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Volume XXXIV, numéro 3 • Janvier-février 2019 L’Envoi Oui, je le veux! Revue de l'Église de Saint-Hyacinthe Le sacrement du mariage

Revue de l'Église de Saint-Hyacinthe · 2019. 2. 14. · La vraie aventure de vie n’est pas de fuir l’engagement mais de l’oser. ... reculons », toutes et tous en partent

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Volume XXXIV, numéro 3 • Janvier-février 2019

L’Envoi

Oui, je le veux!

Revue de l'Église de Saint-Hyacinthe

Le sacrement du mariage

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JANVIER-FÉVRIER 2019

Éloge du mariage, de l’engagement et autres folies

Si le mariage n’était que l’union d’un homme et d’une femme, il ne pèserait pas lourd.Car il existe aussi un sinistre enfermement du couple,des variations multiples d’égoïsme ou d’autisme à deux.Ce qui rend le mariage si fort et si indestructible, c’est qu’il réunit un homme et une femme autour d’un projet. D’un projet fou. Souvent voué à l’infortune.D’un défi quasi impossible à réaliser et impérieux à oser.

Le drame serait de ne pas tenter l’impossible, de rester,une vie entière, à la mesure de ce que l’on peut. [...]

La vraie aventure de vie n’est pas de fuir l’engagementmais de l’oser. Libre n’est pas celui qui refuse de s’engager.

Libre est sans doute celui qui ayant regardé en facela nature de l’amour - ses abîmes, ses passages à vide etses jubilations, se met en marche, décidé à en vivre coûte que coûte l’odyssée, à n’en refuser ni les naufragesni le sacre, prêt à perdre plus qu’il ne croyait posséder et prêt à gagner pour finir ce qui n’est coté à aucune bourse :la promesse tenue, l’engagement honoré dans la traverséesans feintes d’une vie d’homme.

Extraits du livre de Christiane Singer « Éloge du mariage, de l’engagement et autres folies » - Editions Albin Michel

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Le sacrement du mariage sanctifie l’union d’un homme et d’une femme et situe l’amour des époux au cœur de l’amour de Dieu pour l’humanité.

18 Se rechoisir

par Liette Parent et Denis Leduc

19 Garder notre flamme allumée

par Julie Varin et Éric Dubé

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Une belle balade! par Frédéric Cloutier

21 Les Équipes Notre-Dame

par Louise et Yvon Boucher

22 Vivre et aimer

par le trio responsable au Québec

24 Quiz - Testez vos connaissances

par Hélène Cloutier Lussier

26 Communiqué de la chancellerie

par le chanoine Denis Lépine

17 Le vent souffle...

par Louise Poirier et Laurent Fontaine, d.p.

5 La joie de l'amour

par Mgr Christian Rodembourg, m.s.a. évêque

6 Ma vocation c'est l'amour

par Hélène Cloutier Lussier, resp. diocésaine

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Des pas qui s'avancent par Pierre Cordeau, prêtre-curé

10 Le mariage dans la Bible

par Mgr Jean-Marc Robillard, p.h.

13 Heureux les invités!

par Michel Pelletier, diacre permanent

14 Préparation au mariage

par le trio responsable à Granby

16 La magie de l'amour

par Kathy Lamoureux et Charles-Antoine Côté

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Coordination et rédaction : Luc Benoit

Comité de rédaction : Marc Benoît, Stéphanie Bernier, Sr Françoise Boulais, Diane Daneau, Hélène Lussier et Michel Pelletier.

Équipe technique : Sylvie Beaupré, Nicole Bossinotte et Louise Robillard

Adresse : Secrétariat diocésain1900, rue Girouard Ouest, C.P. 190, Saint-Hyacinthe (Québec) J2S 7B4Téléphone : 450 773-8581 - Télécopieur : 450 [email protected]

Abonnement : 20 $/5 revues (avec annuaire : 35 $) Chèque à l’ordre de CECR Saint-HyacintheDépôt légal : Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada.

L’Envoi est édité par le diocèse de Saint-Hyacinthe et est publié 5 fois par année, de septembre à juin. Il est membre de l’Association des médias catholiques et oecuméniques (AMéCO).

Tout texte publié dans L’Envoi demeure l’entière responsa- bilité de son auteur et n’engage que celui-ci.

MOT DE LA RÉDACTIONLuc Benoit, responsable des communications

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JANVIER-FÉVRIER 2019

Quelques jours à peine après avoir convolé en justes noces, j'ai perdu mon alliance. Ne me demandez pas où elle est, ça fait 35 ans cette année que je la cherche! Coup sur coup, trouver le grand amour sans l'avoir cherché et chercher son alliance sans la trouver... Il faut le faire! Si jamais vous la voyez, faites-moi signe!

Ce numéro de L'Envoi parle justement de signe, d'alliance, de mariage... De quoi me consoler! Un numéro plein d'amour, de sensibilité et de vérité. Puisse-t-il éclairer les couples et leur faire apprécier l'originalité du mariage en tant que sacrement de notre Église! Aujourd'hui, dans notre société, on peut naitre, grandir, vivre, se marier et mourir sans référence aucune à la foi. Alors, le défi de la pastorale du mariage est d'exposer au grand jour « le plus » qu'apporte le sacrement dans une perspective de vie de foi épanouissante. Je pense ici à la très surprenante grâce du sacrement : « Le sacrement du Mariage signifie l’union du Christ et de l'Église. Il donne aux époux la grâce de s’aimer de l'amour dont le Christ a aimé son Église; la grâce du sacrement perfectionne ainsi l’amour humain des époux, affermit leur unité indissoluble et les sanctifie sur le chemin de la vie éternelle. » (Catéchisme de l'Église catholique, no 1661)

Merci à nos généreux collaborateurs et collaboratrices qui ont coopéré à la réa-lisation de ce numéro spécial. Ils méritent de recevoir le bouquet de la mariée! Quant à nous, souhaitons-nous de retrouver dans ces pages le sens de l'Alliance ainsi que la fraicheur, la grandeur et la vigueur du dernier-né des sept sacrements.

Luc [email protected]

J'ai perdu mon alliance...

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L’Envoi de Saint-Hyacinthe

BILLET DE L'ÉVÊQUEPar Mgr Christian Rodembourg, m.s.a.

JANVIER-FÉVRIER 2019

La joie de l'amourDepuis l’Antiquité, des textes bibliques jusqu’aux poètes et chansonniers tels Claude Léveillé (Frédéric), Mario Pelchat (Aimer) et Luc Plamondon (L’amour existe encore), de nombreux écrits nous sont accessibles sur le thème de l’amour.

L’amour, c’est comme la respiration profonde de notre vie humaine. L’amour, c’est autant donner à l’autre que recevoir l’un de l’autre. L’amour consiste à se laisser séduire par le mystère infini de l’autre.

L’amour ne permet pas de se dire : voilà, j’y suis, je sais tout de lui ou d’elle. Je peux dormir tranquillement. Non! Car l’amour ne s’acquiert jamais une fois pour toutes.

Chaque jour de notre vie est unique. Chaque jour de notre vie nous appelle à la créativité et à l’audace pour oser aller de l’avant. L’amour, c’est comme un long voyage de découvertes, de surprises, d’inquiétudes, d’émerveillement.

L’amour est une invitation à se « rechoisir » chaque jour et à se dire ce qui anime notre cœur, notre être intérieur. L’amour nous propose d’oser revêtir toutes les facettes de notre vie quotidienne de tendresse, de bonne volonté, de clarté, de pardon, de réconciliation, d’encouragement et de soutien mutuel.

La tendresse est la clé d’or de la vie qui humanise et divi-nise nos relations quotidiennes autant que nos moments d’intimité. Vivons dans la joie le moment présent car l’amour, pour nous les chrétiens se réalise là, au creuset des enjeux humains, dans le concret de nos forces et de nos fragilités.

C’est un art que de découvrir ses qualités et d’être conscient de ses propres limites afin d’accueillir l’autre tel qu’il est, différent de soi, pétri de ses fragilités et de ses forces. C’est un art que de vivre en vérité avec soi-même afin d’être capable de vivre avec l’autre. C’est un art que de devenir beau de la beauté du Christ Jésus.

L’amour véritable croit en l’autre, en son mystère, en ses potentialités nouvelles, même les plus cachées au plus intime de son être. Ce sont des trésors enfouis qui ne demandent qu’à s’épanouir et à rayonner.

L’amour continue de nous faire signe. Comme Jésus le disait de si nombreuses fois à ses disciples : « Demeurez dans mon amour » (Jn 15, 9). Demeurons enracinés dans le cœur de Dieu. Suivons les chemins sinueux et escarpés de l’amour. N’oublions jamais que la force la plus grande dans le monde, c’est l’amour et que, comme chrétiens, nous pouvons aimer avec la puissance du cœur même de Dieu qui est en nous : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12).

« L'amour consiste à se laisser séduire par le mystère infini de l'autre. »

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« Ma vocation c'est l'Amour!» disait sainte Thérèse de Lisieux. Voilà qui nous fait entrer au coeur même du sacrement du mariage.

La réalisation de ce numéro de L’Envoi me tenait beaucoup à cœur. J’en suis particulièrement fière. Fière et reconnaissante envers les personnes qui y ont

collaboré volontiers et avec enthousiasme. Nous l’avons longuement muri et avons fait appel aux ressources du milieu pour lui donner une couleur locale. Vous verrez, chaque page sent le bon « fait maison ». Nous avons voulu faire de ce numéro un instrument de réflexion pour toute personne, jeune ou moins jeune, se questionnant ou voulant s’enga-ger dans le sacrement du mariage.

Coup de chapeauMerci à notre évêque pour son billet lumineux. Fidèle à lui-même, il s’est surpassé! Merci à l’abbé Pierre Cordeau et à Mgr Jean-Marc Robillard qui ont volontiers accepté de nous aiguillonner sur les aspects historiques et bibliques du sacrement du mariage. Merci aux neuf personnes (4 couples et un jeune) qui ont accepté de nous livrer ce qui les fait vivre et qui, ce faisant, nous font découvrir la diversité et la richesse des appels du Seigneur aujourd’hui. Merci à la dynamique équipe d’animation en pastorale du mariage de Granby. Merci enfin aux responsables des deux mouvements catholiques que nous présentons dans ce numéro. Ils donnent des outils concrets pour qui veut grandir dans le sacrement du mariage. Par leur énergie et leur enthousiasme, par leur foi en action, toutes ces personnes baptisées nous interpellent habilement. Je leur dis : « Ne lâchez pas! Votre mission est importante! Le Seigneur et l’Église ont besoin de vous! »

Un engagement, un sacrement Au Québec, le mariage à l’Église catholique (ou dans les religions découlant du catholicisme) était jusqu’en 1968 la forme exclusive d’engagement religieux et civil dans le mariage. Depuis 1968, le Code civil reconnait le mariage

civil célébré par un laïc dument autorisé par l’État. Ce qui a ouvert les portes à d’autres façons de se marier en dehors de l’église. À tel point qu’aujourd’hui, au Québec, seulement 18 % des mariages, soit un sur cinq environ, sont célébrés à l’église. Cette année, dans notre diocèse, 240 couples vont s'unir par les liens du mariage.

Un mariage, ça se prépare!Dans notre diocèse, une douzaine de fins de semaine de préparation au mariage sont offertes annuellement. Les couples qui y participent sont en moyenne au début de la trentaine. Si certaines et certains y arrivent parfois « à reculons », toutes et tous en partent heureux et satisfaits. Plusieurs ont des enfants et d’autres sont des familles recomposées. Le sacrement du mariage est pour eux le plus grand engagement de leur vie. Ils partagent avoir ressenti pour leur conjoint ou conjointe un appel profond à vivre ensemble pour la vie.

La session leur permet de découvrir que leur rêve est aussi le rêve de Dieu pour eux. Donner sa vie pour que l’autre se réalise pleinement. Dans La joie de l’Amour, le pape François écrit : « De fait, la grâce du sacrement du mariage est destinée avant tout à perfectionner l’amour des conjoints » (no 89). Quel engagement pour le couple! L'union civile d'un homme et d'une femme est déjà un engagement exceptionnel. Lui ajouter une dimension sacramentelle démontre une détermination et une ouver-ture à Dieu et l'Évangile dans leur vie conjugale et familiale.

Les couples que nous rencontrons en pastorale du mariage ont déjà parcouru un bon bout de chemin. Ils ont vécu des hauts et des bas dans leur relation amoureuse. Et c'est toute cette vie qu'ils ont décidé de célébrer. Ils auraient pu tout lâcher dès les premiers obstacles. Mais ils ont décidé de continuer leur route à deux. Ils ont opté pour la joie d’être accompagnés par un Dieu d'Amour, la joie de « monter en amour » grâce au Compagnon de route qu'est Jésus Christ. Comme intervenantes et intervenants pasto-raux, il nous revient de les aider à poser un second regard sur leur vie de couple et de nommer ce Dieu agissant en eux et dans leur projet de vie à deux.

« Ma vocation c'est l'Amour! »PRÉSENTATION

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6 JANVIER-FÉVRIER 2019

Par Hélène Cloutier Lussier, responsable diocésaine de la Pastorale du mariage et du Service aux couples

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7JANVIER-FÉVRIER 2019

PRÉSENTATION (Suite)

Appel à vivre sa vocationDans les sessions, nous leur permettons de verbaliser leur désir de grandir ensemble. Ils y trouvent aussi l'occasion de se dire leur « amour-plus-grand-que-tout ». Ils sont heureux de découvrir que ce qu’ils ressentaient tout au fond d’eux, c’est l’appel à vivre leur vocation.

Dans le sacrement du mariage, le couple est appelé au dépassement, à aimer l’autre plus que lui-même et à deve-nir un témoin de l’Amour de Dieu pour son peuple. Jésus a donné sa vie pour le monde, le couple la donne d’abord pour l’autre, pour les enfants qui naîtront ou qui sont nés de leur union. Et d’une façon bien unique, les époux pour-suivent la mission du Christ qui est de témoigner de leur amour aux gens qu’ils croisent.

Avec étonnement, les couples découvrent que ce qui est important pour eux (fidélité, durée, famille, liberté...) sont aussi les fondements et les piliers du sacrement du mariage.

Les couples ayant subi un premier échec conjugal conti-nuent de croire en l’amour durable malgré les blessures et les souffrances passées.

Bâtir sa maison sur le rocLe Seigneur est bien vivant et agissant pour celles et ceux qui lui ouvrent leur cœur. Dieu lui-même a inscrit en nous le besoin impérieux d’aimer et d’être aimé. Désormais, nous ne sommes plus seuls mais deux pour répondre à l’appel de l’amour. Le sacrement du mariage n’est pas magique. C’est une vocation comme nous le rappelle sainte Thérèse! En prenant soin de ressourcer leur foi en famille et en communauté, les couples unis par le sacrement se donnent les moyens de grandir et de s’épanouir. Parmi les ressources qui s’offrent, les Équipes Notre-Dame et le mouvement Vivre et aimer sont de précieux atouts. Une saine vigi-lance permet au couple de « bâtir sa maison sur le roc » (Mt 7, 24-27). C’est la grâce que je nous souhaite comme personnes partageant la même foi, le même baptême, la même vocation à l'Amour!

L’Envoi de Saint-Hyacinthe

« Ma vocation je l’ai trouvée… ma vocation c’est l’Amour! » s’est écriée sainte Thérèse de Lisieux qui ressentit l’appel à aimer plus que tout.

« Je compris que l'Église avait un cœur, et que ce cœur était brûlant d'Amour. Je compris que l'Amour seul faisait agir les membres de l'Église, que si l'Amour venait à s'éteindre, les apôtres n'annonceraient plus l'Évangile, les martyrs refuseraient de verser leur sang. Je compris que l'Amour renfermait toutes les vocations, que l'Amour était tout, qu'il embrassait tous les temps et tous les lieux... en un mot, qu'il est éternel!... Enfin, ma vocation je l'ai trouvée, ma vocation c'est l'Amour! » (Sainte Thérèse de Lisieux)

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Un homme, une femme : l’al-liance! L’histoire commence bien. Main dans la main Adam et Ève quittent le paradis perdu. À l’abri des cavernes, l’homme découvre, étonné, la monogamie. Titubant, le mariage est en marche.

Avant de prendre la forme que nous lui connaissons aujourd’hui, le

mariage subit bien des métamorphoses. Mais dater préci-sément ses origines est une chose impossible. Cependant, à travers les lieux, les traditions et les lois, c’est dans le mariage que se reflète l’image de toute société. Derrière le voile de la mariée, c’est tout le visage d’une époque qui nous est révélé.

Ils se marient comme tout l’monde! Au tout début du christianisme, les chrétiens se marient comme tout l’monde; c’est-à-dire selon les coutumes fami-liales et locales du lieu où ils habitent. Certes les nouveaux époux auront à cœur d’harmoniser leur vie conjugale à la lumière de l’Évangile et des premiers principes moraux qui en découlent. Mais tous ne s’y appliquent pas avec la même ardeur.

Rois et empereurs, même s’ils se disent chrétiens, se marient, répudient, entretiennent concubines sans oublier maîtresses et amants rencontrés au hasard des déplacements, des guerres ou tout simplement pour leur bon plaisir. Et quand l’exemple vient de si haut, il est bien difficile de ne pas l’imiter.

Un premier pas…C’est tout doucement, d’abord par la figure de l’évêque, que l’Église va s’associer aux célébrations nuptiales. À l’invitation des époux ou de leur famille, il se rendra à la maison où se tient la réception (les noces) pour y bénir les nouveaux époux. Dans certains cas cette bénédiction s’étendra à la couche nuptiale quelques instants avant

que les jeunes mariés s’y retirent alors que les festivi-tés se poursuivent. Notons au passage la présence de l’Église à la domesticité; présence discrète mais signifiante!

Un pas de sortie…Une seconde étape dans la lente construction de l’ébauche d’un rituel du mariage chrétien est le passage des époux sur le parvis de la cathédrale. On se marie encore selon les coutumes mais les époux, en cortège avec familles et invités, se rendent sur le parvis de l’église pour y recevoir la bénédiction de l’épiscope. Dans certains lieux des porches prendront le nom de porche des mariages ornés de pein-tures symboliques. C’est là que les époux en viennent à y échanger leur consentement, leurs alliances et y reçoivent une bénédiction que l’on commence à appeler bénédic-tion nuptiale. Bénédiction qui, encore aujourd’hui, prend un sens très différent en Orient qu’en Occident chrétien. Et tout le monde entre à l’église pour entendre la messe.

Il ne reste qu’un pas…Oui, il ne reste qu’un pas à franchir pour que le mariage entre définitivement dans l’église (cathédrale) et en Église. Il faudra un long temps après que le christianisme se soit répandu pour que l’Église arrive à obtenir une influence sur les coutumes du mariage. Se fondant sur les textes sacrés et les paroles des origines, l’homme quitte son père et sa mère, il s’attache à sa femme et ils deviennent une seule chair (Gn 11, 24), les ecclésiastiques et les canonistes cherchent à revaloriser le mariage en le christianisant davantage et en le rendant indissoluble.

Des pas qui s’alourdissent…Toujours pour lutter contre la concupiscence et la légèreté des mœurs, l’Église en vient à définir la forme canonique (obligation de se marier devant un prêtre et deux témoins) et à considérer à travers le fameux Décret aux Arméniens du Concile de Florence en 1439 que le mariage doit être considéré comme un sacrement, le dernier des sept.

Des pas qui s'avancent... ou histoire du sacrement du mariage

SURVOL HISTORIQUEL’

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8 JANVIER-FÉVRIER 2019

Par Pierre Cordeau, curé, Mont-Saint-Hilaire et Otterburn Park, maitrise sur le sacrement du mariage

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9JANVIER-FÉVRIER 2019

SURVOL HISTORIQUE (Suite)

Au XVIe siècle, l’Église est en crise. Le Concile de Trente (1545-1563), réuni pour rétablir l’unité de la chrétienté et réagir aux offenses des Réformateurs, fixe définitivement les règles du mariage. Le concile réaffirme le caractère sacré du mariage (contesté par les réformateurs) et insiste sur plusieurs points : indissolubilité, représentation de l’union du Christ avec son épouse l’Église, consentement des parents, célébration solennelle afin d’éviter les mariages clandestins. Les époux doivent être bénis par le curé de leur paroisse en présence de témoins. Ils s’engagent à avoir des enfants et à les éduquer humainement et chrétiennement. Les bases du mariage actuel sont désormais fixées.

De nouveaux pas…Plusieurs ignorent que l’Église francophone du Canada a été la première à se doter, à la fin des années 70, d’un rituel propre pour le mariage et d’une prière eucharis-tique qui fait désormais partie de notre patrimoine liturgique. À quelques reprises depuis sa création, des liturges d’ici ont demandé à Rome des modifications afin de rendre cette dernière plus accessible. Peine perdue! Si ce dossier s’ouvre, nous la perdons à tout jamais.

En 2011, un nouveau Rituel romain de la Célébration du Mariage est publié. À dire vrai, il s’agit du tout premier rituel romain concernant le mariage. Quelques prêtres éprouvent encore certaines difficultés à s’y retrouver. Mais nous pouvons être fiers de notre rituel qui a largement contribué à la création du modèle typique romain. Des pas à conserver; d’autres qui restent à franchir…

La physionomie du mariage s’est beaucoup développée au cours des deux dernières décennies. Plusieurs couples optent pour le mariage civil rendu plus accessible depuis l’ouverture de l’État quant au lieu de la célébration et au choix de la personne qui reçoit les consentements. Le mariage chrétien se présente désormais comme une option parmi d’autres. Lorsqu’il est choisi, la célébration de la messe est souvent retranchée. De son côté, le pape François ira-t-il jusqu’à ouvrir des voies infranchissables jusqu’à maintenant (seconde union après un divorce comme dans les Églises orientales)? Mais l’Église devra toujours avoir le souci de l’amour humain, du respect de la vie, de l’accom-pagnement des couples, en particulier des plus jeunes qui cherchent tant à donner du sens à leur amour et à leur projet de fonder leur alliance sur Quelqu’un de solide!

L’Envoi de Saint-Hyacinthe

« Au sens chrétien, le mariage désigne une femme et un homme qui créent ensemble une même « histoire sainte », histoire commencée pour l’un et l’autre au moment du baptême et qui se transforme en communauté de vie et d’amour, pour devenir signe de l'amour du Christ pour son Église. » […]

« Le bien et la sainteté du mariage sont essentiellement reliés aux biens intrinsèques de l’amour matrimonial lui-même : la liberté, la fidélité, la durée, la fécondité et l’éducation des enfants. C’est précisément en vue de protéger et de promouvoir ces admirables biens humains que l’Église catholique propose le sacrement du mariage, signe du don de la vie et de l’amour du Christ pour son Église. » […] (Évêques catholiques du Canada, 2003, www.cccb.ca)

« L’Église devra toujours avoir le souci de l’amour humain, du respect de la vie, de l’accompagnement des couples, en parti-culier des plus jeunes qui cherchent tant à donner du sens à leur amour et à leur projet de fonder leur alliance sur Quelqu’un de solide! »

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Nous, les chrétiens, avons une vision profondément originale du mariage. Nous y voyons le signe de l’Alliance entre Dieu et son Peuple et le Mystère de l’union du Christ avec son Église. Mais en a-t-il toujours été ainsi? Force est pour nous de constater que la concep-tion de l’amour conjugal et du mariage a connu une certaine

évolution dans la Bible.

L’amour conjugal, une réalité mystérieuse et sacrée, dans l’ordre naturel de la création

Dans son Évangile, Matthieu raconte qu’un jour, des Pharisiens se présentent devant Jésus afin de savoir ce qu’il pense du fait de la répudiation d’une épouse par son mari : « Est-il permis de répudier sa femme pour n’importe quel motif? » (Mt 19,3) Plutôt que s’engager dans une longue discussion qui risquerait de demeurer stérile, Jésus renvoie ses interlocuteurs au plan créateur de Dieu au sujet de l’homme et de la femme que nous retrouvons au livre de la Genèse (Gn 1, 26-27; 2, 18-24).

Le plus ancien des deux récits se trouve en Genèse 2,18-24 : « Le Seigneur Dieu dit : "Il n'est pas bon pour l'homme d'être seul. Je veux lui faire une aide qui lui soit accordée. "Le Seigneur Dieu modela du sol toute bête des champs et tout oiseau du ciel qu'il amena à l'homme pour voir comment il les désignerait. Tout ce que désigna l'homme avait pour nom "être vivant"; l'homme désigna par leur nom tout bétail, tout oiseau du ciel et toute bête des champs, mais pour lui-même, l'homme ne trouva pas l'aide qui lui soit accordée. Le Seigneur Dieu fit tomber dans une torpeur l'homme qui s'endormit; il prit l'une de ses côtes et referma les chairs à sa place. Le Seigneur Dieu transforma la côte qu'il avait prise à l'homme en une femme qu'il lui amena. L'homme s'écria : "Voici cette fois l'os de mes os et la chair de ma chair, celle-ci, on l'appellera femme car c'est de

l'homme qu'elle a été prise." Aussi l'homme laisse-t-il son père et sa mère pour s'attacher à sa femme, et ils deviennent une seule chair. »

Le motif qui conduit le Créateur à créer le couple humain est son désir que l’homme « ne soit pas seul et son désir de lui faire une aide qui lui soit accordée ». Après avoir pris connaissance de tous les êtres de la création, lorsque le Créateur lui présente la femme, l’homme se reconnaît parfaitement en elle : « Voici cette fois l’os de mes os et la chair de ma chair ». Et l’auteur d’ajouter : « Aussi l’homme laisse-t-il son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et ils deviennent une seule chair. » Ce deuxième récit de la création nous permet d’assister à la naissance de l’amour humain. Et Jésus de conclure : « Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a uni. » (Mt 19,6)

À la lumière de ces récits du livre de la Genèse, nous pouvons conclure que l’amour conjugal d’un homme et d’une femme est une réalité mystérieuse et sacrée puisqu’elle trouve son origine en Dieu, tout en étant dans l’ordre naturel de la création.

L’amour conjugal, signe de l’Alliance indéfectible de Yahweh avec son Peuple

Avec le prophète Osée (vers 745-725 av. J.C.), la réflexion biblique sur l’amour conjugal, comme réalité mystérieuse et sacrée, entre dans une nouvelle phase. Osée a connu une expérience matrimoniale assez difficile et mouvementée. Son épouse, Gomer, le quitte pour s’adonner à la prostitution. Mais le prophète ne cesse de l’aimer et veut sans cesse la reprendre auprès de lui avec ses enfants.

Certes, il aurait été plus naturel que l’alliance passée entre Dieu et Israël soit comparée au contrat matrimonial, mais à partir de son expérience personnelle, Osée l’aborde plutôt sous le signe de l’amour d’un mari envers son épouse. En effet, comme le souligne Wilfrid Harrington1 : « La psycho-logie de l’amour humain lui a paru merveilleusement appro-priée pour illustrer le mystère des relations de Dieu avec les hommes, la réalité et la profondeur de son amour.

Le mariage dans la BibleBIBLE

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10 JANVIER-FÉVRIER 2019

Par Mgr Jean-Marc Robillard, p.h., bibliste, Responsable du Centre diocésain de formation en pastorale

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L’Époux divin a été trahi par son épouse. Celle-ci s’est livrée à l’adultère et à la prosti-tution (faux-dieux). Tout le désir de Yahweh, néanmoins, est de la reprendre; et s’il la punit, c’est dans le dessein de la ramener à lui. En dernier recours, il résout de la repla-cer dans les conditions où elle a vécu au temps de l’Exode, à cette époque qui fut la lune de miel de leur amour (Os 2,16-17). Il va même plus loin et lui promet de lui rendre la paix et l’harmonie d’un nouvel Eden (Os

2,18) où leur mutuel amour sera comme le couronnement et l’achèvement de celui du premier couple : « Je te fiancerai à moi pour toujours; je te fiancerai à moi dans la justice et dans le droit, dans la tendresse et dans l’amour; je te fiancerai à moi dans la fidélité, et tu connaîtras le Seigneur » (Os 2,21-22).

Le symbolisme de l’amour conjugal pour évoquer l’alliance indéfectible entre Yahweh et son Peuple sera également repris par d’autres prophètes, notamment Ésaïe (54, 4-10) et Ézéchiel (16, 1-63).

L’amour conjugal revu à la lumière de la mort et de la résurrection du Christ

Dans la lumière de la Mort et de la Résurrection du Christ, le Nouveau Testament met surtout l’accent sur la qualité des relations entre les personnes. C’est en vertu de la venue du Christ que s’établissent de nouveaux rapports entre les personnes : « Oui, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n’y a plus ni Juif, ni Grec; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre; il n’y a plus l’homme et la femme; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus Christ » (Gal 3,28).

De là, un nouveau type de relation entre les personnes considérées comme fortes (maris, parents, maître) et celles considérées comme plus faibles (épouses, enfants, esclaves) : « Épouses, soyez soumises2 à vos maris , comme il se doit dans le Seigneur. Maris, aimez vos femmes et ne vous aigrissez pas contre elles. Enfants, obéissez en tout à vos parents, voilà ce que le Seigneur attend de vous. Parents, n'exaspérez pas vos enfants, de peur qu'ils ne se découragent. Esclaves, obéissez en tout à vos maîtres d'ici-bas. Servez-les, non parce qu'on

vous surveille, comme si vous cherchiez à plaire aux hommes, mais avec la simplicité de cœur de ceux qui craignent le Seigneur. Quel que soit votre travail, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur, et non pour les hommes, sachant que vous recevrez du Seigneur l'héritage en récompense. Le Maître, c'est le Christ; vous êtes à son service. Qui se montre injuste sera payé de son injustice, et il n'y a d'exception pour personne. Maîtres, traitez vos esclaves avec justice et équité, sachant que vous aussi, vous avez un Maître dans le ciel. » (Col 3,18-4,1)

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1. HARRINGTON WILFRID, Nouvelle introduction à la Bible, traduit de l’anglais par Jacques Winandy, préface de Roland de Vaux, o.p., Éditions du Seuil, Paris, 1971, p. 355.

2. Je pense qu’ici, par cette expression, il faut plutôt comprendre, « Épouses, recherchez l’harmonie avec votre mari ». Dans l’Antiquité, était harmonieux le fait que les choses étaient soumises les unes par rapport aux autres dans un ordre descendant, les réalités plus importantes étant placées au sommet (cf. Éphésiens, 1, 20-22). Mais les canons de l’harmonie peuvent changer selon les temps et les cultures. Je me souviens qu’étant jeune, j’allais chez ma grand-mère et que dans le salon, les cadres des membres de la famille était placés sur « une même rangée comme des oignons ». C’était cela qui était accepté comme harmonieux à l’époque. Par la suite, on s’est mis à placer les cadres en forme d’escalier, soit dans un ordre ascendant ou descendant. Et c’était la nouvelle façon de faire que l’on trouvait harmo-nieuse. Aujourd’hui, nous plaçons les cadres dans une forme de mosaïque et nous trouvons cela harmonieux. Donc si je replace cette parole dans le contexte socio-culturel de l’apôtre Paul, je crois que l’on peut facilement comprendre qu’il invite les époux à vivre dans l’harmonie, car c’est ce qui est beau et qui plaît au Seigneur.

11JANVIER-FÉVRIER 2019

L’Envoi de Saint-Hyacinthe

BIBLE (Suite)

« L'amour conjugal est le signe de l'allianceindéfectible entre Yahweh et son Peuple. »

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Toutefois, en ce qui concerne les nouvelles relations dans le Christ entre l’époux et son épouse, l’apôtre Paul va encore plus loin. C’est ainsi que dans l’Épître aux Éphésiens, il écrit : « Vous qui craignez le Christ, soumettez-vous les uns aux autres; femmes, soyez soumises à vos maris comme au Seigneur. Car le mari est le chef de la femme, tout comme le Christ est le chef de l'Église, lui le Sauveur de son corps. Mais, comme l'Église est soumise au Christ, que les femmes soient soumises en tout à leur mari. Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l'Église et s'est livré lui-même pour elle; il a voulu ainsi la rendre sainte en la purifiant avec l'eau qui lave, et cela par la Parole; il a voulu se la présenter à lui-même splendide, sans tache ni ride, ni aucun défaut; il a voulu son Église sainte et irréprochable; ne sommes-nous pas les membres de son corps? C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne seront qu'une seule chair. Ce mystère est grand : moi, je déclare qu'il concerne le Christ et l'Église. » (Ep 5,21-32)

Avec cette dernière déclaration de l’apôtre Paul, nous assis-tons à une nouvelle compréhension de l’amour conjugal. Non seulement l’amour de l’homme et de la femme est-il considéré comme le symbole de l’amour du Christ pour son Église, mais cet amour doit aussi inspirer l’amour conjugal de l’homme pour son épouse : « Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré pour elle;… C'est ainsi que le mari doit aimer sa femme, comme son propre corps. Celui qui aime sa femme, s'aime lui-même. Jamais personne n'a pris sa propre chair en aversion; au contraire, on la nourrit, on l'entoure d'attention comme le Christ fait pour son Église » (Ep 5,25.28-29).

Il en est de même pour la relation de l’épouse avec son époux qui devient le symbole de l’amour de l’Église pour le Christ et qui doit s’inspirer de ce même amour : « comme l'Église est soumise au Christ, que les femmes soient soumises en tout à leur mari. » (Ep 5,21-25)

L’amour conjugal trouve son plein épanouissement dans le sacrement du mariage

Comme nous avons pu le constater au cours de cette étude, depuis les origines, l’amour conjugal est considéré comme une réalité mystérieuse et sacrée, inscrite par Dieu dans l’ordre naturel de la création. Unis par leur relation amou-reuse, l’homme et la femme, considérés comme « une seule chair », sont également perçus comme une image de Dieu : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa; mâle et femelle il les créa. » (Gn 1,27)

Avec la montée du mouvement prophétique, la théologie de l’amour conjugal prend un nouveau tournant. L’amour d’un homme et d’une femme dans le mariage devient le symbole de l’amour indéfectible de Dieu pour son peuple. Malgré le péché qui marque l’histoire du peuple d’Israël, Yahweh « lui promet de lui rendre la paix et l’harmonie d’un nouvel Eden ». (Os 2,18)

Enfin, l’apôtre Paul nous rappelle, que c’est éclairé par le mystère de la Résurrection, que l’amour conjugal prend tout son sens, s’enracine dans l’amour du Christ pour son Église et peut ainsi devenir pour chacun des époux le sacrement de l’amour miséricordieux de Dieu.

BIBLE (Suite et fin)

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12 JANVIER-FÉVRIER 2019

« Alors Almitra parla à nouveau et dit, Et qu'en est-il du Mariage, maître? Et il répondit en disant : Vous êtes nés ensemble, et ensemble vous serez pour toujours.Vous serez ensemble quand les blanches ailes de la mort disperseront vos jours.Oui, vous serez ensemble même dans la silencieuse mémoire de Dieu.Mais laissez l'espace entrer au sein de votre union.Et que les vents du ciel dansent entre vous.Aimez-vous l'un l'autre, mais ne faites pas de l'amour une chaîne.Laissez-le plutôt être une mer dansant entre les rivages de vos âmes.Emplissez chacun la coupe de l'autre, mais ne buvez pas à la même coupe.

Donnez à l'autre de votre pain, mais ne mangez pas de la même miche.Chantez et dansez ensemble et soyez joyeux, mais laissez chacun de vous être seul.De même que les cordes du luth sont seules pendant qu'elles vibrent de la même harmonie.Donnez vos cœurs, mais pas à la garde l'un de l'autre.Car seule la main de la Vie peut contenir vos cœurs.Et tenez-vous ensemble, mais pas trop proches non plus :Car les piliers du temple se tiennent à distance,Et le chêne et le cyprès ne croissent pas à l'ombre l'un de l'autre. »

Khalil Gibran, Le prophète

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13

La plupart des couples dont j’ai célébré le mariage accordaient une grande importance au choix des personnes invitées à leur noce. C’est que leur mariage était un évènement heureux qu’ils voulaient partager avec leurs familles et leurs amis.

Aucun détail n’est négligé pour s’assurer que tout se passe agréablement et que chaque personne invitée garde un bon souvenir de cet évènement unique. Parfois même, un soin particulier est consacré à la répartition judicieuse des gens aux différentes tables selon leurs affinités. Pour ma part, je suis toujours touché, comme diacre, d’être invité à me joindre à la fête après la célébration. Cela me permet d’être témoin de toute cette joie partagée.

En choisissant de se marier à l’église, les époux expriment leur foi chrétienne et font du Seigneur le premier invité à leur noce. Et sa présence joue un rôle important dans l’expression et la croissance de leur amour. La grâce du sacrement du mariage est agissante, non seulement durant la célébration mais aussi au cœur de toute leur vie de couple.

Saint Jean nous rapporte dans le célèbre récit des noces de Cana que « Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. » (Jn 2, 2) et c’est tout à fait remarquable que le tout premier miracle que Jésus ait accompli se soit produit lors d’un mariage. Il a profité de cet évènement hautement symbolique qu’est l’union des époux pour révéler le projet d’amour de Dieu. Le miracle de changer l’eau en vin se veut symbole d'alliance entre Dieu et les humains.

Cette nouvelle alliance à laquelle l'Église prend part, nous la célébrons à chaque eucharistie. Et à ce sujet, un des gestes liturgiques que je pose durant la messe, comme diacre d’office et qui me parle beaucoup, c’est quand je verse le vin et un peu d’eau dans le calice, en disant à voix basse : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de

l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité. » (Missel Romain). L’union à Dieu, voilà toute une perspective d’avenir pour l’humanité tout entière.

Au sujet de la vie de couple, on dit souvent qu’il faut mettre de l’eau dans son vin si on veut demeurer unis pour la vie. C’est-à-dire faire des concessions et des renoncements par amour pour l’être aimé et c’est bien vrai. Mais cette expres-sion peut prendre un tout autre sens plein d’espérance si on le vit en l’appliquant au sacrement de l’eucharistie. Dieu est Amour et, ce qui est tout à fait formidable, il nous donne de puiser dans son amour divin pour vivre pleinement nos amours humains.

Dans le sacrement du mariage cette grâce de communion au Christ est donnée car les époux deviennent l’un pour l’autre signe de l’amour de Dieu. Mais pour ne pas s’essouffler au fil du temps et des épreuves de la vie, il faut que ce don de soi soit constamment renouvelé et offert au Seigneur par la participation régulière à l’eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne.

Le Pain de Vie est là pour nourrir et fortifier l’amour des époux. C’est l’invitation qu’il nous fait. Heureux les invités au repas du Seigneur.

CHRONIQUE DU DIACRE

Heureux les invités...Par Michel Pelletier, diacre permanent, Granby

Le Pain de Vie est là pour nourrir et forti-fier l’amour des époux. C’est l’invitation qu’il nous fait. Heureux les invités au repas du Seigneur.

JANVIER-FÉVRIER 2019

L’Envoi de Saint-Hyacinthe

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« Une session de préparation au mariage!?... Non mais, on a autre chose à faire! »

Et l'essentiel?Deux personnes décident de se marier. Quelle joie! Sitôt les émotions de la grande demande passées, il y a un évènement à organiser. La salle, le traiteur, les musiciens, les faire-part, la robe, l’habit de noces, les alliances, les fleurs, la coiffure, l'esthéticienne, le « char » des nouveaux mariés, le voyage de noces… Ouf! C’est excitant! Mais aussi exigeant, étour-dissant et essoufflant par moment. Dans tous ces prépara-tifs et cette agitation, il y a le risque d’oublier l’essentiel : l’amour qu’on veut célébrer, les motivations profondes qui nous poussent à un tel engagement.

Lorsqu’une session de préparation au mariage est proposée aux fiancés, plusieurs grimacent avant d’ajouter : « Est-ce vraiment nécessaire? Vous savez, ça fait huit ans qu’on vit ensemble. On a trois enfants… » Cette réaction ne nous surprend guère! C’est vrai que ça s’ajoute au travail, aux exigences de la vie familiale… et à cette journée bien spéciale qu’il faut préparer et qui approche à grands pas. Il n’y a pas de temps à perdre. « On a bien autres choses à faire que d’aller s’asseoir une fin de semaine dans un sous-sol d’église », pensent-ils souvent sans vraiment oser le dire.

S'offrir un beau cadeauPourtant, à la fin de la session, plusieurs repartent agréable-ment surpris, en se disant qu’au fond, ils viennent de s’offrir un beau cadeau. Car le mariage n’est pas qu’une journée mémorable, c’est un « oui » pour la vie. Et on gagne à se préparer intérieurement à cet engagement.

TémoignerSi l’annonce de leur projet de mariage en a réjoui plus d’un, elle a provoqué aussi moult commentaires. Des plaisan-teries classiques aux propos sérieux des plus défiants qui s’interrogent : « À quoi bon se marier en 2019? ». De quoi ébranler bien des convictions. Tout cela laisse entrevoir que le mariage est en soit un témoignage au cœur de ce monde; un témoignage qui ne laisse personne indifférent.

Le temps d’une fin de semaine, ils se retrouvent avec d’autres couples qui, à des étapes différentes de leur cheminement amoureux, considèrent eux aussi que ce projet a du sens. Ils vont donc s’aider les uns les autres à préciser et à raffer-mir ce désir qui les pousse à vouloir se marier à l’église et en Église et à approfondir les valeurs qu’ils expriment par cette option.

Entrer en dialogueEn tête-à-tête, les fiancés s’offrent un temps pour un dialogue amoureux sur divers sujets : communication, négo-ciation, perception du partenaire, relecture de leur histoire (leurs bagages personnels), intimité affective, sexualité, rela-tions avec les enfants et la famille, rôles conjugaux, partage des tâches, gestion des finances, les amitiés, les loisirs, le travail… Dans l’effervescence de la vie moderne, c’est si difficile de s’arrêter parfois pour se parler… pour réfléchir ensemble et pourtant, c’est ce qui rapproche et raffermit le lien amoureux. « On s’est parlé de certains sujets qu’on avait jamais osé aborder auparavant! », avouent-ils parfois. C’est l’occasion de se rappeler qu’on ne peut se contenter au quotidien d’un dialogue fonctionnel…

Une session de préparation au mariage!?

SESSION

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14 JANVIER-FÉVRIER 2019

Par Diane Therrien, Christian Pollender et l'abbé Danik Savaria, Préparation au mariage, Granby

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Une session de préparation au mariage!?

Cheminer dans la foiC’est enfin pour eux l’occasion d’inscrire ce mariage dans leur cheminement de foi. Reconnaître la présence et l’action de Dieu dans leur histoire humaine et amoureuse. Un Dieu qui les appelle et les confie l’un à l’autre et leur demandant d’être, l’un pour l’autre, reflet de sa sollicitude et de sa bien-veillance. Un Dieu qui les invite à puiser en lui et dans une relation de complicité la force de faire surgir la vie en plus d’être signe de son amour et de sa fidélité au cœur du monde.

Si nous sommes engagés depuis quelques années dans l’animation de ces sessions, c’est parce que nous croyons à l’importance de ces temps d’arrêt salutaires. Non pas avec la prétention qu’ils sont l’assurance de la réussite dans le mariage, mais plutôt parce qu’ils permettent un approfondissement spirituel qui peut ensuite donner une teinte particulière à la façon de célébrer et à la poursuite de la belle aventure amoureuse. Si tous les préparatifs liés à l’évènement sont incontournables, la session permet de les resituer dans l’échelle des priorités afin qu’ils ne prennent pas toute la place dans les pensées du couple, les détournant de l’essentiel.

C’est aussi parfois pour eux la découverte des bienfaits de ces temps de ressourcement. Dans l’évaluation, certains nous confient que l’expérience les a convaincus de s’offrir occasionnellement des haltes similaires.

S'émerveillerCharles Singer disait : « C’est en servant le pain qu’on apaise sa propre faim ». Effectivement, si la démarche est enrichissante pour eux, elle l’est tout autant sinon plus pour nous qui avons pour mission de les accompagner. Elle nous offre l’opportunité de ressaisir la valeur de nos engage-ments respectifs, de nous nourrir et de nous stimuler à les poursuivre. Par-dessus tout, elle est temps d’émerveillement devant cet amour qui vient de Dieu et qui transforme, nous menant tous au meilleur de nous-même.

15JANVIER-FÉVRIER 2019

L’Envoi de Saint-Hyacinthe

SESSION (Suite)

Christian Pollender, Diane Therrien et Danik Savaria, prêtre

QUATRE MOTSLiberté : décider librement de se marier

Fidélité : se faire confiance, s'engager à être fidèles Fécondité : accueillir et répandre la vie

Indissolubilité : vivre ensemble toute la vie, faire de sa relation de couple une priorité

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16 JANVIER-FÉVRIER 2019

TÉMOIGNAGE

La magie de l'amourPar kathy Lamoureux et Charles-Antoine Côté, Beloeil

Notre belle histoire d’amour a commencé en 2003, nous n'avions alors que 13 ans. Nous ne pouvions deviner qu’à l’époque de notre jeune âge, cette rencontre allait être le tournant qui changerait nos vies.

Il s’en est passé bien des choses avant d’être sûrs de savoir que nous allions

finir notre vie ensemble. Nous nous sommes rencontrés, bien évidemment, à l’école secondaire grâce à une amie que nous avions en commun. Nous venions d’intégrer un nouveau programme d’études qui ne contenait que 20 élèves sélectionnés. Graduellement, au fil de notre première année, nous avons commencé à développer des senti-ments plus forts que de l’amitié. Nous avons été ensemble pendant 6 mois pour ensuite nous quitter, car l’envie de connaitre autre chose comme un nouveau cercle d’amis et d’explorer ses possibilités était forte chez Kathy. Nous nous sommes perdus de vue pendant environ 2 ans pour nous retrouver en secondaire 3 dans le même groupe d’amis. Kathy a bien cru que son cœur allait exploser lorsqu’elle le vit la regarder se joindre à la gang dont il faisait partie.

L’amitié entre nous a toujours été très forte et le désir de l’autre tout autant. Un simple regard pouvait communiquer tant de choses entre nous. Après plusieurs baisers échan-gés au fil de notre secondaire, nous prenions chacun notre route pour vivre d’autres relations amoureuses qui nous ont permis de grandir et de savoir ce que nous voulions et ce que nous ne voulions pas pour être heureux.

Lorsque nous étions en couple chacun de notre côté, c’était très difficile de se voir, car même en étant avec quelqu’un d’autre, l’attirance était toujours aussi forte, voilà pourquoi nous ne nous sommes pas vus pendant environ 3 ans. Nous

savions que de se voir souvent en étant en couple était trop risqué. Par la suite, chacune de nos relations s’est terminée. N’ayant aucun moyen de se rejoindre, Charles avec beau-coup de chance se souvenait du numéro de téléphone de Kathy.

Les deux années suivantes nous ont permis de nous redé-couvrir et de constater que notre amour était toujours resté intact. Cela faisait maintenant 15 ans depuis notre première rencontre en secondaire 1. Nous avons ensuite décidé après 2 ans de « flirt » que notre relation devait se concrétiser en une relation de couple. Nous avions acquis l’expérience et la maturité pour savoir que nous étions destinés à finir notre vie ensemble. Même lorsque nous étions adolescents ou en couple, nous parlions déjà de notre futur. Nous savions intérieurement que nous étions destinés à être ensemble. Actuellement cohabitons depuis près de 2 ans. Charles a fait la grande demande à Kathy en mars 2017. Nous nous marierons en juin 2019 et nous attendons impatiemment notre premier bébé!

Nous avons préféré le sacrement du mariage, au lieu du mariage civil, car le sacrement est plus significatif et démontre d’autant plus que les valeurs catholiques sont présentes dans notre couple. L’église de notre mariage a aussi été celle des grands-parents de Charles, ce qui était important pour lui. Nous souhaitons que Dieu bénisse notre amour et qu’Il continue de nous accompagner autant dans les difficultés que la vie nous imposera que dans les moments de joies.

Fait cocasse : durant notre adolescence, pendant que Kathy était en couple et que Charles était célibataire à l’époque, nous étions dans le sous-sol chez sa mère, Kathy disait à Charles que lorsque nous aurions 80 ans nous prendrions ensemble un thé glacé sur la véranda en nous balançant sur une chaise berçante et que si elle se voyait mariée avec quelqu’un, ce serait avec lui! Voilà ce que la magie de l’amour peut faire de nos jours…

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L’Envoi de Saint-Hyacinthe

JANVIER-FÉVRIER 2019

Par Louise Poirier, agente de pastorale et Laurent Fontaine, diacre permanent, Granby

TÉMOIGNAGE

Le vent souffleQui, de Louise ou de Laurent, a fait le premier pas? Depuis 25 ans, la question est source d’une taquinerie incessante entre nous. Ce qui est sûr, c’est que Louise ne voulait pas d’affaire de cœur. Et que Laurent partait pour devenir frère à Taizé (France). Mais voilà, après une heure d’Adoration, Louise en sort avec la conviction que cet inconnu dans la chapelle deviendra son mari. Et Laurent, à travers l’accueil d’un pauvre, découvre comment Louise incarne l’appel qu’il ressent à suivre le Christ.

Qui a fait le premier pas? Sans aucun doute le Seigneur : nous avons saisi qu’Il nous proposait de nous donner ensemble à sa suite. Car le mariage chrétien est une extraordinaire façon de répondre à l’Appel, c’est une vocation pleine et entière!

Le 21 septembre 1997, jour où notre amour est devenu sacrement, nous avons proclamé la parole d’Ezékiel 47, la source jaillie du temple : une eau qui grandit en torrent et qui assainit tout sur son passage; et sur les rives, toutes sortes d’arbres se mettent à pousser, avec des fruits nouveaux chaque mois comme nourriture et des feuillages comme des remèdes…

Et c’est ce dont nous pouvons témoigner. Il y a eu cette magnifique vie partagée avec des pauvres et des familles en besoin. Il y a eu 20 ans de projets de toutes sortes pour découvrir avec des jeunes comment « mettre la foi en actes » au Québec, en France, en Afrique, aux États-Unis… Et ça continue! Joie de marcher avec ces nouvelles générations en quête de Dieu, les saints du 21e siècle.

Il y a la grâce de nos quatre beaux enfants : en les plaçant toujours au cœur de nos choix, nous voyons bien comment la dynamique de l’Évangile est une source intarissable de vie pour notre famille. Avec eux, nous vivons comme une maisonnée rassemblée autour du Christ. La porte est souvent ouverte! Toutes sortes de gens nous rejoignent pour partager un repas, une parole, prier dans notre petit oratoire où Jésus-Hostie nous accompagne depuis nos commencements. C’est le Seigneur qui bâtit la maison. Par le mariage, nous a dit un ami, un homme et une femme deviennent un peu comme le pain et le vin de l’Eucha-ristie : des deux, Dieu ne fait qu’une seule chair, un seul pain. Il unit… Mais à peine consacré, voilà que le pain est rompu pour être partagé afin qu’une multitude puisse s’en nourrir…

Pour que notre mariage soit eucharistie, nous avons demandé la grâce de marcher unis : avancer non pas chacun l’un à côté de l’autre… mais ensemble. Le 29 juin 2017, Laurent a été ordonné diacre, au service de la paroisse Notre-Dame de Granby et des jeunes adultes de la région (catéchuménat). Cet appel de l’Église irrigue notre vie. Le commencement d’une nouvelle vie! Nous nous retrouvons, par exemple, pour accompagner de jeunes familles au baptême et témoigner aux parents qu’ils ont tout à gagner dans un ménage à trois… avec le Christ!

et tu ne sais ni d'où il vient, ni où il va...

Photo : Nicolas Racine, photographe

« Pour que notre mariage soit eucha-ristie, nous avons demandé la grâce de marcher unis : avancer non pas chacun à côté de l'autre... mais ensemble. »

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18 JANVIER-FÉVRIER 2019

Par Liette Parent et Denis Leduc, Sorel-TracySe rechoisirPour nous, le mariage se devait d’être le reflet de nos idéaux. Des fréquentations de 18 mois, du bénévolat en animation musicale à notre église paroissiale, des cours de préparation au mariage, et des espoirs de grand bonheur espéré de partager notre vie dans l’amour tant qu’il plairait à Dieu de nous laisser ensemble, selon la formule procla-mée au mariage.

Je n’ai pas désiré signer de contrat de mariage notarié car, pour moi, le contrat de mariage religieux était le plus exigeant de tous les contrats, s’aimer jusqu’à la fin, pour toujours. Qui peut le plus, peut le moins, pensais-je.

Ce sacrement nous apporterait, pensions-nous, les grâces nécessaires pour réussir à surmonter tous les obstacles du quotidien. Le jour de notre mariage, j’ai pleuré car c’était si grand, ce mariage à trois, les deux fiancés et Dieu. J’ai toujours dit que notre mariage était un mariage à trois.

Le quotidien nous conduit rapidement à la routine. Chacun s’habitue à l’autre. J’oublie la grandeur du lien que nous tissons, tous les trois. Puis par mon amour de la musique, je rencontre une personne qui aime la musique classique autant que moi, pensais-je, et la tentation d’infidélité s’installe dans mon cœur. Alors que mon mari apprécie la musique américaine et anglaise, je peux assister à des concerts avec quelqu’un qui est sensible à la même musique que moi.

Mais le diable camouflé sous la musique a failli me perdre, cette fois-là. Qu’est-ce que je suis en train d’admettre dans ma vie? Une trahison de ma promesse faite le jour de notre mariage. Je reconnais alors que l’attachement à notre promesse, les grâces du mariage et la bonté incomparable de mon mari ne pouvaient s’oublier et être trahies.

J’en discute avec mon mari et il me pardonne cette tenta-tion à laquelle je n’ai heureusement pas cédé. J’ai décidé de rechoisir mon mari. L’Esprit Saint m’a nettement aidée à discerner ce que je devais faire pour demeurer heureuse dans notre couple toujours amoureux.

Nous pensons encore à cette période d’il y a plus de 35 ans et nous nous rappelons tout ce que j’aurais pu gâcher. Nous avons maintenant le bonheur de vivre un début de retraite dans la sérénité, la paix et l’unité dans une même foi. Nous savourons cette vieillesse qui s’annonce si heureuse, dans les bras l’un de l’autre, chaque jour. Bâtie sur de solides idéaux chrétiens, nous récoltons maintenant les fruits d’une vie enrichissante, comblée et privilégiée d’être ensemble après plus de 41 ans.

Le cœur demeure jeune, nos visages prennent des rides et nous nous trouvons toujours beaux. Du dedans, comme à vingt ans, et même du dehors, ce dehors mûri d’expériences variées partagées à deux.

Nous sommes devenus les parents de notre fille unique qui atteindra 35 ans cette semaine. Nous avons, malgré nos énormes différences dans notre vision d’éducation, réussi à lui donner le meilleur de nous-mêmes. Papa a fourni la créativité, les arts, la spontanéité, la confiance en soi. Maman a fourni la rigueur, le sens de l’effort et du travail, l’amour inconditionnel, la franchise et la présence attentive en toute circonstance et le désir de toujours devoir s’amé-liorer. Un équilibre qu’elle devra établir par elle-même.

Je remercie quotidiennement la Providence de nous avoir permis d’être mariés sacramentalement pour connaître cet engagement fondamental de l’amour.

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L’Envoi de Saint-Hyacinthe

TÉMOIGNAGE

19JANVIER-FÉVRIER 2019

Voici notre projet… notre mariage! Éric et moi, Julie avons le privilège de partager, par ce texte notre histoire d’amour.

Notre rencontreNotre histoire a débuté le 6 juillet 1992. Durant nos premières années ensemble, nous voulions toujours faire plaisir à l’autre. Nous disions oui, toujours oui et ce, même si cela ne nous plaisait pas. Cette habitude nous apporta au fil des ans, plusieurs frustrations, inconforts et déceptions. Un de nous deux a commencé à exprimer ses désaccords et ses besoins. Une partie de ce que l’on connaissait de l’autre venait de changer. Ce changement nous a apporté des inquiétudes, des questionnements et une peur de perdre l’autre. Va-t-il ou va-t-elle m’accepter maintenant?

La fidélité a toujours fait partie d’une de nos valeurs prioritaires, mais à partir de ce moment nous venions de découvrir une autre facette du mot fidélité; être fidèle à soi-même! Nous commencions alors notre vie de couple, un couple qui avance main dans la main en étant vrai envers l’autre.

Notre réalité, notre famille Notre aventure continue, plusieurs moments positifs, plusieurs embuches et moments de doutes, de faiblesses et de souffrance ont coloré notre chemin. Ces évènements ont mis à rude épreuve notre couple. À quelques reprises, on se demandait si l’on devait se quitter plutôt que de rester et faire souffrir l’autre. À chaque épreuve, nous avons choisi de traverser ces moments ensemble. Nous nous

questionnions, nous nous relevions l'un et l’autre, nous nous supportions et nous nous encouragions. Ces décisions nous ont permis d’être encore ensemble aujourd’hui, vingt-six ans plus tard.

Pour nous, avoir des enfants était une priorité. Nous avons le privilège d’avoir trois merveilleux enfants. À nos yeux, nos enfants sont le reflet des valeurs profondes que nous avons essayé de leur transmettre. Il n’y a pas de plus beau cadeau qu’un couple puisse rêver avoir que celui d’avoir des enfants. Apprendre à vivre en famille, un jour à la fois n’est pas de tout repos mais ô combien riche et précieux! Avec les maladies, les nuits blanches, les défis, les person-nalités différentes… nous apprenons beaucoup sur nous, notre couple et nos choix.

Nos enfants font partie intégrante de notre mariage car c’est aussi grâce à eux que nous sommes qui nous sommes maintenant. Paroles de Mélodie, Antoine et Pénélope lorsque nous leur avons annoncé la date de notre mariage : « Il était temps! » Ils sont très heureux pour nous et nous, qu’ils y participent.

Mariage à l’église… Pourquoi?Nous nous marions pour officialiser notre union. Nous souhaitons nous marier à l’église pour dire à toute la communauté que nous nous choisissons pour le reste de notre vie. Nous nous marions pour le meilleur et le mieux… pour le pire, nous serons deux. Nous nous marions à l’église afin de faire bénir notre union. Elle sera alors protégée par le Seigneur. Nous avons toujours valorisé et agi en fonction des valeurs de l’Église, c’est donc important pour nous de s’unir devant Lui et les gens qu’on aime dans son Église.La célébration aura lieu le 6 juillet 2019, 27 ans jour pour jour après notre première rencontre. Voilà notre histoire!

Chaque jour est une nouvelle occasion pour nous offrir notre amour. Nous savons que nous devons travailler ensemble pour garder notre flamme allumée. Maintenant que nous nous marions, c’est pour le reste de notre vie!

Garder notre flamme alluméePar Julie Varin et Éric Dubé, Saint-Hyacinthe

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20 JANVIER-FÉVRIER 2019

(NDLR : Suite à un échange avec son neveu Frédéric, Mme Hélène Cloutier Lussier lui a demandé de nous parler de ses parents, Robert et Suzanne. Ils ont été un point marquant dans sa vie d’adolescent. Ils ont toujours été inspirants. Gratuits, en amour, généreux. Ils ont su être toujours présents pour leurs deux fils. Un couple disait : « On se marie pour le meilleur et pour le mieux et pour le pire on sera deux. » Robert et Suzanne en sont un bel exemple.)

Mes parents ont célébré leur 35e année de mariage tout récemment (août 2018). Ils se sont mariés à l’église. Autant maman que papa ont été impliqués dans notre paroisse et dans un groupe qui se nomme le Cursillo. J'ai cherché comment décrire leur si longue union en quelques mots et voilà ce qui m’est venu en tête... Une belle balade!

Eh oui! Du plus loin que je me rappelle, mes parents aiment faire de belles balades. Depuis ma tendre enfance avec mon frère, nos parents nous ont amenés dans toutes sortes de balades que ce soit à pied dans des sentiers de montagnes, à vélo sur les pistes cyclables des villes, en go-kart sur des pistes de grand circuit ou même en hors-piste, en automobile parcourant plusieurs routes. Maintenant encore, ils continuent en quatre-roues et j’aime toujours les accompagner.

Que de beaux souvenirs j'ai gardés de toutes ces balades-là. Je ne vous cacherai pas qu'ils ont rencontré des embûches dans certaines de leurs balades. Mais, je crois que c'est cela qui fait la force dans leur merveilleux mariage, peu importe les embûches dans leurs parcours, ils continuent leur belle balade unis malgré tout! Un grand merci pour tout, c'est grâce à votre belle union de mariage que vous avez donné vie à une magnifique famille qui ne cesse de grandir et toujours dans l'amour peu importe comment se déroulent les parcours que la vie trace devant nous!

Ils ont été présents pour moi tout au long de mon adoles-cence, présence silencieuse, amoureuse, sans jugement. C’est ce qui fait ce que je suis aujourd’hui. Cela m’éveille à redécouvrir la foi, cette foi que mes parents m’ont trans-mise, qui dormait en moi. Cette foi qui est patience, qui calme, qui guide, qui inspire.

TÉMOIGNAGE

Une belle baladePar Frédéric Cloutier, 29 ans, Laurierville

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Robert, Suzanne et leurs deux fils

Il n'y a rien de plus fort!(Poème rédigé par Frédéric)

J'ai vu des hommes soulever d'importantes sommes de livres.J'ai vu d'énormes bras jouer au coude.Mais je n'ai rien vu de plus fort qu'une famille qui fait face au pire.Aucune soudure plus forte qu'une famille qui se soude!Une famille remplie d'un amour si pur.Une famille qui a si fière allure.Une famille qui me sort des jours sombres!Une famille qui me fait sortir de l'ombre!Je n'ai pas vu de béton plus dur!Que celle comparable à l'amour de ma famille ça je vous l'assure!

Rien de plus fort que l'amour que j'ai pour ma famille!Merci à vous tous qui m'aidez à sortir de ma coquille!

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MOUVEMENT

Les Équipes Notre-DamePar Louise et Yvon Boucher

21JANVIER-FÉVRIER 2019

Nous sommes Louise et Yvon Boucher et nous sommes mariés depuis 48 ans. Nous avons eu deux enfants : Suzanne qui nous a donné deux petits-fils maintenant âgés de 19 et 15 ans et Isabelle qui est retournée vers le Père il y a 30 ans, elle avait 14 ans.

Nous avons toujours accordé une grande importance à la santé de notre couple. C’est d’ailleurs à cause de cela que nous avons répondu OUI, à l’appel de cheminer au diaconat permanent car le prêtre qui nous en a parlé avait insisté sur le fait que la première année de formation était centrée sur le couple.

En 2001, alors que nous terminions un engagement en paroisse, nous avons été approchés pour former une équipe Notre-Dame, dont nous faisons toujours partie avec les mêmes couples. Le mouvement des Équipes Notre-Dame est un mouvement de spiritualité conjugale placé sous le patronage de Notre-Dame parce que Marie conduit au Christ, centre de la vie spirituelle des équipiers. Elle est, par sa soumission à la volonté de Dieu, l’exemple parfait de la disponibilité et la docilité à l’Esprit-Saint.

La première équipe s’est réunie le 25 février 1939 alors que 4 jeunes couples ont demandé au père Henri Caffarel de les accompagner dans leur quête de spiritualité. Donc, dès le départ, la raison d’être du Mouvement fût de développer les charismes du sacrement du mariage.

Une équipe est formée de 4 à 6 couples et d’un prêtre conseiller spirituel qui cherchent à devenir ensemble de meilleurs chrétiens car, pour le père Caffarel, le mariage et

le sacerdoce sont des sacrements complémentaires. Pour le père Caffarel « Les Équipes Notre-Dame ont pour but essentiel d’aider les couples à tendre vers la sainteté. Ni plus, ni moins ».

Les END nous aident à cheminer personnellement, en couple et en équipe. La réunion mensuelle est un moment de fraternité, de partage et de prière, tout cela dans un esprit de respect et d’entraide sous le regard de l’Esprit.

La pédagogie des END nous propose des balises pour nous guider sur notre route :L’écoute de la Parole de DieuL’oraisonLa prière conjugaleLe « devoir de s’asseoir »La règle de vieLa retraite annuelle

Pour nous, les Équipes ont grandement favorisé la prière conjugale et le dialogue en présence de l’Esprit, (c'est-à-dire prendre le temps de comprendre ce que l’autre veut me dire). Pour chacun des membres de notre équipe nous considérons comme un privilège de nous rencontrer une fois par mois et de pouvoir échanger ensemble sur ce que nous avons vécu de beau ou de plus difficile au cours du dernier mois et de pouvoir relire cet évènement à la lumière de l’Évangile.

Parlant de privilège, nous avons été, pendant quatre ans, avec votre évêque Mgr Rodembourg, responsables du Mouvement pour la Région Canada. Nous y avons décou-vert l’internationalité du Mouvement et avons développé des amitiés profondes et durables.

Le Mouvement vient de prendre racine dans le diocèse de Saint-Hyacinthe. En effet, l’équipe Granby 1 composée de 4 couples et un conseiller spirituel vient de prendre son envol alors que l’équipe Granby 2 composée de 5 couples et un conseiller spirituel terminera sa période de pilotage (formation) dans quelques mois. Nul doute que le dyna-misme de ces équipiers portera des fruits abondants dans un avenir très rapproché. Christ est vivant! Alléluia!

www. equipes-notre-dame.ca

Yvon et Louise Boucher, Mgr Rodembourg

L’Envoi de Saint-Hyacinthe

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Vivre et Aimer est un mouvement de l’Église catholique affilié à Worldwide Marriage Encounter. Ce mouvement œuvre dans plus de 137 pays avec la mission première de « proclamer la valeur des sacrements du mariage et du sacer-doce dans le monde et dans l’Église ». Nous croyons qu’il est essentiel de nourrir son couple et son lien avec l’Église pour entretenir l’amour et le faire grandir et ainsi participer à notre façon à faire de ce monde un monde meilleur.

Notre activité première est d’offrir un week-end aux couples ainsi qu’aux prêtres/religieux-religieuses à l’intérieur duquel nous abordons divers concepts de la communication tels que la communication jusqu’au niveau des sentiments, l’écoute avec le cœur, le désir de Dieu pour notre relation, être ouvert et apostolique…

Qu’est-ce qu’un week-end? Des couples accompagnateurs et un prêtre témoignent sur différents thèmes pour ensuite nous permettre d’échanger en tête-à-tête dans l’intimité de notre chambre. Ainsi, il nous est possible de rester centrés sur notre relation tout au long de ce week-end. Par la suite, il est possible de poursuivre notre cheminement et de faire Église avec les couples et prêtres/religieux, religieuses qui ont vécu le week-end de Vivre et Aimer.

Initialement, nous avons choisi de nous marier à l’Église catholique parce qu’elle était notre référence spirituelle. Nous voulions orienter notre vie sur l’amour de Dieu afin que notre amour de couple ressemble le plus possible au sien.

Nous avons vécu notre week-end de Vivre et Aimer en février 2007 et ce fut le début de notre prise de conscience réelle et profonde de cette alliance que nous avons avec le Christ.

Lors du week-end de Vivre et Aimer, il est dit ceci : « C’est en vivant le mariage sacramentel dans votre relation de couple que vous formez ainsi une petite Église car elle y contient les mêmes qualités de cette grande Église soit : l’amour, la miséricorde, le pardon, la tradition et les symboles. »

Et c’est justement ce que Vivre et Aimer nous encourage à vivre lorsque nous poursuivons notre cheminement avec d’autres couples et prêtres qui partagent les mêmes valeurs que nous.

Oui, nous croyons fermement que Dieu se sert de notre sacrement du mariage pour être un signe vivant de sa présence auprès de son peuple, afin que son Amour puisse être révélé à travers nous aux gens que nous côtoyons, nos enfants et petits-enfants ainsi que nos amis et voisins.

Vivre et AimerPar Sylvie Lanteigne et Richard Doyon

MOUVEMENT

22 JANVIER-FÉVRIER 2019

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M. Richard Doyon, Mme Sylvie Lanteigne et l'abbé Jean-Luc Laflamme, coordonnateurs pour le Québec de Vivre et aimer

www.vivreetaimer.com

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L’Envoi de Saint-Hyacinthe

MOUVEMENT

Vivre et Aimer permet à des couples et à des prêtres d’entrer dans le mystère profond de l’ap-pel du Seigneur à vivre l’Amour. Par leur sacrement du mariage et du sacerdoce, ils témoignent et collaborent ensemble pour être dans l’Église et dans le monde des reflets de l’Amour de Dieu.

Tout au long du week-end de Vivre et Aimer nous abor-dons différents concepts touchant à la vie de couple et de communauté et nous faisons l’apprentissage d’un outil qui nous permet d’expérimenter la communication jusqu’au niveau des sentiments. Dans l’apprentissage du dialogue en profondeur les couples se disent leurs sentiments, leurs besoins, leurs projets, leur foi… Les prêtres sont invités à vivre la même découverte de leur vie intérieure pour être en dialogue avec leur communauté, l’Église.

Au travers des 10 présentations animées par une équipe de 3 couples et d’un prêtre il est possible pour les participants de prendre ou reprendre contact avec ce Dieu aimant.

Nous l’apercevons en pleine action et Il nous invite à :

- Nous regarder tel qu’Il nous voit; bon, aimable et unique. (Is 43, 1-4a)

- Nous ouvrir à des façons différentes de nous écouter. (Mt 13, 3-9, La parabole du semeur.)

- Nous engager pleinement dans une relation intime et responsable afin de devenir le meilleur couple et le meilleur prêtre/religieux, religieuse que nous puissions être. (Gn 2, 24-25 et 1, 26-27)

- Faire l’expérience de cette sensation d’émerveillement alors que nous commençons à réaliser la grandeur de notre sacrement reçu.

- Être des apôtres des temps modernes en faisant une différence dans l’Église et dans le monde par la puissance de notre amour.

Il y a plus de 40 ans, j’ai vécu l’expérience de ce week-end d’apprentissage du dialogue à partir des sentiments. Depuis ce temps je me suis engagé avec d’autres prêtres et couples à vivre et à partager cette manière « dialoguante » de communiquer afin d’atteindre l’Unité; être Un de corps et d’esprit avec les gens qui nous sont proches. « Soyez Un comme le Père et moi… ».

En tant que prêtre, moi aussi, j'ai été mis au défi d'être uni dans l'amour du peuple de Dieu. J'ai réalisé qu'au lieu d'être responsable des gens, je dois être le prêtre qui les aime.

Témoignage de Mgr Denis Grondin juste avant qu’il devienne archevêque de Rimouski

« Dans La joie de l’Évangile, le pape François nous invite à travailler à la suite de Jésus la culture de la rencontre. Vivre et Aimer vise justement le travail de rencontre ajustée dans le couple, ce qui ne peut que rejaillir en relations authentiques dans la famille et la communauté... La formule d’ac-compagnement et de suivis est certainement dans la ligne de Jésus qui accompagne et touche les cœurs. Il est venu sauver non seulement les personnes, mais les relations entre nous. »

Vivre et AimerPar Jean-Luc Laflamme, prêtre

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Testez vos connaissances!QUIZ SUR LE SACREMENT DU MARIAGE

1. Dans l’Église catholique, qui peut être ministre du sacrement du mariage? a) Le prêtre seulement b) Le prêtre et le diacre c) Le prêtre, le diacre et la personne laïque autorisée d) Les époux eux-mêmes

2. L’Église exige que le mariage ait lieu dans la paroisse de résidence des époux ou dans la paroisse de leur baptême. Vrai ou faux?

3. Pourquoi l’Église demande que les personnes fournissent un certificat de baptême récent de 6 mois avant de se marier? a) Pour s’assurer de leur liberté juridique b) Pour vérifier leur identité c) Pour pouvoir s’assurer que le parrain ou la marraine ne s’oppose pas au mariage d) Pour identifier le lieu de leur baptême

4. Sans aucune formalité, les futurs époux peuvent demander n’importe quel prêtre ou diacre pour célébrer leur mariage. Vrai ou faux?

5. Les personnes doivent être baptisées pour se marier à l’Église catholique. Vrai ou faux?

6. Un prêtre catholique peut célébrer un mariage à l’endroit choisi par le couple. Il peut aussi célébrer un mariage qui est civil. Vrai ou faux?

7. Un couple déjà marié civilement peut se marier à l’Église catholique. Vrai ou faux?

8. Un couple qui vit ensemble depuis longtemps ou qui a déjà vécu en couple n’a pas à vivre une session de préparation au sacrement du mariage. Vrai ou faux?

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L’Envoi de Saint-Hyacinthe

JANVIER-FÉVRIER 2019

Réponses, explications et référencesQUIZ

1. D Ce sont les époux qui, comme ministres de la grâce du Christ, se confèrent mutuellement le sacrement du mariage en exprimant devant l’Église leur consentement. (Catéchisme de l’Église catholique, no 1623)

2. FauxToutefois, les futurs époux demandent l’autorisation au prêtre de la paroisse où ils résident (ou soit de la paroisse de l’un ou de l’autre si les futurs ne cohabitent pas) avant de se marier dans une autre paroisse que la leur.

3. ALe certificat de baptême de chaque personne conserve son historique sacramentel et juridique. La confirmation, le mariage catholique, la profession de vœux perpétuels, l’ordination, la déclaration de nullité de mariage, l’apostasie ou la défection de l’Église catholique, etc. y sont annotés. En demandant un certificat de baptême récent, la personne qui fait l’enquête prénuptiale pourra constater si certaines formalités empêchent la célé-bration du mariage.

4. FauxLes prêtres et diacres sont autorisés à présider les mariages qui ont lieu sur le territoire de leur paroisse. Si la célébration a lieu dans une autre paroisse que la leur, ils doivent recevoir l’autorisation préalable du prêtre du lieu. (Canons 1109 à 1111)

5. FauxOn doit normalement professer la foi catholique et être baptisé pour s'engager dans le sacrement du mariage. Si une seule des deux personnes est catholique, la personne baptisée dans une autre Église ou non baptisée doit être en accord avec les éléments essentiels du sacrement (liberté, fidélité, indissolubilité et ouverture à la fécondité) et s’engager à respecter la foi de sa future épouse ou de son futur époux.

6. Faux aux deux aspects de la questionLe sacrement du mariage se célèbre dans une église, lieu de rassemblement de la communauté chrétienne. Sauf exception, les prêtres, les diacres ou les personnes mandatées par l’évêque ne sont pas autorisés à célébrer des mariages dans d’autres lieux. Ils ne sont pas autorisés à célébrer des mariages civils seulement. (De plus en plus, la célébration de mariages civils présidés par des célébrants autorisés par l'État, parfois d'autres confessions, avec un décorum et un langage proches de ceux de la foi catholique peut porter à confusion.)

7. VraiIl arrive qu’après un certain temps, un couple marié civilement désire faire bénir son mariage. Le mariage sera reconnu sacramentellement car il est déjà reconnu civilement.

8. FauxLa préparation au sacrement du mariage est obligatoire, peu importe le temps de fréquentation, de cohabitation, de mariage ainsi que la présence ou non d'enfants. La session demeure un temps fort de réflexion qui vise à : • nommer les motifs ayant inspiré la décision de se marier; • faire le point sur sa relation; • clarifier ses croyances et réfléchir sur sa décision de se marier en Église; • approfondir le sens chrétien du mariage. Le couple devient témoin de sa foi aux yeux des gens.

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26 JANVIER-FÉVRIER 2019

CHANCELLERIEL’

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Monsieur l’abbé Claude Giguère est décédé au Séminaire de Saint- Hyacinthe le 29 octobre 2018, à l’âge de 82 ans. Ses funérailles ont été célébrées le 10 novembre en l’église Saint-Bernardin de Waterloo.

Madame Léonne Malo Jeannotte, mère de madame Francine Jeannotte, animatrice diocésaine, est décédée au CISSSME Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe le 30 novembre 2018, à l’âge de 96 ans. Ses funérailles ont été célébrées le 15 décembre 2018 en la Cathédrale de Saint-Hyacinthe.

Monsieur Camille Dion, père de madame Louise-Marie Dion, chargée de pastorale aux paroisses de Saint-Joachim-de-Shefford et Saint-Bernardin à Waterloo, est décédé au CISSS de Macamic le 15 janvier 2019, à l’âge de 97 ans. Ses funérailles ont été célébrées le 21 janvier 2019 en l’église Saint-Pierre de Taschereau.

Mgr Christian Rodembourg, m.s.a., a procédé aux nominations suivantes :

Monsieur l’abbé Brice Séverin Banzouzi, vicaire paroissial aux paroisses formant l’Unité des Semeurs (Saint-Jean-Baptiste à Roxton Falls, Sainte-Hélène, Saint-Hugues, Saint-Liboire, Saint-Simon, Saint-Valérien et Saint-Ephrem à Upton).

Monsieur Ghislain Bernier, d.p., aumônier des Filles d’Isabelle (Cercle Marie-Immaculée no 720) à Granby.

Madame Nathalie Duval, chargée de pastorale aux paroisses Saint-André d’Acton Vale, Saint-Nazaire-d'Acton et Saint-Théodore-d'Acton.

Sœur Kensivi (Christiane Bénédicte) Gbadoe, membre du conseil d’administration de la Corporation Maison de Prière – Fraternités monastiques de Jérusalem à Mont-Saint-Hilaire.

Monsieur l’abbé David Labossière, administrateur de la Fondation du diocèse de Saint-Hyacinthe.

Sœur Monique Mathieu, s.j.s.h., membre du Comité de retraite du régime complémentaire des prêtres du diocèse de Saint-Hyacinthe.

Monsieur l’abbé Guy Pelletier, vicaire parois-sial aux paroisses Notre-Dame de Granby et Saint-Alphonse-de-Granby.

Monsieur l’abbé Jean Pelletier, aumônier chez les Sœurs de la Charité à la maison généralice de Saint-Hyacinthe.

Sœur Béatrice Renard, membre du conseil d’administration de la Corporation Maison de Prière – Fraternités monastiques de Jérusalem à Mont-Saint-Hilaire.

Madame Isabelle Richer, agente de pastorale à la paroisse Notre-Dame à Granby.

Monsieur l’abbé Patrice Savadogo, répondant diocésain des Pèlerins de saint Michel à Rougemont.

Monsieur l’abbé Patrice Savadogo, aumônier des Chevaliers de Colomb (Conseil 2038 Saint-Damien) à Bedford.

P. Michel M. Tremblay, o.s.m., vicaire paroissial aux paroisses Saint-André d’Acton Vale, Saint-Nazaire-d’Acton et Saint-Théodore-d’Acton.

À nos fraternelles prières

Nominations

Nominations (Suite)

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L’Envoi de Saint-Hyacinthe

JANVIER-FÉVRIER 2019

CHANCELLERIE

Mgr Christian Rodembourg, m.s.a., a procédé aux renouvellements suivants :

Madame Louise Bélanger, agente de pastorale à la paroisse Trinité-sur-Richelieu à Beloeil.

P. Gilles Jalbert, responsable de l’association Le Pain Familial pour le diocèse de Saint-Hyacinthe.

Madame Nicole Ménard Perron, administratrice de la Fondation du diocèse de Saint-Hyacinthe.

Le 18 novembre dernier, monsieur l’abbé Guy Pelletier a reçu le ministère du presbytérat en l’église Saint-Eugène à Granby (paroisse Notre-Dame) par Mgr Christian Rodembourg, m.s.a.

P. Nicolas Sengson, s.v.d., a quitté le diocèse l’été dernier afin de participer au Chapitre général de sa communauté.

Chanoine Denis Lépine, v.é.ChancelierLe 4 février 2019

Ordination presbytéraleRenouvellements

Quitte le diocèse

Le Christ est la source de cette grâce. « De même que Dieu prit autrefois l’initiative d’une alliance d’amour et de fidélité avec son peuple, ainsi, main-tenant, le Sauveur des hommes, Époux de l’Église, vient à la rencontre des époux chrétiens par le sacrement du Mariage » (GS 48, § 2). Il reste avec eux, il leur donne la force de le suivre en prenant leur croix sur eux, de se relever après leurs chutes, de se pardonner mutuellement, de porter les uns les fardeaux des autres (cf. Ga 6, 2), d’être « soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ » (Ep 5,

21) et de s’aimer d’un amour surnaturel, délicat et fécond. Dans les joies de leur amour et de leur vie familiale il leur donne, dès ici-bas, un avant-goût du festin des noces de l’Agneau... (Catéchisme de l'Église catholique, no 1642)

La grâce du sacrement

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Livré à :

Société canadienne des postesPort payé

Poste Publication40017271

Merci Seigneur, toi qui nous as donné le bonheur de nous rencontrer. Merci d’avoir permis à nos deux cœurs de se comprendre et de s’aimer.

Donne-nous le bonheur de vivre chaque instant comme étant unique et la joie de saisir l’importance de la vie, qui donne goût et saveur à toute chose.

Aide-nous à nous réinventer chaque jour afin de vivre dans la lumière l’un de l’autre. Que notre amour se nourrisse de découvertes quotidiennes et qu’il ne cesse jamais de grandir. Que notre amour soit éternel! Amen. Valérie et Francis

La prière des époux