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Conseil Supérieur de la Pêche – Délégation Régionale n°9 - - Diagnostic piscicole du ruisseau de Vaucorniau I-1 Etude réalisée par : Restauration des habitats du ruisseau de Vaucorniau Diagnostic piscicole Ruisseaux de têtes de bassins et faune patrimoniale associée LIFE04NAT/FR/000082 Organisme responsable de l'action : Parc Naturel Régional du Morvan Site Natura 2000 : FR 2600987 Date : novembre 2005 Mis en œuvre par : Avec la participation de :

Restauration des habitats du ruisseau de Vaucorniau ... · 3 Verneaux J. 1977. Biotypologie de l’écosystème eaux courantes. Les groupements socio-écologiques. Note CR Acad. Sc

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Diagnostic piscicole du ruisseau de Vaucorniau

I-1

Etude réalisée par :

Restauration des habitats du ruisseau de Vaucorniau

Diagnostic piscicole

Ruisseaux de têtes de bassins et faune patrimoniale associée

LIFE04NAT/FR/000082

Organisme responsable de l'action : Parc Naturel Régional du Morvan

Site Natura 2000 : FR 2600987

Date : novembre 2005

Mis en œuvre par : Avec la participation de :

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"Ruisseaux de têtes de bassins et faune patrimoniale associée"

LIFE04NAT/FR/000082

Restauration des habitats du ruisseau de Vaucorniau

Diagnostic piscicole

Site Natura 2000 : FR 2600987

Organisme prestataire de l'action : Conseil Supérieur de la Pêche – Délégation Régionale n°9 – 22 bvd Docteur Jean Veillet – 21000 DIJON

Rédacteur(s) :BARAN P.,

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I-3

DIAGNOSTIC PISCICOLE DU RUISSEAU DE VAUCORNIAU.

Etat initial avant travaux de restauration

I. Contexte. ..................................................................................................................... I-5

II. Sites d’étude et methodes d’investigation. ................................................................II-5

A. Sites d’étude. .........................................................................................................II-5

B. Méthodologies. ......................................................................................................II-6

1. Méthodes d’échantillonnage .............................................................................. II-6

2. Calcul des densités et biomasses........................................................................ II-7

3. Mise en classes d’abondance.............................................................................. II-7

4. Comparaison du peuplement piscicole observé au peuplement théorique......... II-7

III. Situation piscicole................................................................................................ III-8

A. Richesse piscicole................................................................................................ III-8

B. Abondances totales. ............................................................................................ III-8

C. Abondances par espèces..................................................................................... III-9

D. Situation de la population de chabots............................................................. III-13

E. Situation de la population de truites............................................................... III-14

IV. Conclusion ..........................................................................................................IV-17

A. Rappel de la situation piscicole. ...................................................................... IV-17

B. Elements de reflexions pour la restauration des habitats piscicoles et

astacicoles du ruisseau. ................................................................................................ IV-18

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I-4

Résumé

Dans le cadre du programme LIFE « Têtes de bassins et faune patrimoniale associées », le

site du Ru de Vaucorniau a été retenu pour engager un programme d’actions. Un état initial

du peuplement piscicole a été conduit en 2005 sur 4 stations d’étude. En complément, une

station témoin a été suivi sur un autre ruisseau affluent du Ru de St-Marc, le Ru de Vermot.

Le régime thermique du ruisseau est perturbé. Si les valeurs observées restent conformes

aux exigences des espèces de poissons présentes (truites et chabot surtout), l’évolution

longitudinale marque l’influence à la fois des absences de ripisylve dans certains secteurs et

des apports de nappe en aval. Dans les prairies amont, l’absence total d’ombrage et surtout

l’abaissement de la ligne d’eau à l’issue des travaux hydrauliques conduisent à un fort

réchauffement des eaux. En aval, ce sont les apports d’eau liés à la traversée de zones

humides qui permet de réquilibrer le métabolisme thermique du ruisseau.

Trois espèces de poissons et deux espèces d’écrevisses ont été inventoriées pour l’ensemble

du Ru de Vaucorniau. Sur le Ru de Vermot, la truite et le chabot sont les deux seules espèces

de poissons échantillonnées accompagnées de deux espèces d’écrevisses exotiques (écrevisse

de Californie et écrevisse américaine).

Les abondances numériques et pondérales sont moyennes à fortes selon les stations

(moyenne : 11 122 ind./ha et 122 kg/ha, minimum : 2800 ind./ha et 108 kg/ha ;

maxima : 22807 ind./ha et 185 kg/ha).

Le chabot est plutôt bien représenté dans les différents secteurs mais ses abondances sont

inférieures à celles observées en moyenne dans le Morvan (moyenne : 6120 ind./ha sur le

Vaucorniau). Les variations entre stations sont importantes. Seules la station la plus amont

présente de fortes densités. Dans la partie médiane et aval du ruisseau, les quantités de

chabots sont moyennes à faibles. Les conditions d’habitat et notamment la diversité

granuloùmétrique des fonds ainsi que celle des vitesses d’écoulement semble constituer un

facteur important pour la distribution du chabot.

La population de truites présente des abondances moyennes à fortes selon les stations

(moyenne : 5099 ind./ha pour 97 kg/ha,). Les différences entre sites sont significatives tant au

niveau des abondances que des structures en taille de la population. Le ruisseau de

Vaucorniau présente deux secteurs distincts. Le secteur amont qui accueille quasi

exclusivement des alevins de l’année et le secteur aval largement dominé par des adultes.

Cette ségrégation de la population tient aux conditions d’habitats très différentes entre les

tronçons. En amont, les travaux hydrauliques ont conduit à un rajeunissement des profils et

des fonds défavorables aux adultes. En aval, la faiblesse des habitats de reproduction et

l’homogénéité des conditions de vitesse et de profondeurs sont plus propices aux adultes qui

par effet de compétition exclut les alevins. La population du Vaucorniau bénéficie également

des migrations de géniteurs provenant du St-Marc comme c’est le cas sur le ruisseau témoin

du Vermot.

Le Vaucorniau présente donc un fonctionnement salmonicole très dépendant des conditions

de migrations des truites. Cette ségrégation des habitats même si elle peut constituer un atout

en matière de production d’alevins dans le secteur amont fragilise l’ensemble de la

population.

La restauration des habitats sur ce ruisseau doit permettre de redonner de la diversité aux

habitats permettant aux espèces de poissons (truites et chabot) d’accomplir leur cycle de

développement sur l’ensemble des secteurs.

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II-5

I. CONTEXTE.

Dans le cadre du programme LIFE « Têtes de bassins et faune patrimoniale associées », le

site du Ru de Vaucourniau a été retenu pour engager un programme d’actions portant sur la

restauration des habitats pour l’écrevisse pied blanc et le chabot.

Un état initial de l’environnement a été conduit en 2005 en portant une attention particulière

au peuplement piscicole et astacicole.

Le présent rapport établit l’état du peuplement de poissons du ruisseau de Vaucorniau.

Après la présentation des sites d’étude et des méthodologies d’échantillonnage, les résultats

sont détaillés et discutés en s’attachant à rechercher les facteurs environnementaux permettant

d’expliquer la situation actuelle.

II. SITES D’ETUDE ET METHODES D’INVESTIGATION.

A. SITES D’ETUDE.

Six sites d’étude ont été sélectionnés dans la zone d’investigation qui correspond au Ru de

Vaucorniau, au Ru de Vermot et au Ru de St-Marc :

Station S1 : Ru de Vaucorniau en aval immédiat du bois de Rang (Aval Bois de Rang)

Station S2 : Ru de Vaucorniau dans la première prairie de Vaucorniau (Prairie amont)

Station S3 : Ru de Vaucorniau dans la seconde prairie de Vaucorniau (Prairie de

Vaucorniau)

Station S4 : Ru de Vaucorniau prairie en amont de la confluence avec le Ru de St-Marc

(prairie amont confl. St-Marc)

Station S5 : Ru de St-Marc - amont pont CD 286

Station S6 : Ru de Vermot

Les principales caractéristiques de ces 5 stations d’étude sont présentées dans le tableau I.

Tableau I : Principales caractéristiques des stations d’étude.

Sur chacun des cinq sites, des pêches électriques d’inventaires des peuplements piscicoles ont

été réalisés en septembre et octobre 2005.

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II-6

Situation géographique des 5 stations d’étude.

B. METHODOLOGIES.

1. Méthodes d’échantillonnage

Les échantillonnages ont été réalisés par pêche électrique sur chaque station d’étude.

Type d’appareil utilisé : Héron Dream Electronic

Nombre d’électrodes : 1

Nombre d’opérateurs: 5

Méthode : 1 à 3 passages successifs selon la méthode de De Lury.

Biométrie : les poissons sont mesurés (1mm près) et pesés (1g près).

S1S2

S3 S4 S5

S6

Ru de Vauco

rniau

Ru de Vermot

Ru de St-M

arc

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II-7

2. Calcul des densités et biomasses

Les calculs des quantités de poissons par station sont effectués selon la méthode de Carl §

Strub sous le logiciel WAMA. On exprime ensuite les densités et biomasses totales de

poissons par hectare.

3. Mise en classes d’abondance

Les valeurs brutes d’abondances de chaque espèce de poissons ont été transformées en

classe selon le protocole et les limites définies par le Conseil Supérieur de la Pêche (CSP DR

n°5, 19951).

4. Comparaison du peuplement piscicole observé au peuplement

théorique.

Dans un cours d’eau, la composition du peuplement piscicole varie longitudinalement. Les

travaux conduits par Verneaux (19732) ont bien montré que l’on pouvait découper un cours

d’eau en une succession de biotypes ou niveaux typologiques qui correspondaient chacun à

une structure particulière du peuplement piscicole (nombre d’espèce et abondance de ces

espèces). Ce même auteur (Verneaux, 19773) donne une formule permettant de calculer le

niveau typologique théorique d’un tronçon de cours d’eau en fonction de 6 variables du

milieu :

Niveau typologique (T) = 0.45 x [0.55tMn-4.34] + 0.30 x [1.17 ln(do x D x 10-2))+1.50] +

0.25 x [1.75 ln(Sm x 102/p x l

2)+3.92]

Où :

tMn : moyenne des températures maximales des 30 jours consécutifs les plus chauds

do : distance aux sources en km

D : dureté totale de l’eau (Calcium+Magnésium) en mg/l

Sm: la section mouillée à l’étiage en m²

p : la pente de la ligne d’eau (0/00)

l : la largeur du cours d’eau à l’étiage en mètre.

A partir d’un ensemble de stations référentielles, la délégation régionale du CSP de Lyon a

fourni des références de classes d’abondance pour chaque espèce de poissons et pour chaque

niveau typologique(CSP/DRn°5, 1995). L’analyse de la concordance entre la référence et le

peuplement réel a été effectuée pour chacune des 5 stations d’étude.

1 CSP/DR n°5, 1995. Réseau National de Bassin : mise en place du suivi piscicole : 1994. Rapport

CSP/Agence RMC n°1099 94.9093. 36p. 2 Verneaux J. 1973. Cours d’eau de Franche-Comté (Massif du Jura). Recherches écologiques sur le réseau

hydrographique du Doubs. Thèse d’Etat Univ. Fr. Comté, Besançon, 257p. 3 Verneaux J. 1977. Biotypologie de l’écosystème eaux courantes. Les groupements socio-écologiques. Note

CR Acad. Sc. Paris, tome 284, série D675, 5p.

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III-8

III. SITUATION PISCICOLE

A. RICHESSE PISCICOLE.

Trois espèces de poissons et deux espèces d’écrevisses ont été inventoriées pour l’ensemble

des 4 stations du Ru de Vaucorniau (6 espèces de poissons et 1 espèce d’écrevisse sur le Ru

de St-Marc). Sur le Ru de Vermot, la truite et le chabot sont les deux seules espèces de

poissons échantillonnées accompagnées de deux espèces d’écrevisses exotiques (écrevisse de

Californie et écrevisse américaine). On retrouve donc sur les 3 ruisseaux, le cortège des

espèces électives de ce type de ruisseau de tête de bassin (chabot, truite commune, vairon)

malgré l’absence de la lamproie de planer.

Figure 1 : Richesse spécifique de chacune des stations étudiées.

Toutes les stations abritent une population de truite commune et de chabot. A la station la

plus amont, l’écrevisse pied blanc a été recensée. Sa présence est avérée dans le Bois de Rang

immédiatement en amont. Par contre, elle n’a pas été observée sur les autres stations. A la

confluence avec le Ru de St-Marc, on note la présence du vairon mais surtout comme dans

ruisseau principal celle de l’écrevisse de Californie. La situation est similaire sur le Ru de

Vermot avec en plus l’écrevisse américaine donc l’origine provient probablement de plans

d’eau dans le bassin.

B. ABONDANCES TOTALES.

Avec 11 122 ind./ha et 122 kg/ha, les abondances totales de poissons sur le secteur d’étude

sont moyennes à fortes.

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III-9

Figure 2 : Abondances totales sur les 5 stations d’étude.

Figure 3 : Densités numériques totales sur les 5 stations d’étude avec les intervalles de

confiance associés.

Les abondances totales sont très variables d’un site à l’autre. Les densités numériques sont

relativement fortes notamment aux stations S1, S5 et S6 (>15 000 ind./ha). Les plus faibles

valeurs sont observées aux stations des prairies de Vaucorniau. Pour les biomasses, on

observe des différences moins marquées avec une valeur assez élevées à la station amont de la

confluence avec le Ru de St-Marc.

C. ABONDANCES PAR ESPECES.

En moyenne sur les 5 stations, le chabot présente la plus forte abondance en nombre et la

truite en poids.

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III-10

Tableau II : Densités numériques et pondérales pour chacune des espèces et chacune

des stations d’étude.

Les abondances doivent être analysées en détail par station en les comparant aux valeurs de

référence liées aux niveaux typologiques.

- Les niveaux typologiques

A partir des caractéristiques du milieu de chacune des stations d’étude, les niveaux

typologiques théoriques ont été calculés.

Tableau III : Niveaux typologiques théoriques des 5 stations d’étude.

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III-11

Les niveaux typologiques des différents secteurs d’étude varient de B2 à B3+ correspondant

aux types écologiques de ces ruisseaux de tête de bassin. Toutefois, on peut souligner des

types écologiques élevés dans le Vaucorniau notamment dans la partie amont.

Figure 3 : Comparaison des valeurs de températures des différentes stations avec la

distance à la source en fonction de références pour la région Bourgogne te Franche-Comté.

Cette situation tient au régime de températures. Elles sont déjà relativement chaudes dans le

bois en amont ceci probablement à cause de la coupe d’une partie de la ripisylve dans ce

secteur et la présence aux zones de sources d’une prairie sans ripisylve. Les valeurs

augmentent très nettement dans la zone de prairie en aval avec l’absence totale de ripisylve.

Il faut la traversée de zones humides avec des apports d’eaux très fraîches entre les stations

3 et 4 pour que le régime de température devienne plus conforme à une situation normale.

Les travaux d’hydrauliques agricoles qui ont eu lieu dans les prairies amont ont

probablement eu pour effet de diminuer le niveau des nappes et donc l’alimentation en eau

plus fraîche du ruisseau en période de bas débits.

Les valeurs de températures observées sur le Vaucorniau restent toutefois compatibles avec

les espèces de poissons observées (truite et chabot).

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III-12

Figures 4 à 10 : Comparaison des abondances observées avec les abondances de référence

du niveau typologique de la station

A l’exception de la station S1 en aval du Bois du Rang, tous les autres sites présentent des

peuplements piscicoles non conformes aux références du type écologique. Les abondances

de chabots sont déficitaires sur tous les secteurs. Pour la truite, les déficits sont moins

marqués. Il faut également souligner l’absence de la loche sur toutes les stations ainsi que

du vairon aux stations S2 et S3. Dans la station aval, les abondances de cette espèces restent

toutefois très faibles. Dans la station témoin, le peuplement de poisson est conforme au type

écologique.

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III-13

Globalement, sur le ruisseau de Vaucorniau, les peu plements de poissons ne sont pas conformes au potentiel du ruis seau. Les densités des espèces présentes sont inférieures aux valeurs optimales de ce type de milieu. Certaines espèces s ont absentes en relation probablement avec le régime thermique très particulier du ruisseau.

D. SITUATION DE LA POPULATION DE CHABOTS.

Le chabot est très bien représenté sur le bassin du ruisseau de Vaucorniau, du St-Marc et du

Vermot. Nous avons examiné dans le détail les variations de son abondance entre les

différents sites.

Sur l’ensemble des sites, les densités sont moyennes à fortes (6530 ind./ha ; 6120 ind./ha

pour le Vaucorniau). Elles sont inférieures à celles que l’on observe dans le Morvan pour une

gamme de cours d’eau assez similaires (9500 ind./ha) ainsi que celle du bassin du St-Marc

amont (9520 ind./ha). Cette valeur est également très inférieure à celle que l’on rencontre

dans une série de sites peu perturbés (13 600 ind./ha) du Morvan .

Figure11 : Comparaison densités numériques de chabots entre les différentes stations (les

intervalles de confiance correspondent à l’efficacité de l’échantillonnage).

Les densités de chabots sont très variables d’un site à l’autre. Sur le Ru de Vaucorniau, à

l’exception de la station S1 en aval du bois de Rang, les densités sont moyennes à faibles. Sur

le Ru de Vermot, les abondances sont relativement similaires à celles du Ru de St-Marc.

Ces différences d’abondance s’expliquent par la qualité des habitats physiques et

notamment celle des substrats de fonds. Globalement à l’échelle de l’ensemble du bassin du

Ru de St-Marc, les densités de chabots sont corrélées avec les surfaces d’habitats de type

radiers à granulométrie de graviers/petits galets. Les faibles pentes des parties médianes et

aval du Vaucorniau accompagnées d’un fort ensablement notamment aux stations S2 et S3

induisent une faible qualité d’habitat physique pour cette espèce. une granulométrie des fonds

assez grossière (petits blocs) assez fortement colmaté par du sable.

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III-14

Figure12 : Structure en taille de la population de chabots échantillonnés sur les 8 stations

d’étude.

Au niveau de la structure en taille de l’ensemble de la population du Vaucorniau et du

Vermot, on distingue 2 modes (45, et 75 mm). La structure n’est pas du tout équilibrée avec

un fort déficit en individu de petite taille (alevins de l’année de 15 à 40 mm). La population

est dominée par des sujets de 70 à 80 mm c’est-à-dire des chabots de grande taille. Cette

structure en taille bien particulière explique le déficit d’abondance observée sur l’ensemble du

ruisseau avec des alevins et des juvéniles assez mal représentés. Même si cette faiblesse peut

être expliquée en partie par des problèmes d’échantillonnages pour ces tailles de chabots (<50

mm), ils n’expliquent pas la totalité du déficit. Les conditions d’habitats et notamment la

faible diversité granulométrique des fonds dans les stations médianes et aval du Vaucorniau

ne sont probablement pas favorable à la reproduction de l’espèce ainsi qu’à la survie des

alevins. On constate d’ailleurs un très fort contraste entre la station amont qui présente une

population de chabot plutôt bien équilibrée et des stations aval totalement destructurées.

Ainsi, la situation de cette espèce sur le Ru de Vaucorniau montre que les conditions

d’habitats notamment la diversité et la qualité des substrats de fond ne sont pas satisfaisantes

et ne permettent pas au chabot d’effectuer correctement sur tout le linéaire son cycle de

développement. Les travaux hydrauliques dans les secteurs à plus faible pente ont pénalisé la

diversité des écoulements et participé à une accélération des apports de sédiments fins (sable

notamment).

E. SITUATION DE LA POPULATION DE TRUITES.

Comme pour le chabot, nous avons examiné la situation de la population de truites entre les

6 stations d’étude

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III-15

Figure 13 : Densité numérique et biomasse de truites pour les 6 stations d’étude.

Avec 5099 ind./ha pour 97 kg/ha, les densités de truites des ruisseaux de Vaucorniau, du St-

Marc aval et du Vermot sont moyennes à fortes. Elles sont supérieures à la moyenne de ce

que l’on observe dans le Morvan pour des cours d’eau similaires (4700 ind./ha). Elles

correspondant aux valeurs moyennes (5160 ind./ha) observées dans des ruisseaux peu

perturbés.

En revanche, les densités et biomasses varient significativement entre les 6 stations d’étude.

Les densités ne sont fortes qu’aux stations S2 du Vaucorniau et S5 du Vermot. Pour les autres

sites les valeurs sont moyennes à faibles notamment dans la partie médiane et aval du

Vaucorniau. Les biomasses ne réagissent pas de la même façon. Les poids de truites

échantillonnées dans le Vaucorniau sont assez forts (107 kg/ha) notamment au niveau de la

station S4 avec 158 kg/ha. Il est important de noter que les biomasses sont influencées par

quelques poissons de grande taille. A la station S2 par exemple, une seule truite de 260mm

représente 58% du poids total de truite de la station. A la station S3, les deux truites de 200 et

225 mm font 48% de la biomasse totale de la station. Ainsi, la présence de quelques géniteurs

de grande taille modifie beaucoup la situation du Vaucorniau. Si l’on se reporte à la date des

pêches (octobre), il est nécessaire d’envisager le rôle des migrations de géniteurs depuis l’aval

du ruisseau et du St-Marc. La truite de 260 mm capturée à la station S2 correspond

probablement à un poisson qui a migrer pour se reproduire dans cette partie amont du

ruisseau.

Les valeurs sont plus conformes à celles des ruisseaux de même type du Morvan aux

stations du St-Marc et du Vermot.

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III-16

Figure 14 : Structure en taille de la population de truites sur l’ensemble des 4 stations

d’étude du Vaucorniau

L’examen de la structure en taille de la population de truites laisse apparaître 3 modes (85

mm ; 140 mm et 210 mm). Cette structure est un peu particulière. Les deux premiers modes

correspondent aux truites de l’année et aux poissons de 1 an. Par contre, les truites de plus de

200 mm ne sont pas des poissons de 2 ans mais probablement des poissons de 3 et 4 ans..

Tableau IV : Structures en âge de la population de truites aux différentes stations.

En moyenne, les alevins de l’année représentent 49% des effectifs sur le Vaucorniau. Cette

valeur est proche de la moyenne observée sur le Morvan pour des cours d’eau similaire

(45%).Toutefois, il faut souligner la très forte variation entre les stations (de 0% et 20% aux

stations aval (S3 et S4) à 83% et 95% aux stations amont (S1 et S2). Le pourcentage d’alevins

est inversement corrélé sur le ruisseau à celui des immatures et des adultes. Plus ces derniers

sont nombreux et plus les quantités d’alevins sont faibles. Ceci est tout à fait normal dans une

population de truites placée dans des conditions d’habitats réduites et soumise à une forte

compétition intra-spécifique.

Le Vaucorniau présente donc une ségrégation spatiale forte dans sa population de truites

avec des alevins présents quasi exclusivement en amont et des adultes dans la partie aval. Il

est important de rapprocher cette séparation des habitats disponibles. Les habitats de

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IV-17

reproduction sont quasiment absents de la partie aval (faible pente, structure des fonds). Ils ne

sont représentés que dans la partie amont de la zone de prairies. De même, les caractéristiques

de diversités hydrauliques (vitesse et profondeur) ainsi que celle des substrats sont assez

faibles en aval avec des habitats plutôt homogènes et favorable aux adultes. A l’inverse, en

amont, la diversité hydraulique ainsi que celle des fonds, qui reste assez peu élevée, est

nettement plus favorable aux alevins (faible profondeur d’eau). Les travaux hydrauliques ont

largement participé par le « rajeunissement » des fonds et des profils à cette situation.

Cette situation n’est pas isolée dans le Morvan. On constate en effet au travers des études et

prospections conduites dans différentes bassins (Cure, Yonne amont et aval, Brinjame,

Cousin) que le pourcentage d’alevins d’un secteur dépend fortement de la connectivité à la

rivière principale mais aussi de la qualité des habitats. On a pu constater que les secteurs

connectés mais à habitats perturbés accueillaient des populations de truites encore plus

dominée par les alevins que celles des ruisseaux connectés mais avec des habitats non altérés.

Sur le Ru de Vermot, les alevins constituent 83% des truites présentent dans la station. Cette

valeur est largement supérieure à celle d’autres ruisseaux similaires du Morvan. Elle

correspond à celle de ruisseaux dans lesquels des géniteurs du cours principal migrent vers

l’affluent (moyenne sur le Morvan pour ce type de ruisseau 68%). Ce ruisseau avec seulement

2 classes d’âge représentées (0+ et 1+) fonctionne visiblement en relation directe avec le Ru

de St-Marc et la migration des géniteurs du cours principal.

Les abondances de truites sont moyennes à fortes se lon les stations. Les densités d’alevins peuvent énormément varier significativement entre les stations avec une sépar ation très nette sur le Vaucorniau entre un secteur amont qui accuei lle la quasi totalité des alevins et un secteur aval qui abrite les poissons adultes.

Cette ségrégation tient essentiellement aux conditi ons d’habitats physiques assez faiblement diversifiées à l’intérie ur de chaque secteur et favorables à l’une ou l’autre des classe s d’âge.

IV. CONCLUSION

A. RAPPEL DE LA SITUATION PISCICOLE.

Le ruisseau du Vaucorniau et le ruisseau de Vermot présentent un peuplement piscicole

relativement conforme à sa situation typologique. La truite et le chabot constitue la quasi-

totalité du peuplement.

Les abondances de chabots sont moyennes avec des populations déséquilibrées et marquées

par la faiblesse du recrutement. Les populations de truites présentent des variations

d’abondances entre les stations avec une forte ségrégation des classes d’âge entre l’amont et

l’aval du ruisseau. Les caractéristiques de l’habitat et notamment la diversité des conditions

hydrauliques ainsi que celle des fonds, la présence des abris sont des éléments forts qui

structurent la population de truites du ruisseau.

Il est très important de souligner que la situation du ruisseau serait très différente

notamment dans la partie de prairies en amont ayant subi les travaux hydraulique si la

connectivité avec l’aval et le ruisseau de St-Marc n’était pas possible. En effet, si les géniteurs

de l’aval ne pouvait remonter dans la partie amont du ruisseau, le potentiel salmonicole de ce

Page 18: Restauration des habitats du ruisseau de Vaucorniau ... · 3 Verneaux J. 1977. Biotypologie de l’écosystème eaux courantes. Les groupements socio-écologiques. Note CR Acad. Sc

Conseil Supérieur de la Pêche – Délégation Régionale n°9 - -

Diagnostic piscicole du ruisseau de Vaucorniau

IV-18

secteur serait très faible car la banalisation des habitats (pertes de zones profondes et d’abris)

a conduit à la quasi disparition de poissons adultes dans ce tronçon.

.

B. ELEMENTS DE REFLEXIONS POUR LA RESTAURATION DES HABITATS

PISCICOLES ET ASTACICOLES DU RUISSEAU.

Les habitats piscicoles et astacicoles ont été modifiés par les travaux hydrauliques. La

diversité et la qualité des ces habitats jouent un rôle significatif vis-à-vis des espèces en place.

D’un point de vue salmonicole, le ruisseau a retrouvé un type de fonctionnement particulier

avec une « adaptation » de la population aux « rajeunissement » des habitats, adaptation qui se

traduit par une ségrégation des classes d’âge et donc un fonctionnement complémentaire entre

les secteurs. Ce nouveau fonctionnement est extrêmement dépendant de la connectivité avec

l’aval du ruisseau ainsi qu’avec le St-Marc. On peut donc le considérer comme fragile.

L’objectif de la restauration des habitats pourrait donc se baser sur le retour à une diversité

de conditions hydrauliques et d’abris permettant l’accueil de plusieurs classes d’âge de truites

ceci probablement au détriment de la « production » d’alevins de l’année.

De la même façon, la rediversification des conditions d’habitat devraient permettre un

meilleur équilibre de la population de chabots.