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Rene Crevel

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  • rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l'Universit de Montral, l'Universit Laval et l'Universit du Qubec

    Montral. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. rudit offre des services d'dition numrique de documents

    scientifiques depuis 1998.

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    Article

    Simon HarelNuit blanche, magazine littraire, n 79, 2000, p. 21-24.

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    Note : les rgles d'criture des rfrences bibliographiques peuvent varier selon les diffrents domaines du savoir.

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    Document tlcharg le 11 mars 2015 04:12

    Ren Crevel

  • E C R I V A I N S M C O N N U S D U X X < S I C L E

    Ren Crevel Par

    Simon Harel

    Le destin de Ren Crevel fut tragique... L'affirmation peut sembler excessive. Il reste que l'uvre de l'auteur permet d'entrevoir une conscience dchire entre les dterminations complexes du soi individuel et les exigences de l'histoire sociale.

    S i le destin de Ren Crevel fut tragique, c'est aussi qu'il indiqua de faon magistrale la dissidence de l'crivain l'poque o se dveloppait le discours contestataire de l'avant-garde dans la France des annes 1920. Il fallait un Ren Crevel, figure la fois gnreuse et solitaire, afin que le surralisme soit peru comme un nouvel acadmisme qui mettait l'cart le discours romanesque et pratiquait, sous l'gide d'Andr Breton, une exclusion de l'homosexualit dont Crevel devenait l'incarnation drangeante. Il fallait un Ren Crevel pour que la question du politique soit pense, dans la France des annes 1930, sous la forme du militantisme et non pas seulement de manire marginale la faveur de l'adoption de manifestes littraires.

    L ' e x c e s s i v e p o r t e d u d s i r

    L'uvre de Crevel est peu lue. Elle connat aujourd'hui un succs d'estime du fait de l'mergence rcente des tudes gaies et lesbiennes dans le champ littraire. Il en va de mme des travaux qui interrogent les marges du mouvement surraliste. Il n'est pas sr cependant que Crevel se ft reconnu entirement dans ces catgorisations identitaires. L'uvre chappe au discours manifestaire, elle n'est d'aucune manire un tmoignage. Pour ces raisons, Crevel demeura fidle l'excessive porte du dsir. Faut-il tre alors surpris, ainsi que l'entrevoit Xavire Gauthier, si Ren Crevel

    fut l'un des porte-parole les plus vifs de la subversion de l'identitaire sexuel ? Pour Crevel, l'homosexualit renverse les rles masculins et fminins et il lui semble lgitime que chacun puisse oprer cette mtamorphose. ' Je pense ces bals o le travesti est prtexte corriger la nature. Ceux qui n'ont pas trouv leur vrit tentent une autre existence. Toutes les vies manques s'invertis-sent pour un soir. [... ] Les femmes apparaissent sans hanches ni poitrine. Les hommes ont des croupes et des ttons. Or voici qu'une virilit soudain s'recte et soulve en son beau milieu une robe d'une courtisane grecque. Hommes, femmes ? On ne sait plus. ' Une conception, qui, pour tre fortement simpliste, n'en est pas moins fort rpandue, veut que le pdraste soit un misogyne : il aime les hommes, c'est qu'il n'aime pas les femmes, et on joue dlibrment sur l'ambigut du mot aimer. Il est remarquable que le seul homosexuel du groupe surraliste soit aussi celui que nous avons vu s'opposer nergiquement et systmati-quement tous les mythes alinateurs de la femme : il refuse la sexualit monogamique, il refuse la subli-mation outrancire de la femme, il refuse de faire de cette dernire un instrument de reproduction, il refuse de la ' virginiser ', de la puriliser, de la batifier. Est-ce un hasard1 ?

    L'uvre de Crevel prend forme au moment o la psychanalyse fait ses timides dbuts en France. En 1924, le numro spcial de la revue belge Le disque vert intitul Freud et la psychanalyse est ddi Freud et

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  • E C R I V A I N S M C O N N U S D U X X S I E C L E

    Ren Crevel

    porte en frontispice une lettre aux diteurs de la part du matre viennois. Le numro laisse place un dbat bien timide concernant la doctrine psychanalytique. De nombreux crivains surralistes, dont Crevel, psychiatres et membres de la Socit Psychanalytique de Paris (Adrien Borel, Ren Allendy, Angelo Hesnard, Henri Claude, etc.) y contribuent. Crevel, l'un des premiers lecteurs du docteur Lacan, justifie dans Le disque vert la ncessit d'une psycho-dialectique de l'inconscient. C'est encore Crevel qui propose une lecture admirable du cas Aime2, la faveur de la publication des travaux de Lacan et qui tente de radicaliser la pense de Freud dans la foule du Malaise dans la civilisation. Le jeune Crevel crira un peu plus tard, dans un numro de la revue Le surralisme au service de la rvolution, un article incendiaire : Le patriotisme de l'inconscient . Un passage mrite d'tre cit : Dans l'un des derniers numros de la Revue de Psychanalyse, le bibliographe crit d'une analyse de ngre qu'elle tend (sic) montrer que les conflits sont les mmes dans la race blanche et la race noire. Le cas n'est d'ailleurs pas probant (se hte-t-il d'ajouter) car il est peine question de conflits inconscients. L'auteur de ce petit rsum ni chair ni

    poisson vise, sans nul doute, l'objectivit scientifique. Il signale un travail de coll-gue, et parce qu'il demeure dans le vague, l'attnu, il croit avoir donn des preuves suffisantes d'impartialit. Et certes, ce trs subtil tomberait de haut s'il s'entendait dire que son imprcision n'est qu'un bigoudis ajout tous les bigoudis de faux-semblants, une hypocrisie pour empapilloter le classique dgueulis quant l'ingalit des races. Voil comment la psychanalyse, tenue bon nombre d'annes en suspi-cion par le corps mdical franais, ds que les soigneurs de l'me ne peuvent plus l'ignorer, au lieu de les contraindre rviser l'ide qu'ils se font de leurs individus, de l'tat et du rle plus ou moins officiel qu'ils

    entendent y jouer, devient, au contraire, un prtexte nouveau dans l'ensemble sophistique dont ils s'autorisent pour se dorloter, eux et leurs prjugs avantageux. Ainsi, de cela mme qui les condamne,

    les opportunistes font une mine o puiser en faveur des imprialismes, idaux putrides, obscurantismes religieux et leurs squelles. Par ce phnomne de dtournement, une dcouverte rcente, en l'occurrence celle de Freud, taye tout ce qu'il et t lgitime de penser qu'elle allait rduire en poudre3. C'est dire le talent de satiriste de Crevel, le dsir quelquefois emport et naf de mettre en relief le potentiel rvolutionnaire de la psychanalyse.

    L e p a r a d o x e a u t o b i o g r a p h i q u e

    Face cette disposition du refoulement au cur de la vie psychique, on peut comprendre que Ren Crevel affirme dans son uvre un rel ddain pour l'autobiographie. L'affirmation est nanmoins paradoxale, car l'auteur ne cesse de revenir soi dans une uvre qui se caractrise par la disposition de motifs biographiques insistants. Ren Crevel nat Paris en 1900, rue de l'chiquier, proximit de la porte Saint-Denis. Il habitera par la suite rue de la Pompe dans le XVIe arrondissement. L'univers familial semble touffant. Marguerite Plet, de son nom de jeune fille, est mise en scne sous la forme d'un personnage dominateur dans plusieurs romans. Le pre Eugne Paul Crevel, imprimeur de musique, surtout de musi-quette, se suicide dans des circonstances inconnues en 1914, ce qui vaudra dans l'uvre de Crevel une rptition de ce trauma sous une forme peine altre : D'un suicide auquel il me fut donn d'assister, et dont l'auteur-acteur tait l'tre, alors, le plus cher et le plus secourable mon cur, de ce suicide qui - pour ma formation et ma dformation - fit plus que tout essai postrieur d'amour et de haine...4

    la suite d'tudes au lyce Janson-de-Sailly, Crevel entreprend des tudes de Lettres la Sorbonne, commence la rdaction d'une thse sur Diderot romancier. Personnage mondain, pamphltaire et iconoclaste, Crevel participe l'essor du mouvement surraliste expurg des Leiris, Aragon, Desnos et Artaud. Les dernires annes de sa vie se caractrisent par ce que Salvador Dali a nomm sa phnixologie : morts et renaissances mondaines qui sont accompa-gnes d'exils dans des sanatoriums. Personne n'a t aussi souvent ' crev ', personne n'est autant ' ren ' la vie que notre Ren Crevel. Son existence se passait en de constantes alles et venues dans les maisons de sant. Il s'y rendait crev pour rapparatre renaissant, florissant, neuf, luisant et euphorique comme un bb. Mais cela durait peu. La frnsie de l'autodestruction le reprenait vite et il recommenait s'angoisser, refumer l'opium, se battre contre

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    d'insolubles problmes idologiques, moraux, esth-tiques et sentimentaux, s'adonnant sans mesure l'insomnie et aux larmes jusqu' en crever. Alors il se regardait comme un obsd dans tous les miroirs pour maniaques-impulsifs du Paris dprimant et proustien de ce temps-l, se rptant chaque fois : ' J'ai l'air d'un crev, j'ai une mine de crev ', jusqu' ce que, bout de forces, il vnt avouer quelques intimes : ' J'aime mieux crever que de continuer un jour de plus comme cela. ' On l'envoyait dans un sanatorium pour le dsintoxi-quer, et, aprs des mois de soins assidus, de nouveau Ren renaissait5.

    Le suicide de Crevel en juin 1935 est peru par plusieurs commentateurs (je pense surtout Michel Carassou) comme l'aboutissement de l'impossible synthse crevelienne du politique et de l'individualit. Crevel fait office de conciliateur entre Breton et Ehrenbourg lorsque le premier se voit interdire la parole au moment du Congrs international des crivains pour la dfense de la culture. La conciliation choue face l'obstination de la dlgation sovitique. Des tlphones quelques amies (Valentine Hugo, Georgette Camille), un nouveau diagnostic de tuberculose rnale, une longue discussion politique la Closerie des Lilas, la constatation de l'chec est dcisive. Michel Carassou crit ce sujet : Lorsque la sance se termine, autour de 23 heures, le fait est irrmdiable : les surralistes ne participeront pas au Congrs des crivains. Crevel a t vaincu par la bureaucratie, mais il ne semble pas autrement abattu. Dans le taxi qu'il a pris avec Cassou et Tzara, il leur fait part de sa dception, de ses craintes pour l'avenir du mouvement rvolutionnaire. Place de la Concorde, il manifeste le dsir de marcher jusqu' la rue Nicolo et prend cong de ses amis comme s'il allait les revoir dans les jours suivants. Plus tard dans la nuit, arriv chez lui, il ferme sa porte cl, crit une lettre pour Tota [Cuevas] qu'il met en vidence sur un meuble, puis griffonne quelques mots sur un papier qu'il pingle au revers de sa veste : ' Prire de m'incinrer. Dgot.' Aprs quoi, il prend une forte dose de phanodorm, et accomplit les gestes qu'il a dcrits dans son premier livre [Dtours] : ' Une tisane sur le fourneau gaz, la fentre bien close, j'ouvre le robinet d'arrive, j'oublie de mettre l'allumette.. .'6 Cette mise en jeu biographique n'a bien sr qu'une valeur descriptive. Il serait naf de prtendre fonder la ralisation du suicide partir de cette adquation des mondes du biographique et de la fiction. N'empche... Crevel demeure un crivain fascinant dont les livres furent autant de brlots jets contre le conformisme de la pense bourgeoise. La biographie de Crevel, la lecture sentimentale qui est faite de son uvre peuvent donner le sentiment d'une littrature mineure.

    Ce serait se tromper. La force de l'uvre de Crevel provient justement de la contestation implacable de l'illusion du moi.

    U n e u v r e d e p r e m i r e f o r c e

    Parmi les romans de Crevel, il faut retenir Dtours (1924), Mon corps et moi (1925), La mort difficile ( 1926), puis Babylone (1927). tes-vous fous ? est publi en 1929. Suivra Les pieds dans le plat (1933), puis un rcit posthume : Le roman cass (1989). Le portrait ne serait pas complet s'il n'tait fait mention des nombreux essais et des contributions aux mani-festes surralistes, aux revues Le disque vert et Commune, sans oublier les nombreux textes crits en collaboration. Ren Crevel fut un essayiste de grand talent. Dans ses essais, L'esprit contre la raison ( 1927), Le clavecin de Diderot (1932), il est possible de saisir la dmesure angoisse du personnage qui affronte de plain-pied la pense de Freud peine connue en France, interroge les travaux du jeune Lacan publis dans la revue Minotaure, radicalise la pense surraliste en lui imposant la ncessit d'une action militante. Il critique avec virulence les refouls sexuels de la pense coloniale et rejette le phallocentrisme qui anime la pense surraliste sous la forme sublime que dfend Andr Breton. En tmoigne cet extrait d'un texte paru tout d'abord sous forme d'anthologie dans Negro Anthology7: Or, une fois, en tte tte avec la ngresse de bordel, si le petit bourgeois, au lieu d'emplir d'un morceau de sa nausabonde personne, ce sexe, exquis ngatif de celui trop fcond de madame son pouse, se contentait d'y accoler l'oreille, comme il est coutume de procder avec les coquillages qui portent, en eux, le bruit de la mer, peut-tre, malgr son tympan revche, entendrait-il une rumeur, confuse encore, mais inexorable et annonciatrice, dj, de l'effondre-ment de ses forteresses, de la cathdrale au bordel8. Tout Crevel peut tre rsum dans ce passage. l'instar de Cynthia, personnage de Babylone, le narrateur semble rver un devenir-femme de l'criture qui respecte chez l'homme le secret intime de sa bisexualit psychique. En tmoigne un autre passage superbe de l'uvre de Ren Crevel : Mais violente elle est douce aussi la Grande Mannequin, cette femme doublement femme puisque fille du vtement fminin et de la nudit fminine, la Grande Mannequin, cette Antigone qui sait, pour sa parure, disposer en sourires trs charnels les complexits dipiennes. La Grande Mannequin, mais c'est grce elle que son tissu de pre peut vivre une vie aussi pleine que son propre corps [...]. Hermaphrodite, elle n'est la caricature ni d'Herms, ni d'Aphrodite.

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    Elle est l'un et l'autre quand, sous une forme essentiel-lement masculine, elle s'unit son contraire, la soie, dans une treinte si doucement enveloppante que, de l'ensemble rigide et de l'toffe floche, du manne-quin et de son toffe, de l'toffe et de son mannequin, natra une nouvelle, double et totale ralit. Ce sera la synthse, le couple, le ruissellement d'un chant d'amour9.

    L'uvre de Crevel ne saurait cependant corres-pondre absolument cette apothose qui runit le corps et la psych, l'androgynie, le travestissement et la diffrence. J'ai eu l'occasion de prciser que cette uvre nonce avec force le refus de la rage confes-sionnelle qui appartient au genre autobiographique. L'uvre de Crevel manifeste un scepticisme rigoureux l'gard de toute mise en forme idyllique de l'identit. L'idalisation non mortifre de la femme, la valorisa-tion d'une bisexualit psychique heureuse sont de rares refuges dans une uvre qui par ailleurs fait appel au mode tragique. Les romans de Crevel sont traverss par l'angoisse de mort, ce qu'il nommera, parodiant Bergson, l'lan mortel . Il en va de mme de la corporit qui prend la forme d'un fantme vengeur. l'instar du titre du second roman de Crevel, Mon corps et moi, la dissociation du corps et de la conscience de soi est troublante. Le sujet ne cesse de parler grce des effets de langage qui font rfrence au corps, mais dans un mouvement de drive qui souscrit au mouvement, l'affect. Cette sensation n'est pas la promesse d'une piphanie langagire. Le sujet parle ou crit faute de mieux. En l'absence de cette sensation, l'lan mortel de la pulsion de mort continue son travail de sape. partir 'tes-vous fous ?, l'affirmation de l'identit est dfinitivement conteste. L'univers digtique prsente un monde circulaire o l'on ne sait plus qui parle, o la parole mme est mensongre. Les pieds dans le plat poursuivent le projet de destruction de la conscience de soi. Dans tes-vous fous ?, Babylone, Mon corps et moi, le lecteur note un intressant parallle entre la destruction de la reprsentation du corps propre et la dislocation des codes langagiers. L'uvre de Crevel revendique alors cette mysticit charnelle que dcrivait Eddy Batache10. Le corps est cadavrique. Il est devenu un dchet que l'on dsigne avec malaise. Le sujet acquiert une identit parcellaire par l'entre-mise de cette douleur psychique qui lui fait voir son corps distance comme un objet tranger.

    Avons-nous vraiment abandonn cette littrature fantomatique du moi qui cherche inlassablement un corps-refuge ? Il me semble que notre postmodernit se meut encore dans ce monde o le corps ne peut tre rduit une simple nomination asctique. Le corps fait sens parce qu'il est aussi symptme, voil un nonc

    psychanalytique. L'criture fait sens parce que le corps manque et que l'affect est mouss. En ces temps de biofiction, de transfiction, d'autofiction, l'coute des miroirs des pays absolus11 du moi et de l'identit, Crevel demeure d'une exigence absolue qu'un Ren Char avait salue, N

    * Simon Harel est professeur au Dpartement d'tudes littraires de l'Universit du Qubec Montral.

    1. Surralisme et sexualit, par Xavire Gauthier, NRF, Ides/Gallimard, Paris, 1971, p. 234-235.

    2. Le cas Aime ou la paranoa d'auto-punition a t dvelopp par Jacques Lacan dans sa thse de mdecine, dite en 1932 sous le titre : De la psychose paranoaque dans ses rapports avec la personnalit (disponible dans la collection Points aux ditions du Seuil).

    3. Le patriotisme de l'inconscient , par Ren Crevel, dans Le surralisme au service de la rvolution, n 4, priode 1930-1933, d. Jean-Michel Place, Bruxelles, 1976, p. 3.

    4. Mon corps et moi, par Ren Crevel, Pauvert, Paris, 1974, p. 101. 5. Prface la rdition de La mort difficile de Ren Crevel,

    par Salvador Dali, Pauvert, Paris, 1974, p. 14-15. 6. Ren Crevel par Michel Carassou, Fayard, Paris, 1989, p. 265-266. 7. Publie sous la direction de Nancy Cunard, Londres, 1934. 8. Le clavecin de Diderot, par Ren Crevel, Pauvert,

    Paris, 1966, p. 97. 9. La grande mannequin cherche et trouve sa peau , dans L'esprit

    contre la raison et autres crits surralistes, par Ren Crevel, Pauvert, Paris, 1986, p. 305-306.

    10. La mysticit charnelle de Ren Crevel, par Eddy Batache, d. Jean-Michel Place, Paris, 1978.

    11. Mon corps et moi, par Ren Crevel, Pauvert, Paris, 1974, p. 35.

    u v r e s d e R e n C r e v e l Dtours ( 1924), Pauvert, Paris, 1985, 186 p. ; Mon corps et moi

    (1925), Pauvert, Paris, 1974, 225 p. ; La mort difficile (1926), Pauvert, Paris, 1974, 256 p. ; Babylone (1927), Pauvert, Paris, 1975, 263 p. ; L'esprit contre la raison ( 1927), suivi notamment du Clavecin de Diderot, de Dali ou l'anti-obscurantisme, des Nouvelles vues sur Dali, prface d'Annie Le Brun, Pauvert, Paris, 1986, 338 p. ; tes-vous fous ? (1929), L'imaginaire, Gallimard, Paris, 1981,182 p. ; Les pieds dans le plat ( 1933), Pauvert, Paris, 1933,361 p. ; Le roman cass et derniers crits, Pauvert, Paris, 1989,160 p.

    O u v r a g e s s u r R e n C r e v e l Ren Crevel et le roman, par Jean-Michel Devsa, Rodopi,

    Amsterdam/Atlanta, 1993 ; Crevel par Franois Buot, Grasset, Paris, 1991 ; Ren Crevel, par Michel Carassou, Fayard, Paris, 1989 ; La mysticit charnelle de Ren Crevel, par Eddy Batache, d. Jean-Michel Place, Paris, 1978 ; Ren Crevel, Le pays des miroirs absolus, par Myrna Bell Rochester, d. Anma Libri, Saratoga (Cal.), 1978 ; Dossier Crevel , revue Masques, Paris, 1983, n 17.

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