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4/6/2014 Ricardo Bofill : « Je n’ai pas réussi à changer la ville » http://abonnes.l emonde.fr /s oci ete/ar ti cl e/2014/02/08/r icar do- bofi ll -j e- n- ai -pas- reussi -a- chang er -l a- vi ll e_4359887_3224.html 1/5 Ricardo Bofill : « Je n’ai pas réussi à changer la ville » Le Monde.fr | 08.02.2014 à 10h18 • Mis à jour le 08.02.2014 à 16h00 | Propos recueillis par Elvire Camus  (/journaliste/elvire-camus/) Les Espaces d'Abraxas, construits entre 1978 et 1983 à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), devaient incarner une alternative aux grands ensembles de logements de l'après-guerre, considérés, depuis la seconde moitié des années 50, comme peu conformes aux aspirations des habitants. Dans un espace restreint, l'architecte espagnol Ricardo Bofill a imaginé une « utopie » fermée et constituée de 610 logements répartis dans trois  bâtiments – malgré la circulaire « barres et tours » de 1973, qui interdit de confier à un seul architecte plus de cinq cents logements. Trente ans après avoir conçu le « Palais »,  comme il l'appelle parfois, Ricardo Bofill évoque dans un entretien au  Monde les limites de son projet. En France, l'architecte a également conçu le quartier Antigone à Montpellier et la place de Catalogne à Paris. LIRE NOTRE REPORTAGE : En Seine-Saint-Denis, les illusions perdues d'une utopie urbaine (/societe/visuel/2014/02/05/en-seine-saint-denis-les-illusions-perdues-d- une-utopie-urbaine_4360634_3224.html)

Ricardo Bofill _ « Je n’Ai Pas Réussi à Changer La Ville »

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  • 4/6/2014 Ricardo Bofill : Je nai pas russi changer la ville

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    Ricardo Bofill : Je nai pas russi changer la ville Le Monde.fr | 08.02.2014 10h18 Mis jour le 08.02.2014 16h00 |

    Propos recueillis par Elvire Camus (/journaliste/elvire-camus/)

    Les Espaces d'Abraxas, construits entre 1978 et 1983 Noisy-le-Grand

    (Seine-Saint-Denis), devaient incarner une alternative aux grands

    ensembles de logements de l'aprs-guerre, considrs, depuis la seconde

    moiti des annes 50, comme peu conformes aux aspirations des habitants.

    Dans un espace restreint, l'architecte espagnol Ricardo Bofill a imagin une

    utopie ferme et constitue de 610 logements rpartis dans trois

    btiments malgr la circulaire barres et tours de 1973, qui interdit de

    confier un seul architecte plus de cinq cents logements.

    Trente ans aprs avoir conu le Palais , comme il l'appelle parfois,

    Ricardo Bofill voque dans un entretien au Monde les limites de son projet.

    En France, l'architecte a galement conu le quartier Antigone Montpellier

    et la place de Catalogne Paris.

    LIRE NOTRE REPORTAGE : En Seine-Saint-Denis, les illusions perdues d'une

    utopie urbaine (/societe/visuel/2014/02/05/en-seine-saint-denis-les-illusions-perdues-d-

    une-utopie-urbaine_4360634_3224.html)

  • 4/6/2014 Ricardo Bofill : Je nai pas russi changer la ville

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    Quelle est lorigine du projet ?

    Le projet est n dune utopie thorique, en Espagne, dans les annes 60.

    Ville dans lespace consistait considrer la ville comme un processus et

    non comme un objet fini. Lobjectif tait de mlanger les catgories sociales

    Les Espaces d'Abraxas, semblables une forteresse, ont t compars la prison

    amricaine Alcatraz ou encore Gotham City , la v ille de Batman. | Antonin Sabot /

    LeMonde.fr

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    et de crer des modules qui peuvent tre investis de diffrentes manires.

    Puis on est venu me chercher pour construire les villes nouvelles , en

    France. Des villes en rupture avec le modle chaotique de lpoque. Ils

    savaient que je ne voulais pas faire de villes traditionnelles, avec ses barres

    anonymes, ses tours et les problmes sociaux quon leur connat. Ma

    dmarche est oppose celle de Le Corbusier.

    Les Espaces dAbraxas sinspirent des thtres antiques.

    Comment avez-vous conu le projet ?

    A Abraxas, on a voulu faire un monument emblmatique dans une zone trs

    mal faite. Lide tait de construire trois pices dune place thtralise

    ferme sur lextrieur, au centre de laquelle se trouve une arche. Le

    btiment du Thtre est lavant-scne et celui du Palacio, le plus

    exceptionnel des trois au niveau de la construction, est larrire-scne. Le

    projet tait trs courageux de la part du promoteur car totalement

    exprimental. Pour le Thtre, on a pu disposer de fonds plus important

    que pour le Palacio, il tait destin une catgorie de personnes plus aises.

    Les trois btiments sont raliss grce un tout nouveau systme de

    fabrication : le prfabriqu.

    Comment dcririez-vous votre exprience en France, o vous

    avez ralis plusieurs uvres dans la foule des Espaces

    dAbraxas ?

    Mon exprience en France est en partie russie et en partie rate. Russie

    car jai fait voluer le systme d'architecture franais qui tait jusqualors

    trs classique et parce que jai mis au point la technique du prfabriqu.

    Rate car quand on est jeune on est trs utopique, on pense quon va

    changer la ville et finalement rien ne sest pass. Je nai pas russi changer

    la ville. Mon modle na pas t pris en exemple pour construire dautres

    villes. Je me suis tromp dans la temporalit. La priode, la fin des annes

    60, ntait pas propice au changement car aprs moi, on a continu faire

    des barres. Le malheur qui rgne dans les banlieues franaises na pas t

    aboli. Dans ces quartiers, les gens brlent leurs logements, vous vous

    rendez compte ? Ils les hassent.

  • 4/6/2014 Ricardo Bofill : Je nai pas russi changer la ville

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    Suivre

    Dans le cas prcis des Espaces dAbraxas, quavez-vous rat

    selon vous ?

    Il sagit dun espace unique qui a pti du manque desprit communautaire

    propre la France : les populations ne se sont pas mlanges. Mais les

    Espaces dAbraxas ont t abandonns : lpoque, on disait que pour que

    a marche il fallait y faire vivre au maximum 20 % dimmigrs, afin de

    russir rellement mlanger les populations. a na pas t appliqu. Le

    manque galement d'quipements et de commerces et le fait que lespace

    soit ferm sur lui-mme pose des problmes certains. Pour moi, cest une

    exprience unique et finie et je ne la rpterai jamais car jai vu les

    difficults que a entrane.

    Que rpondez-vous ceux qui estiment quil faudrait dtruire

    les Espaces dAbraxas ? La mairie a dj voqu leur dmolition,

    mme si celle-ci n'est pas l'ordre du jour.

    Les dmolir serait un manque de culture. Ce serait une aberration, comme

    si on dmolissait la cit radieuse Marseille [nouvelle forme dhabitation

    construite par Le Corbusier entre 1947 et 1952]. Mais je ne pense pas que

    la France soit capable dune chose pareille. La ville de Noisy-le-Grand doit

    apprendre grer le btiment.

    Elvire Camus (/journaliste/elvire-camus/)

    Journaliste au Monde

    Ricardo Bofill a imagin les Espaces d'Abraxas comme un ensemble de logements

    ferm sur l'extrieur. | Antonin Sabot / LeMonde.fr

  • 4/6/2014 Ricardo Bofill : Je nai pas russi changer la ville

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