mai 1998, Il juin 1998, 8 octobre 2003.

    1 Expos d'Henri Falque le lundi 3 fvrier 2003 une classe terminale du Lyce technique Fnelon de Saint-Chamond.

  • ROGER DURAND DE L'ECOLE DES MINES DEPORTE SANS RAISON?La dportation d'un jeune homme sans engagement rsistant serait reste un drame interne l'Ecole des Mines de Saint-Etienne s'il n'avait pas eu au camp de concentration de Stassfurtun ami stphanois et si son arrestation par la Gestapo n'avait peut-tre pas t aveugle.Non recherch par les Allemands, mais... .

    . 1

    Des tmoignages de rsistants l'Ecole des Mines concordent sur l'urgence de les carter deleur Maison des Elves, rueCsar Bertholon, .en prvision d'une perquisition du SD (Servicede Scurit des. SS), aprs . l'arrestation l'aprs-midi du 29 juin 1944 de leurs camaradesClment Bcat et Francis Baulier, Le 30 juin midi, "la Gestapo cerne la Maison et dans lerfectoire, contrle par nomination les lves-ingnieurs, tenus bras tendus contre le mur.Aucun rsistant ne peut tre dcel. Ils vont alors fouiller les chambres, l'ayant dj fait pourcelles de Baulier, toujours vivant, et pour Bcat1L'hypothse la seule plausible sur la saisie de Roger Durand est que les agents du SD ontdcouvert quelque chose de compromettant dans sa chambre, mme si Lagneau, le chef destrois sizaines de l'Ecole, indique qu'il n'a jamais fait partie de [leur] bande. Il ne faut pasrejeter automatiquement l'indication qu'a pu donner Durand Falque au camp de Stassfurt, savoir qu'il avait dessin des plans pour un atterrissage dans le Pilat2. Retombe de l'intrtd'un lve non engag, mais comme les autres sensible aux chos l'Ecole des Mines -deSaint-Etienne sur l'organisation d'un groupe de rsistants? Attachement la responsabilit deBcat, chef de sizaine, qu'il connat sans doute en raison de leur venue commune de l'Ecoledes Mines de Paris ?Les autres hypothses n'ont pas de fondement. La confusion d'identit avec un autre lve n'ajamais t souleve par les membres des promotions de la guerrre : la prsence d'un DurandJean-Claude, Albert, Elie, n le 20/11/1919 Epinal (Vosges), polytechnicien, diplm l'Ecole le 28/07/1944 aprs deux ans de formation, n'a pas t confirme". La Gestapo agitaprs interrogatoire et ne peut se tromper sur la personne d'un Durand, en distinguant ceRoger Durand de l'abb Durand de la paroisse Saint-Pierre Montbrison, sympathisant de laRsistance, ou du rsistant de Firminy, ingnieur des Ponts et Chausses, reprsentant lesMUR auprs de Calamand. Quant une rafle, les Allemands auraient emmen plus d'un futuringnieur des mines.Les relations de Roger Durand avec un survivant de Stassfurt, Henri FalqueHenri Falque, charg de la propagande-diffusion de Franc-Tireur, est arrt deux jours aprsR. Durand dans d'autres circonstances. Ils font partie du dernier convoi Compigne-Buchenwald du 16-21 aot 1944 dans des wagons bestiaux plombs d'une centaine dedports, dshydrats l'arrive. Ils passent un transit de trois semaines dans un petit camp deBuchenwald, en contre-bas du camp principal, subissant une pilation complte et labrutalit des kapos. R. Durand et Falque sont dj voisins, dpossds d'eux-mmes par les n?79978 et 79979 placs sur le haut de leur pyjama si lger.Transfrs la mine de sel de Stassfurt le 13 septembre, 40 km au sud-ouest de Magdeburg,ils vont s'imprgner d'un profond attachement malgr sept mois dpersonnaliss de terreur,de souffrance, de coercition physique et morale. Henri Falque est frapp par les potentialitsde ce polytechnicien major et Roger Durand sans doute par les services en contre-propagandeclandestine de son interlocuteur et l'extension de ses responsabilits.

    Grard Aventurier

    1 Marcel Bastin aperoit Bcat saignant de la bouche, mais toujours vivant aprs l'arrestation, prs de Bellevue, Saint-Etienne. Son corps a t jet dans un foss au-dessus de Rochetaille, le 30 au petit matin.2 Tmoignage oral d'Henri Falque G. Aventurir, le Il juin 1998.3 Tmoignage crit d'Henri Falque de 1998 : Roger Durand ...dans sa prison [caserne Desnottes la place dela BM de l'Universit), supposant avoir t arrt par la Gestapo cause d'une homonymie [....] Tel tait doncson analyse de son arrestation....

  • Sources: - Revue de l'ANACR, Le Rsistant de la Loire, Jacques Lagneau, L'Ecole desMines de Saint-Etienne dans la Rsistance, juillet 1970-juillet 1971, n? 11-12-13-14-15.-Tmoignage de Monsieur Falque Henri pour la Commission de dportation, Comitd'Histoire de la Seconde Guerre mondiale, annes 1950, 4 p.-Entretiens d'Henri Falque, Il mai 1998, Il juin 1998, 8 octobre 2003.

    1

    -Ren Gentgen, La Rsistance civile dans la Loire, Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire,1996, pp. 98, 116-117 et 120.

  • JACQUES LAGNEAU A LA POINTE DE LA RESISTANCE DE L'ECOLE DES MINES:L'ESPRIT ET LA TRACE (1)

    RfCD-Rom: 1.4. Les personnesImage: Jacques Lagneau

    L'Ecole Nationale Suprieure des Mines de Saint-Etienne a soulign, aprs beaucoup d'autresinstitutions, combien un engagement de rsistant en "1940-1944 pouvait s'inscrire au centre desvaleurs d'une vie, quelle qu'ait t la russite professionnelle, publique, intellectuelle de celle-ci. Larevue des Ingnieurs de juillet 1998 a consacr l'un des anciens lves de l'Ecole un article quirpond parfaitement cette proccupation:''Notre ami Jacques Lagneau est dcd le 27 mars dernier.Sa carrire d'ingnieur.accomplie aux Mines de Potasse d'Alsace, fut en tous points remarquable etdigne d'loges.Le dveloppement des mthodes modernes d'extraction, introduites aprs ladeuxime guere mondiale, lui donnrent l'occasion de donner toute la mesure de ses qualits dansdes conditions de travail enthousiasmantes. Si la carrire professionnelle de notre camarade fut trsbrillante et mriterait un hommage plus vibrant de ses pairs, nous nous souvenons d'abord qu'avantcela, il prit des responsabilits majeures alors qu'il tait encore tout jeune lve l'Ecole."L'entre en Rsistance de Jacques Lagneau, n le 8 juillet 1921 Vervins (Aisne), g de vingt-et-unans lors de son entre l'Ecole le 1er octobre 1942, reflte l'esprit de patriotisme rpublicain quis'tait empar des lves et professeurs. Lagneau a identifi, ds son arrive, les potentialitsrsistantes de l'Ecole, "l'esprit anti-allemand de la grande majorit" de ses camarades des troispromotions...alors qu'en 1941, les autorits de Vichy dclarent la plupart de ces jeunes gens''fervents admirateurs du marchal Ptain".Comme le signalent les auteurs de la notice ncrologique, "l'environnement tait relativementfavorable puisque le Directeur de l'Ecole, en liaison avec les responsables du Comit des Houillreset le Service des Mines local, avait organis un systme risqu mais efficace pour soustraire au STOles lves des classes 1941 et 1942. C'est ainsi que tous les lves taient rputs mineurs de fond etdescendaient la mine deux jours par semaine, les cours tant regroups sur les quatre autres jours.En cas de danger immdiat, les lves rejoignaient leurs chantiers. Ce statut permettait en outre derecueillir des lves de l'Ecole des Mines de Paris, voire d'autres Ecoles." Cette volont d'accueils'inspire naturellement de la tolrance raciale et ragit contre J'antismitisme de Vichy. Nouspossdons de nombreuxexemples d'lves-ingnieurs juifs forms l'Ecole sous une fausse idendit.Monsieur Letourneur, professeur, surprend en mars 1943 le directeur, M. Descombes, et sonadjoint, M.Neltner, "en pleine complicit de confection d'un faux diplme: il faut permettre unancien lve, isralite et camoufl sous une idendit d'emprunt, de trouver une embauche la mine."L'un des traits significatifs du choix de Jacques Lagneau est sa maturation. Son stage aux Chantiersde Jeunesse,' Hyres de novembre 1941 juin 1942, a sans doute aiguis sa rflexion sur laRvolution Nationale. A l'Ecole, il bnficie d'un entourage stimulant, de celui de ses camarades depromotion "gaullistes", de contacts favorables lorsque Paysant lui offre, vers Nol 1943, de prendrela direction d'une sizaine. L'volution des vnements militaires ainsi qu'une sympathie accrue pourles maquisards fortifient son moral et sa dtermination. Jacques Lagneau sait s'accommoder, quandc'est ncessaire, des sentiments ptainistes de sa logeuse, rue du Chambon, qu'il assure de ses"parfaites convictions collaborationistes" tout en apportant son domicile "deux valises truffes demitraillettes, grenades et explosifs".

    ~ Un autre aspect de l'efficacit rsistante de Lagneau est sa rapidit d'adaptation aux structures,en l'occurence l'A.S. du secteur de Saint-Etienne. Sans le cadre d'organisation d'un rseau, il serend compte des limites de son action. Guy de Frondeville crit dans ses Souvenirs de guerre:" Enseptembre [1943], plusieurs lves de l'Ecole des Mines groups autour de l'un d'eux, JacquesLagneau, viennent se confier moi. Ils ont tout seuls essay de former une petite cellule deRsistance, de s'initier, l'aide de manuels, mais sans moyens matriels, la guerre clandestine... etne savent plus que faire, faute d'un raccrochement un organisme valable." Guy de Frondeville

  • JACQUES LAGNEAU A LA POINTE DE LA RESISTANCE DE L'~COLE DES MINES:L'ESPRIT ET LA TRACE (1)

    trouve cet ancrage en obtenant le contact avec Henri Jeanblanc, chefdusecteur A.S. deSaint-Etienne. Adjoint au chefde secteur, il prend le commandement d'une ''trentaine'' , composede trois sizaines de l'Ecole des Mines coiffes par Lagneau et d'une dizaine d'Eclaireurs Unionistessous l'autorit de Georges Massard, Lagneau se plie l'excution des ordres, au reprage de la lignetlphfs de sizaine de l'instruction sur les armes t les procds de gurilla. ToniquesouterraineSaint-Etienne-Lyon sur la demande de Guy de Frondeville, l'amnagement d'un maquis commezone de repli apresle 'jour J", la rpercussion auprs de ses chefs de sizaine de l'instruction sur lesarmes et les procd de gurilla;

    ~ -ri' Grard Aventurier.~ Sources. - Jacques Lagneau, "L'Ecole des Mines de Saint-Etienne dans la Rsistance" in LeRsistant de la Loire, juillet 1970-juillet 1971, nOII-15.-ADL, 23J 859/4. .

    ~ -Georges Combes, Jean Letourneur, Jean Papier, "Jacques Lagneau" dans Revue del'Association des anciens lves de l'Ecole Suprieure des Mines de Saint-Etienne, juillet 1998.

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  • JACQUES LAG~AUA LA POINTE DE LA RESISTANCE DE L'ECOLE DES MINES:L'ESPRIT ET LA TRACE (2)

    A l'Ecole des Ingnieurs des Mines de Saint-Etienne, en atour sr de Lagneau est sa capacit entraner, convaincre, mener les hommes. Recrut par Baulier, il devient lui-mme recruteur etobtient rapidement l'adhsion de Papier, Mesmeur et Laneyrie. Aprs" quelques conversationsprudentes", il s'adjoint le concours de Bcat et du/professeur de stratigraphie Letourneur "dont lessentiments rsistants se manifestaient chaque occasion", Port l'action, mesurant les possibilitsde chacun, il s'impose naturellement. comme chef des trois sizaines qu'il confie Bcat, Baulier etLetourneur. Sa psychologie des hommes et sa conviction expliquent cette prise de responsabilits.Ses camarades rsistants lui reconnaissent, dans l'organisation comme dans l'action, des qualits dematrise et d'efficience. Jean Letourneur; Georges Combes, Jean Papier crivent ce sujet:"Conscient de l'enjeu et de sa responsabilit, Jacques Lagneau s'est montr d'une diligence et d'uneinventivit remarquables aussi bien dans le domaine des interventions visant contrecarrer l'activitde l'ennemi, que dans l'organisation de ses points d'accueil o, invitablement, son unit A.S.pouvait tre amene se replier, si sa clandestinit urbaine tait mise jour. Tout ceci, et surtout aux

    .. pires moments, en faisant preuve d'un courage et d'un sang-froid inaltrables.La premire priode de clandestinit fut marque par des actions nocturnes de reprage de cblestlphoniques, par l'organisation du rseau et la formation des quipes, l'amnagement des voies derepli, la constitution de stocks de vivres, d'essence, puis d'armes et d'explosifs [...]. Ds ledbarquement du 6 juin 1944, des missions plus violentes sont assignes au groupe de JacquesLagneau, allant de la destruction des voies ferres la rcupration de vhicules, de vivres et dematriel."L'on retrouve Lagneau impliqu dans toutes les actions du rseau ou presque, soit en compagnie deBcat et Baulier ou de Combes et de Laneyrie, soit avec de Frondeville et parfois Jeanblanc ouBastin. Retenons son esprit d'-propos qui lui permet de se tirer de situations embarrassantes quandil est poursuivi Rochetaille par la Gestapo, quand une camionnette bourre d'explosifs(Letourneur, Bcat, Combes l'accompagnent) a des ennuis de carburateur, quand il "terrorise" avecCombes et Baulier le co-propritaire de leur garage en face de la caserne Desnottes, qui ignoreleur activit rsistante.Ces qualits ne s'expriment jamais mieux que dans l'adversit. Baulier remplace le 29 juin 1944Lagneau lors de la remise en tat de la voiture d'un collaborateur, place Bellevue, opration dercupration qui sera fatale au "remplaant" et son camarade Bcat. Durant ce temps, le chef degroupe va chercher la camionnette au Pilat pour prlever de l'essence dans le garage ducollaborateur. Les consquences de l'arrestation de Bcat et Baulier sont connues; ils mourrontdans des souffrances trs dures. Priv de perspectives de repli dans le Pilat, le groupe de l'Ecoles'claircit, mais rejoint comme convenu le maquis "18 Juin", futur G.M.O., command par AlbertOriol. Le 2 juillet au soir, le maquis cantonn prs de Gland reoit huit lves de l'Ecole des Minesaux ordres de leur chef Lagneau (Letourneur, Tambrun, Laneyrie, Combes, Mesmeur ont tenu etdeux trangers au groupe, Dalens et Berthelet). Le 4 juillet, Oriol charge Lagneau d'une patrouillede nuit qu'il effectue entre trois et quatre heures; son retour, Letourneur prend le relais. Legroupe de l'Ecole des Mines est seulement arm d'un P.M. et d'un colt (l'armement du dept duPilat a t saisi). Au cours de ce combat dfensif qui se terminera par la mort de sept maquisards,Oriol charge Lagneau d'emmener les hommes dpourvus d'armes individuelles.Le 6 juillet, le groupe rentre Saint-Etienne pour apprendre la mort de son instructeur Knoblauck etl'arrestation du chef de secteur Jeanblanc. Contraint de se disperser, il enregistre le 12 juillet ledpart au maquis de l'Ain des plus tenaces, Lagneau, Letourneur, Combes, Laneyrie. Aprs lalibration de la Loire, Guy de Frondeville jette les bases du futur G.MO "Revanche" et remploieLagneau. Tous les deux, au sein du bataillon FFI de la Loire dit "bataillon Maury" qui a intgr lacompagnie du capitaine de Frondeville, retrouveront Letourneur comme chef de la Section~'EclaireursSkieurs ,&.E.S.). Lagneau avait li son destin des hommes de caractre et de grand

    honneur.

  • JACQUES LAGNEAU A LA POINTE DE LA RESISTANCE DE L'ECOLE DES MINES:L'ESPRIT ET LA TRACE (2)

    Quelques mois aprs, Jacques Lagneau, la demande de ses camarades de combat, a relat l'actionde son groupe dans la Rsistance. Ce rapport sur les faits de Rsistance' l'Ecole des Mines a tpubli par la revue Le Rsistant de la Loire et reproduit dans un dossier des Archivesdpartementales. "Plein de modestie et de ralisme", de drames et de cocasseries, " de russites et derats, de peurs et d'actes de courage", il constitue une source ,prcieuse et vivante pour leshistoriens.L'esprit de rsistance de Jacques Lagneau, tiss d'esprance patriotique et d'attachementrpublicain aux liberts, est indissociable de I'idendit de l'E~91e des Mines durant la guerre. Ils'affirme encore plus fortement sous cette globalit dans un contexte d'chec et de peur. Le soir del'arrestation de Bcat et Baulier, en .raison de la menace qui pse sur les autres lves rsistants,Lagneau et Letourneur se rendent chez le directeur Louis Neltner pour lui demander conseil etaviser. C'est le pont de cristallisation de cette union entre professeurs et lves, entre Letourneur etLagneau qui a un rang suprieur dans le rseau, entre le Directeur et les lves-ingnieurs. Commeau lyce Claude Fauriel, la Rsistance a fait lever une osmose du refus et de la libration entre

    " matres et lves dans une minorit intellectuelle rsolue, elle-mme inscrite parmi la minorit desFranais rvolts.

    Grard Aventurier

    Sources : -Jacques Lagneau, ''L'Ecole des Mines de Saint-Etienne dans la Rsistance" in LeRsistant de la Loire, juillet 1970-juillet 1971, n" 11-15.-ADL, 23J 859/4.-Georges Combes, Jean Letomeur, Jean Papier, "Jacques Lagneau" dans Revue de l'Association desanciens lves de l'Ecole Suprieure des Mines de Saint-Etienne de SaintEtienne, juillet 1998.

  • GEORGES MASSARD, LE CUMUL DES CONVICTIONS EN RESISTANCE (1)Georges Massard fait partie de ces hommes que la seconde invasion en novembre 1942 vajeter dans la dissolution de son emploi de militaire et faire basculer dans la Rsistance. Il a tengag volontaire au 41 bataillon du Gnie Rabat (Transmissions), d'octobre 1937 octobre 1942. Il a dispos d'une permission librable en France partir de juillet 1942. Iln'accomplit qu'un mois comme oprateur radio civil au rseau de scurit de l'Arme deterre, aux cts du Sme RI et stationn la caserne Rullire.L'adhsion la RsistanceAccul l'inaction, Massard rentre en fvrier 1943 au rseau radio du Ministre de l'Intrieurau centre de la Prfecture de la Loire. En mars 1943, il est nomm chef du centre desTransmissions. Le mme mois, Henri Perrot, conseiller presbytral l'Eglise Evanglique deSaint-Etienne (La Chapelle), l'engage dans la Rsistance par l'adhsion au mouvementEquipes de France, inspir par l'Ecole d'Uriage. Cette Ecole de cadres a permis uneintelligence et une morale frustres d'merger. Le mouvement Equipes de France vaprendre le nom de NERF (Nouvelles Equipes de Rsistance Franaise). Ainsi se noue ledouble destin rsistant de Georges Massard, croisant le refus de l'athisme nazi et la volontde rtablir la dignit franaise.Son rle dans le RenseignementLe service de Massard, le centre de Transmissions de la prfecture, voisine avec celui de laCensure, dirig par Charles Bury, journaliste alsacien et protestant rfugi Saint-Etienne.Chef de la Censure, Bury est aussi membre du rseau Alliance et fondateur Saint-Etienne duGlRAL (Groupement intrieur des rfugis d'Alsace-Lorraine). Parmi les adhrents de cegroupe dpartemental des Alsaciens-Lorrains, certains soutiennent et distribuent la presseclandestine, partageant les orientations de Jean Nocher et d'Espoir. Malheureusement,Charles Bury auquel Massard lui fait parvenir discrtement la presse anglo-saxonne diffusepar radiotlgraphie, est arrt par la Gestapo ds mars ou avril 1943 et dport Dora.Les Renseignements Gnraux prennent la place du bureau de la Censure supprim etdeviennent les voisins de Georges Massard qui lie connaissance avec leurs inspecteurs.Durant la priode 1943-1944, il recueille des informations diverses auprs desRenseignements Gnraux. En particulier, il russit rcuprer les lments du code dechiffrement, dans le bureau des inspecteurs et des renseignements, auprs des standardistesqui coutent les communications entre le Prfet et les autorits allemandes.A son poste, Massard apprcie, en tant l'arroseur, de connatre les ractions de l'arros.Grce au plan fourni par Jeanblanc, chef AS du secteur de Saint-Etienne, son quipe - RogerArgaud, Edmond Dumas, Marc Royet, et lui-mme - a pu reprer le cble tlphoniquesouterrain de Saint-Etienne-Lyon. En juin 1944, aprs le Jour J, cette quipe cisaille le cblede la bote de raccordement. A son retour, Massard s'assure la Prfecture des rsultats dusabotage et de l'interruption des liaisons tlphoniques, ce qui oblige passer par Roannepour atteindre Lyon. Il suit la mme conduite auprs des Renseignements Gnraux pour liresur la main courante le vol d'un stock alimentaire Firminy. Il vient d'y participer avecNavarre (Jeanblanc), Lagneau (xl.ebrun), responsable des trois sizaines d'lves-ingnieurs, Forestier (Guy de Frondeville, chef de son groupe et de celui des lves, l'Ecole des Mines).Massard pense d'abord, dans l'exercice de ses fonctions, servir la Rsistance en aggravantles difficults de l'administration de Vichy. Aprs la coupure du cble Saint-Etienne-Lyon, ilbnficie du temps mis par les agents des PTT, trs ralenti, pour reprer le lieu du sabotage.Lors de l'vasion des prisonniers communistes de la Maison d'Arrt du Puy, le 2 octobre1943, Massard met en souffrance, la Prfecture, le tlgramme d'alerte, en complicitavec l'oprateur radio Jean Royet. La communication du message au Prfet, repouss lelendemain, a donn le temps aux vads de trouver un refuge. La Gestapo ne se berce pas

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  • d'illusions sur la loyaut des employs prfectoraux. Le second du SD (Service de Scuritdes SD), Neumann, dit Armand Bernard, dclare, lors d'une visite au centre desTransmissions, que tous les Franais sont pour les Anglais. Massard et Jean Royet,oprateur radio, prennent l'air