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368 LE-I-FRES ,/k LA RI~DACTION L'equipement anesthesique des etablissements hospitaliers L'article rdcemment publi6 par BOURGAIN et coll. [1] rapporte les rdsultats d'une enqu~te effectu6e en France sur les syst~mes d'anesth6sie et les 6quipements de surveillance respiratoire dans 336 6tablissements. Cette enqu~te fournit de pr6cieux renseignements concernant le nombre de salles d'anesth6sie par 6tablissement, les circuits utilis6s, le nombre et le type des ventilateurs utilis6s. Ndanmoins, certams des r6sultats rapportds dans cette enqu~te semblent optimistes et ne pas concorder avec une enqu6te effectu6e en 1986, dans vingt-cinq h6pitaux de l'Assistance Publique h Paris, par F. Clergue, Y. Louville, F. Bonnet et Y. Nivoche. Cette enquate parisienne rapporte les donn6es sui- vantes. Sur les 595 sites d'anesthdsie de ces 25 h6pitaux, 430 d'entre eux (72 %) ne sont pas 6quipds de m61angeurs <<de s6curit6 >>, alors que l'enquOte pr6c6- demment cit6e retrouvait au contraire que 65 % des salles d'op6ration en 6taient 6quip6es. En ce qui concerne les alarmes de ddbranchement prdsentes sur les ventilateurs, sur les 437 ventilateurs d'anesthdsie seuls 165 d'entre eux (38 %) poss6dent une alarme de pression, et 119 d'entre eux (27 %) une alarme de spirom6trie. L'enquate pr6c6dente retrouvait des alarmes de pression dans 65 % des salles d'op6ration et une alarme de spirom6trie dans 58 % des salles d'op6ration. Enfin 10 % des salles d'opdration en France et 25 % des salles d'op6ration dans les CHU seraient 6quipdes de capnom6tres, alors que l'enqu~te rdalis6e ~ l'Assistance Publique h Paris en relevait moins de 5 %. Ces diffdrences peuvent trouver diff6rentes explica- tions. La premi6re pourrait ~tre un biais dans le recrutement des r6ponses obtenues au questionnaire. Les m6decins ayant rdpondu au questionnaire peuvent avoir 6t6 plus motiv6s dans l'actualisation de leur matdriel. A l'inverse, les mddecins ayant un 6quipement vdtuste ont peut-~tre 6t6 moins tentds de rdpondre. L'enqu~te r6alis6e h l'Assistance Publique h Paris refl6te au contraire la totalit6 des sites d'anesth6sie des h6pitaux concem6s. Par ailleurs, il peut exister, dans les rdponses, une erreur entre l'existence d'un appareil dans un 6tablisse- ment et la prdsence de ce m~me appareil sur tous les sites d'anesthdsie de ce m~me 6tablissement. I1 peut s'aglr aussi d'erreurs dans le calcul des sites d'anes- thdsie mentionnds sur les rdponses, certains sites (salles d'induction ou salles d'anesth6sie en imagerie) pouvant ~tre oublids. I1 peut s'agir enfin d'une diff6rence entre les h6pitaux de l'Assistance Publique h Paris et le reste des 6tablissements fran~ais. Mais cette explication ne correspond pas h l'analyse des industriels, connaissant bien le march6 potentiel du matdriel qu'ils vendent. Nous pensons donc que l'6quipement des appareils d'anesthdsie en matdriel visant h am61iorer la s6curit6, vis-a-vis de l'administration d'un m61ange gazeux hypoxique et vis-h-vis des alarmes de d6branchement, est tr6s en dessous de ce qui est exig6 dans les pays voisins europdens. Ces deux enqu~tes, en d6pit de leurs diff6rences, partagent un m~me objectif : attirer l'attention de notre profession sur la v6tust6 du parc fran~ais du matdriel d'anesth6sie (incluant le ventilateur d'anesthdsie et le monitorage qui lui est associ6). [1] BOURGAIN J.L. et coll. Ann Fr. Anesth. Rdanim., 5 : 518, 1986. F CLERGUE D6partement d'Anesth6sie-R6ammatlon Groupe Hosp~talier Piti6-Salp~tri6re 75013 Paris R6ponse Nous avons cherch6 h 6tudier l'6quipement anesthd- sique des 6tablissements hospitaliers de toute la France. Les enqu~tes dont l'6chantillonnage n'est pas stratifi6 sont toujours critiquables, car il est impossible de savoir si l'6chantillon est repr6sentatif de la population totale. Un 6chantillonnage trop strict, ne concernant qu'une partie de la population, pr6sente les m~mes inconv6- nients. Dans notre 6tude nous avons exprim6 certains r6sul- tats en nombre d'6quipements par salle (salle d'op6ra- tion + salle d'induction) et d'autres en nombre d'6ta- blissements poss6dant un des 6quipements de s6curit6. Les chiffres tirds par Clergue de notre 6tude n'expriment pas un % de salles d'opdration comme il le mentionne, mais un % d'6tablissements poss6dant un des 6quipe- ments. La comparaison des deux valeurs est bien entendu impossible. En ce qui concerne les m61angeurs de s6curit6, nous avons exprim6 les rdsultats h la lois en terme d'6quipe- ments par salle et de nombre d'dtablissements 6quipds. Les h6pitaux de l'Assistance Publique de Paris sont significativement moins 6quipds (tableau I). Le nombre de m61angeurs de s6curit6 par salle coincide bien avec celui rapport6 par Clergue et coll. dans leur enqu~te.

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368 LE-I-FRES ,/k LA RI~DACTION

L'equipement anesthesique des etablissements hospitaliers

L'article rdcemment publi6 par BOURGAIN et coll. [1] rapporte les rdsultats d'une enqu~te effectu6e en France sur les syst~mes d'anesth6sie et les 6quipements de surveillance respiratoire dans 336 6tablissements. Cette enqu~te fournit de pr6cieux renseignements concernant le nombre de salles d'anesth6sie par 6tablissement, les circuits utilis6s, le nombre et le type des ventilateurs utilis6s. Ndanmoins, certams des r6sultats rapportds dans cette enqu~te semblent optimistes et ne pas concorder avec une enqu6te effectu6e en 1986, dans vingt-cinq h6pitaux de l'Assistance Publique h Paris, par F. Clergue, Y. Louville, F. Bonnet et Y. Nivoche.

Cette enquate parisienne rapporte les donn6es sui- vantes. Sur les 595 sites d'anesthdsie de ces 25 h6pitaux, 430 d'entre eux (72 %) ne sont pas 6quipds de m61angeurs << de s6curit6 >>, alors que l'enquOte pr6c6- demment cit6e retrouvait au contraire que 65 % des salles d'op6ration en 6taient 6quip6es. En ce qui concerne les alarmes de ddbranchement prdsentes sur les ventilateurs, sur les 437 ventilateurs d'anesthdsie seuls 165 d'entre eux (38 %) poss6dent une alarme de pression, et 119 d'entre eux (27 %) une alarme de spirom6trie. L'enquate pr6c6dente retrouvait des alarmes de pression dans 65 % des salles d'op6ration et une alarme de spirom6trie dans 58 % des salles d'op6ration. Enfin 10 % des salles d'opdration en France et 25 % des salles d'op6ration dans les CHU seraient 6quipdes de capnom6tres, alors que l'enqu~te rdalis6e ~ l'Assistance Publique h Paris en relevait moins de 5 %.

Ces diffdrences peuvent trouver diff6rentes explica- tions. La premi6re pourrait ~tre un biais dans le recrutement des r6ponses obtenues au questionnaire. Les m6decins ayant rdpondu au questionnaire peuvent avoir 6t6 plus motiv6s dans l'actualisation de leur matdriel. A l'inverse, les mddecins ayant un 6quipement vdtuste ont

peut-~tre 6t6 moins tentds de rdpondre. L'enqu~te r6alis6e h l'Assistance Publique h Paris refl6te au contraire la totalit6 des sites d'anesth6sie des h6pitaux concem6s.

Par ailleurs, il peut exister, dans les rdponses, une erreur entre l'existence d'un appareil dans un 6tablisse- ment et la prdsence de ce m~me appareil sur tous les sites d'anesthdsie de ce m~me 6tablissement. I1 peut s'aglr aussi d'erreurs dans le calcul des sites d'anes- thdsie mentionnds sur les rdponses, certains sites (salles d'induction ou salles d'anesth6sie en imagerie) pouvant ~tre oublids. I1 peut s'agir enfin d'une diff6rence entre les h6pitaux de l'Assistance Publique h Paris et le reste des 6tablissements fran~ais. Mais cette explication ne correspond pas h l'analyse des industriels, connaissant bien le march6 potentiel du matdriel qu'ils vendent.

Nous pensons donc que l'6quipement des appareils d'anesthdsie en matdriel visant h am61iorer la s6curit6, vis-a-vis de l'administration d'un m61ange gazeux hypoxique et vis-h-vis des alarmes de d6branchement, est tr6s en dessous de ce qui est exig6 dans les pays voisins europdens.

Ces deux enqu~tes, en d6pit de leurs diff6rences, partagent un m~me objectif : attirer l'attention de notre profession sur la v6tust6 du parc fran~ais du matdriel d'anesth6sie (incluant le ventilateur d'anesthdsie et le monitorage qui lui est associ6).

[1] BOURGAIN J.L. et coll. Ann Fr. Anesth. Rdanim., 5 : 518, 1986.

F CLERGUE D6partement d'Anesth6sie-R6ammatlon Groupe Hosp~talier Piti6-Salp~tri6re 75013 Paris

R6ponse

Nous avons cherch6 h 6tudier l'6quipement anesthd- sique des 6tablissements hospitaliers de toute la France. Les enqu~tes dont l'6chantillonnage n'est pas stratifi6 sont toujours critiquables, car il est impossible de savoir si l'6chantillon est repr6sentatif de la population totale. Un 6chantillonnage trop strict, ne concernant qu'une partie de la population, pr6sente les m~mes inconv6- nients.

Dans notre 6tude nous avons exprim6 certains r6sul- tats en nombre d'6quipements par salle (salle d'op6ra- tion + salle d'induction) et d'autres en nombre d'6ta- blissements poss6dant un des 6quipements de s6curit6.

Les chiffres tirds par Clergue de notre 6tude n'expriment pas un % de salles d'opdration comme il le mentionne, mais un % d'6tablissements poss6dant un des 6quipe- ments. La comparaison des deux valeurs est bien entendu impossible.

En ce qui concerne les m61angeurs de s6curit6, nous avons exprim6 les rdsultats h la lois en terme d'6quipe- ments par salle et de nombre d'dtablissements 6quipds. Les h6pitaux de l'Assistance Publique de Paris sont significativement moins 6quipds (tableau I). Le nombre de m61angeurs de s6curit6 par salle coincide bien avec celui rapport6 par Clergue et coll. dans leur enqu~te.

LETTRES A LA REDACTION

Tableau I - - Equlpement des etablissements hospltaliers

369

Total CHU Pans

Nombre de r6ponses 376 63 11 Card~oscope par salle 1,04+0,81 1,33+1,69 0,94+0,18 Appareils d'anesth6sie par salle 1,09_+0,83 1,30-+1,80 1,04+0,24 M61angeurs de s6curit6 par salle 0,81+0,96 1,03_+1,90 0,31+0,30" Etablissements 6qmp6s de m61angeurs de s6curlt6 (%) 65 78 36* Etabhssements 6quipes d'alarme de presslon (%) 65 63 55 Etablissements 6quip6s d'alarme de spirom6trie (%) 58 62 55

~+SD. Total : total des r6ponses (pnv6 + pubhc); CHU province + Paris; Paris Assistance pubhque de Pans. * p <0,05 (Paris vs CHU et total).

Par contre, il n 'exis te pas de diff6rence significative pour le reste de l '6quipement de s6curit6 (spirom6trie, pression, F~02, FECO2) des CHU par rapport h l 'Ass is- tance Publique de Paris.

En r6sum6, il serait hasardeux de comparer les valeurs absolues des r6sultats obtenus h partir d'enqu~tes dont l '6chantillonnage n 'es t pas identique. En revanche, la comparaison des tendances est intEressante et, com'me le

note Clergue, le sous-6quipement anesthEsique des salles d'op6ration est presque caricatural, quelle que soit l 'enqu~te consid6rEe.

J.L. BOURGAIN D6partement d'Anesth6sie-R6ammation CHU de BicEtre 94275 Le Kremlin-Blc~tre Cedex