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1 REPRÉSENTATION DU GROUPE IDÉAL BATAILLE, Michel & MIAS, Christine Équipe REPERE-CREFI, Université de Toulouse - Le Mirail, France 6th International Conference on Social Representations (Stirling, 2002) Représentation du groupe idéal : un « nouveau » noyau central ? Étude expérimentale de la différenciation de la structure de cette représentation selon l’implication et le contexte d’évocation. (Échantillon de 298 étudiants de licence de sciences de l’éducation). Ont participé à cette recherche Patrice BOUYSSIERES, Nicole RAMIREZ, Michèle SAINT-JEAN et tout particulièrement Philippe DE ZOTTI, Michel LAC et Pierre RATINAUD, pour leur rôle dans le montage du dispositif (contexte d’évocation) et dans l ’exploitation des résultats. Mots clés : Représentation sociale, noyau central, implication, contexte, groupe idéal. Résumé Ce texte et le diaporama qui l’accompagne présentent les résultats d’une variante de l’étude expérimentale classique de la représentation sociale du « groupe idéal ». Les modifications du noyau central de cette représentation en fonction de deux variables indépendantes (contexte d’évocation et implication) sont discutées et replacées dans la problématique générale de l’approche structurale aixoise. SITUATION THÉORIQUE 1- Un objet classique d’étude du noyau central : la représentation du groupe idéal La représentation du « groupe idéal » a fait l’objet d’un grand nombre de publications de la part de ce que l’on appelle l’école d’Aix-en-Provence, en matière de théorie structurale des représentations sociales (Flament, 1982, 1984, 1989 ; Flament et Moliner, 1989 ; Moliner, 1989 ; Rateau, 1995 ; Tafani, Mugny, Bellon, 1999, etc.). Cette véritable « drosophile » aixoise 1 a constitué l’un des objets de représentation privilégié pour la validation de la théorie du noyau 1 L’expression est de Guimelli (conférence au séminaire de l’équipe REPERE, le 13/12/2000).

Représentation du groupe idéal - Bataille & Mias (2003).pdf

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    REPRSENTATION DU GROUPE IDAL BATAILLE, Michel & MIAS, Christine

    quipe REPERE-CREFI, Universit de Toulouse - Le Mirail, France

    6th International Conference on Social Representations (Stirling, 2002)

    Reprsentation du groupe idal : un nouveau noyau central ?

    tude exprimentale de la diffrenciation de la structure de cette reprsentation selon

    limplication et le contexte dvocation. (chantillon de 298 tudiants de licence de sciences de lducation).

    Ont particip cette recherche

    Patrice BOUYSSIERES, Nicole RAMIREZ, Michle SAINT-JEAN

    et tout particulirement Philippe DE ZOTTI, Michel LAC et Pierre RATINAUD,

    pour leur rle dans le montage du dispositif (contexte dvocation) et dans l exploitation des rsultats.

    Mots cls : Reprsentation sociale, noyau central, implication, contexte, groupe idal.

    Rsum

    Ce texte et le diaporama qui laccompagne prsentent les rsultats dune variante de ltude exprimentale classique de la reprsentation sociale du groupe idal . Les modifications du noyau central de cette reprsentation en fonction de deux variables indpendantes (contexte dvocation et implication) sont discutes et replaces dans la problmatique gnrale de lapproche structurale aixoise.

    SITUATION THORIQUE

    1- Un objet classique dtude du noyau central : la reprsentation du groupe idal La reprsentation du groupe idal a fait lobjet dun grand nombre de publications de la part de ce que lon appelle lcole dAix-en-Provence, en matire de thorie structurale des reprsentations sociales (Flament, 1982, 1984, 1989 ; Flament et Moliner, 1989 ; Moliner, 1989 ; Rateau, 1995 ; Tafani, Mugny, Bellon, 1999, etc.). Cette vritable drosophile aixoise1 a constitu lun des objets de reprsentation privilgi pour la validation de la thorie du noyau 1 Lexpression est de Guimelli (confrence au sminaire de lquipe REPERE, le 13/12/2000).

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    central, thorie que nous supposerons connue du lecteur et que nous ne dvelopperons donc pas ici. Rappelons simplement quun sous-systme central structurant, constitu dun petit nombre dlments abstraits fort pouvoir de connectivit, organise et signifie lensemble de la reprsentation. Certains de ces lments sont caractre normatif (valuatif) et dautres caractre fonctionnel (praxologique). Les lments priphriques, au contact direct de la ralit relaient les lments centraux (schmes dits normaux ) ou les protgent comme un pare-choc (schmes dits tranges ), et individualisent la reprsentation en fonction du contexte.

    Quels sont les critres de centralit dun lment de reprsentation gnralement reconnus?

    . La saillance : frquence de son apparition (dans une preuve dassociations par exemple).

    . La connectivit : proprit dattraction que possde un lment (mise en vidence par exemple par lanalyse de similitude propose par P. Vergs).

    . La non rsistance la mise en cause : une caractristique de lobjet de reprsentation est centrale si cet objet nest plus reconnu quand elle est dclare absente (exemple de P. Moliner : un oiseau sans plumes nest pas un oiseau).

    Sur lexemple particulier de la reprsentation du groupe idal, classiquement, les deux lments centraux sont lgalit (absence de hirarchie entre les membres) et la fraternit (ils sont amis). Le premier sest avr adjoint (galit), le second principal (fraternit). C. Flament a fait justement remarquer combien ce noyau central senracine dans lHistoire (la Rvolution Franaise).

    Un autre lment de la reprsentation du groupe idal est galement saillant, quantitativement (sa frquence dvocation est leve), mais il est qualitativement diffrent : partagent les mmes opinions . Il est priphrique et non pas central puisquil rsiste la mise en cause (MEC, Moliner, 1989) ; un groupe reste idal mme si ses membres ne partagent pas les mmes opinions, alors quun groupe dans lequel il y a un chef nest plus un groupe idal. ce propos, notons que lappellation de groupe idal est une expression restrictive commode : selon Moliner lui-mme, cest de groupe damis idal quil faudrait en ralit parler. Nous y reviendrons infra.

    Dans ce cadre thorique, lintrt est port sur lactivation diffrentielle des lments centraux selon la finalit de la situation, son caractre rversible ou irrversible (Flament, 1994 ; Tafani, Mugny, Bellon, 1999), la distance lobjet (notamment Abric & Tafani, 1995 ; Guimelli, 2002 ; Abric, 2003), les contextes (notamment Guimelli, 2002) :

    a- La finalit de la situation (soit opratoire, pragmatique : plus grande activation des lments fonctionnels ; soit de positionnement social : plus grande activation des lments normatifs)2.

    2 Lquipe REPERE, quant elle, distingue depuis plusieurs annes les reprsentations professionnelles des reprsentations sociales, mettant ainsi laccent sur les finalits et les valeurs denjeux des objets de ces reprsentations dans les groupes considrs. Une question reste ouverte : il ny a pas obligatoirement homologie entre lments fonctionnels et professionnels (RP) dune part et lments normatifs et sociaux (RS) dautre part. Voir ce propos les travaux dAlain Piaser, notamment : Les diffrences statutaires en actes : le cas des reprsentations professionnelles denseignants et dinspecteurs lcole lmentaire, Les Dossiers des Sciences de lEducation , n4, 57-70, Toulouse : PUM, 2000.

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    b- Son caractre peru comme rversible (changement passager et retour prvu au statu quo ante : mise en uvre de schmes priphriques tranges ) ou irrversible (mise en cause du systme central : rfutation, dominance du schme de la ngation).

    c- La distance du groupe lobjet (plus le groupe est proche et plus il valorise les lments fonctionnels, plus il est loign et plus il sollicite des lments normatifs) ; la distance lobjet est dfinie selon trois dimensions : les niveaux de pratique de cet objet, son niveau de connaissance, limplication du groupe par rapport cet objet (une implication forte accrot le canevas priphrique de raisonnement dit de la bonne raison , une implication faible accrot le schme central de la ngation).

    d- Le contexte dnonciation : ainsi des sous-ensembles de cognitions pourraient tre rendus muets ou dormants (Guimelli, Abric) sous leffet de normes spcifiques au groupe considr. La technique des contextes de substitution peut conduire penser que des lments potentiellement centraux sont tus (masqus ?) selon le contexte dinterlocution : par exemple, moi je vois les gitans comme des nomades et des musiciens, mais je pense que les autres les voient comme des nomades et des voleurs (Abric, 2003).

    2- Discussion

    Nous pensons que ces quatre caractristiques, qui permettent de prciser lactivation diffrentielle des lments de reprsentation, construisent chaque fois un nouveau contexte dexpression des reprsentations. Cest l que rside la dynamique des reprsentations sociales et des reprsentations professionnelles. Ainsi, dans lexemple du groupe idal que nous dveloppons infra, on peut penser que :

    - la finalit de la situation nest pas la mme dans la rfrence un groupe amical ou un groupe professionnel ;

    - la perception de sa rversibilit dpend du degr de prennit du groupe (groupe amical ou professionnel / groupe de formation) ;

    - la distance du groupe lobjet est variable suivant que cet objet est affaire de spcialistes, professionnels par exemple (enjeu identitaire), ou affaire de profanes (enjeu de cohsion sociale, Moliner, 1996) ;

    - enfin, on ne sautorise pas juger ses amis dans son propre groupe (le jugement serait tu : Untel est mon ami, inutile dexprimer quil nest pas trs malin ) comme on peut le faire dans un groupe professionnel (o le jugement est dit : vous savez, Untel est efficace bien quil ne soit pas trs malin ).

    Les contextes construits par les combinaisons possibles de ces quatre caractristiques expriment la dynamique de la reprsentation du groupe idal. La reprsentation est le contexte, elle lexprime en mme temps quil la construit. En ce sens, la reprsentation est produite dans lchange et son propos : elle forme un tout globalement prsent en toile de fond de lchange social, un entrelacement dinformations, dimages, dopinions, etc., qui nest pas mobilis en tant quobjet de lchange mais qui rgle inconsciemment lchange propos de lobjet. Il sagit dune connaissance implique dun objet complexe saisi en bloc, de lintrieur, par le rapport

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    pratique que le sujet entretient avec lui, objet qui contient pour ce sujet un tout signifiant sans quil lui soit ncessaire de lanalyser (Bataille et al., 1997).

    Dautre part, notre dfinition de la distance lobjet et de limplication est diffrente de celle des aixois.

    La distance est plus grande dans une reprsentation sociale non professionnelle : niveau de pratique moindre, connaissance de lobjet moins informe. Les tudiants dIUFM sont effectivement plus grande distance de lobjet entreprise que les tudiants de lIUT GEA (Abric & Tafani, 1995). Un mdecin cancrologue est moins distant de lobjet cancer quun avocat.

    L implication est selon nous distinguer de la distance. On peut tre impliqu diffremment par rapport un objet, quon en soit proche ou distant (le cancer de mon patient, si je suis cancrologue, donc professionnel de la sant, donc proche, me concerne bien diffremment que mon propre cancer), ainsi cest plus la nature de limplication qui est prendre en compte que sa quantit . Le cancer de mon patient est un objet professionnel par lequel je suis professionnellement concern, mon concernement (Rouquette) sur mon propre cancer est tout autre. Le sens du cancer pour moi, mes repres pour le combattre, mon sentiment de contrle de cette maladie changent si cest du cancer de mon patient quil sagit ou si cest du mien (Mias, 1998). Mon cancer, si je suis avocat, reste distant pour moi, mme sil risque de me tuer : je nen ai pas la mme pratique, ni la mme connaissance que mon cancrologue. Mon implication nest pas celle de lavocat, ni celle du mdecin dailleurs, elle est celle du malade pour qui ce nest pas un objet de reprsentation professionnelle.

    Enfin, si nous ne contestons nullement lexistence dun noyau (ou sous-systme) central, nous pensons que le caractre hautement polysmique des lments qui le composent lui assure son caractre consensuel et donc sa stabilit : le consensus lexical masque un dissensus smantique (S. Robert, vidoconfrence FSH 9000 du 02/05/2002), une des proprits de la reprsentation tant prcisment dorganiser ce masque pour mieux communiquer (Bataille, 2002). Par exemple, dans un groupe idal, la discussion des divergences na pas le mme sens quand il sagit dun groupe idal damis et quand il sagit dun groupe idal professionnel, mais cet lment central est consensuel dans sa formulation, que le groupe de rfrence soit amical ou quil soit professionnel. Ce qui donne sens la discussion des divergences dans lun ou lautre contexte est lorganisation structurale des lments de la reprsentation, quils soient centraux ou priphriques.

    OPRATIONNALISATION 1- Origine de lexprimentation prsente

    Cet article propose une variante assez diffrente de lanalyse de la structure de la reprsentation du groupe idal. La mthodologie utilise reprend les principes de lcole aixoise en les amnageant : la centralit des lments de la reprsentation (la liste des 10 items, effectivement tablie partir dune preuve classique dassociations sur un chantillon de 57 tudiants inscrits

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    en licence de sciences de lducation) est teste par les critres de saillance (le classement) puis de rsistance la mise en cause (MEC). On na pas utilis ici le critre de connectivit, acceptant lide maintenant bien tablie de la pertinence du critre de mise en cause ( une rserve mthodologique prs, que nous expliciterons plus loin).

    Dabord cette variante a port en 2000 sur lanalyse dtaille de la reprsentation dun chantillon qui nest pas un groupe pistmique 3, mais un groupe bien rel dtudiants de DUEPS4 constituant un collectif inscrit en formation pour une dure de trois ans (27 individus entre lesquels les interactions sont frquentes et rgulires), bien connu de nous qui intervenons massivement dans leur formation, notamment sur les phnomnes de groupe (!), et qui sommes respectivement directeur et coordinatrice pdagogiques de ce diplme. Nous cherchions savoir si la reprsentation du groupe idal tait diffrente, au sens aixois (noyaux centraux diffrents), dans deux types dchantillon, rel et pistmique . On pouvait en effet se poser la question de savoir si un groupe rel haute interaction, dont la formation comporte une forte centration sur le groupe, navait pas construit sa propre reprsentation, spcifique, du groupe pendant cette formation. Les rsultats obtenus sur ce groupe rel ont t compars aux donnes recueillies avec le mme instrument sur un chantillon pistmique beaucoup plus vaste : cet chantillon de comparaison, pistmique , est un ensemble dtudiants de licence de sciences de lducation inscrits en TD de psychologie sociale en 2000-2001. La mme exprimentation a t reconduite sur le mme type dchantillon en 2001-2002 (rsultats qui sont ici prsents), puis renouvele en 2002-2003, toujours sur ce type dchantillon, et galement sur un autre groupe rel dune vingtaine dtudiants en formation DEUST animation en 20025.

    Les rsultats obtenus sur cette succession dexprimentations sont constants.

    2- Spcification de notre variante

    Cette variante concerne la reprsentation du groupe idal sans plus de prcision ; nous nutilisons pas de texte inducteur, mais nous indiquons quun chantillon dtudiants a dress une liste de 10 caractristiques du groupe idal selon lui, et nous communiquons cette liste aux sujets, qui la gardent sous les yeux, caractristiques quils doivent dabord classer de la plus importante

    3 Nous entendons par groupe pistmique un groupe compos dindividus appartenant une mme catgorie type mais ayant peu ou pas dinteractions directes entre eux. 4 Diplme Universitaire dtudes des Pratiques Sociales (rseau RHEPS). 5 Le Diplme dtudes Universitaires Scientifiques et Techniques (DEUST) se prpare en 2 ans. M. Lac, attach temporaire denseignement et de recherche (ATER), a observ cet autre groupe rel pendant 2 ans ; lensemble de ses observations (y compris donc la reprsentation du groupe idal) est prsent dans sa thse de doctorat dont la soutenance est prvue fin 2003.

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    la moins importante (1er temps). Si des questions sont poses ou des prcisions demandes sur la nature de ce groupe idal, nous les enregistrons mais nous rpondons que lon en discutera aprs lexprience. Car la technique de mise en cause est, elle aussi, diffrente : dune part, cest chacun des 10 items qui est mis en cause (2me temps : si telle caractristique nest pas prsente, sagit-il toujours dun groupe idal ?), dautre part, la variante propose introduit la possibilit, pour chacun des lments (central ou priphrique) lors de leur mise en cause, dactiver, outre le schme de non mise en cause ( oui, cest toujours un groupe idal ), soit le schme de la ngation ( non, ce nest plus un groupe idal ), soit une sorte de schme de rationalisation ( a dpend ). Lintroduction de cette possibilit de rponse a dpend est destine tester lexpression diffrentielle des lments de la reprsentation, quils soient centraux ou priphriques (cf. la conditionnalit selon Flament). La thorie prvoit que les lments centraux, plus abstraits et protgs de la ralit par le systme priphrique, sont moins sensibles que les lments priphriques aux effets de contexte. Mais y sont-ils pour autant insensibles ? Certains y sont-ils plus sensibles que dautres, lesquels et pourquoi ?

    Enfin, deux autres variables sont introduites :

    - limplication (vous comme membre de votre groupe / nimporte qui membre de nimporte quel groupe, cf. Mias, 2000 ; Guimelli, 2002 ; Abric, 2003) ; le 3me temps ritre en effet la consigne de mise en cause avec la prcision suivante : votre groupe serait-il un groupe idal sil y avait une hirarchie, si vous ntiez pas amis, etc.

    - le contexte : la fin du questionnaire, nous demandons aux sujets quelles rfrences taient les leurs aux deux tests de mise en cause (votre groupe / un groupe en gnral) sur le stimulus groupe idal : quel type de groupe avez-vous pens, un groupe idal damis ou un groupe idal professionnel ?

    Lintroduction de ces variables vise spcifier le questionnement juste prcdent : dans quelle mesure un plus grand concernement (rappelons que cette heureuse invention lexicale est de M.L. Rouquette) peut-il modifier la structure de la reprsentation ? 3- Synthse de la variante - Plan exprimental 2 variables indpendantes :

    . La forme dimplication : votre groupe un groupe en gnral

    . Le contexte dvocation du groupe idal : un groupe amical un groupe professionnel - Nouvelle oprationnalisation des variables dpendantes (cf. Bataille & Mias, 2001) :

    . Liste de 10 items tablis aprs tude exploratoire partir dune preuve d vocations verbales

    . Classement de ces 10 items pour dterminer un indice de saillance variant de 0

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    (saillance nulle) 10 (saillance maximale) . Test de MEC ( un groupe est-il toujours un groupe idal si ces membres ne sont plus

    gaux, etc., avec 3 rponses possibles : O - oui, cest toujours un groupe idal N - non, ce nest plus un groupe idal D - cela dpend

    Centralit dun lment : (N) > (O) + (D) 6 4- Liste des 10 items dans lordre de leur prsentation, classer de 1 10, du plus important au moins important (saillance). A - sont amis B - sont gaux (pas de hirarchie) C - partagent les mmes opinions D - se protgent mutuellement E - communiquent beaucoup entre eux F - se runissent souvent G - sont solidaires H - discutent de leurs divergences I - nont pas de conflits entre eux J - suivent leur leader 5- Hypothses et questions H1 - Confirmation des rsultats de Bataille & Mias (2001) = 3 lments centraux nouveaux : . communiquent beaucoup entre eux . sont solidaires . discutent de leurs divergences Q1 - Nouveau noyau central ou expression actualise de lancien noyau ? H2 - Le noyau central diffre selon la condition exprimentale (contexte / implication) : H2.1 . En contexte de groupe amical : . l item sont amis devient central . l item discutent de leurs divergences devient priphrique H2.2 . En contexte de groupe professionnel : . l item sont amis devient priphrique . l item discutent de leurs divergences devient central H2.3 . En condition d implication ( votre groupe ) :

    6 Le choix du seuil de 50% de rponses non comme critre de centralit peut tre discut. Nous lassumons, en faisant remarquer dune part quil reste constant et dautre part que ladjonction dune troisime rponse possible ( a dpend ) diminue le taux de non-rponses.

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    . l item sont amis devient central Q2 - Quid de la stabilit du noyau central ? PRINCIPAUX RESULTATS Des rsultats plus dtaills (les 10 items sur chacune des conditions exprimentales) sont prsents dans le diaporama PowerPoint qui accompagne ce texte.

    Indices de saillance des 10 items. Ensemble des 4 conditions exprimentales Le nombre de sujets est de 298, le classement des 10 lments A J est propos de 1 10 (1 le plus important, 10 le moins important). Les non rponses sont assimiles au classement en rang 10 (leur frquence est indique dans le tableau ci-dessous). Un score est calcul : cest la somme des produits des rangs par l'effectif qui a class l'lment considr ce rang. L'indice de saillance est calcul ainsi : 10 - (score / 298) indice de

    saillance non

    rponses E - communiquent beaucoup entre eux

    7,3 4

    G - sont solidaires 6,4 1 A - sont amis 6,1 4 H - discutent de leurs divergences 5,7 9 B - sont gaux (pas de hirarchie) 5,5 2 F - se runissent souvent 4,2 4 D - se protgent mutuellement 4,1 0 C - partagent les mmes opinions 2,8 0 I - nont jamais de conflit entre eux 1,2 9 J - suivent leur leader 0,2 11

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    Deux items semblent hors champ ( nont jamais de conflits entre eux et suivent leur leader ), leur indice de saillance est trs bas et leur taux de non-rponse est relativement fort (20 eux deux, sur 44 en tout). Sur ces non-rponses (14,77% de lensemble de lchantillon), on remarque que lun des items ( se protgent mutuellement ) en reoit aussi beaucoup. Litem partagent les mmes opinions , classiquement trs saillant, ne lest plus ici.

    Les items les plus saillants (indice > 5) sont les trois items centraux reprs par Bataille & Mias en 2001 et les deux items centraux classiques (galit, amiti). Mise en cause des 10 items. Ensemble des 4 conditions exprimentales

    oui a dpend non E - ne communiquent pas beaucoup entre eux

    6 49 243

    G - ne sont pas solidaires 10 76 212 H - ne discutent pas de leurs divergences 14 93 191 D - ne se protgent pas mutuellement 48 137 113 A - ne sont pas amis 54 160 84 B - ne sont pas gaux (hirarchie) 55 159 84 F - ne se runissent pas souvent 94 166 38 C - ne partagent pas les mmes opinions 186 97 15 J - ne suivent pas leur leader 200 84 14 I - ont des conflits entre eux 218 75 5 TOTAL 885 1096 999

    7,29

    6,38 6,155,70 5,47

    4,17 4,10

    2,83

    1,20

    0,24

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    7

    8

    E - co

    mmun

    iquen

    t bea

    ucou

    p entr

    e eux

    G - s

    ont s

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    leur l

    eade

    r

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    Le test de MEC est sans appel et rplique les rsultats de Bataille & Mias (2001). Rptons-le, ce rsultat est constant depuis, sur des chantillons diffrents avec le mme matriel et la mme consigne (un groupe idal en gnral) : communiquent, sont solidaires et discutent de leurs divergences sont les 3 items centraux. Les 4 items de protection mutuelle, dgalit, damiti et de runion frquente rsistent davantage la MEC mais sont surtout caractriss par un fort taux de rponses a dpend : du fait du seuil de centralit choisi (>50% de rponses non ) et de la possibilit de rpondre a dpend , les 2 items classiquement centraux (galit et amiti) deviennent priphriques et litem partagent les mmes opinions reste priphrique (il rsiste fortement la MEC). Alors, nouveau noyau central ou re-thmatisation (dirait peut-tre S. Moscovici) de lancien ? Abric et Guimelli semblent pencher pour la deuxime interprtation (discussion Stirling), qui en effet cadre bien avec la thorie : la solidarit et la discussion des divergences, entre gens qui communiquent beaucoup entre eux, sont lexpression actualise de lamiti et de lgalit ; ces thmes sont des lments structurants de la pense sociale contemporaine, et bien sr la communication aussi. On remarquera la trs grande cohrence de cette structure centrale, aucun des 3 lments nayant de sens isolment des 2 autres. Nous sommes globalement daccord avec cette interprtation. Reste que les items galit et amiti , qui figurent dans la liste, ne sont plus centraux quand on ajoute la possibilit de rpondre a dpend au test de MEC. Et on va voir que, selon le contexte et limplication, le noyau central change, notamment avec la variabilit de litem amiti , mais pas seulement. Pourcentages des rponses la mise en cause (MEC) selon la condition exprimentale

    Mise en cause (groupe idal en gnral) :un groupe idal en gnral est-il encore idal si ses membres...

    0

    50

    100

    150

    200

    250

    300

    E - necommuniquentpas beaucoup

    entre eux

    G - ne sont passolidaires

    H - ne discutentpas de leursdivergences

    D - ne seprotgent pasmutuellement

    A - ne sont pasamis

    B - ne sont pasgaux (hirarchie)

    F - ne serunissent pas

    souvent

    C - ne partagentpas les mmes

    opinions

    J - ne suivent pasleur leader

    I - ont des conflitsentre eux

    oui a dpend non

    lments centraux lments priphriques

    NIVEAU D'IMPLICATIONNON OUI

    groupe en gnral ("observateurs") votre groupe ("acteurs")"non" "a dpend" "non" "a dpend"

    GROUPE communication 84 14 communication 84 14 PROFESSIONNEL solidarit 70 26 solidarit 70 26

    (reprsentation discussion 70 27 discussion 81 17CONTEXTE professionnelle ?) amiti 12 62 amiti 14 59

    GROUPE communication 80 20 communication 77 19AMICAL solidarit 72 25 solidarit 77 22

    (reprsentation discussion 56 38 discussion 59 35sociale ?) amiti 53 42 amiti 77 17

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    On le voit bien sur le tableau, les 2 items centraux communication et solidarit sont relativement stables dans les 4 conditions exprimentales. Mais la discussion des divergences et lamiti sont fortement affectes :

    la discussion des divergences rsiste beaucoup plus la MEC en contexte dvocation dun groupe idal amical, quel que soit le niveau dimplication ; cet item rsiste notablement moins (il est donc plus central) sil sagit dun groupe professionnel, et dautant moins en condition dimplication ( mon groupe professionnel) lamiti, qui est priphrique et fortement relative en contexte professionnel ( a dpend ), nest plus priphrique et est beaucoup moins relative en contexte amical (on pouvait sen douter), et dautant plus dans mon groupe amical (implication) o elle ne rsiste pas moins la MEC que la communication et la solidarit : elle y devient un fort lment central.

    CONCLUSIONS Sous forme schmatique, nous pouvons avancer les conclusions suivantes : Le noyau central de la reprsentation du groupe idal varie avec la dynamique de la pense sociale (cf. la rethmatisation). Il est fortement structur autour de 3 lments (communication, solidarit, discussion des divergences). Toutefois, dans un groupe amical, on discute moins que dans un groupe professionnel (a dpend) et lamiti devient centrale, et dautant plus dans mon groupe amical . Mais contrairement aux rsultats de C. Guimelli, on observe ici que plus le sujet est impliqu moins il nuance. On observe une extrmisation voire une exarcerbation des rponses. En fait, Guimelli travaille sur des cognitions (canevas de raisonnement : schme de la ngation, schme de la bonne raison) alors que notre oprationnalisation dborde du cadre strictement cognitif en proposant au sujet de se situer dans un contexte psychosocial de prise de position : groupe de rfrence professionnel ou amical, un groupe en gnral ou mon groupe, rponses non ou a dpend . Ainsi, nos rsultats montrent dune part lintrt de la distinction entre reprsentation sociale et reprsentation professionnelle, dautre part limportance de la variable implication dans la structure et la dynamique des reprsentations, enfin, ils confortent la pertinence du questionnement sur les rapports entre systmes central et priphrique.

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