Revue de l'Orient Chrétien. Volume 29. 1933-1934

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    PER BR 140 .R42 V. 29-30Revue de l'Orient chr etien

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    )CT 8 1952

    REVUEDE

    L'ORIENT CHRTIENDIRIGEE

    Par R. GRAFFIN

    IROISIEME SERIETome IX (XXIX)

    29' volume. 1933-1934

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    CTALO&UE DES MANUSCRITS THIOPIENSDE LA BIBLIOTHQUE AMBROSIENNE

    Au mois (le fvrier 1933 Monseigneur Giovanni Galbialini"a ciiarg d'tablir le Catalogue des manuscrits thiopiensde la Bibliothque Ambrosienne. Ce travail intressant a tt'ait dans des conditions particulirement agrables, grce l'amabilit du savant Prfet qui garde si bien les traditions drdlicat humanisme chres l'Ambrosiana.Le fonds thiopien de la Bibliothque Ambrosienne com-prend seulement cinq manuscrits, auxquels il faut ajouter un

    Pentaglotte (pitres de saint Paul) et un Ti'traglotte (pitrescatholiques et Actes des Aptres) (1) provenant tous deux dumonastre Saint-.Macaire au dsert de Sct. Les mss. thio-piens n"' 1 et -2 ont appartenu primitivement la bibliothquedu couvent abyssin Santo-Stefano-dei-AIori de Rome. qui. cret subventionn par le Saint-.^ige, fut le premier foyer destudes ge'ez en Europe. Le possesseur du manuscrit n" 2 taitTanse'a-Krestos, le compagnon du cllire rudit Tast-Seyon, Dans le manuscrit n 3 relatif l'astrologie et lamagie on trouve l'intressant ouvrage Mas/iafa Mekr (Livredu Conseil) qui fait partie du trait de divination dsign parles Ethiopiens sous le nom de 'Airda-Xagmt (Cercle desRois). Cf. .S. Gkf.h.^lt et E. Tissekam, Coflices aetliiopii/ii/htiolhecae Vaticanae. pp. 479 sqq.A Sa Saintet Pie XI. qui lut le prfet minent de la

    ili Le Pentaglotte et le Ttraglotto sont probablement entrs la Biblic-tlique Ambrosienne avant 1634. Cf. Palrologia Orientalis, t. X, fasc. i,pp. ."j3-S et in-iii. Un Psautier Penta,^lolle de mme origine se trouve laBibliothiiiue Vaticane (Barberini, Or. 2 .

    [I]

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    4 REVUE DE l'orient CHRTIEN.Bibliothque Ambrosienne, je ddie ce Catalogue en hommaged'admiration et de gratitude.

    Manuscrit n" 1.Ambros. th. (ancien G 1)

    Analyse du contenu.

    Psautier, Cantiques des prophtes, Cantique desCantiques,

    Offices et Anaphore de la Sainte Vierge, Mlanges.1. Fol. 1 r"-fol. -2 V". Fragments divers.

    a} Fol. 1 r-v. Prire magique incomplte et d'une cri-ture fort grossire. Incipit : Jlft h " "d

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    b RKVUE DE L OUI EXT CHRETIEN.e) Fol. 189 i"-fol. 194 r'. htio" (B-fitu fl^in-d Ce

    {sont) les Louanges du mercredi.d) Fol. 191 r"-fu!. -M) r". fll-^A. ' {\iha'h Louangesdu jevdi.

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    CATALOdLK DES MSS. KTII. DK 1. A.MIROSIEN.NE. ic) Fol. 255 r"-v". Prire magique contenant les noms

    secrets de Dieu. Incipit : rtA-T*^ : 'i9titl A'rhl'" :9"4'VA"^ ; Solomon, \emlos, Lofimm, Meqfelon.

    d) Fol. 256 r". Traces d'une image thiopienne colorie.e) Fol. 256 v. Image enleve d'un livre europen etcolle ici, reprsentant un abb qui tient un livre ouvertet est entour de moines genoux.

    /) Fol. 257 r". Image enleve d'un li^re europen et colleici, reprsentant Jsus dans les bras de sa Mre avec unange prs de lui.

    rVXW-Ji : ^hn ! Mois de Teqemt, le 18 : Yemrehna-Krestos.Mois de Uedr, le 3 : N'akueto-la-'Ah.

    /)) Fol. 257 v. Courte prire./) Fol. 2.58 V-fol. 260 r". Citation des versets 31-35 du

    ciiapitre vu de l'vangile selon saint Marc (gurison dusourd-muet).

    COLOPHONS, ORXEME.\T.\TIO.\, l'ALOGIlAPHlEET DESCRIPTIO.V.

    t. Trois colophons :a) Fol. 179 r. Premier colophon : fff s (sic) tmf^fhV

    (sic) HhA s (sic) .e^^-A ' (sif) flJAS- A?ifl-K.->^.P-ftfli-fcPft ! {sic) H+Ci httn f.^h {Sic) AT-h*^ " Ce livre {appartient) Ke/la-Denget, fils(spirituel) de notre pre 'yostativos {sic), de Qarna-'Ebaz, haut plateau de Gououdo.

    b) Fol. 209 r". Deuxime colophon : AH-fc ' 0-8A. : '^C99 : XrhTlTP M : T'+^l : {sic) illl,? : -^Th : {sic)ffljKOrt. hJl'CtKhi. i t'ai crit ces Louanges de Marie,moi Feqra-'Egzi'e, pcheur et criminel. Ne m'oubliezpas.

    c) Fol. 221 v-fol. 225 r". Troisime colophon : AH '

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    s REATE DE L ORIENT CHRETIEX.Xrhfc" : mhnh^he: (sic) in-^ : j?.i>"'/^> a'Ja ?JA?" I Jt^xj :;: hliiM'V {sic) hiryx^hh. : [Sic}v/*'e : (D/^.ie : i-ncti. i^t m^ort. : nw-A- ^H. (fol 225 r ) nWA- {\hh' dhrt \\CM'l'S*e Vm.Mfrt : hr'>(n.hV WA- = T-SA H'.p.i- ! flJHfflrti- : ^.jPmV** }4y,

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    CATALOGUE DES MSS. KTII. liK I. AMliliOSirCNNE. '.(!) Fol. 170 r". Ce folio ^commencement du Cantique des

    Cantiques) est surmonti' d'un entrelacs colori.e) Fol. 179 v. Motif de dcoration fait de figures gomi'-

    triques concentriques : un grand rectangle, un losangeet un petit rectangle contenant des entrelacs.11. Palographie.

    La lettre A" n'a pas de pi'doncule et le signe de la voca-lisation prend assez souvent une forme anguleuse. Leslettres anguleuses sont : , yi, f, ^., g, f, ^, }\.

    12. Di;SCRIPTIn.V.(() Sur le plat intrieur de la couverture on lit, aprs la

    dsignation : l'salteriutn Ahi/ssinum j G. 1, la noticesuivante crite par M^'' Ceriani, prfet de la BibliothqueAmbrosienne : Psalteriiim liur/un aet/n'opica conscrip-tion, in 'jiio conlinentiir psa/ini J.',l; j alii r/iiinquevulgo Salomonici, j alii deceni, ijuas into- canricutii.Annae, Josephi sponsi / Virginis Maiiae. aliud Vii-ginis / ipsius, aliud quoque in adven / tiim Christi iniirbem Jelrusalem. Suh finem codicis / siint rgthmi-cae quaedam / scriptiones. Quae vero exaratu j sitntvulgari in charta. niiHius j moinend habenlur.

    b\ Sur feuille volante analyse du manuscrit en langueitalienne pai- Eugenio Griffini, bibliothcaire particulierde S. A. Fouad P'. roi trgypt*^.

    c) Ce volume (261 feuillets) n'unit deux manuscritsprovenant du monastre thiopien de Rome Santo-Stefano-dei-Mori. L'un, en parchemin (135 x 120 mm.;177 feuillets : fol. o-fol. 179), est du commence-ment du xvi'' sicle ou de la fin du .\V. L'autre, enpapier (13. x 101 mm., largeur prise au fol. 180;84 feuillets : fol. 1-fol. 2 et fol. ISO-fol. 201), est duXV!'' sicle. Feuillets blancs : ISO r, 2.'JS r". 20ii v", 261r-v". Nom du possesseur : InV-tK .^.''J'IA : Ke/la-Dengel; nom du scriiie : 'P4

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    1(1 HEVUE DE l'orient CHRTIEN'.Manuscrit n" 2.

    Ambros. th. (ancien 20)Analyse du contenu.

    Ofticc de la Sainte Vierge, Enseignement des Arcanes.1. Fol. 1 r"-fol. 33 r. Weddsi' Mrym, office de la Sainte

    Vierge pour les sept jours de la semaine.o) Fol. 1 r -fol. r, V . (D-Pifi, a ttint ' InOlUn 'Louanges du dimanche.h) Fol. 5 v"-fol. V". fli-^rt. nM-f. Louanges du lundi.c) Fol. 9 v"-fol. 11 r". n^'A-tl ' fl^^rt. =:: Louanges du

    mardi.d) Fol. 1 I r"-fol. 19 r". fli-AJrt. : Jl/.fl'd ' Louanges du

    nieicredi.e) Fol. 19 r"-fol. 2.j v". fl^^,rt, : ttiho^'tl Louanges du

    jeudi.f) Fol. 2.") v"-fol 29 V". Sans titre. ... AnqasaBerhOn, autre office de la Sainte Vierge. Titre et incipit :fflhni 'H.hc: afP,M AXTHhThV '^C9^^9" {sic)... ^"+X 'ttCVi ' Lnsuilc nous nous .souvenonsdes Louanges de Xotre-Dauie Marie... Porte de laLumire.

    3. Fol. .")1 v"-fol. .j3 r". Un miracle de Marie (gurisond'une fivreuse venue d'Egypte Bethlem auprs deMarie). Incipit : A-^^^^

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    CATALOGUE DKS MSS. KTH. WF. I. AMBROSIENNE. 11

    4.^*^/ Un miracle de Notre-Dame la Sainte VieryeMarie, (fendrafrire de Dieu... Une femme vint dupays d'gupte, suuHrant d'une grande fivre, tandisque Notre-Dame la Sainte Vierge Marie, deux {foisvierge), gnratrice de Dieu, se trouvait Hef/dein :elle .N(i prosterna devant elle.

    I. Fol. 53 v"-fol. 66 r". Temherta Hebou't. enseit;nomentdes Arcanes expliquer aux fidrles avant l'olilation(xp:(j;?) . Titre : (Ih'H- l'9"|JC'h {sic) AxOrh^ Sur l'enseignement des Arcanes.

    COLOI'UON ET DESCRIPTION.5. COLOPIION".

    Fol. 33 V . H-f: ! {sic) cD->Jrt. : HhrUih-J-Ti [sir) a^c.^9" hX'/VlTP :: isic) M i'

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    12 REVUE DE l'orient CIIRTIEX.

    jManusci'it n" 3.

    Ambros. th. (ancien ms. Bricclii)Analyse dl: contenu.

    Astrologie, Magie, Mlanges.1. Fol. 1 r"-fol. 10 V" et fol. 20 v". Astrologie, grammaire

    et prires magiques.a) P^ol. 1 r". fol. 6 v"-foI. 7 r". foi. K v" et fui 26 v". Calculset prdictions astrologiques.h) Fol. 1 v. Prire magique pour olitenir l'explication

    des songes. Incipit : ^4'9"CA4' rt^hjPA : 'A'/iiierleq.Sadkuol. Desinit : V** 'mf \\ao -. Vil/X rliAo" til'ttCh ' i'ibR'I" " Viens vers moi, afin dein'e.rpliijNer les songes, ( moi) ton serviteur. Rciteil {fois).c) Fol. 2 r"-fol. ('. y" et fol. 8 r"-fol. 10 y". Extrait du

    Satvsetv.d) Fol.

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    CAT.U.Oi.Li; OKS. M8S. KTII. DK L AMHROSIENXE. 13V.'. Fol. 11 r"-fol. lit v". Tables, formules et prires magiques.

    1-/) Fol. 11 r". f^iemire table (noms des lettres hbraques) :tilkV

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    .J.

    1 t REVUE DE l'oRIEXT OiIRTIEX.(texte : .fiil ) (D^-CV-I- tD^M: (s/' ) fflrw^.'j'if- ' T+Les dcnize aptres virent t'irncuje d'une vieille femme assisesur un tas d'immondices; elle tait extrmement terrifianteet effrayante; ses yeux fulguraient comme l'clair; ses mainset ses pieds {taient) comme des roues; de sa bouche sortaientdes flammes de feu.

    s) Fol. 19 V". Prire contre les sortilges. Iiicipit : nfiff :

    tiao : ^(p, : ^/'^C s Pcir le nom de Mengugu que soientdlis {les sortilges); par le nom de )'od qu'il {les) dissipe;par le nom de Qof qu'il (les) dtruise.

    Fol. -20 r"-fol. 29 v". Astrologie et magie.a) Fol. 20 r"-fol. 22 v". Divination par les douze cons-

    tellations du zodiaque. Titre : thtt ' h'Ph'fl'l" : Divi-nation par les constellations. Incipit ; ftoo- .- (oho^' 'n:i;fl i^v^ b,uao^ . Ttn\ fl)h

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    a

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    CATALOiilK DES MSS. KTII. DH I.'aMRROSIE.WE. 15e) Fol. 24 V". Divination pour le voyage. Titre : ihhd TI* ' Divination pour le voi/age. Incipit : ii9"i\tottao ihlC mCU dAl- ay,1?:V' bu"iL : /liH :Jette ton nom, le nom du pai/s, le mois, le Jour surles 10 {/icjures). J. {Voyage) bon. Va.

    /) Fol. 25 r-fol. 26 r. Tables et formules magique.-;.(j) P"ol. 21 r"-fol. 28 r'*. Prires magiques :

    X) Fol. 27 r". Prire pour tre libr des chanes. Incipit :flF-C ' MP-C J^^ hR.^ Cfitl Sdor, 'Aldor, luml,'AdrO, Ito'l'is (= Sator Arepo Tenet Opra Rotas, formulepalindrome faite des noms des cinq plaies du Christ).

    ii) Fol. 27 r. Deuxime prire pour tre libr des chanes.y) Fol. 27 v". Troisime prire pour tre libr des chanes.) Fol. 27 v"-fol. 28 r". Courtes prires et formules.

    /() Fol. 28 V". Comput des Cossens. Titre : ^n :|>^'H : Comput des Cossens. Incipit : Jn4*'f; T^'^P^ : [sic) nV-nC-f: ^1H.?i 'Jot'|- : r'hWA' hoo- : A^AA. hao : me ni^.e:v tss^-^c j&^Pnh fflhAO K'W. Jette l'purle, le (entijon(-/vQiv), le {nom du) trne du Seigneur, l'anne de lamisricorde, le nom de l'ennemi, le nom du paijs surles 30 (figures), l. On se runira dans l'amour et il u'gaura pas d'ennemi. Desinit ex abrupto.

    () Fol. 29 r". Dessin magique : losange ornement' etvisage humain au centre.

    j\ Fol. 29 V". Syllabaire thiopien et chiffres.

    4. Fol. 3U r"-fol. 35 v". Seize cercles magiques identiques ceux du ".4 u'da XagasI :

    a) Fol. 30 r". (Au centre du cercle! g ^">2. Cercle de {la lettre) Haiet.

    c) Fol. 31 r". (Au centre du cercle) r JiOJ-R i ivfli-l- :3. Cercle de {la lettre) Saui.

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    16 REVUE DE l'orient CHRTIEN.d) Fol. 31 v". (Au centre du cercle) i htO'f^ ' M'V '

    [sic) 4. Cercle de {la lettre) St.e) Fol. 32 r". (Au centre du cercle) a ^fl>*A ' :i'a>^

    5. Cercle de (la lettre) Tiv.f) Fol. 32 v. (Au centre du cercle) % ha-R .- S'J "

    6. Cercle de {la lettre) Non.(j-j) La disparition de deux feuillets explique la solution

    de continuit des cercles.k) Fol. 33 r". (Au centre du cercle) a hfl-R 9A "

    U. Cercle de {la lettre) Sapa./) Fol. 33 V". (Au centre du cercle) jf hot-y, ;i'j?.V- '

    {sic) 12. Cercle de {ta lettre) Pynou.m) Fol. 31 r". (Au centre du cercle) r h(D'?^ ' 'it'^

    13. Cercle de {la lettre) Kuey (diphtongue).n) Fol. 31 v". (Au centre du cercle) : ht*?. Ji;l'H :

    74. Cercle des c/iif/res.o) Fol. 35 r". (Au centre du cercle) 'iik hiO*^ '?

    7.5. Cercle du {chiffre) 100.p) Fol. 3.5 V". (Au centre du cercle) i : hiD'f. ff

    16. Cercle du {chiffre) 10.000.Les divisions des cercles renvoient aux 16 lacs.

    Fol. 3U r". Divisions du T' cercle (lettre Hoij) :(() 6 AH.V ' 4. : -l'^W : ant'hd 9V :Ha. 1. 7 (I troureras l'expos de la chose dsire dansle lac SiKi.

    b) U- ->

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    CATALOOLE DES MSS. KTII. DE l'a.MHKOSIENNE. 17Ile. . Ta Irouveras l'expos de la vente des marc/inii-dises dans le lac Zewy.

    /) % v/.'M^ rhh rtfi? \\(\:\w. ^AIIH :: iie.I). {Tu trouveras) la re/icoiilrc avec des homuu's {enne-mis) dans te tac 'Alzezo.

    ' '/-(tutrouvejyis) l'association d'a/faires dans le t ! a(\tW. rt.'^lHl. :i: L. 1-2. {Tutrouveras) le cours du voyage dans le lac Smzb.

    ut) A r AH.V I9"i. nn^li/. Wi'PTi Le. 13. (Tutrouveras) l'e.rpos (conrernaid) te voyageur itans lelac Ilau's.

    n) A- o ^/.hn : AH.V ii^oo-y .. atitix/. ir-n 'Lo. 74. Tu trouveras Vexpos {concernant) te maladedans le lac dont.

    0) th Tt ^

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    18 REVUE DE l/ORIi:.\T CHRTIEN.1") Fol. 37 r"-fol. .'jS r". Mashafa Mekr. Livre du Cnnseil.

    Incipit J'BT'J ^?:h.-l' ' K'Ill.^-nrh.C ".h^ :aum^-t-'W^ " {IV e.cpund.) H-l'*!!/. bma.-tt h{rmn.n : dAM- Tffto- (' ) oofch. ' rht: = $flrh'"' Hno.l) Fol. 50 V". Id. n/h/. ! rt. {sic) (Lac) 'Abdun.

    Fol. 37 r"-fol. 38 v". Divisions du V" lac (lac Sn) :a) Premire division : ;%"/.!* .- at^-^R' : Herherche de

    la. chose dsire.//) Deuxime division : V'tA : "if?. ' Voyage d'affaires.c) Troisime division : ft^h .- n,'f" '"?-/*' ' Accs la

    maison du roi.d) Quatrime division : '^4^^h : l-i Litige.

    [16;

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    CATALOGUE DES MSS. KTII. DR l'aMBROSIEXNE. 10

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    20 REVUE DE l'orient CHRTIEN.""XV/i (D'i'i-llfi ' toi {qui es) sage, connais-ce livre [le Mashafa Mehr) et le Tafseso.

    7. Fol. 60 v"-fol. 01 1". Divination par les douze constella-tions du zodiaque : lUao^ : (J*=^) Blier, rtfl^C [J']Taureau, lafXl ( = 'jj9^) Gmeaux, ^"Jft'C .( .^ij)Cancer, hrt^ : (j..^i) Lion, rt^O " (^^-) Merge, ^U'J[^\y-j>) Balance, J4 : Jt-Z/e (so/i) /io;/, {lenom de sa) mre, l'anne de la misricorde, Vvang-liste sur les {figures). 1. Il ohiiendra une fonction:il vaincra ses ennemis.

    9. Fol. 61 v-lbl. 68 r". Prire.s magiques :a) Fol. 61 v"-fol. 62 \. Formules magiques.b) Fol. 62 v. Table magique renverse, crite en carac-

    tres arabes.c) Fol. 63 ^"-fol. 64 y". Prire donne saint Thomas.

    Incipit : \t\ao : h-fl : (lA : ll'J'l: : hh'^l' '>!i!A^ \l(0

    rtA-l-^A'e h-fw. ^n^yti H4-nrt,A'e h^^*^ h.^^v, i\/J^bA iii'h.^^ Ois : Au nom du Pre. Ce sont les noms depuissance qui sont descendus des deux {et) que {le Seigneur)a exposs Thomas pour en faire mention. La gloire co}i-vient {cm Seigneur). Saltijliri, 'Elwi, He:.qeys, Zarou-bslivi, 'lwi, 'llwi, Zeral, Berd'l. Indication desjours o cette prire doit tre dite : 3 Pguemn, 20 Ter.12Tcljss, 4 Yaktit, 2

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    CATALOGUE DES MSS. KTH. iiE l'aMUROSIENNE. 21tl'fl ^ifl.P " ([^.^i" (sic) Rcite en ces jours marqus cettejirire et tu trouveras ijrauil p>v/it.

    d) Fol. r". Prire par les noms gyptiens. Incipit :tnV- ' -VoJ' d'Egypte (jui attumeul le feu: noms d'Egyptei/u/ {.l']iHeignenl.

    f) Fui. (m v"-tbl. ()(' V". Prire pour diMier les sortilges. Inci-pit XA-1- iiKiV T-'Ir/i'l- /*'^p. ! (sic) hP'i'i't- - 0

    :JP'J : P-'l";l-rh. A^.H. : 'i'/i'/h : S7. = WA" : Z^/...ei' : 4'rt:v>bA : *rc/bA h'blV.A lTP,h.A : ^Tff-ft ! Prire pour dlier les charmes des dmons et des bnnjO,les cli((r)ues de tous les esprits impurs, les tirti/ices et les

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    22 REVUE DE l'orient CHRTIEN.ti.4.fl.A /^.v-nc ! h9"-'itt ' A?ih-i- ^.t-hh-^' ' flj?.rt.n;ii -

    /*'rtl.Ch M Notre Dieu, qui es assis sur les Chrubins {et) esclbr et glorifi par les anges, c'est toi qui nous as accorded'enti'er dans le leiriple de ton saint mystre.

    k) Fol. G7 V". Prire contre la pleursie. Titre : XA"!" 1)i'H' /h"? ' tO'lh'l' ' Prire contre la maladie de lapleursie. Incipit : Ml) ff

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    C.VTAl.OGfE DES MSS. KTIl. HK l'aMBROSIEXXK. '-iS

    Desckutiiin.11. Ce manuscrit (G8 feuillets) est du xix" sicle. Parcliemin;

    17-J X 120 mm. (mesures prises au fol. 11); premier cahier(f'I. 1-fol. 10) : ISl X !H mm. (mesures prises au fol. 2).Nui du possesseur : -hfiA = /"Art. 'nih/a-Sellsi'. Reliureindigne avec plats en bois.

    -Manuscril n" 1.

    Ambros. th. (ancien ms. (Wiezzi)Analyse du contenu.

    Psautier, ('anti'iues des prophtes, Cantique des Cantiques,Offices de la Sainie \ierire.1. Fol. 1 r"-foI. 101 V". Psautier. Titre ( la deuxime ligne

    du fol. 1 r") : ffD'Ml..P''i" t Ca/tlii/ues des prophtes,

    a) Fol. 101 V -fol. 163 r". Prire de iVlose. Cf. Ex., \v,1-19.

    I)) Fol. lO:! r"-fol. 10.1 r". Prire de Mo.se. Cf. Deut., \x\ii.1-21.

    c) Fol. 10.'>r"-fol. 107 r". Prire de Mose. Cf. Deut., xx\n,22-43.

    d) Fol. 10)7 r"- fol. lOS r". Prire d'Anne, mre de Samuel.Cf. I Rois. II, 1-1(1.

    e) Fol. 168 r"-fol. 109r". Prired'zchias. Cf. Is.. xxxviii.10-20./) Fol. 109 r"-fol. 17( \". Prire de Manass.g) Fol. 170 v"-fol. 171 r". Prire de Jonas. Cf. Joii.. ii,

    :5-10.m

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    21 REVUE DE l'orient CHRTIEN../?) Fol. 171 iMbl. 172 v". Prire de Daniel. Cf. Dan., m,

    26-45.i) Fol. 172 v"-fol. 17:! r". Prire des trois enfants dans la

    fournaise. Cf. Dan., m, .j2-56../) Fol. 173 r"-fol. 171 r". Action de grces d'Ananias

    d'Azarias et de Misal. Cf. Dan., in, .57-88.A) Fol. 171 r"-fol. 170 r". Prire d'Habacuc. Cf. liai)., m

    1-19./) Fol. 176r"-ful. 177 r". Prire d'isae. Cf. Is., xxvi, 9-20m) Fol. 177 r"-fol. 177. v". Mayni/icat. Cf. Luc, i, 40-5.")n) Fol. 178 r"-fol. 178 v". Benedictus. Cf. Luc, i, 68-790) Fol. 17S V". Nunc dimittis. Cf. Luc. ii, 29-32.

    3. Fol. 17S v"-fol. 187 V". Cantique des Cantiques. Titre :oothA? w^hAf. : IKD'h'l' HrtA"T''> " Cantique desCantiques, c'est--dire de Salomon. Le Cantique desCantiques est ordinairement divis en cinq sections. Iciles divisions ne sont indiques que pour les Irois pre-mires sections :(/) Fui. 178 v"-fol. 181 V". Premire section.

    I)) Fol. 181 v"-fol. 184 r". Deuxime section.c) Fol. 184 r". Troisime section.

    4. Fol. 188 r"-fol. 205 v". Wedds Mnnjui. office de laSainte Vierge pour les sept jours de la semaine.

    a) Fol. 188 r-fol. 189 r". fli-^,rt. HrtV-J?- k Louanges dutuildi.

    Il) Fol. 180 r"-fol. 192 r". at'fifl. s Ul^^^t " Louanges duntardi.

    c) Fol. 192 r"-fol. 195 r". ahP,{i, : n/.i{'b " Louanges duNiercredi.

    d) Fol. 195 r"-fol. 199 r". iB'Ptti, Hrfiff-ft-^rt. H+^'^'l' : rt^tl'l' Louauges du samedi.[22]

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    CATALOfllK DES MSS. KTIl. Hi: I. AMIUiOSIKNNE. ZOfj) Fol. -203 V-ful. 205 V. ahPtU : AX'lll.h-H [sic)nC^T HJ?.'T-Vn'n ^M- rt*}!!!- Louanges de

    .\utie-L)aiii. Fol. 20.J v"-lnl. -Jli V". Wedds wa-Geiuhj... AnqamBerlin. autre office de la Sainte Vierge.

    COLOPHON ET DESClill'TIOX.I). CoLiipIlON.

    Fol. 21.) r '\'.?,aD -. HrtA" : }t1]\.h'nA^C hao :

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    CATALOGLE DES .\ISS. ETH. DK 1. AMHROSIEXNE. 27h) Fol. 7 V . ;j JifrnC OTA?iA'/- hff.nC V- Moii-

    (agnes au-dessus des montagnes.i) Fol. 7 V". g Ji^OC AO-A '' Montagnes hautes.

    :. Fol. 8 i"-lol. ! V". Magie.a) Fol. 8 r"-fol. 9 r". Prire.s, lormules et recettes

    magiques.b) Fol. !l V". Talisman compos d'une iToi.\ et d'un rectan-

    gle .superposs dans lesquels sont inscrits des n

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    28 REVUE DE l'orient CHRTIEN.(lu pays d'origine : flJ'/'KMi^. : Ihltt IM" 'Wih.^ 'et " A t crite, alors qu'il se trouvait en la villede Rome. Sans explicit.

    r. Fol. 100 V'-loi. 170 r". ptre aux plisiens. Titre :t\\'n\ ' tudo'i -'"'i' .'/''"* d'plise. Indication dupays d origine : j-nv1h

    7. Fol. 18.S V'-lol. i:! r". pitre aux Colossiens. Titre :t\{\-(\)f\ ! (sic) ^t\t\^.\ : x\.u.r gens de Colosses. Indica-tion du pays d origine : fl)'(-X'

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    CATALOGUE DES MSS. TH. DE L'AMUROSIENNE. 20lu. Fol. 211 r'-lol. -2 H) v". pitre au.x Hbreux. Titre :

    M'tth 'il/.'llf'i Au peuple des Hbreu.r. Indica-cation du pays d'origine : fli'hX'^ont termines ici les pitres del'apntre Paul (en) Ji livres. Priez pour moi qui les aitraduites, a/iii que le Christ se souvienne de moi ilansson royaume. Amen.

    [27]

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    30 REVUE DE l'orient CHRTIEN.Palographie et description.

    15. Palographie.criture aichasante. La lettre A" n'a pas de pdoncule.

    Les lettres anguleuses sont : 0, o", d, 0, l, 0, d.. La lettren prsente une forme rectangulaire. Les chiffres sont trssouvent dpourvus de traits horizontaux. Le chiffre i se rap-proche du B grec majuscule. Le chiffre est muni, droite,d'une boucle mdiane.16. Description.

    a) Les feuillets sont diviss en cinq colonnes. Au recto :thiopien, syriaque, copte, arabe, armnien; au verso :armnien, arabe,, copte, syriaque, thiopien. Le textearmnien cesse partir du fol. 170 r" et la cinquimecolonne reste vide.

    b) Sur le plat intrieur de la couverture on lit, aprs une, note latine concernant la foliotation du Pentaglotte. lanotice suivante crite par M*"^ Eug. Tisserant : Exstatin liijhliotheca Vaticana (Barberin. or

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    CATALOfilR: DES MSS. KTII. DE l'aMBROSIENXE. M'1'd.f\Oo : (.s/r Mjf.fiJ^'fi : (sic) Est termine (l'pitre)de Jacques.

    2. Fol. i:! v"-tol. -JT r". 1" t'piti-e de saint Pierre. Incipit :nt\oo : hn ifii'hd. : (s/) HA.T(?ft ! Au nom dul're... \ous (Jcrirous {In I'^ pitre) de Pierre. Sansexplicit.

    :!. Fui. 27 r-fol. 35 v". Il" pitre de saint Pierre. Titre :H.T(?ft II" [pitre] de Pierre. Explicit : H.'ri?t\ ! s //'' {!'pitre) de Pierre.

    I. Fol. ;!.') v'-fol. 4S r". r pitre de saint Jean. Incipit :tiao : hlW.h'i hS(y-t\ 'mM^ti [sic] -itllh. ' [sic)n?'ih'itt s Au nom de Xotre-Seigneur .Jsus-C/iristnous crivons {fa /'''' pitre) de Jean. Sans explicit.

    .j. Fol. 1's Aptres. Explicit : i-

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    32 REVUE DE l'orient CHRTIEN.une graphie archasante, alors que dans le Ttraglottercriture archasante alterne avec rcriture d'aspectdj moderne. Cf. folios .50 v, .57 v, 58 v", G r". 60 v",61 V", 62 r, 62 v, 63 v", 61 r, 64 v", 65 r", 65 v, GS v",70 r", 70 v, 72 v, 73 v", etc.

    lu. Description.(/) Les feuillets sont diviss en cinq colonnes. Au recto :

    thiopien, syriaque, copte, arabe; au verso : arabe,copte, syriaque, thiopien, la cinquime colonne restantvide.

    b) Ce manuscrit (186 feuillets) est de mme ge que lePentaglotte (fin duxiv' sicle ou commencement du xv).Papier: 358 x 267 mm. Reliure europenne en cuir;au dos : Epistolaru. j canon icar. / et mit. apost

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    LA PENSE GRECQUEDANS LE MYSTICISME ORIENTAL

    {Fin.)

    Le nioniie de la Toute-puissance ^-jr-^ (1). dit le Madjmaal-bahra'in (maa. persaa 1-22, page 194), donne leur existenceaux deux mondes; on le nomme galement monde invisible,monde de l'Amour, monde de TUnit; il est sans limites etindfini; il ne peut ni augmenter, ni diminuer: il n'a paspar lui-mme de nom, de forme, de dimensions; nanmoins,il a une existence absolument relle, et il subsiste par sonessence propre, tandis que le monde de la Souverainet'^'j>^' et le monde tangible oX'-^ n'existent que par sonipsile. Ians ce monde de la Toute-puissance, les contraires,les contrastes, sont confondus, alors qu'ils sont discriminsdans le monde de la tangibilit. Dans la thorie des onto-logistes musulmans, le monde de la Toute-puissance et li-inonde de la Souverainet sont deux aspects du monde de laTranscendance, le premier contenant le Dcret '-^, l'Im-muable, le second, l'Arrt ,--', qui en distribue les modalitset les organise. Ce double aspect du monde de la Trans-cendance est la rplique manifeste du /.ijy.:; v:-/;Ti, dumonde des intelligibles du no-platonisme, lequel (PorphjTe.Principes de la thorie des intelligibles, 7(3), en etTet, estle prototj'pe. le paradigme du monde sensible, ne peut niaugmenter, ni diminuer, parce qu'il n'occupe pas de lieu,parce qu'il contient l'ensemble des formes archtypes du /.tij.o,sous une forme non discrimine, sous les espces d'uneintgrale, l'infinit des ides constituant un tre indivisible,

    (1) Reoue de rOrienl chrtien, 1930-1931, page l.7.[m:

    ORIENT CHRTIEN. 3

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    34 REVUK DE l'orient CHRTIEN.dit Plolin (II, IV, 1). un sujet la fois un et vari, qui serevt de formes multiples; toutes les entits, dans le mondeintelligible, ajoute-t-il (11, vi, 1), n'en forment qu'une seule.alors que, dans le monde tangible, elles sont discrimines,parce qu'elles sont des diffrentielles; ce que les ontuio-gistes n'ont pas compris, ou plutt o ils ont vu que le mondetranscendantal contient essentiellement les contrastes enbinmes, ce qui est la caractristique, l'idiosyncrasie de lamatire, et ce qui les a conduits, dans un syncrtisme absurde, identifier le monde des intelligibles, l'irradiation la plusleve de Dieu, avec la matire primordiale, l'irradiation,l'manatioa ultime de son ipsitt-, le mal personnifi, l'ap-parence vaine et trompeuse, dans la doctrine no-platonicienne.Cette erreur est du mme ordre que celle qui consiste (1931,page 117) faire du Kahim primordial, la premire crationd'Allah, en mme temps que l'Intelligence prexistante, cettemme matire originelle, dont Dieu se sert pour crer le7.ic7;j.:;, sans qu'elle soit sa cration. Ces errements sont impar-donnables; ils montrent que les Mystiques de l'Islam n'ontrien entendu au.\ textes qu'ils dmarquaient. Que penser decette sagesse orientole qui, de son syncrtisme avec ladoctrine de Platon, aurait produit le no-platonisme, alorsqu'elle confond la matire, les intelligil)les et l'Intelligence,aux deux extrmits de la srie des manations divines?

    Certains Soufis disent (Aziz ibn .Alohammad al-Xasali,Maksad-i (iksa, man. supp. persan 12(i, folio .">! verso; 1-24,folio 317 verso) que le monde de la tangibilit est une merde tnbres, le monde de la Souverainet, une mer de lumire;que ces deux ocans se mlangent dans l'ipsit des entits, laterre, l'eau, l'air, le feu, les minraux, les vgtaux, lesanimaux, les cieux, les toiles, dans toutes les existenceslmentaires ou complexes.

    Ces entits n'ont d'existence que lorsqu'en elles la lumire-se trouve discrimine des tnbres, de manire que les idio-syncrasies de la lumire apparaissent dans leur ipsi'it. Encorefaut-il remarquer que, dans les thories du Bahr el-inaaniman. supp. persan 966, folios 280 recto et 281 recto), la lumirese prsente sous un triple aspect : 1 la lumire transcen-

    [18-']

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    LA PENSE GRECQUE DANS LE MYSTICISME OKIENIAL. 3.Jdantale intgrale ^'-^ ^~:^^jy; - l'obscurit OJj; 3" laradiance '-r^, le monde de la radiance tant situt' entre le mondedes esprits et le monde des corps. L'ipsit de rinvisihllitintgrale Jv^- ^.-- *;'. ;* est la lumiiTe transcendantale, laperception de la lumire tant fonde sur son contraire, c'est--dire sur l'obscurit; la lumire, en termes plus clairs, n'exis-tant, ou plutit son concept n'existant dans l'esprit du voyant,que parce qu'il l'oppose dans sa conscience la sensation d'obs-curit, ce qui peut d'ailleurs s'tendre toutes les sensations, etsurtout aux sensations transcendantales du temps et de l'espace.Il n'en reste pas moins vident que c'est une erreur declasser dans la mme catgorie un phnomne et celui qui luiest contraire, par le moyen duquel, par la conjonction duquel,dans la conscience, on les discrimine l'un de l'autre (1).Quant la radiance, elle possde deux aspects : une lumiretangible aux sens matriels, qui se manifeste par elle-mme,et manifeste les entits sensiljles; une lumire impondrable,transcendantale, qui rvle les dcrets de l'Invisilile dans lafacult Imaginative.La matire priiiiordiale, dit le Macljma al-bahrain, page

    292, est une essence simple, susceptible de revtir l'aspectd'ides, de formes, d'intelligibles >-1j,^'^, ou de tangibiiitsJJi,; elle est l'essence des deux aspects de l'univers, le mondeintangible et le monde sensible. Quand elle reoit les formes,et ne les perd plus, elle constitue le monde intangible, le mondedes intelligibles; quand elle les perd aprs les avoir reues,elle forme le monde tangible. Cette thorie est l'adaptationde la doctrine platonicienne; le concept de la dualit de lamatire remonte Platon; il est dit. dans le Time (3'^],que le Dmiurge, en fait l'Intelligence primordiale, a crl'Ame du monde de trois entits : 1" une essence zj-ix indivi-sible et invariable, la matire qui existe dans le monde

    (1) Ea admettant mme que les Anciens, ce qui n'est pas impossible, aientobserv, sans natuiellement pouvoir les expliquer, des phnomnes d'interf-rence, dans lesquels de la lumire ajoute de la lumire produit de l'obscurit,exactement comme deux vibrations sonores superposes peuvent, dans certiinesconditions, crer du silence, des ondes sonores stabilises, tous faits c[ui nesont que des cas particuliers des phnomnes produits par la simultanit domouvements vibratoires d'une trs faible amplitude.

    :183]

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    36 REVUE DE l'orient CHRTIEN'.intangible; -2 une essence divisibli'. celle qui existe dans lesentits tangibles; 'A" une essence forme de leur combinaison,laquelle contient ainsi les idiosyncrasies de la monit de lapremire et de Taltrit de la seconde. Encore ne s'agit-il, dansce passage, que de l'aspect suprieur de l'Ame, celui qui con-temple les intelligibles, mais ne cre pas; car il estditunpeu plusloin( 11, 1-2) que leDmiurge voulut former les mes des planteset d'autres spiritualits, qu'il rpandit jusque sur la terre, e1au.xquelles il confia le soin de former les mortels, d'unmlange de ces essences : mais il ne s'y trouva plus que laseconde et la troisime, parce qu'il avait puis la premire crer l'aspect suprieur de l'Ame. Ces mes des plantes et cesspiritualits constituent manifestement l'aspect infrieur del'Ame, l'Ame gnratrice, la Nature, qui reoit les formes deson aspect suprieur, sans avoir et/' elle-mme appele contempler les formes ternelles, et qui cre. Il faut compterparmi ces entits secondaires, qui ne participent plus que poui'une trs faible part de la matire du monde intangible, lesdieux que le Dieu a crs, et dont il se proclame le Dmiurge,aux fils desquels il ordonne de crer la race mortelle; car ce quiprouve bien qu'ils sont forms d'un mlange, de qualit trsinfrieure, des deux dernires essences, c'est ce que leur dit leDmiurge, qu'ils ne jouiront, quoique dieux, de la vie ternelle,qu'autant qu'il ne les en privera pas; ces Dmiurges des exis-tences mortelles tant tous manifestement des aspects de l'as-pect infrieur de l'Ame du monde.

    Cette thorie est naturellement professe par Plotin (II, n,2-8), qui admet l'exislenre de deux matires ( 1 ), la matire intel-

    (1) Cotte doctrine de la dualito de la mitire a conduit les no-platoniciens la thorie de la dualit de l'infini : il existe deux infinis, l'un dans le mondeintelligible, l'autre dans la matire, qui constitue le monde tangible, quoiqu'elleappartienne au monde intelligible, dont elle l'orme le stade ultime; entre ce--deux, modalits de l'infini, il y a la mme diffrence qu'entre l'archtype et sarplique, entre l'ide et la forme sensible (Ennades, II, iv, 15). L'infini du mondetranscendantal est l'infini idiosyncratiqueuient idal e'iu'aov w; Ttcipov, il estVidi-e de l'infini seul rel au point de vue tangible /,/)6'jtpov neipov, c'est--dire rinfini du monde mx-triel, la matire, qui ne lui appartient pas, tout enformant son substratum, ou plutt, qui est en connexit avec lui, par ce faitqu'elle constitue son sujet. L'infini to (:tipov semble n de l'infinit /, jr;ip;i

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    I.A l'EXSKI': GRECQUI'; DANS I.K MVSTiriS.Mi; OiilKNTAI.. 37liuibleet la matire sensible, partant une certaine matrialitdu monde des intelligibles, protutype et paraiiigme du -/.iT^.:;sensible; mais cette matrialit du monde intelligible est unemodalit qui chappe absolument notre raison; elle est unmystre; elle n'empche pnjnt la virtualiti-, l'imaginarit dece monde des intelligibles, dans une existence inexistante,encore plus virtuelle que celle de l'image d'un oiijet qui,dans un miroir, va se former dans la quatrime dimension,aprs avoir tourn autour du plan du miroir.du Vn primordial, soit de sa puissance, soit de son ternit. Le L"n primordialest une puissance infinie, parce que, de toute ternit, il a tout man, parcei|u'il est le Dmiurge du monde intelligible, l'Intelligence tant le Dmiurge dumonde de l'Ame universelle, l'Ame universelle, le Dmiurge de l'univers sen-sible; la matire est une puissance indfinie, en tant qu'elle ne possdepoint d'idiosyncrasie dtermine, parce qu'elle possde Tidiosyncrasie de lapolymorphie: l'ide est plus essentielle que la matire: elle est le type; ce n'estpas la forme de la haclie qui coupe dans la matire, mais la matire, sansl'ide idiosyncrasique de la forme, ne couperait pas, puisqu'elle est apte tousles enjplois. La Gnose a systmatis le concept de la dualit de la matire, enmodifiant sensiblement la thse du Time, tout en i-onservant celui de lamatire comme ne d'une ultime manation de la Transcendance. D'Acha-moth, l'aspect infrieur de la Sopliia, de l'Ame universelle, sont produits :1 l'essence matrielle r, -Ar,, de sa passion criminelle, qui est la matire nonintelligible: "' de sa conversion, l'essence psychique, -ro 'j/u/izov, qui est unaspect suprieur de la matire non intelligible, ces deux aspects de la matiretant confondus, comme le montre ce fait que le Dmiurge fut oblig de lesdissocier pour en crer l'univers: 3 de son commerce avec les satellites de.lsus, l'essence spirituelle, -'} Kv-uiiiT-./.v, la matire intelligible, comme lemontre ce fait qu'elle est consubstanlielle avec Achamolh, qui, en fait, est l'ultimeintelligible; ^i bien que cette essence spirituelle chappe la Dmiurgie d'Acha-moth, que la .Sophia ne peut lui donner la forme, car l'Ame ne peut organiserles intelligibles un stade au-dessus d'elle, dans l'iiypostase suprieure, pour enconstituer le xoitjlo; intelligible, ce qui est au del de son rle. Le Dmiurge,chez Platon et chez l'Iotin, organise la matire non intelligible, une et unique,pour en faire la tangibilit; la Gnose ddouble l'opration: ne pouvant organise!'l'essence spirituelle, la Sophia s'occupe de donner la forme l'essence psychi-que, sans vouloir toucher la matire matrielle, ce i|uelle considre commeindigne de ses mrites.- aussi ne cre-t-elle pas le monde: elle cre le Crateurde l'univers, le Dmiurge, en ralisant les ides potentielles et virtuelles qu'elletient du Sauveur, e.xactement coumie l'Ame universelle, dans le platonisme,cre le monde sur le paradigme des ides, des formes ternelles. Achamoth,dans cette leuvre, est l'aspect de Buthos. le principe suprme; elle joue parlapport lui le mme nJle dmiurgiquc que joue r.\me universelle chez Plo-tin, quand elle produit l'univers, mais avec l'intervalle d'un stade, le Dmiurge;elle est le Dmiurge du Dmiurge, qui est le Dmiurge du xspio;, commeButhos est le Dmiurge de l'Intelligence.

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    38 RKVCK DE l'oHIENT CHTIEX.C'est tort que l'on a admis l'volution de ce concept de la

    matrialit de l'intangibilit entre Platon et Plotin; il estinexact que ce soit le noplatonisme qui ait doubl, dans laTranscendance, le monde sensible d'une image matrielle d'unecertaine matV'riaJiti', dont l'existence ontologique est parfaite-ment inutile. L'erreur est manifeste; elle mconnat singu-lirement l'essence de la thorie plalonicienne; le monde,(lit le Timc (29), est form l'image d'un autre monde, laressemblance de la plus belle des existences, du /iaij.s; desides (31), et ce monde Iranscendantal est dou d'une certainematrialit (35); si bien que le monde sensible et le y.i7;j.c desintelligililes, d'aprs Platon, comme chez Plotin, sont les deuxaspects de la mme entit, l'un, le monde des ides, rel dansla virtualit, l'autre, l'apparence du premier, ralise dans laralit. Comme l'a dit Pliilon, en paraphrasant peine la pen-se de Platon, sans aucune inlluence orientale, le monde desintelligibles a t cr parle Verbe des ides incorporelles, desii.les incorporelles et archtypes i zEp'i -wv .'jM\j-M^i y.xi -apa-

    ' BiY[j.a-:r/.(.)v .iewv, et le monde tangible a t cr par le Verbedes entits visibles 5 r.t,\ twv ipa^wv, lesquelles sont lesrpliques des intelligibles, dans le sens, exactement, oij leTime (32) parle du corps du monde -/.i^y-ij c7(oi;.3:. ef ditj(j);j.aT:EiO Zt or, 7.x\ ipy-'i -Tv -i otX t's ;s.yb[j.vi:'/ iv/y.'. : ilfaut que le monde soit dou de l'idiosyncrasie corporelle, etqu'il soit visible el perceptible aux sens pour exister (1).

    Ce ne sont pas les m'O-platoniciens qui ont exagr la pensede Platon, mais bien les Gnostiques chrtiens (Etinades.II. IX, 5), ce qui est tout autre chose, lesquels, au grand scan-dale de Plotin, ont invent l'existence autonome d'un y.ba[j.i;diffrent du monde intelligible et du monde sensible, qui est,

    (1) 11 est manifeste quof dans la pense de Pliilon, le Verbe des ides imiiiati'ielles, virtuelles, des prototypes, est le premier Principe, le Bien suprme,(|iii a man l'Intelligence et le x(ii(jio; vorirtS;; que le Verbe des entits sensiblesest l'Ama universelle, qui a cr le monde tangible d'aprs les modles qu'elle aperus dans l'Intelligence: Phdon, ici, ne considre quedeu.x Dmiurgies : celledu :o ripTov crant le y.6f7(io; vorjirj-, celle de l'Ame crant la tangibilit; il neconsidre pas la Dmiurgie de No-j; manant l'Ame et son monde, parce qu'ilregarde le rle de l'Intelligence comme celui d'un intermdiaire; il n'endemeure pas moins certain que cette thse est essentiellement platonicienne.

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    LA l'K.NSKE liKECQUE DANS LE MYSTICISME iiKIENTAL. 39en i|UoIqui' sorte, un ddoublement du monde des intelligil/les,le Paradiii'me du monde, ou Forme du monde, Raison dumonde. Terre trangre, Terre nouvelle, Jrusalem, dans unsyncrtisme trange avec ce que dit saint Jean, dans VApo-Cdljipse (\\I, \-'~) '. v.y!: c'!;;v ijpavbv y.x'.vbv -/.y!: -f! y.a'.VTiV.., v.xl ^'''I(i)vv(;; ci;v -.},) i'/iav lep:j:x/.r,y. /.jcvr,/ i.y.-y.zy.bizxtzyM i/. -.z'j

    :J,:av:j i-b tcj Hij ; ce Paradigme du monde sensible n'tantautre que l'glise triomphante, personnifie par le conceptfFAchamotli, la reine des spirituels , qui sont sortis duPlrme avec elle, et qui y rentreront avec elle, lorsqu'ellesera devenue l'pouse d(^ Jsus-Christ, quand eux-mmes seseront dpouills de leurs mes, en mme temps que de leurs

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    '10 REVUE DE l'ORIEXT CHRTIEN.avec le Paradigme, puisqu'Achamotli, dans les rveries desValentiniens, n'est autre que l'Ame.

    Bien que Plotia dise, dans ce mme passage, que, de cefait que la matire se trouve la fois dans les entits intel-ligibles et dans les existences matrielles, qu'elle n'est en actepar rapport aucune de ces deux classes, il n'en est pasmoins absolument certain que, dans son esprit, la matiredu monde des intelligibles est essentiellement dilrente decelle qui sert de substratum au -/.iTix;; des tangibilits. Lamatire intelligible est une cration immdiate du monde desintelligibles; elle est une matire divine; elle ne possde point,comme l'autre, l'idiusyncrasie du mal; la matire sensible estune cration, un produit de l'aspect infrieur de l'Ame univer-selle; elle est le stade ultime du monde des Intelligibles (1), etse relie au monde intangible, exactement dans les mmestermes o, dans le concept des ontologistes musulmans, quiont dmarqu cette thorie, le monde de la Souverainet estditTrent du monde de la Toute-puissance, tout en tantcomme lui un aspect de la Transcendance.

    iiuei tait le sentiment de Platon sur l'origine de la matiredu monde intangible, jusqu' quel degr les no-plato-niciens rptent-ils sa pense, quelle est leur part dans cettethorie, c'est ce que les termes 'du Tiince ne permettentpas de pi'ciser; mais il est vident que la doctrine dePlotin ne fut que le dveloppement de celle que Platon n'apas expose, puisqu'il dit que l'autre matire, la matire nonintelligible, se rattache cependant, dans une modalit d'ailleursobscure, l'ordre des intelligibles.

    Les intelligibles ai, i-r,, zWim, vzr,-x, dit Plotin, sonttecliiiiques du iioo-platoiiismc sans comprendre leur sens, ensuite, que lessotristes musulmans n'entendaient rien l'essence de leur doctrine, carun ddoublement du monde intelligible ne peut tre le monde de l'Ame.

    (1) La doctrine, sur ce point, est llottante, et ne manque pas d'une certainecontusion; pour Platon, la matire .se rattache mystrieusement la srie desintelligibles; pour Plotin, elle est une sorte d'exsudation de l'Ame universelle;l'antagonisme est absolu; je sais bien que l'on pourrait allguer que les intelli-gibles sont les ides de l'Intelligence, qui a man l'Ame universelle. Dmiurgedu xofftio;; que, chez les Gnostiques, la Sophia est en mme temps un Intel"ligible et l'Ame; il est inutile, de chercheur deviner comment Plotin conciliait,la thorie du Matre et la sienne, ce qui est fort ardu.

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    I.A PF.XSK GRECQUE DANS LK MYSTICISME OItlENTAL. 41lOiupost'S, au mrnie titre que les corps matriels, di' malirreet de forme, mais dans une nnidalit esscntielleinent dit-l'rente de celle de la composition des tangibilits; car lamatire des i;orps engendn'S varie sans cesse de inodalitr' et deforme, tandis que la matire des intelligibles demeure toujoursidentique elie-mr'me. Dans le monde sensible, la matiren'est Tout que par diffrentielles: elle n'est chaque objet,chaque diflerentiolle, que dans des aspects successifs: dans lemonde transcendantal, au contraire, la matire possde tousles aspects, toutes les diffrentielles, simultanment; elle estl'Intgrale; elle ne saurait se transformer; ce qui expliquequ'un intelligilile puisse lre l'archtype, le paradigme,d'un nombre infini de formes matrielles, dont chacune repro-duit son aspect: la nialiere intelligible, en fait, est l'essence,ce i|ui en fait un intelligible, et, puisque la forme des objetssensibles n'est qu'une image, il s'en suit que la matire dontils sont composs n'est que la rplique de la matire divine ( 1 1.C'est l'altrit du monde intangible r, -ip'z-r,: r, y.C, dit Pldiiu(II, IV, 7)), qui produit constamment sa matire, car le principede la matire est le mouvement primordial; la matire intel-ligible, cependant ill, iv, lii , n'est pas identique ;'i cette altrit;elle n'en est qu'une partie, celle qui nat de la contradictionde cette altcrit avec les intelligibles et avec les raisons, quitoutes manent de la Raison divine; encore vaudrait-il mieuxdire qu'elle nat de cette altrit, qui est un mal, alors quel'ipsiti' de la matire tangible est le mal, alors qu'elle estproduite par l'aspect infrieur de l'Ame universelle, en dehorsde ce concept d'altrit, d'opposition ses idiosyncrasies. Cemouvement et cette altrit du monde ti'anscendantal prucilfuttous les deu.x du L'n intgral. m:iis l'un et l'autre sont indter-mins, exactement, d'ailleurs, dans la mme proportion o lemouvement de la matire sensible ne connat aucune loi C-'i ; il

    (1) Ce qui, en raliti'. est assez naturel, et se prsente tout naturelleniont fesprit, si l'on continue la pense de Platon et celle de Plotin, la matire intel-ligible tant tout au sommet de la hirarchie des intelligibles, la matire nonintelligible, tout en bas.

    (2) Ce mouvement est purement virtuel et potentiel, puisque rintelligencoprimordiale, dans l'ataraxie absolue, est indpendante des concepts de temps

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    42 REVUE DE l'orient CHRTIEN.leur faut subir l'influenee du Un intgral pour devenirdtermins, exactement comme la matire tanahle doit subirl'intluence et l'empreinte des raisons et des formes, quiproviennent de la Transcendance, qui procdent de la premireliypostase, par l'intermdiaire de la seconde, l'Intelligence,pour passer de la virtualit l'actualit. L'altrit et le mouve-ment se dterminent quand les intelligibles se tournent vers lui,comme l'Ame ternelle du monde se tourne vers l'Intelligence,pour contempler ses formes, et en crer le -/.i^jj.:;. La matiredes essences intelligibles est indtermine-, elle n'est pasessentiellement le mal, comme la matire de la tangibilit;elle n'est ni bonne, ni mauvaise; elle ne devient bonne quelorsqu'elle a t illumine par l'clat du Un primordial; maissa lumire n'est que la rtlexion de la lumire du Biensuprme, et elle ne possde l'ipsit du bien que comme uneidiosyncrasie qui lui est trangre, parce qu'elle la tient d'au-trui. C'est un rsum de cette doctrine qu'expose le Madjmaid-lialinin. en disant que la matire, dans le monde transcen-dantal, une fois qu'elle a l'eu la forme, sa forme, ne la perdplus durant toute l'i'lernit (1), puisqu'elle sert indfinimentd'archtype, tandis que, dans le monde sensible, la matirerevt successivement les formes des diffrentes identits qui sesuccdent dans la vie, chacune de ces formes tant la rpliqued'une des formes invarialiles de la Transcendance. C'est ainsique Flotin a ('crit que les intelligibles sont bien engendrs,SI l'on veut, en ce sens qu'ils ont un principe, mais qu'ils ne,sont pas engendrs, en ce sens qu'ils n'ont pas eu di' commence-ment, que, de toute ternit, ils tirent leur existence, dans lein, d'espace; elle est, dans l'tendue et la Dure, dans riernil.: ce uiouvementvirtuel tant inexistant, ne peut produire le mal de la matire des intellif,'ililes,comme le mouvement de l'Ame, qui est rel, produit le mal de la matirematrielle.

    (1) La thse platonicienne, reproduite par les ontolotristes musulmans, est quel'intelligible est invariable, immuable, qu'il est le prototype ternel des formesmatrielles; cette doctrine tait possible dans un monde arrive sa perfection,qui ne prvoyait pas l'volution des entits matrielles, la dcadence, puis la4'eiiaissance; le canon de l'homme, au xx sicle, sa forme matrielle, diffrentsensiblement du canon de Phidias; il serait facile d'en multiplier les exemples;d'o, en bonne logique, |iour rester dans l'orthodoxie platonicienne, il faudraitaimttre que les intelligibles voluent, ce qui est l'htrodoxie mme.

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    LA l'ENSKK GRECQLK DANS LI. MYSTICISME OltlENTAL. I:!/.z-\i.zz -izr-.hz, (le leur principe, qu'ils restent immuables, alnrsque les entits tangibles sont toujours en devenir .

    Plotin fonde sa thorie sur ce fait qur le monde tan^-ible estla rplique du monde des intelligibles; le niondr tangible tantcompos de matire et de forme, il s'en suit qu'il doit galementse trouver des complexes de forme et de matire dans l'Intangi-biiit;sur cet autre, que les ides, les intelligibles, possdentcertainement une idiosyncrasie qui leur est commune, puis-qu'elles se prsentent dans la muliiplii-it; une idiosyncrasiequi leur est cliai'une |iarliculii're, puisqu'elles diffrent lesunes des autres; celte idiosyncrasie de chacun des archtyjies,des paradigmes, qui le diffrencie de la multiplicit des autres,est sa forme; or. dit-il, la forme suppose un substratum quila reoive, ce substratum n'tant autre que la matire. Laforme, dil-il {Ennadcs, II, vi, 2), n'est point une qualitvirtuelle; elle est une raison, un verbe, a:-;:;, une essencei'jzi-y., au mme titre que les autres intelligibles. Ces deu.xarguments se ramnent un seul, dans un singulier matria-lisme, et cet argument est inexistant, la forme tant unevirtualit, l'enveloppe idale des entits, rduite la ligne ou la surface sans dimensions, partant immatrielles, qui sparentet discriminent de l'tendue l'espace qu'elles limitent et dfinis-sent ; laforme, dans l'univers tangible, est fonction de la matire,et ne peut aller sans elle, mais non dans la Transcendance, carl'existence et les idiosyncrasies des tres gomtriques sontcompltement indpendantes de la matire; le concept de lamatire, mme d'une matire immat-rielle, appliqu aux entitsgomtriques, leur ferait perdre immdiatement leurs propritsidiosynerasiques essentielles; si l'on suppose dans l'espaceune ellipse dont le primtre soit figur par une ligne d'unepaisseur quelconque, la ligure ainsi forme n'est pas uneellipse; elle devient une couronne ellipsodale, dont l'un descontours qui la dlimitent, la ligne intrieure par exemple,est bien une ellipse, et satisfait l'quation ditrentielle decette courbe, tandis que l'autre contour devient une courbeparallle l'ellipse, d'un tout autre degr, d'une classeessentiellemiMit diffrente, dont l'quation est autrementcomplique. D'ailleurs, dans le troisime paragraphe de ce

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    11 REVUE DE L'ORIExNT CHRTIEN.mme sixime chapitre, Plotin affirme que les archtypes desqualitt'S, des idiosjncrasies, lesquelles, dans la tangillitt', netomlient pas sous les sens, et restent des virtualits, que cesarchtypes des idiosyncrasies sont les actes des essencescJ7iai, lesquels actes sont les principes de ces idiosyncrasies;mme si Ton veut admettre que les essences qui sont lesprototypes des entits matrielles du v.i(7;j.: sont des compossde la matire, il n'en reste pas moins ceriain que les intelligiblesdes i

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    LA PKNSKE ORECIJI'e MANS LE MYSTICISME ORIENTAL. I.Jooiisciencedel'lnii'llig'ence primordiale, ou mieux, elles formentsa conscience, coiiime nos ides forment la ntre; dans notresentiment, ride est une fonction de fobjet: la matire de l'ob-jet, la matire primordiale, est une et invariable; la variable estla forme, non seulement la forme qui donne l'objet sonapparence, et qui en fait un espace limit, mais aussi la formebeaucoup plus mtaphysique qui confre sa matire particu-culire les idiosvncrasies, la quiddit, l'ipsit, qui ladistinguent de la matire des autres entits, une l'ormesotrique inappr^ciable aux sens, qui consiste dans un arrange-ment des atomes, lequel fait que l'hydrogne est au sommetde la srie des quatre-vingt-douze corps simples, que le cuivreest du cuivre, l'azote de l'azote. Chez Platon, au contraire,rntit est fonction de l'Ide divine, la matire, qui est lemal, parce qu'elle est ignorante, restant invariable, hi variabletant la forme pour Plaliin. La matire du i.zn\i.zt tangible estune entit invisible, amorphe, xi^y-zy v.l'zz -.'. -/.v. 'i\i.zzzz->: ellerapport que de la possder; d'o il faut admettre que les ides, dans le y.oofio;v-,r,T4, sont le complexe d'une ide particulire et abstraite, celle de rohjet, ed"une ide gnrale et abstraite, d'une modalit, qui dtermine les idiosyn-cr;isies de i'objet dans le monde tangible, que l'intelligible de la modalit est\ariable, et peut subir une (volution, puisque le navire de guerre de 193:-! neressemble en rien aux trirmes de .Salamine. Le problme ne se prsentait pa.s l'esprit des no-platoniciens sous le mme aspect qu'au ntre; l'objet sensibleEnnades 1, ii, 1) n'est pas identique son prototype, l'archtype du mondeintelligible; il en est la rplique par similitude oiioioiTr,:, une rplique horno-graphique, pour son apparence matrielle, non pour sa constitution intime;l'objet sensible, en elTct, possde l'ordre et la proportion, tandis que l'arche,type, l'ide idale, ne possde, ni ordre, ni proportion, ni harmonie entre sesimrties. C'est de mme, dit Plotin, que nous tenons de l'Intelligence, l'ordre, laproportion, l'harmonie, qui sont les conditions de la vertu dans notre mondetangible; mais l'Intelligence n'est nullement tenue possder, ni ordre, ni pro-portion, ni harmonie, ni par consquent la Vertu, quoique nous ne puissionslui devenir semblables, et nous lever vers elle, que par la pratique des ver-tus; d'o il faut induira que la Forme inteUigible, pour donner la forme auxentits tangibles, n'a pas besoin de possder, discrimines, les idiosyncrasiesqui constituent l'essence de cette forme, lesquelles idiosyncrasies sont toutesconfondues dans les entits du monde intelligible, o toutes les entits diff-rentielles sont toutes comprises dans une intgrale unique, lesquelles idiosyn-crasies ne vieanent ss discriminer, se dilTrencier, que dans la forme sensiblequi est la rplique de la forme amorphe du /.rjujti vorir;; en ce sens. l'Idele la perfection, ne possdant, aucune forme, ou mieux, contenant dans unentgrale, toutes les ides partielles, toutes les modatils de la Beaut, peut indis-tinctement, dans la tangibilit, s'appliquei' une foime matrielle quelconque.

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    IG REVL'E DE l'orient CHRETIEN.est rindtermin, l'espace, ou mieux l'tendue, dont l'es-pace est une dtermination, c'est--dire l'espace vide, l'espacemathmatique, abstraction faite des corps forms d'atomes etde molcules, ou mieux, pour parler le language de la phy-sique, des proions et lectrons qui le remplissent, au nombre,sensiblement, de 10'''; elle est ce qui peut recevoir la formetangible, toutes les formes matrielles ~-jMliyj,z, et l'existence,par l'action plastique de l'Ide; elle n'est pas la cration dupremier Principe, avec lequel elle est coexistante dans l'ter-nit (1); l'espace, ou la matire, l'espace jouissant en effet decette idiosyncrasie de pouvoir, comme la matire, recevoir enson ipsit toutes les formes, et les conserver intactes, tant quele temps ne les modifie pas, l'espace, ou la matire, dit le Tiine,est le non-existant. Le Timce dit, dans un passage qui est bienconnu, que Dieu, voulant que tout soit bon, et que rien ne soitmauvais, prit toute la masse de ce qui tait visible, autantqu'il en existait, r.i^ ogo-i f, zpx-iy, qui s'agitait sans frein etsans rgle, et que, de ce dsordre, il fit sortir l'ordre, c'est--dire l'univers. Ce concept du non-existant visible paTsv esten contradiction absolue avec la thse suivant laquelle il estl'Invisibilit czipaTcv ; la matire, ne jouissant que d'idiosyn-crasies ngatives, ne peut absolument pas possder la qualitpositive d'tre visible, c'est--dire tangible; d'o il fautadmettre, cette leon se trouvant, semble-t-il, dans tous lesmanuscrits, soit que l'archtype de nos manuscrits portait 5p:f:cv visible , pour ipatov invisible (pa-iv se lit dans le manus-crit grec ISiM, qui est du ix'^ sicle, fol. 1 19 recto, ligne 33 de lacolonne de gauche), et, ce qui est vraisemblable, qu'il se trou-vait dans l'archtype une faute de copiste, soit que Platon aitvoulu dire que la matire tait visible pour la vue seule deDieu, puisqu'il est dit un peu plus loin, que la matire est,

    (1) Bien qu'en fait la matire soit, par l'intermdiaire de la srie des intelli-sribles, l'ultime manation, dans leur ordre, de la puissance du premier Prin.cipe; d'o il rsulte que cette entit ne coe.xiste avec le Un primordial qu'partir d'une poque forcment postrieure laquelle il a mis l'Intelligence; maisl'ternit, la Dure, n'est point soumise au concept du nombre, comme l'est letemps; la moiti de l'ternit, la moiti de la Dure, sont des expressions quin'ont point de sens, l'infini n'tant pas divisible, et c'est en ce sens que la matire,quoique postrieure au premier Principe, coexiste avec lui dans la Dure.

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    LA PIv.NSEE GRECQLE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 1(encore pluo que Dieu, imperceptible pour l'homme; mais, ilest, bien vident (jue Dieu, en dehors du temps et de l'es-pace, peut voir ce qui ne possde pas les idiosyncrasies de lavisibilit par rapport l'homme (1).La matire est rigoureusement diffrente des quatre lmentsqui sont forms d'elle; elle est en contradiction absolue avecle seul principe existant, l'Existant par excellence, c'est--direavec les Ides, les archtypes, lequel principe comprend enson ipsil l'Essence et le paradigme des entits cres; elle estternelle, comme le principe dont elle est indpendante, et ellen'est perceptible par aucun moyen, l'Etendue, en eft'et, tantune entit qui ne relve d'aucun des sens sotriques ouexotriques de l'homme; ce que dmontre assez cette circons-tance que les concepts de l'espace et du temps, qui sont djdes dterminations de l'tendue et de la Dure, ne peuvents'acqurir que par une seconde dtermination, que l'on nepeut tablir le rapport de deux entits dans le temps ou dansl'espace, autrement que par la constatation que la manifes-tation de l'une exclut ou non la reprsentation de la seconde,c'est--dire en juxtaposant les concepts de ces manifestationsdans les domaines internes que constituent la mmoire et laconception, pour estimer leur disjonction ou leur conjonction.

    Quoiqu'elle soit rigoureusement diffrente du principe desIdes, lequel est rigoureusement Un, alors qu'il existe troisordres d'entits : 1" les archtypes; 2" les existences; 3" lamatire, qui a servi modeler les existences sur les modles desarchtypes dans le moule fourni par eux, la matire, l'espace,ne laisse pas, continue le r///;t'e (page Ty2), de participer l'Uquelque sorte de ce principe unique, puisqu'elle est une entitdi: invisilile et amorphe, qui se relie, d'une manire obscurepour notre entendement, avec l'tre intelligible (2); d'o l'on

    (1) Cette seconde hypothse, d'ailleurs, tant peu vraisemblable; Dieu, dansce passage du Timc, est l'Ame universelle.

    i'i) vpatov s'io;... y.iTx\xKi.i-ioi i TropioTat r.r) toO voyjT'/j xxi 5'jTx)M-6TaTova-JT li-font;..., Tlme, 51 c. Eu t'ait, la matire se rattachant l'IntoUigencepar une connexion mystrieuse, se relie au premier Principe, puisque le pre-mier Principe est Un en trois personnes; c'est en ce sens, et plus forte raisonpuisque, dans sa thorie, la matire est une lie produite par l'Ame, l'hypostase

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    IS REVUE DE L ORIENT CHRTIEN.voit qu' quelques pages de distance. Platon lisite et tergiverseentre deux thses, celle de la dualit intgrale et absolue del'auteur du -/iTiJ- et de l'entit dont il l'a cr, la seconde,beaucoup moins radicale, qui admet entre eux une i-elationmystrieuse, laquelle s'explique assez facilement par ce faitque la matire et Dieu possdant la mme idiosyncrasie d'in-finit absolue, ont une caractristique essentielle commune (1).

    C'est cette seconde thorie, ou plutt le second aspect de ladoctrine de Platon, que Plotin expose da.ns ses Ennades,quand il affirme que. du fait que la matire apparat au stademme o se termine l'ordre des intelligibles, du fait qu'elle setrouve contenue dans les entits tangibles qui sont engendresd'aprs elle, il rsulte qu'elle est le stade ultime et terminal dela srie des intelligibles, et qu'il n'en peut plus exister aprselle (V, V, 5); en effet, par suite de l'puisement de la puis-sance divine, qui s'affaiblit dans la srie de ses manations,au fur et mesure qu'elles s'loignent de leur source, il existeun degr ultime au del duquel rien ne peut plus tre cr parau-dessous de l'Intelligence, que Plotin crit, comme on va le voir, que lamatire ne possde plus la moindre idiosyncrasie du premier Principe, ce quiest parfaitement logique dans la doctrine platonicienne.

    (1) A moins, ce qui est possible, car tout cela est extrmement subtil et dliel'analyse, qu'il ne l'aille comprendre ainsi : il y a, dans la trinit, trois personnes :1 le l'n; 2 l'Intelligence; 3 l'Ame. La matire est dans une certaine relationdu premier degr avec la seconde hypostase, l'Intelligence: elle n'est avec lapremire, le Un, que dans une relation du second degr, puisqu'elle est l'ultimemanation de l'manation du premier Principe, et c'est en ce sens que l'on peutentendre la dualit entre le premier Principe et la matire, autant qu'il puissey avoir multiplicit entre une personne de cette trinit, et une manation deson manation. Quant l'Ame, qui est le Dmiurge, et (|ui se sert de la matirepour crer l'univers, bien qu'elle soit galement une personne de la trinit,bien, par consquent, i|u'elle soit dans un rapiiort certain avec l'manation(la matire) de l'manation (1 Intelligence), qui l'a mane, il n'en reste pas moinsceriain qu'au point de vue sentimental, et non mathmatique, il y a plus dedistance entre l'Ame et la matire, qui sont, sur des lignes collatrales etdivergentes, qu'entre l'Intelligence et la matire, ou qu'entre l'Intelligence etr.Vme, c'est--dire qu'il y a bien cart de multiplicit entre l'Ame et la matireau sens o les diffrentielles se discriminent dans une intgrale, i|uand onla diffrencie; en ce sens la matire est dans une certaine relation avec l'Intelligence et le dualisme existe entre elle et les deux autres hypostases; maiscomment concilier cette thorie avec cette autre doctrine plotinienne que lamatire est une exsudation de l'Ame, moins de consiih-rer, ce ipii est impos-sible, l'Ame comme un intelligible?

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    LA PCNSE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 10les manations, par l'irradiation, du premier Principe, et l'en-tit qui se trouve ce stade est la matire, qui ne possdeplus aucune des idiosyiui'asies du Un primordial (1, viii, 7);et c'est ee qui rsulte galement de l'atTirmation de Fiotin,-uivant laquelle l'Ame infrieure, l'Ame ii'nratrice, laNature, tire la matire de son ipsit (II, m, 17 et III, iv, I),ce qui est la thse du no-platonisme. A un autre point de vue,rintelligible ne pouvait tre le dernier stade de l'existence:il ('allait qu'il ft en acte en lui-mme, et pour les autres enti-ts, c'est--dire qu'il fallait qu'il existt et qu'il crt; il fallaitdonc qu'il existt aprs lui une entit ultime, la plus impotentede toutes les existences, qui ne produit rien aprs elle dansla srie des entits, la matire (II, ix, 8) (1).

    Elle est donc une entit dont l'existence dpend absolument,sous une forme abstruse, de la nature divine, le dernier sujetqui demeure invariable, malgr la variation des phnomnes,amorphe, puisqu'elle peut recevoir toutes les formes, d'oson nom de 'j-zzzyr, 'ojv, l'espace indfini, le non-existant, lei/r, :v, comme cliez Platon, dans le sens o saint Maxime, dansses Sc/iolies sur saint Denys (page Hij), a dit que la matire estdite ;j.-J) cv, non qu'elle soit le nant, mais parcequ'elle ne possdepas l'ipsit de l'existence, parce que la ralit de l'existenceest Dieu, le Bien suprme. Chez les no-platoniciens, la matireest l'tre en potentialit, l'existence virtuelle v.cmI:-/, l'ipsitde la matire tant, non pas d'tre ce qui doit tre -b [j.fK/.z/,mais ce qui sera b 'iz-.x

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    50 REVLE DE l'orient CHRTIEN.est sans grandeui-, sans quantit, sans quiddit; ces attributsngatifs n'empchent pas qu'elle soit une entit oJj(a une,continue et immuable, un substratum, un sujet -:-/.;av:v, qui,comme le dit Aristote, n'est l'attribut de rien, et dont tout cequi n'est pas lui est attribut {Ennmdes, II, iv). Porphyre, dansses Sentences (xxi), a simplement adopt le premier aspectde la doctrine platonicienne; elle est incorporelle et diffrentedes corps qui sont crs d'elle; elle n'a pas de connaissance,pas de vie; il n'existe en elle rien de vivant; elle est informe,en volution constante, infmie, sans pouvoir dynamique; ellena pas d'existence autre que son mouvement; elle possde ledsir de se transformer en entits vivantes; elle est petite etgrande, dficiente et excdante; elle runit en son ipsit lescontraires; elle est, dirait la gomtrie moderne, la fois letome et l'atome, l'immultipliable et l'indivisible.

    Ce concept de la malficience de la matire n'est pas indo-europen; il suppose des observations d'un ordre physiquetelles que ne pouvaient en faire les Barbares; il est sorti toutentier de la pense grecque; aucun clan des Aryens, sauf lesGrecs et les Hindous, ne s'est jamais inquit de la nature trans-cendantale de la matire, qui est une entit physique, presquemtaphysique, d'un ordre infiniment trop lev pour des ptreset pour les habitants des cits lacustres. Le concept de la matireest essentiellement diffrent dans l'Inde et en Grce, sans qui!y ail aucun moyen de rduire les divergences qui sparent, surcette obscurit, les Hindous et les Hellnes : la -JKr,, chez les Grecs,est l'essence cache, l'ensemble des propriiHs mystrieuses, ducaractre sotrique du substratum des tangibilits; ce quemontre assez son tymologie indo-europenne, * wr- qualitde ce qui demeure secret , d'une racine ' irr- cacher,envelopper , puis choisir , par une volution smantiqueassez simple, laquelle consiste en ce fait que le primitif, oul'enfant, ou mme l'animal, qui choisit un objet, commencepar le sparer d'avec les autres et par le cacher, pour venirle prendre quand les assistants seront partis; ct de * wr-, ilexistait dans la langue aryenne une forme dveloppe * wrkhs/i-.et ces verbes se retrouvent couramment en sanskrit, sousles formes bien connues de wr-, wrhs/i-, irrtch-, trrdj-, ivrs-,

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    I.A PEN'SKE ORECQUE DANS I.E MYSTICISME ORIENTAL. 51es quatre dernires racines tant visiblement, au mme titre,

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    OZ REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.la injj, dont l'homme doit se dbarrasser tout prix. L;ivaleur smantique de prakrti est infrieure celle de j/.-^,ainsi que le concept qui a prsid sa cration ; ce seraitune erreur de s'imaginer qu'il est suprieur l'ide qui rsidedans iJA-/;, cause des trois guna qu'elle possde, et qui sontses attributs; car, si les Hindous, au second sicle, ou au troi-sime, ont eu l'intuition des idiosyncrasies que la mcaniquereconnat la matire, alors que l'attribut essentiel de la JX-r,platonicienne est de n'en pas possder, de ne possder, ni qualit,ni quantit, de n'avoir aucune ralit en acte, mais seulementen puissance, c'est qu'ils ont emprunt ce concept l'volutionde la science occidentale.

    C'est un fait curieux que le concept du complexe exis-tence, nergie, inertie , qui est caractristique du dogmesmkhya, se trouve contenu potentiellement tians le conceptplotinien, qui reconnat explicitement l'existence mtaphj'siquede la matire, implicitement, le fait qu'elle possde l'nergie,puisque c'est d'elle que procdent toutes les entits, l'inertie,qui est son incapacit changer statiquement ou cinma-tiq'uement, sans l'intluence d'un agent extrieur, la volontcratrice, qui lui impose les formes de l'Intelligence. Sanscompter que les no-platoniciens, comme nous l'apprend Plotin[Ennades, II, iv, I), tout en professant cette thorie que lamatire est une entit sans attribut, sans idiosyncrasie. taientbien forcs de lui reconnatre la Grandeur jasysOi;, ce qui taitfatal, puisqu'elle n'est autre que l'tendue infinie, ainsi quela facult, qui, en fait, est un attribut, de pouvoir subir despassions -y.Ur qui crent les lments, lesquels ne sont quede la matire organise 'jk-r, t.; kyoura ; mais la doctrine essen-tielle des Stociens enseignait qu'il n'existe que deux principes,'la matire et sa cause modificatrice: que le principe actif, lacause, l'nergie, est insparable de la matire, qu'il n'y a pasplus d'nergie sans matire que de matire sans nergie, quel'nergie pntre la matire et, en mme temps, qu'elle remplitle monde, ce qui, trs visiblement est l'origine mme de ladoctrine smkhya, dont la codification, avec la Snmhhijakrik.se place la date tardive du m'' sicle, peu prs.

    Si le rapport de vij; " 'jA-r; est approximativement gal

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    LA PKNSI'K fiRIXQl'E UAXS LE MYSTICISME ORIENTAL. 53relui de piinis/ta liorame, mle /jrakrti n matire ,iln'en est pas moins certain que la valeur absolue de leursomposanles est essentiellement diffrente, et qu'au lieu defaire del matire une entit mtaphysique doue de propritset d'idiosyncrasies inluctables, fatales, contre lesquelles iln'y a point lutter, parce qu'elles sont le Destin, les Hindous,par opposition au purus/ia, au mle, ont fait de la pvakrti unejolie femme, une enjleuse, qui sduit le mle par son charmeet par sa volont, dans un concept tout diffrent de celui dela J/.r, hellnique; et l'on ne saurait voir dans cette imaginationune mtaphore lgante, car c'est bien d'une jolie femmeque parle la SiJml.lniahril.i'i (vers 63 et GGl, quand elle dfinit\ jira/:rti : mon avis, rien n'est si dlicat que \a. pra/,\rtids qu'elle voit qu'on l'a vue, elle ne se montre plus au mleintrusha: l'un. l'Iiomme purushn, pense : je l'ai vue , etil se dsintresse d'elle; l'autre, la prukrti pense : il m'avue , et elle renonce ses coquetteries; ils demeurerontensemble, mais lis ne ressentiront plus le besoin de crer .Les Hindous n'hsitent point identifier la /ya/.r// avectoutes leurs divinits fminines, qui sont nombreuses (Garbe,die S'hn/.hi/a-p/iilosophie, Leipzig, 1891, page 54), et l'qui-valence absolue de la mi/ du systme vdanta avec \d.prakrtidu systme sinkhya est un fait vident: en ce sens, lapralrrli des Hindous est infiniment plus la nature, la ij7i;,que la matire, la JX; ; ou, si l'on veut, ce qui revient peuprs au mme, le mot sanskrit pral.rti r('pond certainsaspects du concept de la j\r en conservant l'idiosyncrasiemotionnelle et mouvante de la sjjtr, de la nature. tymolo-giquement, prahyti, de pra-kr-, qui est synonyme de kr-dans toutes ses significations, dsigne, dans une directionsmantique contraire celle de matire , la forme originelle,naturelle, l'tat primordial, par opposition avec vi-kr-ti change-ment Cl), et sains/,'rfa parfait ; puis, la constitution natu-relle, le temprament, la soune du monde matriel; mais^ette signification est le rsultat d'une longue volution

    '1) De telle sorte que, en rsume, la O.Ji est la mystrieuse , la prakrii,- la primordiale , ce qui constitue deux significations galement raisonnablesmais ijui correspondent des proccupations intellectuelles toutes difTrentcs.

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    54 REVUl DE l'orient CHRTIEN.smantique, qui a compltement retourn le sens du motprakrti, pour l'amener, du concept de chose cre , celuiradicalement oppos d'entit primordiale, dont sont cres lesentits du -/.iCTij-o^. En fait, comme l'a trs bien tabli Garbe[ibid., page 286), prakrti, pas plus quepradhna, ne dsignentune forme dfinie de la matire, pradhna encore moins queprakrti, puisqu'il signifie simplemeni l'objet principal ouprimordial d'une srie. Ces mots ne sont que de simplesmtaphores pour qualifier un concept qui dpassa les moyensde l'expression hindoue: il est visible que c'est par uneextension arliitraire, et tardive, que prahrti a pris, dans lesystme de la philosophie smkhya, le sens de matire primor-diale, et pradhna, celui d'lment initial d'o est volue lamatrialit de l'univers ; et ce fait est d'autant plus trange(jue la di'finition des trois attributs ijiina de la prahrli.l'existence, l'nergie, l'inertie, est en ralit conforme auxthories de la mcanique, qui considre que les concepts dematire et d'nergie sont ce point connexes que l'nergieest la proprit essentielle de la matire, que l'on peut considrerla matire, au point de vue physique, comme une condensationde l'nergie, et que l'inertie est une proprit gnrale de lamatire, qui ne peut seule modifier son tat. L'origine de cettethorie est fort obscure; elle correspond des connaissances-mathmatiques extrmement vastes, qui ne surprennentpoint Alexandrie, mais (pii seraient assez inattendues Kjalandhara, ou Indraprashta; la. S'hTik/iyakrik. qui exposeces doctrines, est environ de la fin du ii" sicle, ou mme ducommencement du m" sicle aprs .I.-C; Colebrooke et Bar-thlmy Saint-Hilaire ont signal les rapports qui existent entreles thses de la philosophie smkhya, Heraclite, Platon, dansle Timc. dans le P/irdoii. dans le l'/idre, dans la Rpidiliqup.et ces similitudes, au tmoignage de ces deux savants, sonttelles (|u'on ne les peut attribuer un simple hasard.La matire premire, dans Aristote, est bien ce qui ne con-nat, ni la forme, ni la quantit, ni aucun attribut, alors quela matire, sous son aspect de substance sensible, est suscep-tible de changement, de variation. En tant que la matire est letroisime lment du trinme form de deux idiosyncrasies

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    LV PKNSKK GRECQUE DANS LE MYSTICISME nlilENTAE. >)inverses blancheur, noirceur), et d'un troisime terme parleiiuel se manifeste le changement (la substance blanche, lasubstance noire), les variations 1" d'essence, -2" de rjuaiit,:i" de ijuantit, 1 de lieu, se traduisant par des manifestationstangibles, qui sont : 1" la production et la destruction; 2" l'aug-mentatioii et la diminution: ?> Faitration; 1" le mou\enient,la thorie d'Aristole est la dichotomie de celle de Platon,qui devint la thse des no-platoniciens, savoir que la maticit![iremire est une entit indfinie, indfinissable, prociie dunant et du vide, sans leur tre gale, mais qui est agite d'unmouvement qui lui est propre, drgl, qui lui est cuiumuniqupar une me draisonnable; c'est cette entit doue du neexistence propre que les ides confrent l'ordre qui en fait le/.:-y.:r: mais, bien que doue de ce mouvement originel, elleest une entlchie purement passive, que l'Ktre unique tientsous sa domination de toute l'ternit. ce principe ternel, ind-finissable, possdant l'existence et le mouvement; ce qu'exprimePlotin, sous des aspects varis de la pense no-platonicienne,en disant que la matire est le sujet sans forme, la forme,l'essence et la qualit: que la matire est continue, sans treun corps, sans tre spcialise par aucun attribut, par une pro-prit autre que cette idiosyncrasie lautologique d'tre le subs-tralum de tous les objets sensibles, d'tre en somme ce qu'elleest, sa proprit n'tant pas un attribut, mais une aptitude versle [devenir] les autres choses :::':; -x '),/.?.. H rsulte dudtail de ces obscurits que les trois guna de la matirehindoue semblent bien tre le dvelo|)pement, l'volution natu-relle de ce concept d'existence et de mouvement, qui, bienqu'elle n'ait aucune qualit, spcifient la matire primordialedes no-platoniciens, la matire substratum des tangibilits duStagirite, par une voie inconnue, sous des influinces quej'ignore. Cette mme disparit entre la valeur matrielle derinde et l'ampleur de ses thories se retrouve dans le domaineplastique : le Canon de Vatsayana, au m'' sicle, qui fut adoptpar les Chinois par la voie du Bouddhisme, et expos auvi" sicle, par Hsih Ho, avec ses six normes : le rendu exactde la forme; la perceptioa exacte du caractre du sujet: latraduction de l'i'motion arlisti(|ue; L'lgance de la composition:

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    5(3 HEVUE DE l'ORIEXT CHRTIEN.la ressemblance alisulue; l'analyse des idiosyncrasies du sujet,dpasse de beaucoup ce qu'ont fait les Hindous, dans le domainelie la peinture, comme dans celui de la sculpture ; les peinturesqui 8 dcorent les manuscrits vishnoutes et djainas, vers1 180, sont d'indicibles horreurs, alors que les artistes persansde Hrat, qui n'avaient pas de Canon, cette date, sous lepinceau de Belizad et de ses lves, ont cr des chefs-d'uvre;la peinture radjpoute, au xvi'" sicle, sous Akbar, ne reprit uneforme et une couleur que sous l'influence persane; d'ofi ilsemble qu'il y faille voir un simple emprunt au t'anonhellnique, que les Grecs apportrent dans l'Inde et en Bac-triane, avec des tautologies et des rduplications caractris-tiques de l'esprit hindou. Un Canon est un inventaire tardif desprocds lies chefs-d'uvre; il n'est pas une invention del'esprit, d'iiprs laquelle les artistes travaillent, un systmeprconu; il clt une srie et ne l'ouvre pas; l'artiste cred'aprs son inspiration; il ne travaille pas au compas; le cuis-tre, aprs des sicles, dgage les rgies d'un Canon imagi-naire, invente des coles, reconnat des inlluences, commeM. Thiers croyait analyser les plans de campagne de Bonapartedans le Quadrilatre, ou la tactique de Nelson Trafalgar:ds que le souvenir de IHellnisme s'estompa dans l'Inde, ellecra le monstrueux; elle avait le Canon, mais elle ne sut pass'en servir en dehors de ceux qui l'avaient cr, et qui taientdisparus.Ce concept de la damnation de la matire inerte ne remonte

    pas l'Aryanisme, jiuisque les Hindous n'ont hrit de rien desemblable, puisque, en fait, ils confondent sous l'aspect d'uneseule entit la matire et la nature, qui sont deux tres mtaphy-siques diffrents, dont le second se sert du premier pour crerruni\ers sensible; cette conception de l'hostilit, de la nocivitdes tres et de la matire se retrouve bien plutt dans leurs tho-ries sur ledharma: aussi, la philosophie hindoue, l'exceptiondes thses des docteurs de l'cole sa fnkhya, nes'inquitc-t-ellepasde la matire et de ses malfices ; elle rserve tous ses anathme.spour les lancer contre le concept imprcis d'existence, sanss'apercevoir, comme l'ont fait les Grecs, que si l'existence estempoisonne, elle le doit aux idiosyncrasies de la matire.

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    LA PKN'SEE GRECQUE DANS LE MYSTICISME ORIENTAL.

    Quand Dieu, dit le Madjma al-hahra'in (man. persan 1-2-2-pa^es 17 et 181 ;l),eut cr le M,^antlirope, il cra le micro-cosme, rhomme, qu'il nomma Adam; le microcosme ayant tcr l'image du .Macrocosme, qui a t- cr l'image de Dieu.il en rsulte que le microcosme a t cr limage de l'lreunique; l'homme est donc l'pure en rduction du -/.ce;;/.:;, ettout ce qui existe dans le Mgantlirope a son correspondantdans le microcosme; l'intellect correspond au ciel, les sens la terre, les vertus aux anges, et ainsi de suite, jusqu'auxpoils du corps, qui rpondent aux arbres, jusqu'aux passions,aux dsirs violents et la colre, qui correspondent auxdmons, btes fauves et animaux brutaux; jusqu'aux humeursviscrales, qui rpondent aux eaux terrestres; il existe danscette thorie un essai assez malencontreux de syncrtismeentre la thorie du v.z~

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    5S REVUE DE l'orient CHRTIEN.riMlexionnel de l'esprit intellei'tuel, c'est que l'esprit intellectuelperoit les entits mtapiiysiques, qui peuvent ctre peruespar le jeu normal des sens sotriques, sans la rvlation,laquelle est un fait de la volition de Dieu, tandis que l'espritnitaphjsique peroit les entits mtaphysiques, qui ne peuventtre perues par le jeu normal des sens sotriques. qui n'ap-partiennent pas leur domaine, lesquelles ne peuvent treperues que par une grce toute spciale d'Allah, qui enlve dedevant la vue solrique de son serviteur le voile formpar les matrialits et les immatrialits qui les drohent ses regards, ces entits mi-iaphysiques tant d'un ordre infini-ment plus lev que celles qui appartiennent au domaine del'esprit intellectuel. L'esprit de saintet {ibid, page (330) estcomparahle un point; la Prophtie o^>J une ligne; lamission v_::,JLj un plan; la prdication ^Zjy-i da'wat uneessence; la Loi ^^\.= un corps trois dimensions; l'originelie toutes les entits gomtriques est le point, et l'origine detoutes les actions est l'esprit de Saintet (1).

    (1) La ligne dcrivaiii du point; la surl'ace, de la ligne: le volume, de lasurface, par la translation, sans i|u'il soit facile de dire quoi corrcsiiomlentces assimilations g('omtri(|ues. Les sotrisfes ont dform la thorie no-pUi-lonicienne des facults de l'me; l'me iiTaisonnable possde la sensibilitexterne; la sensation externe consiste dans l'impression produite par l'actiond'un objet extrieur sur l'un des organes des sens; elle correspond l'espritsensoriel du mohta-sib d'Abarkouh; l'imagination sensorielle est conscutive la sensation, et elle en est la reprsentation sensilile: elle correspond unepartie de l'aspect infrieur de l'esprit imaginatif dont il parle.L'me raisonnable, c|ui possde, qui est la raison discursive xb otavoriTixbv, jouit

    de facults plus nombreuses et beaucou|i plus prcieuses, sans parler de la m-moire, de la volont; celle qui est essentielle en son ipsit est la raison discursiveStivoia, ou raisonnement )oyi

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    LA PENSE GRECQUE L>ANS LE MYSTICISME ORIENTAL. 5'.

    La vision, la conteuiplation de l'Unit intgrale d), sontcmpclii'es par des voiles , qui s'interposent entre elle eti'nrgane ini'taphysique de la vision transcendantale, en l'em-pchant d'enregistrer les sensations qui proviennent dumonde intangible; ces voiles sont de deux sortes, dit leMadjnta al-balinihi; il y a des voiles de lumire ^''.y etdes voiles d'obscurit jUli^; les premiers sont crs parl'esprit, tels la science, la connaissance de la philosophie, lesperfections auquelles l'homme peut atteindre; les secondssont produits par la matrialit du corps, tels la sottise, l'igno-iiicognoscible. L'imagination avriata est une conception imparfaite, en oppo-sition avec la conception parfaite qu'est la oiivoia, parce qu'elle n'attend pas lejugement le cette raison discursive pour formuler le sien; ce qui, dans lathorie platonicienne, s'explique par cette circonstance qu'elle constitue unepartie mdiane de l'homme, leiiuel est compos de l'intelligence et de l'mec'est par l'imagination que l'me se trouve la fois sur les frontires du mondesensoriel et du monde mtaphysique; c'est par elle qu'elle peut se porter sou-'r vers l'un ou vers l'autre, exactement comme l'Ame universelle, dichotomccen deux aspects, peut contempler le monde des intelligibles, ou se tourner ver.sle monde le la tangibilit (Enneades, I, i, II ; 1, iv, 10; IV, m, 3, 30, 31). L'opi-nion 66$a, qui apprcie les sensations et les entits sensibles, a t incluse par leMiohtasib d'Abarkouh dans l'esprit rllexionnel.

    L'intelligence a pour fonction de contempler les intelligibles : voO; hiutt rivTi; son acte est la v^io;;, la pense intuitive, laquelle correspond l'espritintellectuel du mohtasib d'Abarkouh, qu'il a inverti avec l'esprit rllexionnel,faute de bien comprendre leurs ipsits; la pensive intuitive donne la science etla sagesse.Quant l'esprit de Saintet, exactement romme l'aspect suprieur de l'esprit

    imaginfttif, il relve de facults transcendantales, qui peroivent l'illuminationet la rvlation par des voies mystrieuses; il est peine besoin d'ajouter qu'ilest un emprunt aux formules du Christianisme.Porphyre, dans son Trait sur tes facults de rame, a donn une variante de

    la doctrine de Plotin : d'aprs sa thorie, l'intelligence et la raison iliscursive,qui lui est immdiatement infrieure, possdent une idiosyncrasie qui leur estparticulire; elles ont pour fonction, l'une la pense intuitive f, 'ipc.a vsprEia,l'autre la pense discursive i, h Si|o5w ivif(z:3.. La facult sensorielle f, a'i56/|TixT,jva(i; s'exerce, soit par le moyen des organes des sens, elle est alors la sensation-.'I aliiin-n-i, soit sans leur moyen, elle est alors l'imagination lo iaviaiTizov.Dans l'entendement, l'intelligence intuitive est suprieure l'opinion to oJaT-T'./.ov, qui s'applique la sensation et l'imagination: l'intelligence intuitive,infiniment suprieure la sensation et l'imagination, est trs infrieure lavoTiui;, la pense intuitive.

    (1) Revue de l'Orienl chrtien, 1030-1931, page IbS.207]

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    (30 REVUE DE l'orient riIRTIEN.rance, les dfauts, les vices, les antagonismes, l'antisme ; ilss'vanouissent galement quand le Mystique a satisfait l'obser-vance parfaite de la Rgle exotrique et de la Rgle sotrique.Cette doctrine ne fait que commenter la tradition suivant laquellele Prophte a dit : Allah a (devant lui) soixante-dix voiles delumire et d'obscurit ; s'il les levait, la splendeur de sa face con-sumerait tous ceux qu'atteindrait son regard . D'aprs leMarsad al-'ibad, ces voiles sont forms de tous les mondes del'univers sensible et de l'univers mtaphysique, au nombre dedix-sept mille ou de soixante-dix mille. En tant qu'il est lemicrocosme, l'homme est la somme de tous ces mondes, etc'est ainsi qu'il existe dans son ipsit soixante-dix mille vuessotriques, qui lui permettent de les percevoir; il peroit lemonde matriel par les cinq sens, qui sont rgls par la corpo-relle .jU:jU-"^; le monde iranscendantal, par le jeu des senssotriques, qui sont rgls par la spiritualit j:^ jU^j, 1;iraison J-t, le cur et l'esprit secret J^'-^ ^j,- ItjouUabi, dansle Kas/if al-mahdjob, ne compte que onze voiles; les huitpremiers sont levs ou brls par l'observance des prescriptionsde la Rgle exotrique, le neuvime, parla foi, le dixime, parla confession de l'unit d'Allah ---^y, le onzime, par la con-naissance parfaite de son ipsi'it O^'^, qui mne l'unilica-tion avec lui; le tout dans un esprit beaucoup moins mystiqueque celui de l'auteur du Mad/ma al-liahra'in. Ibn al-'Arabi,en se plaant un point de vue diffrent, et en considrant lesvoiles seulement comme les idiosyncrasies divines qui cachentl'Ktre unique la vue cie ses adorateurs, en numre seulementtrois : les voiles de la gloire c^-v-, de la splendeur suprme\r^: de la majest ^r^*ii=, dans une terminologie qu'il est plusfacile de comprendre que de traduire, exactement comme cellede Hamadhani, qui, dans la Zoubdat al-hakaik. connat cinqvoiles, que le Souli doit lever les uns aprs les autres, les voilesde la Toute-puissance .j:^L^j,, de la Divinit ^::.-.-'r'' de la gloirev^^i, de la majest o-^ii, de la splendeur suprme '-.'.^i-^.D'aprs Hamadhani, la croyance aux dogmes d'une religionquelconque, ou ceux de l'Islamisme, sont deux voiles imp-ntrables, qui s'interposent entre Allah et la vue sotrique de

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    LA PEXSKE GRECQUE DANS LE MVSTICIS.MK ORIENTAL. (11la crature (1), d'aprs la tradition qui veut que la foi en unedivinit autre qu'Allah ^^i^ et l'Islam sont deux stades qui setrouvent par devant le Trne; d'o il faut, pour arriver Dieu,que l'homme ne professe aucune forme religieuse. C'est derrirele voile de la splendeur suprme que le Mystique voit seconsommer l'anantissement du monde actuel et du mondefutur: que, dans cet tat, parvenu la connaissance parfaite deDieu, il disparait et s'a