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Yvonne Bernard Anna Gottesdiener lnstitut dEstMtique et des Sciences de I’Art, Pans R6le de la dimension esthetique dans I’evaluationspontanb d’un habitat Dans ‘la Psychologie de I’Esthktique’ parue en 1968, Frances definit le domaine de l’esthktique comme ktant celui qui ‘a cat6 des faits d’art, est celui des elements pouvant revctir un attribut de beaut6 et susciter des reactions jusqu’a un certain point analogues A celles que produisent les oeuvres d’art . . . ; celui des objets naturels ou non qui peuvent avoir des effets de ce genre’. ‘I1 s’agira donc ici’ - precise-t-il - ‘d’une esthktique plus gknkrale que la science de I’art’. . . et il ajoute par ailleurs: L’esthetique nous montre toujours l’art a travers le prisme d’une conduite: choix des oeuvres, description, comparaison, jugement, enonce de significations. I1 est de bonne methode, semble-t-il, d’etudier ces conduites de manitre systematique en tprouvant sur elles I’effet des variables qui paraissent influentes, qu’elles ap- partiennent au stimulus ou au sujet. Dans le champ de la psychologie de I’esthktique differents themes de recherche sont genkralement traites: celui de la creation, crCativitC et personnalitk de I’artiste, celui des conduites d’orienta- tion vers les messages artistiques, celui enfin de la perception, ap- preciation et semantique (Frances, Imberty, 1979). C’est ce dernier axe qui sera priviltgik dans la recherche prksentte ici sur le cadre de vie biiti. L’integration dans la psychologie de l’esthktique des reponses au cadre de vie bfiti est rCcente, mais on retrouve dkja les mCmes directions de recherches que dans les autres domaines de la psychologie de l’esthktique. C’est ainsi que I’on trouve des etudes Revue Infernationale de Psychologie Appliquee (SAGE, Londres et Beverly Hills), Tome XXXl (1982), 169-183

Róle de la dimension esthétlque dans l'évaluation spontanée d'un habitat

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Yvonne Bernard Anna Gottesdiener

lnstitut dEstMtique et des Sciences de I’Art, Pans

R6le de la dimension esthetique dans I’evaluation spontanb d’un habitat

Dans ‘la Psychologie de I’Esthktique’ parue en 1968, Frances definit le domaine de l’esthktique comme ktant celui qui ‘a cat6 des faits d’art, est celui des elements pouvant revctir un attribut de beaut6 et susciter des reactions jusqu’a un certain point analogues A celles que produisent les oeuvres d’art . . . ; celui des objets naturels ou non qui peuvent avoir des effets de ce genre’. ‘I1 s’agira donc ici’ - precise-t-il - ‘d’une esthktique plus gknkrale que la science de I’art’. . . et il ajoute par ailleurs:

L’esthetique nous montre toujours l’art a travers le prisme d’une conduite: choix des oeuvres, description, comparaison, jugement, enonce de significations. I1 est de bonne methode, semble-t-il, d’etudier ces conduites de manitre systematique en tprouvant sur elles I’effet des variables qui paraissent influentes, qu’elles ap- partiennent au stimulus ou au sujet.

Dans le champ de la psychologie de I’esthktique differents themes de recherche sont genkralement traites: celui de la creation, crCativitC et personnalitk de I’artiste, celui des conduites d’orienta- tion vers les messages artistiques, celui enfin de la perception, ap- preciation et semantique (Frances, Imberty, 1979). C’est ce dernier axe qui sera priviltgik dans la recherche prksentte ici sur le cadre de vie biiti. L’integration dans la psychologie de l’esthktique des reponses au cadre de vie bfiti est rCcente, mais on retrouve dkja les mCmes directions de recherches que dans les autres domaines de la psychologie de l’esthktique. C’est ainsi que I’on trouve des etudes

Revue Infernationale de Psychologie Appliquee (SAGE, Londres et Beverly Hills), Tome XXXl (1982), 169-183

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qui portent sur les variables du stimulus. Dans ces etudes on s’at- tache a ktudier I’effet de variables klkmentaires, comme I’inclinai- son des plafonds et la taille des fenetres (Wools et Canter, 1970), la hauteur sous plafond (Baird et a]., 1978), la couleur des murs (Ack- ing et Kuller, 1972), l’kclairage des pikes, la taille et la texture visuelle de la decoration (Hall et al., 1976). Mais l’on s’attache aussi a dkmontrer l’action de variables complexes comme le sont les variables collatives dkfinies par Berlyne en 1971, c’est ainsi que I’on ktudie par exemple l’effet de la complexitt (Gottesdiener, 1976; Philip, 1979) ou celui de la nouveaute (Canter et Thorne, 1972). Enfin quelques recherches sont centrtes sur I’apprkciation globale de stimuli complexes, tels que des bltiments universitaires (Seaton et Collins, 1972)’ des pieces d’habitation (Kuller, 1973), des batiments representant diffkrents styles architecturaux (Breuer et Lindauer, 1976).

Les variables du sujet susceptibles de modifier I’evaluation sont egalement prises en compte. La qualite de spkcialistes en architec- ture (Canter et Thorne, 1972; Herschberger, 1970), l’origine sociale des sujets (Sanoff, 1970) ou la personnaliti des sujets (Juhasz et Paxson, 1978) ont ete ii ce titre particulitrement CtudiCes.

Par ailleurs, 1’Ctude des processus perceptifs et apprkciatifs se developpe dans le domaine de I’environnement, et on en trouvera une prksentation en langue francaise dans Bernard et al., (1979) et Levy-Leboyer (1980). Les rapports entre perception et apprecia- tion, perception et skmantique sont essentiels dans l’etude du cadre de vie. Dans l’apprthension de son environnement plus que dans l’apprehension de tout autre objet pouvant Stre objet esthetique, le sujet est au centre de la relation qu’il peut etablir avec son espace de vie. Son passe d’habitant, ses motivations actuelles et les rSles qu’il peut y jouer font qu’il ne s’agit pas pour lui d’un objet rkduit a un ensemble de propriktts physiques, mais de ce que les anglo- Saxons appellent ‘a place’ (Canter, 1979). C’est pourquoi il sera bien difficile de dkfinir ce qui est de I’ordre de I’esthetique lorsqu’on kvaluera l’expkrience que les sujets ont de l’endroit od ils vivent et en particulier de leur appartement ou de leur maison.

Lorsqu’il s’agit d’objets, un objet est considere comme objet esthktique si le point de vue que l’on adopte est esthttique. Nous serons dans le domaine de I’esthktique s’il s’agit de perception, reprbentation, jugement, goQt, preference, intkrst, signification ou expression, s’exercant a propos d’un objet esthktique. Pour sor- tir de cette circularitk, il faut decouvrir quelque crittre permettant

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de dire qu’il s’agit bien d’une evaluation esthetique. Les etudes sur I’evaluation de l’environnement semblent reserver

I’esthktique ce qui est de I’ordre du formel, formel essentiellernent visuel, ce qui renvoie a la definition de I’esthetique savante. Mais Bourdieu (1979) dans sa critique sociale du jugement met l’accent sur le r6le que joue la disposition esthetique dans la distinction des differentes classes sociales:

tout se passe comme si ‘I’esthetique populaire’ etait fondee sur I’affirmation de la continuite de I’art et de la vie, qui implique la subordination de la forme a la fonction, ou, si I’on veut. sur le refus du refus qui est au principe meme de I’esthetique savante. . . Les prises de position objectivernent et subjectivernent esthetiques, que sont par exernple la cosrnetique corporelle, le vgtement ou la decoration domestique, constituent autant d’occasions d’tprouver ou d’affirmer la position occupee dans I’espace social comme rang a tenir ou distance a maintenir.

Dans I’etude presentee ici, nous prendrons donc une definition aussi large que possible de ce que nous reconnaitrons comme evaluation esthetique, puisque prkcisement notre projet est de com- parer des groupes sociaux differents. Sera esthetique tout ce qui ne sera pas reference purement economique ou technique, sera esthkti- que ce qui sera reference formelle, distanciee, mais aussi ce qui sera reference a une pratique, si celle-ci irnplique une emotion, une evaluation positive ou negative.

Qu’il s’agisse de recherches sur l’art ou sur I’environnement, l’analyse des choix ou des preferences constitue encore l’instrument priviltgie des recherches sur l’evaluation esthetique. Bien que presentant un intertt certain lorsque I’on cherche a mesurer l’effet specifique d’une ou de plusieurs variables, I’utilisation de ce dispositif experimental presente de nombreux inconvenients, en particulier dans le domaine de l’environnement. Quelle que soit la technique utilisee, le sujet est mis dans une situation de choix force et n’eprouve pas necessairement d’interet pour la tlche qui lui est proposee, ou pour les objets qu’on lui demande de juger, ce qui le conduit a formuler des appreciations plus ou moins aleatoires. Le caractere artificiel du materiel gkneralement propose (photos, diapos, films) constitue un obstacle supplernentaire a l’implication affective. Une autre difficult6 tient 5 la nature complexe des jugements emis. Certaines rnkthodes ont tent6 de cerper la structure des jugements par I’etude des connotations. C’est ainsi que le diffkrenciateur sernantique a oriente de nombreuses recherches sur

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l’environnement. Mais la encore le sujet est en situation de choix force, puisqu’on lui propose non seulement des stimuli a juger mais egalement les attributs et ies qualificatifs pour le faire. Ces qualificatifs ont-ils un sens pour le sujet - et surtout, ont-ils le mCme sens pour tous les sujets? C’est en partie pour rtpondre a cette derniere question que nous avons essay6 d’aborder 1’Ctude de l’evaluation esthetique a travers le contenu d’entretiens non direc- tifs. I1 ne s’agit pas, bien entendu, de remettre en cause I’ensemble des methodes experimentales, que nous utilisons d’ailleurs dans d’autres recherches, mais plut6t de confronter les hypotheses sous- jacentes A ces mkthodes avec la rkalitk d’un comportement relative- ment spontane du sujet.

A propos d’une recherche sur les facteurs de decision en matitre de choix de logement (Bernard, 1978), nous avions recueilli un materiel trts riche qui pouvait fournir la base de l’analyse. Cin- quante entretiens non directifs avaient kte effectues avec comme consigne: ‘Si vous le voulez bien, nous allons parler de votre ap- partement (ou de votre maison) et de ceux ou celles dans lesquels vous avez dkja vkcu’. Cette consigne avait e t t choisie parmi d’autres car quelques entretiens pilotes avaient permis de constater qu’a partir du point de reference qui centrait l’individu dans son espace le plus personnel, son logement actuel, l’entretien pro- gressait vers une prise en compte de plus en plus large de I’ensemble de l’environnement. Le choix de I’entretien autobiographique enrichit considkrablement l’information, la rkfkrence faite au passt par le sujet hi-mCme tclaire les attitudes, les choix et certains comportements pouvant apparaitre au premier abord irrationnels. A travers le discours - la plupart des entretiens durent plus d’une heure - apparaissent l’image des relations que le sujet entretient avec son environnement, son rapport au temps, a l’espace, ses modtles, ses prejuges et evidemment ses investissements affectifs et 1’Cvaluation esthktique spontanke qu’il porte sur l’appartement, I’immeuble, le quartier, la ville. L’kchantillon des sujets interview& avait volontairement ktk choisi trts htttrogtne. Nous avons des su- jets d’figes tres differents et de milieux socio-culturels tres varies qui peuvent Ctre neanmoins regroupes en categories relativement homogenes, tout au moins quant 6 l’ige et au niveau socio-culturel. L’exploitation du materiel dans I’optique de la recherche sur les facteurs de decision nous avait laisse le sentiment que la reference esthktique occupait une place tres variable selon les sujets ou sur- tout selon les groupes de sujets. C’est donc en partie pour verifier

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Lu dimension esrhPtique duns I’evaluarion spontanPe I73

cette hypothese que nous avons effectuk une nouvelle analyse des donnkes. I1 etait interessant, en outre, de savoir a propos de quoi et comment s’effectuait l’kvaluation esthetique.

La recherche entreprise se propose donc pour I’essentiel de rkpondre a trois questions: - La dimension esthetique est-elle une dimension spontanement

utiliske au cows d’une reflexion personnelle sur l’habitat? - La reference a cette dimension est-elle generale ou bien

rnodulee par l’appartenance du sujet a des groupes socio-culturels (gge, categories socio-professionnelles)? - A propos de quels objets, de quelles proprietes ou de quelles

actions les sujets expriment-ils une appreciation esthetique? Observe-t-on des differences de vocabulaires likes a la nature du support de l’appreciation ou a l’identite des sujets?

1. Mise en evidence de la dimension esthktique

Dans le cadre de la definition de I’tvaluation esthetique que nous avons donnee preckdemment, nous avons constitue une premiere grille aussi exhaustive que possible des qualificatifs qu’il serait per- tinent de retenir. Cette grille a ett etablie apres la lecture de I’ensemble des entretiens. A c6te d’un ensemble de qualificatifs, I’analyse des textes a fait apparaitre l’existence d’evaluations for- multes en termes trop gknkraux pour Etre integrtes a la liste des qualificatifs retenus. Ces evaluations ont kte codees en deux categories: evaluations positives gtnkrales ou evaluations negatives gCnCrales; ce sont par exernple des phrases comme: ‘Je cherche un appartement oh il y a beaucoup de soleil’; ‘dans ce quartier il y a beaucoup de coins tres sales’.

Dans une premiere analyse, nous avons cornptabilise toutes les evaluations donnees par chaque sujet m@me s’il y avait repetition des mtmes qualificatifs, a condition que ces qualificatifs s’appli- quent a des objets differents. Les premiers resultats confirment le fait que les sujets au cours d’un entretien sur le logement se referent spontanernent a une dimension esthetique. Le nombre d’evalua- tions esthetiques est en rnoyenne de 21 par sujet. Toutefois, l’analyse fait egalernent apparaitre des differences individuelles qui s’expliquent en grande partie par l’appartenance a des groupes socio-culturels differents. I1 existe par ailleurs des sujets qui pro-

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noncent plus d’kvaluations que les autres, rnais I’on peut con- sidkrer qu’ils se repartissent egalernent dans tous les groupes.

2. VariabilitC du discours esthktique en fonction de I’appartenance a un milieu socio-culture1

Le constat de la grande variabilite des rkactions nous a conduit a rnettre en place une rntthode comparative perrnettant de rnieux contrdler les differences. Bien que l’kchantillon des sujets retenu pour I’entretien ait ett choisi pour tquilibrer les variables socio- culturelles (2ge*, categories socio-professionnelles), toutes les catkgories ne pouvaient Ctre reprksenttes de rnaniere equivalente. La population d’ouvriers 2gks etait, par exernple, trop faible pour Ctre retenue. Par ailleurs les cornparaisons, pour Ctre facilernent in- terpretkes, devaient Ctre faites entre des groupes de taille com- parable. L’ensernble des contraintes nous a conduit a retenir cinq groupes de taille kquivalente, c’est-a-dire cornpose chacun de 9 su- jets. Cinq entretiens ont ktC ainsi elirninks, irois ouvriers 2ges et deux cadres supkrieurs choisis au hasard.

Si I’on examine la rkpartition des evaluations dans I’ensernble des groupes, on constate irnmkdiaternent que celle-ci traduit des diffkrences irnportantes. Si le nornbre d’kvaluations rnoyen par su- jet n’est pas nkgligeable (21)’ il traduit dans la realit6 un kcart irn- portant entre les groupes extrCrnes: le cadre supkrieur 2ge a un nornbre rnoyen d’evaluations de 31 et le jeune ouvrier n’en pro- nonce que 9. On constate que si 1’2ge sernble jouer un r61e assez irn- portant dans ]’intervention de la reference esthktique, 28 interven- tions en rnoyenne chez les sujets 2gts contre 17 chez les sujets jeunes, ce rdle est module par I’effet de la variable socio- professionnelle. Dans la rnCrne cattgorie d’iige, les cadres superieurs forrnulent plus d’evaluations que les cadres rnoyens ou les ouvriers.

Devant ces rksultats on peut s’interroger sur l’effet possible d’une variable latente qui serait I’aptitude a s’exprirner. En effet on peut craindre que la pauvretk du discours esthktique ne soit que le reflet de la pauvrett du discours en gkntral. Pour verifier l’existence

* Pour I’lge on distingue les moins de 35 ans, des plus de 35 ans. Pour les C.S.P. o n distingue trois catgories: cadres superieurs, cadres moyens et ouvriers.

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kventuelle de cette liaison, nous avons retenu l’ensemble du discours esthetique en general, qu’il s’agisse de l’appartement, du quartier ou de la ville et nous l’avons rnis en relation avec la longueur de l’entretien. Pour faciliter les cornparaisons, nous avons etabli un code qui d’une part situe la durke de l’entretien de chaque sujet par rapport aux autres sujets sur une Cchelle en 4 points A-B- C-D, la duree etant estimee par le nombre de pages dac- tylographikes de I’entretien, et nous avons d’autre part caracterisk de la m?me rnaniere la longueur du discours esthetique, c’est-a-dire l’espace occupk par des phrases ayant pour theme l’appreciation esthetique. On note tout d’abord que peu de sujets, quel que soit le groupe d’appartenance, ont eu des entretiens longs ou tres longs par rapport a la moyenne de l’ensemble. La majorite des sujets se trouvent donc dans les deux premieres categories de l’kchelle, les jeunes ayant toutefois tendance a fournir des discours plus courts que leurs aines. Ainsi 4 jeunes cadres superieurs, 5 jeunes cadres rnoyens et 4 jeunes ouvriers sont dans la catkgorie A, discours le plus court, alors que seuls deux cadres supkrieurs 2ges et un cadre moyen 2ge sont dans cette catkgorie, la plupart d’entre eux etant dans les categories B ou plus.

Si l’on compare la longueur des discours esthktiques, on observe que I’ecart se creuse entre les jeunes cadres moyens ou les jeunes ouvriers qui s’exprirnent peu (6 et 8 sujets en A ou B) et les autres groupes qui s’exprirnent plus (6 sujets dans chaque groupe pour les catkgories C ou D).

L’ensemble de I’analyse montre que si l’on constate un decalage important dans le nornbre des evaluations, celui-ci n’est pas da, en tout cas, a une difficulte generale d’expression.

3. Analyse qualitative du discours esthetique

A. Les Pvaluafions eslhktiques

(a) Les &valuations positives ou nkgatives Une premiere analyse de la dispersion des evaluations fait ap- paraitre une distorsion interessante entre les evaluations positives et les evaluations negatives. Si l’on additionne les qualificatifs negatifs et les evaluations que nous avons appelees nkgatives genkrales, on obtient seulement le chiffre de 176 qui est faible si

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l’on le compare B la totalitk des 983 evaluations retenues. Tout se passe comme si la tres grande majorite des sujets avait tendance B gommer les aspects negatifs de sa perception de I’environnement pour en privilegier les aspects favorables. Peut-@tre faut-il voir ici l’illustration du mecanisme psychologique dkcrit par Festinger (1942) sous le nom de dissonance cognitive. Si un individu entre- tient des relations dissonantes avec le milieu qui l’entoure, il en eprouve un malaise psychologique et a tendance A reduire la dissonance et a restaurer la consonance, ne serait-ce, comme nous le constatons ici, qu’au niveau du discours. Si cette tendance apparait comme ktant gknerale, on constate qu’elle est pourtant plus forte chez les gens ages, sans doute plus vulnkrables; les jeunes cadres supkrieurs et les jeunes ouvriers kmettent deux fois plus d’evalua- tions negatives que les autres categories. Les jeunes cadres moyens par contre ont un comportement comparable A celui des sujets plus %ges. Ceci peut s’expliquer sans doute par le souci de promotion sociale de ce groupe qui a tendance, nous I’avons vu dans d’autres analyses, a valoriser les aspects positifs de son devenir, sous- estimant peut-@tre, du m@me coup, les aspects negatifs de sa situa- tion actuelle.

(b) Le vocabulaire Pvaluatif Dkfinie sur la base des critkres deja evoques, une liste du vocabulaire kvaluatif a itk constituke pour chaque groupe. Con- trairement au mode de sklection retenu dans l’analyse prkcedente, lorsque le mtme individu prononce plusieurs fois le mtme mot au cours de I’entretien, ce mot n’est comptabilisk qu’une seule fois. Chaque liste est caracterisee par deux indices: le premier mesure I’etendue du vocabulaire, c’est-a-dire le nombre de mots differents utilises par l’ensemble des membres de chacun des groupes, le se- cond est le nombre total d’kvaluations prononcees par le meme groupe. Ce chiffre est superieur au precedent puisque des sujets differents d’un mCme groupe peuvent avoir utilise chacun des mots retenus pour calculer l’indice d’etendue. Les deux categories sociales dont le vocabulaire est le plus etendu sont, et ceci n’est pas pour nous surprendre, les cadres supkrieurs - qu’ils soient jeunes ou ages. La longueur identique des deux listes obtenues, 50 mots dans le premier groupe et 49 dans le second, semble indiquer une stabilite de l’ktendue du vocabulaire pour I’ensemble de la categorie. I1 n’en va pas de mtme pour les cadres moyens, ou l’on

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constate que les sujets fig& utilisent 40 mots alors que les jeunes n’en utilisent que 25, ce qui les rapproche des jeunes ouvriers qui obtiennent, quant a eux, le score le plus bas qui est de 24. Si I’on ex- amine le nombre total d’evaluations et que I’on met en relation les deux indices, on retrouve Stgalement un kcart entre les groupes, k a r t qui se traduit a la fois par le nombre d’kvaluations prononcees et par la distribution du vocabulaire kvaluatif utilisk. On se heurte ici a la difficult6 d’une interpretation qui doit prendre en compte a la fois I’ktendue du vocabulaire et I’usage plus ou moins sterkotjpe qui en est fait par I’ensemble du groupe. Les cadres superieurs iiges prononcent 150 mots evaluatifs dont 50% ripartis sur 15 mots cor- respondant a 30% de la liste totale qui definit l’ktendue pour ce groupe, les jeunes cadres superieurs 125 evaluations dont la moitie correspond a 32% de leur propre liste. Nous retrouvons ici la prox- imitk dkja observke prkctdemment entre les deux groLpes. Les differences entre les deux classes d’iiges des cadres moyens s’accen- tuent. En effet, les cadres moyens Bgks s’expriment plus que les cadres moyens jeunes: 101 Cvaluations contre 79 et ceci, nous I’avons dkja vu, avec un vocabulaire plus varit. Bien que 50% des evaluations soient rtparties dans les deux cas sur I 1 mots, ces I I mots reprbentent pour les cadres 2gi.s 30% du vocabulaire ex- primt, alors qu’ils reprksentent 45% pour les cadres moyens jeunes, ceci s’expliquant par la pauvretk relative de leur vocabulaire disponible qui, rappelons-le, est de 25 mots seulement. Ce resultat montre cependant que leur discours est moins sttrkotypk que celui des jeunes ouvriers qui, avec le m@me nombre de mots diffkrents, c’est-a-dire 25, mais moins d’evaluations, 5 5 , ont la moitik de celles-ci exprimees par 6 mots seulement, c’est-a-dire 25% de la liste totale.

L’analyse qualitative des listes fait aussi apparaitre dcs differences. Si quelques termes utilists partout, comme beau et agrtable, ne sont gu&e discriminants, on note une frequence par- ticuliere de certains qualificatifs dans un groupe donnC. Le groupe des cadres supkrieurs jeunes ou 2gCs fait souvent rkfkrence au plaisir (15 sujets sur 18) contrairement au groupe des ouvriers (1 sujet sur 9). L’utilisation des superlatifs est egalement tres caractkristique du groupe des cadres supkrieurs, splendide, extraor- dinaire, impressionnant, skduisant, sont des termes souvent utilises. Les cadres moyens, quant a eux, expriment plus volontiers des Cvaluations de type affectif: gai, triste, chaud, froid. Le terme d’ancien utilist: par 7 sujets sur 9 chez les cadres moyens jeunes in-

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dique I’intervention d’un s y s t h e de rkfkrence.Ceci est encore plus frappant pour le terrne standing, utilisk exclusivement par les jeunes ouvriers (7 sujets sur 9) et les jeunes cadres rnoyens (3 sujets sur 9).

B. Les appartements evalues spontanement par les sujets

La consigne qui etait, rappelons-le, ‘Pouvez-nous parler de votre apparternent et de ceux dans lesquels vous avez dkja vkcu’, incitait le sujet a se rkfkrer a son histoire de vie. On peut s’interroger sur I’irnportance de ce retour au passe dans la perception evaluative. En effet, I’hvaluation est rarernent directe; elle est le plus souvent prononcke par rapport A quelque chose d’autre. Ceci est par- ticulierement vrai dans le cadre de l’appreciation d’un appartement. I1 est t r b rare que les sujets ne fassent pas allusion A d’autres ap- parternents, qu’il s’agisse de celui de leurs parents, de leurs ap- partements prkcedents ou de celui d’arnis. Mais ici encore nous constatons que cette reference n’est pas la rntme d’un groupe A I’autre. Pour le rnontrer, nous avons distinguk 5 categories de refkrence: l’appartement actuel, I’apparternent antkrieur, I’apparte- ment futur, I’appartement d’amis et ce que nous avons appele ‘I’ap- parternent en general’. Ce terrne designe une reaction trts precise qui consiste a faire rkference a un apparternent ‘ideal’ qui doit posskder certaines propriktis. Exemple: ‘Pour ttre bien, un ap- parternent doit Ctre ensoleilk, etc. . .’, ‘J’airne bien les ap- parternents clairs’.

On est immtdiatement frappe, en regardant les resultats, de con- stater que la totalitk des jeunes ouvriers parle presque exclusive- rnent des apparternents en gknkral, tres peu de rkfkrences Ctant faites au logernent actuel ou antkrieur. L’insatisfaction genkrale- rnent associie au cadre de vie actuel les entraine a se rkfkrer le plus souvent a un appartement fictif qu’ils n’osent d’ailleurs rnCme pas esperer un jour; pas de reference a un appartement futur dans ce groupe. Predominance de cette attitude kgalement chez les jeunes cadres moyens avec toutefois beaucoup plus d’allusions aux logernents actuels ou antkieurs. Les cadres superieurs jeunes ont garde un souvenir marquant du cadre de leur enfance. Pour trois d’entre eux, c’est surtout de lui qu’ils parlent. 11s se projettent tgalernent volontiers dans le futur ayant sans doute le sentiment

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que ce futur leur sera favorable. Des allusions assez frkquentes aux appartements d’amis traduisent une vie sociale active. Curieuse- ment, les sujets igks - qu’il s’agisse des cadres moyens ou supkrieurs - se situent essentiellement par rapport a leurs logements actuels. Bien qu’kvoquant souvent leurs appartements anterieurs, ils semblent vivre plus que les autres dans la rkalite de leur vie prksente.

C. Objets ou propriPtP.7 Pvalues

Si I’on examine I’ensemble des objets, actions ou proprietes a pro- pos desquels les evaluations sont le plus souvent prononcees, c’est sur 10 termes seulement que se concentre la moitik des kvaluations rapportkes a une caracteristique prkcise. Parmi ces dix termes sept sont des ‘objets’: arbre, campagne, jardin, maison, soleil, vue; deux sont des actions: amknager et transformer; un est une pro- priktk: ancien. La disparitk du nombre total d’kvaluations dans chaque groupe est trop importante pour permettre une comparaison statistique de la repartition des termes et I’on ne peut faire que quel- ques observations. La maison en tant qu’objet d’kvaluation est la plus souvent citee. L’accent mis sur I’amhagement et la transfor- mation apparait de maniere relativement kquilibrke dans tous les groupes sauf chez les jeunes ouvriers od, par contre, et ceci est t r b frappant, ces deux activitks ne sont pas mentionnkes une seule fois. Ces derniers n’expriment une evaluation qu’a propos de la maison, des arbres, de la campagne et du jardin. Les jeunes cadres moyens, quant A eux, se distinguent par l’attention accordee au mobilier, celui-ci ktant largement en t&te de leur centre d’intkrCt.

D. Les stereotypes du langage

Une analyse plus fine de la matrice objets et qualificatifs fait ap- paraitre entre les deux I’existence de relations tres stkreotypkes. Le terme d’agrkable renvoie essentiellement a des propriktks physiques ou naturelles de I’environnement; l’air, la campagne, le jardin, la clartk, le soleil et surtout la vue sont agrkables. Le terme de beau est utilisk soit pour tvaluer la qualitk esthktique au sens habitue1 du terrne - un beau mobilier - soit aussi trts souvent pour dksigner un sentiment de grandeur ou de plenitude: une belle pitce, une

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belle maison, une belle vue. Les qualificatifs de chaud et de froid frequemment utilises, sont le plus souvent associks A une matikre: la brique, le bois, le beton, ou a un style: I’ancien est chaud, le moderne est froid. L’amenagement, la transformation est faite avec goQt pour les cadres moyens, a son goQt et avec plaisir chez les cadres superieurs. D’une manikre gkntrale, le vocabulaire utilise radicalise les attitudes: I’ancien a du charme, du cachet, il est ac- cueillant, le moderne est glacial, insupportable, etouffant. Si, com- me nous l’avons vu, le choix de certains termes varie avec les groupes sociaux, les stereotypes associes A certains ‘objets’ ap- paraissent chez toutes les categories de sujets.

Conclusion

Les rtsultats confirment l’existence gentrale d’une dimension esthttique A laquelle se rtfkrent les sujets. Toutefois, I’importance attribute a cette dimension, le vocabulaire employe et les tlements de l’environnement a propos desquels s’expriment les Cvaluations esthitiques varient selon le groupe socio-culture1 auquel appartient le sujet.

Pour confirmer le caractere discriminant du vocabulaire esthCti- que, il faudrait reprendre un autre Cchantillon de sujets et verifier que les oppositions que nous avons notees se rerrouvent et permet- tent bien de distinguer les groupes socio-culturels d’appartenance.

En effet, au terme de notre presentation nous souhaitons rappeler combien nous sommes conscients de la fragilite de certaines de nos analyses. Pour une analyse purement qualitative, 45 entretiens paraissent suffisants, mais pour une analyse qui introduit une cer- taine quantification cela parait trks peu.

Par ailleurs, le travail present6 ici est partiel, nous n’avons pas chercht a estimer I’importance relative des Cvaluations esthktiques par rapport a I’ensemble des auties tvaluations possibles. De plus, nous avons mis l’accent sur les variables socio-culturelles, ce qui ne prtjuge pas de I’effet eventuel d’autres variables comme par exem- ple le sexe ou la personnalitk des sujets.

Toutefois nous pensons que ce travail est suggestif pour degager des themes de reflexion et entreprendre des experiences ultkrieures.

En particulier l’ensemble des rtsultats conduit A s’interroger sur les procidures experimentales par lesquelles on recueille d’ordinaire des evaluations esthttiques de I’environnement.

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La dimension esihktiaue duns I‘evaluarion suontanee 181

Que peut-on conclure lorsque I’on fait juger des environnements sur des Cchelles qui sont les m@mes pour tous les sujets, et que I’on constate par ailleurs la variabiliti de I’utilisation du vocabulaire d’ivaluation esthetique ou des elements de I’environnement qui pro- voquent ces ivaluations? Nous savons qu’il est toujours possible d’obtenir des riponses en situation de choix force comme c’est le cas s’agissant du diffkrenciateur skmantique, mais n’est-il pas souhaitable d’utiliser plutdt des listes parmi lesquels le sujet peut cocher ou ne pas cocher les qualificatifs qui lui paraissent per- tinents?

Que peut-on conclure lorsque I’on fait juger des environnernents identiques par des sujets diffirents et qu’on note par ailleurs que la relation a I’habitat est diffirente selon les groupes?

Que peut-on conclure enfin a partir d’experiences qui ne portent que sur des itudiants, proches de ce groupe que nous avons nommi les jeunes cadres supirieurs, et dont on constate qu’ils ne peuvent reprisenter les autres groupes?

I1 apparait donc comme essentiel de travailler a l’ichelle de groupes distincts de sujets et de provoquer des situations qui n’enferment pas les sujets dans un systtme de rifirence unique.

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The role of aesthetic dimension in the spontaneous evaluation of a house

The present study puts forward an analysis of spontaneous aesthetic evaluation as it appears in interviews with 45 subjects of