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Recueil Des Publications Scientifiques --Ferdinand de Saussure

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Recueil Des Publications Scientifiques de Ferdinand de Saussure

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  • RECUEILDES

    PUBLICATIONSSCIENTIFIQUES

    DE

    FERDINAND DE 8AU88URE

    LIBRAIRIE PAYOT & C^^LAUSANNE GENVE - NBUCHTEL.VEVEY MONTREUX - BERNE

    LIBRAfRF r. PFOz - QEWtVffordainu

  • S13

    AVAIlABig

    Mo;

  • PREFACE

    A la mort de Ferdinand de Saussure, en fvrier 1913, la seconde ditiondu Mmoire sur le systme primitif des voyelles tait presque puise; sesautres publications taient disperses dans divers priodiques et dans desouvrages difficiles atteindre. La famille du grand disparu, ses amis et sesadmirateurs pensrent aussitt runir tout ce qu'il avait laiss; il avait

    emport avec lui, sans leur donner le jour, bien des projets dj mrs dansson esprit; mais, s'il fallait sHncliner devant Virrparable, du moins conve-nait-il de rendre facilement accessibles les travaux, hlas ! trop rares, quHl

    avait publis.La famille nous a confi celte tche. Nous nou^ en sommes acquitts de

    notre mieux ; mais Vexcution, entrave par la guerre, a subi un long retarddont nous nou^ excusons. Sauf deux petits articles trangers la linguis-tique, nous avons tout reproduit, y compris les essais antrieurs au Mmoireet des rsums de communications scientifiques (Voir Appendice, p. 600).Rien ne devait tre nglig de ce qui peut clairer la gense et le dvelop-pement de la pense Saussurienne.

    Mais le prsent Recueil ne contient que les travaux publis par F. deSaussure lui-mme ; les uvres posthumes n'y figurent pas ; ce sont :

    1 Le cours de linguistique gnrale, publi par Charles Bally et AlbertSechehaye avec la collaboration de Albert Riedlinger. Lattsanne et Paris,

    Payot, 1916 (une seconde dition est en prparation)

    .

    2 Le nom de la ville d'Oron l'poque romaine. Etude posthume,publie et annote par Louis Gauchat. Indicateur d'histoire suisse (1920),p. 286-298.

    Il faut mentionner en outre :

    Paul-E. Martin, La destruction d'Avenches dans les Sagas Scandinaves,d'aprs des traductirms et des notes de F. de Saussure. Indicateur d'histoiresuisse (1915), p. 1-13.

  • Nous pensons enfin rendre service en indiquant les principales ncrologiesdont nous avons connaissance :

    Ernest Muret, Journal de Genve, 26 fvrier 1913.Charles Bally, Semaine Littraire (Genve) 1er mars 1913.Antoine Meillet, Bulletin de la Socit de linguistique, vol. KVIII,

    N 61 (1913).Robert Gauthiot, Bulletin de l'Association des Elves et Anciens Elves

    de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, section des sciences hist. et philol.(1914), p. 49.

    Wilhelm Streitherg, Indogermanisches Jahrbuch, // (1914), p. 203.Plusieurs de ces articles, avec d'autres tmoignages, ont t runis, sous

    le titre Ferdinand de Saussure (1857-1913), en une plaquette, imprimechez Kundig.

    Nous nous sommes donc borns rditer les travaux publis parF. de Saussure. Le souci d'exactitude nous interdisait de toucher la formedes uvres. Nous ne les avons pas modernises; le mode de transcriptiona t rigoureusement respect, mme dans les cas o, les graphies de F. deSaussure ont vari au cours des annes. Dans VIndex seul, il a t faitabstraction de cette varit.

    Le Mmoire et la thse sur TEmploi du gnitif absolu en sanscritfigurent, comme il est naturel, en tte du recueil; pour le reste, c'est Vordrechronologique qui dtermine la place de chaque article, sauf pour trois d'entreeux (p. 464, 477 et 481) ; mais, comme tous sont dats, cette erreur n'a pasgrande importance.

    Nous exprimons, en terminant, M. A. Meillet notre vive reconnaissancepour Vappui qu'il nous a prt au cours de notre travail; non seulement ila pris la peine de lire une preuve, mais, toutes les fois que nous avonsrecouru ses conseils, il nous les a prodigus avec une inpuisable bienveillance.

    Charles BAr,LY

    Genve, mars 1921. Lopold Gautier

  • MEMOIRE

    SUR LE

    SYSTME PRIMITIF DES VOYELLES

    DANS LES

    LANGUES INDO-EUROPENNES

    1879'

    [1. Paru en 1878.]

    de Saussure, Oeuvres.

  • TABLE DES MATIRES.

    Pages

    Revue des diffrentes opinions mises sur le systme des a 3Chapitre I. Les liquides et nasales sonantes 7

    1. Liquides sonantes 7

    2. Nasales sonantes 19

    3. Complment aux paragraphes prcdents 43Chapitre IL Le phonme A dans les langues europennes 48

    4. La voyelle a des langues du nord a une double origine ... 48 5. Equivalence de l'a grec et de Ya italique 50

    6. Le phonme A dans les langues du nord 59Chapitre IIL Les deux o grco-italiques 06

    7. O2 grco-italique. a^ indo-europen 66

    8. Second grco-italique 90Chapitre IV. 9. Indices de la pluralit des a dans la langue mre indo-

    europenne 110Chapitre V. Rle grammatical des diffrentes espces d'rt 116

    10. La racine l'tat normal 116 11. Rle grammatical des phonmes a et 0. Systme complet des

    voyelles primordiales 127

    12. Aperu synoptique des variations du vocalisme amenes par laflexion 173

    13. Aperu synoptique des variations du vocalisme amenes par laformation des mots . 213

    Chapitre VI. De diffrents phnomnes relatifs aux sonantes ^, w, r, n, m 223 14. Liquides et nasales sonantes longues 223

    15. Phnomnes spciaux 257Additions et corrections 265

  • tudier les formes multiples sous lesquelles se manifeste oequ'on appelle Va indo-europen, tel est l'objet immdiat de cetopuscule: le reste des voyelles ne sera pris en considrationqu'autant que les phnomnes relatifs l'a en fourniront l'occa-sion. Mais si, arrivs au bout du champ ainsi circonscrit, letableau du vocalisme indo-europen s'est modifi peu peu sousnos yeux et que nous le voyions se grouper tout entier autour del'a, prendre vis--vis de lui une attitude nouvelle, il est clair qu'enfait c'est le^jyatme, des __v.Qyelles dans son ensemble qui seraentr dans le rayon de notre observation et dont le nom doit treinscrit la premire page.

    Aucune matire n'est plus controverse; les opinions sontdivises presque l'infini, et les diffrents auteurs ont rarementfait une application parfaitement rigoureuse de leurs ides. Acela s'ajoute que la question de l'a est en connexion avec unesrie de problmes de phontique et de morphologie dont les unsattendent encore leur solution, dont plusieurs n'ont mme pas tposs. Aussi aurons-nous souvent, dans le cours de notre pr-grination, traverser les rgions les plus incultes de la linguisti-que indo-europenne. Si nanmoins nous nous y aventurons, bienconvaincu d'avance que notre inexprience s'garera mainte foisdans le ddale, c'est que, pour quiconque s'occupe de ces tudes,s'attaquer de telles questions n'est pas une tmrit, comme onle dit souvent: c'est une ncessit, c'est la premire cole o ilfaut passer; car il s'agit ici, non de spculations d'un ordre trans-cendant, mais de la recherche de donnes lmentaires, sans les-quelles tout flotte, tout est arbitraire et incertitude.

    Je suis oblig de retirer plusieurs des opinions que j'ai misesdans un article des Mmoires de la Socit de Linguistique de Parisintitul Essai d'une distinction des diffrents a indo-europens. En par-ticulier la ressemblance de at avec les phonmes sortis du r m'avaitconduit rejeter, fort contre-cur, la thorie des liquides etnasales sonantes laquelle je suis revenu aprs mre rflexion.

    1*

  • 4 SYSTEME DES a SUIVANT CURTIUS.

    Bopp et ceux qui suivirent immdiatement l'illustre auteurde la Grammaire Compare se bornrent constater qu'en regarddes trois voyelles a e o des langues europennes, l'arien montraituniformment a. L'e et Vo passrent ds lors pour des affaiblisse-ments propres aux idiomes de l'Occident et relativement rcents del'a unique indo-europen.

    Le travail de M. Curtius dans les Sitzungsherichte der Kgl.Sachs. Ges. der Wiss. (1864) enrichit la science d'un grandfait de plus: M. Curtius montrait que l'e apparat la mme placedans toutes les langues d'Europe, qu'il ne peut par consquents'tre dvelopp indpendamment dans chacune d'elles. Et par-tant de l'ide reue que la langue-mre ne possdait que les troisvoyelles a i u, il tira cette conclusion que tous les peuples euro-pens avaient d traverser une priode commune, o, parlantencore une mme langue, ils taient dj spars de leurs frresd'Asie : que durant cette priode une partie des a s'taient sousune influence inconnue affaiblis en e, tandis que le restepersistait comme a. Plus tard les diffrentes langues ont laiss

    s'accomplir, sparment les unes des autres, un second scindementde l'a qui a produit Vo. Au sud de l'Europe nanmoins, cettevoyelle a d prendre naissance ds avant la fin de la priodegrco-italique, vu la concordance de l'o des deux langues classi-ques, notamment dans la dclinaison des thmes masculins en -a(tttto = equos).

    Nous croyons reprsenter exactement le systme de M. Cur-tius par le tableau suivant^:

    Indo-europ. a Europen a; e Plus tard ao; e a

    L'expos de M. Fick (Spracheinheit der Indogermanen Europas,p. 176 seq.) reproduit en gros le systme prcdent. L'ancien

    1. 11 y faut ajouter cependant laTemarque suivante des Gmndzilge (p. 54):le dualisme (Zweiklang) primitif gan (skr. ^an--mi) et gn (skr. parf. ^a-()n-a),tbhar (skr. hhar--mi) et hhr (skr. bhra-s fardeau) devint par une substitutioninsensible d'abord: gen gan, hher bhar, puis gen gon (jevadai, Y^TOva), bher

  • SYSTKME DES rt SUIVANT FICK ET SGHLEICHER. 5

    a s'est scind dans la priode europenne en a et e. Lorsqu'unmot montre e dans toutes les langues, il faut supposer que lechangement de son a en e remonte jusqu' cette priode; apparat-il au contraire avec a ou o, ne ft-ce que dans une seule langue,il faut admettre que l'a subsistait encore l'poque de la com-munaut. L'ablaut du grec bpKO|iiai bbopKa, mais surtout du ger-manique ita at, est une admirable utilisation du scindement del'a. Sur ce dernier point chez M. Curtius cf. la note ci-dessous [p. 4].

    Autre tait le systme de Schleicher. Admettant dans chaquesrie vocalique deux degrs de renforcement produits par l'adjonctiond'un ou de deux a, il posait pour la srie de l'a les trois termes:a aa a.

    Il retrouve ces trois degrs en grec: a y est reprsent ordi-nairement par e (ex. buj), puis par o (rob) et par a (oi'kujv).a -\- a, le premier renforcement, est reprsent par o lorsqu'il seproduit sur un e, ainsi y-YOV-a, forme premire: ga-gn-a; skr.ga-gn-a, ct de -Tev-]uriv. Ce mme degr se traduit sousla forme de , ri, lorsqu'il a un a pour base: XaKOV, XXKa, Lesecond renforcement est uu: ppuuYa. Le gotique possderaitaussi les trois degrs; les autres langues auraient confondu lesdeux renforcements.

    L'arbre gnalogique des langues, tel que le construisaitSchleicher, n'tant pas celui que la plupart des autres savants ontadopt et ne comportant pas de priode europenne, il est clairque Ve des langues d'Europe ne remonte pas pour lui une ori-gine commune. En particulier Vi gotique a dans son Compen-dium une tout autre place que l'e grec: ce dernier est considrcomme le reprsentant rgulier de l'a indo-europen, Vi gotiquecomme un affaiblissement anormal. Nous faisons donc abstraction del'ide d'un dveloppement historique commun du vocalisme europen,en formulant dans le schma suivant le systme de Schleicher:

    Indo-europ. a aa aEuropen a e o a o

    Il faut noter en outre que l'a grec et l'a latin ne sont pas men-tionns comme degrs renforcs.

    Dans un opuscule intitul : Die bildung der tempussfammedurch vocalsteigernng (Berlin 1871), le germaniste Amelung, pr-maturment enlev la science, a essay d'appliquer le systmede Schleicher d'une manire plus consquente en le combinantavec la donne de l'e commun europen. Cet e est ses yeux

  • a

  • LES PHONEMES j ET g ^E BRUGMANN. 7

    du nord ont laiss se confondre deux phonmes fondamentale-ment distincts et encore distingus au sud de l'Europe: a, voyellesimple, oppose l'e; et o, voyelle renforce, qui n'est qu'un e sa plus haute expression. La dispute entre les partisans dscindement (a primitif affaibli partiellement en e) et ceux dudouble a originaire (a^, a.^ devenus e et a), cette dispute, il fautle dire, porte dans le vide, parce qu'on comprend sous le nomd' des langues d'Europe un agrgat qui n'a point d'unit or-ganique.

    Ces quatre espces d' que nous allons essayer de retrouver

    la base du vocalisme europen, nous les poursuivrons plus hautencore, et nous arriverons la conclusion qu'ils appartenaientdj la langue mre d'o sont sorties les langues de l'Orient etde l'Occident.

    Chapitre I.

    Les liquides et nasales sonantes.

    Avant de commencer une recherche sur l'a, il est indispen-

    sable de bien dterminer les limites de son domaine, et ici se pr-sente d'emble la question des liquides et nasales sonantes: carquiconque admet ces phonmes dans la langue mre considreraune foule de voyelles des priodes historiques de la langue commercentes et comme trangres la question de l'a.

    L'hypothse des nasales sonantes .a t mise en avant et dve-loppe par M. Brugmann, Studien IX 287 seq. Dans le mme tra-vail (p. 325), l'auteur a touch incidemment le sujet des liquides so-nantes, dont la premire ide est due, parat-il, M. Osthoff.

    1. Liquides sonantes.Dans la langue mre indo-europenne la liquide ou les liqui-

    des, si l'on en admet deux, existaient non seulement l'tat deconsonnes, mais encore l'tat de sonantes, c'est--dire qu'elles taientsusceptibles d'accent syllabique, capables de former une syllabe.C'est ce qui a lieu, comme on sait, en temps historique, dans lesanskrit. Tout porte croire que les liquides sonantes n'ont ja-mais pris naissance que par un affaiblissement, en raison duquel

  • b LIQUIDES SONANTKS DANS LES LANGUES D EUROPE.

    l'a qui prcdait la liquide se trouvait expuls; mais cela n'em-pche pas, comme nous le verrons, de les placer exactement sur lemme rang que i et u.

    Il est certain tout d'abord qu'au r indien^ correspond pres-que constamment en zend un phonme particulier, trs-voisin sansdoute du r-voyelle, savoir r: aussi le r de la priode indo-ira-nienne ne trouvera plus aujourd'hui de sceptiques bien dcids. L'ancien perse, il est vrai, n'offre rien de semblable, sri ce n'estpeut-tre ahinavam = skr. kpiavam. En regard du skr. Icrt, duzd. krta, il montre Icaria, et il n'y a point l d'inexactitude del'criture, car la transcription grecque nous donne ap, par exemi)ledans dpHicpo = skr. rgipyd, zd. rzifya faucon^. Les noms quicontiennent 'Apxa- sont moins probants cause du zend asha qui,lui aussi, remonte *arta en dpit du skr. rt.

    En prsence de l'accord du zend et du sanskrit, on est forcd'admettre que le perse a confondu des phonmes diffrents l'origine, et c'est l un des exemples les plus patents de la ten-dance gnrale des langues ariennes la monotonie du voca-lisme; l'iranien en cela rend des points au sanskrit, mais dans lesein de l'iranien mme l'ancien perse est all plus loin que le zend.

    En regard du r des langues ariennes, les langues d'Europemontrent toutes un r-consonne (ou Z-consonne) accompagn d'unevoyelle distinctement articule. Mais cette voyelle est, chez plu-sieurs d'entre elles, de telle nature, qu'on ne saurait ramener sim-plement le groupe phonique o elle se trouve a -{-r, et que tout

    1. Le signe diacritique que nous adoptons pour marquer les liquides etnasales sonantes (r n m) a un emploi diffrent dans les Grtmdz'ge (1er Laut-physiologie de Sievers (p. 89). Aussi avons-nous cherch l'viter, mais inutilement :qu'on considre que la dsignation ordinaire ; devenait impossible, puisqu'elleet entran la confusion de la nasale sonante () avec la nasale crbrale sans-krite ; que d'autre part la dsignation r (Sievers, Brugmann) ne saurait tre in-troduite dans la transcription du sanskrit, qu'enfin le caractre r a t employdj par M. Ascoli prcisment avec la valeur du r-voyelle, et l'on reconnatraque si nous innovons, c'est du moins dans la plus petite mesure possible.

    2. La forme perse a d tre arzifiya. Disons tout de suite que le motexiste aussi en grec avec la substitution rgulire: d'abord dans l'idiome mac-donien, o il a la forme pYlitou (Hes.) pour laquelle M. Fick (K. Z. XXII 200)a tort de chercher une autre tymologie. A ct d'pYtirou l'Etymol. Mag.nous a conserv aYTrovjj" tT ir MoKebvuuv qui est videmment le mr-memot, et ceci nous amne avec sret au grec aium. La disparition du p ason analogie dans deux autres cas de 7--voyelle: inatreiv de lapitTuu et aXyXx] =skr. j-^r. Pour l'i d'afTUiii et d'aTXr) v. ces mots au registre.

  • CLASSIFICATION DKS KACINES CONTENANT 6.

    parle au contraire pour qu'elle ne soit qu'un dveloppement ana-ptyctique survenu postrieurement.

    Au r arien et indo-europen rpond:

    En grec: ap, a\; pa, XaEn latin: or, ul (ol)En gotique: ar, ul

    Le slave et le lituanien n'ont pas conserv d'indice positifdu r. On peut dire seulement que cette dernire langue l'a rem-plac souvent par ir, il.

    Nous passons l'numration des cas.

    1. Syllabe radicale.

    L'ordre adopt ici, pour distinguer les diffrents cas o ap-parat r, se base sur une classification nouvelle des racines, quine pourra tre justifie que plus tard, mais qui ne saurait nonplus dsorienter le lecteur.

    Nous ne nous occuperons que des racines contenant e.

    Toute racine qui dans les langues d'Europe contient e, a la fa-cult d'expulser cet e et de prendre ainsi une forme plus faible, condition seulement que les combinaisons phoniques ainsi pro-duites puissent se prononcer commodment.

    Sont ranger dans les racines contenant e: les racines ose trouvent les diphtongues ei et eu et qu'on a l'habitude deciter sous leur forme affaiblie, prive d'e; ainsi kei, sreu, deik,hheugh (Ici, sru, dih, hhugh).

    L'i et Vu de ces racines, ainsi que la liquide et la nasale desracines telles que derTc bhendh, peuvent prendre le nom de coeffi-cient sonantique. Ils concourent au vocalisme de la racine. Suivantque Ve persiste ou disparait, leur fonction varie: r, l, m, n, de con-sonnes deviennent sonantes; i et u passent de l'tat symphtongue l'tat auto2)htongue.

    A. Racines termines par un coefficient sonantique.Exemples kei (forme faible ki) sreu (f. fble sru) bher (f.fble bhr) men (f. fble mn).

    B. Racines renfermant un coefficient sonantique suivi d'une consonne.Ex. deik (f. fble dik) hheugh (f. fble bhugh) derk (f. fbledrk) bhendh (f. fble bhndh.)

  • 10 LIQUIDES SONANTES DE l'aORISTE THMATIQUE.

    C. Racines sans coefficient sonantique, termines par une consonne.

    Ex. pet (f. fble pO sek (f. fble sk) sed (f. fble zd).

    Nous n'avons pas nous occuper ici des racines termines par e,comme, en grec, Oe be .

    Dans la forme faible, selon que le suffixe ajout commencepar une consonne ou par une voyelle, les racines de la classe Aseront assimilables celles de la classe B ou celles de la classe C.

    En effet, dans la classe B, le coefficient sonantique, l'instanto Ve disparait, prend ncessairement la fonction de voyelle, puis-qu'il se trouve entre deux consonnes. C'est l aussi ce qui arrivepour les racines de la classe A, lorsqu'elles prennent un suffixecommenant par une consonne: ainsi mn-io.

    Mais si le suffixe commence par une voyelle, leur coefficientsonantique aura la qualit de consonne, et ces mmes racines res-sembleront de tout point aux racines de la classe C; ainsi -irX--|Liriv comme e-ax-o-v.

    En vue du but spcial que nous nous proposons dans ce cha-pitre, nous tirons des remarques qui prcdent l'avantage suivant:c'est que nous connaissons le point prcis o il faut s'attendre trouver les liquides sonantes et que nous assistons pour ainsidire leur formation; la comparaison seule d'un r indien avecun ap grec n'a, en effet, qu'une^ valeur prcaire si l'on ne voit

    pas comment cet ap a pris naissance et s'il y a une probabilitpour que ce soit un ar ordinaire. Partout o Ve tombe normale-ment, partout en particulier o apparat i ou l'u autophtongue, lesliquides sonantes doivent rgulirement exister ou avoir exist, si laposition des consonnes les forait fonctionner comme voyelles.

    a. FORMATIONS VERBALES.

    Aoriste thmatique. On a dit souvent que ce temps con-cidait entirement, pour ce qui est de la forme, avec l'imparfaitde la sixime classe verbale des grammairiens hindous. Reste savoir si cette sixime formation remonte aux temps indo-euro-pens, comme cela est indubitable pour notre aoriste, mais infini-ment moins certain pour le prsent.

    Quoi qu'il en soit, cet aoriste rclame l'expulsion de Ve ou de l'a dans les langues ariennes . En consquence les racinesdes classes A et C (v. plus haut) font en grec trs rgulirement:

  • LIQUIDKS SONANTES DE l'AORISTE THMATIQUE. 11

    TieX: -Tr\- |Liriv Trex: -TTT--|uriv()Tep: ()Tp e-TO crex: crx-o-v

    1 creir: -cTTr-o-v

    2 (jeTT: vi-cTT-e^

    Les impratifs (Tx et vcTTre ont dtermin M. Curtius admettre dans ces deux aoristes la mtathse de la racine^.M. Osthoff, dans son livre: Dos Verbum in der Nominalcomposition,p. 840, a dj dclar ne pouvoir souscrire une opinion sem-blable de l'minent linguiste relative aux prsents comme t'YVO-l^ai, |ii|ivuj, et cela en partant aussi de la conviction que la d-gradation de la racine y est absolument normale. Comment d'ail-leurs la mtathse se mettra-t-elle d'accord avec le vocalisme desthmes a\e crxo, aire cttto? Ces impratifs ont donc suivi l'ana-logie de bi, '.

    Chose tonnante, le sanskrit ne forme cet aoriste que surles racines de la classe B: les formes comme -TTi-e-TO lui sonttrangres; la seule trace qu'il en offre peut-tre est la 3 per-

    sonne du plur. krdnta qui, ct de dkrata (3 pi.) a l'air d'treune forme thmatique; qu'on veuille bien comparer plus bas cequi a trait aux nasales des dsinences^.

    En revanche les exemples abondent pour les racines de laforme B: rhati ruhat, vrdhati vrdhat etc. En grec cpeuY faitcpuYov, CTieix fait 'CTixov; de mme, et c'est l que nous en vou-lions venir,

    bpKO)iai fait -bpaK-o-v (skr. drarn)Trp&uj - -7Tpad-o-vTfpbuj - -Trapb-o-vTpTTUj - TapTT-ijO-|Liea

    TpttTTOV de TpTTuu vient aussi d'une forme TfTrov, mais icic'est une liquide prcdant- l'e qui s'est transforme en sonante.

    1

    .

    La prsence de Vs dans les trois derniers exemples atteste l'anciennetde cette formation. En ce qui concerne viaire on ne peut repousser com-pltement l'ide qu'il y a l un imparfait dont le prsent serait *-a-it-uj. Cf.-ox-w, Tr(-iTT-uj et notre note 1, page 12. Il faudrait donc diviser ainsi: v-i-arr-e.

    2. Dans les autres aoristes on aurait la syncope. Verbum II 7.'-i. M. Delhriick (Altind. Verb., p. 63) dit bien que sran dans avasran (R.

    V. IV 2, 19) contient la voyelle thmatique. Mais les preuves positives man(iuentet Grassmann interprte cette forme d'une manire toute diflrente {a-vas-ran). -gama-t est d'une autre formation, qui se reproduit en s,'rec dans le dorien-iteT0-v, dans l'attique -Te|ao-v. Cet aoriste-l concide pour la forme avec l'im-parfait de la Pelasse verbale. C'est l'aoriste non-sigmatique slave: nes.

  • 12 LIQUIDES SONANTES DE l'aORISTE THMATIQUE REDOUBL.

    Aoriste thmatique redoubl. Il n'est pas certain que lesaoristes causatifs du sanskrit soient immdiatement comparablesaux aoristes grecs redoubls. Mais il existe d'autres aoristes in-diens, moins nombreux, qui concident exactement avec les formesgrecques: ici encore l'a (e) est invariablement expuls.

    Racines des formes A et C:skr. sa: -sa--a-t^ gr. atTx: -0"rT--(Jai

    pat: d-papt-a-t kX: -K-K\-e-TO

    cpev: -Tte-qpv-o-v

    Te|ii: -Te-T|n-o-vRacines de la forme B, avec i, u pour coefficient sonantique:

    skr. ives: d-ti-tvis-a-nta gr. irei^: Tre-TTi^--ffai

    Tieud: TTe-Tud--aai

    Et enfin avec une liquide pour coefficient sonantique:skr. darh: -da-drh-a-nta gr. lepTr: Te-iapTr-e-TO

    M. Delbriick range une partie de ces formes indiennes dansle plus-que-parfait; mais si l'on peut accder sans rserves samanire de voir pour les formes sans voyelle thmatique commeagahhartana, on n'en sera que plus enclin placer les premiressous la rubrique aoriste.

    Parfait. Le parfait indo-europen affaiblissait la racine aupluriel et au duel de l'actif, et dans tout le moyen. Voy. en parti-culier Brugmann, Stiid. IX 314. Ce mode de formation s'est con-serv intact dans les langues ariennes.

    Racines des formes A et C:skr. sar: sa-sr-s pat: pa-pt-s

    Devant les suffixes commenant par une consonne, certainesracines en r n'admettent pas Vi de liaison, et l'on a alors un r commedans ca-kr-m. Ce mme i de liaison permet, chez les racines dela classe C, des formes telles que pa-pt-ini^.

    1. On dira qu'saat est imparfait (prsent sati); sans doute, mais iln'y a pas de limite fixe entre les deux temps, Les aoristes redoubls sont lesimparfaits d'une classe verbale que la grammaire hindoue a oublie et dans la-quelle rentreraient, avec scati, le skr. stdati, le part, pibdamna, le gr. iriiTTUi,flYvonai, |af)avu), |a|ipXeTai etc.

    2. M. Brugmann {Studien IX 386) prouve une certaine hsitation attribuer aux priodes les plus anciennes des formes comme paptim, et croitplutt qu'elles doivent le jour l'analogie de ca-kr- etc. Au fond la questionreviendrait cette autre, de savoir si la voyelle de liaison existait dj dans lalangue mre, auquel cas j)at faisait ncessairement -pa-pt- au parfait pluriel. Orr des formes germaniques (bundum, bunduts) s'accorderait bien avec cette

  • LIQUIDES SONANTES DU PARFAIT. 13

    En arrivant aux racines de la forme B nous pouvons tout desuite mettre le gotique en regard de l'indien:

    bhaugh: skr. hu-bhug-imd got. hug-um

    et avec r:

    vart: skr. va-vrt-im got. vaurp-um

    Cf. got. haug = bubhga, varp = vavrta.

    En grec la forme du singulier a peu peu empit sur celledu pluriel; dans les quelques restes de la formation primitive dupluriel actif (Curtius, Verb. II 169) nous trouvons encore -rr-m)Liev en regard de Triroia, eKTOV en regard de oKa, mais lehasard veut qu'aucun cas de r n'ait subsist^. Le moyen du moinss'est mieux conserv:

    Racines de la forme A:CTtep: -o"TTap-Tai Trep: TTe-Trap-|uvobep: be-bap-)uivo (TTeX: -crTaX-|iiaiqpdep: -(p9^ap-|nai, cf. -qpdop-a^ep : ef-|nap-Tai, et -juPpa-xai Hes. cf. -|Li|Liop-a

    Il est superflu de faire remarquer encore ici que -cpap-jaaiest dep ce que l-(Tcru-|Liai est (Jeu.

    Les langues italiques ont trop uniformis la flexion verbalepour qu'on puisse s'attendre retrouver chez elles l'alternance

    des formes faibles et des formes fortes. Mais il est fort possibleque les doublets comme verto vorto proviennent de cette source.

    On ne doit pas attacher beaucoup d'importance pepuli de pello,perculi de percllo; il y a peut-tre l le mme affaiblissement dela voyelle radicale que dans detineo, colligo, avec cette diffrenceque l'influence du l aurait dtermin la teinte u au lieu d'i.

    L'ombrien possde, en regard de l'impratif kuvertu, lefutur antrieur vurtus prononc sans doute vortus formsur le thme faible du parfait. Sur les tables en criture latineon a covertu et covortus. Si l'on tait certain que covortuso ft un

    hypothse, et l'a du grec feTn^ainev n'y rpugne pas, bien qu'il s'explique plusprobablement par la contamination du singulier fYria et de la 3e p. du plur.fe-jr\Qaa\; qu'on compare enfin le latin -imus dans tulimus. Dans cettequestion il faut considrer aussi les parfaits indiens comme sedim, gotiques

    tels que stuni, et latins tels que sdimus qui sont reconnus pour contenir laracine redouble et dnue de voyelle. Ainsi sedim *sa-zd-n. Il va sansdire que la mme analyse phontique ne serait pas applicable chacune de cesformes: la formation s'est gnralise par analogie.

    1. T-TX-|iev vient de la rac. tX comme ariiev de ot; son \a neremonte pas une liquide sonante.

  • 14 LIQUIDES SONANTES DU PRSENT.

    parfait (v. Bral, Tables Eugubines, p. 361), cette forme seraitprcieuse. Seulement il ne faut pas perdre de vue que sur solitalique vort- reprsente aussi bien va^rt- que vrt-, en sorte quetoutes ces formes ont peut-tre pour point de dpart le singulierdu parfait, non pas le pluriel; elles n'en restent pas moins remar-quables. Autre exemple: persnimu, pepurkurent.

    Prsent. Dans la 2 et la 3^ classe verbale, au prsent et l'imparfait, la racine ne conserve sa forme normale qu'aux troispersonnes du singulier de l'actif; le duel, le pluriel et tout lemoyen demandent l'expulsion de l'a: ainsi, en sanskrit, pour neciter que des racines de la forme A:

    e fait i-7ns Jcar fait kr-tks (vd.)ho - gu-hu-ms 2)ar - pi-pr-ms

    En grec Tri)Li-7T\a-)iiev correspond exactement pi-prins; cetteforme, en effet, n'appartient point une racine ttXk qui serait lamtathse de rreX, autrement les Doriens diraient 7Ti|UTTX)Lii. L'r)panhellne indique au contraire que irijUTrXriiLii est une transforma-tion rcente de *Tr|aTTeX)Lii = skr, pparmi^.

    La racine q)ep prend la forme Tri-q)pa- (dans TTicppvai) qui estgale au skr. bi-bhr- (bibhrmds). Les traces nombreuses de Te, parexemple dans qpp (Curtius, Stud. VIII 328 seq.), nous garantis-sent que la racine tait bien q)ep, non q)p.

    Les autres formations du prsent n'offrant dans les languesd'Europe que des traces incertaines de r, il n'y aurait pas grandavantage les passer en revue. Rappelons seulement le latinpo{r)sco identique l'indien prhdmi. Si la racine est bien prak,le r est n ici de la mme manire que dans Tpairov de rpinu.Pour comparer ces deux prsents, il faut partir de l'ide quepoaco est bien le descendant direct de la forme indo-europenne,exempt de toute contamination venant des autres formes verbales,et une telle supposition aura toujours quelque chose de pril-leux, tant donne l'habitude des dialectes italiques de passer leniveau sur le vocalisme de la racine et de propager une seule etmme forme travers toute la flexion. Mais, dans le cas de

    1. Il existe, il est vrai, des formes comme irXOo (v. Joh. Schmidl,Vocal. II 321), mais celles qui se trouvent chez les tragiques alticfues sont, suivantAhrens, des dorismes de mauvais aloi, et celles des inscriptions peuvent provenir,comme les formes lennes bien connues, d'un passage secondaire d' a. Onpourrait du reste admettre que itX existait paralllement ircX. Cf. nVemmontSchrader, Stiidien X 324.

  • LIQUIDES SONANTES DES THBIES NOMINAUX. 15

    posco, c'est sans doute prcisment la forme du prsent qu'on agnralise de la sorte. Avec les mmes rserves, on peut rap-procher korreo et torreo, ce dernier dans le sens intransitif seu-lement, des prsents indiens hfsyati et tfsyati^; ces deux racinesmontrent Ve dans les formes grecques non affaiblies: x^pcTo,Tp(JO|Liai.

    b. FORMATIONS NOMINALES.

    IlV^M Dans les langues ariennes, le participe pass passif en -tarejette rgulirement l'a radical, si cela est possible, c'est--dire

    ^^ si la racine est de la forme A ou B (page 9). Ainsi en sanskrit yo^^|donne yu-i, en zend dar donne dr-ta, etc. A la dernire forme

    cite correspond exactement le grec bap-T ou bpa-T de bpoi, etl'on a de mme (TrapT de (TTrep, KapT de Kep, (iTd|Li-)q)dapTO

    H|de dep.Dans cpepT, dans a-5epKT0 et dans les autres adjectifs sem-

    blables, il faut voir des formations rcentes. C'est ainsi, pour neciter que cet exemple entre cent, qu' ct de l'ancien ttct-ti- =skr. buddhi, nous voyons apparatre irecTi, form nouveau surl'analogie de ireiioiuai.

    ILaracine de ffirapTov (cble) est ffirep, comme on le voit par

    (TTrepa.

    pXaOTT = skr. vrddh montre aussi un \a fort rgulier; maiscomme ce participe a perdu son prsent, notre principal moyende contrle, savoir l'e des formes congnres, nous fait ici dfaut.

    Le latin a pulsus de pello, vulsus de vello, perculsus de per-celo,sepultus de sepelio.

    M. Fick identifie curtus qui parat tre sorti de *cortus

    au grec KapT.pro-cul rappelle vivement l'indien vi-pra-krs-ta (loign), pra-

    krs-ta (long, grand, en parlant d'une distance); il faudrait alorsla ramener un cas du thme *procdsto-^ . recello et procello ontd'ailleurs un sens voisin de celui du skr. kars, mais comme verros'en approche encore davantage, toute cette combinaison est sujette caution.

    On a compar l'ancien mot forctus (Corssen, Ausspr. I^ 101)tau skr. drdh de darh.

    1. Mmoires de la Soc. de Linguistique \\l 283.2. Ou au comparatif neutre *proculstis, *proculsis?

  • 16 LIQUIDES SONANTES DES THMES NOMINAUX.

    L'tymologie porta a portando tant difficile accepter, portadoit tre un participe de la racine per (d'o gr. Treipui, 6ia)LiTrep),et il quivaudrait une forme grecque *TTapTr|.

    Le gotique a les participes paurft(a)-s, daurst{a)-s, faurht{a)-s,handu-vaurht{a)-s, skud{a)-s.

    L'adjonction du suffixe -ti ncessite galement l'expulsionde l'a (e) radical. Nous ne citons que les cas o cette loi a donnnaissance au r :

    Les exemples abondent dans les langues d'Asie: ekr. hhr-ti,zend hr-ti de la racine bhar, et ainsi de suite.

    Le grec a Kdp-(Ti de Kep. Hsychius donne: tappi' d6poi-Oi (l'accent parat tre corrompu) qui doit remonter *dTap(Ti-de Tepuj. (TTdX-cri de CieX est d'une poque tardive.

    Le gotique forme sur bairan: ga-baurp(i)-s, sur tairan: ga-taurp{i)-s; de mme paurft{i)-s, fra-vaurht{i)-s.

    Le latin fors (thme for-ti-) de fero concide avec le skr.bhrii. 7nors est l'quivalent du skr. mrti, seulement le prsentmorior et le grec ppOT montrent que Vo est rpandu par toutela racine et recommandent donc la prudence.

    sors, pour ^sortis, parat tre sorti de la mme racine ser quia donn exsero, desero, praesertim}. Le mot serait donc l'originesimplement synonyme dLexserium.

    Si les adverbes en -tint drivent, comme on le pense, dethmes nominaux en -ti, il faut citer ici l'ombrien trah-vorfi =iransversim; cf. covertu.

    Le SUFFIXE - demande, dans la rgie, l'affaiblissement de laracine. En dehors des langues ariennes, le r ainsi produit se re-flte encore fidlement dans l'adjectif gotique:

    _paursus (rac. ^ers) -^ skr. trsNous insistons moins sur les adjectifs grecs:

    PpabO = skr. mrd ^

    irXaT = skr. prth

    1. Toute diffrente est la racine de con-sero, as-sero qui signifie attacher.Le sero dont nous parlons est le skr. srati, slsarti couler, avancer: composavec la prposition pra il a aussi le sens transitif et donne le vdique prhhv sisarti (R. V, II 38, 2) il tend les bras, exactement le grec xcPtdXXeiv (= ai-0a\-ye\v, ai-a\-ye\v). Le verbe insra peut appartenir l'une ou l'autre des deux racines en question.

    2. A ct de Ppab on a avec l: pXabuu" ^ibiu Hes., ce qui rendbien vraisemblable l'ancienne clymologie du latin mollis comme tant pour*moldi>is.

  • LIQUIDES SONANTES DES THEMES NOMINAUX. 17

    Le lituanien platiis donnerait croire que le Xa de irXaTest originaire, car dans cette langue on attendrait il comme con-tinuation du r. En tous cas on aimerait trouver paralllement TiXaT, Ppab des formes contenant Ye^.

    I^L Lorsque les racines des classesA et B (page 9) sont em-

    ployes sans suffixe comme thmes nominaux, elles expulsent leura (en Europe leur e). Sous cette forme elles servent frquemmeut

    IHftn composition:^^H skr. bhed: pur-hhid dar: sam-dr^^Vel est, en grec, l'adverbe uTr-bpa(K) de epK. Cf. pour la fonc-^^Kon comme pour la forme le skr. a-pflc mixtim.1^ Voici enfin quelques mots, de diffrentes formations, qui ren-

    ferment un r:|H| Skr. hfd cur = lat. cord-. Le grec Kapbi'a, Kpabir) se placeV^^ ct de la forme indienne krdi. Le got. hairto, le grec Kfip1= Kcpb? Curtiup, Grdz. 142) offrent une forme non affaiblie de la

    racine.

    ISkr. fksa ours = gr. dpKTO = lat. iirsus {*orcsus).> Le lat. cornua au pluriel rpond peut tre exactement au vdi-que rng] il serait donc pour *corngua. Dans cette hypothse6 singulier ne serait pas primitif. Le got. haurn, dans la mmesupposition, remonterait *haurng, et la flexion se serait diriged'aprs la forme du nom.-accus, o la gutturale devait facilement

    plomber^Le rapprochement du grec TpireXo avec le skr. irpr, trpla

    [Fick, W. P 96) demeure trs incertain.Kapxapo hriss (cf. K'pKapo) fait penser au skr, krhr

    pre, pnible etc .Le lat. furnus four sort de fornus = skr. ghpjd ardeur.KeXaiv noir, ramen *K{e]\aOyyo, devient le proche parent

    iu skr. krsn (mme sens)^.XauKavi'n gosier est pour *G\aKJav-{r\, amplification du thme

    trkvan, qui signifie en sanskrit coin de la bonche; le thme parent

    1. irXOpov, irAepov seraient-ils par hasard ces parents de rXaT oious trouverions Ve?

    2. Le capricorne, ce coloptre grandes antennes, qui s'appelle enjrec KepdiaPuE, nous a peut-tre conserv la trace d'un ancien thme *K(e)pa|Lipo- =fiiga.

    3. Ce qui rend suspecte la parent de K6Xaiv6 avec KriXi, c'est Va duiorien KdXi et du lat. cligo.

    de Saussure, Oeuvres. 2

  • 18 LIQUIDES SONANTES DES THKMES NOMINAUX. EXCEPTIONS.

    srkva a suivant Bhtliugk et Roth le sens gnral de bouche, gueule}L'penthse de Vu dans le mot grec a des analogies sur lesquellesnous aurons l'occasion de revenir. Chez des auteurs post-homriqueson trouve aussi XeuKavi'n.

    e-XdKa (lacon.) charrue, a-XaK- sillon rpondent, d'aprsl'tymologie de M. Fick, au vdique vfka charrue.

    Le lat. morbus est sans doute parent du skr. mfdh objet hostile,ennemi, mais la diffrence des thmes ne permet pas d'affirmer quel'or du mot latin soit sorti de r.

    Tapirmpiov T xpiTimpiov Hes. Cf. skr. trtya.Gr. TTpo"ov = lat. porrum contient sans doute aussi le r.Si l'on fait abstraction des formations courantes, comme les

    substantifs grecs en -0"i-, dans lesquelles la voyelle du prsent devaitinvitablement pntrer peu peu, les exceptions la loi de corres-pondance nonce en commenant sont peu nombreuses.

    Les cas tels que t^Xti grngana, merda mfd, ou TrepKv pfni n'entrent pas en considration, vu que les thmes ne sontpas identiques ; ct de TrepKV nous trouvons d'ailleurs irpaKV(Curt., Grdz. 275). beipd (dor. bripoi) crte de montagne a t

    rapproch de skr. drsd pierre, mais tort, car beipd ne sauraitse sparer de beipr|.

    L'identification de OXyu avec bhfgu (Kuhn, herabk. des feuers)est sduisante, mais elle ne peut passer pour parfaitement sre.

    Au skr. kfmi rpond presque sans aucun doute, et trs rgulire-ment pour ce qui est du r, le got. vatrms; mais le gr. ^X)lii, le lat.vermis montrent e. La forme de ce mot a du reste une instabilitremarquable dans son consonantisme^ aussi bien que dans la voyelleradicale : l'pel krimiest trs frquent en sanskrit, et Xi'|Uiv^e' X|aiv5e"TTdcpioi (Hes.) nous donne la forme correspondante du grec.

    1. Si l'on compare en outre les sens de srakl, on reconnat que tousces mots contiennent l'ide de contour, d'angle ou d'anfroctitosif. Ce mot(Vanfractuosit lui-mme s'y rattache probablement en ligne directe, car le latinan-fractns sort rgulirement de *ain-sracUis comme *cerefnim, cerehrum deceres-vum. Cf. cependant Zey, K. Z. XVI .381 qui divise ainsi : anfr-actus.

    Le grec ajoute celte famille de mots: ^cktoI* q)dpaYYf) ir^Tpai, xapdhpai et^dTTTaf fpdpoYTe. X0.ihpa\, Y^qpupai. Iles.

    2. Le k remplac par v, au lieu de kv; le m remplac par v dans leslave rtvl; la liquide variant entre l et r, et cela, mme en de des limitesdu grec, ainsi que l'indique la glose: ^po* OKiOXnH v SXoi.

  • LIQUIDES SONANTES DES SUFFIXES. NASALES SONANTES, 19

    2. Syllabes suffixales.

    Les noms de parent et les noms d'agent en -tar expulsent,aux cas faibles, l'a du suffixe qui se rduit -tr, ou, devant lesdsinences commenant par une consonne, -tr. De l:

    gr. ira-Tp-o, lat. pa-tr-is : cf. skr. pi-tr-

    et avec /: gr. Tra-rpa-cri = skr. pi-tfsu.

    cf. Brugmann, Ztir Gesch. der stammabstufenden Dedinationen, Studien IX363 seq. On a de mme: jLiriTpcri, vbpdcri, cripctai etc.

    Le mot en -ar est-il le premier membre d'un compos, il fautattendre la forme faible, comme dans l'indien hhrtr-varga. Peut-treen grec v5pd-Tro6o-v est-il, comme le prtend M. Brugmann, undernier chantillon de ce mode de formation.

    Au nom. -ace. sing. de certains neutres apparat un suffixe -r ou-rt qui a donn skr. ydkrt = gr. fi7rap= lat. /ecwr (probablementj)our *}equor). Cependant tous les neutres grecs en -ap ne remontentpas une forme en r: ouap par exemple, rpond au vdique lidhar,et son a n'est point anaptyctique.

    2. Nasales sonantes.Tandis que la liquide sonante s'est maintenue du moins dans

    l'antique langue de l'Inde, les nasales sonantes ont entirementdisparu, comme telle?, du domaine indo-europen^. Il y a plus: laliquide, en cessant d'tre sonante, n'a point du mme coup cessd'exister; elle s'est borne prendre la fonction de consonne. Autrea t le sort des nasales, soit dans le grec, soit dans les languesariennes: en donnant naissance un phonme vocalique, elles ontelles-mmes succomb, et, pour mettre le comble la complication,le phonme en question est venu se confondre avec l'a.

    Cet a n'a rien qui le fasse distinguer de prime abord dans lesanskrit ni dans le zend. En grec on peut heureusement le re-connatre plus facilement, parce qu'il se trouve souvent oppos une radical (reiviu Tai).

    Dans les langues congnres la nasale s'est conserve; en re-vanche, la voyelle qui s'est dveloppe devant elle a pris, dansplusieurs de ces idiomes, la couleur de l'e; et il est souvent impossiblede savoir si le groupe en remplace rellement une nasale sonante.

    1. Il n'est naturellement pas question ici des nasales sonantes qui sesont formes nouveau dans plusieurs langues anciennes et modernes.

  • 20 NASALES SONANTES DE l'AORISTE THMATIQUE.

    Le travail o M. Brugmann a expos sa thorie offre des matriauxconsidrables qui est dsireux d'tudier la question ; mais il con-vient de rassembler ici les principaux faits dont il s'agit, en lesplaant dans le cadre qui nous a servi pour les phnomnes relatifsaux liquides. Les deux sries se compltent et s'clairent ainsiTune l'autre.

    Voici les diffrents phonmes qui sont sortis des nasales sonantes:

    (Indo-eur. '^ [li] ip) (Indo-eur. n [ri\ m)Arien ^ a a Latin en emGrec a a Palosl. Got. un um Lituan. in im

    Les nasales sonantes ont pu prendre naissance de deux manires:ou par la chute d'un a, comme c'est toujours le cas pour les li-quides sonantes; ou par l'adjonction un thme consonantique d'unedsinence commenant par une nasale. Nous considrons d'abord lepremier cas.

    1. Syllabe radicale.

    a. FORMATIONS VERBALES.

    Aoriste thmatique (cf. page 10). L'indien randli tomber auxmains de a un aoriste -radh-a-t^ lequel sort de *a-rndh-a-t, sup-poser du moins que la racine soit bien randh, et non radh.

    On voit ici ds l'abord le contraste des conceptions, suivantqu'on croit ou non la nasale sonante. Jusqu'ici on regardait lanasale d'une racine telle que randh comme un lment mobile rejetdans la forme faible. Avec la thorie nouvelle c'est au contraire l'a

    qui a t rejet, en concordance parfaite avec ce qui a t dveloppplus haut, et l'a que nous voyons, l'a . de radhat, quivaut unenasale, car il est fait de la substance mme de cette nasale vanouie.Si le hasard avait voulu que ce ft un ti et non un a qui se d-

    veloppt dans les langues ariennes sur la nasale sonante, l'aoristeen question serait v^rudhah.

    Le grec est l pour en donner la preuve irrfragable, car chezlui la monotonie de l'a cesse et le dualisme se rvle dans les deuxteintes e et a:

    La racine irev^ donne l'aoriste: l-Tiab-ov}

    1. Il s'entend qu'en zend Va sorti de la nasale sonante participe aux

    affections secondaires de l'a, par exemple la coloration en e.2. Ce n'est pas que, dans l'espce, nous n'ayons quelques doutes sur la

  • NASALES SONANTES DK l'aORISTE NON-THMATIQUE. 21

    L'aoriste thmatique redoubl ne fournit aucun exemplegrec. En sanskrit on peut citer le vdique a-krad-a-t de krand^.

    L'aoriste sans voyelle thmatique qui concide pour la formeavec l'imparfait de la 2 classe verbale^ n'a pas t mentionnplus haut propos des liquides, parce qu'il n'offrait aucun cas de

    r en Europe. Le singulier de l'actif conserve l'a (e). Le reste

    de l'actif ainsi que tout le moyen l'expulsent; on a donc ensanskrit:

    l** Racines de la forme A (page 9):ro: -rav-[a]m; rot rutdm

    var: -vati-s) -vr-ta

    et avec nasale sonante dans la forme faible:gam: -gan{-t) ga-tdni

    2 Racines de la forme B^:doh: d-dhok-it) -duh-ran

    varg: vrk{-s) -vrk-ta

    M. Brugmann me fait part d'une explication trs ingnieuseles aoristes grecs comme lyf.\)0.^ craeua qui jusqu'alors avaient r-sist toute analyse. Ce sont les formes de l'actif correspondant

    aux aoristes moyens comme x|Liriv, (J(Li|LiTiv. La flexion primitive

    tait: xeua (pour ex^um), *xeu, *xeu(T); pluriel *xuMev etc.; moyen xO|iriv. Comme au parfait, l'a de la premire personnexeua s'est propag par tout l'actif, et l'aacien pluriel syllaberadicale faible s'est retir devant des formes forges sur le modledu singulier (xea|uev). Cet *-xu-|uev qui n'existe plus et qui est x^ua ce qu'en sanskrit *-ru-ma est d-rav-am a son analogueparfait, avec nasale sonante, dans la forme -KTa-|Liev (rac. Kiev):seulement, dans ce dernier aoriste, c'est le singulier qui a subi des

    changements sous l'influence du pluriel: *-KTev-a, *-KTev(-T) ontt remplacs par ^KTav, IkiS. Dans Ki-jnevai, Ki-cTai, KTd-|Lievo,TT--Kia-TO l'a doit tre sorti directement de la sonante. M. Cur-

    ^^es

    vritable qualit de l'alpha d'naOov, et cela cause du latin patior, sur lequelnous reviendrons plus bas. Mais iraov se trouve tre le seul aoriste thma-tique o l'on puisse supposer une nasale sonante, et, si on le rcusait, il suf-firait de renvoyer aux exemples qui suivent.

    1. Toujours en supposant que la nasale est radicale.2. Les formes qui ont la vriddhi comme vaif, vp sont entirement

    "diffrentes. Il faut y voir, avec M. Wiiitney, des aoristes sigmatiques.3. Les racines de cette forme contenant une nasale ne paraissent pas

    >arnlr d'exemple.

  • 22 NASALES SONANTES DU PARFAIT ET DU PRSENT.

    tius (Verb. 1*192) fait remarquer que l'hypothse d'une racine Kiaest inadmissible.

    Parfait (cf. page 12). Les racines de la forme A prsententencore en grec des restes du parfait primitif tels que:

    |Li-|Lia-TOV ; cf. sing. )ui-|aov-a de |Liev

    Ye-T-Triv; cf. pf. sg. Y-fov-a de fevet au moyen:

    x-Ta-Tai de xev -rr-qpa-Tai de qpev*

    Dans les formes indiennes, la voyelle de liaison a permis la nasale de rester consonne : ga-gm-im, ta-tn-is. Le participe sa-sa-vn (de san) offre la sonante; cf. cependant ce mot au registre.

    Dans les racines de la forme B on peut citer avec M. Brugmann :skr. tastmbha, 3 pi. tastabhs (c'est--dire tastt^bhs); cadhnda a

    un optatif ahadydt. En grec on a TTeraua en regard de TrTTOVa(rac.7Tev&); M. Brugmann, adoptant en outre une leon d'Aristarque,obtient: Tr-rracrde (= Tr-irad-Te) au lieu de irTToade Iliad. 3, 99 etpass. Cf. cependant notre remarque sur eiradov, p. 20 i. n.

    Le got. bimd-um (rac. bend) est naturellement pour hndum, ettous les verbes gotiques de cette classe prsentent semblablementla sonante au parf. pluriel et duel.

    Pksent. Dans la 2 classe verbale (cf. page 14) on peut si-gnaler en grec {l)pa\xai ramen p>^-|uiai dans un rcent article deM. Brugmann E'.Z. XXIII 587; la racine est la mme que dans l'indienrdmati se plaire, etc. En sanskrit nous trouvons par exemple:hn-ti, 2 plur. ha-ths, c'est--dire hn-thds.

    La 8 classe verbale fera l'objet d'un prochain travail de M.Brugmann, o il montrera que tanmni, vanmi etc., sont pour tn-nmiyvn-nmi. Aussi le grec montre-il l'alpha significatif dans T-vu-raide la racine xev, dans d-vu-xai de la rac. v*. Cela est dans l'ordre,

    1. La 3e pi. iravrai est une formation rcente faite sur l'analogie desracines en a; il faudrait rgulirement ite-qpv-arai. ^v^aax, ^ejuauta etles autres formes o le suffixe commence par une voyelle n'ont pu se produireque par analogie. Il est remarquable que les formes fortes du singulier soientrestes l'abri de toute contamination de ce genre, car T^TOO) V^i\xa.o. n'existentque dans nos dictionnaires ainsi que le montre Curtius, Verb. II 169. L'ancienneflexion: Y^TOva, plur. y^TOM^v est donc encore transjjarente.

    2. M. Curtius a montr l'identit de vuxai (Homre a seulement f|vuTo)avec le skr. sanut (rac. san); la sifflante a laiss une trace dans l'esprit rudede l'atl. -v-iu. Quant la racine non affaiblie v, elle vit dans le composaO-v-TH auteur d'une action. Cf. Fick, Wtprterb. I* 789.

  • NASALES SONANTES DES THMES NOMINAUX. 23

    puisqu'on a, de la rac. k2ai: i-nmi, de la rac. dhars: dhrs-nmi etnon pas: ^de-uomi, hars-nmi^.

    La classe des inchoatifs ajoute -ska h la racine prive d' : skr.y-cchati de yo, uci'hli de vas. Il est clair par consquent que y-l'chali de yam, gd-chati de gam ont la nasale sonante, et il n'y apas de raison de croire que le grec p-0"KUJ soit forna diffremment,bien qu'il puisse venir de la racine sur P*

    b. FORMATIONS NOMINALES.

    Le suffixe -ta (cf. page 15) donne les thmes suivants:

    de /aw (ten): skr. ta-t = gr. x-T = lat. ten-tusde g^nm {g2em): skr. gn-id = gr. pa-T^ = lat. ven-tusde man {nien): skr. ma-t = gr. )Lia-To^ = lat. mentus^de gh-^an {gluten): skr. ha-td = gr. a-T^de ram (rem): skr. ra-td = gv. pa-T (= lat. lentusf)

    Ces formes indiennes auxquelles il faut ajouter yatd de yam,nat de nam, ksat de ksan, et qui se reproduisent dans le zend etl'ancien perse (zd. gta parti, a. p. gta tu etc.) appartien-draient suivant Schleicher, Beitrge II 92 seq., des racines en -a,et l'auteur s'en sert pour dmontrer la thorie qu'on connat; maiscomment se ferait-il que ce fussent prcisment l les seuls casd'un a sanskrit terminant une racine et que dans tous les exempleso la nasale n'est pas en jeu, on trouve i ou dans les mmesparticipes: sthit, jnt? On peut dire tout au contraire que cet aporte en lui-mme la preuve de son origine nasale.

    Les thmes en -ti (cf. page 16) sont tout semblables aux pr-cdents: skr. tati = gr. rdci, cf. lat. -tentio; ksati (de ksan) a pourparallle grec l'homrique vbpo-KTaair) (de Kiev). Le skr. gii, legr. pdai et le got. {ga-)qump(i)s se runissent de mme dans l'indo-europen g2ni-ti. Le got. {ga-)mn,nd{i)s rpond au vd, mati (skr.classique mt), au lat. men{ti)s^.

    1. Les formes comme beiicvuim, ZieCrfvufii sont des innovations du {jrec.2. poT pourrait aussi appartenir la racine p qui a donn i^x\v; les

    deux formes devaient ncessairement se confondre en grec. En revanche leskr. gat ne saurait driver de g.

    3. Forme conserve dans le mot aTiaaTO, suivant l'lymolo^ie la plusprobable. -mentus se trouve dans conimentus.

    4. L'identification du skr. han et du grec *q)ev sera justifie plus bas.5. Les formes latines n'inspirent pas une confiance absolue, en ce sens

    qu'elles peuvent tout aussi bien s'tre formes postrieurement comme le gr.

  • 24 NASALES SONANTES DES THMES NOMINAUX.

    Thmes en - (cf. page 16). L'identit de l'ind. bah et dugr. irax {bahuld = iraxuX) s'impose avec non moins de force quele rapprochement de pinguis avec Trax que l'on doit M. Curtius.On est oblig d'admettre la rduction de la premire aspire phdans la priode anthistorique, o l'italique n'avait pas encoreconverti les aspires en spirantes, et ceci n'est point sans doute uncas unique dans son genre. Or pinguis pour *pe7iguis nous prouveque l'a de bah et de irax reprsente une nasale sonante. Lesuperlatif skr. bdmh-istha en offrait du reste la preuve immdiate.

    Le skr. ragh, lagh = gr. Xax contient galement la nasalesonante, en juger par les mots parents skr. rdmhas et rnihi. Doncle latin lvis est pour *lenhuis, Hennis; les traitements divers de jsm-guis et de levis n'ont d'autre raison que la diffrence des gutturales(ghi et gr^2' ^^lM. ragh). La discordance du vocalisme dans levisvis--vis d'Xax est supprime. Le lit. lngvas, le zd. rengya con-firment l'existence de la nasale. Enfin, pour revenir au skr. ragh,l'a de ce mot ne s'explique que s'il reprsente une nasale sonante,autrement il devait disparatre comme dans rg (superl. rgistha)et dans les autres adjectifs en -.

    Le lat. densus indique que baau est pour bcru.L'affaiblissement de la syllabe radicale devant le suff. - se

    vrifie encore dans Pa-, de la racine pev^ dont la forme pleineapparat dans pvd-o. Ici cependant, comme plus haut pour Traev,on peut tre en doute sur la provenance et par consquent aussisur la nature de l'a: car ct de Pev^ on a la rac. pd sansnasale. Ces sortes de doublets nous occuperont dans un i)rochainchapitre.

    Thmes de diverses formations :Skr. asi = lat. ensis. Skr. vasti et lat. v{n)sca.

    Le got. htvo (c.--d. *unhtvo) matin rpond, comme on sait,au vdique akt < lumire, auquel on a compar aussi le grec dKTrayon.

    Le gr. TrdTO- chemin doit remonter *mTO-, vu la nasaledu skr. pnthan, gn. paths {==pnth-s).

    Le thme ndhara (ou peut-tre iiidhara) inferior donne l'indiendhara, le lat. infras ^ le got. undaro.

    bplxq, dXEi. Pour les formes slaves telles que -ml cette possibilit se changepresque en certitude.

  • Wh

    de

    NASALES 80NANTES DES SUFFIXES. 25

    M. Scherer (Z. Gesch. der deutsch. Spr., p. 223 seq.), parlantdes thmes des pronoms personnels, se livre des conjectures dontM. Leskien a fait ressortir le caractre aventureux (Dclination,

    139); sur un point cependant le savant germaniste a touch justesans aucun doute : c'est lorsqu'il restitue pour le pluriel du pronomde la 1*^ personne un thme contenant une nasale devant Y s:amsma, ansma. Ce n'est pas que les raisons thoriques de M. Scherersoient convaincantes; mais le germanique uns, unsis ne s'expliqueque de cette faon. Au lieu de amsma ou ansma, il faut naturelle-ment msna ou nsma, d'o sortent avec une gale rgularit le got.ns, le skr. asmd, le grec (ol.) |Li|Lie = *a|Lie.

    Plusieurs cas d'une nature particulire, celui du nom denombre cent par exemple, trouveront leur place dans un autrechapitre^.

    2. Syllabes suffixales.

    La flexion des thmes en -an {-en), -man {-men), -van (-ven) de-mande un examen dtaill qui trouvera mieux sa place dans unchapitre subsquent. Il suffit ici de relever ce qui a trait lanasale sonante: dans la langue mre, le suffixe perdait son a aux

    s dits faibles et trs faibles. Dans ces derniers, la dsinence com-mence par une voyelle et la nasale restait consonne; aux cas

    faibles au contraire elle tait oblige de prendre la fonction devoyelle, parce que la dsinence commence par une consonne. Lst toute la diffrence. On a en sanskrit, du thme uksn:

    gn. sing. uksn-ds instr. pi. ukd-bhis (= uksn-bhis)dat. sing. uksn loc. pi. uks-su (== uksn-su)

    r.e grec fait au gn. sing.: 7TOi|Livo, au dat. plur. : Troi|Li(Ti,us deux hystrognes. Les anciennes formes ont d tre *7T01|liv-6

    1. Il est possible que la nasale sonante soit reprsente en arien pari, u, dans le mot qui signifie langue: skr. gihv et guh, zd. htzva, hizu;

    l'ancien perse serait izva selon la restitution de M. Oppert, mais . . vaseul est encore crit sur le rocher. Comme la consonne qui commence le mot

    t un vritable Prote linguistique elle diffre mme dans l'iranien vis--visde l'indien et qu'en lituanien elle devient /, on conviendra que la glosed'Hsychius: Xauxdvri* fXjaaa trouve son explication la plus naturelle dans lacomparaison des mots cits: le thme primitif serait ?-ngh^ ou ?-ngh^u: de lle lat. dingua, le got. t-iiggon-, et le gr. *\-ax/av-ti, Xauxvr^. Le slave j-zy-k montre aussi la sonante. Seul l' du lit. l-'uv-i-s s'carte de la formereconstruite. Pour l'penthse de Vu dans le mot grec cf. plus haut (p. 17)XauKavri.

  • 26 NASALE SONANTE PLACE A LA FIN DU MOT.

    et *'rTOina-cri. Il a subsist quelques dbris de cette formation : ku-v- du thme ku-ov, qpp-a-ai (Pindare) du thme qpp-ev. V. Brug-mann, Stud. IX 376.

    Au nom. -ace. sing. des neutres en -man, Vn final de skr. ndma,zd. nma, gr. vo|ia^ est sorti, aussi bien que V du slave im etl'en du lat. nmen, d'une nasale sonante indo-europenne. Morpho-logiquement, c'est ce que font conclure toutes les analogies, ainsicelle de l'ind. dtf au nom.-ace. neutre; phontiquement, c'est laseule hypothse qui rende compte de l'absence de la nasale dansles deux premires langues cites. Voil la premire fois quenous rencontrons une nasale sonante la fin du mot, et le casmrite une attention spciale. Si simple que la chose paraisse premire vue, elle ne laisse pas que d'embarrasser quelque peu,aussitt qu'on considre le mot dans son rle naturel de membrede la phrase. L'indien dtf, qui vient d'tre cit, plac devant unmot commenant par une voyelle, comme api, donnerait, d'aprsles rgles du sandhi: dtrapi. En d'autres termes, le dtr du para-digme n'a de ralit que suivi d'une consonne ou finissant laphrase; devant les voyelles il n'y a que dtr. Et cependant r (cequi veut dire: r dou d'accent syllabique) peut fort bien se main-tenir devant les voyelles. C'est ainsi que la phrase anglaise: the

    father is se prononcera couramment: the fathr is, non pas: the fathris^. Il en est de mme de n dans l'allemand siebn-iind-zwanzig{siben-und-zwanzig).

    Un mot indo-europen comme stmn (nom.-acc. de stman- =skr. sthman-^) a donc pu faire la rencontre d'une voyelle, devantapi par exemple: stmnjapi ou bien stmn api (cf. note 2).Se dcider pour la premire alternative serait peut-tre admettreimplicitement qu'on disait madhw api et non madhu api, c'est--dire

    1. Le T des cas obliques (vinaTo) n'a probablement- exist aucune

    poque au nomin.-accusatif. Le got. namo n'est pas mentionn, parce ([u'ilest de formation nouvelle.

    2. Il est vrai que r, n etc. placs devant une voyelle paraissent se d-

    doubler en rr, nn etc. V. Sievers, Lautphysiol., p. 27 au milieu. Et, bien (lu'on

    puisse dire que i et u sont aussi consonnes durant un ipstant dans le passage

    des organes une autre voyelle, dans ta ou ua par exemple, il n'en reste pas

    moins certain que la triple combinaison phonique 1) ja. 2) ta c.--d. {{a. 3) tjrt,transporte dans la srie nasale se rduit 1) na et 2. 3) nna, dans la srie deYr: 1) ra et 2. 3) rra. j dsigne Vi consonne.

    3. Le mot choisi plus haut pour exemple (skr. nman) ne convenait plusici, parce que la forme primitive de sa syllabe initiale est assez incertaine.

  • NASALE SONANTE PLACE A LA FIN DU MOT. 27

    faire remonter la rgle de sandhi sanskrite relative h i et u devantles voyelles, du moins dans son principe ^ jusqu' la priodeproethnique; et l'usage vdique ne parlerait gure en faveur decette thse. Nous n'entrerons pas ici dans la discussion de cepoint, parce que nous croyons que l'hypothse: stmri^api esten effet la plus probable; mais qu'on veuille bien comparer plusloin ce qui a rapport h l'accusatif singulier des thmes consonan-tiques. On a donc dans la phrase indo-europenno : stmn^tasyaet stmn^ajn.

    A l'poque o la nasale sonante devint incommode la langue,poque o Hindous et Iraniens parlaient encore un mme idiome,l'ancien stmn^tasya devint ncessairement stama^tasya, skr.sthmajlasya. Plac la fin de la phrase, stmti devait galementdonner stama. Quant stmnjapi, son dveloppement normal a dtre, en vertu du ddoublement dont il a t question: stama-n-api.Cette dernire forme a pri: il y a eu unification comme dans unefoule de cas analogues pour lesquels il suffit de citer les rcentstravaux de M. Curtius : Zu den Auslautsgesetzen des Griechischen,Stud. X 203 seq. et de M. Sievers dans les Beitrge de Paul etBraune V 102.

    Dans le grec et le slave la marche de cette slection a dtre peu de chose prs la mme que dans les langues ariennes.

    Flexion des neutres en -man, dans la langue grecque. La flexiongrecque (v6|uaT0, -^oti etc.) prsente partout la nasale sonante grce lacration d'un thme en -t difticile explicjuer. Il faut naturellement mettrecette dclinaison en regard de celle de nirap, tiiraTo. vfiaTo rpond au skr.nntnas, firaTO au skr. yakns; et pour ce qui est de cette dernire classe dethmes, nous pouvons tre certains, quelle que soit l'origine du x grec, quela dclinaison indienne ykrt, yakns, qui ne connat Vr qu'au nom.-acc. sing.reflte fidlement celle de la langue mre^

    1. Dans son principe seulement, car il faudrait supposer en tous cas un

    1 indo-europen la place de la spirante du sanskrit classique, et le v de lamme langue serait encore bien plus loign de la consonne primitive (m). Nous ajoutons que dans la restitution des formes indo-europennes nous nousservons des signes w et y sans essayer de distinguer I'm et Yi consonnes {u et de Sievers), des spirantes correspondantes (w et j de Sievers). Dans le cas demadhw api, tv reprsenterait certainement m.

    2. l'arlir d'un ancien gnitif *r|TrapTo serait rcuser le tmoignage dus^skrit et en mme temps admettre inutilement en grec un cas d'altrationphontique, dont les exemples, s'ils existent (v. p. 8), sont en tous cas trssporadiques. Il est vrai que yakrt s'est aussi, plus tard, dclin en entier; maisle fait important, c'est que yakan ne peut point avoir d'autre nominatif que

  • 28 NEUTRES GRECS EN -fiOT.

    Mais quant savoir si l'insertion du t est partie des thmes en-na, ou

    des thmes en -ap, ou si elle s'est dveloppe de pair sur les deux classes dethmes, sans qu'il y ait eu de contamination entre elles, c'est une questionqui peut se trancher de plusieurs fat-ons, sans qu'aucune solution soit biensatisfaisante.

    Voici quelques points considrer dans la discussion des probabilits:1 Les langues parentes possdent un suffixe -mn-ta, largissement du

    sufT. -man\ en latin par exemple ce suffixe a donn augmenttim, cognomentmn.Ce suffixe manque en grec. Un suffixe -n-ta paralll un neutre grec en -ap,-OTO existe probablement dans le lat. Oufens (masc), Oufentina: cf. oOap,-OTO. Car Oufens remonte *Oufento-s.

    2 Le t qui se montre au nom.-acc. du skr. ykr-t pourrait bien malgrtout avoir jou un rle dans le phnomne. On aurait un parallle frappantdans le lat. s-an-gu(-en) en regard du sanskrit s-r-g, g. as-w-s'; l nous voyonsclairement l'lment consonantique ajout au r du nom.-acc. se propager sur lethme en -n. D'autre part il y a quelque vraisemblance pour que la dentalede ykrt (yakrd) ne soit autre que celle qui marque le neutre dans les thmespronominaux^; dans ce cas c'est en ralit un d, et il n'y a plus s'en proc-cuper dans la question du t grec.

    3" Dans le cas o l'insertion du t serait partie des thmes en -ap, il estremarquable que le nom.-acc. de mots en -|ia ait subi lui aussi un mtaplasmevenant de ces thmes, car les formes ri-|aap, TK-|aap, TeK-|aujp n'ont point d'ana-logue dans les langues congnres. 11 est vrai que, selon l'tymologie qu'onadoptera, il faudra peut-tre diviser ainsi: r||ui-ap, T-K|Li-ap, T-K|u-u)p.

    4'' Les thmes neutres boupar, youvot, qui, dans la plus grande partiede la flexion, remplacent bpu, yvu, sont peut-tre" au skr. dm-nf-as),

  • NASALES SONANTES DES NOMS DE NOMBRE. 29

    et le grec n'a peut-tre qu'un seul exemple de ce genre, l'homrique irpooiJuTTaTa

    qui semble tre driv de irpoujiTO-v. On peut conjecturer nanmoins que le.'?formes slaves en question sont bien la dernire rminiscence des thmes commerjuap, -OTO et yukrt, -ns. D'aprs ce qui a t dit plus haut, le nom. -ace.en - ne pourrait qu'tre rcent; nous trouvons semblablement en latin lenom.-acc: ungu-en, en grec: Xeicpa ct d'Xeiqpap.

    Voil quelques-uns des rapprochements (|ui se prsentent l'esprit dansla question de l'origine du t dans les suffixes -ot et -laar. Nous nous abstenonsde tout jugement; mais personne ne doutera, en ce qui concerne l'a, qu'il nesoit le reprsentant d'une nasale sonante.

    A ct de skr. nma se placent, sous le rapport du traitementde la nasale sonante finale, les noms de nombre suivants:

    sapt = lat. septem, got. sibun, gr. ti

    nva = lat. novem, got. niun, gr. vvada = lat. deceni, got. taihun, gr. bKa

    C'est h\ la forme du nomin. -accusatif, la seule qui donne matire comparaison. A la question: quels sont les thmes de cesnoms de nombre? la grammaire hindoue rpond: saptan-, navan-^(laan-, et son point de vue elle a raison, car un instr. pi. commesaptahhis ne se distingue en rien de la forme correspondante duthme nman-, qui est nmabhis. Cependant, si nous consultons leslangues congnres, deux d'entre elles nous montrent la nasalelabiale, le latin et le lituanien {dszimtis^), et ces deux languessont les seules qui puissent clairer la question, vu que le gotique

    convertit l'w final en n.

    Seconde preuve en faveur de la nasale labiale. Le sanskrit termineses noms de nombre ordinaux, de deux dix, par -tiya, -tha ou -ma.^ Enomettant pour un instant l'adjectif ordinal qui correspond pnca, et en met-tant ensemble les formes dont le suffixe commence par une dentale, on a unepremire .srie compose de :

    dvi-tiya\ tr-ttya, caturthd, sasth,et une seconde o se trouvent:

    saptam, astam, navamd, daatnd.Dans les langues europennes la premire formation est la plus rpandue,

    et en gotique elle a compltement vinc la seconde. Il est encore visiblenanmoins que les deux sries du sanskrit remontent telles quelles, part leschangements phontiques, la langue indo-europenne. En effet aucun idiomede la famille ne montre la terminaison -ma l o le sanskrit a -tha ou -tya,

    1. septyn, devyn sont de formation secondaire. Leskien, Dclin, imSlavisch-JJt., p. XXVI.

    2. Nous ne tenons pas compte de pratham et turtya, trangers laquestion.

  • 30 ANALYSE DES NOMS DE NOMBRE ORDINAUX EN -ma.

    lundis qu' chaque forme de notre seconde srie rpond, au moins dans unelangue, un adjectif- en -nia: nous ne citons pas l'iranien, trop voisin du sans-krit pour changer beaucoup la certitude du rsultat.

    En regard de saptnm: gr. pbo^o, lat. septimus, horuss. septmas, palosl.sedmii, irland. sechtmad.

    En regard de asfam: lit. aszmas, palosl. osm, irland. ochtmud.En regard de navamd: lat. nonus pour *nomiis venant de *noiimos, v.

    Curfius, Grdz., p. 534.En regard de daam: lat. decimus.

    Donc les noms de nombre sept, huit, neuf et dix, et ceux-l seuls, formaientdans la langue mre des adjectifs ordinaux en -ma. Or il se trouve prcismentque ces quatre noms de nombre *, et ceux-l seuls, se terminent par une nasale.Ou bien il y a l un jeu singulier du hasard, ou bien la nasale des cardinauxet celle des ordinaux sont en ralit une seule et mme chose; en d'autrestermes, pour autant qu'on a le droit de regarder les premiers comme bases desseconds, le suffixe drivatif des ordinaux est -a, non pas -ma'^.

    La nasale latente de sapi, identique celle qui apparat dans saptam,est donc un m. Mme conclusion, en ce qui concerne ai, nvn, da.

    Nous revenons au nom de nombre cinq. Bopp (Gr. Gomp. II, p. 225 seq.de la trad. franaise) fait remarquer l'absence de la nasale finale dans les langueseuropennes*, ainsi que l'e du grec irvTC en regard de l'a de ntd, iwvia, hiKaconserv par la nasale. De tous ces faits, dit-il, on est tent de conclure

    1. Une des formes du nom de nombre huit se terminait en effet parune nasale. Il est vrai que les composs grecs comme Kxa-Kaioi, KTd-nnx^n'en offrent qu'une trace incertaine, et qu'ils s'expliquent suffisamment parl'analogie de irra-, vvea-, beKO- (cf. k.la-). Pour le lat. odingenti, une telle

    action de l'analogie est moins admissible; cette forme d'autre part ne sauraitrenfermer le distributif octni; on peut donc avec quelque raison conclure unancien *octem. Le sanskrit lve tous les doutes: son nom.-ace. ast est nces-

    sairement l'quivalent

  • IANALYSE DES NOMS DE NOMBRE ORDINAUX EN -ma. 31

    ue la nasale finale de pncaii, en sanskrit et en zend, est une addition dedate postrieure. C'est trop encore que de la laisser aux langues ariennes:en effet, le gn. skr. pancndm (zd. pailcanm) serait tout fait irrgulier s'ilrivait d'un thme en -an\ il est simplement emprunt aux thmes en -a',les composs artificiels tels (jue prii/apancnas (Benfey, Vollst. Gr., 767) n'ont

    aucune valeur linguistique, et les formes paricdbhis, -hhyas, -su ne prouvent rien

    ni dans un sens ni dans l'autre^. Ainsi rien ne fait supposer l'existence d'unenasale.

    Les adjectifs ordinaux de ce nombre sont:gr. uiLinTO, lat. qHin(c)tns, (got. finiffn), lit. pnktas, palosl. ptti,

    zd. puxi>c, skr. vd. pancath.Le nombre cardinal n'ayant pas la nasale finale, ces formations sont

    conformes la rgle tablie plus haut. Si, ct de pancath^ le sanskrit

    mais le sanskrit seul nous montre dj dans le Vda la forme pancam,c'est que, pour nous servir de la formule commode de M. Havet, tant donnspncn et le couple sapt-saptatu, ou bien da-daam etc., l'Hindou en tiratout naturellement la quatrime proportionnelle: pancam.^

    M. Ascoli, dans son explication du suftixe grec -toto, prend pour pointde dpart les adjectifs ordinaux varo et bKaroc;. Notre liise ne nous forcepoint abandonner la thorie de M. Ascoli; il suffit d'ajouter une phase l'volution qu'il a dcrite et de dire que vaio, b^Karo sont eux-mmes formssur sol grec l'image de Tpiro, T^xapto, iriUTTTO. KTo^.

    L-i valeur phontique primitive de la terminaison -ama des formes sans-krites, et de ce qui lui correspond dans les autres langues, est examine ailleurs.

    Il n'tait pas inutile pour la suite de cette tude d'accentuerle fait, assez gnralement reconnu, que la nasale finale des nomsde nombre est un m, non pas un n. La valeur morphologique decet m n'est du reste pas connue, et en le plaant provisoirementsous la rubrique syllabes suffixales nous n'entendons en aucune

    manire trancher cette obscure question.

    1. Le point de dpart de tous ces gnitifs de noms de nombre en -nmparait tre trayndm, lequel drive de tray-, et non de tri-. L'accentuations'est dirige sur celle des autres noms de nombre. Le zend braym qui permetde supposer *drciyandm (cf. vehrkm, vehrkanm), atteste l'anciennet de cegnitif anormal.

    12. Ces mmes formes dont le tmoignage est nul dans la question desavoir si le nom de nombre cinq a ou non une nasale finale, ne psent naturellementpas davantage dans la balance, lorsqu'il s'agit de savoir si la nasale de nea,da etc. dont l'existence n'est pas douteuse est un n ou un m.

    3. On trouve inversement sapftha, zd. haptnba, ct de saptam. Enprsence de l'accord peu prs unanime des langues congnres, y comprisle grec qui a cependant une prfrence bien marque pour le suff. -to, on neprtendra point que c'est l la forme la plus ancienne.

    4. Nous n'avons malheureusement pas russi nous procurer un autretravail de M. Ascoli quf a plus directement rapport aux noms de nombre, inti-tul: Di un grnppo di desineme Indo-Kiiropee.

  • 32 NASALES SONANTES DES THMES COMPOSS.

    Outre la flexion proprement dite, deux oprations gramma-ticales peuvent faire subir aux suffixes des variations qui engendre-

    ront la nasale ou la liquide sonante, savoir la compositionet la drivation. Ce sont elles que nous tudierons maintenant.^

    C'est une loi constante l'origine, que les suffixes qui expulsentleur a devant certaines dsinences prennent aussi cette forme rduite,lorsque le thme auquel ils appartiennent devient le premiermembre d'un compos. Brugmann K. Z. XXIV 10. Cf. plus hautp. 19.

    Le second membre du compos coramence-t-il par une consonne,on verra natre la sonante la fin du premier. Les langues ariennessont toujours restes fidles cette antique formation:

    skr. nmadhya (== nmn-dhya)Cette forme en ~a, qui ne se justifie que devant les consonnes, s'estensuite gnralise de la mme manire qu'au nomin.-acc. neutre:on a donc en sanskrit nmahka au lieu de *nmnanka. amsyde aman rocher et asy bouche est un exemple vdique decette formation secondaire; c'est aussi le seul qui se trouve dansle dictionnaire du Rig-Vda de Grafimann^, et l'on a simultan-ment une quantit de composs dont le premier membre est vfsanet qui offrent les restes du procd ancien: vrsan compos avec vapar exemple donne, non pas vrsva, mais vrsanav, ce qu'il fauttraduire: vrsnn-av. D'aprs l'analogie des thmes en -r {pitrarthade pitar et artha), on attendrait *vrsnavi; et nous retrouvons icil'alternative formule plus haut dans stamn^api, stmn^api. Peut-tre que dans la composition il faut comme dans la phrase s'entenir la seconde formule, et que pitrartha doit en fait d'anciennetcder le pas vrsanav.

    Dans les composs grecs dont le premier membre est un neutreen na, vo|ia-K\uT par exemple, on peut avec M. Brugmann(Stud. IX 376) reconnatre un dernier vestige de la formation pri-mitive, laquelle s'est substitu dans tous les autres cas le typedppev-o fvo. Cf. p. 34 iraH et dTtXo.

    Drivation, Il va sans dire qu'ici comme partout ailleurs lasonante ne reprsente qu'un cas particulier d'un phnomne gnral

    1. Le nombre des liquides sonantes dues la mme origine tant trsminime, nous n'avons fait qu'effleurer ce sujet la page 19.

    2. Ajouter cependant les composs des noms de nombre, tels que saptva,dritra. Leur cas est un peu diffrent.

  • NASALKS SONANTES PRODUITES DANS LA DRIVATION. 33

    l'affaiblissement; qu'elle n'apparatra que si l'lment drivatif com-mence par une consonne. Voyons d'abord quelques exemples dutcas inverse, o le suffixe secondaire commence par une voyelle.

    lj dans le premier volume du Journal de Kuhn (p. 300), Ebelmettait en parallle la syncope de l'a aux cas faibles du skr. rdgan(gn. rgnas) et la formation de X(|uv-ri, 7T01)HV-ti, drivs de \i|iiriv,TTOi^nv. M. Brugmann {Stud. IX 387 seq.) a runi un certain nombreil chantillons de ce genre qui se rapportent aux thmes en ar^ et

    (armi lesquels on remarquera surtout lat. -sohrnus = *-sosr-nus,e soror. Cf. loc. cit. p. 256, ce qui est dit sur u|liv-o-, considrjmme un driv de juriv.

    L'lment drivatif commence par une consonne :Le suffixe -man augment de -ta devient -muta. Un exemple

    connu est: skr. r-mata = v. haut-ail. hliu-munt. Le latin montre,

    Irrgulirement, -mento: cognomentum, tegmentum etc.v^m Un suffixe secondaire -hha qui s'ajoute de prfrence aux

    thmes en -an sert former certains noms d'animaux. Sa fonction,^^e borne individualiser, suivant l'expression consacre par M. Cur-^^Hlus. Ainsi le thme qui est en zend arshan mle n'apparat en

    sanskrit que sous la forme amplifie rsa-bh (=^ rsn-bhd) taureau.^J)e mme: vfsan, vrsa-hh. A l'un ou l'autre de ces deux thmesHfe rapporte le grec Eipa-iujiri, ol. 'Eppaqp-eojiri, surnom de^fcacchus\ V. Curtius Grdz. 344.^K Le grec possde comme le sanskrit un assez grand nombre de^Hes thmes en -n-bha, parmi lesquels \-aqpo- est particulirement

    mtressant, le slave j-elen- nous ayant conserv le thme en -endont il est driv. M. Curtius ramne XX faon *Xv--; ce

    ferait une autre amplification du mme thme el-en.i Les mots latins columba, palumbes, appartiennent, semble-t-il, m mme formation; mais on attendrait -emba, non -umba.\ Le skr. yvan jeune, continu par le suff. -a, donne yuva.A qui .serait tent de dire que la nasale est tombe>, il suf-firait de rappeler le lat. juven-cus. Le thme primitif est donc bien

    iwn-ki. Le got. juggs semble tre sorti de *jivuggs, *jiuggs; cf.lun pour *'nivun.

    Skr. pdrvafa montagne parat tre une amplification de pr-m articulation, sparation. On en rapproche le nom de paysrappaffa, y.YfMxide]^, Gr.-Lat. Et. TF. 523.

    1. L'e initial n'est probablement qu'une altration olo-ionienne (cf. (.par\v)l'a que doit faire attendre le r de la forme .sanskiite.de Saussure, Oeuvres. 8

  • 34 NASALES SONANTES PRODUITES DANS LA DRIVATION.

    Le thme grec v- un, plus anciennement *ce}x-, donne-iraH et d-TrXo qui sont pour *(T>^maH, (TwTrXoo. La mme formesr^- se retrouve dans le lat. sim-plex = *seniphx et dans l'indiensa-kft

    Dans le Vda, les adjectifs en -vaut tirs de thmes en -an,conservent souvent Vn final de ces thmes devant le v: manvant,vrsamant etc. Cela ne doit pas empcher d'y reconnatre la nasalesonante, car devant y et w, soit en grec soit en sanskrit, c'est anet non pas a qui en est le reprsentant rgulier^ C'est ce quenous aurions pu constater dj propos du participe parf. actif, la page 22 o nous citions sasavdn. Celte forme est seule deson espce, les autres participes comme gaghanvdn, vavanvdn, montrant

    tous la nasale, sasavdn lui-mme rpugne au mtre en plusieursendroits; Grassmann et M. Delhruck proposent sasanvdn^. C'est eneffet -anvdn qu'on doit attendre comme continuation de -nwdn, et-nwdn est la seule forme qu'on puisse justifier morphologiquement:cf. uukvn, akrvdn. Le zend gafnvo est identique gaghanvdn.

    La formation des fminins en - constitue un chapitre spcial dela drivation. Relevons seulement ceux que donnent les thmesen -vant dont il vient d'tre question: nr-vt, re-vi etc. Le grecrpond par -fecaa et non *-Ja

  • NASALES SONANTES DES DSINENCES. 35

    d'un facteur important, l'accentuation du mot, dont nous avonsprfr faire abstraction jusqu'ici, et cela principalement pour la

    raison suivante, c'est que la formation des nasales et liquides

    sonantes de la premire espce concidant presque toujours avecun loignement de la tonique, l'histoire de leurs transformations

    postrieures est de ce fait mme l'abri de ses influences.Au contraire, la formation des nasales sonantes de la seconde

    espce est videmment tout fait indpendante de l'accent; ilpourra donc leur arriver de supporter cet accent, et dans ce cas le

    traitement qu'elles subiront s'en ressentira souvent.

    Nous serons aussi bref que possible, ayant peu de chose ajouter l'expos de M. Brugmann.

    Pour les langues ariennes, la rgle est que la nasale sonante

    portant le ton se dveloppe en an et non pas en a.Dsinence -nti de la 3" personne du pluriel. Cette d-

    sinence, ajoute des thmes verbaux consonantiques, donne lieu la nasale sonante. La plupart du temps cette sonante est frappede l'accent, et se dveloppe alors en an:

    2" classe: lih-nti= lih-'^H 7* cl.: yung-nti = yung-nti

    Dans la 3" classe verbale, la 3^ pers. du pluriel de l'actif ala particularit de rejeter l'accent sur la syllabe de redoublement;aussi la nasale de la dsinence s'vanouit: p-pr-ati = pt-pr-nti. Il

    en est de mme pour certains verbes de la 2" classe qui ont l'ac-centuation des verbes redoubls, ainsi ds-ati de cas commander.

    En ce qui concerne ddhati et ddali, il n'est pas douteux quel'a des racines dh et d n'ait t lid devant le suffixe, puisqu'auprsent de ces verbes l'a n'est conserv devant aucune dsinence dupluriel ou du duel: da-dh-mds, da-d-ms etc. La chose serait plusdiscutable pour la 3^ pers. du pi. gdhati d'un verbe comme hdont la 1* pers. du pi. fait ga-h-ms, o par consquent l'a per-siste, du moins devant les dsinences commenant par une con-sonne. Nanmoins, mme dans un cas pareil, toutes les analogiesautorisent admettre l'lision de l'a radical; nous nous bornons icii rappeler la 3* pers. pi. du parf. pa-p-s de p, ya-y-s de yCi,etc. L'a radical persistant, il n'y aurait jamais eu de nasale so-nante et Vn se serait conserv dans gd-ha-nU, aussi bien qu'ils'est conserv dans bhdra-nti. Ceci nous amne la forme corres-pondante de la 9* classe: pundnii. Ici aussi nous diviserons: pu-n-nti = pu-n-nti, plutt que d'attribuer l'a au thme; seulement

    8*

  • 36 NASALES SONANTES DES MSINENCES.

    la nasale est reste, grce l'accent, absolument comme dansUhnti^.

    La dsinence -ntu de l'impratif passe par les mmes priptiesque -nti.

    La dsinence -nt de l'imparfait apparat, aprs les thmesconsonantiques, sous la forme -au pour -ant. Cette dsinence re-cevant l'accent ex. vr-n de var , elle n'a rien que de rgulier.

    La dsinence du moyen -ntai devient invariablement -ate ensanskrit, lorsqu'elle s'ajoute un thme consonantique. C'est que,primitivement, la tonique ne frappait jamais la syllabe forme parla nasale, ce dont tmoignent encore les formes vdiques telles querihat, angat. Brugmann, Stud. IX 294.

    Au sujet de l'imparfait lihta, l'accentuation indo-europennerighni ne peut faire l'objet d'aucun doute, ds l'instant o Tonadmet righnti (rihat). Quant l'explication de la forme indienne,on peut faire deux hypothses: ou bien le ton s'est dplac dansune priode relativement rcente, comme pour le prsent (vd. rihat,class. lihte). Ou bien ce dplacement de l'accent remonte unepoque plus recule (bien que dj exclusivement arienne) o lanasale sonante existait encore, et c'est ce que suggre le vdiquekrnta (Delbriick, A. Verh. 74) compar krata. On dirait, voirces deux formes^ que la dsinence -ata n'appartient en ralitqu'aux formes pourvues de l'augment^ et que dans toutes lesautres la nasale sonante accentue a d devenir an, d'o la d-sinence -anta. Plus tard -ata aurait gagn du terrain, et hrnfaseul aurait subsist comme dernier tmoin du dualisme perdu.Cette seconde hypothse serait superflue, si krnta tait une for-mation d'analogie, comme on n'en peut gure douter pour lesformes que cite Bopp {K.Gramm.d.Skr.Spr.,^2"9): p'dyunganta etc.Cf. plus haut p. 11.

    Participe prsent en -nt. Le participe prsent d'une racinecomme va vouloir (2^ classe) fait au nom. pi. nntas, au gn.

    sg. nats. Dans les deux formes il y a nasale sonante; seulementcette sonante se traduit, suivant l'accent, par an ou par a. Aucontraire dans le couple tudntas, tudats, de tud (6* classe), la se-

    1. S'il y a un argument tirer de l'imparfait apiinata, il est en faveurde notre analyse.

    2. Il est certain que l'accentuation de ces formes a t prescjue partoutsans influence sur le vocalisme, et qu'il faut tgujours partir de la forme sansaugment. Mais cela n'est pas vrai ncessairement au del de la prioile proethnique.

  • NASALES SONANTES DES DSINENCES. 37

    conde forme seulement contient une nasale sonante, et encore n'est-elle point produite de la mme manire que dans uatds: Hudnts(tudats) vient du thme tuda^nt- et a perdu un a, comme Hn-t{tatd) form sur tan; tandis que *unts {uatds) vient du thme unt'et n'a jamais eu ni perdu d'. Certaines questions difficiles serattachant aux diffrents participes en -nt trouveront mention auchapitre VI.

    Jusqu'ici l'existence de la nasale sonante dans les dsinencesverbales en -nti etc., n'est assure en ralit que par l'absence de

    Il dans les formes du moyen et autres, dans rihat par exemple.Les langues d'Europe avec leur vocalisme vari apportent des t-moignages plus positifs.

    Les verbes slaves qui se conjuguent sans voyelle thmatiqueont -et la 3* pers. du plur. : jadt, vdet, dadf; cf. nesqt. Demme les deux aoristes en -s font nse, nesos, tandis que l'aoriste, voyelle thmatique fait nesq.

    Le grec montre, aprs les thmes consonantiques, les dsinencessuivaates: l'actif, -avTi (-di), -ii (-acri); au moyen, -aiai, -aro.^

    Les deux dernires formes n'offrent pas de difficult ; il s'agit seule-ment de savoir pourquoi l'actif a tantt -an, tantt -avTi. La d-sinence -an n'apparat qu'au parfait: diKaTi, irecprivacTi, mais lemme temps montre aussi -avTi (-cTi): Ytpqpcri etc. Le prsentn'a que -avTi. M. Brugmann attribue l'influence de l'accent la con-servation de n au prsent: lOi = sdnti. En ce qui concerne leparfait, il voit dans -an la forme rgulire^: -avn y a pntr parl'analogie du prsent ou plus probablement par celle de parfaitsde racines en a comme ffra-vn, x^va-vn. Ce qui est dit surl'accent ne satisfait pas entirement, car, ou bien il s'agit del'accentuation que nous trouvons en grec, et alors avn, ^oJKan setrouvent tous deux dans les mmes conditions, ou bien il s'agit duton primitif pour lequel celui du sanskrit peut servir de norme, etici encore nous trouvons parit de conditions: sdnti, tutuds. L'hy-

    pothse ttudafi ou titudatl, comme forme plus ancienne de tutuds

    (p. 320) est sans fondement solide. L'action de l'accent sur le d-veloppement de la nasale sonante en grec demeure donc enveloppde bien des doutes.^

    1. Hsychius a cependant une forme ooavTai.2. Ici il faut se souvenir que l'auteur regarde bon droit le parfait grec

    comme dnu de voyelle thmatique; l'a n'appartient pas au thme.3. La question est inextricable. Est-on certain que les formes du prsent

  • 38 NASALES SONANTES DES DSINENCES.

    A la 3* pers. du plur. Xucfav, -av est dsinence; le thme estXu(T, ainsi que le montre M. Brugmann (p. 311 seq.). L'optatifXaeiav est obscur. Quant la forme arcadienne iroTivoiav, rienn'empche d'y voir la continuation de -nt, et c'est au contraire laforme ordinaire xivoiev qu'on ne s'explique pas. Elle peut tre

    venue des optatifs en ir|, comme boiriv, 3* pi. boev.

    Parmi les participes, tous ceux de l'aoriste en a contiennentla nasale sonante: X(J-avT. Au prsent il faut citer le dor. laaaa(Ahrens II 324) et YeKa^ (KoOda, Hes.) que M, Mor. Schmidtchange bon droit en feKaa. Toute remarque sur une de cesdeux formes ferait natre l'instant une lgion de questions sipineuses que nous ferons infiniment mieux de nous taire.

    DSINENCE -N8 DE l'accusatif PLURIEL. L'arien montre aprsles thmes consonantiques : -as : skr. ajj-s, ce qui serait rgulier,n'tait l'accent qui frappe la dsinence et qui fait attendre *-dn =

    *-ns. M. Brugmann a dvelopp au long l'opinion que cette formede la flexion a subi dans l'arien une perturbation; que primitive-ment l'accusatif pluriel a t un cas fort, comme il l'est souventen zend et presque toujours dans les langues europennes, et quel'accent reposait en consquence sur la partie thmatique du mot.Nous ne pouvons que nous ranger son avis. La substitutionde l'a la nasale sonante prcde ce bouleversement de l'accusatifpluriel; de l l'absence de nasale.

    Le grec a rgulirement -a: irb-a, cf. itttou. Les formesCretoises comme cpoivK-av ne sont dues qu' l'analogie de irpei-Teuid-v etc. Brugmann loc. cit., p. 299. Le lat. -es peut descen-dre en ligne directe de -ns, -ens; l'ombr. 7ierf = *nerns. L'ace,got. hropruns est peut-tre, malgr son antiquit apparente, formsecondairement sur hroprum, comme le nom. hroprjus. Cf. p. 45.

    n'ont pas, elles aussi, cd quelque analogie? Au parfait, on n'est pas d'ac-cord sur la dsinence primitive de la 3e pers. du pluriel. Puis il faudrait treau clair sur l'lision de Va final des racines, devant les dsinences commenantpar une sonante: lequel est le plus ancien de tfe-vri ou de f^hafi = gahnti'^Plusieurs indices, dans le grec mme, parleraient pour la seconde alternative(ainsi TiOaai, arcad. iruba seraient un vestige de *TiOavTi ou *Ti^aTi ?

    ,

    *Troba; la brve de yvo, lyvov s'expliquerait d'une manire analogue). Enfinles formes tonnantes de la 3e p. pi. de la rac. as tre ne contribuent pas,loin de l, claircir la question, et pour brocher sur le tout, on peut se de-mander, comme nous le ferons plus loin, si la 3e pers. du plur. indo-europennen'tait pas une forme syllabe radicale forte, portant le ton sur la racine.

  • NASALES SONANTES DES DSINENCES 39

    DSINENCE -M. {Accusatif singulier et 1^ pers. du sing.) L'ace,sing, pddam et la 1 pers. de l'imparf. dsam (rac. as) se dcomposenten j)d -\- w, ds -\- m.

    D'o vient que nous ne trouvions pas pnda, asa, comme plus hautndma, dda'^ La premire explication laquelle on a recours est infailliblementcelle-ci: la diffrence des traitements tient la diffrence des nasales: pddam etdsam se terminent par un m, ntna et da par un n. C'est pour prvenird'avance et dfinitivement cette solution eirone, que nous nous sommes attach(p. 29 se(i ) tablir que la nasale de da ne peut tre que la nasale labiale;il faut donc chercher une autre rponse au problme. Voici celle de M. Brug-mann {loc. cit., p. 470): laisse elle-mme, la langue semble avoir inclin rejeter la nasale, et dans da elle a donn libre cours ce penchant, maisl'm dans pddam tait tenu en bride par celui de va-m, et dans dsam parcelui de bhara-m. Ceci tendrait admettre une action possible de l'analogiesur le cours des transformations phontiques, qu'on regarde d'ordinaire commetant toujours purement mcaniques; principe qui n'a rien d'inadmissible en lui-mme, mais qui demanderait encore tre prouv. Si nous consultons leslangues congnres, le slave nous montre l'ace, sing. matere^ = skr. mtram,mais im = skr. ndnta ; le gotique a l'ace, sing. fadar = skr. pitram, maistaihun = skr. da. Ceci nous avertit, je crois, d'une diffrence primordiale.Plus haut nous avons admis qu'un mot indo-europen stdmn (skr. sthdma) restaittoujours disyllabique, que, suivi d'une voyelle, il ne devenait point stCimn."^On peut se reprsenter au contraire que l'ace, patarm faisait patarm api, etadmettre mme quepaterm restait disyllabique devant les consonnes : patarmtasya}Sans doute on ne doit pas vouloir poser de rgle parfaitement fixe, et la con-sonne finale du thme amenait ncessairement des variations; dans les accusatifscomme bharantm, une prononciation disyllabique est impossible devant les con-sonnes. Mais nous possdons encore les indices positifs d'un effort nergiquede la langue tendant ce que Vm de l'accusatif ne formt pas une syllabe: cesont les formes comme skr. usm, zd. ushm = *umsm, pnthm, zd. pafltm =*j)nthanm*, et une foule d'autres que M. Brugmann a traites Stud. 307 seq.,

    1. M. Scholvin dans son travail Die decUnation in den pannon.-sloven.denkmlern des Kirchensl. (Archiv f. Slav. Fhilol. II 523), dit que la syntaxeslave ne permet pas de dcider avec sret si matere est autre chose qu'ungnitif, concde cependant qu'il y a toute probabiht pour que cette forme soitr