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République du Tchad Unité Travail Progrès MI NI STÈRE DES FI NANCES, DE L ÉCONOMI E ET DU PLAN Institut National de la Statistique, des Études Économiques et Démographiques Deuxième Enquête sur la Consommation et le Secteur Informel au Tchad - ECOSIT 2 Novembre 2006

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République du Tchad

Unité

Travail

Progrès

MI NI STÈRE DES FI NANCES, DE L ÉCONOMI E

ET DU PLAN

Institut National de la Statistique, des Études

Économiques et Démographiques

Deuxième Enquête sur la Consommation et

le Secteur Informel au Tchad - ECOSIT 2

Novembre 2006

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Carte administrative du Tchad et principales villes

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PREFACE

Conscient de certains défis majeurs qu implique la bonne conduite de la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté (SNRP), défis qui se posent en termes d informations statistiques fiables à disposer, et de capacités de planification et de gestion à créer dans le but d assurer une bonne utilisation des ressources générées par le pétrole, le Gouvernement de la République du Tchad a demandé l appui de la Banque Mondiale par la mise en place du projet GEEP (Gestion de l Economie à l Ere Pétrolière).

Un volet important de ce projet est consacré à la constitution d une base de données récentes et fiables sur l état de pauvreté du pays; entre dans ce cadre la réalisation de la Deuxième Enquête sur la Consommation et le Secteur Informel au Tchad (ECOSIT 2) financée par les ressources du projet et dont la mise en uvre a été confiée à l INSEED.

L ECOSIT2 est certes la deuxième enquête auprès des ménages organisée par l INSEED après la première (ECOSIT1) de 1995/1996 ; mais elle demeure la plus importante à l échelle nationale par la taille de l échantillon (6 697 ménages visités avec succès et 39 356 individus interrogés), le niveau de couverture nationale (toutes les régions du Tchad sont couvertes) et la masse d informations collectées.

L ECOSIT-2 est une enquête à objectifs multiples et variés qui, en venant consolider les bases de données existantes, se propose de dresser une situation de référence sur le niveau de vie des ménages et la pauvreté à l année 2003, considérée comme année de démarrage de la mise en oeuvre de la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté (SRNP), et marquant le début de la mise en production du pétrole.

Il est donc important et intéressant de voir que les résultats de cette importante enquête fournissent un cadre de référence permettant d évaluer l évolution du niveau de vie de la population par rapport à la mise en uvre de la SNRP financée essentiellement avec les ressources pétrolières

L ECOSIT 2 fournit également des indicateurs permettant le suivi des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et du Développement Humain Durable (DHD) que le Gouvernement a inscrits parmi ses priorités dans la politique nationale de développement.

A la Banque Mondiale et au Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) qui ont soutenu financièrement et techniquement l opération, j adresse au nom du Gouvernement mes vifs remerciements.

Que l Observatoire Economique et Statistique d Afrique Subsaharienne (AFRISTAT), la Direction Générale de la statistique du Cameroun et les consultants indépendants qui ont intervenu à divers titre au cours de cette opération, trouvent la gratitude du Gouvernement tchadien.

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Enfin, je tiens à féliciter et en même temps encourager au nom du Gouvernement notre Institut National de la Statistiques, des Etudes Economiques et Démographiques pour les efforts inlassables qu il déploie afin de répondre à la demande nationale d information qui ne cesse de croître. Que ces données puissent éclairer les utilisateurs des données statistiques dans les actions à mener en faveur de l amélioration des conditions de vie des populations tchadiennes.

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REMERCIEMENTS

Conscient de l importance stratégique que revêt les résultats de la Deuxième enquête sur la Consommation et le Secteur Informel au Tchad (ECOSIT 2), dans le cadre de la conduite de politiques de développement, et plus particulièrement la gestion de la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté (SNRP), le Gouvernement a engagé toute la volonté politique et les moyens nécessaires pour la réalisation de cette opération d envergure.

L ECOSIT 2 a également bénéficié de la mobilisation des partenaires au développement, des consultants (internationaux et nationaux), des autorités administratives, militaires, traditionnelles, religieuses et bien sur de l ensemble du personnel de l INSEED; que tout ce monde qui a précieusement contribué à l aboutissement de l opération, soit sincèrement remercié et trouve ici l expression de notre profonde gratitude.

Nous adressons nos remerciements en particulier :

A la Banque Mondiale et au PNUD qui ont grandement contribué (financièrement et techniquement) à la réalisation de l ECOSIT 2 ;

A Monsieur MBA Martin de la Direction Générale de la Statistique du Cameroun, et à Monsieur Freeman Komi Akolly AMEGASHIE d Afristat qui ont intervenu avec bienveillance de leurs institutions auxquelles nous exprimons toute notre reconnaissance ;

A Monsieur Julien AMEGANDJIN, Monsieur Ould Ndah SIDNA et Monsieur Abdou Abdallah, consultants indépendants, qui ont apporté leurs appuis techniques aux phases les plus critiques de l ECOSIT 2 et à la validation du plan de finalisation des travaux ;

A Monsieur Essimi Meneye et Monsieur Prospère Backiny-Yetna, consultants du Poverty Reduction and Economic Management (PREM) et leurs collègues de la Banque Mondiale qui ont précieusement contribué à l amélioration du rapport de l enquête ;

A la population enquêtée pour la disponibilité et l accueil réservés aux personnels de l enquête ;

Aux consultants nationaux, au personnel de l INSEED et aux agents de terrain pour le sacrifice consenti.

Enfin, je me dois d adresser une mention particulière à

Monsieur ADOUMBE MAOURA, cadre de l Institut, qui a assumé avec beaucoup de courage et de sacrifice, la coordination des travaux de l enquête.

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SIGLES

ACU

Abéché/Moundou/Sarh

APA

Autoconsommation des Produits Alimentaires

ARA

Autres Revenus Agricoles

BIT

Bureau International du Travail

CEMAC

Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

CNS

Conférence Nationale Souveraine

COEF

Coefficient

CSP

Catégorie Socio Professionnelle

CsPRO

Census and Survey Processing System

DAPRO

Direction de l Analyse Prospective

Ministère de l Education Nationale

DCAP

Direction de la Coordination des Activités en matière de Population

DSRP

Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

ECOSIT1

Première Enquête sur la Consommation et le Secteur Informel au Tchad

ECOSIT2

Deuxième Enquête sur la Consommation et le Secteur Informel au Tchad

EDST

Enquête Démographique et de Santé au Tchad

FAO

Food and Agricultural Organisation

FASR

Facilité d'Ajustement Structurel Renforcé

FCFA

Franc de la Communauté Financière de l'Afrique

FGT

Foster-Greer-Thorbecke

FRPC

Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance

GEEP

Gestion de l'Economie à l'Ere Pétrolière

IDA

International Development Association

IDE

Infirmier Diplômé d'Etat

INSEED

Institut National de la Statistique, des Etudes Economiques et Démographiques

IPC

Indice des Prix à la Consommation

IPPTE

Initiative des Pays Pauvres Très Endettés

NBFOIS

Nombre de Fois

NBJ

Nombre de Jours

OMD

Objectifs du Millénaire pour le Développement

OMS

Organisation Mondiale de la Santé

P0

Incidence de la Pauvreté

P1

Profondeur de la Pauvreté

P2

Sévérité de la Pauvreté

Q1

Premier Quintile (plus pauvre)

Q2

Deuxième Quintile (pauvre moyen)

Q3

Troisième Quintile

Q4

Quatrième Quintile

Q5

Cinquième Quintile

RCA

République Centrafricaine

RCI

Revenu des Cultures Industrielles

RDA

Rapport de Dépendance d'Âge

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RDC

République Démocratique du Congo

RDE

Rapport de Dépendance Economique

RGPH

Recensement Général de la Population et de l'Habitat

SAP

Stratégie d'Appui Pays

SPSS

Statistical Package for the Social Science

STEE

Société Tchadienne d'Eau et d'Electricité

TBS

Taux Brut de Scolarisation

TNS

Taux Net de Scolarisation

TR

Transferts Reçus

TRS

Taux de Retard Scolaire

UC

Unité de Consommation

WC

Water Close

ZD

Zone de Dénombrement

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TABLE DE MATIERES Chapitre 1 : Présentation du pays ............................................................................. 4

1.1 Généralités ....................................................................................................................... 4 1.1.1 Situation géo climatique ........................................................................................... 4 1.1.2 Situation démographique ......................................................................................... 4 1.1.3 Situation administrative ........................................................................................... 5

1.2 Evolution économique .................................................................................................... 5 1.3 Ere pétrolière et Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté ................................. 6

Chapitre 2 : Caractéristiques de la population et des ménages enquêtés ............ 7 2.1 Structure de la population ............................................................................................... 7 2.2 Caractéristiques sociodémographiques des ménages ...................................................... 9

2.2.1 Structure des ménages .............................................................................................. 9 2.2.2 Taille des ménages ................................................................................................. 13

Chapitre 3 : Etat de la pauvreté .............................................................................. 16 3.1 Concepts et méthodes .................................................................................................... 16

3.1.1 Mesure monétaire de la pauvreté. ........................................................................... 17 3.1.2. Mesure non-monétaire de la pauvreté .................................................................. 18

3.2 Dimensions spatiale et thématique de la pauvreté ........................................................ 22 3.2.1 Revue de littérature sur la pauvreté au Tchad ....................................................... 22 3.2.2 Analyse monétaire de la pauvreté .......................................................................... 23 3.2.3 Sexe du Chef de ménage ......................................................................................... 29 3.2.4 Statut matrimonial du Chef de ménage .................................................................. 30 3.2.5 Niveau d instruction du Chef de ménage ............................................................... 31 3.2.6 Situation d activité du Chef de ménage .................................................................. 31 3.2.7 Pauvreté et Catégorie socio-économique (CSE) du chef de ménage ..................... 31 3.2.8 Pauvreté régionale ................................................................................................. 32 3.2.9 Migration et Pauvreté ............................................................................................ 35

Chapitre 4 Consommation des ménages et pauvreté ............................................ 39 4.1 Dépenses moyennes de consommation des ménages .................................................... 39

4.1.1 Dépenses par quintile de bien-être ......................................................................... 39 4.1.2 Dépenses par niveau de vie .................................................................................... 40 4.2.1 Milieu de résidence ................................................................................................ 43 4.2.2 Catégorie socio-économique .................................................................................. 44

Chapitre 5 : Conditions de vie des ménages et pauvreté ...................................... 47 5.1. Pauvreté et caractéristiques sociodémographiques des ménages ................................. 47

5.1.1 Structure des ménages ............................................................................................ 47 5.1.2 Rapport de Dépendance d Age (RDA) et pauvreté ................................................ 50

5.2 Accès à l Habitat, au Marché, à l Eau et Assainissement ............................................. 51 5.2.1 Type de logement .................................................................................................... 51 5.2.2 Qualité de logement ............................................................................................... 52 5.2.3 Nombre de personnes par pièce ............................................................................. 53 5.2.4 Statut d occupation ................................................................................................ 53 5.2.5 Source d éclairage ................................................................................................. 54 5.2.6 Source d énergie pour la cuisine ........................................................................... 54 5.2.7 Type de lieu d aisance ............................................................................................ 55 5.2.8 Mode d évacuation des ordures ............................................................................. 55

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5.2.9 Source d approvisionnement en eau ...................................................................... 55 5.2.10 Accès au marché le plus proche selon le lieu de résidence ................................. 56

5.3 Patrimoine des ménages ................................................................................................ 57 5.3.1 Avoirs du ménage ................................................................................................... 57

Chapitre 6 : Besoins essentiels et pauvreté ............................................................. 59 6.1. Pauvreté, Education et Formation ................................................................................ 59

6.1.1 Alphabétisation des adultes .................................................................................... 59 6.1.2 Instruction .............................................................................................................. 60 6.1.3 Diplôme le plus élevé obtenu ................................................................................. 60 6.1.4 Scolarisation primaire ............................................................................................ 61 6.1.5 Accès à une école primaire la plus proche selon le milieu de résidence ............... 62 6.1.6 Fréquentation scolaire selon le type d enseignement et pauvreté ......................... 63 6.1.7 Dépenses d éducation ............................................................................................ 63 6.1.8 Satisfaction ............................................................................................................. 64 6.1.9 Raisons de non fréquentation scolaire au moment de l enquête ............................ 65

6.2 Santé et pauvreté ............................................................................................................ 68 6.2.1 Morbidité de la population ..................................................................................... 68 6.2.2 Fréquentation des services de santé ....................................................................... 70 6.2.3 Accès aux services et dépenses de santé des ménages ........................................... 76

Chapitre 7 : Activités de la population et pauvreté ............................................... 80 7.1 Activité économique ..................................................................................................... 80

7.1.1 Taux d activité ........................................................................................................ 80 7.2 Rapport de Dépendance Economique ........................................................................... 83 7.3 Emploi, sous-emploi et chômage .................................................................................. 84

7.3.1 Emploi principal ..................................................................................................... 84 7.3.2 Salarisation de l occupation .................................................................................. 86 7.3.3 Sous emploi ............................................................................................................ 87 7.3.4 Chômage ................................................................................................................. 90 7.3.5 Le travail des enfants .............................................................................................. 93

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LISTE DES TABLEAUX Tableau 2-1: Répartition de la population par milieu de résidence selon les grands groupes d'âges .......................................................................................................................................... 7

Tableau 2-2 : Structure de la population par milieu de résidence selon les tranches d'âges ..... 8

Tableau 1-1 : Structure de la population par milieu de résidence selon le sexe 8

Tableau 1-2 : Structure de la population par grand groupe d'âges selon le sexe ..9

Tableau 1-3 : Structure des ménages par milieu de résidence selon le sexe du chef de ménage ... . 9

Tableau 1-4 : Structure des ménage par classe d'âges, taille du ménage selon le sexe du chef de ménage ... .10

Tableau 2-7: Structure des ménages par nombre de personnes selon le milieu de résidence . 11

Tableau 2-8 : Structure des ménages par statut matrimonial du chef de ménage selon le milieu de résidence ................................................................................................................... 11

Tableau 2-9 : Structure des ménages par statut matrimonial du chef selon le sexe ................ 11

Tableau 1-5 : Structure des ménages par groupe ethnique et religion du chef de ménage selon le sexe et la taille du ménage .12

Tableau 2-11: Taille moyenne des ménages par groupe ethnique du chef de ménage selon le sexe du chef de ménage .............................................................................................. 13

Tableau 2-12 : Taille moyenne des ménages par milieu et région résidence selon le sexe du chef de ménage .................................................................................................................... 14

Tableau 1-6 : Quintiles de bien être .23

Tableau 3-2 : Structure des ménages par milieu de résidence et sexe selon les quintiles ........ 24

Tableau 3-3: Structure (ligne) des ménages par milieu de résidence et sexe selon les quintiles de bien être ................................................................................................................ 25

Tableau 3-4 : Structure des ménages par certaines catégories socioéconomiques du chef de ménage selon les quintiles bien être ......................................................................................... 25

Tableau 3-5 : Dépense moyenne annuelle par tête, par milieu de résidence selon le quintile de bien être .................................................................................................................. 26

Tableau 3-6 : Part des dépenses des ménages par milieu de résidence selon les quintiles de bien être .................................................................................................................................... 27

Tableau 3-7 : Indicateurs de pauvreté par milieu de résidence ................................................ 28

Tableau 3-9 : Indicateur de pauvreté par statut matrimonial du chef de ménage .................... 30

Tableau 3-10 : Indicateur de pauvreté par la classe d'âge du chef de ménage ......................... 30

Tableau 3-11 : Indicateur de pauvreté par niveau d'instruction du chef de ménage ................ 31

Tableau 3-12 : Indicateur de pauvreté par situation d'activité du chef de ménage .................. 31

Tableau 3-13 : Indicateur de pauvreté par catégorie socioéconomique du chef de ménage .... 32

Tableau 3-14 : Indicateur de pauvreté par région de résidence ................................................ 32

Tableau 3-15 : Immigrants dans les ménages selon la provenance et le niveau de vie ........... 36

Tableau 3-16 : Immigrants dans les ménages selon la raison et niveau de vie ................................

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Tableau 3-17 : Emigrants dans les ménages selon la destination et niveau de vie .................. 38

Tableau 3-18 : Emigrants des ménages selon la raison et niveau de vie ................................. 38

Tableau 4-1 : Dépense moyenne par tête, par milieu et région de résidence selon les quintiles de bien-être ................................................................................................................ 40

Tableau 4-2 : Dépense moyenne par tête par milieu et région de résidence selon le niveau de vie (FCFA) ........................................................................................................................... 41

Tableau 4-3 : Structure des dépenses par poste selon les quintiles de bien-être ...................... 42

Tableau 4-4 : Structure des dépenses par tête par poste selon le niveau de vie (%) ................ 43

Tableau 4-5 : Structure des dépenses par poste selon le milieu de résidence .......................... 44

Tableau 4-6 : Structure des dépenses par poste selon la catégorie socioéconomique du chef de ménage ......................................................................................................................... 44

Tableau 4-7 : Structure des dépenses par poste selon la Catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage ......................................................................................................................... 45

Tableau 1-7 : Structure des dépenses par poste selon le sexe du chef de ménage ..45

Tableau 1-8 : Structure des ménages par certaines caractéristiques Socio-démographiques du chef de ménage selon le niveau de vie (en %) ..46

Tableau 1-9 : Structure (ligne) des ménages par certaines caractéristiques Socio-démographiques du chef de ménage selon le niveau de vie (en %) .47

Tableau 5-3 : Structure (ligne) des ménages par milieu de résidence et sexe selon les quintiles de bien-être (en%) ..................................................................................................... 48

Tableau 5-4 : Structure (colonne) des ménages par milieu et région de résidence selon les quintiles de bien-être (en%) ..................................................................................................... 49

Tableau 5-5 : Taille moyenne des ménages par milieu et région de résidence selon les quintiles de bien-être (en%) ..................................................................................................... 50

Tableau 1-10 : Rapport de dépendance d âge par milieu et région de résidence selon niveau de vie (en %) 50

Tableau 1-11 : Caractéristiques d habitation selon le niveau de vie (en %) .51

Tableau 1-12 : Structure des ménages par caractéristiques d habitation selon le niveau de vie (en %) ..53

Tableau 5-9 : Structure des ménages par temps mis pour atteindre la principale source d'approvisionnement en eau de boisson la plus proche selon le milieu de résidence .............. 56

Tableau 5-10 : Structure des ménages par temps mis pour atteindre le principal marché le plus proche selon le milieu de résidence .................................................................................. 56

Tableau 1-13 : Possession des équipements et nombre moyen de bétail par ménage selon le niveau de vie 56

Tableau 5-12 : Possession des équipements et nombre moyen de bétail par ménage selon le milieu de résidence ............................................................................................................... 58

Tableau 1-14 : Proportion des ménages possédant des équipements selon le niveau de vie (en %) ..57

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Tableau 1-15 : Structure des ménages selon les caractéristiques de l'éducation du chef selon le niveau de vie 58

Tableau 1-16 : Structure de la population de 15 ans et plus par certaines caractéristiques de l éducation selon le niveau de vie (en %) 59

Tableau 6-3 : Taux de scolarisation primaire (6-11 ans) selon le niveau de vie et sexe (%) ... 61

Tableau 6-4 : Taux de scolarisation du primaire (6-11 ans) par région de résidence selon le niveau de vie (en%) .................................................................................................................. 62

Tableau 6-5 : Structure des ménages par temps mis pour atteindre l'école primaire publique ou privée la plus proche selon le milieu de résidence ............................................... 63

Tableau 1-17 : Structure de la population scolarisée (6 ans et plus) au moment de l enquête selon le niveau de vie (en %) ...62

Tableau 6-7 : Dépense moyenne d éducation par ménage selon la région de résidence et les quintiles de bien-être (en FCFA: ........................................................................................ 64

Tableau 1-18 : Structure des personnes par raison de satisfaction selon le niveau de vie (en %) ..63

Tableau 1-19 : Raison de non fréquentation au moment de l enquête selon le niveau de vie (en %) ..64

Tableau 6-10 : Structure des personnes ne fréquentant pas l école au moment de l enquête par raison de non fréquentation selon la tranche d âge (en %) ................................................ 66

Tableau 6-11 : : Structure de la population (6-11 ans) ne fréquentant pas l école primaire au moment de l enquête par raison selon les quintiles de bien-être (en %) ............................. 66

Tableau 6-12 : Structure de la population (12-18 ans) ne fréquentant pas l école secondaire au moment de l enquête par raison selon les quintiles de bien-être (en %) ............................. 67

Tableau 6-13 : Structure de la population (19 ans et plus) ne fréquentant pas le supérieur au moment de l enquête par raison selon le quintile de bien-être (en %) ................................ 67

Tableau 1-20 : Taux de morbidité déclarée au cours des 30 derniers jours par milieu de résidence, région de résidence et niveau de vie selon le sexe des malades (en %) 68

Tableau 1-21 : Structure des personnes ayant été malades au cours des 30 derniers jours par type de maladie selon le niveau de vie (en %) 69

Tableau 6-16 : Pourcentage des personnes malades au cours des 30 derniers jours et qui ont été consultées par type de personnel soignant selon le niveau de vie ................................ 70

Tableau 6-17 : Structure des malades ayant été en consultation par certaines de leurs caractéristiques selon le type de structure sanitaire visité (en %) ............................................ 72

Tableau 1-22 : Proportions des personnes satisfaites de leurs consultations par milieu et région de résidence selon le niveau de vie ..72

Tableau 1-23 : Nombre moyen de consultations effectuées par les malades, par milieu et région de résidence selon le niveau de vie 73

Tableau 6-20 : Structure des malades n ayant pas été en consultation selon certaines de leurs caractéristiques et les raisons avancés (en %) ................................................................. 75

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Tableau 6-21 : Structure (en %) des ménages par milieu de résidence selon la distanc(en km)e qui les sépare des structures sanitaires ............................................................................ 76

Tableau 6-22 Distance moyenne (en km) séparant les ménages de structures sanitaires par milieu de résidence selon le type structure sanitaire existant dans l entourage ....................... 77

Tableau 6-23: Structure des dépenses par poste selon le milieu de résidence ......................... 77

Tableau 6-24 : Structure des dépenses moyenne de santé des ménage par région de résidence selon le niveau de vie ............................................................................................... 78

Tableau 6-25 : Structure des dépenses moyenne de santé par ménage par région de résidence selon les quintiles de bien-être ................................................................................. 78

Tableau 1-24 : Structure de la population en âge de travailler selon le niveau de vie (%) ..78

Tableau 1-25 : Taux d'activité par catégorie socioéconomique du chef de ménage selon le sexe (en %) ..80

Tableau 1-26 : Taux d'activité par milieu de résidence selon le niveau de vie (%) .80

Tableau 7-4 : Taux de pluriactivité par milieu de résidence selon le sexe et le niveau de vie ............................................................................................................................................. 82

Tableau 7-5 : Structure de la population active occupée par secteur d'activité selon le sexe et le niveau de vie (en %) ......................................................................................................... 82

Tableau 7-6 : Structure de la population active occupée par milieu et région de résidence selon le secteur d'activité (en %) .............................................................................................. 83

Tableau 1-27 : Rapport de Dépendance Economique selon le niveau de vie ...83

Tableau 1-28 : Ancienneté dans l'emploi par milieu de résidence, région, sexe et catégorie socioprofessionnelle 84

Tableau 7-9 :: Ancienneté dans l'emploi par employeur principal.......................................... 86

Tableau 1-29 : Taux de salarisation selon le niveau de vie . .85

Tableau 1-30 : Structure de l emploi par nombre de jours travaillés la semaine dernière et nombre d'heures travaillées par jour selon le niveau de vie .....86

Tableau 1-31 : Structure de l emploi par nombre de jours de travail la semaine dernière et nombre d'heures de travail par jour selon le sexe 87

Tableau 7-13 : Structure de l emploi par nombre de jours de travail la semaine dernière et nombre d'heures de travail par jour selon l'employeur principal ............................................ 89

Tableau 7-14 : Structure de l'emploi par nombre d'heures de travail selon le nombre de jours de travail dans la semaine ................................................................................................ 90

Tableau 1-32 : Taux de chômage par milieu de résidence, sexe et diplôme obtenu selon le niveau de vie 89

Tableau 7-16 : Structure des chômeurs par milieu de résidence selon l'emploi recherché (%) ............................................................................................................................................ 92

Tableau 7-17 : Structure des chômeurs par diplôme obtenu selon l'emploi recherché (en ...... 92

Tableau 7-18 : Structure de la population active non occupée par raison de non recherche de l'emploi selon le niveau de vie ............................................................................................ 93

Tableau 1-33 : Structure de la population active non occupée par raison de non recherche

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de l'emploi selon le sexe ...92

Tableau 1-34 :Taux d'activité des enfants de 6 à 10 ans par milieu de résidence selon le sexe de l enfant 93

Tableau 1-35 : Taux d'activité des enfants de 6 à 10 ans par caractéristiques socioéconomiques du chef de ménage selon le sexe de l'enfant .93

Tableau 1-36 : : Structure des enfants de 6 à 10 ans occupés par employeur principal selon le sexe de l enfant 94

Tableau 1-37 : Répartition des enfants de 6 à 10 ans occupés par secteur d'activité selon le sexe de l'enfant 94

Tableau 7-24 : Structure des enfants de 6 à 10 ans occupés par mode de rémunération selon le sexe ............................................................................................................................. 95

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LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 3-1: Incidence de la pauvreté selon le milieu de résidence .................................... 29

Graphique 3-2: Carte de la pauvreté au Tchad ......................................................................... 34

Graphique 3-3: Position des régions par rapport à l incidence nationale ................................ 35

Graphique 4-1 : Structure de la dépense par grands postes ...................................................... 42

Graphique 6-1 : Taux de morbidité selon l âge et le sexe ........................................................ 69

Graphique 6-2 : Répartition (%) des personnes malades selon le type de personnel consulté 71

Graphique 6-3: Répartition des personnes malades selon l endroit de la consultation (en %) ............................................................................................................................................. 72

Graphique 6-4: Répartition des personnes non satisfaites de leurs consultations par type de problèmes rencontrés ................................................................................................................ 73

Graphique 7-1 : Rapport de dépendance économique par milieu de résidence selon le niveau de vie ............................................................................................................................. 84

Graphique 7-2 : Taux de chômage par milieu de résidence selon le niveau de vie ................. 91

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RESUME ANALYTIQUE

Le Gouvernement de la République du Tchad a soumis, à la Table Ronde de Genève IV de 1998, « le Plan d Orientat ion Révisé » ret raçant les grandes opt ions st ratégiques du développement basées sur la lut te cont re la pauvreté et l améliorat ion des condit ions de vie des tchadiens. Ces grandes opt ions ont été matérialisées par l élaborat ion d un document de St ratégie Nat ionale de Réduct ion de la Pauvreté (SNRP). La mise en uvre de la SNRP nécessite une base de données récentes et f iables sur la pauvreté de manière à orienter les intervent ions vers les groupes cibles. Ainsi, le Gouvernement a décidé de réaliser une enquête d envergure sur les condit ions de vie des ménages dont l exécut ion technique a été confiée à l Inst itut Nat ional de la Stat ist ique, des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED). Cet te enquête dénommée Deuxième Enquête sur la Consommat ion et le Secteur Informel au Tchad « ECOSIT2 » a des obj ect ifs mult iples et variés. Une enquête du même genre (ECOSIT1) a été réalisée en 1995/ 1996, mais elle n a été pas exhaustive ; ce qui ne permet tait pas d évaluer la situat ion de la pauvreté sur le plan nat ional lors de l élaborat ion de la première SNRP.

L ECOSIT2 est réalisée au moyen d un sondage probabiliste, ce qui rend possible l ext rapolat ion des résultats de l échant illon observé à l ensemble de l univers sondé ainsi que le calcul des erreurs de sondage en termes de coeff icient de variat ion ou d intervalle de confiance des est imat ions. Il est fait appel à un sondage auréolaire à deux degrés

avec st rat if icat ion au premier degré. L enquête a porté sur un échant illon nat ional représentat if de 7 008 ménages et couvre tous les aspects de niveau de vie des ménages : caractérist iques démographiques, éducat ion et alphabét isat ion, santé, emploi, migrat ion, logement , dépenses et act ivités de la populat ion ainsi que l accès aux services de base. Elle a permis de fournir de façon détaillée, l ensemble des indicateurs socio-économiques sur les conditions de vie des ménages.

Le rapport f inal de l ECOSIT2, int itulé « TCHAD, PROFIL DE PAUVRETE », comporte 7 chapit res portant sur la présentat ion du pays, les caractérist iques de la populat ion et des ménages enquêtés, l état de pauvreté au Tchad, la consommation, les condit ions de vie des ménages, les besoins essent iels et l act ivité de la populat ion. Le présent résumé analytique retrace de manière chronologique les points des résultats de l enquête.

Caractéristiques de la population

La st ructure de la populat ion par âge mont re que la populat ion tchadienne est jeune. En effet, 50,3% de la populat ion à moins de 15 ans et la populat ion de 60 ans ou plus représente 4%. L âge moyen est est imé à 19,6 ans et l âge médian à 14 ans. Ces chif fres étaient respect ivement de 21,7 ans et de 16 ans au Recensement Général de la Populat ion et de l Habitat (RGPH) de 1993 mont rant ainsi un raj eunissement de la populat ion de 2 ans entre 1993 et 2003.

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La st ructure selon le milieu de résidence mont re que 80% de la populat ion tchadienne vit dans le milieu rural et la composit ion par sexe confère une proportion de 51,6% des personnes de sexe féminin. Le rapport de masculinité indique qu au Tchad, on dénombre 93,7 hommes pour 100 femmes. D aut res informations, non moins importantes, fournies par l enquête sont : 20,5% des ménages sont dirigés par des femmes, 74,% des ménages ont au moins 4 personnes dans leur logement et la taille moyenne est est imée à 5,9 personnes par ménage, 60,8% des ménages sont monogames et 21,4% sont polygames. Les ménages dirigés par les hommes sont en général de grande taille (6,3 personnes en moyenne) par rapport à ceux dirigés par les femmes. De même, les ménages dirigés par les pauvres sont de grande tail le (7 personnes en moyenne) par rapport à ceux dirigés par les non pauvres (4,9 personnes en moyenne).

Etat de pauvreté

Les résultats de l enquête ont mont ré qu au Tchad, le minimum vital est at teint par une dépense d environ 396 FCFA par j our et par personne correspondant à une dépense annuelle par tête d individu de 144 570 FCFA. Cet te dépense, établie comme seuil de pauvreté, indique que la populat ion tchadienne vivant en dessous du seuil de pauvreté, c est à dire qui dispose d une dépense annuelle par tête inférieure à 144 570, représente 55% de la population totale.

L incidence de la pauvreté, c est à dire la proport ion des individus en dessous du seuil, qui est de 55% au niveau nat ional cache quelques disparités régionales. Il ressort que la forte proport ion d individus vivant en dessous du seuil de pauvreté se

t rouve dans la campagne, ce qui confère au développement rural un caractère prioritaire. En part iculier dans le rural méridional, la pauvreté concerne plus de t rois personnes sur cinq (70,3%). Quant aux citadins, ils sont confrontés à une forte inégalité.

La prise en compte de la catégorie socio-économique du chef de ménage indique qu aucune catégorie n est épargnée par la pauvreté. Certaines catégories sont , bien entendu, plus touchées que d aut res, notamment les chômeurs, apprent is ou ret raités et les agriculteurs. De même, le sexe apparaît comme un facteur de dif férenciat ion face à la pauvreté : les ménages dont le chef est du sexe masculin sont plus touchés, alors qu on observe une situat ion inverse chez les ménages dirigés par les femmes. Les femmes chef de ménage pauvre sont pour la plupart sans conj oint (libres, veuves ou divorcées). Le niveau d inst ruct ion du chef de ménage paraît êt re une variable qui affecte sensiblement la pauvreté du ménage. Les ménages dont le chef est du niveau primaire ou est sans niveau sont potent iellement pauvres. En effet , 64,% des ménages dont le chef est de niveau primaire sont pauvres et 54,9% des ménages dont le chef est sans instruction le sont également.

La pauvreté porte également un caractère régional au Tchad. Presque toutes les régions de la zone méridionale ont une incidence de la pauvreté supérieure à la moyenne nat ionale. Ent re les deux ext rêmes, c'est-à-dire la région la moins pauvre (le Ouaddaï) et celle la plus pauvre (le Mayo Kebbi), l écart est de 38 points marquant ainsi les inégalités que l on peut constater au niveau du pays.

La migrat ion apparaît dans cet te enquête comme l une des st ratégies

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de survie pour les ménages. L analyse mont re que la migrat ion est un phénomène essent iellement rural t raduisant ainsi le problème de l exode rural. Vu sous l angle de niveau de vie, les pauvres sont plus enclins à des déplacements que les non pauvres. En effet, sur l ensemble de la populat ion ayant effectué des mouvements (toute provenance confondue), t rois personnes sur cinq (60,6%) sont issues des ménages pauvres. Les raisons évoquées par les immigrants sont essent iellement d ordre social : les avantages familiaux, les enfants confiés et les mariages. Pour les migrants au départ , la ville de N Dj aména const itue la principale terre d accueil.

Consommation des ménages et pauvreté

La dépense moyenne annuelle des ménages est est imée à 175 127 FCFA par tête. Les principaux résultats mont rent que les dépenses moyennes en milieu rural sont plus faibles que celles en milieu urbain. L écart ent re les dépenses moyennes de la capitale (dépense par tête la plus élevée) et du milieu rural méridional (dépense par tête la plus faible) est de 171 024 FCFA. Les dépenses moyennes par tête dans les ménages non pauvres est 2,2 fois supérieures à celles dans les ménages pauvres.

L analyse de la st ructure des dépenses des ménages indique que ceux-ci af fectent en priorité leur budget à l alimentat ion. En effet , 61,7% des dépenses sont des dépenses d alimentat ion et les pauvres consacrent davantage leurs dépenses à l alimentat ion que les non pauvres. De même, les ménages ruraux affectent une proport ion plus importante de leurs dépenses à l alimentat ion que les ménages urbains.

Les dépenses non alimentaires représentent par conséquent 38,3% des dépenses totales. Elles sont orientées principalement vers les dépenses de logement , eau et élect ricité, les dépenses d habillement et de chaussures, et les dépenses d ameublement et d hygiène presque dans les mêmes proportions aussi bien par les pauvres et les non pauvres.

Conditions de vie des ménages et pauvreté

L évaluat ion de la pauvreté des ménages a été faite en se basant sur les dépenses de consommat ion. Cependant , la possession des avoirs peut at ténuer l état de pauvreté des ménages. Un ménage propriétaire de son logement ou qui peut à tout instant céder un terrain, un véhicule, etc. pour pouvoir subvenir à ses besoins, est moins vulnérable qu un aut re qui n en dispose pas. Posséder un avoir est donc un facteur d espoir, du moins face aux chocs économiques brutaux.

Les condit ions de vie des ménages analysées essent iellement sous l angle de l habitat fait ressort ir que les ménages tchadiens vivent dans des condit ions précaires et dans un environnement malsain.

La qualité du logement au Tchad est marquée par t rois caractérist iques fondamentales. Environ neuf ménages sur dix habitent des logements dont les murs sont en matériaux t radit ionnels non durables (briques non cuites, terre bat tue, etc.). Un peu plus de t rois ménages sur quat re (76,1%) habitent dans des logements ayant un toit en paille. L essent iel du plancher des logements occupés par les ménages est en terre bat tue (85,5%) et rares sont ceux qui occupent des logements dont le sol est en ciment , en béton ou en carreau. Les pauvres

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sont relat ivement plus nombreux que les non pauvres à vivre dans ces conditions.

Au regard de la qualité du logement qui se caractérise par de proport ions t rès importantes de matériaux du mur en brique non cuite, ceux du toit en paille et ceux du sol en terre bat tue, on doit s apercevoir que les ménages tchadiens vivent dans un habitat t rès précaire t raduisant ainsi l état d ext rême pauvreté au Tchad.

L un des indicateurs permet tant d apprécier les condit ions de logement des ménages est le nombre de personnes par pièce pour dormir. Cet indicateur permet d appréhender la densité d occupat ion du logement par le ménage et de mesurer la promiscuité ou l entassement de la populat ion des ménages. L indicateur mont re que 55,4% des ménages sont au moins à quat re dans une chambre pour dormir. Cet te proport ion est de 67,4% dans les ménages pauvres prouvant ainsi que les pauvres s entassent plus que les non pauvres. La promiscuité est une source de contagion et de propagat ion de certaines maladies. L entassement par pièce qui semble êt re lié au niveau de vie révèle le cercle vicieux selon lequel, plus on a d enfants, plus on est pauvre parce qu il manque de ressources nécessaires pour les ent retenir et plus on est pauvre, plus on fait d enfants en espérant qu ils const itueront une assurance vie pour les vieux jours.

En terme de statut d occupat ion du logement , les ménages tchadiens sont dans la grande maj orité propriétaires de leur logement (81%). Les ménages pauvres sont davantage propriétaires de leur logement (85,4%) que les non pauvres (77,2%). La source d éclairage la plus répandue au Tchad est la lampe à pét role que les ménages ut il isent

dans 68,6% des cas. L élect ricité ou le groupe élect rogène ne sont ut il isés que par 3,2% des ménages. Les pauvres et les non pauvres ont presque la même st ructure de la source d éclairage. La source d énergie pour la cuisine communément ut il isée est le bois ou le charbon de bois (88,5% des cas). Les pauvres ut il isent essent iellement du bois (79% des cas) alors que les non pauvres partagent leur source d énergie ent re du charbon de bois et du bois (20,3% et 67,5% respectivement).

La principale source d approvisionnement en eau dest inée à la consommat ion reste les puits qui sont ut il isés dans 65,4% des cas. L eau courante de la STEE n est consommée que par 3,7% des ménages. Si l on est ime que l eau de robinet , des fontaines publiques, des forages et des puits aménagés peut êt re considérée comme de l eau potable, alors c est prés d un ménage sur deux (48,6%) qui en consomme. Les ménages tchadiens marchent en moyenne pendant 31 minutes pour at teindre leur principale source d approvisionnement en eau de boisson. Cet te durée est un peu plus longue dans le rural septent rional (43,5 minutes).

Une proport ion importante des ménages ne dispose pas de toilet te et ut il ise la nature comme lieu d aisance (69,1%). Les WC avec chasse eau n est ut il isée que par 3,3% des ménages. Les ménages pauvres font plus leur besoin dans la nature que les non pauvres. Le mode d évacuat ion des ordures usuellement employé par les ménages tchadiens est la broussaille (62,7%). La voirie municipale ou privée ou de quart ier qui est du ressort des cent res urbains n est utilisée que par 5,9% des ménages.

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Les ménages tchadiens marchent un peu longtemps pour at teindre leur principal marché d approvisionnement . Ils met tent en moyenne environ 1 heure 20 minutes (79,3 minutes). Cet te durée est plus longue dans le rural septent rional (106,3 minutes).

Les résultats de l enquête ne mont rent pas une dif férence net te ent re pauvres et non pauvres dans la possession de terres agricoles, de machines agricoles, de maison d habitat ion ou de bétail. Mais il ne fait aucun doute, qu en termes de qualité ou de nombre, la comparaison devient plus favorable aux non pauvres. La proport ion des ménages tchadiens qui possède une terre cult ivée est de 70,2% et la superf icie moyenne par ménage avoisine 1 hectare (0,9 hectare). La superf icie moyenne at teint 1,8 hectare dans le rural méridional. Elle demeure t rès faible dans le rural septent rional (0,4 hectare). La proport ion des ménages possédant du bovin est de 26% et le nombre moyen de bovins par ménage est est imé à 14,2 animaux. Cet te proport ion est un peu plus élevée en milieu rural qu en milieu urbain. Cependant , la répart it ion par ménage indique que les ménages ruraux doivent avoir du cheptel de pet ite tail le. En effet , les ménages possédant du bétail sont en proport ion plus nombreux en milieu rural mais leur nombre moyen de bovins reste plus faible par rapport à celui des centres urbains.

Par cont re, en ce qui concerne la radio cassette, le vélo, le vélomoteur et l auto, on note une net te dif férence ent re pauvres et non pauvres. L acquisit ion de ces avoirs exige généralement de l argent et il semble logique que les non pauvres soient les mieux lotis.

Besoins essentiels des ménages et pauvreté

Education

La lut te cont re l analphabét isme est l une des st ratégies ident if iées pour lut ter cont re l exclusion sociale et donner aux groupes vulnérables les moyens de part iciper pleinement à la vie communautaire et d avoir accès aux opportunités d améliorat ion de la qualité de vie. Cependant , les résultats de l enquête mont rent que le Tchad est loin de pourvoir à un grand nombre de tchadiens des opportunités d améliorat ion de la qualité de vie. La populat ion tchadienne analphabète représente 67,1% de la populat ion totale. Les pauvres sont dans leur maj orité plus analphabètes que les non pauvres.

Les taux de scolarisat ion observés mont rent que des efforts restent à fournir pour at teindre les cibles des Obj ect ifs du Millénaire pour le Développement (OMD) « éducation primaire pour tous, promot ion de l égalité des f il les et garçons et l autonomisat ion des femmes à l horizon 2015 ». En effet , le Taux Net de Scolarisat ion (TNS) au primaire est de 41,2% au Tchad selon les données de l enquête. Ce taux est de 44,9% chez les garçons et de 37,4% chez les f il les marquant ainsi un déficit énorme en éducat ion à combler pour l at teinte des OMD. On observe de même que le TNS des enfants issus des ménages pauvres est plus bas que celui des enfants issus des ménages non pauvres. Les polit iques éducat ives paraissent peu eff icientes encore au regard des résultats.

L analyse du Taux Net de Scolarisat ion selon la région de résidence révèle qu il existe une grande disparité dans la scolarisat ion des enfants au Tchad. Les Taux Nets de Scolarisat ion (TNS) ext rêmes sont

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observés au Logone Occidental (60,2% le plus élevé) et dans le Ouaddaï (18,8% le plus bas). Comparat ivement au niveau du TNS observé dans l ensemble du pays qui est de 41,2%, les régions qui composent la zone septentrionale ont toutes des taux inférieurs alors que ceux composant la zone méridionale présentent des taux supérieurs.

La durée moyenne de marche pour at teindre une école primaire demeure relat ivement longue au Tchad. En moyenne les enfants met tent près d une heure (52,2 minutes) pour arriver à leur école. Cet te durée est rendue longue probablement par le milieu rural septent rional où les enfants met tent en moyenne près d une heure et demi (88,5 minutes) pour at teindre leur école. Ceux qui at teignent leur école en moins de 30 minutes représentent 70,7% des élèves. Du fait de la localisat ion de l essent iel des infrast ructures scolaires dans les villes, les ménages des cent res urbains semblent êt re mieux servis que ceux du milieu rural. Les ménages les plus défavorisés sont ceux du rural septentrional.

Les dépenses d éducat ion, est imées à l enquête, révèlent que le système éducat if t chadien devrait êt re à la portée de la grande maj orité de la populat ion. Le coût moyen éducat if est est imé à 6723 FCFA par ménage. Cet te somme ne représente que 0,7% des dépenses totales des ménages. Les dépenses les plus importantes sont observées à la capitale (37291 FCFA) et dans une certaine mesure au Logone Occidental (9169FCFA). Les plus faibles sont celles des régions de la zone septent rionale. Eu égard aux dépenses d éducat ion plus faibles, le niveau de service rendu par le système éducat if semble êt re satisfaisant : 58,5% de ceux qui ont fréquenté ou qui fréquentent l école

en 2003 sont sat isfait s. Et ce, autant par les pauvres que les non pauvres.

Santé

Le taux de morbidité déclarée, c est -à-dire la proport ion de personnes ayant souffert d une maladie ou de blessure au cours des 30 derniers j ours ayant précédé l enquête, est de 22,4% de la populat ion totale. Les pathologies les plus fréquemment citées sont le paludisme dans 38,8% des cas et les diarrhées ou dysenteries dans 18,5% des cas. Examinés sous l angle du niveau de vie, les taux de morbidité les plus faibles sont enregist rés au niveau des individus vivant dans les ménages pauvres. Ces résultats pourraient t raduire une mauvaise percept ion de l état de santé des personnes vivant dans les ménages les moins nantis qui pourraient considérer certaines maladies comme passagères et sans gravité. Ce qui pourrait sous-estimer les cas de maladies déclarées dans cette catégorie de la population.

Les personnes malades qui se rendent pour les soins consultent dans la plupart des cas les inf irmiers diplômés, les inf irmiers ou les sages femmes. La proport ion des médecins visités lors des consultat ions qui est relat ivement faible ne signif ie pas du coup que leurs consultat ions coûtent chères mais probablement parce que cet te catégorie de personnel médical ne couvre pas toutes les st ructures sanitaires du pays. Les st ructures sanitaires visitées par les malades sont principalement les cent res de santé dans les 70% des cas. S agissant de la qualité des prestat ions des services rendus, 59% des malades ayant consulté un personnel du corps médical ou paramédical au cours de la période de référence sont sat isfaits des services fournis. Pour ceux qui ne sont pas sat isfaits, les raisons les plus souvent évoquées

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sont les coûts des prestat ions élevés (39% des cas) et le temps d at tente assez long lors des consultat ions (28% des cas). Un aut re résultat aussi important est l ineff icacité des t raitements qui est citée par 17,0% des pat ients non sat isfaits. Pour les malades qui n ont pas été en consultation, la raison la plus souvent évoquée est le manque d argent (47,1%). Dans 18,9% des cas, les malades ont déclaré qu ils se sont simplement contentés de l auto t raitement et dans 18,1% des cas ont évoqué l éloignement ou l inaccessibilité des st ructures sanitaires.

Si l on considère l accès à une st ructure sanitaire par la distance parcourue en moins de 5 km, 36,5% des ménages ont accès aux services de santé. Mais en général, les ménages parcourent une plus grande distance, car la distance moyenne est est imée à 14 km. Si les dépenses d éducat ion paraissent peu élevées, les dépenses de santé par contre sont relat ivement plus importantes. En général, les ménages tchadiens consacrent en moyenne 42 580 FCFA de leur budget à la santé. Cet te somme représente 4,5% des dépenses totales des ménages. Les ménages pauvres dépensent en moyenne 22 040 FCFA pour se soigner alors que les non pauvres dépensent près que trois fois plus (59 965 FCFA).

Activités de la population

L act ivité de la populat ion a été analysée pour les personnes âgées de 10 ans et plus. Les résultats de l enquête mont rent que le taux d act ivité de la populat ion en âge de t ravailler est est imé à 44,8%. Il est de 54,2% chez les hommes et 36,5% chez les femmes. Le taux d act ivité paraît un peu faible chez les pauvres par rapport aux non pauvres. La st ructure de la populat ion act ive

occupée indique qu il y a une forte prédominance du secteur primaire (agriculture, chasse, sylviculture, pêche et élevage) dans l économie tchadienne. Ce secteur occupe 77,1% des act ifs. Les pauvres y exercent en proport ion plus grande que les non pauvres. La prédominance de ce secteur dans les act ivités économiques du pays s explique par le fait que la maj orité de la populat ion act ive réside en milieu rural et prat ique l agriculture de rente ou celle de subsistance.

L analyse de l act ivité selon le milieu de résidence mont re que la st ructure des act ifs occupés varie énormément . Dans la capitale et les t rois principales villes, ce sont les act ivités du tert iaire (commerce et services) qui prédominent alors qu en milieu rural, c est dans le secteur primaire qu exerce la quasi-totalité des act ifs occupés (au moins 84%). Les villes secondaires sont à cheval ent re le milieu rural, la capitale et les t rois principales villes. D une manière générale, les act ivités de t ransformat ions et celles du tert iaire occupent plus les act ifs en milieu urbain qu en milieu rural. Par cont re ce sont les act ivités agro-sylvo-pastorales qui occupent plus les actifs en milieu rural. Cet te situat ion at teste la concent rat ion des unités de t ransformat ion et le secteur tertiaire dans le milieu urbain.

D après les résultats de l enquête, le rapport de dépendance économique indique que les tchadiens act ifs occupés ont une charge assez élevée. En effet , un tchadien act if occupé supporte 2,3 personnes en plus de lui même. Selon le niveau de vie, les act ifs occupés pauvres supportent légèrement plus de personnes que les non pauvres et ce, quel que soit le milieu de résidence. En plus, les pauvres du milieu urbain supportent davantage de personnes que ceux du

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milieu rural. Selon le sexe, les charges deviennent plus importantes pour les act ifs occupés des ménages pauvres dirigés par les hommes que ceux dirigés par des femmes (3 cont re 1,7). L analyse de la pluriact ivité, déf inie donc comme étant le fait d occuper plus d un emploi dans la période de référence, mont re qu elle apparaît comme une st ratégie pour faire face aux charges qui incombent aux act ifs occupés. En effet , 10,7% des act ifs occupés exercent une activité secondaire.

Un aut re résultat que révèle l enquête est la salarisat ion des emplois, c est à dire les act ifs qui ont déclaré êt re occupés et qui disent qu ils sont salariés. Cet indicateur mont re que l occupat ion de la populat ion n est pas t rès salariée. En effet , parmi les act ifs occupés, 7,3% seulement sont des salariés. Le constat est plus amer lorsque l on observe les act ifs occupés selon le niveau de vie : 3,1% des occupat ions des pauvres sont rémunérées cont re 11,4% des non pauvres. Selon le milieu de résidence, les occupat ions rurales sont t rès peu rémunérées (3,8%) comparat ivement à celles des centres urbains. Une nette différence s observe également lorsque l on considère le sexe. La proport ion des femmes occupées et rémunérées est plus faible (2,2%) que celle des hommes (11%).

Le sous-emploi, c'est à dire la sous ut il isat ion des capacités product ives des individus occupés est également une des caractérist iques de l emploi au Tchad. L enquête mont re qu un peu plus d un t ravail leur sur dix est sous employé dans le cadre de son act ivité principale si l indicateur de sous emploi est « t ravailler moins de 5 j ours par semaine ». Les pauvres t ravaillent plus de j ours que les non pauvres. En corollaire, les pauvres

ont tendance à t ravailler davantage pour gagner leur vie que les non pauvres. Si l indicateur est « t ravailler moins de 8 heures par j our ouvrable », alors la proport ion des act ifs occupés qui sont dans cet te situat ion est de 42,7%. Un fait marquant est que plus de la moit ié des t ravailleurs de la Fonct ion Publique t ravaillent moins de 8 heures par j our ouvrable. Cet te situat ion ent raînerait des durées longues pour t raiter les dossiers et par conséquent réduit le rendement dans l administ rat ion publique. L enquête révèle également que le taux de chômage est élevé au Tchad car 22,6% de la populat ion act ive âgée de 10 ans et plus sont en situat ion de chômage. La principale leçon que l on peut retenir de l analyse du chômage est que indépendamment du milieu de résidence, du sexe ou du diplôme obtenu, les pauvres sont plus concernés par le chômage que les non pauvres.

S agissant du t ravail des enfants, l enquête révèle que le phénomène est t ributaire de l inf luence de plusieurs facteurs socio-économiques et culturels sur l ut il isat ion de cet te main d uvre au Tchad. Le taux global d act ivité des enfants de 6 à 10 ans est est imé à 4,5%. Les garçons sont relat ivement plus ut il isés que les f il les. Il est plus élevé dans le rural septent rional que dans le reste du pays. Les enfants sont essent iellement employés dans les ménages (95,6% des cas). Ils sont part iculièrement ut il isés dans l agriculture (93,2%). Dans la plupart des cas, leur t ravail n est pas rémunéré (86,3%).

Qu il s agisse du milieu de résidence, des caractéristiques socioéconomiques du chef de ménage ou de l employeur principal, toutes ces variables s accordent à dire que

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les enfants sont ut il isés dans les exploitat ions agro-pastorales dans la plupart des cas. Une faible proport ion de ces enfants est

employé pour les t ravaux domest iques notamment comme des aides familiaux.

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Introduction

Le Gouvernement de la République du Tchad a soumis, à la Table Ronde de Genève IV de 1998, « le Plan d Orientation Révisé » retraçant les grandes options stratégiques du développement basées sur la lutte contre la pauvreté et l amélioration des conditions de vie des tchadiens. Adoptée en juin 2003 et approuvée la même année par les conseils d Administration du FMI et de la Banque Mondiale, la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté (SNRP) est la concrétisation de l engagement pris par le Gouvernement dans le cadre de l éligibilité du Tchad à l initiative renforcée pour l allègement du poids de la dette des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE).

La SNRP reste le seul document de planification nationale du développement et sa mise en uvre nécessite une base de données récentes et fiables sur la pauvreté de manière à orienter les interventions vers les groupes cibles. Ainsi, le Gouvernement a décidé de réaliser une enquête d envergure sur les conditions de vie des ménages dont l exécution technique a été confiée à l Institut National de la Statistique, des Etudes Economiques et Démographiques (INSEED). Cette enquête dénommée Deuxième Enquête1 sur la Consommation et le Secteur Informel au Tchad « ECOSIT2 » a des objectifs multiples et variés.

L'objectif global de la Deuxième Enquête sur la Consommation et le Secteur Informel (ECOSIT2) est de fournir les informations nécessaires pour la programmation, l évaluation et le suivi des politiques économiques et sociales notamment la politique de réduction de la pauvreté.

Les objectifs spécifiques assignés à l enquête sont au nombre de cinq. Il s agit de :

Fournir les informations statistiques nécessaires pour l élaboration de la stratégie de réduction de la pauvreté. La stratégie de réduction de la pauvreté s est appuyée sur les résultats des enquêtes passées notamment la première Enquête sur la Consommation et le Secteur Informel au Tchad (ECOSIT1) de 1995/1996. La nouvelle enquête devra permettre de mettre à jour cette stratégie.

Servir de référence pour l observation annuelle et permanente des indicateurs socio-économiques. La lutte contre la pauvreté nécessite de disposer d informations pertinentes et permanentes sur l évolution des conditions de vie des ménages. Des dispositifs légers peuvent permettre de mesurer cette évolution mais une enquête donnant la situation de départ est primordiale.

Mieux intégrer les activités du secteur informel dans les comptes nationaux. Le secteur informel engendre des activités économiques importantes et génère de revenus à un grand nombre de ménages mais les comptables nationaux disposent de peu d informations dans ce domaine. L enquête permet de comprendre les

1 Une enquête du même genre (ECOSIT 1) a été réalisée en 1995/1996, mais elle n a été pas exhaustive ce qui ne permettait pas d évaluer la situation de la pauvreté sur le plan national lors de l élaboration de la première SNRP.

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mécanismes de fonctionnement de ce secteur, en particulier la démographie des unités de production, la demande de travail, la dynamique des investissements. son mode de reproduction, les contraintes qui s imposent à lui afin de déterminer les mesures appropriées pour aider les acteurs qui y évoluent dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.

Fournir des statistiques socio-économiques au niveau des départements. La mise en uvre de la décentralisation, recommandée par la CNS en 1993 est devenue effective. Une nouvelle demande d informations au niveau des découpages administratifs les plus fins est donc apparue et devrait être en partie satisfaite par l enquête.

Fournir les coefficients de pondération de l indice des prix à la consommation. Le Tchad, à l instar des autres Etats membres de la Communauté Economique et Monétaire de l Afrique Centrale (CEMAC), est entrain de mettre en place un indice harmonisé des prix à la consommation finale des ménages. La construction de cet indice nécessite la connaissance de la structure de consommation des ménages qui sera fournie par l enquête à travers les coefficients de pondération. Les coefficients de pondération utilisés jusqu à présent datent de 1972 et ne peuvent répondre à la structure de la consommation actuelle.

L ECOSIT2 est une enquête nationale qui couvre tous les départements2 et la capitale

N Djaména. Elle porte sur un échantillon représentatif de 7 008 ménages. La finalité de l'enquête est d'établir un profil de pauvreté au Tchad afin de permettre au Gouvernement d articuler sa politique en matière de réduction de la pauvreté. Elle est une enquête intégrée comportant trois volets : (i) un volet relatif aux ménages, (ii) un volet budgétaire portant sur les revenus et la consommation (dépenses et autoconsommation) des ménages et (iii) un volet relatif au secteur informel.

Ainsi, l enquête a permis de collecter les données sur l éducation, la santé, l emploi, l habitat, les biens durables et les avoirs des ménages. Les informations concernant l'accès aux services de base (école, centres de santé, marchés, routes, etc.) et la satisfaction des besoins sont également collectées. Les dépenses saisies sont les dépenses de santé, d'éducation, de consommation, d'équipement, d'habillement, de logement, de communication et de transport.

Le secteur informel a occupé une place particulière dans cette enquête. En effet, étant un secteur économique important dont peu d informations sont disponibles, l enquête s'est efforcée à recueillir les informations concernant les comportements productifs des acteurs de ce secteur. L'accent est mis sur la concurrence que subit (ou qu'impose) le secteur informel, le mode d'insertion du secteur dans le système productif local et les contraintes qui s'y imposent.

Les résultats de l enquête doivent permettre d établir un profil de pauvreté et servir de base de formulation d une stratégie participative. Le présent rapport descriptif fait le constat des différents domaines enquêtés. Il s articule autour de sept chapitres :

Le chapitre 1 fait la présentation du pays. Au chapitre 2, sont traitées les caractéristiques de la population et des ménages enquêtés. L état de pauvreté au Tchad, thème central de l enquête, est abordé au chapitre 3. Le chapitre 4 analyse la

2 Il s agit des départements créés par décrets n°415, 416 et 419 du 17/10/2002.

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consommation. Les conditions de vie des ménages sont traitées dans le chapitre 5. Le chapitre 6 traite des besoins essentiels. Enfin, le chapitre 7 analyse l activité de la population.

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Chapitre 1 : Présentation du pays

1.1 Généralités

1.1.1 Situation géo climatique

Situé au c ur du continent africain entre le 8ème et le 23ème degré de la latitude Nord, et entre le 14ème et le 24ème de longitude Est, le Tchad est un pays complètement enclavé qui s étend sur 1700 km du Nord au Sud et sur 1000 km de l Est à l Ouest. Le Tchad couvre une superficie de 1.284.000 km² et partage les frontières avec six pays : la Libye au Nord, le Soudan à l Est, le Niger et le Nigeria à l Ouest, le Cameroun et la République Centrafricaine (RCA) au Sud.

Le Tchad est partagé en trois principales zones agro-climatiques :

la zone saharienne au Nord marquée par une très faible pluviométrie (moins de 300 mm par an) ;

la zone sahélienne au centre avec une pluviométrie allant de 300 mm à 700 mm par an ;

La zone soudanienne au Sud avec une pluviométrie de 700 mm à 1300 mm par an.

1.1.2 Situation démographique

Le Recensement Général de la Population et de l Habitat (RGPH) de 1993 a dénombré la population tchadienne à 6,28 millions d habitants avec un taux d accroissement naturel de 2,5% l an. L indice synthétique de fécondité est de 5,6 enfants par femme en âge de procréer. Cet indice est passé à 6,6 enfants par femme (Enquête Démographique et de Santé au Tchad EDST 1 de 1996/97).

La répartition par âge et par sexe montre que la population tchadienne est très jeune et les femmes représentent 52% de la population totale. En 1993, la population âgée de moins de 15 ans représentait 48% contre 47% pour les 15-59 ans et 3,5% pour les 65 ans ou plus. Cette population qui serait passée à environ 8,705 millions en 2003 au taux d accroissement annuel de 3,1%, (DCAP, 2004) est très inégalement répartie dans l espace national. La densité moyenne est faible (6,8 habitants au kilomètre carré en 2003) mais elle varie très considérablement selon les régions, allant de 0,2 habitant au km² dans l ancien Borkou-Ennedi-Tibesti à 73 habitants au km² dans le Logone Occidental. Ainsi, on peut noter que :

la zone saharienne, avec 47% de la superficie totale, n abrite qu environ 2% de la population ;

la zone sahélienne qui représente 43% du territoire national, concentre 48% de la population ;

la zone soudanienne, avec environ 10% de la superficie, abrite la moitié de la population.

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1.1.3 Situation administrative

En 1990, le Tchad est entré dans une nouvelle ère qui a consacré l amorce d un processus démocratique ayant conduit à l organisation de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) en 1993, à l adoption d une nouvelle constitution en 1996, puis à la tenue des élections présidentielles et législatives en 1996 et 2001.

Le Tchad s est engagé dans un processus de reformes politiques et institutionnelles profondes visant à créer et à consolider les bases d un Etat de droit. Dans le cadre de la politique de la décentralisation en cours depuis l adoption de la Constitution du 31 mars 1996, le découpage administratif du pays a connu une restructuration profonde selon 3 niveaux : communautés rurales, communes et départements. En prélude à la mise en place des collectivités locales, le pays compte en 2003, 29 départements (y compris N Djaména) et 202 sous-préfectures3.

1.2 Evolution économique

Le Tchad est l un des pays les plus pauvres au monde. De l indépendance jusqu à un passé récent, sa croissance économique a toujours été limitée du fait de la faiblesse de la productivité inhérente au secteur primaire dans lequel opèrent près de 80% de la population active, à la quasi inexistence d un secteur de transformation, à un secteur tertiaire peu productif, à l inadéquation et à l insuffisance des infrastructures socioéconomiques de base, à des aléas climatiques, à son enclavement, à l instabilité politique, etc. Toutefois, il dispose d importantes potentialités pouvant promouvoir son développement socioéconomique (terre cultivable, eau, élevage, ressources minières dont le pétrole, etc.).

Depuis 1994, le Gouvernement a entrepris un vaste programme de reformes structurelles et institutionnelles à travers des programmes d ajustement structurels appuyés par la Facilité d Ajustement Structurel Renforcée (FASR) et la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance (FRPC). Ainsi, sur la période 1994 -2000, le PIB à prix constant a cru en moyenne annuelle de 2,6%. Depuis 2001, la situation s est considérablement améliorée. En effet, le taux de croissance réel du PIB est passé de 10,4% en 2001 à 15,4% en 2003. Il était de 8,4% en 2002. Augmentant en moyenne de 8,6% entre 2001 et 2003, le PIB réel par habitant a progressé à un rythme similaire.

Cette croissance a été tirée par des investissements importants surtout dans le secteur pétrolier de Doba à la période sous revue. En effet, de 15,2% en 2000, le taux d investissement global a été porté en moyenne à 45% entre 2001 et 2003 pour un taux moyen d investissement public de 5,9%. Cependant, l épargne nationale dont l accroissement était de 7,6% en 2000 a chuté considérablement (-28,9% en 2002 et -4,2% en 2003).

Les contributions moyennes des secteurs à la croissance durant la période 2000-2003 ont été respectivement de 42,6% pour le primaire (surtout l agriculture et l élevage), 12,9% pour le secondaire et 44,5% pour le tertiaire (prédominance commerce et administration). L inflation a été en moyenne de 4,8% sur la période 2000-2003. Elle est passée de 3,4% en 2000 à 12,4% en 2001 pour se situer à -1,8% en 2003.

3 Décrets N°415, 416 et 419 du 17/10/2002. Actuellement, le pays est découpé en régions, départements et sous-préfecture.

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Sur la période, les recettes locales de l Etat ont représenté en moyenne 8% du PIB contre une moyenne de 20% des dépenses publiques. En même temps, le déficit courant moyen du budget de l Etat a été de 1,5% du PIB.

De 6,6% en 2000, le solde global de la Balance des Paiements a été déficitaire en moyenne de 5,3% sur la période. Les exportations ont représenté 16,4% du PIB contre une moyenne de 67,2% pour les importations et le ratio exportations/importations des biens et services n a été en moyenne que de 29,5% en raison du volume très important des importations liées aux investissements pétroliers de Doba entre 2001 et 2003. L encours de la dette se chiffrait en moyenne à 61,5% du PIB, 400% des exportations et 484% des recettes budgétaires pour un service de la dette de 14% des recettes budgétaires.

1.3 Ere pétrolière et Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté

L échec imputé aux programmes d ajustement structurel réputés inspirés de l extérieur a conduit à une réflexion sur une nouvelle forme de développement que proposent de soutenir désormais le Fonds Mondial International (FMI) et la Banque Mondiale (BM). A cet effet, la FRPC du FMI articulée à l IPPTE et le CAS de la BM consacrent les stratégies de réduction de la pauvreté comme cadre de base pour la mobilisation de l appui des partenaires au développement aux efforts des pays concernés afin de sortir leurs populations de la pauvreté.

A la suite de la Table Ronde de Genève IV (1998), des consultations sectorielles ont permis d élaborer des programmes centrés sur la pauvreté dans les secteurs prioritaires (Education, Santé et Affaires sociales, Développement rural, Infrastructures) constituant ainsi une base solide pour le processus d élaboration de la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté.

La concrétisation de l engagement pris par le Gouvernement dans le cadre de l IPPTE a donc débouché sur l élaboration du Document de Stratégie Nationale de Réduction de la pauvreté (DSRP) adopté en juin 2003 et à l horizon 2015. Le DSRP est articulé autour de cinq axes stratégiques qui sont :

Promouvoir la bonne gouvernance ;

Assurer une croissance forte et soutenue ;

Développer le capital humain ;

Améliorer les conditions des groupes vulnérables ;

Restaurer et sauvegarder les écosystèmes.

Entré dans le cercle des pays exportateurs de pétrole en 2004, une opportunité s offre au Tchad pour réaliser un taux de croissance élevé durable et réduire la pauvreté par l utilisation judicieuse de ses ressources pétrolières et autres qui seraient libérées par l allègement de la dette. Avec le démarrage de l exploitation pétrolière et l application des dispositions de la loi portant gestion des recettes pétrolières, les crédits budgétaires alloués aux secteurs prioritaires ont fortement augmenté à partir de 2004. Malgré une performance relativement moins satisfaisante en matière d exécution budgétaire, on constate globalement une nette progression de la composition de la dépense publique en faveur des secteurs prioritaires, qui ont représenté en 2005, 53 % des dépenses, contre 50 % en 2004 et 46 % en 2002-2003. Cette évolution favorable s explique essentiellement par la hausse des dotations budgétaires dans ces secteurs, suite à l entrée en application du programme de gestion des recettes pétrolières.

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Chapitre 2 : Caractéristiques de la population et des ménages enquêtés

Le ménage, principale unité d analyse du présent rapport, est défini comme un groupe de personnes, apparentées ou non, qui partagent le même toit, mettent en commun tout ou une partie de leurs ressources pour subvenir à leurs besoins essentiels et reconnaissent l autorité d une seule personne, le chef de ménage. Le ménage est défini ici comme une unité budgétaire. Par conséquent, il se distingue de l unité familiale qui regroupe des personnes unies par le sang et le mariage. Ainsi, le principal critère d appartenance au ménage est la présence de manière continue dans celui-ci pendant une période de référence donnée.

Après avoir rappelé les objectifs de l enquête, le présent chapitre traite des aspects démographiques et socioculturels tels que la structure de la population par grands groupes d âges, par sexe, la situation matrimoniale, les groupes ethniques, etc. L enquête a permis d estimer le nombre total des ménages ordinaires à 1 259 498 correspondant à une population de droit de 7 393 259 habitants au Tchad en 2003 soit une taille moyenne de 5,9 personnes par ménage (Tableau 2.1). Le Recensement Général de la Population et de l Habitat (RGPH) de 1993 donnait 1 228 863 ménages ordinaires pour une population de droit de 6 193 538 habitants. On constate une augmentation de 35 635 ménages ordinaires.

2.1 Structure de la population

La structure de la population par grands groupes d âges (Tableau 2.1) montre que la population tchadienne est jeune. En effet, 50,3% de la population a moins de 15 ans et la population âgée de 60 ans ou plus représente 4,0%.

Tableau 2-1: Répartition de la population par milieu de résidence selon les grands groupes d'âges

Grands groupes d'âges

0 à 14 ans 15 à 59 ans 60 ans et plus

Total Milieu de résidence N'Djaména

246 135 299 448

16 577 562 159Abéché/Moundou/Sarh 94 943 113 279

5 781 214 003Villes secondaires4 342 410 340 104

30 375 712 889Rural septentrional5 1 598 885 1 378 645

152 565 3 130 095Rural méridional6 1 434 578 1 248 602

90 932 2 774 112

Ensemble 3 716 952 3 380 077

296 230 7 393 259

Source: ECOSIT2/INSEED/2003/2004

4 Les villes secondaires sont tous les chefs lieu des Sous-Préfectures et Départements sauf les trois principales villes. 5 Le rural septentrional couvre le milieu rural des régions suivantes : le Batha, le BET, le Chari Baguirmi, le Kanem, le Lac, le Ouaddaï (sans la ville d Abéché), le Biltine, le Salamat et le Guéra. 6 Le rural méridional englobe le milieu rural des régions de : Logone Occidental, Logone Oriental, Mayo Kebbi, Moyen Chari et Tandjilé.

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L âge moyen est estimé à 19,6 ans et l âge médian à 14 ans. L âge moyen au RGPH de 1993 est de 21,7 ans et l âge médian 16 ans. Ces deux opérations montrent que la population s est rajeunie au fil du temps. L une des conséquences que cela peut entraîner est la charge sociale qui incombe aux ménages.

Selon le milieu de résidence (Tableau 2.2), on s aperçoit que la population de moins de 15 ans est relativement plus importante en milieu rural (plus de 51%) que dans les centres urbains. De même, on note que la population âgée de 60 ans ou plus est relativement plus importante en milieu rural qu en milieu urbain. Les villes secondaires ont un caractère proche du milieu rural que des trois principales villes et de la capitale N Djaména.

Tableau 2-2 : Structure de la population par milieu de résidence selon les tranches d'âges

Grand groupe d'âges

0 à 14 ans 15 à 59 ans 60 ans et plus

Total Milieu de résidence N'Djaména

43,8 53,3

2,9 100Abéché/Moundou/Sarh 44,4 52,9

2,7 100Villes secondaires 48,0 47,7

4,3 100Rural septentrional 51,1 44,0

4,9 100Rural méridional 51,7 45,0

3,3 100

Ensemble 50,3 45,7

4,0 100

Source: ECOSIT2/INSEED/2003/2004

La structure par sexe montre que la population est constituée en majorité des femmes. Elles représentent 51,6% de la population. Cette proportion était de 51,9% au RGPH-93. Une autre caractéristique de la population par rapport au sexe est qu il y a relativement plus de femmes en milieu rural qu en milieu urbain. En effet, le rapport de masculinité indique qu il y a en moyenne 109 hommes pour 100 femmes à N Djaména. Ce rapport est de 93,2 dans le rural septentrional et de 91,0 dans le rural méridional. Une fois de plus, la population des villes secondaires a tendance à ressembler à celle du milieu rural. Les rapports de masculinité plus élevés dans les centres urbains attestent d une forte migration des hommes vers les villes (phénomène d exode rural).

Tableau 2-3 : Structure de la population par milieu de résidence selon le sexe

Sexe Rapport de

Masculin

Féminin Total MasculinitéMilieu de résidence N'Djaména

52,2 47,8 100 109,2Abéché/Moundou/Sarh 50,3 49,7 100 101,2Villes secondaires 48,3 51,7 100 93,4Rural septentrional 48,2 51,8 100 93,2Rural méridional 47,7 52,3 100 91,0

Ensemble 48,4 51,6 100 93,7

Source: ECOSIT2/INSEED/2003/2004

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La structure par grands groupes d âges selon le sexe (Tableau 2.4) indique que les hommes sont prédominants aux bas âges (moins de 15 ans) et aux âgés avancés (60 ans ou plus) alors que les femmes le sont dans la tranche d âges 15 à 59 ans. En effet, le rapport de masculinité montre qu il y a 103 garçons pour 100 filles avant 15 ans et 116 hommes de 60 ans ou plus pour 100 femmes de la même tranche d âge. Ce résultat paraît paradoxal car en général aux âges de la vieillesse, la surmortalité masculine fait qu il y a plus de femmes que d hommes. L enquête prouve le contraire et cela serait dû probablement il y a un problème de déclaration d âges.

Une autre caractéristique de la population examinée à l enquête est la nationalité. Elle révèle que la population du Tchad est essentiellement de nationalité tchadienne (99,4%). L essentiel de la population étrangère est composée des ressortissants de la zone CEMAC (0,54%).

2.2 Caractéristiques sociodémographiques des ménages

L intérêt de mettre en exergue les caractéristiques personnelles du chef de ménage dans l analyse, tient à l importance de l autorité que celui-ci exerce et la responsabilité qu il assume en prenant les décisions importantes concernant le ménage collectivement et ses membres individuellement. L autre aspect non moins important, c est le rôle qu il joue en tant que principal pourvoyeur de revenus pour la satisfaction des besoins fondamentaux du ménage.

Les 1 259 498 ménages estimés par l enquête se répartissent en 1 001 647 ménages dirigés par des hommes (79,5%) et 257 851 ménages dirigés par des femmes (20,5%). Les variables d analyse des caractéristiques des ménages sont le milieu de résidence, le groupe d âges, la taille du ménage, le statut matrimonial, l ethnie et la religion du chef de ménage.

2.2.1 Structure des ménages

Le tableau 2.5 donne la structure des ménages par milieu de résidence selon le sexe du chef de ménage. Deux constats essentiels se dégagent de ce Tableau. Habituellement, les milieux de résidence se ressemblent par rapport à certaines caractéristiques, mais cette fois ci, on observe des tendances différentes : la proportion des femmes chefs de

Tableau 2-5 : Structure des ménages par milieu de résidence selon le sexe du chef de

ménage

Sexe

Masculin

Féminin

Total

Milieu de résidence N'Djaména

81,4 18,6 100Abéché/Moundou/Sarh 75,9 24,1 100Villes secondaires 72,2 27,8 100Rural septentrional 74,6 25,4 100Rural méridional 87,8 12,2 100

Ensemble 79,5 20,5 100

Source: ECOSIT2/INSEED/2003/2004

Tableau 2-4 : Structure de la population par grand groupe

d'âges selon le sexe

Sexe Rapport de

Masculin

Féminin

Total Masculinité

Grand groupe d'âges

0 à 14 ans 50,8 49,2 100 103,315 à 59 ans 45,2 54,8 100 82,660 ans et plus 53,8 46,2 100 116,3

Ensemble 48,4 51,6 100 93,7

Source: ECOSIT2/INSEED/2003/2004

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ménage est relativement plus importante dans les villes secondaires qu ailleurs dans le pays. Elle paraît de même élevée dans le rural septentrional et les trois principales villes à savoir Abéché, Moundou et Sarh. La proportion des ménages dirigés par des femmes relativement plus importante dans le rural septentrional (25,4%) que dans le rural méridional (12,2%) pourrait s expliquer en partie par une émigration masculine plus importante dans le rural septentrional.

Selon la classe d âges du chef de ménage, le tableau 2.6 montre que plus de la moitié des chefs de ménage (53,5%) ont un âge compris entre 25 et 44 ans. La structure par sexe ne varie pas fondamentalement. Cependant, on constate une légère dominance des chefs de ménage hommes de la classe d âges 25 à 44 ans (55,0%).

Selon la taille du ménage, les résultats de l enquête montrent que les ménages de 4 à 6 personnes sont relativement nombreux (38,1%), suivis de ceux de 7 à 10 personnes (27,6%). Les ménages d une personne ne représentent que 5,1%. S agissant du sexe du chef de ménage, l on s aperçoit que les ménages dirigés par des hommes ont tendance à être de grande taille. En effet, si dans la tranche de 2 à 10 personnes, il y a pratiquement les mêmes proportions de chefs de ménage homme et femme (87,0% et 84,3% respectivement), les ménages d une personne sont plus importants chez les femmes (14,0%) que chez les hommes (2,8%). A l opposé, les ménages de 11 personnes ou plus sont relativement plus fréquents chez les hommes (10,2%) que chez les femmes (1,8%). Cette situation induit des différences dans la taille des ménages. En effet, étant au niveau national de 5,9 personnes par ménages, la taille moyenne est plus élevée dans les ménages dirigés par les hommes (6,3 personnes) que ceux dirigés par les femmes (4 personnes).

Selon le milieu de résidence (Tableau 2.7), les ménages composés de 4 à 6 personnes sont relativement plus importants quel que soit le milieu de résidence. Ils sont suivis de ceux de 7 à 10 personnes. Un autre enseignement que l on peut tirer, les ménages composés d une personne sont relativement importants dans les villes que dans le milieu rural. Les ménages de 10 personnes ou plus sont particulièrement plus importants dans le rural méridional, zone agricole par excellence où être nombreux dans un ménage constituerait une main d uvre certaine.

Tableau 2-6 : Structure des ménage par classe d'âges, taille du ménage selon le sexe

du chef de ménage

Sexe

Masculin Féminin Ensemble

Classe d'âges du chef de ménage

Moins de 25 ans 7,9 7,9 7,925 à 44 ans 55,0 47,6 53,545 à 64 ans 28,6 33,7 29,765 ans et plus 8,4 10,8 8,9Nombre de personnes

1 personne 2,8 14,0 5,12-3 personnes 17,4 33,6 20,84-6 personnes 37,9 38,8 38,17-10 personnes

31,6 11,8 27,611 personnes et + 10,2 1,8 8,4

Total 100 100 100Taille moyenne 6,3 4,0 5,9

Source: ECOSIT2/INSEED/2003/2004

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Tableau 2-7: Structure des ménages par nombre de personnes selon le milieu de résidence

Milieu de résidence

N'Djaména

Abéché/Moundou

/Sarh Villes

secondaires

Rural

septentrional

Rural

méridional Ens.

Taille du ménage

1 personne 9,9 9,6 6,0 4,2 4,6 5,12-3 personnes 22,1 20,2 24,9 21,0 19,0 20,84-6 personnes 32,8 33,7 33,5 42,0 36,0 38,17-10 personnes 26,9 26,6 26,0 27,9 27,8 27,611 personnes et + 8,3 9,9 9,6 4,9 12,6 8,4

Total 100 100 100 100 100 100

Source: ECOSIT2/INSEED/2003/2004

L analyse des ménages par statut matrimonial du chef de ménage révèle que 60,8% des chefs de ménages sont monogames et 21,4% sont polygames. Les ménages dont le chef est un célibataire sont peu représentés dans la structure (3,3%). Dans l ensemble, on constate que les proportions des chefs de ménage célibataires, veufs/Veuves et Séparé (es)/Divorcé (es) diminuent lorsque l on part de la capitale vers le milieu rural en passant par les trois principales villes et les villes secondaires. A l opposé, les proportions des chefs de ménage monogames ou polygames augmentent lorsqu on passe de la ville à la campagne.

Tableau 2-8 : Structure des ménages par statut matrimonial du chef de ménage selon le milieu de résidence

Milieu de résidence

N'Djaména

Abéché/ Moundou/Sarh

Villes secondaires

Rural septentrional

Rural méridional

Ensemble

Statut matrimonial Célibataire 9,4 8,3 5,5 1,7 2,8 3,3Veuf/veuve 9,7 12,3 10,8 8,3 7,7 8,5Séparé(e)/Divorcé(e) 7,8 6,9 7,9 6,0 4,0 5,7Monogame 55,4 58,7 57,1 61,9 61,8 60,8Union libre 0,1 0,6 0,6 0,3 0,3 0,4Polygame 17,6 13,2 18,1 21,8 23,3 21,4

Total 100 100 100 100 100 100

Source: ECOSIT2/INSEED/2003/2004

Tableau 2-9 : Structure des ménages par statut matrimonial du chef selon le sexe

Sexe

Masculin

Féminin Ensemble

Statut matrimonial du chef de ménage

Célibataire 3,5 2,3

3,3Veuf/veuve 0,6 39,5

8,5Séparé(e)/Divorcé(e) 1,4 22,2

5,7Monogame 71,4 19,7

60,8Union libre 0,2 1,0

0,4Polygame 22,9 15,4

21,4

Total 100 100

100

Source: ECOSIT2/INSEED/2003/2004

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L analyse selon le sexe (Tableau 2.9) montre que près de quatre chefs de ménage femmes sur dix sont des veuves (39,5%) et qu un peu plus de deux sur dix (22,2%) d entre elles sont soit divorcées soit séparées. Ce constat peut s expliquer par le fait que dans la plupart des cas, les femmes deviennent chefs de ménage parce qu elles ont perdu leur conjoint ou que le mari est vivant mais réside ailleurs du fait de l émigration masculine.

L analyse par grands groupes ethniques (Tableau 2.10) montre que numériquement trois grands groupes prédominent au Tchad. Il y a dans l ordre, le groupe Sara (28,3%), le Ouaddaï (12,2%) et le Mayo-Kebbi (11,6%). Les groupes ethniques assessoirement fréquents sont les groupes : Arabe (9,9%), Kanem-Bornou (9,6%), Tandjilé (7,2%), Hadjaraï (7,1%) et Fitri-Batha (6,3%°). Le reste des groupes ethniques regroupés représentent (15%).

L analyse du groupe ethnique du chef de ménage selon le sexe montre que dans les groupes Ouaddaï, Kanem Bornou, Hadjaraï et Filtri Batha, la représentativité des chefs de ménage femmes est plus importante que celle des chefs de ménages hommes. Ce qui confirme les conclusions des études qui ont montré que les hommes ont une grande propension à la migration que les femmes dans leurs ressorts territoriaux .

La répartition des ménages par religion du chef montre que trois principales religions se pratiquent au Tchad. Il y a l islam (54,7%), le catholicisme (20,4%) et le protestantisme (16,2%). L analyse de la religion du chef de ménage selon le sexe indique que parmi les femmes chef de ménage, la plupart sont de la religion musulmane (65,9%).

Tableau 2-10 : Structure des ménages par groupe ethnique et religion du chef de ménage selon le sexe

et la taille du ménage

Sexe Taille

Masculin

Féminin

Ensemble

moyenneEthnie du chef de ménage

Gorane 3,4 4,3 3,6 6,0Arabe 9,9 9,8 9,9 6,0Ouaddaï 11,9 13,2 12,2 5,5Baguirmien 1,3 1,2 1,3 5,2Kanem-Bornou 8,3 14,6 9,6 5,4Fitri-Batha 5,8 8,2 6,3 5,7Hadjaraï 6,1 11,0 7,1 5,1Lac Iro 0,2 0,1 0,2 5,9Sara 29,5 23,5 28,3 6,1Tandjilé 8,0 4,1 7,2 6,3Peul 1,1 0,9 1,1 6,0Mayo-Kebbi 12,6 7,6 11,6 6,3Autres Ethnies Tchadiennes 0,5 0,1 0,4 6,3Ethnie d'origine étrangère 1,0 0,8 1,0 6,6Etrangers 0,1 0,2 0,1 4,7Indéterminé 0,2 0,3 0,2 4,9Religion du chef de ménage

Catholique 21,1 17,7 20,4 6,0Protestant 17,4 11,6 16,2 6,5Musulman 51,8 65,9 54,7 5,6Animiste 5,3 3,0 4,8 5,8Autre religion 0,7 0,4 0,6 5,3Sans religion 3,5 1,4 3,1 6,2Non renseigné

0,2 0,0 0,2 7,1

Total 100 100 100 5,9

Source: ECOSIT2/INSEED/2003/2004

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2.2.2 Taille des ménages

Le tableau 2.11 présente la taille moyenne des ménages par grands groupes ethniques et religion selon le sexe du chef de ménage. Il ressort de ce Tableau que les grands ménages (ménages de grande taille) sont dirigés par des hommes quel que soit le groupe ethnique du chef de ménage. Le constat est encore plus marqué dans les groupes ethniques Mayo Kebbi et Gorane (6,7) et ceux du groupe ethnique Tandjilé (6,6). On notera que la taille moyenne des ménages dirigés par les femmes du groupe Peul avoisine celle des ménages dirigés par des hommes.

Tableau 2-11: Taille moyenne des ménages par groupe ethnique du chef de ménage

selon le sexe du chef de ménage

Sexe

Masculin Féminin Ensemble

Groupe ethnique du chef de ménage

Gorane 6,7 3,8 6,0

Arabe 6,4 4,5 6,0

Ouaddaï 6,0 4,0 5,5

Baguirmien 5,7 3,2 5,2

Kanem-Bornou 6,0 4,0 5,4

Fitri-Batha 6,2 4,2 5,7

Hadjaraï 5,9 3,6 5,1

Lac Iro 6,3 2,6 5,9

Sara 6,5 4,1 6,1

Tandjilé 6,6 3,9 6,3

Peul 5,9 6,2 6,0

Mayo-Kebbi 6,7 3,7 6,3

Autres Ethnies Tchadiennes 6,5 3,7 6,3

Ethnie d'origine étrangère 7,0 4,8 6,6

Etrangers 5,8 2,7 4,7

Indéterminé 5,2 4,0 4,9

Religion du chef de ménage

Catholique 6,5 3,9 6,0

Protestant 6,8 4,6 6,5

Islam 6,2 4,0 5,6

Animiste 6,2 3,2 5,8

Autre religion 5,4 4,8 5,3

Sans religion 6,5 3,1 6,2

Non renseigné

7,3 3,0 7,1

Ensemble 6,3 4,0 5,9

Source: INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

L analyse selon le grand groupe ethnique du chef de ménage fait ressortir que les ménages de petite taille sont ceux qui sont dirigés par un chef du groupe Hadjarai,

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(5,1), Baguirmi (5,2), ou Kanem Bornou (5,4). Par contre, les ménages dont le chef appartient au groupe Sara (6,1), Tandjilé (6,3) et Mayo Kebbi (6,3) sont de grande taille. Cette situation s expliquerait en partie par la forte fécondité de ces grands groupes ethniques de la zone méridionale (plus de 6 enfants par femme). Les ménages dont le chef d origine étrangère sont plus nombreux dans leur logement (6,6).

En considérant la religion du chef de ménage, les données montrent que les ménages de grande taille sont dans l ordre, ceux dirigés par des chefs protestants, sans religion et catholiques. Par contre, ceux dirigés par les musulmans et les autres religions sont de petites tailles. L observation faite concernant l analyse par groupe ethnique selon le sexe reste valable pour la variable religion. En effet, quelle que soit la religion, les ménages dirigés par les hommes sont de grande taille.

Le milieu de résidence (Tableau 2.12) semble avoir une influence sur la taille des ménages. Elle varie de 5,6 personnes à N Djaména à 6,4 personnes dans le rural méridional. Dans le rural septentrional cette taille reste identique à celle de la capitale. La carte géographique de la fécondité (selon les données de l EDS2) montre que les femmes résidentes dans le rural méridional sont plus fécondes que celles du rural septentrional.

Tableau 2-12 : Taille moyenne des ménages par milieu et région résidence

selon le sexe du chef de ménage

Sexe

MasculinFéminin

Ensemble

Milieu de résidence

N'Djaména

5,8 4,9

5,6

Abéché/Moundou/Sarh 6,1 4,6

5,8

Villes secondaires 6,3 4,7

5,9

Rural septentrional 6,1 3,8

5,6

Rural méridional 6,7 3,7

6,4

Région de résidence

Batha 6,7 4,2 6,0

BET/Biltine 6,6 5,0 6,3

Chari Baguirmi 6,0 3,7 5,7

Guera/Salamat 6,3 3,8 5,5

Kanem/Lac 6,0 3,9 5,2

Logone Occidental 7,2 4,7 6,8

Logone Oriental 6,4 4,2 6,0

Mayo Kebbi 6,7 4,0 6,4

Moyen Chari 6,3 3,7 5,9

Ouaddaï 5,9 3,6 5,4

Tandjilé 6,9 3,9 6,4

N'Djamena

5,8 4,9 5,6

Ensemble 6,3 4,0 5,9

Source: INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Il apparaît de même que la taille moyenne des ménages selon la région de résidence se calque sur la réparation de la taille moyenne des ménages par milieu de résidence. En effet, les ménages des régions du Logone Occidental, de la Tandjilé, et du Mayo

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Kebbi qui sont situées dans la zone méridionale sont généralement de grande taille. A l opposé, les ménages de régions du Kanem, du Ouaddaï et du Guéra sont de taille réduite. Les régions du BET/Biltine semblent marquer une différence géographique si l on considère la taille moyenne des ménages. En effet, cette taille avoisine celle des ménages du rural méridional.

La variable sexe semble observer une répartition naturelle (entre homme et femme) indépendamment de toute autre variable. En effet, les ménages dirigés par les hommes ont toujours une taille moyenne plus élevée que ceux dirigés par les femmes quelle que soit la variable d analyse retenue.

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Chapitre 3 : Etat de la pauvreté

Le présent chapitre traite essentiellement des questions liées à la mesure de la pauvreté. Il fait dans une première partie une brève revue de la littérature sur la pauvreté en rappelant quelques concepts et définitions utiles à la compréhension des données chiffrées. Dans une seconde partie, il mesure la pauvreté des ménages par les deux méthodes à savoir la pauvreté relative et celle absolue. Le plus souvent, le phénomène migratoire peut être interprété comme une stratégie de lutte contre la pauvreté. Il a été également examiné dans ce chapitre.

3.1 Concepts et méthodes

Les débats courants autour du thème de pauvreté font ressortir une forme multidimensionnelle de la pauvreté au point où il est difficile d avoir un consensus sur la définition à donner. Cependant, tout le monde s accorde sur la question de savoir pourquoi mesurer la pauvreté. Le consensus qui est dégagé est que, pour un objectif de politique publique, on mesure la pauvreté pour les raisons suivantes :

identifier ceux qui sont dans le besoin (séparer les pauvres des non pauvres) ;

identifier les caractéristiques des pauvres ;

concevoir des politiques de réduction de la pauvreté appropriées ;

orienter la politique publique vers les pauvres ;

et enfin surveiller et évaluer les politiques de réduction de la pauvreté.

Communément admis, la pauvreté se définit comme étant « un état de privation du niveau de bien-être jugé adéquat pour mener une vie décente » dans une société donnée.

Cette définition de la pauvreté renvoie aux différentes définitions du bien-être en tant qu'état global intégrant deux dimensions (matérielle et non matérielle). La dimension matérielle fait référence aux facteurs tangibles faciles à mesurer de manière cardinale, tels que les revenus/consommations/dépenses, l accès à une alimentation adéquate, aux services de santé et d éducation, l accès à l eau potable. Pour la dimension non matérielle, le niveau de bien-être est défini en fonction des besoins, des aspirations et des capacités de chaque individu, ou en d autres termes, l acquisition des capacités fonctionnelles (savoir-faire) pour accéder à un niveau de vie souhaité (savoir-être). De cette approche découle le concept de développement humain à l initiative du PNUD en 1990, élargi par la suite à d autres aspects tels que l éthique7, l équité, la sécurité humaine, l intégration et la durabilité économique (croissance), écologique (environnement) ou sociale (inégalités).

La définition du niveau de bien-être jugé adéquat pour une personne, repose sur deux approches -utilitariste et non utilitariste-, qui renvoient au débat sur les dimensions monétaires et non monétaires de la pauvreté.

7 Respect des droits de l homme, des valeurs humaines, morales et culturelles

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3.1.1 Mesure monétaire de la pauvreté.

Mesurer la pauvreté soulève des questions d identification notamment comment mesurer le « bien-être » et à quel niveau considère-t-on qu une personne n est pas pauvre ? Ceci soulève d autres questions statistiques telles que celles de comment synthétiser les informations sur la pauvreté en un indicateur de pauvreté ? Deux approches sont utilisées pour l analyse monétaire de la pauvreté: celle de l utilité tirée dans l usage d un bien et celle de la satisfaction des besoins de base, des fonctionnalités et des capacités :

L approche utilitariste est formulée en termes de préférence. Les personnes expriment leurs préférences en choisissant les biens qu elles consomment. L observateur ne juge pas leurs choix. Le choix est l expression des préférences. L approche vise à baser les comparaisons du bien-être, uniquement sur «l'utilité» (préférences) que seul l usager estime. Elle repose sur le concept d'un classement des préférences pour les biens, représenté par une «fonction d'utilité».

L approche de besoins de base se concentre elle sur des résultats plutôt que sur des préférences et a un critère objectif plutôt que subjectif. Par exemple : Une personne n'est pas pauvre si cette personne peut consommer une quantité minimum de biens tels que nourriture, vêtements, santé et éducation. Le choix n est pas laissé à l individu. On décide d abord de ce qu il faut avoir pour ne pas être pauvre (le minimum standard). Ceux qui n ont pas le minimum sont considérés comme pauvres. Le concept est multidimensionnel parce que les résultats et les biens considérés peuvent être de formes différentes.

Dans le cas de l approche par les fonctionnalités, les résultats sont décrits comme des fonctionnalités. Elles sont plus complexes que les biens de consommation. Par exemple, être nourri convenablement, être en bonne santé, être heureux, avoir un bon niveau d éducation. Les fonctionnalités sont les modules (composantes) du bien-être. Si on a suffisamment de fonctionnalités, on peut être considéré comme non pauvre. Donc, les biens consommés peuvent ne pas être suffisants pour mesurer correctement le bien-être. Il faut mesurer les fonctionnalités.

L approche des capacités est un développement ultérieur de l approche des fonctionnalités. Elle se base sur la capacité de réaliser des fonctionnalités et non pas sur les fonctionnalités elles-mêmes. Avec cette approche, les résultats en termes de fonctionnalités obtenues sont secondaires. Les capacités potentielles d'obtenir les résultats désirés sont plus importantes. Ainsi, si on a les possibilités ou les capacités de s alimenter correctement mais si on choisit de ne pas le faire, on ne peut pas être considéré comme pauvre. On a la capacité mais pas la volonté.

La réponse aux questions statistiques de comment synthétiser les informations sur la pauvreté en un indicateur de pauvreté est que l on utilise en général la consommation ou le revenu (avec tout ce qu ils comportent comme limites) comme indicateurs de mesure monétaire de bien être.

La mesure monétaire de bien-être a des limites qu il faudra soulever. En effet, toutes les consommations n ont pas une valeur monétaire (les biens publics, les loisirs, les services gratuits, les biens auto-produits dans le ménage, etc.). De plus, dans

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l approche utilitariste, accroître le niveau de satisfaction (bien-être) ne veut pas dire forcement augmenter la consommation.

Malgré les limites, l analyse monétaire de la pauvreté est l option souvent utilisée et ceci suivant deux approches, l une dite relative et l autre absolue.

L approche de la pauvreté par le biais des seuils relatifs repose généralement sur une démarche de découpage de la population totale en percentile d un ordre donné sur l échelle des niveaux de vie.

L approche absolue de la pauvreté qui consiste à fixer un seuil absolu national de pauvreté, vise à définir de manière relativement objective un but chiffré, « objectif de politique » à intégrer dans les stratégies de politiques économiques et sociales, pour « affranchir » les pauvres. Le seuil absolu établit alors une frontière rigide entre les pauvres et les non pauvres.

3.1.2. Mesure non-monétaire de la pauvreté

L analyse de la pauvreté par la mesure non monétaire met en exergue le fait que le revenu seul ne suffit pas pour sortir un individu de la pauvreté. En effet, le revenu ne garantit pas l'accès à tous les moyens nécessaires pour atteindre un niveau minimum de vie. Par exemple, l'accès à l'air ou aux services publics tels que la santé, l'éducation, les routes et l'eau ne sont pas nécessairement fonction du revenu. De même, un revenu élevé peut ne pas garantir une bonne santé (fumée, obésité) ou même une bonne nutrition (temps de guerre). L'analphabétisme peut être aussi un indicateur de pauvreté mais n est pas nécessairement relié à la pauvreté monétaire. La privation de droits de l'homme (liberté d'expression, de religion, de mouvement, etc.) peut également être considérée comme une forme de pauvreté pas nécessairement liée au revenu. L'exposition aux risques et à la vulnérabilité sont des concepts additionnels de la pauvreté qui peuvent ne pas être liés au revenu (les gens vivant dans des régions séismiques ou polluées). Ces raisons conduisent à chercher en dehors de la sphère monétaire, les critères d éligibilité à la pauvreté et trouver autres indicateurs d analyse. Trois approches de la pauvreté par des critères non monétaires sont décrites ici.

3.1.2.1 La pauvreté par les conditions d existence

L approche cherche à repérer un certain nombre de privations, souvent matérielles, pour satisfaire les besoins humains essentiels et évaluer les difficultés liées aux conditions d existence. Elle est en général une approche objective mais peut être aussi appréhendée de manière subjective. L intérêt d une telle approche est qu elle prend en compte les besoins essentiels non pris en considération par l approche monétaire. Elle appréhende la pauvreté dans la durée car elle considère des stocks beaucoup plus stables dans le temps, contrairement aux variables monétaires soumises à des variations conjoncturelles. Pour mesurer la pauvreté par les conditions d existence, on construit en général un score (indicateur) de condition d existence non monétaire8

basé sur trois domaines :

domaine de condition matérielle d existence (eau, toilettes, électricité ) soit l approche en termes de pénurie de capacités ;

domaine de capital humain soit l approche en termes de pénurie de capacités ;

8 (Razafindrakoto, Roubaud (2001) et Grimm, Guénard et Mesplé-Somps (2000))

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domaine de possession de biens de patrimoine soit l approche de pénurie de capacités ou vulnérabilité (capacité à dégager un revenu permanent si les biens sont productifs ou possibilité de les vendre en cas de nécessité).Ainsi, suivant

que le score9 est faible ou élevé, on parlera de bonnes ou de mauvaises conditions de vie.

La manière subjective d apprécier la pauvreté non monétaire est généralement élucidée par des enquêtes de perception où des réponses aux questions dépendent de l humeur de la personne enquêtée. Ainsi, à la question sur les conditions de vie, les réponses peuvent être : « je vis bien », « ça va à peu près », « ça va moyennement mais je sois faire attention », « je vis difficilement ». De même, à la question de la perception du niveau de vie, les réponses peuvent être: « Niveau de vie très élevé », « élevé », « sans doute élevé », « sans doute faible », « faible », « très faible ». On attribue alors de score suivant les réponses pour classer les ménages.

3.1.2.2 La pauvreté par les capacités

Elle se base sur les indicateurs de pauvreté sanito-nutritionnelle et éducationnelle. En effet, l état de santé des membres d un ménage peut être considéré comme un indicateur important de bien être. De même, on peut considérer que l état nutritionnel des enfants est une mesure de leur état de santé car il va déterminer certaines maladies futures ou déjà présentes ou leur espérance de vie. Les indicateurs de pauvreté sanitaire et nutritionnelle peuvent être mesurés soit par des mesures anthropométriques des enfants soit par des estimations comme le nombre de visites à l hôpital, chez le médecin, etc.

La composante éducationnelle de l approche par les capacités stipule que le niveau d alphabétisation peut être un critère. En effet, l analphabétisme ou un certain seuil d alphabétisme peut constituer une trappe à la pauvreté.

3.1.2.3 La pauvreté par l exclusion sociale

Le concept d exclusion sociale est difficile à appréhender empiriquement. Il peut relever d un sentiment subjectif (se considérer exclu) ou de considérations objectives (faible participation à la vie économique, politique ou sociale, exclusion des réseaux d entraide et de solidarité, etc.). La notion renvoie aux concepts de droits sociaux et de pouvoir. Elle concerne l accès des pauvres aux différents types de « biens » : biens productifs (machines, terres, etc.), infrastructures physiques et sociales (hôpitaux, centres de santé), logement et biens durables, biens « collectifs » (par exemple, certains aspects de l environnement naturel : eau, etc.). Elle concerne aussi des aspects de ce qui est communément appelé la « gouvernance » : accès et circulation de l information (prix et nombre de journaux), existence d institutions de régulation (nombre d organisations de la société civile, justice) et de décentralisation (part du budget allouée aux instances locales, prérogatives des collectivités locales, etc.).

Que l on parle de la pauvreté monétaire ou non monétaire, les différentes formes de pauvreté sont positivement corrélées :

la présence d une forme de pauvreté accroît la probabilité d occurrence de toutes les autres ;

9 La notation du score est suivant l analyste. Ici il est noté de 2, 1, 0 pour désigner les conditions pires, difficiles et meilleures

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il semble que l approche monétaire, malgré ses limites, soit celle qui cerne le mieux la pauvreté dans toutes ses dimensions. C est celle qui est la plus corrélée avec les autres formes de pauvreté.

3.1.2.4 La dynamique des niveaux de vie

La pauvreté peut également revêtir une forme dynamique que l on doit se poser la question de savoir si elle est transitoire ou permanente chez les ménages. L état de pauvreté que connaît un ménage est-il chronique ou conjoncturel et quelle est la différence de cause ? Des études10 menées au Pérou et à Madagascar ont montré qu un ménage pauvre peut bien sortir de la pauvreté comme un ménage non pauvre peut y entrer.

Les trappes à pauvreté c est à dire des situations dans lesquelles des ménages peuvent être condamnés à vivre dans la pauvreté s expliquent par les différences de développement observées entre différentes régions d'un pays donné. Les hypothèses souvent émises pour étayer les débats sont de deux ordres :

les individus avec des caractéristiques défavorables à la croissance du revenu tendent à vivre ensemble;

il existe des différences géographiques - naturelles ou bien liées à l'activité économique (externalités pécuniaires, infrastructures, offre de services publics, etc.) qui expliquent les différences de croissance du revenu entre individus vivant dans des zones différentes.

Ce panorama de concepts sur la pauvreté conduit lorsqu il s agit de concevoir, quelle que soit l approche retenue, des stratégies d actions contre la pauvreté à répondre aux questions suivantes :

Quelle ligne « objectif » peut-on rigoureusement se donner comme frontière à partir de laquelle il conviendrait de bâtir les actions de réduction de la pauvreté ?

Quelles sont les caractéristiques de la population lorsqu on passe de la pauvreté à la non pauvreté de manière générale et de manière spécifique autour de la ligne de pauvreté, dans l espace, les branches d activités, les statuts économiques des ménages, le genre, etc. ?

Quelles sont les contributions et influences spécifiques des pauvres et non pauvres aux caractéristiques globales de la population et de la pauvreté ?

Quel peut être l équivalent monétaire des impacts des politiques minimales de lutte contre la pauvreté à engager, en termes de montants à générer ou potentiellement transférables pour affranchir les pauvres ?

Dans le cadre de l ECOSIT2, l approche monétaire est celle qui est retenue. Cependant, d autres formes de pauvreté peuvent être appréhendées notamment la pauvreté des conditions d existence. L enquête permet d élaborer un profil de pauvreté au Tchad.

Un profil de pauvreté se définit par l'évaluation de l état de pauvreté et de son évolution, à partir de l ensemble des données socio-économiques collectées. La finalité d un profil de pauvreté est de répondre aux quatre questions essentielles- (i) où sont les pauvres, (ii) qui sont les pauvres, (iii) que font les pauvres, (iv) pourquoi

10 Se référer aux études sur les Panels et enquêtes Emploi 1997-1999 sur le Madagascar et le Pérou

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sont-ils pauvres en vue d examiner comment les sortir de la pauvreté. Aussi, pour faire l'analyse de la pauvreté, est-il important de prendre en ligne de compte les concepts d'inégalité et de vulnérabilité et, de définir au préalable une base de travail qui consiste à faire un choix pertinent du découpage géographique du pays et le classement socio-économique des individus ou ménages. L analyse de la vulnérabilité n est pas faite dans ce cadre parce que l enquête n a pas collecté toutes les données nécessaires.

Encadré n°1: Exemple pratique des formes multidimensionnelles et dynamiques de la pauvreté.

Pour appréhender le caractère mult idimensionnel et dynamique de la pauvreté, examinons l exemple d une famille

Se réunit une fois par j our autour d une boule.

Est composée de 10 membres: père, mère, 5 enfants, deux j eunes frère et s ur, et un neveu ;

Vit dans une concession, sans eau ni électricité, à deux pièces ;

Aucun des adultes ne sait lire ni écrire ;

La mère cult ive un pet it lopin de terre et vend une fois par semaine ses produits vivriers au marché de la ville la plus proche, à 3 heures de marche ;

Les hommes de la famille sont t ravailleurs saisonniers agricoles. Le neveu est chez eux depuis déjà un an et ne trouve pas à se faire embaucher ;

Sur les 5 enfants, seuls les deux garçons sont inscrits à l école primaire, un seul saura correctement lire et écrire. Les f il les aident leur mère aux champs et à la maison. La s ur est enceinte et espère se marier au cours l année.Six mois plus

tard

Durant la saison des pluies, la famille a perdu deux enfants du fait du paludisme. Le père est malade et ne peut plus travailler ;

Pour soigner le père et acheter des médicaments, la famille a été obligée de vendre une partie des terres ;

Les cours du coton ayant chuté, la plantat ion voisine n embauche plus. Le neveu ne fait touj ours rien et n aide pas les femmes de la famille ;

La s ur a accouché, ne s est pas mariée, et son enfant n est pas reconnu par la famille paternelle. Elle est part ie à la ville. La famille est sans nouvelle et a son enfant à charge.

L exemple mont re à suff isance combien il est dif f icile d appréhender la pauvreté sous une seule forme. La pauvreté dans un ménage peut toucher tous les membres (vivre dans une maison sans eau ni élect ricité par exemple) ou individuellement (les deux garçons inscrits à l école primaire, un seul saura correctement lire et écrire). De même, le temps peut aggraver la situat ion dans la pauvreté. La s ur qui a accouché ne s est pas mariée et elle a émigré pour la ville. Son enfant est resté avec le reste de la famille. Telles sont les contrastes dans lesquelles la pauvreté se manifeste

Encadré n°2

: Exemple pratique de la forme relative ou absolue de la pauvreté

Considérons deux familles à N Dj aména :

Famille 1

o 5 membres: père, mère, deux enfants et un cousin. Les parents viennent de la campagne et la famille vie dans une pet ite maison dans les faubourgs de N Dj aména ;

o Les enfants vont à l école. o La mère est bonne. Elle n est j amais à la maison car elle t ravaille beaucoup et

passe beaucoup de temps dans les déplacements ; o Le père bien qu ayant réussi à avoir un permis de conduire ne t rouve j amais à

s employer de manière régulière. S étant endet té auprès des usuriers pour

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tenter de s acheter un véhicule qui est tombé en panne depuis, il ne peut apporter aucun revenu à la maison.

Famille 2

o 5 membres: père, mère, t rois enfants. Vivent dans un luxueux appartement

dans un bât iment d un quart ier t rès sécurisé. L immeuble dispose d une piscine en terrasse, réservée exclusivement aux habitants de l immeuble ;

o Un domest ique s occupe ent ièrement des tâches ménagères ; o Le père est chirurgien esthét ique. La mère ne t ravaille pas mais bénéficie de

revenus de rente de grandes propriétés terriennes que son père gère. Elle collectionne les parfums ;

o Le f ils est inscrit en DEA en France, la f il le en Côte d ivoire pour un an à l inst itut des arts. Le dernier est au lycée, ne t ravaille pas t rop et est passionné de courses de voiture.

o La famille va souvent à l ét ranger.

Par comparaison ent re ces deux familles, sans doute l on s aperçoit que la deuxième famille est naturellement plus aisée que la première. Cependant sa pauvreté est relat ive car la situat ion de la famille de l encadré n° 1 est peu enviable par la première famille de l encadré n° 2.

Ces deux exemples nous orientent dans la façon dont la pauvreté peut se déf inir ou se concevoir suivant les auteurs.

3.2 Dimensions spatiale et thématique de la pauvreté

3.2.1 Revue de littérature sur la pauvreté au Tchad

L analyse de la pauvreté au Tchad n a été abordée qu au milieu des années 90, lorsque le sujet venait d être mis par la communauté internationale au rang des obstacles majeurs à l épanouissement d une grande proportion de la population mondiale. La représentation du PNUD au Tchad a organisé une journée porte ouverte sur le sujet au cours de laquelle une présentation sur « Pauvreté et développement » a été faite en janvier 1994. Il s agissait d une analyse théorique des causes de la recrudescence de la pauvreté en Afrique au Sud du Sahara et de la pertinence du seuil de pauvreté comme indicateur permettant de séparer les pauvres des non-pauvres.

La Direction de la Statistique, des Etudes Economiques et Démographique (DSEED), dans le rapport final de l enquête sur les conditions de vie des ménages de N Djaména de 1991 publié en juin 1995, a calculé pour la première fois un seuil de pauvreté relative fixé à 30 % de la moyenne des dépenses des ménages et un seuil de pauvreté absolue à partir du strict minimum11 de dépenses nécessaires à la vie. Il ressort de ces calculs que 13,4 % des ménages de N Djaména étaient pauvres en 1991 selon la première optique et que 52,8 % l étaient selon la seconde.

Dans un article intitulé « Les visages de la pauvreté urbaine : le cas de N Djaména », publié en août 1996, monsieur Roné N. Beyem a utilisé les données de l enquête de 1991 pour évaluer la pauvreté absolue à partir du strict minimum de dépenses nécessaires à la vie. Ses conclusions qui touchent également les questions d accès à la

11 L optique du strict minimum de dépenses nécessaires à la vie retient trois besoins de l homme : se nourrir, se loger et se vêtir. Le seuil de pauvreté selon cette optique est calculé en sommant les dépenses moyennes relatives à ces trois besoins.

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santé et à l éducation indiquent que 77,8 % des ménages de N Djaména étaient pauvres en 1991. La différence d incidence de pauvreté observée entre cette analyse et le rapport final de l enquête sur les conditions de vie des ménages de N Djaména s expliquerait par l importance de l apurement des données réalisé entre les deux études.

La dernière analyse de la pauvreté au Tchad est faite dans le rapport final de l ECOSIT-I publié par la DSEED en juin 1998. Dans ce rapport, la DSEED a affiné le calcul des seuils de pauvreté : le seuil de pauvreté alimentaire est basé sur le minimum de besoins caloriques, auquel il faut ajouter une dépense minimale de consommation non-alimentaire pour obtenir le seuil de pauvreté globale. L expansion au niveau national des résultats montre qu en 1995, 44,2 % de tchadiens étaient pauvres selon le seuil alimentaire et 54 % l étaient selon le seuil global.

Ces analyses, malgré les améliorations apportées dans le temps et dans l espace (champs des enquêtes), présentent un certain nombre de lacunes du point de vue de la méthodologie, de la taille des échantillons et de l utilisation de l information disponible. L ECOSIT-2 a permis d affiner davantage la technique de sondage, le champ et la taille de l échantillon de l enquête. En effet, ECOSIT-2 a été réalisée au moyen d un sondage probabiliste, ce qui rend possible l extrapolation des résultats de l échantillon observé à l ensemble de l univers sondé c'est-à-dire le pays ainsi que le calcul des erreurs de sondage en terme de coefficient de variation ou d intervalle de confiance. De même, ECOSIT 2 a une taille d échantillon jamais égalée par les enquêtes réalisées par le passé dans le pays.

3.2.2 Analyse monétaire de la pauvreté

Comme il est décrit au point 3.1 (concepts et méthodes), l analyse monétaire qui est faite dans cette partie combine, pour les besoins, à la fois les approches relative et absolue. En effet, l analyse par la pauvreté relative permettra d apprécier en continue le comportement des individus lorsque l on chemine le long de l échelle de niveau de vie. Par contre, l approche absolue permettra d établir une séparation rigide entre pauvres et non pauvres.

3.2.2.1 Approche par les seuils relatifs

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L approche relative de la pauvreté est analysée par le biais des quintiles de dépenses. Les cinq quintiles forment une partition de l ensemble des ménages en cinq proportions égales de 20%. Les ménages sont répartis ainsi, suivant une variable d analyse, les 20% premiers qui sont au bas de l échelle, les 20% suivants et ainsi de suite jusqu aux 20% derniers qui sont au sommet de l échelle. La variable d analyse dans ce contexte est la dépense moyenne annuelle par tête et les quintiles sont appelées les quintiles de bien être. Le classement des ménages par niveau de dépense moyenne annuelle par tête (FCFA) a permis de définir les cinq quintiles qui sont consignés dans Le tableau 3.1.

Ainsi, l analyse examine le niveau de vie sous les différents domaines d étude notamment le milieu de résidence, le sexe du chef de ménage ou certaines de ses caractéristiques socioéconomiques (Tableau 3.2). Parmi les 20% des tchadiens qui ont un niveau de vie inférieur à 75 030 FCFA par an, 88,1% vivent en zone rurale et seulement 11,9% résident dans les centres urbains. Ce rapport passe à 63,2% contre 36,8% lorsqu on considère les 20% des tchadiens qui ont un niveau de dépenses supérieur ou égal à 237 960 FCFA. Même sans déterminer un seuil de pauvreté, il en ressort donc que les pauvres sont concentrés en milieu rural. .

Tableau 3-212 : Structure des ménages par milieu de résidence et sexe selon les quintiles

Quintile de bien-être

Plus pauvre Moyen pauvre

Médian Moyen riche

Plus riche Ensemble

Milieu de résidence

N'Djaména 1,4

2,8

5,3

10,0

18,5

7,6

Abéché/Moundou/Sarh 1,0

2,1

2,1

3,2

6,0

2,9

Villes secondaires 9,5

8,2

8,9

9,3

12,3

9,6

Rural septentrional 31,7

37,6

49,8

51,5

41,1

42,3

Rural méridional 56,4

49,4

33,8

26,0

22,1

37,5

Sexe

Masculin 47,2

47,8

49,9

47,7

50,4

48,6

Féminin 52,8

52,2

50,1

52,3

49,6

51,4

Total 100

100

100

100

100

100

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Par ailleurs, on constate que la proportion des ménages des milieux urbains (surtout la capitale et Abéché/Moundou/Sarh) augmente au fur et à mesure que l on chemine du premier quintile de bien-être au dernier. Elle passe ainsi de 1,4 % au premier quintile

12 Les données présentées concernent la structure des ménages selon leur statut de bien être et permettent de faire une analyse des plus pauvres, des moyens pauvre, etc. entre eux par milieu de résidence.

Tableau 3-1 : Quintiles de bien être.

Niveau de bien être Dépenses moyennes par tête et

par an (FCFA) Plus pauvre : Moins de 75 030 Moyen pauvre : de 75 030 à moins de 109 200 Médian : de 109 200 à moins de 156 804 Moyen riche : de 156 804 à moins de 237 960 Plus riche: de 237 960 et plus

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

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à 18,5% au cinquième quintile à N Djaména et de 1,0% à 6% à Abéché/Moundou/Sarh. A l inverse, cette structure décroît dans le rural méridional en passant de 56,4% au premier quintile à 22,1% au cinquième. Elle est contrastée dans les villes secondaires et dans le rural septentrional. L observation selon le sexe montre que la structure de la population semble être répartie de la même manière sur l échelle de bien être. En effet, on observe une proportion presque identique par sexe sur toute l échelle de bien être.

Les données du tableau 3.3 permet de faire l analyse de tous les ménages de chaque milieu de résidence. Ainsi, il ressort que la proportion des ménages les plus riches à N Djaména est de 48,7% et seulement 3,7% des ménages sont considérés comme des plus pauvres. La répartition semblable est observée dans les trois principales villes (Abéché/Moundou/Sarh) où la proportion des ménages plus riches est de 41,2% et celle des plus pauvres 6,9%. Dans les villes secondaires et dans le rural septentrional, la structure semble ne pas obéir à une hiérarchie. Cependant dans le rural méridional les plus pauvres prédominent (30%) et les plus riches ne représentent que 11,8%. La structure des ménages selon le sexe montre qu ils se répartissent presque égalitairement qu il s agisse du sexe masculin ou du sexe féminin.

Tableau 3-3: Structure (ligne) des ménages par milieu de résidence et sexe selon les quintiles de bien être

Quintile de bien-être

Plus pauvre Moyen pauvre Médian Moyen riche

Plus riche

Total Milieu de résidence N'Djaména 3,7

7,3

13,9

26,3

48,7

100

Abéché/Moundou/Sarh 6,9

14,8

14,8

22,3

41,2

100

Villes secondaires 19,8

16,9

18,5

19,2

25,5

100

Rural septentrional 15,0

17,7

23,5

24,4

19,4

100

Rural méridional 30,0

26,3

18,0

13,8

11,8

100

Sexe

Masculin 19,4

19,5

20,5

19,7

20,9

100

Féminin 20,5

20,2

19,5

20,3

19,5

100

Ensemble 19,9

19,9

20,0

20,0

20,2

100

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Selon les variables socioéconomiques, l enquête révèle (Tableau 3.4) que par rapport à la situation d activité du chef de ménage, les ménages se répartissent dans, pratiquement, les mêmes proportions sur l échelle de bien être. Cependant, lorsque l on considère uniquement les ménages dont les chefs sont des actifs occupés, les indépendants agricoles constituent quelle que soit la tranche de bien être, la proportion la plus importante. Cette proportion est fortement décroissante avec le niveau de bien être. Ainsi, lorsque l on passe de moins de 75 030 FCFA (des plus pauvres) à plus de 237 960 FCFA (des plus riches), la proportion des indépendants agricoles passe de 87,1% à 56,4%, alors que celle des indépendants non agricoles passe de 8,3% à 21,4% et celle des salariés de 3,7% à 19,5%.

Tableau 3-4 : Structure des ménages par certaines catégories socioéconomiques du chef de ménage selon les quintiles bien être

Quintile de bien-être

Plus pauvre

Moyen pauvre Médian

Moyen riche Plus riche

ENS. Situation d'activité

Actif occupé 65,4

71,0

71,9

70,1

72,8

70,7

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Chômeur 19,7

13,2

13,8

12,4

12,1

13,8

Inactif 14,9

15,7

14,2

17,5

15,1

15,5

Catégorie socioéconomique Indépendant non agricole 8,3

10,3

10,8

15,5

21,4

14,4

Indépendant agricole 87,1

83

80,1

71,6

56,4

72,9

Salarié du public 1,5

3,2

3,7

6

8,8

5,3

Salarié du privé 2,2

1,9

3,3

5,2

10,7

5,5

Autres catégories 0,8

1,7

2,1

1,6

2,7

1,9

Niveau d'instruction

Sans instruction 63,1

65,1

66,1

69,1

60,8

64,6

Ecole coranique 3,5

4,5

4,7

5,8

5,3

4,9

Primaire 28,7

22,7

21,4

14,7

17,7

20,2

Secondaire 4,8

7,5

7,7

9,5

14

9,4

Supérieur 0,0

0,2

0,1

0,8

2,2

0,9

Total 100

100

100

100

100

100

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Le niveau d instruction du chef de ménage n a pas un caractère discriminant de la répartition du bien être. Autant il y a des ménages dont les chefs sont sans niveau, de niveau primaire ou de niveau coranique sur toute l échelle de bien être. Les ménages dont le chef est de niveau secondaire ou supérieur ne représentent qu au plus 10% sur toute l échelle de bien être.

L analyse de la dépense moyenne par tête (Tableau 3.5) montre que dans les ménages tchadiens les plus pauvres, il est alloué à chaque membre une dépense moyenne de 55688 FCFA par an tandis que dans les ménages plus riches, celle-ci est de 403500 FCFA en moyenne. La moyenne nationale est de 175127 FCFA par tête et par an. Le milieu de résidence indique que les dépenses par tête baissent sensiblement lorsqu on part de la capitale vers les milieux ruraux en passant par les principales villes (Abéché, Moundou et Sarh) et les villes secondaires.

Tableau 3-5 : Dépense moyenne annuelle par tête, par milieu de résidence selon le quintile de bien être

Quintile de bien-être

Plus pauvre (Q1)

Moyen pauvre (Q2)

Médian (Q3)

Moyen riche

(Q4)

Plus riche (Q5)

Ens. Q5/Q1

Milieu résidence

N'Djaména 52 127

93 208

134 730

194 599

464 857

305 335

8,9

Abéché/Moundou/Sarh 57 363

94 571

128 487

193 242

430 102

257 133

7,5

Villes secondaires 55 454

92 441

135 172

189 078

452 104

203 435

8,2

Rural septentrional 57 019

92 662

131 142

193 597

375 763

175 862

6,6

Rural méridional 55 040

91 658

130 590

191 872

369 367

134 311

6,7

Ensemble 55 688

92 204

131 448

192 820

403 500

175 127

7,2

Source: INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

La comparaison entre ménages plus pauvres et plus riches du même milieu de résidence fait apparaître que dans la capitale N Djaména, la dépense par tête des ménages plus riche est presque 9 fois supérieure à celle des ménages plus pauvres. Cet écart est également non négligeable en milieux ruraux où les rapports sont respectivement de 6,6 dans le rural septentrional et de 6,7 dans le rural méridional.

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Les rapports Q5/Q1 montrent donc que même sans calculer les indicateurs de pauvreté, l on peut constater que les inégalités, entre riches et pauvres, sont énormes.

Le tableau 3.6 présente la part des dépenses effectuées par les ménages dans leurs dépenses totales par milieu de résidence selon les quintiles de bien être. Ce tableau révèle une fois plus le niveau des inégalités dans la répartition de la consommation. En effet, au niveau national, la part du cinquième quintile le plus pauvre ne représente que 6,4% des dépenses totales des ménages en 2003. L observation par milieu de résidence indique qu à l exception du rural méridional où la répartition de la consommation semble évoluer graduellement, la consommation est très mal répartie. En effet, les ménages plus pauvres de N Djaména n ont dépensé que 0,6% des dépenses totales des ménages de N Djaména. Ceux d Abéché, de Moundou et de Sarh ne détiennent que 1,6% des dépenses et ceux des villes secondaires et du rural septentrional détiennent respectivement 5,4% et 4,9%.

A l opposé, les ménages plus riches de N Djaména détiennent à eux seuls près des trois quart (74,2%) des dépenses des ménages de N Djaména. Cette part diminue progressivement pour atteindre les 32,4% dans le rural méridional.

Tableau 3-6 : Part des dépenses des ménages par milieu de résidence selon les quintiles de bien être

Quintile de bien-être

Plus pauvre

Moyen pauvre Médian

Moyen riche Plus riche Total

Milieu de résidence

N'Djaména

0,6 2,2 6,1 16,8 74,2 100Abéché/Moundou/Sarh 1,6 5,4 7,4 16,8 68,8 100Villes secondaires 5,4 7,7 12,3 17,9 56,7 100Rural septentrional 4,9 9,4 17,6 26,8 41,4 100Rural méridional 12,3 17,9 17,5 19,8 32,4 100

Ensemble 6,4 10,5 15,0 22,0 46,1 100Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Encadré n°3 : Les indices de FOSTER-GREER-THORBECKE (FGT)

L analyse des condit ions de vie des ménages est intéressante quand on arrive à cerner l ampleur de la pauvreté et à cibler les groupes les plus pauvres. Cet aspect du problème est d autant plus important qu en réalisant des comparaisons, on arrive à déterminer les st rates où le phénomène de pauvreté se pose avec plus d acuité

Les indices FOSTER-GREER-THORBECKE (FGT) sont des indices qui intègrent un degré d analyse plus f in pour les plus démunis, à l aide d un paramèt re x

d aversion pour la pauvreté pouvant prendre des valeurs positives ou nulles.

Un indice de pauvreté doit permet d apprécier la pauvreté et sat isfaire un certain nombre de propriétés fondamentales. Sen (1976) en propose deux qui sont l axiome de mono-tonicité et l axiome de t ransfert . Cependant , les indices de la famille p-alpha ou indices FGT possèdent une propriété de plus, celle de la décomposition (Fambon et al. 2000).

Au niveau individuel, une mesure de pauvreté est une fonct ion dépendant du seuil de pauvreté et du revenu de l individu et non décroissante en ce dernier. L indice de pauvreté est une agrégat ion des mesures de pauvreté individuelle. La formule générale de ces indices FGT est la suivante :

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q

ii

i

z

y

nP 1

1

Où :

n = Nombre d individus dans la populat ion,

q = Nombre d individus pauvres,

z = Seuil de pauvreté,

yi = Dépenses par tête de l individu i,

Le paramèt re

mesure l aversion pour l inégalité ent re les pauvres ; plus il est élevé, plus l indice accorde plus de poids à la situat ion des plus pauvres de la populat ion pauvre.

Les indicateurs sont :

. L incidence de la pauvreté (Po) qui correspond à la proport ion des ménages pauvres (sous le seuil de pauvreté) dans la populat ion considérée. Plus cet te proport ion est forte plus l incidence est forte ;

. La profondeur de la pauvreté (P1) qui indique l écart relat if ent re le seuil de pauvreté et les dépenses moyennes des ménages pauvres. Plus le niveau des dépenses moyennes est inférieur au seuil de pauvreté, plus la profondeur de la pauvreté est grande ;

. La sévérité de la pauvreté (P2) qui mesure la répart it ion des pauvres autour de leur niveau de dépenses moyennes. Plus la proportion des ménages très pauvres est grande, plus la sévérité est forte.

3.2.2.2 Approche par le seuil absolu

L approche absolue de la pauvreté monétaire a consisté à déterminer un seuil de pauvreté à partir des données de l enquête. L approche par les besoins nutritionnels essentiels est utilisée. Sur la base d un besoin calorique de 2 400 Kcalories par jour par adulte, elle a permis de déterminer un seuil de pauvreté de 144 570 FCFA par tête et par an, soit 396 FCFA par tête et par jour en considérant la capitale comme zone de référence. Ainsi, les ménages dont la dépense par tête est inférieure à 144 570 FCA par an sont considérés comme pauvres, il en est de même des individus qui y vivent.

Au regard du seuil ci-dessus établi, l enquête a permis de noter (Tableau 3.7) que la population tchadienne vivant en dessous du seuil de pauvreté, c est à dire qui dispose d une dépense par tête inférieure à 144 570, représente 55% de la population totale. Autrement dit, la pauvreté touche plus d une personne sur deux, soit 4 066 292 personnes sur 7 393 259 estimées par l enquête qui vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Tableau 3-7 : Indicateurs de pauvreté par milieu de résidence

Incidence de la pauvreté

Profondeur de la pauvreté

Sévérité de la pauvreté

Milieu de résidence

N'Djaména 20,8

6,1

2,7

Abéché/Moundou/Sarh 34,4

11,0

4,7

Villes secondaires 47,8

19,9

10,3

Rural septentrional 50,6

17,9

8,4

Rural méridional 70,3

30,1

15,8

Ensemble 55,0

21,6

10,8

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

L incidence de la pauvreté qui est de 55% au niveau national cache quelques disparités régionales. D abord, la pauvreté est un phénomène rural car elle y touche au

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moins une personne sur deux. Particulièrement dans le rural méridional, elle concerne plus de trois personnes sur cinq (70,3%). En règle générale, la pauvreté augmente lorsqu on part de la capitale vers le milieu rural en passant par les trois principales villes et les villes secondaires. En effet, la pauvreté prévaut à un taux de 20,8% dans la capitale, 34,4% dans les trois principales villes notamment Abéché, Moundou et Sarh, 47,8% dans les villes secondaires, et 50,6% et 70,3% respectivement dans le rural septentrional et le rural méridional.

La pauvreté monétaire qui touche 55% des tchadiens implique que l équivalent monétaire des impacts des politiques minimales de lutte contre la pauvreté à engager, en termes de montants à générer ou potentiellement transférables pour affranchir ces pauvres, s élève à 232, 8 milliards FCFA. Le PIB par habitant étant estimé à 195 800 FCFA en 2003, les ressources provenant de l économie tchadienne qui reviendraient aux tchadiens pauvres s estimeraient à 298, 5 milliards FCFA. Ainsi, si la répartition de la richesse était égalitaire, la part des tchadiens pauvres qui est de 298,5 milliards est largement suffisante pour les sortir de la pauvreté car on a besoin seulement que 232, 8 milliards.

Graphique 3-1: Incidence de la pauvreté selon le milieu de résidence

20.8

34.4

47.8 50.6

70.3

55

01020304050607080

N'D

jam

ena

Abe

ché_

Mdo

u_Sa

rh

Vill

es s

econ

dair

es

Rur

al s

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Rur

al M

érid

iona

l

Ens

embl

e

L examen des liens entre la pauvreté et l appartenance des individus à un ménage dirigé par un groupe socioéconomique donné est un élément important de politique économique surtout dans le contexte de lutte contre la pauvreté. En effet, les stratégies de réduction de la pauvreté ont pour objectifs, entre autres, de favoriser des politiques pro-pauvres (redistribution des revenus en faveur des pauvres, promotion des secteurs porteurs de croissance, etc.). Dans ce contexte, il a été analysé successivement les ménages en distinguant le sexe du chef de ménage, son statut matrimonial, sa situation d activité, sa catégorie socioéconomique, etc.

3.2.3 Sexe du Chef de ménage

Etudier le lien entre pauvreté et sexe du chef de ménage donne des informations permettant un meilleur ciblage des ménages dans le but de mener la politique de lutte contre la pauvreté. Les données montrent (Tableau 3.8) que la pauvreté discrimine également le statut du chef de ménage au sens du sexe. Les ménages dirigés par les hommes sont plus enclins à être pauvres que ceux dirigés par les femmes. Mais la discrimination n est pas aussi poussée comme l on observe au niveau du milieu de résidence. L écart, séparant les ménages dont le chef est un homme de ceux dont le

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chef est une femme est de l ordre de 4 points alors qu il est d au moins 16 points entre les centres urbains et ruraux.

Les incidences montrent que 56% des ménages dirigés par les hommes sont pauvres contre 52% de ceux dirigés par les femmes. Cependant, il faut noter que la pauvreté des ménages dirigés par des hommes peut être expliquée par leur taille de ménage qui est en général plus grande. Comme l analyse se faisant par la consommation par tête, les ménages dirigés par des hommes sont naturellement enclins à être plus pauvres.

3.2.4 Statut matrimonial du Chef de ménage

Les données montrent que le statut matrimonial du chef de ménage discrimine les ménages selon le statut de pauvreté. Les ménages polygames ont tendance à être plus pauvres que tous les autres. En effet, dans les ménages polygames, environ deux personnes sur trois (incidence égale à 61,9%) sont pauvres tandis que dans les ménages dirigés par des chefs en union libre, un individu sur quatre (25,2%) est pauvre. Non seulement dans les ménages polygames il y a relativement plus de pauvres que dans les autres, mais la pauvreté y sévit avec plus d acuité (profondeur égale à 25,7%, supérieure à tout le reste).

Tableau 3-9 : Indicateur de pauvreté par statut matrimonial du chef de ménage

Incidence de la pauvreté

Profondeur de la pauvreté

Sévérité de la pauvreté

Statut matrimonial

Célibataire 30,5

8,5

3,6

Veuf/ve 48,3

18,7

9,2

Séparé/Divorcé 52,1

20,3

10,7

Monogame 52,8

20,1

9,9

Union libre 25,2

12,6

6,7

Polygame 61,9

25,7

13,2

Ensemble 55,0

21,6

10,8

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Lorsque l on classe les ménages par grands groupes d âges des chefs de ménage, on s aperçoit que dans les ménages dont les chefs ont 25 ans ou plus, la pauvreté est prédominante tandis que dans les ménages dont les chefs sont jeunes (moins de 25 ans), l incidence est relativement faible. La raison probable de ce constat peut être que les jeunes mariés n ont pas trop de charges.

Tableau 3-10 : Indicateur de pauvreté par la classe d'âge du chef de ménage

Incidence de la pauvreté

Profondeur de la pauvreté

Sévérité de la pauvreté

Classe d'âges du chef de ménage

Moins de 25 ans 31,5

10,0

4,6

25-59 ans 56,5

22,2

11,1

60 ans et plus 53,8

21,6

11,0

Ensemble 55,0

21,6

10,8

Tableau 3-8 : Indicateur de pauvreté par sexe du

chef de ménage

Incidence

de la pauvreté

Profondeur de la

pauvreté

Sévérité de la pauvreté

Sexe

Masculin 55,5

21,8

11,0

Féminin 51,8

20,1

10,1

Ensemble 55,0

21,6

10,8

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

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31

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

3.2.5 Niveau d instruction du Chef de ménage

Un individu instruit a beaucoup plus d opportunités qu un non instruit. Les résultats de l enquête montrent que le niveau d instruction du chef de ménage a un caractère explicatif de la pauvreté. En effet, l incidence de la pauvreté est plus élevée chez les ménages dont le chef est du niveau primaire (64,1%) ou sans instruction (54,9%). Non seulement leurs incidences sont élevées mais, d après la profondeur de la pauvreté, ces ménages sont en moyenne à une plus grande distance du seuil de pauvreté 26,9% et 21,4% respectivement. Les ménages relativement aisés sont ceux dont le chef est de niveau supérieur où l incidence est faible (11,1%) et les pauvres sont proches du seuil (profondeur égale à 3,4%).

Tableau 3-11 : Indicateur de pauvreté par niveau d'instruction du chef de ménage

Incidence de la pauvreté

Profondeur de la pauvreté

Sévérité de la pauvreté

Niveau d'instruction

Sans instruction 54,9

21,4

10,7

Ecole coranique 48,0

16,7

7,6

Primaire 64,1

26,9

13,9

Secondaire 42,1

14,8

7,0

Supérieur 11,1

3,4

1,2

Ensemble 55,0

21,6

10,8

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

3.2.6 Situation d activité du Chef de ménage

La situation d activité du chef de ménage se réfère à son occupation au moment de l enquête. Il peut être un actif occupé, un chômeur ou un inactif. Il ressort des données que les ménages dont le chef est un chômeur sont plus pauvres que ceux dont le chef est un actif occupé ou un inactif.

Tableau 3-12 : Indicateur de pauvreté par situation d'activité du chef de ménage

Incidence de la pauvreté

Profondeur de la pauvreté

Sévérité de la pauvreté

Situation d'activité

Actif occupé 54,3

21,0

10,5

Chômeur 60,7

25,0

12,6

Inactif 53,0

21,2

10,8

Ensemble 55,0

21,6

10,8

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

3.2.7 Pauvreté et Catégorie socio-économique (CSE) du chef de ménage

Si la pauvreté des ménages dont le chef est un actif occupé paraît relativement moindre que celle des ménages dont le chef est un chômeur, la catégorie socioéconomique de ces actifs occupés masque le phénomène de la pauvreté. En effet, selon la catégorie socioéconomique du chef de ménage, il apparaît que les individus des ménages dont le chef est un indépendant agricole sont relativement plus pauvres

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que les autres. Trois personnes sur cinq vivant dans les ménages d indépendants agricoles sont pauvres (incidence égale à 61%). A l opposé, dans les ménages dont le chef est un salarié, moins d une personne sur trois (29,1%) l est.

Tableau 3-13 : Indicateur de pauvreté par catégorie socioéconomique du chef de ménage

Incidence de la pauvreté

Profondeur de la pauvreté

Sévérité de la pauvreté

Catégorie socioéconomique

Indépendant non agricole 38,6

13,1

6,1

Indépendant agricole 61,4

24,4

12,4

Salarié du public 29,1

8,8

3,8

Salarié du privé 29,1

10,2

4,8

Autres catégories 39,5

12,5

5,3

Ensemble 54,3

21,0

10,5

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

L ampleur de la pauvreté constatée dans les ménages dont le chef est un indépendant agricole se caractérise une fois de plus par la profondeur de la pauvreté qui est plus élevée que chez les autres.

3.2.8 Pauvreté régionale

ECOSIT 2 a tenté d analyser la pauvreté au niveau des départements et régions. Cependant, elle s est butée au problème de la représentativité de chaque circonscription administrative dans l échantillon tiré. En effet, l échantillon de l enquête a été tiré en 2002 année où le pays comptait 29 départements (y compris N Djaména). Dans chaque département, il a été tiré 192 ménages pour les besoins de l enquête ; une taille de ménage qui ne peut se prêter à une analyse au niveau du département. La tentative d analyse au niveau des régions s est également butée à un problème de représentativité dans l échantillon car certaines régions d aujourd hui ne représentaient que des départements dans lesquels 192 ménages seulement sont tirés en 2002. Toutefois, la reconstitution de l échantillon de l enquête par rapport à l ancien découpage administratif du pays (les préfectures) moyennant un certain regroupement a permis d analyser la pauvreté régionale.

Pour les besoins de l analyse, des regroupements de certains départements ont été faits. Pour faire ce regroupement, il a été tenu compte des similitudes de comportement sur le plan économique, culturelle, géographique, etc. Ainsi le BET et le Biltine ont été regroupés en une entité. Il en est de même pour le Guéra et le Salamat, et pour le Kanem et le Lac.

Tableau 3-14 : Indicateur de pauvreté par région de résidence

Région de résidence Incidence de la

pauvreté Profondeur de

la pauvreté Sévérité de la

pauvreté

Batha 48,4

15,5

6,6

BET/ Biltine 55,2

19,3

8,2

Chari Baguirmi 49,6

16,6

7,8

Guera/Salamat 62,8

23,1

11,1

Kanem/Lac 54,1

22,6

12,0

Logone Occidental 57,6

22,7

10,9

Logone Oriental 64,7

29,4

16,2

Mayo Kebbi 71,7

31,2

16,4

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33

Moyen Chari 69,3

30,4

16,4

Ouaddaï 34,4

9,8

3,9

Tandjilé 62,1

25,0

12,7

N'Djamena 20,8

6,1

2,7

Ensemble 55,0

21,6

10,8

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

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Graphique 3-2: Carte de la pauvreté au Tchad

A partir des données du tableau 3.14, on peut constituer deux groupes d entités administratives sous l angle de la pauvreté. Un premier groupe que l on peut qualifier de pauvreté modérée (incidence inférieure à la moyenne nationale (55%)) et un second dit pauvreté accentuée (incidence supérieure à la moyenne nationale). Les entités administratives sont positionnées sur le Graphique 3.3.

Dans le premier groupe et dans l ordre croissant du degré de pauvreté, on trouve le Ouaddaï, le Batha, le Chari Baguirmi et le Kanem/Lac. Dans le second groupe et toujours dans l ordre croissant du degré de pauvreté, on trouve le Logone occidental, la Tandjilé, le Guéra/salamat, le Logone oriental, le Moyen Chari et le Mayo Kebbi.

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Le BET/Biltine est resté neutre vis-à-vis du classement et la capitale N Djaména conserve son caractère particulier dans l échantillonnage.

Graphique 3-3: Position des régions par rapport à l incidence nationale

Batha Chari Baguirmi

Guera/Salamat

Logone Occ.

Logone Orien.

Mayo KebbiMoyen Chari

N'Djamena

Ouaddaï

TandjiléBET/ Biltine

Kanem/Lac

National

0

10

20

30

40

50

60

70

80

0 2 4 6 8 10 12 14

Régions

Inci

den

ce d

e la

pau

vret

é

Entre les deux extrêmes (exception faite de N Djaména), c'est-à-dire la région la moins pauvre (le Ouaddaï) et celle la plus pauvre (le Mayo Kebbi), du point de vue de la consommation, l écart est de 38 points marquant ainsi les inégalités que l on peut constater au niveau du pays.

3.2.9 Migration et Pauvreté

Le phénomène migratoire n a pas été défini au sens strict du terme où l on considère les deux critères, l espace et le temps. En général, on appellera migrant toute personne qui a changé de résidence, entendu par un changement de localité qui représente la plus petite entité géographique (dans le présent cas, la sous-préfecture) pour une durée minimale de six mois. Dans le cadre de cette enquête où l observation est faite par passage d une durée de quatre mois, le critère de durée minimale n est pas respecté. De même, il n a pas été tenu rigoureusement compte de l entité géographique de référence pour le changement de résidence. Néanmoins, les analyses faites sur les

Pauvreté modérée

Pauvreté accentuée

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données extrapolées sont vraisemblables. Les variables d analyse sont les provenances, les destinations des migrants et les raisons de migration.

L enquête a permis d estimer à 62 020 arrivées dans les ménages contre 78 143 départs. La migration est essentiellement interne (98% des immigrants et 93% des émigrants). Le mouvement migratoire international n a porté que sur 2% des entrées caractérisant ainsi le Tchad de pays de faible immigration.

3.2.9.1 Les immigrants

Au niveau national, la migration est un phénomène essentiellement rural traduisant ainsi le problème de l exode rural. En effet, l examen du tableau 3.15 révèle que plus de la moitié des immigrants (52,7%) proviennent du village, suivis de loin par les immigrants (17,8%) des villes secondaires (autres que Abéché, Moundou et Sarh). Vu sous l angle de niveau de vie, les pauvres sont plus enclins à des déplacements que les non pauvres. En effet, sur l ensemble de la population ayant effectué de mouvement (toute provenance confondue), trois personnes sur cinq (60,6%) sont des pauvres. La migration apparaît ici comme l une des stratégies de survie pour les ménages. Par rapport au sexe des individus migrants, autant on ne constate pas une grande différence entre les sexes (51,2% de sexe masculin contre 48,8% de sexe féminin), autant on ne constate pas de différence entre les individus pauvres. En effet, parmi les trois migrants sur cinq qui sont pauvres, 49,6% sont de sexe masculin et 50,4% de sexe féminin. Le sexe semble être une variable neutre dans l explication du phénomène de migration.

Tableau 3-15 : Immigrants dans les ménages selon la provenance et le niveau de vie

Niveau de vie

Pauvres Non pauvres Ensemble

Provenance Effectif % Effectif % Effectif %

Ville de N'Djaména

6 930 18,4 3 467 14,2 10 397 16,8

Ville d'Abéché 1 388 3,7 261 1,1 1 649 2,7

Ville de Sarh 1 357 3,6 375 1,5 1 732 2,8

Ville de Moundou 1 108 2,9 1 517 6,2 2 625 4,2

Zone Pétrolière13 523 1,4 79 0,3 603 1,0

Autre ville 5 651 15,0 5 408 22,1 11 059 17,8

Village 19 580 52,1 13 082 53,5 32 662 52,7

Pays Zone CEMAC

415 1,1 260 1,1 675 1,1

Pays Hors CEMAC

618 1,6 0,0 0,0 618 1,0

Ensemble 37 570 100 24 450 100 62 020 100

Source: INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

13 La zone pétrolière au sens de l enquête couvre les régions du Logone Oriental et du Logone Occidental

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Tableau 3-16 : Immigrants dans les ménages selon la raison et niveau de vie

Niveau de vie

Pauvres Non pauvres Ensemble

Raison d'Arrivée Effectif % Effectif % Effectif %

Mariage 4 199 11,2 248 1,0 4 446 7,2Séparation, Divorce 2 110 5,6 842 3,4 2 952 4,8Enfant confié 3 453 9,2 3 426 14,0 6 880 11,1Etudes, Apprentissage 1 189 3,2 1 286 5,3 2 476 4,0Raison professionnelle 534 1,4 1 440 5,9 1 974 3,2Recherche d'Emploi 3 368 9,0 1 979 8,1 5 347 8,6Difficultés Financières 4 405 11,7 787 3,2 5 192 8,4Avantages familiaux 9 818 26,1 8 980 36,7 18 798 30,3Sécheresse/Insécurité 3 215 8,6 2 586 10,6 5 801 9,4Autre 5 279 14,0 2 875 11,8 8 153 13,1Total 37 570 100 24 450 100 62 020 100

Source: INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Les raisons évoquées par les immigrants (tableau 3.16) sont essentiellement d ordre social : 30,3% pour les avantages familiaux, 11,1% pour les enfants confiés et 7,2% pour les mariages. Elles sont accessoirement d ordre socio-économique (8,6% à la recherche d emploi et 8,4% pour les difficultés financières). Dans la classe des pauvres comme des non pauvres, si la modalité avantages familiaux demeure prédominante dans chaque classe, elle est plus marquée chez les non pauvres (36,7%) que chez les pauvres (26,1%). En outre, on note que les pauvres immigrent plus pour des raisons de mariages (11,2%) que les non pauvres (1%). Le sexe n apporte pas une raison particulière aux déplacements des individus car les distributions sont semblables. Cependant, on constate que plus de femmes se déplacent (12,2%) pour des raisons d insécurité ou de sécheresse que les hommes (6,6%).

3.2.9.2 Les Emigrants

Contrairement au mouvement des individus entrant dans les ménages où la provenance est particulièrement du milieu rural, les destinations des individus sortant des ménages sont disparates. Le Tableau 3.15 montre que 36,4% des individus vont en direction du village, 20,1% en direction des autres villes et 22,3% en direction de N Djaména. De même, un phénomène contraire est observé des départs de ménages. Cette fois-ci, on constate plus de départs des ménages non pauvres (60%) que des ménages pauvres (40%) toute destination confondue. Le sexe n apparaît toujours pas comme une variable explicative du mouvement. Cependant, l on remarque que parmi le peu de migrants en zone CEMAC (3,4%), les deux tiers (66,2%) sont des femmes.

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Tableau 3-17 : Emigrants dans les ménages selon la destination et niveau de vie

Niveau de vie

Pauvres Non pauvres Ensemble

Lieu de destination Effectif % Effectif % Effectif %

Ville de N'djaména 4 969 15,8 12 443 26,6 17 412 22,3Ville d'Abéché 1 155 3,7 1 727 3,7 2 882 3,7Ville de Sarh 2 347 7,5 1 498 3,2 3 845 4,9Ville de Moundou 2 282 7,3 327 0,7 2 610 3,3Zone Pétrolière 907 2,9 509 1,1 1 416 1,8Autre ville 6 655 21,2 9 048 19,3 15 703 20,1Village 10 735 34,2 17 727 37,9 28 462 36,4Pays Zone CEMAC 711 2,3 1 942 4,2 2 653 3,4Pays Non CEMAC 1 615 5,1 1 546 3,3 3 161 4,0Ensemble 31 375 100 46 768 100 78 143 100

Source: INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Les raisons évoquées pour les départs sont d abord d ordre social (28,4%) puis socioéconomique (études/apprentissage (14,7%), recherche de l emploi (12%) et raison professionnelle (11,9%)). Bien que la raison de rejoindre la famille soit prédominante dans les deux classes (pauvre et non pauvre), elle semble être plus marquée chez les non pauvres (31%) que chez les pauvres (24,5%). En outre, les non pauvres émigrent plus que les pauvres pour les raisons d ordre socioéconomique (raison professionnelle (14,2% contre 8,6%) et recherche de l emploi (13,9% contre 9,1%). Le sexe n apporte pas une information particulière à l explication des déplacements. Cependant, on constate que les femmes émigrent plus pour des raisons familiales (29,1%) que les hommes (27,7%).

Tableau 3-18 : Emigrants des ménages selon la raison et niveau de vie

Niveau de vie

Pauvres Non pauvres Ensemble

Raison de départ Effectif % Effectif % Effectif %

Mariage 652 2,1 1 898 4,1 2 550 3,3Séparation, Divorce 673 2,1 549 1,2 1 222 1,6A rejoint sa famille 7 678 24,5 14 501 31,0 22 178 28,4Etudes, Apprentissage 5 694 18,1 5 820 12,4 11 514 14,7Indépendance 772 2,5 273 0,6 1 045 1,3Raison professionnelle 2 688 8,6 6 648 14,2 9 335 11,9Recherche d'Emploi 2 865 9,1 6 511 13,9 9 376 12,0Difficultés financières 3 310 10,6 1 561 3,3 4 872 6,2Difficultés familiales 2 404 7,7 1 892 4,0 4 295 5,5Sécheresse/Insécurité 1 322 4,2 4 412 9,4 5 734 7,3Autre 3 318 10,6 2 703 5,8 6 022 7,7Ensemble 31 375 100 46 768 100 78 143 100

Source: INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

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Chapitre 4 Consommation des ménages et pauvreté

Le présent chapitre traite de la consommation des ménages et des individus. Cette consommation englobe la dépense monétaire et la consommation non monétaire (autoconsommation des biens et services, transferts en nature, etc.). De même, la valeur d usage du logement (valeur locative du logement occupé par leurs propriétaires) a été incorporée dans la consommation. Les dépenses liées au logement notamment les achats de briques, des tôles, etc. sont considérées comme des dépenses d investissement et ne sont pas comptabilisées en dépenses de consommation. Le chapitre analyse dans un premier temps, les dépenses moyennes de consommation des ménages et en deuxième lieu la structure de ses dépenses. L indicateur « consommation moyenne par tête » qui prend en compte l effet taille de ménage est privilégié dans cette analyse car il fournit une bonne approximation de la dépense par tête.

4.1 Dépenses moyennes de consommation des ménages

Au Tchad, les données de l ECOSIT2 ont permis d estimer la dépense moyenne de consommation par ménage et par an à 1 027 996 FCFA, soit près de 85 670 FCFA par mois et par ménage. La dépense moyenne par tête est estimée à 175 127 FCFA par an, soit 14 600 FCFA par mois. Cette section analyse les dépenses par quintile de bien-être et par niveau de vie et la dépense moyenne par tête par milieu de résidence.

4.1.1 Dépenses par quintile de bien-être

Le tableau 4.1 présente la dépense moyenne par tête des ménages par milieu et région de résidence selon les quintiles de bien-être. Dans l ensemble, celle-ci décroît systématiquement de la capitale vers les milieux ruraux en passant par Abéché/Moundou/Sarh et les villes secondaires. En effet, d un niveau moyen de 305335 FCFA par tête et par an à N Djaména, la dépense moyenne par tête tombe à 134 311 FCFA dans le rural méridional du pays. Elle est donc deux fois plus élevée à N Djaména que dans le rural méridional. Les inégalités, mesurées par les rapports Q5/Q1, sont très fortes au sein de chaque milieu de résidence. En effet, pour les ménages qui résident à N Djaména, la dépense moyenne par tête des plus riches est presque 9 fois supérieure à celle des plus pauvres. De manière générale, les inégalités semblent être assez fortes dans les centres urbains que dans le milieu rural.

L autre constat est que parmi les ménages les plus pauvres, ceux de la capitale N Djaména sont plus pauvres car ils ont une dépense par tête inférieure à celle de tout le reste du pays. Ce constat corrobore ainsi le fait que les inégalités sont très fortes dans la capitale.

Hormis N Djaména, parmi les ménages les plus pauvres, ceux de la Tandjilé ont des dépenses moyennes par tête les plus basses suivis de ceux du Moyen Chari et du Logone Oriental. Parmi les ménages les plus riches, les dépenses moyennes par tête sont plus élevées dans le Logone Occidental, la Tandjilé et le BET/Biltine, exception faite de N Djaména. Du fait que la région de la Tandjilé se trouve aussi bien parmi les

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ménages les plus pauvres en ce qui concerne les dépenses par tête les plus basses et parmi les ménages les plus riches en ce qui concerne les dépenses par tête plus élevées, les inégalités sont plus marquées dans cette région que dans les autres.

Tableau 4-1 : Dépense moyenne par tête, par milieu et région de résidence selon les quintiles de bien-être

Quintiles de bien-être

Plus pauvre (Q1)

Moyen pauvre (Q2)

Médian

(Q3)

Moyen riche (Q4)

Plus riche (Q5)

Ensemble Q5/Q1

Milieu de résidence

N'Djaména 52 127

93 208

134 730

194 599

464 857

305 335

8,9

Abéché/Moundou/Sarh 57 363

94 571

128 487

193 242

430 102

257 133

7,5

Villes secondaires 55 454

92 441

135 172

189 078

452 104

203 435

8,2

Rural septentrional 57 019

92 662

131 142

193 597

375 763

175 862

6,6

Rural méridional 55 040

91 658

130 590

191 872

369 367

134 311

6,7

Région de résidence Batha 57 552

91 294

126 863

190 546

372 286

175 464

6,5

BET/Biltine 61 953

92 150

130 010

193 726

414 201

179 919

6,7

Chari Baguirmi 56 070

94 179

132 177

194 869

397 506

192 130

7,1

Guera/Salamat 59 176

94 651

133 922

194 702

332 010

142 194

5,6

Kanem/Lac 55 285

92 600

131 907

195 844

373 626

163 374

6,8

Logone Occidental 60 690

92 032

133 992

184 454

437 986

175 797

7,2

Logone Oriental 53 703

90 919

134 751

189 970

345 444

139 318

6,4

Mayo Kebbi 55 694

90 265

129 572

192 109

404 361

135 988

7,3

Moyen Chari 53 277

92 265

130 736

190 566

374 283

137 160

7,0

Ouaddaï 60 598

91 401

132 488

192 671

384 611

216 110

6,3

Tandjilé 52 978

93 914

126 743

196 324

433 119

164 834

8,2

N'Djamena 52 127

93 208

134 730

194 599

464 857

305 335

8,9

Ensemble 55 688

92 204

131 448

192 820

403 500

175 127

7,2

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

4.1.2 Dépenses par niveau de vie

Le tableau 4.2 présente la distribution spatiale de la dépense moyenne par tête des ménages pauvres et non pauvres. Les écarts relatifs montrent que la dépense moyenne par tête des ménages non pauvres est au moins 2 fois supérieure à celle des pauvres. En effet, le niveau de dépense moyenne dans les ménages pauvres est de 87856 FCFA alors qu il est de 281721 FCFA dans les ménages non pauvres. Un pareil écart est observable dans pratiquement tous les milieux de résidence sauf dans le rural septentrional où il est de 1,8 fois.

Par ailleurs, au sein même des pauvres, des inégalités se constatent entre les régions. En effet, la dépense moyenne par tête des pauvres de N Djaména est pratiquement de 20000 FCFA, supérieure à celle des pauvres du rural méridional. La pauvreté dans les villes secondaires se pose quasiment avec la même ampleur qu en milieu rural en terme de dépense moyenne par tête. En effet, la différence n est que de 2000 FCFA avec le rural méridional dans lequel la dépense moyenne par tête des pauvres est plus basse. L analyse selon la région de résidence révèle que la dépense moyenne par tête de la région du Ouaddaï est presque de 25000 FCFA, supérieure à celle des pauvres de la région du Logone Oriental.

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Tableau 4-2 : Dépense moyenne par tête par milieu et région de résidence selon le niveau de vie (FCFA)

Niveau de vie

Ecart

Pauvre

(a)

Non

pauvre

(b )

Ensemble

Relatif14

(b-a)/a

Milieu de résidence

N'Djaména

102 391 358 749 305 335 2,5

Abéché/Moundou/Sarh 98 178 340 456 257 133 2,5

Villes secondaires 84 577 312 479 203 435 2,7

Rural septentrional 93 511 260 132 175 862 1,8

Rural méridional 82 577 256 765 134 311 2,1

Région de résidence

Batha 98 321 247 936 175 464 1,5

BET/Biltine 94 104 285 751 179 919 2,0

Chari Baguirmi 96 052 286 596 192 130 2,0

Guera/Salamat 91 392 228 015 142 194 1,5

Kanem/Lac 84 157 256 557 163 374 2,0

Logone Occidental 87 563 295 682 175 797 2,4

Logone Oriental 78 806 250 193 139 318 2,2

Mayo Kebbi 81 685 273 794 135 988 2,4

Moyen Chari 81 049 263 644 137 160 2,3

Ouaddaï 103 552 275 147 216 110 1,7

Tandjilé 86 391 293 569 164 834 2,4

N'Djamena

102 391 358 749 305 335 2,5

Ensemble 87 856 281 721 175 127 2,2

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

4.2 Structure des dépenses

Dans cette section, la structure des dépenses est analysée selon le milieu de résidence, la catégorie socio-économique, la catégorie socioprofessionnelle et selon le sexe du chef de ménage.

Les dépenses alimentaires intègrent les dépenses d alimentation (alimentation et boissons non alcoolisées), de boissons alcoolisées et tabac, et les dépenses d hôtel et de restauration, ainsi que l autoconsommation des produits alimentaires. Elles constituent le poste de dépense le plus important dans les dépenses totales, soit 68,1%. Les dépenses d alimentation comptent pour 61,7%.

Ces dépenses varient légèrement selon les quintiles de bien-être (Tableau 4.3), mais la différence est marquée dans les quintiles extrêmes. Les plus pauvres consacrent 63,9% de leurs dépenses en alimentation tandis que les plus riches n en consacrent seulement que 57,0%. Il en est de même pour les boissons alcoolisées et tabac

14 L écart relatif se définit comme le rapport entre le surplus du non pauvre et la part du pauvre

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(respectivement 4,6% et 3,8%). Par contre, les plus riches consacrent plus de dépenses en hôtels et restaurants (4%) que les plus pauvres (0,8%).

L ensemble des dépenses non alimentaires et d autofourniture représente 31,9% des dépenses totales. Les plus importantes sont les dépenses de logement, eau et électricité (7,3%), les dépenses d habillement et de chaussures (7%) et les dépenses d ameublement et d hygiène (6,1%). Au vu des données des tableaux 4.3 et 4.4, ces dépenses importantes ne varient pratiquement pas avec les quintiles de bien-être ou le niveau de vie.

Tableau 4-3 : Structure des dépenses par poste selon les quintiles de bien-être

Quintiles de bien-être

Poste de dépenses Plus

pauvre Moyen pauvre

Médian Moyen riche

Plus riche

Ensemble

Alimentation 63,9 66,0 66,1

66,0 57,0 61,7Boissons alcoolisées et tabac 4,6 3,9 3,5

3,0 3,8 3,7Hôtels et restaurants 0,8 1,2 1,6

1,8 4,0 2,7Total dépense alimentaire 69,3 71,1 71,2

70,9 64,8 68,1Habillement et chaussures 6,8 7,4 7,6

7,0 6,8 7,0Logement, Eau et électricité 10,0 7,2 6,3

6,2 7,8 7,3Ameublement et hygiène 5,9 6,0 6,1

6,0 6,3 6,1Santé 3,9 4,0 3,6

4,1 5,2 4,5Transport 1,2 1,1 1,8

2,0 3,6 2,6Communication 0,0 0,0 0,1

0,1 0,3 0,2Loisirs 0,3 0,3 0,2

0,4 0,9 0,6Education 0,9 0,8 0,6

0,6 0,8 0,7Autres dépenses 1,7 2,0 2,6

2,7 3,7 3,0Total 100 100 100

100 100 100Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Graphique 4-1 : Structure de la dépense par grands postes

Autres dépenses7%

Santé5%

Ameublement et hygiène

6%

Logement, Eau et électricité

7%

Habillement et chaussures

7% Alimentation68%

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La structure des dépenses présentée de manière absolue entre pauvres et non pauvres indique que la part des dépenses d alimentation des pauvres est de 5 points plus élevés que celle des non pauvres. Qu il s agisse des pauvres relatifs ou absolus, la leçon qu on peut tirer est que les pauvres n ayant pas assez de revenu ne peuvent arbitrer entre les différents postes de dépenses. Il convient de noter que les dépenses non alimentaires effectuées par les ménages pauvres constituent des dépenses essentielles ou prioritaires en biens non alimentaires. Cette prédominance des dépenses alimentaires dans les dépenses est l une des caractéristiques des pays en développement.

Tableau 4-4 : Structure des dépenses par tête par poste selon le niveau de vie (%)

Niveau de vie

Poste de dépenses Non pauvre Pauvre Ensemble

Alimentation 60,3 65,5 61,7

Boissons alcoolisées et tabacs 3,6 3,8 3,7

Habillement et chaussures 6,9 7,3 7,0

Logement, Eau et électricité 7,2 7,6 7,3

Ameublement et hygiène 6,2 6,0 6,1

Santé 4,8 3,9 4,5

Transport 3,0 1,4 2,6

Communication 0,2 0,0 0,2

Loisirs 0,7 0,3 0,6

Education 0,7 0,7 0,7

Hôtels et restaurants 3,2 1,3 2,7

Autres dépenses 3,3 2,2 3,0

Total 100 100 100

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

4.2.1 Milieu de résidence

D après le tableau 4.5, on observe une légère variation des dépenses alimentaires en fonction du milieu de résidence. Celles-ci augmentent lorsqu on va de la capitale vers le milieu rural. En effet, elles représentent en moyenne 47,0% des dépenses à N Djaména et 52,5% dans les Abéché/Moundou/Sarh. La part la plus élevée est observée dans le rural septentrional où elles représentent 67,7% des dépenses. Si les dépenses allouées aux boissons et tabac paraissent relativement faibles dans les autres milieux de résidence, elles semblent constituer un poste de dépenses plus important dans le rural méridional. En effet, elles représentent 8% des dépenses et occupent le deuxième rang après les dépenses d alimentation.

Pour les dépenses non alimentaires, les postes les plus importants après l alimentation sont habillement et chaussures, et logement, eau et électricité et ce, quel que soit le milieu de résidence sauf dans le rural septentrional où le poste ameublement et hygiène paraît important après l alimentation. Il faut noter que les dépenses d éducation restent très faibles d une manière générale (0,7%) et varient selon le milieu de résidence (2,2% à N Djaména et 0,2% dans le rural septentrional).

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Tableau 4-5 : Structure des dépenses par poste selon le milieu de résidence

Milieu de résidence

Postes de dépense

N'Djaména

Abéché

/Moundou/

Sarh

Villes second.

Rural septentrio.

Rural

méridional.

Ens.

Alimentation

47,0 52,5 58,5 67,7 63,1 61,7

Boissons alcoolisées et tabac

2,7 3,0 3,7 1,1 8,0 3,7

Habillement et chaussures

9,3 7,7 7,8 6,9 5,6 7,0Logement, Eau et électricité

7,9 9,8 11,7 6,2 6,6 7,3Ameublement et hygiène

6,1 6,1 5,4 7,0 5,2 6,1Santé

6,6 5,3 3,6 4,0 4,5 4,5Transport

6,8 3,3 1,9 1,8 1,7 2,6Communication

0,6 0,8 0,2 0,0 0,0 0,2Loisirs

1,6 1,7 0,6 0,4 0,2 0,6Education

2,2 1,6 0,8 0,2 0,6 0,7Hôtels et restaurants

4,5 4,9 3,2 1,9 2,4 2,7Autres dépenses

4,6 3,4 2,7 3,0 2,2 3,0

Total 100 100 100 100 100 100Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Les dépenses de santé représentent 4,5% de l ensemble des dépenses. La proportion la plus faible est observée dans les villes secondaires (3,6%) et la plus élevée dans la capitale (6,6%). Il faut noter que les dépenses de communication représentent une infime partie des dépenses des ménages au Tchad.

4.2.2 Catégorie socio-économique

Indépendamment de la catégorie socio-économique du chef de ménage, il ressort que plus de la moitié des dépenses totales sont consacrées aux dépenses alimentaires. Toutefois, on note que la part des dépenses alimentaires la plus importante est observée chez les indépendants agricoles (64,3%) et la plus faible chez les salariés du privé (49,2%).

Tableau 4-6 : Structure des dépenses par poste selon la catégorie socioéconomique du chef de ménage

Catégorie socioéconomique

Poste de dépenses Indép. non agricole

Indépendant agricole

Salarié du public

Salarié du privé

Autres catégories

Chômeurs et inactifs

Ens.

Alimentation 57,7 64,3 52,5 49,2 53,1 65,1 61,7Boissons alcoolisées et tabac 2,0 5,0 2,8 4,8 4,0 2,1 3,7

Habillement et chaussures 8,5 6,5 7,4 9,3 7,0 6,4 7,0Logement, Eau et électricité 8,6 6,7 7,2 7,0 6,2 8,0 7,3Ameublement et hygiène 5,5 5,8 5,9 6,1 8,8 6,9 6,1Santé 4,4 4,2 6,5 5,9 6,3 4,3 4,5Transport 3,7 1,7 5,4 5,0 2,0 2,1 2,6Communication 0,4 0,0 0,4 0,7 0,6 0,1 0,2Loisirs 1,0 0,3 1,5 1,2 1,0 0,4 0,6Education 1,0 0,4 2,4 1,4 0,8 0,6 0,7

Hôtels et restaurants 3,5 2,4 3,9 5,6 3,7 1,7 2,7Autres dépenses 3,7 2,7 4,2 4,0 6,6 2,3 3,0Total 100 100 100 100 100 100 100Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

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Les parts des dépenses non alimentaires les plus importantes citées précédemment, ne varient pratiquement pas avec la catégorie socioéconomique du chef de ménage. Cependant, les dépenses d habillement et de chaussures paraissent relativement élevées chez les ménages dont le chef est un salarié du privé. On remarquera aussi que les dépenses de transport paraissent relativement plus importantes dans les ménages dont le chef est un salarié. Il en est de même pour les dépenses de santé et de l éducation.

4.2.3 Catégorie socioprofessionnelle

De même que pour la catégorie socioéconomique du chef de ménage, on constate que la structure des dépenses des ménages ne change pas fondamentalement selon la catégorie socioprofessionnelle. Il apparaît donc que le même comportement de consommation est observé selon ces deux variables socioéconomiques. En effet, les dépenses alimentaires au sens large (alimentation, boissons et tabacs, et hôtel et restaurant) absorbent plus de la moitié des dépenses des ménages. Les dépenses non alimentaires importantes restent pratiquement stables entre les catégories socioprofessionnelles.

Tableau 4-7 : Structure des dépenses par poste selon la Catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage

Catégorie socioprofessionnelle

Poste de dépenses

Cadres

Employés

/ouvriers

Patron

Propre Compte

Autres catégories

de travailleurs

Chômeurs et inactifs

Ens.

Alimentation 49,3 52,4 54,2 63,2 54,1 65,1 61,7

Boissons alcoolisées et tabac 3,5 3,8 2,0 4,5 4,5 2,1 3,7

Habillement et chaussures 7,9 8,6 9,6 6,9 7,3 6,4 7,0

Logement, Eau et électricité 7,3 6,9 8,3 7,0 6,4 8,0 7,3

Ameublement et hygiène

6,2 5,8 5,0 5,8 9,2 6,9 6,1

Santé 5,8 6,4 5,0 4,2 6,8 4,3 4,5

Transport 6,1 4,3 5,8 2,0 2,1 2,1 2,6

Communication 0,4 0,6 1,2 0,0 0,6 0,1 0,2

Loisirs 1,6 1,1 0,6 0,5 1,0 0,4 0,6

Education 2,8 1,2 1,2 0,5 0,6 0,6 0,7

Hôtels et restaurants 3,6 5,5 2,0 2,7 4,4 1,7 2,7

Autres dépenses 5,6 3,4 5,2 2,8 3,0 2,3 3,0

Total 100 100 100 100 100 100 100

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

On observe par ailleurs que pour les ménages dont le chef est un cadre, employé/ouvrier ou un patron, les dépenses de transport paraissent relativement plus importantes. Ce constat paraît logique dans la mesure où ces catégories socioprofessionnelles obligent l actif occupé à se déplacer constamment pour son lieu de travail. Cela engendre un coût et rehausse par conséquent les dépenses y afférentes.

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4.2.4 Structures des dépenses par postes selon le sexe du chef de ménage

Le tableau 4.8 qui présente la structure des dépenses selon le sexe du chef de ménage révèle que le sexe du chef de ménage n influe pas fondamentalement sur la structure de consommation du ménage. Cependant, on notera que les ménages dirigés par les hommes ont tendance à dépenser plus en boissons et tabacs (4%) que ceux dirigés par les femmes (1,7%). A l opposé, les dépenses de logement, eau et électricité sont relativement plus importantes chez les ménages dirigés par les femmes que chez ceux dirigés par les hommes.

Tableau 4-8

: Structure des dépenses par poste

selon le sexe du chef de ménage

Sexe Poste de dépenses Masculin

Féminin

Ens.

Alimentation 61,8 61,3 61,7Boissons alcoolisées et tabac 4,0 1,7 3,7

Habillement et chaussures 7,2 6,2 7,0

Logement, Eau et électricité 6,6 11,1 7,3

Ameublement et hygiène 6,0 7,0 6,1Santé 4,5 4,6 4,5Transport 2,6 2,4 2,6Communication 0,2 0,1 0,2Loisirs 0,6 0,6 0,6Education 0,7 0,8 0,7

Hôtels et restaurants 2,9 1,6 2,7Autres dépenses 3,0 2,7 3,0Total 100 100 100Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

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Chapitre 5 : Conditions de vie des ménages et pauvreté

Après l analyse de la consommation des ménages et pauvreté dans le quatrième chapitre, le présent aborde la pauvreté et les conditions de vie des ménages sur la base des données extrapolées. Il est structuré en trois sections. La première section traite de la pauvreté liée aux caractéristiques sociodémographiques des ménages et de la population. La deuxième section donne un aperçu sur les caractéristiques des logements des ménages, sur les questions d accès à l habitat, au marché, à l eau ainsi que celles relatives à l assainissement. Enfin, la troisième aborde les patrimoines des ménages.

L évaluation de la pauvreté des ménages a été faite en se basant sur les dépenses de consommation. Cependant, la possession des avoirs atténue l état de pauvreté des ménages. Un ménage propriétaire de son logement ou qui peut à tout instant céder un terrain, un véhicule, etc. pour pouvoir subvenir à ses besoins, est moins vulnérable qu un autre qui n en dispose pas. Posséder un avoir est donc un facteur d espoir, du moins face aux chocs économiques brutaux.

5.1. Pauvreté et caractéristiques sociodémographiques des ménages

5.1.1 Structure des ménages

Environ quatre ménages sur cinq (79,5%) sont dirigés par des hommes. Du point de vue du milieu de résidence, les centres urbains (N Djamena, Abéché/Moundou/Sarh et les villes secondaires) abritent 20,6% des ménages. En outre, les ménages sont dirigés essentiellement par des chefs âgés de 25 à 59 ans (77,2%). Ils comportent en leur sein une proportion importante (47,8%) de ménages de grande taille (6 personnes ou plus). Les ménages de faible taille (1-2 personnes) sont assez faiblement représentés (14,5%).

La taille moyenne de ménage est de 5,9 personnes pour l ensemble du pays. Elle est plus élevée chez les ménages dirigés par des hommes (6,3 personnes), ceux du rural méridional (6,4 personnes) et

Tableau 5-1

: Structure des ménages par certaines caractéristiques Socio-démographiques du chef de ménage selon le niveau de vie (en %)

Caractéristiques du chef de ménage

Niveau de vie Taille Pauvre Non

Pauvre Ens. moyenne

du ménage

Sexe du Chef de ménage Masculin 80,1 79,0 79,5 6,3 Féminin 19,9 21,0 20,5 4,0 Milieu de résidence N'Djaména 2,9 12,2 8,0 5,6 Abéché/Moundou/Sarh 1,7 4,0 2,9 5,8 Villes secondaires 8,2 10,9 9,7 5,9 Rural septentrional 41,5 47,6 44,8 5,6 Rural méridional 45,7 25,3 34,7 6,4 Classe d âges Moins de 25 ans 4,3 10,9 7,9 3,3 25-59 ans 80,5 74,5 77,2 6,2 60 ans et plus 15,1 14,6 14,8 5,6 Taille du ménage 1-2 personnes 5,5 22,1 14,5 1,6 3-5 personnes 30,0 44,3 37,7 4,0 6-9 personnes 44,4 26,1 34,5 7,2 10 personnes et plus 20,0 7,6 13,3 12,3 Total 100 100 100 5,9 Taille moyenne 7,0 4,9 5,9

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

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ceux dont le chef est âgé de 25-59 ans (6,2 personnes).

L analyse selon le niveau de vie indique que 87,2% des ménages pauvres vivent en milieu rural. Les ménages pauvres dirigés par des chefs âgés de 25 à 59 ans sont en proportion plus importants que les autres (80,5%). En outre, l observation faite selon la taille du ménage montre que la proportion des ménages d au moins 6 personnes est plus importante chez les pauvres (64,4%) que chez les non pauvres (33,7%). A contrario, les ménages d au plus 5 personnes sont relativement plus nombreux (66,3%) parmi les ménages non pauvres. Cette proportion est de 35,5% chez les ménages pauvres. D une manière générale, les ménages pauvres sont de plus grande taille (7 personnes en moyenne) que les non pauvres (4,9 personnes).

Au niveau national, 45,8% des ménages sont pauvres (Tableau 5.2). Le sexe ne semble pas être lié au niveau de vie des ménages. La proportion des ménages pauvres croît lorsqu on va de N Djamena au milieu rural méridional en passant par les villes d Abéche/Moundou/Sarh, les villes secondaires et le rural septentrional. En effet, si à N Djamena environ un ménage sur six (16,8%) vit la situation de pauvreté, ce rapport est de trois ménages sur cinq (60,4%) dans le rural méridional. De manière générale, la pauvreté frappe un peu plus les ménages ruraux que les ménages urbains. Selon la classe d âges, le niveau de pauvreté croît avec l âge jusqu à 64 ans avant de décroître au delà de 65 ans. La taille des ménages semble être intimement lié au niveau de vie. Les tailles les plus faibles (1-2 personnes) sont plus fréquentes dans les ménages non pauvres (82,5%) que dans les ménages pauvres (17,5%). On observe une situation inverse lorsqu il s agit des ménages de grandes tailles (30,8% contre 69,2%).

La structure des ménages, vue sous l angle du milieu de résidence, varie énormément (Tableau 5.3). A N Djamena et à Abéché/Moundou/Sarh, ce sont les moyens et les plus riches qui prédominent (au moins 63%). Dans les villes secondaires et le rural septentrional, la répartition des ménages n obéit à aucune tendance. Par contre, en milieu le rural méridional la proportion des ménages diminue lorsqu on part des plus pauvres (29,9%) vers les plus riches (11,9%).

Tableau 5-3 : Structure (ligne) des ménages par milieu de résidence et sexe selon les quintiles de bien-être (en%)

Tableau 5-2

: Structure (ligne) des ménages par certaines caractéristiques Socio-démographiques du chef de ménage selon le niveau de vie (en %)

Caractéristiques du chef de ménage

Niveau de vie Ensemble Pauvre Non

Pauvre Sexe du Chef de ménage Masculin 46,2 53,8 100 Féminin 44,5 55,5 100 Milieu de résidence N'Djaména 16,8 83,2 100 Abéché/Moundou/Sarh 26,2 73,8 100 Villes secondaires 39,1 60,9 100 Rural septentrional 42,5 57,5 100 Rural méridional 60,4 39,6 100 Classe d âges Moins de 25 ans 25,1 74,9 100 25-44 ans 44,8 55,2 100 45-64 ans 53,8 46,2 100 65 ans et plus 43,9 56,1 100 Taille du ménage 1-2 personnes 17,5 82,5 100 3-5 personnes 36,5 63,5 100 6-9 personnes 59,0 41,0 100 10 personnes et plus 69,2 30,8 100 Total 45,8 54,2 100

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

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Caractéristiques du Chef de ménage

Quintiles de bien-être Total

Plus pauvre Moyen pauvre

Médian Moyen riche

Plus riche

Milieu de résidence N'Djaména 3,7 7,2 13,9 26,1 49,1 100 Abéché/Moundou/Sarh 6,9 14,7 14,7 22,2 41,4 100 Villes secondaires 19,7 16,6 18,4 19,3 26,0 100 Rural septentrional 15,0 17,6 23,6 24,3 19,5 100 Rural méridional 29,9 26,2 18,0 13,9 11,9 100 Sexe Masculin 19,4 19,5 20,5 19,7 20,9 100 Féminin 20,5 20,2 19,5 20,3 19,5 100 Ensemble 19,9 19,9 20,0 20,0 20,2 100

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

L analyse de la structure des ménages par milieu de résidence selon des quintiles de bien-être (Tableau 5.4), révèle que pratiquement 80% des ménages (79,5%) vivent dans le milieu rural. Cette proportion est de 88,3% pour les ménages les plus pauvres et de 66% pour les plus riches. Du point de vue de la région de résidence, on observe une forte concentration des ménages dans le Moyen Chari, le Mayo Kébbi, le Ouaddaï et le Chari Baguirmi. Les ménages les plus pauvres se trouvent relativement plus dans le Moyen Chari, le Mayo Kébbi, le Kanem/Lac et dans une certaine mesure le Logone Oriental. A l opposé, les plus riches se rencontrent un peu plus à N Djaména, dans le Ouaddaï et dans le Chari Baguirmi.

Tableau 5-4 : Structure (colonne) des ménages par milieu et région de résidence selon les quintiles de bien-être (en%)

Caractéristiques du Chef de ménage

Quintile de bien-être Ensemble

Plus pauvre

Moyen pauvre

Médian Moyen riche

Plus riche

Milieu de résidence N'Djaména 1,6 3,0 4,6 8,3 16,2 8,0 Abéché/Moundou/Sarh 1,0 2,0 1,9 2,9 5,3 2,9 Villes secondaires 9,2 8,5 8,2 8,5 12,4 9,7 Rural septentrional 34,7 40,4 49,9 52,9 43,1 44,8 Rural méridional 53,6 46,1 35,5 27,4 22,9 34,7 Région de résidence Batha 3,5 5,9 7,8 8,7 5,2 6,3 BET/Biltine 2,3 5,7 3,9 4,2 3,7 4,0 Chari Baguirmi 6,4 9,1 12,1 10,4 12,1 10,4 Guéra/Salamat 6,9 8,3 10,4 5,9 5,2 7,1 Kanem/Lac 14,0 7,7 9,2 11,3 8,4 9,9 Logone Occidental 6,3 6,6 6,6 4,9 6,1 6,1 Logone Oriental 12,4 9,0 6,6 6,2 6,3 7,7 Mayo Kebbi 17,9 15,0 11,4 8,4 7,1 11,1 Moyen Chari 18,9 15,1 10,4 9,5 8,9 11,8 Ouaddaï 2,6 6,7 10,6 15,4 14,8 10,9 Tandjilé 7,2 8,0 6,5 6,6 5,8 6,7 N Djamena 1,6 3,0 4,6 8,3 16,2 8,0 Ensemble 100 100 100 100 100 100

Source : INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

Au niveau national, la taille moyenne de ménage ou nombre moyen de personnes par ménage est de 5,9 (Tableau 5.5). Elle est plus élevée dans le rural méridional (6,4 personnes) et plus faible à N Djamena et dans le rural septentrional (5,6 personnes).

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Selon la région de résidence, la taille moyenne de ménage est plus élevée dans le Logone Occidental (6,8), dans le Mayo Kebbi et dans la Tandjilé (6,4), régions de forte fécondité. Par contre, elle est plus faible dans le Kanem/Lac (5,2) et dans le Ouaddaï (5,4), régions de faible fécondité et de forte émigration surtout masculine.

Tableau 5-5 : Taille moyenne des ménages par milieu et région de résidence selon les quintiles de bien-être (en%) Caractéristiques du Chef de ménage

Quintile de bien-être Ensemble

Plus pauvre

Moyen pauvre

Médian Moyen riche

Plus riche

Milieu de résidence N'Djaména 7,0 6,5 7,2 6,6 4,8 5,6 Abéché/Moundou/Sarh 8,2 7,4 7,1 6,2 4,7 5,8 Villes secondaires 8,2 6,7 6,7 6,1 4,1 5,9 Rural septentrional 7,2 6,5 6,2 5,4 4,0 5,6 Rural méridional 8,3 7,5 5,9 5,2 4,0 6,4 Région de résidence Batha 7,1 6,4 7,0 5,9 4,5 6,0 BET/Biltine 8,4 7,5 6,6 5,6 4,7 6,3 Chari Baguirmi 8,4 6,6 6,4 5,5 4,1 5,7 Guéra/Salamat 8,6 5,8 5,9 4,6 3,2 5,5 Kanem/Lac 6,2 5,9 5,6 5,1 3,6 5,2 Logone Occidental 9,6 8,5 7,1 5,6 4,7 6,8 Logone Oriental 8,0 6,9 5,6 5,6 3,9 6,0 Mayo Kebbi 8,5 7,5 5,5 5,4 4,1 6,4 Moyen Chari 7,5 7,2 5,7 4,8 3,6 5,9 Ouaddaï 7,4 7,2 6,2 5,7 4,2 5,4 Tandjilé 9,1 7,5 6,6 5,8 4,2 6,4 N Djamena 7,0 6,5 7,2 6,6 4,8 5,6 Ensemble 7,9 7,0 6,2 5,5 4,2 5,9 Source : INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

Selon le niveau de vie, la taille moyenne des ménages les plus pauvres est 1,9 fois plus importante que celle des plus riches (7,9 personnes contre 4,2). En outre, la taille moyenne des ménages décroît régulièrement lorsqu on va du premier quintile vers le quintile le plus élevé de bien être. Le même constat est fait selon le milieu et la région de résidence à l exception des ménages de N Djamena et ceux du Batha. Il faut signaler, qu il s agisse du milieu ou de la région de résidence, la taille moyenne des ménages les plus pauvres est d au moins 7 personnes sauf dans le Kanem/Lac. Par contre, celle des plus riches n atteint guère 5 personnes.

5.1.2 Rapport de Dépendance d Age (RDA) et pauvreté

Dans l ensemble du pays, 100 personnes potentiellement actives (15-64 ans) ont à leur charge 112 personnes potentiellement inactives (0-14 ans et 65 ans et plus). Ce rapport croît de N Djamena (83%) vers les milieux ruraux où il atteint 118% dans le rural septentrional. Autrement dit, la charge est plus importante dans les milieux ruraux septentrional et méridional qu en milieu urbain. Les villes secondaires ont une caractéristique proche du milieu rural que de N Djaména ou d Abéché/Moundou/Sarh. Selon la région de résidence, on constate que les charges les plus importantes sont observées dans la région du Batha, du Kanem-Lac (122%) et au Logone Oriental (118%) et les plus faibles au Logone Occidental et à N Djamena (moins de 100%). La situation au Batha, Kanem-Lac et au Logone Oriental est probablement liée à la forte émigration qui y sévit.

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Quels que soient le milieu et la région de résidence, l analyse selon le niveau de vie révèle que la charge reste toujours plus importante chez les pauvres que chez les non pauvres. Elle devient particulièrement plus importante dans les ménages pauvres du rural septentrional (136%), du Batha et du Chari Baguirmi (146%).

5.2 Accès à l Habitat, au Marché, à l Eau et Assainissement

L enquête a permis de collecter les informations sur les caractéristiques du logement occupé par le ménage, de recueillir les caractéristiques des principaux matériaux avec lesquels sont faits les murs, le toit ou le sol. On demande également le nombre des chambres qui compose le logement du ménage, l existence d un WC, le mode d éclairage utilisé principalement par ce ménage, le type de combustible principalement utilisé, le moyen utilisé principalement pour évacuer les ordures ménagères, la principale source d approvisionnement en eau de boisson, le statut d occupation du logement (propriétaire, locataire et logé gratuitement), etc.

5.2.1 Type de logement

A l enquête, le logement (unité d habitation) est défini comme un ensemble des maisons habité par un seul ménage. Dans l ensemble, le type de logement le plus habité porte sur les maisons isolées (54,9%). Dans 17,9% des cas, les ménages habitent des maisons à plusieurs logements (cohabitation avec d autres ménages) et un ménage sur quatre (25,0%) occupe une concession. Il convient de noter que rares sont les ménages qui habitent un immeuble à plusieurs appartements ou une villa (0,1%).

Tableau 5-6

: Rapport de dépendance d âge

par milieu et région de résidence selon niveau de vie (en %)

Niveau de vie Ens. Pauvre Non

Pauvre Milieu de résidence N'Djaména 105 78 83 Abéché/Moundou/Sarh 94 80 85 Villes secondaires 121 89 103 Rural septentrional 136 102 118 Rural méridional 128 95 117 Région Batha 146 114 128 BET-Biltine 115 100 108 Chari Baguirmi 146 94 117 Guéra-Salamat 123 86 107 Kanem-Lac 143 101 122 Logone Occidental 109 87 99 Logone Oriental 133 96 118 Mayo Kebbi 127 90 115 Moyen Chari 126 87 113 Ouaddaï 142 106 117 Tandjilé 124 101 115 N Djamena 105 78 83 Ensemble 129 94 112

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

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L analyse selon le niveau de vie révèle que globalement, les pauvres se distinguent des non pauvres du point de vue du type de logement essentiellement à travers une proportion relativement faible des pauvres occupant des maisons à plusieurs logements (14,1% contre 21% des non pauvres) et plus élevée des pauvres dans des maisons isolées (60,7% contre 50,0% des non pauvres). Le niveau de vie semble être lié dans une certaine mesure au type de logement.

5.2.2 Qualité de logement

5.2.2.1 Matériaux des murs

Les données du tableau 5.7 révèlent qu environ neuf ménages sur dix (89,8%) habitent des logements dont les murs sont en matériaux traditionnels non durables (brique non cuite, terre battue ou paille/secko) : les ménages qui habitent des logements dont les murs sont en terre battue représentent 60,7% et ceux dont les murs sont en paille/secko (23,9%) sont relativement les plus nombreux. Les ménages qui occupent des logements avec des murs en briques cuites représentent 7,5%. Les ménages qui vivent dans des logements qui ont des murs en pierre/parpaing ou en béton/ciment sont rares. Ils représentent 1,1%.

L analyse selon le niveau de vie révèle que les ménages pauvres sont relativement plus nombreux à habiter des logements dont les murs sont en briques non cuites (64,8% contre 57,3%) et moins nombreux à habiter dans des logements ayant des murs en paille/Seko (22,4% contre 25,2%).

5.2.2.2 Matériaux du toit

Dans l ensemble, un peu plus de trois ménages sur quatre (76,1%) habitent dans des logements ayant un toit en paille/natte, environ un ménage sur sept (14,7%) dans un logement avec un toit en tôle/tuile et un peu moins d un ménage sur dix (9,2%) dans de logement avec des toits faits en d autres matériaux de construction (Tableau 5.7).

L analyse selon le niveau de vie révèle que les pauvres sont relativement plus nombreux que les non pauvres à occuper des logements dont les toits sont en

Tableau 5-7 : Caractéristiques d habitation selon le niveau de vie (en %)

Caractéristiques d habitation

Niveau de vie Ens. Pauvre Non

Pauvre Type de logement Maison isolée 60,7 50,0 54,9 Maison à plusieurs logements

14,1 21,0 17,9

Immeuble à appart. 0,0 0,0 0,0 Villa 0,0 0,2 0,1 Concession 23,3 26,5 25,0 Autres 1,9 2,2 2,0 Matériau des murs Brique cuite 6,0 8,8 7,5 Brique non cuite 64,8 57,3 60,7 Pierre/Parpaing 0,0 0,9 0,5 Béton/Ciment 0,2 0,9 0,6 Terre battue 5,1 5,2 5,2 Seko/Végétal/Natte 22,4 25,2 23,9 Autre matériau 1,5 1,7 1,6 Matériau du toit Tôle/Tuile 8,0 20,3 14,7 Végétal/Natte 83,4 69,9 76,1 Autre matériau 8,6 9,8 9,2 Matériau du sol Terre battue 89,2 82,4 85,5 Béton/Ciment 0,4 2,9 1,8 Carrelage 0,4 0,8 0,6 Autre matériau 10,0 14,0 12,1 Nombre de personnes par pièces Au plus une pers. 7,6 20,3 14,5 2-3 personnes 25,0 34,4 30,1 4-6 personnes 35,7 31,0 33,2 7 personnes ou plus 31,7 14,2 22,2 Ensemble 100 100 100

Source : INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004 N.B. : 0,0% ne signifie pas le nul absolu mais une donnée négligeable

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paille/secko (83,4% contre 69,9%). A l opposé, les non pauvres sont à leur tour relativement plus nombreux à être dans des logements avec des toits en tôle ou en tuile (20,3% contre 8,0%).

5.2.2.3 Matériaux du sol

Le revêtement du sol des pièces d habitation revêt une importance capitale car il peut être un facteur de propagation de certains parasites ou germes responsables de maladies. Globalement l essentiel des sols des logements occupés par les ménages est en terre battue (85,5%) et rares sont les ménages qui occupent des logements dont le sol est en béton/ciment/carrelage (2,4%). Un peu plus d un ménage sur dix (12,1%) a un logement dont le sol est fait en autre matériau (Tableau 5.7).

Du point de vue du niveau de vie, les ménages pauvres sont relativement plus nombreux que les non pauvres à habiter des logements ayant le sol en terre battue (89,2% contre 82,4%). A l opposé, les non pauvres sont relativement plus nombreux que les pauvres à occuper des logements dont le sol est en béton/ciment/carrelage (2,9% contre 0,4%).

Au regard de la qualité du logement qui se caractérise par de proportions très importantes de matériaux du mur en brique non cuite, ceux du toit en paille et ceux du sol en terre battue, on doit s apercevoir que les ménages tchadiens vivent dans un habitat précaire traduisant ainsi l état d extrême pauvreté au Tchad.

5.2.3 Nombre de personnes par pièce

Le nombre de pièces occupées par le ménage est celui des chambres à coucher. En rapportant le nombre total de la population résidant dans l unité d habitation au nombre total de pièces, on obtient le nombre moyen de personnes par pièce. Cet indicateur permet d appréhender la densité d occupation du logement par le ménage et de mesurer la promiscuité ou l entassement de la population des ménages.

Globalement, un peu plus de deux ménages sur cinq (44,6%) abritent au plus 3 personnes par pièce. Parmi eux, 14,5% logent au plus une personne par pièce et 30,1% abritent 2 à 3 personnes par pièce. En outre, un peu plus d un ménage sur cinq (22,2%) abritent au moins 7 personnes par pièce.

L analyse selon le niveau de vie, montre que les proportions des ménages abritant au plus une personne par pièce sont toujours plus élevées chez les non pauvres que chez les pauvres (20,3% contre 7,6%). A l opposé, les proportions des ménages qui ont au moins 7 personnes par pièce sont plus importantes chez les pauvres que chez les non pauvres (31,7% contre 14,2%). La promiscuité est une source de contagion et de propagation de certaines maladies. L entassement par pièce semble être lié au niveau de vie. En effet, ce constat révèle le cercle vicieux selon lequel, plus on a d enfants, plus on est pauvre parce qu il manque de ressources nécessaires pour les entretenir et plus on est pauvre, plus ont fait d enfants en espérant qu ils constitueront une assurance vie pour les vieux jours.

5.2.4 Statut d occupation

Les divers modes d occupation du logement retenus pour l analyse de l enquête sont : propriétaire, locataire et logé gratuitement. Dans l ensemble, les ménages propriétaires de leurs logements sont relativement les plus nombreux (81,0%). Les locataires (12,8%) et les logés gratuitement (6,2%) sont peu représentés (Tableau 5.8).

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L analyse selon le niveau de vie montre que les ménages pauvres sont relativement plus nombreux à être des propriétaires (85,4%) que les ménages non pauvres (77,2%). A l opposé, les ménages non pauvres sont plus enclins à être locataires (15,5%) que les pauvres (9,6%). Autrement dit, les pauvres sont relativement beaucoup plus propriétaires de leur logement que les non pauvres.

5.2.5 Source d éclairage

Dans l ensemble, près de sept ménages sur dix (68,6%) utilisent la lampe à pétrole pour éclairer leur logement. Dans 23,9% des cas, les ménages utilisent une autre source d éclairage (bois/tige/paille) et seuls 3,2% utilisent l électricité ou le groupe électrogène (Tableau 5.8). L analyse selon le niveau de vie révèle que 4,0% des ménages non pauvres utilisent l électricité ou le groupe électrogène contre seulement 2,1% chez les pauvres. A l opposé, ce sont les pauvres qui sont relativement plus nombreux à s éclairer avec d autres sources que les non pauvres (28,7% contre 19,9%). L énergie solaire qui semble adaptée à l environnement est très peu développée et les statistiques y afférentes sont très peu disponibles.

5.2.6 Source d énergie pour la cuisine

Au niveau national, dans leur majorité les ménages utilisent le bois ou le charbon de bois (88,5%) comme source d énergie pour la cuisine (Tableau 5.8). Dans 9,2% des cas, les ménages utilisent d autres sources d énergie comme la bouse de vache et seuls 2,4% utilisent l électricité ou le gaz (dont 0,4% pour l électricité et 2,0% pour le gaz) pour cuisiner.

Du point de vue de niveau de vie, on remarque que les pauvres utilisent essentiellement du bois (79,0%) alors que les non pauvres partagent leur source d énergie entre du charbon de bois et du bois (20,3% et 67,5% respectivement).

Tableau 5-8

: Structure des ménages par

caractéristiques d habitation selon le niveau de vie (en %)

Caractéristiques d habitation

Niveau de vie Ens. Pauvre Non

Pauvre Statut d occupation Propriétaire 85,4 77,2 81,0 Locataire 9,6 15,5 12,8 Logé gratuitement 5,0 7,3 6,2 Source d éclairage Electricité 0,6 2,5 1,7 Groupe électrogène 1,5 1,5 1,5 Lampe à pétrole 64,8 71,9 68,6 Lampe à gaz 4,4 4,2 4,3 Autre source 28,7 19,9 23,9 Source d énergie pour la cuisson Electricité 0,3 0,4 0,4 Gaz 2,0 2,1 2,0 Charbon de bois 10,2 20,3 15,7 Bois 79,0 67,5 72,8 Autre source 8,5 9,8 9,2 Source d eau de boisson Eau courante (robinet) 1,5 5,5 3,7 Fontaine publique 7,6 16,2 12,2 Forage 12,4 13,2 12,8 Puits aménagé 21,9 18,2 19,9 Puits non aménagé Cours d eau/eau de pluies

49,8 5,5

41,8 3,3

45,5 4,3

Autre source 1,3 1,9 1,6 Type de lieu d aisance WC avec chasse d eau 2,5 3,9 3,3 Latrines aménagées 6,5 10,5 8,7 Trou dans la parcelle 13,6 23,3 18,9 Dans la nature 77,3 62,2 69,1 Mode d évacuation des ordures Voirie municipale/privée 0,7 2,2 1,5 Association de quartier 2,3 6,1 4,4 Incinération 17,5 21,0 19,4 Rigole et caniveau 5,0 5,9 5,5 Broussaille 68,4 57,9 62,7 Autre mode 6,1 6,9 6,6 Ensemble 100 100 100

Source : INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

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5.2.7 Type de lieu d aisance

Globalement, une proportion importante des ménages ne disposent pas de toilettes et utilisent par contre la nature comme lieu d aisance (69,1%) (Tableau 5.8). Dans 18,9% des cas, les ménages utilisent des trous dans la parcelle comme lieu d aisance, 8,7% des latrines améliorées et seulement 3,3% qui disposent des WC (internes ou externes) avec chasse eau.

L analyse selon le niveau de vie révèle que les ménages pauvres sont relativement plus nombreux à ne pas disposer de WC que les non pauvres (77,3% contre 62,2%) et 1,6 fois moins proportionnellement à disposer de WC modernes avec chasse eau (3,9% pour les non pauvres contre 2,5% pour les pauvres).

5.2.8 Mode d évacuation des ordures

Dans l ensemble, un peu plus de trois ménages sur cinq (62,7%) utilisent la broussaille comme mode d évacuation des ordures, 19,4% utilisent l incinération et seulement 5,9% des ménages utilisent la voirie municipale ou privée ou les associations de quartiers pour se débarrasser des ordures ménagères (Tableau 5.8). L analyse selon le niveau de vie révèle que les pauvres utilisent moins la voirie municipale ou privée ou les associations de quartiers que les non pauvres (3,0% contre 8,3%). Autrement dit, le niveau de vie semble être lié au mode d évacuation des ordures ménagères.

5.2.9 Source d approvisionnement en eau

Le tableau 5.8 présente la structure des ménages selon le niveau de vie et l approvisionnement en eau destinée à la consommation. Au niveau national, 65,4% des ménages consomment l eau provenant des puits, 25,0% consomment l eau provenant des fontaines publiques ou des forages et seulement 3,7% consomment l eau courante de la STEE. En outre, dans 5,9% des cas les ménages boivent l eau des cours d eau/eau de pluies ou d autres sources alors qu on sait que la consommation de l eau de telles sources peut provoquer de sérieux problèmes de santé. Si l on estime que l eau de robinet, des fontaines publiques, des forages et des puits aménagés peut être considérée comme de l eau potable, alors c est prés d un ménage sur deux (48,6%) qui en consomme. La faible consommation d eau potable est le plus souvent source de beaucoup de maladies d origine hydrique pour les enfants.

L analyse selon le niveau de vie met en exergue le fait que les pauvres ont moins accès à l eau potable que les non pauvres. En effet, la proportion des non pauvres qui consomme de l eau supposée potable est 1,2 fois plus importante que celle des pauvres. Autrement dit, le niveau de vie influe sur la qualité de l eau consommée par les ménages.

La durée moyenne pour atteindre la principale source d approvisionnement en eau de boisson la plus proche est d environ 31 minutes (Tableau 5.9). Elle est plus faible à Abéché/Moundou/Sarh (15 minutes) et plus élevée dans le rural septentrional (43 minutes). Il convient de noter qu on ne tient pas compte ici de la qualité de l eau (eau potable). Les proportions des ménages qui mettent un temps court (moins de 30 minutes) pour atteindre la principale source d approvisionnement en eau sont respectivement de 91,4% à N Djamena, 95,6% à Abéché/Moundou/Sarh, 86,0% dans

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les villes secondaires, 90,2% dans le rural méridional et seulement 76,9% dans le rural septentrional. Au niveau national, cette proportion est de 68,6%.

Tableau 5-9 : Structure des ménages par temps mis pour atteindre la principale source d'approvisionnement en eau de boisson la plus proche selon le milieu de résidence

Milieu de résidence

Temps mis N'Djaména

Abéché/ Moundou

/Sarh Villes

secondaires Rural

septentrio. Rural

méridional

Ens. Moins de 15 minutes 83,5

85,3

75,7

52,4

82,6

68,6

15 à 29 minutes 7,9

10,3

10,3

24,5

7,6

15,5

30 à 59 minutes 7,0

3,9

7,5

12,5

5,4

8,8

60 à 119 minutes 0,7

0,1

2,0

5,4

2,4

3,5

120 minutes ou plus 0,8

0,4

4,5

5,3

2,0

3,6

Total 100

100

100

100

100

100

Temps moyen (en mn) 18,8

15,4

22,3

43,5

21,2

30,9

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003-2004

5.2.10 Accès au marché le plus proche selon le lieu de résidence

A l enquête pour appréhender l accès au marché le plus proche, on demandait au ménage le temps qu il faut pour aller au marché le plus proche de son domicile. Ce temps est exprimé en minutes. Pour l ensemble du pays, la durée moyenne pour atteindre le principal marché le plus proche est d environ 80 minutes (soit une heure et vingt minutes) et près de deux ménages sur cinq (37,8%) mettent moins de 30 minutes pour atteindre leur marché le plus proche. La durée moyenne est de 40,4 minutes dans la ville de N Djamena, 41 minutes à Abéché/Moundou/Sarh et les villes secondaires, 106 minutes dans le rural septentrional et 67 minutes dans le rural méridional. Les ménages urbains et ceux du rural méridional semblent être mieux servis en la matière que les ménages ruraux. En effet, les proportions des ménages qui mettent un temps court (moins de 30 minutes) pour atteindre le marché le plus proche sont respectivement de 83% à N Djamena, 79,6% à Abéché/Moundou/Sarh, 72,6% dans les villes secondaires et 52,7% dans le rural méridional alors que cette proportion n est que de 40,4% dans le rural septentrional.

Tableau 5-10 : Structure des ménages par temps mis pour atteindre le principal marché le plus proche selon le milieu de résidence

Milieu de résidence

Temps mis N'Djam.

Abéché/ Moundou

/Sarh Villes

secondaires Rural

septentrio. Rural

méridional

Ens. Moins de 15 minutes 45,7

46,2

53,0

29,1

42,4

37,8

15 à 29 minutes 37,3

33,4

19,6

11,3

10,3

14,5

30 à 59 minutes 12,8

14,1

13,3

16,3

13,2

14,6

60 à 119 minutes 2,5

3,7

8,0

19,3

20,1

16,7

120 minutes ou plus 1,7

2,6

6,1

24,1

14,0

16,4

Total 100

100

100

100

100

100

Temps moyen (en mn) 40,4

41,8

41,7

106,3

66,9

79,3

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003-2004

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5.3 Patrimoine des ménages

L enquête a permis d évaluer le niveau socioéconomique des ménages à travers la possession de certains biens durables, considérés comme des indicateurs. Pour saisir les avoirs et équipements du ménage, on demandait au ménage s il possède les équipements ou les biens de patrimoine qu on cite les uns après les autres. Si la réponse est « oui », l équipement ou le bien de patrimoine est supposé acquis par le ménage.

5.3.1 Avoirs du ménage

Dans l ensemble du pays, un peu plus de sept ménages sur dix (70,2%) possèdent un terrain cultivé et 52,5% de terrain non cultivé (Tableau 5.11). Les superficies moyennes en terre cultivée et en terre non cultivée par ménage sont respectivement de 0,9 hectares et 1,3 hectares. L examen de la possession des terres selon le niveau de vie montre que les pauvres possèdent un peu plus de terres que les non pauvres. En effet, la proportion des pauvres qui possèdent des terres cultivables est de 76,4% alors que celle-ci est de 65% pour les non pauvres.

Un peu plus d un ménage sur quatre (26 %) possède des bovins, 22,3% des ménages possèdent des asins et un peu plus de deux ménages sur cinq (42,0%) sont propriétaires d immeubles ou de maisons. Peu de ménages possèdent de machines agricoles (9,8%), d équins (12,7%) ou de camelins (5,0%). Le nombre moyen de têtes de bétails par ménage est 14,2 pour les bovins, 1,7 pour les équins, 4,5 pour les camelins et de 22,3 pour les asins. Les pauvres ont tendance à posséder plus de bovins et d asins que les non pauvres. Par contre, les non pauvres ont davantage des préférences pour les camelins et les équins.

L analyse de la possession des avoirs selon le milieu de résidence, indique que par rapport aux moyennes nationales, ce sont seulement les ménages du rural méridional qui possèdent de la terre cultivée ou non en proportion supérieure (Tableau 5.12). De même, les superficies moyennes sont supérieures à la superficie moyenne nationale.

S agissant de la possession du bétail, ce sont les ménages du rural septentrional qui en possèdent en proportion relativement plus importante. Par contre, selon la répartition moyenne par ménage, de bovins, d équins, de camelins ou d asins, ce sont les ménages d Abéche/Moundou/Sarh qui en ont plus que la moyenne nationale. Il faut

Tableau 5-11

: Possession des équipements et nombre moyen de bétail par ménage selon le niveau de vie

Niveau de vie

Pauvre

Non pauvre Ens.

Proportion des ménages possédant

Terre non cultivée 56,1 49,5

52,5Terre cultivée 76,4 65,0

70,2Immeubles/maisons 44,2 40,2

42,0Machine agricole 9,8 9,7

9,8Bovins 27,7 24,6

26,0Equins 10,3 14,3

12,5Camelins 4,1 5,5

4,9Asins 20,6 23,8

22,3Superficie moyenne en terre (ha)

Superficie en terre non cultivée 1,6 1,1

1,3Superficie en terre cultivée 0,9 0,8

0,9Nombre moyen de bétail

Nombre moyen de bovins

16,4 12,2

14,2Nombre moyen d'équins

1,6 1,8

1,7Nombre moyen de camelins

2,8 5,5

4,5Nombre moyen d'asins

21,3 8,8

14,1

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

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noter que le nombre moyen de bovins par ménage est également relativement élevé dans les villes secondaires. Cette situation pourrait s expliquer en partie par le fait qu avec les dernières sécheresses, les propriétaires de bétail s installent de plus en plus en ville, et ce sont les bouviers qui s occupent de la garde des animaux en milieu rural ou dans les périphéries des villes.

Tableau 5-12 : Possession des équipements et nombre moyen de bétail par ménage selon le milieu de résidence

Milieu de résidence

N'Djaména

Abéché/

Moundou/

Sarh Villes

secondaires

Rural septentrio.

Rural méridio. Ens

Proportion des ménages possédant

Terre non cultivée 8,2 15,4 44,1 51,1 70,1 52,5Terre cultivée 4,9 19,9 68,4 71,0 89,0 70,2Immeubles/maisons 15,6 29,9 46,1 41,0 49,3 42,0Machine agricole 1,0 3,0 8,6 7,9 15,1 9,8Bovins 2,9 3,4 17,7 30,1 30,4 26,0Equins 0,2 0,2 5,5 25,2 1,9 12,5Camelins 0,2 0,0 1,4 10,1 0,7 4,9Asin 0,3 0,8 11,3 43,9 4,4 22,3Superficie moyenne en terre

Superficie en terre non cultivée

0,0 0,3 1,3 0,8 2,4 1,3Superficie en terre cultivée 0,0 0,3 0,7 0,4 1,8 0,9Nombre moyen de bétail

Nombre moyen de bovins

17,2 31,8 27,9 13,6 12,5 14,2Nombre moyen d'équins

2,0 13,5 1,4 1,7 3,2 1,7Nombre moyen de camelins

5,8 11,0 5,5 4,3 6,3 4,5Nombre moyen d'asins 2,8 15,3 2,1 15,0 10,5 14,1

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

5.3.2 Equipements du ménage

Au niveau national, les ménages les plus importants en terme de proportion sont ceux qui possèdent un poste radio (24,1%). Ils sont suivis des détenteurs de monture (15,4%) et de bicyclette (11,5%). Rares sont les ménages qui possèdent des téléviseurs ou des motocyclettes (moins de 3,0%).

Enfin , quel que soit le type d équipement, l analyse selon le niveau de vie révèle que les proportions des ménages non pauvres possesseurs restent toujours plus élevées que celles des pauvres. Autrement dit, la possession d un bien d équipement semble en partie être liée au niveau de vie.

Tableau 5-13

: Proportion des ménages possédant des équipements selon le niveau de vie (en %)

Equipement Niveau de vie Ensemble

Pauvre Non Pauvre

Radio 14,7 31,7 24,1 Téléviseur 0,1 2,5 1,4 Bicyclette 10,6 12,3 11,5 Mobylette/Motocyclette

0,8 3,2 2,1

Monture 15,2 15,6 15,4

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/200

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Chapitre 6 : Besoins essentiels et pauvreté

Le présent chapitre comprend deux sections. La première traite de la pauvreté liée à l éducation et à la formation, de l accès aux structures scolaires, mais aussi du niveau de satisfaction des bénéficiaires. La seconde aborde la pauvreté liée à l état de santé de la population.

6.1. Pauvreté, Education et Formation

L Education est, selon Durkeim, le processus à travers lequel chaque société transmet à ses enfants les normes, valeurs et compétences essentielles à leur survie et développement. Composante essentielle du développement humain, l éducation améliore la productivité du travail et constitue un levier pour le progrès sanitaire, socio-économique et démocratique. Elle est ainsi considérée comme un instrument pour la réduction de la pauvreté. Ce rôle incontournable de l éducation dans la promotion du développement durable se trouve reflété dans le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) adopté en 2003, et au-delà dans les plans cadres nationaux et internationaux de développement (Objectifs du Millénaire pour le Développement, etc.).. L Education fait partie des secteurs prioritaires au Tchad.

6.1.1 Alphabétisation des adultes

La lutte contre l analphabétisme est l une des stratégies identifiées pour lutter contre l exclusion sociale et donner aux groupes vulnérables les moyens de participer pleinement à la vie communautaire et d avoir accès aux opportunités d amélioration de la qualité de vie (Kanwenda et al, 1999). Le concept d alphabétisation est défini dans le cadre de l ECOSIT-2 comme étant la capacité des individus enquêtés à lire dans une langue quelconque, y compris les langues nationales.

Deux niveaux d alphabétisation ont été distingués : Alphabétisé (savoir lire et écrire une phrase simple en français seul, en arabe seul, en français et arabe, dans autre langue nationale ou dans une autre langue étrangère) et Non alphabétisé (aucune aptitude à lire ou écrire dans une quelconque langue).

Tableau 6-1 : Structure des ménages selon les caractéristiques de l'éducation du chef selon le

niveau de vie Niveau de vie

Pauvre Non

pauvre Ensemble

Alphabétisation Alphabétisé 33,6

42,6

38,5

Non alphabétisé 66,4

57,4

61,5

Niveau d'instruction

Sans instruction 64,6

64,7

64,6

Ecole coranique 4,4

5,3

4,9

Primaire 24,0

17,1

20,2

Secondaire 6,9

11,5

9,4

Supérieur 0,1

1,5

0,9

Diplôme le plus élevé

Jamais fréquenté 65,0

64,8

64,9

Sans diplôme 26,0

20,2

22,9

CEPE 6,2

7,5

6,9

BEPC 2,5

4,4

3,5

Bac 0,2

2,1

1,3

Diplôme universitaire. 0,1

0,9

0,5

Ensemble 100

100

100

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

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Dans l ensemble, les données du tableau 6.1 révèlent que près de deux ménages sur cinq (38,5%) sont dirigés par un chef alphabétisé. Les ménages ayant des chefs alphabétisés sont sous représentés parmi les ménages pauvres comparativement à leur poids dans l ensemble des ménages (33,6% contre 38,5%). A l inverse, la situation des ménages dirigés par des chefs non alphabétisés se caractérise par une surreprésentation parmi les ménages pauvres (66,4% contre 61,5%).

Au niveau national, près d une personne de 15 ans et plus sur trois (32,9%) est alphabétisé. Par voie de conséquence, l analphabétisme touche plus de deux personnes sur trois (67,1%) au Tchad. Le niveau de vie semble être lié à l aptitude de savoir lire dans une langue quelconque. Le même constat est fait pour le niveau d instruction à partir du secondaire ou plus et aussi pour le diplôme le plus élevé obtenu à partir du CEPE. De manière générale, les personnes de 6 ans et plus non instruits semblent être plus frappées par le phénomène de pauvreté que les autres.

Les constats faits sur la structure des ménages ou sur celle des individus de 6 ans et plus selon les caractéristiques de l éducation sont presque similaires. Qu il s agisse des ménages ou des individus, l éducation semble être un élément de discrimination mais pas très important en ce qui concerne le statut de pauvreté.

6.1.2 Instruction

Au moment de l enquête, trois ménages sur dix (30,5%) sont dirigés par un chef de niveau primaire ou plus et près d un ménage sur trois (64,9%) par des chefs sans niveau d instruction (Tableau 6.2). L analyse selon le niveau de vie montre que le niveau d instruction n est pas un élément de discrimination important en ce qui concerne la situation de pauvreté.

6.1.3 Diplôme le plus élevé obtenu

Au moment de l enquête, seuls 12,8% des ménages sont dirigés par des chefs détenteurs d un diplôme (CEPE, BEPC, BAC, etc.) dont rarement des diplômes supérieurs ou égaux au BAC (0,7%) (Tableau 6.2).

L analyse selon le niveau de vie montre que les ménages dont les chefs sont diplômés sont sous représentés dans la masse des pauvres par rapport à leur poids dans l ensemble des ménages alors que ceux dont les chefs n ont jamais été à l école ou qui sont sans diplôme sont sur représentés.

Tableau 6-2 : Structure de la population de 15 ans et plus par certaines caractéristiques de

l éducation selon le niveau de vie (en %)

Niveau de vie Ens. Pauvre Non

Pauvre Alphabétisation des adultes

Alphabétisé 28,5 37,4 32,9 Non alphabétisé 71,5 62,6 67,1 Niveau d instruction Sans instruction 58,8 58,0 58,4 Ecole coranique 4,5 5,6 5,0 Primaire 32,0 26,7 29,6 Secondaire 4,6 8,5 6,4 Professionnel 0,0 0,3 0,2 Supérieur 0,0 0,9 0,4 Diplôme le plus élevé obtenu Jamais fréquenté 59,0 58,1 58,6 Sans diplôme 35,2 30,7 33,1 CEPE 4,5 6,7 5,5 BEPC 1,2 3,2 2,1 Bac 0,1 1,0 0,5 Diplôme universitaire

0,0 0,3 0,2

Ensemble 100 100 100 Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

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6.1.4 Scolarisation primaire

A l enquête, des questions relatives à la fréquentation scolaire ont été posées pour toutes les personnes de 6 ans et plus. Pour le besoin de l analyse, on s intéresse ici uniquement aux enfants qui fréquentent l école primaire au moment de l enquête et à la masse des enfants âgés de 6-11 ans en 2003.

La scolarisation se définit par rapport à la fréquentation d un établissement scolaire, public, privé ou communautaire, reconnu ou non par l Etat, au moment de l enquête (année scolaire 2002-2003). Elle se réfère aux enfants qui fréquentent un établissement primaire à temps plein.

Les données du tableau 6.3 révèlent que le Taux Brut de Scolarisation (TBS) en 2003 est de 74,9%, 84,7% pour les garçons et 64,8% pour les filles. Le Taux Net de Scolarisation (TNS) est de 41,2% et le Taux de Retard Scolaire (TRS) se situe à 33,7%. Ces différents taux sont tous plus élevés chez les garçons que chez les filles.

Selon les données statistiques sur l éducation, en 2003 le TBS est de 75,4% au niveau national (91,5% pour les garçons et 58,9% pour les filles) et de 107,7% à N Djamena (119,6% pour les garçons et 95,3% pour les filles). Le TNS est de 59,9% au niveau national (71,1% pour les garçons et 48,5% pour les filles). La différence entre le TNS à l enquête et celui issu des statistiques scolaires serait en partie due aux dénominateurs retenus dans les calculs qui sont différents. L ECOSIT-2 a utilisé l effectif de tous les enfants de 6-11 ans des ménages enquêtés alors que la DAPRO a utilisé l effectif des 6-11 ans estimé grâce aux projections réalisées par la DCAP.

L analyse selon le niveau de vie met en exergue le fait que les Taux Bruts de Scolarisation chez les enfants de 6-11 ans issus des ménages pauvres sont proches de ceux des enfants des ménages non pauvres et ce, quel que soit le sexe. En outre, les Taux Nets de Scolarisation restent toujours plus élevés chez les enfants non pauvres. A l opposé, les Taux de Retard Scolaire des enfants pauvres sont plus élevés que ceux des enfants non pauvres. Autrement dit, les ménages non pauvres sont moins enclins à envoyer leurs enfants tardivement à l école.

Tableau 6-3 : Taux de scolarisation primaire (6-11 ans) selon le niveau de vie et sexe (%)

Type de taux Niveau de vie Ensemble Pauvre Non Pauvre

Mas. Fém. Total Mas. Fém. Total Mas. Fém. Total Taux Brut de Scolarisation (TBS)

85,6 63,0 74,4 83,3 67,5 75,6 84,7 64,8 74,9

Taux Net de Scolarisation (TNS)

42,7 34,9 38,8 48,2 41,3 44,8 44,9 37,4 41,2

Taux de Retard Scolaire (TRS)

42,9 28,1 35,6 35,1 26,2 30,7 39,8 27,4 33,7

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004.

Le Taux Brut de Scolarisation (TBS) est plus élevé au Logone Occidental (124,3%) et plus faible au Ouaddaï (30,5%) (Tableau 6.4). Autrement dit, le TBS est 4,9 fois plus important au Logone Occidental que dans le Ouaddaï. A l exception du Mayo Kebbi, toutes les régions composant la zoné méridionale et la ville de N Djamena, ont des TBS supérieurs à 100%.

Selon le niveau de vie, à l exception du Kanem/Lac et dans une certaine mesure du Chari Baguirmi, partout ailleurs, les TBS sont plus élevés chez les non pauvres que chez les pauvres.

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Comme dans le cas du TBS, les Taux Nets de Scolarisation (TNS) extrêmes sont observés au Logone Occidental (60,2%) et dans le Ouaddaï (18,8%). Comparativement au niveau du TNS observé dans l ensemble du pays (41,2%), les régions qui composent la zone septentrionale ont toutes des taux inférieurs alors que ceux composant la zone méridionale présentent des taux supérieurs.

De manière générale, le niveau de vie semble influencer le niveau du TBS dans les différentes régions. En effet, les enfants issus des ménages non pauvres semblent avoir plus de chance d être envoyés à l école dès qu ils entrent dans la tranche d âges scolaire.

Toutes les régions de la zone septentrionale ayant des TBS faibles concomitamment à des TNS qui leurs sont proches, présentent naturellement des Taux de Retard Scolaire (TRS) faibles (moins de 30%) alors que celles de la zone méridionale ont toutes des TRS supérieurs à 40%. Autrement dit, dans les régions qui composent la zone méridionale, les enfants vont relativement plus à l école et ce, malgré un dépassement de l âge scolaire (6-11 ans).

Le phénomène de retard scolaire touche indistinctement les enfants pauvres et non pauvres.

Tableau 6-4 : Taux de scolarisation du primaire (6-11 ans) par région de résidence selon le niveau de vie (en%)

Région de résidence

Taux brut de scolarisation

Taux Net de scolarisation

Taux de Retard Scolaire au primaire

Pauvre Non pauvre

Ens. Pauvre Non pauvre

Ensemble Pauvre Non pauvre

Ens.

Batha 42,4 57,9 49,9 25,1 33,7 29,3 17,3 24,2 20,7 BET/Biltine 38,2 57,4 46,1 14,7 25,9 19,3 23,5 31,5 26,8 Chari Baguirmi 36,5 35,4 36,1 20,9 22,6 21,6 15,6 12,8 14,5 Guéra/Salamat 61,6 86,1 68,6 32,4 55,4 39,0 29,2

30,7 29,6 Kanem/Lac 39,3 36,9 38,3 22,3 21,0 21,7 17,1 15,9 16,6 Log. Occidental 121,5 129,4 124,3 55,8 68,0 60,2 65,7 61,4 64,1 Log. Oriental 101,9 109,4 104,2 56,7 64,3 59,1 45,2 45,1 45,2 Mayo Kebbi 94,2 98,9 95,3 49,2 61,7 52,1 45,0 37,2 43,2 Moyen Chari 105,3 119,2 108,7 54,3 68,7 57,7 51,1 50,5 50,9 Ouaddaï 24,8 34,3 30,5 14,7 21,6 18,8 10,2 12,7 11,7 Tandjilé 105,9 120,3 111,0 50,2 73,1 58,3 55,7 47,2 52,7 N Djamena 81,9 114,7 106,3 50,2 70,5 65,3 31,6 44,2 41,0 Ensemble 74,4 75,6 74,9 38,8 44,8 41,2 35,6 30,7 33,7

Source : INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004.

6.1.5 Accès à une école primaire la plus proche selon le milieu de résidence

A l enquête, pour appréhender l accès à une école primaire, on demande à chaque ménage quel est le temps moyen (en minutes) de marche qu il faut pour aller à l école primaire publique, privée ou communautaire la plus proche du domicile du ménage.

La réponse est enregistrée en minutes. Il faut préciser que les temps sont estimés par les enquêtés et peuvent ne pas toujours correspondre aux durées réelles. De plus, du fait des difficultés de déplacement (liées à l état des routes) et de la distance à laquelle se situe l école primaire la plus proche, ces durées peuvent varier considérablement. Pour le besoin de l analyse, on regroupe dans ce chapitre les temps en 3 catégories :

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temps court (moins de 30 minutes), temps moyen (30 à 59 minutes) et temps long (60 minutes ou plus).

A cause de la localisation de l essentiel des infrastructures scolaires dans les villes, les ménages des centres urbains semblent être mieux servis en la matière que les autres. Les ménages les plus défavorisés sont ceux du rural septentrional. En effet, les proportions des ménages qui mettent un temps court (moins de 30 minutes) pour atteindre l école primaire la plus proche sont respectivement de 89,2% à N Djamena et 88,1% à Abéché/Moundou/Sarh, 85,5% dans les villes secondaires et 80,6% dans le rural méridional contre 55,6% dans le rural septentrional.

Tableau 6-5 : Structure des ménages par temps mis pour atteindre l'école primaire publique ou privée la plus proche selon le milieu de résidence

Milieu de résidence

Temps mis N'Djaména

Abéché /Moundou/

Sarh Villes

second. Rural

septentrio. Rural

méridional

Ens

Moins de 15 minutes 64,7

59,6

64,1

44,1

63,9

55,0

15 à 29 minutes 24,5

28,5

21,4

11,5

16,6

15,7

30 à 59 minutes 9,8

10,5

8,8

12,6

12,3

11,9

60 à 119 minutes 0,7

1,1

2,8

12,2

5,2

7,6

120 minutes ou plus 0,3

0,3

2,9

19,5

2,0

9,7

Total 100

100

100

100

100

100

Temps moyen (en minutes) 13,0

14,0

23,1

88,5

25,6

52,2

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003-2004

6.1.6 Fréquentation scolaire selon le type d enseignement et pauvreté

Parmi les personnes âgées de 6 ans ou plus et qui fréquentent un établissement scolaire en ce moment, un peu plus de huit sur dix (82,8%) vont à l école primaire, 10,5% vont dans un collège et 6,6% au lycée ou plus.

Si au primaire les pauvres s avèrent plus nombreux, pour les autres types d enseignement, la fréquentation est au profit des non pauvres. La proportion des non pauvres qui fréquentent le lycée ou delà au moment de l enquête est au moins deux fois plus importante que celle des pauvres (10,1% contre 4,7%).

6.1.7 Dépenses d éducation

Saisir la structure des dépenses des ménages revient à étudier la manière dont ils utilisent leurs ressources pour satisfaire leurs besoins de consommation. Ainsi, la dépense moyenne d éducation par ménage est de 6723 FCFA (Tableau 6.6). Selon la

Tableau 6-6 : Structure de la population scolarisée (6 ans et plus) au moment de l enquête selon le niveau de vie

(en %)

Type d enseignement suivi au moment de l enquête

Niveau de vie Ens. Pauvre Non

Pauvre Primaire 87,4 76,7 82,8 Collège 8,6 13,1 10,5 Lycée ou plus 4,7 10,1 6,6 Ensemble 100 100 100

Source : INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

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région de résidence, la dépense moyenne d éducation par ménage est plus importante à N Djamena (37291 FCFA) et dans une certaine mesure au Logone Occidental (9169 FCFA), dans la Tandjilé (8972 FCFA) et au Mayo Kebbi (6258 FCFA). Les dépenses moyennes d éducation par ménage les plus faibles sont observées dans la région du Kanem-Lac (1164 FCFA), le Guera-Salamat (2064 FCFA), le Chari Baguirmi (2111 FCFA) et dans une certaine mesure au Batha (2517 FCFA).

Tableau 6-7 : Dépense moyenne d éducation par ménage selon la région de résidence et les quintiles de bien-être (en FCFA:)

Région de résidence

Quintile de bien-être Ensemble

Plus pauvre Moyen pauvre

Médian Moyen riche

Plus riche

Batha 1 003 1 381 1 389 3 698 3 468 2 517 BET/Biltine 3 059 2 394 2 404 3 438 6 238 3 688 Chari Baguirmi 1 699 1 592 3 028 1 780 2 056 2 111 Guéra/Salamat 3 510 1 296 1 826 1 789 2 332 2 064 Kanem/Lac 1 204 419 1 380 2 162 362 1 164 Logone Occidental 5 252 8 039 6 255 11 083 12 966 9 169 Logone Oriental 3 066 5 045 4 033 3 503 2 051 3 449 Mayo Kebbi 6 014 7 148 3 725 5 935 8 488 6 258 Moyen Chari 3 866 5 783 4 941 4 512 4 713 4 745 Ouaddaï 621 607 1 964 1 479 4 643 2 654 Tandjilé 3 709 5 482 7 548 11 819 13 906 8 972 N Djamena 10 518 16 772 21 967 26 984 47 797 37 291 Ensemble 3 596 4 407 4 203 5 954 12 019 6 723

Source : INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

L analyse selon le niveau de vie révèle que la dépense moyenne d éducation par ménage au niveau national, croît généralement quand on va du premier quintile (3596 FCFA) au quintile le plus riche (12019 FCFA). Ce même constat est fait uniquement pour les ménages du Batha, de la Tandjilé et de N Djamena. Dans les autres régions, le niveau de vie ne semble pas avoir d impact sur les dépenses moyennes d éducation par ménage.

6.1.8 Satisfaction

Le tableau 6.8 présente la structure de la population âgée de 6 ans ou plus ayant été à l école selon le type de problème rencontré durant cette fréquentation scolaire. Dans l ensemble, près de trois personnes sur cinq (58,5%) qui ont été à l école par le passé, ont déclaré n avoir été confrontés à aucun problème. Parmi ceux qui ont eu à faire face à un problème, dans 12,9% des cas, le manque de livres ou de fournitures a été évoqué. Le manque d enseignants est mentionné dans 8,6% des cas ; dans 4,7% des cas, c est la qualité de l enseignement qui est mise en cause ; et dans 3,8% des cas, le mauvais état des établissements a été cité. Un peu plus d une personne sur dix (11,5%) s est confrontée à d autres types de problèmes.

Tableau 6-8 : Structure des personnes par raison de satisfaction selon le niveau de vie (en %)

Raison de satisfaction Niveau de vie Ens.

Pauvre Non Pauvre

Aucun problème/satisfait 56,9 60,4 58,5 Manque de livres/Fournitures 14,0 11,6 12,9 Enseignement médiocre 5,3 4,0 4,7 Manque d enseignants 9,1 8,1 8,6 Etablissement en mauvais état 4,7 2,8 3,8 Autres problèmes 10,0 13,1 11,5 Total 100 100 100

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

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6.1.9 Raisons de non fréquentation scolaire au moment de l enquête

Le tableau 6.9 présente la répartition de la population âgée de 6 ans ou plus ne fréquentant pas un établissement d enseignement au moment de l enquête selon la raison de non fréquentation. Dans l ensemble, la raison la plus souvent évoquée pour l arrêt des études est le fait que la personne qui ne fréquente plus trouvait l école inutile ou sans intérêt de continuer (29,8%). Dans 20,1% des cas, ce sont des raisons financières qui expliquent l abandon de l école car ces enquêtés ne pouvaient pas continuer à payer les frais. Dans 15,9% des cas, l enquêté a déclaré que l école était trop loin et dans 11,0% des cas les mariages ou les grossesses ont été évoqués.

Un fait important à noter, les quatre raisons les plus citées sont dans le même ordre qu il s agisse des pauvres ou des non pauvres. A l exception de l incapacité financière et le motif de travail, les autres raisons ne semblent pas discriminer les pauvres des non pauvres (proportions presque similaires). Les personnes vivant dans des ménages pauvres sont relativement plus nombreuses à évoquer les difficultés financières (23,1% contre 16,5%) alors que celles vivant dans les ménages non pauvres sont relativement plus nombreuses à évoquer le travail comme raison à l origine de la cessation de leur fréquentation scolaire (9,0% contre 4,2%).

L analyse selon la tranche d âge révèle une fois de plus que ce sont toujours les quatre raisons évoquées ci-dessus qui sont les plus citées et ce, dans un ordre qui varie d une tranche d âges à une autre (Tableau 6.10). Ainsi, pour les 6-11 ans tout comme les 12-18 ans ce sont l impossibilité financière (respectivement 36,6% et 26,8%) et l éloignement (respectivement 30,3% et 24,6%) qui sont relativement les plus cités, ils sont suivis de l inutilité de l école (respectivement 14,7% et 24,0%). Il convient de noter au vu de ces données la forte proportion des jeunes qui évoquent l inutilité de l école comme raison de non fréquentation qui, au demeurant, constitue une entrave importante pour le pays dans sa lutte contre l analphabétisme. Chez les 19 ans et plus, supposés être normalement au supérieur, c est l inutilité de l école qui est relativement la plus citée (35,4%) ; elle est suivie des grossesses ou mariages (15,4%) comme étant les raisons à l origine de la non fréquentation de l école au moment de l enquête. L impossibilité financière vient en troisième position (13,8%). La proportion des personnes ayant cité l échec scolaire comme raison de non fréquentation croît avec la tranche d âge (2,7% pour les 6-11 ans du primaire contre 7,5% pour les 19 ans et plus, supposés du supérieur). Ce phenomène met en exergue

Tableau 6-9 : Raison de non fréquentation au moment de l enquête selon le niveau de vie (en %)

Raisons

Niveau de vie Ens. Pauvre Non

Pauvre Impossibilité financière 23,1 16,5 20,1 Trop loin 16,3 15,5 15,9 Grossesse/mariage 10,0 12,2 11,0 Handicap/maladie 2,9 2,7 2,8 Echec scolaire 7,0 5,9 6,5 Non accès aux études supérieures

0,6 1,0 0,8

Inutile/Aucun intérêt 29,4 30,2 29,8 Préférence apprentissage 1,0 1,1 1,1 A terminé ses études 0,4 0,9 0,6 Travail 4,2 9,0 6,4 Autres raisons 5,2 4,9 5,1 Ensemble 100 100 100

Source : INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

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une fois de plus les nombreux cas de déperditions scolaires dans le système éducatif tchadien.

Tableau 6-10 : Structure des personnes ne fréquentant pas l école au moment de l enquête par raison de non fréquentation selon la tranche d âge (en %)

Raisons

Niveau d instruction Ens. 6-11 ans

(Primaire) 12-18 ans

(Secondaire) 19 ans et plus (Supérieur)

Impossibilité financière 36,6 26,8 13,8 20,1 Trop loin 30,3 24,6 9,8 15,9 Grossesse/mariage 0,2 5,7 15,4 11,0 Handicap/maladie 2,0 2,5 3,1 2,8 Echec scolaire 2,7 6,8 7,5 6,5 Non accès aux études supérieures 0,6 1,1 0,7 0,8 Inutile/Aucun intérêt 14,7 24,0 35,4 29,8 Préférence apprentissage 1,0 1,4 1,0 1,1 A terminé ses études 0,6 0,3 0,7 0,6 Travail 0,6 1,8 9,1 6,4 Autres raisons 10,6 4,9 3,6 5,1 Ensemble 100 100 100 100

Source : INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

Les quatre raisons fondamentales citées par les enfants de 6-11 ans sont dans l ordre de l impossibilité financière (36,6%), de l éloignement de l école (30,3%), de son inutilité (14,7%) et d autres raisons (10,6%). Selon le quintile de bien-être (Tableau 6.11), la structure des personnes de 6-11 ans ne fréquentant pas l école primaire révèle que quel que soit le quintile, ce sont une fois de plus les quatre raisons évoquées ci-dessus qui sont les plus citées et ce, dans un ordre qui varie d un quintile à un autre. Toutefois, les personnes des deux premiers quintiles ont relativement plus cité l impossibilité financière (au moins 40%) comme raison de non fréquentation comparativement à ceux des deux derniers quintiles (moins de 33%). Autrement dit, les enfants pauvres sont relativement plus handicapés que les non pauvres par le manque d argent dans le domaine de la fréquentation scolaire. Il faut noter que l éloignement de l école constitue une entrave pour tous les enfants et ce, quel que soit le quintile auquel ils appartiennent. Le manque d intérêt pour l école est un sentiment que tous les enfants ressentent indistinctement de leur niveau de vie (18,8% chez les plus pauvres et 16,9% chez les plus riches).

Les trois principales raisons évoquées par les 12-18 ans (Tableau 6.12) sont l impossibilité financière (26,8%), de l éloignement de l école (24,6%), de son inutilité (24,0%). Parmi les personnes qui citent l inutilité de l école, on rencontre ceux qui ont fini le primaire et qui s estiment suffisamment instruits pour commencer la vie active en exerçant des activités agricoles ou commerciales dans l informel. Le niveau de vie ne semble pas influencer la raison de non fréquentation scolaire dans le secondaire pour les enfants de 12-18 ans.

Tableau 6-11 : : Structure de la population (6-11 ans) ne fréquentant pas l école primaire au moment de l enquête par raison selon les quintiles de bien-être (en %)

Raison de non fréquentation

Quintiles de bien-être Ensemble

Plus pauvre

Moyen pauvre

Médian Moyen riche

Plus riche

Impossibilité financière 45,7 41,5 29,2 32,0 30,4 36,6 Trop loin 16,7 29,3 38,3 34,6 37,8 30,3

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Grossesse/mariage 0,1 0,1 0,7 0,2 0,0 0,2 Handicap/maladie 1,9 3,0 1,7 2,2 0,5 2,0 Echec scolaire 2,9 3,0 4,1 1,5 1,5 2,7 Non accès aux études supérieures

0,7 0,2 1,0 0,9 0,4 0,6

Inutile/Aucun intérêt 18,8 11,7 11,9 14,9 16,9 14,7 Préférence apprentissage 0,2 1,3 1,2 1,7 0,6 1,0 A terminé ses études 0,1 0,3 1,1 1,1 0,4 0,6 Travail 0,9 0,3 0,5 0,7 0,5 0,6 Autres raisons 12,1 9,3 10,4 10,3 11,1 10,6 Ensemble 100 100 100 100 100 100 Source : INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

Tableau 6-12 : Structure de la population (12-18 ans) ne fréquentant pas l école secondaire au moment de l enquête par raison selon les quintiles de bien-être (en %)

Raison de non fréquentation

Quintiles de bien-être Ens. Plus

pauvre Moyen pauvre

Médian Moyen riche

Plus riche

Impossibilité financière 37,1 29,6 22,2 26,0 18,6 26,8 Trop loin 18,1 28,0 29,7 28,0 18,7 24,6 Grossesse/mariage 1,0 3,5 5,3 6,1 12,9 5,7 Handicap/maladie 1,6 3,2 2,7 2,0 3,2 2,5 Echec scolaire 10,8 6,0 7,0 5,7 4,7 6,8 Non accès aux études supérieures 1,0 1,3 0,1 1,4 1,8 1,1 Inutile/Aucun intérêt 23,8 21,6 20,5 23,1 31,4 24,0 Préférence apprentissage 0,4 2,8 2,0 0,6 1,2 1,4 A terminé ses études 0,0 0,5 0,7 0,1 0,0 0,3 Travail 1,4 0,9 2,5 1,8 2,6 1,8 Autres raisons 4,8 2,6 7,3 5,1 5,0 4,9 Ensemble 100 100 100 100 100 100

Source : INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

Tableau 6-13 : Structure de la population (19 ans et plus) ne fréquentant pas le supérieur au moment de l enquête par raison selon le quintile de bien-être (en %)

Raison de non fréquentation

Quintile de bien-être Ensemble

Plus pauvre

Moyen pauvre

Médian Moyen riche

Plus riche

Impossibilité financière 14,7 16,5 13,6 12,1 12,6 13,8 Trop loin 9,0 9,3 11,1 11,5 8,1 9,8 Grossesse/mariage 12,6 15,6 17,9 15,4 15,1 15,4 Handicap/maladie 3,1 3,2 2,9 3,6 2,4 3,1 Echec scolaire 11,2 7,1 6,2 6,5 6,9 7,5 Non accès études supérieures 0,4 0,4 0,7 1,2 0,8 0,7 Inutile/Aucun intérêt 39,8 37,5 34,1 34,3 32,8 35,4 Préférence apprentissage 0,9 1,0 0,8 0,8 1,3 1,0 A terminé ses études 0,4 0,2 0,7 0,7 1,4 0,7 Travail 4,2 6,9 7,8 9,9 15,1 9,1 Autres raisons 3,8 2,4 4,0 4,0 3,6 3,6 Ensemble 100 100 100 100 100 100

Source : INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

Pour les 19 ans et plus, il y a plusieurs raisons qui ont été citées avec d importances variables (Tableau 6.13). Ainsi, la raison la plus évoquée est l inutilité de l école (35,4%), les grossesses ou mariages (15,4%), l impossibilité financière (13,8%), etc. Comparativement aux enfants de 6-11 ans et de 12-18 ans, les personnes âgées de 19 ans et plus évoquent relativement plus les grossesses ou mariages et le travail (9,1%). Etant déjà majeurs, les personnes de cette tranche d âge trouvent normal de mettre un terme à leurs études pour des raisons de procréation, de mariage ou pour embrasser la

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vie active. Par ailleurs, les proportions des personnes qui ont évoqué le travail comme raison de non fréquentation croient régulièrement quand on va du premier quintile (4,2%) vers le quintile le plus élevé (15,1%). De manière générale, pour les personnes de 19 ans ou plus, le niveau de vie ne semble pas être lié à la raison de non fréquentation scolaire dans le supérieur.

6.2 Santé et pauvreté

L état de morbidité au sein d une population ainsi que l accès aux soins médicaux font parties intégrantes des aspects importants du bien-être des populations. C est l une des raisons pour lesquelles les décideurs politiques et les chercheurs en matière de santé s y sont souvent intéressés. Dans cette section, on abordera l état morbide de la population, la fréquentation des services et personnel de santé, le niveau de satisfaction ainsi que les dépenses de santé.

6.2.1 Morbidité de la population

6.2.1.1 Taux de morbidité déclarée

Le taux de morbidité, c est-à-dire la proportion de personnes ayant souffert de maladie ou de blessure au cours des 30 derniers jours ayant précédé l enquête est l indicateur principal. C est ainsi que l ECOSIT-2 a permis d estimer la proportion d individus ayant souffert d une maladie ou d une blessure au cours des 30 derniers jours ayant précédé l interview à 22,4% de la population totale. La proportion des femmes (23,6%) qui ont souffert d une maladie ou d une blessure au cours des 30 derniers jours est légèrement supérieure à celle des hommes (21,3%), et ce quelle que soit la caractéristique de la population.

Selon le milieu de résidence, les personnes vivant dans le rural méridional (26,9 %) sont plus exposées aux maladies que celles vivant dans les autres milieux. Les personnes de sexe féminin tombent relativement plus malades que celles de sexe masculin et ceci quel que soit le milieu de résidence. L analyse par région de résidence montre que les taux de morbidité les plus élevés sont pour l essentiel observés dans le rural méridional du pays (les deux Logones, le Moyen-Chari et la Tandjilé) où les taux sont supérieurs à 25%. Ces taux élevés de morbidité seraient en partie liés à l existence d un climat très humide favorable au développement des maladies telles que le paludisme, la fièvre, la diarrhée, la dysenterie, etc.

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Examinés sous l angle du niveau de vie, les taux les plus faibles sont enregistrés au niveau des individus vivant dans les ménages plus pauvres (moins de 21%) que ceux des ménages jugés relativement aisés (plus de 22%). Ces résultats pourraient traduire une mauvaise perception de l état de santé des personnes vivant dans les ménages les moins nantis qui pourraient considérer certaines maladies comme passagères et sans gravité. Ce phénomène pourrait sous-estimer les cas de maladies déclarées dans cette catégorie de la population.

Graphique 6-1 : Taux de morbidité selon l âge et le sexe

0

0.1

0.2

0.3

0.4

0.5

0-4 '5-9 '10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60 +

Masculin Féminin Total

Les taux de morbidité déclarée selon l âge et le sexe sont illustrés par le graphique 6.1. Ainsi, à l exception des âges extrêmes (avant 10 ans et après 55 ans), ces taux de

Tableau 6-14 : Taux de morbidité déclarée au cours des 30 derniers jours par milieu de

résidence, région de résidence et niveau de vie selon le sexe des malades (en %)

Sexe Ens. Masculin Féminin

Milieu de résidence N'Djaména 15,5 17,6 16,5 Abéché/Moundou/Sarh 20,4 21,2 20,8 Villes secondaires 23,2 26,0 24,6 Rural septentrional 17,5 20,7 19,1 Rural méridional 26,4 27,4 26,9 Région de résidence Batha 16,1 18,1 17,1 BET_Biltine 11,1 17,3 14,3 Chari Baguirmi 21,0 24,4 22,7 Guéra_Salamat 21,4 23,6 22,6 Kanem_Lac 14,3 19,5 17,0 Logone Occidental 30,8 30,4 30,6 Logone Oriental 31,6 33,1 32,4 Mayo Kebbi 19,7 20,8 20,3 Moyen Chari 27,2 28,8 28,0 Ouaddai 18,1 19,4 18,8 Tandjilé 23,9 26,5 25,3 N'Djamena 15,5 17,6 16,5 Niveau de vie Plus pauvre 18,7 21,4 20,1 Moyen pauvre 21,1 21,6 21,3 Médian 22,0 24,5 23,3 Moyen riche 21,7 23,2 22,5 Plus riche 22,7 27,5 25,1 Ensemble pays 21,2 23,6 22,4

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

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morbidité chez les femmes restent toujours supérieurs à ceux des hommes. Cette supériorité des taux féminins aux âges intermédiaires vient corroborer le constat fait précédemment selon lequel la morbidité déclarée est plus importante chez les femmes.

6.2.1.2 Les pathologies les plus fréquentes

Les principales maladies citées par la population portent sur la fièvre et/ou le paludisme (38,8%) et les diarrhées/dysenteries (18,5%). Les autres pathologies citées représentent moins des 43,0% des cas. Les personnes vivant dans les ménages pauvres et non pauvres semblent vivre des situations similaires quant au type de maladies qui les frappent.

6.2.2 Fréquentation des services de santé

6.2.2.1 Personnel consulté

Dans le cadre de la fréquentation des services de santé, on remarque qu au niveau de l ensemble du pays, 90,3% de la population ayant souffert de maladie ou de blessure et ayant été en consultation ont déclaré avoir consulté un personnel du corps médical ou paramédical. Le personnel le plus souvent consulté est constitué des infirmiers, des sages-femmes et des matrones (67,9%) et des médecins et pharmaciens (22,4%). Environ 10% des malades ont recours à des guérisseurs, marabouts et autres tradi-thérapeutes.

Tableau 6-16 : Pourcentage des personnes malades au cours des 30 derniers jours et qui ont été consultées par type de personnel soignant selon le niveau de vie

Personne consultée Niveau de pauvreté

Ensemble Pauvre Non Pauvre Médecin/Pharmacien 19.6 24.9 22.4 Infirmier / IDE / Sage-femme 70.4 65.7 67.9 Guérisseur/ Marabout/Autres 10,0 9.4 9.7 Total 100 100 100

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

Les malades pauvres sont relativement un peu plus nombreux que les non pauvres à se faire consulter par les infirmiers, les Infirmier Diplômés d Etat (IDE) ou les sages femmes (70,4% contre 65,7%). Par contre, les non pauvres sont plus enclins à aller vers les médecins et les pharmaciens (24,9% contre 19,6%).

Tableau 6-15 : Structure des personnes ayant été malades au cours des 30 derniers jours par type de

maladie selon le niveau de vie (en %)

Type maladie/blessure

Niveau de vie Ens. Pauvre Non

Pauvre Fièvre/Paludisme

37.3 40.5 38.8 Diarrhée/Dysenterie 19.4 17.5 18.5 Accident/Blessure 4.1 4.8 4.4 Problème dentaire 3.2 3.1 3.1 Problème de peau 5.1 5.0 5.1 Problème des yeux 6.8 5.6 6.2 Problème d oreille/nez/gorge

4.9 4.7 4.8

Autre 19.3 18.8 19.1 Total 100 100 100

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

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Graphique 6-2 : Répartition (%) des personnes malades selon le type de personnel consulté

Guérisseur/ Marabout/

Autres10%

Infirmier / Sage femme

68%

Médecin/Pharmacien

22%

6.2.2.2 Structure visitée

La majorité des malades ayant consultés déclarent l avoir été dans les structures sanitaires primaires (70,1% dont 43,5% vers le public et 26,6% vers le privé ou le confessionnel). Il y a relativement autant de malades consultés dans les hôpitaux qu à domicile (environ 13%). Peu de malades ont déclaré s être rendus en consultation dans des cliniques (3,0%). Ceci paraît compréhensible dans la mesure où les cliniques sont concentrées à N Djaména qui ne représente que 8% de la population. En plus, elles sont chères et par conséquent inaccessibles au ménages les moins nantis.

L orientation vers les structures sanitaires pour la consultation se fait indépendamment du sexe du malade. L analyse selon le milieu de résidence révèle que les malades ayant déclaré s être rendu en consultation à N Djamena et dans le rural méridional sont relativement plus nombreux à aller respectivement vers les cliniques privées (11,7%) et les centres de santé privés ou confessionnels (40,7%) comparativement aux malades des autres milieux. Cette situation serait due en partie à la disponibilité de ces types de structures dans ces deux milieux (cliniques privées concentrées à N Djamena et centres de santé confessionnels dans le rural méridional). Un peu plus d un malade sur dix (13,3%) du rural méridional déclare avoir consulté quelqu un à domicile. Cette proportion est 1,5 fois plus importante dans le rural septentrional.

Le niveau de bien ne semble pas discriminer de manière significative les malades ayant été en consultation quand il s agit de leur orientation vers les structures sanitaires. Ainsi, quel que soit le quintile de bien être, un peu plus d un malade sur dix ont été consultés à domicile.

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Tableau 6-17 : Structure des malades ayant été en consultation par certaines de leurs caractéristiques selon le type de structure sanitaire visité (en %)

Structure sanitaire

Total

Cen

tre

sant

és

publ

ic

Cen

tre

sant

é pr

ivé

et

conf

es-

sion

nel

Hôp

ital

Clin

ique

Dom

icile

Sexe Masculin 42.9 24.9 14.4 3.5 14.3 100 Féminin 44.1 28.0 13.0 2.5 12.5 100 Milieu de résidence N'Djaména 36,4 17,4 28,5 11,7 6,0 100 Abéché/Moundou/Sarh 44,4 14,2 32,0 3,6 5,8 100 Villes secondaires 51,3 19,1 22,8 2,0 4,7 100 Rural septentrional 52,5 13,5 11,6 2,5 19,8 100 Rural méridional 35,9 40,7 8,2 1,9 13,3 100 Niveau de vie Plus pauvre 36.0 38.3 11.3 1.7 12.7 100 Moyen pauvre 42.8 31.9 8.6 1.9 14.9 100 Médian 49.1 21.6 15.6 3.7 10.1 100 Moyen riche 46.1 23.1 14.4 2.3 14.2 100 Plus riche 42.6 22.2 16.4 4.5 14.3 100 Ensemble 43.5 26.6 13.7 3.0 13.4 100

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

Graphique 6-3: Répartition des personnes malades selon l endroit de la consultation (en %)

Centre santé privé et confessionnel

27%

Clinique3%

Domicile13%

Centre santés public

43%

Hôpital14%

6.2.2.3 Niveau de satisfaction ou non des prestations

La satisfaction des prestations fournies a été renseignée au cours de cette enquête. Dans l ensemble près de trois malades sur cinq (59,0 %) déclarent avoir été satisfaits des prestations des services de santé rendues. Sous l angle du niveau de vie du ménage, les patients vivant dans les ménages relativement aisés sont le plus souvent satisfaits (61,0%) des prestations offertes que ceux vivant dans les ménages pauvres (57,0 %).

L observation faite par milieu de résidence, montre que les personnes les plus satisfaites sont celles qui résident à N Djamena (62,0%) et celles du rural méridional (63,0 %) et les non pauvres semblent être plus satisfaites que les pauvres. En effet,

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quel que soit le milieu de résidence, sauf à Abéché/Moundou/Sarh, la proportion des personnes non pauvres malades et satisfaites est supérieure à celle des personnes pauvres malades. Ce résultat est vraisemblable car les non pauvres ont les moyens de se rendre dans les structures sanitaires plus indiquées (hôpital et clinique) pour se soigner alors que les pauvres auront tendance à aller dans les structures primaires.

Selon les régions, les proportions de personnes satisfaites les plus faibles sont observées dans le Ouaddaï (44%) et dans le BET/Biltine (48,0%). Dans les autres régions, au moins la moitié des malades sont satisfaits du service rendu (proportion supérieure à 50,0%).

En ce qui concerne les personnes non satisfaites, les raisons évoquées sont assez diversifiées et les plus fréquentes sont les coûts de prestations (39,0%) et le temps d attente assez long lors des consultations (28,0%). Un autre résultat aussi important est l inefficacité des traitements qui est citée par 17,0% des patients non satisfaits.

Graphique 6-4: Répartition des personnes non satisfaites de leurs consultations par type de problèmes rencontrés

:

Attente trop longue28%

Trop cher39%

Traitements inefficaces

17%

Autre2%

Manque de personnel formé

3%

Médicaments non disponible

9%

Etablissement pas propre

2%

Tableau 6-18 : Proportions des personnes satisfaites de leurs consultations par milieu et région de résidence selon le niveau de vie

Niveau de vie Ensemble Pauvre Non

pauvre Milieu de résidence N'Djaména 0,62 0,63 0,62 Abéché/Moundou/Sarh 0,55 0,46 0,48 Villes secondaires 0,53 0,56 0,54 Rural septentrional 0,53 0,58 0,56 Rural méridional 0,59 0,67 0,63 Région de résidence Batha 0,60 0,73 0,69 BET/Biltine 0,36 0,52 0,48 Chari Baguirmi 0,61 0,68 0,65 Guera/Salamat 0,52 0,55 0,53 Kanem/Lac 0,57 0,56 0,56 Logone Occidental 0,59 0,57 0,58 Logone Oriental 0,64 0,71 0,68 Mayo Kebbi 0,61 0,56 0,59 Moyen Chari 0,54 0,65 0,59 Ouaddaï 0,39 0,46 0,44 Tandjilé 0,53 0,59 0,56 N'Djamena 0,62 0,63 0,62 Ensemble 0,57 0,61 0,59

Source : INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

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6.2.2.4 Itinéraires thérapeutiques des malades

Dans l ensemble, les malades effectuent en moyenne deux consultations pour la maladie déclarée (Tableau 6.18). Le milieu de résidence ne semble pas être un élément de différentiation quand il s agit du nombre de consultations effectuées pour la même maladie. Selon la région de résidence, le nombre moyen de consultations effectuées est plus élevé chez les malades du Lac-Kanem (3 consultations en moyenne). De manière générale, le niveau de vie ne semble pas conférer une particularité quand on considère le nombre de consultations.

6.2.2.5 Les raisons de non consultation

Dans l ensemble, la raison la plus souvent évoquée pour justifier la non consultation est le manque d argent (47,1%). Dans 18,9% des cas, les malades ont déclaré qu ils se sont simplement contentés de l auto traitement et dans 18,1% des cas ils l expliquent par l éloignement ou l inaccessibilité des structures sanitaires (Tableau 6.20).

Le sexe ne semble pas être lié à la raison de non consultation. Du point de vue du milieu de résidence, le manque d argent a été évoqué relativement plus que les autres raisons partout. L éloignement de structures sanitaires pour justifier la non consultation est plus évoqué dans le rural septentrional que dans les autres milieux de résidence ; par contre l auto traitement est moins évoqué dans ce milieu que les autres.

Par rapport à la région de résidence, dans le Mayo Kébbi, le Logone Occidental et dans une moindre mesure le Moyen Chari, le manque d argent est plus évoqué par les malades comme raison de non consultation. Dans le Ouaddaï, le BET/Biltine et le Kanem/Lac, la raison de non consultation plus fréquemment déclarée par les malades est l éloignement des structures sanitaires. L auto traitement est beaucoup plus pratiqué dans les régions du Logone Oriental, le Moyen Chari, le Logone Occidental et de même dans la Tandjilé.

Tableau 6-19 : Nombre moyen de consultations effectuées par les malades, par milieu et région de résidence selon le niveau de vie

Niveau de vie Ensemble Pauvre Non

pauvre Milieu de résidence N'Djaména 2,2 2,2 2,2 Abéché/Moundou/Sarh 2,1 1,9 2,0 Villes secondaires 2,0 2,1 2,0 Rural septentrional 2,3 2,4 2,3 Rural méridional 1,9 1,9 1,9 Région de résidence Batha 2,3 2,4 2,4 BET/Biltine 2,2 2,3 2,2 Chari Baguirmi 1,5 2,2 1,9 Guera/Salamat 2,5 2,7 2,6 Kanem/Lac 2,9 3,4 3,2 Logone Occidental 1,6 1,8 1,7 Logone Oriental 1,7 1,5 1,6 Mayo Kebbi 1,9 1,7 1,8 Moyen Chari 2,4 2,3 2,3 Ouaddaï 2,5 1,9 2,0 Tandjilé 1,8 1,9 1,9 N'Djamena 2,2 2,2 2,2 Ensemble 2.0 2.1 2.1

Source : INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

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Tableau 6-20 : Structure des malades n ayant pas été en consultation selon certaines de leurs caractéristiques et les raisons avancés (en %)

Raison de non consultation

Total

Man

que

arge

nt

Elo

igne

men

t

Man

que

serv

ice

et m

oyen

tr

ansp

ort

Acc

ueil

et

qual

ité s

oin

méd

iocr

e

Pas

gra

vité

de

la

mal

adie

Aut

o tr

aite

men

t

Aut

re

Sexe Masculin 45,0 18,6 2,0 2,6 10,0 20,2 1,6 100 Féminin 48,8 17,6 2,7 2,4 9,2 17,8 1,4 100 Milieu de résidence N'Djaména 48,4 4,8 0,9 1,1 20,7 21,6 2,4 100 Abéché/Moundou/Sarh 43,9 1,3 1,0 1,7 14,1 36,5 1,3 100 Villes secondaires 42,0 5,7 1,0 9,9 14,3 26,7 0,4 100 Rural septentrional 35,8 36,2 5,0 2,7 10,9 7,5 1,8 100 Rural méridional 57,9 6,0 0,5 1,1 6,7 26,4 1,4 100 Région de résidence Batha 30,2 33,4 2,5 7,8 9,6 15,4 1,0 100 BET Biltine 26,4 42,7 22,8 5,1 2,1 0,1 0,9 100 Chari Baguirmi 42,5 28,2 3,2 1,3 16,5 5,6 2,6 100 Guéra_Salamat 42,3 21,0 3,7 1,6 9,5 19,8 2,1 100 Kanem_Lac 37,2 40,5 3,9 2,9 10,7 4,3 0,5 100 Logone Occidental 62,2 5,4 0,2 1,5 3,5 26,7 0,6 100 Logone Oriental 51,9 1,9 0,7 1,0 6,3 38,0 0,3 100 Mayo kebbi 67,6 7,2 0,6 0,7 6,8 15,2 1,9 100 Moyen Chari 52,4 3,6 0,6 2,2 11,0 28,9 1,2 100 Ouaddai 27,5 44,2 3,9 7,2 9,0 6,3 1,9 100 Tandjilé 47,0 13,7 0,4 1,9 10,3 23,9 2,9 100 N'Djamena 48,4 4,8 0,9 1,1 20,7 21,6 2,4 100 Niveau de vie Plus pauvre 55,7 12,0 0,8 1,6 9,6 18,5 1,8 100 Moyen pauvre 49,3 17,9 2,1 1,5 8,7 19,3 1,2 100 Médian 47,4 21,0 2,7 2,5 8,4 16,7 1,3 100 Moyen riche 42,8 21,9 3,4 3,5 10,6 15,8 2,1 100 Plus riche 39,2 17,0 2,9 3,6 11,0 25,0 1,3 100 Ensemble 47,1 18,1 2,4 2,5 9,6 18,9 1,5 100

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

L analyse selon le niveau de vie corrobore le fait que ce sont toujours les quatre raisons évoquées ci-dessus qui sont les plus citées et quasiment dans le même ordre d importance et ce, quel que soit le quintile de bien être. Le manque d argent est plus évoqué par les plus pauvres (55,7%). Cette raison est de moins en moins citée sur l échelle de bien-être, 39,2% des cas chez les plus riches. Si les plus riches évoquent moins le problème d argent comme raison de non consultation, ils citent relativement plus l auto traitement comme raison plus que les autres catégories de pauvres.

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76

6.2.3 Accès aux services et dépenses de santé des ménages

6.2.3.1 Existence des structures sanitaires

La fréquentation des structures sanitaires peut dépendre, entre autres, de l accessibilité (en termes de distance et de temps d accès15). Cet indicateur est mesuré ici par la distance qui sépare les ménages des formations sanitaires.

La distance moyenne qui sépare les ménages d une structure sanitaire est de 14 kilomètres au niveau national (Tableau 6.21). Elle est courte dans les villes (au plus 3 Km) mais au moins 5 fois plus importante en milieu rural (18 km dans le rural septentrional et 16 km dans le rural méridional).

Un ménage est considéré comme ayant accès à une structure sanitaire, en termes de distance, s il se trouve à une distance d au plus 5 km de celle-ci. On remarque qu environ 36,5 % des ménages sont proches des services de santé à moins de 6 km. En dehors des personnes vivant dans les centres urbains (N Djamena et Abéché/Moundou/Sarh) où environ 90,0% sont à moins de 6 km des formations sanitaires (distance moyenne inférieure à 3 km), dans tout le reste du pays, cette distance moyenne est supérieure à 15 km.

Tableau 6-21 : Structure (en %) des ménages par milieu de résidence selon la distance (en km) qui les sépare des structures sanitaires

distance

Dis

tanc

e m

oyen

-ne

en

km

Sur

plac

e

1 à

5 km

6 à

10 k

m

11 à

20

km

21 à

30

km

31 à

60

km

61 k

m e

t pl

us

Tot

al

Milieu de résidence

N Djamena 19.5 69.5 9.7 1.1 0.2 0.0 0.0 100 2.5 Abéché/Moundou/Sarh 9.9 80.7 7.7 0.3 1.0 0.2 0.1 100 2.9 Villes secondaires 24,7 49,5 2,2 13,5 3,9 4,6 1,5 100 7,6 Rural septentrional 8,9 13,8 13 31,7 17,1 12,9 2,6 100 18,5 Rural Méridional 5 14,9 22,5 28,4 14,6 14,2 0,3 100 16,8 Ensemble 10.1 26.4 15.3 24.0 12.3 10.7 1.2 100 14.4

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

La distance moyenne qui sépare les ménages d un centre de santé tant public que privé/ confessionnel est de l ordre de 10 kilomètres (Tableau 6.22). Elle est deux fois plus importante pour un ménage pour accéder à un hôpital (24 km). Du point de vue de milieu de résidence, la distance moyenne pour atteindre un type de structure sanitaire reste faible dans les villes (au plus 5 Km) mais plus élevée en milieu rural (au moins 10 km) et ce, quel que soit le type de structure sanitaire.

15 Les données sur le temps de l ECOSIT-2 sont difficilement exploitables.

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Tableau 6-22 Distance moyenne (en km) séparant les ménages de structures sanitaires par milieu de résidence selon le type structure sanitaire existant dans l entourage

Structure sanitaire

Ensemble CS public CS privé/ ONG/confessionnel

Hôpital

Milieu de résidence N Djamena 1.7 1.9 4.1 2.5 Abéché/Moundou/Sarh 2.1 5.0 2.4 2.9 Villes secondaires 3,7 8,7 17,2 7,6 Rural septentrional 13,1 16,5 29,4 18,5 Rural Méridional 12,3 11,8 29,5 16,8 Ensemble 10.3 10.5 24.1 14.4

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

6.2.3.2 Dépenses de santé des ménages

Globalement, les dépenses de santé représentent 4,5% du total des dépenses (Tableau 6.23). Elles viennent en cinquième position après les dépenses d alimentation (61,7%), de logement, eau et électricité (7,3%), d habillement et chaussures (7,0%) et d ameublement et d hygiène (6,1%). Cette part est relativement un peu plus importante à N Djamena (6,6%) et dans Abéché/Moundou/Sarh (5,3%). En milieu rural, cette part tourne autour de 4,0%. Les dépenses de santé semblent être moins importantes dans les villes secondaires que dans le milieu rural.

Tableau 6-23: Structure des dépenses par poste selon le milieu de résidence

Milieu de résidence

Poste de dépense N'Djaména

Abéché/

Moundou /Sarh

Villes secondaires

Rural septentrional

Rural méridional

Ens.

Alimentation 47,0 52,5 58,5 67,7 63,1 61,7Boissons alcoolisées et tabacs 2,7 3,0 3,7 1,1 8,0 3,7Habillement et chaussures 9,3 7,7 7,8 6,9 5,6 7,0Logement, Eau et électricité 7,9 9,8 11,7 6,2 6,6 7,3Ameublement et hygiène 6,1 6,1 5,4 7,0 5,2 6,1Santé

6,6 5,3 3,6 4,0 4,5 4,5Transport 6,8 3,3 1,9 1,8 1,7 2,5Communication 0,6 0,8 0,2 0,0 0,0 0,1Loisirs 1,6 1,7 0,6 0,4 0,2 0,6Education 2,2 1,6 0,8 0,2 0,6 0,7Hôtels et restaurants 4,5 4,9 3,2 1,9 2,4 2,7Autres dépenses 4,6 3,4 2,7 3,0 2,2 3,0

Total 100 100 100 100 100 100

Source: INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

La dépense moyenne de santé par ménage est de 42580 FCFA (Tableau 6.24). L analyse selon le niveau de vie révèle que les ménages non pauvres ont une dépense moyenne de santé plus importante que les ménages pauvres (59965 FCFA contre 22040 FCFA). En outre, quel que soit la région de résidence, la dépense moyenne de santé reste toujours plus élevée chez les non pauvres que chez les pauvres. Le niveau de vie semble être lié au montant de la dépense moyenne de santé.

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Tableau 6-24 : Structure des dépenses moyenne de santé des ménage par région de résidence selon le niveau de vie

Région de résidence

Niveau de vie

Ensemble

(a)

Dépense moyenne

totale (b)

Rapport santé / dépense

totale (a) / (b) (%) Pauvre

Non

pauvre Batha 15 790

50 041

35 342

1.054.427

3.4

BET/Biltine 10 501

35 172

23 591

1.129.288

2.1

Chari Baguirmi 24 874

55 500

43 088

1.089.239

4.0

Guera/Salamat 20 016

40 294

29 568

784.010

3.8

Kanem/Lac 20 050

29 789

25 244

845.091

3.0

Log Occidental 38 806

57 471

48 687

1.199.008

4.1

Logone Oriental 19 946

63 758

39 268

839.843

4.7

Mayo Kebbi 16 859

32 255

22 676

867.145

2.6

Moyen Chari 19 152

55 443

34 339

802.686

4.3

Ouaddaï 21 866

61 314

50 569

1.167.620

4.3

Tandjilé 30 285

66 430

48 078

1.060.462

4.5

N'Djamena 46 540

126 891

113 370

1.713.349

6.6

Ensemble 22 040

59 965

42 580

1.027.996

4.5

Source : INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

Selon la région de résidence, la dépense moyenne de santé par ménage est plus importante à N Djamena (113370 FCFA) et dans une certaine mesure au Ouaddaï (50569 FCFA), au Logone Occidental (48687 FCFA) et dans la Tandjilé (48078 FCFA). Les dépenses moyennes de santé par ménage les plus faibles sont observées dans le Mayo Kebbi (22676 FCFA), au BET-Biltine (23591 FCFA) et dans une certaine mesure au Kanem-Lac (25244 FCFA).

Tableau 6-25 : Structure des dépenses moyenne de santé par ménage par région de résidence selon les quintiles de bien-être

Région de résidence

Quintiles de bien-être

Ensemble Plus

pauvre Moyen pauvre

Médian Moyen riche

Plus riche

Batha 11 229

15 824

17 582

26 330

73 672

35 342

BET/Biltine 10 685

8 277

12 316

28 075

46 261

23 591

Chari Baguirmi 21 901

22 165

27 379

34 250

74 506

43 088

Guéra/Salamat 15 510

24 207

23 244

34 177

48 950

29 568

Kanem/Lac 12 931

30 302

19 211

29 692

33 165

25 244

Logone Occidental

21 895

40 448

46 107

46 312

71 777

48 687

Logone Oriental 15 444

24 637

24 050

49 396

79 339

39 268

Mayo Kebbi 14 858

17 844

18 217

22 475

43 992

22 676

Moyen Chari 14 522

23 475

22 907

33 978

76 758

34 339

Ouaddaï 21 855

21 391

23 905

42 964

79 814

50 569

Tandjilé 16 227

29 643

45 714

65 460

70 917

48 078

N Djamena 22 904

33 499

60 447

64 556

155 651

113 370

Ensemble 15 723

23 643

26 678

40 086

80 519

42 580

Source : INSEED, ECOSIT.2, 2003/2004

L analyse selon le niveau de vie (Tableau 6.25) révèle que la dépense moyenne de santé par ménage au niveau national, croît généralement quand on va du premier

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quintile (15 723 FCFA) au quintile le plus riche (80 519 FCFA). Le même constat est fait pour les ménages de N Djamena et ceux des régions composant la zone méridionale à l exception du Logone Oriental et du Moyen-Chari. On observe également une situation analogue mais uniquement pour les ménages du Batha et du Chari Baguirmi en ce qui concerne les régions qui composent la zone septentrionale.

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Chapitre 7 : Activités de la population et pauvreté

L ECOSIT-2 a permis de cerner les activités économiques de la population âgée de 10 ans et plus. Les questions posées concernent la situation actuelle dans l activité et le statut dans la profession. Le sous-emploi, le chômage, le travail domestique et les travaux d intérêt communautaires ont été également abordés. L essentiel des informations recueillies par l ECOSIT-2 sur l activité de la population porte sur la situation actuelle. Les variables d analyse sont notamment le taux global d activité, le taux de pluriactivité, le rapport de dépendance économique, le sous emploi et le chômage.

7.1 Activité économique

Les activités économiques saisies par ECOSIT-2 sont les suivantes: les activités rémunérées en espèce, en nature ou encore les activités réalisées dans une entreprise familiale ou dans le cadre de l apprentissage d un métier même si elles ne sont pas rémunérées. En somme, une activité qui procure un revenu que celui-ci appartienne à celui qui réalise l activité ou pas. L âge d entrée en activité a été fixé à 10 ans. La population potentiellement active est constituée par l ensemble des individus en âge de travailler (personnes âgées de 10 ans ou plus) au moment de l enquête. Cette population représente 62,4% de la population totale estimée à l ECOSIT-2. Cependant, pour cerner le travail des enfants, la tranche d âges comprise entre 6 et 10 ans a été aussi utilisée.

La population en âge de travailler comprend la population habituellement active dont les actifs occupés et les chômeurs, et la population habituellement inactive qui prend en compte les élèves et étudiants, les femmes au foyer, les retraités, les rentiers, les handicapés, les malades, les mendiants, les personnes qui ne cherchent pas du tout de travail, entre autres.

Dans l ensemble du pays, l enquête a estimé la population en âge de travailler à 4.718.218 personnes dont 44,8% habituellement actifs (actifs occupés et chômeurs) et 55,2 % d inactifs. Les données du tableau 7.1 montrent que les pauvres sont habituellement moins actifs (42,8%) que les non pauvres (47,2%). Par voie de conséquence, les pauvres demeurent relativement plus inactifs que les non pauvres.

7.1.1 Taux d activité

Pour la population active occupée, l analyse a concerné plus l activité principale qui se définit par l occupation pour laquelle l actif a consacré le plus de temps au cours de

Tableau 7-1 : Structure de la population en âge de travailler selon le niveau de vie

(%)

Niveau de vie

Situation dans l'activité

Non pauvre

Pauvre

Ensemble

Actif occupé 37,5 32,3 34,7Chômeur* 9,7 10,5 10,1Inactif 52,8 57,2 55,2

Total 100 100 100Les 10,1% de chômeurs ne sont pas constitué uniquement par ceux ayant perdu leur premier emploi.

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

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la période de référence. Les variables d analyse retenues sont : la profession, la branche d activité, le statut dans l emploi, le temps alloué, etc.

Le tableau 7.2 présente les taux d activité de la population par catégorie socioéconomique du chef de ménage. Il ressort globalement de ce Tableau que dans les ménages dont le chef est un salarié ou un chômeur, les taux d activité sont faibles. Par contre, dans les ménages dirigés par des indépendants et particulièrement des indépendants agricoles, ceux-ci sont plus élevés (54,7%). De même, on peut noter que dans les ménages dirigés par les hommes, la population semble intensément plus occupée que celle des ménages dirigés par les femmes et ceci quelle que soit la catégorie socioéconomique du chef.

L analyse de la population et de 10 ans et plus sur le plan de l activité indique que 44,8% des tchadiens actifs sont occupés. La répartition de ceux-ci par milieu de résidence (Tableau 7.3) montre qu ils sont plus actifs en milieu rural qu en milieu urbain (N Djaména, Abéché, Moundou et Sarh et villes secondaires). En outre, on note que les taux d activité sont plus élevés dans les ménages non pauvres que dans ceux qui sont pauvres et ce quel soit le milieu de résidence. Plus particulièrement près d un non pauvre sur deux (49,9%) dans le milieu rural septentrional est un actif occupé et plus d un non pauvre sur deux (52,2%) l est dans le rural méridional.

L analyse de la pluriactivité, définie donc comme étant le fait d occuper plus d un emploi dans la période de référence, montre qu elle paraît une stratégie de survie de la population. Le tableau 7.4 ci-dessous montre que la pluriactivité est plus accentuée en milieu rural et dans les villes secondaires que dans la capitale et les trois principales villes. En effet, 10% au moins des actifs occupés en milieu rural et dans les villes secondaires ont au moins une activité secondaire tandis qu à N Djaména et Abéché/Moundou/Sarh cette proportion n atteint guère les 4%.

Tableau 7-2 : Taux d'activité par catégorie socioéconomique du chef de ménage selon le sexe (en %)

Sexe

Masculin

Féminin

Ensemble

Catégorie socio économique

Indépendant non agricole 56,5 36,6 46,0Indépendant agricole 63,7 46,6 54,7Salarié du public 47,4 22,1 34,8Salarié du privé 58,7 23,6 41,9Autres catégories 69,6 32,0 51,9Chômeurs et inactifs 35,4 21,9 28,2

Toute catégorie 54,2 36,5 44,8Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Tableau 7-3 : Taux d'activité par milieu de résidence selon le niveau de vie (%)

Niveau de vie

Milieu de résidence Non pauvre

Pauvre Ensemble

N'Djaména

37,7

29,9 36,2Abéché/Moundou/Sarh 35,9

27,7 33,1Villes secondaires 41,8

37,9 40,0Rural septentrional 49,9

45,4 47,7Rural méridional 52,2

42,9 45,8Ensemble 47,2

42,8 44,8Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

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Tableau 7-4 : Taux de pluriactivité par milieu de résidence selon le sexe et le niveau de vie

Sexe Niveau de vie

Masculin Féminin Non pauvre Pauvre Ensemble

Milieu de résidence

N'Djaména 3,3 2,8 2,9 4,8 3,2Abéché/Moundou/Sarh 4,4 2,3 3,7 3,8 3,7Villes secondaires 11,0 11,4 13,9 7,9 11,2Rural septentrional 9,7 11,1 10,0 10,7 10,3Rural méridional 12,8 12,2 12,8 12,4 12,5

Ensemble 10,3 11,2 10,3 11,2 10,7Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Il ressort des données que ni le sexe, ni le niveau de vie n ont d effets sur la recherche d un second emploi. En effet, la pluriactivité semble être liée plutôt au milieu de résidence. Le constat que l on peut faire est que dans le milieu rural, la principale activité de la population est l agriculture qui n occupe les actifs qu à une période donnée de l année ; raison pour laquelle la population est plus disposée à exercer une autre activité pendant le reste du temps.

La structure de la population active occupée par secteur d activité (Tableau 7.5) indique que 77,1% des actifs occupés exercent dans le secteur primaire. Selon le niveau de vie, l on dira que les pauvres ont tendance à travailler plus dans le secteur primaire que les non pauvres dont une bonne partie exerce dans le tertiaire (commerce et services). Le sexe ne semble pas être lié au secteur d activité sauf dans le cadre des services.

Tableau 7-5 : Structure de la population active occupée par secteur d'activité selon le sexe et le niveau de vie (en %)

Sexe Niveau de vie Secteur d'activité Masculin Féminin Non pauvre Pauvre Ensemble Secteur primaire 75,6 79,2 69,6 84,7 77,1Secteur de transformation

7,7 9,7 9,8 7,2 8,5Commerce 6,9 6,5 10,1 3,4 6,8Services 9,7 4,5 10,4 4,6 7,5

Ensemble 100 100 100 100 100Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Le tableau 7.6 montre que la structure des actifs occupés varie énormément selon le milieu de résidence. Dans la capitale et les trois principales villes, ce sont les activités du tertiaire (commerce et services) qui prédominent alors qu en milieu rural, c est dans le secteur primaire qu exerce la quasi-totalité des actifs occupés (au moins 84%). Les villes secondaires sont à cheval entre le milieu rural et la capitale et les trois principales villes. D une manière générale, on constate que les activités de transformations et celles du tertiaire occupent plus les actifs en milieu urbain qu en milieu rural. Par contre, ce sont les activités agro-sylvo-pastorales qui occupent plus les actifs en milieu rural. Cette situation atteste la concentration des unités de transformation et du secteur tertiaire dans le milieu urbain.

L analyse selon la région de résidence fait ressortir que dans pratiquement toutes les régions, le secteur primaire est plus développé que les autres sauf à N Djamena où la proportion des travailleurs du secteur primaire indique plutôt le contraire. Dans les régions du Batha, du Lac-Kanem, du Moyen Chari et du Mayo Kebbi, le secteur de

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transformation semble être relativement plus développé que dans les autres régions. Les services sont relativement développés dans le BET/Biltine, le Kanem/Lac et le Mayo Kebbi.

Tableau 7-6 : Structure de la population active occupée par milieu et région de résidence selon le secteur d'activité (en %)

Secteur d'activité

Secteur primaire

Secteur de transformation

Commerce

Services Total

Milieu de résidence

N'Djaména

1,9 19,2 36,8 42,0 100Abéché/Moundou/Sarh 14,9 23,5 33,2 28,4 100Villes secondaires 56,6 13,7 14,3 15,3 100Rural septentrional 84,7 7,8 3,9 3,6 100Rural méridional 89,0 5,9 2,0 3,1 100Région

Batha 63,9 20,0 10,4 5,7 100BET/Biltine 78,6 4,2 6,9 10,2 100Chari Baguirmi 86,1 7,0 4,8 2,1 100Guera/Salamat 88,0 6,6 2,4 3,0 100Kanem/Lac 75,8 9,9 3,9 10,4 100Logone Occidental 83,7 5,1 5,1 6,1 100Logone Oriental 91,0 4,4 2,7 1,9 100Mayo Kebbi 66,8 12,7 7,5 12,9 100Moyen Chari 78,2 10,9 5,1 5,8 100Ouaddaï 85,4 4,6 4,3 5,7 100Tandjilé 87,4 4,2 3,8 4,6 100N'Djamena

1,9 19,2 36,9 42,0 100

Ensemble 77,1 8,5 6,8 7,5 100Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

7.2 Rapport de Dépendance Economique

Le second indicateur qui permet d évaluer le niveau de l activité économique de la population est le Rapport de Dépendance Economique (RDE). Cet indicateur exprime la charge économique des actifs occupés, c est à dire le nombre d individus supporté par un actif occupé. Dans le cadre de l ECOSIT 2, est considéré comme inactif tout membre du ménage âgé de 10 ans et plus qui n a pas exercé une activité économique au cours de la période de référence de l enquête. A cette population inactive âgée de 10 ans et plus s ajoutent les enfants de moins de 10 ans qui sont classés d office parmi les inactifs.

D après les résultats de l enquête, le rapport de dépendance économique tel que consigné dans Le tableau 7.7 est de 2,3. Autrement dit, un tchadien actif occupé supporte 2,3 personnes, en plus de lui même. Selon le niveau de vie, les actifs occupés pauvres supportent plus de personnes que les non pauvres et ce, quel que soit le milieu de résidence. En plus, les pauvres du milieu urbain supportent davantage de personnes que ceux du milieu rural. Selon le sexe, les actifs occupés des ménages dirigés par des hommes ont plus de charge que ceux qui sont dans des ménages dirigés par des femmes (2,5 contre 1,5). Aussi, selon le niveau de vie, les charges deviennent plus importantes pour les actifs occupés des ménages pauvres dirigés par les hommes que ceux dirigés par des femmes (3 contre 1,7).

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L analyse par catégorie socioéconomique du chef de ménage montre que les actifs occupés des ménages dirigés par des salariés du public ou par des chômeurs et des inactifs ont relativement plus de charges que les autres. Du point de vue de la catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage, les résultats montrent que les ménages dirigés par les cadres, les patrons ou les chômeurs ont plus de charges que les autres. Le constat général que l on peut faire est qu il s agisse du milieu de résidence, du sexe, de la catégorie socioéconomique ou de la catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage, les ménages pauvres ont plus de charges que les non pauvres.

Graphique 7-1 : Rapport de dépendance économique

par milieu de résidence selon le niveau de vie

2.6

2.7

2.2

1.8

1.5

3.8

6.6

3.1

2.8

2.6

0 1 2 3 4 5 6 7

N'Djamena

Abeché MoundouSarh

Villes secondaires

Rural septentrional

Rural Méridional

Pauvre

Non Pauvre

7.3 Emploi, sous-emploi et chômage

7.3.1 Emploi principal

L occupation principale est celle pour laquelle, l actif a consacré le plus de temps au cours de la période de référence. Il s agit d analyser l emploi sous l angle du temps

Tableau 7-7 : Rapport de Dépendance Economique selon le niveau de vie

Niveau de vie

Non

pauvre Pauvre Ensemble

Milieu de résidence

N'Djaména

2,6 3,8

2,8

Abéché/Moundou/Sarh 2,7 4,8

3,2

Villes secondaires 2,2 3,1

2,5

Rural septentrional 1,8 2,8

2,2

Rural méridional 1,5 2,6

2,2Sexe du chef de ménage

Masculin 2,0 3,0

2,5Féminin 1,4 1,7

1,5Catégorie socio économique du chef de ménage

Indépendant non agricole 2,4 3,3

2,6Indépendant agricole 1,5 2,5

2,0Salarié du public 3,4 4,1

3,5Salarié du privé 2,3 4,5

2,7Autres catégories 2,0 2,8

2,3Chômeurs et inactifs 3,2 4,4

3,7Catégorie socio professionnelle du chef de ménage

Cadres 3,7 4,5

3,9Employés/ouvriers 2,2 4,4

2,7Patron 3,0 3,0

3,0Propre Compte 1,7 2,6

2,1Aut. catég. travailleurs 1,8 2,3

2,0Chômeurs et inactifs 3,2 4,4

3,7

Ensemble 1,9 2,8

2,3Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

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alloué à l activité principale et de la rémunération. Le temps alloué est mesuré par la durée moyenne et la durée médiane par rapport à l occupation actuelle.

Les données du tableau 7.8 indiquent que la durée moyenne de travail pour les actifs occupés est de 13,9 ans et la durée médiane est de 10 ans. Selon le milieu de résidence, le tableau montre que la durée moyenne à l emploi augmente lorsqu on part de la capitale (8,9 ans) vers le milieu rural (au moins 14 ans) en passant par les trois principales villes (10,4 ans) et les villes secondaires (13,3 ans). Il faut noter que la caractéristique des villes secondaire est proche de celle du milieu rural que du milieu urbain. Ce constat peut s expliquer par le fait que dans les centres urbains, les opportunités d emploi sont nombreuses si bien que les travailleurs peuvent changer d emploi au cours de leur vie active. A l opposé, en milieu rural, l emploi agricole qui est l activité principale de la population a un caractère définitif et reste traditionnel pour celui qui l exerce.

Selon la région de résidence, les régions de N Djaména et du BET/Biltine se caractérisent par des durées moyennes courtes par rapport aux autres. A l opposé, le Batha, le Guéra/Salamat et dans une certaine mesure le Mayo Kebbi se distinguent par des durées moyennes longues. La variable sexe montre que les hommes ont une durée moyenne relativement plus longue dans leur emploi que les femmes.

L analyse selon la catégorie socioprofessionnelle révèle que les travailleurs à leur propre compte ont une durée moyenne plus longue comparativement aux autres.

La durée moyenne analysée selon l employeur principal (Tableau 7.9), montre que les indépendants changent très peu de métier (durée moyenne 17,3 ans) tandis que les entreprises associatives ou les ONG locales emploient du personnel à durée trop courte (durée moyenne 4 ans).

Tableau 7-8 : Ancienneté dans l'emploi par milieu de résidence, région, sexe et catégorie

socioprofessionnelle

Ancienneté dans l'emploi (nombre d'années)

Durée moyenne

Durée médiane

Milieu de résidence

N'Djaména

8,9 5,8Abéché/Moundou/Sarh 10,4 6,5Villes secondaires 13,3 9,8Rural septentrional 14,7 10,5Rural méridional 14,2 10,8Région

Batha 17,5 15,1BET/Biltine 8,2 4,3Chari Baguirmi 14,5 10,1Guera/Salamat 17,1 12,4Kanem/Lac 12,4 7,9Logone Occidental 15,1 12,7Logone Oriental 13,3 8,9Mayo Kebbi 16,0 12,8Moyen Chari 12,7 9,8Ouaddaï 13,3 9,8Tandjilé 13,3 8,9N'Djamena

8,9 5,8Sexe

Masculin 14,7 11,2Féminin 12,8 8,8Catégorie socioprofessionnelle

Cadres 11,7 9,3Employés/ouvriers 8,3 4,9Patron 11,9 10,0Propre Compte 17,4 14,8Autres catégories de travailleurs 8,7 5,1

Ensemble 13,9 10,0

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

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Tableau 7-9 : Ancienneté dans l'emploi par employeur principal

Ancienneté dans l'emploi (nombre d années)

Employeur principal Durée moyenne Durée médiane

Indépendant 17,3 14,7Un ménage 8,9 5,1Entreprise privée 7,0 4,1Entreprise pub./Para pub. 10,1 4,7Administration 11,8 9,1Entreprise Associative, coopérative/ONG nationale 4,0 2,9Organisme Internationale/ ONG internationale 10,5 8,2Autre 7,3 4,4

Ensemble 13,9 10,0Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

7.3.2 Salarisation de l occupation

La salarisation est mesurée par le taux des actifs qui ont déclaré être occupés et qui disent qu ils sont salariés. C est à dire qu ils ont été payés sous une forme quelconque pour l activité qu ils ont menée. Il convient de noter que les actifs occupés tels que les patrons, les travailleurs à leur propre compte, les apprentis ou les aides familiaux ne sont pas comptés comme des salariés.

Les résultats de l analyse du tableau 7.10 révèlent que l occupation de la population n est pas très salariée. En effet, le tableau 7.2, plus haut, indique que le taux global d activité est de 44,8% cependant le taux de salarisation des actifs occupés n est que de 7,3% soit moins d un actif occupé sur dix qui est salarié. Le constat est plus accentué lorsque l on observe les actifs occupés selon le niveau de vie : 3,1% des occupations des pauvres sont rémunérées contre 11,4% des non pauvres.

Selon le milieu de résidence, on constate que les occupations rurales sont très peu rémunérées comparativement à celles des centres urbains. En effet, les occupations à N Djaména sont rémunérées à hauteur de 55,5%, celles d Abéché, de Moundou et de Sarh le sont à hauteur de 31,4% et celles des villes secondaires à hauteur de 14,1% tandis que celles des deux milieux ruraux (septentrional et méridional) réunis ne le sont qu à hauteur de 3%.

Tableau 7-10 : Taux de salarisation selon le niveau de vie

Niveau de vie

Non pauvre

Pauvre

Ens. Milieu de résidence

N'Djaména

56,4

50,1 55,5Abéché/Moundou/Sarh 31,2

31,5 31,3Villes secondaires 20,7

6,2 14,1Rural septentrional 2,2

1,2 1,8Rural méridional 3,0

1,5 2,0Région

Batha 6,9

2,5 4,8BET/Biltine 13,9

5,1 11,0Chari Baguirmi 1,7

1,2 1,5Guera/Salamat 5,8

0,9 3,1Kanem/Lac 2,4

4,2 3,0Logone Occidental 9,5

4,0 6,7Logone Oriental 4,5

0,3 2,0Mayo Kebbi 13,4

4,8 7,7Moyen Chari 8,6

2,8 5,0Ouaddaï 2,0

0,8 1,7Tandjilé 8,5

1,9 4,4N'Djamena

56,4

50,1 55,5Sexe

Masculin 16,1

5,0 11,0Féminin 3,7

0,9 2,2Ensemble 11,4

3,1 7,3

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

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Si l on considère le découpage du pays en ces 12 régions ci-dessous, seulement trois régions sur les douze à savoir N Djaména (55,5%), le BET/Biltine (11,0%) et le Mayo Kebbi (7,7%) ont un taux de salarisation au dessus de la moyenne. Les taux les plus bas sont observés dans le Chari Baguirmi (1,5%), le Ouaddaï (1,7%) et le Logone oriental (2%). Selon le niveau de vie, les pauvres occupés du Logone Oriental, du Ouaddaï et du Guéra/Salamat sont les moins nantis en emploi rémunéré. Ils n atteignent même pas 1% des travailleurs occupés dans ces régions.

Lorsqu on considère le sexe, la proportion des femmes occupées et rémunérées est plus faible (2,2%) que celle des hommes (11%). Cet écart est plus élevé si l on fait l analyse par niveau de vie. En effet, les occupations des femmes non pauvres sont rémunérées à hauteur de 3,7% alors que celles des hommes le sont à hauteur de 16,1% soit un écart de 12,4 points.

7.3.3 Sous emploi

L étude du sous-emploi permet de savoir si la capacité de travail de chaque actif est pleinement utilisée. On parle de sous-emploi lorsque l emploi est insuffisant par rapport à des normes ou à des alternatives déterminées. Dans le cadre de l ECOSIT-2, l étude s est limitée au sous-emploi visible. Cette forme de sous-emploi concerne les personnes occupant un emploi dont la durée du travail est inférieure à la norme. De plus, l analyse porte sur les actifs occupés qui travaillent pour une entreprise privée, une administration, un organisme ou une ONG, qui sont salariés et qui sont payés au mois ou à la quinzaine.

Pour les actifs occupés répondant aux critères ci-dessus énumérés, l enquête montre (Tableau 7.11) que 25,7% travaillent 5 jours par semaine et 50,0% travaillent 6 jours. Si l indicateur de sous emploi utilisé est le nombre de jours travaillés dans la semaine (5 jours dans la semaine comme norme), alors tous ceux qui travaillent moins de 5 jours sont dans la situation de sous emploi et ils représentent 10,5% soit un peu plus d un travailleur sur dix est sous employé dans le cadre de son activité principale.

Si l indicateur est le nombre d heures de travail par jour (8 heures par jour), alors les données montrent que 42,7% des actifs occupés (proportion de tous ceux qui travaillent moins de 8 heures par jour ) sont dans la situation de sous emploi.

Tableau 7-11 : Structure de l emploi par nombre de jours travaillés la semaine

dernière et nombre d'heures travaillées par jour selon le niveau de vie

Niveau de vie

Non pauvre Pauvre Ensemble

Nombre de jours de travail

1 0,7 0,0 0,62 3,7 1,7 3,33 3,6 3,8 3,74 3,7 0,1 3,05 27,3 19,7 25,76 47,5 59,4 50,07 13,4 15,3 13,8

Nombre d'heures de travail

1 0,3 0,0 0,22 0,9 2,2 1,23 2,2 2,3 2,24 3,5 2,5 3,35 14,6 21,2 16,06 7,1 9,7 7,67 11,8 13,6 12,28 35,8 29,8 34,69 4,8 1,9 4,2

10 10,5 8,4 10,111 0,5 0,3 0,512 8,0 8,2 8,0

Total 100 100 100

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

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Selon le niveau de vie, les non pauvres sont relativement plus en situation de sous emploi (11,8% travaillent moins de 5 jours) que les pauvres (5,6%). En corollaire, les pauvres ont tendance à travailler davantage pour gagner leur vie que les non pauvres. En effet, 59,4% des pauvres travaillent 6 jours dans la semaine et 15,3% travaillent 7 jours sur 7 alors que 47,5% des non pauvres travaillent 6 jours et 13,4% travaillent 7 jours sur 7.

Selon le sexe, le tableau 7.12 indique que le sous emploi touche pratiquement autant les hommes (9,9%) que les femmes (14,4%). Cependant, les hommes travaillent plus de jours dans la semaine que les femmes. En effet, la proportion des hommes qui travaillent 6 ou 7 jours dans la semaine est de 65,4% alors que cette proportion n est que de 52 % chez les femmes.

L analyse selon l employeur principal (Tableau 7.13) révèle des situations contrastées. Le sous emploi, en termes de nombre de jours de travail, est plus observé dans les entreprises associatives ou coopératives (29,6% des travailleurs exercent moins de 5 jours par semaine). Viennent ensuite les entreprises parapubliques (19,1%) et les entreprises purement privées (9,8%). Dans l administration, cette forme de sous emploi est de l ordre 6,2%. La proportion des travailleurs de l administration qui travaillent 6 jours dans la semaine qui est de 52,4% est due probablement aux enseignants qui enseignent même le samedi et qui représentent une proportion importante des travailleurs.

En termes de nombre d heures de travail par jour, les employeurs principaux sont classés de la manière suivante: dans les entreprises associatives ou coopératives nationales, 63,3% des travailleurs travaillent moins de 8 heures par jour ; 52,2% de ceux de l administration publique, et, 33,9% de ceux des entreprises parapubliques sont dans la même situation. Dans les entreprises purement privées, cette proportion de travailleurs est de 28,2%.

Tableau 7-12 : Structure de l emploi par

nombre de jours de travail la semaine dernière et nombre d'heures de travail

par jour selon le sexe

Sexe

Masculin

Féminin

Ensemble

Nombre de jours de travail

1 0,6 0,0 0,6 2 3,0 5,3 3,3 3 3,9 1,8 3,7 4 2,4 7,3 3,0 5 24,6 33,6 25,7 6 50,4 46,5 50,0 7 15,0 5,5 13,8

Nombre d'heures de travail

1 0,1 1,1 0,2 2 1,3 0,2 1,2 3 2,2 2,2 2,2 4 2,3 10,5 3,3 5 15,9 16,2 16,0 6 7,7 7,3 7,6 7 12,7 8,7 12,2 8 33,0 45,5 34,6 9 4,4 2,8 4,2

10 11,3 1,7 10,1 11 0,5 0,5 12 8,6 3,9 8,0

Total 100,0 100,0

100,0

Source: INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

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Tableau 7-13 : Structure de l emploi par nombre de jours de travail la semaine dernière et nombre d'heures de travail par jour selon l'employeur principal

Employeur principal

Ent

repr

ise

priv

ée

Ent

repr

ise

publ

ique

/Par

a pu

b.

Adm

inis

trat

ion

Ent

repr

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Ass

ocia

tive,

co

opér

ativ

e/O

NG

nat

iona

le

Org

anis

me

Inte

rnat

iona

le/

ON

G

inte

rnat

iona

le

Aut

re

Ens

embl

e

Nombre de jours de travail

1 0,3 0,2 0,9 0,0 0,0 0,0 0,62 3,5 1,7 1,7 7,1 0,0 23,0 3,33 4,3 12,1 1,3 7,0 0,0 5,5 3,74 1,7 5,2 2,3 15,5 0,0 0,9 3,0

Moins de 5 jours

9,8 19,1 6,2 29,6 0,0 29,4 10,55 12,7 36,1 34,7 16,3 22,0 7,6 25,76 50,9 36,6 52,4 31,8 78,0 61,4 50,07 26,5 8,2 6,6 22,3 0,0 1,6 13,8

Nombre d'heures de travail

1 0,1 0,0 0,1 0,0 13,4 0,0 0,22 0,6 3,5 1,1 0,0 0,0 4,2 1,23 1,4 4,3 2,4 0,0 0,0 5,6 2,24 1,2 0,5 4,0 12,3 0,0 7,3 3,35 6,0 5,7 24,6 25,2 0,0 1,8 16,06 9,7 2,0 8,7 1,7 0,0 0,0 7,67 9,2 17,8 11,4 24,4 4,7 20,6 12,2

Moins de 8 heures 28,2 33,9 52,2 63,6 18,1 39,5 42,7

8 27,0 46,7 39,6 11,7 58,5 31,2 34,69 3,7 4,5 4,0 4,7 8,8 8,5 4,2

10 21,1 7,2 2,9 8,4 14,6 17,6 10,111 0,9 1,7 0,1 0,0 0,0 0,0 0,512 19,1 6,1 1,2 11,7 0,0 3,2 8,0

Total 100 100 100 100 100 100 100

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

L observation qu on peut faire du sous emploi dans l administration publique d après la déclaration des enquêtés est qu effectivement les fonctionnaires se rendent normalement à leur lieu de travail (ceux travaillant en moins de 5 jours ne représentent que 6,2%) cependant plus de la moitié (52,2%) ne reste pas au bureau jusqu à la fin de l heure. Ceci entraînerait des durées trop longues pour traiter les dossiers et par conséquent réduit le rendement dans l administration publique.

L analyse du sous emploi, à la fois, par le nombre de jours de travail dans la semaine et le nombre d heures de travail par jour, montre que 5,8% des travailleurs (bande en rouge) sont dans une situation de sous emploi « total » (Tableau 7.14) en fixant à 5 jours par semaine et à 8 heures par jour de travail normal. Il noter tout de même que 16,8% (bande en bleu) des travailleurs font des heures supplémentaires dans l exercice de leur activité.

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Tableau 7-14 : Structure de l'emploi par nombre d'heures de travail selon le nombre de jours de travail dans la semaine

Nombre de jours de travail la semaine dernière

1 2 3 4 5 6 7 Total

Nombre d'heures de travail par jour

1 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,2 0,0 0,2 2 0,0 0,5 0,3 0,1 0,0 0,3 0,0 1,2 3 0,0 0,0 0,4 0,1 0,4 1,2 0,1 2,2 4 0,0 0,1 0,2 0,0 1,4 1,3 0,2 3,3 5 0,1 0,0 0,3 0,6 3,2 11,0 0,7 16,0 6 0,0 0,2 0,6 0,9 0,9 4,4 0,7 7,6 7 0,0 0,4 0,5 0,4 2,4 7,8 0,6 12,2 8 0,1 0,8 0,2 0,6 14,3 14,8 3,7 34,6 9 0,0 0,4 0,3 0,0 1,1 1,8 0,7 4,2

10 0,4 0,6 0,5 0,2 1,5 4,2 2,7 10,1 11 0,0 0,1 0,0 0,0 0,1 0,0 0,2 0,5 12 0,0 0,0 0,3 0,1 0,4 3,0 4,2 8,0

Total 0,6 3,3 3,7 3,0 25,7 50,0 13,8 100

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

7.3.4 Chômage

7.3.4.1 Taux de chômage

Le Chômeur est défini comme toute personne active qui n a pas travaillé au cours des 7 derniers jours et qui a cherché un emploi au cours des quatre dernières semaines ayant précédé l enquête et qui est disponible à travailler immédiatement. Outre les informations sur les actifs occupés, l ECOSIT-2 a fourni également les informations nécessaires sur le chômage et la recherche de l emploi sur le marché.

Les résultats du tableau 7.15 indiquent que 22,6 % de la population active de 10 ans et plus sont en situation de chômage. Le chômage touche plus les pauvres (24,5 %) que les non pauvres (20,5%).

Selon le milieu de résidence, il apparaît que le rural septentrional est marqué par un taux de chômage particulièrement élevé (32%) que les autres milieux de résidence. Ce taux

Tableau 7-15 : Taux de chômage par milieu de résidence, sexe et diplôme obtenu selon le niveau de

vie Niveau de vie

Non pauvre

Pauvre Ensemble

Milieu de résidence N'Djaména

22,6 30,6 23,9Abéché/Moundou/Sarh 17,6 27,8 20,4Villes secondaires 17,8 12,1 15,3Rural septentrional 26,3 38,5 32,0Rural méridional 10,5 13,9 12,7Sexe Masculin 18,3 24,5 21,2Féminin 24,0 24,6 24,3Diplôme le plus élevé obtenu

Jamais fréquenté 22,7 26,0 24,4Sans diplôme 16,5 22,8 20,1CEPE 14,6 15,6 15,0BEPC 17,9 14,4 16,8Bac 15,3 24,6 16,3Diplôme universitaire. 4,8 0,0 4,5Ensemble 20,5 24,5 22,6

Source, INSEED, ECOSIT2,2003/2004

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est probablement imputable au poids des femmes au foyer de ce milieu. Hors mis le rural septentrional, la capitale N Djaména semble avoir un taux de chômage élevé (23,9%). L observation du chômage selon le niveau de vie révèle que, sauf dans les villes secondaires, les taux de chômage sont plus élevés chez les pauvres que les non pauvres.

Le chômage est par ailleurs lié au niveau de scolarisation des individus. En effet, il touche plus les actifs n ayant jamais fréquenté (24,4%) et ceux qui n ont pas eu de diplôme pendant leur formation (20,1%). Les actifs ayant obtenu le CEPE, le BEPC ou le BAC semblent être moins vulnérables au chômage. Le moindre risque de ne pas sombrer dans le chômage revient aux actifs détenteurs de diplômes universitaires dont le taux de chômage est le plus faible (4,5%).

La caractéristique principale que l on peut retenir de l analyse du chômage est que quels que soient le milieu de résidence, le sexe des individus ou le diplôme obtenu, les pauvres sont plus enclins à être au chômage que les non pauvres.

Graphique 7-2 : Taux de chômage par milieu de résidence selon le niveau de vie

22.6

17.6

17.8

26.3

10.5

30.6

27.8

12.1

38.5

13.9

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

N'Djamena

Abeché_Mdou_Sarh

Villes secondaires

Rural septentrional

Rural Méridional

Pauvre

Non Pauvre Pourcentage des chomeurs

Au cours de l enquête, des questions ont été posées aux chômeurs sur le type d emploi qu ils recherchaient. Les résultats permettent de constater que la majorité des chômeurs (81,4%) cherchent n importe quel travail (Tableau 7.16). Seul près d un chômeur sur dix (9,7%) cherche à être un indépendant. Ceux qui cherchent à être salariés ne représentent que 7,1%. Cette situation peut s expliquer d une part par le fait que les opportunités d emplois salariés sont rares aussi bien à la Fonction Publique que dans le privé et d autre part, les chômeurs sont dans la plupart des cas sans diplôme ou des détenteurs de diplômes ne leur permettant pas la recherche d un emploi qualifié. A cela, il faut ajouter un changement de mentalité des chercheurs d emplois de nos jours orienté vers le secteur informel ou privé plus promoteur. Selon le milieu de résidence, certes, la proportion des chômeurs qui cherchent n importe quel travail est élevée par tout mais on constate que la proportion de ceux qui cherchent à être des indépendants est relativement élevés en milieu urbain qu en milieu rural.

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Tableau 7-16 : Structure des chômeurs par milieu de résidence selon l'emploi recherché (%)

Emploi recherché

Salarié public

Salarié privé

N'importe lequel Indépendant

Autre

Total

Milieu de résidence N'Djaména

4,8 8,4 69,3 16,5 1,0

100

Abéché/Moundou/Sarh 3,3 18,8 66,6 10,7 0,6

100Villes secondaires 5,7 6,4 74,1 13,8 0,0

100Rural septentrional 2,8 2,2 85,0 9,1 0,9

100Rural méridional 5,2 3,4 78,3 7,8 5,2

100Ensemble 3,6 3,5 81,4 9,7 1,7

100

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Les données du tableau 7.17 indiquent que 73,5% des chômeurs n ont jamais fréquenté et 20,4% n ont obtenu aucun diplôme. L autre constat que l on peut faire à partir des données est que parmi les chômeurs qui cherchent un emploi salarié, plus de 50% n ont jamais fréquenté. En effet, 57,5% de ceux qui préfèrent la fonction publique n ont jamais fréquenté. Cette proportion est de 55% pour ceux qui cherchent à aller dans le privé. Ces chiffres traduisent l état d esprit des populations des anciennes colonies francophones d Afrique noire où le marché de travail est dominé par l administration publique à tel point que même sans formation préalable, on espère y accéder.

Tableau 7-17 : Structure des chômeurs par diplôme obtenu selon l'emploi recherché (%)

Emploi recherché

Salarié public

Salarié privé

N'importe lequel Indépendant

Autre

Ensemble Milieu de résidence Jamais fréquenté 57,5 55,0 74,8

75,8 71,6 73,5Sans diplôme 24,4 20,9 20,3

19,4 25,1 20,4CEPE 5,6 9,4 3,0

4,4 2,9 3,4BEPC 8,4 8,8 1,5

0,4 0,4 1,9Bac 3,5 4,7 0,5

0,0 0,0 0,7Diplôme universitaire. 0,5 1,2 0,0

0,0 0,0 0,1Total 100 100 100

100 100 100

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

7.3.4.2 Raison de non recherche de l emploi

L enquête a collecté aussi des informations sur les raisons évoquées par les populations actives qui n ont pas cherché d emploi. Les résultats du tableau 7.18 indiquent que trois chômeurs sur dix (30%) souhaitent avoir une formation supplémentaire ou terminer leurs études avant de chercher du travail tandis qu environ un quart (24,6%) ne cherche pas de l emploi du fait qu il doit s occuper de la maison et 17,4% estiment qu ils sont trop jeunes ou trop vieux pour travailler. Celles qui pensent simplement qu il n y a pas d emploi pour eux représentent 8,3%.

Selon le niveau de vie, les pauvres et les non pauvres ont pratiquement les mêmes raisons de non recherche de l emploi.

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Tableau 7-18 : Structure de la population active non occupée par raison de non recherche de l'emploi selon le niveau de vie

Niveau de vie

Raison de non recherche du travail

Non pauvre

Pauvre

Ensemble

Pas d'emploi 7,1 9,3 8,3Pas de qualification 3,2 4,2 3,8Ne sait pas chercher

1,9 1,4 1,6Etait malade/Invalide 2,2 2,7 2,5S'occuper de la maison 28,0 21,8 24,6Attente réponse 0,2 0,1 0,1Pas envie de travailler 4,8 5,8 5,3Terminer Etudes 29,1 30,8 30,0Trop Jeune/Trop Vieux 17,0 17,6 17,4Autre 6,6 6,2 6,4Total 100 100 100Source, INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Selon le sexe, la préoccupation majeure des femmes est de s occuper de la maison (39,6%) tandis chez les hommes, la raison première est le souci de terminer les études (47,5%). Il faut noter par ailleurs que parmi les hommes, beaucoup plus estiment simplement qu il n y a pas d emplois pour eux (11,4%) que parmi les femmes (6,3%).

7.3.5 Le travail des enfants

L enquête a saisi l occupation de tous les membres du ménage âgés de 6 ans et plus. La tranche d âges de 10 ans et plus a fait l objet de l analyse approfondie dans ce chapitre. En effet, le travail des enfants constitue une grande préoccupation nationale. Pour cette raison, à partir des informations recueillies au moment de l opération, l ECOSIT 2 tente de cerner le travail des enfants de 6 à 10 ans16. L enquête a estimé la population de 6 à 10 ans à 1 096 616 personnes dont 43 595 ont déclaré être

16 Précisément, il s agit des enfants de 6 à 9 ans révolus. Pour les besoins de langage on parlera communément de 6 à 10 ans.

Tableau 7-19 : Structure de la population active non occupée par raison de non recherche de l'emploi selon

le sexe

Sexe Raison de non recherche du travail Masculin

Féminin Ensemble Pas d'emploi 11,4 6,3 8,3Pas de qualification 4,2 3,5 3,8Ne sait pas chercher

1,8 1,5 1,6Etait malade/Invalide 2,5 2,5 2,5S'occuper de la maison 1,8 39,6 24,6Attente réponse 0,1 0,1 0,1Pas envie de travailler 3,6 6,5 5,3Terminer Etudes 47,5 18,6 30,0Trop Jeune/Trop Vieux 20,5 15,3 17,4Autre 6,6 6,2 6,4

Total 100 100 100

Source, INSEED, ECOSIT2,2003/2004

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occupés au moment de l enquête. Les variables d analyse retenues sont le taux global d activité, l employeur principal, le secteur d activité et la rémunération.

7.3.5.1 Taux d activité des enfants de 6 à 10 ans

Le tableau 7.20 donne le taux d activité des enfants par milieu de résidence selon le sexe. Au niveau national, 4,5% des enfants de 6 à 10 ans sont en activité. Selon le sexe, les garçons sont relativement plus occupés (5,2%) que les filles (3,8%). Les données révèlent en plus que le travail des enfants est un phénomène rural et est plus marqué dans le rural septentrional (7%) qu en zone méridionale (3%).

Quelques caractéristiques socioéconomiques des chefs de ménage sont analysées en rapport à l utilisation de leurs enfants. Le Tableau 7.21 présente le taux d activité des enfants par niveau d instruction, catégorie socioéconomique et catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage.

Selon le niveau d instruction du chef de ménage, on s aperçoit que les ménages dirigés par des chefs qui n ont fréquenté que l école coranique ont tendance à utiliser davantage les enfants (7,3% de taux d activité), suivi de ceux dont le chef est sans instruction (5%). De plus, les ménages dirigés dont le chef qui n a fréquenté que l école coranique utilisent relativement plus les filles (7,9%) que les garçons (6,6%). Par contre ceux dont le chef a un niveau de l enseignement supérieur n utilisent pas du tout les enfants.

En ce qui concerne la catégorie socioéconomique du chef de ménage, le constat est que les ménages d indépendants agricoles ont tendance à utiliser des enfants dans leur activité

Tableau 7-20 : Taux d'activité des enfants de 6 à 10 ans par milieu de résidence selon le sexe de

l enfant

Sexe

Milieu de résidence Masculin

Féminin

Ensemble

N'Djaména

0,5 0,0 0,2

Abéché/Moundou/Sarh 0,0 0,7 0,4

Villes secondaires 2,0 1,8 1,9

Rural septentrional 7,8 6,1 7,0

Rural méridional 3,7 2,3 3,0

Ensemble 5,2 3,8 4,5

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Tableau 7-21 : Taux d'activité des enfants de 6 à 10 ans par caractéristiques socioéconomiques du chef

de ménage selon le sexe de l'enfant Sexe

Masculin

Féminin Ensemble Niveau d'instruction du chef de ménage

Sans instruction 5,9 4,2 5,0

Ecole coranique 6,6 7,9 7,3

Primaire 4,5 2,7 3,6

Secondaire 0,5 0,4 0,4

Supérieur 0,0 0,0 0,0

Catégorie socioéconomique du chef de ménage

Indépendant non agricole 2,4 0,1 1,2

Indépendant agricole 7,8 6,5 7,2

Salarié du public 1,9 0,0 1,0

Salarié du privé 3,8 0,9 2,2

Autres catégories 0,8 4,7 3,1

Chômeurs/ inactifs 1,8 0,5 1,1

Catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage

Cadres 0,0 0,0 0,0

Employés/ouvriers 4,6 0,7 2,6

Patron 4,6 0,0 2,3

Propre Compte 7,1 5,7 6,4

Autres catégories de travailleurs 1,0 4,9 3,4

Chômeurs/ inactifs 1,8 0,5 1,1

Ensemble 5,2 3,8 4,5

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

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(7,2% de taux d activité) et ce autant des filles (6,5%) que de garçons (7,8%). Le niveau d éducation supérieur étant en forte corrélation avec la catégorie socioprofessionnelle, on constate que les cadres n utilisent non plus les enfants dans les activités. Du point de vue de la catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage, les ménages dont les chefs sont installés à leur propre compte occupent plus les enfants que les autres (6,4%).

7.3.5.2 Employeurs principaux des enfants de 6 à 10 ans

A l ECOSIT 2, les employeurs des actifs occupés ont été classés en 8 groupes. Il y a les indépendants, les ménages, les entreprises privées, les entreprises publiques ou parapubliques, les administrations, les entreprises associatives/Coopératives/ONGs nationales, les organismes et ONGs internationaux, et les autres employeurs non cités ici.

Il ressort du tableau 7.22 que les employeurs des enfants sont essentiellement les ménages. En effet, parmi les 100 enfants de 6 à 10 ans occupés, 95,6 sont occupés dans les ménages. Les filles sont relativement un peu plus utilisées (97,2%) que les garçons (94,2%). Les quelques rares indépendants qui occupent les enfants, utilisent en particulier les garçons.

7.3.5.3 Secteur d activité et rémunération des enfants de 6 à 10 ans

La quasi totalité des enfants occupés travaillent dans le secteur primaire (93,2%). Les services utilisent 4% de ces enfants. Les garçons exercent essentiellement dans le secteur primaire alors que les filles apportent aussi un appui non négligeable dans les services (7,7%).

En ce qui concerne la rémunération des enfants occupés, 86,3 % ne sont pas rémunérés tandis que 11,8% le sont en nature

Tableau 7-24 : Structure des enfants de 6 à 10 ans occupés par mode de rémunération selon le sexe

Sexe

Tableau 7-22 : Structure des enfants de 6 à 10 ans occupés par employeur principal selon le sexe de l enfant

Sexe Employeur principal Masculin Féminin Ensemble Indépendant 1,4 0,7 1,1 Ménage 94,2 97,2 95,6 Autre 4,3 2,1 3,3

Total 100,o 100,0 100,0

Source

: INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

Tableau 7-23 : Répartition des enfants de 6 à 10 ans occupés par secteur d'activité selon le sexe de l'enfant

Sexe Secteur d'activité Masculin

Féminin Ens. Secteur primaire 95,3 90,6 93,2Secteur transformation 1,8 1,8 1,8Commerce 1,7 0,0 0,9Services 1,1 7,7 4,0Total 100 100 100

Source: INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

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Forme de rémunération Masculin Féminin Ensemble Au mois 0,5 0,0 0,3

Quinzaine 0,0 1,3 0,6

Semaine 0,0 0,5 0,2

Fonction du Bénéfice 1,4 0,0 0,8

Nature seulement

13,1 10,2 11,8

Pas rémunéré 85,0 88,0 86,3

Total 100 100 100

Source : INSEED, ECOSIT2, 2003/2004

En guise de conclusion sur le travail des enfants, qu il s agisse du milieu de résidence, des caractéristiques socioéconomiques du chef de ménage ou de l employeur principal, toutes ces variables concordent à dire que les enfants sont utilisés dans les exploitations agro-pastorales dans la plupart des cas et les autres sont employés pour les travaux domestiques. Ces enfants sont essentiellement des aides familiaux.

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BIBLIOGRAPHIE

Approche économique de lutte contre la pauvreté Coordonnée par : Sylvain La rivière et Frédéric Martin ; Actes de la conférence tenue les 27, 28 et 29 août 97 à l Université Laval, Quebec, Canada ;

Concepts, mesures et analyse de la pauvreté en Afrique. Prof : Jean Pierre La chaud ; Atelier régional sur « l utilisation des données sociales en politiques de lutte contre la pauvreté » ; Cameroun 9-14 novembre 1998 ;

Cameroun : un profil de pauvreté ; André Ngassam (DSCN, Yaoundé) et François Roubeau (DIAL, Paris), juin 1994 ;

Profil de pauvreté au Burkina Faso. 1ère édition ; Ougadougou Février 1996 ;

Document technique de la Banque Mondiale n° 371. Série de la Région Afrique « Analyse d une répartition du niveau de vie » ; B.Essama

Nssah ;

Profil de pauvre au Tchad-Note conceptuelle. Mission d appui à la tabulation

des données de l ECOSIT2, 10 au 30 avril 2006. Abdou Abdallah,

Consultant ;

Enquête sur la Consommation et le Secteur Informel au Tchad (ECOSIT1),

1995/96 ;

Enquête Démographique et de Santé au Tchad (EDST1);

Enquête sénégalaise auprès des ménages (ESAM-II), juillet 2004 ;

Enquête intégrée de base pour l évaluation de la pauvreté (EIBEP) 2002-

2003 ; Guinée Conakry ;

Ministère de l Education Nationale, Données statistiques sur l éducation.

Année scolaire 2000/2001, N Djaména octobre 2003 ;

Bureau Central du Recensement (BCR), 1995, Population Active.

Recensement Général de la Population et de l Habitat d avril 1993,

N Djamena ;

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LISTE DU PERSONNEL DE L ECOSIT2

1. Administration

Directeur National : Ousman Abdoulaye Haggar, Directeur Général de l Institut National de la Statistique des Etudes Economiques et Démographiques.

Coordonnateur : Adoumbé Maoura, Chef de département des statistiques sociales, de suivi des conditions de vie des ménages et de la pauvreté.

2. Personnel auxiliaire

Miambé Joseph Assistant de gestion Mme Mbaïnelde Lonodjigoto Secrétaire Ngomban Bediman Franklin Planton Hassan Krouma Gardien

3. Personnel de terrain

Superviseurs et chauffeurs

N° Nom Du Superviseur Nom Du Chauffeur Zone de Supervision

1 Ahmed Adoum Almougadam Brahim Mahamat

Sila/Ouaddaï/Abéché Urbain

2 Assem Gadebe / Mbaïnele Nekomel

Adoum Abderamane Bourma Kanem/Barh El Gazal

3 Dingam-Madji Ngakoutou. Bourma Assilec Guéra

4 Donanti Tialta Ath Matieu

Lac Iro/Barh Kôh/Sarh Urbain

5 Gague Ngangtar Ali Moustapha Batha

6 Karyodingao D. Bani Moussa Djimet

Tandjilé/Logone Occidental/Moundou Urbain

7 Kem-Allahte Julien Adoum Ali Hissein Lac/Hadjer-Lamis

8 Mbainelde Nekomeel/ Aboud Tahir

Hassane Ousman Assongha/Biltine

9 Nodjimadji Tolbe Mahamat Dougous Baguirmi/Dababa

10 Nouba Hoguena N./ Assem Ngadebe

Abdelmoumine Salamat

11 Riradjim Madnodji / Dossol B. Docteur

Nagouroum Remi Mandoul/Monts de Lam/Logone Oriental

12 Tanal Ngoidy Abakar Djibrine

Mayo Boneye/Mayo Dallah/Kabbia

13 Tchobkreo Bag. Taha Daoud Ville de N'Djaména 14 Tone Eugene Mahamat Abakar B.E.T

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4. Personnel de traitement Informaticiens

Lotodigaougoto Raoul Informaticien responsable Tadai Portoloum Assistant Naryena Oroumbaye Assistant.

Agent de saisie

N° Nom et prénoms

1 Djingarti Mbaigangbé 12 Mingambaye Celestine

2 Madjimta Guigrabaye 13 Taroumbeye Madjadoumbé

3 Baivouta Ruth 14 Alfred Da

4 Doumassem Pauline 15 Rahadoum Mortha

5 Rémadji Angéle 16 Sabir Abakar

6 Daboulaye Dandé Antoinette 17 Koutou Tanibaye

7 Koubia Gali 18 Oumar Kady Wany

8 Mbaidadjé Enée 19 Nguinambaye gagya jonas

9 Boukar Hassane 20 Taeloum Colette

10 Ali Koitigam 21 Nartel Djiminguébaye Yotha

11 Ogone caroline

5. Equipe d analyse (consultants nationaux)

Adoumbé Maoura Préface, Remerciement, Méthodologie, Chapitre 1 et Chapitre 3

Adoumtogue Rubain Chapitre 1 et Chapitre 4 ; Digam Madji Ngakoutou: Chapitre 2 Riradjim Madnodji Chapitres 5 et 6 Tabo Symphorien Ndang Chapitre 7

6. Groupe de discussion sur l aspect nutritionnel

Dr Milaiti Mbaihidi Chef de département de Biologie Faculté des Sciences Exactes et Appliquées, Spécialité Biochimie et Microbiologie

Dr Nanadoum Maoura Enseignant Chercheur- Spécialité Biochimie et Microbiologie, Département de Biologie Faculté des Sciences Exactes et Appliquées

Dr Mbailaou Mbaiguinam Responsable Laboratoire de Recherche sur les Substances naturelles (LRSN), Département de Biologie Faculté des Sciences Exactes et Appliquées, Spécialité Biochimie/Nutrition

Dr Adoum Daliam Nutritionniste, Directeur Centre National Nutritionnel et de Technologie Alimentaire (CNNTA)

7. Comité de suivi

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Ousman Abdoulaye Haggar DG INSEED Bandoumal Ouagadjo Chef de département des Etudes Démographiques et de la

Cartographie (INSEED ) Bachar Adoum Brahim SGA, Ministère des Finances, de l Economie et du Plan Florent Mounkini Economiste principal du PNUD Masra Tamtangar Economiste Nation du PNUD Doumdé Ngadandé Economiste à l observatoire de la pauvreté

8. Consultants internationaux

Essimi Meneye AFTK Banque Mondiale, Washington Backy Yetna AFTK Banque Mondiale, Washington Martin Mba Informaticien INS Cameroun Freeman Amegashie Expert en Statistique et Informatique Afristat, Bamako

(Mali) Julien Amegandjin Spécialiste en sondage, consultant indépendant Ould Ndah Sidna et Abdou Abdllah

statisticiens économistes, consultants indépendants

9. Equipe de revue et de finalisation

Baba Top CTP Projet CHD/05/001 Adoumbé Maoura Coordonnateur Doumdé Ngadandé Economiste à l observatoire de la pauvreté Vounki Mounoné Boniface Expert Informaticien Statisticien Ratnan Ngadoum Expert cartographe.