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Résumé de l’ANCIEN TESTAMENT d’après l’HISTOIRE SAINTE ILLUSTREE de l’abbé H. LESÊTRE (P. Lethielleux, Editeur, Paris, 1906)

Résumé Ancien Testament par l’abbé H. LESÊTRE

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Résumé Ancien Testament

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Page 1: Résumé Ancien Testament par  l’abbé H. LESÊTRE

Résumé de

l’ANCIEN TESTAMENT

d’après

l’HISTOIRE SAINTE ILLUSTREE

de

l’abbé H. LESÊTRE

(P. Lethielleux, Editeur, Paris, 1906)

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Résumé de l’Ancien testament 2

RESUMÉ COMMENTÉ DE L’ANCIEN TESTAMENT

Il s’agit de l’Histoire Sainte Illustrée de l’abbé Lesêtre (Pierre Lethielleux, Paris 1906) légèrement adapté par nos soins (sans aucune modification du texte lui-même).

N.B. On pourra consulter parallèlement l’une des Bibles suivantes :

* Bible du Chanoine Crampon dont sont tirés les extraits du présent texte, ou

* La Sainte Bible selon la Vulgate

http://contra-impetum-fluminis.net/index.htm

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Résumé de l’Ancien testament 3

Lettre encyclique de N. T. S. P. LÉON XIII

Providentissimus Deus

À ses vénérables Frères tous les patriarches, primats et archevêques du monde catholique, en grâce et en communion avec le Saint-Siège. LÉON XIII Vénérables frères, Salut et Bénédiction apostolique.

La Providence de Dieu, qui, par un admirable dessein d'amour, a élevé au commencement le genre humain à une participation de la nature divine ; qui ensuite a rétabli dans sa dignité première l'homme délivré de la tache commune et arraché à sa perte, a apporté à ce même homme un précieux appui, afin de lui ouvrir, par un moyen surnaturel, les trésors cachés de sa divinité, de sa sagesse, de sa miséricorde.

Quoiqu'on doive comprendre dans la révélation divine des vérités qui ne sont pas accessibles à la raison humaine, et qui, par suite, ont été révélées à l'homme « afin que tous puissent les connaître facilement, avec une ferme certitude, sans aucun mélange d'erreur », cependant cette révélation ne peut pas être dite nécessaire d'une façon absolue, mais parce que Dieu, dans son infinie bonté, a destiné l'homme à une fin surnaturelle.

« Cette révélation surnaturelle, selon la foi de l'Église universelle, est renfermée tant dans les traditions non écrites que dans les livres qu'on appelle saints et canoniques, parce qu'écrits sous l'inspiration de l'Esprit-Saint, ils ont Dieu pour auteur et ont été livrés comme tels à l'Église

C'est ce que celle-ci n'a cessé de penser et de professer publiquement au sujet des livres de l'Ancien et du Nouveau Testament. On connaît des documents anciens très importants qui indiquent que Dieu a parlé d'abord par les prophètes, ensuite par lui-même, puis par les apôtres, qu'il nous a aussi donné l'Écriture qu'on appelle canonique (saint Augustin, de civ. Dei) qui n'est autre que les oracles et les paroles divines ; qu'elle constitue comme une lettre accordée par le Père céleste au genre humain voyageant loin de sa patrie, et que nous ont transmise les auteurs sacrés .

Cette origine montre bien quelle est l'excellence et la valeur des Écritures qui, ayant pour auteur Dieu lui-même, contiennent l'indication de ses mystères les plus élevés, de ses desseins, de ses œuvres. Il résulte de là que la partie de la théologie qui concerne la conservation et l'interprétation de ces livres divins est fort importante et de la plus grande utilité.

Nous avons eu à cœur de faire progresser d'autres sciences qui Nous paraissaient très propres à l'accroissement de la gloire divine et au salut des hommes ; tel a été, de Notre part, le sujet de fréquentes lettres et de nombreuses exhortations qui, avec l'aide de Dieu, ne sont pas demeurées sans résultat. Nous Nous proposions depuis longtemps de ranimer de même et de recommander cette si noble étude des Saintes Lettres, et de la diriger d'une façon plus conforme aux nécessités des temps actuels.

La sollicitude de Notre charge apostolique Nous engage et, en quelque sorte, Nous pousse, non seulement à vouloir ouvrir plus sûrement et plus largement, pour l'utilité du peuple chrétien, cette précieuse source de la révélation catholique, mais encore à ne pas souffrir qu'elle soit troublée en aucune de ses parties, soit par ceux qu'excite une audace impie et qui attaquent

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ouvertement l'Écriture Sainte, soit par ceux qui suscitent à ce sujet des innovations trompeuses et imprudentes.

Nous n'ignorons pas, en effet, Vénérables Frères qu'un certain nombre de catholiques, hommes riches en science et en talent, se consacrent avec ardeur à défendre les Livres Saints ou à en propager davantage la connaissance et l'intelligence. Mais, en louant à bon droit leurs travaux et les résultats qu'ils obtiennent, Nous ne pouvons manquer d'exhorter à remplir cette sainte tâche et à mériter le même éloge d'autres hommes dont le talent, la science et la piété promettent, dans cette œuvre, de magnifiques succès.

Nous souhaitons ardemment qu'un plus grand nombre de fidèles entreprennent, comme il convient, la défense des Saintes Lettres et s'y attachent avec constance ; Nous désirons surtout que ceux qui ont été appelés par la grâce de Dieu dans les Ordres sacrés mettent de jour en jour un plus grand soin et un plus grand zèle à lire, à méditer et à expliquer les Écritures ; rien n'est plus conforme à leur état.

Outre l'excellence d'une telle science et l'obéissance due à la parole de Dieu, un autre motif Nous fait surtout juger que l'étude des Livres Saints doit être très recommandée : ce motif, c'est l'abondance des avantages qui en découlent, et dont Nous avons pour gage assuré la parole de l'Esprit-Saint : « Toute l'Écriture divinement inspirée est utile pour instruire, pour raisonner, pour toucher, pour façonner à la justice, afin que l'homme de Dieu soit parfait, prêt à toute bonne œuvre. »

C'est dans ce dessein que Dieu a donné aux hommes les Écritures ; les exemples de Notre-Seigneur Jésus-Christ et des apôtres le montrent. Jésus lui-même en effet, qui « s'est concilié l'autorité par des miracles, a mérité la foi par son autorité et a gagné la multitude par sa foi », avait coutume d'en appeler aux Saintes Écritures en témoignage de sa mission divine.

Il se sert, à l'occasion, des Livres Saints afin de déclarer qu'il est envoyé de Dieu et Dieu lui-même ; il leur emprunte des arguments pour instruire ses disciples et pour appuyer sa doctrine ; il invoque leurs témoignages contre les calomnies de ses ennemis, il les oppose en réponse aux Sadducéens et aux Pharisiens, et les retourne contre Satan lui-même qui les invoque avec impudence ; il les emploie encore à la fin de sa vie, et, une fois ressuscité, les explique à ses disciples, jusqu'à ce qu'il monte dans la gloire de son Père.

Les apôtres se sont conformés à la parole et aux enseignements du Maître, et quoique lui-même eût accordé que des « signes et des miracles soient faits par leurs mains », ils ont tiré des Livres Saints un grand moyen d'action pour répandre au loin parmi les nations la sagesse chrétienne, vaincre l'opiniâtreté des juifs et étouffer les hérésies naissantes.

Ce fait ressort de leurs discours et en première ligne de ceux de saint Pierre ; ils les composèrent, en quelque sorte, de paroles de l'Ancien Testament comme étant l'appui le plus ferme de la loi nouvelle. Ceci est non moins évident d'après les Évangiles de saint Matthieu et de saint Jean, et les épîtres que l'on appelle catholiques, d'après surtout le témoignage de celui qui, devant Gamaliel, se glorifie d'avoir étudié la loi de Moïse et les Prophètes, afin que, muni des armes spirituelles, il pût ensuite dire avec confiance : « Les armes de notre milice n'ont rien de terrestre : c'est la puissance de Dieu. »

Que tous, surtout les soldats de l'armée sacrée, comprennent donc, d'après les exemples du Christ et des apôtres, quelle estime ils doivent avoir de la Sainte Écriture, avec quel zèle, avec quel respect il leur faut, pour ainsi dire, s'approcher de cet arsenal.

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En effet, ceux qui doivent répandre, soit parmi les doctes, soit parmi les ignorants, la vérité catholique, ne trouveront nulle part ailleurs des enseignements plus nombreux et plus étendus sur Dieu, le bien souverain et très parfait, sur les œuvres qui mettent en lumière sa gloire et son amour. Quant au Sauveur du genre humain, aucun texte n'est, à son sujet, plus fécond et plus émouvant que ceux qu'on trouve dans toute la Bible, et saint Jérôme a eu raison d'affirmer que " l'ignorance des Écritures, c'est l'ignorance du Christ » ; là, on voit comme vivante et agissante, l'image du Fils de Dieu ; ce spectacle, d'une façon admirable, soulage les maux, exhorte à la vertu et invite à l'amour divin.

En ce qui concerne l'Église, son institution, ses caractères, sa mission, ses dons, on trouve dans l'Écriture tant d'indications, il y existe en sa faveur des arguments si solides et si bien appropriés que ce même saint Jérôme a pu dire avec beaucoup de raison : « Celui qui est appuyé fermement sur les témoignages des Saints Livres, celui-là est le rempart de l'Église. »

Si maintenant ils cherchent des préceptes relatifs aux bonnes mœurs et à la conduite de la vie, les hommes apostoliques rencontreront dans la Bible de grandes et excellentes ressources, des prescriptions pleines de sainteté, des exhortations réunissant la suavité et la force, des exemples remarquables de toutes sortes de vertus, auxquels s'ajoutent la promesse des récompenses éternelles et l'annonce des peines de l'autre monde, promesse et annonce faites au nom de Dieu et en s'appuyant sur ses paroles.

C'est cette vertu particulière aux Écritures, et très remarquable provenant du souffle divin de l'Esprit-Saint qui donne de l'autorité à l'orateur sacré, lui inspire une liberté de langage tout apostolique et lui fournit une éloquence vigoureuse et convaincante.

Quiconque, en effet, porte dans son discours l'esprit et la force de la parole divine, celui-ci , « ne parle pas seulement en langage, mais dans la vertu, dans l'Esprit-Saint et avec une grande abondance de fruits. »

Aussi on doit dire qu'ils agissent d'une façon maladroite et imprévoyante ceux qui parlent de la religion et énoncent les préceptes divins sans presque invoquer d'autre autorité que celles de la science et de la sagesse humaines, s'appuyant sur leurs propres arguments plutôt que sur les arguments divins.

En effet, leur éloquence, quoique brillante, est nécessairement languissante et froide, en tant qu'elle est privée du feu de la parole de Dieu, et elle manque de la vertu qui brille dans ce langage divin : « Car la parole de Dieu est plus forte et plus pénétrante que tout glaive à deux tranchants ; elle entre dans l'âme et l'esprit au point de les fendre en quelque sorte. »

D'ailleurs, les savants eux-mêmes doivent en convenir ; il existe dans les Saintes Lettres une éloquence admirablement variée, admirablement riche et digne des plus grands objets : c'est ce que saint Augustin a compris et a parfaitement prouvé, et ce que l'expérience permet de vérifier dans les ouvrages des orateurs sacrés. Ceux-ci ont dû surtout leur gloire à l'étude assidue et à la méditation de la Bible, et ils en ont témoigné leur reconnaissance à Dieu.

Connaissant à fond toutes ces richesses et en faisant un grand usage, les saints Pères n'ont pas tari d'éloges au sujet des Saintes Écritures et des fruits qu'on en peut tirer.

Dans maint passage de leurs œuvres, ils appellent les Livres Saints « le précieux trésor des doctrines célestes, les fontaines du salut », les comparant à des prairies fertiles, à de délicieux jardins dans lesquels le troupeau du Seigneur trouve une force admirable et un grand charme.

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Elles sont bien justes, ces paroles de saint Jérôme au clerc Népotien : « Lis souvent les Saintes Écritures, bien plus, ne dépose jamais le Livre sacré : apprends ce que tu devras enseigner ; que le langage du prêtre soit appuyé sur la lecture des Écritures. »

Tel est aussi le sens de la parole de saint Grégoire le Grand qui a indiqué, plus excellemment que personne, les devoirs des pasteurs de l'Église : « Il est nécessaire, dit-il, que ceux qui s'appliquent au ministère de la prédication ne cessent d'étudier les Saints Livres. »

Ici, cependant, il nous plaît de rappeler l'avis de saint Augustin : « Ce ne sera pas au dehors un vrai prédicateur de la parole de Dieu, celui qui ne l'écoute pas au-dedans de lui-même. »

Saint Grégoire encore conseillait aux auteurs sacrés " qu'avant de porter la parole divine aux autres, ils s'examinent eux-mêmes, pour ne pas se négliger en s'occupant des actions d'autrui. »

D'ailleurs, cette vérité avait déjà été mise en lumière par la parole et par l'exemple du Christ, qui commença « à agir et à enseigner », et la voix de l'Apôtre l'avait proclamée, s'adressant non seulement à Timothée, mais à tout l'Ordre des clercs, lorsqu'elle énonçait ce précepte : Veille sur toi et sur ta doctrine avec attention, car en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même et tu sauveras tes auditeurs. »

Assurément, on trouve pour sa propre sanctification et pour celle des autres, de précieux secours dans les Saintes Lettres, ils sont très abondants surtout dans les psaumes. Toutefois, ceux-là seuls en profiteront qui prêteront à la divine parole non seulement un esprit docile et attentif, mais encore une bonne volonté parfaite et une grande piété.

Ces livres, en effet, dictés par l'Esprit-Saint lui-même, contiennent des vérités très importantes, cachées et difficiles à interpréter en beaucoup de points ; pour les comprendre et les expliquer nous aurons donc toujours besoin de la présence de ce même Esprit, c'est-à-dire de sa lumière et de sa grâce, qui, comme les psaumes nous en avertissent longuement, doivent être implorées par la prière humaine, accompagnée d'une vie sainte.

Et c'est en ceci qu'apparaît magnifiquement la prévoyance de l'Église. « Pour ne pas que ce trésor des Livres Saints, que l'Esprit-Saint a livré aux hommes avec une souveraine libéralité, restât négligé », elle a multiplié en tout temps les institutions et les préceptes. Elle a décrété non seulement qu'une grande partie des Écritures serait lue et méditée par tous ses ministres dans l'office quotidien, mais que ces Écritures seraient enseignées et interprétées par des hommes instruits dans les cathédrales, dans les monastères, dans les couvents des réguliers, où les études pourraient être prospères ; elle a ordonné par un rescrit que les dimanches et aux fêtes solennelles, les fidèles seraient nourris des salutaires paroles de l'Évangile. Ainsi, grâce à la sagesse et à la vigilance de l'Église l'étude des Saintes Écritures se maintient florissante et féconde en fruits de salut.

Pour affermir Nos arguments et Nos exhortations, Nous aimons à rappeler comment tous les hommes remarquables par la sainteté de leur vie et par leur science des vérités divines, ont toujours cultivé assidûment les Saintes Écritures. Nous voyons que les plus proches disciples des apôtres, parmi lesquels Nous citerons Clément de Rome, Ignace d'Antioche, Polycarpe, puis les Apologistes, spécialement Justin et Irénée, ont, dans leurs lettres et dans leurs livres tendant soit à la conservation, soit à la propagation des dogmes divins, introduit la doctrine, la force, la piété des Livres Saints.

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Dans les écoles de catéchisme et de théologie qui furent fondées près de beaucoup de sièges épiscopaux, et dont les plus célèbres furent celles d'Alexandrie et d'Antioche, l'enseignement donné ne consistait pour ainsi dire que dans la lecture, l'explication, la défense de la parole de Dieu écrite.

De ces établissements sortirent la plupart des Pères et des écrivains dont les études approfondies et les remarquables ouvrages se succédèrent pendant trois siècles en si grande abondance que cette période a été appelée l'âge d'or de l'exégèse biblique.

Parmi ceux d'Orient, la première place revient à Origène, homme admirable par la prompte conception de son esprit et par ses travaux non interrompus. C'est dans ses nombreux ouvrages et dans ses immenses Hexaples, qu'ont puisé presque tous ses successeurs.

Il faut en énumérer plusieurs, qui ont étendu les limites de cette science : ainsi, parmi les plus éminents, Alexandrie a produit Clément et Cyrille ; la Palestine, Eusèbe, et le second Cyrille ; la Cappadoce, Basile le Grand, Grégoire de Nazianze et Grégoire de Nysse ; Antioche, ce Jean Chrysostome, en qui une érudition remarquable s'unissait à la plus haute éloquence.

L'Église d'Occident n'a pas acquis moins de gloire. Parmi les nombreux docteurs qui s'y sont distingués, illustres sont les noms de Tertullien et de Cyprien, d'Hilaire et d'Ambroise, de Léon le Grand, et de Grégoire-le-Grand, mais surtout ceux d'Augustin et de Jérôme.

L'un se montra d'une pénétration admirable dans l'interprétation de la parole de Dieu, et d'une habileté consommée à en tirer parti pour appuyer la vérité catholique ; l'autre, possédant une connaissance extraordinaire de la Bible et ayant fait sur les Livres Saints de magnifiques travaux, a été honoré par l'Église du titre de Docteur très grand.

Depuis cette époque jusqu'au XIe siècle, quoique ces études n'aient pas été aussi ardemment cultivées et aussi fécondes en résultats que précédemment, elles furent cependant florissantes, grâce surtout au zèle des prêtres.

Ceux-ci eurent soin, en effet, ou de recueillir les ouvrages que leurs prédécesseurs avaient laissés sur ce sujet si important, ou de les répandre après les avoir étudiés à fond et enrichis de leurs propres travaux ; c'est ainsi qu'agirent, entre autres, Isidore de Séville, Bède, Alcuin. Ils munirent de gloses les manuscrits sacrés, comme Valafride Strabon et Anselme de Laon, ou travaillèrent par des procédés nouveaux à maintenir l'intégrité des textes, comme le firent Pierre Damien et Lanfran.

Au XIIe siècle, la plupart entreprirent avec beaucoup de succès l'explication allégorique des Saintes Écritures ; dans ce genre, saint Bernard se distingua facilement parmi tous les autres ; ses sermons ne s'appuient presque que sur les Lettres divines.

Mais aussi, de nouveaux et abondants progrès furent faits grâce à la méthode des scolastiques. Ceux-ci, bien qu'ils se soient appliqués à faire des recherches relatives au véritable texte de la version latine, comme le prouvent les Bibles corrigées qu'ils ont fait paraître, mirent cependant plus de zèle encore et plus de soin à l'interprétation et à l'explication des Livres Saints.

Aussi savamment et aussi clairement qu'aucun de leurs prédécesseurs, ils distinguèrent les divers sens des mots latins, établirent la valeur de chacun au point de vue théologique, marquèrent les différents chapitres des livres et le sujet de ces chapitres, creusèrent la signification des paroles bibliques, expliquèrent la liaison des préceptes entre eux. Tout le monde voit quelle

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lumière a été ainsi apportée dans les points obscurs. En outre, leurs livres, soit relatifs à la théologie, soit commentant les Saintes Écritures elles-mêmes, manifestent une science profonde puisée dans les Livres Sacrés. À ce titre, saint Thomas d'Aquin a obtenu parmi eux la palme.

Mais après que Clément V, Notre prédécesseur, eut attaché à l'Athénée de Rome et aux plus célèbres universités des maîtres de langues orientales, ceux-ci commencèrent à étudier la Bible, à la fois sur le manuscrit original et sur la traduction latine. Lorsque ensuite, les monuments de la science des Grecs nous furent rapportés, lorsque surtout l'art nouveau de l'imprimerie eut été inventé, le culte de la Sainte Écriture se répandit beaucoup. Il est étonnant combien, en peu de temps, se multiplièrent les éditions des Livres sacrés, surtout de la Vulgate ; elles remplirent le monde catholique, tellement, même à cette époque si décriée par les ennemis de l'Église, les Livres divins étaient aimés et honorés.

On ne doit pas omettre de rappeler quel grand nombre d'hommes doctes appartenant surtout aux Ordres religieux, depuis le Concile de Vienne jusqu'au Concile de Trente, travaillèrent à la prospérité des études bibliques. Ceux-ci, grâce à des secours nouveaux, à leur vaste érudition, à leur remarquable talent, non seulement accrurent les richesses accumulées par leurs prédécesseurs, mais préparèrent en quelque sorte la route aux savants du siècle suivant, durant lequel, à la suite du Concile de Trente, l'époque si prospère des Pères de l'Église parut en quelque sorte recommencer.

Personne, en effet, n'ignore, et il Nous est doux de le rappeler, que nos prédécesseurs, de Pie IV à Clément VIII, ont fait en sorte que l'on publiât de remarquables éditions des versions anciennes, de celle d'Alexandrie et de la Vulgate. Celles qui parurent ensuite par l'ordre et sous l'autorité de Sixte-Quint et du même Clément sont aujourd'hui d'un usage commun. On sait qu'à cette époque furent éditées, en même temps que d'autres versions anciennes de la Bible, les bibles polyglottes d'Anvers et de Paris, très bien disposées pour la recherche du sens exact.

Il n'y a aucun livre des deux Testaments qui n'ait alors rencontré plus d'un habile interprète. Il n'y a aucune question se rattachant à ces sujets qui n'ait exercé d'une façon très fructueuse le talent de beaucoup de savants, parmi lesquels un certain nombre, ceux surtout qui étudièrent le plus les saints Pères, se firent un nom remarquable.

Enfin, depuis cette époque, le zèle n'a pas fait défaut à nos exégètes. Des hommes distingués ont bien mérité des études bibliques et ont défendu les Saintes Lettres contre les attaques du rationalisme, attaques tirées de la philologie et des sciences analogues et qu'ils ont réfutées par des arguments du même genre.

Tous ceux qui considéreront sans parti pris cette revue nous accorderont certainement que l'Église n'a jamais manqué de prévoyance, qu'elle a toujours fait couler vers ses fils les sources salutaires de la divine Écriture, qu'elle a toujours conservé cet appui, à la garde duquel elle a été préposée par Dieu, qu'elle l'a fortifié par toutes sortes de travaux, de sorte qu'elle n'a jamais eu besoin et qu'elle n'a pas besoin encore d'y être excitée par des hommes qui lui sont étrangers.

Le plan que Nous Nous sommes proposé demande de Nous, Vénérables Frères, que Nous Nous entretenions avec vous de ce qui paraît le plus utile à la bonne ordonnance de ces études. Mais il importe d'abord de reconnaître quels hommes nous opposent des obstacles, à quels procédés et à quelles armes ils se confient.

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Auparavant, le Saint-Siège a eu surtout affaire à ceux qui, s'appuyant sur leur jugement particulier, et répudiant les diverses traditions et l'autorité de l'Église, affirmaient que l'Écriture était l'unique source de la révélation et le juge suprême de la foi.

Maintenant, nos adversaires principaux sont les rationalistes, qui, fils et héritiers pour ainsi dire de ces hommes dont Nous parlons plus haut, se fondant de même sur leur propre opinion, ont rejeté entièrement même ces restes de foi chrétienne, encore acceptés par leurs prédécesseurs.

Ils nient, en effet, absolument toute inspiration, ils nient l'Écriture, et ils proclament que tous ces objets sacrés ne sont qu'inventions et artifices des hommes ; ils regardent les Livres Saints non comme contenant le récit exact d'événements réels, mais comme des fables ineptes, comme des histoires mensongères. À leurs yeux, il n'y a pas de prophéties, mais des prédictions forgées après que les événements ont été accomplis, ou bien des pressentiments dus à des causes naturelles ; il n'existe pas de miracles vraiment dignes de ce nom, manifestations de la puissance divine, mais des faits étonnants qui ne dépassent nullement les forces de la nature, ou encore des prestiges et des mythes ; enfin les Évangiles et les écrits des apôtres ne sont pas écrits par les auteurs auxquels on les attribue.

Pour appuyer de telles erreurs, grâce auxquelles ils croient pouvoir anéantir la sainte vérité de l'Écriture, ils invoquent les décisions d'une nouvelle science libre ; ces décisions sont d'ailleurs si incertaines aux yeux mêmes des rationalistes, qu'ils varient et se contredisent souvent sur les mêmes points.

Et tandis que ces hommes jugent et parlent d'une façon si impie au sujet de Dieu, du Christ, de l'Évangile et du reste des Écritures, il n'en manque pas parmi eux qui veulent être regardés comme chrétiens, comme théologiens, comme exégètes et qui, sous un nom très honorable, voilent toute la témérité d'un esprit plein d'insolence.

À ceux-ci viennent s'ajouter un certain nombre d'hommes qui, ayant le même but et les aidant, cultivent d'autres sciences, et qu'une semblable hostilité envers les vérités révélées entraînent de même façon à attaquer la Bible. Nous ne saurions trop déplorer l'étendue et la violence de plus en plus grande que prennent ces attaques. Elles sont dirigées contre des hommes instruits et sérieux, quoique ceux-ci puissent se défendre sans trop de difficultés ; mais c'est surtout contre la foule des ignorants que des ennemis acharnés agissent par tous les procédés.

Au moyen des livres, des opuscules, des journaux, ils répandent un poison funeste ; par des réunions, par des discours, ils le font pénétrer plus avant ; déjà ils ont tout envahi, ils possèdent de nombreuses écoles arrachées à l'Église, où, dépravant misérablement, même par la moquerie et les plaisanteries bouffonnes, les esprits encore tendres et crédules des jeunes gens, ils les excitent au mépris de la Sainte Écriture.

Il y a bien là, Vénérables Frères, de quoi émouvoir et animer le zèle commun des pasteurs, de telle sorte qu'à cette science nouvelle, à cette science fausse, on oppose cette doctrine antique et vraie que l'Église a reçue du Christ par l'intermédiaire des apôtres, et que, dans un tel combat, se lèvent de toutes parts d'habiles défenseurs de la Sainte Écriture.

Notre premier soin doit donc être celui-ci : que dans les Séminaires, dans les Universités, les Lettres divines soient enseignées en tout point comme le demandent l'importance même de cette science et les nécessités de l'époque actuelle.

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Pour cette raison, vous ne devez rien avoir plus à cœur que la prudence dans le choix des professeurs ; pour cette fonction, en effet, il importe de désigner, non pas des hommes pris parmi la foule, mais ceux que recommandent un grand amour et une longue pratique de la Bible, une véritable culture scientifique, qui soient, en un mot, à la hauteur de leur mission.

Il ne faut pas mettre moins de soin à préparer ceux qui devront prendre ensuite la place de ceux-ci. Il Nous plaît donc que, partout où cela sera possible, on choisisse parmi les disciples qui auront parcouru d'une façon satisfaisante le cycle des études théologiques, un certain nombre qui s'appliqueront tout entiers à acquérir la connaissance des Saints Livres, et auxquels on fournira la possibilité de se livrer à des travaux plus étendus. Quand les maîtres auront été ainsi désignés et formés, qu'ils abordent avec confiance la tâche qui leur sera confiée, et pour qu'ils la remplissent excellemment, pour qu'ils obtiennent les résultats auxquels on peut s'attendre, Nous voulons leur donner quelques instructions plus développées.

Au début même des études, ils doivent examiner la nature de l'intelligence des disciples, faire en sorte de la cultiver, de la rendre apte en même temps à conserver intacte la doctrine des Livres Saints, et à en saisir l'esprit. Tel est le but du Traité de l'introduction biblique, qui fournit à l'élève le moyen de prouver l'intégrité et l'authenticité de la Bible, d'y chercher et d'y découvrir le vrai sens des passages, d'attaquer de front et d'extirper jusqu'à la racine les interprétations sophistiques.

À peine est-il besoin d'indiquer combien il est important de discuter ces points dès le début, avec ordre, d'une façon scientifique, en recourant à la théologie ; et, en effet, toute l'étude de l'Écriture s'appuie sur ces bases, s'éclaire de ces lumières. - Le professeur doit s'appliquer avec un très grand soin à bien faire connaître la partie la plus féconde de cette science, qui concerne l'interprétation, expliquer à ses auditeurs comment ils pourront utiliser les richesses de la parole divine pour l'avantage de la religion et de la piété.

Certes, Nous comprenons que ni l'étendue du sujet, ni le temps dont on dispose, ne permettent de parcourir dans les écoles tout le cercle des Écritures. Mais, puisqu'il est besoin de posséder une méthode sûre pour diriger avec fruit l'interprétation, un maître sage devra éviter à la fois le défaut de ceux qui font étudier des passages pris çà et là dans tous les livres, le défaut aussi de ceux qui s'arrêtent sans mesure sur un chapitre déterminé d'un seul livre.

Si, en effet, dans la plupart des écoles, on ne peut atteindre le même but que dans les académies supérieures, à savoir qu'un livre ou l'autre soit expliqué d'une façon suivie et détaillée, au moins doit-on mettre tout en œuvre afin d'arriver à ce que les passages choisis pour l'interprétation soient étudiés d'une façon suffisamment complète ; les élèves, alléchés en quelque sorte et instruits par cet exemple d'explication, pourront ensuite relire et goûter le reste de la Bible pendant toute leur vie.

Le professeur, fidèle aux prescriptions de ceux qui Nous ont précédé, devra faire usage de la version Vulgate.

C'est celle, en effet, que le Concile de Trente a désignée comme authentique et comme devant être employée « dans les lectures publiques, les discussions, les prédications et les explications » ; c'est celle aussi que recommande la pratique quotidienne de l'Église. Nous ne voulons pas dire cependant qu'il ne faudra pas tenir compte des autres versions que les chrétiens des premiers âges ont utilisées avec éloges, et surtout des textes primitifs.

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En effet si, pour ce qui concerne les grands points, le sens est clair d'après les éditions hébraïque et grecque de la Vulgate, cependant, si quelque passage ambigu ou moins clair s'y rencontre, " le recours à la langue précédente ", suivant le conseil de saint Augustin, sera très utile.

Il est clair qu'il faudra apporter à cette tâche beaucoup de circonspection ; c'est, en effet, le devoir du commentateur d'indiquer, non pas ce que lui-même pense, mais ce que pensait l'auteur qu'il explique.

Après que la lecture aura été conduite avec soin jusqu'au point voulu, alors ce sera le moment de scruter et d'expliquer le sens. Notre premier conseil à ce sujet est d'observer les prescriptions communément en usage relatives à l'interprétation, avec d'autant plus de soin que l'attaque des adversaires est plus vive.

Il faut donc peser avec soin la valeur des mots eux-mêmes, la signification du contexte, la similitude des passages, etc. et aussi profiter des éclaircissements étrangers de la science qu'on nous oppose. Cependant, le maître devra prendre garde à ne pas consacrer plus de temps et plus de soin à ces questions qu'à l'étude des Livres divins eux-mêmes, de peur qu'une connaissance trop étendue et trop approfondie de tels objets n'apporte à l'esprit des jeunes gens plus de troubles que de force.

De là résulte une marche sûre à suivre dans l'étude de l'Écriture Sainte au point de vue théologique.

Il importe, en effet, de remarquer à ce sujet qu'aux autres causes de difficultés qui se présentent dans l'explication de n'importe quels auteurs anciens, s'en ajoutent quelques-unes qui sont spéciales à l'interprétation des Livres Saints. Comme ils sont l'œuvre de l'Esprit-Saint, les mots y cachent nombre de vérités qui surpassent de beaucoup la force et la pénétration de la raison humaine, à savoir les divins mystères et ce qui s'y rattache. Le sens est parfois plus étendu et plus voilé que ne paraîtraient l'indiquer et la lettre et les règles de l'herméneutique ; en outre, le sens littéral cache lui-même d'autres sens qui servent soit à éclairer les dogmes, soit à donner des règles pour la vie.

Aussi, l'on ne saurait nier que les Livres Saints sont enveloppés d'une certaine obscurité religieuse, de sorte que nul n'en doit aborder l'étude sans guide : Dieu l'a voulu ainsi (c'est l'opinion commune des saints Pères) pour que les hommes les étudiassent avec plus d'ardeur et plus de soin, pour que les vérités péniblement acquises pénétrassent plus profondément leur esprit et leur cœur ; pour qu'ils comprissent surtout que Dieu a donné les Écritures à l'Église afin que, dans l'interprétation de ses paroles, celle-ci fût le guide et le maître le plus sûr.

Là où Dieu a mis ses dons, là doit être cherchée la vérité. Les hommes en qui réside la succession des apôtres expliquent les Écritures sans aucun danger d'erreur, saint Irénée nous l'a déjà enseigné. C'est sa doctrine et celle des autres Pères qu'a adoptée le Concile du Vatican, quand, renouvelant un décret du Concile de Trente sur l'interprétation de la parole divine écrite, il a décidé que, « dans les choses de la foi et des mœurs, tendant à la fixation de la doctrine chrétienne, on doit regarder comme le sens exact de la Sainte Écriture, celui qu'a regardé et que regarde comme tel notre Sainte Mère l'Église, à qui il appartient de juger du sens et de l'interprétation des Livres sacrés. Il n'est donc permis à personne d'expliquer l'Écriture d'une façon contraire à cette signification ou encore au consentement unanime des Pères. »

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Par cette loi pleine de sagesse, l'Église n'arrête et ne contrarie en rien les recherches de la science biblique, mais elle la maintient à l'abri de toute erreur et contribue puissamment à ses véritables progrès. Chaque docteur, en effet, voit ouvert devant lui un vaste champ dans lequel, en suivant une direction sûre, son zèle peut s'exercer d'une façon remarquable et avec profit pour l'Église.

À la vérité, quant aux passages de la Sainte Écriture qui attendent encore une explication certaine et bien définie, il peut se faire, grâce à un bienveillant dessein de la Providence de Dieu, que le jugement de l'Église se trouve pour ainsi dire mûri par une étude préparatoire. Mais, au sujet des points qui ont été déjà fixés, le docteur peut jouer un rôle également utile, soit en les expliquant plus clairement à la foule des fidèles, d'une façon plus ingénieuse aux hommes instruits, soit en les défendant plus fortement contre les adversaires de la foi.

L'interprète catholique doit donc regarder comme un devoir très important et sacré d'expliquer dans le sens fixé les textes de l'Écriture dont la signification a été indiquée authentiquement soit par les auteurs sacrés, que guidait l'inspiration de l'Esprit-Saint, comme cela a lieu dans beaucoup de passages du Nouveau Testament, soit par l'Église, assistée du même Saint-Esprit, et au moyen d'un jugement solennel, ou par son autorité universelle et ordinaire ; il lui faut se convaincre que cette interprétation est la seule qu'on puisse approuver d'après les lois d'une saine herméneutique.

Sur les autres points, il devra suivre les analogies de la foi et prendre comme modèle la doctrine catholique telle qu'elle est indiquée par l'autorité de l'Église. En effet, c'est le même Dieu qui est l'auteur et des Livres sacrés, et de la doctrine dont l'Église a le dépôt. Il ne peut donc arriver, assurément, qu'une signification attribuée aux premiers et différant en quoi que ce soit de la seconde, provienne d'une légitime interprétation.

Il résulte évidemment de là qu'on doit rejeter comme insensée et fausse toute explication qui mettrait les auteurs sacrés en contradiction entre eux, ou qui serait opposée à l'enseignement de l'Église.

Celui qui professe l'Écriture Sainte doit aussi mériter cet éloge qu'il possède à fond toute la théologie, qu'il connaît parfaitement les commentaires des saints Pères, des Docteurs et des meilleurs interprètes. Telle est la doctrine de saint Jérôme et de saint Augustin, qui se plaint avec juste raison en ces termes : « Si toute science, quoique peu importante et facile à acquérir, demande, comme c'est évident, à être enseignée par un homme docte, par un maître, quoi de plus orgueilleusement téméraire que de ne pas vouloir connaître les Livres sacrés d'après l'enseignement de leurs interprètes. » Tel a été aussi le sentiment des autres Pères, qu'ils ont confirmé par des exemples : « Ils expliquaient les Écritures non d'après leur propre opinion, mais d'après les écrits et l'autorité de leurs prédécesseurs, parce qu'il était évident que ceux-ci avaient reçu pour succession des apôtres les règles pour l'interprétation des Livres sacrés. »

Le témoignage des saints Pères, - « qui après les apôtres ont été pour ainsi dire les jardiniers de la Sainte Église, ses constructeurs, ses pasteurs, l'ont nourrie, l'ont fait croître » (Saint Augustin.) - a aussi une grande autorité toutes les fois qu'ils expliquent tous d'une seule et même manière un texte biblique, comme concernant la foi ou les mœurs : car de leur accord il résulte clairement que selon la doctrine catholique, cette explication est venue telle, par tradition, des apôtres.

L'avis de ces mêmes Pères est aussi digne d'être pris en très grande considération lorsqu'ils traitent des mêmes sujets en tant que docteurs et comme donnant leur opinion

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particulière ; en effet, non seulement leur science de la doctrine révélée et la multitude des connaissances nécessaires pour interpréter les livres apostoliques les recommandent puissamment, mais encore Dieu lui-même a prodigué les secours de ses lumières à ces hommes remarquables par la sainteté de leur vie et par leur zèle pour la vérité.

Que l'interprète sache donc qu'il doit suivre leurs pas avec respect et jouir de leurs travaux par un choix intelligent. Il ne lui faut cependant pas croire que la route lui est fermée, et qu'il ne peut pas, lorsqu'un motif raisonnable existe, aller plus loin dans ses recherches et dans ses explications. Cela lui est permis, pourvu qu'il suive religieusement le sage précepte donné par saint Augustin : « ne s'écarter en rien du sens littéral et comme évident ; à moins qu'il n'ait quelque raison qui l'empêche de s'y attacher ou qui rende nécessaire de l'abandonner ». Cette règle doit être observée avec d'autant plus de fermeté, qu'au milieu d'une si grande ardeur d'innover et d'une telle liberté d'opinions, il existe un plus grave danger de se tromper.

Celui qui enseigne les Écritures se gardera aussi de négliger le sens allégorique ou analogique attaché par les saints Pères à certaines paroles, surtout lorsque cette signification découle naturellement du sens littéral et s'appuie sur un grand nombre d'autorités.

L'Église, en effet, a reçu des apôtres ce mode d'interprétation et l'a approuvé par son exemple, ainsi que cela ressort de la liturgie. Ce n'est pas que les Pères aient prétendu ainsi démontrer par eux-mêmes les dogmes de la foi, mais parce qu'ils ont expérimenté que cette méthode était bonne pour nourrir la vertu et la piété.

L'autorité des autres interprètes catholiques est à la vérité moindre ; cependant, puisque les études bibliques ont fait dans l'Église des progrès continus, il faut rendre aux commentaires de ces docteurs l'honneur qui leur est dû ; on peut emprunter à leurs travaux beaucoup d'arguments propres à repousser les attaques et à éclaircir les points difficiles.

Mais ce qui ne convient pas, c'est qu'ignorant ou méprisant les excellents ouvrages que les nôtres nous ont laissés en grand nombre, l'interprète leur préfère les livres des hétérodoxes ; qu'au grand péril de la sainte doctrine et trop souvent au détriment de la foi, il y cherche l'explication de passages au sujet desquels les catholiques ont excellemment et depuis longtemps exercé leur talent, multiplié les travaux.

Quoique, en effet, les études des hétérodoxes, sagement utilisées, puissent parfois aider l'interprète catholique, cependant il importe à celui-ci de se souvenir que, d'après des preuves nombreuses empruntées aussi aux anciens, le sens non défiguré des Saintes Lettres ne se trouve nulle part en dehors de l'Église et ne peut être donné par ceux qui, privés de la vraie foi, ne parviennent pas jusqu'à la mœlle des Écritures, mais en rongent seulement l'écorce39.

Il est surtout très désirable et très nécessaire que la pratique de la divine Écriture se répande à travers toute la théologie et en devienne pour ainsi dire l'âme : telle a été, à toutes les époques, la doctrine de tous les Pères et des plus remarquables théologiens, doctrine qu'ils ont appuyée par leur exemple. Ils se sont appliqués à établir et à affermir sur les Livres Saints toutes les vérités qui sont l'objet de la foi, et celles qui en découlent ; c'est de ces livres sacrés, comme aussi de la tradition divine, qu'ils se sont servis, afin de réfuter les nouvelles inventions des hérétiques, de trouver la raison d'être, l'explication, la liaison des dogmes catholiques.

Il n'y a rien là d'étonnant pour celui qui réfléchit à la place si considérable qu'occupent les Saints Livres parmi les sources de la révélation divine : c'est à ce point que, sans l'étude et l'usage quotidien de ceux-ci, la théologie ne pourrait être traitée d'une façon convenable et digne d'une

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telle science. Sans doute, il est bon que les jeunes gens, dans les universités et les Séminaires, soient exercés surtout à acquérir l'intelligence et la science des dogmes et que, partant des articles de la foi, ils en tirent les conséquences, par une argumentation établie selon les règles d'une philosophie éprouvée et solide. Cependant, le théologien sérieux et instruit ne doit pas négliger l'interprétation des dogmes, appuyée sur l'autorité de la Bible.

La théologie, en effet, ne tire pas ses principes des autres sciences, mais immédiatement de Dieu par la révélation. Et aussi, elle ne reçoit rien de ces sciences, comme lui étant supérieures, mais elle les emploie comme étant ses inférieures et ses servantes.

Cette méthode d'enseignement de la science sacrée est indiquée et recommandée par le Prince des théologiens, saint Thomas d'Aquin. Celui-ci, en outre, a montré comment le théologien, comprenant bien le caractère de la science qu'il cultive, peut défendre ses principes, si quelqu'un les attaque : « En argumentant, si l'adversaire accorde quelques-unes des vérités qui nous sont données par la révélation. C'est ainsi qu'au moyen de l'autorité de la Sainte Écriture, nous discutons contre les hérétiques, et au moyen d'un article de foi contre ceux qui en nient un autre. Au contraire, si l'adversaire ne croit rien de ce qui est divinement révélé, il ne reste plus à lui prouver les articles de foi par des raisonnements, mais à renverser ses raisonnements, s'il en fait contre la foi. »

Nous devons donc avoir soin que les jeunes gens marchent au combat convenablement instruits des sciences bibliques, pour ne pas qu'ils frustrent nos légitimes espérances, ni, ce qui serait plus grave, qu'ils courent sans y prendre garde le péril de tomber dans l'erreur, trompés par les fausses promesses des rationalistes et par le fantôme d'une érudition toute extérieure.

Or, ils seront parfaitement prêts à la lutte, si, d'après la méthode que Nous-même leur avons indiquée et prescrite, ils cultivent religieusement et approfondissent l'étude de la philosophie et de la théologie, sous la conduite du même saint Thomas. Ainsi ils feront de grands et sûrs progrès, tant dans les sciences bibliques que dans la partie de la théologie appelée positive.

Avoir prouvé la vérité de la doctrine catholique, avoir expliqué et éclairci cette doctrine grâce à une interprétation légitime et savante de la Bible, c'est beaucoup, certes : il reste cependant un autre point à établir, aussi important que le travail nécessaire pour y parvenir est considérable, afin que l'autorité complète des Écritures soit démontrée aussi solidement que possible.

Ce but ne pourra être atteint d'une façon pleine et entière que par le magistère propre et toujours subsistant de l'Église, qui « par elle-même, à cause de son admirable diffusion, de son éminente sainteté, de sa fécondité inépuisable en toutes sortes de biens, de son unité catholique, de sa stabilité invincible, est un grand et perpétuel motif de crédibilité, et une preuve irréfragable de sa divine mission ».

Mais puisque ce divin et infaillible magistère de l'Église repose sur l'autorité de la Sainte Écriture, il faut donc tout d'abord affirmer et revendiquer la croyance au moins humaine à celle-ci. De ces livres, en effet, comme des témoins les plus éprouvés de l'antiquité, la divinité et la mission du Christ-Dieu, l'institution de la hiérarchie de l'Église, la primauté conférée à Pierre et à ses successeurs, seront mises en évidence et sûrement établies.

Dans ce but, il sera très avantageux que plusieurs hommes appartenant aux Ordres sacrés combattent sur ce point pour la foi et repoussent les attaques des ennemis, que surtout ces hommes soient revêtus de l'armure de Dieu, suivant le conseil de l'Apôtre (Eph. VI, 13-17), et

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accoutumés aux combats et aux nouvelles armes employées par leurs adversaires. C'est là un des devoirs des prêtres, et saint Chrysostome l'établit en termes magnifiques : « Il faut employer un grand zèle, afin que la parole de Dieu habite abondamment en nous (Col. III, 16) ; nous ne devons pas, en effet, être prêts pour un seul genre de combat, variée est la guerre, multiples sont les ennemis ; ils ne se servent pas tous des mêmes armes, et ce n'est pas d'une façon uniforme, qu'ils se proposent de lutter avec nous. »

« Il est donc besoin que celui qui doit se mesurer avec tous connaisse les manœuvres et les procédés de tous, que le même manie les flèches et la fronde, qu'il soit tribun et chef de cohorte, général et soldat, fantassin et cavalier, apte à lutter sur mer et à renverser les remparts. Si le défenseur ne connaît pas, en effet, toutes les manières de combattre, le diable sait faire entrer ses ravisseurs par un seul côté, au cas où un seul est laissé sans garde, et enlever les brebis. »

Nous avons décrit plus haut les ruses des ennemis et les multiples moyens qu'ils emploient dans l'attaque : indiquons maintenant les procédés qu'on doit utiliser pour la défense.

C'est d'abord l'étude des anciennes langues orientales, et en même temps de la science que l'on appelle critique. Ces deux genres de connaissances sont aujourd'hui fort appréciés et fort estimés ; le clerc qui les possédera d'une façon plus ou moins étendue, suivant les pays où il se trouvera et les hommes avec lesquels il sera en rapport, pourra mieux soutenir sa dignité et remplir sa charge. Le ministre de Dieu doit, en effet, « se faire tout à tous », « être toujours prêt à satisfaire celui qui lui demande la raison de l'espérance qu'il a en lui-même ».

Il est donc nécessaire aux professeurs d'Écriture Sainte, et il convient aux théologiens de connaître les langues dans lesquelles les livres canoniques ont été primitivement écrits par les auteurs sacrés ; il serait de même excellent que les élèves ecclésiastiques cultivent ces langues, ceux surtout qui se destinent aux grades académiques pour la théologie.

On doit aussi avoir soin que dans toutes les académies soient établies, comme cela a déjà eu lieu avec raison pour beaucoup d'entre elles, des chaires où seront enseignées les langues anciennes, surtout les langues sémitiques et les rapports de la science avec celles-ci. Ces cours seront en première ligne à l'usage des jeunes gens désignés pour l'étude des Saintes Lettres.

Il importe que ces mêmes professeurs d'Écriture Sainte, pour la même raison, soient instruits et exercés dans la science de la vraie critique : par malheur, en effet, et pour le grand dommage de la religion, a paru un système qui se pare du nom honorable de « haute critique », et dont les disciples affirment que l'origine, l'intégrité, l'autorité de tout livre ressortent, comme ils disent, des seuls caractères intrinsèques. Au contraire, il est évident que lorsqu'il s'agit d'une question historique, de l'origine et de la conservation de n'importe quel ouvrage, les témoignages historiques ont plus de valeur que tous les autres, que ce sont ceux-ci qu'il faut rechercher et examiner avec le plus de soin.

Quant aux caractères intrinsèques, ils sont la plupart du temps bien moins importants, de telle sorte qu'on ne peut guère les invoquer que pour confirmer la thèse. Si l'on agit autrement, il en résultera de grands inconvénients.

En effet, les ennemis de la religion en conserveront plus de confiance pour attaquer et battre en brèche l'authenticité des Livres sacrés ; cette sorte de haute critique que l'on exalte arrivera enfin à ce résultat que chacun, dans l'interprétation, s'attachera à ses goûts et à une opinion préjudicielle. Ainsi, la lumière cherchée au sujet des Écritures ne se fera pas, et aucun avantage n'en résultera pour la science, mais on verra se manifester avec évidence ce caractère de

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l'erreur qui est la variété et la dissemblance des opinions. Déjà la conduite des chefs de cette nouvelle science le prouve.

En outre, comme la plupart d'entre eux sont imbus des maximes d'une vaine philosophie et du rationalisme, ils ne craindront pas d'écarter des Saints Livres les prophéties, les miracles, tous les autres faits qui surpassent l'ordre naturel. L'interprète devra lutter en second lieu contre ceux qui, abusés par leur connaissance des sciences physiques, suivent pas à pas les auteurs sacrés afin de pouvoir opposer l'ignorance que ceux-ci ont de tels faits et rabaisser leurs écrits par ce motif.

Comme ces griefs portent sur des objets sensibles, ils sont d'autant plus dangereux lorsqu'ils se répandent dans la foule, surtout parmi la jeunesse adonnée aux lettres ; dès que celle-ci aura perdu sur quelque point le respect de la révélation divine, sa foi, relativement à tous les autres, ne tardera pas à s'évanouir.

Or, il est trop évident, qu'autant les sciences naturelles sont propres à manifester la gloire du Créateur gravée dans les objets terrestres, pourvu qu'elles soient convenablement enseignées, autant elles sont capables d'arracher de l'esprit les principes d'une saine philosophie et de corrompre les mœurs lorsqu'elles sont introduites avec des intentions perverses dans de jeunes esprits.

Aussi la connaissance des faits naturels sera-t-elle un secours efficace pour celui qui enseignera l'Écriture Sainte ; grâce à elle, en effet, il pourra plus facilement découvrir et réfuter les sophismes de toutes sortes dirigés contre les Livres sacrés.

Aucun désaccord réel ne peut certes exister entre la théologie et la physique, pourvu que toutes deux se maintiennent dans leurs limites, prennent garde, suivant la parole de saint Augustin, « de ne rien affirmer au hasard et de ne pas prendre l'inconnu pour le connu ».

Si cependant elles sont en dissentiment sur un point, que doit faire le théologien ? - Suivre la règle sommairement indiquée par le même docteur. « Quant à tout ce que nos adversaires pourront nous démontrer au sujet de la nature, en s'appuyant sur de véritables preuves, prouvons-leur qu'il n'y a rien de contraire à ces faits dans nos Saintes Lettres. Mais pour ce qu'ils tireront de certains de leurs livres, et qu'ils invoqueront comme étant en contradiction avec ces Saintes Lettres, c'est-à-dire avec la foi catholique, montrons-leur qu'il s'agit d'hypothèses, ou que nous ne doutons nullement de la fausseté de ces affirmations. »

Pour bien nous pénétrer de la justesse de cette règle, considérons d'abord que les écrivains sacrés, ou plus exactement « l'esprit de Dieu, qui parlait par leur bouche, n'a pas voulu enseigner aux hommes ces vérités concernant la constitution intime des objets visibles, parce qu'elles ne devaient leur servir de rien pour leur salut ».

Aussi ces auteurs, sans s'attacher à bien observer la nature, décrivent quelquefois les objets et en parlent, ou par une sorte de métaphore, ou comme le comportait le langage usité à cette époque, il en est encore ainsi aujourd'hui, sur beaucoup de points, dans la vie quotidienne, même parmi les hommes les plus savants. Dans le langage vulgaire, on désigne d'abord et par le mot propre les objets qui tombent sous les sens ; l'écrivain sacré (et le Docteur angélique nous en avertit) s'est de même attaché aux caractères sensibles, c'est-à-dire à ceux que Dieu lui-même, s'adressant aux hommes, a indiqués suivant la coutume des hommes, pour être compris d'eux.

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Mais, de ce qu'il faut défendre vigoureusement l'Écriture Sainte, il ne résulte pas qu'il soit nécessaire de conserver également tous les sens que chacun des Pères ou des interprètes qui leur ont succédé a employés pour expliquer ces mêmes Écritures. Ceux-ci, en effet, étant données les opinions en cours à leur époque, n'ont peut-être pas toujours jugé d'après la vérité au point de ne pas émettre certains principes qui ne sont maintenant rien moins que prouvés.

Il faut donc distinguer avec soin dans leurs explications ce qu'ils donnent comme concernant la foi ou comme lié avec elle, ce qu'ils affirment d'un commun accord. En effet, pour ce qui n'est pas de l'essence de la foi, les saints ont pu avoir des avis différents, ainsi que nous-mêmes ; telle est la doctrine de saint Thomas.

Celui-ci, dans un autre passage, s'exprime avec beaucoup de sagesse en ces termes : « Pour ce qui concerne les opinions que les philosophes ont communément professées et qui ne sont pas contraires à notre foi, il me semble qu'il est plus sûr de ne pas les affirmer comme des dogmes, bien que quelquefois elles soient introduites dans le raisonnement au nom de ces philosophes, et de ne pas les noter comme contraires à la foi, pour ne pas fournir aux sages de ce monde l'occasion de mépriser notre doctrine. »

D'ailleurs, quoique l'interprète doive montrer que rien ne contredit l'Écriture bien expliquée, dans les vérités, que ceux qui étudient les sciences physiques donnent comme certaines et appuyées sur de fermes arguments, il ne doit pas oublier que parfois plusieurs de ces vérités, données aussi comme certaines, ont été ensuite mises en doute et laissées de côté. Que si les écrivains, qui traitent des faits physiques, franchissant les limites assignées aux sciences dont ils s'occupent, s'avancent sur le terrain de la philosophie en émettant des opinions nuisibles, le théologien peut faire appel aux philosophes pour réfuter celles-ci.

Nous voulons maintenant appliquer cette doctrine aux sciences du même genre et notamment à l'histoire. On doit s'affliger, en effet, de ce que beaucoup d'hommes qui étudient à fond les monuments de l'antiquité, les mœurs et les institutions des peuples, et se livrent à ce sujet à de grands travaux, ont trop souvent pour but de trouver des erreurs dans les Livres Saints, afin d'infirmer et d'ébranler complètement l'autorité des Écritures.

Quelques-uns agissent ainsi avec des dispositions vraiment trop hostiles, et jugent d'une façon qui n'est pas assez impartiale. Ils ont tant de confiance dans les livres profanes et dans les documents du passé, qu'ils les invoquent comme s'il ne pouvait exister à ce sujet aucun soupçon d'erreur, tandis qu'ils refusent toute créance aux Livres sacrés, à la moindre, à la plus vaine apparence d'inexactitude, et ce même sans aucune discussion.

À la vérité, il peut se faire que certains passages, dans l'impression des diverses éditions, ne se trouvent pas reproduits d'une façon absolument juste. C'est ce qui doit être étudié avec soin, ce qui ne doit pas être admis facilement, excepté sur les points pour lesquels le fait a été convenablement prouvé.

Il peut arriver aussi que le sens de quelques phrases demeure douteux ; pour le déterminer, les règles de l'interprétation seront d'un grand secours ; mais il serait absolument funeste soit de limiter l'inspiration à quelques parties des Écritures, soit d'accorder que l'auteur sacré lui-même s'est trompé.

On ne peut non plus tolérer la méthode de ceux qui se délivrent de ces difficultés en n'hésitant pas à accorder que l'inspiration divine ne s'étend qu'aux vérités concernant la foi et les

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mœurs, et à rien de plus. Ils pensent à tort que, lorsqu'il s'agit de la vérité des avis, il ne faut pas rechercher surtout ce qu'a dit Dieu, mais examiner plutôt le motif pour lequel il a parlé ainsi.

En effet, tous les livres entiers que l'Église a reçus comme sacrés et canoniques dans toutes leurs parties, ont été écrits sous la dictée de l'Esprit-Saint. Tant s'en faut qu'aucune erreur puisse s'attacher à l'inspiration divine, que non seulement celle-ci par elle-même exclut toute erreur, mais encore l'exclut et y répugne aussi nécessairement que nécessairement Dieu, souveraine vérité, ne peut être l'auteur d'aucune erreur.

Telle est la croyance antique et constante de l'Église, définie solennellement par les Conciles de Florence et de Trente, confirmée enfin et plus expressément exposée dans le Concile du Vatican, qui a porté ce décret absolu : « Les livres entiers de l'Ancien et du Nouveau Testament, dans toutes leurs parties, tels qu'ils sont énumérés par le décret du même Concile de Trente, et tels qu'ils sont contenus dans l'ancienne édition vulgate en latin, doivent être regardés comme sacrés et canoniques. L'Église les tient pour sacrés et canoniques non parce que, rédigés par la seule science humaine, ils ont été ensuite approuvés par l'autorité de ladite Église ; non parce que seulement ils renferment la vérité sans erreur, mais parce que, écrits sous l'inspiration du Saint-Esprit, ils ont Dieu pour auteur. »

On ne doit donc presque en rien se préoccuper de ce que l'Esprit-Saint ait pris des hommes comme des instruments pour écrire, comme si quelque opinion fausse pouvait être émise non pas certes par le premier auteur, mais par les écrivains inspirés. En effet, lui-même les a, par sa vertu, excités à écrire, lui-même les a assistés tandis qu'ils écrivaient, de telle sorte qu'ils concevaient exactement, qu'ils voulaient rapporter fidèlement et qu'ils exprimaient avec une vérité infaillible tout ce qu'il leur ordonnait et seulement ce qu'il leur ordonnait d'écrire.

Tel a été toujours le sentiment des saints Pères. « Aussi, dit saint Augustin, puisque ceux-ci ont écrit ce que l'Esprit-Saint leur a montré et leur a enjoint d'écrire, on ne doit pas dire que lui-même n'a pas écrit ; ceux-ci, comme les membres, ont mis en œuvre ce que la tête leur dictait. » Saint Grégoire le Grand s'exprime encore en ces termes : « Il est bien superflu de chercher qui a écrit ces livres puisqu'on croit fermement que l'auteur en est l'Esprit-Saint. Celui-là, en effet, a écrit qui a dicté ce qu'il fallait écrire : celui-là a écrit qui a inspiré l'œuvre. »

Il suit de là que ceux qui pensent que, dans les passages authentiques des Livres Saints, peut être renfermée quelque idée fausse, ceux-là assurément ou pervertissent la doctrine catholique, ou font de Dieu lui-même l'auteur d'une erreur. Tous les Pères et tous les docteurs ont été si fermement persuadés que les Lettres divines, telles qu'elles nous ont été livrées par les écrivains sacrés, sont exemptes de toute erreur, qu'ils se sont appliqués, avec beaucoup d'ingéniosité et religieusement, à faire concorder entre eux et à concilier les nombreux passages qui semblaient présenter quelque contradiction ou quelque divergence. (Et ce sont presque les mêmes qu'au nom de la science nouvelle, on nous oppose aujourd'hui.)

Les docteurs ont été unanimes à croire que ces Livres, et dans leur ensemble et dans leurs parties, sont également d'inspiration divine, que Dieu lui-même a parlé par les auteurs sacrés, et qu'il n'a rien pu énoncer d'opposé à la vérité.

On doit appliquer ici d'une façon générale les paroles que le même saint Augustin écrivait à saint Jérôme : « Je l'avoue, en effet, à ta charité, j'ai appris à accorder aux seuls livres des Écritures, que l'on appelle maintenant canoniques, cette révérence et cet honneur de croire très fermement qu'aucun de leurs auteurs n'a pu commettre une erreur en les écrivant. Et si je trouvais dans ces Saintes Lettres quelque passage qui me parût contraire à la vérité, je n'hésiterais

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pas à affirmer ou que le manuscrit est défectueux ou que l'interprète n'a pas suivi exactement le texte, ou que je ne comprends pas bien. »

Mais lutter pleinement et parfaitement au moyen des sciences les plus importantes pour établir la sainteté de la Bible, c'est là beaucoup plus, certes, qu'il n'est juste d'attendre de la seule érudition des théologiens. Il est donc désirable qu'ils se proposent le même but et s'efforcent de l'atteindre, les catholiques ayant acquis quelque autorité dans les sciences étrangères. Si la gloire que donnent de tels talents, n'a jamais manqué à l'Église, grâce à un bienfait de Dieu, certes elle ne lui fait pas non plus défaut maintenant. Puisse cette gloire aller toujours croissant pour l'appui de la foi.

En outre, la haine de nos défenseurs s'évanouira facilement, ou du moins, ils n'oseront plus affirmer avec tant d'assurance que la foi est ennemie de la science, lorsqu'ils verront des hommes doctes rendre à cette foi le plus grand honneur, avoir pour elle un vif respect.

Puisque ceux-là peuvent tant pour la religion, auxquels la Providence a libéralement donné un heureux talent et la grâce de professer la religion catholique, il faut qu'au milieu de cette lutte violente à laquelle donnent lieu les sciences qui touchent en quelque façon à la foi, chacun d'eux choisisse un groupe d'études approprié à son intelligence, s'applique à y exceller, et repousse, non sans gloire, les traits dirigés contre les Saintes Écritures par une science impie.

Il Nous est doux de louer ici la conduite de certains catholiques qui, afin que les savants puissent se livrer à de telles études et les faire progresser, leur fournissent des secours de toutes sortes, formant des associations auxquelles ils donnent généreusement des sommes abondantes.

C'est là un emploi de la fortune tout à fait excellent et bien approprié aux nécessités de l'époque. Moins, en effet, les catholiques doivent attendre de secours de l'État pour leurs études, et plus il convient que la libéralité privée se montre prompte et abondante ; plus il importe que ceux auxquels Dieu a donné des richesses, les consacrent à la conservation du trésor de la vérité révélée.

Mais, pour que de tels travaux profitent vraiment aux sciences bibliques, les hommes doctes doivent s'appuyer sur les principes que nous avons indiqués plus haut. Ils doivent retenir fidèlement que Dieu, créateur et maître de toutes choses, est, en même temps, l'auteur des Écritures ; rien donc ne peut se trouver dans la nature, rien parmi les monuments de l'histoire, qui soit réellement en désaccord avec celles-ci.

S'il semble y avoir quelque contradiction sur un point, il faut s'appliquer à la faire disparaître, tantôt en recourant au sage jugement des théologiens et des interprètes, pour montrer ce qu'a de vrai et de vraisemblable le passage au sujet duquel on discute, tantôt en pesant avec soin les arguments qu'on y oppose. On ne doit pas perdre pied, même lorsqu'il réside quelque apparence de vérité dans l'opinion contraire ; en effet, puisque le vrai ne peut en aucune façon contredire le vrai, on peut être certain qu'une erreur s'est glissée soit dans l'interprétation des paroles sacrées, soit dans une autre partie de la discussion ; et si l'on n'aperçoit pas assez clairement l'une de ces deux fautes, il faut attendre avant de définir le sens du texte.

De très nombreuses objections, en effet, empruntées à toutes les sciences, se sont élevées pendant longtemps et en foule contre les Écritures, et se sont entièrement évanouies comme étant sans valeur.

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De même, au cours de l'interprétation, de nombreuses explications ont été proposées au sujet de certains passages des Écritures ne concernant ni la foi ni les mœurs, qu'une étude approfondie a permis depuis de comprendre d'une façon plus juste et plus claire. En effet, le temps détruit les opinions et les inventions nouvelles, mais la vérité demeure à jamais (1).

Aussi, comme personne ne peut se flatter de comprendre toute l'Écriture, au sujet de laquelle saint Augustin, il l'avouait lui-même, « ignorait plus qu'il ne savait », que chacun, s'il rencontre un passage trop difficile pour pouvoir l'expliquer, ait la prudence et la patience demandées par ce même docteur : « Il vaut mieux, dit celui-ci, être chargé de signes ignorés mais utiles, que d'envelopper, en les interprétant inutilement, sa tête dans un filet d'erreurs, après l'avoir délivrée du joug de la soumission. »

Si Nos conseils et Nos ordres sont suivis honnêtement et sagement par les hommes qui se livrent à ces études subsidiaires, si dans leurs écrits, dans leur enseignement, dans leurs travaux, ils se proposent de réfuter les ennemis de la vérité, de prévenir chez les jeunes gens la perte de la foi, alors enfin ils pourront se réjouir de servir véritablement l'intérêt des Saintes Lettres, d'apporter à la religion catholique un appui tel que l'Église l'attend à bon droit de la piété et de la science de ses fils.

Voilà, Vénérables Frères, les avertissements et les préceptes qu'inspiré par Dieu, Nous avons résolu de vous donner en cette occasion, relativement à l'étude de l'Écriture Sainte. Il vous appartient maintenant de veiller à ce qu'ils soient observés avec le respect qui convient, de telle sorte que la reconnaissance due à Dieu pour avoir communiqué au genre humain les paroles de sa sagesse se manifeste de plus en plus, de telle sorte aussi que cette étude produise les fruits abondants que Nous souhaitons, surtout dans l'intérêt de la jeunesse destinée au ministère sacré qui est Notre vif souci et l'espoir de l'Église.

Employez avec ardeur votre autorité et multipliez vos exhortations, afin que ces études demeurent en honneur et prospèrent dans les Séminaires et dans les Universités qui dépendent de votre juridiction. Qu'elles y fleurissent purement et d'une façon heureuse, sous la direction de l'Église, suivant les salutaires enseignements et les exemples des saints Pères, suivant l'usage de nos ancêtres ; qu'elles fassent dans le cours des temps, de tels progrès qu'elles soient vraiment l'appui et la gloire de la vérité catholique, et un don divin pour le salut éternel des peuples.

Nous avertissons enfin avec un paternel amour, tous les disciples et tous les ministres de l'Église, de cultiver les Saintes Lettres avec un respect et une piété très vifs. Leur intelligence, en effet, ne peut s'ouvrir d'une façon salutaire, comme il importe, s'ils n'éloignent l'arrogance de la science terrestre, et s'ils n'entreprennent avec ardeur l'étude de « cette sagesse qui vient d'en haut ». Une fois initié à cette science, éclairé et fort, lié par elle, leur esprit aura une puissance étonnante même pour reconnaître et éviter les erreurs de la science humaine, cueillir ses fruits solides et les rapporter aux intérêts éternels. L'âme tendra ainsi avec plus d'ardeur vers les avantages de la vertu et sera plus vivement animée de l'amour divin. « Heureux ceux qui scrutent ses témoignages, qui les recherchent de tout leur cœur ! ». Et maintenant, Nous appuyant sur l'espérance du secours divin et plein de confiance en votre zèle pastoral, Nous accordons, bien volontiers en Dieu, comme gage des faveurs célestes et comme témoignage de Notre particulière bienveillance, la bénédiction apostolique, à vous tous, à tout le clergé, au peuple confié à chacun de vous. Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 18 novembre de l'année 1893, de Notre Pontificat la seizième. LÉON XIII, PAPE.

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CHAPITRE PREMIER - La Bible

1. L’HISTOIRE SAINTE.

Dieu s'est révélé aux hommes. Il leur a fait connaître un certain nombre de vérités, parmi lesquelles il en est plusieurs que leur raison n'aurait pu découvrir. L'ensemble de ces vérités s'appelle la Révélation.

Ces vérités n'ont pas été toutes révélées à la fois. La Révélation, commencée avec le premier homme, Adam, n’a été terminée que par le Fils de Dieu, Jésus-Christ. Destinée à tous les hommes, elle a dû d'abord être confiée à une race choisie, qui eut pour mission de la conserver dans son intégrité, alors que chez les autres peuples elle s'altérait par la faute des passions humaines.

Quand la révélation fut complète, Jésus-Christ institua son Eglise pour la garder au milieu des hommes. Mais, avant lui, ce fut à une race particulière, celle d'Abraham, à un peuple déterminé, le peuple israélite, que fut confiée la Révélation primitive.

La Révélation ne put se conserver, même chez ce peuple choisi, que grâce à une spéciale vigilance de Dieu. Aussi l'histoire de ce peuple n'est-elle pas, une histoire ordinaire. Elle intéresse au plus haut point l'humanité tout entière. C'est moins l'histoire des Israélites que celle de la Ré-vélation divine dans le monde ancien. Aussi l'appelle-t-on l'Histoire sainte.

2. LA BIBLE

Les faits qui composent l'histoire sainte sont racontés dans la Bible, c'est-à-dire le « Livre » par excellence. C'est Dieu même qui est l'auteur de ce livre, parce que c'est lui qui a inspiré directement ceux qui en ont écrit les diverses parties.

Les Livres saints qui composent la Bible sont de deux sortes, ceux de l'Ancien Testament et ceux du Nouveau.

L'Ancien Testament comprend des livres historiques, des livres prophétiques et des livres de morale, écrits avant la venue du Rédempteur. Le Nouveau Testament, les livres postérieurs à J.-C.

L'Ancien Testament promet et prépare l'apparition du Fils de Dieu sur la terre. Il décrit à l'avance dans quelles conditions il viendra, afin que les hommes puissent le reconnaître, et il formule les vérités fondamentales qui devaient servir de base aux rapports de l'homme avec Dieu. Ces vérités sont surtout l'unité de Dieu, créateur de l'univers, l'inanité des faux dieux adorés par les différentes nations, la chute primitive de l'homme et la venue future d'un Sauveur qui doit le racheter.

Le Nouveau Testament raconte comment s'est opérée cette rédemption, et indique les obligations morales qui en résultent pour l'humanité.

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Jésus-Christ, le Fils de Dieu incarné, fait ainsi l'objet capital de toute la Bible. Les saintes Ecritures, « en présentent un portrait vivant et palpitant, d'où rayonnent merveilleusement le soulagement des maux, l'exhortation aux vertus et l'invitation à l'amour de Dieu. »

D'après le Concile de Trente, les livres de l'Ancien Testament sont : les cinq livres de la Loi ou le Pentateuque ; Josué, les Juges, et Ruth ; les quatre livres des Rois ; les Paralipomènes ; Esdras et Néhémie ; Tobie, Judith, Esther, Job, les Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, la Sagesse, l'Ecclésiastique, les Prophéties d'Isaïe, de Jérémie et de Baruch , d Ezéchiel, de Daniel ; le livre des douze petits Prophètes, et les deux premiers livres des Macchabées.

Les livres du Nouveau Testament sont : les quatre Evangiles de saint Matthieu, de saint Marc, de saint Luc, et de saint Jean, les Actes des Apôtres, les quatorze Epîtres de saint Paul, et sept autres Epîtres, une de saint Jacques, deux de saint Pierre, trois de saint Jean, et une de saint Jude ; enfin, l'Apocalypse de saint Jean.

3. BUT DE LA BIBLE.

La Bible a donc été surtout inspirée en vue du bien spirituel et de la destinée éternelle de l'homme. Elle n'a pas pour but de révéler les secrets de la nature, dont il a plu à la Providence de laisser la conquête aux efforts de l'intelligence humaine. Les écrivains sacrés parlent de ces choses comme on le faisait de leur temps. « L'esprit de Dieu, qui parlait par leur bouche, n'a pas voulu enseigner aux hommes les vérités, concernant la constitution intime des objets visibles, parce qu'elles ne devaient leur servir de rien pour leur salut. Aussi ces auteurs, sans s'attacher à bien observer la nature, décrivent quelquefois les objets et en parlent, ou par une sorte de métaphore, ou comme le comportait le langage usité à cette époque. »

C'est donc la vérité religieuse qu'il faut avant tout chercher dans la Bible ; c'est principalement cette vérité dont Dieu a entendu prendre la responsabilité, quand il a inspiré les auteurs des Livres saints.

4. LE SURNATUREL DANS LA BIBLE

Les récits bibliques contiennent un assez grand nombre de faits extraordinaires qu'on ne peut faire rentrer dans l'ordre des choses naturelles. La nécessité de ces faits ressort du but même que Dieu se proposait. Il voulait montrer aux hommes combien il tenait à conserver parmi eux les vérités religieuses, qu'il leur avait révélées, par le soin qu'il prenait et par les merveilles qu'il opérait en faveur du peuple chargé de la garde de ces vérités.

Les miracles n'ont rien qui puisse étonner celui qui croit à la puissance et à la bonté infi-nies de Dieu. Ils ont contribué à affermir le peuple d'Israël dans l'accomplissement de sa mission providentielle, à le protéger contre l'oppression formidable des nations qui J'entouraient, et à rendre possible l'acte le plus surnaturel qui ait jamais étonné le monde, la venue sur la terre du Fils de Dieu fait homme.

5. MOÏSE

Moïse a été, par l'ordre de Dieu, le libérateur, le guide et le législateur du peuple d'Israël. Il vivait au seizième siècle avant notre ère. C'est à lui que l’histoire doit la conservation par écrit des traditions primitives de l'humanité. Ces traditions se rapportent surtout à la nature dé Dieu, à la

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création du monde et à la vie des patriarches, c'est-à-dire des principaux personnages de la race choisie de Dieu, depuis Adam jusqu'aux fils de Jacob.

Les traditions concernant l'origine de l'humanité venaient d'Adam. Transmises par lui à. ses descendants, elles se retrouvent chez les anciens peuples, mais altérées et défigurées par la Croyance a une multitude de faux dieux. Moïse a reçu la mission et la grâce de les recueillir et de les transmettre dans leur pureté primitive.

L'histoire des patriarches lui est arrivée par la tradition des ancêtres. C'était pour son peuple une histoire de famille. Le souvenir en avait été consigné dans des documents divers, dont les traces demeurent visibles dans les écrits de Moïse. Sous l'inspiration de Dieu, Moïse a fait un tout de ces traditions antiques et de ces récits transmis de bouche en bouche. Il en a composé, à la manière de son temps, un livre qu'on appelle la Genèse, c'est-à-dire « origine », parce que les origines de l'humanité et du peuple de Dieu y sont racontées.

RÉSUMÉ

Depuis Adam jusqu'à Jésus-Christ, Dieu a successivement révélé aux hommes un certain nombre de vérités. Il a confié d'abord au peuple d'Israël puis à son Eglise la garde de ce dépôt sacré.

La Bible, c'est-à-dire le livre par excellence, contient cette révélation divine. Elle se compose des livres de l'Ancien et du Nouveau Testament. Elle a été écrite sous l'inspiration de Dieu.

L'Ancien Testament promet et prépare l'apparition du fils de Dieu sur la terre.

Le Nouveau Testament raconte comment s'est opérée cette rédemption, et indique les obligations morales qui en résultent pour l'humanité.

La Bible n'a pas pour but de révéler les secrets de la nature; elle a surtout été inspirée en vue du bien spirituel et de la destinée éternelle de l'homme.

Les miracles assez nombreux qu'elle contient ne doivent pas nous étonner. Dieu peut les accomplir et il avait des raisons de le faire.

L'homme choisi par Dieu pour être le guide et le législateur d'Israël fut Moïse. Il vivait au XVIe siècle avant notre ère. Nous lui devons les 5 livres du Pentateuque.

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CHAPITRE II - La création et la chute de l’homme

6. LA CREATION.

« Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. » Dieu, seul être éternel et tout-puissant, fit de rien le ciel et la terre. Tous les êtres qui composent l’univers ont donc eu un commencement, ils doivent a Dieu leur existence et lui sont très inférieurs.

Après avoir créé la terre, Dieu l’organisa peu a peu et y fit apparaître les différents êtres qui devaient la peupler. Le premier jour, il créa la lumière ; le second, il constitua le firmament ; le troisième, il fit émerger le sol du sein des eaux et apparaître les premiers végétaux, le quatrième, il fit le soleil, la lune et les étoiles ; le cinquième, il créa les animaux qui vivent dans l’eau et dans l’air ; le sixième, les quadrupèdes et l’homme.

Et Dieu vit tout ce qu'il avait fait, et voici cela était très bon. Et il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le sixième jour.

Ainsi furent achevés le ciel et la terre, et toute leur armée. Et Dieu eut achevé le septième jour son œuvre qu'il avait faite, et il se reposa le septième jour de toute son œuvre qu'il avait faite. Et Dieu bénit le septième jour et le sanctifia, parce qu'en ce jour-là il s'était reposé de toute l'œuvre qu'il avait créée en la faisant. (Gn 1, 31 ; 2, 1-3.)

7. ADAM ET ÈVE

Dieu ne fi l’homme que le sixième jour, quand tout lu fut prêt pour le recevoir sur la terre. Il apporta a cette création un soin tout particulier ; il voulut finir par un chef d’œuvre qu’il établit roi de la création.

Puis Dieu dit : « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les animaux domestiques et sur toute la terre, et sur les reptiles qui rampent sur la terre. » Et Dieu créa l'homme à son image ; il le créa à l'image de Dieu : il les créa mâle et femelle. Et Dieu les bénit, et il leur dit : « Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et soumettez-la, et dominez sur les poissons de là mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre. »[…]

Yahweh Dieu forma l'homme de la poussière du sol, et il souffla dans ses narines un souffle de vie, et l'homme devint un être vivant. […]Yahweh Dieu dit : « Il n'est pas bon que l'homme soit seul ; je lui ferai une aide semblable â lui. » […]Alors Yahweh Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit, et il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. De la côte qu'il avait prise de l'homme, Yahweh Dieu forma une femme, et il l'amena à l'homme.[…] (Gn 1, 26-28 ; 2, 7, 18, 21, 22.)

Ainsi la femme devint la compagne inséparable de l’homme ; le mariage indissoluble était institué.

Pour ces êtres intelligents, Dieu avait disposé un séjour délicieux, où se trouvaient rassemblés tous les agréments de la nature, appelé le Paradis terrestre. L’homme, fut placé dans ce séjour pour « le cultiver et le garder » par un travail qui devait l’occuper sans le fatiguer.

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Mais la munificence de Dieu ne s’était pas bornée à des dons d’ordre naturel. Il lui plut de traiter ses deux premières créatures humaines comme ses enfants ; il aima à converser avec elles ; il éclaira leur âme de lumières que ne leur fournissait pas leur propre intelligence, pourtant si bien douée. Il leur communiqua sa propre vie en les rendant capables de connaître et d’aimer d’une façon surnaturelle.

Il leur promit de les transférer un jour dans un séjour plus parfait, le ciel, où ils jouiraient d’une intimité plus étroite avec lui et d’un bonheur définitif et parfait.

Le premier homme s’appela Adam, ou « rouge », à cause du sang qui le colorait ; il donna à la femme le nom d’Eve, qui veut dire « vie » parce que par elle la vie devait être transmise aux autres hommes.

8. LA FAUTE ORIGINELLE

Avant d’appeler Adam et Eve au bonheur définitif et parfait, Dieu voulut le leur faire mériter par l’obéissance et la reconnaissance volontaire de leur dépendance vis-à-vis de lui. Tous les fruits du paradis terrestre étaient mis à leur disposition. Mais il leur défendit de toucher à ceux d’un seul arbre qu’il leur désigna. La défense était grave, car Dieu les avertit que s’ils désobéissaient, ils MOURRAIENT un jour, comme ces animaux qu’ils avaient sous les yeux ; cette interdiction d’ailleurs était facile à observer.

Le démon, le chef des anges rebelles qui avaient été chassés du ciel, fut jaloux d’un sort si heureux. Pour porter Adam et Eve à désobéir à Dieu, il emprunta la forme d’un serpent et, s’approchant de la femme, il lui dit :

[…] Est-ce que Dieu aurait dit : « Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin ? » La femme répondit au serpent : « Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais du fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n'en mangerez point et vous n'y toucherez point, de peur que vous ne mouriez. » Le serpent dit à la femme : « Non, vous ne mourrez point ; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal. » La femme vit que le fruit de l'arbre était bon à manger, agréable à la vue et désirable pour acquérir l'intelligence ; elle prit de son fruit et en mangea ; elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea. (Gn 3, 1-6.)

Aussitôt l’intelligence et les sens des deux coupables furent bouleversés. Ils se cachèrent tout honteux, comme pour échapper au regard de Dieu. Le Seigneur alors intervint avec misé-ricorde.

Mais Yahweh Dieu appela l'homme et lui dit : « Où es-tu ? » Il répondit : « J'ai entendu ta voix, dans le jardin, et j'ai eu peur, car je suis nu ; et je me suis caché. » Et Yahweh Dieu dit : « Qui t'a appris que tu es nu ? Est-ce que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger ? » L'homme répondit : « La femme que vous avez mise avec moi m'a donné du fruit de l'arbre, et j'en ai mangé. » Yahweh Dieu dit à la femme : « Pourquoi as-tu fait cela ? » La femme répondit : « Le serpent m'a trompée, et j'en ai mangé. » Yahweh Dieu dit au serpent : « Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux domestiques et toutes les bêtes des champs ; tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras la poussière tous les jours de ta vie. Et je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité ; celle-ci te meurtrira à la tête, et tu la meurtriras au talon. » A la femme il dit : « je multiplierai tes souffrances, et spécialement celles de ta grossesse ; tu enfanteras des fils dans la douleur ; ton désir se portera vers ton mari, et il dominera sur toi. » Il dit à l'homme : « Parce que tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l'arbre au sujet duquel je t'avais donné cet ordre : Tu n'en mangeras pas, le sol est maudit à cause de toi. C'est par un travail pénible que tu en tireras , ta nourriture, tous les jours de ta vie ; il te produira des épines et des chardons, et tu mangeras l'herbe des champs. C'est à la sueur de ton visage

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que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes à la terre, parce que c'est d'elle que tu as été pris ; car tu es poussière et tu retourneras en poussière. ». (Gn 3, 9-19.)

Dieu donna à Adam et à Eve des vêtements de peaux ; puis il les chassa du paradis terrestre. Mais dans l’exercice de sa justice, Dieu n’oublia pas son infinie bonté. Il laissait aux deux malheureux l’espérance certaine d’une rédemption future. Il respecta dans leur intelligence les connaissances naturelles qu’ils avaient acquises au paradis terrestre et qui devaient leur être utiles pour vivre et faire vivre leurs enfants. A partir de ce jour, le travail leur devint pénible mais méritoire.

Et sa Providence continua à veiller sur eux pour les aider à atteindre, par le repentir et l’expiation, le but suprême auquel ils fussent si facilement et si heureusement arrivés en restant fidèles : le ciel.

La chute de nos premiers parents a laissé des traces profondes dans la conscience, si fréquemment sollicitée au mal par les instincts les plus pervers, et attirée au bien par les plus nobles aspirations. C’est la lutte de chaque jour.

9. LES PREMIERS HOMMES

Les deux premiers enfants d’Adam et Eve furent Caïn et Abel. Celui-ci, doux et pieux envers le Seigneur, menait la vie pastorale. Caïn, d’un caractère farouche, labourait la terre.

Tous deux offraient au Seigneur, l’un, des fruits de la terre, et l’autre, les premiers nés de

son troupeau. Mais, ces deux offrandes n’étaient point faites avec les mêmes sentiments. Dieu détourna sa face des dons de Caïn s’irrita. Le Seigneur lui dit : « Pourquoi es-tu colère et ton visage abattu ? Fais le bien et ton cœur se relèvera ; mais si tu fais mal, tu sera esclave du péché ; à toi de le dominer. »

Caïn n’écouta pas la voix de Dieu. Un jour, dans un accès de jalousie, il tua son frère, mais Dieu, qui voit tout vu, lui demanda aussitôt compte de son crime.

Et Yahweh dit à Caïn : « Où est Abel, ton frère ? » Il répondit : « Je ne sais pas ; suis-je le gardien de mon frère ? » Yahweh dit « Qu'as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu'à moi. Maintenant tu es maudit de la terre, qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. Quand tu cultiveras la terre, elle ne donnera plus ses fruits ; tu seras errant et fugitif sur la terre. Caïn dit à Yahweh : « Ma peine est trop grande pour que je la puisse supporter. Voici que vous me chassez aujourd'hui de cette terre, et je serai caché loin de votre face ; je serai errant et fugitif sur la terre, et quiconque me trouvera me tuera. » Yahweh lui dit « Eh bien, si quelqu'un tue Caïn, Caïn sera vengé sept fois. » Et Yahweh mit un signe sur Caïn, afin que quiconque le rencontrerait ne le tuât pas. (Gn 4, 9-15.)

Seth naquit pour remplacer Abel ; puis Adam et Eve eurent d’autres enfants, fils et filles, qui commencèrent à peupler la terre. Adam, pendant le cours de sa longue vie, eut tout le loisir de communiquer à ses fils les notions qu’il avait acquises, sur la puissance et la bonté de Dieu et sur les choses de la nature. Et ces Vérités révélées, ils les communiquèrent même aux nations païennes.

Parmi les descendants de Caïn, Hénoch, fut le premier à bâtir une, sorte de ville, Jabel éleva les troupeaux, Jubal inventa les instruments de musique, Tubalcaïn travailla les métaux et Lamech se distingua par sa férocité.

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Seth, héritier de la piété d’Abel, devint le chef de la race marquée par Dieu, pour être la dépositaire fidèle des traditions et des espérances religieuses. Parmi ses descendants furent Enos, par lequel Dieu commença à être invoqué sous le nom de IAHVÉ, Hénoch, qui dans tous ses actes s’inspira toujours de la pensée de Dieu et enfin Noé.

Tous ces patriarches vécurent de longues années. Cette longévité peut s’expliquer par des vues spéciales de Dieu et des conditions d’existence particulières à ces premiers âges. Elle était d’ailleurs nécessaire pour assurer le peuplement rapide de la terre et ne pas laisser, dans un isolement funeste, les premières générations d’hommes.

RÉSUMÉ

Au, commencement et de toute éternité, un seul Dieu existe dans la trinité de ses personnes : Père, Fils et Saint-Esprit. Parce qu’il est bienheureux, Il se suffit à lui-même.

Tous les autres êtres lui doivent leur existence. Il les a créés par pure bonté et pour sa gloire extérieure, d’un acte de sa volonté toute-puissante.

Il a créé l’homme après tous les autres êtres pour le constituer roi de la création, et lui a donné une âme immortelle capable, à l’aide de la grâce, de connaître et d’aimer son Créateur.

Il a créé également la femme qu’il lui a donnée pour compagne inséparable. De cette union sainte et indissociable est né tout le genre humain.

Il a placé Adam et Eve dans le Paradis terrestre en leur interdisant de manger du fruit d’un certain arbre. Tenté par le démon, l’homme a désobéi. En punition de sa faute, l’homme a été chassé du Paradis terrestre, privé de la grâce et soumis au mal et à la mort.

Dans sa miséricorde, Dieu lui a promis un Sauveur qui est le Christ. Les patriarches ont été bénis en vue du Messie qui devait naître dans leur famille.

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CHAPITRE III - Le déluge et les fils de Noé

10. LE DÉLUGE

La race de Seth ne fut pas fidèle a sa mission. Elle contracta des alliances avec les races descendues des autres enfants d'Adam, et dès lors le dépôt religieux qui lui était confié courut le risque d'être profondément altéré, comme l'étaient déjà les traditions primitives chez les descendants des autres fils d'Adam. Pour mettre fin à une corruption qui menaçait de faire disparaître sur la terre l'idée même du seul vrai Dieu, le Seigneur déclara à Noé, descendant de Seth, que dans cent-vingt ans, il ferait périr les hommes, à cause de leur mauvaise conduite.

Il lui ordonna en conséquence de travailler à la construction d'une grande arche de bois, pour y abriter un jour sa famille et les représentants des espèces animales.

Alors Dieu dit à Noé : « La fin de toute chair est venue devant moi, car la terre est pleine de violence à cause d'eux ; je vais les détruire, ainsi que la terre. Fais-toi une arche de bois résineux ; tu la feras composée de cellules et tu l'enduiras de bitume en dedans et en dehors. Voici comment tu la feras : la longueur de l'arche sera de trois cents coudées, sa largeur de cinquante coudées et sa hauteur de trente. Tu feras à l'arche une ouverture, à laquelle tu donneras une coudée depuis le toit ; tu établiras une porte sur le côté de l'arche, et tu feras un premier, un second et un troisième étage de cellules. Et moi, je vais faire venir le déluge, une inondation de la terre, pour détruire de dessous le ciel toute chair ayant en soi souffle de vie ; tout ce qui est sur la terre périra. Mais j'établirai mon alliance avec toi ; et tu entreras dans l'arche, toi et tes fils, ta femme et les femmes de tes fils avec toi. De tout ce qui vit, de toute chair, tu feras entrer dans l'arche deux de chaque espèce, pour les conserver en vie avec toi ; ce sera un mâle et une femelle. Des oiseaux des diverses espèces, des animaux domestiques des diverses espèces, et de toutes les espèces d'animaux qui rampent sur le sol, deux de toute espèce viendront vers toi, pour que tu leur conserves la vie. Et toi, prends de tous les aliments que l'on mange et fais-en provision près de toi, afin qu'ils te servent de nourriture, ainsi qu'à eux. » (Gn 6, 13-21.)

Noé se mit à l'œuvre et, au temps marqué, le Seigneur lui dit : « Entre dans l'arche, toi et toute ta maison, car je t'ai vu juste devant moi au milieu de cette génération. […] Car, encore sept jours et je ferai pleuvoir sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits, et j'exterminerai de la face de la terre tous les êtres que j'ai faits. »

Noé fit entrer dans l’arche des représentants des divers animaux, et lui-même y pénétra ensuite, avec sa femme, ses trois fils : Sem, Cham, Japhet et leurs femmes. Les eaux tombèrent alors pendant quarante jours et quarante nuits et inondèrent la terre partout où il se trouvait des hommes et les firent périr.

Parmi ceux-ci, il en eut qui, d'abord sourds aux avertissements de Noé, se repentirent de leurs fautes en subissant le châtiment divin ; ils purent ainsi assurer le salut de leur âme.

L'arche flottait au-dessus des eaux. Noé, sa femme, ses trois fils et leurs femmes y demeu-rèrent tant que dura le cataclysme, sur ces contrées.

Au bout de quarante jours, Noé ouvrit la fenêtre qu'il avait faite à l'arche, et lâcha le corbeau, qui sortit, allant et revenant, jusqu'à ce que les eaux fussent séchées au-dessus de la terre. Il lâcha ensuite la colombe d'auprès de lui, pour voir si les eaux avaient diminué de la surface de la terre. Mais la colombe, n'ayant pas trouvé où poser la plante de son pied, revint vers lui dans l'arche ; parce qu'il y avait encore des eaux à la surface de toute la terre.

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Il étendit la main et, l'ayant prise, il la fit rentrer auprès de lui dans l'arche. Il attendit encore sept autres jours, et il lâcha de nouveau la colombe hors de l'arche, et la colombe revint vers lui sur le soir, et voici, une feuille d'olivier toute fraîche était dans son bec ; et Noé reconnut que les eaux ne couvraient plus la terre. Il attendit encore sept autres jours, et il lâcha la colombe ; et elle ne revint plus vers lui. (Gn 8, 6-12.)

Au second mois de l'année suivante, Noé sortit lui-même de l'arche avec sa famille et il offrit des sacrifices au Seigneur pour reconnaître sa toute-puissance sur les créatures. Dieu dit alors : « Je ne maudirai plus désormais la terre à cause de l'homme, parce que les pensées du cœur de l'homme sont mauvaises dès sa jeunesse, et je ne frapperai plus tout être vivant, comme je l'ai fait. Désormais, tant que la terre durera, les semailles et la moisson, le froid et le chaud, l'été et l'hiver, le jour et la nuit ne cesseront point. »

11. NOÉ ET SES FILS

Dieu bénit Noé et Ses fils, en leur répétant ce qu'il avait dit à Adam : « Soyez féconds, multipliez et remplissez la terre. » Il assura ensuite leur domination sur tous les êtres de la création, et il ajouta : « Quiconque aura versé le sang de l'homme, par l'homme son sang sera versé, car Dieu a fait l'homme à son image. »

Pour assurer Noé et ses descendants qu'il n'y aurait plus de déluge, Dieu choisit l'arc-en-ciel comme signe de son alliance avec les hommes. « Quand j'assemblerai des nuées au-dessus de la terre, l'arc apparaîtra dans la nuée, et je me souviendrai de mon alliance entre moi et vous et tout être vivant, de toute chair […] ».

Noé avait planté et cultivé la vigne. Ignorant la force du jus du raisin, un jour il but du vin avec excès, et s'enivra. Voyant son père en cet état, Cham lui manqua alors de respect. A son réveil, Noé apprit les inconvenantes railleries de son fils, et il maudit non pas Cham, que Dieu avait béni, mais Chanaan, fils de Cham et sa race. Il dit : « Maudit soit Chanaan ! Il sera pour ses frères le serviteur des serviteurs ! Puis il dit : Béni soit Yahweh, Dieu de Sem, et que Chanaan soit son serviteur! Que Dieu donne de l'espace à Japheth, qu'il habite dans les tentes de Sem, et que Chanaan soit son serviteur ! »

12. LA TOUR DE BABEL

Les descendants des fils de Noé se multiplièrent et formèrent peu à peu des peuples divers, qui se répandirent dans les pays environnants.

Probablement plusieurs siècles après le déluge, des descendants de Sem campaient encore dans la plaine de Sennaar, ou de Babylonie. Ils résolurent de bâtir une ville, comme d’autres tribus en avaient sans doute déjà bâties et même d’élever une tour dont le sommet atteindrait jusqu’au ciel. Par là, ils comptaient s’immortaliser.

Mais Dieu, qui se complait dans la modestie des hommes, s'opposa à cette œuvre d'orgueil en confondant leur langage. Ne parlant plus la même langue et ne pouvant plus s'entendre, les ouvriers furent donc obligés de se disperser. La tour restée inachevée prit le nom de Babel, c’est-à-dire « confusion ».

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RESUME

A mesure qu'ils se multipliaient, les hommes devenaient plus méchants et perdaient la notion du vrai Dieu. Pour mettre fin à cette corruption croissante de l'esprit et du cœur, Dieu résolut de faire périr par le déluge tous les hommes, excepté Noé.

En conséquence, il ordonna à ce dernier de construire une grande arche où il devait s'enfermer, avec sa famille et des animaux de toutes les espèces.

Au bout de quarante Journées de pluie, les eaux arrivaient jusqu'au dessus des plus hautes montagnes. L'arche voguait, protégée par Dieu.

Noé en sortit, quand la terre fut desséchée, un an après y être entré. Son premier soin fut d'offrir un sacrifice à Dieu pour le remercier et reconnaître sa souveraine puissance sur toute créature.

Dieu agréa ce sacrifice, fit alliance avec Noé et ses descendants, et, en signe de cette alliance, il plaça son arc dans les nuées.

Par la bouche de Noé, Dieu maudit les descendants de Cham qui s'était permis d'inconvenantes railleries sur son père en état d'ivresse involontaire.

Plus tard quand les descendants de Noé, poussés par l'orgueil, voulurent bâtir une tour, la Tour de Babel, qui devait atteindre jusqu'au Ciel, Dieu confondit leur langage ; ne s'entendant plus entre eux, ils durent abandonner leur entreprise insensée et se dispersèrent.

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CHAPITRE IV - Abraham et ses fils

13. VOCATION D'ABRAHAM

De Tharé, descendant direct de Sem, naquit Abraham, dans une ville appelée Ur, qui paraît avoir été la capitale de la Chaldée. Elle était située sur la rive droite de l'Euphrate, à moitié chemin à peu Près entre Babylone et la mer. On y honorait d'un culte solennel le faux dieu Sin, qui n'était autre que la lune.

Tout en conservant leur foi au vrai Dieu, les ancêtres immédiats d'Abraham avaient adopté quelques regrettables usages idolâtriques. Aussi, le Seigneur voulut-il séparer complètement de sa famille et de sa nation celui qui devait être le père d'un peuple nouveau.

Tharé avait quitté Ur avec sa famille, pour émigrer dans le pays de Chanaan. Chemin fai-sant, il mourut à Haran. Dieu ordonna alors à Abraham d'abandonner sa famille et de poursuivre sa route vers le pays de Chanaan : «Va-t-en de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai et je rendrai grand ton nom. Tu seras une bénédiction : je bénirai ceux qui te béniront, et celui qui te maudira, je le maudirai, et toutes les familles de la terre seront bénies en toi.» (Gn 12, 1-3)

Abraham partit avec Sara, son épouse, et Loth son neveu. Quand il fut arrivé dans la terre de Chanaan, Dieu lui dit « tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours. » (Gn 13,15)

Une famine survenue en Chanaan l'obligea à séjourner quelque temps en Egypte. À son retour, il dut se séparer de Loth, à cause de la multiplication de leurs troupeaux qui ne trouvaient plus à vivre ensemble. Loth choisit pour lui la plaine du Jourdain et Abraham demeura dans le pays de Chanaan.

14. PROMESSES A ABRAHAM

Bientôt après, une guerre éclata et Loth fut fait prisonnier par le roi des Elamites, qui guerroyait contre des rois de Palestine. A celte nouvelle, Abraham arma ses serviteurs, poursuivit le ravisseur et ramena son neveu. A son retour, Melchisédech, roi de Salem, qui adorait le vrai Dieu, au milieu de populations adonnées à de grossières idolâtries, félicita Abraham et offrit au Seigneur un sacrifice d'actions de grâces avec du pain et au vin, vraie figure du Sacrifice de L'autel.

Sara cependant était âgée et n'avait point d'enfant. Abraham s'en désolait, Dieu lui dit : « Lève ton regard vers le ciel et compte les étoiles, si tu peux les compter. » Et il lui dit: « Telle sera ta postérité. » Désormais, ajouta-t-il, « on ne te nommera plus Abram, mais ton nom sera Abraham, car je te fais père d'une multitude de nations. Je te ferai croître extraordinairement, je ferai de toi des nations, et des rois sortiront de toi. J'établis mon alliance, entre moi et toi et tes descendants après toi, d'âge en âge, en une alliance perpétuelle, pour être ton Dieu et le Dieu de tes descendants après toi. Je te donnerai, à toi et à tes descendants après toi, le pays où tu séjournes comme étranger, tout le pays de Chanaan, en possession perpétuelle, et je serai leur Dieu. » (Gn 17 5-8)

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15. LES DEUX FILS D'ABRAHAM

Abraham crut d'une foi très ferme à la promesse divine. Mais il n'avait pas d'enfant de son épouse, Sara. Selon la coutume du temps, autorisée par Dieu, il avait fait de son esclave égyptienne, Agar, une épouse de second ordre et en avait eu un fils appelé Ismaël. Mais ce n'était pas par le fils de l'esclave que pouvait passer l'héritage des promesses divines.

Un jour qu'Abraham était assis à l'entrée de sa tente, trois étrangers vinrent lui demander l'hospitalité. C’étaient des envoyés de Dieu. Ils annoncèrent au patriarche qu'il allait enfin avoir un fils de Sara, et l'avertirent de la mission qu'ils avaient de faire périr par le feu du ciel Sodome et les villes voisines, à cause de leurs crimes.

Abraham s'approcha et dit : « Est-ce que vous feriez périr aussi le juste avec le coupable ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville : les feriez-vous périr aussi, et ne pardonnerez-vous pas à cette ville à cause des cinquante justes qui s'y trouveraient ? Loin de vous d'agir de la sorte, de faire mourir le juste avec le coupable ! Ainsi il en serait du juste comme du coupable ! Loin de vous ! Celui qui juge toute la terre ne rendrait-il pas justice ? » Yahweh dit : « Si je trouve à Sodome cinquante justes dans la ville, je pardonnerai à toute la ville à cause d'eux. » Abraham reprit et dit « Voilà que j'ai osé parler au Seigneur, moi qui suis poussière et cendre. Peut-être que des cinquante justes il en manquera cinq ; pour cinq hommes détruirez-vous toute la ville ? » Il dit : « le ne la détruirai pas, si j'en trouve quarante-cinq. » Abraham continua encore à lui parler et dit : « Peut-être s'y trouvera-t-il quarante justes » Et il dit : « je ne le ferai pas, à cause de ces quarante. » Abraham dit : « Que !e Seigneur veuille ne pas s'irriter, si je parle ! Peut-être s'en trouvera-t-il trente. » Et il dit : « je ne le ferai pas, si j'en trouve trente. » Abraham dit : « Voilà que j'ai osé parler au Seigneur. Peut-être s'en trouvera-t-il vingt. » Et il dit : « A cause de ces vingt, je ne la détruirai pas. » Abraham dit : « Que le Seigneur veuille ne pas s'irriter, et je ne parlerai plus que cette fois : Peut-être s'en trouvera-t-il dix. » Et il dit : « A cause de ces dix, je ne la détruirai point. » Yahweh s'en alla, lorsqu'il eut achevé de parler à Abraham, et Abraham retourna chez lui. (GEN., 18, 23-33.)

Dieu avait donné sa parole, la clémence eût été assurée à la prière du patriarche. Mais les dix justes faisaient défaut. Seuls, Loth et sa famille, avertis par les envoyés de Dieu, échappèrent à la catastrophe, et encore la femme de Loth paya-t-elle de sa vie sa curiosité téméraire.

Loth eut deux fils, Moab et Ammon, qui devinrent la souche de deux nations, avec lesquelles les Israélites furent en rapport.

Cependant la promesse divine s'accomplit et Sara eut un fils qui fut appelé Isaac.

Ismaël, qui avait un caractère violent, en fut jaloux, si bien qu'à la demande de Sara, Abra-ham fut obligé de l'envoyer au désert avec sa mère. Quand les provisions des deux bannis furent épuisées, Agar coucha son fils à l’ombre d'un buisson et s'éloigna en disant : «je ne veux pas voir mourir l'enfant » Mais bientôt Dieu lui rendit courage et elle trouva une source qui la ranima, elle et son fils. Ismaël grandit dans le désert qui s’étend au nord du Sinaï. Il épousa une égyptienne et devint père des arabes ismaélites.

16. L’ÉPREUVE D'ABRAHAM

A Isaac se rattachaient les espérances que Dieu avait mises au cœur du patriarche. Cependant

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Après cela, Dieu mit Abraham à l'épreuve et lui dit : « Abraham ! » Il répondit : « Me voici. » Et Dieu dit : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, et va-t'en au pays de Moriah, et là offre-le en holocauste sur l'une des montagnes que je t'indiquerai. »

Abraham se leva de bon matin et, ayant sellé son âne, il prit avec lui deux de ses serviteurs et son fils Isaac ; il fendit le bois de l'holocauste et partit pour aller au lieu que Dieu lui avait dit. Le troisième jour, Abraham, levant les yeux, aperçut le lieu de loin ; et Abraham dit à ses serviteurs : « Restez ici avec l'âne ; moi et l'enfant, nous voulons aller jusque-là et adorer, puis nous reviendrons vers vous. » Et Abraham prit le bois de l'holocauste, et le mit sur Isaac, son fils, lui-même portait dans sa main le feu et le couteau, et ils s'en allèrent tous deux ensemble.

Isaac parla à Abraham, son père, et dit: « Mon père ! » Il répondit : « Me voici, mon fils. » Et Isaac dit : « Voici le feu et le bois ; mais où est l'agneau pour l'holocauste ?" Abraham répondit : « Dieu verra à trouver l'agneau pour l'holocauste, mon fils. » Et ils allaient tous deux ensemble. Lorsqu'ils furent arrivés au lieu que Dieu lui avait désigné, Abraham y éleva l'autel et arrangea le bois ; puis il lia Isaac, son fils, et le mit sur l'autel, audessus du bois.

Et Abraham étendit la main et prit le couteau pour égorger son fils. Alors l'ange de Yahweh lui cria du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici. » Et l'ange dit « Ne porte pas la main sur l'enfant et ne lui fais rien ; car je sais maintenant que tu crains Dieu et que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique. » Abraham, ayant levé les yeux, vit derrière lui un bélier pris dans un buisson par les cornes ; et Abraham alla prendre le bélier et l'offrit en holocauste à la place de son fils. (Gn 22, 1-13)

Dieu renouvela alors à Abraham toutes les promesses qui lui avaient été faites et qui, par Isaac devaient passer à ses descendants.

« je l'ai juré par moi-même, dit Yahweh : parce que tu as fait cela, et que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique, je te bénirai; je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est au bord de la mer, et ta postérité possédera la porte de ses ennemis. En ta postérité seront bénies toutes les nations de la terre, parce que tu as obéi à ma voix. » (Gn 22, 16-18)

Sara mourut à l’âge de cent vingt-sept ans. Abraham acheta aux gens du pays une caverne à Hébron et l’y ensevelit.

Il ne voulait pas qu'Isaac épousât une Chananéenne. Il envoya son serviteur, Eliézer, en Mésopotamie, dans le pays de ses ancêtres, pour y chercher une épouse à Isaac. Arrivé près de la ville où il se rendait, Eliézer faisait cette prière : « Yahweh, Dieu d'Abraham, mon maître, veuillez me faire rencontrer aujourd'hui ce que je désire, et usez de bonté envers mon maître Abraham. Voici que je me tiens près de la source d'eau, et les filles des habitants de la ville vont sortir pour puiser de l'eau. Que la jeune fille à laquelle je dirai penche ta cruche, je te prie, pour que je boive, et qui répondra : bois, et je donnerai aussi à boire à tes chameaux, soit celle que vous avez destinée à votre serviteur Isaac ! Et par là je connaîtrai que vous avez usé de bonté envers mon maître. » (Gn 24, 12-15)

Une jeune fille se présenta bientôt, comme Eliézer l'avait souhaité. C'était Rébecca, petite-fille de Nachor, frère d'Abraham lui-même. Le serviteur exposa sa mission, raconta ce qui était arrivé à son maître dans le pays de Chanaan, et obtint Rébecca. Celle-ci suivit Eliézer et devint l'épouse d'Isaac.

Après la mort de Sara, Abraham prit lui-même une autre épouse, du nom de Cétura, et en eut des enfants qui devinrent les chefs des tribus arabes. Le principal fut Madian, père de- Madianites.

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Abraham mourut à l'âge de cent soixante-quinze ans, vers l’année 2025, et fut enseveli auprès de Sara. cent treize ans après son arrivée en Chanaan.

17. ISAAC ET SES FILS

Ce patriarche eut une vit calme qui dura cent quatre-vingts ans et qu'il passa tout entière dans le pays de Chanaan. Il eut de Rébecca deux fils jumeaux : Esaü et jacob. Ce dernier, en naissant tenait Son frère par le talon ; c'est pourquoi on lui donna le nom de Jacob, c'est-à-dire « celui qui supplante ».

Jacob fut un homme paisible. Esaü au contraire aimait le mouvement et était grand chasseur. Un jour qu'il revenait de la chasse, harassé et mourant de faim, il vendit à Jacob son droit d'aînesse pour un plat de lentilles, ce qui lui valut le nom d'Edom, le « roux ». Rébecca ne tarda pas à faire consacrer par Isaac le droit que Jacob venait d'acquérir; mais elle employa dans ce but un moyen qui n'était pas sans encourir quelque reproche.

Isaac, déjà vieux, aimait beaucoup les produits de la chasse ; il dit à Esaü : « Prends ton arc et apporte-moi ce que j'aime, pour que je mange et que je te bénisse avant de mourir. » Esaü partit. Aussitôt Rébecca tua un chevreau, l'accommoda à là manière préférée d'Isaac, fit prendre à Jacob les habits de son frère et lui couvrit le cou et les mains avec la peau du chevreau, pour le meux faire ressembler à son frère Esaü qui était velu. Puis elle lui ordonna d'aller porter le mets à son père.

Le vieillard, dont la vue était fort affaiblie par l’âge, ne fut trompé qu’à demi par ces artifices. Il bénit cependant Jacob en lui disant : « Que des peuples te servent, et que des nations se prosternent devant toi! Sois le maître de tes frères, et que les fils de ta mère se prosternent devant toi! Maudit soit qui te maudira, et béni soit qui te bénira ! » (Gn 27, 29)

Cette bénédiction assurait à Jacob le droit d’aînesse qu’Esaü lui avait si légèrement cédé, et le constituait héritier des traditions et promesses religieuses qu’Isaac avait reçues d’Abraham.

Quand Esaü apprit, à son retour, ce qui s’était passé, il fut saisi d’une violente colère et se plaignit que son frère l’eût supplanté pour la seconde fois. C’était reconnaître la validité de la cession qu’il avait faite de son droit d’aînesse. Isaac ne revint pas sur la bénédiction accordée à Jacob ; mais connaissant bien l’humeur aventureuse d’Esaü, il lui fit entendre qu’il trouverait toujours à vivre de ses armes et que la vie nomade assurerait son indépendance.

Les descendants d'Esaü, les Edomites ou Iduméens, habitèrent les montagnes stériles de la presqu'île du Sinaï. Ils ne cessèrent de se montrer hostiles aux Israélites. David les soumit, et quelques siècles après, on les distinguait à peine des tribus arabes. Jacob seul, conservait les pro-messes et les bénédictions de Dieu.

18. LA FAMILLE DE JACOB

La rancune d'Esaü était profonde. Plusieurs fois, surexcité par sa haine, il avait proféré, contre son frère, des menaces de mort. Pour éviter un malheur, leur mère persuada à Isaac d'envoyer Jacob en Mésopotamie, chez son frère Laban, qui d'ailleurs ne refuserait pas à son neveu une de ses filles en mariage. Après avoir obtenu une seconde fois la bénédiction de son père, Jacob se mit en route.

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U n soir il eut un songe mystérieux. Il vit une échelle qui allait de la terre au ciel, et sur la-quelle des anges montaient et descendaient. Au sommet de l'échelle s'appuyait le Seigneur qui, s'adressant à lui, renouvela en sa faveur les promesses faites à Abraham et à Isaac, et lui assura sa protection. A son réveil, Jacob consacra ce lieu en lui imposant le nom de Bethel, « maison de Dieu. » Le Ciel, visiblement, le protégeait.

Arrivé à Haran, chez son oncle Laban, qui avait deux filles, Lia et Rachel, Jacob consentit a le servir sept années pour obtenir la plus jeune. Ce temps écoulé, Laban lui donna frauduleusement Lia, l’aînée. Malgré ce manque de parole, Jacob s'engagea a servir encore sept ans pour avoir Rachel. Les vues intéressées de Laban n'empêchèrent point Jacob d'avoir une nombreuse famille et de s'acquérir de grandes richesses.

De Lia, il eut six fils, Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issachar, Zabulon et une fille, Dina ; de l'esclave de Rachel, Dan et Nephtali ; de l'esclave de Lia, Gad et Aser ; enfin de Rachel elle-même, un fils du nom de joseph.

La polygamie était tolérée par Dieu à cette époque, bien qu'elle fût une dérogation formelle à la loi primitive du mariage. Jésus-Christ rétablira la monogamie et rendra le mariage indissoluble.

Les Patriarches suivaient, sui, ce point, l’usage des peuples païens qui les entouraient, et la tolérance dont ils étaient l’objet avait pour but providentiel la multiplication rapide des familles appelées à constituer le peuple choisi qui adorait le vrai Dieu.

Jacob quitta enfin son oncle pour revenir auprès de son père Isaac avec sa nouvelle famille, mais il redoutait toujours la colère d'Esaü. Il supplia le Seigneur de lui venir en aide, lui disant : « Dieu de mon père Abraham, Dieu de mon père Isaac, Yahweh, qui m'avez dit : Retourne en ton pays et au lieu de ta naissance, et je te ferai du bien, je suis trop petit pour toutes les grâces et pour toute la fidélité dont vous avez usé envers votre serviteur ; car j'ai passé ce Jourdain avec mon bâton, et maintenant je suis devenu deux camps. Délivrez-moi, je vous prie, de la main de mon frère, de la main d'Esaü ; car je crains qu'il ne vienne me frapper, la mère avec les enfants. » (Gn 32, 10-12)

Dieu répondit à sa prière en l'assurant à nouveau de sa protection. Une nuit un être mystérieux lutta avec lui et à l'aurore, lui dit en le quittant : « Ton nom ne sera plus Jacob, mais Israël ». Ce nom si signifie « force de Dieu » ; il présageait à Jacob le succès qui l'attendait. Ce même jour, il se rencontra avec Esaü et la réconciliation des deux frères fut complète. Il alla ensuite se fixer à Sichem, où il acheta une terre aux gens du pays.

Quand Isaac fut proche de sa fin, Jacob partit pour Hébron, où demeurait le vieillard. En chemin, à Ephrata, près de Bethléem, Rachel mourut en mettant au monde un second fils qui fut appelé Benjamin. A Hébron, Jacob se retrouva avec Esaü, tous deux assistèrent aux derniers jours de leur père et, par piété filiale, l'ensevelirent auprès d'Abraham.

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RESUME

Les premiers hommes n'ayant point répondu aux vues du Créateur sur eux, Dieu choisit Abraham pour en faire le ère d'un peuple nouveau.

La promesse de la terre de Chanaan, l'hommage rendu par Melchisédech, des marques visibles de la protection de Dieu, la bénédiction attachée à la naissance d'Isaac, héritier des promesses, la prescription de la circoncision comme signe extérieur de l'alliance entre Dieu et le patriarche, l'épreuve à laquelle la foi d'Abraham est soumise et dans laquelle il triompha en se montrant prêt à immoler son fils Isaac, la récompense magnifique de cette obéissance par la confirmation des promesses antérieures - tous ces traits et d'autres encore attestent le rôle d'Abraham dans le plan divin : ce patriarche est vraiment le Père des croyants.

Isaac épouse Rébecca que le fidèle serviteur Eliézer a amenée de Mésopotamie et qui devint mère d'Esaü et de Jacob. Le premier vendit son droit d'aînesse pour un plat de lentilles ; et Jacob, afin de légitimer son droit, s'entendit avec sa mère pour s'assurer la bénédiction paternelle.

Fuyant la colère de son frère, Jacob se réfugia en Mésopotamie, auprès de son oncle Laban. Durant ce voyage, les promesses lui sont renouvelées : c'est de sa race que sortira le Messie.

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CHAPITRE V - Histoire de Joseph

19. JOSEPH VENDU PAR SES FRÈRES

Jacob avait une prédilection pour Joseph, le fils aîné de Rachel. Mais les frères de l'enfant, dont plusieurs se montrèrent parfois sans conscience et sans cœur, furent vite jaloux de lui. Joseph eut des songes qui présageaient sa grandeur future

Alors qu’il moissonnait avec ses frères, il voyait leurs gerbes s'incliner devant la sienne, puis le soleil, la lune et onze étoiles se prosterner devant lui. En le racontant, peut-être avec une secrète vanité, il causait ainsi l'étonnement de son père et provoquait la colère de ses frères.

« Ecoutez, je vous prie, le songe que j'ai eu : Nous étions à lier des gerbes au milieu des champs ; et voici, ma gerbe s'est levée et s'est tenue debout, et vos gerbes l'ont entourée et se sont prosternées devant elle. » Ses frères lui dirent : « Est-ce que tu régneras sur nous ? est-ce que tu nous domineras ? » Et ils le haïrent encore davantage pour ses songes et pour ses paroles. Il eut encore un autre songe, qu'il raconta à ses frères. Il dit : « J'ai eu encore un songe : le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant moi. » Il le raconta à son père et à ses frères, et son père le réprimanda, en disant : « Que signifie ce songe que tu as eu ? Faudra-t-il que nous venions, moi, ta mère et tes frères, nous prosterner à terre devant toi ? » Et ses frères furent jaloux de lui, mais son père conservait la chose dans son cœur. (Gn 37, 6-11)

Un jour, Jacob l'envoya prendre des nouvelles de ses autres fils qui faisaient paître leurs troupeaux du côté de Dothaïn. En le voyant arriver, ses frères se dirent : « Voici l'homme aux songes ; c'est bien lui qui arrive. Venez donc, tuons-le et jetons-le dans une des citernes, et nous dirons qu'une bête féroce l'a dévoré ; nous verrons ce qui en sera de ses songes ! » (Gn 37, 19-20)

Mais Ruben, l'aîné, eut pitié de son jeune frère. Espérant le délivrer, il dit : « Ne versez pas le sang ; jetez-le dans cette citerne qui est dans le désert, et ne portez pas la main sur lui. »

Et ils- suivirent cet avis charitable.

Quand Joseph fut auprès d'eux, ils se contentèrent de le dépouiller de sa tunique, ils le jetèrent dans la citerne et s'assirent pour manger. En ce moment passa une caravane d'Ismaélites, marchands qui allaient en Egypte pour vendre des parfums. A cette vue, Juda dit : « Que gagnerons-nous à tuer notre frère et à cacher son sang ? Allons le vendre aux Ismaélites et ne portons pas la main sur lui ; car il est notre frère, notre chair. » Tous approuvèrent ces paroles et Joseph, le préféré de Jacob, fut vendu vingt pièces d'argent.

Puis, après avoir trempé dans le sang d'un bouc la tunique de l'enfant, ils l'envoyèrent à Jacob, en lui faisant dire : « Voilà ce que nous avons trouvé. Ne serait-ce pas la tunique de ton fils ? » Le vieillard, s'écria aussitôt dans un transport de douleur : «C'est la robe de mon fils ! Une bête féroce l'a dévoré ! Joseph a été mis en pièces ! » Il prit le deuil et ne put se consoler d'un tel malheur.

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20. JOSEPH EN ÉGYPTE

Les Ismaélites emmenèrent Joseph eu Egypte et le vendirent à un des fonctionnaires de la cour du pharaon, appelé Putiphar. Le jeune homme se concilia bientôt les bonnes grâces de son maître, par son intelligence et son dévouement. Mais ayant, par sa vertu, excité la haine de la femme de Putiphar, il fut odieusement calomnié et jeté en prison. Là, furent enfermés à leur tour l'échanson et le panetier du pharaon.

L'échanson et le panetier du roi d'Égypte, qui étaient enfermés dans la prison, eurent tous deux un songe dans la même nuit, chacun le sien, ayant une signification différente. Joseph, étant venu le matin vers eux, les regarda ; et voici, ils étaient tristes. Il interrogea donc les officiers de Pharaon qui étaient avec lui en prison, dans la maison de son maître, et leur dit : « Pourquoi avez-vous le visage triste aujourd'hui ? » Ils lui dirent : « Nous avons eu un songe, et il n'y a personne ici pour l'expliquer. » Et Joseph leur dit : « N'est-ce pas à Dieu qu'appartiennent les interprétations ? Racontez-moi, je vous prie, votre songe. »

Le chef des échansons raconta son songe à Joseph, en disant : « Dans mon songe, voici, il y avait un cep devant moi, et ce cep avait trois branches ; il poussa des bourgeons, la fleur sortit et ses grappes donnèrent des raisins mûrs. La coupe de Pharaon était dans ma main ; je pris des raisins, j'en pressai le jus dans la coupe de Pharaon et je mis la coupe dans la main de Pharaon. »

Joseph lui dit : « En voici l'interprétation : les trois branches sont trois jours. Encore trois jours, et Pharaon relèvera ta tête et te rétablira dans ta charge, et tu mettras la coupe de Pharaon dans sa main, selon ton premier office, lorsque tu étais son échanson. Si tu te souviens de moi quand le bonheur te sera rendu, et si tu daignes user de bonté à mon égard, rappelle-moi au souvenir de Pharaon, et fais-moi sortir de cette maison. Car c'est par un rapt que j'ai été enlevé du pays des Hébreux, et ici même je n'ai rien fait pour qu'on m'ait mis dans cette prison. »

Le chef des panetiers, voyant que Joseph avait donné une interprétation favorable, lui dit : « Moi aussi, dans mon songe, voici que j'avais sur la tête trois corbeilles de pain blanc. Dans la corbeille de dessus se trouvaient toutes sortes de pâtisseries pour Pharaon, et les oiseaux les mangeaient dans la corbeille qui était sur ma tête. »

Joseph répondit : « En voici l'interprétation : les trois corbeilles sont trois jours. Encore trois jours, et Pharaon enlèvera ta tête de dessus toi et te pendra à un bois, et les oiseaux dévoreront ta chair de dessus toi. »

Le troisième jour, qui était le jour de la naissance de Pharaon, il donna un festin à tous ses serviteurs ; et il éleva la tête du chef des échansons et la tête du chef des panetiers ; il rétablit le chef des échansons dans son office d'échanson, et celui-ci mit la coupe dans la main de Pharaon ; et il fit pendre le chef des panetiers, selon l'interprétation que Joseph leur avait donnée.

Mais le chef des échansons ne parla pas de Joseph, et l'oublia. (Gn 40, 5-23)

21. LA GRANDEUR DE JOSEPH

A deux ans de là, le pharaon eut aussi un songe que ses devins ne purent lui expliquer. L'échanson se souvint alors de Joseph. Le pharaon fit venir aussitôt le jeune prisonnier et lui raconta ce qu'il avait vu dans son sommeil : sept vaches grasses dévorées par sept vaches maigres, sept épis pleins engloutis par sept épis desséchés.

Joseph dit à Pharaon : « Le songe de Pharaon est un ; Dieu a fait connaître à Pharaon ce qu'il va faire. Les sept belles vaches sont sept années, et les sept beaux épis sont sept années, c'est un seul songe. Les sept vaches chétives et laides qui montaient après elles sont sept années, et les sept épis vides, brûlés par le vent d'orient, seront

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sept années de famine. Telle est la parole que j'ai dite à Pharaon. Dieu a fait voir à Pharaon ce qu'il va faire. Voici, sept années de grande abondance vont venir dans tout le pays d'Égypte. Sept années de famine viendront ensuite, et l'on oubliera toute cette abondance dans le pays d'Égypte, et la famine consumera le pays. On ne s'apercevra plus de l'abondance à cause de cette famine qui suivra dans le pays ; tant elle sera grande. Et si le songe a été répété à Pharaon deux fois, c'est que la chose est décidée de la part de Dieu, et que Dieu se hâtera de l'exécuter. Maintenant, que Pharaon trouve un homme intelligent et sage, et qu'il l'établisse sur le pays d'Égypte. Que Pharaon établisse en outre des intendants sur le pays, pour lever un cinquième des récoltes du pays d'Égypte pendant les sept années d'abondance. Qu'ils rassemblent tout le produit de ces bonnes années qui viennent ; qu'ils fassent des amas de blé à la disposition de Pharaon, comme provisions dans les villes, et qu'ils les conservent. Ces provisions seront pour le pays une réserve pour les sept années de famine qui arriveront au pays d'Egypte, et le pays ne sera pas consumé par la famine. » (Gn 41, 25-36)

Le prince fut enchanté de l’explication et du conseil qui lui était donné. Reconnaissant en Joseph l'esprit de Dieu, qui l'éclairait et le guidait, il fit de lui l'intendant général de son royaume et commanda qu'on lui rendit les plus grands honneurs. Il changea son nom de Joseph en un nom égyptien, qui signifiait « Sauveur de la vie » et lui assigna pour épouse Aseneth, fille d'un prêtre de On, où s'élevait un superbe temple du soleil. Cette union introduisait Joseph dans la caste sacerdotale, qui avait le pas sur toutes les autres en Egypte. Le fils de Jacob était alors âgé de trente ans ; il y en avait treize qu'il avait été vendu par ses frères.

Que de traits, en cette figure présagent le Sauveur. Pendant les sept années d'abondance, Joseph fit mettre du blé en réserve dans les greniers de toutes les villes égyptiennes. C'est durant cette période que lui naquirent deux fils, qu'il nomma Manassès et Ephraïm.

La huitième année, commença la famine. Le peuple s'adressa alors au pharaon, qui se contentait de répondre .. « Allez -à Joseph ! » Celui-ci fit ouvrir les greniers et vendre le blé qui s'y conservait.

22. LES FRÈRES DE JOSEPH EN ÉGYPTE

Comme la famine sévissait aussi en Chanaan, Jacob envoya ses dix aînés pour acheter du blé eh Egypte. Arrivés devant Joseph, ils se prosternèrent sans le reconnaître. Pour les éprouver, celui-ci feignit de les traiter en espions. Ils se justifièrent en parlant de leur père, Jacob, et de leur jeune frère, Benjamin.

En voyant ses frères, Joseph les reconnut, mais il feignit d'être un étranger pour eux, et leur parla avec rudesse, en disant : « D'où venez-vous ? » Ils répondirent : « Du pays de Chanaan, pour acheter des vivres. » Joseph reconnut donc ses frères, mais eux ne le reconnurent pas. Joseph se souvint alors des songes qu'il avait eus à leur sujet, et il leur dit « Vous êtes des espions ; c'est pour reconnaître les points faibles du pays que vous êtes venus. » Ils lui répondirent : « Non, mon seigneur ; tes serviteurs sont venus pour acheter des vivres. Tous nous sommes fils d'un même homme ; nous sommes d'honnêtes gens ; tes serviteurs ne sont pas des espions. Il leur dit : « Point du tout ; vous êtes venus reconnaître les endroits faibles du pays. » Ils répondirent : « Nous, tes serviteurs, nous sommes douze frères, fils d'un même homme, au pays de Chanaan. Et voici, le plus jeune est maintenant avec notre père, et il y en a un qui n'est plus. » Joseph leur dit : « Il en est comme je viens de vous le dire vous êtes des espions. En ceci vous serez éprouvés : par la vie de Pharaon ! vous ne sortirez point d'ici que votre jeune frère ne soit venu. Envoyez l'un de vous chercher votre frère, et vous, restez prisonniers. Vos paroles seront ainsi mises à l'épreuve, et l'on verra si la vérité est avec vous ; sinon, par la vie de Pharaon ! vous êtes des espions. » Et il les fit mettre ensemble en prison pendant trois jours. Le troisième jour, Joseph leur dit : « Faites ceci et vous vivrez : je crains Dieu ! Si vous êtes d'honnêtes gens, que l'un de vous, votre frère, reste lié dans votre prison ; et vous, allez, emportez du blé pour calmer la faim de vos familles. Et amenez-moi votre plus jeune frère ; et vos paroles seront reconnues vraies, et vous ne mourrez point. » Et ils firent ainsi. Alors ils se dirent l'un à l'autre : « Vraiment

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nous sommes punis à cause de notre frère ; car nous avons vu l'angoisse de son âme, quand il nous demandait grâce, et nous ne l'avons pas écouté ! Voilà pourquoi cette détresse est venue vers nous. » Ruben, prenant la parole, leur dit : « Ne vous disais-je pas : Ne commettez pas de péché contre l'enfant ? Et vous n'avez pas écouté ; et voici, son sang est redemandé. » Ils ne savaient pas que Joseph comprenait, car ils lui parlaient par l'interprète.

Et il s'éloigna d'eux et il pleura. Etant ensuite revenu vers eux, Il leur parla ; et il prit parmi eux Siméon et le fit lier sous leurs yeux. Puis Joseph commanda qu'on remplît de blé leurs vaisseaux, qu'on remit l'argent de chacun dans son sac et qu'on leur donnât des provisions pour la route. Et il leur fut fait ainsi. (Gn 42, 7-25)

Joseph leur enjoignit de lui amener ce jeune frère et garda Siméon en otage. Les autres partirent, non sans se dire que Dieu les punissait du traitement qu'ils avaient autrefois infligé à Joseph. Leur effroi redoubla quand, au sommet de leurs sacs de blé, ils retrouvèrent l'argent qu’ils avaient apporté.

Quand Jacob apprit de ses fils les exigences de l'intendant égyptien, il leur répondit : « Mon fils ne descendra point avec vous, car son frère est mort, et lui reste seul. S'il lui arrivait malheur dans le voyage que vous allez faire, vous feriez descendre mes cheveux blancs avec douleur dans le séjour des morts. »

L'année suivante, la famine continuant, il fallut bien que le vieillard laissât partir Benjamin avec ses frères.

Joseph ordonna de les accueillir dans sa propre maison et leur fit rendre Siméon. Il leur demanda des nouvelles de leur père ; il était obligé de se dérober lui-même pour cacher ses larmes à la vue de Benjamin. On servit à tous un festin et Benjamin reçut une part cinq fois plus grande que les autres. Enfin ils purent repartir avec leurs sacs.

Sur l'ordre de Joseph, on avait mis sa coupe d'argent dans le sac de Benjamin. A quelque distance de la ville, un officier accourut pour réclamer la coupe de Joseph. Quand celle-ci eut été trouvée dans le sac de Benjamin, les onze frères revinrent tout effrayés devant Joseph qui parla de retenir Benjamin en esclavage.

23. JOSEPH RECONNU PAR SES FRÈRES

Eu entendant cet arrêt, Juda s'approchant de Joseph, dit : « Car ton serviteur a répondu de l'enfant en le prenant à mon père ; il a dit : si je ne le ramène pas auprès de toi, je serai coupable envers mon père à tout jamais. Permets donc, je te prie, que moi, ton serviteur, je reste à la place de l'enfant comme esclave de mon seigneur, et que l'enfant remonte avec ses frères. Comment pourrais-je remonter vers mon père, si l'enfant n'est pas avec moi ? Non, que je ne voie point l'affliction qui accablerait mon père ! » (Gn 45, 32-34)

Joseph ne pouvait plus contenir son émotion. Il fit sortir tous les Egytiens, puis, seul avec ses frères, il s'écria en pleurant : « je suis Joseph ! mon père vit-il encore ? » Ceux-ci restèrent interdits et muets. « Approchez-vous de moi. » ; et ils s'approchèrent. Il dit : « Je suis Joseph, votre frère, que vous avez vendu pour être mené en Egypte. Maintenant ne vous affligez pas et ne soyez pas fâchés contre vous-mêmes de ce que vous m'avez vendu pour être conduit ici ; c'est pour vous sauver la vie que Dieu m'a envoyé devant vous. Car voilà deux ans que la famine est dans ce pays, et pendant cinq années encore il n'y aura ni labour ni moisson. Dieu m'a envoyé devant vous pour vous assurer un reste dans le pays et vous faire subsister pour une grande délivrance. Et maintenant, ce n'est pas vous qui m'avez envoyé ici, mais c'est Dieu ; il m'a établi père de Pharaon, seigneur sur toute sa maison et gouverneur de tout le pays d'Egypte. Hâtez-vous de monter vers mon père, et vous lui direz : Ainsi a parlé ton fils Joseph : Dieu m'a établi seigneur sur toute l'Egypte ; descends vers moi sans tarder. Tu habiteras dans le pays de Gessen, et tu seras près de moi, toi et tes fils, et les fils de tes fils, tes brebis et

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tes bœufs, et tout ce qui est à toi. Là, je te nourrirai, car il y aura encore cinq années de famine, afin que tu ne souffres pas, toi, ta maison et tout ce qui est à toi. Voici, vos yeux voient, ainsi que les yeux de mon frère Benjamin, que c'est ma bouche qui vous parle. Racontez à man père toute ma gloire en Egypte et tout ce que vous avez vu, et faites au plus tôt descendre ici mon père. » (Gn 45, 3-13).

Il se jeta alors au cou de Benjamin et l'embrassa en pleurant. Il embrassa ensuite ses autres frères et ils s'entretinrent ensemble longuement. Informé de ce qui se passait, le pharaon tint à ce que le voyage du père de Joseph se fit avec un magnifique cortège. Jacob eut peine a croire ce que ses fils lui racontèrent ; la vue des chars égyptiens finit par le convaincre et il partit avec sa famille, composée de soixante-dix personnes.

24. LES HÉBREUX DANS LA TERRE DE GESSEN

Le pharaon fit le meilleur accueil à Jacob, alors âgé de cent-vingt ans. Il lui donna à habiter, la terre de Gessen, à l'est des bouches du Nil. Ce pays était entrecoupé de vallées très fertiles, dans lesquelles pouvaient prospérer les troupeaux des nouveaux arrivants.

D'autre part, ceux-ci se trouvaient de la sorte providentiellement isolés des Egyptiens idolâtres et d'ailleurs antipathiques aux pasteurs. C'était vers l’année 1923. Déjà, dans le pays de Chanaan, on avait coutume d'appeler les membres de la famille de Jacob les Ibrîm ou Hébreux, c'est-à-dire ceux qui venaient d' « au-delà » de l'Euphrate. On leur garda ce nom en Egypte.

Dans ce pays régnaient alors des rois ou pharaons appelés les Hyksos, qui formèrent deux

dynasties consécutives, la quinzième et la Seizième. Les Hyksos étaient des barbares venus d'Asie, qui se renforcèrent, au passage, de toutes les tribus qu'ils rencontrèrent et s'emparèrent de l'Egypte. Ils s'assimilèrent vite au peuple conquis. On conçoit qu'ils étaient disposés à bien accueillir des émigrants, comme Jacob et ses fils, qui venaient aussi d'Asie et avaient une origine semblable à la leur. Le pharaon qui régnait à l'époque de Joseph était probablement Apopi II, de la seizième dynastie.

Comme la famine continuait, les Egyptiens cédèrent successivement, pour avoir du blé, leurs troupeaux et ensuite leurs terres. Joseph fit ainsi passer tout le pays d'Egypte dans le domaine royal. Les particuliers durent désormais, pour cultiver le sol, verser au trésor une redevance. Les sujets et le pharaon n'eurent donc, qu'à se louer de Joseph qui, tout en faisant vivre le peuple durant une longue famine, avait merveilleusement accru les ressources du prince.

25. MORT DE JACOB ET DE JOSEPH

Jacob vécut dix-sept ans encore dans la terre de Gessen. Quand il toucha à la fin de sa vie, Joseph accourut avec ses deux enfants, Manassès et Ephralm. Le vieillard donna sa bénédiction suprême à ses douze fils et aux deux enfants de Joseph, comme Notre-Seigneur bénira ses Apôtres le jour de son Ascension.

A Juda il dit : « Le sceptre ne sortira pas de Juda, ni le bâton de commandement d'entre ses pieds, jusqu'à ce que vienne Celui qui doit venir et auquel les peuples obéiront. » Ces paroles désignaient Juda comme appelé à jouer un rôle prépondérant dans les destinées religieuses de son peuple et la préparation de la rédemption de tous les hommes par le Sauveur. C'était Dieu qui parlait par la bouche du vieillard, car humainement, c'est à Joseph que fussent allées toutes les préférences de Jacob.

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Quand il fut mort, ses fils, avec un long cortège de deuil, allèrent l'ensevelir à Hébron, dans la caverne de Makpelah.

Quand les frères de Joseph virent que leur père était mort, ils dirent : « Si Joseph nous prenait en haine, et nous rendait tout le mal que nous lui avons fait ! » Et ils firent dire à Joseph : « Ton père a donné cet ordre avant de mourir : Vous parlerez ainsi à Joseph : Oh ! pardonne le crime de tes frères et leur péché, car ils t'ont fait du mal ! Maintenant donc, je te prie, pardonne le crime des serviteurs du Dieu de ton père. » Joseph pleura, en entendant ces paroles. Ses pères vinrent eux-mêmes se prosterner devant lui, en disant: « Nous sommes tes serviteurs. » Joseph leur dit: « Soyez sans crainte ; car suis-je à la place de Dieu ? Vous aviez dans la pensée de me faire du mal ; mais Dieu avait dans la sienne d'en faire sortir du bien, afin d'accomplir ce qui arrive aujourd'hui, afin de conserver la vie à un peuple nombreux. Soyez donc sans crainte ; je vous entretiendrai, vous et vos enfants. » C'est ainsi qu'il les consola, en parlant à leurs cœurs. (Gn 50, 15-21)

Joseph vécut cent-dix ans et vit les enfants de ses petits-enfants. Avant de mourir, il recommanda aux siens d'emporter ses restes avec eux, quand ils partiraient pour le pays que Dieu leur donnerait un jour. Après la conquête de Chanaan, les Israélites les inhumèrent à Sichem, dans un champ acheté autrefois par Jacob.

RESUME

Des douze enfants de Jacob, Joseph, fils aîné de Rachel, était le préféré de son père, il se distinguait par sa sagesse. Des songes mystérieux lui présageaient un brillant avenir ; il en parlait, peut-être avec un sentiment de secrète vanité : en butte à la jalousie de ses frères, il fut vendu par eux comme esclave et conduit en Egypte où il devint l'intendant de Putiphar et le premier ministre du Pharaon.

Injustement accusé, il fut enfermé dans la prison royale où le Seigneur, pour récompenser sa vertu, lui accorda le don de prophétie et d'interprétation des songes. Joseph prédit en particulier qu'une famine de sept ans désolerait le pays d'Egypte.

Pharaon le chargea des approvisionnements et des distributions de blé. Joseph sauva ainsi de la mort un grand nombre d'égyptiens et ses frères eux-mêmes venus pour chercher une provision de blé.

Après les avoir soumis à une épreuve, il se fit reconnaître d'eux ; pour toute vengeance du mal qu'ils lui avaient fait, il rappela près de lui Jacob, son père, et devint le bienfaiteur insigne de toute sa famille.

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CHAPITRE VI - La Sortie d’Egypte

26. LA PERSÉCUTION

Les Hébreux restèrent 430 ans dans la terre de Gessen. Pendant cette longue période ils se multiplièrent. Tout en restant séparés des Egyptiens, ils furent cependant assez en contact avec eux pour apprendre différents métiers utiles à un peuple sédentaire et agricole.

Cependant la dynastie des Hyksos ne garda pas indéfiniment le pouvoir. Les anciens chefs égyptiens remontèrent peu à peu du pays du sud et finirent par expulser les envahisseurs asia-tiques. Deux dynasties se succédèrent sans que la réaction indigène se fit sentir aux Hébreux.

Il en fut autrement sous les princes de la dix-neuvième dynastie qui, n'ayant plus à disputer leur pouvoir à personne, songèrent à affaiblir ce peuple asiatique qui occupait Gessen, et qui, par sa multiplication, leur semblait constituer pour eux un péril de chaque instant.

Il s'éleva sur l'Egypte un nouveau roi qui ne connaissait pas Joseph. (Ex 1, 8)

C'était Séti I, auquel succéda son fils Ramsès II, qui régna soixante-six ans. Ce dernier fut grand constructeur. Il trouva à satisfaire à la fois sa politique et ses goûts en assujettissant les Hébreux à de rudes corvées, pour la construction des deux villes royales de Pithom et de Ramsès. Il les occupa, sous la surveillance d'inspecteurs malveillants, à la fabrication des briques. Il ordonna en même temps aux sages-femmes de mettre à mort tous les enfants mâles qui naîtraient chez les Hébreux. Ce moyen n'avant pas réussi à son gré, le pharaon prescrivit que ces enfants fussent jetés dans le fleuve.

27. MOÏSE

Une femme de la descendance de Lévi, désespérant de sauver le fils qui venait (le lui naître, l'exposa dans un coffre parmi les roseaux des bords du Nil. La fille du pharaon le vit, en eut pitié et le fit recueillir. L'enfant, fut appelé Moïse, nom qui signifiait en égyptien « sauvé de l'eau ».

Un homme de la maison de Lévi était allé prendre pour femme une fille de Lévi. Cette femme devint enceinte et enfanta un fils. Voyant qu'il était beau, elle le cacha pendant trois mois. Comme elle ne pouvait plus le tenir caché, elle prit une caisse de jonc et, l'ayant enduite de bitume et de poix, elle y mit l'enfant et le déposa parmi les roseaux, sur le bord du fleuve. La sœur de l'enfant se tenait à quelque distance pour savoir ce qui lui arriverait.

La fille de Pharaon descendit au fleuve pour se baigner, et ses compagnes se promenaient le long du fleuve. Ayant aperçu la caisse au milieu des roseaux, elle envoya sa servante pour la prendre. Elle l'ouvrit et vit l'enfant : c'était un petit garçon qui pleurait ; elle en eut pitié, et elle dit: « C'est un enfant des Hébreux. » Alors la sœur de l'enfant dit à la fille de Pharaon : « Veux-tu que j'aille te chercher une nourrice parmi les femmes des Hébreux pour allaiter cet enfant ? » « Va » lui dit la fille de Pharaon ; et la jeune fille alla chercher la mère de l'enfant. La fille de Pharaon lui dit : « Emporte cet enfant et allaite-le-moi ; je te donnerai ton salaire. » La femme prit l'enfant et l'allaita.

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Quand il eut grandi, elle l'amena à la fille de Pharaon, et il fut pour elle comme un fils. Elle lui donna le nom de Moïse, « car, dit-elle, je l'ai tiré des eaux. » (Ex 2, 1-10)

On l'éleva à la cour et on l'instruisit dans toute la science des Egyptiens.

Moïse avait quarante ans, quand il rencontra un Egyptien qui maltraitait un Hébreu. Il tua l'Egyptien ; puis pour se soustraire à la colère du pharaon, il s’enfuit au désert, au milieu des Madianites. Il fut accueilli par un prêtre de cette tribu, Jéthro, qui lui donna une de ses filles en mariage. Il resta au désert près de quarante ans, faisant paître les troupeaux de son beau-père.

Ramsès venait de terminer long règne quand le Seigneur se montra à Moïse, au mont Horeb, sous la forme d'un feu qui brûlait dans un buisson sans le consumer.

Moïse faisait paître le troupeau de Jéthro, son beau-père, prêtre de Madian. Il mena le troupeau au delà du désert, et arriva à la montagne de Dieu, à Horeb. L'ange de Yahweh lui apparut en flamme de feu, du milieu du buisson. Et Moïse vit, et voici, le buisson était tout en feu, et le buisson ne se consumait pas. Moïse dit: « Je veux faire un détour pour considérer cette grande vision, et voir pourquoi le buisson ne se consume point. » Yahweh vit qu'il se détournait pour regarder ; et Dieu l'appela du milieu du buisson, et dit: « Moïse ! Moïse ! » Il répondit : « Me voici. » Dieu dit: « N'approche pas d'ici, ôte tes sandales de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte. » Il ajouta: « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. » Moïse se cacha le visage, car il craignait de regarder Dieu. Yahweh dit: « j'ai vu la souffrance de mon peuple qui est en Egypte, et j'ai entendu le cri que lui font pousser ses exacteurs, car je connais ses douleurs. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens et pour le faire monter de ce pays dans une terre fertile et spacieuse, dans une terre où coulent le lait et le miel, au lieu qu'habitent les Chananéens, les Héthéens, les Amorrhéens, les Phérézéens, les Hévéens et les Jébuséens. Et maintenant voici, le cri des enfants d'Israël est venu jusqu'à moi, et j'ai vu l'oppression que font peser sur eux les Egyptiens. Et maintenant, va, je t'envoie auprès de Pharaon, pour faire sortir mon peuple, les enfants d'Israël. » Moïse dit à Dieu: « Qui suis-je, pour aller vers Pharaon et pour faire sortir d'Egypte les enfants d'Israël ? » Dieu dit: « Je serai avec toi ; et ceci sera pour toi le signe que c'est moi qui t'ai envoyé : Quand tu auras fait sortir le peuple d'Egypte, vous servirez Dieu sur cette montagne. » Moïse dit à Dieu: « Voici, j'irai vers les enfants d'Israël, et je leur dirai : Le Dieu de vos pères m'envoie vers vous. S'ils me demandent quel est son nom, que leur répondrai-je? » Et Dieu dit à Moïse: « Je suis celui qui suis » Et il ajouta : « C'est ainsi, que tu répondras aux enfants d'Israël : Celui qui est m'envoie vers vous. » Dieu dit encore à Moïse : « Tu parleras ainsi aux enfants d'Israël : Yahweh, le Dieu de vos pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob, m'envoie vers vous. C'est là mon nom pour l'éternité ; c'est là mon souvenir de génération en génération. Va, rassemble les anciens d'Israël et dis-leur : Yahweh, le Dieu de vos pères, m'est apparu, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, en disant : Je vous ai visités, j'ai vu ce qu'on vous fait en Egypte, et j'ai dit : Je vous ferai monter de l'Egypte, où l'on vous opprime, dans le pays des Chananéens, des Héthéens, des Amorrhéens, des Phérézéens, des Hévéens et des Jébuséens, dans un pays où coulent le lait et le miel. Ils écouteront ta voix, et tu iras, toi et les anciens d'Israël, vers le roi d'Egypte, et vous lui direz : Yahweh, le Dieu des Hébreux, s'est présenté à nous. Et maintenant, laisse-nous aller à trois journées de marche dans le désert, pour offrir des sacrifices à Yahweh notre Dieu. Je sais que le roi d'Egypte ne vous permettra pas d'aller, si ce n'est forcé par une main puissante. J'étendrai ma main et je frapperai l'Egypte par toutes sortes de prodiges que je ferai au milieu de lui ; après quoi, il vous laissera aller. (Ex 3, 1-20)

Il lui indiqua ensuite comment il devait S'y prendre pour vaincre la résistance du pharaon, lui promit d'être avec lui, et comme Moïse objectait sa difficulté de parole, lui dit de recourir à son frère Aaron pour s'adresser au roi d'Egypte.

Moïse répondit, en disant: « Ils ne me croiront pas et ils n'écouteront pas ma voix ; mais ils diront : Yahweh ne t'est point apparu. Yahweh lui dit: « Qu'y a-t-il dans ta main ? » Il répondit : « Un bâton. » Et Yahweh dit : jette-le à terre. « Il le jeta à terre, et le bâton devint un serpent, et Moïse s'enfuyait devant lui.

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Yahweh dit à Moïse : « Etends ta main, et saisis-le par la queue - et il étendit la main et le saisit, et le serpent redevint un bâton dans sa main -, afin qu'ils croient que Yahweh, le Dieu de leurs pères, t'est apparu, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. Yahweh lui dit encore : « Mets ta main dans ton sein ». Il mit sa main dans son sein, puis il l'en retira et voici qu'elle était couverte de lèpre, blanche comme la neige. Yahweh dit : « Remets ta main dans ton sein - et il remit sa main dans son sein, puis il la retira de son sein, et voici qu'elle était redevenue semblable à sa chair. - S'ils ne te croient pas, et s'ils n'écoutent pas la voix du premier signe, ils croiront à la voix du second. Et s'ils ne croient pas même à ces deux signes, et n'écoutent pas ta voix, tu prendras de l'eau du fleuve, et tu la répandras sur le sol, et l'eau que tu auras prise du fleuve deviendra du sang sur la terre. » Moïse dit à Yahweh : « Ah ! Seigneur, je ne suis pas un homme à la parole facile, et cela dès hier et dès avant-hier, et même encore depuis que vous parlez votre serviteur ; j'ai la bouche et la langue embarrassées. » Yahweh lui dit: « Qui a donné la bouche à l'homme, et qui rend muet ou sourd, voyant ou aveugle ? N'est-ce pas moi, Yahweh ? Va donc, je serai avec ta bouche et je t'enseignerai ce que tu devras dire. » Moïse dit: « Ah ! Seigneur, envoyez votre message par qui vous voudrez l'envoyer. » Alors la colère de Yahweh s'enflamma contre Moïse, et il dit: « N'y a-t-il pas Aaron, ton frère, le Lévite ? Je sais qu'il parlera facilement, lui. Et même, voici qu'il vient à ta rencontre et, en te voyant, il se réjouira dans son cœur. Tu lui parleras et tu mettras les paroles dans sa bouche, et moi je serai avec ta bouche et avec sa bouche, et je vous enseignerai ce que vous aurez à faire. C'est lui qui parlera pour toi au peuple ; il te servira de bouche, et tu lui seras un Dieu. Quant à ce bâton, prends-le dans ta main ; c'est avec quoi tu feras les signes. » (Ex 4, 1-17)

Le pharaon Ménephtah I avait succédé à son père Ramsès II. Moïse et Aaron allèrent le trouver et lui demandèrent l'autorisation de conduire les Hébreux dans le désert, par ordre de Iahvé. Pour toute réponse, le pharaon commanda aux surveillants de rendre plus dur le travail imposé aux Hébreux, et de les traiter avec une extrême rigueur.

Alors Dieu prescrivit à Moïse d'intervenir avec la puissance qu'il mettait entre ses mains.

28. LES PLAIES D'ÉGYPTE

Pour triompher de l'obstination du pharaon, Moïse déchaîna sur l'Egypte des fléaux divers. Il donna aux eaux du Nil l'apparence du sang, Un phénomène analogue se produisait annuellement, au moment de la crue, en juillet ; mais on était alors en février. Les grenouilles pullulèrent et envahirent toutes les demeures ; les moustiques firent cruellement souffrir les hommes et les animaux ; puis les mouches continuèrent les mêmes ravages.

Les magiciens du pharaon imitèrent les deux premiers fléaux, mais ne purent réussir pour les suivants. Ménephtah. promettait tout pour être délivré, puis il revenait sur sa parole.

De nouvelles plaies succédèrent alors aux précédentes : une peste fondit sur les animaux, une épidémie atteignit à la fois les hommes et les animaux, et une grêle accompagnée d'un orage effroyable, phénomène extrêmement rare en Egypte, ravagea toutes les campagnes. Le pharaon ne se rendant pas encore, les sauterelles envahirent le pays, et enfin le chamsin, le vent brûlant du désert, embrasa l'atmosphère, la remplit d'une poussière enflammée et irrespirable, et acheva de tout ruiner.

Les Egyptiens étaient ainsi châtiés de leur cruauté envers les Hébreux. Le Nil et les ani-maux qu'ils adoraient devenaient les instruments de leur punition, et, à la voix de Moïse parlant au nom de Dieu, des fléaux redoutables accablaient le pays avec une intensité et une précision qui faisaient dire aux magiciens eux-mêmes : « Le doigt de Dieu est là! »

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29. LA PREMIÈRE PÂQUE

Le pharaon refusait toujours de laisser partir les Israélites au désert. Avant d'en venir à une dixième plaie, qui devait atteindre le prince lui-même dans ses plus chères affections, le Seigneur fit ordonner à son peuple de se réunir par familles. Dans chaque famille, « on devait tuer un agneau le soir, d'un même jour, le faire rôtir sans briser aucun de ses os, le manger et marquer de son sang la porte de la maison. Cet agneau fut appelé la Pâque, c'est-à-dire le « passage du Seigneur. »

Yahweh dit à Moïse et à Aaron dans le pays d'Egypte : « Que ce mois-ci soit pour vous le commencement des mois ; il sera pour vous le premier des mois de l'année. Parlez à toute l'assemblée d'Israël, et dites : Le dixième jour de ce mois, que chacun prenne un agneau par famille, un agneau par maison. Si la maison est trop peu nombreuse pour un agneau, on le prendra en commun avec le voisin le plus proche, selon le nombre des personnes ; vous compterez pour cet agneau d'après ce que chacun peut manger. Ce sera un agneau sans défaut, mâle, âgé d'un an ; vous prendrez, soit un agneau, soit un chevreau. Vous le garderez jusqu'au quatorzième jour de ce mois, et toute l'assemblée d'Israël l'immolera entre les deux soirs. On prendra de son sang, et on en mettra sur les deux montants et sur le linteau de la porte, dans les maisons où on le mangera. On en mangera la chair cette nuit-là ; on la mangera rôtie au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères. Vous n'en mangerez rien cru ou bouilli dans l'eau, mais tout sera rôti au feu, tête, jambes et entrailles. Vous n'en laisserez rien jusqu'au matin, et, s'il en reste quelque chose, vous le brûlerez au feu. Vous le mangerez ainsi : les reins ceints, les sandales aux pieds, et le bâton à la main, et vous le mangerez à la hâte. C'est la Pâque de Yahweh. Je passerai cette nuit-là, par le pays d'Egypte, et je frapperai de mort tous les premiers-nés du pays d'Egypte, depuis les hommes jusqu'aux animaux, et j'exécuterai des jugements sur tous les dieux de l'Egypte, je suis Yahweh. Le sang sera un signe en votre faveur sur les maisons où vous êtes : je verrai le sang et je passerai par-dessus vous, et il n'y aura point pour vous de plaie meurtrière quand je frapperai le pays d'Egypte. Vous conserverez le souvenir de ce jour, et vous le célébrerez par une fête en l'honneur de Yahweh ; vous le célébrerez de génération en génération comme une institution perpétuelle. (Ex 12, l-14)

La nuit, en effet, Dieu passa et le premier-né de chaque famille égyptienne fut, trouvé mort.

Ce ne fut qu'un cri de douleur dans toute L'Egypte, de la demeure du Pharaon à celle de ses derniers sujets. Ménephtah pressa Moïse et Aaron de partir avec tout leur peuple, dans les conditions qu'ils voulaient.

Les Egyptiens mêlèrent de toutes parts leurs instances à celles de leurs princes ; pour se débarrasser au plus tôt d'hôtes devenus si importuns, ils leur abandonnèrent tout ce qu'ils demandèrent, ustensiles d'or et d'argent et vêtements de toutes sortes. Ce n'était là qu'une faible rémunération pour tant de durs travaux, exécutés par les Hébreux depuis un si grand nombre d'années.

30. LE DÉPART D'ÉGYPTE

Les Hébreux qui se tenaient prêts depuis plusieurs semaines, partirent aussitôt, emportant dans leurs manteaux une provision de pâte de farine non fermentée. Ils quittèrent Ramsès au nombre d'environ six cent mille hommes en état de porter les armes, sans tenir compte des femmes et des enfants. Cet accroissement, au bout de plus de quatre siècles, des soixante-dix personnes de la famille de Jacob n'a rien que de normal, Dieu d'ailleurs avait lui-même promis d'en faire un grand peuple.

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Résumé de l’Ancien testament 49

Avec les Hébreux partit une foule considérable de gens qui voulaient échapper aussi à l’oppression égyptienne et partager le sort des fugitifs. D'innombrables troupeaux les accompagnaient. Les descendants de Joseph n'avaient pas omis d'emporter avec eux les ossements de leur illustre ancêtre ainsi que celui-ci l'avait recommandé. (1493 av. J.-C.)

Dieu ne voulut pas, que l’immense caravane, prit immédiatement le chemin, du pays de Chanaan. Les Israélites n'eussent pas été encore en état de faire une longue guerre de conquête. Il leur fallait auparavant être disciplinés et formés, en corps de nation par la main de Moïse.

De Pithom et de Ramsès, ils firent une première station à Socoth et une seconde à Etham, aux confins du désert. Le Seigneur leur marquait visiblement sa protection en les faisant précéder d'une colonne de nuée qui les guidait et devenait lumineuse pendant la nuit.

A Etham, ils durent changer de direction et se porter vers le sud, à Pihahiroth, sur le bord de la mer Rouge, qui s'avance à cet endroit en golfe assez étroit. Peut-être aussi fut-il nécessaire de suivre ce chemin pour se tenir à la portée des canaux d'eau douce, dont ne pouvait naturelle-ment se passer une pareille multitude.

Mais depuis la nuit fatale où les premiers-nés d'Egypte avaient été frappés à mort,1e pharaon vite oublieux des maux de son peuple, regrettait de n'avoir plus à son service ces milliers d'esclaves qui venaient de s'échapper. Informé de leur marche, il les crut égarés dans le désert. L'idée lui vint aussitôt de les poursuivre et de les ramener. Il fit atteler ses chars de guerre, les garnit de combattants et les lança à la poursuite des Hébreux.

Ceux-ci se virent tout d'un coup enfermés entre la mer Rouge et l'armée égyptienne, sans aucun espoir de pouvoir s'échapper.

N'y avait-il donc pas des sépulcres en Egypte, que tu nous aies menés mourir au désert ? Que nous as-tu fait, en nous faisant sortir d'Egypte ? N'est-ce pas là ce que nous te disions en Egypte : Laisse-nous servir les Egyptiens, car il vaut mieux pour nous servir les Egyptiens que de mourir au désert ? (Ex 14, 11-12)

s'écrièrent les malheureux fugitifs.

« N'ayez point de crainte, restez en place, et regardez le salut que Yahweh va vous accorder en ce jour. » (Ex 14, 13)

Ils ne pouvaient en effet, que périr, sans l'intervention directe de Iahvé.

31. LE PASSAGE DE LA MER ROUGE

Sur l'ordre de Moïse, les Hébreux se mirent en marche du côté de, la mer. A leur approche et au signal donné par Moïse sur l’ordre de Dieu, celle-ci se retira, leur laissant le passage libre.

Un vent d'orient souffla ensuite toute la nuit avec impétuosité, laissant à sec un large chemin entre les eaux refoulées à droite et à gauche.

Pendant. que s'effectuait le passage de l’immense caravane, la colonne de nuée se tenait a l'arrière des Hébreux et dissimulait leur mouvement aux Egyptiens. Quand ceux-ci s'aperçurent enfin de la marche en avant des fugitifs, ils n'hésitèrent pas à s'engager sur leurs traces. C'est là

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Résumé de l’Ancien testament 50

que les attendait le Seigneur. Les eaux revinrent avant qu'ils pussent se dérober, et les chars du pharaon furent engloutis parles flots.

Sur l'autre rive, les Hébreux chantèrent leur reconnaissance au Seigneur :

Je chanterai à Yahweh, car il a fait éclater sa gloire : il a précipité dans la mer cheval et cavalier. (Ex 15, 1)

Ils ne se lassèrent jamais de célébrer cet événement comme un des signes les plus manifestes de la protection de DIEU Sur eux :

Par ton bras, tu as délivré ton peuple,

Les fils de Jacob et de Joseph…

Les eaux t'ont vu, ô Dieu,

Les eaux t'ont vu, et elles ont tremblé …

Les abîmes se sont émus.

Les nuées déversèrent leurs eaux,

les nues firent entendre leur voix,

Et tes flèches volèrent de toutes parts.

Ton tonnerre retentit dans le tourbillon ;

Les éclairs illuminèrent le monde ;

Ta terre frémit et trembla.

La mer fut ton chemin,

Les grandes eaux ton sentier,

Et 1'on ne put reconnaître tes traces.

Tu as conduit ton peuple comme un troupeau,

Par la main de Moïse et d'Aaron. (Ps 76, 16-21)

Quand Israël sortit d'Egypte,

[…]

La mer le vit et s'enfuit,

[…] (Ps 113 [Vulg. 114], 1, 3)

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Résumé de l’Ancien testament 51

Il fit sortir Israël du milieu d'eux, car sa miséricorde est éternelle.

D'une main forte et d'un bras étendu, car sa miséricorde est éternelle.

A celui qui divisa en deux la mer Rouge, car sa miséricorde est éternelle.

Qui fit passer Israël au travers, car sa miséricorde est éternelle.

Et précipita Pharaon et son armée dans la mer Rouge,

Car sa miséricorde est éternelle. (Ps 136 [Vulg. 135] ; 10-15)

Il n’est pas possible aujourd’hui de déterminer l’endroit exact de passage, parce que la configuration du sol a été modifiée et que la mer s’est retirée en laissant derrière elle les Lacs Amers. Il est indubitable que Moïse, venant du Nord-Ouest, a dû chercher à faire doubler par son peuple la pointe septentrionale du Golf de Suez, afin d’arriver directement au désert d’Arabie. C’est là que les Egyptiens ont surpris et enveloppé les Hébreux, ne leur laissant pas d’autre issue du côté de la mer.

La multitude des fugitifs avait passé pendant la seconde moitié de la nuit. Mais les conditions de leur délivrance furent telles, qu’ils y reconnurent une intervention surnaturelle de Dieu et, dans tout le cours de leur histoire, gardèrent cette conviction que le Seigneur avait fait un acte spécial de puissance pour délivrer son peuple de la main de ses ennemis.

Cantique de Moïse

Alors Moïse et les enfants d'Israël chantèrent ce cantique à Yahweh ; ils dirent : Je chanterai à Yahweh, car il a fait éclater sa gloire : il a précipité dans la mer cheval et cavalier.

Yahweh est ma force et l'objet de mes chants ; c'est lui qui m'a sauvé ; c'est lui qui est mon Dieu : je le célébrerai ; le Dieu de mon père : je l'exalterai.

Yahweh est un vaillant guerrier ; Yahweh est son nom.

Il a jeté dans la mer les chars de Pharaon et son armée ; l'élite de ses capitaines a été engloutie dans la mer Rouge.

Les flots les couvrent ; ils sont descendus au fond des eaux comme une pierre.

Ta droite, ô Yahweh, s'est signalée par sa force, ta droite, ô Yahweh, a écrasé l'ennemi.

Dans la plénitude de ta majesté, tu renverses tes adversaires ; tu déchaînes ta colère, elle les consume comme du chaume.

Au souffle de tes narines, les eaux se sont amoncelées. Les flots se sont dressés comme un monceau ; les vagues se sont durcies au sein de la mer.

L'ennemi disait : « Je poursuivrai, j'atteindrai, je partagerai les dépouilles, ma vengeance sera assouvie, je tirerai l'épée, ma main les détruira. »

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Tu as soufflé de ton haleine, la mer les a couverts, ils se sont enfoncés, comme du plomb, dans les vastes eaux.

Qui est comme toi parmi les dieux, ô Yahweh ? Qui est comme toi, auguste en sainteté, redoutable à la louange même, opérant des prodiges ?

Tu as étendu ta droite, la terre les a engloutis.

Par ta grâce tu conduis ce peuple que tu as délivré ; par ta puissance tu le diriges vers ta demeure sainte.

Les peuples l'ont appris, ils tremblent ; la terreur s'empare des Philistins ;

Déjà les princes d'Edom sont dans l'épouvante ; l'angoisse s'empare des forts de Moab ; tous les habitants de Chanaan ont perdu courage,

La terreur et la détresse tomberont sur eux; par la grandeur de ton bras, ils deviendront immobiles comme une pierre jusqu'à ce que ton peuple ait passé, ô Yahweh, jusqu'à ce qu'il ait passé, le peuple que tu as acquis.

Tu les amèneras et les établiras sur la montagne de ton héritage, au lieu dont tu as fait ta demeure, ô Yahweh, au sanctuaire, Seigneur, que tes mains ont préparé.

Yahweh règnera à jamais et toujours ! (Ex 15, 1-21)

RESUME

Les descendants de Jacob se multiplièrent dans la terre de Gessen. Au contact des Egyptiens, ils apprirent différents métiers. Les rois les assujettirent à de pénibles corvées et en particulier à la fabrication des briques ; puis, ils donnèrent l’ordre de faire périr tous les enfants mâles des Hébreux.

Une mère, pour sauver son fils, l’exposa dans une corbeille sur les eaux du Nil. L’enfant, recueilli par la fille du pharaon fut appelé Moïse. Elevé à la cour, où on lui enseigna toutes les sciences de l’époque, à quarante ans il se retire dans le désert pour y garder les troupeaux de Jéthro, dont il avait épousé la fille.

Le Seigneur lui apparaît au mont Horeb. Sur son ordre, Moïse va trouver Pharaon, qui refuse d’abord de laisser les Hébreux sortir d’Egypte.

Alors, Moïse, aidé de son frère Aaron, frappe l’Egypte de dix plaies. Après la dixième, la mort du premier-né de chaque famille égyptienne, Pharaon, saisi de frayeur, permet aux Hébreux de se diriger vers le désert.

Dans leur marche, Dieu les protège et les guide à l’aide d’une nuée lumineuse. Ils traversent la mer Rouge à pieds secs, tandis que l’armée de Pharaon, qui voulut s’élancer à leur poursuite, périt toute entière sous les eaux. Les Hébreux chantèrent leur reconnaissance envers Dieu dans des hymnes d’allégresse.

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CHAPITRE VII - Le séjour au désert

32. LA NOURRITURE

Moïse, délivré de tout souci du côté des Egyptiens, se trouvait à la tète d'une multitude d'environ deux millions de personnes. C'était tout un peuple qui émigrait. L'histoire signale plus d'une fois des hordes de barbares plus nombreux encore qui se portaient assez rapidement d'une contrée dans une autre.

Une première difficulté consistait à assurer les subsistances, surtout dans le désert de la presqu'île sinaïtique à travers lequel on s'engageait.

Il fallait d'abord de l'eau potable. On la trouvait aux sources, parfois éloignées les unes des autres. Dès, les premiers jours, on rencontra les eaux de Marah, dont le peuple ne put boire, à cause de leur amertume. Moïse les adoucit en jetant un bois que lui indiqua le Seigneur.

Bientôt après, la rareté de la nourriture porta le peuple à murmurer. Le soir, un vol énorme de cailles s'abattit sur le camp, puis le lendemain matin, la terre apparut couverte d'une substance semblable à de la gelée blanche. Man-hou, qu'est cela ? s'écrièrent les Hébreux. C'était la nourriture quotidienne que le Seigneur allait lent donner durant leur séjour au désert. La question man-hou ? lui valut le nom de manne, Elle avait le goût des gâteaux de miel. Cette nourriture fut un don miraculeux de Dieu. Les Hébreux chantaient au temps de David :

Cependant il commanda aux nuées d'en haut,

Et il ouvrit les portes du ciel ;

Il fit pleuvoir sur eux la manne pour les nourrir,

Et leur donna le froment du ciel.

Chacun mangea le pain des forts,

Il leur envoya de la nourriture à satiété. (Ps 78 [Vulg. 77], 23-25)

Autant d'expressions figurées que l'Eglise conservera pour désigner l’Eucharistie.

Au campement de Raphidim, l'eau fit totalement défaut. Sur l'ordre de Dieu, Moïse frappa le rocher et elle jaillit.

Toute l'assemblée des enfants d'Israël partit du désert de Sin, selon les marches que Yahweh lui ordonnait, et ils campèrent à Raphidim, où le peuple ne trouva point d'eau à boire.

Alors le peuple chercha querelle à Moïse, en disant : « Donnez-nous de l'eau à boire. » Moïse leur répondit : « Pourquoi me cherchez-vous querelle ? Pourquoi tentez-vous Yahweh ? »

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Et le peuple était là, pressé par la soif, et il murmurait contre Moïse ; il disait : « Pourquoi nous as-tu fait monter hors d'Egypte, pour nous faire mourir de soif avec mes enfants et mes troupeaux ? »

Moïse cria vers Yahweh, en disant: « Que ferai-je pour ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront. »

Yahweh dit à Moïse : « Passe devant le peuple et prends avec toi des anciens d'Israël ; prends aussi dans ta main ton bâton, avec lequel tu as frappé le fleuve, et va.

Voici, je me tiendrai devant toi sur le rocher qui est en Horeb ; tu frapperas le rocher, et il en sortira de l'eau, et le peuple boira. » Moïse fit ainsi en présence des anciens d'Israël.

Et il donna à ce lieu le nom de Massah et Méribah, parce que les enfants d'Israël avaient contesté, et parce qu'ils avaient tenté Yahweh en disant: « Yahweh est-il au milieu de nous, ou non ? » (Ex 17, 1-7)

33. LES TRIBUS DU DÉSERT

Deux tribus principales occupaient la presqu'île du Sinaï, les Amalécites et les Madianites. Les premiers ne virent pas d'un bon œil une telle invasion d'étrangers. Ils tentèrent de les arrêter par la force. Josué, à la tête des hommes armés, fut chargé par Moïse de soutenir leur choc. Pendant ce temps, Moïse et Aaron, sur le haut d'une colline, se mirent en Prière. Le premier tenait les mains élevées vers le ciel, et quand la fatigue l'obligeait à les abaisser, les Amalécites pre-naient le dessus. On soutint ses bras, et les Amalécites furent mis en déroute. L'union des armes et des prières avait fléchi le Ciel en faveur des Hébreux.

Les Madianites n'eurent pas cette attitude hostile. Moïse retrouvait d'ailleurs parmi eux son beau-père, Jéthro, sa propre femme et ses deux fils. Témoin de la peine que Moïse se donnait pour régler les différends qui s'élevaient parmi le peuple, Jéthro lui conseilla d'établir une hiérarchie d'hommes qui seraient chargés de rendre la justice et de diriger chacun un groupement distinct. Ce conseil fut suivi.

34. LE SINAÏ

Trois mois après la sortie d'Egypte, on campa auprès de la montagne du Sinaï, vers le sud de la presqu'île. Dieu appela Moïse sur la montagne, et, au milieu des éclairs, des tonnerres et de manifestations grandioses, il donna les dix commandements ou Décalogue :

Et Yahweh dit à Moïse : « Va vers le peuple, et sanctifie-les aujourd'hui et demain, et qu'ils lavent leurs vêtements. Qu'ils soient prêts pour le troisième jour ; car le troisième jour Yahweh descendra, aux yeux de tout le peuple, sur la montagne de Sinaï. Tu fixeras au peuple une limite à l'entour, en disant : « Gardez-vous de monter sur la montagne ou d'en toucher le bord ; quiconque touchera la montagne sera mis à mort. » On ne mettra pas la main sur lui, mais on le lapidera ou on le percera de flèches ; bête ou homme, il ne doit pas vivre. Quand la trompette sonnera, ils monteront sur la montagne. »

Moïse descendit de la montagne vers le peuple ; il sanctifia le peuple, et ils lavèrent leurs vêtements. Puis il dit au peuple: « Soyez prêts dans trois jours ; ne vous approchez d'aucune femme. » Le troisième jour au matin, il y eut des tonnerres, des éclairs, une nuée épaisse sur la montagne, et un son de trompe très fort, et tout le peuple qui était dans le camp trembla. Moïse fit sortir le peuple du camp, à la rencontre de Dieu, et ils se tinrent au pied de la montagne. La montagne de Sinaï était toute fumante, parce que Yahweh y était descendu au milieu d'eux, et la

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fumée s'élevait comme la fumée d'une fournaise, et toute la montagne tremblait fortement. Le son de la trompe devenait de plus en plus fort. Moïse parla, et Dieu lui répondit par une voix. (Ex 19, 10-19).

I. Je suis Iahvé, ton Dieu, qui t'ai tiré du pays d'Egypte et de la maison de servitude. Tu n'auras pas d'autres dieux en dehors de moi

II. Tu ne prendras pas le nom de Iahvé, ton Dieu, en vain.

III. Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier.

IV. Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que Iahvé, ton Dieu, te donne.

V. Tu ne tueras point.

VI. Tu ne commettras point l'adultère.

VII. Tu ne déroberas point.

VIII. Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.

IX. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain.

X. Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni rien qui soit à lui.

Ces commandements ne sont que la répétition de la loi naturelle inscrite au cœur de l'homme. Le troisième seul marque une volonté particulière de Dieu et annonce le dimanche, jour du Seigneur.

35. LE VEAU D'OR

Après la promulgation de cette loi, Moïse remonta sur le Sinaï où il resta quarante jours et quarante nuits, recevant les communications de Dieu pour le gouvernement de son peuple et la célébration du culte divin. Pendant ce temps, les Hébreux, se croyant abandonnés, obligèrent Aaron à leur fabriquer un Dieu visible, ou au moins une représentation sensible de Yahvé, sous forme de veau d'or, analogue au bœuf Apis des Egyptiens.

Le peuple, voyant que Moïse tardait à descendre de la montagne, s'assembla autour d'Aaron et lui dit : « Allons, fais-nous un dieu qui marche devant nous. Car pour ce Moïse, l'homme qui nous a fait monter du pays d'Égypte, nous ne savons ce qu'il en est devenu. »

Aaron leur dit : « Otez les anneaux d'or qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles, et apportez-les-moi. » Tout le monde ôta les anneaux d'or qu'ils avaient aux oreilles, et ils les apportèrent à Aaron. Il les reçut de leurs mains, façonna l'or au burin, et en fit un veau en fonte. Et ils dirent : « Israël, voici ton Dieu, qui t'a fait monter du pays d'Égypte. » Ayant vu cela, Aaron construisit un autel devant l'image, et il s'écria : « Demain il y aura fête en l'honneur de Yahweh. »

Le lendemain, s'étant levés de bon matin, ils offrirent des holocaustes et présentèrent des sacrifices pacifiques ; et le peuple s'assit pour manger et pour boire, puis ils se levèrent pour se divertir. Yahweh dit à Moïse : « Va, descends ; car ton peuple que tu as fait monter du pays d'Égypte, s'est conduit très mal. Ils se sont bien vite

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détournés de la voie que je leur avais prescrite ; ils se sont fait un veau en fonte, ils se sont prosternés devant lui, et ils lui ont offert des sacrifices, et ils ont dit : Israël, voici ton Dieu, qui t'a fait monter du pays d'Égypte. »

Yahweh dit à Moïse : « Je vois que ce peuple est un peuple au cou raide. Maintenant laisse-moi : que ma colère s'embrase contre eux et que je les consume ! Mais je ferai de toi une grande nation. » Moïse implora Yahweh, son Dieu, et dit : « Pourquoi, Yahweh, votre colère s'embraserait-elle contre votre peuple, que vous avez fait sortir du pays d'Égypte par une grande puissance et par une main forte ? Pourquoi les Égyptiens diraient-ils : C'est pour leur malheur qu'il les a fait sortir, c'est pour les faire périr dans les montagnes et pour les anéantir de dessus la terre ? Revenez de l'ardeur de votre colère, et repentez-vous du mal que vous voulez taire à votre peuple. Souvenez-vous d'Abraham, d'Isaac et d'Israël, vos serviteurs, auxquels vous avez dit, en jurant par vous-même : Je multiplierai votre postérité comme les étoiles du ciel, et leur ce pays dont j'ai parlé, je le donnerai à vos descendants, et ils le posséderont à jamais. »

Et Yahweh se repentit du mal qu'il avait parlé de faire à son peuple. (Ex 82, 1-14)

En descendant de la montagne, Moïse les surprit au milieu des fêtes par lesquelles ils célé-braient l'idole. Il fit aussitôt armer les hommes de la tribu de Lévi pour châtier les coupables, dont vingt-trois mille furent mis à mort. Puis il dit au peuple :

« Vous avez commis un grand péché. Et maintenant je vais monter vers Yahweh peut-être obtiendrai-je le pardon de votre péché. » Moïse retourna vers Yahweh et dit : « Ah ! ce peuple a commis un grand péché ! Ils se sont fait un dieu d'or. Pardonnez maintenant leur péché ; sinon effacez-moi de votre livre que vous avez écrit. »

Yahweh dit à Moïse : « C'est celui qui a péché contre moi que j'effacerai de mon livre. Va maintenant, conduis le peuple où je t'ai dit. Voici, mon ange marchera devant toi, mais, au jour de ma visite, je les punirai de leur péché. » (Ex 32, 30-34)

Les communications de Moïse avec le Seigneur se continuèrent. Il en garda deux rayons lumineux qui s'échappaient de son visage. Il écrivit les dix commandements sur deux tables de pierre et fit solennellement jurer aux Hébreux alliance avec Iahvé.

On resta environ une année auprès du Sinaï. Pendant ce temps, Moïse formula diverses lois, relatives au culte, que son peuple devait observer ; il inaugura ainsi le culte solennel du Sei-gneur et fit fabriquer par d'habiles ouvriers les objets nécessaires à ce culte, spécialement le Tabernacle et l'Arche d'alliance, sorte de coffre précieux qui symbolisait, bien mieux que n'avait pu faire le veau d'or, la présence de Iahvé ait milieu du camp.

La tribu de Lévi fut mise à part pour s'occuper seule des cérémonies du culte, et Aaron fut sacré grand-prêtre. Deux de ses fils, Nadab et Abiu, ayant osé contrevenir aux prescriptions du Seigneur dans la célébration du culte furent mis à mort.

36. LES RÉVOLTES DU PEUPLE

Après le séjour auprès du Sinaï, les Hébreux reprirent le chemin du nord, pour se rendre dans le pays de Chanaan qu'ils devaient habiter. Comme ce pays devait être conquis sur ses habitants, Moïse envoya en avant des explorateurs, qui avaient mission de se rendre compte de la situa-tion.

Ceux-ci en revinrent, rapportant des fruits merveilleux, qui témoignaient de la fertilité du sol, mais faisant un portrait terrible des hommes qui l’occupaient. A ce récit, le peuple fut consterné ; il oublia tout ce que le Seigneur avait déjà fait pour lui, parla de retourner en Egypte et

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voulut lapider Caleb et Josué, qui, seuls des explorateurs, encourageaient les Hébreux au lieu de les effrayer comme les autres.

Dieu punit cette défiance envers lui en décidant que tous les hommes de vingt ans et au-dessus, hormis Caleb et Josué, mourraient dans le désert avant d'arriver à la terre promise. Le peuple alors se ravisa. De sa propre initiative, il se porta en avant, mais il se heurta bientôt aux Amalécites et aux Chananéens, qui lui infligèrent une défaite.

En portant cet arrêt sévère, le Seigneur avait ses raisons. Il voulait d'abord faire comprendre aux Hébreux les exigences de sa justice, il voulait aussi que la population appelée à la conquête de Chanaan fût, tout entière jeune et robuste et ne conservât plus aucun souvenir dangereux du pays d'Egypte.

D'autres rébellions se produisirent encore. Coré, Dathan, Abiron et deux cent cinquante Israélites de marque tentèrent de mettre Moïse de côté. Ils périrent de mort terrible. La multitude qui continuait à prendre parti pour eux fut également frappée ; plus de quatorze mille hommes payèrent leur révolte de la vie.

A Cadès, nouveaux murmures parce que l'eau manquait. Moïse frappa encore le rocher et l'eau jaillit en abondance ; mais, il frappa deux fois, comme si lui-même, à son tour, se défiait du Seigneur, et, pour cette faute, il lui fut, annoncé qu'il verrait la terre promise, mais n'y entrerait pas.

Pendant qu'on s'avançait vers le Nord, l'ennui, la fatigue, le dégoût de la manne excitèrent d'amères réclamations.

Pour châtier les rebelles, Dieu envoya une invasion de serpents dont les morsures envenimées produisaient la mort. Epouvantés par ce terrible châtiment, les Hébreux accoururent vers Moïse, le suppliant d'intercéder pour eux auprès du Seigneur.

A la prière de Moïse, Dieu pardonna encore.

Et Yahweh dit à Moïse: « Fais-toi un serpent brûlant et place-le sur un poteau ; quiconque aura été mordu et le regardera, conservera la vie.»

Moïse fit un serpent d'airain et le plaça sur un poteau, et, si quelqu'un était mordu par un serpent, il regardait le serpent d'airain, et il vivait. » (Nb 21, 8-9)

37. RENCONTRES AVEC LES TRIBUS DU DESERT

En se dirigeant vers le pays de Chanaan, les Hébreux rencontrèrent, au nord de la péninsule, des tribus qu'ils eussent été incapables d'affronter immédiatement après leur sortie d'Egypte. Séhon, roi des Amorrhéens, leur refusa le passage ; ils -lui prirent ses villes. 0g, roi de Basan, les attaqua ; ils l'exterminèrent avec tout son peuple.

Quand les Hébreux furent arrivés sur la rive gauche du Jourdain, Balac, roi des Moabites, n'osant leur tenir tête, envoya chercher jusqu'en Mésopotamie un devin nommé Balaam, pour les maudire.

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Le devin se mit en route, accompagné de ses deux serviteurs et monté sur son ânesse. Tout à coup l'animal s'arrêta brusquement et refusa d'avancer. Balaam le frappa à coups redoublés ; mais lui, par une permission divine, se mit à s'écrier : « Pourquoi me frappes-tu ? » ,

En même temps Balaam aperçut l'ange du Seigneur qui se tenait dans le milieu du chemin, une épée nue à la main. Epouvanté, le devin voulait retourner en arrière. Non pas, dit l’ange ; va chez les Moabites, mais ne prononce point d'autres paroles que celles que je t'inspirerai. »

Balaam alla donc au pays de Moab et, contre le gré de Balac, apercevant le campement des Hébreux du haut d'une colline, il se mit à les bénir, au lieu de leur lancer des malédictions

Béni soit qui te bénira et maudit soit qui te maudira ! (Nb 24, 9)

[…]

Un astre sort de Jacob, un sceptre s'élève d'Israël [...] (Nb, 24, 17)

De Jacob sort un dominateur. (Nb, 24, 18)

Le contact avec les Moabites ne laissa pas d'être funeste aux Hébreux. Certains d'entre eux furent séduits par les filles des Moabites et allèrent jusqu'à prendre part au culte de leur faux dieu Baal. Phinées, petit-fils d'Aaron, sentant vivement l'indignité d’une telle conduite, se mit à la tête de la répression. Vingt-quatre mille parmi les coupables furent mis à mort.

Contre les Madianites, Moïse fit prendre les armes à mille hommes de chaque tribu, et il ne resta de ce peuple que les jeunes filles. Quant aux Chananéens, dont le pays allait être envahi, ordre fut donné de les massacrer jusqu'au dernier. Cette exécution rigoureuse était de toute nécessité. Les Hébreux, à qui Dieu confiait une mission religieuse qui intéressait le monde entier, ne pouvaient partager le même séjour avec une population qui avait poussé à ses dernières limites la dégradation morale et l'idolâtrie.

38. RÉSULTATS DU SÉJOUR AU DÉSERT

Quand les Hébreux atteignirent la rive gauche du Jourdain, il y avait quarante ans qu'ils avaient quitté l'Egypte. La Bible nomme quarante et un endroits où ils campèrent successivement, trois avant la mer Rouge, huit de la mer Rouge au Sinaï, vingt-et-un du Sinaï à Cadès et neuf de Cadès au Jourdain. Après le Sinaï, la principale de ces stations fut Cadès, au nord de la péninsule. C'est de là que Moïse avait envoyé les explorateurs en Chanaan.

Aux divers campements, le peuple, divisé par tribus, rangeait méthodiquement ses tentes autour du Tabernacle et de l'Arche d'alliance. Tout se passait avec une parfaite régularité : les fêtes étaient célébrées, les sacrifices offerts, les lois observées. La nation prenait ainsi l'habitude et l'amour de la discipline à laquelle elle serait soumise au pays de Chanaan. Préservée, sauf dans les derniers temps, de tout contact avec les nations idolâtres, elle affermissait sa foi au Dieu créateur, Iahvé, qui avait veillé sur elle avec une si puissante sollicitude et avait vaincu ses ennemis.

En même temps, elle apprenait à se suffire à elle-même. Les ouvriers d'art, instruits en Egypte, s'étaient montrés assez habiles pour exécuter les travaux que nécessitaient les objets du culte. Les ouvriers de métier s'employaient à satisfaire, avec les ressources restreintes qu'offrait le désert ou que pouvaient procurer les caravanes de marchands, aux divers besoins de leurs

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compatriotes. Enfin, les innombrables troupeaux que les Israélites conduisaient avec eux, ména-geaient clé précieuses ressources pour le vêtement et la nourriture. Pendant que la masse du peuple était fixée dans un campement, les pasteurs emmenaient les animaux aussi loin qu'il était nécessaire pour y trouver des, herbages.

Cependant le désert devint un vaste tombeau pour la plus grande partie de la nation, puisque, de tant d'hommes faits qui avaient traversé la mer Rouge, deux seulement devaient passer le Jourdain. C'était donc une population presque entièrement renouvelée qui allait entrer en possession du pays promis aux Patriarches.

39. DERNIERES ANNÉES ET MORT DE MOÏSE

Après avoir erré pendant trente-huit ans dans le désert depuis leur départ de Cadès, les Hébreux s'y retrouvèrent vers la fin de leur voyage. Cadès est un site voisin des montagnes de Séir, à peu près à égale distance entre le golfe Elanitique et la mer Morte. Marie, sœur de Moïse, et Aaron, son frère, y moururent. Ce dernier fut enseveli au mont Hor.

Moïse avait atteint, pendant ce long voyage, toute la maturité d'un génie puissamment aidé par le secours divin. Sous l’inspiration de Dieu, il recueillit les traditions des ancêtres sur les premiers âges de I'humanité et les mit par écrit. Il se préoccupa aussi de donner une législation à ce peuple, dont l'éducation lui avait été confiée par Iahvé lui-mème.

Moïse n'eut pas à improviser de toutes pièces les lois qu'il donna à son peuple. Il lui suffit, dans, beaucoup de cas, d'amender ou de compléter ce qui était déjà observé dans le pays de Gessen. Seules, les lois religieuses durent être rédigées d’une manière complète et indépendante ; mais Dieu assura à Moïse pour cette œuvre une assistance particulière.

La législation de Moïse et les récits dans lesquels elle est encadrée constituent le Penta-teuque, ou recueil composé d'un ensemble de cinq livres. Moïse en est l'auteur ; mais l'œuvre a pu être, après lui, complétée par d'autres écrivains également inspirés dans ce but.

Quand Moïse sentit sa fin approcher, il désigna Josué pour lui succéder. Il rappela aux Hébreux toutes leurs obligations envers Iahvé et leur fit renouveler J'alliance contractée avec lui. Il leur annonça enfin ce que Dieu avait résolu de faire pour eux : « Je leur susciterai du milieu de leurs frères un prophète comme toi - je mettrai mes paroles dans sa bouche et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. »

Dernières recommandations de Moïse :

Ecoute, Israël : Yahweh, notre Dieu, est seul Yahweh. Tu aimeras Yahweh, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. Et ces commandements que je te donne aujourd'hui, seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les attacheras sur ta main pour te servir de signe, et ils seront comme un frontal entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. Lorsque Yahweh, ton Dieu, t'aura fait entrer dans le pays qu'il a juré à tes pères, à Abraham, à Isaac et à Jacob, de te donner : grandes et bonnes villes que tu n'as pas bâties, maisons pleines de toutes sortes de biens que tu n'as pas remplies, citernes que tu n'as pas creusées, vignes et oliviers que tu n'as pas plantés ; lorsque tu mangeras et te rassasieras, garde-toi d'oublier Yahweh, qui t'a fait sortir du pays d'Egypte, de la maison de servitude. Tu craindras Yahweh ton Dieu, tu le serviras et tu jureras par son nom. Vous n'irez point après d'autres dieux, d'entre les dieux des peuples, qui seront autour de vous. Car Yahweh, ton Dieu, qui est au milieu de toi, est un Dieu jaloux ; la colère de Yahweh, ton Dieu, s'enflammerait contre toi, et il t'exterminerait de dessus la terre. Vous ne tenterez point Yahweh, votre

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Dieu, comme vous l'avez tenté à Massah. Mais vous observerez avec soin les commandements de Yahweh, votre Dieu, ses préceptes et ses lois qu'il t'a prescrites. Tu feras ce qui est droit et bon aux yeux de Yahweh, afin que tu sois heureux, que tu entres, pour le posséder, dans le bon pays que Yahweh a promis par serment à tes pères. (Dt 6, 4-18)

Moïse ne put entrer dans la terre promise. Du haut des monts de Moab, en face de Jéricho, il lui fut donné seulement de contempler de loin le pays de Chanaan. Puis il mourut à l'âge de cent-vingt ans, vers 1453 avant Jésus-Christ. On ne sut jamais où fut son tombeau, Dieu voulant le soustraire à tout danger de culte idolâtrique, à cause de l'ascendant qu'i1 avait pris, de son vivant, sur ses contemporains.

Nul homme, depuis Adam, n'eut à remplir une mission comparable à celle de Moïse, nul n'entra avec Dieu dans des rapports aussi intimes et aussi prolongés, nul n'eut à exercer sur ses semblables un tel empire. Dieu l’avait fait chef visible de son peuple.

RESUME

Dieu intervint souvent en faveur de son peuple, voyageant dans le désert (eaux adoucies, vol de cailles s'abattant sur le camp, la manne, sources jaillissantes, victoire sur les Amalécites due à la prière, etc.).

Au sommet du Sinaï, Dieu donne le Décalogue à Moïse et renouvelle les prescriptions de la loi naturelle. Il réprimande Aaron qui a autorisé la fabrication d'un d’or. Mais, pour symboliser la présence de Iahvé parmi eux aux yeux de ces hommes grossiers, on construit le Tabernacle de l'Arche d'alliance.

Dieu punit le manque de confiance et les révoltes du peuple en décrétant que pas un d'entre eux, sauf Caleb et Josué, n'entrerait dans la Terre promise. Moïse lui-même subit ce sort pour avoir douté en une circonstance.

Le séjour de 40 ans au désert avait produit d'heureux résultats, entre autres celui de retirer les Hébreux de l'idolâtrie.

Moise fut vraiment l'homme de Dieu et l'éducateur de son peuple. A sa mort, il recommanda instamment aux Hébreux de rester fidèles au Seigneur, s'ils voulaient être heureux.

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Résumé de l’Ancien testament 61

CHAPITRE VIII - L'occupation du pays de Chanaan

40. LA PALESTINE

Le pays de Chanaan, appelé communément la Palestine, du nom des Philistins qui en occupaient le rivage maritime, avait été promis par Dieu à Abraham pour ses descendants. C'est une contrée montagneuse, entrecoupée de vallées fertiles et renfermant quelques vastes plaines, dans lesquelles la végétation est très riche. Elle est traversée du nord au sud par le Jourdain, qui prend ses sources au bas des pentes de l'Hermon, passe successivement par les lacs Houléh et celui de Génésareth, et va se jeter dans la mer Morte ou lac Asphaltite, profonde dépression dont le niveau des eaux est à 393 mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée. La ville de Jérusalem étant elle-même à 779 mètres d'altitude, on dit toujours « monter à Jérusalem », quand il s'agit de se rendre à la capitale, ville sainte, par excellence.

La Palestine est un pays de faible étendue. Il ne mesure que 220 kilomètres du nord au sud et environ 64 de largeur, de telle sorte que des sommets un peu élevés on en aperçoit la plus grande partie.

La situation géographique de la Palestine est particulièrement remarquable. Le pays se trouve au carrefour de toutes les routes qui réunissaient l'Asie à l'Afrique. Aussi, quand les grands peuples de l’antiquité, Assyriens et Egyptiens, entraient en conflit, ils ne pouvaient éviter à leurs armées la traversée du désert d'Arabie qu'en passant par la Palestine. A partir du schisme des dix tribus, les Israélites furent ainsi sans cesse sur le qui-vive, ne pouvant compter que sur la protection divine pour assurer leur indépendance, et à la merci de leurs puissants voisins quand Dieu voulait les châtier. Iahvé s'intéressait à toutes les vicissitudes de son peuple.

41. LE PASSAGE DU JOURDAIN ET LA PRISE DE JERICHO

Du vivant même de Moïse, les Israélites avaient occupé le pays à l'est du Jourdain. Les deux tribus de Ruben et de Gad et la moitié de la tribu de Manassé reçurent l'autorisation de s'y établir définitivement, sur la promesse que leurs guerriers concourraient, avec ceux des autres tribus, à la conquête de Chanaan.

Il s'agissait tout d'abord de traverser le Jourdain. Dieu renouvela pour son peuple, le miracle de la mer Rouge.

Et Josué dit au peuple : « Sanctifiez-vous, car demain Yahweh fera des prodiges au milieu de vous. » Puis Josué parla aux prêtres, en disant : « Portez l'arche d'alliance, et passez en avant du peuple. » Ils portèrent l'arche d'alliance et s'avancèrent devant le peuple.

Yahweh dit à Josué : « Aujourd'hui je commencerai à t'élever aux yeux de tout Israël, afin qu'ils sachent que je serai avec toi comme j'ai été avec Moïse. Toi, donne cet ordre aux prêtres qui portent l'arche d'alliance : Lorsque vous arriverez au bord des eaux du Jourdain, vous vous arrêterez dans le Jourdain. »

Josué dit aux enfants d'Israël : « Approchez et écoutez les paroles de Yahweh, votre Dieu. » Et Josué dit : « A ceci vous reconnaîtrez que le Dieu vivant est au milieu de vous, et qu'il ne manquera pas de chasser devant vous les Chananéens, les Héthéens, les Hévéens, les Phérézéens, les Gergéséens, les Amorrhéens et les Jébuséens.

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Voici que l'arche de l'alliance du Seigneur de toute la terre va passer devant vous dans le Jourdain. Maintenant, prenez douze hommes parmi les tribus d'Israël, un homme par chaque tribu. Et dès que les prêtres qui portent l'arche de Yahweh, le Seigneur de toute la terre, poseront la plante des pieds dans les eaux du Jourdain, les eaux du Jourdain seront coupées, celles qui descendent d'en haut, et elles s'arrêteront en un monceau. »

Quand le peuple fut sorti de ses tentes pour passer le Jourdain, les prêtres qui portaient l'arche de l'alliance marchèrent devant le peuple. Au moment où les porteurs de l'arche arrivèrent au Jourdain et où les pieds des prêtres qui portaient l'arche plongèrent au bord de l'eau, - car le Jourdain déborde par-dessus toutes ses rives tout le temps de la moisson, - alors les eaux qui descendent d'en haut s'arrêtèrent ; elles s'élevèrent en un monceau, à une très grande distance, près de la ville d'Adom, qui est à côté de Sarthan ; et celles qui descendent vers la mer de l'Arabah, la mer Salée, furent complètement coupées ; et le peuple passa vis-à-vis de Jéricho. Les prêtres qui portaient l'arche de l'alliance de Yahweh se tinrent de pied ferme sur la terre sèche au milieu du Jourdain, pendant que tout Israël passait à sec, jusqu'à ce que toute la nation eut achevé de passer le Jourdain. (Jos 3, 5-17)

Lorsque toute la nation eut achevé de passer le Jourdain, Yahweh dit à Josué : « Prenez douze hommes parmi le peuple, un homme par tribu, et donnez-leur cet ordre : De ce lieu-ci, du milieu du Jourdain, de l'endroit où les prêtres se sont tenus de pied ferme, prenez douze pierres, transportez-les avec vous et déposez-les dans le lieu où vous camperez cette nuit. » Josué appela les douze hommes qu'il avait choisis parmi les enfants d'Israël, un homme par tribu, et il leur dit : « Passez devant l'arche de Yahweh, votre Dieu, au milieu du Jourdain, et que chacun de vous prenne une pierre sur son épaule, selon le nombre des tribus des enfants d'Israël, afin que ce soit un signe au milieu de vous. Lorsque vos enfants vous demanderont un jour : Que signifient pour vous ces pierres ? Vous leur direz : Les eaux du Jourdain ont été coupées devant l'arche de l'alliance de Yahweh ; lorsqu'elle passa le Jourdain, les eaux du Jourdain furent coupées. Et ces pierres seront à jamais un mémorial pour les enfants d'Israël. »

Les enfants d'Israël firent comme Josué avait ordonné. Ils prirent douze pierres du milieu du Jourdain, comme Yahweh l'avait dit à Josué, selon le nombre des tribus des enfants d'Israël, et, les ayant emportées avec eux au lieu où ils devaient passer la nuit, ils les y déposèrent. Josué dressa douze pierres au milieu du Jourdain, à la place où s'étaient arrêtées les pieds des prêtres qui portaient l'arche de l'alliance ; et elles y sont restées jusqu'à ce jour. Les prêtres qui portaient l'arche se tinrent au milieu du Jourdain jusqu'à l'entier accomplissement de ce que Yahweh avait ordonné à Josué de dire au peuple, selon tout ce que Moïse avait prescrit à Josué ; et le peuple se hâta de passer.

Lorsque tout le peuple eut achevé de passer, l'arche de Yahweh et les prêtres passèrent devant le peuple. Les fils de Ruben, les fils de Gad et la demi-tribu de Manassé passèrent en armes devant les enfants d'Israël, comme Moïse le leur avait dit. Environ quarante mille hommes, armés pour le combat, passèrent devant Yahweh dans les plaines de Jéricho. En ce jour-là, Yahweh éleva Josué aux yeux de tout Israël, et ils le craignirent, comme ils avaient craint Moïse, tous les jours de sa vie. Yahweh parla à Josué en disant : « Ordonne aux prêtres qui portent l'arche du témoignage de sortir du Jourdain. » Et Josué donna cet ordre aux prêtres : « Sortez du Jourdain. » Lorsque les prêtres qui portaient l'arche de l'alliance de Yahweh furent sortis du milieu du Jourdain, et que la plante de leur pied se posa sur la terre sèche, les eaux du fleuve retournèrent à leur place et se répandirent comme auparavant par-dessus toutes ses rives. » (Jos 4, 1-18)

On chanta plus tard ce mémorable événement, comme on chantait le passage de la mer Rouge.

La mer le vit et s'enfuit,

Le Jourdain retourna en arrière ;

Les montagnes bondirent comme des béliers,

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Résumé de l’Ancien testament 63

Les collines comme des agneaux.

Qu'as-tu, mer, pour t'enfuir ?

Jourdain, pour retourner en arrière ?

Qu'avez-vous, montagnes, pour bondir comme des béliers,

Et vous, collines, comme des agneaux ?

Tremble, ô terre, devant la face du Seigneur,

Devant la face du Dieu de Jacob,

Qui change le rocher en étang,

Le roc en source d'eaux. (Ps 114 [Vulg. 113], 3-8)

Le Jourdain passé, les Israélites campèrent à Galgala. A cet endroit, Josué leur fit reprendre la pratique de la circoncision, qui avait été omise pendant toute la durée du séjour au désert. Ensuite on célébra solennellement la Pâque. A partir de ce moment, la manne cessa de tomber et les Israélites vécurent sur les ressources du pays (1453 av. J.-C.)

Jéricho était fermée et entièrement close, à cause des enfants d'Israël ; personne n'en sortait, et personne n'y entrait. Yahweh dit à Josué : « Vois, j'ai livré entre tes mains Jéricho et son roi, ainsi que ses vaillants hommes. Marchez autour de la ville, vous tous, les hommes de guerre, faites une fois le tour de la ville ; tu feras ainsi pendant six jours. Sept prêtres porteront devant l'arche sept trompettes retentissantes ; et le septième jour, vous ferez sept fois le tour de la ville, et les prêtres sonneront des trompettes. Quant ils sonneront de la corne retentissante, et que vous entendrez le son de la trompette, tout le peuple poussera une grande clameur, et le mur de la ville s'écroulera ; alors le peuple montera, chacun devant soi. »

Josué, fils de Nun, ayant appelé les prêtres, leur dit : « Portez l'arche de l'alliance, et que sept prêtres portent sept trompettes retentissantes devant l'arche de Yahweh. » Il dit au peuple : « Passez, marchez autour de la ville, et que les hommes armés passent devant l'arche de Yahweh. » Lorsque Josué eut parlé au peuple, les sept prêtres qui portaient les sept trompettes retentissantes devant Yahweh, passèrent et sonnèrent des trompettes, et l'arche de l'alliance de Yahweh s'avançait derrière eux. Les hommes armés marchaient devant les prêtres qui sonnaient des trompettes, et l'arrière-garde suivait l'arche; pendant la marche, on sonnait des trompettes. Josué avait donné cet ordre au peuple : « Vous ne crierez point, vous ne ferez point entendre votre voix, et il ne sortira pas une parole de votre bouche, jusqu'au jour où je vous dirai : Criez ! Alors vous pousserez des cris! » L'arche de Yahweh s'avança autour de la ville, et en fit une fois le tour; puis on rentra dans le camp, où l'on passa la nuit. Josué se leva le lendemain, et les prêtres portaient l'arche de Yahweh. Les sept prêtres qui portaient les sept trompettes retentissantes devant l'arche de Yahweh se mirent en marche et sonnèrent des trompettes. Les hommes armés marchaient devant eux, et l'arrière-garde suivait l'arche de Yahweh ; pendant la marche, on sonnait des trompettes. Ils marchèrent, le second jour, une fois autour de la ville, et revinrent dans le camp. Il firent de même pendant six jours. Le septième jour, ils se levèrent, comme montait l'aurore, et ils marchèrent de la même manière sept fois autour de la ville; ce jour-là seul ils marchèrent sept fois autour de la ville.

A la septième fois, comme les prêtres sonnaient des trompettes, Josué dit au peuple : « Poussez des cris, car Yahweh vous a livré la ville. La ville sera dévouée par anathème à Yahweh, elle et tout ce qui s'y trouve ; seule Rahab, la courtisane, vivra, elle et tous ceux qui seront avec elle dans la maison, parce qu'elle a caché les messagers que nous avions envoyés. Mais gardez-vous de ce qui est dévoué par anathème, de peur que, en prenant quelque

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Résumé de l’Ancien testament 64

chose de ce qui vous avez dévoué par anathème, vous ne rendiez le camp d'Israël anathème, et vous n'y mettiez le trouble. Tout l'argent et tout l'or, tous les objets d'airain et de fer seront consacrés à Yahweh et entreront dans le trésor de Yahweh. »

Le peuple poussa des cris, et les prêtres sonnèrent des trompettes. Et lorsque le peuple entendit le son de la trompette, il poussa une grande clameur, et la muraille s'écroula, et le peuple monta dans la ville, chacun devant soi. (Jos 6, 1-20)

L'attaque d'une ville voisine, Haï, fut au contraire l'occasion d'une défaite. Dieu fit connaître que cet insuccès était le châtiment d'une désobéissance : un Israélite avait garde pour lui des objets pris à Jéricho, au lieu de les détruire. Achan, le coupable, fut découvert et lapidé. La ville d'Haï fut ensuite aisément conquise et détruite par le feu.

42. LA LIGUE CHANANÉENNE

A la vue du succès de l'invasion, les rois chananéens se liguèrent contre l'ennemi commun. Mieux avisés, les gens de Gabaon feignirent de venir d'une région lointaine et demandèrent l'alliance de Josué. On acquiesça à leur demande ; mais bientôt on s'aperçut qu’ils étaient tout voisins. On ne voulut pas manquer à la foi jurée ; on leur laissa la vie, mais on les réduisit en esclavage.

Pour punir les Gabaonites de leur soumission, le roi de Jérusalem, Adonisédech, et quatre autres rois vinrent les assiéger dans leur ville. Josué accourut à leur secours et mit les cinq rois en déroute. Une grêle épouvantable assaillit leurs guerriers en fuite et en fit périr un grand nombre. Les Israélites les poursuivirent de près. C'était le soir et l'on craignait que le Jour finît avant l'achèvement de la victoire. « Soleil, arrête-toi sur Gabaon ! » s'écria Josué. Dieu prêta secours à son serviteur, pour que la défaite des Chananéens fût complète.

Josué continua sa campagne sans s'arrêter, jusqu'à ce que toute la partie méridionale de la Palestine fût tombée en son pouvoir.

Les rois chananéens du nord se liguèrent à leur tour, quand ils virent les Israélites maîtres de la moitié de la contrée. Josué marcha contre eux, pour achever sa conquête. Il prit leurs, villes, les détruisit et y fit grand butin. Seules les places fortifiées sur les hauteurs furent conservées. Partout d'ailleurs les Israélites rencontrèrent une résistance acharnée, et, de toutes les places de Palestine, Gabaon fut la seule qui se rendit d'elle-même.

Josué mit sept ans, de 1453 à 1446 environ, pour achever la conquête, et, depuis le passage du Jourdain, il eut treute-et-un rois ou chefs de tribus à vaincre et à faire disparaître.

43. PARTAGE DU PAYS

Quand la conquête fut terminée, Josué procéda au partage du pays entre les tribus. Déjà Ruben, Gad et une demi. tribu de Manassé avaient reçu des pays à l'est du Jourdain. Entre le fleuve et la Méditerranée, Josué installa les autres tribus.

Ephraïm et Manassé se plaignirent d'avoir un lot trop modeste, Josué leur dit d'étendre leur domaine aux dépens des Chananéens. Enfin, en allant vers le nord venaient successivement Issachar, Zabulon, Nephtali et Aser.

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Il y avait ainsi douze tribus, se partageant le pays les deux fils de Joseph, Ephraïm et Ma-nassé, ayant chacun un lot distinct, tandis que la tribu de Lévi n'eut aucun territoire, parce que « Iahvé, Dieu d'Israël, est son lot. » Mais on assigna aux lévites quarante-huit villes, disséminées dans les différentes tribus.

Beaucoup de Chananéens continuaient cependant à demeurer dans le pays. Les uns furent réduits en esclavage et les autres surent garder leur liberté. Mais l'ordre qui avait été donné de les exterminer tous ne fut pas exécuté. Josué défendit sévèrement aux Israélites de contracter des alliances avec eux et surtout d'adopter leur culte. Lui-même mourut à l'âge de cent-dix ans, vers l'année 1428.

Josué assembla toutes les tribus d'Israël à Sichem, et il convoqua les anciens d'Israël, ses chefs, ses juges et ses officiers. Ils se présentèrent devant Dieu, et Josué dit à tout le peuple : « Ainsi parle Yahweh, Dieu d'Israël :

Vos pères, Tharé, père d'Abraham et père de Nachor, habitaient à l'origine de l'autre côté du fleuve, et ils servaient d'autres dieux. Je pris votre père Abraham de l'autre côté du fleuve et je le conduisis dans tout le pays de Chanaan ; je multipliai sa postérité, et je lui donnai Isaac. A Isaac je donnai Jacob et Esaü, et je donnai pour possession à Esaü la montagne de Séïr ; et Jacob et ses fils descendirent en Egypte.

Puis j'envoyai Moïse et Aaron, et je frappai l'Egypte comme je l'ai fait au milieu d'elle, et ensuite je vous en fis sortir. Je fis sortir d'Egypte vos pères, et vous arrivâtes à la mer. Les Egyptiens poursuivirent vos pères, avec des chars et des cavaliers, jusqu'à la mer Rouge. Ils crièrent à Yahweh ; et Yahweh mit des ténèbres entre vous et les Egyptiens ; il ramena sur eux la mer, et elle les couvrit. Vos yeux ont vu ce que j'ai fait en Egypte, et vous restâtes longtemps dans le désert. Je vous menai au pays des Amorrhéens, qui habitaient de l'autre côté du Jourdain, et ils combattirent contre vous. Je les livrai entre vos mains ; vous prîtes possession de leur pays, et je les détruisis de devant vous. Balac, fils de Séphor, roi de Moab, se leva et combattit Israël ; il fit appeler Balaam, fils de Béor, pour qu'il vous maudît. Mais je ne voulus pas écouter Balaam ; il vous bénit, et je vous délivrai de la main de Balac.

Vous passâtes le Jourdain et vous arrivâtes à Jéricho. Les hommes de Jéricho combattirent contre vous, puis les Amorrhéens, les Phérézéens, les Chananéens, les Héthéens, les Gergéséens, les Hévéens et les Jébuséens, et je les livrai entre vos mains. J'envoyai devant les frelons qui les chassèrent de devant vous, ainsi que les deux rois des Amorrhéens ; ce ne fut ni par ton épée ni par ton arc. Je vous donnai ainsi une terre que vous n'aviez pas cultivée, des villes que vous n'aviez pas bâties et que vous habitez, des vignes et des oliviers que vous n'aviez pas plantés et dont vous mangez les fruits. Craignez donc Yahweh et servez-le avec intégrité et vérité ; ôtez les dieux qu'ont servis vos pères de l'autre côté du fleuve et en Egypte, et servez Yahweh. Que si vous ne trouvez pas bon de servir Yahweh, choisissez aujourd'hui qui vous voulez servir, soit les dieux que servaient vos pères au delà du fleuve, soit les dieux des Amorrhéens dont vous habitez le pays. Pour moi et ma maison, nous servirons Yahweh. »

Le peuple répondit et dit : « Loin de nous de vouloir abandonner Yahweh pour servir d'autres dieux ! Car c'est Yahweh, notre Dieu, qui nous a fait monter, nous et nos pères, du pays d'Egypte, de la maison de servitude; et qui a opéré sous nos yeux ces grands prodiges, et qui nous a gardés tout le long du chemin que nous avons parcouru, et parmi tous les peuples au milieu desquels nous avons passé. Yahweh a chassé de devant nous tous les peuples, et les Amorrhéens qui habitaient ce pays. Nous aussi, nous servirons Yahweh, car il est notre Dieu. »

Josué dit au peuple : « Vous ne pouvez pas servir Yahweh, car c'est un Dieu saint, c'est un Dieu jaloux ; il ne pardonnera pas vos transgressions et vos péchés. Si vous abandonnez Yahweh et que vous servirez des dieux étrangers, il se retournera, il vous fera du mal et vous consumera, après vous avoir fait du bien. »

Le peuple dit à Josué : « Non! car nous servirons Yahweh. »

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Résumé de l’Ancien testament 66

Josué dit au peuple : « Vous êtes témoins contre vous-même que vous avez choisi Yahweh pour le servir. » Ils répondirent : « Nous en sommes témoins. »

Il dit : « Et maintenant ôtez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, et tournez vos cœurs vers Yahweh, le Dieu d'Israël. »

Et le peuple dit à Josué : « Nous servirons Yahweh, notre Dieu, et nous obéirons à sa voix. »

C'est ainsi que Josué conclut en ce jour-là une alliance avec le peuple, et qu'il lui donna à Sichem des lois et des ordonnances. Josué écrivit ces paroles dans le livre de la loi de Dieu. Il prit une grande pierre et la dressa là, sous le chêne qui était dans le lieu consacré à Yahweh. Et Josué dit à tout le peuple : « Voici, cette pierre servira de témoin contre nous, car elle a entendu toutes les paroles que Yahweh nous a dites : elle servira de témoin contre vous, afin que vous ne reniiez pas votre Dieu. » Et Josué renvoya le peuple, chacun dans son héritage. (Jos 24, 1-28)

RESUME

La Palestine, située sur la rive droite du Jourdain, avec Jérusalem pour capitale, est une contrée, montagneuse, entrecoupée de vallons fertiles et de quelques vastes plaines. Elle se trouve au carrefour de toutes les routes qui unissaient l'Asie à l'Afrique.

Pour en faire la conquête, les Israélites, entourés d'ennemis, ne pouvaient compter que sur l'assistance divine. Dieu ne leur ménagea point son secours visible, témoin le passage du Jourdain dont Josué consacra le souvenir en érigeant un autel avec douze pierres prises dans le lit du fleuve (on reprit alors la pratique de la circoncision, omise dans le désert et on célébra la Pâque), témoin la prise Jéricho, la victoire sur la Ligue chananéenne ou « Soleil arrête-toi sur Gabaon » etc.

La conquête terminée, Josué procéda au partage du pays entre les tribus. Il assigna une part spéciale à la tribu de Lévi. Avant de mourir, il rappela les principaux bienfaits de Dieu envers son peuple, et les Israélites répondirent par la promesse de la fidélité au Seigneur et a la loi donnée par lui.

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Résumé de l’Ancien testament 67

CHAPITRE IX - La législation mosaïque

44. LES LOIS DE MOÏSE

Pendant les quarante ans de séjour au désert, Moïse avait eu à se préoccuper de l'organisation religieuse et civile, du peuple, qui allait devenir une nation autonome et s'installer dans le pays que Dieu lui destinait. Moïse n'institua pas cette législation d'un seul jet. Il procéda, pour ainsi dire, au jour le jour, suivant que les circonstances lui en fournissaient l'occasion.

Cette législation est une merveille de sagesse, de prévoyance et d'intelligence des besoins du peuple israélite. Les temps postérieurs ont eu à la compléter, quand des situations nouvelles ont fait naître de nouvelles exigences ; ils n'ont pas eu à la modifier. Dans tout le cours de leur histoire, les Israélites ont obéi aux prescriptions de Moïse ; quand il les ont transgressées, ils se sont mis en contradiction avec leur mission nationale et n'ont pas eu à s'en féliciter.

Moïse a fait une œuvre de génie. Mais, il le rappelle lui-même sans cesse, son génie a été inspiré par l'esprit de Dieu, et, en réalité, c'est DIEU MÊME QUI EST L'AUTEUR DE CETTE LÉGISLATION ; c'est lui qui commande au nom de sa souveraineté et de sa sainteté ; c'est lui qui adapte les moyens à la fin qu'il se propose d'atteindre. Il faut oublier ce fait, surnaturel mais indéniable, pour prétendre que cette législation n'a pu être que l’œuvre patiente du temps, comme il en est es institutions humaines, et pour refuser à Moïse la gloire d'en avoir arrêté à l'avance la presque totalité.

La loi religieuse comprend les lois morales et les lois rituelles ou cérémonielles se rapportant au culte de Dieu.

45. LES LOIS MORALES

Ces lois ne sont pas nouvelles. Elles ne font que reproduire la loi naturelle inscrite au cœur de tous les hommes. Le décalogue en est le résumé. Chez les autres peuples, la loi morale avait nécessairement subi le contre-coup des altérations de la croyance. Quand les hommes dépravés cessèrent de croire au Dieu unique et au Créateur et se firent des faux dieux à leur image, ils divinisèrent leurs propres passions et autorisèrent leurs vices, par l'exemple des êtres supérieurs auxquels ils les prêtaient. La loi morale formulée par Moïse remonte à sa vraie source : Dieu unique et éternel, créateur et maître de toutes choses, et souverain particulier du peuple d'Israël.

« Vous serez saints pour moi, car je suis saint, moi Yahweh, et je vous ai séparés des autres peuples, afin que vous soyez à moi. » (Lv 20, 26)

Cette sainteté ne consiste pas seulement à se garder extérieurement des souillures. Elle doit se manifester par deux grands actes qui ne peuvent procéder que de la conscience :

« Tu aimeras Yahweh, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Dt 6, 5),

et :

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Résumé de l’Ancien testament 68

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 18)

Mais l’amour de Dieu et l'amour du prochain comportent d'innombrables degrés. Il ne faut pas s'attendre à rencontrer, sous le régime de la Loi ancienne, des vertus comparables à celles que fera éclore la Loi évangélique. Çà et là, chez les Patriarches, et ensuite en beaucoup de personnages postérieurs à Moïse, on constate de grands actes de vertu, d'obéissance à Dieu, par exemple, et de foi en lui. Mais, trop souvent, ces actes sont déparés par des faiblesses qui étonneraient, si l'on ne savait que la Loi ancienne ne portait avec elle qu'une grâce imparfaite, qu'elle n'exigeait que ce que pouvaient donner les hommes de ce temps, et qu'elle n'était qu'une préparation lointaine de l'Evangile. Voilà pourquoi il est dit de cette loi qu'elle

« n'a rien amené à la perfection. » (He 7, 19)

46. LES LOIS CÉRÉMONIELLES

Ces lois règlent tout ce qui concerne le culte de Dieu ; elles se rapportent aux personnes chargées de ce culte, aux lieux, aux choses et aux temps.

47. PERSONNES SACRÉES

La tribu de Lévi fut exclusivement affectée au service du culte divin. A la tête de tous les ministres sacrés fut le grand-prêtre, qui était consacré par un rite solennel et portait des ornements magnifiques. Aaron remplit le premier l'office de grand-prêtre. On a la liste de tous ceux qui lui succédèrent jusqu'à la ruine du second Temple. Chaque grand-prêtre était ordinairement, surtout dans les temps anciens, le fils aîné du précédent. Les prêtres ordinaires, organisés hiérarchiquement, provenaient des familles qui descendaient directement d’Aaron. Ils accomplissaient les rites sacrés dans le Sanctuaire. Les lévites, c'est-à-dire les descendants de Lévi qui n'appartenaient pas à la famille d'Aaron, étaient chargés des services secondaires du culte. Ils ne possédaient pas de territoire, comme les autres tribus ; ils vivaient de différentes dîmes que les Israélites étaient obligés de leur payer. En dehors de leurs fonctions sacrées, les prêtres et les lévites en exerçaient souvent d'autres, comme celles de médecins ou de juges ; ils pouvaient enseigner et prêcher, mais d'autres qu'eux avaient le même droit, suivant leur capacité ou la vocation que Dieu leur conférait.

48. LIEUX SACRÉS

Il n’y avait, à proprement parler, qu'un seul lieu de culte en Israël, pour mieux marquer l'unité de Dieu. Ce fut, au désert, le Tabernacle ou vaste tente divisée en deux parties. La partie la plus reculée s'appelait le Saint des saints et renfermait l'Arche d'alliance. L'autre partie, plus large, se nommait simplement le Saint ou le Sanctuaire. Elle contenait une table portant douze pains renouvelés chaque semaine, un chandelier à sept lampes qui brûlaient sans cesse, et un petit autel où l'on brûlait des parfums. En avant du Tabernacle était ménagée une vaste enceinte, dans laquelle se trouvait l'autel des holocaustes, entouré des différents objets servant au culte. Quand les Israélites eurent pris possession de la terre de Chanaan, le Tabernacle fut installé à Silo, dans la tribu d'Ephraïm. Il y resta durant toute la période des Juges, et fut ensuite transféré à Nob, puis à Gabaon.

Le temple de Salomon fut bâti sur le plan du Tabernacle et le remplaça définitivement. C'est là seulement qu'on pouvait offrir à Dieu des sacrifices.

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Chaque Israélite priait dans sa maison. Ce fut après la. captivité qu'on établit dans chaque localité un ou plusieurs lieux de prières appelés synagogues, orientées vers le temple de Jérusalem.

49. CHOSES SACRÉES

Les choses sacrées par excellence étaient les sacrifices offerts au vrai Dieu. Toutes les espèces animales n'étaient point admises pour les sacrifices ; on ne pouvait offrir que le veau ou le taureau, l'agneau ou le bélier, le chevreau ou le boue, et parmi les oiseaux, le pigeon et la tourterelle. Ces animaux devaient être absolument sans défauts.

Le sacrifice parfait était l'holocauste, dans lequel la victime devait être entièrement consu-mée sur l'autel. Chaque jour on offrait en holocauste, le matin et le soir, deux agneaux d'un an. Des holocaustes plus nombreux étaient offerts aux jours du sabbat et à l'occasion des fêtes. Les particuliers devaient ou pouvaient en offrir en certains cas. Cette faculté était même, concédée aux étrangers. Ce sacrifice, complètement consumé, avait pour but de rendre hommage à la souveraineté de Dieu, de qui toute créature tient l'existence ; en même temps il, rappelait à l'homme que, par suite de son péché, il méritait lui-même la mort que subissait à sa place la victime immolée.

Dans le sacrifice pour le péché ou pour le délit, une partie de la victime, au lieu d'être consumée, revenait aux prêtres qui seuls pouvaient s'en nourrir. Dans le sacrifice offert par reconnaissance ou pour acquitter un vœu, une part de la victime était remise à celui qui l'avait présentée. A ces sacrifices sanglants, on ajoutait des offrandes de fleur de farine, de gâteaux, d'huile, de vin et d'encens.

Tous ces sacrifices, en tant que rites extérieurs, n'avaient point d'efficacité par eux--mêmes. Mais ils servaient à exciter dans le cœur des sentiments d'humilité, de repentir et de reconnaissance envers Dieu. Ils entretenaient dans les esprits cette idée que l'expiation sanglante est nécessaire pour la rémission du péché, et à l'avance ils représentaient le grand sacrifice du Rédempteur, seul capable de plaire à Dieu et de sauver les hommes.

Les dîmes servaient à l'entretien des lévites et au soulagement des pauvres. Elles prove-naient des récoltes des fruits, du gros et du menu bétail. On devait également offrir chaque année au sanctuaire les prémices de tous les biens de la terre et les premiers-nés de tous les animaux. Même le premier-né de l'homme appartenait au Seigneur et devait être racheté.

50. JOURS SACRES

Le septième jour de la semaine, appelé sabbat ou « repos », était consacré au Seigneur. On devait cesser tout travail, et même s'abstenir d'une marche quelque peu prolongée. Il allait d'un coucher du soleil à l'autre, selon la manière alors en usage de compter les jours.

Comme les Israélites divisaient leur année en mois lunaires, le jour de la nouvelle lune avait une importance particulière et on le célébrait par des sacrifices plus solennels.

Il y avait, au cours de l'année, trois grandes fêtes : celle de la Pâque, celle de la Pentecôte et celle des Tabernacles.

La fête de Pâque se célébrait le quinzième jour de la lune du printemps et elle durait huit jours. On mangeait l'agneau pascal et, durant toute la fête, on se servait de pain sans levain. La

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Pâque avait été instituée par Moïse lui-même pour rappeler la délivrance de la servitude d'Egypte. Le second jour, on offrait au sanctuaire les premiers épis de la nouvelle récolte.

La fête de la Pentecôte ou des semaines venait cinquante jours plus tard. On y offrait deux pains de pure farine provenant de la nouvelle récolte.

Ou rattacha à cette fête le souvenir de la Loi donnée au mont Sinaï.

La fête les Tabernacles était célébrée le quinzième jour du septième mois. Cette fête marquait la fin des récoltes et des vendanges. On habitait pendant huit jours sous des abris faits de branchages, pour rappeler le séjour de quarante ans au désert. De grands et nombreux sacrifices accompagnaient la célébration de ces trois solennités. En ces jours, tous les Israélites, sauf les femmes, les enfants et les infirmes, devaient se présenter au sanctuaire. Plus tard on restreignit l'obligation à la seule fête de la Pâque, et même ceux qui habitaient hors de la Palestine en furent dispensés. Ces trois fêtes avaient un caractère à la fois agricole et historique ; elles rappelaient ainsi aux Israélites les bienfaits de toute nature qui leur venaient du Seigneur.

Quelques jours avant la fête des Tabernacles, le dixième du septième mois, se célébrait la fête de l'Expiation, jour de jeûne pour tout Israël. Après différents sacrifices, le grand-prêtre pre-nait deux boucs qu'il chargeait symboliquement des péchés d'Israël ; l'un était immolé et l'autre chassé au désert sous le nom de bouc émissaire. Puis le grand-prêtre pénétrait dans le Saint des saints pour y répandre le sang des victimes.

D'autres fêtes et d'autres jeûnes furent institués par la suite, afin de rappeler certains événements historiques.

51. EXIGENCES MORALES DU CULTE DE DIEU

Choisi particulièrement pour être le dépositaire des traditions religieuses, le peuple israélite devait, plus que tout autre, mêler la pensée de Dieu à tous les actes de sa vie. Cette pensée lui était rappelée par le grand nombre des obligations de détail auquel il était assujetti au nom du Seigneur. Les moindres actes devenaient importants dans le service de Dieu, et les moindres manquements, même involontaires, entraînaient les pénalités destinées à tenir en éveil l'attention des israélites.

Vivant sans cesse sous le regard du Seigneur, ils devaient s'abstenir de toute souillure, non seulement dans l'ordre moral, mais même dans l'ordre physique. La chair d'un certain nombre d'animaux leur était absolument interdite. La souillure légale résultait pour eux de l'usage ou simplement du contact de choses réputées impures de certaines maladies, ou même de certains actes d'ailleurs légitimés. Quand on était sous le coup de quelqu'une de ces souillures, il fallait s'imposer au plus tôt des purifications déterminées, sans lesquelles il était impossible de participer au culte de Dieu.

La multiplicité des pratiques extérieures exposait un peuple grossier à réduire sa religion à un pur formalisme. Ce fut la tendance constante des Israélites et souvent ils succombèrent à cette tentation. L'esprit de la loi était nettement opposé a ce formalisme ; aussi les représentants de Dieu ne cessèrent-ils de protester contre les abus qui en découlaient. Les rites extérieurs, les pres-criptions minutieuses et les observances de toute nature n'en furent pas moins indispensables aux Israélites, afin de fixer leurs croyances religieuses et leurs idéels morales, et en même temps pour faire contrepoids à la séduction, exercée sur eux par les cérémonies idolâtriques des peuples voisins.

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52. LES LOIS CIVILES

La législation civile visait à faire d'Israël une forte unité nationale, capable de se préserver à peu près intacte au milieu des autres nations. En principe, Dieu était le chef de la nation, organisée en théocratie. Quand il y eut des rois, en Israël, Dieu n'abdiqua pas pour cela le pouvoir, qu’il s'était réservé, il continua à l’exercer par le ministère des prophètes. L'autorité subordonnée avait pour représentants locaux les chefs de famille, et, dans chaque localité, les anciens, qui rendaient la justice et réglaient toutes les difficultés.

53. LA FAMILLE

Le père de famille jouissait des droits les plus étendus sur ses enfants. Les fils n'échappaient jamais à son autorité ; les filles en se mariant passaient sous l'autorité de leur mari. La polygamie, tolérée sous les Patriarches, n'était pas interdite par la loi. Le divorce était permis dans certains cas graves. Ces deux dérogations à la règle primitive du mariage s'expliquaient par les coutumes de l’époque et par la nécessité de ne pas rendre trop pesant aux Israélites le joug qui leur était imposé, surtout quand ils le comparaient à la dissolution morale dans laquelle vivaient les autres peuples. Par contre, l'adultère était puni de mort.

Les mariages avec les Chananéens étaient sévèrement prohibés. On pouvait se marier avec quelqu'un d'une autre tribu que la sienne.

C'étaient les parents du jeune homme qui faisaient la demande en mariage, mais celui-ci avait à payer une sorte de dot ou mohar aux parents de la jeune fille. Cette dot payée, l'union devenait légale, bien que la célébration du mariage pût tarder encore. La veuve sans enfants retournait dans la famille de son père.

54. LA PROPRIÉTÉ

Chaque famille avait une propriété inaliénable. Si pour quelque motif on était obligé d'en vendre une portion ou même la totalité, la propriété revenait de plein droit aux possesseurs primitifs à l'année jubilaire, qui terminait chaque série de sept semaines d'années. Le prix de vente dépendait donc du nombre d'années qui restaient avant l'année jubilaire. Grâce à cette disposition, il devenait impossible à une famille de tomber dans une pauvreté définitive.

A la mort du père, ses biens passaient à ses fils, parmi lesquels l'aîné recevait double part. Les filles n'héritaient que quand elles n'avaient pas de frères. Mais alors, pour ne pas déranger l'assiette de la propriété, l'héritière ne pouvait se marier que dans sa tribu. Pour prévenir l'extinction des familles et l'aliénation de leur propriété, la veuve sans enfants épousait régulière-ment son beau-frère, et le premier fils né de ce mariage était considéré comme appartenant au défunt. C'était la loi du lévirat, à laquelle on pouvait cependant se soustraire dans certaines conditions.

55. LES RAPPORTS SOCIAUX

La bienveillance était la loi de ces rapports. Les Israélites avaient des esclaves ; ils devaient les traiter avec humanité. Ceux des Israélites qui se vendaient ou étaient vendus en esclavage chez d'autres Israélites, pouvaient recouvrer leur liberté à l'année sabbatique, qui revenait tous les sept ans. Tous les esclaves israélites devenaient libres à l'année jubilaire.

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Les étrangers qui n'étaient pas esclaves par achat ou par droit de guerre, les voyageurs, les pauvres devaient être amicalement accueillis. Au moment de la moisson ou de la vendange, on devait leur laisser de quoi glaner. Tous les sept ans, à l'année sabbatique, on ne cultivait pas les terres ; les fruits spontanés étaient abandonnés aux pauvres. C'est seulement vers les derniers temps avant l'ère chrétienne, que les Israélites commencèrent à montrer une vive antipathie pour tous les étrangers.

56. LES PÉNALITÉS

Comme toutes les législations humaines, celle de Moïse avait ses pénalités. Les grands crimes contre la religion, la vie humaine ou les mœurs encouraient la peine de mort. Le supplice infligé était ordinairement la lapidation ; les accusateurs étaient obligés de jeter la première pierre. Dans le cas de meurtre, l'homicide pouvait être mis à mort par le plus proche parent de la victime, appelé pour cela « vengeur du sang ». Pour prévenir les abus, Moïse avait désigné six villes de refuge, dans lesquelles le meurtrier se mettait provisoirement à l’abri. Reconnu coupable, il était livré au vengeur du sang. S'il avait tué involontairement, il restait dans la ville de refuge jusqu'à la mort du grand-prêtre.

Le retranchement mettait le coupable hors de la société civile et religieuse et le vouait à la vengeance divine. Il était souvent le prélude de la peine de mort. Les châtiments corporels comprenaient la flagellation et la mutilation, correspondant au crime commis, en vertu de la loi :

« œil pour œil, dent pour dent ». C'était la loi du talion. L'amende était infligée pour des fautes moins graves, mais proportionnellement au dommage causé.

Il est à remarquer que le faux témoin était condamné à la peine dont il avait voulu faire frapper un innocent.

Ce sont là les principaux points de cette législation, à la mesure d'un peuple encore peu avancé dans la perfection morale, mais capable de s'élever peu a peu a un niveau supérieur. Dans cette législation, l'arbitraire n'a point de place et la justice préside à toutes les prescriptions. C'est ce qui la met incomparablement au-dessus de toutes celles que des sages ont formulées dans l'antiquité.

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RESUME

Dieu est le véritable auteur de la législation mosaïque ; Moïse, inspiré par l'Esprit-Saint, en est l’organisateur.

Réglant les relations de l'homme avec Dieu et avec ses semblables, elle est à la fois religieuse, morale, cérémonielle, civile et hygiénique, demeurant, au fond, la reproduction de la loi naturelle.

Le principe fondamental est celui-ci : un Dieu unique, éternel créateur et maître de toutes choses, et souverain particulier du peuple d'Israël.

Les prêtres et les lévites, ayant le grand-prêtre à leur tête, assuraient le service du culte et offraient les sacrifices pour lesquels certains animaux seulement étaient choisis. L'immolation des victimes rappelait la souveraineté de Dieu et la nécessité de l'expiation ; c'était une annonce du Sacrifice de la Croix.

Il y avait trois fêtes principales : la Pâque, la Pentecôte, les Tabernacles, rappelant respectivement la délivrance de la servitude, la loi donnée sur le Sinaï, et le séjour au désert.

La polygamie, et le divorce étaient tolérés, la propriété demeurait inaliénable. La bienveillance devait régler toutes les relations. La peine capitale était la lapidation.

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CHAPITRE X - Les Juges

57. LES HÉBREUX SANS CHEF

Durant les trois siècles qui suivirent la mort de Josué, les Israélites vécurent sans gouvernement et à l'état patriarcal ; devenus sédentaires, ils s’adonnaient à la vie agricole et à la vie pastorale. Sans doute, ils étaient tous unis ensemble par la communauté d'origine, de coutumes, de croyances, et par l'obéissance aux mêmes lois civiles et religieuses. Mais il n'existait parmi eux d'autre autorité que celle des chefs de famille.

En ce temps-là, il n'y avait pas de roi en Israël; chacun faisait ce qui était bon à ses yeux. (Jg 17, 6)

Autour d'eux vivaient des peuples qui leur étaient hostiles. A l'est, les Moabites, les Am-monites, les Amalécites, les Madianites et d'autres tribus arabes épiaient les occasions pour faire des incursions en Palestine et s'y livrer au pillage. Les Philistins, les Sidoniens et les Hévéens occupaient le littoral méditerranéen. A l'intérieur du pays, il restait encore bon nombre de Chananéens, qui vivaient au milieu des Israélites, mais étaient naturellement disposés à faire cause commune avec les ennemis de ces derniers.

Un plus grand danger résultait encore de ce contact. Tous ces peuples avaient leurs faux dieux, Baal, Astarté et d'autres, dont le culte sensuel, immoral et dégradant ne fit que trop sou-vent impression sur les Israélites.

Ceux-ci se laissèrent trop facilement gagner par la séduction d'exemples qu'ils avaient sous les yeux. Quand surtout eurent disparu les générations qui avaient vu les mervei1les opérées par le Seigneur à l'entrée dans la Terre promise, et que les Israélites ne connurent plus que par des récits ce que Dieu avait fait pour leurs pères, leur fidélité fut plus aisément ébranlée. Ils en arrivaient alors à penser que, tout en conservant Iahvé comme leur Dieu national, ils pouvaient rendre des honneurs aux dieux particuliers des autres peuples, et profiter des libertés que ces dieux accordaient à leurs adorateurs.

58. CHATIMENTS ET DELIVRANCES

Ces regrettables infidélités étaient une cause de faiblesse pour les Israélites. Dieu alors les abandonnait, pour les faire rentrer en eux-mêmes, et leurs ennemis les réduisaient en servitude. En général, ce n'était pas tout le pays qui était asservi ; mais l'oppression se faisait sentir tantôt sur certaines tribus, tantôt sur d'autres. Quand les Israélites étaient las du joug qui pesait sur eux, ils criaient vers le Seigneur et se convertissaient. Ordinairement le plus habile et le plus hardi de la tribu se mettait à la tête des hommes capables de manier les armes, et l'on entrait en campagne sans autre organisation militaire. Dieu assurait sa protection, l'exerçait quelquefois mi-raculeusement et l'ennemi était châtié et expulsé.

Celui qui prenait la tête du mouvement, s'appelait sofet, c'est-à-dire juge et vengeur, parce qu'il traitait les oppresseurs comme ils le méritaient. Son pouvoir ne survivait guère d'ordinaire à la victoire qu'il avait remportée ; il rentrait chez lui sans garder autre chose que le prestige de ses hauts faits. Parfois cependant, il y avait des juges qui exerçaient l'autorité sur une étendue plus ou moins grande de pays.

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Un fils de Gédéon, Abimélech, réussit même à se faire proclamer roi à Sichem. Sa royauté fut éphémère. Pour la discréditer, Joatham, l'un des parents d'Abimélech que celui-ci n'avait pu mettre à mort, s'en alla trouver les habitants de Sichem, et leur raconta cet apologue :

Les arbres se mirent en chemin pour oindre un roi qui les commandât. Ils dirent à l'olivier : « Règne sur nous. » Mais l'olivier leur dit : « Renoncerais-je à mon huile, qui fait ma gloire devant Dieu et devant les hommes, pour aller me balancer au-dessus des autres arbres ? » Et les arbres dirent au figuier : « Viens, toi, règne sur nous. » Mais le figuier leur dit : « Renoncerais-je à ma douceur et à mon excellent fruit, pour aller me balancer au-dessus des autres arbres ? » Et les arbres dirent à la vigne : « Viens, toi, règne sur nous. » Mais la vigne leur dit : « Renoncerais-je à mon vin, qui réjouit Dieu et les hommes, pour aller me balancer au-dessus des autres arbres ? »

Alors tous les arbres dirent au buisson d'épines : « Viens, foi, règne sur nous. » Et le buisson d'épines dit aux arbres : « Si vraiment vous voulez m'oindre pour votre roi, venez, confiez-vous à mon ombrage ; sinon, qu'un feu sorte du buisson d'épines et dévore les cèdres du Liban ! »

Maintenant, si c'est avec équité et droiture que vous avez agi en faisant roi Abimélech, si vous vous êtes bien conduits envers Jérobaal et sa maison, et si vous l'avez traité selon le mérite de ses mains, - car mou père a combattu pour vous, il a exposé sa vie et vous a délivrés de la main de Madian ; et vous, vous vous êtes levés aujourd'hui contre la maison de mon père, vous avez tué ses fils, au nombre de soixante-dix, sur une même pierre, et vous avez établi roi sur les hommes de Sichem Abimélech, fils de sa servante, parce qu'il est votre frère,- si c'est avec équité et droiture que vous avez agi en ce jour envers Jérobaal et sa maison, eh bien, qu'Abimélech fasse votre joie, et que vous fassiez la sienne aussi ! Sinon, qu'un feu sorte d'Abimélech et dévore les habitants de Sichem et la maison de Mello, et qu'un feu sorte des habitants de Sichem et de la maison de Mello et dévore Abimélech ! » (Jg 9, 8-20)

Pendant les trois cents ans qui s'écoulèrent de Josué à Samuel, on vit s'élever une quinzaine de Juges en Israël. La moitié d'entre eux n'eurent pas à combattre. Parmi les plus célèbres, on compte : Othoniel, Aod, Débora, Gédéon, Jephté et Samson. A sept reprises différentes, ils tirèrent le peuple de la servitude.

59. OTHONIEL ET AOD

Lorsque les Hébreux commencèrent à suivre l'idolâtrie chananéenne, ils subirent pour premier châtiment l'invasion d'un roi venu de Mésopotamie, Chusan Rasathaïm, qui ravagea tout le pays et le soumit à de lourds impôts. Au bout de huit ans, un homme de Juda, Othoniel prit les armes et rendit au pays son indépendance.

Quarante ans après, les infidélités religieuses recommencèrent. Eglon, roi de Moab, envahit le sud du pays et l'asservit pendant dix-huit ans. Chaque année on lui payait le tribut. Aod, de la tribu de Benjamin, qui le lui portait un jour, prétendit avoir à parler en secret à Eglon et le poignarda. Puis, réunissant les guerriers d'Israël, il occupa les gués du Jourdain et massacra dix mille Moabites qui tentaient de les franchir pour retourner chez eux.

A l'ouest, Samgar tua six cents hommes aux Philistins avec un soc de charrue.

60. DÉBORA, BARAC ET JAHEL

Les Israélites du nord furent asservis durant vingt ans par Jabin, roi chananéen d'Aser. Une femme, Débora, fut la première à tenter la délivrance. Elle fit dire à Barac, guerrier de Nephtali, de venir à elle avec dix mille hommes et elle l'accompagna, à la guerre. Sisara, général de Jabin, vint au devant des Israélites révoltés ; son armée fut taillée en pièces, et lui-même

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n'échappa que par la fuite. Il demanda l'hospitalité à Haber, allié de Jabiti. Mais, pendant son sommeil, Jahel, femme de Haber, le tua en lui enfonçant un énorme clou dans la tête, et elle le montra en cet état à Barac, qui courait à sa poursuite.

Les ruses et les violences, comme celle d'Aod et de Jahel, étaient dans les mœurs cruelles de l'époque ; personne ne songeait à s'en faire scrupule, surtout contre d'injustes oppresseurs. En les racontant, les écrivains sacrés n'entendent nullement les louer ni même les justifier. Débora célébra par un cantique le haut fait de Jabel et la délivrance d'Israël.

61. GÉDÉON

De nouvelles infidélités eurent pour châtiment une invasion des Madianites dans tout le nord de la Palestine. Cette tribu pillarde, qui ne subsistait que de brigandages, épiait sans cesse l'occasion de vivre aux dépens d'autrui. Sept ans durant, à l'approche de la moisson, les Madianites, accompagnés d'Amalécites et d'autres nomades, vinrent camper en Palestine, du Jourdain à la Méditerranée, et s'emparèrent, pour eux et pour leurs animaux, de tous les produits du sol.

Israël cria enfin vers le Seigneur. Un homme de la tribu de Manassé, Gédéon, eut alors une vision dans laquelle il lui fut ordonné de chasser les Madianites. Gédéon réclama des signes manifestes de la volonté divine.

Gédéon lui dit : « Si j'ai trouvé grâce A vos yeux, donnez-moi un signe que c'est vous qui me parlez. Ne vous éloignez point d'ici jusqu'à ce que je revienne auprès de vous, que j'apporte mon offrande et que je la dépose devant vous. » Et Yahweh dit : « Je resterai jusqu'a ce que tu reviennes. » Gédéon, étant entré, apprêta un chevreau et, avec un épha de farine, il fit des pains sans levain ; puis, ayant mis la chair dans une corbeille et le jus dans un vase, il les lui apporta sous le térébinthe et les lui offrit.

L'Ange de Yahweh lui dit : « Prends la chair et les pains sans levain, pose-les sur ce rocher, et verse le jus. » Et il fit ainsi. L'Ange de Yahweh étendit l'extrémité du bâton qu'il avait à la main, et toucha la chair et les pains sans levain. Aussitôt le feu s'éleva du rocher, et consuma la chair et les pains sans levain, et l'Ange de Yahweh disparut à ses yeux.

[…]

Gédéon dit à Dieu : « Si vous voulez sauver Israël par ma main, comme vous l'avez dit, voici, je mettrai une toison de laine sur l'aire : si la toison seule se couvre de rosée, et que tout le sol alentour reste sec, je connaîtrai que vous délivrerez Israël par ma main, comme vous l'avez dit. » Et il arriva ainsi.

Le jour suivant, s'étant levé de bon matin, il pressa la toison, et en fit sortir la rosée, plein une coupe d'eau. Gédéon dit à Dieu : « Que votre colère ne s'enflamme pas contre moi ; que je puisse encore parler une fois : je voudrais une fois encore seulement faire une épreuve avec la toison : que la toison seule reste sèche, et que la rosée tombe sur tout le sol alentour. » Et Dieu fit ainsi cette nuit-là : la toison seule resta sèche, et tout le sol se couvrit de rosée. (Jg 6, 17-40)

Gédéon se mit donc en campagne avec une nombreuse armée. Mais Dieu voulut qu'il ne prît que trois cents hommes avec lui, pour rendre plus éclatante la protection divine.

Yahweh dit à Gédéon : « Le peuple que tu as avec toi est trop nombreux pour que je livre Madian entre ses mains, de peur qu'Israël n'en tire gloire contre moi, en disant : C'est ma main qui m'a délivré. Fais donc publier ceci aux oreilles du peuple : Que celui qui a peur et qui tremble s'en retourne et se retire de la montagne de

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Gelboé. » Vingt-deux mille hommes parmi le peuple s'en retournèrent, et il en resta dix mille. Yahweh dit à Gédéon: « Le peuple est encore trop nombreux. Fais-les descendre près de l'eau, et là je t'en ferai un triage. Celui dont je te dirai : Qu'il aille avec toi, ira avec toi ; et celui dont je te dirai : Qu'il n'aille pas avec toi, n'ira pas avec toi. » Gédéon fit descendre le peuple près de l'eau, et Yahweh dit à Gédéon : « Tous ceux qui laperont l'eau avec la langue, comme lape le chien, mets-les à part ; de même tous ceux qui se mettront à genoux pour boire. » Ceux qui lapèrent l'eau dans leur main, en la portant à leur bouche, furent au nombre de trois cents hommes ; tout le reste du peuple s'était mis à genoux pour boire. Et Yahweh dit à Gédéon : « C'est avec ces trois cents hommes qui ont lapé que je vous sauverai et que je livrerai Madian entre tes mains ; que tout le reste du peuple s'en aille chacun chez soi. » (Jg 7, 2-7)

Victoire sur les Madianites. Une nuit, les trois cents hommes furent pourvus de trompettes et de torches allumées, enfermées dans des cruches. Soudain ils envahirent le camp des Madianites en sonnant de la trompette et en brisant leurs cruches, de manière à éblouir les ennemis par des clartés inattendues. Les Madianites' pris de panique, commencèrent à s'entre-tuer les uns les autres; puis ils s'enfuirent tous. Les guerriers de Nephtali, d'Aser, de Manassé et d'Ephraïm les poursuivirent jusqu'au delà du Jourdain et en massacrèrent un grand nombre.

Les hommes d'Israël dirent à Gédéon « Règne sur nous, toi et ton fils, et le fils de ton fils, car tu nous a délivrés des mains de Madian. »

Gédéon leur dit : « Je ne dominerai point sur vous et mon fils ne dominera point sur vous: c'est Yahweh qui dominera sur vous. » (Jg 8, 22-23)

Il se contenta du titre de Juge. Il gouverna pendant quarante ans. Sa vieillesse fut heureuse et vénérée. Il mourut, laissant soixante et onze enfants.

62. JEPHTÉ

Les tribus établies sur la rive gauche du Jourdain eurent aussi leurs épreuves. Pendant dix-huit ans, les Ammonites les opprimèrent et poussèrent même leurs incursions dévastatrices jusque dans les tribus de Juda, de Benjamin et d'Ephraïm. Les chefs de ces tribus se réunirent enfin pour une résistance commune mais ils n'avaient pas de chef.

On se souvint alors d'un homme de Galaad, nommé Jephté, qui avait quitté sa tribu à cause de sa naissance illégitime, s'était fait chef de Bédouins et menait une vie d'aventures et de pillage, aux dépens des Ammonites. Il consentit à se mettre à la tête des forces israélites, à condi-tion qu'après la victoire on le reconnaîtrait comme chef du pays. Cette condition acceptée, il chercha à s'attirer la faveur du Seigneur en promettant de lui offrir en sacrifice le premier être qui se présenterait à lui à son retour dans sa maison.

Il battit les Ammonites et ruina vingt de leurs villes. A son retour chez lui, sa fille unique accourut pour le féliciter de ses victoires. Le père au désespoir lui apprit le vœu qu'il avait fait. Elle se dévoua elle-même, pour qu'il fût exécuté, après cependant qu'on lui eût permis de pleurer sa jeunesse pendant deux mois dans la montagne. Jephté fut malheureusement trop barbare et trop inintelligent de la loi divine, pour reculer devant une immolation qui ne pouvait être qu'odieuse au Seigneur ; il devait s'abstenir d'accomplir un vœu mauvais en soi.

63. SAMSON

La mission de Samson consista à faire expier aux Philistins leurs longs méfaits contre les Israélites. Chassés de la Syrie envahie par eux, ils avaient été relégués par le pharaon Ramsès III

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sur le littoral de la Méditerranée. Ils finirent par s'y rendre indépendants sous les derniers pharaons de la XXIIe dynastie. Belliqueux et entreprenants, ils possédaient des chars de guerre dont ils ne pouvaient se servir dans les montagnes occupées par les Israélites, mais qui les rendaient plus redoutables dans leurs plaines.

Samson, de la tribu de Dan, avait pour père Manué, dont la femme était depuis longtemps stérile. Il fut, dès son enfance, consacré au Seigneur. Devenu grand, il voulut épouser une fille des Philistins qui lui avait plu. Mais celle-ci le trahit et l'abandonna pour un autre.

Samson était à la fois très rusé et doué d'une force extraordinaire qui lui avait permis de mettre un lion en pièces aussi aisément qu'un chevreau.

Samson descendit avec son père et sa mère à Thamna. Lorsqu'ils arrivèrent aux vignes de Thamna, voici qu'un jeune lion rugissant vint à sa rencontre. L'Esprit de Yahweh saisit Samson ; et, sans avoir rien à la main, Samson déchira le lion comme on déchire un chevreau. Et il ne raconta pas à son père et à sa mère ce qu'il avait fait.

Il descendit et parla à la femme, et elle lui plut. Quelque temps après, s'étant rendu de nouveau à Thamna pour la prendre, il fit un détour pour voir le cadavre du lion, et voici qu'il y avait un essaim d'abeilles et du miel dans le corps du lion. Il en prit dans ses mains et en mangea chemin faisant ; et lorsqu'il fut arrivé près de son père et de sa mère, il leur en donna et ils en mangèrent ; mais il ne leur dit pas qu'il avait pris le miel dans le corps du lion. Le père de Samson descendit chez la femme ; et là, Samson donna un festin, car c'était la coutume des jeunes gens. Dès qu'on le vit, on invita trente compagnons pour être avec lui. Samson leur dit :

« Je vais vous proposer une énigme. Si vous me l'expliquez pendant les sept jours du festin et si vous la devinez, je vous donnerai trente tuniques et trente vêtements de rechange ; mais si vous me pouvez pas me l'expliquer, c'est vous qui me donnerez trente tuniques et trente vêtements de rechange. »

Ils lui dirent :

« Propose ton énigme, que nous l'entendions. »

Il leur dit. Pendant trois jours, ils me purent expliquer l'énigme. Le septième jour, ils dirent à la femme de Samson :

« Persuade à ton mari de nous expliquer l'énigme ; sinon, nous te brûlerons, toi et la maison de ton père. C'est pour nous dépouiller que vous nous avez invités, sans doute ? »

La femme de Samson pleurait auprès de lui et disait :

« Tu n'as pour moi que de la haine, et tu me m'aimes pas. Tu as proposé une énigme aux fils de mon peuple, et tu ne me l'as pas expliquée ! » Il lui répondit :

« Je ne l'ai expliquée ni à mon père ni à ma mère, et je te l'expliquerais ! »

Elle pleura ainsi devant lui pendant les sept jours que dura le festin ; le septième jour, comme elle le tourmentait, il lui expliqua l'énigme, et elle l'expliqua aux enfants de son peuple. Les gens de la ville dirent à Samson, le septième jour, avant le coucher du soleil :

« Quoi de plus doux que le miel, et quoi de plus fort que le lion ? »

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Et il leur dit :

« Si vous n'aviez pas labouré avec ma génisse, vous m'auriez pas deviné mon énigme. »

L'Esprit de Yahweh le saisit, et il descendit à Ascalon. Il y tua trente hommes et, ayant pris leurs dépouilles, il donna les vêtements de rechange à ceux qui avaient expliqué l'énigme. Puis, enflammé de colère, il monta à la maison de son père. (Jg 14, 5-19)

Il se servit de sa force contre les Philistins qui s'étaient joués de lui. Il commença par faire prendre trois cents chacals, les attacha deux à deux par la queue et les lâcha avec des torches enflammées dans les moissons des Philistins, qui furent toutes dévorées par le feu. Lié de cordes neuves et livré à ses ennemis par les hommes de Juda, il brisa ses liens, et saisissant une mâchoire d'âne encore fraîche, il en assomma un millier de Philistins.

Une autre fois, il entra à Gaza, dont ses ennemis fermèrent aussitôt les portes afin de le prendre. Mais enlevant les portes sur ses épaules, il s'en alla avec ce fardeau jusqu'au sommet d'une montagne voisine.

S'étant lié ensuite avec une femme du pays, nommée Dalila, il finit par lui avouer qu'il était consacré au Seigneur et que, pour cette raison, le fer n'avait jamais touché sa chevelure. Dalila lui coupa les cheveux pendant son sommeil et le livra aux Philistins. Ceux-ci lui arrachèrent les yeux, l'enchaînèrent et l'enfermèrent dans une prison à Gaza pour y tourner la meule.

A quelque temps de là, les principaux Philistins se réunirent pour offrir des sacrifices à leur idole Dagon et célébrer un grand festin. Sur la fin du repas, Samson, dont les cheveux commençaient à repousser, fut amené devant les princes des Philistins :

Les princes des Philistins s'assemblèrent pour offrir un grand sacrifice à Dagon, leur dieu, et pour se réjouir. Ils disaient :

« Notre dieu a livré entre nos mains Samson, notre ennemi. »

Le peuple le vit, et ils louèrent leur dieu, car ils disaient :

« Notre dieu a livré entre nos mains notre ennemi, celui qui ravageait notre pays, et qui nous tuait tant de gens. »

Quand leurs cœurs furent devenus joyeux, ils dirent :

« Qu'on fasse venir Samson, et qu'il nous divertisse ! »

Ils tirèrent Samson de la prison, et il dansa devant eux. On l'avait placé entre les colonnes. Samson dit au jeune homme qui le tenait par la main : « Laisse--moi toucher les colonnes sur lesquelles se tient la maison et m'y appuyer. »

Or la maison était remplie d'hommes et de femmes ; tous les princes des Philistins étaient là, et il y avait sur le toit environ trois mille personnes, hommes et femmes, qui regardaient Samson danser. Alors Samson invoqua Yahweh et dit : « Seigneur Yahweh, souvenez-vous de moi, je vous prie, et donnez-moi de la force cette fois seulement, ô Dieu, afin que d'un seul coup je me venge des Philistins pour mes deux yeux. »

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Et Samson, embrassant les deux colonnes du milieu sur lesquelles se tenait la maison, s'appuya sur elles, sur l'une de la main droite, sur l'autre de la main gauche. Et Samson dit :

« Que je meure avec les Philistins ! »

Et il se pencha avec force, et la maison s'écroula sur les princes et sur tout le peuple qui s'y trouvait. Ceux qu'il fit périr en mourant furent plus nombreux que ceux qu'il avait tués pendant sa vie. Ses frères et toute la maison de son père descendirent à Gaza et l'emportèrent. Lorsqu'ils furent remontés, ils l'enterrèrent entre Saraa et Esthaol, dans le sépulcre de Manué, son père. Il avait jugé Israël pendant vingt ans. (Jg 16, 23-31)

Samson était doué d'une force supérieure et par sa ruse en imposait aux Philistins. Consacré au Seigneur par le nazirat, il ne devait ni prendre de boissons fermentées, ni couper ses cheveux ; il n'en commit pas moins un grand nombre d'actes répréhensibles et que personne ne saurait proposer en exemple. Revenu à Dieu, sur la fin de sa vie, il en reçut la force d'accomplir son dernier exploit qui rendit la liberté à ses compatriotes.

64. LES LUTTES INTESTINES

Les Israélites n'eurent pas seulement à souffrir des étrangers ; plusieurs fois ils se prirent de violente querelle les uns avec les autres. Les Ephraïmites se distinguèrent spécialement par leur humeur difficile. On les vit, au moment du partage de Chanaan, se plaindre à Josué de leur lot. Quand Gédéon eut battu les Madianites, ils lui reprochèrent de ne les avoir pas appelés. Gédéon les apaisa en faisant ressortir le service qu'ils avaient rendu aux gués du Jourdain.

La même querelle recommença quand Jephté eut vaincu les Ammonites. Les Ephraïmites vinrent en Galaad pour brûler la maison de Jephté et le héros avec elle. Ils furent battus par les hommes de Galaad. Quand les survivants se présentèrent aux gués du Jourdain pour retourner chez eux, on leur demandait de dire le mot « schibboleth », qui signifie « épi » et « torrent ». Ils ne pouvaient prononcer que « sibboleth ». Alors on les massacrait. Il en périt en tout quarante-deux mille.

Un crime odieux commis par les gens de Gabaa, de la tribu de Benjamin, contre la femme d'un lévite, mit en mouvement la nation tout entière. Les autres tribus marchèrent contre celle de Benjamin et furent d'abord vaincues. Après avoir pris de meilleures dispositions, elles attirèrent les coupables et leurs défenseurs hors de Gabaa, les firent tomber dans une embuscade et en même temps incendièrent la ville. Les Benjaminites furent massacrés et tout ce qui se trouva dans la tribu fut anéanti.

Six cents hommes échappèrent seuls. On ne voulut pas faire disparaître complètement la tribu. Mais, comme, à Masplia, les Israélites avaient juré de ne pas contracter d'alliance avec les Benjaminites, on dut suggérer aux survivants d’enlever eux-mêmes, par surprise, les épouses dont ils avaient besoin pour reconstituer la tribu.

Ces tristes événements faisaient sentir le besoin d'une autorité constante à la tète de la nation, pour prévenir les difficultés intérieures et unir les efforts de tous contre les ennemis communs. Mais jusque-là, les tribus israélites continuaient à vivre indépendantes les unes des autres. Seules les lois de Moïse, plus ou moins fidèlement observées, leur rappelaient qu'ils étaient-tous les enfants du même père et les serviteurs du même Dieu.

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65. ÉPISODE DE RUTH

C'est pendant cette période qu'une veuve de Juda, Noémi, après avoir suivi son mari dans le pays de Moab, donna ses deux fils en mariage à Orpha et Ruth qui étaient de cette tribu. Ses deux fils moururent, et Noémi voulut rendre la liberté à ses deux belles-filles, puis s'en retourner elle-même dans son pays. Orpha partit, mais Ruth dit, à Noémi : « Ne me force pas à rester loin de toi. J'irai où tu iras, j'habiterai où tu habiteras, ton peuple sera mon peuple, ton Dieu sera mon Dieu, je mourrai où tu mourras. »

Ce dévouement trouva sa récompense. Quand Noémi et Ruth furent venues se fixer à Bethléem, la jeune Moabite alla glaner dans le champ d'un homme riche, nommé Booz.

Ruth, la Moabite, dit à Noémi :

« je voudrais bien aller aux champs glaner des épis derrière celui aux yeux duquel j'aurai trouvé grâce. »

Elle lui répondit :

« Va, ma fille. »

Ruth s'en alla et vint glaner dans un champ derrière les moissonneurs ; et il se rencontra qu'elle arriva dans la pièce de terre qui appartenait à Booz, qui était de la famille d'Elimélech. Et voilà que Booz vint de Bethléem, et il dit aux moissonneurs :

« Yahweh soit avec vous ! »

Ils lui répondirent:

« Yahweh te bénisse ! »

Et Booz dit à son serviteur établi sur les moissonneurs :

« A qui est cette jeune fille ? »

Le serviteur établi sur les moissonneurs répondit :

« C'est une jeune Moabite, qui est revenue avec Noémi des champs de Moab. Elle nous a dit : Laissez-moi glaner et ramasser des épis entre les gerbes, derrière les moissonneurs. Et, depuis ce matin qu'elle est arrivée, jusqu'à présent, elle a été debout, et ce repos qu'elle prend dans la maison est court. »

Booz dit à Ruth :

« Ecoute, ma fille, ne va pas glaner dons un autre champ ; ne t'éloigne pas d'ici, et reste ainsi avec mes servantes. Regarde le champ que l'on moissonnera, et va derrière elles. N'ai-je pas défendu aux serviteurs de te toucher ? Et quand tu auras soif, tu iras aux cruches, et tu boiras de ce que les serviteurs auront puisé. »

Alors, tombant sur sa face, elle se prosterna contre terre et lui dit :

« Comment ai-je trouvé grâce à tes yeux, pour que tu t'intéresses à moi, qui suis une étrangère ? »

Booz lui répondit :

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« On m'a rapporté tout ce que tu as fait pour ta belle-mère après la mort de ton mari, et comment tu as quitté ton père et ta mère et le pays de ta naissance, et tu es venue vers un peuple que tu ne connaissais pas auparavant. Que Yahweh te rende ce que tu as fait, et que la récompense soit pleine, de la part de Yahweh, le Dieu d'Israël, sous les ailes duquel tu es venue te réfugier ! »

Et elle dit :

« Oh ! que je trouve grâce à tes yeux, mon seigneur ! Car tu m'as consolée, et tu as parlé au cœur de la servante, bien que je ne sois pas même comme l'une de tes servantes. »

Au moment du repas, Booz dit à Ruth :

« Approche, mange du pain et trempe ton morceau dans le vinaigre. »

Elle s'assit à côté des moissonneurs ; Booz lui donna du grain rôti ; elle mangea et se rassasia, et elle garda le reste ; ensuite elle se leva pour glaner. Et Booz donna cet ordre à ses serviteurs :

« Qu'elle glane aussi entre les gerbes, et ne lui faites pas de honte ; et même vous tirerez pour elle quelques épis des javelles, que vous laisserez par terre, afin qu'elle les ramasse, et vous ne lui ferez point de reproches. »

Elle glana dans le champ jusqu'au soir, et elle battit ce qu'elle avait glané ; il y eut environ un épha d'orge. Elle l'emporta et revint à la ville, et sa belle-mère vit ce qu'elle avait glané. Elle tira aussi ce qu'elle avait gardé de reste après son repas, et le donna. Sa belle-mère lui dit :

« Où as-tu glané aujourd'hui, et où as-tu travaillé ? Béni soit celui qui s'est intéressé à toi ! »

Et Ruth fit connaître à sa belle-mère chez qui elle avait travaillé, en disant :

« L'homme chez qui j'ai travaillé aujourd'hui s'appelle Booz. »

Noémi dit à sa belle-fille :

« Qu'il soit béni de Yahweh de ce qu'il n'a pas cessé d'être miséricordieux envers les vivants, aussi bien qu'envers ceux qui sont morts ! »

Noémi lui dit encore :

« Cet homme est pour nous un proche parent et l'un de ceux qui ont sur nous droit de rachat. »

Ruth, la Moabite, dit :

« Il m'a dit encore : Reste avec mes serviteurs jusqu'à ce qu'ils aient achevé toute ma moisson. »

Et Noémi dit à Ruth, sa belle-fille :

« Il est bon, ma fille, que tu sortes avec ses servantes, afin qu'on ne te maltraite pas dans un autre champ. »

Elle resta donc avec les servantes de Booz pour glaner, jusqu'à la fin de la moisson des orges et de la moisson du froment ; et elle demeurait avec sa belle-mère. (Rt 2, 1-23)

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Or celui-ci était parent de Noémi. Il distingua Ruth et la prit pour épouse, sur le désistement d'un parent plus proche qui avait plus de droits pour l'épouser. Ruth devint ainsi la mère d'Obed, qui fut le grand-père du roi David et l’ancêtre du Messie.

RESUME

A mesure que disparaissaient les générations qui avaient vu les prodiges opérés par Moïse et Josué, les Israélites oublièrent souvent les prescriptions de la loi et tombèrent dans l'idolâtrie. Pour les punir, Dieu les livrait à leurs ennemis et lorsque le peuple revenait à son devoir, le Seigneur toujours miséricordieux le pardonnait et lui envoyait des libérateurs qui prirent le nom de juges.

Les plus célèbres d'entre les juges furent : Othoniel (contre un roi venu de Mésopotamie), Aod (contre Eglon, roi de Moab), Débora (aidée de Barac, contre Jabin roi chananéen), Gédéon (contre les Madianites), Jephté (contre les Ammonites), Samson (contre les Philistins).

Les Israélites n'eurent pas seulement à combattre les étrangers ; ils en vinrent aussi à des luttes fratricides de tribus à tribus. Ces tristes événements faisaient sentir le besoin d'une autorité constante à la tête de la nation.

C'est durant cette période qu'on doit placer l'histoire de Ruth la moabite, qui épousa Booz et devint mère d'Obed, l'un des ancêtres du Messie.

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CHAPITRE XI - Samuel et Saül

66. LE GRAND-PRÊTRE HÉLI

Au temps du grand-prêtre Héli, vers l'année 1128, le peuple d’Israël continuait à venir sacrifier auprès de l'Arche, à Silo. Mais les deux fils du grand-prêtre, Ophni et Phinées, menaient une conduite scandaleuse et fraudaient sur les sacrifices. Près du sanctuaire vivait alors un jeune enfant de la tribu de Lévi, nommé Samuel, que sa mère avait obtenu du Seigneur par de longues prières et qu'elle lui avait consacré.

Une nuit, la voix du Seigneur appela Samuel.

Yahweh appela Samuel ; il répondit :

« Me voici ! »

Et il courut auprès d'Héli, et lui dit :

« Me voici, car tu m'as appelé. »

Héli répondit :

« Je n'ai point appelé; retourne te coucher. »

Et il alla se coucher.

Yahweh appela de nouveau Samuel ; et Samuel se leva et, étant allé auprès d'Héli, il dit :

« Me voici, car tu m'as appelé. »

Héli répondit : « Je n'ai point appelé, mon fils ; retourne te coucher. »

Samuel ne connaissait pas encore Yahweh, car la parole de Yahweh ne lui avait pas encore été révélée. Yahweh appela de nouveau Samuel pour la troisième fois. Il se leva et, étant allé auprès d'Héli, il dit :

« Me voici, car tu m'as appelé. »

Héli comprit alors que c'était Yahweh qui appelait l'enfant. Et Héli dit à Samuel :

« Va, couche-toi, et si l'on t'appelle encore, tu diras : Parlez, Yahweh, car votre serviteur écoute. »

Et Samuel s'en alla et se coucha à sa place.

Yahweh vint et se tint là, et il appela comme les autres fois :

« Samuel! Samuel ! »

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Samuel répondit :

« Parlez, car votre serviteur écoute. »

Et Yahweh dit à Samuel :

« Voici que je vais faire dans Israël une chose que personne n'entendra sans que les deux oreilles lui tintent. En ce jour-là j'accomplirai sur Héli tout ce que j'ai prononcé touchant sa maison ; je commencerai et j'achèverai. » (1-S [Vulg. 1-R] 3, 4-12)

Au matin, sur les instances du grand-prêtre, Samuel lui fit connaître ce que le Seigneur lui avait dit.

Bientôt après, les Philistins montèrent contre les Israélites, et, dans un premier combat, leur tuèrent quatre mille hommes. Les Israélites, pour s'assurer une protection plus efficace, firent venir à leur camp l'Arche de Silo. Mais, dans une seconde bataille, les Philistins victorieux firent périr trente mille hommes, prirent l'Arche et l'emportèrent chez eux en triomphe. Ophni et Phinées périrent dans le combat. Quand Héli apprit ces nouvelles, surtout la prise de l'Arche, il tomba de saisissement et se tua. Jamais en effet pareil désastre ne s'était vu en Israël ; le Seigneur lui-même semblait se retirer (1108 av. J.-C.)

67. L'ARCHE D'ALLIANCE

Les anciens peuples s'imaginaient qu'en s'emparant des dieux de leurs ennemis et en les honorant pour leur propre compte, ils réduisaient à l’impuissance ceux qu'ils avaient vaincus. Fiers d'avoir l'Arche, qu'ils regardaient comme le Dieu des Israélites, les Philistins placèrent ce tropbée à Azot, dans le temple de leur Dieu Dagon. Mais, le lendemain matin, ils trouvèrent l'idole gisante à terre et en morceaux. A partir de ce moment, d'étranges maladies affligèrent les gens d'Azot. Ceux-ci demandèrent alors à être débarrassés de l'Arche. On l'emporta et on la promena de ville en ville, pendant sept mois. Mais partout où elle paraissait, elle déchainait des fléaux.

Les Philistins se décidèrent enfin à mettre l'Arche sur un chariot attelé de deux vaches, et laissèrent celles-ci se diriger où elles voudraient. Les animaux prirent la direction du pays d'Israël. Elles arrivèrent bientôt à Bethsamès, sur la frontière de Juda. Là les lévites reçurent l'Arche et des présents que les Philistins avaient joints en réparation, et l'on offrit des sacrifices d'actions de grâces. Mais les Bethsamites avaient fait preuve d'une curiosité irrespectueuse vis-à-vis de l'Arche, qu'on ne transportait que voilée. Soixante-dix d'entre eux furent frappés.

Effrayés de ce châtiment, ils prièrent les hommes de Cariathiarim devenir prendre l'Arche. Ceux-ci la déposèrent dans la maison du lévite Abinadab et consacrèrent son fils Eléazar pour la garder. Le Seigneur avait montré de quel respect il voulait que fût entouré le signé visible de sa présence au milieu d'Israël.

68. SAMUEL, JUGE D'ISRAEL

Vingt ans après le dépôt de l'Arche à Cariathiarim, un grand mouvement de repentir se produisit parmi les Israélites. Samuel les engagea à détruire les idoles qu'ils gardaient encore et leur donna rendez-vous à Maspha, dans la tribu de Benjamin. Là ils jeûnèrent et demandèrent pardon de leurs péchés.

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En apprenant ce rassemblement, les Philistins montèrent contre les Israélites. Ceux-ci furent saisis d'effroi, car ils n'étaient nullement préparés à la guerre. Mais Dieu les assista de telle sorte qu'ils purent mettre en fuite leurs ennemis, et leur reprendre les villes d'Israël dont ces derniers s'étaient emparés. Les Philistins se tinrent tranquilles pour un temps.

Devenu vieux, Samuel associa ses deux fils aux fonctions qu'il remplissait. Les fils abu-sèrent du pouvoir qui leur était confié pour incliner la justice du côté du plus offrant. Le peuple mécontent formula le désir d'avoir, comme les autres nations, un roi pour le gouverner et le mener au combat. Samuel chercha à le détourner de cette idée, en lui faisant entrevoir toutes les charges que l'institution de la royauté ferait peser sur lui.

Le peuple persista dans son désir. C'était la fin de l'état purement théocratique, dans lequel il avait vécu depuis 1a sortie d'Egypte. Dieu fit savoir à Samuel qu'il eût à accéder à la demande des Israélites et à leur donner un ROI.

69. LE ROI SAÜL

Saül, fils de Cis, de la tribu de Benjamin, était à la recherche de ses ânesses égarées. Il alla consulter Samuel à ce sujet. Le Seigneur révéla à ce dernier que Saül était celui qui devait être roi. Samuel le garda toute la journée, et, le lendemain matin, il lui versa une fiole, d'huile sur la tête en disant :

«Yahweh ne t'a-t-il pas oint pour chef sur son héritage ? » (1-S [Vulg. 1-R] 10,1)

Puis il lui annonça un certain nombre d'incidents qui arriveraient le jour même et lui serviraient de signes extérieurs pour confirmer la parole qu'il venait d'entendre.

Saül s'en retourna chez lui sans rien dire de ce qui lui était arrivé. De son côté, Samuel se rendit à Maspha et y convoqua le peuple, afin que devant tous se manifestât la volonté de Dieu pour désigner le futur roi. Le sort indiqua successivement la tribu de Benjamin, la famille de Métri, et enfin Saül, fils de Cis. On le fit comparaître. Chacun put admirer sa remarquable prestance. Un bon nombre d'hommes s'attachèrent à lui ; mais d'autres le dédaignèrent.

Un mois après, Naas, roi des Ammonites, vint assiéger Jabès, ville de Galaad. Ce fut pour le nouveau roi, l’occasion de se montrer. Il fit appel à tout Israël, marcha avec une armée contre les Ammonites et les mit en déroute. A la suite de cette victoire, le peuple tout entier, à la voix de Samuel, acclama la royauté de Saül. C'était en 1095.

Samuel profita de l'assemblée du peuple pour rappeler avec quel désintéressement il avait toujours rendu la justice. Il ne dissimula pas que la demande d'un roi avait déplu au Seigneur, après tous les bienfaits dont il avait comblé les Israélites depuis la sortie de l'Egypte. Mais il donna l'assurance que Dieu ne les abandonnerait pas, s'ils lui restaient fidèles, tandis que le malheur serait le châtiment inévitable de leur apostasie.

70. LES GUERRRS DE SAÜL

SaüI régna Pendant quarante ans (1095-1056 av. J.-C.). Il eut presque constamment à faire la guerre contre les ennemis d'Israël. Il confia une partie de l'armée à son fils Jonathas. Celui-ci remporta d'abord contre les Philistins un avantage qui mit en mouvement tout ce peuple. Saül accourut. Il avait ordre d'attendre Samuel pour offrir le sacrifice qui devait commencer la guerre.

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Samuel ne venant pas assez vite, Saül fit procéder à la cérémonie. Pour cette désobéissance, il lui fut prédit que sa royauté ne lui survivrait pas.

Saül et Jonathas n'avaient avec eux qu un petit nombre d’hommes et ces hommes étaient mal armés ; car Israël était resté tributaire des Philistins pour la fabrication des armes et des outils de fer. Néanmoins, une reconnaissance hardie de Jonathas détermina une telle panique dans le camp des ennemis, que les uns s'entretuèrent et les autres se débandèrent, poursuivis par l'armée d'Israël.

La guerre reprit ensuite contre les Moabites, les Ammonites, les Iduméens et les Philistins eux-mêmes. Sur l'ordre de Samuel, Saül partit avec de nombreux guerriers contre les Amalécites, ennemis d'Israël depuis les jours du désert. Il lui était enjoint de tout détruire, chez ce peuple. L'ordre ne fut exécuté, qu’incomplètement. Saül laissa la vie à Agag, roi d'Amalec ; ses hommes gardèrent ce qu'il y avait de meilleur en troupeaux et en vêtements.

Cette infraction grave aux intentions formelles de Dieu ne resta pas impunie. Evidemment, Saül tenait à agir en roi indépendant, comme si le peuple qui lui était confié n'avait pas une mission spéciale qui nécessitait, même sous la royauté, une intervention divine dont il fallait tenir compte. Samuel lui signifia que Dieu le rejetait sans retour. En vain Saül prétexta-t-il que les troupeaux conservés étaient destinés à des sacrifices. « Mieux vaut l'obéissance que les sacrifices », lui dit le prophète.

71. L'ONCTION DE DAVID

En conséquence de cette réprobation, Samuel eut ordre de se rendre à Bethléem, dans la tribu de Juda, et d'y sacrer l'un des fils d'Isaï. Il alla à Bethléem, et demanda à Isaï de lui présenter ses fils. Sept passèrent devant Samuel sans qu'il reconnût l'élu de Dieu. On envoya chercher le huitième, qui gardait les brebis. C'était David, celui que Dieu choisissait. Le prophète versa sur sa tête l'huile de l'onction. Un simple berger devint roi.

Saül cependant ne fut pas déposé. Mais un esprit mauvais s'empara de lui et des accès de furie commencèrent à l'agiter. Pour le calmer, on chercha un homme qui sût jouer d'un instru-ment de musique appelé le kinnor. Quelqu'un de l'entourage du roi avait entendu le jeune David se servir admirablement de cet instrument. Saül fit venir le jeune berger, sans se douter que celui qu'il appelait était déjà désigné pour lui succéder. Il en fit son écuyer. Quand le mauvais esprit s'emparait du roi, David jouait devant lui et lui rendait le repos.

72. DAVID ET GOLIATH

Sans doute informés de l'état dans lequel tombait le roi Saül, les Philistins vinrent en armes jusqu'au cœur de la tribu de Juda. Saül se porta au-devant d'eux avec son armée. Les deux adversaires campaient sur les pentes opposées d'une même vallée. Ils hésitèrent à en venir aux mains. Mais un énorme géant philistin, nommé Goliath, s'avançait chaque jour vers les Israélites ; tout bardé d'airain, il les défiait à un combat singulier. Personne n'osait l'affronter, bien que Saül eût promis de grands avantages et sa fille en mariage à celui qui abattrait le Philistin.

David, qui était retourné aux troupeaux de son père apprit ce qui se passait. Accouru a l'armée, où se trouvaient déjà ses frères, il s'offrit au combat singulier. Saül lui objecta sa jeunesse ; mais David répliqua que, pour défendre son troupeau, il avait bien su tuer le lion et l'ours, et que d'ailleurs Dieu l'aiderait contre l'ennemi qui, depuis quarante jours, insultait Israël. On voulut lui

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mettre une cuirasse et lui donner des armes. Il n'était point habitué à les manier : il se contenta de son bâton et de sa fronde, pour laquelle il ramassa cinq pierres dans le lit du torrent.

En le voyant venir, Goliath n'eut pour lui que du mépris, à cause de sa petite apparence.

Le Philistin dit à David :

« Suis-je un chien, que tu viennes à moi avec un bâton ? »

Et le Philistin maudit David par ses dieux. Et le Philistin dit à David :

« Viens à moi, que je donne ta chair aux oiseaux du ciel et aux bêtes des champs. »

David répondit au Philistin :

« Tu viens à moi avec l'épée, la lance et le javelot ; et moi je viens à toi au nom de Yahweh des armées, du Dieu des bataillons d'Israël, que tu as insulté. Aujourd'hui Yahweh te livrera entre mes mains, je te frapperai et j'enlèverai ta tête de dessus toi ; aujourd'hui je donnerai les cadavres de l'armée des Philistins aux oiseaux du ciel et aux animaux de la terre ; et toute la terre saura qu'Israël a un Dieu ; et toute cette multitude saura que ce n'est ni par l'épée ou par la lance que Yahweh sauve, car à Yahweh appartient la guerre, et il vous a livrés entre nos mains. » (1-S [Vulg. 1-R] 17, 43-47)

Alors David arma sa fronde, lança une pierre et atteignit le géant au front ; puis, courant sur le blessé, il lui prit son épée et lui trancha la tète. A cette vue, les Philistins prirent la fuite ; les Israélites les poursuivirent jusque chez eux et en frappèrent un grand nombre.

David, portant la tête de Goliath, fut ramené à Saül par Abner, le chef de l'armée israélite. Le roi ne voulut plus qu'il retournât dans la maison de son père, et Jonathas, fils de Saül, se lia d'une tendre amitié avec David. La réputation du jeune héros se répandit dans tout Israël ; les femmes chantaient à son passage :

« Saül a tué ses mille, et David ses dix mille. » (1-S [Vulg. 1-R] 18, 7)

73. JALOUSIE DU ROI

La victoire de David et la faveur générale dont il était l'objet troublèrent encore davantage l'esprit du roi. Dans un accès de fureur, il voulut percer de sa lance le jeune écuyer, pendant qu'il jouait du kinnor devant lui. Pour l'éloigner, il le mit à la tête de mille hommes et l'envoya combattre, espérant qu'il périrait dans quelque. rencontre. Enfin, lui ayant refusé sa fille alliée, malgré la promesse faite au vainqueur de Goliath, il lui fit espérer la seconde, Michol, à condition qu'il rapporterait les dépouillés de cent Philistins. David obéit, échappa à tous les dangers et put épouser Michol.

La haine jalouse de Saül ne fit que s'accroître, malgré les efforts de son fils Jonathas, l'ami de David. Michol elle-même dut faire évader David de sa maison, que cernaient les gardes du roi, décidé à le faire périr. Le fugitif se rendit auprès de Samuel. Saül, irrité de ne plus le voir auprès de lui, chercha plusieurs fois à le perdre. Jonathas avertissait son ami des dispositions du roi.

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Résumé de l’Ancien testament 90

74. VIE ERRANTE DE DAVID

Après avoir été redemander au grand-prêtre Achimélech l'épée de Goliath, qu'il avait consacrée au Seigneur, David se réfugia d'abord auprès d'Achis, roi philistin de Geth, puis revint dans les montagnes de Juda, où des aventuriers et des mécontents se joignirent à lui au nombre de quatre cents. Il batailla enfin contre les Philistins, et erra dans les montagnes, de côté et d'autre, poursuivi entre temps par Saül.

Cette vie dura plusieurs années. David, qui était à la fois guerrier, musicien et poète, chan-tait ses épreuves et exprimait à Dieu sa désolation et ses désespérances dans des psaumes qui ont été conservés.

Voici l'un des cantiques qu'il composa vers cette époque :

Au maître de chant. Sur la Gitthienne. Chant de David.

Yahweh, notre Seigneur,

que ton nom est glorieux sur toute la terre

Toi qui as revêtu les cieux de ta majesté

Par la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle

tu t'es fondé une force pour confondre tes ennemis,

pour imposer silence à l'adversaire et au blasphémateur.

Quand je contemple tes cieux, ouvrage de tes doigts,

la lune et les étoiles que tu as créées, je m'écrie :

Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui,

et le fils de l'homme, pour que tu en prennes soin ?

Tu l'as fait de peu inférieur à Dieu,

tu l'as couronné de gloire et d'honneur.

Tu lui as donné l'empire sur les œuvres de tes mains ;

tu as mis toutes choses sous ses pieds :

Brebis et bœufs, tous ensemble,

et les animaux des champs ;

oiseaux du ciel et poissons de la mer,

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Résumé de l’Ancien testament 91

et tout ce qui parcourt les sentiers des mers.

Yahweh, notre Seigneur,

que ton nom est glorieux sur toute la terre ! (Ps 8)

Malgré l'hostilité que lui témoignait le roi auquel il avait rendu de si éminents services, David ne cessa de respecter en lui l'oint du Seigneur. Deux fois il le tint en son pouvoir, sans que Saül s'en doutât. La première fois, il se contenta de couper un pan de son manteau, et la seconde il prit seulement sa lance et sa coupe. Saül reconnaissait en ces circonstances la loyauté de David ; il lui demandait même, quand il régnerait sur Israël, de ne pas sévir contre sa famille. Le fugitif promit, mais ne se fia nullement au roi, qu'il savait entouré de méchants conseillers et dont la versatilité ne lui était que trop connue.

Il se réfugia de nouveau auprès d'Achis. De là, il guerroya contre les Amalécites, mais jamais il ne se prêta à seconder les entreprises des Philistins contre Israël.

75. LA FIN DE SAÜL

Samuel était mort depuis quelque temps, quand les Philistins tentèrent un plus vigoureux effort contre Saül. Effrayé de leur apparition, celui-ci s'en alla à Endor, où se trouvait une femme qui prétendait évoquer les esprits. Il lui demanda d'évoquer Samuel, qu'il voulait consulter sur la guerre qui s'engageait. Dieu permit que la réponse arrivât ; elle fut terrible pour le roi.

Samuel dit à Saül :

« Pourquoi m'as-tu troublé, en me faisant monter ? »

Saül répondit :

« Je suis dans une grande détresse : les Philistins me font la guerre, et Dieu s'est retiré de moi ; il ne m'a répondu ni par les prophètes ni par les songes. Je t'ai évoqué pour que tu me fasses connaître ce que j'ai à faire. »

Samuel dit :

« Pourquoi me consultes-tu, puisque Yahweh s'est retiré de toi et qu'il est devenu ton adversaire ? Yahweh a agi comme il l'avait annoncé par mon intermédiaire : Yahweh a arraché la royauté de ta main, et l'a donnée à ton compagnon, à David. Parce que tu n'as pas obéi à la voix de Yahweh, et que tu n'as pas traité Amalec selon l'ardeur de sa colère, c'est pour cela que Yahweh a ainsi agi envers toi en ce jour. Et même Yahweh livrera Israël avec toi aux mains des Philistins. Demain, toi et tes fils, vous serez avec moi, et Yahweh livrera le camp d'Israël entre les mains des Philistins. » (1-S [Vulg. 1-R] 28, 15)

En entendant ces paroles, Saül, rempli d'effroi, tomba par terre de toute sa hauteur ; puis découragé il retourna pendant la nuit à son camp.

La bataille s'engagea sur les monts Gelboé. Les Israélites furent mis en déroute. Saül, blessé par les flèches, se donna la mort avec son épée pour échapper à ses ennemis. Trois de ses fils gisaient à ses côtés. Ce fut un grand deuil dans Israël. David, en apprenant cette catastrophe, fut profondément affligé. Il célébra dans un chant funèbre la valeur et la triste fin du roi et de ses fils :

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Résumé de l’Ancien testament 92

Saül et Jonathas, chéris et aimables dans la vie et dans la mort, ils ne furent point séparés. Ils étaient plus agiles que les aigles, ils étaient plus forts que les lions.

Filles d'Israël, pleurez sur Saül, qui vous revêtait de pourpre au sein des délices, qui mettait des ornements d'or sur vos vêtements !

Comment les héros sont-ils tombés dans la bataille ?

Jonathas a été percé sur tes hauteurs !

L'angoisse m'accable à cause de toi, Jonathas, mon frère. Tu faisais toutes mes délices ; ton amour m'était plus précieux que l'amour des femmes.

Comment les héros sont-ils tombés ? Comment les guerriers ont-ils péri ? (1-S 1, 23-27)

Ainsi finit le premier roi des Israélites. Brave et énergique, il ne sut pas comprendre son rôle d'élu de Dieu. Il voulut pour lui seul une royauté sans contrôle ni direction comme celle des rois voisins, fut incapable de se défendre contre les conseillers intéressés, persécuta sans raison David et ne respecta pas la place réelle mais restreinte que Dieu voulait garder dans le gou-vernement de son peuple. C’est pourquoi il disparut avec ceux qui auraient pu tenter de lui succéder.

RESUME

Après Samson, le grand-prêtre Héli fut juge d'Israël. Dieu révéla à Samuel les châtiments qui frappèrent en effet les fils indociles et pervers du grand-prêtre.

Les Philistins avaient pris l'Arche, mais partout où ils la portèrent, elle déchaînait des fléaux. Placée sur un chariot, elle revint enfin au pays des Israélites, qui se repentirent par le jeûne et la prière et détruisirent les idoles.

Samuel devenu vieux associa ses deux fils à ses fonctions de juge. Ils abusèrent de leur pouvoir et mécontentèrent le peuple qui demanda un roi.

Saül leur fut donné. Il remporta d'abord de nombreuses victoires sur les ennemis d'Israël ; mais par sa désobéissance il ne tarda pas à se faire rejeter par le Seigneur.

David fut sacré à sa place. Ses succès, et en particulier sa victoire sur Goliath, excitèrent la jalousie de Saül. Grâce à l'amitié de Jonathas, David échappa à la mort et se réfugia dans les montages de Juda. Saül mourut misérablement en se perçant lui-même de son épée.

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CHAPITRE XII – David

76. DAVID, ROI DE JUDA

David avait trente ans à la mort de Saül. Il se rendit à Hébron, où la tribu de Juda le reconnut roi (1055-1015 av. J.-C.). De son côté, Abner, chef de l'armée de Saül, fit reconnaître par tout le reste d'Israël, Isboseth, un des fils de Saül. Joab, chef des troupes de David, engagea la lutte contre Abner. Celui-ci fut mis en fuite, mais tua Asaël, frère de Joab. La lutte dura deux ans entre les deux partis. A la fin, Abner, mécontenté par Isboseth, le quitta pour aller à David ; mais, peu après sa soumission, il fut tué par Joab qui tenait à venger la mort de son frère Asaël. Sa disparition découragea Isboseth et les tribus qui tenaient pour lui. Ce prince lui-même ne tarda pas, à être assassiné par deux chefs de brigands, qui crurent ainsi être agréables à David. Ce dernier, réprouvant leur action, les fit périr eux-mêmes comme ils le méritaient.

Peu à peu, toutes les tribus se rallièrent à David. Les anciens du peuple vinrent enfin à Hébron et le reconnurent roi de toute la nation. Il y avait sept ans et demi que David régnait sur la seule tribu de Juda.

77. LA NOUVELLE CAPITALE

Depuis les jours de la conquête de Chanaan, la cité de Jérusalem était restée au pouvoir des Jébuséens, ses anciens possesseurs. Ceux-ci, pleins de confiance dans la force de la place, se moquaient de David et disaient : « Les aveugles et les boiteux suffiront pour l'empêcher d'entrer. » Il la prit néanmoins et en fit sa capitale.

Saül s'était contenté de vivre dans sa maison. David voulut se bâtir un palais de pierre, digne de sa royauté. Les Phéniciens étaient alors les grands entrepreneurs de travaux d'art dans tout l'Orient.

Hiram, roi de Tyr, se hâta de saluer le roi d'Israël, et lui envoya des ouvriers pour bâtir son palais.

De leur côté, les Philistins se mirent aussi en mouvement, mais avec de tout autres projets. David alla au-devant d'eux, les battit par deux fois et s'empara de leurs idoles.

Cependant la plus importante consécration manquait encore à sa capitale. Le roi voulait y posséder l'Arche d'alliance et remplacer l'antique et trop modeste Tabernacle par un temple digne de Iahvé. Il commença par aller chercher l'Arche chez Abinadab. Tout le peuple lui faisait cortège et les instruments retentissaient joyeusement, quand Oza, fils d'Abinadab, qui accompagnait l'Arche, porta la main sur elle pour la soutenir à un passage difficile. Il fut aussitôt frappé de mort, car il n'était que lévite et les prêtres seuls pouvaient toucher l'Arche. Bien que nécessaire pour rappeler au peuple la majesté de Iahvé et le respect qui lui était dû, cette sévérité effraya David, qui laissa l'Arche en dépôt chez le lévite Obédédom.

Les bénédictions qui se multiplièrent sur la maison du lévite rendirent confiance à David. Il alla chercher l'Arche à nouveau et l'introduisit dans la capitale. Lui-même, pendant le trajet, dansait devant elle, selon la coutume du temps. Sa femme Michol, fille de Saül, se permit d'en

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Résumé de l’Ancien testament 94

plaisanter. « C'est devant Iahvé que j'ai dansé, lui dit David, et devant lui, je me ferai encore plus petit. »

C'est probablement dans cette circonstance que David composa le magnifique psaume Exsurgat Deus :

in finem David psalmus cantici

exsurgat Deus et dissipentur inimici eius et fugiant qui oderunt eum a facie eius

sicut deficit fumus deficiant sicut fluit cera a facie ignis sic pereant peccatores a facie Dei

et iusti epulentur exultent in conspectu Dei delectentur in laetitia

cantate Deo psalmum dicite nomini eius iter facite ei qui ascendit super occasum Dominus nomen illi et exultate in conspectu eius turbabuntur a facie eius

patris orfanorum et iudicis viduarum Deus in loco sancto suo

Deus inhabitare facit unius moris in domo qui educit vinctos in fortitudine similiter eos qui exasperant qui habitant in sepulchris

Deus cum egredereris in conspectu populi tui cum pertransieris in deserto diapsalma

terra mota est etenim caeli distillaverunt a facie Dei Sinai a facie Dei Israhel

pluviam voluntariam segregabis Deus hereditati tuae et infirmata est tu vero perfecisti eam

animalia tua habitant in ea parasti in dulcedine tua pauperi Deus

Dominus dabit verbum evangelizantibus virtute multa

rex virtutum dilecti *dilecti; et speciei domus dividere spolia

si dormiatis inter medios cleros pinnae columbae deargentatae et posteriora dorsi eius in pallore auri

dum discernit Caelestis reges super eam nive dealbabuntur in Selmon

mons Dei mons pinguis mons coagulatus mons pinguis

ut quid suspicamini montes coagulatos mons in quo beneplacitum est Deo habitare in eo etenim Dominus habitabit in finem

currus Dei decem milibus multiplex milia laetantium Dominus in eis in Sina in sancto

ascendisti in altum cepisti captivitatem accepisti dona in hominibus etenim non credentes inhabitare Dominum Deus

benedictus Dominus die cotidie prosperum iter faciet nobis Deus salutarium nostrorum diapsalma

Deus noster Deus salvos faciendi et Domini Domini exitus mortis

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Résumé de l’Ancien testament 95

verumtamen Deus confringet capita inimicorum suorum verticem capilli perambulantium in delictis suis

dixit Dominus ex Basan convertam convertam in profundis maris

ut intinguatur pes tuus in sanguine lingua canum tuorum ex inimicis ab ipso

viderunt ingressus tui Deus ingressus Dei mei regis mei qui est in sancto

praevenerunt principes coniuncti psallentibus in medio iuvencularum tympanistriarum

in ecclesiis benedicite Deum Dominum de fontibus Israhel

ibi Beniamin adulescentulus in mentis excessu principes Iuda duces eorum principes Zabulon principes Nepthali

manda Deus virtutem tuam confirma Deus hoc quod operatus es nobis

a templo tuo in Hierusalem tibi adferent reges munera

increpa feras harundinis congregatio taurorum in vaccis populorum ut excludant eos qui probati sunt argento dissipa gentes quae bella volunt

venient legati ex Aegypto Aethiopia praeveniet manus eius Deo

regna terrae cantate Deo psallite Domino diapsalma psallite Deo;

qui ascendit super caelum caeli ad orientem ecce dabit voci suae vocem virtutis

date gloriam Deo super Israhel magnificentia eius et virtus eius in nubibus

mirabilis Deus in sanctis suis Deus Israhel ipse dabit virtutem et fortitudinem plebi suae benedictus Deus (Ps 67 dans la Vulgate)

dont voici la traduction (Ps 68 dans la Bible Crampon)

Au maître de chant. Psaume de David. Cantique.

Que Dieu se lève, et que ses ennemis soient dispersés,

et que ceux qui le haïssent fuient devant sa face !

Comme se dissipe la fumée, dissipe-les ;

Comme la cire se fond au feu,

que les méchants disparaissent devant Dieu !

Mais que les justes se réjouissent et tressaillent devant Dieu ;

qu'ils soient transportés d'allégresse.

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Résumé de l’Ancien testament 96

Chantez à Dieu, célébrez son nom !

Frayez le chemin à celui qui s'avance à travers les plaines !

Yahweh est son nom ; tressaillez devant lui !

Il est père des orphelins et juge des veuves,

Dieu dans sa sainte demeure.

Aux abandonnés Dieu donne une maison ;

il délivre les captifs et les rend au bonheur ;

seuls les rebelles restent au désert brûlant.

O Dieu, quand tu sortais à la tête de ton peuple,

quand tu t'avançais dans le désert, - Séla.

la terre fut ébranlée,

les cieux eux-mêmes se fondirent devant Dieu ;

le Sinaï trembla devant Dieu, le Dieu d' Israël.

Tu fis tomber, Ô Dieu, une pluie de bienfaits;

ton héritage était épuisé, tu le réconfortas.

Envoyés par toi, des animaux vinrent s'y abattre ;

dans ta bonté, Ô Dieu, tu prépares leur aliment aux malheureux.

Le Seigneur a fait entendre sa parole ;

les femmes qui annoncent la victoire sont une troupe nombreuse.

« Les rois des armées fuient, fuient,

et celle qui habite la maison partage le butin. »

Quand vous étiez couchés au milieu des bercails,

les ailes de la colombe étaient recouvertes d'argent,

et ses plumes brillaient de l'éclat de l'or.

Lorsque le Tout-Puissant dispersait les rois dans le pays,

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Résumé de l’Ancien testament 97

la neige tombait sur le Selmon.

Montagne de Dieu, montagne de Basan,

montagne aux cimes élevées, montagne de Basan

pourquoi regardez-vous avec envie,

montagnes aux cimes élevées,

la montagne que Dieu a voulue pour séjour ?

Oui, Yahweh y habitera à jamais !

Le char de Dieu, ce sont des milliers et des milliers ;

le Seigneur vient du Sinaï dans son sanctuaire

Tu montes sur la hauteur emmenant la foule des captifs ;

tu reçois les présents des hommes,

Même les rebelles habiteront près de Yahweh Dieu :

Béni soit le Seigneur !

Chaque jour il porte notre fardeau ;

il est le Dieu qui nous sauve. - Séla.

Dieu est pour nous le Dieu des délivrances ;

Yahweh, le Seigneur, peut retirer de la mort.

Oui, Dieu brisera la tête de ses ennemis,

le front chevelu de celui qui marche dans l'iniquité.

Le Seigneur a dit : « Je les ramènerai de Basan,

je les ramènerai du fond de la mer,

afin que tu plonges ton pied dans le sang ;

et que la langue de tes chiens ait sa part des ennemis. »

On voit tes marches, Ô Dieu,

les marches de mon Dieu, de mon roi, au sanctuaire.

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Résumé de l’Ancien testament 98

En avant sont les chanteurs, puis les musiciens,

au milieu, des jeunes filles battant du tambourin.

« Bénissez Dieu dans les assemblées,

le Seigneur, vous qui êtes de la source d'Israél. »

Voici Benjamin, le plus petit, qui domine sur eux ;

voici les princes de Juda avec leur troupe,

les princes de Zabulon, les princes de Nephthali.

Commande, Ô Dieu, à ta puissance,

affermis, Ô Dieu, ce que tu as fait pour nous.

A ton sanctuaire, qui s'élève au-dessus de Jérusalem,

les rois t'offriront des présents.

Menace la bête des roseaux,

la troupe des taureaux avec les veaux des peuples ;

afin qu'ils se prosternent avec des pièces d'argent.

Disperse les nations qui se plaisent aux combats !

Que les grands viennent de l'Egypte,

que l'Ethiopie s'empresse de tendre les mains vers Dieu.

Royaumes de la terre, chantez à Dieu, célébrez le Seigneur ! - Séla.

Chantez à celui qui est porté sur les cieux,

les cieux antiques.

Reconnaissez la puissance de Dieu !

Sa majesté est sur Israël,

et sa puissance est dans les nuées.

De ton sanctuaire, Ô Dieu, tu es redoutable !

Le Dieu d' Israël donne à son peuple force et puissance.

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Résumé de l’Ancien testament 99

Béni soit Dieu !

Quant à l'autre projet de David, au sujet de la construction du temple, il ne devait pas lui être donné de l'exécuter. De la part du Seigneur, le prophète Nathan lui annonça que cette œuvre était réservée à son fils, mais que sa bonne volonté était agréable à Dieu et que sa maison recevrait une bénédiction qui ne lui serait pas retirée, comme l'avait été celle de la maison de Saül.

78. LES GUERRES DE DAVID

David fut un habile et vaillant guerrier. C'est même à cause de ses guerres nombreuses et du sang qu'il fut obligé de répandre, que le Seigneur ne voulut pas lui confier la mission de bâtir le temple. Il ne fallait pas en effet que, pendant l'exécution d'une si gigantesque entreprise, les ennemis extérieurs vinssent troubler Israël.

David organisa son armée de manière à en faire un instrument aussi parfait qu'il était pos-sible alors, pour la conquête et pour la défense. Il eut d'abord une garde du corps composée de deux mille hommes, commandés par Banaïas, fils du grand-prêtre Joïada, et originairement recrutés chez les Philistins soumis à Israël. Il y avait ensuite un autre corps de gibborim ou vaillants, formé des plus fidèles partisans de David. Parmi eux s'en trouvaient trente que leurs hauts faits avaient particulièrement illustrés. Enfin la masse de l'armée comptait 288 000 hommes recrutés dans toutes les tribus, mais ne faisant qu'un mois de service effectif à tour de rôle, de telle sorte qu'en cas d'attaque inopinée, David avait sous la main au moins 25 000 hommes prêts à partir. Joab était à la tête de toutes ces troupes.

Tranquille du côté des Philistins, David se tourna d'abord vers les Moabites, à l'est de la mer Morte ; il fit périr le tiers de leurs guerriers. Ce fut ensuite le tour des Syriens. Adarézer, roi de Soba, fut battu le premier. Les Syriens de Damas, venus à son secours, perdirent vingt deux mille hommes, furent vaincus et assujettis au tribut. Les Iduméens, qui avaient envahi le territoire d'Israël pendant que David était occupé en Syrie, reçurent aussi leur châtiment ; ils perdirent dix-huit mille hommes à la bataille, au sud de la mer Morte, et devinrent sujets de David.

A l'occasion d'un acte de courtoisie de David, les Ammonites se conduisirent avec insolence à son égard et s'allièrent aux Syriens. Joab fit campagne contre eux et les mit en déroute. Une nouvelle intervention syrienne, conduite par Adarézer, aboutit pour ce dernier à une sanglante défaite, et pour les Ammonites à la désertion de tous leurs alliés. Joab alla alors faire le siège de Rabbath, la capitale des Ammonites. Ce siège fut long. Quand la prise de la place devint imminente, Joab demanda au roi de venir en personne. David arriva en effet, prit la ville, fit un grand butin et réduisit les Ammonites en esclavage, les assujettissant pour le compte d'Israël à couper le bois, à scier la pierre et à fabriquer des briques.

Le royaume de David s étendit dès lors de l'Euphrate au Nil.

79. LE CRIME DE DAVID

Malgré son humeur guerrière, David savait se montrer bienveillant. Il fit rechercher les membres survivants de la famille de Saül, afin d'assurer leur sort, et il prit spécialement à sa charge Miphiboseth, fils de Jonathas qu'il avait tant aimé. David ne laissait pas cependant d’être un homme très passionné. Outre Michol, fille de Saül, il avait épousé plusieurs femmes de second ordre, conformément à l'usage encore toléré. Il ne sut malheureusement pas s'en tenir là.

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Résumé de l’Ancien testament 100

Pendant qu'il résidait à Jérusalem, au moment où se poursuivait le siège de Rabbath, il aperçut du haut de sa terrasse une femme qui lui plut, demanda qui elle était, la fit venir et pécha avec elle. La faute était d'autant plus indigne que cette femme, Bethsabée, était la petite-fille d'Achitophel, l'un des plus fidèles conseillers du roi, la fille d'Eliam, un des officiers royaux, et l'épouse d'Urie, qui prenait part alors au siège de Rabbath.

David fit venir ce dernier, sous prétexte d'avoir des nouvelles du siège. Urie, qui ne se doutait de rien, refusa d'entrer dans sa maison, pendant que ses compagnons d'armes vivaient sous la tente. Quand il fut reparti, David envoya à Joad l’ordre de l'exposer aux coups de l'ennemi, de telle manière qu'il fût frappé à mort. L'ordre fut exécuté. A l'adultère, David joignait ainsi l'homicide. Quand le temps du deuil fut passé, il épousa Bethsabée, et, pendant près d'un an, vécut ainsi sans paraître se soucier de son crime.

Yahweh envoya Nathan vers David ; et Nathan vint à lui et lui dit : « Il y avait dans une ville deux hommes, l'un riche et l'autre pauvre.

Le riche avait des brebis et des bœufs en très grand nombre, et le pauvre n'avait rien, si ce n'est une petite brebis qu'il avait achetée ; il l'élevait et elle grandissait chez lui avec ses enfants, mangeant de son pain, buvant de sa coupe et dormant sur son sein, et elle était pour lui comme une fille.

Une visite arriva chez l'homme riche ; et le riche s'abstint de prendre de ses brebis ou de ses bœufs, pour préparer un repas au voyageur qui était venu chez lui ; il prit la brebis du pauvre et l'apprêta pour l'homme qui était venu chez lui. »

La colère de David s'enflamma violemment contre cet homme, et il à Nathan : « Aussi vrai que Yahweh est vivant, L'homme qui a fait cela mérite la mort ; et il rendra quatre fois la brebis, pour avoir fait une pareille chose et pour avoir été sans pitié. »

Et Nathan dit à David : « Tu es cet homme-là ! Ainsi parle Yahweh, le Dieu d'Israël : Je t'ai oint pour roi sur Israël, et je t'ai délivré de la main de Saül ;

je t'ai donné la maison de ton maître, et j'ai mis sur ton sein les femmes de ton maître ; et je t'ai donné la maison d'Israël et de Juda, et, si cela était trop peu, j'y aurais encore ajouté ceci ou cela.

Pourquoi as-tu méprisé la parole de Yahweh, en faisant ce qui est mal à ses yeux ? Tu as frappé par l'épée Urie le Héthéen ; tu as pris sa femme pour en faire ta femme, et tu l'as tué par l'épée des fils d'Ammon.

Et maintenant, l'épée ne s'éloignera jamais de ta maison, parce que tu m'as méprisé et que tu as pris la femme d'Urie le Héthéen, pour en faire ta femme.

Ainsi parle Yahweh : « Voici que je vais faire lever, de ta maison même, le malheur sur toi, et je prendrai sous tes yeux tes femmes pour les donner à ton voisin, et il couchera avec tes femmes à la vue de ce soleil.

Car toi, tu as agi en secret ; et moi, je ferai cela en présence de tout Israël et à la face du soleil. »

David dit à Nathan : « J'ai péché contre Yahweh. » Et Nathan dit à David : « Yahweh a pardonné ton péché, tu ne mourras point.

Mais, parce que tu as fait, par cette action, mépriser Yahweh par ses ennemis, le fils qui t'est né mourra. » (II S 12, 1-14).

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Résumé de l’Ancien testament 101

La sentence ne tarda pas à s'exécuter, contre le fils de Bethsabée.

Enfin revenu à lui sous les coups de la justice divine, David se repentit amèrement. Il exhala ses sentiments de douleur et de pénitence dans un chant sublime, le Miserere (Ps 50 de la Vulgate) ; mais désormais il n'osa plus s'étonner ni se plaindre des épreuves qui s'accumulèrent sur sa tête.

in finem psalmus David

cum venit ad eum Nathan propheta quando intravit ad Bethsabee

miserere mei Deus secundum magnam; misericordiam tuam et; secundum multitudinem miserationum tuarum dele iniquitatem meam

amplius lava me ab iniquitate mea et a peccato meo munda me

quoniam iniquitatem meam ego cognosco et peccatum meum contra me est semper

tibi soli peccavi et malum coram te feci ut iustificeris in sermonibus tuis et vincas cum iudicaris

ecce enim in iniquitatibus conceptus sum et in peccatis concepit me mater mea

ecce enim veritatem dilexisti incerta et occulta sapientiae tuae manifestasti mihi

asparges me hysopo et mundabor lavabis me et super nivem dealbabor

auditui meo dabis gaudium et laetitiam exultabunt ossa humiliata

averte faciem tuam a peccatis meis et omnes iniquitates meas dele

cor mundum crea in me Deus et spiritum rectum innova in visceribus meis

ne proicias me a facie tua et spiritum sanctum tuum ne auferas a me

redde mihi laetitiam salutaris tui et spiritu principali confirma me

docebo iniquos vias tuas et impii ad te convertentur

libera me de sanguinibus Deus Deus salutis meae exultabit lingua mea iustitiam tuam

Domine labia mea aperies et os meum adnuntiabit laudem tuam

quoniam si voluisses sacrificium dedissem utique holocaustis non delectaberis

sacrificium Deo spiritus contribulatus cor contritum et humiliatum Deus non spernet

benigne fac Domine in bona voluntate tua Sion et aedificentur muri Hierusalem

tunc acceptabis sacrificium iustitiae oblationes et holocausta tunc inponent super altare tuum vitulos

Dont voici la traduction (Bible Crampon Ps 51)

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Résumé de l’Ancien testament 102

Au maître de chant. Psaume de David.

Lorsque Nathan le prophète vint le trouver

après qu'il fut allé vers Bethsabée.

Aie pitié de moi, Ô Dieu, selon ta bonté ;

selon ta grande miséricorde efface mes transgressions.

Lave-moi complètement de mon iniquité,

et purifie-moi de mon péché.

Car je reconnais mes transgressions,

et mon péché est constamment devant moi.

C'est contre toi seul que j'ai péché,

j'ai fait ce qui est mal à tes yeux,

afin que tu sois trouvé juste dans ta sentence,

sans reproche dans ton jugement.

Voici que je suis né dans l'iniquité

et ma mère m'a conçu dans le péché.

Voici que tu veux que la sincérité soit dans le cœur

au dedans de moi fais-moi connaître la sagesse.

Purifie-moi avec l'hysope, et je serai pur;

lave-moi, et je serai plus blanc que 1a neige.

Annonce-moi la joie et l'allégresse,

et les os que tu as brisés se réjouiront.

Détourne ta face de mes péchés,

efface toutes mes iniquités.

O Dieu, crée en moi un cœur pur ;

et renouvelle au dedans de moi un esprit ferme.

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Résumé de l’Ancien testament 103

Ne me rejette pas loin de ta face,

ne me retire pas ton esprit saint.

Rends-moi la joie de ton salut,

et soutiens-moi par un esprit de bonne volonté.

J'enseignerai tes voies à ceux qui les transgressent,

et les pécheurs reviendront à toi.

Ô Dieu, Dieu de mon salut, délivre-moi du sang versé,

et ma langue célébrera ta justice

Seigneur, ouvre mes lèvres,

et ma bouche publiera ta louange :

Car tu ne désires pas de sacrifices, - je t'en offrirais, -

tu ne prends pas plaisir aux holocaustes.

Les sacrifices de Dieu, c'est un esprit brisé ;

Ô Dieu, tu ne dédaignes pas un cœur brisé et contrit.

Dans ta bonté, répands tes bienfaits sur Sion,

bâtis les murs de Jerusalem !

Alors tu agréeras les sacrifices de justice,

l'holocauste et 1e don parfait ;

alors on offrira des taureaux sur ton autel.

80. RÉVOLTE D'ABSALOM

Absalom, l'un des fils de David, commença à réaliser la prophétie de Nathan en tuant son frère aîné, Ammon, qui lui-même s'était indignement conduit envers leur commune sœur, Thamar. Rentré en grâce au bout de deux ans, Absalom s’employa à capter la faveur du peuple, pour arriver à supplanter le roi, son père. Quand il se crut assuré du succès, il se rendit à Hébron, s'y fit proclamer roi et se remit en route vers Jérusalem, accompagné de toute une armée. Le conseiller Achitophel s'était ouvertement déclaré pour lui.

A cette nouvelle, David quitta Jérusalem, avec les hommes qui lui restaient fidèles, passa le Cédron, et, recueillant sur sa route des marques de dévouement de la part des uns et d'hostilité de la part des autres, descendit dans la vallée du Jourdain. Là, on lui apprit le projet qu'Absalom avait arrêté de le poursuivre les armes à la main. Il lui fallut donc songer à se défendre.

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Une rencontre décisive eut, lieu dans la forêt d'Ephraïm, entre les, troupes de David, cormmandées par Joab, et celles d'Absalom, confiées à la direction d'Amasa, neveu de David. Ce dernier fut défait avec de grandes pertes. David avait dit à ses guerriers : « Sauvez mon fils Absalom. » Celui-ci dans sa fuite resta pris par sa longue chevelure aux branches entrelacées d'un térébinthe. Au lien de l'épargner, Joab accourut et lui planta trois traits dans le cœur. En apprenant cette mort, David ne put se contenir. Il éclata en sanglots et ne cessait de s'écrier : « Mon fils Absalom ! que ne suis-je mort à ta place! »

81. RÉVOLTE DE SÉBA

Joab tira le roi de son deuil et le ramena vers le peuple. On se rappelait tout ce que David avait fait pour la nation ; dans tout Israël, on se demandait ce qui retardait son retour à Jérusalem. David de son côté promit d'user de clémence envers les rebelles ; il proposa même à Amasa de lui donner la place de Joab le meurtrier d'Absalom. Les hommes de Juda, les plus compromis dans la révolte, vinrent enfin au-devant de lui, puis ceux de Benjamin, et ils lui firent passer le Jourdain pour le ramener dans la capitale, non cependant sans exciter l'animosité des autres tribus qui, à raison de leur nombre et de leur fidélité, se croyaient plus de droits à rétablir leur roi en possession de sa dignité.

C'est alors qu'un homme de la tribu de Benjamin, nommé Séba, crut le moment propice pour provoquer une scission définitive. « Nous n’avons rien à faire avec David, s'écria-t-il ; israélites, chacun à ses tentes ! » La tribu de Benjamin regrettait toujours qu’un homme de Juda occupât le trône à la suite de Saül. Le cri de révolte poussé par Séba fut écouté.

Aussitôt David commanda à Amasa de rassembler les troupes, et, comme celui-ci n'y réussissait pas assez vite, il lui adjoignit Abisaï, frère de Joab. Ce dernier, pour rentrer dans son commandement, se rendit à l'armée, feignit d'embrasser Amasa et le perça de son épée, puis, de concert avec Abisaï, alla assiéger Séba dans une ville de la tribu de Nephtali, où il s'était enfermé. Une femme de la ville ameuta les habitants contre le révolté. On trancha la tête de Séba et on la jeta à Joab. Ainsi se termina la sédition, grâce à l'énergie de Joab, que David dut se résigner à supporter de nouveau, malgré sa criminelle brutalité.

82. DERNIÈRES ÉPREUVES

Une famine, qui se prolongea durant trois ans, excita le mécontentement du peuple ; il y voyait une punition de la cruauté avec laquelle le roi Saül avait traité les habitants de Gabaon, quand il avait transféré le Tabernacle dans cette ville. Pour conjurer le fléau, on pensa qu'il fallait exterminer la descendance de Saül. David dut se prêter à cette exigence. Il n'épargna que Miphiboseth, le fils de Jonathas.

Sept princes furent livrés aux Gabaonites, deux fils de Respha, une des femmes de Saül, et cinq fils de Méroh, fille de ce prince.

et il les livra entre les mains des Gabaonites, qui les pendirent sur la montagne, devant Yahweh. Tous les sept périrent ensemble ; ils furent mis à mort dans les premiers jours de la moisson, au commencement de la moisson des orges.

Respha, fille d'Aia, ayant pris un sac, l'étendit pour elle sur le rocher, depuis le commencement de la moisson jusqu'à ce que la pluie se répandit du ciel sur eux ; et elle empêcha les oiseaux du ciel de se poser sur eux pendant le jour, et les bêtes des champs pendant la nuit. (2 S 21, 9-10).

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David, informé de ce dévouement, recueillit ensemble et fit ensevelir dans le tombeau du père de Saül, les ossements de ce roi, ceux de Jonathas et des sept princes mis à mort par les Gabaonites.

Il eut ensuite l'idée, malgré les remontrances de Joab, de faire un dénombrement général du peuple. Dix mois après, Joab et les officiers de l'armée comptèrent huit cent mille hommes de guerre en Israël et cinq cent mille en Juda. Ce dénombrement déplut au Seigneur.

David sentit battre son cœur après qu'il eut compté le peuple, et David dit à Yahweh :

« J'ai commis un grand péché en ce que j'ai fait ! Maintenant, Ô Yahweh, ôtez, je vous prie, l'iniquité de votre serviteur, car j'ai tout à fait agi en insensé. »

Le lendemain, quand David se leva, la parole de Yahweh fut adressée à Gad, le prophète, le voyant de David, en ces termes :

« Va dire à David : Ainsi parle Yahweh : Je mets devant toi trois choses ; choisis-en une, et je te la ferai. »

Gad vint vers David et lui fit connaître la parole de Yahweh, et lui dit : « Une famine de sept années viendra-t-elle dans ton pays, ou bien fuiras-tu trois mois devant tes ennemis qui te poursuivront, ou bien y aura-t-il une peste de trois jours dans ton pays ? Maintenant, sache et vois ce que je dois répondre à celui qui m'envoie. »

David répondit à Gad : « Je suis dans une cruelle angoisse. Ah! Tombons entre les mains de Yahweh, car ses miséricordes sont grandes ; mais que je ne tombe pas entre les mains des hommes ! »

Et Yahweh envoya une peste en Israël depuis le matin de ce jour jusqu'au temps fixé ; et il mourut, de Dan à Bersabée, soixante-dix mille hommes parmi le peuple.

L'ange étendait la main sur Jérusalem pour la détruire. Et Yahweh se repentit de ce mal, et il dit à l'ange qui faisait périr le peuple : « Assez ! Retire maintenant ta main. » L'ange de Yahweh se tenait près de l'aire d'Areuna, le Jébuséen.

A la vue de l'ange qui frappait le peuple, David dit à Yahweh : « Voici, c'est moi qui ai péché, c'est moi qui suis coupable ; mais celles-là, ces brebis, qu'ont-elles fait ? Que ta main soit donc sur moi et sur la maison de mon père ! » (2 S 24, 10-17)

83. SACRE DE SALOMON

Le roi avait choisi la peste, qui pouvait l'atteindre lui-même plus durement que les deux autres fléaux. Le peuple d'ailleurs avait sans doute aussi ses fautes à épier. La peste fit périr soixante-dix mille hommes.

David était devenu vieux. Depuis la mort d'Absalom, c'était un autre de ses fils, Adonias, qui comptait lui succéder. Il en parlait à tous. Un jour même, il donna rendez-vous à ses partisans, à la fontaine de Rogel, dans la vallée du Cédron, et, à la suite du festin, il se fit procla-mer roi. David cependant réservait sa succession à un fils de Bethsabée, appelé Salomon. Informé de ce qui se passait à la fontaine de Rogel, il fit assembler une escorte et conduire Salomon à la fontaine de Gihon, également voisine de Jérusalem. Là, le prêtre Zadoc versa l'huile de l'onction sur la tête de Salomon ; l'assistance l'acclama roi et le reconduisit triomphalement à Jérusalem.

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En apprenant ce qui se passait dans la ville, Adonias consterné courut chercher un asile auprès de l'autel du Seigneur. Salomon lui promit sa grâce, à condition que désormais sa conduite serait pacifique.

84. MORT DE DAVID

Avant de mourir, David adressa à Dieu cette prière :

David bénit Yahweh aux yeux de toute l'assemblée ; et David dit : « Béni soyez-vous, d'éternité en éternité, Yahweh, Dieu de notre père d'Israël !

A vous, Yahweh, la grandeur, la puissance, la magnificence, la splendeur et la gloire, car tout, au ciel et sur la terre, vous appartient ; à vous, Yahweh, la royauté ; à vous de vous élever souverainement au-dessus de tout.

De vous dérivent la richesse et la gloire ; vous dominez sur tout ; dans votre main est la force et la puissance, et à votre main il appartient de donner à toutes choses grandeur et solidité.

Maintenant donc, notre Dieu, nous vous louons et nous célébrons votre nom glorieux.

Car qui suis-je et qui est mon peuple, que nous ayons le pouvoir et la force de faire volontairement de pareilles offrandes ? Tout vient de vous, et nous vous donnons ce que nous avons reçu de votre main.

Car nous sommes devant vous des étrangers et des colons, comme l'étaient tous nos pères ; nos jours sur la terre sont comme l'ombre, et il n'y a pas d'espoir.

Yahweh, notre Dieu, toutes ces richesses que nous avons préparées pour vous bâtir une maison pour votre saint nom, c'est de votre main qu'elles viennent, et c'est à vous que tout appartient.

Je sais, Ô mon Dieu, que vous sondez les cœurs et que vous aimez la droiture ; aussi j'ai fait volontairement toutes ces offrandes dans la droiture de mon cœur, et je vois maintenant avec joie votre peuple qui se trouve ici vous faire volontairement ses offrandes.

Yahweh, Dieu d'Abraham, d'Isaac et d'Israël, nos pères, gardez à jamais cette disposition comme la forme des sentiments du cœur de votre peuple, et tenez leur cœur tourné vers vous.

Et à mon fils Salomon donnez un cœur parfait pour observer vos commandements, vos préceptes et vos lois, pour les mettre tous en pratique et pour bâtir le palais pour lequel j'ai fait des préparatifs. » (2 Ch 29, 10-19)

David fit à Salomon ses dernières recommandations. Il lui confia le soin d'élever le temple du Seigneur, en vue duquel il avait amassé des trésors et fait des préparatifs de toute nature. Il le supplia enfin d'être fidèle à Dieu. Puis il mourut à l'âge de soixante-dix ans et après quarante ans de règne. C'était en l'année 1015. Salomon lui fit élever un tombeau dans Jérusalem.

Malgré la gravité de ses fautes, David fut un grand roi. Au point de vue politique, il fit de la Palestine un royaume puissant et prospère, que tous ses voisins durent respecter. Il en étendit les limites plus loin qu'elles n'avaient jamais atteint. Il en organisa fortement l'administration intérieure et s'assura le concours d'une armée suffisante pour triompher de toutes les attaques.

David fut aussi un Poète inspiré. Dans la prospérité comme dans les épreuves, dans la joie comme dans le repentir, il exprima ses sentiments intimes dans des cantiques que les géné-

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rations humaines ne se lassent point de redire. L'inspiration divine lui permit même de décrire à l'avance quelque chose des humiliations, des souffrances, des gloires et des triomphes du Messie futur, qui devait se laisser appeler le « fils de David », et dont David eut la gloire d'être l’ancêtre.

C'est à lui qu'est dû le psaume 22 [Vulg. XXI], dont le Seigneur en croix daigna faire entendre les premières paroles : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné ? » et qui est comme un évangile anticipé de la Passion et de ses résultats :

Au maître de chant. Sur « Biche de l'aurore ». Psaume de David.

Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?

Je gémis, et le salut reste loin de moi !

Mon Dieu, je crie pendant le jour,

et tu ne réponds pas ;

la nuit, et je n'ai point de repos.

Pourtant tu es saint,

tu habites parmi les hymnes d'Israël.

En toi se sont confiés nos pères ;

ils se sont confiés, et tu les as délivrés.

Ils ont crié vers toi, et ils ont été sauvés ;

ils se sont confiés en toi, et ils n'ont pas été confus.

Et moi, je suis un ver, et non un homme,

l'opprobre des hommes et le rebut du peuple.

Tous ceux qui me voient se moquent de moi ;

ils ouvrent les lèvres, ils branlent la tête :

« Qu'il s'abandonne à Yahweh ! Qu'il le sauve,

qu'il le délivre, puisqu'il l'aime ! »

« Oui, c'est toi qui m'as tiré du sein maternel,

qui m'as donné confiance sur les mamelles de ma mère.

« Dès ma naissance, je t'ai été abandonné ;

depuis le sein de ma mère, c'est toi qui es mon Dieu.

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« Ne t'éloigne pas de moi, car l'angoisse est proche,

car personne ne vient à mon secours.

« Autour de moi sont de nombreux taureaux,

les forts de Basan m'environnent.

« Ils ouvrent contre moi leur gueule,

comme un lion qui déchire et rugit.

Je suis comme de l'eau qui s'écoule,

et tous mes os sont disjoints ;

mon cœur est comme de la cire,

il se fond dans mes entrailles.

Ma force s'est desséchée comme un tesson d'argile,

et ma langue s'attache à mon palais ;

tu me couches dans la poussière de la mort.

Car des chiens m'environnent,

une troupe de scélérats rôdent autour de moi ;

ils ont percé mes pieds et mes mains,

je pourrais compter tous mes os.

Eux, ils m'observent, ils me contemplent ;

ils se partagent mes vêtements,

ils tirent au sort ma tunique.

Et toi, Yahweh, ne t'éloigne pas !

Toi qui es ma force, viens en hâte à mon secours !

Délivre mon âme de l'épée,

ma vie du pouvoir du chien !

Sauve-moi de la gueule du lion,

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tire-moi des cornes du buffle !

Alors j'annoncerai ton nom à mes frères ;

au milieu de l'assemblée je te louerai :

« Vous qui craignez Yahweh, louez-le !

Vous tous, postérité de Jacob, glorifiez-le !

Révérez-le, vous tous, postérité d'Israel !

Car il n'a pas méprisé, il n'a pas rejeté la souffrance de l'affligé,

il n'a pas caché sa face devant lui,

et quand l'affligé a crié vers lui, il a entendu. »

Grâce à toi, mon hymne retentira dans la grande assemblée,

j'acquitterai mes vœux en présence de ceux qui te craignent.

Les affligés mangeront et se rassasieront ;

ceux qui cherçhent Yahweh le loueront.

Que votre cœur revive à jamais !

Toutes les extrémités de la terre

se souviendront et se tourneront vers Yahweh,

et toutes les familles des nations

se prosterneront devant sa face.

Car à Yahweh appartient l'empire, il domine sur les nations.

Les puissants de la terre mangeront et se prosterneront ;

devant lui s'inclineront tous çeux qui descendent à la poussière,

ceux qui ne peuvent prolonger leur vie.

La postérité le servira ;

on parlera du Seigneur à la génération future.

Ils viendront et ils annonceront sa justice,

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au peuple qui naîtra, ils diront ce qu'il a fait.

RESUME

Après quelques révoltes des partisans de Saül, toutes les tribus, à la suite de Juda, se rallièrent à David, qui fit de Jérusalem sa capitale et y fixa l'Arche d'alliance.

Cependant, le sang qu'il devait répandre dans de nombreuses guerres le rendit indigne de construire le temple du Seigneur : il dut, en effet, combattre les Philistins, les Moabites, les Ammonites pour étendre son royaume de l'Euphrate au Nil.

Tombé dans une faute grave et repris par le prophète Nathan, il fit pénitence. La révolte de son fils Absalom fut une partie de son châtiment. Il s'attira à lui-même et au peuple une nouvelle punition par le dénombrement qu'il fit faire de son armée.

Malgré la gravité de ses fautes, David fut un grand roi que son repentir et ses larmes, comme aussi l'honneur qu’il eut d'être un prophète et l'un des ancêtres du Messie, ont immortalisé aux yeux de la postérité.

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CHAPITRE XIII – Salomon

85. COMMENCEMENTS DE SALOMON

Fidèle aux avis que son père lui avait donnés avant de mourir, Salomon (1015-975 av. J-C.) se débarrassa de certains personnages dont il avait tout à redouter. Il fit mettre à mort Adonias, qui était prêt à renouveler ses intrigues, et Joab, coupable de tant de crimes et disposé à dominer le jeune roi. Quant au grand-prêtre Abiathar, qui avait trempé dans la conspiration d'Adonias, il le dépouilla du pontificat et le remplaca par Zadoc qui l'avait sacré roi.

Pour donner plus de prestige à sa royauté, Salomon voulut s'unir en mariage à une prin-cesse égyptienne. Il obtint la fille du pharaon Psioukannit II, de la XXIe dynastie, qui régnait alors. Le pharaon lui donna à cette occasion la ville de Gazer, qu'il avait prise aux Philistins.

Salomon tint à inaugurer son règne par de grandes fêtes religieuses. Il convoqua le peuple à Gabaon, l'un de ces lieux vénérés où l'on offrait des sacrifices avant la construction du temple. Là, se trouvait encore le Tabernacle. Le roi fit immoler de nombreuses victimes sur l'autel d'airain. La nuit suivante, le Seigneur lui dit en songe de demander ce qu'il voulait. Salomon demanda la sagesse nécessaire pour bien juger et gouverner son peuple. Dieu la lui accorda ; il lui promit en outre des prospérités temporelles, s'il restait fidèle à ses lois.

L'occasion se présenta bientôt pour le roi de manifester la grâce qu'il avait reçue.

Alors deux femmes de mauvaise vie vinrent vers le roi et se tinrent devant lui.

L'une des femmes dit: « De grâce, mon seigneur ! Cette femme et moi, nous demeurions dans la même maison, et j'ai mis au monde un enfant près d'elle dans la maison.

Trois jours après que j'avais mis au monde mon enfant, cette femme a mis aussi au monde un enfant. Nous étions ensemble; aucun étranger n'était avec nous dans la maison, il n'y avait que nous deux dans la maison.

Le fils de cette femme mourut pendant la nuit, parce qu'elle s'était couchée sur lui.

Elle se leva au milieu de la nuit, elle prit mon fils à mes côtés tandis que la servante dormait, et elle le coucha dans son sein, et son fils qui était mort, elle le coucha dans mon sein.

Lorsque je me suis levée le matin pour allaiter mon fils, voici qu'il était mort ; mais, l'ayant considéré attentivement le matin, je m'aperçus que ce n'était pas mon fils que j'avais enfanté. »

L'autre femme dit : « Non! C'est mon fils qui est vivant, et c'est ton fils qui est mort. » Mais la première répliqua : « Nullement, c'est ton fils qui est mort, et c'est mon fils qui est vivant. » Et elles se disputaient devant le roi.

Le roi dit : « L'une dit : C'est mon fils qui est vivant, et c'est ton fils qui est mort ; et l'autre di t: Nullement, c'est ton fils qui est mort, et c'est mon fils qui est vivant. »

Et le roi dit : « Apportez-moi une épée. » On apporta l'épée devant le roi.

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Et le roi dit: « Partagez en deux l'enfant qui vit, et donnez-en la moitié à l'une et la moitié à l'autre. »

Alors la femme dont le fils était vivant dit au roi, car elle sentait ses entrailles s'émouvoir pour son fils : « Ah! Mon seigneur, donnez-lui l'enfant qui vit, et qu'on ne le tue pas ! » Et l'autre disait : « Qu'il ne soit ni à moi ni à toi ; partagez-le. »

Et le roi répondit et dit : « Donnez à la première l'enfant qui vit, et qu'on ne le tue pas ; c'est elle qui est sa mère. »

Tout Israël apprit le jugement que le roi avait prononcé, et l'on craignit le roi, en voyant qu'il y avait en lui une sagesse divine pour rendre la justice. (1 R [Vulg. 3] 16-28)

86. L'ADMINISTRATION ET LE COMMERCE

Salomon fut un roi pacifique. Il n'avait du reste qu'à garder et à assimiler au royaume les conquêtes faites par son père. Il fortifia bon nombre de places des frontières, y mit des garnisons permanentes et tint ainsi en respect les belliqueux du dehors et les turbulents de l’intérieur, que son père avait déjà réduits au silence.

Les grands travaux qu'il se proposait d'entreprendre réclamaient beaucoup d'argent. Il y pourvut en astreignant à la corvée, comme esclaves, les Chananéens qui avaient été laissés dans le pays et d'autres peuples réduits par David. Des impôts considérables furent exigés de toute la population, pour l'entretien des services, publics qu'entraînaient la centralisation du pouvoir et les charges qui lui incombaient désormais, ainsi que pour faire face aux dépenses des constructions projetées. Douze intendants furent chargés, chacun dans un district particulier de rendement à peu près égal, de faire rentrer les redevances. Chaque intendant avait à pourvoir pendant un mois aux dépenses de la maison royale. Des droits de péage furent également imposés aux caravanes de trafiquants qui passaient sans cesse par la Palestine.

Salomon s'appliqua aussi à développer le commerce. Il se réserva cependant certains monopoles avantageux au trésor, particulièrement ceux des chevaux et des chars de guerre. L'annexion de l'Idumée avait mis en son pouvoir les débouchés de la mer Rouge. Comme les Israélites ne fournissaient pas de marins, il s'entendit avec le roi Hiram, de Tyr, qui mit à sa disposition des matelots phéniciens. Une flotte fut équipée à Asiongaber, à la pointe septentrio-nale du golfe Elanitique ; de là elle redescendait la mer Rouge, contournait les côtes de l’Arabie et rapportait les produits de l'Inde, l’or, l'argent, l'ivoire, les bois précieux et les animaux rares.

Une reine de Saba, en Arabie, émerveillée de ce qu'elle entendait dire de Salomon, vint le visiter à Jérusalem ; elle échangea avec lui de riches présents. Elle repartit après avoir admiré l'intelligence du roi d'Israël et le bel ordre qu'il faisait régner dans sa cour et dans tout son royaume.

87. LA CONSTRUCTION DU TEMPLE

David avait acheté lui-même, sur le sommet de la colline de Moriah, à l'est de Jérusalem, l'emplacement sur lequel devait s'élever le temple. Avec les ouvriers de toute nature que lui fournit Hiram, les trente mille hommes d'Israël dont il s’assura le concours et les cent cinquante mille étrangers qu'il avait assujettis à la corvée, Salomon se mit à l'œuvre.

On commença par former, au sommet du Moriah, une vaste esplanade avec des pierres de soutènement qui avaient la forme d'immenses blocs. Puis, vers l'ouest de ce massif, fut bâti le

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temple, sur le modèle du Tabernacle, qui reproduisait lui-même d'assez près la disposition des temples égyptiens.

Il y avait d'abord une enceinte fermée de murs, et de portiques ; à l'intérieur de cette enceinte et vers le fond, le temple proprement dit se composait d'un large et profond vestibule ouvert à tous les enfants d'Israël, du Saint ou sanctuaire, long de vingt mètres, et enfin du Saint des saints, moitié moins long et destiné à contenir l'Arche d'alliance. Tous ces travaux furent exécutés en pierre, en bois et en métaux précieux.

Salomon fit également fondre en or ou en bronze, suivant leur destination, tous les objets qui constituaient le mobilier du temple. Les matériaux étaient apportés tout préparés, de sorte que les ouvriers pouvaient, sans faire grand-bruit, les, ajuster et les mettre en place. Le monument, commencé la quatrième année du règne, fut achevé la onzième. Par la magnificence de sa décoration, d’inspiration et d'exécution phéniciennes, mais de laquelle était scrupuleusement banni tout symbole indigne de Iahvé, le temple méritait de passer pour une Merveille.

88. LA DÉDICACE DU TEMPLE

Pendant quatorze jours, Salomon en célébra la dédicace par des fêtes magnifiques et d'innombrables sacrifices. L'Arche fut solennellement introduite dans le Saint des saints. Le roi lui-même présenta ce temple au Seigneur comme la marque de l'alliance contractée avec Israël et avec la maison de David. Il conjura Iahvé d'exaucer tous ceux qui viendraient, Israélites ou étrangers, le prier dans son sanctuaire.

Salomon se plaça devant l'autel de Yahweh, en face de toute l'assemblée d'Israël, et, étendant ses mains vers le ciel, il dit :

« Yahweh, Dieu d'Israël, il n'y a point de Dieu semblable à vous, ni en haut dans les cieux, ni en bas sur la terre ; à vous, qui gardez l'alliance et la miséricorde envers vos serviteurs qui marchent de tout leur cœur en votre présence ; comme vous avez gardé à votre serviteur David, mon père, ce que vous lui avez dit ; ce que vous avez déclaré par votre bouche, vous l'avez accompli par votre main, comme on le voit en ce jour. Maintenant, Yahweh, Dieu d'Israël, observez en faveur de votre serviteur David, mon père, ce que vous lui avez dit en ces termes:

« Il ne te manquera jamais devant moi un descendant qui siège sur le trône d'Israël, pourvu que tes fils prennent garde à leur voie, en marchant devant moi comme tu as marché devant moi. »

Et maintenant, Dieu d'Israël, qu'elle s'accomplisse donc la parole que vous avez dite à votre serviteur David, mon père !

« Mais est-il vrai que Dieu habite sur la terre ? Voici que le ciel et le ciel des cieux ne peuvent vous contenir : combien moins cette maison que j'ai bâtie ! Cependant soyez attentif, Yahweh, mon Dieu, à la prière de votre serviteur et à sa supplication, en écoutant le cri joyeux et la prière que votre serviteur prononce devant vous aujourd'hui, en tenant vos yeux ouverts nuit et jour sur cette maison, sur le lieu dont vous avez dit : « Là sera mon nom, » en écoutant la prière que votre serviteur fait en ce lieu. Ecoutez la supplication de votre serviteur et de votre peuple d'Israël, lorsqu'ils prieront en ce lieu; écoutez du lieu de votre demeure, du ciel, écoutez et pardonnez. « Si quelqu'un pèche contre son prochain et qu'on lui fasse prêter un serment, s'il vient jurer devant votre autel, dans cette maison, écoutez-le du ciel, agissez, et jugez vos serviteurs, condamnant le coupable et faisant retomber sa conduite sur sa tête, déclarant juste l'innocent et lui rendant selon son innocence.

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« Quand votre peuple d'Israël sera battu devant l'ennemi parce qu'il aura péché contre vous, s'ils reviennent à vous et rendent gloire à votre nom, s'ils vous adressent des prières et des supplications dans cette maison, écoutez-les du ciel, pardonnez le péché de votre peuple d'Israël, et ramenez-les dans le pays que vous avez donné à leurs pères.

« Quand le ciel sera fermé et qu'il n'y aura pas de pluie parce qu'ils auront péché contre vous, s'ils prient dans ce lieu et rendent gloire à votre nom, et s'ils se détournent de leurs péchés, parce que vous les aurez affligés, écoutez-les du ciel, pardonnez les péchés de vos serviteurs et de votre peuple d'Israël, en leur enseignant la bonne voie dans laquelle ils doivent marcher, et faites tomber la pluie sur la terre que vous avez donnée en héritage à votre peuple.

« Quand la famine sera dans le pays, quand il y aura la peste, quand il y aura la rouille, la nielle, la sauterelle, le hasil ; quand l'ennemi assiégera votre peuple dans le pays, dans ses portes ; quand il y aura fléau ou maladie quelconques, si un homme, si tout votre peuple d'Israël fait entendre des prières et des supplications, et que chacun, reconnaissant la plaie de son cœur, étende ses mains vers cette maison, écoutez-les du ciel, du lieu de votre demeure, et pardonnez ; agissez et rendez à chacun selon toutes ses voies, vous qui connaissez son cœur, -- car seul vous connaissez les cœurs de tous les enfants des hommes, -- afin qu'ils vous craignent tous les jours qu'ils vivront sur la face du pays que vous avez donné à nos pères.

« Quant à l'étranger, qui n'est pas de votre peuple d'Israël, mais qui viendra d'un pays lointain à cause de votre nom, – car on entendra parler de votre grand nom, de votre main forte et de votre bras étendu, -- quand il viendra prier dans cette maison, écoutez-le du ciel, du lieu de votre demeure, et agissez selon tout ce que vous demandera l'étranger, afin que tous les peuples de la terre connaissent votre nom, pour vous craindre, comme votre peuple d'Israël, et qu'ils sachent que votre nom est appelé sur cette maison que j'ai bâtie. (1 R [Vulg. 3] 8, 22-43)

La nuit, le Seigneur apparut encore en songe à Salomon pour lui signifier qu'il aimerait ce Temple tant que le peuple serait fidèle à ses lois, mais que l'adoration des dieux étrangers attirerait sur lui toutes les calamités.

89. LES PALAIS DE SALOMON

Le palais construit par David parut mesquin à son successeur. Salomon profita des ouvriers et des matériaux qu'il avait sous la main pour en faire élever un plus magnifique. Il choisit un emplacement voisin de l'esplanade du Temple. On mit treize ans à la construction, sans doute parce qu'on ne garda qu'une petite partie des ouvriers qui avaient servi à bâtir le Temple.

Deux autres palais s'échelonnèrent sur les pentes de la colline d'Ophel, au-dessous du palais du roi. Il y en eut d'abord un pour la reine, comme c'était d'ailleurs l'usage en Egypte et dans les cours orientales. L'un des palais était appelé la maison du Bois-Liban, parce qu’on avait surtout employé à sa construction les bois de cèdre du Liban, que transportaient les ouvriers phéniciens et dont on avait tiré déjà grand parti pour la construction du Temple.

Ces palais furent ornés des meubles les plus précieux. La salle du trône, dans le palais du roi, avait un siège d'or et d'ivoire artistement travaillé. Autour des palais, des bosquets ménageaient l'ombre et la fraîcheur, et, pour les arroser, comme aussi pour procurer au Temple l'eau nécessaire, Salomon avait fait ménager des aqueducs qui amenaient l'eau des environs de Bethléem.

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Quand tout fut terminé, on put constater avec orgueil que Salomon tenait dignement son rang au milieu des rois de son voisinage. On ne laissa pas de remarquer pourtant qu'il y avait un singulier contraste entre la simplicité de Saül et de David et le luxe de Salomon.

90. LES INFIDÉLITÉS DE SALOMON

Il était difficile à Salomon de tenir son cœur dégagé des richesses et des jouissances au milieu desquelles il vivait. Abusant de la tolérance laissée par la loi, il prit un grand nombre d'épouses de premier et de second ordre. Parmi elles, il y eut des femmes de Moab, d'Ammon, de Sidon, d'Idumée et d'ailleurs. Elles apportaient avec elles le culte de leurs dieux nationaux. Devant elles, Salomon, non content d'incliner son cœur, abaissait sa volonté. Pour ne pas leur déplaire, il leur laissait leurs dieux, il prenait part au culte qu'elles leur rendaient, il alla même jusqu'à élever un autel à Chamos, le dieu de Moab, sur le mont des Oliviers, en face même du Temple.

Ces faiblesses scandalisaient les Israélites. Ceux-ci voyaient d'ailleurs avec quelque impa-tience les charges des impôts s'accumuler et les faveurs royales se distribuer à la merci des étrangers. Un homme d'Ephraïm, appelé Jéroboam, se fit l'interprète du mécontentement général. Salomon, témoin de son savoir-faire, l'avait mis à Jérusalem à la tète de tous les ouvriers d'Ephraïm et de Manassé. Un jour, au sortir de la ville, le prophète Ahias rencontra le jeune homme et, divisant son manteau en douze parts, il lui dit : « Il y en a dix pour toi, le reste pour le fils de Salomon, parce que le prince a abandonné son Dieu pour des dieux étrangers. »

Salomon voulut mettre à mort Jéroboam, qui avait manifesté sa réprobation de tout ce qui se faisait. Mais celui-ci s'enfuit en Egypte et y fut accueilli par le pharaon Sésac ou Seshonq, qui venait d'installer sur les bords du Nil une dynastie différente de celle à laquelle Salomon était lié par sa femme.

On ignore en quels sentiments Salomon termina son règne. Il avait eu des goûts délicats, s'était épris de science et de poésie, et même avait mis par écrit un certain nombre de ses pensées et de ses chants. Mais sa belle intelligence ne fut pas servie par une volonté assez énergique. En croyant affermir son royaume par l'imitation des étrangers et ses alliances avec eux, il en prépara la ruine.

Sans doute, par la construction du Temple, il donna au culte du vrai Dieu une magnificence capable d'exercer sur le peuple une puissante influence religieuse, en lui inspirant une haute idée de la majesté et de l'unité de Iahvé, le Seigneur d'Israël et de tout l'univers. Mais il apprit en même temps à ses sujets qu'un roi qui passait pour un sage, n'hésitait guère à allier au culte de ce Dieu souverain celui de Chamos, de Moloch et d'Astarté. Un exemple tombé de si haut ne devait être que trop suivi durant quatre siècles par les princes, et par le peuple.

Salomon mourut en 975, après quarante ans de règne.

91. SENTENCES DE SALOMON

Le roi Salomon a laissé, avons nous dit, un certain nombre de proverbes ou sentences pour l'instruction de la jeunesse. En voici quelques exemples qui peuvent servir de règles de conduite :

Paroles de l'Écclésiaste, fils de David, roi dans Jérusalem.

Vanité des vanités ! dit l'Écclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité.

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Quel avantage revient-il à l'homme de toute la peine qu'il se donne sous le soleil ?

Le perpétuel recommencement des choses.

Une génération passe, une génération vient, et la terre subsiste toujours.

Le soleil se lève, le soleil se couche, et il se hâte de retourner à sa demeure, d'où il se lève de nouveau.

Allant vers le midi, tournant vers le nord, le vent se retourne encore, et reprend les mêmes circuits.

Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n'est point remplie ; vers le lieu où ils se dirigent, ils continuent à aller.

Toutes choses sont en travail, au-delà de ce qu'on peut dire; l'œil n'est pas rassasié de voir, et l'oreille ne se lasse pas d'entendre.

Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera; et il n'y a rien de nouveau sous le soleil.

S'il est une chose dont on se dise: « Vois, c'est nouveau ! », cette chose a déjà existé dans les siècles qui nous ont précédés.

On ne se souvient pas de ce qui est ancien, et ce qui arrivera dans la suite ne laissera pas de souvenir chez ceux qui vivront plus tard.

Moi, l'Écclésiaste, j'ai été roi d'Israël à Jérusalem, et j'ai appliqué mon cœur à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux.

C'est une occupation pénible à laquelle Dieu impose aux enfants des hommes de se livrer.

J'ai examiné toutes les œuvres qui se font sous le soleil: et voici, tout est vanité et poursuite du vent.

Ce qui est courbé ne peut se redresser, et ce qui manque ne peut être compté.

Je me suis dit en moi-même : voici que j'ai accumulé et amassé de la sagesse, plus que tous ceux qui ont été avant moi à Jérusalem, et mon cœur a possédé amplement sagesse et science.

J'ai appliqué mon esprit à connaître la sagesse, et à connaître la sottise et la folie ; j'ai compris que cela aussi est poursuite du vent.

Car avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de chagrin, et celui qui augmente sa science augmente sa douleur.

J'ai dit dans mon cœur: « Viens donc, je t'éprouverai par la joie ; goûte le plaisir ! » Et voici, cela est encore une vanité.

J'ai dit du rire : « Insensé ! », et de la joie: « Que produit-elle ? »

Je m'appliquai dans mon cœur à livrer ma chair au vin, tandis que mon cœur me conduirait avec sagesse, et à m'attacher à la folie, jusqu'à ce que je visse ce qu'il est bon pour les enfants des hommes, de faire sous le ciel durant les jours de leur vie.

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J'exécutai de grands ouvrages, je me bâtis des maisons, je me plantai des vignes ;

Je me fis des jardins et des vergers, et j'y plantai des arbres à fruit de toute espèce ;

Je me fis des réservoirs d'eau, pour arroser des bosquets où croissaient les arbres.

J'achetai des serviteurs et des servantes, et j'eus leurs enfants nés dans la maison ; j'eus aussi des troupeaux de bœufs et de brebis, plus que tous ceux qui furent avant moi dans Jérusalem.

Je m'amassai aussi de l'argent et de l'or ; je me procurai des chanteurs et des chanteuses, et les délices des enfants des hommes, des femmes en abondance.

Je devins grand et je l'emportai sur tous ceux qui étaient avant moi dans Jérusalem ; et même ma sagesse demeura en moi.

Tout ce que mes yeux désiraient, je ne les en ai pas privés; je n'ai refusé à mon cœur aucune joie; car mon cœur prenait plaisir à tout mon travail, et ce fut ma part de tout mon travail.

Puis j'ai considéré toutes mes œuvres que mes mains avaient faites, et le labeur que leur exécution m'avait coûté; et voici, tout est vanité et poursuite du vent, et il n'y a aucun profit sous le soleil. (Ecc 1 ; 2, 1-11)

Mon fils, sois attentif à ma sagesse, et prête l'oreille à mon intelligence, afin que tu conserves la réflexion, et que tes lèvres gardent la science.

Car les lèvres de l'étrangère distillent le miel, et son palais est plus doux que l'huile.

Mais à la fin elle est amère comme l'absinthe, aiguë comme un glaive à deux tranchants.

Ses pieds descendent vers la mort, ses pas vont droit au schéol. (Pr 5, 1-5)

Paraboles de Salomon.

Le fils sage fait la joie de son père, et le fils insensé le chagrin de sa mère.

Les trésors acquis par le crime ne profitent pas, mais la justice délivre de la mort.

Yahweh ne laisse pas le juste souffrir de la faim, mais il repousse la convoitise du méchant.

Il s'appauvrit celui qui travaille d'une main paresseuse, mais la main des diligents amasse des richesses.

Celui qui recueille pendant l'été est un fils prudent ; celui qui dort au temps de la moisson est un fils de confusion.

La bénédiction vient sur la tête du juste, mais l'injustice couvre la bouche des méchants.

La mémoire du juste est en bénédiction, mais le nom des méchants tombe en pourriture.

Celui qui est sage de cœur reçoit les préceptes, mais celui qui est insensé des lèvres va à sa perte.

Celui qui marche dans l'intégrité marche en confiance, mais celui qui prend des voies tortueuses sera découvert.

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Celui qui cligne les yeux sera une cause de chagrin, et celui qui est insensé des lèvres va à sa perte.

La bouche du juste est une source de vie, mais l'injustice couvre la bouche du méchant.

La haine suscite des querelles, mais l'amour couvre toutes les fautes.

Sur les lèvres de l'homme intelligent se trouve la sagesse, mais la verge est pour le dos de celui qui manque de sens.

Les sages tiennent la sagesse en réserve, mais la bouche de l'insensé est un malheur prochain.

La fortune est pour le riche sa place forte, le malheur des misérables, c'est leur pauvreté.

L'œuvre du juste est pour la vie, le gain du méchant est pour le péché.

Celui qui prend garde à l'instruction prend le chemin de la vie; mais celui qui oublie la réprimande s'égare.

Celui qui cache la haine a des lèvres menteuses, et celui qui répand la calomnie est un insensé.

L'abondance de paroles ne va pas sans péché, mais celui qui retient ses lèvres est un homme prudent.

La langue du juste est un argent de choix; le cœur des méchants est de peu de prix.

Les lèvres du juste nourrissent beaucoup d'hommes, mais les insensés meurent par défaut d'intelligence.

C'est la bénédiction du Seigneur qui procure la richesse, et la peine que l'on prend n'y ajoute rien.

Commettre le crime paraît un jeu à l'insensé; il en est de même de la sagesse pour l'homme intelligent.

Ce que redoute le méchant lui arrive, et Dieu accorde au juste ce qu'il désire.

Comme passe le tourbillon, le méchant disparaît ; le juste est établi sur un fondement éternel.

Ce que le vinaigre est aux dents et la fumée aux yeux, tel est le paresseux pour ceux qui l'envoient.

La crainte de Yahweh augmente les jours, mais les années des méchants sont abrégées.

L'attente des justes n'est que joie, mais l'espérance des méchants périra.

La voie de Yahweh est un rempart pour le juste, mais elle est une ruine pour ceux qui font le mal.

Le juste ne chancellera jamais, mais les méchants n'habiteront pas la terre.

La bouche du juste produit la sagesse, et la langue perverse sera arrachée.

Les lèvres du juste connaissent la grâce, et la bouche des méchants la perversité. (Pr 10)

Ne dépouille pas le pauvre parce qu'il est pauvre, et n'opprime pas le malheureux à la porte.

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Car Yahweh prendra en main leur cause, et il ôtera la vie à ceux qui les auront dépouillés.

Ne lie pas société avec l'homme colère, et ne va pas avec l'homme violent, de peur que tu n'apprennes ses voies, et que tu ne prépares un piège à ton âme.

Ne sois pas de ceux qui prennent des engagements, de ceux qui se portent caution pour dettes.

Si tu n'as pas de quoi payer, pourquoi t'exposer à ce qu'on enlève ton lit de dessous toi ?

Ne déplace pas la borne ancienne, que tes pères ont posée.

Vois-tu un homme habile dans son ouvrage ? Il demeurera auprès des rois, il ne demeurera pas auprès des gens obscurs. (Pr 22, 22-29)

91. JOB

Vers l'époque de Salomon, ou du moins dans le cours des deux siècles suivants, fut écrite l'histoire de Job. Ce personnage vivait en Arabie en dehors du peuple hébreu, mais il était un fidèle serviteur du vrai Dieu. Il avait sept fils et trois filles. Ses richesses, qui consistaient surtout en troupeaux, étaient considérables. Dieu l'avait béni dans toutes ses entreprises.

Satan demande à tenter Job. Satan, jaloux de son bonheur et de sa vertu, dit au Seigneur : « Ce n'est pas en vain que Job vous sert, vous le comblez de Vos bienfaits. Mais qu'il soit frappé dans ses biens et ses affections, et vous verrez s'il ne faiblira pas comme un autre et s'il ne maudira pas votre nom. » « Va, je t'abandonne tout ce qui lui appartient, dit le Seigneur à Satan, mais respecte sa vie ! » Dieu voulait ainsi mettre en relief la vertu de Job et la donner en exemple à tous les siècles.

Les épreuves de Job et sa patience. Alors, en un même jour, les troupeaux de Job furent enlevés par des voleurs, ses métairies brûlées par le feu du ciel, sa maison renversée par un vent impétueux et ses enfants ensevelis sous les ruines. A cette nouvelle, Job déchira ses vêtements en signe de deuil, puis, s'inclina sous la main de Dieu qui le frappait : « Le Seigneur m'avait tout donné, il m'a tout ôté : il est le Maître. Que son saint nom soit béni ! »

Satan était vaincu. Le Seigneur constata la défaite de l'ange rebelle et lui dit : « As-tu remarqué mon serviteur Job ? En vain tu as multiplie ses épreuves, rien n'a pu ébranler sa fidélité. » Satan répondit au Seigneur : « L'homme fait aisément le sacrifice de tout ce qu'il possède pourvu que sa personne ne soit pas atteinte ; mais frappez-le dans sa chair et dans ses os, et vous verrez s'il ne vous maudit pas en face. » Le Seigneur dit à Satan : « Voici que je le livre entre tes mains, seulement épargne sa vie. »

Alors le démon frappa Job d'une lèpre maligne depuis la plante des pieds jusqu'au sommet de la tète. Une plaie effroyable lui rongeait tout le corps. L'infection qui s'en dégageait, l'obligeait à se tenir à l'écart ; assis sur un peu de paille, il nettoyait ses ulcères avec les morceaux d'un pot de terre.

Au lieu de le consoler, sa femme l'engageait à murmurer contre Dieu. Job la reprit : « Tu parles comme une femme insensée ; nous recevons de Dieu tous les biens, pourquoi n'en pas recevoir aussi les maux ? »

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Les amis de Job. Trois de ses amis ayant appris les malheurs qui étaient tombés sur lui, partirent de leur pays pour venir le plaindre et le consoler.

Quand ils le virent ainsi couvert de lèpre et assis à l'écart, sur un fumier, ils eurent peine à le reconnaître. Ils demeurèrent sept jours, silencieux à ses côtés, ne sachant par quelles paroles consoler une douleur si excessive.

Après ce long silence, persuadés que de tels malheurs ne pouvaient être qu'un châtiment de Dieu, ils entamèrent une longue discussion pour lui prouver que, s'il était dans un pareil état, c'est qu'il avait dû commettre des forfaits que la Providence voulait punir.

Job protesta de son innocence et répondit :

Alors Job prit la parole et dit :

Oh ! S'il était possible de peser mon affliction, et de mettre toutes ensemble mes calamités dans la balance !...

Elles seraient plus pesantes que le sable de la mer : voilà pourquoi mes paroles vont jusqu'à la folie.

Car les flèches du Tout-Puissant me transpercent, et mon âme en boit le venin ; les terreurs de Dieu sont rangées en bataille contre moi.

Est-ce que l'onagre rugit auprès de l'herbe tendre ? Est-ce que le bœuf mugit devant sa pâture ?

Comment se nourrir d'un mets fade et sans sel, ou bien trouver du goût au jus d'une herbe insipide ?

Ce que mon âme se refuse à toucher, c'est là mon pain, tout couvert de souillures.

Qui me donnera que mon vœu s'accomplisse, et que Dieu réalise mon attente !

Que Dieu daigne me briser, qu'il laisse aller sa main et qu'il tranche mes jours !

Et qu'il me reste du moins cette consolation, que j'en tressaille dans les maux dont il m'accable : de n'avoir jamais transgressé les commandements du Saint !

Quelle est ma force, pour que j'attende ? Quelle est la durée de mes jours, pour que j'aie patience ?

Ma force est-elle la force des pierres, et ma chair est-elle d'airain ?

Ne suis-je pas dénué de tout secours, et tout espoir de salut ne m'est-il pas enlevé ? (Job 6, 1-13)

Dieu récompense sa fidélité. Dieu donna raison à Job, dont les maux étaient une épreuve et non un châtiment. Il lui rendit la santé, les biens qu'il avait perdus et une nombreuse famille. Job vécut encore cent-quarante ans et vit les enfants de ses enfants jusqu'à la quatrième génération. Il mourut dans une heureuse vieillesse, plein de jours et de mérites.

Les personnages mis en scène dans le livre de Job n'appartiennent pas à la nation d'Israël, et cependant ils sont tous les serviteurs du vrai Dieu.

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Job nous apprend à supporter avec résignation toutes les peines que Dieu nous envoie, quelque dures qu'elles soient, et à les sanctifier par une foi et une confiance inébranlables.

RESUME

Fidèle aux avis de son père, Salomon se débarrassa de ses plus redoutables ennemis et inaugura son règne par de grandes fêtes religieuses.

Parmi les dons que Dieu lui offrait, il choisit la sagesse. Il fortifia son pouvoir contre les ennemis du dedans et du dehors, leva des impôts, exigea des redevances et des droits de péage pour subvenir aux charges publiques et à l'entretien de la maison royale.

Le roi de Tyr lui fournit une flotte et des marins et lui envoya les artisans et les artistes qui durent construire le Temple. Les mêmes ouvriers construisirent également un palais pour le roi et un autre pour la reine.

Au milieu de ses richesses, le cœur du roi s'amollit. Il contracta mariage avec de nombreuses étrangères et brûla de l’encens devant leurs licencieuses idoles. Ces faiblesses causèrent du scandale. Jéroboam fut choisi par Dieu pour régner sur dix tribus.

L'histoire a conservé sous le nom de Salomon un recueil de sentences où se trouvent nettement affirmées la majesté, la sainteté et l'unité de Dieu.

Vers la même époque, on place l'épisode du saint homme Job qui offre, en sa personne, un remarquable exemple de la confiance illimitée en la bonté de Dieu.

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CHAPITRE XIV - Les deux royaumes

92. LA SCISSION D’ISRAËL ET DE JUDA

A là mort de Salomon, son fils Roboam (975-958 av. J.-C.) se fit reconnaître roi à Sichem. Aussitôt Jéroboam accourut d'Egypte et fut mis à la tête des mécontents sans nombre que Salomon avait suscités par ses dépenses et ses exigences. « Allège le joug trop pesant que ton père a fait peser sur nous », dirent-ils à Roboam. Au lieu d'obéir au conseil des anciens et d'écouter les réclamations du peuple, celui-ci préféra se ranger à 1'avis de jeunes courtisans ; il répondit :

« Eh bien! Mon père vous a chargés d'un joug pesant, et moi je rendrai votre joug plus pesant encore; mon père vous a châtiés avec des fouets, et moi je vous châtierai avec des scorpions. » (1 R [Vulg. 3] 12, 11)

Cette dureté révolta la nation, dont la plus grande partie se sépara de Roboam et élut pour roi Jéroboam (975-954 av. J.-C.). Il ne resta au fils de Salomon que la tribu de Juda, à laquelle fut obligée de se joindre la tribu de Benjamin, dont le territoire arrivait aux portes mêmes de, Jérusalem. Les dix autres tribus se soumirent à l'autorité de Jéroboam et constituèrent ainsi le royaume d'Israël.

A la scission politique s'ajouta fatalement un schisme religieux. Jéroboam comprit que ses sujets finiraient par l'abandonner si, chaque année, ils continuaient à se rendre au Temple de Jéru-salem. Profitant des instincts idolâtriques qui étaient toujours vivaces au fond des cœurs, il érigea des veaux d'or aux extrémités de son royaume, à Béthel et à Dan, et des lieux sacres en différentes contrées ; il établit des fêtes, à l'imitation de celles qui se célébraient en Juda et, comme la plupart des lévites s'étaient repliés sur Jérusalem, il créa un sacerdoce nouveau, recruté dans tout Israël. Il n'entendait pas par là nier la souveraineté du vrai Dieu, Iahvé, mais il donnait à son culte des formes tout arbitraires et le représentait lui-même sous des symboles absolument condamnables.

Les prophètes réprouvèrent sévèrement ces institutions schismatiques. Ahias en particulier prédit à Jéroboam qu'elles amèneraient sa ruine et celle d'Israël.

93. LES TROIS PREMIERS ROIS DE JUDA

Roboam régna dix-sept ans à Jérusalem. Sa mère, Naama, était Ammonite. Elle parait avoir eu sur son fils une déplorable influence, car la leçon qu’elle avait reçue au début de son règne ne lui profita pas. Il laissa les idoles se multiplier dans Juda ; il toléra même des abominations qu'on n'avait pas encore vues. Le châtiment arriva la cinquième année, de son règne. Pour satisfaire sa cupidité, affaiblir un royaume voisin et peut-être répondre à une secrète invitation de son ami Jéroboam, le pharaon d'Egypte, Sésac ou Seshonq, monta contre Jérusalem et pilla tous les trésors accumulés par Salomon dans le Temple et dans les palais royaux. Les monuments de son temps représentent le « roi de Juda » parmi ses tributaires.

Le fils de Roboam, Abia (958-955), ne régna que trois ans. Son histoire se résume en un mot : il imita la mauvaise conduite de son père. Après lui, Asa (955-914) régna quarante-et-un ans à Jérusalem, Il réagit énergiquement contre les tendances idolâtriques favorisées par ses pré-décesseurs. Il fit disparaître les idoles et abolit tout ce qui se rattachait à leur culte immoral. Ce fut

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d'autre part un prince habile et vaillant. Il eut a s'opposer aux entreprises de Baasa, le second successeur de Jéroboam. Déjà, au moment de la séparation, les deux royaumes rivaux en seraient venus aux mains sans l'intervention d'un prophète.

Pour se rendre maître de la route allant du nord à Jérusalem, Baasa se mit à fortifier Rama, à deux heures de marche de la capitale de Juda. Asa eut recours à une puissante diversion. Il envoya des présents à Bénadad, roi de Syrie, fit alliance avec lui et le pria de refuser son amitié au roi d'Israël. Celui-ci fut obligé de quitter Rama pour aller défendre sa frontière du côté de la Syrie. Asa fit aussitôt démolir les fortifications de Rama et éleva deux places fortes dans le voisinage.

Ainsi s’accusait l'une des plus déplorables conséquences de la séparation en deux royaumes. En hostilité presque continuelle, ils ne cesseront de faire appel l'un contre l'autre à l'intervention étrangère. C'était prolonger la scission.

94. LE ROYAUME D'ISRAËL

Ce royaume subsista deux siècles et demi. Il compta dix-neuf rois, se succédant le plus souvent par des moyens violents ; car ces dix-neuf rois forment neuf dynasties différentes, alors que les vingt rois de Juda sont tous les descendants réguliers de David, l'élu particulier d'Iahvé.

Nadab (954-953), fils de Jéroboam, ne régna que deux ans. Baasa (953-930), de la tribu d'Issachar l'assassina et massacra toute la famille de Jéroboam. Il régna vingt-quatre ans, et laissa le trône à son fils Elal (930-929), qu'un de ses officiers, Zambri, tua an, bout de deux ans, pour régner a sa place. Mais ce nouveau règne ne fut que de sept jours. L'armée choisit pour roi un autre officier, nommé Amri (929-918), qui régna douze ans. L'acte principal de ce règne fut l'ac-quisition de la montagne de Samarie, sur laquelle le roi bâtit la ville du même nom, qui devint la capitale du royaume d'Israël et rendit le nom d'Amri célèbre parmi les peuples voisins.

Son fils, Achab (918-897), lui succéda et régna vingt-deux ans. Ce fut un des princes les plus pervers d'Israël. Il épousa Jézabel, fille du roi de Sidon, mit tout son zèle à développer le culte des divinités sidoniennes, Baal et Astarté, et dépassa en impiété tous ses prédécesseurs. Le roi, de Syrie, Bénadad II, vint l’attaquer à plusieurs reprises. Achab le défit une première fois, sous les murs de Samarie, et une seconde fois dans la plaine de Jezraël, où les Syriens avaient eux-mêmes choisi leur champ de bataille pour que leur charrerie pût s'y déployer plus à l’aise.

Afin d'agrandir son palais, il désirait acquérir la vigne d'un homme nommé Naboth. Celui-ci ne voulait pas se dessaisir de l'héritage de ses pères ; Jézabel le fit accuser calomnieusement, condamner et lapider. Achab prit possession de la vigne.

Alors la parole de Yahweh fut adressée à Elie, le Thesbite, en ces termes :

« Lève-toi, descends au devant d'Achab, roi d'Israël, qui règne à Samarie ; le voilà dans la vigne de Naboth, où il est descendu pour en prendre possession. Tu lui parleras en ces termes : Ainsi dit Yahweh : « N'as-tu pas tué et pris un héritage ? » Et tu lui parleras en ces termes : « Ainsi dit Yahweh : Au lieu même où les chiens ont léché le sang de Naboth, les chiens lécheront aussi ton propre sang. »

Achab dit à Elie : « M'as-tu trouvé, Ô mon ennemi ? » Il répondit: « Je t'ai trouvé, parce que tu t'es vendu pour faire ce qui est mal aux yeux de Yahweh. Voici que je ferai venir le malheur sur to i ; je te balaierai ; j'exterminerai tout mâle appartenant à Achab, celui qui est esclave et celui qui est libre en Israël, et je rendrai ta

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maison semblable à la maison de Jéroboam, fils de Nabat, et à la maison de Baasa, fils d'Ahias, parce que tu m'as provoqué à la colère et que tu as fait pécher Israël. »

Yahweh parla aussi contre Jézabel en ces termes : « Les chiens mangeront Jézabel près du fossé de Jezrahel. Celui de la maison d'Achab qui mourra dans la ville sera mangé par les chiens, et celui qui mourra dans les champs sera mangé par les oiseaux du ciel. » (1 R [Vulg. III] 21, 17-24)

A trois ans de là, Achab fut mortellement blessé dans une nouvelle guerre contre le roi de Syrie. On porta son corps à Samarie, et les chiens léchèrent son sang à l'endroit même où ils avaient léché celui de Naboth injustement mis à mort. Effroyable réalisation de la prédiction.

Le fils d'Achab, Ochosias (897-896), ne régna que deux ans et fut un adorateur de Baal comme son père. Une chute qu’il fit du haut de sa terrasse entraîna sa mort. Jorani (896-884), son frère, lui succéda. Il régna douze ans, fidèle aux traditions d'impiété de sa famille, à cette exception près qu'il détruisit les autels de Baal. De concert avec le roi de Juda, Josaphat, il entre-prit une campagne heureuse contre Mésa, roi de Moab, qui refusait de payer le tribut accoutumé.

Les incursions des Syriens continuèrent de son temps. Ils assiégèrent même Samarie si étroitement que la ville souffrit d'une terrible famine. Une panique subite la délivra de ses en-nemis. Dans une dernière expédition menée contre les Syriens en commun avec Ochozias, roi de Juda, le roi d'Israël fut blessé à Ramoth Galaad, périt ensuite de la main de Jéhu, dans le champ de Naboth, et fut le dernier roi de la descendance d'Amri. Sa mère, Jézabel, précipitée par une fenêtre du palais, fut presque complètement dévorée par les chiens.

95. JOSAPHAT, ROI DE JUDA

Josaphat (914-889) succéda au roi Asa, son père. Ce fut un des princes qui comprirent et respectèrent le mieux les droits de Dieu sur son peuple. Il abolit tout ce qui pouvait rester d'idolâtrie et prit soin de faire instruire ses sujets de la loi divine par les lévites. En même temps il fortifiait ses villes, entretenait une armée aguerrie, mettait à sa tète des officiers expérimentés et obligeait ainsi ses voisins à compter avec lui.

Aux hostilités des premiers rois de Juda et d'Israël, avait succédé une entente, commandée par la nécessité de se défendre contre des ennemis communs. Josaphat fit donc alliance avec Achab ; il alla même plus loin qu'il n'eût été sage en mariant son fils Joram à Athalie, fille du roi d’Israël et de Jézabel. Il ne put refuser à son allié de marcher avec lui contre les Syriens à Ramoth Galaad. Les faux prophètes d'Achab annonçaient une victoire éclatante ; Michée, prophète de Iahvé, prédisait tout le contraire. L'événement donna raison à ce dernier ; le roi d'Israël fut blessé à mort et celui de Juda n'échappa qu’à grand'peine. A la voix d’un autre prophète, Josaphat se repentit même d'avoir prêté aide à un roi impie.

Josaphat s'occupait à organiser l'administration de la justice dans le pays, quand une invasion de Moabites, d'Ammonites et d'autres tribus le surprit soudain. Il partit avec son armée pour faire face au danger, sans négliger d'invoquer le Seigneur. Il fut délivré sans coup férir : Comme il arrive parfois entre peuplades barbares, Ammonites, Moabites et Iduméens se prirent ensemble de violente querelle, en vinrent aux mains, et laissèrent un champ de bataille couvert de cadavres et de butin.

Les Iduméens n'avaient plus de chef. Leur affaiblissement permit à Josaphat de renouveler ce qui s'était fait au temps de Salomon. Il équipa une flotte qui devait aller chercher l'or de l'Inde. Pour la réalisation de ce projet, il s'était entendu avec le roi d'Israël, Ochosias. La

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flotte fut brisée par la tempête dans le port même d'Asiongaber. C'était un avertissement de Dieu, qui désapprouvait l'alliance des deux rois. Josaphat le comprit et déclina les avances que lui fit dé-sormais le roi d'Israël.

Josaphat mourut après vingt-cinq ans de règne, laissant le souvenir d'un prince profon-dément religieux, habile et énergique.

96. LES SUCCESSEURS DE JOSAPHAT

Le fils de Josaphat, Joram (889-881), qui régna huit ans, fut loin de ressembler à son père. Il subit lamentablement l'influence de sa femme, Athalie, et favorisa dans son royaume le développement de l’idolâtrie et de l'immoralité.

De son temps et malgré son intervention armée, les Iduméens secouèrent le joug de Juda et se donnèrent un roi. C’était l'accès des ports de la mer Rouge désormais fermé. Les Philistins et des pillards arabes réussirent même à envahir le royaume : ils dévastèrent tout, s'emparèrent de ce qu'ils trouvèrent dans la maison du roi et ne lui laissèrent d'autre bien que son plus jeune fils. Lui-même mourut à la suite d'une longue et affreuse maladie d'entrailles. On ne lui décerna pas les honneurs de la sépulture royale.

Son fils Ochozzias (881), digne de sa mère Athalie, ne régna qu'un an et périt de la main de Jéhu, à Samarie, où il était allé visiter le roi d'Israël, Joram. Les princes de Juda et ses propres neveux furent également massacrés, les uns à Samarie par Jéhu, les autres à Jérusalem par l'ambitieuse Athalie. Un seul fils d'Ochozias, le jeune Joas, fut soustrait au massacre et caché par sa tante Josabeth.

Athalie (881-873), la fille d'un roi d'Israël et de Jézabel, la sidonienne, put donc régner pendant sept ans à Jérusalem. Quand le jeune Joas eut grandi, le grand-prêtre Joïada travailla à lui rendre le trône de ses pères.

La septième aimée, Joïada montra aux lévites le jeune-Joas, caché jusque-là dans le Temple, et il leur donna des ordres pour protéger par les armes la proclamation du roi légitime.

Et le prêtre fit avancer le fils du roi, et il mit sur lui le diadème et le témoignage. Ils l'établirent roi et l'oignirent, et, frappant des mains, ils dirent: « Vive le roi! »

Lorsque Athalie entendit le bruit des coureurs et du peuple, elle vint vers le peuple, à la maison de Yahweh. Elle regarda, et voici que le roi se tenait sur l'estrade, selon l'usage ; près du roi, étaient les chefs et les trompettes, et tout le peuple du pays était dans la joie, et l'on sonnait des trompettes. Athalie déchira ses vêtements et cria : « Conspiration! Conspiration ! »

Alors le prêtre Joïada donna un ordre aux centurions qui étaient à la tête de l'armée et leur dit : « Faites-la sortir de la maison entre les rangs, et tuez par l'épée quiconque la suivra. » Car le prêtre avait dit : « Qu'elle ne soit pas mise à mort dans la maison de Yahweh. »

On lui fit place des deux côtés, et elle se rendit par le chemin de l'entrée des chevaux, vers la maison du roi, et c'est là qu'elle fut tuée. (2 R [Vulg. IV] 11, 12-16)

Joas (873-834), qui n'avait que sept ans, régna quarante ans. Il resta bon et fidèle tant que vécut son conseiller, le grand-prêtre Joïada. C'est alors qu'on fit au Temple d'importantes réparations, grâce au produit de l'impôt versé par le peuple. Mais ensuite Joas se pervertit ; il

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inclina vers l'idolâtrie et osa faire lapider le grand-prêtre Zacharie, fils de son bienfaiteur Joïada, qui reprochait au peuple sa conduite. Le châtiment ne se fit guère attendre. Hazaël, roi de Syrie, envahit le royaume et prit la ville de Geth. Pour l'éloigner de Jérusalem, Joas dut lui livrer tout ce qu'on put trouver dans les trésors du Temple et du palais. Peu après, il périssait assassiné par ses propres serviteurs. Usurpateurs ou prévaricateurs, tous avaient la même fin.

97. LA DYNASTIE DE JÉHU, ROI D'ISRAEL

Malgré l'institution de la royauté, malgré même le schisme d'Israël, Dieu n'avait pas abdiqué la haute direction de son peuple. Il intervenait par les prophètes, auxquels il révélait ses volontés avec ordre de les faire connaître à ceux qui devaient les exécuter. Quand les crimes de la maison d'Achab eurent atteint leur comble, le prophète Elie reçut ordre de faire sacrer roi d'Israël Jéhu (884-856) chef de l'armée israélite. Ce fut son disciple Elisée qui exécuta la volonté divine. Il envoya à Ramoth Galaad un jeune homme qui eut mission de verser l'huile sur la tête du chef et de lui enjoindre ce qu'il avait à faire.

Lorsque les compagnons de Jéhu apprirent ce qui venait de se passer, ils proclamèrent roi l'élu du Seigneur. Celui-ci, sans tarder, se rendit à Jezraël et fit périr successivement le roi d'Israël, Joram, le roi de Juda, Ochozias, l'impie Jézabel et tout ce qu'il put trouver de la parenté d'Achab. Tous les prêtres de Baal furent massacrés, la statue du dieu brûlée, son temple détruit, son culte prohibé. Seulement, obéissant à la pensée politique qui avait inspiré Jéroboam, Jéhu laissa subsister les veaux. d'or.

Son règne de vingt-huit ans fui troublé à la fin par les incursions du roi de Syrie, Hazaël, qui le harcela sur toutes ses frontières et lui pris une partie de son territoire. Jéhu s'était reconnu tributaire du roi d'Assyrie, Salmanasar II, qui le nomme dans ses inscriptions. C'était pour lui une garantie contre la Syrie, mais celle-ci se vengeait quand les armées de Salmanasar étaient éloignées.

Son fils Joachaz (856-840), qui régna dix-sept ans, subit de cruelles défaites de la part des rois de Syrie Hazaël et Bénadad III. Le fils de Joachaz, Joas (840-824), qui eut un règne de seize ans, fut plus heureux. Il battit par trois fois les armées syriennes et recouvra toute la partie de son royaume située à l'ouest du Jourdain, sans cependant pouvoir aller au delà. Au lieu de répondre amicalement aux avances d'Amasias, roi de Juda, il partit en guerre contre lui, le défit, démolit une partie des murs de Jérusalem et pilla les trésors du Temple et de la maison du roi.

Après lui, Jéroboam II (824-772), son fils, eut un long règne. Ce fut un prince habile et vaillant, qui reprit aux Syriens tout ce qui appartenait au royaume d’Israël au delà du Jourdain. Après lui, Zacharie (772), son fils, fut assassiné le sixième mois de son règne. Avec ce prince, finit la dynastie de Jéhu, qui laissait le royaume d'Israël en meilleur état qu'elle ne l'avait reçu, mais qui ne sut malheureusement pas renoncer à la politique religieuse du premier roi jéroboam.

98. LES ROIS DE JUDA APRÈS JOAS

A Joas succéda son fils Amasias (834-804), qui régna vingt-neuf ans à Jérusalem. Il commença par mettre à mort les meurtriers de son père. Une heureuse expédition le rendit maître de Pétra, la capitale des Iduméens. Mais il eut le tort de provoquer une alliance avec Joas, roi d'Israël, et en subit les humiliantes conséquences, la quatorzième année de son règne. Il mourut à Lachis, victime d'une conjuration.

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On reconnut à sa place son fils Azarias (804-753), qui n'avait que seize ans. Celui-ci, qui est appelé aussi Ozias, eut un long règne de cinquante-deux ans. Il mit à la raison les Philistins et différentes peuplades turbulentes. Il fortifia Jérusalem et plusieurs points du royaume, construisit des machines de guerre, fit des travaux utiles et favorisa l'agriculture.

Au point de vue religieux, sa conduite fut parfaite, grâce à l'influence du prophète Zacharie. Mais, après la mort de ce dernier, il voulut exercer dans le Temple des fonctions qui n'appartenaient qu'aux prêtres et fut frappé de la lèpre. Dès lors, il fut obligé de vivre à l'écart. Son fils Joatham administra en son nom.

Devenu roi à son tour, Joatham (753-738) régna seize ans, obéissant aux lois du Seigneur. Il fut grand constructeur et assujettit les Ammonites au tribut. Cependant, de son temps, Rasin, roi de Syrie, et Phacée roi d'Israël, commencèrent des incursions dans le royaume de Juda. Son fils, Achaz (738-723), qui régna aussi seize ans, fut un roi pervers. Il s'adonna avec fureur à l'idolâtrie. Les deux rois Basin et Phacée avaient comploté de se partager le royaume de Juda, en escomptant l'inexpérience d'un jeune prince de vingt ans. Achaz essuya en effet une sanglante défaite. Les Syriens emmenèrent un grand nombre de captifs à Damas ; de son côté, le roi d'Israël tua beaucoup d'hommes au roi de Juda et fit de nombreux prisonniers.

Au lieu de recourir à Dieu, comme le prophète Isaïe le lui conseillait énergiquement, Achaz préféra se mettre sous la protection du roi d'Assyrie, Théglathphalasar III, auquel il envoya des présents et dont il se déclara le serviteur. Le roi d'Assyrie fondit en effet sur l'armée Syrienne qu'il anéantit, et se mit ensuite en devoir de châtier le royaume d'Israël. Mais le remède était pire que le mal, car désormais les Assyriens ne devaient plus rencontrer d'obstacle à l'envahissement de la Palestine.

Achaz alla jusqu'à Damas, pour saluer Théglathphalasar. Il en rapporta le modèle d'un autel qu'il fit substituer à celui du Temple de Jérusalem.

99. LA FIN DU ROYAUME D’ISRAËL

Le dernier roi de la race de Jéhu, Zacharie (772), avait été frappé par Sellum (772), qui lui-même ne régna qu'un mois, frappé à son tour par Manahem (771-761). Celui-ci occupa le trône de Samarie pendant dix ans. Le principal acte de son règne fut un lourd impôt qu'il exigea de tous les riches, afin de s'attirer la bienveillance de Théglathphalasar. Son fils, Phaceia (761759), qui régna à sa place, fut assassiné au bout de deux ans par Phacée (759-729), général de ses armées.

La coalition de Phacée avec Rasin, roi de Syrie, contre le royaume de Juda, attira sur lui la vengeance du roi d'Assyrie, qui démembra le royaume d'Israël de la partie transjordanique et de toute la Galilée. Les habitants en furent déportés en Assyrie. C'était le commencement de la grande captivité qui devait atteindre, les uns après les autres, tous les fils de Jacob.

Phacée fut assassiné par Osée (729-721), après un long règne. Osée régna douze ans et fut le dernier roi d'Israël. Vaincu dans une première campagne par le roi d'Assyrie, Salmanasar IV, il se vit obligé de lui payer tribut. Pour s'exempter de cette charge, il chercha à s'allier avec le roi d'Egypte, Schabak. Salmanasar en fut informé. Il accourut en Israël, s'empara d'Osée et le jeta eu prison. Il entreprit ensuite le siège de Samarie, qui résista deux ans. Quand la ville fut prise, en 721, tout ce qui restait d'Israélites dans le pays fut déporté en Assyrie.

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Suivant la coutume des anciens conquérants, Sargon, qui avait succédé à Salmanasar, envoya de Perse et de Médie des colons qui remplacèrent les Israélites dans le pays de Samarie. Ceux-ci furent inquiétés par les lions qui s'étaient beaucoup multipliés à la faveur de la dépopulation. Le roi d'Assyrie, s'imaginant que le fléau provenait de la colère des dieux de la contrée, fit, retourner en Samarie des prêtres d’Israël, afin d'initier les colons au culte qu'il convenait de rendre aux divinités pour les apaiser. Il en résulta un polythéisme étrange, au sein duquel une place fut cependant réservée à Iahvé.

Ainsi périt le royaume d'Israël. Sa chute eut pour causes, d’une part, l'ambition des tribus qui supportèrent toujours difficilement, sous David et Salomon, l'hégémonie de Juda, d'autre part, la légèreté avec laquelle Israël s'écarta du service de Iahvé, par rivalité politique, et s'aban-donna au culte des faux dieux, à l'exemple de presque tous ses rois, sans s'apercevoir que ces divisions politiques et religieuses ne pouvaient que vouer la nation, dépourvue du secours divin à l'oppression de ses puissants voisins.

RESUME

Roboam, fils de Salomon, ne sut pas désarmer les mécontents. Dix tribus se séparèrent de lui, se soumirent à Jéroboam et formèrent le royaume d'Israël. Scission politique qui engendra le schisme religieux. De part et d'autre on fit appel au secours de l'étranger.

Le royaume d'Israël subsista 250 ans et recourut à la violence pour assurer la succession de ses rois ; Jéroboam, Nadab mis à mort par Baasa qui lui succéda, Ela, tué par Zambri, Amri qui bâtit la ville de Samarie, Achab qui épousa Jézabel et eut à combattre Bénadad II (épisode de Naboth), Ochozias, Zoram (victoire sur Mésa, vu le concours de Josaphat), Jéhu sacré par Elie, Joachaz battu par Hazaël.

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CHAPITRE XV - Les prophètes

100. LEUR MISSION

Le caractère particulier de « peuple de Dieu » qu'avaient les Israélites entraînait de fréquentes interventions divines dans le cours de leur histoire. Il existait en outre chez les Israélites une institution qui ne se trouvait ailleurs qu'à l'état d'imitation trompeuse, celle des prophètes.

Le prophète ou nabi était à proprement parler le héraut, le porte-parole de Dieu. Investi d'une autorité divine, dont la réalité était garantie soit par le miracle, soit par l'accomplissement réel de ce qu'il avait annoncé, le prophète avait mission de rappeler à ses contemporains, rois ou sujets, les préceptes de la loi, de combattre les vices et particulièrement l'idolâtrie, de faire connaître et exécuter les volontés de Dieu pour le gouvernement de son peuple, et surtout d’entretenir la foi au Rédempteur futur, promis à Adam déchu.

Son rôle était donc tout d'abord religieux. C'est principalement le prophète, et non le prêtre ou le lévite, qui rappelait à tous et expliquait la loi de Dieu. Comme la nation continuait a former une théocratie, le prophète était encore le représentant de Dieu même auprès des pou-voirs publics. De là l'intervention politique qu’il exerçait fréquemment pour diriger ou corriger le gouvernement des rois dans le sens voulu par Dieu. L'influence prophétique servait ainsi de contre-poids au prestige royal. Il était nécessaire qu'il en fût ainsi chez un peuple sur qui Dieu prétendait garder la haute main.

Chez les nations étrangères, il existait grand nombre de faux prophètes et de devins qui faisaient profession d'annoncer l'avenir ou de découvrir les choses cachées. De fait, ils y réussissaient quelquefois, grâce aux esprits diaboliques qui les inspiraient. Les Israélites eurent aussi leurs faux prophètes, qui s'appliquèrent à soutenir les vues intéressées des rois et favorisèrent l'idolâtrie. Les vrais prophètes les combattirent. Pour accréditer ses représentants, Dieu leur faisait annoncer des événements prochains qui bientôt s'accomplissaient exactement, révéler des choses cachées qu'on avait quelque intérêt à connaître, ou accomplir des miracles qui attestaient l'intervention divine en leur faveur.

Les prophètes avaient ordinairement autour d'eux un certain nombre de disciples qu'ils instruisaient et dont ils guidaient la vie morale. Ce sont ces réunions de disciples, vivant sous une certaine discipline, qu’on a appelées des « écoles de prophètes ». Si l'on s’y formait à la pratique d'une plus haute perfection morale, on n'y recevait nullement l'investiture prophétique, qui ne pouvait venir que de Dieu directement. Il arriva quelquefois que Dieu choisit ses prophètes parmi ces hommes mieux préparés à ce ministère ; mais il en suscita aussi en dehors de ces associations. Tantôt il communiquait spontanément aux prophètes ce qu'il voulait faire savoir, tantôt il répondait aux questions qu'ils lui posaient, quand on ignorait le parti qu'il fallait prendre.

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101. LA SUCCESSION DES PROPHÈTES

Les prophètes ont paru de tout temps parmi les Israélites. Mais c'est surtout à partir de Samuel, prophète lui-même, qu'ils se succédèrent d'une manière presque continue, pour représenter l'autorité de Dieu en face de l'autorité des rois. Ainsi Nathan fut l'interprète du Seigneur auprès de David. Gad vint ensuite annoncer au roi le châtiment qui suivit le dénombrement. Ahias fit connaître à Jéroboam la division du royaume et la part qui lui en reviendrait. Seméïas, au nom du Seigneur, défendit à Roboam de marcher contre les tribus révoltées. Hanani reprocha à Asa sa confiance dans le roi de Syrie et lui en dénonça les conséquences. Jahaziel et Eliézer adressèrent à Josaphat les communications de Dieu.

Le royaume d'Israël, malgré sa séparation, était toujours considéré comme faisant partie du peuple de Dieu ; il avait des prophètes. Après Ahias, qui prépara la, fondation de ce royaume et ensuite reprit Jéroboam, le prophète Jéhu prédit à Baasa la ruine de sa maison, Michée fit connaître à Achab le châtiment qu'allait lui attirer son idolâtrie, et Jonas annonça à l'avance les victoires que devait remporter Jéroboam II.

Deux prophètes surtout exercèrent une grande influence à cette époque dans les royaumes, de Juda et d'Israël : ce furent Elie et Elisée, son disciple.

102. ÉLIE

Le prophète Elie se distingua entre tous par l'éclat de ses actions et l'ardeur de son zèle contre l'idolâtrie. Il apparut tout d'un coup sous Achab, auquel il vint déclarer qu'une sécheresse implacable allait désoler le pays durant cinq années. Réfugié pendant ce temps chez une pauvre veuve de Sarepta, il multiplia sa farine et son huile, pour qu'elle put vivre et le faire vivre lui-même durant le temps de la disette.

Après ces événements, le fils de la femme, maîtresse de la maison, devint malade, et sa maladie fut très violente, au point qu'il ne resta plus de souffle en lui. Alors cette femme dit à Elie :

« Qu'ai-je à faire avec toi, homme de Dieu ? Es-tu venu chez moi pour rappeler le souvenir de mes iniquités et pour faire mourir mon fils ? »

Il lui répondit :

« Donne-moi ton fils. »

Et il le prit du sein de la femme et, l'ayant monté dans la chambre haute où il demeurait, il le coucha sur son lit.

Puis, il invoqua Yahweh, en disant :

« Yahweh, mon Dieu, auriez-vous encore fait tomber le malheur sur cette veuve chez laquelle je demeure, jusqu'à faire mourir son fils ? »

Et il s'étendit trois fois sur l'enfant, en invoquant Yahweh et en disant :

« Yahweh, mon Dieu, je vous en prie, que l'âme de cet enfant revienne au dedans de lui ! »

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Yahweh écouta la voix d'Elie, et l'âme de l'enfant revint au dedans de lui, et il fut rendu à la vie. Elie prit l'enfant, le descendit de la chambre haute dans la maison et le donna à sa mère ; et Elie dit :

« Voici que ton fils est vivant. »

La femme dit à Elie :

« Je reconnais maintenant que tu es un homme de Dieu, et que la parole de Yahweh dans ta bouche est vérité. » (1 R [Vulg. IV] 17, 17-24)

Elie retourna auprès d'Achab pour lui annoncer la fin de la sécheresse et le mit en demeure de choisir entre Baal et Iahvé. Pour convaincre le roi, il invita les prêtres de Baal à se rendre avec lui sur le Carmel, afin d'appeler le feu du ciel sur leur sacrifice. Ceux-ci implorèrent en vain Baal durant une demi-journée. Mais sitôt qu'Elie eut prié, le feu du ciel dévora son sacri-fice, qu'il avait copieusement fait arroser d'eau au préalable. Il ordonna alors de mettre à mort tous les prêtres de l'idole. Il continua ensuite sa prière et d'épaisses nuées amenèrent enfin la pluie.

Et Elie dit au peuple :

« Je suis resté seul des prophètes de Yahweh, et il y a quatre cent cinquante prophètes de Baal. Que l'on nous donne deux taureaux ; qu'ils choisissent pour eux l'un des taureaux, qu'ils le coupent par morceaux et qu'ils le placent sur le bois, sans y mettre le feu ; et moi je préparerai l'autre taureau, et je le placerai sur le bois, sans y mettre le feu. Puis invoquez le nom de votre dieu, et moi j'invoquerai le nom de Yahweh. Le dieu qui répondra par le feu, celui-là est Dieu. » Tout le peuple répondit en disant :

« C'est bien! »

Elie dit aux prophètes de Baal :

« Choisissez pour vous l'un des taureaux, préparez-le d'abord, car vous êtes les plus nombreux, et invoquez le nom de votre dieu, mais ne mettez pas le feu. »

Ils prirent le taureau qu'on leur donna et le préparèrent ; et ils invoquèrent le nom de Baal depuis le matin jusqu'à midi, en disant :

« Baal, réponds-nous! »

Mais il n'y eut ni voix ni réponse. Et ils sautaient devant l'autel qu'ils avaient fait. A midi, Elie se moqua d'eux et dit :

« Criez à haute voix, car il est dieu ; il est en méditation, ou il est occupé, ou il est en voyage ; peut-être qu'il dort, et il se réveillera. »

Et ils crièrent à haute voix, et ils se firent, selon leur coutume, des incisions avec des épées et avec des lances, jusqu'à ce que le sang coulât sur eux. Lorsque midi fut passé, ils prophétisèrent jusqu'au moment où l'on présente l'oblation. Mais il n'y eut ni voix, ni réponse, ni signe d'attention. Elie dit à tout le peuple :

« Approchez-vous de moi. »

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Tout le peuple s'étant approché de lui, Elie rétablit l'autel de Yahweh, qui avait été renversé. Elie prit douze pierres, d'après le nombre des tribus des fils de Jacob, auquel la parole de Yahweh avait été adressée en ces termes :

« Israël sera ton nom. »

Il bâtit avec ces pierres un autel au nom de Yahweh ; puis, ayant fait autour de l'autel un fossé de la capacité de deux mesures de semence, il arrangea le bois, coupa le taureau par morceaux et le plaça sur le bois. Et il dit :

« Remplissez d'eau quatre cruches, et versez-les sur l'holocauste et sur le bois. »

Il dit :

« Faites-le une seconde fois »;

et ils le firent une seconde fois. Il dit :

« Faites le une troisième fois » ;

et ils le firent une troisième fois. L'eau coula autour de l'autel, et il fit remplir aussi d'eau le fossé. A l'heure où l'on offre l'oblation du soir, Elie, le prophète, s'avança et dit :

« Yahweh, Dieu d'Abraham, d'Isaac et d'Israël, que l'on sache aujourd'hui que vous êtes Dieu en Israël, que je suis votre serviteur et que j'ai fait toutes ces choses sur votre parole. Exaucez-moi, Yahweh, exaucez-moi ! Afin que ce peuple reconnaisse que vous, Yahweh, êtes Dieu, et que c'est vous qui ramenez leur cœur en arrière. »

Alors le feu de Yahweh tomba, et il consuma l'holocauste, le bois, les pierres et la terre, et absorba l'eau qui était dans le fossé. Quand tout le peuple vit cela, ils tombèrent sur leur visage et ils dirent : C'est Yahweh qui est Dieu ! C'est Yahweh qui est Dieu ! »

Et Elie leur dit :

« Saisissez les prophètes de Baal ; que pas un d'eux n'échappe ! »

Ils les saisirent, et Elie les fit descendre au torrent de Cison, où il les tua. (1 R [Vul. III] 18, 22-40)

Mais sachant que Jézabel voulait le faire périr, à cause du massacre des prêtres, il se retira dans le désert du Sinaï et là fut en proie à un vif découragement. Le Seigneur se manifesta à lui au mont Horeb, lui rendit son énergie, lui commanda de continuer son ministère et le renvoya en Israël, où tout n'était pas désespéré, puisqu’i1 y restait encore sept mille hommes qui n’avaient jamais fléchi le genou devant Baal.

Elie reparut devant Achab pour lui reprocher le meurtre de Naboth et lui prédire la vengeance divine sur lui et sur toute sa maison. Il se rendit ensuite auprès du roi de Juda, Ochozias, qui, à la suite de sa chute, avait envoyé consulter le dieu philistin, Béelzébub. Le roi le fit poursuivre successivement par deux troupes de cinquante hommes qui furent frappés de mort. Une troisième troupe se montra plus respectueuse et fut épargnée. Elie l’accompagna, auprès d'Ochozias auquel il signifia son arrêt définitif, mérité par son acte d'idolâtrie.

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Homme de prière en même temps que d'action, Elie vivait d'ordinaire dans la solitude. Son principal disciple était Elisée. Il le prit un jour avec lui, l'emmena sur le bord du Jourdain, près de Jéricho, et, sous ses yeux, disparut dans un tourbillon de lumière qui parut à Elisée comme un char de feu. On ne revit plus jamais le prophète. Il n'avait laissé à Elisée que son manteau, symbole de l'esprit prophétique qui passait du maitre au disciple.

103. ÉLISÉE

Elisée continua l' œuvre d'Elie, qui se l'était attaché à son retour d'Horeb. Il accompagna Josaphat, roi de Juda, Joram, roi d'Israël et le roi d'Idumée dans leur expédition contre Mésa, roi de Moab. Quand l'eau vint à manquer dans le désert, il dit aux armées d'attendre au lendemain ; un orage déchaîné dans les montagnes lointaines remplit d'eau le lit d'un torrent desséché.

Il aida puissamment le roi Joram contre les entreprises du roi de Syrie, dont il lui révélait tous les plans. Lorsque Bénadad assiégea Samarie, la famine sévit terriblement dans la ville. Un jour, Elisée prédit que le lendemain l'abondance succéderait à la disette. Un officier du roi se moqua de cette assurance ; le prophète lui apprit en retour qu'il verrait l'abondance, mais n'en jouirait pas. En effet, les Syriens, pris de panique pendant la nuit, abandonnèrent leur camp à la hâte. Le lendemain matin, les habitants de Samarie s'y précipitèrent et y trouvèrent de copieuses provisions. L'officier, posté à la porte de la ville pour maintenir l'ordre, y fut écrasé par la foule.

Elisée eut encore la mission de prédire à Bénadad, qui l'envoyait consulter sur sa maladie, qu'il périrait de mort violente. Hazaël en effet l’assassina. Il envoya sacrer Jéhu, qui devait exterminer la maison d'Achab, et sur la fin de sa vie annonça à Joas, petit-fils de Jéhu, les victoires qu'il remporterait contre les Syriens.

Dieu voulait que ses prophètes fussent respectés. Elisée montait la côte de Bethel, lorsque des enfants sortirent de la ville et se moquèrent de lui, en répétant : - Monte, chauve ! monte, chauve ! Le prophète se retourna pour les regarder et les maudit au nom de Dieu. Aussitôt, deux ours arrivèrent de la forêt et déchirèrent quarante deux de ces enfants.

Elisée fut aussi appelé pour un pauvre petit, qui, accompagnant son père à la moisson, avait été tout d'un coup frappé d'insolation et s'écriait : Ma tête! ma tête ! On le porta en hâte à sa mère, aux mains de laquelle il expira. Celle-ci courut chercher le prophète et Elisée, après avoir prié le Seigneur, lui rendit son fils vivant.

Naaman, chef de l'armée du roi de Syrie, était auprès de son maître un homme puissant et considéré, car c'était par lui que Yahweh avait accordé le salut aux Syriens ; mais cet homme fort et vaillant était lépreux. Or les Syriens, étant sortis par bandes, avaient emmené captive une petite fille du pays d'Israël, qui était au service de la femme de Naaman. Elle dit à sa maîtresse :

« Oh! Si mon seigneur était auprès du prophète qui est à Samarie, le prophète le délivrerait de sa lèpre. »

Naaman vint rapporter ce propos à son maître, en disant :

« La jeune fille du pays d'Israël a parlé de telle et telle manière. »

Et le roi de Syrie dit :

« Va, et j'enverrai une lettre au roi d'Israël. »

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Résumé de l’Ancien testament 136

Il partit, prenant avec lui dix talents d'argent, six mille sicles d'or et dix vêtements de rechange. Il porta au roi d'Israël la lettre où il était dit :

« Or donc, quand cette lettre te sera parvenue, voici que tu sauras que je t'envoie Naaman, mon serviteur, pour que tu le délivres de sa lèpre. »

Après avoir lu la lettre, le roi d'Israël déchira ses vêtements et dit :

« Suis-je un dieu, capable de faire mourir et de faire vivre, qu'il envoie vers moi pour que je délivre un homme de sa lèpre ? Sachez donc et voyez qu'il me cherche querelle. »

Lorsqu'Elisée, homme de Dieu, apprit que le roi d'Israël avait déchiré ses vêtements, il envoya dire au roi :

« Pourquoi as-tu déchiré tes vêtements ? Qu'il vienne donc à moi, et il saura qu'il y a un prophète en Israël. »

Naaman vint avec ses chevaux et son char, et il s'arrêta à la porte de la maison d'Elisée. Elisée lui envoya un messager pour lui dire :

« Va, et lave-toi sept fois dans le Jourdain ; ta chair te reviendra, et tu seras pur. »

Naaman fut irrité, et il s'en alla, en disant :

« Voici que je me disais : Il sortira vers moi, il se présentera lui-même, il invoquera le nom de Yahweh, son Dieu, il agitera sa main sur la plaie et délivrera le lépreux. Les fleuves de Damas, l'Abana et le Pharphar, ne valent-ils pas mieux que toutes les eaux d'Israël ? Ne pourrais-je pas m'y laver et devenir pur ? »

Et se tournant, il s'en allait en colère. Ses serviteurs s'approchèrent pour lui parler, et ils dirent :

« Mon père, si le prophète t'avait demandé quelque chose de difficile, ne l'aurais-tu pas fait ? Combien plus dois-tu lui obéir, quand il t'a dit : Lave-toi, et tu seras pur ? »

Il descendit et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l'homme de Dieu ; et sa chair redevint comme la chair d'un petit enfant, et il fut purifié. Naaman retourna vers l'homme de Dieu, avec toute sa suite. Quand il fut arrivé, il se présenta devant lui et dit :

« Voici donc que je sais qu'il n'y a point de Dieu sur toute la terre, si ce n'est en Israël. Et maintenant, accepte donc un présent de la part de ton serviteur. »

Elisée répondit :

« Aussi vrai que Yahweh devant qui je me tiens est vivant, je n'accepterai pas ! »

Naaman le pressant d'accepter, il refusa. Et Naaman dit :

« Sinon, permets que l'on donne de la terre à ton serviteur, la charge de deux mulets ; car ton serviteur ne veut plus offrir à d'autres dieux ni holocauste ni sacrifice, si ce n'est à Yahweh. Toutefois, que Yahweh pardonne ceci à ton serviteur : Quand mon maître entre dans la maison de Remmon pour y adorer, et qu'il s'appuie sur ma main, je me prosterne aussi dans la maison de Remmon ; daigne Yahweh pardonner à ton serviteur si je me prosterne dans la maison de Remmon ! »

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Elisée lui dit :

« Va en paix. »

Et Naaman quitta Elisée. Il était à une certaine distance, lorsque Giézi, serviteur d'Elisée, homme de Dieu, dit en lui-même : « Voici que mon maître a ménagé Naaman, ce Syrien, en n'acceptant pas de sa main ce qu'il avait apporté. Yahweh est vivant! Je vais courir après lui et j'en obtiendrai quelque chose. »

Et Giézi se mit à poursuivre Naaman. Naaman, le voyant courir après lui, descendit de son char pour aller à sa rencontre, et il dit :

« Tout va-t-il bien? »

Giézi répondit :

« Tout va bien ! Mon maître m'envoie te dire : Voici que viennent d'arriver chez moi deux jeunes gens de la montagne d'Ephraïm, d'entre les fils des prophètes ; donne pour eux, je te prie, un talent d'argent et deux vêtements de rechange. »

Naaman dit :

« Consens à prendre deux talents. »

Il le pressa d'accepter et, ayant serré deux talents d'argent dans deux sacs avec deux habits de rechange, il les remit à deux de ses serviteurs pour les porter devant Giézi. Arrivé à la colline, Giézi les prit de leurs mains et les déposa dans la maison, puis il renvoya les hommes, qui partirent. Et il alla se présenter à son maître. Elisée lui dit :

« D'où viens-tu, Giézi ? »

Il répondit :

« Ton serviteur n'est allé ni d'un côté ni d'un autre. »

Mais Elisée lui dit :

« Mon esprit n'est-il pas allé avec toi, lorsque cet homme a quitté son char pour venir à ta rencontre ? Est-ce le moment d'accepter de l'argent, et d'accepter des vêtements et des oliviers et des vignes et des brebis et des bœufs et des serviteurs et des servantes ? La lèpre de Naaman s'attachera à toi et à ta postérité pour toujours. »

Et Giézi sortit de la présence d'Elisée avec une lèpre blanche comme la neige. (2 R [Vulg. IV] 5, 1-27)

104. LES PROPHÈTES ÉCRIVAINS

Jusque-là les prophètes se contentaient de parler, ils n’écrivaient pas. Vers le milieu du neuvième siècle parurent des prophètes qui écrivirent leurs oracles. Abdias prophétise contre l'Idumée qui se croit inexpugnable dans ses montagnes :

La fierté de ton cœur t'a égaré ! Lui qui habite dans des creux de rochers, dont les hauteurs sont la demeure, il dit dans son cœur :

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Résumé de l’Ancien testament 138

« Qui me fera descendre à terre ? »

Quand tu t'élèverais aussi haut que l'aigle, que tu placerais ton aire parmi les étoiles, je t'en ferais descendre, oracle de Yahweh. (Ab 1, 2-4)

Joël exhorte le peuple de Juda à la pénitence. Il décrit, sous la forme d'une invasion de sauterelles, les grandes incursions assyriennes et chaldéennes dont Jérusalem souffrira. Mais il assure qu'ensuite la nation retrouvera sa prospérité.

Jonas naît dans le royaume d'Israël ; il est contemporain de Jéroboam II. Dieu envoie Jonas à Ninive : « Lève-toi, lui dit le Seigneur, va dans Ninive la grande ; fais-leur entendre leg plus terribles menaces ; le cri de ses iniquités est monté jusqu'à. moi. » Mais Jonas, trouvant cette ville indigne de pitié, refusa d'obéir.

Il s'embarqua sur un navire faisant voile, vers Tarsis. Il pensait ainsi échapper au Seigneur. Mais soudain il s'éleva une tempête, le navire allait être englouti. Alors, saisis d'effroi, les matelots tirèrent au sort pour connaître celui d'entre eux, qui, poursuivi par le Ciel, devrait être sacrifié. Le sort tomba sur Jonas : « Eh bien ! oui, s'écria-t-il, je suis coupable. Jetez-moi à la mer : ma mort sera votre salut. » La sentence fut exécutée et la mer se calma. Mais à peine fut-il tombé dans l'eau qu'un énorme poisson avala le prophète. Ce fut seulement trois jours après que, par un miracle divin, Jonas sortit vivant de son symbolique tombeau.

Aussitôt revenu à la vie, le prophète se rendit à Ninive. Parcourant les rues : il criait : « Encore quarante jours et Ninive sera détruite. » A sa voix, terrifiés, les habitants s'humilièrent. Du plus grand jusqu'au plus petit, ils firent pénitence. Ils détestèrent leurs péchés. Ils demandèrent grâce. Un édit du roi imposa un jeûne rigoureux et Dieu fut désarmé.

Après avoir rempli sa mission, Jonas était sorti de la ville. Un lierre magnifique lui offrit un salutaire abri. Son délicieux ombrage le défendait des ardeurs du soleil et de la fraîcheur de la nuit. Là, il attendait l'exécution de l'arrêt divin et de la réalisation des célestes menaces. Son attente fut vaine. Les quarante jours expirés, tout resta dans le calme. Le prophète en fut surpris et presque vexé. Il s'endormit de fatigue. Mais, à son réveil, quel ne fut pas son douloureux étonnement ! Ce lierre si touffu était desséché et dépouillé de toutes ses feuilles. « Quel malheur ! s'écria le prophète, un si beau lierre ! » Dieu lui dit : « Comment ! tu es pris de pitié pour un lierre qui ne t'a rien coûté et qui a péri en une nuit ! Et moi, je n'aurais pas pitié de Ninive, la grande cité dans laquelle il y a plus de cent-vingt mille êtres humains qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche et une quantité d'animaux ! » Ce n’est pas la mort du pécheur, mais sa conversion que le Ciel poursuit.

Ce miracle est la preuve que tous les hommes, même les ennemis d'Israël, sont les enfants de Dieu, et que Dieu se préoccupe de leur salut.

Cette idée était assez étrangère aux Israélites ; par la suite même elle leur devint de plus en plus antipathique. Voilà pourquoi il fallait des incidents très saillants, comme ceux qui constituent l'histoire de Jonas, pour la signaler à l'attention.

Amos était un berger de Thécué, au sud de Bethléem. Contemporain de Jonas, il prophétise surtout les malheurs qui vont punir l'idolâtrie du royaume d'Israël :

Et Yahweh me dit :

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Résumé de l’Ancien testament 139

« Que vois-tu, Amos ? »

Je répondis :

« Un fil à plomb. »

Et le Seigneur me dit :

« Voici que je mets le fil à plomb au milieu de mon peuple d'Israël ; je ne lui pardonnerai pas plus longtemps. Les hauts lieux d'Isaac seront dévastés, et les sanctuaires d'Israël seront détruits, et je me lèverai contre la maison de Jéroboam, avec l'épée. » (Am 7, 8-9)

Jéroboam II, informé des paroles du prophète, lui fit dire de s'en retourner prophétiser dans Juda. Mais Amos continua ses oracles :

Et il dit :

« Que vois-tu, Amos ? »

Je répondis :

« Une corbeille de fruits mûrs. »

Et Yahweh me dit :

« La fin est venue pour mon peuple d'Israël ; je ne lui pardonnerai pas plus longtemps. » (Am 8, 2)

Osée s'en prend également au royaume d'Israël dont il décrit l'affreuse corruption au temps de Jéroboam II. La prospérité politique de ce règne ne servait en effet qu'à amener une recru-descence d'immoralité et d'idolâtrie.

L'orgueil d'Ephraïm témoigne contre lui, ils ne reviennent pas à Yahweh, leur Dieu et ils ne le recherchent pas, malgré tout cela. Ephraïm est devenu comme une colombe, simple et sans intelligence ; ils invoquent l'Egypte, ils vont en Assyrie. Pendant qu'ils y vont, j'étends sur eux mon filet ; je les ferai tomber comme les oiseaux du ciel, je les châtierai comme on l'a annoncé dans leur assemblée. Malheur à eux, car ils ont fui loin de moi ! Ruine sur eux, car ils m'ont été infidèles ! Et moi, je voudrais les sauver ; mais eux disent contre moi des mensonges. (Os 7, 10-13)

Et cependant le Seigneur ne peut se résoudre à frapper sans pitié :

« Comment te délaisserais-je, Ephraïm, te livrerais-je, Israël ? Comment te laisserais-je devenir comme Adama, te rendrais-je comme Séboïm ? Mon cœur se retourne en moi, et toutes ensemble, mes compassions s'émeuvent. Je ne donnerai pas cours à l'ardeur de ma colère, je ne détruirai pas de nouveau Ephraïm. Car je suis Dieu, moi, et non pas homme, au milieu de toi est le Saint, et je ne viendrai pas dans ma fureur. » (Os 11, 8-9)

[…]

Je guérirai leur infidélité, je les aimerai de bon cœur ; car ma colère s'est retirée d'eux. (Os 14, 5)

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Michée, qui vivait dans le royaurme de Juda à l'époque d'Achaz et d'Ezéchias, annonce les malheurs qui doivent frapper Samarie et Jérusalem, à cause de leurs infidélités. Il y aura ensuite une restauration ménagée par le Seigneur :

L'homme pieux a disparu de la terre, et il n'y a plus un juste parmi les hommes. Tous ils se mettent en embuscade pour répandre le sang ; chacun fait la chasse à son frère et lui tend le filet. (Mi 7, 2)

[…]

Et moi je regarderai vers Yahweh, j'espérerai dans le Dieu de mon salut ; mon Dieu m'écoutera. (Mi 7, 7)

Nahum est un prophète du royaume du nord, qui vivait à l'époque de la déportation et connaissait bien Ninive, la grande ennemie d'Israël. Il annonce le siège et la prise de cette ville. Ses forteresses tomberont comme le fruit mûr du figuier. Elle-même succombera à son tour :

Tes pasteurs sont endormis, roi d'Assyrie ; tes vaillants hommes sont couchés, ton peuple est dispersé sur les montagnes, et il n'y a personne qui les rassemble. Ta blessure est sans remède, ta plaie est grave ; tous ceux qui entendront raconter ton sort battront des mains à ton sujet ; car sur qui ta méchanceté n'a-t-elle pas passé sans trêve ? (Na 3, 18-19)

On peut affirmer que la prophétie se réalisa à la lettre quand, en 608, Ninive prise par les Mèdes et les Chaldéens, fut complètement détruite.

105. ISAÏE

Le plus illustre des prophètes contemporains des invasions assyriennes fut Isaïe. Né sous Ozias, probablement à Jérusalem, et investi de sa mission prophétique la dernière année de ce roi, il fut mêlé aux événements politiques des trois règnes de Joatham, Achaz et Ezéchias.

Le règne d'Ozias avait été prospère. Joatham hérita d'une situation qui eût été à peine compromise, sans les inquiétants progrès que faisaient l'immoralité et l'idolâtrie parmi le peuple. Isaïe blâme avec énergie les superstitions, les injustices de toutes sortes, les habitudes d'idolâtrie, le luxe des femmes, la cupidité des riches. Il prend le ciel et la terre à témoin de l'ingratitude du peuple choisi à l'égard de son Père et de son Dieu.

Vision d'Isaïe, fils d'Amos, qu'il a vue touchant Juda et Jérusalem, aux jours d'Isaïe, de d'Isaïe, d'Achaz et d'Ezéchias, rois de Juda.

Cieux, écoutez, et toi, terre, prête l'oreille, car Yahweh parle : J'ai nourri des enfants et je les ai élevés, et eux se sont révoltés contre moi. Le bœuf connaît son possesseur et l'âne la crèche de son maître ; mais Israël n'a point de connaissance, mon peuple n'a point d'intelligence. Ah! nation pécheresse, peuple chargé d'iniquité, race de méchants, fils criminels. Ils ont abandonné Yahweh, ils ont outragé le Saint d'Israël, ils se sont retirés en arrière. (Is 1, 1-4)

Il emploie les allégories les plus touchantes et les plus capables de convertir son peuple.

Je vais chanter pour mon bien-aimé le chant de mon bien-aimé au sujet de sa vigne. Mon bien-aimé avait une vigne, sur un coteau fertile.

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Résumé de l’Ancien testament 141

Il en remua le sol, il en ôta les pierres, il la planta de ceps exquis. Il bâtit une tour au milieu, et il y creusa aussi un pressoir. Il attendait qu'elle donnât des raisins, mais elle donna du verjus.

« Et maintenant, habitants de Jérusalem et hommes de Juda, jugez, je vous prie, entre moi et entre ma vigne ! Qu'y avait-il à faire de plus à ma vigne, que je n'aie pas fait pour elle ? Pourquoi, ai-je attendu qu'elle donnât des raisins, et n'a-t-elle donné que du verjus ? Et maintenant, je vous ferai connaître ce que je vais faire à ma vigne, j'arracherai sa haie, et elle sera broutée ; j'abattrai sa clôture, et elle sera foulée aux pieds. J'en ferai un désert ; et elle ne sera plus taillée, ni cultivée ; les ronces et les épines y croîtront, et je commanderai aux nuées de ne plus laisser tomber la pluie sur elle. »

Car la vigne de Yahweh des armées, c'est la maison d'Israël, et les hommes de Juda sont le plant qu'il chérissait ; il en attendait la droiture, voici du sang versé ; la justice, et voici le cri de détresse. (Is 5, 1-7)

Après les plaintes et les reproches, Isaïe emploie les menaces. Le Seigneur, dit-il, fera appel aux peuples étrangers pour châtier tous ces vices :

Il dresse une bannière pour les nations éloignées ; Il les siffle des extrémités de la terre. Et voici qu'ils arrivent, prompts et légers. Il n'y en a pas un qui soit las et qui chancelle, pas un qui sommeille ou qui dorme ; à aucun la ceinture de ses reins ne se détache, ni la courroie de ses sandales ne se rompt. Leurs flèches sont aiguisées, leurs arcs sont tous tendus ; les sabots de leurs chevaux sont durs comme le caillou ; les roues de leurs chars pareilles à l'ouragan. (Is 5, 26-28)

Voici en effet Rasin de Syrie et Phacée d'Israël qui vont monter Contre Juda.

Sous le roi impie Achaz, Isaïe est là pour révéler les secrets de la justice et de la miséricorde de Dieu. Quand Rasin et Phacée arrivèrent devant Jérusalem, le prophète dit au roi Achaz :

Et tu lui diras : Prends garde, tiens-toi tranquille, ne crains point, et que ton cœur ne défaille point devant ces deux bouts de tisons fumants, à cause de la fureur de Rasin et de la Syrie, et du fils de Romélie. (Is 7, 4)

Ils ne purent en effet prendre la ville. Pourtant Achaz aura son châtiment. Un jour, les Assyriens feront payer au royaume de Juda les crimes du roi et des sujets :

Yahweh fera venir sur toi et sur ton peuple, et sur la maison de ton père, des jours tels qu'il n'en est pas venu depuis le jour où Ephraïm s'est séparé de Juda ; - le roi d'Assyrie.

En ce jour-là, Yahweh sifflera la mouche qui est à l'extrémité des fleuves d'Egypte, et l'abeille qui est au pays d'Assyrie. Elles viendront et se poseront toutes dans les vallées escarpées et dans les fentes des rochers, sur tous les buissons et sur tous les pâturages. (Is 7, 17-19)

Les royaumes de Syrie et d'Israël seront ruinés. Puis l'Assyrie aura son tour :

Malheur à Assur, verge de ma colère ! Le bâton qui est dans sa main est l'instrument de ma fureur ; (Is 10, 5)

La hache se glorifie-t-elle contre la main qui la brandit, la scie s'élève-t-elle contre celui qui la meut ? Comme si la verge faisait mouvoir celui qui la lève, comme si le bâton soulevait ce qui n'est pas du bois ! C'est pourquoi le Seigneur Yahweh des armées, enverra le dépérissement sur ses robustes guerriers, et sous sa magnificence s'embrasera un feu, comme le feu d'un incendie. (Is 10, 15)

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Enfin, étendant son regard à tous les peuples qui entourent le sien et vivent dans l'idolâtrie et la corruption, il annonce le sort, qui attend Babylone, Tyr, l'Egypte, Damas et les autres.

106. LA PROPHÉTIE D’ISAÏE SUR LE MESSIE

Il est écrit du prophète Isaïe : « Avec une haute inspiration il a vu la fin des temps et il a consolé les affligés dans Sion » Isaïe, en effet, a décrit toute la série des vengeances divines, les malheurs contemporains, les catastrophes prochaines, comme la prise de Jérusalem, et les derniers jugements de Dieu sur l'humanité. En même temps, il a consolé en annonçant les déli-vrances, la restauration du peuple de Dieu, la rénovation de Jérusalem, les triomphes définitifs de la vérité et de la vertu.

Toutes ces consolations, seront apportées au monde par le Messie, l'oint du Seigneur, qui doit racheter les hommes. Isaïe l'appelle le« germe » de Iahvé. Il naîtra d'une vierge et sera nommé Emmanuel, c'est-à-dire « Dieu avec nous. » Il sera « l'admirable Conseiller, le Dieu fort, le Père de l'éternité, le Prince de la paix. » Il établira son règne à jamais, règne de lumière et de vérité, qui s'étendra à tous les hommes et se prolongera éternellement dans une autre vie. Voici énumérées quelques-unes des qualités du Messie et quelques-uns des bienfaits que sa venue apportera sur la terre.

Un rameau sortira du tronc de Jessé, et de ses racines croîtra un rejeton. Sur lui reposera l'Esprit de Yahweh, esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de Yahweh ; Il mettra ses délices dans la crainte de Yahweh. Il ne jugera point sur ce qui paraîtra à ses yeux, et il ne prononcera point sur ce qui frappera ses oreilles. Il jugera les petits avec justice, et prononcera selon le droit pour les humbles de la terre. Il frappera la terre de la verge de sa bouche, et par le souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant. La justice ceindra ses flancs, et la fidélité sera la ceinture de ses reins. Le loup habitera avec l'agneau, la panthère reposera avec le chevreau ; le veau, le lion et le bœuf gras vivront ensemble, et un jeune enfant les conduira. La vache et l'ourse iront au même pâturage, leurs petits auront un même gîte ; et le lion mangera du fourrage comme le bœuf . Le nourrisson s'ébattra sur le trou de la vipère, et dans le repaire du basilic l'enfant à peine sevré mettra sa main. On ne fera point de mal et on ne détruira plus sur toute ma montagne sainte ; car le pays sera rempli de la connaissance de Yahweh, comme le fond des mers par les eaux qui le couvrent. Et il arrivera en ce jour-là : La racine de Jessé, élevée comme un étendard pour les peuples, sera recherchée par les nations, et son séjour sera glorieux. (Is 11, 1-10)

Toutefois ce Messie ne sera pas un triomphateur ordinaire. Il apparaîtra comme un homme de douleur, pour sauver l'humanité par la souffrance :

Il était méprise et abandonné des hommes, homme de douleurs et familier de la souffrance, comme un objet devant lequel on se voile la face; en butte au mépris, nous n'en faisions aucun cas.

Vraiment c'était nos maladies qu'il portait, et nos douleurs dont il s'était chargé ; et nous, nous le regardions comme un puni, frappé de Dieu et humilié.

Mais lui, il a été transpercé à cause de nos péchés, broyé à cause de nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix a été sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris.

Nous étions tous errants comme des brebis, chacun de nous suivait sa propre voie ; et Yahweh a fait retomber sur lui l'iniquité de nous tous.

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On le maltraite, et lui se soumet et n'ouvre pas la bouche, semblable à l'agneau qu'on mène à la tuerie, et à la brebis muette devant ceux qui la tondent ; il n'ouvre point la bouche. (Is 53, 3-7)

Les prophéties qui parlaient d'un Messie humilié et souffrant n'étaient pas du goût des Israélites. Ceux-ci en détournèrent instinctivement leur attention, pour ne songer qu'à celles qui promettaient un règne splendide, des triomphes et des prospérités sans nombre et sans fin. Ils prirent l'habitude d'interpréter ces promesses dans un sens temporel et grossier.

C'est ce qui fit que plus tard, quand le Messie se présenta comme roi purement spirituel, étranger à. tous les avantages de la terre, la plus grande partie de sa nation le méconnut et le rejeta bien qu'il répondit exactement au signalement qu'Isaïe avait tracé de l'homme de douleur, chargé de sauver les autres hommes par ses souffrances.

Isaïe prolongea sa vie, croît-on, jusque sous le règne de l'impie Manassé, qui le fit cruelle-ment périr.

RESUME

Les Prophètes. Dieu intervint sans cesse dans la direction de son peuple. Il lui parla par les prophètes investis d'une triple mission : rappeler l'obéissance à Dieu, détourner de l'idolâtrie, renouveler la promesse du Rédempteur.

Il y eut des prophètes en Juda et en Israël. A partir de Samuel ils se succédèrent d'une manière presque continue, pour représenter l'autorité de Dieu, en face de l'autorité des rois.

Elie se distingua entre tous par l'éclat de ses actions et l'ardeur de son zèle contre l'idolâtrie (la veuve de Sarepta, son fils ressuscité, les prêtres de Baal, le mont Horeb, Achab et Jézabel, le char de feu).

Elisée continua l'œuvre d'Elie qui se l'était attaché à son retour d'Horeb (nombreuses prédications, résurrection du fils de la Sunamite, les enfants de Béthel, Naaman, etc.)

A partir d'Elie et d'Elisée, les prophètes écrivirent souvent leurs oracles. Parmi ces prophètes nommons Jonas (Ninive fait pénitence). Isaïe (nombreuses prophéties messianiques). Joël, Amos, Osée, Michée, Nahum.

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CHAPITRE XVI - La fin du royaume de Juda

107. LE RÈGNE D’ÉZÉCHIAS

A la mort d'Achaz, son fils Ezéchias (723-693) monta sur le trône qu'il devait occuper pendant vingt-neuf ans. Autant son père avait été impie et violent, autant le nouveau roi fut fidèle au Seigneur et dévoué au bien de son peuple. C'est la quatrième année de son règne que Salmanasar vint commencer le long siège de Samarie.

Ezéchias.avait cessé de payer à l'Assyrie le tribut que payait son père Achaz. Il était donc à craindre qu'après avoir pris Samarie, l'armée assyrienne se tournât contre Jérusalem. Mais, à la suite de ce long siège, Sargon, dont le pouvoir n'était pas encore sûrement affermi, eut à faire la guerre à ses voisins, les Elamites, les Babyloniens, puis les Syriens du nord. De son côté, la ville philistine de Gaza refusa de se soumettre, parce que l’Egypte était derrière elle. A la bataille de Raphia, l'armée assyrienne se mesura pour la première fois avec la vieille armée égyptienne et la vainquit. Ces campagnes et plusieurs autres contre ses voisins d'Asie occupèrent Sargon pendant plusieurs années.

La quatorzième année de son règne, Ezéchias tomba gravement malade. Isaïe lui annonça que sa mort était proche. Mais le roi pria Dieu avec instance, dans un Cantique qui porte son nom.

Ecrit d'Ezéchias, roi de Juda, lorsqu'il fut malade et qu'il guérit de sa maladie :

Je disais : Dans la paix de mes jours je m'en vais aux portes du schéol ; je suis privé du reste de mes ans !

Je disais : Je ne verrai plus Yahweh, Yahweh sur la terre des vivants ; je ne verrai plus les hommes, parmi les habitants du silencieux séjour !

Ma demeure est enlevée, emportée loin de moi comme une tente de bergers. Comme un tisserand, j'ourdissais ma vie ; il me retranche du métier ! Du jour à la nuit tu en auras fini avec moi !

Je me suis tu jusqu'au matin ; comme un lion, il brisait tous mes os ; du jour à la nuit tu en auras fini avec moi !

Comme l'hirondelle, comme la grue, Je crie ; je gémis comme la colombe ; mes yeux se sont lassés à regarder en haut : Yahweh, on me fait violence ; sois mon garant !

Que dirais-je ? Il m'a dit, il l'a fait. Je marcherai humblement pendant toutes mes années, me souvenant de l'amertume de mon âme.

Seigneur, c'est en cela qu'est la vie, en tout cela est la vie de mon esprit. Vous me guérissez, vous me rendez la vie : voici que ma suprême amertume se change en paix !

Vous avez retiré mon élue de la fosse de perdition ; vous avez jeté derrière votre dos tous mes péchés.

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Car le schéol ne vous célèbre pas, la mort ne chante pas vos louanges ; ceux qui descendent dans la fosse n'espèrent plus en votre fidélité.

Le vivant, le vivant, c'est lui qui vous célèbre, comme je le fais en ce jour ; père fera connaître à ses enfants votre fidélité.

Yahweh a été prompt à me sauver ; nous ferons résonner les cordes de ma harpe ; tous les jours de notre vie, devant a maison de Yahweh. (Is 38, 9-20)

Le prophète l'avertit alors que Dieu, touché de sa prière, lui accordait encore quinze ans de vie et que Jérusalem serait délivrée des Assyriens. En signe de la vérité de sa parole et, sur la demande d'Ezéchias, il fit reculer l'ombre du soleil de dix degrés en arrière.

En apprenant la maladie et la guérison d'Ezéchias, le roi de Babylone, Mérodach Baladan, qui tenait encore en face des Assyriens, cru de bonne politique d'envoyer complimenter le roi de Juda, afin de le rattacher à la ligue de ceux qui se dérobaient au joug du puissant monarque de Ninive. Flatté de cette attention, Ezéchias fit visiter avec complaisance tous ses trésors aux envoyés du roi babylonien. Isaïe dit alors à Ezéchias : « Le jour viendra où tous ces trésors seront transportés à Babylone. » Cette prédiction ne devait pas attendre longtemps son effet.

108. L'INVASION DE SENNACHÉRIB

A Ninive, Sennachérib avait succédé à son père Sargon. Mérodach Baladan mit à profit ce changement pour recouvrer son indépendance précédemment perdue. Du côté de la Syrie, tout pliait sous le joug assyrien, à l'exception de Tyr et de Jérusalem. Comme ces états constituaient l'extrême frontière que se disputaient l'Assyrie et l'Egypte, on comptait à Jérusalem que cette dernière puissance viendrait au secours des villes menacées. Cependant Isaïe disait que l'Egypte ne serait d’aucun secours et que Dieu lui-même briserait les Assyriens.

On ne le crût pas et l'influence de ceux qui comptaient sur l'Egypte prévalut à la cour d'Ezéchias. Pour terrasser les dernières résistances qui s'opposaient à sa domination dans l'Asie occidentale, Sennachérib arriva avec son armée, ruina le royaume tyrien, prit les forteresses philistines et battit les troupes envoyées à leur secours par le pharaon d'Egypte. Puis il se porta contre ce dernier pays.

Ces événements ouvrirent les veux à Ezéchias. Quand il se vit isolé en face de la puissance assyrienne, il se bâta de rassembler tous les trésors qu'il put et de les envoyer avec ses hommages à Sennachérib, qui avait établi son camp à Lachis, entre Jérusalem et la frontière égyptienne. D'autre part, il avait pris soin, à l'approche du danger, de réparer les fortifications de la capitale ; il avait même fait creuser un aqueduc souterrain qui permettait aux eaux de pénétrer dans la ville sans être interceptées par l'ennemi.

Sennachérib reçut les présents qu'Ezéchias lui envoyait, mais ne se tint pas pour satisfait. Il fit occuper successivement toutes les places fortes de Juda, et, avant d'entreprendre le siège de Jérusalem, qui pouvait être aussi long et aussi pénible que celui de Samarie, il envoya un de ses généraux pour investir la capitale. Ezéchias, constatant qu'il n'avait rien à espérer de l'Egypte, se tourna du côté du Seigneur. Isaïe donna encore une fois an roi l'assurance qu'il serait délivré des Assyriens, que ceux-ci n'enverraient pas une flèche dans la ville, que pas un ennemi n'y pénétrerait.

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Cependant, l'armée du roi d'Ethiopie, Tharaka, alors maître de l'Egypte, approchait enfin de la Palestine. Sennachérib, voulant en finir avec Jérusalem, envoya porter une sommation impé-rieuse à Ezéchias.

C'est alors que le Seigneur intervint. Un mal mystérieux s’abattit soudain sur l'armée assy-rienne et lui fit perdre en une nuit cent-quatre-vingt-cinq mille hommes. Il fut impossible à Sennachérib de tenir plus longtemps la campagne. Il ne put, dans ces conditions, affronter l'armée qui venait d'Egypte et n'eut plus qu'à retourner à Ninive avec les quelques survivants que le mal avait épargnés. Il ne reparut plus en Palestine. Lui-même, dans ses inscriptions, se vante bien d'avoir enfermé Ezéchias dans sa capitale, « comme un oiseau dans une cage », mais il n'en dit pas davantage.

109. PIÉTÉ ET ZÈLE D’ÉZÉCHIAS

Le roi Ezéchias se préoccupa vivement, pendant tout son règne, de faire pratiquer la loi divine par son peuple. Dès le début, il restaura le culte sacré dans le Temple. Après avoir purifié l'édifice profane sous ses prédécesseurs, il fit reprendre les anciennes solennités religieuses. Il extirpa les traces de l'idolâtrie partout où il le put. Pour mieux assurer la régularité du service divin, il réorganisa les prêtres et les lévites.

Enfin il recueillit avec soin d'anciens écrits sacrés, provenant particulièrement de Salomon et peut-être aussi de David. Ezéchias fut donc un prince à la fois pieux, intelligent, énergique et habile à administrer le peuple d’Israël conformément à sa vocation nationale.

110. LA RÉACTION IDOLATRIQUE

Le pieux roi Ezéchias eut pour successeur son fils Manassé (693-639), qui n'était encore âgé que de douze ans et dont le règne dura cinquante-cinq ans. Pendant la jeunesse du prince, le parti idolâtrique, tenu en respect par le roi précédent, releva audacieusement, la tête et remit en honneur le culte des faux dieux.

Devenu grand, Manassé lui-même ne se contenta pas de suivre le mouvement ; il lui imprima une nouvelle impulsion. Les autels de Baal et d'Astarté furent relevés et entourés d'honneurs, les lieux du culte idolâtrique multipliés, les parvis du Temple même souillés par d'indignes représentations. Les devins et les magiciens eurent toute liberté de séduire par leurs mensonges. Le roi en personne prenait part à ces abominations ; il fit passer son fils par les flammes en l'honneur de Moloch et mit le comble à son impiété en dressant la statue d'Astarté dans le sanctuaire même de Iahvé.

Les prophètes ne manquèrent pas de lui reprocher sa conduite. Il y eut un certain nombre d'Israélites fidèles qui protestèrent en ne prenant aucune part à l'apostasie officielle du roi et de la nation. Manassé répondit en versant à profusion le sang des opposants ; c'est par son ordre, croît-on, qu'Isaïe subit un affreux supplice.

Cependant, Assaradon avait succédé à son père Sennachérib sur le trône de Ninive, en 681. Après avoir affermi sa puissance et rétabli sa domination sur les pays qui avaient secoué le joug assyrien, il se tourna vers l'Egypte, encore au pouvoir du roi éthiopien, Tharaka, envahit la vallée du Nil, s'empara de Memphis, obligea le pharaon à s'enfuir dans le sud, et, à son titre de roi d'Assyrie, ajouta pour la première fois celui de roi d'Egypte, en 670. Ses inscriptions mettent naturellement au nombre de ses tributaires Manassé, roi de Juda.

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Par deux fois, Assurbanipal, fils d'Assaradon, dut recommencer la campagne contre l'Egypte. Les soulèvements de ce dernier pays et la révolte du frère d'Assurbanipal, qui régnait à Babylone, encouragèrent les peuples de la côte méditerranéenne à secouer le joug assyrien. Mal leur en, prit. Assurbanipal les réduisit par la force et emmena même captif à Babylone, sa résidence depuis la révolte de son frère, le roi de Juda, Manassé, vers 647.

Le châtiment fit réfléchir le malheureux roi. Quand Assurbanipal jugea la leçon suffisante, il le renvoya à Jérusalem, où Manassé s'appliqua à réparer le mal qu’il avait fait, abolissant le culte idolâtrique et rétablissant de son mieux celui du Seigneur. Cependant la réparation fut de médiocre efficacité ; car Amon (639-637), qui succéda à son père à l'âge de vingt-deux ans et ne régna d'ailleurs que deux ans, ne tint aucun compte des malheurs de son prédécesseur et imita les exemples qui avaient déshonoré la plus grande partie de son règne.

111. JUDITH A BÉTHULIE

C’est probablement sous le règne de Manassé, et à l'époque des campagnes d'Assurbanipal en Syrie et en Egypte, qu’il faut placer l'épisode de Judith. Il n’y avait pas, en ce moment, de roi à Jérusalem, ce qui marque le temps où Manassé était captif à Babylone.

Holopherne, général assyrien, fut envoyé à la tête d'une armée pour réduire le pays occupé par les Israélites. Ceux-ci s'apprêtèrent à lui résister. Holopherne dut mettre le siège devant Béthulie, petite ville située sur une hauteur, au sud de la plaine d'Esdrelon. Sur le conseil d'alliés moabites et ammonites, il coupa l'aqueduc qui fournissait l'eau à la ville.

C'est alors qu'une jeune veuve, Judith, encouragea ses concitoyens à avoir confiance dans le Seigneur, et promit de sauver la ville.

Ayant donc appris qu'Ozias avait promis de livrer la ville passé le cinquième jour, elle envoya vers les anciens du peuple Chabri et Charmi. Ils se rendirent auprès d'elle, et elle leur dit :

« Comment Ozias a-t-il pu dire qu'il livrerait la ville aux Assyriens, si dans cinq jours, il ne vous arrive pas de secours ? Et qui êtes-vous, pour mettre ainsi le Seigneur à l'épreuve ? Ce n'est pas là une parole qui attire la miséricorde, mais plutôt qui excite la colère et allume la fureur. Vous avez fixé au Seigneur un terme dans le quel il doit exercer sa miséricorde, et vous lui avec marqué un jour selon votre bon plaisir ! Mais parce que le Seigneur est patient, faisons pénitence de cette faute, et implorons son pardon en versant des larmes. Car Dieu ne menace point à la manière de l'homme, et il ne s'enflamme point de colère comme un fils d'homme. Humilions donc nos âmes devant lui, et mettons en nous un esprit d'humilité, comme il convient à ses serviteurs. Prions le Seigneur avec larmes de nous faire sentir, en la manière qu'il lui plaira, les effets de sa miséricorde, afin que, comme l'orgueil de nos ennemis a jeté le trouble dans notre cœur, ainsi notre humilité nous devienne un sujet de gloire. Car nous n'avons pas imité les péchés de nos pères qui ont abandonné leur Dieu et adoré des dieux étrangers. C'est à cause de ce crime qu'ils ont été livrés au glaive, au pillage et à la moquerie de leurs ennemis ; mais nous, nous ne connaissons pas d'autres Dieu que lui. Attendons humblement sa consolation, et il vengera notre sang sur nos ennemis qui nous affligent ; il humiliera toutes les nations qui s'élèvent contre nous, et il les couvrira de confusion, lui, le Seigneur notre Dieu. Et maintenant, mes frères, puisque vous êtes les anciens du peuple de Dieu, et que leur vie dépend de vous, relevez leurs cœurs par vos paroles, pour qu'ils se souviennent que nos pères ont été éprouvés afin que l'on connût s'ils servaient véritablement leur Dieu. Ils doivent se rappeler comment Abraham, notre père, a été tenté ; et comment, éprouvé par beaucoup de tribulations, il est devenu l'ami de Dieu. De même Isaac, de même Jacob, de même Moïse et tous ceux qui ont plu à Dieu, ont passé par beaucoup d'afflictions en demeurant fidèles. Mais ceux qui n'ont pas accepté ces épreuves avec la crainte du Seigneur, et qui ont donné cours à leur impatience et à d'injurieux murmures contre le Seigneur, ceux-là, l'exterminateur les a frappés de mort, et les serpents les ont fait périr. Ne nous laissons donc pas aller à l'impatience à cause des maux que nous souffrons. Mais estimons que

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ces tourments, moindres que nos péchés, sont les verges dont le Seigneur nous châtie, comme ses serviteurs, pour nous amender, et croyons que ce n'est pas pour notre perte qu'ils nous ont été envoyés. »

Ozais et les anciens lui répondirent :

« Tout ce que tu as dit est vrai, et il n'y a rien à reprendre dans tes paroles. Maintenant donc, prie Dieu pour nous, car tu es une femme sainte et craignant Dieu. »

Et Judith leur dit :

« Comme vous reconnaissez que ce que j'ai pu dire est de Dieu, éprouvez si ce que j'ai résolu de faire est aussi de lui, et priez que Dieu me donne la force de réaliser mon dessein. Vous vous tiendrez cette nuit à la porte, et je sortirai, avec ma compagne ; et priez afin que dans cinq jours, comme vous l'avez dit, le Seigneur regarde son peuple d'Israël. Mais je ne veux point que vous cherchiez à savoir ce que j'entreprends ; jusqu'à ce que je revienne vous en donner des nouvelles, qu'on ne fasse pas autre chose que de prier pour moi le Seigneur notre Dieu. »

Ozias, le prince de Juda, lui dit :

« Va en paix et que le Seigneur soit avec toi pour tirer vengeance de nos ennemis ! »

Et l'ayant quittée, il s'en allèrent. (Jdt 8, 9-34)

Après cette ardente prière, Judith, parée de ses plus beaux atours, sortit de la ville. Les sentinelles assyriennes se saisirent d'elle et la conduisirent à Holopherne, qui l'accueillit avec bienveillance. Pour gagner plus sûrement les bonnes grâces du général, elle s'engagea a seconder ses entreprises contre Béthulie. Celui-ci lui laissa toute liberté d'aller et venir. Quatre jours après, Holopherne, à la suite d'un grand festin, gisait ivre dans sa tente. Judith entra, coupa la tète du général, la mit dans un sac et repartit pour Béthulie, où elle annonça la nouvelle.

Le lendemain matin, les assiégés firent une sortie ; les Assyriens coururent à la tente de leur général ; mais, le voyant décapité, ils furent épouvantés, s'enfuirent en abandonnant tout, et périrent en grand nombre sous les coups des Israélites triomphants.

Judith fut célébrée comme une héroïne et une libératrice. Elle avait sauvé sa ville par des moyens qu'une saine morale ne peut approuver, sans doute, mais qui étaient dans les mœurs grossières du temps ; ses compatriotes n'y virent qu'habileté, dévouement, bravoure, et finalement pour eux une heureuse délivrance. -

112. LA RÉFORME DE JOSIAS

La mort tragique d'Amon, assassiné par les gens de sa maison, fit impression sur l'entourage de son fils Josias (637-607), qui n'était encore âgé que de huit ans et qui en régna trente-et-un. Sous la minorité du prince, l’inclination générale fut plus forte du côté du vrai Dieu que du côté des idoles. D'autre part, un grave péril avait aidé à cette fidélité relative. Menacé par les Mèdes, le roi d'Assyrie, Assurbanipal, avait appelé à lui les hordes des Scythes. Ceux-ci accoururent, saccagèrent tout dans le vaste empire asiatique et portèrent leurs ravages jusqu'en Syrie et eu Palestine. C'était vers l'année 626.

Quand il fut d'âge à intervenir personnellement, Josias fit détruire tous les monuments idolâtriques dans son royaume et même dans les régions les plus voisines de l'ancien royaume

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d'Israël. La dix-huitième année de son règne, il entreprit la restauration du Temple, à l'aide des ressources fournies par tous les pieux Israélites.

Au cours des travaux, le grand-prêtre Helcias trouva dans un endroit retiré le « livre de la loi », c'est-à-dire la dernière partie du Pentateuque ou Deutéronome. Ce livre qui rappelle les prescriptions de la loi mosaïque et énumère les promesses et les menaces qui lui servent de sanction, était demeuré dans un long oubli, si bien que personne n'en avait plus connaissance. Le roi et le grand-prêtre le lurent et furent effrayés des responsabilités encourues par la nation vis-à-vis du Seigneur. Ils jugèrent qu'il fallait faire à tout le peuple une lecture solennelle de ce livre. Ils renouvelèrent ensuite l'alliance de la nation avec le Seigneur et ou célébra la Pâque suivante en observant minutieusement les moindres dispositions de la loi.

Josias n'en poursuivit ensuite qu'avec plus de zèle la destruction de toutes les traces de l’ancienne idolâtrie. Il réussit même à renverser l'autel de Bethel, érigé par Jéroboam. Grâce à l'insouciance des gouverneurs assyriens de la Samarie en pareille matière, il fit disparaître autant qu'il le put de l'ancien royaume d'Israël tout ce qui était de nature à déplaire au Seigneur. Le règne de Josias marque donc un retour sérieux de la nation vers des mœurs plus religieuses et plus saines.

113. MORT DE JOSIAS

La fin de Josias fut à la fois glorieuse et malheureuse. Nabopolassar, devenu roi de Babylone, résolut de se soustraire à la suzeraineté de Ninive. Il fit alliance, contre le roi assyrien, avec Cyaxare, roi des Mèdes, et Néchao II, roi d'Egypte. En 608, ce dernier se mit en route pour l'Asie, à la tête de son armée. Il fit dire à Josias de rester tranquille à Jérusalem, parce que ce n'était pas à lui qu'il en voulait.

Mais le roi de Juda crut de son devoir de barrer la route aux ennemis de son suzerain. Il alla en avant se poster aux champs de Maggedo, au débouché méridional des gorges du Carmel.

L'armée égyptienne écrasa sans peine celle de Juda ; Josias périt dans la bataille et Néchao continua sa marche vers le nord.

Le roi d'Egypte n'eut pas à prendre contact immédiat avec les asiatiques. Ninive ne tarda pas à tomber sous les coups des Babyloniens et des Mèdes, et, comme l'avaient prédit les prophètes, elle ne s'en releva jamais. Pour le moment, Néchao se contenta d'assurer sa domination sur la Syrie.

114. LES SUCCESSEURS DE JOSIAS

Le royaume de Juda se vit alors ballotté durant quelque temps entre les deux grandes puissances de Babylone et d’Egypte. A la place de son père, Joachaz (607) commença à régner à l'âge de vingt-trois ans. Au bout de trois mois, Néchao le déposa, mit un fort impôt sur le pays, emmena le prince captif en Egypte, et lui substitua son frère aîné Eliakim, dont il changea le nom en celui de Joakim (607-596).

Celui-ci régna onze ans, mais eut une conduite tout opposée à celle de son père. Sous son règne entrèrent en conflit les deux grands souverains, ses voisins. Nabopolassar n'entendit pas que Néchao s'adjugeât la Syrie, qui relevait naguère de Ninive. Il chargea son fils, Nabuchodonosor, de la reconquérir. Le choc entre les deux armées eut lieu près de Carchémis, non loin de l'Euphrate. Néchao fut battu. Nabuchodonosor le poursuivit jusqu'à sa frontière,

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reçut chemin faisant la soumission de Joakim, et, apprenant la mort de son père, se hâta de retourner à Babylone.

115. LE PROPHÈTE JÉRÉMIE

Alors prophétisait à Jérusalem Jérémie, né à Anathot, tout près de la capitale, sur la fin du règne de Manassé, et dont le ministère public avait été inauguré la treizième année de Josias. Jérémie, après avoir appuyé de tout son pouvoir les réformes exécutées par ce prince, pleura amèrement sa mort tragique. Ensuite, il ne se lassa pas de flétrir l'idolâtrie de Juda et d'annoncer le terrible châtiment qui menaçait la nation : la ruine de Jérusalem et la déportation du peuple en Chaldée. L'exemple d'Israël et de Samarie servait de commentaire à ces terrifiantes menaces.

Mais on n'en tenait nul compte à Jérusalem ; on s'y aveuglait au point de croire que les secours humains suffiraient à conjurer tout péril. Comme Néchao se montrait actif et disposé à reprendre l'offensive contre les Chaldéens, le roi et les grands de la nation crurent, pouvoir se passer de la protection de Iahvé et préférèrent de nouveau à son service, celui des idoles répudiées par Josias.

Jérémie redoubla ses cris d'alarme. Il s'adressait au roi lui-même dans son palais et à tout le peuple, soit dans les parvis du Temple, soit dans les lieux où celui-ci s'assemblait pour ses fêtes idolâtriques. La quatrième année de Joakim, il publia la prophétie qui annonçait le grand châ-timent désormais inévitable :

Je frapperai les habitants de cette ville, les hommes et les bêtes, et ils mourront d'une grande peste.

Après cela, dit Jéhovah, je livrerai Sédécias, roi de Juda ; ses serviteurs, le peuple, tous ceux qui dans cette ville auront échappé à la peste, à l'épée et à la famine, je les livrerai aux mains de Nabuchodonosor, roi de Babylone, aux mains de leurs ennemis et de ceux qui en veulent à leur vie ; et il les passera au fil de l'épée ; il ne les épargnera pas, il n'aura pour eux ni pitié ni compassion.

Puis tu diras au peuple : Ainsi parle Jéhovah : Voici que je mets devant vous le chemin de la vie et le chemin de la mort.

Celui qui restera dans cette ville mourra par l'épée, la famine où la peste ; celui qui en sortira pour se rendre aux Chaldéens qui vous assiègent vivra et aura la vie, pour butin.

Car j'ai posé mon regard sur cette ville pour lui faire du mal et non pas du bien, dit Jéhovah ; elle sera livrée aux mains du roi de Babylone, et il la consumera par le feu.

Et à la maison du roi de Juda tu diras : Ecoutez la parole de Jéhovah.

Maison de David, ainsi parle Jéhovah : Rendez la justice dès le matin ; Arrachez l'opprimé des mains de l'oppresseur, de peur que ma colère n'éclate comme un feu et ne brûle sans qu'on puisse l'éteindre, à cause de la méchanceté de vos actions.

J'en viens à toi, habitante de la vallée, rocher de la plaine, dit Jéhovah, vous qui dites : « Qui descendra sur nous, et qui entrera dans nos retraites ? »

Je vous châtirai selon le fruit de vos œuvres, dit Jéhovah ; Je mettrai le feu à la forêt de Jérusalem, et il en dévorera tous les alentours. (Jr 21, 6-14)

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Jérémie faillit payer de sa vie la hardiesse de ses paroles. Un autre prophète, Urie, qui tenait des discours analogues, eut beau se réfugier en Egypte, le roi de Juda l'y fit prendre et mettre à mort. Les faux prophètes étaient seuls écoutés. Ils faisaient passer Jérémie pour un traître et un ennemi de la nation ; ils tournaient ses oracles en ridicule.

Joakim, irrité, fit brûler le rouleau qui contenait la terrible prophétie. Mais Jérémie la rétablit et ajouta à l'adresse du roi et de ses descendants :

Et tu diras à Joakim, roi de Juda : Ainsi parle Jéhovah : Toi, tu as brûlé ce volume, en disant : « Pourquoi y as-tu écrit que le roi de Babylone viendra certainement, qu'il détruira ce pays et qu’il en fera disparaître hommes et bêtes ? »

C’est pourquoi Jéhovah parle ainsi touchant Joakim, roi de Juda : Il n'aura pas un des siens assis sur le trône de David ; et sera jeté dehors, à la chaleur pendant le jour, et au froid pendant la nuit. Je punirai sur lui, sur sa race et sur tous ses serviteurs leur iniquité, et je ferai venir sur eux, sur les habitants de Jérusalem et sur les hommes de Juda, tous les malheurs que je leur ai annoncés sans qu'ils aient voulu m'écouter. (Jr 36, 29-31)

116. LA PREMIÈRE DÉPORTATION DE JUDA

Le roi et ses conseillers suivaient opiniâtrement une politique tout humaine. Aussi mal avisés que la plupart de ceux qui les avaient précédés, ils ne voulaient pas comprendre que le rôle d'un royaume minuscule, comme celui de Juda, ne pouvait être d'évoluer plus ou moins habilement au milieu des grandes monarchies rivales, mais qu'il avait une mission plus haute à remplir, celle de garder le dépôt de la vérité religieuse et par conséquent de ne compter que sur Dieu pour subsister à travers tant de périls.

Les intrigues se poursuivaient avec le pharaon d'Egypte. Les gouverneurs chaldéens de Syrie voulurent y mettre ordre à l'aide des contingents tirés des pays voisins. Joakim se défendit dans Jérusalem, si bien que Nabuchodonosor se résolut à venir lui-même, avec ses milices chaldéennes pour le réduire. Le prophète Habacuc décrit l'invasion imminente de ces guerriers, « peuple furieux et impétueux », qui traverse de vastes espaces pour s'emparer des demeures qui ne sont pas à lui.

Car voici que je suscite les Chaldéens, peuple féroce et impétueux, qui s'avance vers les larges espaces de la terre, pour s'emparer de demeures qui ne sont pas à lui.

Il est terrible et formidable, et c'est de lui-même que vient son droit et sa grandeur. Ses chevaux sont plus légers que les léopards, plus ardents que les loups du soir. Ses cavaliers s'élancent, ses cavaliers viennent de loin, ils volent comme l'aigle pressé de dévorer.

Tout ce peuple vient pour exercer la violence ; leurs regards avides se portent en avant ; il amasse les captifs comme du sable.

Lui, il se moque des rois, et les princes sont sa risée ; il se rit de toutes les forteresses, il entasse de la poussière et les prend. (Ha 1, 6-10)

Joakim mourut avant l’arrivée du roi chaldéen. On mit à sa place son fils Joachin (596), qui n’avait pas dix-huit ans. Quand Nabuchodonosor parut, le jeune prince n’eut rien de mieux à faire que de se rendre à discrétion avec tous les siens. Le puissant vainqueur pilla tous les trésors qui se trouvaient dans le Temple et dans les palais de Jérusalem.

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Puis il déporta à Babylone Joachin, sa famille, tous les principaux de la nation, les guerriers les plus robustes, les artisans les plus habiles, en tout environ dix mille hommes. Pour surveiller ceux qu’il laissa dans le pays, Nabuchodonosor confia l’autorité suprême à Sédécias (596-587), oncle de Joachin, qui n’était d’ailleurs âgé que de vingt-et-un an.

117. LE DERNIER ROI DE JUDA

Au pharaon d'Egypte, Néchao II, mort deux ans après ce désastre du royaume de Juda, succéda son fils Psammétique II, vers lequel convergèrent toutes les espérances d’Israël. A Jérusalem, on se persuadait que l'épreuve ne durerait pas longtemps ; l'on comptait recouvrer avec le secours de l'Egypte quelque chose de l'indépendance nationale. Jérémie répétait à Sédécias : « Supportez le joug du roi de Babylone, soumettez-vous à lui et à son peuple, et vous vivrez. »

Un faux prophète, Ananie, proclama que dans deux ans on serait délivré du joug de Nabuchodonosor. Jérémie lui répliqua qu'en punition de son mensonge, il mourrait dans l'année même, ce qui arriva. D’autre part, il écrivait aux captifs de Babylone, pour leur ôter tout espoir chimérique de prochaine délivrance. « Bâtissez des maisons et habitez-les ; plantez des jardins et mangez-en les fruits... Contribuez au bien de la ville où je vous ai envoyés en captivité et priez Iahvé en sa faveur, parce que votre bonheur dépend du sien. »

Ces avertissements ne modifièrent pas les idées de ceux qui gouvernaient à Jérusalem. Bien loin même d'avoir la moindre confiance en Iahvé, les princes s'adonnaient avec fureur a toutes les pratiques idolâtriques et semblaient prendre à cœur d'irriter de plus en plus le Seigneur. L'avènement d'un nouveau roi en Egypte, Apriès, jeune et ambitieux, agita encore davantage les esprits. Les Tyriens, les Ammonites et Sédécias, gagnés par ses émissaires, firent ouvertement alliance avec lui.

Nabuchodonosor accourut pour faire face à la coalition. Il s'installa à Riblah, au nord de la Palestine, et envoya en avant deux armées, l'une contre Tyr, l'autre contre le royaume de Juda. Quand cette dernière eut dévasté tout le pays, elle arriva devant Jérusalem et commença le siège. Pendant ce temps, Apriès s'était mis en mouvement pour secourir les alliés : son armée débouchait du côté de Gaza. Les Chaldéens quittèrent Jérusalem pour aller à sa rencontre ; la ville se crut sauvée par cette intervention égyptienne.

Jérémie chercha à dissiper cette illusion. « Voici, dit-il, que l'armée du pharaon, en marche pour vous secourir, retourne dans son pays, en Egypte. Les Chaldéens vont revenir ; ils attaqueront la ville, la prendront et la détruiront par le feu. » Lui-même voulut quitter Jérusalem. Arrêté à l'une des portes, il fut accusé de trahison et jeté eu prison.

Sédécias néanmoins le consulta en secret. « Tu seras livré aux mains du roi de Babylone », lui répéta le prophète. Les courtisans, irrités de ses prophéties, jetèrent Jérémie dans une citerne envasée, sous prétexte qu'il décourageait le peuple. Sédécias l'en fit tirer et reçut de lui cette assurance : « Sors volontairement de la ville, tu auras la vie sauve, toi et les tiens, et Jérusalem ne sera pas brûlée. Mais si tu ne te rends pas aux Chaldéens, tu ne leur échapperas pas et la ville sera incendiée. »

Le roi n'eût pas mieux demandé que de suivre cet avis ; il n'osa pas se soustraire à la pression exercée par le parti de la résistance et des folles espérances.

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118. SIÈGE ET PRISE DE JÉRUSALEM

Apriès se contenta d'une simple démonstration militaire ; il n'en vint pas aux mains avec Nabuchodonosor. Celui-ci installa alors son armée autour de Jéru-salem et le siège effectif commença. Il dura un an et demi. Des souffrances de toutes sortes et une épouvantable famine en furent la conséquence pour les assiégés, qui se défendirent d'ailleurs avec une grande bravoure.

La onzième année de Sédécias, le neuvième jour du quatrième mois, une brèche fut faite à la muraille. Pendant que les Chaldéens se ruaient dans la place, le roi s'enfuit par une poterne avec un certain nombre d'hommes de guerre. Les Chaldéens l'atteignirent à Jéricho et le conduisirent à Riblah, devant Nabuchodonosor. Celui-ci, courroucé de la révolte de Juda et de la longue résistance qui l'avait suivie, fit égorger les fils de Sédécias sous les yeux de leur père, ainsi que les principaux de la nation ; le roi de Juda eut ensuite les yeux crevés et on le chargea de chaînes pour l'emmener à Babylone.

Quant à la ville, avec ses palais et le Temple, elle fut pillée longuement ; ses dépouilles furent transportées en Chaldée, puis toutes ses constructions renversées méthodiquement ou détruites par le feu. La population qui avait survécu aux calamités du siège fut conduite en exil. Elle ne comptait plus d'ailleurs que huit cent trente deux personnes notables ; car une multitude d'hommes avait péri par la famine ou par les armes, et on laissa les pauvres dans le pays pour cultiver les champs et les vignes.

119. LES JUIFS LAISSÉS EN PALESTINE

A la tête du menu peuple de Juda resté en Palestine, et auquel on donnait dès lors le nom de JUIFS OU JUDÉENS, Nabuchodonosor mit Godolias, dont le père était un ami de Jérémie. Plein de considération pour le prophète lui-même, le monarque chaldéen avait d'ailleurs ordonné de le laisser libre soit d'accompagner les captifs à Babylone, soit de rester en Palestine.

Jérémie préféra ce dernier parti. Il demeura au milieu des débris de son peuple et chanta, dans de poignantes Lamentations, les malheurs de Jérusalem et de sa nation. Il disait :

Comment est-elle assise solitaire, la cité populeuse ! elle est devenue comme une veuve, celle qui était grande parmi les nations ; la reine des provinces a été rendue tributaire.

Elle pleure amèrement durant la nuit, et les larmes couvrent ses joues, de tous ses amants pas un ne la console ; tous ses compagnons l'ont trahie, ils sont devenu ses ennemis.

Juda s'en est allé en exil, misérable et condamné à un rude travail ; il habite chez les nations, sans trouver le repos ; ses persécuteurs l’ont atteint dans d'étroits défilés.

Les chemins de Sion sont dans le deuil, parce que nul ne vient plus à ses fêtes ; toutes ses portes sont en ruines ; ses prêtres gémissent, ses vierges se désolent, et elle-même est dans l'amertume.

Ses oppresseurs ont le dessus, ses ennemis prospèrent ; car Jéhovah l'a affligée à cause de la multitude de ses offenses ; ses petits enfants s'en sont allés captifs devant l'oppresseur.

La fille de Sion a perdu toute sa gloire ; ses princes sont comme des cerfs qui n'ont pas trouvé de pâture, et s'en vont sans force devant celui qui les poursuit.

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Résumé de l’Ancien testament 155

Jérusalem se souvient, aux jours de son affliction et de sa vie errante, de tous ses biens précieux dès les jours anciens. Maintenant que son peuple est tombé sous la main de l'oppresseur, et que personne ne vient a son aide, ses ennemis la voient, et ils rient de son chômage.

Jérusalem a multiplié ses péchés ; c'est pourquoi elle est devenue une chose souillée ; tous ceux qui l'honoraient la méprisent, car ils ont vu sa nudité ; elle-même gémit et détourne la face.

Sa souillure apparaît sous les pans de sa robe ; elle ne songeait pas à sa fin, et elle est tombée d'une manière étrange, et nul ne la console ! « Vois, Jéhovah, ma misère, car l'ennemi triomphe ! »

L'oppresseur a étendu la main sur tous ses trésors ; car elle a vu les nations entrer dans son sanctuaire, Les nations au sujet desquelles tu avais dit : « Elles n'entreront pas dans ton assemblée. »

Tout son peuple gémit ; ils cherchent du pain ; ils donnent leurs joyaux pour des aliments qui leur rendent la vie. « Vois, Jéhovah, regarde l'abjection où je suis tombée ! »

« Seriez-vous insensibles, vous tous qui passez par le chemin ? Regardez et voyez s'il y a une douleur comme la douleur qui m'accable, moi que Jéhovah a frappée au jour de son ardente colère !

D'en haut il a lancé dans mes os un feu qui les dévore ; il a étendu un filet devant mes pieds, il m'a fait reculer ; il m'a jeté dans la désolation, je languis tout le jour.

Sa main a lié le joug de mes iniquités ; unies en faisceau, elles pèsent sur mon cou ; il a fait chanceler ma force. Le Seigneur m’a livré à des mains auxquelles je ne puis résister.

Le Seigneur a enlevé tous les guerriers qui étaient au milieu de moi ; Il a appelé contre moi une armée pour écraser mes jeunes hommes ; le Seigneur a foulé au pressoir pour la vierge, fille de Juda.

C'est pour cela que je pleure, que mon œil, mon œil se fond en larmes ; car il n'y a près de moi personne qui me console, qui me rende la vie ; mes fils sont dans la désolation, car l'ennemi l'emporte. »

Sion a tendu les mains... Personne qui la console ! Jéhovah a commandé aux ennemis de Jacob de l'environner de toutes parts ; Jérusalem est devenue au milieu d'eux comme une chose souillée.

« Jéhovah est juste, car j'ai été rebelle à ses ordres. Oh ! écoutez tous, peuples, et voyez ma douleur : mes vierges et mes jeunes gens sont allés en captivité !

J'ai appelé mes amants, ils m'ont trompée ; mes prêtres et mes anciens ont péri dans la ville en cherchant de la nourriture pour ranimer leur vie.

Regarde ; Jéhovah, quelle est mon angoisse ! Mes entrailles sont émues, mon cœur est bouleversé au dedans de moi, parce que j'ai été bien rebelle. Au dehors l'épée a tué mes enfants ; au dedans, c'est la mort !

On entend mes gémissements ; personne qui me console ! Tous mes ennemis, en apprenant mon malheur, se réjouissent de ce que tu as agi. Vienne le jour que tu as annoncé, et ils deviendront tels que moi !

Que toute leur méchanceté soit présente devant toi, et traite-les comme tu m'as traitée à cause de toutes mes offenses ! Car mes gémissements sont nombreux, et mon cœur est malade ! »

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Comment le Seigneur, dans sa colère, a-t-il couvert d'un nuage la fille de Sion ? Il a précipité du ciel sur la terre la magnificence d'Israël ; il ne s'est plus souvenu de son marchepied, au jour de sa colère.

Le Seigneur a détruit sans pitié toutes les demeures de Jacob ; Il a renversé dans sa fureur les remparts de la fille de Juda ; il les a jetés par terre ; il a profané sa royauté et ses princes.

Dans l'ardeur de sa colère, il a brisé toute force d'Israël ; il a retiré sa droite devant l'ennemi ; il a allumé dans Jacob comme un feu ardent qui dévore de tous côtés.

Il a bandé son arc comme fait un ennemi ; sa droite s'est levée comme celle d'un assaillant ; et il a égorgé tout ce qui charmait les yeux. Dans la tente de la fille de Sion il a versé son courroux comme un feu.

Le Seigneur a été comme un ennemi, il a détruit Israël, détruit tous ses palais, abattu ses remparts ; il a amoncelé sur la fille de Sion douleur sur douleur.

Il a forcé son enclos, comme un jardin ; il a détruit son sanctuaire. Jéhovah a fait oublier dans Sion les solennités et les sabbats ; dans l'ardeur de sa colère il a rejeté avec dédain le roi et le prêtre.

Le Seigneur a pris en dégoût son autel, en abomination son sanctuaire ; il a livré aux mains de l'ennemi les murs des palais de Sion ; on a poussé des cris dans la maison de Jéhovah, comme en un jour de fête.

Jéhovah a médité de renverser les murs de la fille de Sion ; il a étendu le cordeau ; il n'a pas retiré sa main qu'il ne les eût détruits ; il a mis en deuil le mur et l'avant-mur; ils gisent tristement ensemble.

Ses portes sont enfoncées en terre ; il en a rompu, brisé les barres ; ses rois et ses princes sont dispersés parmi les nations ; il n’y a plus de loi ; même ses prophètes ne reçoivent plus de vision de Jéhovah.

Les anciens de la fille de Sion sont assis par terre, en silence ; ils ont jeté de la poussière sur leur tête ; ils sont vêtus de sacs ; les vierges de Jérusalem inclinent leur tête vers la terre.

Mes yeux se consument dans les larmes, mes entrailles sont émues ; mon foie se répand comme l'eau sut la terre, à cause de la blessure de la fille de mon peuple, à la vue des enfants et des nourrissons qui tombent en défaillance sur les places de la ville.

Ils disent à leurs mères : « Où y a-t-il du pain et du vin ? » Et ils tombent comme frappés du glaive dans les rues de la ville, et rendent l'âme sur le sein de leurs mères.

Que puis-je te dire ? Qui trouver de semblable à toi, fille de Jérusalem? A qui te comparer pour te consoler, vierge, fille de Sion ? Car sa plaie est grande comme la mer : qui te guérirait ?

Tes prophètes ont eu pour toi de vaines et folles vision ; ils ne t'ont pas dévoilé ton iniquité, afin de détourner de toi la captivité ; mais ils t'ont donné pour visions des oracles de mensonge et de bannissement.

Tous les passants battent des mains à ta vue ; ils sifflent, ils branlent la tête sur la fille de Jérusalem; « Est-ce là cette ville qu'on appelait la parfaite en beauté, la joie de toute la terre ? »

Tous tes ennemis ouvrent la bouche contre toi ; ils sifflent, Ils grincent des dents ; ils disent « Nous l'avons engloutie ! C'est là le jour que nous attendions, nous y sommes arrivés, nous le voyons ! »

Jéhovah a exécuté ce qu'il avait résolu; il a accompli la parole qu'il avait prononcée, dès les jours anciens ; il a détruit sans pitié ; il a réjoui l'ennemi à ton sujet, il a élevé la corne de tes oppresseurs.

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Leur cœur crie vers le Seigneur ! O muraille de la fille de Sion, laisse couler, comme un torrent, tes larmes jour et nuit ; ne te donne aucune relâche ! Que ta prunelle n'ait point de repos !

Lève-toi, pousse des cris pendant la nuit, au commencement de chaque veille ; épanche ton cœur comme de l'eau devant la face du Seigneur ! Lève les mains vers lui pour la vie de tes petits enfants, qui défaillent de faim aux coins de toutes les rues !

« Vois, Jéhovah, et considère ! Qui as-tu jamais traité ainsi ? Se peut-il que des femmes mangent le fruit de leurs entrailles, les petits enfants qu'elles portent dans leurs bras ? Que le prêtre et le prophète soient égorgés dans le sanctuaire du Seigneur ?

L'enfant et le vieillard sont couchés parterre dans les rues ; mes vierges et mes jeunes hommes sont tombés par l'épée ; tu as égorgé au jour de ta colère, tu as immolé sans pitié.

Tu as convoqué, comme à un jour de fête, mes terreurs de toutes parts, au jour de la colère de Jéhovah, il n'y a eu ni réchappé ni fugitif ; ceux que j'avais portés dans mes bras et élevés, mon ennemi les a exterminés ! » (Lm 1 ; 2)

Souviens-toi, Jéhovah, de ce qui nous est arrivé, regarde et vois notre opprobre.

Notre héritage a passé à des étrangers, nos maisons à des inconnus.

Nous Sommes orphelins, sans père ; nos mères sont comme des veuves.

Nous buvons notre eau à prix d'argent, nous n'avons de bois qu'en payant.

Nos persécuteurs nous pressent par derrière ; nous sommes épuisés ; plus de repos pour nous.

Nous tendons la main vers l'Egypte et vers l'Assyrie, pour nous rassasier de pain.

Nos pères ont péché, ils ne sont plus, et nous, nous portons la peine de leurs iniquités.

Des esclaves dominent sur nous ; personne ne nous délivre de leurs mains.

Nous recueillons notre pain au péril de notre vie devant l'épée du désert.

Notre peau est brûlante comme un four, par suite de l'ardeur de la faim.

Ils ont déshonoré les femmes dans Sion, les vierges dans les villes de Juda.

Des chefs ont été pendus par leurs mains ; la face auguste des vieillards n'a pas été respectée.

Des adolescents ont porté la meule ; des enfants ont chancelé, chargés de bois.

Les vieillards ne vont plus à la porte ; les jeunes gens ont abandonné leur lyre.

La joie de nos cœurs a cessé, nos danses sont changées en deuil.

La couronne de notre tête est tombée ; oui, malheur à nous, parce que nous avons péché !

Voici pourquoi notre cœur est malade, pourquoi nos yeux sont obscurcis :

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C'est parce que la montagne de Sion est désolée, et que les chacals s'y promènent en liberté.

Toi, Jéhovah, tu règnes éternellement ; ton trône subsiste d'âge en âge.

Pourquoi nous oublierais-tu à jamais, nous abandonnerais-tu pour toute la durée de nos jours ?

Fais-nous revenir à toi, Jéhovah, et nous reviendrons ; donne-nous de nouveaux jours comme ceux d'autrefois.

Car nous aurais-tu entièrement rejetés ! Serais-tu irrité contre nous sans mesure ? (Lm, 5)

Godolias établit sa résidence à Maspha. Il encouragea ses malheureux compatriotes à cultiver les terres et à vivre en paix sous le joug des Chaldéens. Mais la concorde ne put régner parmi ces déshérités. A l'instigation du roi des Ammonites, un homme de race royale, nommé Ismaël, assassina Godolias et fit ensuite massacrer un certain nombre de Juifs ; puis il s'enfuit chez les Ammonites.

Jochanan, l'un des anciens chefs de l'armée, le poursuivit sans l'atteindre. Craignant alors que les Chaldéens ne vinssent venger sur eux le meurtre du gouverneur que leur roi avait établi, Jochanan, les autres chefs et une partie du peuple se décidèrent à aller chercher un refuge en Egypte. Jérémie tenta en vain de les détourner de leur projet, en leur assurant que, s'ils restaient en Palestine, il ne leur arriverait aucun mal. Loin de se rendre à ses avis, ils l'entraînèrent avec eux, ainsi que son disciple, Baruch, et un grand nombre d'autres Juifs laissés par les Chaldéens.

Apriès les accueillit avec bienveillance. Ils s'établirent dans le voisinage de Daphnœ et se répandirent même jusque dans le sud du pays. Obéissant alors en toute liberté à leurs instincts idolâtriques, ils se mirent à honorer les dieux des Egyptiens. Jérémie les en reprit, sans être écouté. Il leur prédit le châtiment qui les atteindrait et, en témoignage de la vérité de sa prophétie, annonça que le pharaon ne tarderait pas à tomber aux mains de ceux qui en voulaient à sa vie. En 569, en effet, Apriès, victime d'une révolte militaire, fut égorgé par la populace de Saïs.

Quant à ceux qui étaient encore restés en Palestine, la part qu’i1s prirent à un soulèvement des Moabites attira sur eux une nouvelle répression, et cinq ans après la prise de Jérusalem, le gouverneur chaldéen en déporta sept cent quarante-cinq autres en Babylonie.

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RESUME

La fin du royaume de Juda. Ezéchias fut fidèle au Seigneur et dévoué au bien de son peuple. Investi dans Jérusalem par Sennachérib il fut préservé par l'intervention de Dieu dont il éprouva la protection en plusieurs circonstances.

Manassé fut un roi impie : en punition de ses crimes, il vit ses états envahis d'abord par Assareddon, puis par Holopherne ; mais le royaume de Juda fut délivré de cette seconde invasion par Judith.

A Amon, assassiné après deux ans de règne, succéda Josias qui rétablit le culte de Dieu, purifia le Temple et y célébra la Pâque solennellement (le grand-prêtre Helcias).

Son fils Joachaz lui succéda ; mais au bout de trois mois, Néchao le déposa et lui substitua Joakim qui régna onze ans et se défendit contre Nabuchodonosor dans Jérusalem.

Joachin successeur de Joakim se rendit à discrétion et fût déporté à Babylone avec dix mille hommes.

Pour surveiller ceux qu'il laissa dans le pays, Nabuchodonosor confia l'autorité à Sédécias, dernier roi de Juda. La onzième année de ce règne, Jérusalem fut prise, Sédécias emmené en captivité avec la population.

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CHAPITRE XVII - La captivité de Babylone

120. SITUATION SOCIALE DES EXILÉS

Les déportés du royaume d'Israël avaient été cantonnés dans différentes parties de la Médie, qu'ils durent cultiver à la place des colons envoyés pour les remplacer en Samarie. Les Juifs eurent a habiter les environs de Babylone et même un faubourg de la ville, sur la rive droite de l'Euphrate, le long des canaux dérivés du fleuve, qui arrosaient la capitale et la basse Chaldée. Aussi disaient-ils dans un de leurs cantiques d'exil :

Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis

et nous pleurions, en nous souvenant de Sion.

Aux saules de ses vallées nous avions suspendu nos harpes.

Car là, ceux qui nous tenaient captifs nous demandaient

des hymnes et des cantiques, nos oppresseurs, des chants joyeux :

« Chantez-nous un cantique de Sion! »

Comment chanterions-nous le cantique de Yahweh, sur la terre de l'étranger ?

Si jamais je t'oublie, Jérusalem ; que ma droite oublie de se mouvoir !..

Que ma langue s'attache à mon palais, si je cesse de penser à toi,

si je ne mets pas Jérusalem au premier rang de mes joies !

Souviens-toi, Yahweh, des enfants d'Edom ;

quand au jour de Jérusalem, ils disaient :

« Détruisez, détruisez-la, jusqu'en ses fondements ! »

Fille de Babylone, vouée à la ruine,

heureux celui qui te rendra le mal que tu nous as fait !

Heureux celui qui saisira et brisera tes petits enfants contre la pierre ! (Ps 137 [Vulg. 138])

Un bon nombre d'entre eux devinrent esclaves au service de Nabuchodonosor et de ses officiers. Mais, comme ils étaient industrieux et avaient la faculté de se racheter, la plupart ne tardèrent pas à recouvrer leur liberté. D'autres furent laissés libres.

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Le but des Chaldéens était surtout de réduire les peuples remuants à l'impuissance, en les dépaysant. Autour de la capitale même du souverain, les Juifs, surveillés de près, ne constituaient plus aucun danger. Aussi leur laissait-on toute liberté d'acquérir, de posséder, de trafiquer, de se réunir, de s'administrer eux-mêmes jusqu’à un certain point, en un mot, de continuer leur vie nationale en pays étranger.

Quand les Chaldéens s'aperçurent que les Juifs acceptaient patiemment leur sort et deve-naient même pour la capitale un élément de prospérité, ils adoucirent encore le sort de leurs captifs. Plusieurs d'entre ceux-ci arrivèrent même assez rapidement à des situations considérables, comme Joakim, époux de Suzanne, qui possédait un grand train de maison , et Daniel, qui occupa des fonctions importantes à la cour. Evilmérodach, fils de Nabuchodonosor, fit même sortir de la prison, où il était enfermé depuis trente-sept ans, le roi Joachin, lui rendit les honneurs royaux et le fit asseoir à sa table.

Aussi ceux qui, parmi les exilés d’Israël, avaient gardé la foi en Iahvé et l'espoir de la délivrance, tendirent-ils à se rapprocher de leurs frères de Juda, de manière à se fondre avec eux en un seul peuple sur la terre même de l'exil. Ils obéirent les uns et les autres au conseil que leur avait donné Jérémie : « Bâtissez des maisons, plantez des jardins, mariez-vous, multipliez-vous là-bas et que votre nombre ne diminue pas. »

121. HISTOIRE DE TOBIE. La sainte Ecriture raconte ce qui arriva, à Ninive, à un pieux israélite de la tribu de Nephtali, nommé TOBIE, qui avait été déporté en Assyrie par Salmanasar.

l°/ Ses vertus. - D'une fidélité à toute épreuve, Tobie pratiquait toutes sortes de bonnes œuvres, encourageait au bien ses compatriotes et les soutenait généreusement de ses ressources. Un accident le rendit aveugle. Il supporta cette épreuve sans murmurer. Mais il allait tomber dans une extrême misère, quand il se souvint qu'il avait prêté dix talents à un homme de sa tribu, nommé Gabélus, qui habitait la ville mède de Ragès. Se croyant près de mourir, il résolut d'envoyer son fils pour recouvrer cette somme. C'est alors que se présenta un voyageur inconnu, qui s'offrit à guider et à ramener le jeune Tobie. L'offre fut acceptée.

2°/ Voyage dit jeûne Tobie. Son mariage. - Le long de la route, l'inconnu protégea le jeune Tobie en toute rencontre. Un jour, il se lavait les pieds dans les eaux du Tigre, lorsque tout a coup un énorme poisson, sortant de l'eau parut vouloir se jeter sur lui pour le dévorer. A sa vue le jeune Tobie poussa un cri d'épouvante. Son dévoué guide accourt. Il le rassure et lui recommande de tirer le monstre, sur la rive où il ne tarde pas à expirer. « Mettez en réserve, ajoute le guide, le cœur, le fiel et le foie ; ils nous serviront de précieux remèdes. » Dans une localité voisine du Tigre, il l'engagea à demander en mariage Sara, fille de Raguel, son parent éloigné, qui demeurait en cet endroit. Sara avait déjà épousé successivement plusieurs maris, qui, étaient morts prématurément. Le compagnon du jeune Tobie donna l'assurance que la nouvelle union serait heureuse. La demande fut agréée et le mariage célébré. Raguel bénit les fiancés.

Pendant que les fêtes se poursuivaient, l'inconnu alla seul jusqu'à Ragès pour toucher la créance.

3°/ Inquiétude des parents. -

Pendant que Tobie différait son départ à cause de ses noces, son père Tobie était rempli d'inquiétude :

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« D'où vient, se disait-il, le retard de mon fils ? Quelle raison peut le retenir dans ce pays ? Gabélus serait-il mort, et n'y aurait-il plus personne pour lui rendre cet argent ? »

Il commença donc à s'attrister beaucoup, lui et Anne, sa femme, et ils se mirent ensemble à pleurer de ce que leur fils n'était pas revenu près d'eux au jour marqué. Sa mère surtout répandait des larmes intarissables :

« Hélas ! hélas ! mon fils, disait-elle, pourquoi t'avons-nous envoyé si loin, toi qui étais la lumière de nos yeux, le bâton de notre vieillesse, la consolation de notre vie et l'espérance de notre postérité ? Nous qui avions tout en toi seul, nous n'aurions pas dû t'éloigner de nous. »

Tobie lui disait :

« Cesse tes plaintes et ne te trouble pas ; notre fils se porte bien et l'homme avec qui nous l'avons fait partir est très fidèle. »

Mais rien ne pouvait la consoler ; sortant chaque jour de sa maison, elle regardait de tous côtés, et allait sur tous les chemins par lesquels il y avait espoir qu'il reviendrait, afin, s'il était possible, de l'apercevoir de loin. (To 10, 1-7)

Alors le chien qui les avait accompagnés dans le voyage courut devant eux, comme pour apporter la nouvelle, caressant de la queue et tout joyeux. Et le père aveugle se leva et se mit à courir, et, comme il heurtait des pieds, il donna la main à un serviteur pour aller au-devant de son fils. Le prenant dans ses bras, il le baisa, ce que fit aussi sa femme, et tous deux versaient des larmes de joie. Après qu'ils eurent adoré Dieu et lui eurent rendu grâces, il s'assirent. (To 11, 9-12)

4°/ Guérison de Tobie. - Sur l'ordre de l’inconnu, le jeune Tobie frotta les yeux de son père avec le fiel du poisson pris dans le Tigre et lui rendit la vue. Quand ensuite il s'agit de récom-penser un compagnon de voyage aussi dévoué, celui-ci se révéla comme l'ange Raphaël envoyé par Dieu pour récompenser Tobie de ses bonnes œuvres. Il leur prescrivit de bénir le Seigneur qui leur, avait fait miséricorde.

Puis il ajouta : « La prière, le jeûne et l'aumône valent mieux que les richesses. Parce que tu étais agréable au Seigneur, dit-il au vieillard, Dieu a voulu t'éprouver. Mais il ne t'a point abandonné. C'est lui qui m'a envoyé pour te guérir et pour donner Sara comme épouse à ton fils. » Ils se prosternèrent pour adorer et remercier le Seigneur. Quand ils se redressèrent, l'ange avait disparu soudain.

5°/ Derniers conseils à son fils ; sa mort. -

Tobie croyant que sa prière était exaucée et qu'il allait mourir, appela auprès de lui Tobie, son fils, et lui dit : « Ecoute, mon fils, les paroles de ma bouche et pose-les comme un solide fondement dans ton cœur. Lorsque Dieu aura reçu mon âme, mets mon corps en terre. Tu honoreras ta mère tous les jours de sa vie ; car tu dois te souvenir de ce qu'elle a souffert et des grands dangers qu'elle a courus à cause de toi lorsqu'elle te portait dans son sein. Et quand elle-même aura aussi achevé le temps de sa vie, tu lui donneras la sépulture auprès de moi. Tous les jours de ta vie aie Dieu présent à ta pensée, et garde-toi de consentir jamais au péché et de transgresser les préceptes du Seigneur, ton Dieu. Fais l'aumône de ton bien, et ne détourne point ton visage d'aucun pauvre ; car il arrivera ainsi que le visage de Dieu ne se détournera point de toi. De la manière que tu le pourras, sois miséricordieux. Si tu as beaucoup de bien, donne largement ; si tu en as peu, aie soin de partager même ce peu de bon cœur. Tu t'amasseras ainsi un grand trésor pour le jour du besoin. Car l'aumône délivre de tout péché et de la mort, et elle ne laissera point l'âme descendre dans les ténèbres. L'aumône sera, pour tous ceux qui l'auront faite, un grand sujet de confiance devant le Dieu souverain. Garde-toi, mon fils, de toute impureté, et qu'en dehors de ton épouse ta

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conscience ne te reproche jamais une action criminelle. Ne laisse jamais l'orgueil dominer dans ton cœur ou dans tes paroles, car c'est par lui que tous les maux ont pris commencement. Quand un homme aura fait pour toi un travail paye-lui aussitôt son salaire, et que le salaire du mercenaire ne reste pas un instant chez toi. Ce que tu serais fâché qu'on te fît, aie soin de ne le faire jamais à un autre. Mange ton pain avec ceux qui ont faim et avec les indigents, et couvre de tes vêtements ceux qui sont nus. Fais servir ton pain et ton vin à célébrer la sépulture des justes, mais ne le mange ni ne le bois avec les pécheurs. Cherche toujours conseil auprès d'un homme sage. Bénis Dieu en tout temps ; demande-lui qu'il dirige tes voies, et que tous tes desseins réussissent par lui. (To 4, 1-20)

Un père ne saurait donner de plus sages conseils à son fils ; ils valent pour tous les temps et pour tous les hommes.

6°/ Enseignements de cette vie. - L'histoire de Tobie montre de quelle liberté, relativement assez grande, les exilés jouissaient dans les pays de la déportation. Elle prouve que, même parmi les tribus d'Israël, il était resté des hommes sincèrement fidèles à la loi du Seigneur. Elle rappelle enfin que Dieu ne délaissait pas son peuple, qu'il veillait partout sur ses serviteurs et que, pour leur venir en aide, il n'hésitait pas à, accomplir des merveilles de nature à consoler ce même peuple et à éclairer les autres nations sur sa mission spéciale à travers le monde entier.

122. SITUATION RELIGIEUSE DES JUIFS À BABYLONE

Sous le rapport de la religion, la situation des Juifs était particulièrement critique dans la capitale chaldéenne. Eux, que leur penchant à l'idolâtrie avait si longtemps et si gravement égarés, ils allaient voir les dieux de Babylone, Bel, Nabo, Istar, représentés dans de magnifiques monuments et honorés par des fêtes splendides. Le tout-puissant Nabuchodonosor commandait à tous de se prosterner devant eux, et ceux qui refusaient, couraient au-devant du supplice.

Pour contrebalancer l’effet de ces menaces et la séduction de ces spectacles, les Juifs n'avaient plus de temple ni de culte public. De plus, il restait parmi eux de faux prophètes qui continuaient leurs propos pervers, des hommes sans foi que les événements n’avaient pas éclairés, et qui demeuraient éloignés de Dieu.

Toutefois, avec le temps, les exilés réfléchirent. Ils reconnurent dans le châtiment qui les frappait l'accomplissement des « menaces tant de fois formulées par les vrais prophètes. Leur âme s'ouvrit bientôt à l'espérance, en se rappelant que ceux qui avaient prédit l'exil en avaient aussi annoncé le terme au bout de soixante-dix ans.

Les avertissements ne leur faisaient d'ailleurs pas défaut. Jérémie prit soin de les prémunir à nouveau contre les tentations de l'idolâtrie. Il leur fit écrire une longue lettre, par son disciple Baruch, pour leur dire de ne point révérer ces dieux d'or, d'argent et de bois, qui ne peuvent se défendre eux-mêmes : « Quand.vous verrez une foule en avant et en arrière adorer ces dieux, dites en votre cœur : C'est toi, Seigneur, qu'il faut adorer. »

Deux autres grands prophètes vécurent au milieu môme des captifs : Ezéchiel, qui partagea le sort de ses compatriotes et prophétisa pendant la première moitié de l'exil, et Daniel qui, à la cour même du prince, fit entendre ses oracles durant presque toute la captivité.

123. LE PROPHÈTE ÉZÉCHIEL

Ezéchiel, de race sacerdotale, naquit sous Josias et fut au nombre des déportés qui accompagnèrent le roi Joachin à Babylone. La cinquième année de son exil, il commença ses

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prophéties. Sa présence à elle seule indiquait aux Juifs que Dieu ne les abandonnait pas pour toujours puisqu'-il se ménageait un représentant parmi eux.

Ezéchiel eut d'abord à dissiper les illusions que se faisaient les premiers exilés. Il leur dé-clara que le châtiment serait irrévocable et que Nabuchodonosor exécuterait jusqu'au bout les menaces divines. Le jour même où Jérusalem était prise et le Temple détruit, il le leur annonça.

Il travailla ensuite à la conversion de son peuple, gagna sa confiance et l'encouragea à espérer au Seigneur. Puis, il déroula devant ses yeux l'avenir qui lui était réservé : le vrai Pasteur gouvernant son peuple à la place des pasteurs infidèles, Israël revenant à la vie, le nouveau Temple, la cité nouvelle, les douze tribus se partageant encore le sol de la Palestine, en un mot une rénovation complète, qui concerne tout d'abord le retour de l'exil, puis cet état plus spirituel et plus parfait que doit établir le Messie.

Ezéchiel avait de la majesté et de la grandeur dans ses conceptions. Voulant peindre la restauration de la nation juive, il ne se contente pas de la comparer à la résurrection des morts, mais il met sous nos yeux une scène d'une incomparable grandeur.

La main de Yahweh fut sur moi, et Yahweh me fit sortir en esprit et me plaça au milieu de la plaine, et elle était couverte d'ossements.

Il me fit passer près d'eux, tout autour ; ils étaient en très grand nombre sur la face de la plaine, et voici qu'ils étaient tout à fait desséchés.

Et il me dit :

« Fils de l'homme, ces ossements revivront-ils ? »

Je répondis :

« Seigneur Yahweh, vous le savez. »

Il me dit :

« Prophétise sur ces ossements et dis-leur : Ossements desséchés, entendez la parole de Yahweh ! Ainsi parle le Seigneur Yahweh à ces ossements : Voici que je vais faire entrer en vous l'esprit, et vous vivrez. Je mettrai sur vous des muscles, je ferai croître sur vous de la chair et j'étendrai sur vous de la peau ; je mettrai en vous l'esprit, et vous vivrez ; et vous saurez que je suis Yahweh. »

Je prophétisai comme j'en avais reçu l'ordre. Et comme je prophétisais, il y eut un son ; puis voici un bruit retentissant, et les os se rapprochèrent les uns des autres.

Et je vis ; et voici que des muscles et de la chair avaient crû au-dessus d'eux, et qu'une peau s'était étendue au-dessus d'eux ; mais il n'y avait point d'esprit en eux.

Et il me dit :

« Prophétise à l'esprit, prophétise, fils de l'homme, et dis à l'esprit : Ainsi parle le Seigneur Yahweh : Viens des quatre vents, esprit, et souffle sur ces hommes tués, et qu'ils vivent. »

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Résumé de l’Ancien testament 166

Et je prophétisai comme il me l'avait ordonné ; et l'esprit entra en eux, et ils prirent vie, et ils se tinrent sur leurs pieds : grande, très grande armée !

Et il me dit :

« Fils de l'homme, ces ossements, c'est toute la maison d'Israël. Voici qu'ils disent : Nos os sont desséchés, notre espérance est morte, nous sommes perdus ! C'est pourquoi prophétise et dis-leur : Ainsi parle le Seigneur Yahweh : Voici que je vais ouvrir vos tombeaux, et je vous ferai remonter hors de vos tombeaux, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d'Israël. Et vous saurez que je suis Yahweh, quand j'ouvrirai vos tombeaux et que je vous ferai remonter hors de vos tombeaux, ô mon peuple. Je mettrai mon Esprit en vous, et vous vivrez ; et je vous donnerai du repos sur votre sol, et vous saurez que moi, Yahweh, je dis et j'exécute, oracle de Yahweh. » (Is 37, 1-14)

124. LE PROPHÈTE DANIEL

Daniel, issu d'une noble famille, fut emmené à Babylone par Nabuchodonosor et placé dans l'école du palais royal, avec quelques autres jeunes Juifs, pour y être élevé dans les lettres et les science de Chaldée. Il garda une fidélité inviolable au vrai Dieu.

Daniel sauve la chaste Suzanne. Jeune encore, il découvrit l'imposture des deux vieillards qui calomniaient Suzanne. Ces deux vieillards, juges de leurs concitoyens, accusèrent la jeune femme de s’être conduite criminellement dans son parc. Sur leur témoignage, le peuple la condamna à mort.

Alors Susanne s'écria à haute voix et dit :

« Dieu éternel, qui connaissez ce qui est caché et qui savez toutes choses avant qu'elles n'arrivent, vous savez qu'ils ont rendu un faux témoignage contre moi ; et voici que je meurs, sans avoir rien fait de ce qu'ils ont méchamment inventé contre moi. »

Le Seigneur entendit sa voix.

Comme on la conduisait à la mort, Dieu éveilla l'esprit saint d'un jeune enfant nommé Daniel.

Il cria à haute voix :

« Pour moi, je suis pur du sang de cette femme ! »

Tout le peuple se tourna vers lui et lui dit :

« Que signifie cette parole que tu dis-là ? »

Daniel, se tenant au milieu d'eux, dit :

« Etes-vous donc insensés à ce point, enfants d'Israël, de faire mourir une fille d'Israël sans examen, sans chercher à connaître la vérité ? Retournez au tribunal, car ils ont rendu un faux témoignage contre elle. »

Alors le peuple retourna en hâte, et les anciens dirent à Daniel :

« Viens, prends place au milieu de nous, et expose-nous ton avis, car Dieu t'a donné l'honneur de la vieillesse. »

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Daniel dit au peuple :

« Séparez-les loin l'un de l'autre, et je les jugerai. »

Quand ils furent séparés l'un de l'autre, Daniel en appela un et lui dit :

« Homme vieilli dans le crime, les péchés que tu as commis autrefois sont maintenant venus sur toi, toi qui rendais des jugements injustes, qui condamnais les innocents et relâchais les coupables, quand le Seigneur a dit : Tu ne feras pas mourir l'innocent et le juste. Eh bien, si tu l'as vue, dis sous quel arbre tu les as vus s'entretenant ensemble. »

Il répondit :

« Sous un lentisque. »

Daniel dit :

« Justement tu dis un mensonge pour ta perte ; car l'ange de Dieu qui a déjà reçu l'arrêt divin va te fendre par le milieu. »

Après l'avoir renvoyé, il ordonna d'amener l'autre, et il lui dit :

« Race de Chanaan, et non de Juda, la beauté d'une femme t'a séduit et la passion a perverti ton cœur. C'est ainsi que vous en agissiez avec les filles d'Israël, et elles, ayant peur de vous, vous parlaient ; mais une fille de Juda n'a pu souffrir votre iniquité. Dis-moi donc maintenant sous quel arbre tu les as surpris s'entretenant ensemble. »

Il dit :

« Sous un chêne. »

Daniel lui dit :

« Justement tu as dit, toi aussi, un mensonge pour ta perte ; car l'ange du Seigneur attend, le glaive en main, le moment de te couper par le milieu, afin de vous faire mourir. »

Alors toute l'assemblée jeta un grand cri, et ils bénirent Dieu qui sauve ceux qui espèrent en lui.

Puis ils s'élevèrent contre les deux vieillards, que Daniel avait convaincus par leur propre bouche d'avoir rendu un faux témoignage, et ils leur firent le mal qu'eux-mêmes avaient voulu faire à leur prochain ; afin d'accomplir la loi de Moise, et ils les firent donc mourir, et le sang innocent fut sauvé en ce jour-là. (Dn 13, 42-62)

Par ce sage jugeaient, Daniel s'était mis en évidence et avait gagné l'estime générale.

Les trois enfants dans la fournaise. - Le roi Nabuchodonosor avait fait ériger une statue d'or dans les plaines de Babylone. D'après son décret, chaque citoyen devait, à un moment donné, se prosterner devant cette statue et l'adorer, sous peine d'être jeté vivant dans une fournaise ardente. C'était un acte d'idolâtrie que l'on demandait. Plutôt que de s'en rendre coupables, Daniel et ses compagnons préféraient la mort. Ils furent dénoncés, jugés et exécutés. La fournaise était tellement surchauffée que les exécuteurs de cette terrible sentence furent consumés en un instant.

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Mais soudain un ange vint au milieu des flammes. Sous son action merveilleuse, seules les chaînes sont consumées. Libres, les jeunes prisonniers se promènent, respirent un air plein de fraîcheur et chantent au Seigneur le sublime cantique suivant :

Vous êtes béni, Seigneur, Dieu de nos pères, digne d'être loué, glorifié et exalté à jamais. Béni est votre nom saint et glorieux, digne de suprême louange et exaltation à tout jamais.

Vous êtes béni dans le temple de votre sainte gloire, digne de suprême louange et gloire à jamais.

Vous élus béni sur le trône de votre royaume, digne de suprême louange et exaltation à jamais.

Vous êtes béni, vous dont le regard pénètre les abîmes, et qui êtes assis sur les Chérubins, digne de suprême louange et exaltation à jamais.

Vous êtes béni au firmament du ciel, digne de louange et de gloire à jamais.

Bénissez toutes le Seigneur, œuvres du Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Anges du Seigneur, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Cieux, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Eaux et tout ce qui est au-dessus des cieux, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Puissances du Seigneur, bénissez toutes le Seigneur ; louez-le, et exaltez-le à jamais.

Soleil et lune, bénissez le Seigneur; louez-le et exaltez-le à jamais.

Astres du ciel, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Pluies et rosées, bénissez toutes le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Vents que Dieu déchaîne, bénissez tous le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Feux et chaleurs, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Froid et chaleur, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Rosées et givres, bénissez le Seigneur louez-le et exaltez-le à jamais.

Gelées et frimas, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Glaces et neiges, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Nuits et jours, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Lumière et ténèbres, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Eclairs et sombres nuages, bénissez le Seigneur ! louez-le et exaltez-le à jamais.

Que la terre bénisse le Seigneur ; qu'elle le loue et l'exalte à jamais !

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Montagnes et collines, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Plantes qui croissez sur la terre, bénissez toutes le Seigneur ; Louez-le et exaltez-le à jamais.

Fontaines, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Mers et fleuves, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Monstres et tout ce qui s'agite dans les eaux, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Oiseaux du ciel, bénissez tous le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Bêtes sauvages et troupeaux, bénissez tous le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Enfants des hommes, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais.

Qu'Israël bénisse le Seigneur ; qu'il le loue et l'exalte à jamais !

Prêtres du Seigneur, bénissez le Seigneur ; Louez-Ie et exaltez-le à jamais.

Serviteurs du Seigneur, bénissez le Seigneur louez-le et exaltez-le à jamais.

Esprits et âmes des justes, bénissez le Seigneur; louez-le et exaltez-le à jamais.

Saints et humbles de cœur, bénissez le Seigneur; louez-le et exaltez-le à jamais.

Ananias, Azarias et Misaël, bénissez le Seigneur ; louez-le et exaltez-Ie à jamais. Car il nous à tirés du schéol, et délivrés de la puissance de la mort ; il nous à sauvés du milieu de la fournaise de flamme brûlante, et tirés du milieu du feu.

Célébrez le Seigneur, car il est bon, car sa miséricorde dure à jamais. (Dn 3, 52-89).

« Aucun dieu n'est semblable à votre Dieu, s'écrie le roi stupéfait. Sortez donc, venez, vous êtes libres. » Et Nabuchodonosor défendit de blasphémer le nom du Dieu de Daniel.

125. LA PUISSANCE DE DANIEL

Eclairé d'En-Haut, le prophète expliqua au roi Nabuchodonosor plusieurs de ses songes et fut, en récompense, nommé administrateur de la province de Babylone.

Explication du songe de Nabuchodonosor. - La deuxième année de son règne, le roi eut, en particulier, un songe dont il demeura effrayé. Les magiciens ne purent lui eu donner l'interpré-tation. Conduit devant le roi,

Daniel répondit en présence du roi et dit :

« Le secret que le roi demande, ni sages, ni magiciens, ni lettrés, ni astrologues ne sont capable : de le faire connaître au roi. Mais il y a un Dieu dans le ciel qui révèle les secrets et qui a fait savoir au roi Nabuchodonosor ce qui doit arriver à la fin des jours. Ton songe et les visions de ton esprit que tu as eues sur ta couche, les voici : Toi, ô roi, tes pensées s'élevaient en ton esprit sur ta couche au sujet de ce qui arriverait après ce temps-ci, et celui qui révèle les secrets t'a fait connaître ce qui doit arriver. Et moi, ce n'est pas par une sagesse qui serait en moi,

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supérieure à celle de tous les vivants, que ce secret m'a été révélé, mais c'est afin qu'on en fasse savoir la signification au roi, et que tu connaisses les pensées de ton cœur. Toi, ô roi, tu regardais, et voici une grande statue. Cette statue était immense et sa splendeur extraordinaire ; elle se dressait devant toi, et son aspect était terrible. Cette statue avait la tête d'or fin, la poitrine et les bras d'argent, le ventre et les cuisses d'airain, les jambes de fer, les pieds en partie de fer et en partie d'argile. Tu regardais, jusqu'à ce qu'une pierre fut détachée, non par une main, et frappa la statue à ses pieds de fer et d'argile, et les brisa. Alors furent brisés eu même temps le fer, l'argile, l'airain, l'argent et l'or, et ils devinrent comme la balle qui s'élève de l'aire en été, et le vent les emporta sans qu'on en trouve plus aucune trace ; et la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne et remplit toute la terre. Voilà le songe ; sa signification, nous allons la dire devant le roi. Toi, ô roi, roi des rois, à qui le Dieu du ciel a donné l'empire, la puissance, la force et la gloire, entre les mains de qui il a livré, en quelque lieu qu'ils habitent, les enfants des hommes, les bêtes des champs, les oiseaux des cieux, et qu'il a fait dominer sur eux tous : c'est toi qui es la tête d'or. Après toi, il s'élèvera un autre royaume, moindre que toi, puis un troisième royaume d'airain, qui dominera sur toute la terre. Un quatrième royaume sera fort comme le fer ; de même que le fer écrase et brise tout, et comme le fer qui met en pièces, il écrasera et mettra en pièces tous ceux- là. Si tu as vu les pieds et les orteils en partie d'argile de potier et en partie de fer, c'est que ce sera un royaume divisé ; il y aura en lui de la solidité du fer, selon que tu as vu du fer mêlé à l'argile. Mais comme les orteils des pieds étaient en partie de fer et en partie d'argile, ce royaume sera en partie fort, et il sera en partie fragile. Si tu as vu le fer mêlé à l'argile, c'est qu'ils seront mêlés de semence d'homme ; mais ils ne tiendront pas l'un à l'autre, de même que le fer ne peut s'allier avec l'argile. Dans le temps de ces rois, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et dont la domination ne sera point abandonnée à un autre peuple ; il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera à jamais, selon que tu as vu qu'une pierre a été détachée de la montagne, non par une main, et qu'elle a brisé le fer, l'airain, l'argile, l'argent et l'or. Le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui arrivera dans la suite ; le songe est véritable et sa signification certaine. »

Alors le roi Nabuchodonosor tomba sur sa face et se prosterna devant Daniel, et il ordonna qu'on lui offrit des oblations et des parfums.

Le roi parla ensuite à Daniel et dit :

« Vraiment votre Dieu est le Dieu des dieux, le seigneur des rois et le révélateur des secrets, puisque tu as pu révéler ce secret. » (Dn 2, 27-47).

Il conserva son crédit sous Evilmérodach, fils de Nabuchodonosor ; peut-être même ne fut-il pas étranger à la- mesure gracieuse qui fut prise en faveur du roi Joachin. Nabuchodonosor était mort en 562, après un long règne de cinquante-trois ans. Son fils Evilmérodach ne régna que deux ans ; il fut assassiné et remplacé par son beau-frère, Nériglissor, qui mourut en 556, en laissant pour successeur un enfant, Laborosoarchod, égorgé au bout de neuf mois.

Nabonide, qui vint ensuite, s'abstint de résider à Babylone et ne sut pas mettre l'empire en état de défense contre les Mèdes et les Perses, deux peuples alliés, qui le menaçaient. En 538, le roi de ces peuples, Cyrus, vainquit Nabonide, qui se rendit à Gobryas, général de Cyrus. Balthazar, fils de Nabonide, tenait encore dans Babylone.

Le roi Balthasar fit un grand festin à mille de ses princes, et en présence de ces mille il but du vin. Excité par le vin, Balthasar fit apporter les vases d'or et d'argent que Nabuchodonosor, son père, avait enlevés du temple qui est à Jérusalem, afin que le roi et ses princes, ses femmes et ses concubines, s'en servissent pour boire. Alors on apporta les vases d'or qui avaient été enlevés du temple de la maison de Dieu qui est à Jérusalem, et le roi et ses princes, ses femmes et ses concubines s'en servirent pour boire. Ils burent du vin, et ils louèrent les dieux d'or et d'argent, d'airain, de fer, de bois et de pierre. A ce moment apparurent des doigts de main humaine qui écrivaient, en face du candélabre, sur la chaux de la muraille du palais royal ; et le roi vit le bout de la main qui écrivait. Alors le roi changea de couleur, et ses pensées le troublèrent ; les jointures de ses reins se relâchèrent et ses genoux se

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heurtèrent l'un contre l'autre. Le roi cria avec force qu'on fit venir les magiciens, les Chaldéens et les astrologues ; et le roi prit la parole et dit aux sages de Babylone :

« Quiconque lira cette écriture et m'en fera connaître la signification, sera revêtu de pourpre et portera au cou une chaîne d'or, et il commandera en troisième dans le royaume. »

Alors tous les sages du roi entrèrent, mais ils ne purent lire ce qui était écrit, ni en faire savoir la signification au roi. Alors le roi Balthasar fut très effrayé ; il changea de couleur, et ses princes furent consternés. La reine, apprenant les paroles du roi et de ses princes, entra dans la salle du festin ; la reine prit la parole et dit :

« O roi, vis éternellement ! Que tes pensées ne te troublent pas, et que tes couleurs ne changent point ! Il y a un homme de ton royaume en qui réside l'esprit des dieux saints ; dans les jours de ton père, on trouva en lui une lumière, une intelligence et une sagesse pareilles à la sagesse des dieux. Aussi le roi Nabuchodonosor ton père l'établit chef des lettrés, des magiciens, des Chaldéens, des astrologues, parce qu'un esprit supérieur de la science et de l'intelligence pour interpréter les songes, pour faire connaître énigmes et résoudre les questions difficiles furent relevés en lui, en Daniel. Qu'on appelle donc Daniel et il te fera connaître la signification ! »

Alors Daniel fut introduit devant le roi. Le roi prit la parole et dit à Daniel :

« Es-tu ce Daniel, l'un des captifs de Juda, que le roi, mon père, a amenés de Judée ? J'ai entendu dire à ton sujet que l'esprit des dieux est en toi, qu'une lumière, une intelligence et une sagesse extraordinaires se trouvent en toi. On vient d'introduire devant moi les sages et les magiciens pour lire cette écriture et m'en faire savoir la signification ; mais ils n'ont pu me faire connaître la signification de ces mots. Et moi, j'ai entendu dire de toi que tu peux donner les significations et résoudre les questions difficiles. Si donc tu peux lire ce qui est écrit et m'en taire savoir la signification, tu seras revêtu de pourpre, tu porteras au cou une chaîne d'or, et tu commanderas en troisième dans le royaume. »

Alors Daniel prit la parole et dit devant le roi :

« Que tes dons soient à toi, et donne à un autre tes présents ! Toutefois je lirai au roi ce qui est écrit et je lui en ferai savoir la signification. O roi, le Dieu Très-Haut avait donné à Nabuchodonosor, ton père, la royauté et la grandeur, la gloire et la majesté ; et à cause de la grandeur qu'il lui avait donnée, tous les peuples, nations et langues étaient dans la crainte et tremblaient devant lui ; il faisait mourir qui il voulait, et il donnait la vie à qui il voulait ; il élevait qui il voulait, et il abaissait qui il voulait. Mais son cœur s'étant élevé et son esprit s'étant endurci jusqu'à l'arrogance, on le fit descendre du trône de sa royauté et la grandeur lui fut ôtée. Il fut chassé du milieu des enfants des hommes, son cœur devint semblable à celui des bêtes et sa demeure fut avec les ânes sauvages ; on le nourrit d'herbes comme les bœufs, et son corps fut trempé de la rosée du ciel, jusqu'à ce qu'il reconnût que le Dieu Très-haut domine sur la royauté des hommes, et qu'il y élève qui il lui plaît. Et toi, son fils, Balthasar, tu n'as pas humilié ton cœur, quoique tu susses toutes ces choses. Mais tu t'es élevé contre le Seigneur du ciel ; on a apporté devant toi les vases de sa maison, et toi, tes princes, tes femmes et tes concubines, vous y avez bu du vin ; tu as loué les dieux d'argent et d'or, d'airain, de fer, de bois et de pierre, qui ne voient, ni n'entendent, ni ne connaissent rien ; et le Dieu qui a dans sa main ton souffle et de qui relèvent toutes tes voies, tu ne l'as pas glorifié. C'est alors qu'a été envoyé de sa part ce bout de main et qu'a été tracé ce qui est écrit là. Voici l'écriture qui a été tracée : MENÉ THEQEL OUPHARSIN. Et voici la signification de ces mots : Mené (compté) : Dieu a compté ton règne et y a mis fin. Théqel (pesé) : tu as été pesé dans les balances et trouvé léger. Perès (divisé) : ton royaume sera divisé et donné aux Mèdes et aux Perses. »

Alors, sur l'ordre de Baltasar, on revêtit Daniel de pourpre, on lui mit au cou une chaîne d'or, et on publia à son sujet qu'il commanderait en troisième dans le royaume.

Dans la nuit même, Baltasar, roi des Chaldéens, fut tué. (Dn 5)

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Gobryas ou Ugbaru, le même que celui qui est appelé Darius le Mède par le texte sacré, fut établi par Cyrus gouverneur de Babylone. Il eut grande considération pour Daniel, et, obligé de laisser jeter dans la fosse aux lions le prophète qui s'était refusé à tout acte d'idolâtrie, il fut tout heureux de le retrouver le lendemain sain et sauf. Les lions l'avaient respecté, et, transporté par un ange, le prophète Habacuc lui avait donné la nourriture dont il avait besoin. On lui avait rendu sa liberté, et les meneurs de l'émeute avaient été, à sa place, jetés dans la fosse. Quelques instants après, ils y avaient été dévorés.

126. LES PROPHÉTIES DE DANIEL

Daniel eut des visions prophétiques concernant les quatre grands empires qui devaient se succéder et desquels dépendrait le sort de la nationalité juive. Ces empires sont figurés par quatre animaux qui apparaissent successivement : l'empire assyro-babylonien est figuré par un lion ailé, l'empire médo-perse par un ours, l’empire gréco-macédonien par un léopard à quatre têtes, et l'empire romain par une bête terrible. Le prophète s'étend avec plus de détails sur l'histoire future des Mèdes et des Perses, puis sur celle du royaume macédonien et des royaumes d'Egypte et de Syrie qui devaient en dériver.

La plus importante des prophéties de Daniel est celle qui se - rapporte à la date de la venue du Messie et à la réprobation définitive d'Israël. C'est l'ange GABRIEL qui fait cette révélation au prophète :

« […] Soixante-dix semaines ont été déterminées sur ton peuple et sur ta ville sainte pour enfer-mer la prévarication, pour sceller les péchés et pour expier l'iniquité, et pour amener la justice éternelle, pour sceller vision et prophète et petit oindre le Saint des saints. Sache donc et comprends : depuis la sortie d'une parole ordonnant de rebâtir Jérusalem jusqu'à un oint, un chef, il y a sept semaines, et soixante-deux semaines ; elle sera rebâtie, places et enceinte, dans la détresse des temps. Et après soixante-deux semaines, un oint sera retranché, et personne pour lui. Et le peuple d'un chef qui viendra détruira la ville et le sanctuaire, et sa fin sera dans l'inondation, et jusqu'à la fin il y aura guerre, ce qui est décrété touchant la dévastation. Il conclura une alliance ferme avec un grand nombre pendant une semaine ; et, au milieu de la semaine, il fera cesser le sacrifice et l'oblation, et sur l'aile des abominations viendra un dévastateur, et cela jusqu'à ce que la destruction et ce qui a été décrété se répandent sur le dévasté. » (Dn 9, 24-27)

Il s'agit ici de semaines d'années, par conséquent d'une période de 490 ans. C'est la ving-tième année d'Artaxerxès Longuemain, en 445 av. J.-C, que fut décrétée la reconstruction de Jérusalem. L'exécution de ce travail demanda environ sept semaines, soit 49 ans, et c'est après 62 semaines, soit 434 ans, que le Messie fut mis à mort et que commencèrent les désordres qui devaient amener l'intervention finale des Romains.

127. LA FIN DE LA CAPTIVITÉ

Cyrus, successivement vainqueur d'Astyage, roi des Mèdes, qu'il dépouilla de son royaume, puis de plusieurs autres peuples à l'est de la Babylonie, conquit enfin ce dernier empire et s'installa dans sa capitale en 538. Il témoigna le plus grand respect pour les divinités du pays, rebâtit les temples, spécialement celui du grand dieu babylonien, Mardouk, et renvoya les autres dieux, dans leur pays d'origine, d'où les Chaldéens les avaient tirés. Avec les dieux, il rendit la liberté à leurs adorateurs.

Les Juifs bénéficièrent de cette bienveillance générale. Ils furent autorisés à retourner à Jérusalem et à y rebâtir leur Temple. Ils n'avaient pas de divinité à remporter avec eux, mais on leur rendit ce qu'on retrouva des vases sacrés jadis emportés par Nabuchodonosor.

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Par deux fois Jérémie avait annoncé que la captivité durerait soixante-dix ans. Il parlait ainsi la quatrième année de Joakim, par conséquent vers 606. En 536, les Juifs redevenaient libres en effet. Toutefois la captivité dura plus on moins longtemps pour beaucoup d'exilés, suivant la date de leur déportation ou de leur retour.

128. CONSÉQUENCES DE LA CAPTIVITÉ.

Sous les rois, tant d'Israël que de Juda, la nation choisie était devenue presque complètement idolâtre. Les efforts de quelques rois plus fidèles, comme Ezéchias et Josias, n'avaient produit qu'une réaction éphémère contre 1e mal.

Transplantée sur un sol étranger, loin des lieux témoins de ses prévarications, la nation comprit enfin 1a leçon divine. Ceux qui retournèrent de Babylone en Palestine furent si bien guéris de leur penchant à l'idolâtrie que le culte du vrai Dieu ne subit plus désormais d'atteinte sérieuse. Les efforts tentés par les rois de Syrie pour implanter l'idolâtrie à Jérusalem, se heurtèrent à une opposition à peu près générale et n'aboutirent qu'à faire quelques apostats et de plus nombreux martyrs.

La captivité contribua encore à réunir en un seul peuple les débris d'Israël et ceux de Juda, à raviver la foi des uns et des autres en Dieu, leur protecteur et leur maître. Elle leur fit com-prendre que la loi rituelle, dont ils avaient dû abandonner presque toutes les pratiques loin de leur Temple, le cédait de beaucoup en importance à la loi morale.

Enfin elle eut pour effet de laisser dans les pays étrangers beaucoup d'Israélites qui y firent pénétrer peu à peu la notion du Dieu unique et créateur, et préparèrent ainsi les voies à l'Evangile.

129. LES JUIFS RESTÉS DANS LES PAYS DE L’EXIL

Il s'en faut de beaucoup que tous les déportés aient profité de la permission de Cyrus pour retourner en Palestine. Un très grand nombre restèrent fixés dans les pays auxquels les attachaient leur naissance, leurs habitudes ou leurs intérêts. Ce fut surtout le cas des exilés d'Israël, qui ne connaissaient la Palestine que par les récits de leurs pères. Beaucoup de familles originaires du royaume de Juda les imitèrent. L’exemple, du reste, leur venait de haut.

Daniel, plus qu'octogénaire, demeura à la cour du roi de Perse. Son influence y fut de la plus grande utilité à ses compatriotes demeurés dans l'empire de Cyrus, et surtout à ceux qui retournaient à Jérusalem et allaient y rencontrer tant de difficultés inattendues. Commensal du roi, il l'éclaira sur les supercheries ni accréditaient le culte de Bel et fit mourir le serpent que les Babyloniens adoraient comme un dieu.

Il y avait chez les Babyloniens une idole nommée Bel ; on dépensait chaque jour pour elle douze artabes de farine, quarante brebis et six métrètes de vin.

Le roi aussi la vénérait, et il allait chaque jour l'adorer ; mais Daniel adorait son Dieu.

Le roi lui dit :

« Pourquoi n'adores-tu pas Bel ? »

Il lui ré-pondit :

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Résumé de l’Ancien testament 174

« Parce que je ne vénère pas des idoles faites de main d'homme, mais le Dieu vivant qui a fait le ciel et la terre et qui a puissance sur toute chair. »

Le roi lui dit :

« Est-ce que Bel ne te semble pas un être vivant ? Ne vois-tu pas tout ce qu'il mange et boit chaque jour ? »

Daniel répondit en souriant :

« Ne t'y trompes pas, ô roi ; car il est de boue en dedans et d'airain à l'extérieur, et il n'a jamais rien mangé. »

Le roi irrité appela les prêtres de Bel et leur dit :

« Si vous ne me dites pas qui est celui qui mange ces offrandes, vous mourrez ; mais si vous me démontrez que c'est Bel qui les mange, Daniel mourra, parce qu'il a blasphémé contre Bel. »

Or il y avait soixante-dix prêtres de Bel, sans compter leurs femmes et leurs enfants. Et le roi se rendit avec Daniel au temple de Bel.

Les prêtres de Bel dirent :

« Voici que nous allons sortir ; toi, ô roi, fais placer les mets et apporter le vin, après l'avoir mélangé ; puis ferme la porte, et scelle-la avec ton anneau. Et quand tu entreras demain matin, si tu ne trouves pas que tout a été mangé par Bel, nous mourrons ; ou bien ce sera Daniel, qui a menti contre tous. »

Ils songeaient qu'ils avaient fait sous la table une ouverture secrète, par laquelle ils s'introduisaient toujours et venaient consommer les offrandes

Lorsqu'ils furent sortis et que le roi eut fait mettre les aliments devant Bel, Daniel commanda à ses serviteurs d'apporter de la cendre, et il la répandirent par tout le temple en présence du roi seul puis ils sortirent, fermèrent la porte en la scellant avec l'anneau du roi, et s'en allèrent.

Pendant la nuit, les prêtres entrèrent selon leur coutume avec leurs femmes et leurs enfants, et ils mangèrent et burent tout ce qui était là.

Le roi se leva dès le point du jour, et Daniel avec lui. Le roi dit :

« Les sceaux sont-ils intacts, Daniel ? »

Celui-ci répondit :

« Ils sont intacts, ô roi. »

Dès qu'il eut ouvert la porte et regardé la table, le roi s'écria à haute voix :

« Tu es grand, ô Bel, et il n'y a pas la moindre tromperie en toi. »

Daniel se prit à rire et, retenant le roi pour qu'il n'entrât pas plus avant, il lui dit :

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« Regarde le pavé, considère de qui sont ces pas. »

Le roi dit :

« je vois des pas d'hommes, de femmes et d'enfants. »

et le roi entra dans une grande colère.

Alors il fit saisir les prêtres, leurs femmes et leurs enfants, et ils lui montrèrent les portes secrètes par où ils s'introduisaient et venaient manger ce qui était sur la table.

Il les fit mettre à mort et livra Bel au pouvoir de Daniel, qui le détruisit ainsi que son temple.

Il y avait aussi un grand dragon, et les Babyloniens le vénéraient.

Le roi dit à Daniel :

« Diras-tu encore que celui-ci est d'airain ? Vois, il vit, il mange et boit. Maintenant, tu ne pourras pas dire que ce n'est pas un dieu vivant. »

Daniel répondit :

« J'adore le Seigneur, mon Dieu, car lui est un Dieu vivant ; mais celui-ci n'est point un dieu vivant. Toi, ô roi, donne-moi la permission, et je tuerai ce dragon sans épée ni bâton. »

Le roi dit :

« Je te la donne. »

Alors Daniel prit de la poix, de la graisse et des poils, fit bouillir le tout ensemble et en fit des boules qu'il jeta dans la gueule du dragon. Et le dragon creva. Et il dit :

« Voilà celui que vous vénériez ! »

Les Babyloniens, l'ayant appris, furent saisis d'une vive indignation ; ils se rassemblèrent contre le roi et dirent :

« Le roi est devenu juif ; il a détruit Bel, fait mourir le dragon et massacrer les prêtres. »

Ils vinrent donc trouver le roi et lui dirent :

« Livre-nous Daniel ; sinon, nous te ferons mourir, toi et ta maison. »

Le roi vit qu'ils se jetaient sur lui avec violence ; cédant à la nécessité, il leur livra Daniel.

Ils le jetèrent dans la fosse aux lions, et il y demeura six jours.

Dans la fosse, il y avait sept lions, et on leur donnait chaque jour deux corps et deux brebis ; mais alors on ne leur donna pas cette pâture, afin qu'ils dévorassent Daniel.

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Or le prophète Habacuc était en Judée ; après avoir fait cuire une bouillie et émietté du pain dans un vase, il allait aux champs le porter à ses mois-sonneurs.

L'ange du Seigneur dit à Habacuc :

« Porte le repas que tu tiens à Babylone, à Daniel, qui est dans la fosse aux lions. »

« Habacuc dit :

« Seigneur, je n'ai jamais vu Babylone, et je ne connais pas la fosse. »

Alors l'ange le prit par le haut de la tête, le porta, par les cheveux de sa tête, et le déposa à Babylone, au-dessus de la fosse, avec toute l'agilité de sa nature spirituelle.

Et Habacuc cria :

« Daniel, serviteur de Dieu, prends le repas que Dieu t'envoie. »

Daniel répondit :

« Vous vous êtes, en effet, souvenu de moi, ô Dieu, et vous n'avez pas abandonné ceux qui vous aiment. »

Et Daniel se leva et mangea. Et l'ange du Seigneur remit aussitôt Habacuc en son lieu.

Le septième jour, le roi vint pour pleurer Daniel ; étant venu vers la fosse, il regarda, et voici que Daniel était assis au milieu des lions.

Il cria à haute voix et dit :

« Vous êtes grand, Seigneur, Dieu de Daniel, et il n'y en a point d'autre que vous ! »

Et il le retira de la fosse aux lions.

Puis il fit jeter dans la fosse ceux qui avaient voulu le perdre, et ils furent dévorés sous ses yeux, en un instant. Alors le roi dit :

« Que tous les habitants de la terre entière craignent le Dieu de Daniel, car c'est lui qui est le Sauveur, qui fait des signes et des prodiges sur la terre, lui qui a délivré Daniel de la fosse aux lions ! » (Dn 14, 2-42)

130. ESTHER

Sous le quatrième successeur de Cyrus, Xerxès I, l'Assuérus de la Bible, qui regna de 485 à 465, une juive de Benjamin, Esther, devint l'épouse du roi ; son oncle, Mardochée, fut comblé des plus grands honneurs à Suse, alors capitale de l'empire, pour avoir découvert un complot tramé contre le souverain.

Et pourtant jamais pareil danger n'avait menacé Israël.

La reine Esther aussi, se sentant placée en un extrême péril de mort, eut recours au Seigneur. Quittant ses vêtements splendides, elle prit ses habits d'angoisse et de deuil ; à la place de ses parfums précieux, elle se couvrit la tête de cendre et de poussière, affligea durement son

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corps et, s'arrachant les cheveux, elle en remplissait tous les lieux où elle avait coutume de se livrer à la joie. Et elle adressa cette prière au Seigneur, Dieu d'Israël :

Il fit mander à Esther d'entrer chez le roi, afin de lui adresser une supplication pour son peuple et sa patrie.

1°/ Menaces d'Aman. - Nommé premier ministre, un étranger exerçait sur le roi la plus fâcheuse influence. Fier de la faveur royale, Aman exigeait que chaque citoyen fléchît le genou devant lui. Seul Mardochée résistait. Il ne craignait et n'adorait que son Dieu.

Pénétré de dépit et de rage, Aman résolut de se venger. Il fit croire au souverain qu'un vaste complot avait été tramé contre lui par les Juifs, et il obtint contre eux l'arrêt d'un massacre général. L'exécution, était fixée au mois suivant.

2°/ Dévouement d’Esther. - La reine Esther, effrayée du péril qui était proche, eut recours au Seigneur. Quittant ses habits de reine, elle prit des habits en rapport avec son affliction et son deuil ; à la place de ses parfums précieux, elle se ouvrit la tête de cendre et de poussière, affligea son corps par les jeûnes, et, s'arrachant les cheveux, elle les répandait dans les lieux où elle avait coutume de se réjouir auparavant. Et elle adressa cette prière au Seigneur, Dieu d'Israël :

« Mon Seigneur, qui êtes seul notre Roi, assistez-moi dans mon délaissement, moi qui n'ai, pas d'autre secours que Vous ; car le danger qui me menace, je le touche déjà de mes mains. J'ai appris dès mon bas âge, au sein de ma tribu paternelle, que Vous, Seigneur, avez pris Israël de préférence à toutes les nations, et nos pères de préférence à tous leurs ancêtres, pour votre héritage éternel, et que Vous avez accompli en leur faveur toutes vos promesses. Et maintenant, nous avons péché en votre présence, et Vous nous avez livrés aux mains de nos ennemis, parce que nous avons rendu hommage à leurs dieux. Vous êtes juste, Seigneur ! Et maintenant, il ne leur suffit plus de faire peser sur nous une amère servitude, mais ils ont mis leurs mains dans les mains de leurs idoles, pour faire serment d'abolir les décrets de votre bouche, d'anéantir votre héritage, de fermer la bouche de ceux qui Vous louent, et d'éteindre la gloire de votre temple et de votre autel, afin que s'ouvre la bouche des nations, pour louer la puissance des idoles et célébrer à jamais un roi de chair. Ne livrez pas, Seigneur, votre sceptre à ceux qui ne sont rien, afin qu'ils ne se rient pas de notre ruine ; mais faites retomber sur eux leur dessein et faites un exemple de celui qui le premier s'est déchaîné contre nous. Souvenez-Vous de nous, Seigneur ; faites-Vous connaître dans ce temps de notre affliction et donnez-moi du courage, Roi des Dieux et Dominateur de toute puissance ! Mettez de sages paroles sur mes lèvres en présence du lion, et faites passer son cœur à la haine de notre ennemi, afin qu'il périsse, lui et tous ceux qui ont les mêmes sentiments. Mais nous, délivrez-nous par votre main, et assistez-moi, moi qui suis seule et n'ai que Vous, Seigneur ! Vous connaissez toutes choses, et Vous savez que je hais la splendeur des méchants, que j'ai horreur de la couche des incirconcis et de tout étranger. Vous savez la contrainte que je subis, vous savez que j'ai en horreur l'insigne de mon élévation, qui est posé sur ma tête aux jours où je dois me laisser voir ; je l'ai en horreur comme un linge souillé, et je ne le porte point aux jours que je puis passer dans la retraite. Votre servante n'a jamais mangé à la table d'Aman, ni fait grand cas des festins du roi, ni bu le vin des libations. Jamais, depuis le jour où j'ai été amenée ici jusqu'à maintenant, votre servante n'a goûté la joie, si ce n'est en Vous, Seigneur Dieu, Dieu d'Abraham. O Dieu, qui l'emportez sur tous en puissance, exaucez la prière de ceux qui n'ont aucun autre espoir; délivrez-nous des mains des méchants et tirez-moi de mon angoisse ! » (Est 14, 3-19)

Mardochée manda à Esther d’entrer chez le roi, et de lui demander grâce pour son peuple et pour sa patrie. « Souviens-toi, dit-il, des jours de ton abaissement et comment tu as été nourrie de ma main ; car Aman, la premier après le roi, a parlé contre nous pour notre perte. »

Le troisième jour, ayant fini sa prière, Esther quitta ses habits de pénitence, et revêtit les ornements de sa dignité. Dans tout l'éclat de sa parure, après avoir invoqué Dieu, l'arbitre et le sauveur de tous, elle prit avec elle

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les deux suivantes d'usage. Elle s'appuyait sur l'une comme pouvant à peine soutenir son corps délicat ; l'autre suivait, relevant la longue robe de sa maîtresse. Celle-ci, tout empourprée du puissant éclat de sa beauté, avait le visage joyeux et l'air aimable; mais la crainte lui serrait le cœur. Ayant donc franchi toutes les portes, elle se présenta devant le roi. Assuérus était assis sur son trône royal, revêtu de tous les insignes de sa majesté, tout brillant d'or et de pierres précieuses ; son aspect était terrible. Lorsqu'il eut relevé sa tête rayonnante de gloire et lancé un regard étincelant de colère, la reine tomba en défaillance, changeant de couleur et s'inclinant sur l'épaule de la servante qui marchait devant elle. Alors Dieu changea la colère du roi en douceur ; inquiet, il s'élança de son trône et soutint Esther dans ses bras, jusqu'à ce qu'elle eût repris ses sens, calmant sa frayeur par des paroles amicales :

« Qu'es-tu donc, Esther ? lui disait-il, je suis ton frère, aie confiance ; tu ne mourras point, car notre ordonnance est pour le commun de nos sujets. Approche ! »

Et levant le sceptre d'or, il le lui posa sur le cou et lui donna un baiser, en disant : « Parle-moi. »

Elle répondit :

« Je vous ai vu, seigneur, comme un ange de Dieu, et mon cœur a été troublé par la crainte de votre majesté ; car vous êtes digne d'admiration, seigneur, et votre visage est plein d'amabilité. »

Comme elle parlait, elle s'affaissa de nouveau, prête à s'évanouir.

Le roi était consterné, et tous ses serviteurs cherchaient à ranimer la reine. (Est 15, 4-19)

Elle le prie alors de vouloir bien assister, avec Aman, au festin qu'elle désirait leur offrir.

3°/ Triomphe de Mardochée. - La nuit suivante le roi fut agité. Ne pouvant dormir, il se fit apporter et lire les annales de son règne. On lui raconta alors qu’une conspiration avait été dévoilée par le nommé Mardochée : « Et quelle récompense a-t-il reçue ? » demande alors le roi. On lui a promis beaucoup, lui fut-il répondu, mais on ne lui a rien donné ». Alors le roi fit venir Aman et consultant son ministre : « Comment, dit-il, un roi peut-il exalter et glorifier celui qu'il veut honorer ? » Aman, croyant qu'il ne pouvait être question que de son importante personne, propose les plus grands honneurs. « Parfait, dit le prince, vous allez rendre ces honneurs à Mardochée. » Le roi fut obéi.

Quoique l'âme brisée, le malheureux ministre dut encore se rendre, le soir, au festin de la reine. Vers la fin du repas : « Maintenant, dit le roi, quelle demande voulez-vous m'adresser ? » « Seigneur, répond Esther, je vous demande la vie sauve. Car, moi et mon peuple, nous sommes condamnés, à mort. » Mais qui donc ose ainsi comploter contre vous ? s'écria le roi, transporté de fureur. « Aman! » répond la reine. Alors, elle déclare son origine et elle dévoile l'astuce et la perfidie de l'indigne favori. « Il a même fait dresser dans son palais une potence pour y pendre ce Mardochée que vous venez de combler d’'honneurs », ajoute un officier. « Qu’il y soit pendu lui-même ! dit le roi au paroxysme de l'indignation. » Aman fut exécuté ; l'édit de mort contre les juifs fut déchiré et Mardochée nommé premier ministre. Les Juifs obtinrent, en effet, grâce à l'intervention d'Esther, l'autorisation de se défendre contre leurs ennemis ; dans ce but, un ordre royal fut transmis dans les cent vingt-sept satrapies composaient l'empire. Les Juifs étaient donc répandus un peu partout, ce qui donne une idée de leur nombre et de leur puissance, c'est que les victimes de leurs représailles furent huit cents à Suse, et de soixante-quinze mille dans les provinces.

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Avec le temps, les Juifs s'établirent et se multiplièrent dans toutes les parties de l'empire asiatique ainsi que dans le monde grec et dans le monde romain. Beaucoup plus nombreux que ceux qui vivaient en Palestine, ils continuèrent ce qu'on appela la « dispersion », gardant au milieu des peuples les plus divers leur foi en Dieu, désormais constante, leur espérance du Messie et le génie de leur race.

RESUME

Les Juifs déportés devinrent colons de la Médie ; ils purent, en partie, continuer leur vie nationale et plusieurs arrivèrent à une situation considérable. Les exilés d'Israël et ceux de Juda tendirent, en outre à se rapprocher.

Parmi ces exilés, Tobie se fit remarquer par sa charité et par sa patience dans les épreuves. Dieu l'en récompensa en accomplissant des merveilles à son égard.

Ezéchiel prophétisa la prise de Jérusalem, puis la résurrection d'Israël, le retour de l'exil, la reconstruction du Temple et enfin, cet état plus spirituel et plus parfait que doit établir le Messie.

Daniel encouragea les captifs, délivra Suzanne de la mort, expliqua des songes et des inscriptions, sortit sain et sauf de la fosse aux lions, ruina le temple de Bel, annonça l'époque précise de la venue du Messie.

Esther se dévoua pour le salut des siens. Assuérus exauça sa prière, Aman fut pendu, Mardochée élevé en dignité à sa place et le peuple juif sauvé de sa ruine.

Cyrus, vainqueur d'Astyage, conquit aussi la Babylonie ; il autorisa les Juifs à retourner à Jérusalem et à rebâtir le Temple. Beaucoup, cependant, surtout parmi les exilés d'Israël, ne profitèrent pas de la permission.

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CHAPITRE XVIII - La restauration juive

131. PREMIÈRE COLONIE SOUS LA CONDUITE DE ZOROBABEL

Un descendant du roi Joachin, Zorobabel, fut placé à la tête des Juifs qui profitèrent de l'édit de Cyrus pour retourner en Palestine. Près de cinquante mille personnes firent partie de cette première caravane ; la moitié à peu près appartenaient aux tribus de Juda et de Benjamin, les autres provenaient des dix tribus d’Israël.

De retour dans leur patrie, les exilés reprirent possession de leurs anciennes villes. Ils le firent d’autant plus facilement que la Palestine était passée sous la domination de Cyrus, ainsi que toutes les autres provinces de l'ancien empire babylonien, et qu'un ordre du prince rendait aux Juifs leurs domaines d'autrefois. Aux nouveaux se joignirent, ceux que Nabuchodonosor avait laissés dans le pays et qui, à cause de leur nombre et de leur pauvreté, n'avaient pu l’occuper qu'en partie.

La première préoccupation de Zorobabel et du prêtre Josué fut de rétablir le vrai culte du Seigneur si longtemps interrompu. Dès le septième mois de l'année du retour, tout le peuple fut convoqué à Jérusalem. L'autel des holocaustes fut relevé sur son ancien emplacement et la fête des Tabernacles solennellement célébrée.

A partir de ce jour, les holocaustes quotidiens et ceux des fêtes furent régulièrement offerts. Les prêtres revenus de l'exil étaient au nombre de plus de quatre mille et il y avait avec eux plus de sept cents lévites. Le service de l'autel était donc largement assuré ; aussi refusa-t-on de reconnaître le sacerdoce de ceux qui ne purent justifier authentiquement de leur descendance.

132. LA RECONSTRUCTIONDU TEMPLE

On se préoccupa ensuite de rebâtir le Temple. Comme à l'époque de Salomon, on s'adressa aux ingénieurs de Tyr et de Sidon, qui étaient les grands constructeurs de l'antiquité. La seconde année, les fondements de l'édifice furent posés, au milieu des transports de joie de tout le peuple. A l'allégresse se mêlaient cependant les pleurs des vieillards qui avaient vu l'ancien Temple ou en avaient entendu décrire les merveilles par leurs pères.

Quand les hommes de Samarie, mêlés à tous ces étrangers que Sargon avait établis dans le pays après la déportation du royaume d'Israël, apprirent que les Juifs reconstruisaient leur Temple, ils prétendirent être admis à concourir à cette œuvre. Zorobabel les évinça. Il ne pouvait les regarder comme de vrais enfants d’Abraham. Les Samaritains se mirent Alors à contrarier leurs voisins dans l'exécution de leur entreprise, empêchant par la violence les ouvriers de travailler et intriguant auprès des autorités pour faire interrompre la construction. Ces menées se poursuivirent jusqu'à la mort de Cyrus, en 529, mais n'eurent pas de résultat officiel.

Lorsque Cambyse succéda à Cyrus, les Samaritains se hâtèrent de lui écrire contre les Juifs. Ils accusaient ces derniers de relever une ville avait toujours été rebelle et qui ne manquerait pas, une fois restaurée, de faire perdre au roi toute autorité sue les pays situés au delà de l’Euphrate. Cambyse fut d'autant plus sensible à cette dénonciation qu'il était un prince impérieux et que, se proposant d'entrer en campagne pour soumettre l'Egypte, il tenait à ne pas rencontrer

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d'obstacles sur son chemin. Il ordonna donc de surseoir aux travaux entrepris à Jérusalem. La construction du Temple fut dès lors interrompue.

L’occasion n'était guère favorable pour obtenir les bonnes grâces du prince pendant sa campagne d'Égypte, commencée par la conquête de ce royaume, en 525, et terminée par des dé-sastres en Libye et en Ethiopie. Les troubles qui agitèrent l'empire en 522 et 521, sous le règne du faux Smerdis, ne permirent pas davantage aux Juifs, entourés d'ennemis jaloux, de poursuivre l'œuvre entreprise.

133. REPRISE DES TRAVAUX

En 521, Darius, fils d'Hystaspes, l'un des grands de l'empire perse, mit à mort le faux Smerdis et régna à sa place. Ce fut un organisateur, qui divisa savamment et administra habilement son vaste empire. Il entreprit des expéditions heureuses contre les Indiens et les Scythes, mais désastreuses contre les Grecs.

A son avènement, les Juifs ignoraient ses dispositions à leur égard. Ils n'osèrent se remettre à la construction de leur Temple. La seconde année du règne, deux prophètes, Aggée et Zacharie, vinrent trouver Zorobabel et Josué, et les encouragèrent, au nom de Dieu, à reprendre le travail interrompu depuis plus de dix ans. On s'y remit en effet avec ardeur.

L'activité déployée subitement à Jérusalem éveilla l'attention de Tatthenaï, gouverneur de la satrapie dont faisait partie la Palestine. Il vint donc et demanda aux Juifs qui les autorisait à élever ces constructions. Ceux-ci alléguèrent l'autorisation de Cyrus. Aussitôt, sans interrompre le travail, Tatthenaï en référa à Darius.

Le roi fit rechercher dans les archives de l’Empire ; on y retrouva en effet le décret porté par Cyrus en faveur des Juifs. En conséquence Darius ordonna que toute liberté leur fut laissée. Bien plus, il voulut que des tributs fussent levés dans la satrapie pour aider aux frais de la construction du Temple et subvenir aux dépenses des sacrifices.

Dès lors, les Juifs furent tout entiers à la joie et à l’espérance ; ils songèrent à abolir les jeunes qui rappelaient la ruine du temple et les calamités qui l’avaient accompagnée. Le prophète Zacharie leur dit au nom de Dieu :

« Les jours de jeune se changeront pour la maison de Juda en jours de joie et d’allégresse, en fêtes de réjouissance. Mais aimez la vérité et la paix ! » C’était leur rappeler la prééminence essentielle des vertus morales sur les pratiques rituelles.

134. L’ACHÈVEMENT DU TEMPLE

Les travaux continuèrent avec une nouvelle ardeur. En 515, la sixième année de Darius, on put procéder à la consécration de l’édifice. Tout Israël se rassembla pour cette solennité au cours de laquelle on immola des victimes en expiation des péchés commis par les douze tribus. C’était donc bien toute la descendance de Jacob qui se trouvait représentée dans la maison du Seigneur, sans aucune trace sensible du schisme qui divisait les tribus avant la captivité.

Le culte fut rétabli dans le nouveau Temple, conformément aux prescriptions de la loi. On y remit en usage les vases sacrés qui avaient été rapportés de Babylone. Mais l'Arche d'alliance, qui était le principal trésor de l'ancien Temple, n'y reprit point sa place dans le Saint des

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saints. Jérémie avait annoncé qu'on ne la reverrait plus ; lui-même, avant la captivité, l'avait cachée dans une caverne dont il obstrua l'entrée, et personne ne put jamais la retrouver.

Cependant le Temple de Zorobabel, construit avec des ressources restreintes, était loin de reproduire la magnificence du Temple de Salomon. Aggée dit aux constructeurs pour les consoler :

Quel est parmi vous le survivant

qui a vu cette maison dans sa gloire première,

et en quel état la voyez-vous maintenant ?

Ne paraît-elle pas à vos yeux comme rien?

Et maintenant, courage Zorobabel ! - oracle de Yahweh.

Courage, Jésus fils de Josédec, grand prêtre !

Courage, tout le peuple du pays, - oracle de Yahweh, - et agissez !

Car je suis avec vous, - oracle de Yahweh des armées.

Il y a l'engagement que j'ai pris avec vous,

quand vous êtes sortis d Égypte ;

et mon Esprit demeure au milieu de vous : ne craignez rien !

Car ainsi parle Yahweh des armées :

Une fois encore, et ce sera dans peu,

j'ébranlerai les cieux et la terre;

la mer et le continent,

J'ébranlerai toutes les nations,

et les trésors de toutes les nations viendront ;

et je remplirai de gloire cette maison,

dit Yahweh des armées.

A moi l'argent, à moi l'or,

- oracle de Yahweh des armées.

Grande sera la gloire de cette maison ;

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la dernière plus que la première ;

et en ce lieu je mettrai la paix, - oracle de Yahweh des armées. (Ag 2, 3-9)

Le second Temple en effet devait être un jour honoré de la visite du Messie.

135. LE PROPHÈTE ZACHARIE

La présence d'Aggée et de Zacharie au milieu des nouveaux habitants de Jérusalem prouvait à ceux-ci que Dieu était avec eux et qu'il continuait à les favoriser de ses communications, comme il l'avait fait pour leurs pères. Pendant que se construisait le temple matériel, Zacharie s'efforçait de restaurer le temple spirituel. Il rappelait à ses compatriotes la grande loi morale si souvent transgressée autrefois.

Il leur parlait enfin des destinées de la nouvelle Jérusalem, au sein de laquelle Dieu allait ouvrir des sources de grâce et de purification, dont il réduirait les ennemis, dans laquelle il exercerait sa justice, et qui était destinée à devenir le centre d'un culte plus parfait rendu au Seigneur. Le prophète entretenait ainsi dans l'esprit des Juifs la pensée de cet avenir de salut et de religion plus spirituelle qui devait un jour être l'œuvre du Messie.

136. SECONDE COLONIE SOUS LA CONDUITE ESDRAS

Après l'achèvement du Temple, en 516, les Juifs de Palestine vécurent en paix, mais dans des conditions matérielles et spirituelles assez peu florissantes. Les guerres qui terminèrent le règne de Darius et la lutte contre les Grecs qui occupa le règne de Xerxès ne permirent pas aux Juifs de seconder pratiquement leurs frères de Jérusalem. Ce fut Seulement la septième année d'Artaxerxès, successeur de Xerxès, par conséquent en 459, cinquante-sept ans après la dédicace du Temple, qu'une nouvelle colonie quitta la terre d’exil pour revenir en Palestine.

Un prêtre de la descendance d'Aaron, Esdras, profita du crédit dont il jouissait auprès du roi de Perse, pour obtenir de lui l'autorisation de retourner en Judée avec un certain nombre d'autres. Le roi la lui accorda, mit à sa disposition d'importantes sommes d'argent, lui concéda la faculté de recueillir des offrandes et lui attribua des pouvoirs assez étendus.

Plus de 1.700 Juifs se joignirent à Esdras. Après s’être préparés au voyage par un jeûne, ils se mirent en route et arrivèrent à Jérusalem au bout de quatre mois, en 459. Là, Esdras remit au Temple les présents qu'il tenait de la générosité du roi et des autres donateurs ; puis il communica aux satrapes du pays les instructions qu’Artaxerxès leur adressait en faveur de Jérusalem.

Au bout de quelque temps, une triste nouvelle affligea le cœur d'Esdras. Il apprit que beaucoup de Juifs, même des prêtres et des lévites, avaient contracté des unions avec des femmes étrangères, ce qui devait aboutir à confondre la race élue de Dieu avec des races idolâtres et maudites. Il en témoigna publiquement sa vive douleur. Non content de demander pardon à Dieu des iniquités qui avaient été ainsi commises, il adjura les coupables de se séparer des femmes étrangères et convoqua une assemblée à Jérusalem pour remédier au mal. Des hommes furent désignés pour parcourir le pays, faire le dénombrement de ceux qui avaient contracté de telles unions et les obliger à se séparer de leurs épouses.

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137. NÉHÉMIE

Esdras ne prolongea pas son séjour à Jérusalem. L’état des Juifs y restait d’ailleurs d’autant plus précaire qu’ils avaient sans cesse à redouter le contre-coup des évènements qui se déroulaient dans leur voisinage. C’est ainsi que le roi d’Egypte, Inaros, ayant cherché à secouer le joug des Perses, Artaxarxès envoya contre lui une première armée qui fut anéantie ; d’où une seconde campagne dans laquelle les Egyptiens furent vaincus, en 455. Puis en 450, ce fut le général même du roi, Mégabyse, qui souleva la Syrie contre son souverain.

Au cours des guerres égyptiennes, comprit-on l’avantage qui eût assuré à la monarchie perse si Jérusalem eût été fortifiée comme autrefois, de manière à pouvoir servir de poste avancé du côté de l’Egypte ? Toujours est-il que, quand la paix fut rétablie de toutes parts, le Juif Néhémie, échanson du roi, demanda à Artaxarxès l’autorisation de se rendre à Jérusalem pour en relever les murailles et les tours. Le roi la lui accorda ; il lui donna même une escorte pour l’accompagner en Judée.

138. LES MURAILLES DE JÉRUSALEM

Arrivé à Jérusalem, Néhémie commença par se rendre compte des travaux à éxécuter ; puis, convoquant les Juifs, il leur fit part de son projet et des moyens dont il disposait pour l’exécuter. On se mit aussitôt à l'œuvre. Chaque portion de muraille fut confiée à une famille ; le grand-prêtre Eliasib tint lui-même à donner l'exemple.

Les voisins malveillants des Juifs se moquèrent d'abord de leur activité qui, à leur avis, ne devait aboutir à rien. Mais quand ils virent que le travail avançait sérieusement, ils prirent une attitude nettement agressive. Néhémie arma ses travailleurs, dont la bonne contenance fit réfléchir les ennemis. Puis, pour parer à. toute attaque nouvelle, il garda la moitié des jeunes gens sous les armes ; ceux même qui construisaient ne quittaient pas leur glaive. En cas d'alerte, la trompette retentissait et tous se portaient au point menacé.

A quatre reprises, Sanaballat, de Samarie, Tobie, l'ammonite, et l'arabe Gossem cherchè-rent à attirer Néhémie hors de la ville, sous prétexte de faire alliance avec lui. Ils essayèrent ensuite de l'effrayer, en lui suggérant que le roi prendrait ombrage des travaux qui s'exécutaient. Néhémie déjoua toutes ces menées et poursuivit son œuvre avec une constante activité.

La répartition du travail avait été si habilement organisée et chaque famille apporta tant de zèle à sa tâche, qu'en cinquante-deux jours tout fut terminé, murailles, tours et portes. L'achèvement du travail fut célébré par de grandes solennités. Néhémie fit placer des gardiens aux portes ; chaque soir on les fermait et on les verrouillait, pour ne les ouvrir le lendemain qu'au grand jour.

139. LES RÉFORMES DE NÉHÉMIE.

Néhémie s'efforça aussi de ramener le peuple à une exacte observance de la loi de Dieu. Les familles plus pauvres, pour se procurer le grain nécessaire, en étaient réduites à vendre leurs fils et leurs filles comme esclaves. Néhémie fit honte aux plus riches de permettre un pareil abus. Ceux-ci s'engagèrent a mettre à la disposition de leurs frères malheureux tout ce dont ils auraient besoin, sans rien leur réclamer. Néhémie donnait d'ailleurs l'exemple du plus parfait désintéressement ; loin d'exiger quoi que ce fût les services qu'il rendait, il se plaisait au contraire a distribuer tout ce qu'il possédait, de diminuer les charges du peuple.

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Pour mieux réussir dans sa sainte entreprise, il demanda le concours du vieux prêtre Esdras, alors revenu à Jérusalem. Sur l'une des places publiques, Esdras lisait donc le livre de la loi devant tout le peuple, et ensuite on l'expliquait. On en vint aussitôt aux applications pratiques. On célébra d'abord la fête des Tabernacles conformément aux prescriptions de Moïse. Puis on fit un jeûne de pénitence, avec la confession publique de tous les péchés dont la nation s'était rendue coupable. Enfla les chefs de famille signèrent, au nom de tous, l'alliance avec Dieu et l'engagement d'observer sa loi.

Néhémie, qui était arrivé à Jérusalem la vingtième année d'Artaxerxès, retourna vers le prince la trente-deuxième année, en 440. Après une absence assez longue, il revint à Jérusalem et y constata de nouveaux abus ; des alliances contractées avec des Ammonites et des Moabites. Tobie l'ammonite occupant dans le Temple un appartement qui lui avait été accordé par son allié, le grand-prêtre Eliasib, le versement des dîmes négligé, le travail et le commerce tolérés le jour du sabbat, et les mariages continuant à se célébrer entre les Juifs et des femmes étrangères, qui introduisaient naturellement leur langue et leurs mœurs.

Toutes ces infractions montraient combien le peuple juif, quoique enfin dépris de l'idolâtrie, avait peine a se plier à la loi du Seigneur.

Néhémie prit des mesures énergiques pour faire respecter cette loi dont l'accomplissement était indispensable au bonheur du peuple élu.

140. LE PROPHÈTE MALACHIE

A l'époque de Néhémie vivait Malachie, le dernier des prophètes. On retrouve dans ses oracles l'écho des reproches adressés par Esdras et Néhémie à leurs contemporains. Il fait honte aux prêtres la négligence dont ils se rendent coupables dans le service de Dieu, allant jusqu'à lui offrir en sacrifice des victimes qu'ils n'auraient pas osé présenter à la table d'un de leurs princes. Il leur annonce alors que le Seigneur a en vue une autre victime, qui seule lui sera pleinement agréable :

Car, du lever du soleil à son coucher, mon nom est grand parmi les nations, et en tout lieu on offre à mon nom de l'encens et une oblation pure, car mon nom est grand parmi les nations, dit Yahweh des armées. (Ma 1, 11)

Malachie s'élève ensuite contre les mariages tractés avec des étrangères. Puis il exhorte les juifs à la pénitence et à la fidélité ; il leur promet ces temps meilleurs qui verront l'apparition du Messie. Il leur dit au nom de Dieu

Voici que j'envoie mon messager, et il préparera le chemin devant moi ; et soudain viendra dans son temple le Seigneur que vous cherchez, l'ange de l'alliance que vous désirez. Voici, il vient, dit Yahweh des armées. (Ma 3, 1)

141. ESDRAS ET LES LIVRES SAINTS

Le prêtre Esdras était « scribe » ou écrivain, c’est-à-dire expert dans la connaissance des Livres saints. Bien que la Bible soit muette à cet égard, les plus anciennes traditions ont toujours attribué à Esdras une part assez importante dans la fixation et l'agencement des textes sacrés.

Il est certain que bien avant la captivité, les Israélites avaient déjà formé des collections de leurs Livres saints. Le prophète Daniel mentionne formellement les parmi lesquels se trouvent les

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oracles de Jérémie. Il est dit plus tard que Néhémie forma une bibliothèque des livres de David et des prophètes. On prenait donc les soins nécessaires à la conservation des écrits inspirés de Dieu à certains hommes.

Esdras consacra Ses efforts à une révision complète des saints Livres, à une époque où ils existaient déjà à peu près tous. Il dut, autant qu'il lui fut possible, restituer aux textes leur forme primitive, tout en respectant ce qu'un long et respectable usage avait déjà consacré. Là se borna vraisemblablement son intervention.

On doit croire que, s'il fit davantage, l'inspiration divine ne lui fit pas plus défaut qu'aux auteurs inconnus de certaines parties de la Sainte Ecriture ou même d'additions aux écrits antérieurs.

Depuis là captivité, le rôle des « scribes » est devenu fort important parmi les Juifs. Les livres saints étaient presque entièrement écrits hébreu, langue qui se parlait dans le pays de Canaan quand Abraham vint s'y fixer.

En Babylonie, les Juifs furent amenés, par nécessité des circonstances, à parler une langue qui était familière sur les bols de l'Euphrate, le chaldéen ou araméen, langue des sémites descendants d'Aram, qui occupèrent la Syrie. Elle appartenait à la même famille que l’hébreu, dont elle ne différait pas essentiellement. A leur retour en Palestine, les Juifs conservèrent l'usage de cette langue ; Daniel et Esdras l'employèrent dans une partie de leurs écrits. Néanmoins l'hébreu resta toujours la langue sacrée, celle des Livres saints et la seule permise dans les cérémonies du culte.

Le peuple ne la comprenant plus couramment, les scribes se donnèrent la mission d'interpréter les textes de l'Ecriture, et bientôt, par une pente naturelle, ils passèrent de l'interprétation orale à l'explication des choses elles-mêmes, explication dans laquelle ils introduisirent souvent l'arbitraire et même des idées absolument contraires au texte sacré.

142. LES SAMARITAINS

La population de Samarie était très mêlée. On appelait les Samaritains « Cuthéens », parce que c'est en partie à la ville de Cutha, voisine de Babylone, que Sargon avait emprunté les premiers colons envoyés dans le pays. A ceux-ci vinrent se joindre par la suite d'anciens exilés des dix tribus, qui préférèrent s'établir sur le sol occupé pur leurs pères, et probablement un certain nombre de Juifs que les réformes d'Esdras et de Néhémie avaient éloignés de la communauté de Jérusalem.

Une vive, antipathie séparait les Samaritains des Juifs. Ceux-ci reprochaient aux premiers leur origine et avaient refusé de les laisser coopérer à la construction du Temple. Les Samaritains se vengèrent en suscitant toutes les difficultés possibles à leurs voisins de Jérusalem. Puis, ils se mirent en mesure de se suffire à eux-mêmes au point de vue religieux.

Un petit-fils du grand-prêtre Eliasib avait pris pour épouse une fille de Sanaballat, gouver-neur du pays de Samarie. Néhémie l'exclut de la communauté juive, à cause du scandale causé par cette union. C'est alors que Sanaballat bâtit, sur le mont Garizim, un temple rival de celui de Jérusalem, afin de permettre à son gendre d'y exercer les fonctions sacrées pour le compte des Samaritains.

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Les Samaritains parlaient l'ancien hébreu, avec quelques modifications empruntées aux langues étrangères, au moins dans le langage usuel. Parmi les Livres sacrés, ils n'admettaient que ceux de Moïse. Ils croyaient cependant au Messie futur. Mais ils soutenaient énergiquement la légitimité de leur temple.

RESUME

Profitant de l'édit de Cyrus, 50.000 Juifs regagnèrent la Judée sous la conduite de Zorobabel. Ils s'établirent en république théocratique et, pendant plusieurs siècles, ils n’eurent pas de rois. Leur premier soin fut de rebâtir le Temple, dont les travaux furent interrompus et repris plusieurs fois (les rophètes Zacharie et Aggée).

En 459, la septième année d'Artaxerxès, successeur de Xerxès, Esdras obtint du roi un édit lui permettant de retourner en Judée. 1700 Juifs revinrent avec lui. Esdras recueillit et révisa les Livres saints, réunit le peuple pour lui en donner lecture et renouvela l'alliance avec Dieu.

Un autre édit permit à Néhémie de relever les murailles de Jérusalem. Néhémie gouverna la république pendant trente ans et introduisit d'utiles réformes (le prophète Malachie).

Les Samaritains, de nationalités très diverses, avaient une vive antipathie pour les Juifs. Ils se bâtirent sur le mont Garizim un temple rival de celui de Jérusalem. Ils admettaient les livres de Moïse et croyaient au Messie futur.

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CHAPITRE XIX - La période machabéenne

143. CHANGEMENTS POLITIQUES

Les écrivains sacrés se taisent totalement sur la période de l'histoire juive qui s'étend de Néhémie aux Machabées, c'est-à-dire sur près de trois siècles. Sous le successeurs d’Artaxerxès Longuemain, Darius II (424-405), Artaxerxès II, Memnon (405-359), Artaxerxès III, Ochus (359-336) et Darius III Codoman (336-330), les Juifs paraissent avoir joui d'une suffisante tranquillité, qui leur permit de travailler utilement à leur développement social et religieux.

L'historien Josèphe raconte que quand Alexandre le Grand, après avoir pris Damas et Sidon, vint faire le siège de Tyr, il demanda au grand-prêtre Jaddus de lui fournir un contingent d'hommes et de vivres. Jaddus s'y refusa, à cause de la fidélité qu'il avait promise à Darius, son souverain. Quand le conquérant eut pris Tyr, en 332, il se porta contre Jérusalem pour la soumettre.

Mais, en avant de la ville, il vit Jaddus et tous les prêtres revêtus de leurs magnifiques cos-tumes et sa colère tomba subitement. Il entra avec eux dans la ville et dans le Temple, où on lui montra les prophéties de Daniel qui annonçaient la substitution de la domination des Grecs à celle des Perses. Il fit offrir des sacrifices, accorda aux Juifs de Palestine, de Babylonie et de Médie le droit de vivre selon leur loi et les exempta d'impôt chaque septième année. Un certain nombre de Juifs se joignirent alors à lui pour prendre part à son expédition.

A la mort d'Alexandre le Grand, en 323, l'empire qu'il avait conquis fut partagé entre ses généraux, qui ne tardèrent pas à prendre le titre de rois. L'Asie occidentale échut à Antigone et l'Egypte à Ptolémée. Ce dernier, considérant la Syrie comme une annexe naturelle de l'Egypte, en fit la conquête, entra à Jérusalem et transporta sur les bords du Nil beaucoup de Juifs, dont la plupart s'établirent à Alexandrie, où déjà Alexandre en avait fait venir un bon nombre.

La Syrie et la Palestine, reconquises par Antigone en 314, réoccupées par Ptolémée en 312, reprises par Antigone l'année suivante, restèrent enfin, après la mort de ce dernier, en 301, dans le domaine du roi d'Egypte.

144. LES JUIFS D'ALEXANDRIE

Les Juifs occupaient tout un quartier à l'est de la ville d'Alexandrie. Ils subirent vite l'influence de la littérature et de la philosophie grecques, dont les Ptolémées favorisèrent l'essor de tout leur pouvoir dans cette nouvelle capitale fondée par Alexandre. En rapport continuel avec les Grecs cultivés qui affluaient dans ce centre intellectuel, s'initiait peu à peu à leur manière de penser et de dire, lisant leurs philosophes, s'étonnant d'y trouver certains enseignements qui ne différaient pas de ceux des Livres saints, ils adoptèrent un genre de vie qui, sans entamer à fond leurs mœurs traditionnelles, les rapprocha sensiblement de la culture hellénique.

Sans faire schisme avec Jérusalem, ils se bâtirent un temple à Léontopolis, y eurent leur grand-prêtre et leurs sacrifices. Comme ils s'étaient mis à parler grec, l'hébreu devint, bientôt pour eux une langue incompréhensible. Ils furent ainsi amenés à souhaiter que leurs Livres saints

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fussent traduits en grec. Peut-être le roi d'Egypte, qui était curieux d'enrichir sa magnifique bibliothèque d'Alexandrie, désira-t-il aussi cette traduction.

On se mit donc à 1’œuvre, vers l'année 285, et les livres de Moïse furent traduits avec soin en grec. La traduction des autres livres fut faite ensuite peu à peu par différents auteurs, dont le travail est de valeur inégale. On a appelé cette traduction la version des Septante, à cause de la légende qui la faisait exécuter par soixante-douze vieillards envoyés de Jérusalem. Les Juifs de Palestine virent cette œuvre avec une telle défaveur, qu'ils instituèrent un jour de jeûne pour expier ce qu'ils regardaient comme une profanation du texte inspiré.

145. LA JUDÉE ET SES MAITRES ÉGYPTIENS ET SYRIENS

Bien que relevant des rois d'Egypte, la Judée vivait pratiquement sous l'autorité de ses grands-prêtres. Elle n'avait guère qu'à payer un tribut annuel de vingt talents, soit 116.400 francs.

Au grand-prêtre Jaddus, succéda son fils Onias puis son petit-fils, Simon I le Juste, auquel le livre sacré de Jésus, fils de Sirach, décerne de grands éloges. Il exécuta d'importants travaux dans le Temple et y amena l'eau en abondance par des aqueducs. Il remplissait les fonctions saintes avec une majesté incomparable.

Sous le pontificat de son fils, Onias II, qui lui succéda après deux autres grands-prêtres, le roi d'Egypte Ptolémée Evergète, entra en lutte avec le roi de Syrie, Antiochus II. Rappelé dans son pays par une révolte, il passa par Jérusalem et se montra généreux envers le Temple. Onias, au contraire, était cupide et avare. Il crut l'occasion propice pour refuser le tribut. Une occupation militaire de la Judée en eût été la conséquence si Joseph, neveu d'Onias, n'eût conjuré le péril en se faisant habilement nommer fermier responsable des impôts de la Phénicie, de la Syrie, de la Samarie et de la Judée.

Sous le successeur d'Evergète, Ptolémée Philopator, le roi de Syrie, Antiochus III le Grand, tenta de s'emparer de la Palestine ; mais il fut vaincu par les Egyptiens à Raphia, en 217. Il réussit mieux sous le règne de Ptolémée V Epiphane, encore enfant. Il s'empara du pays convoi-tés et battit ses adversaires à Panéas, en 198.

Les Romains l'arrêtèrent alors, et le mariage de sa fille Cléopâtre avec le roi d'Egypte, amena la rétrocession de la Palestine à ce dernier. Les Romains, sous la conduite de Scipion l'Asiatique, prirent à Antiochus une grande partie de ce qui lui restait ; il mourut en 187, massacré par les habitants d'Elymaïde, dont il tentait de piller le temple. Bien que ce roi n'ait rien entrepris directement contre les Juifs, ceux-ci eurent beaucoup à souffrir de ses guerres.

Le successeur d'Antiocbus le Grand, Séleucus IV Philopator, remit la main sur la Palestine, au gouvernement de laquelle il préposa Apollonius. Les Juifs avaient alors pour grand-prêtre Onias III, à qui sa haute piété conciliait la vénération de tous.

Un Juif ambitieux, Simon, qui commandait la garde du Temple, crut se faire bien voir d'Apollonius en lui révélant que le Temple renfermait d'immenses trésors. Le gouverneur, heureux de pouvoir venir en aide au roi son maître, toujours à court d'argent, avertit Séleucus de ce qu'il avait appris. Celui-ci envoya à Jérusalem Héliodore, qui voulut procéder au pillage du Temple, malgré les protestations d'Onias. Sa tentative sacrilège fut arrêtée et cruellement châtiée par une intervention.

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Un cavalier terrible, pourvu d'armes d'or, et deux jeunes guerriers resplendissants apparurent, fustigèrent Héliodore et le jetèrent hors du Temple, plus mort que vif. Ses amis prièrent Onias d'intercéder pour lui, et, grâce au pontife, il eut la vie sauve. Mais ensuite il disait au roi Séleucus : « Si tu as un ennemi ou un compétiteur, envoie-le là-bas ; il te reviendra flagellé, si toutefois il revient. Une puissance divine s'exerce vraiment en ce lieu. »

146. LA PERSÉCUTION

Séleucus, empoisonné par Héliodore, eut pour successeur son second fils, Antiochus IV Epiphane. A Jérusalem, Josué, frère d'Onias, venait de s'emparer du souverain pontificat. Pour se faire agréer d'Antiochus, il prit le nom grec de Jason, offrit au roi de fortes sommes et bâtit à Jérusalem un gymnase grec, afin d'introduire les mœurs étrangères parmi ses compatriotes. Le plus jeune frère de Jason, appelé Onias, voulut, par ambition, faire encore davantage. Il prit le nom grec de Ménélas, offrit à Antiochus une plus riche contribution pour se faire attribuer le pontificat, et s'engagea à substituer le culte idolâtrique des Grecs au culte traditionnel des Juifs. Le roi le fit installer à Jérusalem.

Pour tenir ses engagements, Ménélas n'hésita pas à faire vendre les vases sacrés du Temple ; il alla même jusqu'à procurer l' assassinat du vieux pontife Onias III, son frère aîné, qui protestait contre tant de sacrilèges. L'indignation des Juifs restés fidèles et leurs réclamations auprès d'Antiochus n'aboutirent qu'à exaspérer le roi et son protégé.

En 169, pendant le cours d'une campagne syrienne contre l'Egypte, le bruit de la mort d'Antiochus courut en Palestine. Jason arriva aussitôt à Jérusalem et massacra bon nombre des partisans de son frère. A cette nouvelle, Antiochus accourut avec son armée, fit un grand carnage, dans la ville pendant trois jours, vendit beaucoup de Juifs comme esclaves, acheva de piller le Temple et rétablit Ménélas dans sa dignité. Jason réussit à s'enfuir.

L'année suivante, Antiochus reprit sa campagne contre l'Egypte, mais fut subitement arrêté dans son entreprise par le général romain Popilius. Dans son dépit, le roi se retourna contre les Juifs.

Il envoya contre eux une armée qui saccagea Jérusalem, massacra les habitants et vendit comme esclaves les femmes et les enfants. La religion juive fut proscrite avec toutes ses pratiques, et celle des Grecs imposée à toute la Palestine. Le culte de Jupiter remplaça dans le Temple celui du vrai Dieu ; les Juifs furent contraints de célébrer les fêtes de Bacchus et d'horribles supplices tirent périr ceux qui tentaient de se soustraire aux ordres du roi,

147. LES MARTYRS JUIFS

On voulut forcer un vieillard, nommé Eléazar, à manger de la viande de porc, défendue par la loi de Moïse. Il s'y refusa sans redouter les supplices. Des amis lui conseillaient de prendre des viandes permises et de laisser croire, pour sauver sa vie, que c'étaient des viandes prohibées.

Mais lui, faisant de sages réflexions, dignes de son âge, de la haute considération que lui donnait sa vieillesse et les nobles cheveux blancs qui s'y ajoutaient, de la vie très belle qu'il avait menée depuis l'enfance, et surtout de la législation sainte établie par Dieu même, il répondit en conséquence, disant qu'on l'envoyât sans tarder au séjour des morts.

« A notre âge, en effet, il ne convient pas de feindre ; de peur que beaucoup de jeunes gens ne soupçonnent Eléazar d'avoir, à quatre-vingt-dix ans, embrassé des mœurs étrangères. Eux-mêmes, alors, à cause de ma

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dissimulation, et pour un reste de vie périssable, seraient égarés par moi, et j'attirerais sur ma vieillesse le honte et l'opprobre. Et quand j'échapperais pour le présent au châtiment des hommes, je n'éviterais pas, vivant ou mort, les mains du Tout-Puissant. C'est pourquoi, si maintenant je quitte cette vie avec courage, du moins je me montrerai digne de ma vieillesse, et je laisserai aux jeunes gens le noble exemple d'une mort volontaire et généreuse pour les vénérables et saintes lois. »

Ayant ainsi parlé, il marcha droit vers l'instrument du supplice. (II-Machabbées 6,23-28)

Une mère avait sept fils, que l'on voulut contraindre à la même transgression. Les six pre-miers subirent l'un après l'autre d'atroces supplices sous les yeux du roi, plutôt que de lui obéir. Il Restait le plus jeune. Antiochus lui fit toutes sortes de promesses pour le gagner ; puis il engagea sa mère à le convaincre. Cette femme héroïque prit son enfant et lui tint ce langage dans l'idiome des Juifs :

S'étant donc penchée vers lui et raillant le tyran cruel, elle parla ainsi dans la langue de ses pères :

« Mon fils, aie pitié de moi, qui t'ai porté neuf mois dans mon sein, qui t'ai allaité trois ans, qui t'ai entretenu, nourri et élevé jusqu'à l'âge où tu es. Je t'en conjure, mon enfant, regarde le ciel et la terre, vois tout ce qu'ils contiennent, et sache que Dieu les a créés de rien, et que la race des hommes est arrivée ainsi à l'existence. Ne crains pas ce bourreau, mais sois digne de tes frères et accepte la mort, afin que je te retrouve, avec tes frères, au temps de la miséricorde »

Comme elle parlait encore, le jeune homme dit:

« Qu'attendez-vous ? Je n'obéis pas aux ordres du roi ; j'obéis aux prescriptions de la loi qui a été donnée par Moise à nos pères. Et toi, l'auteur de tous les maux déchaînés sur les Hébreux, tu n'éviteras pas le bras de Dieu. Car c'est à cause de nos péchés que nous souffrons ; et si, pour nous châtier et nous corriger, notre Seigneur, qui est vivant, nous a montré un moment sa colère, il se réconciliera avec ses serviteurs. Mais toi, ô impie et le plus scélérat de tous les hommes, ne t'enorgueillis pas follement, te livrant à de vaines espérances, quand tu lèves la main contre les serviteurs de Dieu ; car tu n'as pas encore échappé au jugement du Dieu tout-puissant qui surveille toutes choses. Nos frères, après avoir enduré une souffrance passagère, sont échus à l'alliance de Dieu pour une vie éternelle ; mais toi, par le jugement de Dieu, tu porteras le juste châtiment de ton orgueil. » (II-Machabées 7, 27-36)

Le roi, irrité de ce fier langage, fit périr l'enfant dans des tourments encore plus cruels. Enfin, après tous ses enfants, la mère fut mise à mort a son tour.

Jamais persécution plus atroce ne s'était abattue sur les Juifs. Eux-mêmes, l'avaient attirée par leurs avances aux princes syriens et par l'oubli de leurs traditions nationales et religieuses. Elle eut au moins cet heureux effet d'exciter dans l'âme de plusieurs de généreux sentiments d'attachement au Dieu de leurs pères, et de les pousser à tout sacrifier pour reconquérir enfin l'indépendance de leur pays.

148. JUDAS MACHABÉE

Un prêtre de Jérusalem, Mathatias, qui habitait à Modin, entre Joppé et la capitale, osa résister aux ordres d'Autiochus. Un jour qu'il vit un Juif sacrifier aux idoles, il se sentit saisi d'indignation et le tua ; puis, après avoir massacré les soldats syriens qui se trouvaient à Modin, il s'enfuit dans les montagnes avec ses fils et appela à la révolte tous les Juifs demeurés fidèles. Il disait : « Qui aime la loi, qui veut rester fidèle, me suive ! »

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Philippe, gouverneur de la Judée, les poursuivit ; un jour de sabhat, il en atteignit plusieurs qui n'osèrent se défendre, de peur de violer le repos prescrit par la loi et les fit périr. On jugea dès lors qu'il fallait résister aux ennemis, même le jour du sabbat. La troupe de Mathatias se multiplia rapidement. Mais, au bout de quelques mois, l'intrépide vieillard, se sentant arrivé à sa fin, désigna pour mener la lutte après lui, son troisième fils Judas, que sa bravoure fit surnommer « Machabée », c'est-à-dire « martel ». On était en 166.

A la tête d'environ six mille hommes, Judas défit successivement Apollonius, gouverneur de Samarie, et Séron, qui commandait l'armée de Cœlésyrie. Furieux de cette résistance, Antio-chus envoya de nouvelles troupes contre Judas. Celui-ci manœuvra si habilement contre Gorgias et Nicanor qui les commandaient, qu'il réussit a surprendre leur camp de nuit et à les mettre en déroute le lendemain, en leur faisant perdre plusieurs milliers d'hommes.

L'année suivante, Lysias, gouverneur de toute l'Asie occidentale, vint en personne à la tête de dix mille soldats. Judas lui fit encore essuyer une défaite, entre Hébron et Jérusalem, et lui tua la moitié de son effectif.

149. RÉTABLISSEMENT DU CULTE

Pendant que Lysias s'en retournait à Antioche pour lever de nouvelles troupes, le vaillant Machabée alla prendre possession de Jérusalem, dont une garnison syrienne continua cependant à occuper la citadelle. Il purifia le Temple, éleva un nouvel autel et, durant huit jours, fit célébrer de grandes solennités pour le rétablissement du culte.

Il reprit ensuite la lutte contre les peuples voisins qui faisaient cause commune avec les Syriens : les Ammonites, les gens de Galaad, les Arabes, les Iduméens, les Philistins, furent successivement vaincus, malgré le concours des généraux d'Antiochus. Celui-ci, qu'une expédi-tion malheureuse retenait en Perse, résolut de venir lui-même tirer vengeance de tant de désastres infligés à ses armées. Mais, atteint en route d'une affreuse maladie, il succomba en manifestant des regrets tardifs et intéressés de son odieuse conduite envers les Juifs. Son jeune fils, Antiochus Eupator, lui succéda, en 163.

Mais le Seigneur, Dieu d'Israël, qui voit toutes choses, le frappa d'une plaie incurable et horrible à voir : A peine eut-il proféré cette parole, qu'il fut saisi par une extrême douleur d'entrailles, avec de cruelles tortures à l'intérieur.

C'était justice, puisqu'il avait déchiré les entrailles des autres par des tourments nombreux et inouïs. Mais il ne rabattait rien de son arrogance ; toujours rempli d'orgueil, il exhalait contre les Juifs le feu de sa colère et ordonnait de hâter la marche, quand soudain il tomba du char qui roulait avec fracas, et sa chute fut si violente que tous les membres de son corps en turent meurtris. Lui qui tout à l'heure croyait commander aux flots de la mer, dans sa jactance surhumaine, lui qui s'imaginait peser dans la balance la hauteur des montagnes, ayant été précipité par terre, il était porté dans une litière, rendant manifeste aux yeux de tous la puissance de Dieu. Du corps de l'impie sortaient des essaims de vers ; lui vivant, ses chairs se détachaient par lambeaux avec d'atroces douleurs, et l'odeur de pourriture qui s'en exhalait incommodait toute l'armée ; et celui qui naguère semblait toucher aux astres du ciel, personne maintenant ne pouvait le porter, à cause de cette intolérable puanteur. Alors, profondément blessé, il commença à revenir de ce grand orgueil et à se connaître lui-même, sous le fouet divin qui redoublait à chaque moment ses douleurs ; et comme lui-même ne pouvait supporter son infection, il dit :

« Il est juste de se soumettre à Dieu et, simple mortel, ne pas s'égaler insolemment à la divinité. »

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Mais ce scélérat priait le Souverain Maître qui ne devait plus avoir pitié de lui, promettant de déclarer libre la ville sainte, vers laquelle il se hâtait pour l'égaler au sol et en faire le tombeau de ses habitants ; de rendre semblables aux Athéniens tous les Juifs, qu'il ne jugeait pas dignes de la sépulture, les destinant, eux et leurs enfants, à servir de pâture aux oiseaux de proie et aux bêtes féroces ; d'orner des plus belles offrandes le temple saint qu'il avait jadis dépouillé, de lui rendre et au delà tous ses ustensiles sacrés et de subvenir de ses propres revenus aux frais des sacrifices, et en outre de devenir lui-même Juif, et de parcourir tous les lieux habités en y proclamant la puissance de Dieu.

Mais ses souffrances ne se calmèrent pas, car le juste jugement de Dieu était venu sur lui ; c'est alors que, voyant son état désespéré, il écrivit aux Juifs la lettre ci-dessous transcrite, ayant la forme d'une supplication, et conçue en ces termes :

« Aux Juifs, ses excellents citoyens, le roi et général Antiochus : Salut, santé et bonheur parfaits ! Si vous vous portez bien, ainsi que vos enfants, si vos affaires vont selon vos désirs, j'en rends à Dieu les plus grandes gloires, mettant mon espoir dans le ciel. Pour moi, je suis étendu sur un lit, sans force, me rappelant avec amour les marques d'honneur et de bienveillance que j'ai reçues de vous.

« A mon retour des contrées de la Perse, étant tombé dans une maladie cruelle, j'ai jugé nécessaire de m'occuper du bien-être de tous. Ce n'est pas que je désespère de moi ; j'ai au contraire une grande confiance de guérir de cette maladie. Mais considérant que mon père, quand il porta ses armes dans les hautes provinces, désigna son futur successeur, afin que, en cas d'un malheur inattendu ou de bruits fâcheux, ceux du royaume, sachant à qui les affaires étaient remises, ne fussent pas troublés ; songeant en outre que les monarques limitrophes et des princes voisins de mes États épient les circonstances et attendent ce qui arrivera, j'ai désigné pour roi mon fils Antiochus que, plus d'une fois, lorsque j'ai parcouru mes provinces supérieures, j'ai confié à la plupart d'entre vous en vous le recommandant, et je lui ai écrit la lettre transcrite ci-dessous. Je vous demande donc et vous prie de vous souvenir de mes bienfaits, tant généraux que particuliers, et de conserver chacun la bienveillance que vous avez pour moi et pour mon fils. Car je suis persuadé que, plein de douceur et d'humanité, il réalisera mes intentions et se montrera condescendant à votre égard. »

Ainsi ce meurtrier, ce blasphémateur en proie à d'horribles souffrances, comme il en avait fait endurer aux autres, mourut sur la terre étrangère, dans les montagnes, d'une mort misérable. (II-Machabées 9, 5-28)

Le général syrien Lysias, qui s'était attribué l'autorité effective sous la minorité du prince, bien que la tutelle en eût été confiée par le roi défunt à son ami Philippe, vint en Palestine à la tête d'une nombreuse armée. Il allait camper devant Jérusalem, quand il apprit que Philippe venait de s'emparer d'Antioche. Il fit, aussitôt la paix avec les Juifs. L'indigne pontife, Ménélas, instigateur de toutes les hostilités, fut supplicié ; à sa place fut mis un certain Joiakim, qui prit le nom grec d'Alcime.

Celui-ci se hâta de s'entendre avec Démétrius Soter, fils de Séleucus Philopator, qui aspirait à prendre la place du jeune roi. Il lui promit le concours des Juifs, s'il voulait les débarrasser de Judas Machabée et de son parti. La lutte recommença donc. Nicanor, déjà vaincu cinq ans auparavant, reprit le commandement des troupes syriennes. Il ne fut pas plus heureux cette fois. Après plusieurs défaites partielles, il finit par être, honteusement battu et périt dans le combat.

C'est alors que Judas Machabée, pour mettre sa patrie à l'abri d'incessantes attaques, envoya des ambassadeurs à Rome afin de conclure une alliance avec la grande puissance occidentale.

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Pendant ce temps, Démétrius envoyait en Judée une nouvelle armée commandée par Bacchide. Judas n'hésita pas à engager la bataille contre des fortes très supérieures aux siennes. Il eut d'abord l'avantage ; mais bientôt, accablé par le nombre, il succomba glorieusement. Ses frères, Jonathas et Siméon, l'ensevelirent à Modin, en l'année 160.

150. JONATHAS

A la suite de cette bataille, Alcime et Bacchide restèrent maîtres du pays. Les patriotes cependant ne se désespérèrent pas ; ils mirent à leur tète Jonathas, que son frère Siméon aida vaillamment, comme il avait aidé Judas. Bientôt après, Alcime mourut sans qu'on lui donnât de successeur, et Bacchide se retira en laissant le pays en paix, sans doute par l'effet de l'alliance contractée par Judas avec les Romains. Un retour offensif de Bacchide fut sans succès et aboutit à sa retraite définitive. Cependant, le parti de Jonathas se fortifiait, grâce à la tranquillité qui continua à régner jusqu'en l'an 153. A cette époque, le roi Démétrius, menacé par un prétendant, Alexandre Bala, chercha à s'assurer l'appui de Jonathas en le faisant gouverneur de la Judée. De son côté, Alexandre Bala se montra plus généreux, et nomma Jonathas grand-prêtre. Ses offres présentaient plus de garanties que celles de Démétrius ; elles furent acceptées. Alexandre Bala, devenu roi par la défaite et la mort de son prédécesseur, sut gré à Jonathas de sa confiance.

En face des différents compétiteurs qui s'emparaient successivement de la couronne de Syrie, Jonathas suivit une politique habile, qui lui permit de garder son autorité sur la Judée. Il renouvela l'alliance avec les Romains ; mais ensuite appelé à Ptolémaïs par Tryphon, qui travaillait à s'emparer du trône, il y fut traîtreusement retenu prisonnier.

Siméon prit les armes pour la défense de son frère. Tryphon promit de lui rendre la liberté si on envoyait les deux fils de Jonathan comme otages. La condition remplie, le perfide ne tint pas sa parole, et après plusieurs tentatives impuissantes contre les troupes de Siméon, il mit à mort son prisonnier.

151. SIMÉON

Les Juifs, justement indignés de la fourberie de Tryphon, prirent parti pour son compétiteur, Démétrius II, qui reconnut le souverain pontificat de Siméon, lui abandonna toutes les forteresses de la Judée, exempta le pays d'impôts et lui rendit ainsi une indépendance à peu près complète. Siméon travailla dès lors à rétablir l'ordre et la sécurité. Une nouvelle ambassade envoyée à Rome confirma l'ancienne alliance, puis tout le peuple ratifia solennellement à Jérusalem l'autorité civile et religieuse conférée à Siméon.

Vers l'année 140, son administration fut de nouveau troublée par le roi de Syrie, Autiochus Sidétès. Les deux fils de Siméon, Juda et Jean tinrent victorieusement tête aux envahisseurs syriens. Malheureusement, à quelque temps de là, le glorieux vieillard fut attiré dans un guet-apens par Ptolémée, son propre gendre, qui convoitait sa succession, et odieusement assassiné près de Jéricho.

152. JEAN HYRCAN

A la suite de ce meurtre, Antiochus Sidétès, appelé par Ptolémée, tint assiéger Jérusalem. Jean Hyrcan opposa une résistance qui aboutit bientôt à une paix honorable avec le roi de Syrie, et consacra l'indépendance de la Judée. Il put même conquérir la Samarie, en 129, et en détruisit le temple schismatique. Il soumit ensuite les Iduméens. Grâce aux guerres intestines du royaume

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de Syrie et à la protection des Romains, il consolida son pouvoir et l'étendit sur la plus grande partie de la Samarie, de la Galilée et même au delà du Jourdain

Il était favorable à la secte des pharisiens que ses tendances et sa fidélité aux prescriptions de la loi mosaïque rendaient populaire parmi les Juifs. Mais, insulté un jour par un pharisien, il passa au parti des saducéens, beaucoup plus portés vers les coutumes étrangères, et persécuta ses anciens amis. Sa vertu personnelle lui permit cependant de garder paisiblement le pouvoir jusqu'à sa mort, qui arriva en l'année 105. Il avait gouverné heureusement le pays pendant trente ans.

153. LES DERNIERS PRINCES JUIFS

Aristobule ler, fils de Jean Hyrcan, succéda à son père dans sa double dignité de grand-prêtre et de prince de Judée. Il se souilla par le double meurtre de sa mère et de son frère Antigonus, dont il jalousait l'influence. Il mourut tristement la même année.

Son frère, Alexandre Jannée, garda le pouvoir pendant vingt-sept ans, de 106 à 79. Les pharisiens, qui le détestaient, s'agitèrent beaucoup de son temps. Huit cents d'entre eux furent mis en croix, leurs femmes et leurs enfants égorgés sous leurs yeux. Le sang des ennemis, de même que celui des Juifs, fut abondamment versé par ce prince cruel et sans pitié.

Sa, femme, Alexandra, lui succéda sur le trône, et son fils, Hyrcan II, fut investi du pon-tificat. Sous ce, règne, les pharisiens reprirent faveur et en profitèrent pour exercer de sanglantes représailles contre les saducéens.

A la mort d'Alexandra, en 69, les pharisiens attribuèrent le pouvoir civil à Hyrcan II. Le

frère de celui-ci, Aristobule II, le réclama pour lui-même et fit prévaloir ses prétentions à main armée. Circonvenu par l'iduméen Antipater, fils du préfet de l'Idumée, Hyrcan se réfugia chez les Arabes, qui embrassèrent sa cause, battirent l'armée d'Aristobule et vinrent assiéger ce dernier jusque dans le Temple de Jérusalem.

Les deux frères eurent alors l'idée malheureuse d'en appeler aux Romains, ce qui, après bien des luttes et des négociations infructueuses, donna à Pompée, en l’année 63, l'occasion de s'emparer de Jérusalem et de faire passer toute la Palestine sous la domination romaine.

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RESUME

Passée sous la domination de l'Egypte, après la mort d'Alexandre, la Judée, cependant, vivait pratiquement sous l'autorité de ses grands-prêtres.

En 217, Antiochus II roi de Syrie tenta de s'emparer de la Palestine ; il fut vaincu par les Egyptiens ; mais en 198 il renouvela son entreprise et réussit.

Par l'intervention des Romains la Palestine fut rétrocédée à l'Egypte. Séleucus IV Philopator la reprit et, sous son successeur Antiochus IV Epiphane la persécution commence, amenant la résistance des Machabées sous la conduite successive de Mathatias, de Juda, de Jonathas, et de Siméon, avec des alternatives de succès et de revers.

Jean Hyrcan, par sa résistance, obtint une paix honorable du roi de Syrie et consacra l’indépendance de la Judée.

Après sa mort, des rivalités entre les pharisiens et les saducéens finirent par amener l'intervention de Rome. En 63, Pompée s'empara de la Palestine qui passa sous la domination romaine.

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CHAPITRE XX - Etat social et religieux des Juifs

154. LES SECTES JUIVES

Au retour de la captivité, les Israélites s'étaient trouvés mêlés en Palestine à des populations à peu près étrangères aux coutumes mosaïques. L'influence d'Esdras et de Néhémie détermina cependant parmi eux un grand mouvement en faveur de l’obéissance stricte à la loi de Moïse. Les Juifs qui se distinguèrent par leur fidélité et leur zèle religieux furent connus sous le nom d'Assidéens, hasidim, les « pieux ». Par la suite, leur conduite trancha de plus en plus avec celle de leurs compatriotes qui se laissaient gagner à la manière de vivre des Grecs.

Sous les derniers princes de la descendance de Judas Machabée, les deux partis qui se divi-saient la classe instruite de la nation formèrent deux sectes distinctes, celle des pharisiens et celle des saducéens, radicalement opposées par leurs croyances religieuses et leurs tendances politiques.

155. LES PHARISIENS

L'éloignement qu'ils professaient pour les gentils, c'est-à-dire pour tous ceux qui demeuraient étrangers à leur nationalité et à leur culte, fit donner aux Assidéens le nom de peruschim, pharisiens, « séparés »

Non contents d'admettre et de pratiquer dans toute sa rigueur la loi de Moïse, ils y ajou-taient une foule de traditions reçues des ancêtres par enseignement oral et de pratiques qui aggra-vaient singulièrement les obligations formulées dans les Livres saints. Ces traditions et ces pratiques constituaient ce que les pharisiens appelaient la « haie autour de la loi. » La secte se recrutait surtout parmi les lettrés et les prêtres de second rang. Beaucoup de pharisiens étaient réellement pieux et sincères. Chez d'autres, la religion dégénérait en pur formalisme et des pratiques extérieures, méticuleuses et parfois ridicules, remplaçaient les actes d'une vertu sérieuse. En politique, les pharisiens étaient jaloux de l'indépendance nationale, radicalement hostiles à toute ingérence étrangère et aspirant à la venue d'un Messie qui mettrait Israël à la tête des nations.

156. LES ESSÉNIENS

C'étaient des zélateurs de la loi, qui trouvaient que les pharisiens ne la pratiquaient pas encore avec assez de rigueur. Ils vivaient ensemble, complètement séparés du monde, au point de s'abstenir du mariage et de la fréquentation du Temple, même pour y offrir des sacrifices. Ils multipliaient les ablutions, exagéraient les pratiques de pureté extérieure et observaient le repos du sabbat avec un scrupule extraordinaire. La nature même de leur genre de vie fit qu'ils n'exercèrent pas grande influence.

157. LES SADUCÉENS

Ces sectaires tiraient leur nom d'un certain Saddoc auquel ils disaient remonter. Ennemis de toute tradition, ils prétendaient s'en tenir aux écrits de Moïse et des prophètes, niaient l'immortalité de l'âme, n’admettaient l'existence d'aucun esprit en dehors de Dieu et, en

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conséquence, ne comptaient sur aucun autre bonheur que celui de la vie présente et vivaient pratiquement en matérialistes. Ils se recrutaient surtout dans l’aristocratie. Ils visaient naturellement à occuper les situations les plus honorifiques et les plus lucratives. Leur influence s'accusa de plus en plus à partir de Jean Hyrcan. Ils finirent même par accaparer le souverain pontificat et les principales dignités du Temple, de sorte que le culte de Dieu en vint à être présidé par des hommes qui n'avaient guère plus de sentiment religieux que des gentils. Favorables aux pouvoirs établis qui les maintenaient dans leur situation, ils voyaient de mauvais œil les revendications nationales et n'attendaient aucun Messie qui provoquât un autre état de choses. Une antipathie irréductible régnait entre eux et les pharisiens ; elle dégénéra même souvent en violentes hostilités.

158. LE SANHÉDRIN

Le sanhédrin était un conseil de soixante-dix membres, qui fut institué après le retour de la captivité, pour exercer sur la nation l'autorité judiciaire et religieuse. On constate son existence sous la domination des rois syriens et il se perpétua jusqu'aux derniers temps de Jérusalem. Les membres de ce conseil se recrutaient eux-mêmes dans la partie aristocratique de la nation ; quelquefois ils étaient nommés par le prince qui gouvernait le pays. Ils gardaient à vie leur charge. Le sanhédrin se composait de trois sortes de membres : les chefs des prêtres, et parmi eux le grand-prêtre en fonction et même les anciens grands-prêtres, quand le souverain pontificat cessa d'étre à vie ; les scribes ou docteurs de la loi et enfin ceux qui n'étaient ni prêtres ni scribes, et qu'on appelait les anciens. La présidence, ordinairement dévolue au grand-prêtre, ne lui appartenait pas nécessairement. Le sanhédrin étendait plus ou moins sa compétence, selon les bornes que lui imposait l'autorité civile. Il jugeait en dernier ressort de toutes les infractions à la loi de Moïse et prononçait des sentences qui comportèrent souvent la peine de mort, sauf ratification du pouvoir civil.

159. PERSÉCUTEURS ET PERSÉCUTÉS

C’est pendant cette période machabéenne que parut en Egypte le dernier des livres inspirés de l’Ancien Testament. On y trouve l’écho des dures épreuves qu’eurent à subir les Juifs de Palestine, mais aussi l’expression de la foi en la vie future qui les animait.

Ils se sont dit, raisonnant de travers :

« Il est court et triste le temps de notre vie, et, quand vient la fin d'un homme, il n'y a point de remède ; on ne connaît personne qui délivre du séjour des morts. » (Sag 2, 1)

« Venez donc, jouissons des biens présents ; usons des créatures avec l'ardeur de la jeunesse, enivrons-nous de vin précieux et de parfums, et ne laissons point passer la fleur du printemps. Couronnons-nous de boutons de roses avant qu'ils ne se flétrissent. Qu'aucun de nous ne manque à nos orgies, laissons partout des traces de nos réjouissances ; car c'est là notre part, c'est là notre destinée.

« Opprimons le juste qui est pauvre ; n'épargnons pas la veuve, et n'ayons nul égard pour les cheveux blancs du vieillard chargé d'années. Que notre force soit la loi de la justice ; ce qui est faible est jugé bon à rien.

« Traquons donc le juste, puisqu'il nous incommode qu'il est contraire à notre manière d'agir, qu'il nous reproche de violer la loi, et nous accuse de démentir notre éducation. Il prétend posséder la connaissance de Dieu, et se nomme fils du Seigneur. Il est pour nous la condamnation de nos pensées, sa vue seule nous est insupportable ; car sa vie ne ressemble pas à celle des autres, et ses voies sont étranges. Dans sa pensée, nous sommes d'impures scories, il évite notre manière de vivre comme une souillure ; il proclame heureux le sort des justes, et se vante

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d'avoir Dieu pour père. Voyons donc si ce qu'il dit est vrai, et examinons ce qu'il lui arrivera au sortir de cette vie. Car si le juste est fils de Dieu, Dieu prendra sa défense, et le délivrera de la main de ses adversaires. Soumettons-le aux outrages et aux tourments, afin de connaître sa résignation, et de juger sa patience. Condamnons-le à une mort honteuse, car, selon qu'il le dit, Dieu aura souci de lui. »

Telles sont leurs pensées, mais ils se trompent, leur malice les a aveuglés. Ignorant les desseins secrets de Dieu, ils n'espèrent pas de rémunération pour la sainteté, et ils ne croient pas à la récompense des âmes pures. Car Dieu a créé l'homme pour l'immortalité, et il l'a fait à l'image de sa propre nature. C'est par l'envie du diable que la mort est venue dans le monde, ils en feront l'expérience, ceux qui lui appartiennent.

Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et le tourment ne les atteindra pas. Aux yeux des insensés, ils paraissent être morts, et leur sortie de ce monde semble un malheur, et leur départ du milieu de nous un anéantissement ; mais ils sont dans la paix. Alors même que, devant les hommes, ils ont subi des châtiments, leur espérance est pleine d'immortalité. Après une légère peine, ils recevront une grande récompense ; car Dieu les a éprouvés, et les a trouvés dignes de lui. Il les a essayés comme l'or dans la fournaise, et les a agréés comme un parfait holocauste. Au temps de leur récompense, ils brilleront ; comme des étincelles, ils courront à travers le chaume. Ils jugeront les nations et domineront sur les peuples, et le Seigneur régnera sur eux à jamais. Eux qui ont mis en lui leur confiance, ils comprendront la vérité, ses fidèles habiteront avec lui dans l'amour ; car la grâce et la miséricorde sont pour ses élus. Mais les impies auront le châtiment mérité par leurs pensées perverses, eux qui ont méprisé le juste, et se sont éloignés du Seigneur. Car qui rejette la sagesse et la correction est voué au malheur ; leur espérance est vaine, leurs efforts sont infructueux, et leurs œuvres sans profit. Leurs femmes sont insensées, leurs enfants pleins de malice, et leur postérité est maudite. C'est pourquoi heureuse la femme stérile et sans tache, dont la couche ne connaît pas la souillure ! Elle aura son fruit à la visite des âmes. Heureux encore l'eunuque qui de sa main n'a pas fait l'iniquité et qui n'a pas conçu de pensées criminelles contre le Seigneur ! Il recevra une récompense de choix pour sa fidélité, et il aura dans le temple du Seigneur le sort le plus désirable. Car du travail des bonnes œuvres le fruit est glorieux, et la racine de la prudence ne périt pas. Mais les enfants des adultères n'atteindront pas leur fin, et la race sortie d'une couche criminelle disparaîtra. Si leur vie est longue, ils seront comptés pour rien, et leur vieillesse à la fin sera sans honneur. S'ils meurent promptement, ils n'auront pas d'espérance, ni de consolation au jour du jugement. Car la race injuste a toujours une fin funeste.

Mieux vaut la stérilité avec la vertu ; sa mémoire est immortelle, car elle est connue de Dieu et des hommes. Quand on l'a sous les yeux, on l'imite ; quand elle n'est plus là, on la regrette ; couronnée dans l'éternité, elle triomphe, ayant remporté la victoire dans des combats sans souillure. Mais la nombreuse postérité des impies est sans utilité ; issue de rejetons bâtards, elle ne jettera pas de racines profondes, et ne s'établira pas sur un fondement assuré. Alors même qu'ils se couvriraient pour un temps de verts rameaux, fixés au sol sans solidité, ils seront ébranlés par le vent, et déracinés par la violence de l'ouragan. Leurs rameaux seront brisés encore tendres, leurs fruits sont inutiles, trop verts, pour être mangés, et impropres à tout usage. Car les enfants nés de sommeils impurs sont témoins du crime contre leurs parents quand on les interroge. Mais le juste, lors même qu'il meurt avant l'âge, trouve le repos. Une vieillesse honorable n'est pas celle que donne une longue vie ; ni celle qui se mesure au nombre des années. Mais la prudence tient lieu pour l'homme de cheveux blancs, et l'âge de la vieillesse, c'est une vie sans tache. Etant agréable à Dieu, il était aimé de lui, et, comme il vivait parmi les pécheurs, il a été transféré. Il a été enlevé de peur que la malice n'altérât son intelligence, ou que la ruse ne pervertît son âme. Car l'enchantement du vice obscurcit le bien et le vertige de la passion pervertit un esprit sans malice. Arrivé en peu de temps à la perfection, il a fourni une longue carrière. Car son âme était agréable au Seigneur ; c'est pourquoi le Seigneur s'est hâté de le retirer du milieu de l'iniquité. Les peuples le voient sans y rien comprendre, ne se mettant pas ceci dans l'esprit que la grâce de Dieu et sa miséricorde sont avec ses élus, et qu'il a souci de ses saints. Mais le juste qui meurt condamne les impies qui survivent, et la jeunesse arrivée si vite à la perfection condamne la longue vieillesse de l'homme injuste. Ils verront la fin du sage, mais sans comprendre les desseins de Dieu sur lui, ni pourquoi le Seigneur l'a mis en sûreté. Ils verront et se moqueront, mais le Seigneur se rira d'eux ; et après cela ils seront un cadavre sans honneur, ils seront parmi les morts dans l'opprobre pour toujours. Le Seigneur les brisera, et, réduits au silence, les précipitera ; il les ébranlera de leurs fondements, et ils seront détruits jusqu'au dernier ; ils seront

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dans la douleur, et leur mémoire périra. Ils viendront pleins d'effroi à la pensée de leurs péchés, et leurs crimes, se dressant devant eux, les accuseront.

Alors le juste sera debout en grande assurance, en face de ceux qui l'ont persécuté, et qui méprisaient ses labeurs. A cette vue, ils seront agités d'une horrible épouvante, ils seront dans la stupeur devant la révélation du salut. Ils se diront, pleins de regret, et gémissant dans le serrement de leur cœur :

« Voilà donc celui qui était autrefois l'objet de nos moqueries, et le but de nos outrages ! Insensés, nous regardions sa vie comme une folie et sa fin comme un opprobre. Comment est-il compté parmi les enfants de Dieu, et sa part est-elle parmi les saints ? Nous avons donc erré, loin du chemin de la vérité ; la lumière de la justice n'a pas brillé sur nous, et sur nous ne s'est pas levé le soleil. Nous nous sommes rassasiés dans la voie de l'iniquité et de la perdition, nous avons marché dans des déserts sans chemin, et nous n'avons pas connu la voie du Seigneur. A quoi nous a servi l'orgueil, et que nous a rapporté la richesse avec la jactance ? Toutes ces choses ont passé comme l'ombre, comme une rumeur qui s'enfuit ; comme le navire qui fend l'onde agitée, sans qu'on puisse découvrir la trace de son passage, ou comme l'oiseau traversant les airs, sans qu'on relève aucun vestige de sa route ; mais il bat à coups de plumes l'air léger, d'un puissant élan il le déchire, s'y fait un chemin en agitant ses ailes ; puis, on n'y voit aucun indice de son passage ; ou comme, lorsque la flèche a été lancée vers son but, l'air qu'elle a fendu revient aussitôt sur lui-même, et l'on ne sait plus par où elle a passé : Ainsi nous-mêmes, nous sommes nés et nous avons cessé d'être, et nous n'avons à montrer aucune trace de vertu ; et dans notre iniquité, nous avons été retranchés. »

En effet, l'espoir de l'impie est comme le duvet que le vent emporte, comme le givre léger que disperse l'ouragan, comme la fumée qu'un souffle dissipe, comme le souvenir de l'hôte d'un jour qui s'évanouit. Mais les justes vivent éternellement ; leur récompense est auprès du Seigneur, et le Tout-Puissant a souci d'eux. C'est pourquoi ils recevront de la main du Seigneur le magnifique royaume et le splendide diadème ; car il les protégera de sa droite, de son bras, il les couvrira comme d'un bouclier. Il saisira son zèle comme armure, et il armera la création pour se venger de ses ennemis. Il revêtira comme cuirasse la justice, et prendra pour casque un jugement sincère. Il prendra la sainteté comme un bouclier inexpugnable. De son inexorable colère il fera un glaive aigu, et l'univers combattra avec lui contre les insensés. Les traits de la foudre bien dirigés partiront, et, du sein des nuages, comme d'un arc bien tendu, voleront au but marqué. Sa colère, comme une baliste, lancera une masse de grêle ; l'eau de la mer se soulèvera contre eux, et les fleuves se précipiteront avec furie. Le souffle de la puissance divine s'élèvera contre eux, et les dispersera comme un tourbillon : et ainsi l'iniquité fera de toute la terre un désert, et la malice renversera les trônes des puissants. (Sag 2, 6 - 5,23)

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CHAPITRE XXI - La domination romaine

160. LE ROI HÉRODE

Après, avoir conquis la Judée, Pompée en laissa le gouvernement à Hyrcan II, prince faible, qui se laissa dominer par Antipater. Celui-ci rêvait de substituer sa famille à celle des princes juifs. Il réussit à se faire nommer procurateur auprès d'Hyrcan par Pompée, puis par César, et se servit de ce titre pour étendre son influence.

A sa mort, son fils, Hérode travailla à atteindre le but. Né d'un père iduméen et d'une mère arabe, il se prétendait Juif, parce que Jean Hyrcan avait soumis l'Idumée à la loi mosaïque ; mais, en Judée, on, le regardait comme un étranger.

Antigone, fils d'Aristobule II et neveu d'Hyrcan II, lui barra quelque temps le chemin en s'établissant à Jérusalem à l'aide des Parthes. Hérode partit pour Rome, obtint du sénat le titre de roi de Judée, revint assiéger Jérusalem, s'en empara avec le concours des Romains et mit à mort Antigone. Il avait épousé Mariamne, petite-fille d'Hyrcan II, que les Parthes avaient mutilé et qui vivait à Babylone. Il fit revenir le vieux pontife et le tint séquestré à Jérusalem, puis il mit à mort tous ceux qui, parmi les Juifs étaient en situation de lui porter ombrage.

A grands frais, il bâtit des théâtres, dont un à Jérusalem, des gymnases grecs, un hippodrome, un port à Césarée, dont il voulut faire la rivale de la capitale. Il institua des jeux et des fêtes païennes, s'appliquant à introduire des mœurs étrangères, tout en respectant extérieurement la religion des Juifs.

Pour se concilier la sympathie de ses sujets, il s'engagea à surélever et à embellir l'étroit Temple bâti par Zorobabel. On se défiait de lui. On ne lui permit donc de toucher à l'ancienne construction que quand les nouveaux matériaux seraient sur place. Au bout de dix-huit mois, en l'an 19, le sanctuaire proprement dit fut achevé et consacré ; huit ans après, les portiques exté-rieurs étaient terminés, mais l'ornementation de l'ensemble se poursuivit jusqu'en l'année 64 après Jésus-Christ. Sur la porte principale, il plaça une aigle d'or, symbole de la domination romaine, odieuse aux Juifs.

Les instincts jaloux et sanguinaires du prince parurent croître à mesure qu'il avançait en âge. Le massacre des enfants de Bethléem fut l'un de ses moindres forfaits.

Il mourut dans d'horribles souffrances, cinq jours après avoir fait périr son fils aîné, Anti-pater, sur la fin de mars de l'an 750 de Rome, an 4 avant la date assignée au commencement de l'ère chrétienne.

161. ARCHÉLAÜS

Par son testament, Hérode laissait la Judée à Archélaüs, fils qu'il avait eu d'une Samaritaine, la Galilée et la Pérée à Antipas, et les régions du nord-est à Philippe. L'avènement d'Archélaüs fut le signal de révoltes de la part des Juifs mécontents, et de massacres destinés à les mettre à la raison. Le légat de Syrie, Varus, dut même assiéger Jérusalem et mit en croix 2.000 juifs. Une ambassade fut envoyée à Rome pour réclamer la destitution du prince. L'empereur

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Auguste se contenta d'amoindrir son titre de roi en celui d'ethnarque. Mais le gouvernement d'Archélaüs fut tel, qu'en l'an 6 après Jésus-Christ, l'autorité romaine le destitua et l'exila à Vienne, dans les Gaules.

162. LES PROCURATEURS ROMAINS

La Judée, la Samarie et l'Idumée furent désormais gouvernées directement par un procurateur romain, magistrat qui avait le droit de vie et de mort et administrait au nom de l'empereur, mais sous une certaine dépendance du légat de la province voisine de Syrie. Cyrinus, légat de cette province, installa le premier procurateur, Coponius ; non sans île violents murmures de la part des pharisiens et la révolte de certains patriotes.

Le cinquième procurateur fut Ponce-Pilate qui gouverna de 26 à 36. A plusieurs reprises, il exaspéra les Juifs en se permettant des actes qui froissaient gravement le sentiment religieux de la nation. Les brutalités et les massacres ne lui coûtaient pas. S'il faisait trembler les Juifs il trembla lui-même devant eux pendant la Passion, et, pour qu'ils ne lui fissent pas perdre sa place, il leur sacrifia le Sauveur. Il n'en fut pas moins destitué quelques années après, à la suite d'un massacre de Samaritains. Lui aussi fut exilé dans les Gaules, à Vienne, où il mourut.

163. HÉRODE AGRIPPA

En l'année 37, l'empereur Caligula donna le domaine de Philippe, avec le titre de roi, à Agrippa, petit-fils d'Hérode, qui avait été à Rome son compagnon de plaisir. L'empereur Claude ajouta à ce domaine la Judée et la Samarie. Ainsi se trouva interrompue la série des procurateurs.

Hérode Agrippa défendit partout ses compatriotes, ce qui lui mérita la sympathie des pharisiens. C'est pour plaire aux Juifs qu'il persécuta l'Eglise, fit mourir saint Jacques le Majeur et emprisonner saint Pierre. Il mourut, en 44, d'une terrible maladie qui le frappa en plein théâtre, au moment où il recevait les adulations de ses sujets.

Le fils d’Agrippa étant beaucoup trop jeune pour gouverner, Claude rétablit les procurateurs. Le second qui gouverna après Agrippa, Tibère Alexandre, était un Juif apostat, qui prit à tâche de mécontenter ses compatriotes.

Son successeur, Cumanus, les exaspéra par ses violences. A une fête de la Pâque, plusieurs milliers de Juifs périrent dans le Temple par suite d'une panique. Le brigandage commença a sévir dans le pays. La situation ne fit que s'accentuer sous le procurateur Félix. Des imposteurs et des bandes de brigands se mirent à prêcher partout la révolte contre les Romains. Félix aggrava le mal par ses violences et sa cupidité.

Les Pharisiens, justement jaloux de l'indépendance de leur patrie, s'excitaient de plus en plus contre la domination étrangère, leurs sentiments étaient partagés par tout le peuple. Ceux au contraire qui avaient honneur ou profit à l'occupation romaine s'accommodaient de J'état de choses. De ce nombre étaient les grands-prêtres et les dignitaires du Temple, qui presque tous saducéens, matérialistes, cupides, impitoyables pour leurs compatriotes de condition inférieure, prêtres ou simples Juifs, adulaient le pouvoir et renonçaient volontiers à leur indépendance.

164. L'INSURRECTION DE JUDÉE

Elle commença à l'occasion de vexations que Florus exerça contre les Juifs de Césarée et de Jérusalem, en l'année 65. En réponse à leurs réclamations, le procurateur en fit massacrer des

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milliers, puis tenta, de s'emparer d'un quartier de Jérusalem et du Temple, à l'aide des troupes dont il disposait.

Les habitants repoussèrent l'agression ; les patriotes s'établirent dans le Temple et coupèrent la communication de l'édifice avec la forteresse Antonia, siège de la garnison romaine. Ils s'attribuèrent bientôt le nom de zélotes ou zélateurs, disposés à la lutte pour l'indépendance et suivis par la masse du peuple. Les modérés se retirèrent dans la partie haute de la ville, Dès lors la discorde civile régna dans la malheureuse cité.

Les zélateurs, aidés de brigands accourus de toutes parts, assiégèrent les tours occupées par des soldats romains. Ceux-ci se rendirent, mais après leur avoir promis la vie sauve, les zéla-teurs les massacrèrent traîtreusement. Le même jour, les Grecs et les Syriens de Césarée, excités par Florus, tirent périr vingt mille Juifs. Ce fut le signal d'une explosion de haine dans toutes les villes où les Juifs résidaient ; il en périt ainsi dix mille à Damas, treize mille à Scythopolis, plus de cinquante mille à Alexandrie.

A la nouvelle de l'attentat commis à Jérusalem contre les soldats romains, le légat de Syrie, Cestius Gallus, entra en Palestine avec un effectif de vingt-cinq à trente mille hommes. Chemin faisant, il fit mettre à mort des milliers de rebelles. Arrivé sur le plateau de Gabaon, à dix kilomètres de Jérusalem, il fut assailli par les Juifs, qui interrompirent pour cela la tête des Tabernacles. Il les refoula, grâce à leurs divisions, arriva à la capitale et s'empara du nouveau quartier de Bézétha.

Là, il hésita. Les séditieux se ressaisirent, et Cestius, au lieu de donner un assaut dont le succès n'était pas douteux, battit eu retraite. Les Juifs le poursuivirent à travers le pays montagneux et lui firent perdre six mille hommes, C'était en octobre 66.

Les aigles romaines avec leurs insignes idolâtriques, « abomination de la désolation, » avaient paru sous les murs de lit ville. C'était le signe indiqué par le Sauveur qui avait dit : « Quand vous verrez Jérusalem entourée par une armée, sachez que sa ruine est prochaine, qu'en ce moment ceux qui sont en Judée s'enfuient dans les montagnes. »

Les chrétiens quittèrent aussitôt la ville et la Judée, pour se retirer au delà du Jourdain. On comprenait que les Romains ne tarderaient pas à tirer vengeance de l'échec qu'ils venaient de subir.

Le général Vespasien fut en effet envoyé par Néron pour réduire les insurgés. A la tête d'environ cinquante mille hommes et de machines de guerre, il employa l'année 67, de mars à octobre, à prendre les places fortes de Galilée et à noyer l'insurrection dans le sang. En janvier 68, il marcha vers Jérusalem. Mais la mort de Néron, la succession rapide des empereurs Galba, Othon et Vitellius, enfin sa propre élection à l'empire, le tinrent dans l’inaction jusqu'au commencement de l'an 70.

165. SIÈGE ET PRISE DE JÉRUSALEM

Pendant tout ce temps, la capitale était à la merci de factions ennemies et sanguinaires. Le 13 avril 70, le fils de Vespasien, Titus, campait avec soixante-dix mille hommes devant la ville, alors encombrée de pèlerins, à l'occasion des fêtes de la Pâque.

Le siège commença aussitôt. Le 23 avril, les Romains étaient maîtres du quartier de Bézétha, et, le 3 mai, d'Acra ou la ville basse. La partie la plus forte de la place restait à prendre.

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La famine sévissait de plus en plus dans la ville ; beaucoup cherchaient à fuir et tombaient aux mains des Romains qui les crucifiaient, ou des auxiliaires syriens, qui les éventraient.

Malgré les luttes sanglantes qui se poursuivaient à l'intérieur, les assiégés se défendaient admirablement, au point de déconcerter les Romains par l'habileté de leurs stratagèmes et la hardiesse de leurs sorties. Il fallut creuser autour de la place une ligne de circonvallation. Elle fut terminée le 3 juin. Le 30 seulement, la citadelle Antonia fut prise et le siège du Temple commença. Le sacrifice perpétuel dut cesser le 13 juillet.

Maîtres de la première enceinte, les Romains avancèrent peu à peu vers le sanctuaire, que Titus tenait à conserver. Le 5 août, pendant que l’on refoulait une sortie des défenseurs, un soldat jeta un tison embrasé dans une des pièces qui entouraient le sanctuaire. Aussitôt le feu prit avec une irrésistible activité, les soldats furieux firent un carnage effroyable, et les Juifs moururent avec des clameurs de rage et de désespoir.

Il fallu encore quelques semaines d'efforts pour prendre Sion, la ville haute, et plusieurs mois de combats pour réduire tous les insurgés du pays.

La défense avait été héroïque. Mais les calamités effroyables que les Juifs eurent à endurer pendant cette guerre, par suite de la faim, de la peste, des luttes fratricides, des combats avec les Romains et de la répression implacable qui suivit la victoire de ces derniers, ne répondirent que trop fidèlement au vœu sacrilège qui avait salué la condamnation du Christ : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants! »

166. DISPERSION DES JUIFS

A la suite de la ruine de leur capitale, des milliers de Juifs survivants furent vendus comme esclaves. Ceux qui se trouvaient déjà établis dans les pays étrangers y demeurèrent. Mais désormais, si quelques-uns persistaient à végéter en Palestine, taudis que les autres se dispersaient à travers les nations, ils étaient condamnés à n'avoir plus ni Temple, ni sacrifice, ni capitale, ni même de patrie qui leur fût propre. Leur histoire nationale prend fin avec la ruine de leur Temple.

Isolée et comme perdue au milieu des divers peuples de l'univers, leur race se perpétue avec une ténacité qui est sans exemple dans le cours des âges, ne se mêlant à peu près pas aux autres races, gardant ses caractères distinctifs, se pliant pourtant avec une souplesse remarquable, aux habitudes de tous les pays, accusant ainsi le dessein de la Providence, qui semble vouloir conserver les Juifs à travers les siècles comme les irrécusables témoins de la religion qui a prophétisé et préparé la venue du Messie.

Dieu leur avait promis jadis de récompenser leur fidélité par les prospérités temporelles. La séduction des biens d'ici-bas n'a jamais cessé d'exercer sur eux son empire. Avec un incontes-table savoir-faire, que l'expérience n'a fait que développer, ils ont su procurer l'accomplissement de l'antique promesse par des moyens qui, trop souvent, ont suscité contre eux les plus vives antipathies des populations au sein desquelles ils vivent.

Il n'en est pas moins vrai que cette habileté, quand elle ne sort pas des limites légitimes, et les succès qu'elle obtient, sont destinés à assurer la survivance de ce peuple. C'est ainsi que peut se perpétuer la mission que la Providence lui a donnée à remplir dans le monde : rappeler l'ancienne religion révélée à Moïse, garder les Livres saints de ]'Ancien Testament qui renferment les promesses du Seigneur à son peuple et les prophéties du Messie, enfin porter à travers toutes

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les nations et tous les siècles les stigmates d'un peuple déicide, qui a méconnu le Sauveur du monde et l'a mis à mort.

RESUME

Pompée avait laissé le gouvernement de la Judée à Hyrcan II. Hérode, fils d'Antipater, finit par obtenir du sénat la titre de roi de Judée, malgré la résistance d’Antigone, neveu d'Hyrcan II. Il fit surélever et embellir le Temple étroit bâti par Zorobabel. Il fut l'auteur du massacre des Saints Innocents.

Son fils Archélaüs lui succéda en Judée et fut en l'an 6 après Jésus-Christ, destitué par Rome. Dès lors la Judée, la Samarie et l'Idumée furent gouvernées par les procurateurs romains, dont le cinquième fut Ponce-Pilate, qui fit flageller et crucifier le Sauveur.

Hérode Agrippa, mis en possession de la Judée et de la Samarie par l'empereur Claude, persécuta l'Eglise naissante, fit périr saint Jacques le Majeur et emprisonna saint Pierre.

A la mort d'Hérode, les procurateurs furent rétablis. Sous Florus, l'un de ces procurateurs, en 65, il y eut, en Judée, une insurrection qui amena d'abord le massacre de plus de cent mille Juifs à Jérusalem, Damas, Scythopolis et Alexandrie, et ensuite l'intervention des Romains.

Vespasien, à la tête d'une nombreuse armée, vint occuper les places fortes de la Galilée et assiéger Jérusalem.

Nommé empereur, il fut remplacé par son fils Titus qui, en 70, s'empara de la ville. L'histoire nationale des Juifs était finie.

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CHAPITRE XXII - Vue d'ensemble

167. LES ORIGINES

Le plan divin ressort d'une manière très nette de toute la suite de l'Histoire sainte.

LES ORIGINES. - La Bible affirme tout d'abord l'existence du Dieu unique, créateur de tout l'univers, infiniment supérieur à tous les êtres auxquels il a donné l'existence, et imposé des lois qu'on appelle les lois de la nature. Dans beaucoup de cas, l'homme règle à son gré l'application de ces lois ; à plus forte raison, Dieu peut-il le faire quand i1 le juge utile à ses fins. Cette intervention de Dieu pour modifier l'action ordinaire des lois dont il est l'auteur s'appelle miracle.

Quand la terre, après une suite de siècles qu'il est impossible de calculer, eut été rendue habitable pour une créature à la fois corporelle et spirituelle, Dieu fit le premier homme et la première femme, de qui devait sortir tout le genre humain. Il leur donna un corps, par lequel ils ressemblaient aux animaux qui déjà peuplaient la terre, et une âme par laquelle ils lui ressemblaient à Lui-même.

Non content d'orner leur âme des dons d'intelligence, de volonté et de liberté, dons que réclame une nature spirituelle unie à un corps, il en ajouta d'autres qui procédaient de sa seule munificence. Ces nouveaux dons élevaient l'homme à un état que l’on appelle surnaturel, qui le faisait entrer dans une intimité toute filiale avec Dieu et n'étaient que le prélude d'un bonheur définitif et parfait, réservé pour une autre vie.

Mais Dieu, dans sa sagesse, ne voulut pas que ce bonheur futur fût pour l'homme un pur don. Il jugea qu'il serait plus glorieux pour sa créature de le mériter, au moins en partie, par un effort personnel. Il soumit donc le premier homme et la première femme à une épreuve. Ceux-ci, à l'instigation d'un être mauvais, mais de nature supérieure à la leur, succombèrent à une pensée d'orgueil et ne surent pas se tirer à leur honneur de l'épreuve qui leur avait été imposée. La conséquence fut, pour eux et pour leur race, la suppression des dons surnaturels qu'ils tenaient de la munificence divine. Leur constitution naturelle en subit elle-même le contre-coup ; sans être atteinte dans ses facultés essentielles, elle en conserva une plus grande inclination au mal moral et une moindre force de résistance à la souffrance.

Loin d'abandonner l'homme après sa faute, Dieu, tout en le punissant, lui fit entendre que la victoire du mal contre lui ne serait pas définitive.

168. LA SÉLECTION PROVIDENTIELLE

Abel, fidèle à Dieu, ayant été mis à mort par son frère Caïn, la promesse faite à Adam fut Confiée au troisième fils, Seth, et à sa race. Cette race, entourée d'une spéciale protection divine, devait éviter le contact avec les autres races humaines, qui s'éloignaient de plus en plus de la connaissance du vrai Dieu et s'enfonçaient dans la corruption morale. La race de Seth finit pourtant par se laisser entamer : elle contracta avec les autres races des unions de plus en plus nombreuses, qui eurent pour effet de mettre en danger le trésor des traditions religieuses dont elle était dépositaire.

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Le déluge fit disparaître une humanité dévoyée, Dieu ne conserva que Noé et sa famille ; il les chargea de garder dans leur intégrité et de transmettre les traditions religieuses et la promesse d'une rédemption. La descendance de Noé se dissémina avec le temps. Chacun des peuples issus de lui emporta quelque chose du dépôt sacré, mais le laissa altérer progressivement par le polythéisme et l'idolâtrie. La race de Sem, marquée pour tenir en réserve la bénédiction promise à l'humanité fut plus fidèle, grâce à une assistance particulière de Dieu.

Un représentant de cette race, Abraham, fut tiré de Chaldée pour être conduit au pays de Chanaan, que Dieu se proposait de donner en héritage à la nation de son choix. Cette nation devait avoir pour pères les douze fils de Jacob, petit-fils d'Abraham. Pour que cette nation pût se former et se développer en paix, l'un des fils de Jacob, Joseph, fut au préalable conduit par la Providence en Egypte, dont il devint premier ministre. Il y attira ensuite son père et sa famille, à laquelle il fit attribuer par le pharaon la terre isolée de Gessen. En mourant, Jacob déclara, sous l'inspiration de Dieu, que la descendance de son fils Juda aurait un jour 1a prépondérance et aboutirait au Rédempteur.

Après quatre siècles de développement dans la terre de Gessen, la famille de Jacob était devenue un peuple capable de se suffire à lui-même et de s'emparer, à main armée, du pays que Dieu lui destinait. Moïse, de la tribu de Lévi, fut chargé de le faire sortir d'Egypte et de le mener à travers le désert jusqu'au pays de Chanaan. De grands prodiges furent accomplis dans ce but. Mais le séjour au désert dura quarante ans, afin de laisser aux hommes faits qui avaient vécu en Egypte le temps de disparaître.

Après Moïse, Josué, de la tribu d'Ephraïm, dirigea la conquête du pays de Chanaan, dans lequel les Hébreux entrèrent 1450 ans environ avant Jésus-Christ. Quand Josué eut disparu, les tribus, abandonnées à elles-mêmes pendant plus de trois siècles, se développèrent avec des alternatives de servitude et de prospérité. Vers 1095, elles réclamèrent un roi à l'exemple des peuples environnants. Samuel leur donna Saül, de la tribu de Benjamin. Enfin, après Saül, la tribu de Juda prit définitivement possession du pouvoir, avec David, auquel Dieu renouvela les anciennes promesses.

169. LA PÉRIODE ROYALE

Deux rois de la tribu de Juda, David et Salomon, régnèrent seuls sur tout Israël, de 1055 à 975. A la mort de ce dernier, le royaume se divisa. Dix tribus se donnèrent à Jéroboam et a ses dix-huit successeurs, formant un royaume schismatique qui dura 254 ans, de 975 à 721, et qui, enclin, par politique et par penchant naturel, à s'écarter de plus en plus des traditions mosaïques pour se rapprocher de l'idolâtrie, n'offrait pas de garanties suffisantes pour l'accomplissement de la mission confiée par Dieu aux descendants de Jacob.

Le royaume de Juda, composé des deux tribus de Juda et de Benjamin, compta vingt rois, de Roboam, en 975, à Sédécias, en 587, et subsista 134 ans de plus que le royaume d'Israël. Les instincts idolâtriques y régnaient comme en Israël ; la moitié des rois les favorisa. C'en eût été fait des traditions religieuses des ancêtres sans les prophètes. Représentants directs de Dieu qui les inspirait, les prophètes combattirent l'influence néfaste des rois, rappelèrent au peuple les volontés divines, précisèrent de plus en plus les conditions de la rédemption future, en donnant crédit à leur parole par des prophéties à court terme qui eurent leur accomplissement, enfin laissèrent des écrits qui, joints à la loi de Moïse, fixèrent la croyance et l'espérance de la nation.

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Néanmoins, l'ensemble du peuple de Juda menaçant de dévier gravement de sa vocation, Dieu voulut qu'il fût emmené en exil, comme les tribus d'Israël, et qu'il brisât ainsi toute attache avec une terre qu'il avait souillée de son idolâtrie.

170. DE LA CAPTIVITÉ AU MESSIE

La captivité ramena les Israélites dans le pays d'origine de leurs ancêtres, la Chaldée, et les contrées voisines, l'Assyrie, la Médie, la Perse. Ils s'y établirent comme à demeure. Le châtiment de l'exil fit plus d'effet sur eux que le spectacle de l'idolâtrie étrangère, grâce surtout aux énergiques avertissements des prophètes. Aussi peut-on dire qu'à dater de la captivité, la masse de la nation israélite resta fidèle au monothéisme primitif.

Lorsqu'en 536 Cyrus permit aux Juifs de retourner dans leur pays, ce fut seulement le petit nombre qui profita de l'autorisation. La plus grande partie, fixée par ses intérêts dans les contrées de 1’exil, se répandit de là dans les villes du monde grec et du monde romain, et, par l'influence de ses doctrines, prépara les voies à la propagation de l'Evangile.

Ceux qui étaient revenus en Palestine y fondèrent un état primitivement soumis à la suzeraineté des Perses, puis successivement à la domination des Grecs en 331, des Egyptiens en 320, puis des Syriens jusqu'en 166. A cette époque se levèrent les princes juifs Machabées, qui reconquirent l'indépendance de la nation en 142. Mais, en 63, Pompée y mit fin et réduisit le pays en province romaine, administrée dabord par Hérode et son fils, puis par des procurateurs.

Durant cette période de plus de cinq cents ans, les Juifs concentrèrent leur activité principale sur l'élaboration des idées religieuses dont ils étaient les dépositaires. Ils avaient les écrits des prophètes ; mais les prophètes n'étaient plus là pour dégager la pensée divine des conceptions humaines. Voyant que, pour le moment, leurs rêves de royauté nationale, puissante et indépendante, comme aux temps de David et de Salomon, étaient inexécutables, ils tournèrent leurs espérances du côté du Messie futur. Un bon nombre d'entre leurs docteurs imaginèrent son règne comme un règne de grandeur temporelle dont ils seraient les bénéficiaires et les héritiers.

Mais cette déviation de l'idée messianique n’avait pas d'inconvénient majeur pour l’humanité, parce que les écrits prophétiques fournissaient tous les éléments nécessaires à sa rectification. L'erreur des Juifs leur coûta cher ; elle empêcha la masse de la nation de se rallier au Messie sorti de son sein. Elle eut cependant sa raison d'être providentielle. On eût pu dire qu'un Messie répondant exactement aux idées des Juifs eût été une résultante naturelle de ces idées. Au contraire, un Messie qui se bornait à une œuvre purement spirituelle et qui, par le fait même, était profondément antipathique à ce qu'il y avait de plus influent parmi les Juifs, ne pouvait en rien être considéré comme le produit de leur activité nationale. La haine dont ils le poursuivirent servit même à procurer la rédemption sanglante qui était dans les desseins de Dieu.

Dès lors, les Juifs ne purent avoir la prétention d'accaparer le Sauveur comme un bien qui leur fût propre. Leurs princes l'avaient rejeté, parce qu'il ne répondait pas à leur attente. Ses disciples le prêchèrent et le firent accepter, d'abord par une minorité de Juifs, et ensuite par une immense majorité d’étrangers. Le Messie en effet était venu, avait enseigné, était mort pour tous les hommes. Trop inféodé aux Juifs, trop favorablement accueilli par eux, il eût mis en défiance contre lui le reste du genre humain et eût compromis en quelque manière le caractère d'universalité qui convenait à l'œuvre de la rédemption.

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171 - PROGRÈS DANS LES RÉVÉLATIONS DIVINES

Dans le principe, un petit nombre de vérités seulement furent confiées aux Israélites, comme objet de leur foi et dépôt sacré à conserver dans le monde. Les principales de ces vérités étaient l'existence, l'unité, la souveraine perfection de Dieu, la création par lui et l'organisation de l'univers, la double nature, spirituelle et corporelle, de l'être humain, la déchéance primitive de l'homme, trompé par une puissance supérieure à lui, mais inférieure à Dieu, l'assurance d'une récompense pour le bien et d'un châtiment pour le mal, enfin la venue future de quelqu'un qui rendrait à l'homme la supériorité sur l'être méchant qui l'avait trompé.

Cette dernière idée, celle du Messie futur, alla en se précisant et en se développant. Chaque prophète y ajouta quelque trait inspiré qui s'harmonisait parfaitement avec les traits précédents et surtout correspondait exactement au personnage attendu. C'est ainsi qu'on apprit successivement que le Messie naîtrait de la race de David, à Bethléem, et d'une vierge ; qu'il éclairerait à la fois son peuple et toutes les nations ; qu'il réunirait en sa personne les traits, en apparence contradictoires, de la grandeur et de la petitesse, de la puissance et de la faiblesse, de la richesse et de l'indigence ; que, tout en étant Fils de Dieu et Sauveur, il serait rejeté par les siens et mourrait dans un supplice qui lui percerait les pieds et les mains, qu'enfin il aurait un sépulcre glorieux, une vie triomphante qui attirerait à lui tous les peuples de l'univers, et un règne sans fin. Le portrait tracé à l'avance était assez frappant pour faire reconnaître le personnage annoncé, de même que la vie de ce dernier devait expliquer les traits obscurs de la prophétie.

Certaines idées d'abord voilées vont en s'éclairant, quelquefois même assez tardivement. La notion des esprits immatériels, bons ou mauvais, déjà supposée dès les premiers récits de la Genèse, ne se développe sensiblement qu'au contact des Israélites avec les Mèdes et les Perses, qui prêtaient d'ailleurs à ces esprits des rôles imaginaires. Même dans le voisinage des Egyptiens, chez lesquels l'idée de la vie future revêtait des formes si saisissantes, les Israélites demeurèrent très en arrière sur les grandes questions de l'immortalité de l'âme et de l'autre vie. Leurs écrivains ont peine à trouver la solution du problème du bien et du mal en cette vie ; ils veulent que tout s'explique en ce monde même ; aussi reviennent-ils sans cesse sur une question insoluble avec ces données. C'est seulement dans le second siècle avant Jésus-Christ que s'éclaire pleinement la double notion de l'immortalité de l'âme et des compensations de la vie future. Encore ces idées paraissent-elles formulées dans un livre sacré écrit à Alexandrie : la Sagesse.

Le même progrès se fait sentir dans les idées morales. Avec les prophètes s'épurent de plus en plus les notions du bien et du mal moral, la conception du devoir, le sentiment de 1’ingratitude et de la reconnaissance, de l'infidélité, de l’indifférence ou de l'amour envers Dieu. Peu à peu, on comprend mieux la nécessité de se dégager du rite purement cérémoniel, de mettre les sentiments du cœur en harmonie avec les actes extérieurs prescrits par la loi, et de la vivre, sous le regard de Dieu, d'une vie vraiment et intimement religieuse.

Sans doute, ces divers progrès n’atteignirent jamais à là perfection. « La loi (ancienne) n'a rien mené au parfait. » Mais elle a acheminé dans cette voie les âmes des Israélites fidèles. Son œuvre, toute de préparation, a été magnifiquement couronnée par Jésus Christ, qui est venu répandre la lumière et la grâce dans les âmes de tous les hommes qui. ont voulu les recevoir, et les a établis avec Dieu dans une intimité toujours progressive, dont la perfection ne sera atteinte que dans l'autre monde.

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172. APRÈS LE MESSIE

Le rôle du peuple d'Israël avait consisté, depuis l'époque de Moïse, à conserver la tradition, religieuse des patriarches et à préparer la venue du Messie qui devait sortir de son sein. Le Messie venu, ce rôle semblait d'autant plus sûrement terminé, que ce Messie avait accompli sa mission malgré les Juifs.

En droit, l'ancienne religion, perdait toute valeur à la mort du Sauveur. En fait, le judaïsme ne fut pas aboli brutalement. Le Temple subsista encore une quarantaine d'années après Jésus-Christ, les chrétiens venus du judaïsme continuèrent à s'y rendre et associèrent aux pratiques du culte nouveau certains usages de l'ancien. Peu à peu s'accentua la séparation entre les deux religions. Celle de Moïse reçut un coup terrible, dont elle ne se relèvera jamais, quand le sacrifice perpétuel, l'acte essentiel de l'ancien culte, cessa d'être offert, et que le Temple de Jérusalem, le seul lieu de l'univers où il fût permis de sacrifier au vrai Dieu, fut détruit de fond en comble.

En même temps, les Juifs furent dépouillés définitivement de leur pays, à la ruine de Jérusalem. Dieu, qui le leur avait donné jadis, le leur ôtait maintenant qu'ils n'avaient plus de mission nationale à remplir. Leur nationalité, même, se trouvait fortement entamée par la dispersion à laquelle les réduisait la ruine de leur patrie. Toutes les promesses qui leur avaient été faites jadis passaient désormais, avec une portée bien plus haute, à un peuple nouveau, destiné à compter enfin dans son sein toutes les nations de la terre et à vivre des enseignements et des bienfaits apportés au monde par le Messie spirituel.

Si Dieu est intervenu, surnaturellement pour constituer jadis le peuple qui devait être son peuple jusqu'à la venue du Messie, il est manifeste que, depuis cette venue, Dieu suit providentiellement ce même peuple, pour le conserver et lui faire une place à part parmi les nations.

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Arabes ismaëlites

: Antinomies préfigurant la lutte entre l’Eglise et la Contre-Eglise

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Résumé de l’Ancien testament 217

TABLE CHRONOLOGIQUE

Création de l'homme : Date inconnue

Déluge : Date inconnue

Arrivée d'Abraham en Palestine : -2138

Arrivée de Jacob en Egypte : -1923

Sortie d'Egypte : -1493

Entrée dans le pays de Chanaan : -1453

Mort de Josué : -1428

Période des Juges : de -1428 à -1108

Samuel : -1108

Saül, premier roi : de -1095 à -1055

David : de -1055 à -1015

Salomon : de -1015 à -975

Scission entre le royaume d’Israël, composé de 10 tribus avec Jéroboam comme premier roi et celui de Juda, composé des 2 tribus Juda et de Benjamin, avec Roboam comme premier roi. Les rois d’Israël sont en italique : -975

Roboam, roi de Juda : -975

Jéroboam, roi d'Israël : -975

Abia : -958

Asa : -955

Nadab : -954

Baasa : -953

Ela : -930

Zambri (sept jours) : -929

Amri : -929

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Résumé de l’Ancien testament 218

Achab : -918

Josaphat : -914

Ochozias, fils d'Achab : -897

Joram, fils d'Achab : -896

Joram, fils de Josaphat : -889

Ochozias, fils de Joram : -884

Jéhu : -884

Athalie, femme de Joram : -881

Joas : -873

Joachaz, fils de Jéhu : -856

Joas, fils de Joachaz : -840

Amasias : -834

Jéroboam II : -824

Ozias ou Azarias : -804

Zacharie : -772

Sellum : -772

Manahem : -771

Phaceïa : -761

Phacée : -759

Joathan : -753

Achaz : -738

Osée : -729

Ezéchias : -723

Prise de Samarie et déportation d'Israël : -721

Manassé : -693

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Résumé de l’Ancien testament 219

Amon : -639

Josias : -637

Joachaz : -607

Joakim : -607

Première déportation de Juda : -606

Jéchonias ou Joachin : -596

Sédécias : -596

Prise de Jérusalem, seconde déportation de Juda : -587

Edit de Cyrus et retour de Zorobabel : -536

Achèvement du second Temple : -516

Retour d'Esdras : -457

Retour de Néhémie : -445

Alexandre le Grand à Jérusalem : -332

Domination syrienne : -312

Soulèvement des Macchabées : -167

Période d'indépendance : de -142 à -63

Conquête romaine : -63

Hérode le Grand : -37

Naissance du Sauveur (au plus tard) : -4

Archélaüs : -

Les procurateurs : +6

Ponce-Pilate : de +26 à +35

Hérode Agrippa : de +41 à + 44

Vespasien en Judée : +67

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Siège et Prise de Jérusalem par Titus ; destruction du Temple : +70

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Résumé de l’Ancien testament 221

Sommaire

Lettre encyclique de N. T. S. P. LÉON XIII ............................................................................... 3 CHAPITRE PREMIER - La Bible ............................................................................................ 21

1. L’HISTOIRE SAINTE. ................................................................................................ 21 2. LA BIBLE ..................................................................................................................... 21 3. BUT DE LA BIBLE...................................................................................................... 22 4. LE SURNATUREL DANS LA BIBLE ........................................................................ 22 5. MOÏSE.......................................................................................................................... 22

CHAPITRE II - La création et la chute de l’homme.................................................................. 25 6. LA CREATION............................................................................................................ 25 7. ADAM ET ÈVE ........................................................................................................... 25 8. LA FAUTE ORIGINELLE .......................................................................................... 26 9. LES PREMIERS HOMMES......................................................................................... 27

CHAPITRE III - Le déluge et les fils de Noé ............................................................................ 29 10. LE DÉLUGE.............................................................................................................. 29 11. NOÉ ET SES FILS ..................................................................................................... 30 12. LA TOUR DE BABEL ............................................................................................... 30

CHAPITRE IV - Abraham et ses fils......................................................................................... 33 13. VOCATION D'ABRAHAM ....................................................................................... 33 14. PROMESSES A ABRAHAM ...................................................................................... 33 15. LES DEUX FILS D'ABRAHAM ................................................................................ 34 16. L’ÉPREUVE D'ABRAHAM....................................................................................... 34 17. ISAAC ET SES FILS................................................................................................... 36 18. LA FAMILLE DE JACOB.......................................................................................... 36

CHAPITRE V - Histoire de Joseph........................................................................................... 39 19. JOSEPH VENDU PAR SES FRÈRES ....................................................................... 39 20. JOSEPH EN ÉGYPTE............................................................................................... 40 21. LA GRANDEUR DE JOSEPH .................................................................................. 40 22. LES FRÈRES DE JOSEPH EN ÉGYPTE................................................................. 41 23. JOSEPH RECONNU PAR SES FRÈRES.................................................................. 42 24. LES HÉBREUX DANS LA TERRE DE GESSEN ...................................................43 25. MORT DE JACOB ET DE JOSEPH ......................................................................... 43

CHAPITRE VI - La Sortie d’Egypte ......................................................................................... 45 26. LA PERSÉCUTION ................................................................................................... 45 27. MOÏSE ........................................................................................................................ 45 28. LES PLAIES D'ÉGYPTE........................................................................................... 47 29. LA PREMIÈRE PÂQUE ............................................................................................ 48 30. LE DÉPART D'ÉGYPTE .......................................................................................... 48 31. LE PASSAGE DE LA MER ROUGE........................................................................ 49

CHAPITRE VII - Le séjour au désert ....................................................................................... 53 32. LA NOURRITURE .................................................................................................... 53 33. LES TRIBUS DU DÉSERT........................................................................................ 54 34. LE SINAÏ.................................................................................................................... 54 35. LE VEAU D'OR ......................................................................................................... 55 36. LES RÉVOLTES DU PEUPLE ................................................................................. 56 37. RENCONTRES AVEC LES TRIBUS DU DESERT................................................. 57 38. RÉSULTATS DU SÉJOUR AU DÉSERT.................................................................. 58

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Résumé de l’Ancien testament 222

39. DERNIERES ANNÉES ET MORT DE MOÏSE ...................................................... 59 CHAPITRE VIII - L'occupation du pays de Chanaan ............................................................... 61

40. LA PALESTINE ......................................................................................................... 61 41. LE PASSAGE DU JOURDAIN ET LA PRISE DE JERICHO ................................. 61 42. LA LIGUE CHANANÉENNE.................................................................................. 64 43. PARTAGE DU PAYS................................................................................................. 64

CHAPITRE IX - La législation mosaïque.................................................................................. 67 44. LES LOIS DE MOÏSE................................................................................................ 67 45. LES LOIS MORALES ................................................................................................ 67 46. LES LOIS CÉRÉMONIELLES.................................................................................. 68 47. PERSONNES SACRÉES ........................................................................................... 68 48. LIEUX SACRÉS ......................................................................................................... 68 49. CHOSES SACRÉES ................................................................................................... 69 50. JOURS SACRES ......................................................................................................... 69 51. EXIGENCES MORALES DU CULTE DE DIEU.................................................... 70 52. LES LOIS CIVILES.................................................................................................... 71 53. LA FAMILLE ............................................................................................................. 71 54. LA PROPRIÉTÉ......................................................................................................... 71 55. LES RAPPORTS SOCIAUX ...................................................................................... 71 56. LES PÉNALITÉS ....................................................................................................... 72

CHAPITRE X - Les Juges......................................................................................................... 75 57. LES HÉBREUX SANS CHEF.................................................................................... 75 58. CHATIMENTS ET DELIVRANCES ........................................................................ 75 59. OTHONIEL ET AOD ............................................................................................... 76 60. DÉBORA, BARAC ET JAHEL .................................................................................. 76 61. GÉDÉON................................................................................................................... 77 62. JEPHTÉ ...................................................................................................................... 78 63. SAMSON .................................................................................................................... 78 64. LES LUTTES INTESTINES ...................................................................................... 81 65. ÉPISODE DE RUTH................................................................................................. 82

CHAPITRE XI - Samuel et Saül................................................................................................ 85 66. LE GRAND-PRÊTRE HÉLI ..................................................................................... 85 67. L'ARCHE D'ALLIANCE ........................................................................................... 86 68. SAMUEL, JUGE D'ISRAEL....................................................................................... 86 69. LE ROI SAÜL............................................................................................................. 87 70. LES GUERRRS DE SAÜL ......................................................................................... 87 71. L'ONCTION DE DAVID.......................................................................................... 88 72. DAVID ET GOLIATH .............................................................................................. 88 73. JALOUSIE DU ROI ................................................................................................... 89 74. VIE ERRANTE DE DAVID ..................................................................................... 90 75. LA FIN DE SAÜL ......................................................................................................91

CHAPITRE XII – David .......................................................................................................... 93 76. DAVID, ROI DE JUDA............................................................................................. 93 77. LA NOUVELLE CAPITALE..................................................................................... 93 78. LES GUERRES DE DAVID...................................................................................... 99 79. LE CRIME DE DAVID ............................................................................................. 99 80. RÉVOLTE D'ABSALOM......................................................................................... 103 81. RÉVOLTE DE SÉBA............................................................................................... 104

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Résumé de l’Ancien testament 223

82. DERNIÈRES ÉPREUVES....................................................................................... 104 83. SACRE DE SALOMON........................................................................................... 105 84. MORT DE DAVID .................................................................................................. 106

CHAPITRE XIII – Salomon................................................................................................... 111 85. COMMENCEMENTS DE SALOMON .................................................................. 111 86. L'ADMINISTRATION ET LE COMMERCE ......................................................... 112 87. LA CONSTRUCTION DU TEMPLE...................................................................... 112 88. LA DÉDICACE DU TEMPLE ................................................................................ 113 89. LES PALAIS DE SALOMON .................................................................................. 114 90. LES INFIDÉLITÉS DE SALOMON....................................................................... 115 91. SENTENCES DE SALOMON ................................................................................ 115

CHAPITRE XIV - Les deux royaumes ................................................................................... 123 92. LA SCISSION D’ISRAËL ET DE JUDA................................................................. 123 93. LES TROIS PREMIERS ROIS DE JUDA ............................................................... 123 94. LE ROYAUME D'ISRAËL ...................................................................................... 124 95. JOSAPHAT, ROI DE JUDA .................................................................................... 125 96. LES SUCCESSEURS DE JOSAPHAT ..................................................................... 126 97. LA DYNASTIE DE JÉHU, ROI D'ISRAEL............................................................ 127 98. LES ROIS DE JUDA APRÈS JOAS......................................................................... 127 99. LA FIN DU ROYAUME D’ISRAËL ....................................................................... 128

CHAPITRE XV - Les prophètes............................................................................................. 131 100. LEUR MISSION ..................................................................................................... 131 101. LA SUCCESSION DES PROPHÈTES .................................................................. 132 102. ÉLIE ....................................................................................................................... 132 103. ÉLISÉE ................................................................................................................... 135 104. LES PROPHÈTES ÉCRIVAINS............................................................................ 137 105. ISAÏE ...................................................................................................................... 140 106. LA PROPHÉTIE D’ISAÏE SUR LE MESSIE ........................................................ 142

CHAPITRE XVI - La fin du royaume de Juda ........................................................................ 145 107. LE RÈGNE D’ÉZÉCHIAS .................................................................................... 145 108. L'INVASION DE SENNACHÉRIB ...................................................................... 146 109. PIÉTÉ ET ZÈLE D’ÉZÉCHIAS ........................................................................... 147 110. LA RÉACTION IDOLATRIQUE ......................................................................... 147 111. JUDITH A BÉTHULIE.......................................................................................... 148 112. LA RÉFORME DE JOSIAS ................................................................................... 149 113. MORT DE JOSIAS ................................................................................................. 150 114. LES SUCCESSEURS DE JOSIAS .......................................................................... 150 115. LE PROPHÈTE JÉRÉMIE .................................................................................... 151 116. LA PREMIÈRE DÉPORTATION DE JUDA ....................................................... 152 117. LE DERNIER ROI DE JUDA ............................................................................... 153 118. SIÈGE ET PRISE DE JÉRUSALEM ..................................................................... 154 119. LES JUIFS LAISSÉS EN PALESTINE .................................................................. 154

CHAPITRE XVII - La captivité de Babylone.......................................................................... 161 120. SITUATION SOCIALE DES EXILÉS .................................................................. 161 121. HISTOIRE DE TOBIE. ......................................................................................... 162 122. SITUATION RELIGIEUSE DES JUIFS À BABYLONE .................................... 164 123. LE PROPHÈTE ÉZÉCHIEL................................................................................. 164 124. LE PROPHÈTE DANIEL .................................................................................... 166

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Résumé de l’Ancien testament 224

125. LA PUISSANCE DE DANIEL .............................................................................. 169 126. LES PROPHÉTIES DE DANIEL ......................................................................... 172 127. LA FIN DE LA CAPTIVITÉ ................................................................................. 172 128. CONSÉQUENCES DE LA CAPTIVITÉ. ............................................................. 173 129. LES JUIFS RESTÉS DANS LES PAYS DE L’EXIL.............................................. 173 130. ESTHER ................................................................................................................. 176

CHAPITRE XVIII - La restauration juive............................................................................... 181 131. PREMIÈRE COLONIE SOUS LA CONDUITE DE ZOROBABEL................... 181 132. LA RECONSTRUCTIONDU TEMPLE................................................................ 181 133. REPRISE DES TRAVAUX .................................................................................... 182 134. L’ACHÈVEMENT DU TEMPLE .......................................................................... 182 135. LE PROPHÈTE ZACHARIE ................................................................................ 184 136. SECONDE COLONIE SOUS LA CONDUITE ESDRAS ................................... 184 137. NÉHÉMIE.............................................................................................................. 185 138. LES MURAILLES DE JÉRUSALEM..................................................................... 185 139. LES RÉFORMES DE NÉHÉMIE. ........................................................................ 185 140. LE PROPHÈTE MALACHIE ................................................................................ 186 141. ESDRAS ET LES LIVRES SAINTS....................................................................... 186 142. LES SAMARITAINS .............................................................................................. 187

CHAPITRE XIX - La période machabéenne .......................................................................... 189 143. CHANGEMENTS POLITIQUES.......................................................................... 189 144. LES JUIFS D'ALEXANDRIE ................................................................................ 189 145. LA JUDÉE ET SES MAITRES ÉGYPTIENS ET SYRIENS ................................ 190 146. LA PERSÉCUTION ............................................................................................... 191 147. LES MARTYRS JUIFS............................................................................................ 191 148. JUDAS MACHABÉE ............................................................................................. 192 149. RÉTABLISSEMENT DU CULTE ......................................................................... 193 150. JONATHAS ............................................................................................................ 195 151. SIMÉON ................................................................................................................. 195 152. JEAN HYRCAN ..................................................................................................... 195 153. LES DERNIERS PRINCES JUIFS......................................................................... 196

CHAPITRE XX - Etat social et religieux des Juifs .................................................................. 199 154. LES SECTES JUIVES............................................................................................. 199 155. LES PHARISIENS.................................................................................................. 199 156. LES ESSÉNIENS ................................................................................................... 199 157. LES SADUCÉENS ................................................................................................. 199 158. LE SANHÉDRIN ................................................................................................... 200 159. PERSÉCUTEURS ET PERSÉCUTÉS ................................................................... 200

CHAPITRE XXI - La domination romaine............................................................................. 203 160. LE ROI HÉRODE ................................................................................................. 203 161. ARCHÉLAÜS ......................................................................................................... 203 162. LES PROCURATEURS ROMAINS....................................................................... 204 163. HÉRODE AGRIPPA ............................................................................................. 204 164. L'INSURRECTION DE JUDÉE............................................................................ 204 165. SIÈGE ET PRISE DE JÉRUSALEM ..................................................................... 205 166. DISPERSION DES JUIFS...................................................................................... 206

CHAPITRE XXII - Vue d'ensemble ....................................................................................... 209 167. LES ORIGINES ..................................................................................................... 209

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Résumé de l’Ancien testament 225

168. LA SÉLECTION PROVIDENTIELLE ................................................................. 209 169. LA PÉRIODE ROYALE ........................................................................................ 210 170. DE LA CAPTIVITÉ AU MESSIE.......................................................................... 211 171 - PROGRÈS DANS LES RÉVÉLATIONS DIVINES............................................ 212 172. APRÈS LE MESSIE................................................................................................ 213 TABLE CHRONOLOGIQUE ...................................................................................... 217