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Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) Division du Centre d’investissement GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE DU TCHAD APPUI À LA MISE EN ŒUVRE DU NEPAD–PDDAA TCP/CHD/2904 (I) (NEPAD Ref. 05/21 F) Volume I de IV PROGRAMME NATIONAL D’INVESTISSEMENT À MOYEN TERME (PNIMT) Février 2005

GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE DU TCHAD

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Nouveau partenariat pour le

développement de l’Afrique (NEPAD) Organisation des Nations Unies

pour l’alimentation et l’agriculture Programme détaillé pour le

développement de l’agriculture africaine (PDDAA)

Division du Centre d’investissement

GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE DU TCHAD

APPUI À LA MISE EN ŒUVRE DU NEPAD–PDDAA

TCP/CHD/2904 (I) (NEPAD Ref. 05/21 F)

Volume I de IV

PROGRAMME NATIONAL D’INVESTISSEMENT À MOYEN TERME (PNIMT)

Février 2005

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TCHAD: Appui à la mise en œuvre du NEPAD–PDDAA

Volume I: Programme national d’investissement à moyen terme (PNIMT)

Profils de projets d’investissement bancables (PPIB)

Volume II: Promotion des aménagements hydro–agricoles maîtrisés par les exploitants

Volume III: Désenclavement des zones de production en milieu rural

Volume IV: Développement de la filière gomme arabique du Tchad

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TCHAD

Programme national d’investissement à moyen terme (PNIMT) dans le cadre du NEPAD–PDDAA

Table des matières

Abréviations.......................................................................................................................................... iii

Préambule................................................................................................................................................1

I. INTRODUCTION........................................................................................................................3 A. Contexte macroéconomique..............................................................................................3 B. Pauvreté et sécurité alimentaire .......................................................................................4 C. Secteur agricole et rural....................................................................................................6 D. Institutions..........................................................................................................................9 E. Cadre stratégique ............................................................................................................11

(i) Stratégie et objectifs du gouvernement ..................................................................11 (ii) Stratégies des partenaires au développement ........................................................14 (iii) Principaux programmes et projets en cours et en préparation.............................17 (iv) Leçons tirées de l’expérience .................................................................................20

II. CONTRAINTES ET OPPORTUNITÉS .................................................................................22 A. Contraintes générales ......................................................................................................22 B. Défis et opportunités........................................................................................................25

III. LIGNES DIRECTRICES DU PROGRAMME D’INVESTISSEMENT..............................27 A. Lignes stratégiques ..........................................................................................................27 B. Priorités d’investissement ...............................................................................................28 C. Critères de sélection des projets .....................................................................................31 D. Projets prioritaires sélectionnés .....................................................................................32

IV. BESOINS EN FINANCEMENT ..............................................................................................35

V. SUIVI ET ÉVALUATION........................................................................................................37 A. Le mécanisme de suivi et évaluation ..............................................................................37 B. Les domaines de suivi ......................................................................................................38 C. Les indicateurs clés à suivre............................................................................................38

ANNEXES: Annexe 1: Données socio et agro–économiques Annexe 2: Intervention des bailleurs en fonction des axes prioritaires de la SNRP Annexe 3: Liste des projets dans le secteur rural Annexe 4: Programmes et projets en cours ou en préparation et leur corrélation

avec les axes stratégiques de la SNDR et du PDDAA Annexe 5: Programme d’investissement public (PIP) 2001–2004 Annexe 6: Inventaire des programmes et projets du secteur rural en recherche de

financement (SNRP) Annexe 7: Résumé du compte rendu de l’atelier national de validation du

Programme national d’investissement à moyen terme (PNIMT) Annexe 8: Liste des références

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NEPAD – Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine Tchad: Programme national d’investissement à moyen terme (PNIMT)

iii

Abréviations

AFD Agence française de développement APD Aide publique au développement BAD Banque africaine de développement BADEA Banque arabe pour le développement économique en Afrique BELACD Bureau d’études et de liaison pour les actions catholiques de développement BET Borkou–Ennedi–Tibesti BID Banque islamique de développement CASAGC Comité d’action pour la sécurité alimentaire et la gestion des crises CECADEC Centre chrétien d’appui au développement communautaire CEFOD Centre d’études et de formation pour le développement CEMAC Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale CFPR Centre de formation professionnelle rurale CILONG Comité de liaison des ONG CILSS Comité permanent inter–Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel CIRAD Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le

développement (France) CONAMAC Conseil national d’appui aux mouvements associatifs et coopératifs CSDR Consultation sectorielle sur le développement rural CTIDR Comité technique intersectoriel du développement rural CTRC Cellule technique chargée de la mise en œuvre de la réforme du secteur coton DDPAP Direction du développement des productions animales et du pastoralisme DED Deutscher Entwicklungsdienst (Service de développement allemand) DOP Direction de l’organisation pastorale DRHFP Direction des ressources humaines et de la formation professionnelle ECOSIT Enquête sur la consommation et le secteur informel au Tchad EDST Enquête démographique et de santé au Tchad FAC Fonds d’aide et de coopération (France) FAD Fonds africain de développement FAO Agence des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture FCFA Franc de la communauté financière africaine FED Fonds européen de développement FEM Fonds pour l’environnement mondial FFEM Fonds français pour l’environnement mondial FIDA Fonds international pour le développement agricole FIR Fonds d’intervention rural FMI Fonds monétaire international GDS Groupement de défense sanitaire GIP Groupement d’intérêt pastoral GTZ Gesellschaft für technische Zusammenarbeit (Coopération technique allemande) HCND Haut comité national pour le développement rural HIMO Haute intensité de main d’œuvre INADES Institut national pour le développement économique et social INSEED Institut national de la statistique, des études économiques et démographiques IRD Institut de recherche pour le développement (ex–ORSTOM) ITRAD Institut tchadien de recherche agronomique pour le développement KfW Kreditanstalt für Wiederaufbau (Coopération financière allemande) LRVZ Laboratoire de recherche vétérinaire et zootechnique MA Ministère de l’agriculture

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NEPAD – Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine Tchad: Programme national d’investissement à moyen terme (PNIMT)

iv

MATUH Ministère de l’aménagement du territoire, de l’urbanisme et de l’habitat MCIA Ministère du commerce, de l’industrie et de l’artisanat MDD Ministère délégué auprès du Premier ministre chargé de la décentralisation ME Ministère de l’élevage MEE Ministère de l’environnement et de l’eau MEF Ministère de l’économie et des finances MEN Ministère de l’éducation nationale MPDC Ministère du plan, du développement et de la coopération MPZS Mouvement paysan de la zone soudanienne MSP Ministère de la santé publique MTPT Ministère des travaux publics et des transports NEPAD Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique ODM Objectifs de développement du millénaire ONASA Office national pour la sécurité alimentaire ONDR Office national de développement rural ONG Organisation non gouvernementale OP Organisation de producteurs PAM Programme alimentaire mondial PASAOP Programme de renforcement d’appui aux organisations de producteurs PDDAA Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine PIB Produit intérieur brut PIDR Plan d’intervention pour le développement rural PIP Programme d’investissement public PNIMT Programme national d’investissement à moyen terme PNLTRA Plan national à long terme de la recherche agronomique PNUAD Plan cadre des Nations Unies pour l’aide au développement PNUD Programme des Nations Unies pour le développement PPIB Profil de projet d’investissement bancable PPIB Profils de projets d’investissement bancables PPTE Pays pauvres très endettés PRASAC Pôle régional de recherche appliquée au développement des savanes

d’Afrique centrale PRODEL Programme de développement local PROSE Programme de renforcement des organisations professionnelles et des services PSSA Programme spécial pour la sécurité alimentaire PTMR Programme de transport en milieu rural SAP Système d’alerte précoce SDEA Schéma directeur de l’eau et de l’assainissement SECADEV Secours catholique de développement SFD Services financiers décentralisés SIG Système d’information géographique SISAR Système d’information et d’alerte rapide SMA Sommet mondial de l’alimentation SNBG Stratégie nationale de bonne gouvernance SNRP Stratégie nationale de réduction de la pauvreté UA Union africaine UE Union européenne UGAMAK Union des groupements agro–maraîchers de Koumra VIH/SIDA Virus immunodéficitaire humain/Syndrome immunodéficitaire acquis

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NEPAD – Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine Tchad: Programme national d’investissement à moyen terme (PNIMT)

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Préambule

Afin de renverser la tendance au déclin du secteur agricole sur le continent, les ministres africains ont adopté, à la XXIIe Conférence Régionale pour l’Afrique, le 8 février 2002 au Caire, une résolution sur les étapes clefs à considérer dans le domaine agricole dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD). Afin de mettre en œuvre cette résolution, ils ont approuvé, le 9 juin 2002, le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA). La Déclaration sur l’agriculture et la sécurité alimentaire en Afrique, ratifiée par l’Assemblée des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine réunis à Maputo les 10 et 11 juillet 2003, a apporté un soutien politique fort au PDDAA. A cette occasion, les Chefs d’Etat et de gouvernement se sont engagés à adopter des politiques déterminées en faveur de l’agriculture et du développement rural et à y consacrer, dans les cinq années à venir, au moins 10 pour cent de leur budget.

Le PDDAA définit un cadre général présentant les principaux axes d’intervention prioritaires pour restaurer la croissance agricole, le développement rural et la sécurité alimentaire en Afrique. Par essence, il a pour objectif de mettre en œuvre les recommandations des conférences internationales récentes sur la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté et l’utilisation durable des ressources naturelles. Le programme repose sur cinq piliers, à savoir:

1. Extension des superficies bénéficiant d’une gestion durable des sols et de systèmes fiables de maîtrise de l’eau.

2. Amélioration des infrastructures rurales et des capacités de commercialisation, pour un meilleur accès au marché.

3. Augmentation de l’offre alimentaire et réduction de la faim.

4. Recherche agricole, vulgarisation et adoption de technologies permettant une croissance durable de la production.

5. Développement durable de l’élevage, des pêches et des forêts.1

Suite à la Déclaration de Maputo, les représentants de 18 ministres africains de l’agriculture des pays membres du Comité de mise en œuvre du NEPAD, du Comité pilote du NEPAD, de la Banque africaine de développement, de la Banque mondiale, du Fonds international pour le développement agricole, du Programme alimentaire mondial, de la FAO et de la société civile se sont réunis le 17 septembre 2003 à Rome pour discuter de la mise en œuvre du PDDAA, et plus spécifiquement de:

• l’approche à suivre pour analyser et actualiser les stratégies nationales de sécurité alimentaire et de développement agricole à long terme;

• la préparation des Programmes nationaux d’investissement à moyen terme (PNIMT);

• la formulation de profils de projets d’investissement bancables (PPIB).

Pour rester conforme à l’esprit du PDDAA/NEPAD et soucieux de renforcer les actions de lutte contre la pauvreté et contre l’insécurité alimentaire, le gouvernement tchadien a adressé une requête à la FAO pour le financement d’un appui à l’élaboration d’un PNIMT et d’un portefeuille de PPIB,2 visant à:

1 Le 5e pilier ne faisait pas initialement partie du PDDAA, mais y a été ajouté pour prendre en compte

l’importance de ces sous–secteurs. 2 Dans le cadre et pour les fins de la présente initiative, un « profil de projet bancable » est défini comme un aperçu

de projet ou programme d’investissement rédigé d’après un format standard et visant à présenter les informations permettant sa prise en compte par des institutions financières internationales et bailleurs de fonds potentiellement intéressés ainsi que par le secteur privé, tel qu’envisagé dans la Déclaration de Maputo. Ce document devrait permettre aux partenaires d’exprimer leur intérêt de principe pour le projet proposé et le niveau approximatif de

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NEPAD – Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine Tchad: Programme national d’investissement à moyen terme (PNIMT)

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• créer un environnement favorable à une meilleure compétitivité du secteur agricole et rural;

• atteindre les objectifs quantitatifs fixés et mobiliser les ressources nécessaires pour réaliser les investissements correspondants, dans le secteur agricole;

• allouer des ressources à hauteur de 10 pour cent du budget national au secteur agricole, conformément aux engagements de la Déclaration de Maputo; et

• créer un cadre de référence pour le financement bilatéral et multilatéral coordonné du secteur.

Le présent PNIMT s’appuie largement sur les documents stratégiques existants (en particulier la Stratégie nationale de réduction de la pauvreté, 2003 et la Stratégie nationale de développement rural élaborée en 1999) et entend contribuer à la Stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté. Il a été préparé sous la supervision générale du Coordonnateur national/Point focal NEPAD pour le Ministère de l’agriculture3, avec l’appui d’un consultant national4. L’équipe a été appuyée par un expert du Centre d’investissement de la FAO5; la Représentation de la FAO ayant, pour sa part, apporté un appui administratif déterminant.

Ce document a été préparé selon une approche participative qui a impliqué les principaux services de l’Etat concernés, les bailleurs de fonds, les organisations professionnelles agricoles, le secteur privé et la société civile. Un Atelier national de validation6 réunissant les principales parties prenantes s’est ensuite tenu à N’Djaména les 10 et 11 mai 2004. Cet atelier a constitué une étape clé de la finalisation du PNIMT; en effet, il a donné lieu à la présentation d’une version provisoire du présent document, qui a été discuté et validé, et à des idées de projets d’investissement bancables qui ont été priorisées sur la base de critères préalablement agréés. Le présent document tient compte des suggestions et recommandations des réunions régionales et de l’atelier national. Quatre idées de projets ont été retenues dont trois ont été rédigées sous forme de profils de projet d’investissement bancable qui sont présentés dans des documents spécifiques. Enfin, le PNIMT et les PPIB ont été revus par un groupe d’experts techniques de la FAO7.

Après avoir présenté le secteur agricole dans le contexte de l’économie nationale, de la situation alimentaire et de la pauvreté dans le pays, le document aborde successivement les principales stratégies du gouvernement et des partenaires au développement, les leçons des expériences antérieures ainsi que les principales contraintes et opportunités pour le développement du secteur. Sur la base de cette analyse, et en tenant compte des stratégies nationales existantes ainsi que des piliers du PDDAA, le document identifie les lignes directrices du programme d’investissement. Il présente ensuite une évaluation sommaire des besoins en financement additionnels nécessaires pour atteindre les 10 pour cent du budget national alloués au secteur dans les cinq ans à venir. Enfin, le document propose un cadre général pour le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre du PNIMT.

leur engagement à en financer le développement. Des analyses détaillées de faisabilité et procédures subséquentes seraient conduites ultérieurement, conformément aux règles et procédures des partenaires financiers concernés, afin de parvenir à une proposition de projet ou programme d’investissement du niveau de l’étude de faisabilité proprement dite.

3 M. Ngarassemta Ngarhodjam. 4 M. Manasset Guealbaye, économiste. 5 M. Jean–Charles Heyd, agronome. 6 Le compte rendu de l’atelier est présenté en Annexe 7. 7 Virtual Task Force.

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NEPAD – Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine Tchad: Programme national d’investissement à moyen terme (PNIMT)

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I. INTRODUCTION

A. Contexte macroéconomique

I.1. Le Tchad est un vaste pays de 1 284 000 km2, fortement enclavé et compte une population estimée à 8,1 millions d’habitants en 2003,8 concentrée sur les zones méridionale et centrale du territoire. La population est essentiellement rurale, bien que la part de la population urbaine soit passée de 16 pour cent en 1975 à 24 pour cent en 2002. Plus de 10 pour cent de la population totale vit dans la ville et la périphérie de N’Djaména. L’isolement du pays, fortement enclavé, est exacerbé par sa faible densité démographique et la médiocrité des réseaux de transport.

I.2. Le PIB par habitant, un des plus faibles de monde, est de 200 dollars EU et n’a progressé en moyenne annuelle que de 1,4 pour cent au cours de la période 1970–1990.9 L’économie n’est pas suffisamment diversifiée: avant l’ère pétrolière, les exportations reposaient à 80 pour cent sur le secteur rural et plus précisément sur quatre produits (coton, bétail, peaux et gomme arabique) qui procuraient presque la totalité des recettes d’exportation. La situation économique s’est améliorée avec la dévaluation du franc CFA en 1994. De 1994 à 1997, la croissance réelle du PIB a été en moyenne de 4 pour cent par an et a atteint 4,6 pour cent en 1998. En 2002, elle s’est même élevée à 10,6 pour cent grâce principalement à une augmentation de la consommation. Le rythme élevé de croissance démographique (2,4 pour cent par an), lié au faible niveau de développement, pèsent fortement sur la progression du revenu moyen annuel par habitant qui est très faible aussi bien en milieu urbain (188 000 FCFA) qu’en milieu rural (73 000 FCFA).10 Les principales données macro–économiques sont rappelées en Annexe 1.

I.3. Depuis son indépendance, en 1960, jusqu’en 1991, le Tchad a connu une instabilité civile et militaire sur tout son territoire. Malgré les plans de développement et les programmes d’ajustement structurel mis en œuvre depuis 1987, tous les indicateurs montrent que la pauvreté s’est généralisée et que la situation ne s’est guère améliorée depuis de nombreuses années. En dépit de l’introduction de la démocratie et de sa reconnaissance dans la Constitution de 1996, certaines parties du pays sont encore la proie de désordres, et les agressions urbaines et sur les routes n’ont guère diminué. Cette situation d’insécurité découle de la prolifération d’armes de tous genres détenus illégalement par des particuliers ou par des militaires démobilisés.

I.4. Cependant, dans le cadre des réformes économiques entreprises avec l’appui du FMI depuis 2000, la mise en œuvre d’instruments de gestion économique et financière (cadrage macro–économique, plan de trésorerie, outils de gestion rationnelle et transparente des ressources et dépenses publiques) doit permettre d’assurer les grands équilibres macro–économiques et financiers, mais surtout de préparer le nouveau défi de gestion et de valorisation des ressources pétrolières, qui se pose au pays.

I.5. En mai 2001, le Tchad a atteint le point de décision à l’initiative PPTE, permettant au pays de bénéficier de mesures de réduction de sa dette envers les organismes multilatéraux (FMI, BM, BAD) et l’inscription de ressources budgétaires additionnelles.

I.6. L’exploitation du pétrole, démarrée en août 2003, aura des retombées significatives pour le Tchad qui bénéficiera d’au moins 2 milliards de dollars EU par an de revenus pour les 15 prochaines

8 MPDC/INSEED, 2003. 9 Stratégie nationale de réduction de la pauvreté, 2003. 10 Source: Enquête sur la consommation et le secteur informel au Tchad (ECOSIT), réalisée de 1995 à 1996

dans les préfectures du Chari–Baguirmi, Logone occidental, Moyen–Chari et Ouaddaï.

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NEPAD – Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine Tchad: Programme national d’investissement à moyen terme (PNIMT)

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années d’exploitation. Cependant, malgré l’adoption d’une stratégie et d’un texte législatif cohérent pour la gestion des ressources pétrolières,11 l’état d’impréparation de l’ensemble des rouages de l’Etat, tel illustré par les difficultés d’absorption des ressources additionnelles PPTE, fait naître des inquiétudes quant à la capacité de l’administration tchadienne à utiliser de façon efficace cet accroissement substantiel de ressources.

I.7. Néanmoins, l’injection de la rente pétrolière, jointe aux mesures de renforcement des capacités institutionnelles et d’offre de biens et services, devraient entraîner une forte croissance du PIB qui devrait doubler en termes réels au cours des cinq prochaines années (+ 14 pour cent par an). Comme le souligne le PNUD, « le Tchad écrit à l’heure actuelle un chapitre unique de son histoire. Il se situe à la croisée des chemins. Il prépare l’arrivée de l’ère pétrolière et poursuit la consolidation des acquis d’une série de réformes macro–économiques et structurelles menées durant les dernières années. Ce faisant, il tente de s’affranchir du lourd héritage du passé et de renforcer la stabilité, la paix et la démocratie ».

B. Pauvreté et sécurité alimentaire

I.8. Le niveau de pauvreté de la population n’a cessé de s’aggraver au cours des trois dernières décennies. Les indicateurs socioéconomiques du Tchad figurent parmi les plus mauvais des pays d’Afrique subsaharienne. Le niveau de développement humain établi par le PNUD est l’un des plus faibles du monde; il était de 0,403 en 1999 et classait le pays à la 166e place sur 173.12 Cette moyenne nationale cache de grandes disparités entre préfectures: les préfectures qui ont le niveau de développement humain le plus élevé sont celles qui abritent les centres urbains les plus importants (Chari–Baguirmi: 0,430, Logone occidental: 0,422, Moyen–Chari: 0,413); celles qui présentent le niveau le plus faible sont le Salamat (0,259), le Lac (0,139) et le Guéra (0,350).

I.9. Les ménages les plus pauvres disposent de peu de biens matériels qui leur permettraient de faciliter les tâches quotidiennes et les activités de production, en particulier en agriculture. Ils considèrent que l’épargne personnelle ou l’accès à des services financiers leur permettraient de mener des activités génératrices de revenus et d’améliorer leurs conditions de vie. En outre, les lacunes au niveau des infrastructures et des transports sont également évoquées — avant les problèmes d’accès aux soins de santé et à l’éducation — comme frein au développement d’activités génératrices de revenus13. Il apparaît également que les ménages dirigés par une femme sont plus exposés à la pauvreté que ceux dont le chef est de sexe masculin. Les femmes chef de ménage sont, le plus souvent, sans qualification professionnelle particulière pour accéder à des emplois rémunérateurs; elles n’ont pas toujours accès aux terres fertiles et ne vivent que de petites activités de transformation alimentaire, de la vente de bois de feu ou de transferts communautaires.

I.10. Selon les données de l’enquête ECOSIT, le seuil de pauvreté globale au niveau national est estimé à 218 FCFA et le seuil de pauvreté alimentaire à 194 FCFA par jour et par personne.14 Il faut noter que ce seuil est largement inférieur au seuil de pauvreté global standard international fixé à un dollar par jour et par personne, soit environ 525 FCFA.

11 Déclaration de politique sur la gestion des recettes pétrolières et loi n°001/PR/99 portant gestion des

ressources pétrolières, adoptée par le Parlement le 30 décembre 1998. 12 Source: DSRP 2003. 13 Résultats des enquêtes participatives de perception du bien–être et de la pauvreté, menées dans le cadre de

l’élaboration de la stratégie de réduction de la pauvreté. 14 Calculé sur la base d’un besoin calorique de 2 163 kcal par personne et par jour, niveau inférieur à celui

de2 480 kcal, communément utilisé pour l’ensemble des pays en développement.

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NEPAD – Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine Tchad: Programme national d’investissement à moyen terme (PNIMT)

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I.11. Selon ces données, plus d’un tchadien sur deux n’a pas de revenus suffisants pour satisfaire ses besoins alimentaires minima. Les revenus agricoles représentent 21 pour cent du total des revenus, ce qui au regard de la population occupée dans le secteur dénote aussi bien de la faiblesse des revenus disponibles par individu que des termes de l’échange défavorables au monde rural. L’incidence de la pauvreté alimentaire serait de 46 pour cent en milieu rural, 34 pour cent à N’Djaména, et 41 pour cent pour l’ensemble de la zone couverte par l’enquête. Celle de la pauvreté globale de 48 pour cent en milieu rural, 35 pour cent à N’Djaména, et 43 pour cent pour l’ensemble de la zone. En réalité, l’incidence de la pauvreté au niveau national pourrait être sensiblement plus élevée, car la zone enquêtée concerne les préfectures relativement aisées et par ailleurs, le seuil de pauvreté alimentaire a été calculé à partir d’une norme calorique inférieure à celle généralement retenue.

I.12. La malnutrition se manifeste dans la population tchadienne par de nombreux cas de maigreur, de marasme, de faible croissance des enfants, de kwashiorkor, de goitre et de fréquence élevée de maladies dues aux carences en micronutriments comme l’anémie et la carence en vitamine A. L’apport moyen par habitant est estimé à 1 720 calories par jour alors que cette moyenne est de 2 160 calories à l’échelle de l’Afrique subsaharienne et de 2 480 pour l’ensemble des pays en développement. Le pourcentage des naissances de faible poids à la naissance est de l’ordre de 15 pour cent, celui des enfants âgés de 24 à 35 mois accusant un retard de croissance de 55 pour cent. Les zones rurales sont plus touchées par les cas de malnutrition que les zones urbaines.

I.13. Le Tchad est confronté à d’importants problèmes de sécurité alimentaire. La production de mil, sorgho, riz, maïs et blé s’établit en année moyenne à un million de tonnes, avec de fortes variabilités liées au régime très irrégulier des pluies. Si l’on considère les besoins de consommation de 159 kg de céréales par personne et par an, la production nécessaire pour couvrir les besoins alimentaires du pays est estimée à 1,5 million de tonnes environ,15 d’où un déficit moyen annuel tournant autour de 500 000 tonnes. Les potentialités en viande et autres produits d’élevage et de la pêche sont, quant à elles, importantes mais insuffisamment exploitées.

I.14. L’ampleur de l’insécurité alimentaire conjoncturelle observée par zone de production a conduit à définir trois zones caractérisées par des systèmes de production particuliers:

• Une zone nord–Sahel, avec une pluviométrie annuelle moyenne d’environ 200 mm, où l’insécurité alimentaire quasi–permanente des sédentaires ne disparaît que lors d’une bonne campagne (1 an sur 5) (Biltine, nord–Batha, nord–Kanem); Borkou–Ennedi–Tibesti (BET). Le système dominant est le pastoralisme; à l’extrême nord, l’agriculture se concentrant dans les oasis.

• Une zone centre–Sahel, avec une pluviométrie annuelle moyenne tournant autour de 600 mm, où l’insécurité conjoncturelle des sédentaires est fréquente (sud–Kanem, Lac, sud–Batha, nord et centre–Ouaddaï). Le système dominant est l’agropastoralisme avec prédominance de l’élevage bovin.

• Une zone sud, qui couvre le Mayo–Kebbi, la Tandjilé, les deux Logone, le Moyen–Chari et le Salamat avec une pluviométrie annuelle moyenne variant de 600 à 1 200 mm, et où l’insécurité alimentaire est rare, et ne concerne que les familles disposant de peu de ressources dans les villages enclavés. L’arachide prend une place notable dans l’alimentation, ainsi que les tubercules et le maïs en période de soudure. Le système dominant combine une agriculture dominante pluviale et irriguée et le développement progressif d’un élevage en voie de sédentarisation.

15 Si l’on prend en compte des pertes après récolte de 15 pour cent.

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I.15. Le Tchad est également confronté à l’extension rapide du VIH/SIDA. Le nombre de cas confirmés de personnes atteintes du SIDA est passé de 1 010 cas en 1993 à 12 000 en 2000. Le taux de personnes séropositives varie ente 4 et 10 pour cent. Cette pandémie a des répercussions indirectes sur la croissance économique, car elle affecte principalement la population active: 56 pour cent des cas détectés concernent la tranche d’âge des 15 à 49 ans, dont 31 pour cent de femmes en état de procréer et 32 pour cent d’hommes dans la même tranche d’âge.

C. Secteur agricole et rural

I.16. L’agriculture et l’élevage contribuent en moyenne pour 40 pour cent à la formation du PIB. Les produits végétaux et animaux fournissaient jusqu’en 200316 à peu près 100 pour cent des recettes d’exportation, qui reposaient sur quatre produits (coton, bétail, peaux, gomme arabique).

I.17. L’agriculture contribue pour 21 pour cent au PIB et emploie plus de 2,3 millions de personnes, soit 80 pour cent de la population active du pays dont plus de la moitié est composée de femmes. Ces dernières constituent la cheville ouvrière de l’économie rurale. Outre leurs tâches agricoles, elles sont responsables de la plupart des travaux ménagers (les soins aux enfants, la cuisine, les corvées d’eau et de bois) mais disposent d’un accès relativement limité aux ressources telles que la terre et les services financiers. De plus, les services d’appui publics ont tendance à s’adresser principalement aux hommes et emploient un personnel majoritairement masculin.

I.18. Sur un total de 39 millions d’hectares de terres arables, soit 30 pour cent du territoire national, environ 3 millions d’hectares seulement (7,7 pour cent) sont mis en culture annuellement. Les céréales constituent la base de l’alimentation, mais les niveaux de la production sont bas et fortement dépendants des conditions climatiques très variables, notamment dans les zones sahariennes et sahéliennes. Les rendements pour les céréales sèches ne dépassent pas la tonne à l’hectare et tourne autour de 1,3 t/ha pour le riz irrigué (pour plus de détails, voir le Tableau 3 en Annexe 1). Les superficies cultivées et les rendements moyens des autres cultures vivrières, arachide, sésame, haricot, manioc, figurent dans le Tableau 4 de l’Annexe 1. Le système de production est de type extensif, peu productif et repose sur une agriculture de subsistance pratiquée sur de petites exploitations familiales traditionnelles d’une superficie de 2 à 5 ha.

I.19. Les ressources en eaux sont importantes. Celles renouvelables, sont estimées à 20,6 milliards de m3 et celles exploitables, de 263 à 554 milliards de m3. Les ressources en eau sont constituées de nappes souterraines et des eaux de surface caractérisées par: (i) des cours d’eau permanents tels le Chari (900 km) et le Logone (500 km); (ii) des cours d’eau semi–permanents dont les plus importants sont le Batha, le Bahr Azoun, le Salamat et le Mayo–Kebbi; et (iii) des lacs dont le plus important est le Lac Tchad avec une superficie qui est passée de 25 000 km2 avant les sécheresses à quelque 10 000 km2 aujourd’hui. Il y a d’autres lacs plus petits qui sont: le Lac Fitri (420 km2), le Lac Iro (200 km2), le Lac Léré (42 km2), le Lac Fianga (30 km2), le Lac Tikem (15 km2) et le Lac Tréré (12 km2). Les eaux de surface sont utilisées pour la pêche et les besoins agro–sylvicoles sur 2 millions d’hectares. Les besoins de l’élevage sont satisfaits par les eaux de surface pérennes pour 30 pour cent et les eaux de surface non pérennes, pour 15 pour cent. Les autres besoins sont couverts par les eaux souterraines à raison de 35 pour cent en puisards et puits traditionnels et 20 pour cent en puits modernes.

I.20. Les cultures pluviales occupent 2,5 millions d’ha dont 37 pour cent en zone soudanienne et 63 pour cent en zone sahélienne. Les terres irrigables totalisent environ 5,6 millions d’hectares, mais

16 Les premières recettes pétrolières ont été encaissées par le Tchad en décembre 2003.

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les aménagements hydro–agricoles ne couvrent que 20 000 hectares soit 0,4 pour cent des terres irrigables dont environ la moitié est exploitée chaque année.

I.21. Le coton revêt un poids économique et social majeur pour le Tchad et sa population rurale soudanienne; elle occupe 350 000 exploitants agricoles et couvre une superficie de 200 000 ha pour une production variant entre 150 000 à 200 000 tonnes. En dehors des agriculteurs, l’acteur principal de la filière est la Cotontchad qui assure toutes les fonctions économiques depuis la fourniture d’intrants jusqu’à la commercialisation du coton–fibre et des sous–produits en passant par l’achat et l’usinage du coton. La performance de la filière est handicapée par: (i) les déficits de gestion technique et financière de la Cotontchad, détenue en majorité par l’Etat tchadien; (ii) la faiblesse de la productivité des producteurs de coton; (iii) l’enclavement géographique et le délabrement du réseau routier qui pénalisent lourdement les coûts de transport. La réforme du secteur coton, engagée depuis 1999, peine à aboutir pour des raisons institutionnelles, financières et d’infrastructures.

I.22. La gomme arabique, récoltée de façon artisanale représente avec un volume de production annuel d’environ 15 000 tonnes, le deuxième produit d’origine végétale exporté, et place le Tchad au deuxième rang des pays exportateurs après le Soudan.

I.23. L’élevage représente 18 pour cent du PIB et 40 pour cent des exportations.17 Il joue un rôle social et économique important pour environ 40 pour cent de la population. L’élevage transhumant, largement tributaire des conditions climatiques, est le principal système de production dans les zones sahéliennes tandis que l’élevage sédentaire, associée à l’agriculture vivrière, se répand de manière croissante dans la zone soudanienne. Les ressources pastorales sont constituées principalement de pâturages naturels (84 millions d’ha de parcours), des résidus de récolte, des sous–produits agro–industriels, des eaux et des cures salées.

I.24. Le pays possède le cheptel le plus important de la sous–région. Il est composé d’environ 15,3 millions de têtes dont 5,8 millions de bovins, 7,4 millions d’ovins et de caprins, 1,2 million de camelins. La production annuelle est estimée à 3 millions de têtes dont 600 000 bovins. Les abattages de bovins étaient estimés entre 100 000 et 200 000 têtes en 1988. Le disponible exploitable pour les petits ruminants se situe autour de 2 millions de têtes par an. Difficilement contrôlables et peu fiscalisées, les ventes de bovins représentent, selon les dernières estimations, le principal produit d’exportation en valeur, estimé entre 70 et 80 milliards de FCFA par an. Les filières élevage à cycle court, lait, cuir et peaux, œufs sont très peu développés. D’une manière générale, le sous–secteur élevage se caractérise par une insuffisance des infrastructures de production, de commercialisation et de transformation.

I.25. S’agissant des secteurs de la pêche et de la sylviculture, ils contribuent pour 3 pour cent au PIB, occupent quelque 150 000 personnes et procurent des revenus à environ 300 000 personnes. Le potentiel halieutique est fortement dépendant de la pluviométrie, il varie entre 144 000 tonnes par an en période de sécheresse et 288 000 tonnes en période de bonne pluviométrie. La pêche est pratiquée dans de nombreux cours et plans d’eau. On note un appauvrissement du potentiel halieutique du fait des effets récurrents de la sécheresse et de pratiques de pêche non adaptées.

I.26. La faune sauvage, bien qu’elle ait fortement régressé, est abondante et variée; elle comporte des mammifères les plus représentatifs du continent comme l’éléphant, l’élan de derby, le grand koudou, l’oryx, l’addax, le mouflon à manchette. Il s’agit donc d’un important patrimoine de biodiversité qu’il faut protéger. Le Tchad possède deux parcs nationaux — le parc de Zakouma de

17 Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), 2001.

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300 000 ha et le parc de Manda de 114 000 ha menacés par le développement du braconnage —, sept réserves de faune et une réserve de la biosphère, le lac Fitri de 195 000 ha.

I.27. Les systèmes de production et les modes d’exploitation n’ont guère évolué dans le pays, que ce soit dans l’agriculture ou dans l’élevage, depuis l’introduction de la charrue à la fin des années 50 et celles des intrants agricoles modernes (fertilisants, produits phytosanitaires et zoosanitaires) dans les années 60. Cette situation résulte, entre autres, du faible niveau de formation des paysans, du coût élevé lié à l’utilisation de ces techniques, de l’absence de système de financement et des services appropriés de développement de la production, du manque de filières agricoles bien organisées, de la très faible implication des opérateurs économiques dans les activités agricoles.

I.28. Les pratiques agricoles, pastorales, de chasse et de pêche, le mode de gestion de l’espace rural, la forte consommation de bois pour des besoins énergétiques sont autant de facteurs, qui associés à l’aridité du climat, ont favorisé la désertification et contribué, au cours des dernières décennies, à une dégradation de l’environnement naturel.

I.29. Les filières agroalimentaires, à l’exception des filières sucrière et cotonnière, sont peu développées: l’usine textile a fermé ses portes, il n’existe pas d’unité industrielle qui traite la filière bétail (viande, lait, cuirs et peaux et œufs), au point que l’exportation du bétail sur pied reste l’activité dominante dans cette filière. Beaucoup d’autres filières restent à développer pour élargir la base productive du pays et profiter du marché sous–régional pour les exportations de produits manufacturés, domaine dans lequel le pays est totalement absent à l’heure actuelle.

I.30. Le secteur productif souffre d’infrastructures économiques peu développées qui se sont fortement dégradées ces 10 dernières années. Ceci se traduit, entre autres, par une insuffisance de voies de communication fiables pour les échanges et des coûts de transport et de l’énergie très élevés.

I.31. Le réseau routier tchadien compte 40 000 km de routes et pistes carrossables, dont 6 200 km de routes et pistes classées prioritaires et environ 33 000 km de pistes rurales. Sur toute l’étendue du territoire, seulement 583 km de routes interurbaines sont revêtues. Les routes non prioritaires sont pour la plupart praticables 6 à 8 mois dans l’année, mais insuffisamment ou jamais entretenues. La région du nord, désertique, est mal reliée au reste du pays. Les régions de l’est et du sud–est sont isolées pendant la saison des pluies, faute de routes permanentes. A l’intérieur même des régions, la desserte des centres urbains avec leur hinterland rural est souvent mal assurée, sans parler des pistes rurales qui relient les villages entre eux. Le mauvais état des routes oblige les véhicules à n’emprunter que les axes reliant N’Djaména aux grands centres du pays. Il se pose ainsi pour les populations rurales de véritables problèmes de mobilité et d’accessibilité aux biens et aux services socioéconomiques.

I.32. A cela, il faut ajouter l’enclavement extérieur. Le port maritime le plus proche se trouve à 1 700 km de N’Djaména, sans axe de communication de type « chemin de fer », ce qui renchérit les coûts de production à travers les consommations intermédiaires importées, limite l’industrialisation du pays et pénalise la compétitivité de la production nationale sur le marché international.

I.33. Dans le domaine agropastoral, le Tchad possède cependant des atouts non négligeables qui sont notamment:

• une réserve de terres cultivables et irrigables très importante, estimée respectivement à quelque 39 et 5,6 millions d’hectares;

• de ressources en eau beaucoup plus importantes que dans les autres pays sahéliens mais dont la maîtrise reste problématique;

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• d’une réserve de 84 millions d’ha de pâturage naturel et de parcours, soit 65 pour cent de la superficie totale du pays.

D. Institutions

I.34. Plusieurs institutions interviennent dans le développement du secteur rural au sens large du terme. Sur le plan administratif, trois ministères sont directement impliqués, il s’agit du Ministère de l’agriculture, du Ministère de l’élevage, et du Ministère de l’environnement et de l’eau. Cependant, d’autres ministères interviennent également de façon spécifique en matière de transport pour les routes et les pistes rurales (MTPT), de commerce (MCIA), d’aménagement du territoire (MUAT), d’administration du territoire (MAT), de formation et de recherche (MESRS), de santé (MS), d’action sociale et de la famille (MASF) et enfin, de l’information (MI) et de l’économie et des finances (MEF). Le nombre, relativement grand, des ministères engagés dans le secteur créé parfois des problèmes de coordination des interventions, d’autant plus que le pays est vaste et que les projets et intervenants chargés de les mettre en œuvre sont également nombreux. Sur le plan organisationnel, ces ministères sont structurés de manière sensiblement identique. Ils s’appuient sur un secrétariat général qui assure la coordination des activités, des directions techniques, des organes décentralisés au niveau des structures administratives décentralisées et des organismes sous tutelle.

I.35. La vulgarisation agricole est assurée essentiellement par l’ONDR, établissement public à caractère industriel et commercial, créé en 1965 pour apporter aux producteurs des conseils techniques en vue de la modernisation des moyens de production, jouer le rôle de centrale d’équipement pour assurer l’approvisionnement des producteurs en intrants et équipements, assurer la liaison entre les producteurs et les organismes chargés de la distribution du crédit agricole, susciter la création et la formation des groupements, enfin apporter son concours au Ministère chargé du développement rural dans le cadre des plans nationaux de développement. Son champ d’intervention couvre l’ensemble du territoire national, en dehors de la préfecture du Lac, encadrée par la SODELAC. Les ONG mènent également des actions de vulgarisation qui visent le développement des activités rurales.

I.36. La recherche agronomique bénéficie d’un Plan à moyen terme de la recherche agronomique (PMTRA, 2003) comportant cinq programmes: (i) système de production et économie agricole; (ii) cultures pluviales; (iii) cultures irriguées; (iv) productions animales et (v) environnement. De même, un plan national semencier a été élaboré en 1996. Les institutions participant à la recherche sont: (i) l’ITRAD, placé sous la tutelle du Ministère de l’agriculture, dont les domaines de recherche et de compétence portent sur les cultures vivrières et le coton; (ii) le LRVZ, dépendant du Ministère de l’élevage et qui s’occupe de la recherche dans les domaines de la production animale, la santé et la production de vaccins, la transhumance; (iii) le CNAR, créé en 1991 et ayant développé des compétences dans la facilitation des recherches se rapportant aux SIG et à la cartographie, l’énergie, la paléontologie, les images satellitaires, la télédétection. Enfin, (iv) le PRASAC, institution spécialisée née d’une initiative conjointe des structures de recherche du Cameroun, de la RCA, du Tchad et de leurs partenaires français de l’IRD et du CIRAD, est organisé autour de six axes de recherche: mise en place d’un observatoire de recherche, gestion des terroirs, gestion des exploitations, mise au point de systèmes de culture et d’élevage alternatifs, technologie des produits alimentaires, amélioration de la productivité de la filière coton.

I.37. La formation est assurée par différents intervenants. Au niveau du MA, la Direction de l’enseignement agricole, la formation et la promotion rurale (DEAFPR) coiffe les (i) Centres de formation et professionnelle rurale (CFPR) dont l’origine remonte aux actions d’animation rurale conduite dans les années 1960 par la Jeunesse agricole chrétienne (JAC) et (ii) l’Ecole des techniques d’agriculture de Bailli. L’Ecole nationale des agents techniques de l’élevage dépend de la Direction de

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l’enseignement, de la formation professionnelle et de la recherche du ME. Les Instituts des sciences agronomiques et environnementales de Sarh et d’Abéché sont sous la tutelle du Ministère chargé de l’enseignement supérieur. Les ONG sont également très actives dans ce secteur, notamment: (i) le CEFOD, créé en 1967, qui assure la formation, la documentation et l’édition d’ouvrages; (ii) l’INADES, implanté depuis 1978 à N’Djaména et disposant d’une antenne à Moundou, qui intervient dans les domaines de la sécurité alimentaire, la gestion des biens et des revenus, l’autogestion villageoise, l’analphabétisme, la protection de l’environnement, la gestion de petits projets et la formation des femmes; (iii) le SECADEV créé en 1983 par le diocèse de N’Djamena pour apporter la participation de l’église catholique au développement social et économique des zones sahélienne et saharienne. Une certaine coordination est assurée par le COPIEC (Comité pédagogique inter–école) qui regroupe des représentants des écoles et des directions chargées de la formation.

I.38. En matière d’information/formation, la Radio rurale du Tchad, créée en 1967 avec l’appui de la FAO et du FAC, a pour objectif de sensibiliser, éduquer et mobiliser les populations rurales sur les thèmes du développement, en particulier la bonne utilisation des intrants (engrais, insecticides) pour le coton, l’utilisation de la traction animale, la construction d’étables, la vaccination du bétail, la constitution des groupes de surveillance sanitaire, etc.

I.39. Le crédit rural est très peu développé. En dehors de Cotontchad et dans une moindre mesure de l’ONDR, seules quelques ONG et projets interviennent dans la promotion du crédit décentralisé et de la collecte de l’épargne rurale. Sur un montant global de crédit de 3,8 milliards de FCFA octroyés aux micro–entreprises en 2000, seulement 53 millions ont été affectés au secteur agricole stricto sensu. Dans la zone soudanienne, l’offre de services financiers est essentiellement assurée par la Cotontchad et l’ONDR qui distribuent le crédit pour l’achat de produits vivriers et l’acquisition d’intrants agricoles. Les taux pratiqués varient de 6 pour cent pour les vivriers à 12 pour cent pour les intrants. Dans les régions de Koumra, Pala, Léré et Kelo, les caisses rurales d’épargne et de crédit collectent par an quelque 800 millions de FCFA qui sont mis à la disposition de leur membre pour le financement du petit commerce et des équipements. Dans la zone sahélienne, ce sont les ONG et les projets qui distribuent des crédits pour le financement des activités agricoles.

I.40. Au plan de la prévention et de la gestion des crises alimentaires, divers instruments existent (SISAAR, ONASA), ils sont coordonnés au niveau central par le CASAGC (Comité d’action pour la sécurité alimentaire et la gestion des crises) et au niveau local par les Comités d’action départementaux au niveau des préfectures et locaux au niveau des sous–préfectures. Dans plusieurs zones, la distribution de l’aide alimentaire est faite par le PAM et des ONG, comme SECADEV ou CARE–Tchad, dans le cadre de programmes de cantines scolaires et de « nourriture contre travail ». Les ventes subventionnées sont faites directement par l’ONASA ou des opérateurs sur des financements du gouvernement ou des bailleurs de fonds. En dépit de ces efforts, des insuffisances existent dans la coordination et l’harmonisation des méthodes de collecte et d’analyse des informations.

I.41. Au niveau de la structuration du monde rural, on dénombre l’existence de quelque 28 000 groupements et plus de 4 000 associations villageoises et unions dans le domaine agricole. D’une manière générale, quatre catégories d’organisations paysannes peuvent être distinguées:

• Les organisations de base couvrant divers secteurs d’intérêt de la vie rurale: développement, épargne et crédit, gestion de terroir, gestion de l’eau, etc. Dans le secteur de l’élevage, les groupements sont ceux d’intérêt pastoral (GIP) et de défense sanitaire (GDS). Les groupements de femmes sont très dynamiques, mais rencontrent des difficultés en raison des multiples contraintes sociologiques et autres qui les pénalisent.

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• Les organisations fédératrices intervenant: (i) au niveau de filières: MPZS pour la filière coton, CPSAT pour le riz, UGAMAK pour le maraîchage ou (ii) assurant des fonctions économiques précises: unions/fédération de GDS, Union des GUMAC (matériel agricole), unions des clubs/caisse d’épargne et de crédit.

• Les organisations fédératives de développement local, qui jouent un rôle non négligeable dans la mise en œuvre des nouveaux modes d’exploitation du milieu et de gestion des ressources naturelles en concertation avec les autres acteurs locaux concernés.

• Les syndicats agricoles, tels que le SYNTRART, le BOUCLIER et dans une certaine mesure, le MPZS.

I.42. Le Conseil national d’appui aux mouvements associatifs et coopératifs (CONAMAC) a été créé en 1994, suite à la tenue en 1992 de la concertation nationale sur le mouvement associatif, avec pour objet de définir, coordonner et accompagner la mise en œuvre de la stratégie du mouvement coopératif. Elle regroupe actuellement quelque 7 000 groupements, 14 unions, 12 coopératives, 16 structures d’appui étatiques et privés, dont la DOP, l’ONDR, la DRHFP, le FIR, ainsi que de nombreuses ONG. Mais avec la réforme de la fonction publique, la décentralisation, la privatisation et la promotion du secteur privé, une nouvelle configuration du cadre institutionnel, plus ouvert à l’émergence des initiatives locales en milieu rural, se fait jour.

I.43. Les ONG appuient et complètent les interventions des services publics précités dans le développement rural. On peut les classer en deux groupes:

• Les ONG internationales liées par une convention à l’Etat tchadien. On peut citer: INADES–Tchad qui intervient essentiellement dans le Mayo–Kebbi et le Moyen–Chari, World–Vision, arrivé en 1985 avec l’aide d’urgence, VITA/PEP (1991) pour distribuer le crédit, OXFAM (1992), AFDI (1988), SAILD (1991), APICA, AFRICARE, CARE/Tchad, etc.

• Les ONG locales de droit tchadien comme ACORD, ACRA, ALTA–AWOUN, ARPES, ASSSAILD, CECADEC, DARNA, SCMR, etc., mais surtout le SECADEV et les BELACD qui ont des interventions multiples dans les villages, avec bien souvent des appuis financiers extérieurs.

I.44. Le CILONG, organe national de liaison des ONG créé en 1986, a pour objectif de promouvoir et renforcer la concertation entre les ONG, les services administratifs, les organisations bi ou multilatérales et l’ensemble des organisations de la société civile.

E. Cadre stratégique

(i) Stratégie et objectifs du gouvernement

I.45. Les orientations du gouvernement, en matière de développement rural et de sécurité alimentaire, reposent sur les options stratégiques présentées à la Table ronde de Genève II en 1985 et la consultation sectorielle sur le développement rural (CSDR) initiée à la suite de Genève III (1990). Les orientations les plus récentes du gouvernement dans ces domaines, sont celles contenues dans le Plan d’orientation révisé 1998–2005, présenté à la Table ronde de Genève IV et complétées par la réunion de suivi de cette conférence en 1999 qui couvrait le développement rural, les transports, l’éducation, la santé, l’habitat et l’urbanisme.

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I.46. Dans le Plan d’orientation révisé, le gouvernement a pris conscience que la réalisation de la stratégie de développement rural ne saurait produire tous les effets attendus, sans une intégration des activités dans une approche globale d’élargissement de la base productive pour répondre aux besoins de la population sans cesse croissante et de réduction de la pauvreté. Le Statement du gouvernement du Tchad sur la politique économique et sociale à moyen terme 1999–2002,18 intègre ainsi la stratégie de lutte contre l’insécurité alimentaire, dans la stratégie globale de croissance et de réduction de la pauvreté.

I.47. Ces orientations stratégiques sont reprises dans la Stratégie nationale de réduction de la pauvreté (SNRP) qui a été validée par le Comité de pilotage en juillet 2002, puis approuvée le 4 juin 2003 par le Haut comité interministériel. Cette stratégie qui constitue désormais le cadre global d’intervention de la politique du gouvernement en matière de développement pour les quinze années à venir a pour objectif de:

« développer une dynamique d’ensemble de la réduction de la pauvreté dans tous les compartiments de l’administration publique et de la société civile, tout en dégageant un noyau de secteurs prioritaires inspiré par le profil de pauvreté et ses déterminants, à savoir, le secteur de la santé, le développement rural (y compris l’eau et l’environnement), les infrastructures et le secteur de l’éducation et de la formation. »

I.48. Elle est articulée autour de cinq principaux axes: (i) promouvoir la bonne gouvernance; (ii) assurer une croissance économique forte et soutenue; (iii) améliorer le capital humain; (iv) améliorer les conditions de vie des groupes vulnérables; (v) restaurer et sauvegarder les écosystèmes.

I.49. Plus spécifiquement dans le secteur rural, la SNRP vise le développement des infrastructures de base et l’accroissement durable de la production rurale (axe 2); le renforcement du cadre réglementaire et des capacités de gestion des ressources naturelles en impliquant davantage les populations rurales (axe 5). Les objectifs prioritaires en matière d’accroissement durable de la production rurale sont: (i) un accroissement des investissements dans les aménagements hydro–agricoles et pastoraux; (ii) l’accès aux matériels et intrants agricoles; (iii) l’accès aux services d’appui pour les agriculteurs et les éleveurs; (iv) l’accès aux services financiers; (v) l’accès au marché; (vi) la diversification de la production agricole et la protection des cultures; (vii) le développement des filières.

I.50. Une Stratégie nationale de bonne gouvernance (SNBG) a également été adoptée en août 2002. Elle présente la problématique de la gouvernance, les contraintes et les progrès réalisés, et établit un plan d’action pour renforcer la bonne gouvernance au Tchad. L’objectif global de la stratégie est l’amélioration de la gestion des affaires publiques, décliné en cinq objectifs spécifiques qui sont : (i) l’assainissement des finances publiques ; (ii) la poursuite de la réforme administrative ; (iii) l’amélioration de la gestion des secteurs prioritaires ; (iv) le renforcement du partenariat avec les organisations de la société civile ; (v) l’amélioration de la sécurité des biens et des personnes.

I.51. Pour le secteur rural, le gouvernement a adopté une Stratégie nationale de développement rural (SNDR) qui a été présentée aux principaux bailleurs en juin 1999. L’objectif central de la politique du secteur est :

18 Mémorandum sur la politique économique et sociale à moyen terme 1999–2000.

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« l’accroissement durable du volume de production dans un environnement préservé et le renforcement des capacités du secteur rural pour relever le niveau de vie de la population et l’emploi. »

I.52. De cet objectif global, découlent les axes stratégiques suivants: (i) accroissement de la production; (ii) émergence des filières compétitives; (iii) gestion et valorisation des ressources naturelles; (iv) promotion du monde rural; (v) amélioration de l’efficacité des interventions publiques; (vi) renforcement des infrastructures rurales de base.

I.53. Pour la mise en œuvre de cette stratégie, les autorités en liaison avec les bailleurs de fonds ont identifié et mis en place, au cours de la même période, un vaste plan d’intervention pour le développement rural (PIDR).

I.54. Le Plan d’intervention pour le développement rural (PIDR), élaboré à la suite de la CSDR et adopté en 2002 se veut un instrument fédérateur et un cadre cohérent de coordination des interventions des bailleurs, doté de flexibilité permettant des interventions complémentaires, coordonnées, non dupliquées et ne rentrant pas en compétition entre elles. Ce plan, doté d’une enveloppe financière de l’ordre de 100 millions de dollars EU au départ, est subdivisé en deux programmes majeurs:

• le Programme de développement local (PRODEL), décliné en trois sous–programmes: (i) développement local; (ii) aménagement de l’espace rural; (iii) actions d’intérêt général;

• le Programme de renforcement des capacités sectorielles (PASAOP, ex PROSE), décliné en trois sous–programmes: (i) appui institutionnel aux départements ministériels; (ii) appui aux organisations professionnelles et du secteur privé; (iii) appui aux services du secteur rural);

• et deux sous–programmes transversaux qui sont: (i) l’appui à la microfinance; et (ii) le suivi du secteur.

I.55. Une Stratégie de réforme du sous–secteur coton a été adoptée en 2000, en vue d’assurer la viabilité économique et technique à long terme de la production du coton avec les objectifs suivants: (i) désengagement de l’Etat des activités de production; (ii) renforcement des capacités des organisations de producteurs; (iii) amélioration du réseau routier; (iv) amélioration de la production hors champ.

I.56. Le Schéma directeur de l’eau et de l’assainissement (SDEA), adopté en décembre 2002 par le Haut comité national pour l’environnement, définit les priorités pour valoriser durablement les ressources en eau du pays en adéquation avec les orientations contenues dans la SNRP et des objectifs de développement du Millénaire (ODM). En hydraulique agricole, il s’agit de renforcer les capacités dans le domaine de la gestion et de l’exploitation des grands périmètres irrigués, l’aménagement des périmètres privés et la réhabilitation des grands périmètres, en accordant la priorité à la formation et à l’organisation des paysans. Au niveau de l’hydraulique pastorale, les priorités nationales portent sur l’amélioration des connaissances de base, notamment en ce qui concerne les effectifs du cheptel et les capacités de charges fourragères, ainsi que la planification et programmation des ouvrages de l’hydraulique pastorale.

I.57. En conséquence, les programmes prioritaires à mettre en œuvre devront tenir compte de la volonté clairement exprimée par les autorités nationales à travers ces stratégies et celle d’utiliser les

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ressources provenant du pétrole pour promouvoir l’agriculture, l’élevage et l’exploitation durable des ressources naturelles. C’est d’ailleurs là, le sens de la loi portant gestion des ressources pétrolières19 qui prévoit l’affectation de 10 pour cent des recettes à un fonds pour les générations futures, et 80 pour cent aux secteurs prioritaires qui sont: (i) la santé et les affaires sociales, (ii) l’enseignement, (iii) le développement rural (agriculture, élevage, pêche, environnement et ressources en eau), et (iv) les infrastructures. La région productrice bénéficie de 5 pour cent des redevances pour son développement.

(ii) Stratégies des partenaires au développement

I.58. Dans le cadre de la stratégie nationale de développement rural, de nombreux bailleurs multilatéraux et bilatéraux (environ 18 recensés) apportent leur concours sous forme de prêts et de dons, pour accompagner les efforts du gouvernement. En 2003, le montant de leurs concours a atteint quelque 193,3 milliards de FCFA, soit 70 pour cent de l’enveloppe globale des financements acquis sur projets agricoles en cours d’exécution.

I.59. La Banque africaine de développement (BAD). La stratégie à moyen terme de la BAD20 a pour objectif: (i) d’améliorer la sécurité alimentaire du pays en diminuant les effets des facteurs climatiques sur la production agricole; (ii) de contribuer au développement des ressources humaines en investissant sur le capital humain; (iii) d’améliorer les infrastructures routières en vue de désenclaver le pays et réduire le coût des transports; et (iv) d’appuyer la poursuite des réformes économiques pour un développement économique durable du Tchad. La BAD intervient principalement dans le secteur agricole (88,4 millions d’UC21), mais aussi dans le secteur social (18,3 millions d’UC), celui des transports (12 millions d’UC) et au niveau du programme multi–bailleurs d’ajustement structurel (8,7 millions d’UC). Dans le secteur rural, elle intervient: (i) dans le projet d’aménagement hydro–agricole du polder de Mamdi; (ii) le projet de production cotonnière et vivrière en zone soudanienne (PVZS); (iii) le projet de valorisation des eaux de ruissellement superficiel dans les préfectures de Batha, Guéra, Ouaddaï et Biltine (PVERS); (iv) le projet de développement rural de la préfecture du Lac (PDPL); (v) l’étude du sous–secteur de la pêche et de la pisciculture; (vi) le projet d’appui au système d’élevage pastoral (PASEP); et (vii) le projet de développement rural de la préfecture de Biltine.

I.60. La Banque arabe pour le développement économique de l’Afrique (BADEA). Son domaine de concentration porte sur le financement des aménagements hydro–agricoles (polder de Mamdi et Doum–Doum) pour un montant avoisinant 19,7 milliards de FCFA, soit 12 pour cent des financements à l’agriculture en 2003.

I.61. La Banque mondiale. La Stratégie d’assistance au pays (SAP)22 de la Banque s’insère entièrement dans la SNRP et vise à aider le Tchad à utiliser ses revenus pétroliers pour la réduction de la pauvreté, à travers une gouvernance renforcée et des opportunités de génération de revenus plus larges dans le secteur non pétrolier. L’approche retenue est celle du développement communautaire (CDD), elle porte sur: (i) le renforcement des capacités locales et l’accroissement de la participation des populations bénéficiaires à la définition des objectifs prioritaires et à la mise en œuvre des stratégies opérationnelles permettant d’atteindre les objectifs cibles; (ii) l’achèvement du programme de réformes structurelles en cours de finalisation; (iii) la décentralisation et l’octroi de pouvoir aux communautés locales et aux organisations paysannes, afin de permettre à ces dernières d’exercer plus 19 Loi n°001/PR/99. 20 Country Strategy Paper 1999–2001. Février 2000. 21 UC: unité de compte: 1 UC = 846,6 FCFA. 22 Country Assistance Strategy for the Republic of Chad. Novembre 2003.

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d’influence sur leur propre développement et en devenir des partenaires actifs; (iv) la concentration des ressources gouvernementales limitées sur des services et investissements critiques, en particulier ceux liés aux services sociaux de base (l’éducation, la santé, les transports autour du programme PTMR, etc.).

I.62. Le développement rural, en particulier l’amélioration de la productivité agricole et la gestion des ressources naturelles, constituent une priorité majeure pour la SAP. La Banque a établi à cet effet un réseau avec les principaux bailleurs, qui a débouché sur la mise en place du Plan d’intervention pour le développement rural (PIDR). Son appui à la mise en œuvre de ce programme et à la réforme du secteur coton, s’opère à travers deux initiatives: le Projet d’appui aux services agricoles et aux organisations de producteurs (PSAOP), le Projet d’appui au développement local (PROADEL). La Banque mondiale intervient également, dans le cadre de l’initiative PPTE, dans le sous–programme pour l’agriculture pour un montant de 2 milliards de FCFA et dans le volet secteur rural de la SNRP.

I.63. La Banque islamique pour le développement (BID). Ses engagements s’inscrivent dans le cadre de la stratégie de réduction de la pauvreté et des objectifs du développement du Millénaire (ODM), pour un montant d’environ 11,3 milliards de FCFA. Elle est présente dans deux grands projets: Mamdi et le Projet de développement intégré du Salamat (PDIS) et programme un projet rural intégré dans le BET pour un montant de 1,8 milliard de FCFA. La BID apporte également un appui institutionnel à la Direction de la coopération et du suivi des projets et programmes du Ministère du plan et de la coopération.

I.64. Le CILSS, organisation intergouvernementale a pour mandat de contribuer à la recherche de la sécurité alimentaire et à la lutte contre les effets de la sécheresse et de la désertification, pour un nouvel équilibre écologique au Sahel. Il intervient au Tchad dans le cadre du Fonds régional de promotion de la petite irrigation au Sahel (PRADPIS). Six projets identifiés avec l’appui du PNUD lui ont été soumis pour financement.

I.65. La Coopération allemande, dont la stratégie d’intervention au Tchad est définie par le Document stratégique pour le pôle d’intervention prioritaire intervient dans le domaine du développement rural décentralisé et de la lutte contre la pauvreté et concentre ses activités dans le sud–ouest et le nord–est. Depuis 2003, les interventions de la KFW, la GTZ et du DED sont regroupées autour de deux programmes de développement rural décentralisé dans le Mayo–Kebbi, (PRODALKA) et l’Ouaddaï–Biltine (PRODABO) qui se poursuivront jusqu’en 2015. Ces deux programmes sont accompagnés de deux programmes d’hydraulique villageoise, le dernier en cofinancement avec l’AFD.

I.66. La Coopération française. Chef de file de la préparation de la consultation sectorielle sur le développement rural (CSDR) et depuis des partenaires techniques et financiers du secteur, les interventions de la coopération française s’inscrivent dans le cadre de la CSDR et du PIDR; elle intervient à travers l’Agence française de développement (AFD) et le Service de coopération et d’action culturelle (SCAC). La France intervient dans le secteur de: (i) l’agriculture et l’élevage (appui à l’organisation du monde rural et professionnalisation des acteurs, renforcement institutionnel des services de l’Etat, préservation et amélioration du potentiel productif); (ii) la sécurité alimentaire; (iii) l’environnement (lutte contre la désertification, connaissance des écosystèmes, relation élevage et faune sauvage); (iv) la politique de l’eau et les infrastructures hydrauliques.

I.67. La Coopération suisse. Le développement rural associé à l’éducation et à la santé de base constitue les axes d’intervention prioritaires de la Coopération suisse au Tchad. Les actions ciblées sont: (i) l’amélioration des systèmes agro–sylvo–pastoraux; (ii) la mécanisation agricole et

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l’amélioration des équipements ruraux; (iii) la réhabilitation de routes et de pistes liées à la protection des terroirs contre l’érosion.

I.68. La Coopération taïwanaise. Son champ d’action couvre l’hydraulique et l’agriculture irriguée, en particulier l’aménagement hydro–agricole de 2 000 hectares de Tcharaye à Bongor et de 300 hectares en maîtrise partielle d’eau au casier B, la réhabilitation de 500 hectares de périmètres irrigués en maîtrise totale d’eau. D’autres interventions sont programmées et réalisées dans le périmètre maraîcher de Djédaya sur 20 hectares et dans les zones potentiellement rizicoles.

I.69. La FAO. La stratégie d’intervention de la FAO, tout comme celle des autres agences du système des Nations Unies s’inscrit dans le cadre de la SNRP, des ODM, ainsi que du NEPAD. Elle appuie le gouvernement tchadien dans la mise en œuvre de différents programmes de développement rural dont: (i) la mise en œuvre des composantes « maîtrise de l’eau » et « diversification » du PSSA et du PRSA; (ii) le programme de lutte contre les maladies transfrontalières et les zoonoses au Niger et au Tchad, pour minimiser les risques de transmission transfrontalière vers la Libye et pour développer le commerce du bétail et des produits d’origine animale entre la Libye, le Niger et le Tchad (Libye, 14,3 millions de $EU), (iii) la faisabilité du Système d’information environnementale; (iv) le Plan d’opération pour la réorganisation de la filière semencière.

I.70. Le Fonds international pour le développement agricole (FIDA). Avec une contribution de près de 17 milliards de FCFA, les interventions du FIDA portent sur la réduction de la pauvreté en milieu rural avec une attention particulière aux axes suivants.23 (i) une meilleure prise en compte des dimensions sociales et économiques dans les interventions du FIDA; (ii) le renforcement des capacités des communautés locales; (iii) un accès amélioré des pauvres aux services financiers; (iv) une gestion améliorée des ressources naturelles. Le FIDA finance actuellement le Projet de sécurité alimentaire dans le nord–Guéra, phase II (PSANG II); le Projet de développement rural du Kanem (PRODER–K) et prépare le Projet d’appui au développement rural du Batha (PRADER–B).

I.71. La Libye intervient dans le cadre de la stratégie de réduction de la pauvreté et du NEPAD, dans la construction d’un village agricole, comprenant 25 maisons et une surface aménagée de 100 hectares (2,2 milliards de FCFA). Elle envisage également le financement du projet d’appui au PSSA et du programme coordonné de lutte contre les maladies transfrontalières et les zoonoses au Niger et au Tchad.

I.72. Le PAM, inscrit ses interventions dans les zones chroniquement déficitaires en production agricole, tout en participant dans le cadre du système « travail contre nourriture », à appuyer les actions des projets de développement agricole et rural.

I.73. Le PNUD finance la Cellule Permanente, créée à la suite de la CSDR pour assurer le suivi des activités du secteur et de nombreuses études et évaluations de projets (SDEA, Plan national d’action pour l’environnement, Plan national environnemental, etc.). Dans le sous–secteur de l’environnement, les priorités pour l’aide au développement du Système des Nations Unies porte sur le développement des stratégies nationales adaptées au contexte tchadien et ayant pour objectifs la préservation de l’environnement dans le cadre d’un développement durable; le renforcement des capacités locales de protection et de gestion des ressources environnementales des populations; l’application des conventions internationales ratifiées par le pays dans les domaines de l’environnement; la mise en place et la gestion d’un système d’informations environnementales.

23 Document d’options stratégiques du pays – Tchad. Mai 1999.

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I.74. L’Union européenne. Ses interventions s’inscrivent dans le cadre de la SNRP et de l’initiative PPTE. L’enveloppe prévue dans le cadre du 9e FED (2002–2007)24 comprend: (i) l’enveloppe A (aide programmable) consacrée au soutien macroéconomique et aux interventions sociales, dotée d’un montant de 132,5 milliards de FCFA; (ii) l’enveloppe B, destinée à la couverture des besoins spécifiques comme l’aide d’urgence, l’allègement de la dette ou la réduction des effets négatifs des instabilités d’exportation, d’un montant de 46,6 milliards de FCFA. Le programme indicatif national du 9ème FED retient trois secteurs de concentration: (i) le transport et les infrastructures routières (57,7 milliards de FCFA); (ii) l’hydraulique villageoise (32,8 milliards de FCFA); (iii) l’appui au programme de réformes macroéconomiques (32,8 milliards de FCFA), en particulier dans les secteurs sociaux de la santé, des affaires sociales et de l’éducation). Les secteurs hors concentration (20 milliards de FCFA) concernent en particulier l’aménagement des forêts naturelles et la gestion des terroirs, le projet d’appui au Parc national de Zakouma, le programme micro–réalisations et le programme d’appui à la bonne gouvernance en collaboration avec le PNUD.

I.75. Les domaines d’interventions des principaux bailleurs de fonds par rapport aux axes stratégiques de la SNRP sont présentés de matière synoptique en Annexe 2.

(iii) Principaux programmes et projets en cours et en préparation

I.76. La liste des programmes et projets en cours ou en préparation dans le secteur rural figure en Annexe 3. Leur corrélation avec les axes stratégiques de la SNDR et les cinq piliers du PDDAA25 est présentée sous forme de tableau en Annexe 4. La présentation plus détaillée de quelques projets est reprise par sous–secteur dans les paragraphes qui suivent.

I.77. Renforcement institutionnel et appui aux organisations professionnelles:

• Le Projet d’appui aux services agricoles et organisation de producteurs (PSAOP) appuyé par la Banque mondiale, d’un montant de l’ordre de 24,6 millions de dollars EU sur quatre ans, prend en compte, dans le cadre du PIDR, l’appui institutionnel aux départements ministériels, l’appui aux organisations professionnelles et au secteur privé, l’appui aux services du secteur rural.

• Les projets de renforcement des capacités rurales (RENCAR) et d’appui à l’élaboration à la programmation et au suivi des politiques rurales (PAEPS), d’un montant total de 2 millions d’euros hors assistance technique, financé par la France, apportent un appui aux organisations paysannes, aux centres de formation et à l’administration.

I.78. Développement local:

• Le Projet d’appui au programme de développement local (PROADEL), appuyé par la BM et l’AFD et doté d’un budget de l’ordre de 46 millions de dollars EU sur 12 ans, représente la mise en œuvre du PRODEL/PIDR et s’articule autour de trois axes: (i) l’appui aux projets de développement local; (ii) le renforcement des capacités des communautés rurales; (iii) l’appui au processus de décentralisation.

24 Stratégie de coopération et Programme indicatif national 9e FED. Novembre 2003. 25 (i) accroissement des superficies cultivées de manière durable et desservies par des systèmes fiables de

maîtrise de l’eau; (ii) amélioration de l’infrastructure rurale et des capacités commerciales pour faciliter l’accès aux marchés; (iii) augmentation des approvisionnements alimentaires et réduction de la faim; (iv) recherche agricole, diffusion et adoption de nouvelles technologies; et (v) élevage, pêche et forêt, (pilier spécifique en cours de discussion).

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• Le PRODALKA (Programme de développement rural décentralisé du Mayo Dallah, du Lac Léré et de la Kabbia), bénéficiant d’un concours financier allemand de 6,2 milliards de FCFA sur 3 ans, couvre les départements de la Kabbia, du Mayo Dallah et du Lac Léré et comporte cinq composantes: (i) coordination du secteur du développement rural; (ii) financement décentralisé des investissements et du développement rural; (iii) décentralisation et planification locale; (iv) mise au point et diffusion de pratiques d’agriculture durable; (v) gestion des ressources naturelles commune.

• Le PRODABO (Programme de développement rural décentralisé d’Assoungha, Biltine et Ouara) bénéficiant d’un concours financier allemand de 5,6 milliards de FCFA sur 3 ans, couvre les départements d’Assoungha, de Biltine et d’Ouara, et comporte cinq composantes: (i) fonds de développement décentralisé (FDD); (ii) gestion des ressources naturelles et coordination du secteur du développement rural; (iii) appui au processus de la décentralisation; (iv) appui à la planification du développement; (v) appui à la gestion des infrastructures.

I.79. Développement agricole:

• Le Projet de sécurité alimentaire au nord–Guéra (PSANG II), dont la première phase a démarré en 1993 et qui a entamé sa seconde phase en 2002, a pour objectif de promouvoir l’organisation rurale du nord–Guéra afin que les bénéficiaires puissent durablement améliorer leur bien–être, leur sécurité alimentaire, leur état nutritionnel et prendre en charge la gestion de leur développement. Il s’articule autour de trois composantes: (i) la promotion du monde rural et de son organisation; (ii) la mise en place de fonds de développement rural pour appuyer la sécurité alimentaire et la construction d’infrastructures rurales; (iii) le développement des services financiers décentralisés. Le coût total de la deuxième phase du projet est de 18,3 millions de dollars EU, financé en grande partie par le FIDA.

• Le Projet de développement rural du département de Biltine (PDRDB), s’inscrit dans le cadre du PIDR. Il a pour objectif la contribution à la réduction de la pauvreté en milieu rural, en particulier par l’amélioration des revenus des ménages ruraux et le renforcement des services de base à travers: (i) l’aménagement de 10 bassins versants dans la zone du projet (1 000 km2); (ii) le développement agricole et l’animation rurale; (iii) le développement des infrastructures sociocommunautaires de base. Le coût du projet, en grande partie financé par la BAD, est de 12 millions d’UC, sur une période de 6 ans (2002–2008).

• Le Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA), démarré en 2000, intervient sur sept sites répartis dans les zones soudanienne et sahélienne. L’objectif général du programme est de réduire de 50 pour cent le nombre de personnes mal nourries d’ici l’horizon 2015 en augmentant rapidement et durablement la production des denrées alimentaires de base. Il s’appuie sur quatre composantes principales: (i) la maîtrise de l’eau dans les systèmes irrigués; (ii) l’introduction accélérée de techniques améliorées disponibles; (iii) la diversification des sources de revenus des populations rurales; (iv) le renforcement des structures décentralisées et des capacités d’appui aux paysans. Les premiers financements de la FAO dans les domaines de la maîtrise de l’eau et de la diversification pour un montant de 690 000 dollars EU sont complétés par des financements acquis ou en négociation (BID: 3,8 millions de $EU et Libye: 1,7 million de $EU).

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I.80. Développement de l’élevage:

• Le Projet d’appui au système de l’élevage pastoral (PASEP), financé par la BAD, le FAD et l’OPEP pour un montant de 14,7 milliards de FCFA, a pour objectif: (i) la promotion de la professionnalisation des acteurs; (ii) l’appui à la production, transformation et commercialisation des produits de l’élevage; (iii) le renforcement des capacités des services publics.

• Le Programme panafricain de contrôle des épizooties (PACE), financé par l’UE pour un montant de 692 millions de FCFA. La composante Tchad revêt une importance régionale prioritaire avec comme objectifs: (i) le renforcement des capacités des services publics; (ii) l’amélioration des services aux éleveurs; (iii) le contrôle et l’éradication de la peste bovine (PB); (iv) le contrôle de la péripneumonie contagieuse bovine (PPBC) et des autres épizooties.

I.81. Gestion des ressources naturelles:

• Le Projet de sécurisation des systèmes pastoraux (PSSP), financé par la France à hauteur de 1,5 milliard de FCFA et le DED, intervient dans les domaines suivants (i) appui au laboratoire vétérinaire; (ii) amélioration de la gestion des ressources pastorales en vue de réduire les conflits; (iii) structuration professionnelle des éleveurs autour des fonctions d’approvisionnement et de commercialisation; (iv) amélioration des services aux éleveurs en matière de santé animale, de formation et d’information; (v) appui à la filière cameline.

• Le Projet de gestion des ressources naturelles (PGRN), en cours de démarrage, est financé par la BAD et a pour objectif de sécuriser et d’améliorer les revenus et de préserver les ressources naturelles dans la zone soudanienne en intervenant notamment en matière de conseil et d’appui à la production agricole, d’infrastructures rurales et de mesures environnementales (plan locaux de développement et gestion des ressources naturelles).

• Le projet CURESS (Conservation et utilisation rationnelles des écosystèmes soudano–sahéliens), appuyé par l’UE depuis 1989, a pour objet la réhabilitation et la mise en valeur du Parc National de Zakouma. Depuis 1993, un programme d’éco–développement a été mis en place et son aire d’intervention a été étendue aux réserves de faune du Bahr Salamat et de Siniaka Minia. Les principaux résultats visés sont: (i) l’amélioration de la gestion du parc; (ii) le développement de l’éco–tourisme; (iii) une connaissance actualisée des ressources du Parc; (iv) le renforcement des capacités de la population pour l’exploitation durable des ressources naturelles; et (v) l’amélioration des conditions socioéconomiques.

I.82. Hydraulique rurale:

• Le Programme d’hydraulique rurale (PHR), d’un coût total de près de 59 milliards de FCFA sur 5 ans, est préparé en cofinancement par l’AFD et la KFW. Ce programme qui fait suite au projet d’hydraulique villageoise Ouaddaï–Biltine, s’inscrit dans le cadre du SDEA et comporte quatre composantes: (i) l’hydraulique villageoise (2 200 points d’eau potable, 900 000 bénéficiaires); (ii) l’alimentation en eau potable dans les centres secondaires de plus de 2 000 habitants (amélioration de 42 sites existants et création de 30 nouveaux systèmes, 360 000 bénéficiaires); (iii) l’hydraulique pastorale (290 points d’eau); (iv) l’appui institutionnel à la politique de l’eau.

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• Le Programme d’hydraulique villageoise dans le Mayo–Kebbi, financé par la KfW, pour un montant de 2,2 milliards de FCFA pour la construction de 300 points d’eau équipés de pompes à motricité humaine.

• Les projets « Politique de l’eau » (PPE, France) et « Gouvernance de l’eau et développement local » (GEDEL, PNUD), apportent un appui au secteur de l’eau, fortement coordonné dans le cadre de la SDEA.

(iv) Leçons tirées de l’expérience

I.83. Au cours des deux dernières décennies, de nombreux programmes et projets ont été réalisés dans le secteur rural, particulièrement dans les régions du sud, du sud–ouest et du centre. Le sud–est (Salamat, Guéra, Ouaddai) a été beaucoup moins touché par les interventions des bailleurs de fonds. Le BET, en raison des problèmes de sécurité et de la faible densité de population, n’a bénéficié d’aucune intervention depuis 20 ans. Ces projets et l’appui institutionnel apportés par les bailleurs de fonds au Tchad ont sans nul doute contribué à la relance de la croissance économique du pays, mais n’ont pas permis un véritable essor du secteur rural et agricole qui souffre de nombreuses contraintes qui restent à lever.

I.84. En ce qui concerne les acquis, on peut citer:

• Sur le plan de la structuration et de la formation du monde paysan, le rôle positif joué par les différentes structures de formation, telles que les CFPR, dans la naissance d’organisations paysannes de base (groupements, associations de groupements, associations villageoises, etc.) et dans les formations dispensées qui ont largement contribué à la diffusion des techniques nouvelles, de la culture attelée et de l’équipement de jeunes agriculteurs. Des études récentes, révèlent en effet que « l’image des CFPR est très positive aux yeux des producteurs et dans nombre d’endroits, les organisations paysannes se sentent chez elles dans les centres ».

• Parmi les interventions qui ont répondu aux attentes des populations, on peut citer celles qui ont contribué à la réduction de l’insécurité alimentaire consécutive à la sécheresse des années 1970 et 1980 et celles qui ont reposées sur une implication forte des bénéficiaires, des organisations paysannes et des opérateurs du privé susceptibles de pérenniser, sur leurs ressources propres, les actions de développement (participation au niveau des coopératives de services ou de producteurs dans le domaine du maraîchage, de la pêche, etc.).

• L’élaboration et la formulation de politiques, de stratégies et de textes réglementaires dans le secteur (préparation de la CSDR, SDEA, Code de l’eau, Code forestier, etc.) ont permis de combler un vide en dotant le pays de cadres cohérents d’intervention, avec une vision à long terme des objectifs à atteindre. Avec le PIDR, le secteur rural bénéficie d’un cadre opérationnel qui permet de structurer et coordonner les interventions de tous les bailleurs.

• La mise en place depuis juin 2000, d’une cellule permanente interministérielle composée de cadres mis à disposition par quatre ministères,26 qui assure le secrétariat du mécanisme chargé de la coordination, de l’élaboration et du suivi de la politique sectorielle. Ce dispositif vise une véritable gestion interministérielle des dossiers transversaux et permet

26 MA, ME, MEE, MPE.

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également, l’implication des différents acteurs dans le suivi des projets ainsi que la centralisation et la diffusion des informations relatives au développement rural.

I.85. Cependant, malgré cet effort de coordination, on constate que la coordination des bailleurs et de leurs interventions reste difficile en raison de différences d’approche et de priorités. La dispersion des activités, le manque de cohérence des objectifs des projets qui se retrouve d’un cadre de formulation à l’autre, expliquent en partie l’attentisme et la méfiance des bénéficiaires sur certains projets, ainsi que les faibles résultats obtenus dans la transformation des structures sociales et l’amélioration des conditions de vie de la population rurale.

I.86. Les organes d’exécution des projets sont devenus de véritables enjeux de compétition pour occuper un poste de gestionnaire de projet. A tel point que ces organes ne jouent pas toujours leur rôle et ne prennent pas la vraie mesure des problèmes de fond que pose l’exécution des projets. Les conditions de recrutement du personnel des projets devraient donc être revues et les recrutements effectués sur des critères de compétence et de professionnalité. La non appropriation du mécanisme de suivi par les différents acteurs, le sentiment de frustration exprimé par certains acteurs par rapport au projet, le manque de clarification des rôles entre les services techniques des ministères sont autant d’handicaps qui pénalisent le succès des projets.

I.87. La plupart des programmes et projets initiés se préoccupent trop peu de la modernisation et du renforcement durable des exploitations agricoles (ressources, choix techniques, méthodes de gestion, etc.) qui sont pourtant essentiels, pour accroître la croissance durable de la production et améliorer les conditions de travail et le niveau de vie des populations. Les charges récurrentes des projets ne sont pas suffisamment évaluées et budgétisées pour leur prise en compte. Ce qui explique que les acquis sont rarement reproductibles sans un recours à l’assistance extérieure.

I.88. La faiblesse de la trésorerie de l’Etat et son corollaire, la faible mobilisation des fonds de contrepartie qui représentent en moyenne entre 2 à 3 pour cent du budget général de l’Etat, entravent la bonne exécution des projets. L’Union européenne, dont l’appui se fait essentiellement sous forme d’aide budgétaire, déplore, en particulier pour le programme d’infrastructures routières, des taux d’exécution relativement faibles, liés à trois causes principales: (i) une programmation trop optimiste, voire irréaliste dans certains cas; (ii) une capacité d’absorption des fonds déjà mobilisés inférieure à ce qui pourrait être espéré d’une administration efficace; et (iii) un réel déficit de financement qui affecte l’exécution physique des programmes.

I.89. La faiblesse, et parfois l’absence des services publics, appellent toujours un effort de renforcement prolongé au profit des institutions, en particulier communautaires et privées. De manière générale, les sous–traitants potentiels sont peu nombreux et généralement de capacité limitée, particulièrement en zone sahélienne. Un renforcement préalable de ces opérateurs et un suivi rapproché de leurs prestations sont nécessaires.

I.90. Les expériences de la Banque mondiale, de la Coopération allemande, et du FIDA ont montré la nécessité: (i) de renforcer les capacités des institutions dans le domaine du développement rural, et les capacités décentralisées en particulier; (ii) de privilégier les voies locales du développement et favoriser l’intégration des bénéficiaires, et particulièrement des femmes, dans le processus de formulation de leurs besoins, en considérant l’alphabétisation fonctionnelle et l’éducation nutritionnelle comme des moyens privilégiés d’atteindre ce but; (iii) de développer des modalités de financement local adaptées aux besoins des bénéficiaires et conçues avec leur participation; et (iv) de fixer aux unités de gestion de projet un rôle d’appui aux initiatives locales, de coordination avec les autres intervenants, de gestion financière, de suivi et de gestion contractuelle de l’exécution des activités avec des opérateurs publics, privés ou avec des ONG.

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I.91. De façon générale, beaucoup des projets de développement rural initiés au cours des 10 dernières années, ont rencontré beaucoup de difficultés, dont les principales causes sont:

• surestimation de la capacité des organisations professionnelles rurales et des opérateurs privés identifiés pour réaliser les prestations au bénéfice des paysans;

• surestimation de la capacité des institutions publiques à répondre de manière appropriée aux besoins réels des populations rurales et des paysans;

• surdimensionnement fréquent de l’aire d’intervention des projets par rapport aux moyens disponibles;

• inadaptation de l’instrument « projet » pour les raisons suivantes: durée trop courte des projets, inadéquation de l’assistance technique dans bien des cas, absence d’autonomie financière des projets, procédures de décaissement trop longues, lourdes et tatillonnes qui bloquent l’avancement des projets et démotivent les gestionnaires et les bénéficiaires.

II. CONTRAINTES ET OPPORTUNITÉS

A. Contraintes générales

II.1. Le secteur agro–industriel est faiblement développé au Tchad comme le secteur industriel tout court. Ce dernier contribue à environ 14 pour cent au PIB, il est dominé par une dizaine d’entreprises dont les plus importantes sont la société tchadienne d’eau et d’électricité et les usines de transformation du coton. Elles contribuent pour 36 à 39 pour cent à la valeur ajoutée du secteur secondaire, les unités de transformation du coton se taillant la moitié de cette part. A part le coton qui est exporté, l’ensemble des unités industrielles produisent essentiellement pour le marché intérieur dans des conditions marginales de productivité et de compétitivité. En effet, les coûts des facteurs de production sont très élevés, les structures de production mal intégrées, les marchés de services peu développés. Le secteur du coton qui constitue la principale source de devises du pays, a du mal à s’ajuster aux contraintes économiques accrues du marché et à se développer en filière compétitive. A tel enseigne que l’économie reste dominée par le secteur informel qui représente, toutes activités confondues, plus de 70 pour cent de la valeur ajoutée totale et 45 pour cent de la valeur ajoutée non agricole. Les problèmes de fournitures d’énergie qui se manifestent par des coupures intempestives et prolongées de courant et sa cherté sont de sérieuses contraintes pour le développement des PME/PMI.

II.2. Les marchés sont mal organisés et le système d’information sur ces marchés est inexistant ou manque d’efficacité. Or les possibilités d’accroissement de l’offre des produits sont fonction de l’existence de marchés, de la compétitivité des productions nationales sur ces marchés, de la capacité des intervenants à saisir ces opportunités et enfin, de la capacité de réponse de l’offre à cette demande.

II.3. Les moyens d’intervention des ministères sont relativement limités tant au niveau des ressources humaines où le vieillissement des effectifs (notamment au niveau des cadres de conception) est très préoccupant, qu’au niveau des infrastructures et équipements (bâtiments administratifs vétustes, moyens de travail et de déplacement insuffisants et vétustes). Les contributions du budget national au fonctionnement des ministères sont globalement absorbés par les dépenses de personnel (86 pour cent pour le MA, 93 pour cent pour le ME). Les ressources budgétaires hors rémunération du personnel, sont d’ailleurs très difficiles à mobiliser.

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II.4. Les services d’appui en milieu rural sont faiblement représentés et demeurent inefficaces, malgré la redéfinition du rôle de l’Etat et la proposition d’un nouveau cadre institutionnel pour le développement rural en juin 1999. Le processus de décentralisation en cours n’a pas encore permis de clarifier les rôles et les fonctions des différents services de l’Etat, du secteur privé et des organisations de producteurs aux niveaux régional, départemental, sous–préfectoral et communal. Enfin, les fonctions de programmation, de statistiques et de suivi–évaluation au sein des ministères ne sont pas suffisamment outillées et manquent de coordination.

II.5. Les outils financiers nécessaires à la modernisation des exploitations agricoles comme à la promotion des PME/PMI en milieu rural font défaut. Le secteur bancaire et financier très réduit n’apporte guère de contribution au financement du développement et à la croissance du secteur. Leurs concours restent limités au financement de la campagne annuelle du coton et des besoins de la Cotontchad. Le taux de bancarisation des campagnes tchadiennes, un des plus faibles au monde, est quasi–nul. Seules quelques ONG et des programmes appuyés par l’AFD, le FIDA, la GTZ fournissent des services financiers spécifiques en milieu rural. Les taux pratiqués dans ce cadre sont en moyenne de l’ordre de 12 pour cent, contre 100 pour cent, voire plus, par les usuriers. Ces goulots d’étranglement constituent des facteurs de blocage importants, empêchant la modernisation du secteur.

II.6. Le système fiscal est inadapté et excessif. Jusqu’en 1987, les activités du secteur étaient taxées (coton fibre, cultures vivrières, bétail, produits de la pêche) et les ressources collectées étaient reversées à des organisations telles que l’ONDR, ou le Laboratoire de recherche vétérinaire de Farcha, pour financer les activités de recherche et de vulgarisation. Cette mesure a été supprimée et, aujourd’hui, aucune taxe ne frappe les produits du secteur, à l’exception toutefois du poisson et du bétail à l’exportation. Cependant, il reste que les intrants et les équipements agricoles sont soumis à une taxation jugée très lourde par les opérateurs du secteur qui n’ont aucune possibilité de récupération. A cela s’ajoutent les autres taxes informelles ponctionnées sur les routes et les marchés en toute illégalité qui pénalisent les performances des systèmes de commercialisation et la compétitivité des produits.

II.7. L’insuffisance et le mauvais état des infrastructures de transport, en particulier des pistes rurales ne facilitent pas l’accès des produits aux marchés intérieurs et aux marchés extérieurs. Sur les 40 000 km de routes et pistes rurales que comptent le pays, seul 3 000 km sont praticables en toute saison. Cette insuffisance des infrastructures de transport renchérit ainsi les coûts des inputs et constitue un facteur limitant à la compétitivité des investissements. Pour une tonne d’engrais importée, par exemple, le coût du transport représente environ 44 pour cent du prix intérieur, contre 50 pour cent du prix CAF. L’absence de stratégie nationale en matière de transport en milieu rural constitue un sérieux handicap.

II.8. La persistance de l’insécurité publique et de l’instabilité institutionnelle constitue de véritables goulots d’étranglement qui entravent d’une manière générale la réalisation d’investissements publics et privés, la croissance de la production et de l’emploi, ainsi que l’amélioration des conditions d’existence des populations rurales.

II.9. Les populations rurales tchadiennes vivent dans des conditions de forte précarité tant du point de vue de l’habitat, de l’assainissement, de l’accès à l’eau potable, aux services sanitaires à l’énergie, aux médias, et aux biens d’équipement domestiques. Le niveau des revenus est très bas et ne favorise guère une accumulation élargie de richesses. Les moyens sanitaires en personnel, médicaments et équipements sont d’un niveau très insuffisant en zone rurale. D’où le problème de propagation des maladies comme le SIDA, le paludisme et les autres maladies et infections transmissibles qui déciment des proportions de plus en plus importantes des forces vives du pays.

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II.10. Le déséquilibre entre la croissance de la population et la quantité des ressources alimentaires disponibles engendre une sous–alimentation et une malnutrition se traduisant par le nombre élevé d’enfants de poids insuffisant à la naissance. Les données les plus récentes révèlent que la malnutrition reste le problème majeur de santé publique au Tchad: plus de 50 pour cent de la mortalité infantile est due directement ou indirectement à la malnutrition.

II.11. La sous–valorisation du capital humain constitue un véritable goulot d’étranglement pour le développement. Le taux d’alphabétisation des adultes est très faible (10 pour cent). Il y a une forte disparité entre les hommes (13 pour cent) et les femmes (5 pour cent). Les filières de formation technique et professionnelle sont quasi–inexistantes ou mal adaptées aux besoins de l’économie rurale.

II.12. La situation des femmes est particulièrement préoccupante. Les principaux goulots d’étranglement sont: l’absence d’un code de la famille permettant de reconnaître la place des femmes dans la vie économique; un très fort taux d’analphabétisme; le nombre très insuffisant de formatrices qualifiées; la faible implication des femmes dans la définition des projets; l’accès au crédit plus difficile pour les femmes que pour les hommes; le faible développement de la diffusion des technologies appropriées pour les travaux domestiques et champêtres réalisés par les femmes.

II.13. Le foncier constitue une contrainte majeure pour la gestion des terroirs au Tchad. Le régime foncier des terres, des points d’eau, des couloirs de transhumance, n’est pas clairement défini et les concurrences pour leur valorisation créent bien souvent des conflits meurtriers entre utilisateurs: conflits agriculteurs/éleveurs, conflits entre propriétaires et exploitants, conflits intra–éleveurs. L’accès à la terre pose généralement peu de difficultés, dès lors que les conditions coutumières sont respectées, notamment par le paiement d’un droit d’usage. Cependant les communautés villageoises, du fait de l’absence d’un code rural formel, éprouvent souvent de la peine à assurer la pleine possession de la gestion de leur terroir. Des textes législatifs fonciers anciens existent, mais sont parfois en porte à faux avec le droit coutumier et mériteraient une adaptation et actualisation.

II.14. L’extrême vulnérabilité du système productif agricole, pastoral et piscicole aux aléas climatiques ne permet pas de sécuriser la production. L’archaïsme des techniques et des moyens de production ne permet pas d’une part, de préserver la fertilité des sols, de conserver le couvert végétal et d’accroître les superficies à mettre en valeur et, d’autre part d’améliorer la productivité et les systèmes de production, de récolte et de stockage. La faiblesse structurelle des systèmes de production, de transformation et de commercialisation ne permet pas d’améliorer les possibilités de réalisation des complémentarités entre l’agriculture marchande et vivrière, ainsi qu’avec l’élevage, la pêche et la sylviculture.

II.15. La production vivrière nationale est faible et peu diversifiée tout comme l’alimentation qui est encore moins diversifiée. Les capacités de production et de compétitivité sont faibles. Les rendements pour les céréales, par exemple, sont faibles, ils représentent moins de la moitié de ceux des pays à niveau de développement similaire. La faible maîtrise des attaques des ennemis des plantes et, plus particulièrement, des criquets migrateurs et dans une moindre mesure, les oiseaux granivores constituent une contrainte majeure pour le développement du secteur agricole, dans la mesure où cela fait peser une incertitude importante sur les prévisions de récolte et oblige à importer davantage de céréales pour parer aux déficits de récolte.

II.16. Le secteur coton qui constitue jusqu’à présent la principale culture de rente et une source de devises importante pour le pays, a du mal à s’ajuster aux contraintes économiques et commerciales internationales. Les problèmes institutionnels et de gestion du secteur, la vétusté des infrastructures et la faiblesse des prix d’achat du produit n’ont pas seulement pour effet de décourager les efforts

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d’intensification des producteurs, mais également de réduire les niveaux de ressources dont ils pourraient disposer pour s’équiper en techniques et en facteurs de production plus performants.

II.17. L’importance de l’élevage au Tchad n’est plus à démontrer, elle contribue à la sécurité alimentaire et représente quelque fois la seule source de revenus pour certaines populations. Les pratiques d’élevage restent cependant très traditionnelles et extensives et les activités commerciales empruntent largement les circuits informels, notamment pour l’exportation de bovins sur pied. Le volume d’exportation de viande fraîche est très fluctuant et a tendance à régresser suite à l’instabilité des marchés côtiers traditionnels. La production de « viande blanche » est faiblement développée dans un pays à forte tradition pastorale. Le manque de professionnalisme des acteurs, la faible capacité financière des opérateurs, les distorsions liées aux conditions de commercialisation et au manque d’information sur les marchés, sont des freins au développement du secteur.

II.18. Dans le domaine de la sylviculture et de la pêche, la production du secteur est faible et ne représente en moyenne que 3 pour cent du PIB. Cette contre–performance est liée aux contraintes techniques et organisationnelles qui minent le secteur: mauvaise gestion des ressources laissée à la merci d’agents sans formation, transformés en simple percepteurs de taxes; carence des effectifs administratifs et techniques pour l’encadrement des acteurs; absence de pôles de service/développement dans les principaux centres de pêche situés sur les plans d’eaux les plus importants; faiblesses technique et financière des opérateurs nationaux dans la valorisation des ressources.

II.19. La dégradation de l’environnement et des ressources naturelles due à la pression de l’activité humaine et l’aridité du climat constitue un problème économique et environnemental préoccupant. La fertilité des sols diminue énormément sous l’effet conjugué de la sécheresse, du déboisement, de l’érosion éolienne et hydrique, de la culture attelée et de la pression foncière engendrée par la sédentarisation progressive des éleveurs nomades. La désertification progresse par tâches diffuses et les mesures prises pour l’enrayer demeurent largement en deçà des moyens qu’il faudrait mettre en œuvre pour enrayer cette avancée. Les ressources halieutiques connaissent également une dégradation importante liée aux aléas climatiques et à l’action de l’homme.

II.20. Les ressources en eau sont, sommes toutes, très importantes mais très inégalement réparties. La mauvaise connaissance et la gestion anarchique de cette ressource sont un handicap sérieux pour une utilisation plus efficace et rationnelle en vue de l’augmentation de la productivité agricole, pastorale et halieutique. Les coûts d’aménagement et les charges récurrentes élevés, la mauvaise organisation de la gestion et de l’entretien des ouvrages, et les difficultés de recouvrement des redevances, limitent l’utilisation de l’irrigation comme moyen de sécuriser la production.

B. Défis et opportunités

II.21. Les défis posés à moyen et long terme au Tchad apparaissent clairement à partir des développements qui précèdent. L’urgence est de faire face à l’important taux de croissance démographique en mobilisant toutes les énergies et possibilités d’investissements, notamment privés, pour créer des richesses et des emplois. Ce qui suppose de:

• consolider la stabilisation financière et les réformes structurelles;

• consolider l’Etat de droit et approfondir les bases d’une bonne gouvernance;

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• renforcer les capacités nationales de gestion, afin de provoquer un saut qualitatif nécessaire à une gestion efficace de l’économie à l’ère pétrolière et assurer la pérennité des réformes;

• désenclaver le pays en réduisant les contraintes internes et externes qui pèsent sur la communication, notamment en corrigeant les déséquilibres régionaux dans un triple objectif de développer les échanges économiques, favoriser la cohésion sociale et réduire les disparités;

• réduire fortement la pauvreté, notamment en assurant le développement social, la sécurité alimentaire, la protection des personnes vulnérables et une couverture plus large des besoins fondamentaux en matière de santé et d’éducation;

• développer de nouveaux moteurs de croissance en s’appuyant en particulier sur la dynamique du secteur pétrolier pour moderniser l’agriculture, l’élevage et la pêche.

II.22. Pour y parvenir, le Tchad dispose d’un large éventail de potentialités humaines, agronomiques, zootechniques, halieutiques et minéralogiques permettant l’accroissement durable du niveau de la production et la réduction de la pauvreté:

• une population active jeune: 50 pour cent a moins de 25 ans;

• une réserve en terre cultivable importante: sur 39 millions d’hectares, seulement quelque 3 millions d’hectares (7,7 pour cent) sont mis en culture annuellement. Sur 5,6 millions d’hectares théoriquement irrigables, seul 10 000 hectares (0,2 pour cent) sont effectivement irrigués;

• des ressources en eaux importantes, largement sous–exploitées;

• des terrains de parcours pour l’élevage pastoral couvrant 65 pour cent de la superficie du pays et une superficie des forêts naturelles et de terres boisées couvrant 18 millions d’hectares, soit 14 pour cent de la superficie du pays;

• une gamme variée de minerais: sel, natron, uranium, or, diamant, kaolin, pétrole, etc.

II.23. La Stratégie nationale de réduction de la pauvreté (SNRP) vient renforcer le dispositif institutionnel en offrant désormais un cadre de concertation et de coordination pour une plus grande synergie dans les interventions des différents partenaires et pour la promotion des investissements privés. Les stratégies ou programmes sectoriels comme le Schéma directeur de l’eau, le Plan national pour l’emploi constituent des cadres d’intervention et d’investissement cohérents et structurants pour le développement du secteur rural.

II.24. Les perspectives de la rente pétrolière, l’éligibilité du pays à l’initiative PPTE et la volonté de la communauté internationale d’aider le pays à atteindre les objectifs de développement du millénaire (ODM) offrent notamment des opportunités pour la mobilisation d’importantes ressources additionnelles nécessaires au financement des actions du volet rural de la SNRP.

II.25. L’exploitation du pétrole, en particulier, génèrera des revenus substantiels, estimés à quelque 100 milliards de FCFA par an pendant une quinzaine d’années, devant permettre l’amélioration des conditions de vie de la population. De nombreuses opportunités seront ainsi offertes au secteur privé à travers la sous–traitance et le développement des services. Mais le secteur pétrolier, permettra aussi de fournir des ressources pour le développement du secteur non pétrolier, c’est–à–dire la diversification

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de l’économie du pays et en particulier dans le développement rural et les infrastructures, déclarés comme domaines prioritaires.

II.26. La valorisation du potentiel agricole, pastoral, halieutique et minier va accélérer le développement de la base économique, d’autant plus que le gouvernement a prévu dans le cadre de sa stratégie de bonne gouvernance, des mesures permettant de sécuriser les investissements et de lever les entraves liées au transport des hommes et des biens, la garantie d’une couverture minimale de l’ensemble de la population en infrastructures sociales de base et un environnement administratif, fiscal et réglementaire favorable au commerce des produits agro–alimentaires.

II.27. L’émergence et l’expansion des mouvements associatifs en milieu rural, constituent un catalyseur pour le développement du secteur. Ces mouvements associatifs et coopératifs, apportent de plus en plus une réponse concrète à la responsabilisation du monde rural et, à terme, au désengagement de l’Etat des activités de service ou de production. En matière de formation, le développement spectaculaire des écoles communautaires, le dynamisme des associations de parents d’élèves, qui prennent à leur charge par exemple plus de 54 pour cent des effectifs globaux des maîtres, constituent un autre atout pour le secteur.

II.28. Dans le domaine de la santé, la propension des populations à s’approprier les structures de santé par le système de recouvrement des coûts offre une grande opportunité permettant de faciliter l’approvisionnement en médicaments des centres de santé et de les rendre viables. Par ailleurs, le processus de déconcentration/décentralisation qui implique à terme une planification budgétaire décentralisée, la délégation budgétaire au niveau préfectoral, la création de centres régionaux de formation des agents sanitaires, l’autonomie attendue des hôpitaux, représentent une opportunité pour le développement du secteur.

II.29. Fort de ces atouts, le gouvernement se propose plus spécifiquement pour le développement du secteur rural d’accroître de façon durable le volume de la production dans un environnement préservé et de renforcer les capacités du secteur rural pour relever le niveau de vie de la population et de l’emploi.

III. LIGNES DIRECTRICES DU PROGRAMME D’INVESTISSEMENT

A. Lignes stratégiques

III.1. Le Tchad dispose d’un important potentiel de production agro–pastoral en termes de disponibilité de terres agricoles et de parcours ainsi que de ressources en eau mobilisables. Les ressources financières additionnelles que vont procurer l’exploitation du pétrole offrent au pays une véritable opportunité pour réhabiliter et développer les infrastructures et services de base qui sont aujourd’hui dans un état de délabrement avancé dans les zones rurales. Sur le plan régional, les relations économiques et commerciales avec les pays voisins qui ont toujours été très fortes, représentent également des opportunités de croissance pour les activités rurales, dans la mesure où la compétitivité des produits tchadiens est améliorée et les voies principales de communication réhabilitées.

III.2. Ceci explique que le secteur rural représente toujours, même à l’ère du pétrole, un secteur d’investissement essentiel pour réduire la pauvreté et l’insécurité alimentaire et inscrire le pays dans la voie du développement durable. Il représente un secteur prioritaire de la SNRP qui vise:

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« la réduction de la pauvreté par la création d’une dynamique d’ensemble dans tous les secteurs de l’administration publique et de la société civile en focalisant les efforts sur quatre secteurs prioritaires qui sont la santé, le développement rural, les infrastructures et l’éducation. »

III.3. Les objectifs assignés plus précisément au secteur rural sont contenus dans le document de Stratégie nationale de développement rural (SNDR). L’objectif central de cette stratégie est:

« d’accroître la production de l’économie rurale de façon viable tout en sauvegardant l’environnement et en renforçant les capacités humaines et institutionnelles dans le but de relever le niveau de vie de la population et l’emploi. »

III.4. Compte tenu de la précarité actuelle des conditions d’existence en zone rurale, il est essentiel que la réhabilitation des services de base dans le domaine de la santé, l’éducation et la formation des adultes; la fourniture d’énergie; le renforcement des capacités des services décentralisés de l’Etat; la restauration de l’ordre public aillent de pair avec les appuis au développement du secteur productif. Ceci est indispensable pour redynamiser les capacités d’initiatives et d’innovation des petits exploitants sur lesquels repose quasiment l’ensemble de la production agropastorale.

B. Priorités d’investissement

III.5. Les priorités d’investissement pour le secteur rural qui découlent de la SNRP, s’inscrivent plus spécifiquement dans l’axe 2 qui est de:

« développer les secteurs de croissance et promouvoir le développement des opérateurs privés ».

III.6. Le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) qui constitue le cadre stratégique du volet agricole du NEPAD, repose sur cinq piliers considérés domaines prioritaires d’investissement dans le secteur rural27 et a pour objectif de:

« restaurer la croissance agricole, le développement rural et la sécurité alimentaire en Afrique à travers des partenariats et des investissements renforcés. »

III.7. Les convergences fortes qui apparaissent entre les axes stratégiques pour le développement du secteur rural de la SNRP et les piliers du PDDAA concernent: (i) l’accroissement durable de la production par la maîtrise des aménagements hydro–agricoles; (ii) le développement des infrastructures de base pour faciliter l’accès aux marchés et (iii) le renforcement des fonctions économiques au sein de filières performantes. Il est important de noter que la réalisation des mesures de renforcement de la bonne gouvernance (consolidation de l’Etat de droit, la répartition claire des rôles entre l’Etat, le secteur privé et la société civile, la mise en œuvre de la décentralisation et la déconcentration) est la première priorité de la SNRP et représente une condition essentielle pour garantir la viabilité des programmes d’investissements qui seront réalisés dans le secteur rural.

III.8. Les priorités nationales pour le secteur rural ont été détaillées dans la SNDR qui forme le cadre stratégique pour ce secteur. Elles sont rappelées ci–dessous en mettant en exergue les corrélations fortes qui apparaissent avec les piliers du PDDAA. 27 Voir Préambule.

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1. Renforcement des services d’appui aux producteurs • Recherche et vulgarisation (pilier PDDAA n° 4); • Formation et information rurale (pilier PDDAA n° 4); • Accès aux facteurs de production (pilier PDDAA n° 1); • Financement des activités en milieu rural (pilier PDDAA n° 1, 3); • Prévention et gestion des crises alimentaires (pilier PDDAA n° 3).

2. Commercialisation et transformation des produits agro–sylvo–pastoraux • Renforcement des filières compétitives (pilier PDDAA n° 2); • Privatisation des organismes du secteur (distribution de produits vétérinaires, Cotontchad,

etc.) (pilier PDDAA n° 1).

3. Mise en valeur et gestion durable des ressources • Gestion des ressources et aménagement de l’espace rural (pilier PDDAA n° 2); • Développement régional (pilier PDDAA n° 2); • Relance et transfert des périmètres irrigués (pilier PDDAA n° 1); • Hydraulique et assainissement (pilier PDDAA n° 1); • Amélioration et gestion de l’information à travers la mise en place de bases de données sur

les différents sous–secteurs du développement rural (pilier PDDAA n° 4).

4. Programme de restauration et conservation des potentiels productifs et de la biodiversité • Restauration et conservation de la biodiversité (pilier PDDAA n° 5); • Restauration et conservation des potentiels productifs (pilier PDDAA n° 1, 3); • Parcs et aires protégées (pilier PDDAA n° 5); • Mise en œuvre de la convention de la lutte contre la désertification (pilier PDDAA n° 3); • Environnement et climat.

5. Organisation et structuration du monde rural (pilier PDDAA n° 3)

6. Renforcement des capacités (pilier PDDAA n°4) • Renforcement des capacités de conception et de suivi des politiques; • Formation.

III.9. Les priorités d’investissements doivent également prendre en compte les contraintes particulièrement fortes évoquées précédemment et qui sont:

• la précarité des systèmes de production, trop dépendants des aléas climatiques;

• des aménagements hydro–agricoles mal ou sous–exploités et insuffisants;

• l’inexistence ou l’état de délabrement des infrastructures de transport, de transformation et de mise en marchés des produits agricoles;

• la faiblesse des instruments et services d’appui à la production: financement des activités et des investissements ruraux, accès aux intrants et aux équipements, accès au marché;

• les conflits pour l’utilisation des ressources naturelles et leur exploitation minière faute de stratégie et plans de gestion appropriés et concertés entre les utilisateurs et les autorités traditionnelles et administratives;

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• la faiblesse de l’organisation des acteurs ruraux et la sous–valorisation du capital humain;

• la faiblesse de la capacité d’absorption des investissements, liée à la faiblesse générale de l’économie tchadienne et au manque d’acteurs et d’opérateurs qualifiés dans tous les secteurs.

III.10. Les défis majeurs qui restent ainsi à relever pour faire reculer significativement l’insécurité alimentaire et la pauvreté sont: (i) l’amélioration des conditions de production agro–pastorale; (ii) la maîtrise et l’amélioration des techniques de production au niveau des exploitants; (iii) l’organisation et la professionnalisation des producteurs et des prestataires de services privés du secteur rural.

III.11. Au regard des contraintes, les défis et opportunités décrits plus haut et des axes stratégiques nationaux pour le secteur rural, il apparaît que les domaines prioritaires d’investissement au Tchad, recouvrent principalement les deux premiers piliers du PDDAA qui sont l’accroissement durable de la production par la maîtrise de l’eau et les autres facteurs de production et l’amélioration de l’infrastructure rurale et des capacités commerciales pour faciliter l’accès aux marchés. Dans le cadre du présent PNIMT, les quatre domaines d’investissement prioritaires suivants ont été retenus.

III.12. Priorité 1: Maîtrise de l’eau et de la fertilité des sols. La production agricole du Tchad dépend étroitement des conditions pluviométriques qui sont de plus en plus aléatoires à mesure qu’on monte dans le nord du pays. Ceci se traduit par de grandes fluctuations de production d’une année sur l’autre, entraînant des déficits et des excédents sur le marché, qui nourrissent la spéculation et des flambées de prix au détriment de l’intérêt des producteurs et des consommateurs. Malgré les nombreux aménagements hydro–agricoles qui ont été réalisés dans le pays depuis des années, la production sur les périmètres irrigués reste souvent extensive et se heurte à de sérieux problèmes de gestion des aménagements et de maîtrise des techniques de production intensive par les usagers. En dehors de la réalisation ou de la réhabilitation d’aménagements, il est indispensable de mettre en place des formes d’organisation des producteurs, de gestion, d’entretien et d’appropriation des aménagements par les usagers qui les incitent à les utiliser de manière rationnelle et intensive. D’autre part, il faut s’assurer que les services d’approvisionnement en intrants et de conseil agricole soient fonctionnels et appuient de manière efficace les producteurs. Dans les zones qui ne disposent que de faibles ressources en eau, il s’avère indispensable d’introduire et de promouvoir des techniques de collecte des eaux de ruissellement qui, en concentrant les eaux au niveau des plantes et évitant les phénomènes d’érosion, entraînent des gains de production spectaculaires. Les mesures de gestion et conservation de la fertilité des sols doivent aller de pair avec l’intensification de la production.

III.13. Priorité 2: Amélioration des infrastructures rurales et des capacités pour faciliter l’accès aux marchés. L’amélioration des infrastructures rurales28 concerne en priorité le réseau de pistes rurales qui est dans un état déplorable. L’amélioration des voies et des moyens de transport est un besoin prioritaire largement exprimé par les populations rurales. De nombreuses zones de production sont enclavées et souvent inaccessibles en saison des pluies. Cette situation entraîne des difficultés et des surcoûts pour l’approvisionnement en produits, matériel et intrants agricoles. Les productions de ces zones sont pénalisées à cause des difficultés d’accès au marché et de prix d’achat moins élevés que dans les zones d’accès plus faciles. L’amélioration des voies et des capacités d’accès au marché est une condition indispensable pour le décollage de la production agricole. Des stratégies pour la réfection et l’entretien des pistes qui sont génératrices d’emplois (méthode HIMO), favorisent la participation des populations et concourent à la qualification des petites et moyennes entreprises locales et sont à promouvoir.

28 Les infrastructures hydrauliques sont prises en compte dans la mise en œuvre du SDEA qui bénéficient

d’importants appuis financiers de la part de la communauté des bailleurs de fonds.

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III.14. Priorité 3: Intensification des systèmes agropastoraux au sein de filières organisées. La productivité des activités agricoles et pastorales s’est fortement détériorée au Tchad au cours des dernières décennies par manque d’investissements physiques, de développement des capacités techniques et de gestion des exploitants et de mise en place de services d’appui à la production viables et efficaces, appuyés sur une véritable structuration du monde rural. Ceci a freiné le développement et la diversification des productions au sein des exploitations les rendant du même coup très sensibles aux moindres aléas économiques ou climatiques. L’augmentation de la productivité et la diversification des activités au niveau des exploitations sont indispensables pour sécuriser les systèmes d’exploitation, améliorer leur compétitivité et dégager des revenus plus substantiels qui leur permettent de sortir d’une économie de subsistance. Les investissements devraient porter sur le renforcement des capacités des exploitations en matière d’équipements agricoles, de promotion de nouvelles technologies de production, de transformation et de conditionnement des produits. Ceci passe également par une meilleure organisation des producteurs pour réduire les coûts d’accès à des services et la promotion de filières pour des produits à forte valeur ajoutée.

III.15. Priorité 4: Gestion durable des ressources naturelles, appliquée à l’exploitation durable des produits forestiers non ligneux. La disponibilité des ressources naturelles, en particulier végétales et animales, a également enregistré une nette détérioration au cours des dernières décennies. Ceci est lié aux fortes pressions de la part des populations (prélèvement anarchique de bois, de gibier et de poissons), des conditions climatiques extrêmes (sécheresses) et de mauvaises pratiques de l’agriculture (monoculture, raccourcissement des périodes de jachère) et de l’élevage (charge de bétail par unité de surface trop importante). La stratégie actuelle de gestion des ressources naturelles tend à transférer plus de responsabilité aux communautés locales dans le cadre de la mise en place de plans de gestion communautaires élaborés avec la participation des différents usagers. L’accent sera mis sur l’exploitation raisonnée et durable des produits forestiers non ligneux (PFNL) tels que la gomme arabique, le karité, le néré, le balanite.

C. Critères de sélection des projets

III.16. Les projets éligibles au titre du PNIMT sont ceux qui obligatoirement: (i) s’inscrivent dans les axes stratégiques de la stratégie de réduction de la pauvreté (SNRP), de la stratégie de bonne gouvernance (SNBG), de la stratégie de développement rural, des objectifs du millénaire, ainsi que les priorités retenues ci–dessus en conformité avec le Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA/NEPAD); (ii) participent directement à la réduction de la pauvreté en milieu rural et à l’amélioration des conditions cadres pour l’exercice des activités productives agricoles; et (iii) prennent en compte la spécificité régionale en respectant la vocation socioéconomique des différentes régions.

III.17. Pour répondre aux objectifs de réduction de la pauvreté et d’amélioration de l’environnement et du bien–être des populations, le choix des projets est fondé sur l’effet positif qu’ils entraîneront sur les indicateurs socioéconomiques suivants:

• La croissance économique qui s’appréhende à travers le taux de croissance du revenu national qui est un indice des possibilités futures de consommation.

• L’élévation du niveau de vie des populations qui peut être appréciée à travers le niveau de consommation ou d’équipement par habitant ou ménage.

• La redistribution de revenu qui constitue un critère permettant de jauger le degré d’équité dans la distribution du revenu national.

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• Le niveau de l’emploi. L’accroissement du niveau de l’emploi ou la réduction du chômage, constitue un objectif essentiel, dans la mesure où le chômage représente un gaspillage de ressources humaines et constitue un phénomène qui atteint la dignité humaine et empêche certaines catégories d’individus de percevoir des revenus. Il contribue également à une mauvaise répartition du revenu et de la consommation entre les agents économiques.

• L’indépendance nationale. Les possibilités offertes par un projet de réduire la dépendance du pays à l’égard de l’étranger par la réduction du déficit de la balance des paiements ou de la balance commerciale constituent un objectif important.

• La prise en compte des valeurs prioritaires d’éducation, de formation professionnelle, de santé, d’environnement, ainsi que des questions de genre qui contribuent à la durabilité des actions entreprises.

III.18. Enfin, le choix des projets tient compte également des critères de sélection spécifiques ci–après:

• Faisabilité et viabilité techniques. Ce critère est particulièrement déterminant, car il s’agit de vérifier le bien fondé technique du projet et sa viabilité en termes d’utilisation des ressources. Ce critère couvre également les effets attendus sur l’environnement.

• Faisabilité et viabilité économiques et financières. Bien qu’au stade de l’identification du projet, il soit difficile d’avoir une idée très précise sur sa viabilité économique et financière, il est cependant nécessaire d’avoir assez d’éléments justifiant de poursuivre la préparation du projet. Des budgets de culture indicatifs permettent de voir si l’introduction de techniques particulières est financièrement viable dans le contexte de prix et de marchés actuel. Une idée grossière du coût d’investissement à l’hectare pour un système d’irrigation par rapport aux recettes que procureront les cultures qui pourront être réalisées fournira une indication sur la viabilité financière. Une comparaison préliminaire des bénéfices et des coûts du projet pourra être faite en utilisant un simple ratio coûts/bénéfices.

• Capacités d’absorption. Il est particulièrement important de vérifier dans quelle mesure et à quelle échelle les institutions et les autres acteurs identifiés sont capables de mettre en œuvre l’approche et la technologie proposée. Les expériences antérieures ou similaires permettront de se faire une opinion.

• Synergie avec les autres programmes. Il s’agira d’examiner d’une part que les projets identifiés ne fassent pas double emploi avec des actions ou des projets en cours ou programmés et d’autre part de rechercher des synergies ou des complémentarités avec d’autres programmes/projets afin de maximiser les effets en matière de développement et les impacts positifs sur l’amélioration durable des conditions des populations rurales.

D. Projets prioritaires sélectionnés

III.19. Sur la base des priorités d’investissement et des critères de sélections énoncés précédemment, quatre idées de projet d’investissement bancables ont été retenus au cours de l’atelier national de validation du PNIMT.29 Il s’agit de:

29 Voir à l’Annexe 7, le résumé du compte rendu de l’atelier national de validation du PNIMT.

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• Promotion des aménagements hydro–agricoles maîtrisés par les exploitants;

• Création et entretien de pistes de déserte agricole et pastorale dans les zones à fort potentiel de production;

• Développement de la filière gomme arabique;

• Développement de l’embouche (bovine et petits ruminants) dans les zones agricoles de concentration de bétail.

III.20. Les trois premiers projets mentionnés ci–dessus ont fait l’objet d’une formulation préliminaire dont le résumé figure ci–après. Le quatrième projet « Développement de l’embouche » n’a pas pu être développé jusqu’au stade de profil de projet. Il doit être considéré comme une idée de projet très intéressante en matière d’intégration et de synergie « agriculture–élevage », qui nécessite cependant des analyses plus approfondies.

III.21. Projet de « Promotion des aménagements hydro–agricoles maîtrisés par les exploitants ». Il porte sur l’aménagement et la mise en valeur de périmètres irrigués, de bas–fonds et de retenues d’eau dans la zone soudanienne et une partie de la zone sahélienne en fonction des potentialités et des caractéristiques hydrauliques propres des différentes régions. Le projet cadre parfaitement avec la politique générale du gouvernement dont les principaux objectifs stratégiques sont la réduction de la pauvreté, l’amélioration de la sécurité alimentaire et plus spécifiquement en ce qui concerne le secteur rural, l’accroissement durable de la production. Cette dernière repose, en autres, sur un accroissement des investissements dans les aménagements hydro–agricoles, l’accès aux matériels et intrants agricoles, ainsi qu’à l’accès aux services financiers et au marché.

III.22. D’une durée de cinq ans, le projet a pour objectif de contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté des populations concernées par l’accroissement des superficies irriguées et le renforcement des capacités de gestion des producteurs et des acteurs du secteur de l’irrigation. De manière spécifique, le projet vise à: (i) aménager 5 00 hectares dont la moitié en maîtrise totale de l’eau et l’autre moitié en maîtrise partielle; (ii) amener le taux d’exploitation des aménagements à plus de 80 pour cent à l’horizon 2009 avec une intensification culturale d’au moins 120 pour cent; (iii) équiper les exploitants sur les aménagements hydro–agricoles en matériels agricoles; (iv) mettre en place des mécanismes viables de gestion et d’entretien des ouvrages; et (v) d’améliorer les capacités d’intervention des acteurs du secteur de l’irrigation.

III.23. Le Projet s’articule autour de quatre composantes: (i) Création et réhabilitation des aménagements hydro–agricoles; (ii) Maîtrise de la gestion et de l’entretien des aménagements hydro–agricoles; (iii) Maîtrise des systèmes de production; (iv) Gestion et coordination du projet. La mise en œuvre, la gestion, le suivi et l’évaluation du projet se feront de façon participative et contractuelle. Les coûts du projet, imprévus compris, s’élèvent à 25,5 millions de dollars EU. Ils seront pris en charge à 50 pour cent par les institutions de financement extérieures. Les bénéficiaires et le gouvernement prendront en charge chacun 25 pour cent des coûts du projet.

III.24. Le maître d’ouvrage du projet relèvera du Ministère de l’agriculture (MA). Une Unité de coordination du projet, placée sous la tutelle du MA, assurera la coordination des activités et la gestion adéquate des ressources du projet et veillera à la réalisation des objectifs fixés. L’exécution proprement dite des activités sera confiée à des prestataires de services ou des opérateurs privés.

III.25. Projet de « Désenclavement des zones de production en milieu rural ». Le projet consiste à aménager les pistes rurales à vocation agricole afin de les rendre carrossables pendant la majeure partie de l’année et de mettre en œuvre un système d’entretien viable. La zone du projet porte en

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priorité sur les régions où seront mis en œuvre les autres projets retenus dans le cadre du PNIMT. Le développement des infrastructures rurales fait partie des priorités stratégiques du gouvernement. Il s’inscrit dans l’axe deux de la stratégie nationale de réduction de la pauvreté et représente un facteur important pour le développement économique des zones rurales.

III.26. D’une durée de cinq ans, le projet a pour objectif de contribuer à l’amélioration des conditions d’accès aux marchés des populations rurales des zones à fortes potentialités économiques. De manière spécifique, le projet envisage de: (i) faire participer les populations des zones rurales à la planification, la mise en place et l’entretien de 1 500 km de pistes rurales; (ii) faciliter l’accès des populations des zones rurales aux marchés et autres biens et services de base; (iii) réduire les coûts de transport des personnes, produits agricoles et autres marchandises et augmenter ainsi le flux des produits sur les marchés; (iv) valoriser la main d’œuvre locale pour l’exécution des travaux sur les pistes rurales.

III.27. Le projet s’articule autour de trois composantes: (i) Création et réhabilitation des pistes; (ii) Entretien des pistes construites et réhabilitées; (iii) Coordination et gestion du projet. La mise en œuvre, la gestion, le suivi et l’évaluation du projet se feront de façon participative et contractuelle en privilégiant, autant que possible, les techniques à haute intensité de main d’œuvre (HIMO). Les coûts du projet, imprévus compris, s’élèvent à 33 millions de dollars EU. Ils seront pris en charge à 58 pour cent par les institutions de financement extérieures. Le gouvernement prendra en charge 27 pour cent des coûts du projet et les bénéficiaires 15 pour cent.

III.28. Le maître d’ouvrage du projet sera le Ministère de l’agriculture (MA). Une Unité de coordination du projet, placée sous la tutelle du MA, assurera la coordination des activités et la gestion adéquate des ressources du projet et veillera à la réalisation des objectifs fixés. L’exécution proprement dite des activités sera confiée à des prestataires de services ou des opérateurs privés. Les associations villageoises devront prendre en charge dans le court terme la gestion de l’entretien des pistes et dans le long terme, devenir les maîtres d’ouvrage de certaines pistes.

III.29. Projet de « Développement de la filière gomme arabique ». Le projet concerne l’amélioration de la structuration et la professionnalisation de la filière gomme arabique qui constitue, après le coton, la deuxième filière d’exportation de produits d’origine végétale. Le projet proposé se situe dans la zone sahélienne qui abrite près de 70 pour cent de l’activité gommière du pays. Le projet est en cohérence avec la politique générale du Gouvernement en matière de lutte contre la pauvreté, de renforcement des activités économiques dans le secteur rural et de gestion durable des ressources naturelles.

III.30. D’une durée de cinq ans, le projet a pour objectif de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations en diversifiant leurs sources de revenus par une meilleure exploitation et une gestion rationnelle des ressources naturelles dans des zones où les activités agricoles sont très limitées par la faiblesse de la pluviométrie. En même temps, le projet apportera également une contribution importante à la lutte contre la désertification dans la zone sahélienne. Les objectifs spécifiques du projet sont: (i) accroître la production et améliorer la qualité des gommes à travers la gestion rationnelle des gommeraies et l’amélioration des techniques de récolte et de traitement des gommes; (ii) accroître les opportunités d’activités génératrices de revenus pour les populations rurales; (iii) appuyer la professionnalisation de tous les acteurs de la filière et l’émergence d’une interprofession capable de mieux défendre les intérêts des différents opérateurs et de les représenter auprès de l’Etat; (iv) renforcer les capacités institutionnelles des services de l’Etat, chargés de la mise en œuvre des réglementations de gestion et de protection des ressources forestière.

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III.31. Le projet s’articule autour de quatre composantes: (i) Gestion rationnelle des gommeraies et amélioration de la qualité; (ii) Appui aux opérations en aval de la production; (iii) Organisation de l’interprofession et renforcement des capacités institutionnelles; (iv) Gestion du projet. La mise en œuvre, la gestion, le suivi et l’évaluation du projet se feront de façon participative et contractuelle. Les coûts du projet, imprévus compris, s’élèvent à 9,52 millions de dollars EU. Ils seront pris en charge à 40 pour cent par les institutions de financement extérieures. Le gouvernement prendra en charge 35 pour cent des coûts du projet, le secteur privé 23 pour cent et les bénéficiaires 2 pour cent.

III.32. Le maître d’ouvrage du projet relèvera du Ministère de l’environnement et de l’eau (MEE). Une Unité de coordination du projet, placée sous la tutelle du MEE, assurera la coordination des activités et la gestion adéquate des ressources du projet et veillera à la réalisation des objectifs fixés. L’exécution proprement dite des activités sera confiée à des prestataires de services ou des opérateurs privés. L’interprofession, l’un des partenaires essentiels du projet, est appelée, à terme, à se substituer à l’Unité de gestion du projet pour gérer et mener les actions nécessaires à la bonne marche et la pérennité de la filière.

III.33. Les profils détaillés de ces projets sont présentés dans les documents annexes (Volumes II à IV).

IV. BESOINS EN FINANCEMENT

IV.1. L’analyse de la structure du Programme d’investissement public (PIP), par grandes masses en pourcentage du concours total des bailleurs ou de l’Etat, révèle que le secteur agro–sylvo–pastoral est le second grand bénéficiaire des concours financiers des bailleurs de fonds et de l’Etat, même si les montants inscrits enregistrent des fluctuations très grandes d’une année à l’autre. La part du secteur a représenté quelque 26 pour cent du budget total (bailleurs + Etat) en 2001, 20 pour cent en 2002, 16 pour cent en 2003 et 17 pour cent en 2004, soit une moyenne de 19 pour cent sur la période. Malgré le fléchissement observé au cours des trois dernières années, la part des investissements dans le secteur rural reste largement au–dessus de celle à laquelle se sont engagés les Chefs d’Etat africains au sommet de Maputo (10 pour cent).

IV.2. Le tableau ci–dessous fournit le volume du PIP par sous–secteurs du développement rural pour la période 2001–2004. Le PIP complet peut être consulté en Annexe 5.

Programme d’investissement public (PIP) en milliards de francs CFA (Secteur rural) 2001 2002 2003 2004 Secteur

Bdf Etat Total Bdf Etat Total Bdf Etat Total Bdf Etat Total Agriculture 8,6 1,6 10,2 18,1 2,5 20,5 81,8 1,9 83,7 9,6 1,3 10,8 Elevage 0,9 0,1 1,1 3,7 nd 3,7 25,8 nd 25,8 1,7 nd 1,7 Environnement/eau 10,6 0,2 10,8 16,7 0,3 17,0 72,5 0,3 72,8 7,6 0,3 7,9 Total secteur rural 20,1 2,0 22,1 38,5 2,8 41,3 180,1 2,2 182,3 18,9 1,5 20,4 Total PIP 78,3 6,4 84,7 196,3 10,5 206,8 166,7 7,7 174,5 116,6 5,0 121,7 Secteur rural/PIP 25,7% 31,2% 26,1% 19,6% 27,0% 20,0% 15,4% 28,1% 15,5% 16,2% 30,2% 16,8% Bdf: bailleurs de fonds; nd: non disponible.

IV.3. Les revenus totaux du pétrole sont estimés à quelque 100 milliards de FCFA par an pendant une quinzaine d’années. La part des recettes consacrées aux secteurs prioritaires est de l’ordre de 80 pour cent des recettes totales, soit l’équivalent de 80 milliards de FCFA/an. Selon la clé de répartition qui sera adoptée pour la distribution de cette ressource entre les quatre secteurs prioritaires

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(développement rural, éducation, santé, infrastructures), le montant alloués au secteur rural pourra raisonnablement se situer, comme le montre le tableau ci–dessous entre 15 et 20 milliards de FCFA par an. Une partie de ces moyens sera consacrée aux dépenses de fonctionnement (salaires et frais de fonctionnement des structures administratives du secteur rural, entre autres). La part qui reviendrait aux investissements, selon que l’on y réserve 30 ou 50 pour cent, variera dans une fourchette de 4,6 à 10 milliards de FCFA par an.

Ressources pétrolières annuellement disponibles pour le secteur rural en milliards de FCFA Montant disponible pour l’investissement Part des ressources pétrolières allouées au secteur rural Montant total

disponible pour le secteur rural

Scénario 1: 30% investissement

Scénario 2: 50% investissement

10%: hypothèse basse, conforme aux engagements du PDDAA 8,0 2,4 4,0 19%: hypothèse moyenne, d’affectation actuelle au secteur rural 15,2 4,6 7,6 25%: hypothèse haute 20,0 6,0 10,0

IV.4. Les ressources PPTE sont de l’ordre de 260 millions de dollars EU, soit des débours annuels de près de 9,1 milliards de FCFA sur 15 ans. Si l’on table sur les mêmes hypothèses que précédemment, les revenus attendus pour le secteur du développement rural, seraient de l’ordre de 0,3 à 1,1 milliard de FCFA par an qui viendraient s’ajouter comme ressources additionnelles à celles du pétrole (voir tableau ci–dessous).

Ressources PPTE annuellement disponibles pour le secteur rural en milliards de FCFA Ressources annuelles: 10,5 milliards de FCFA Montant disponible pour l’investissement Part des ressources PPTE allouées au secteur rural

Montant total disponible pour le

secteur rural Scénario 1:

30% investissement Scénario 1:

30% investissement 10%: hypothèse basse, conforme aux engagements du PDDAA 0,91 0,27 0,46 19%: hypothèse moyenne, d’affectation actuelle au secteur rural 1,73 0,52 0,86 25%: hypothèse haute 2,28 0,68 1,14

IV.5. Le montant des ressources disponibles pour financer le développement du secteur a été évalué dans le tableau ci–dessous en additionnant les ressources internes non pétrolières à celles issues des revenus pétroliers et des fonds PPTE. Faute de prévisions financières disponibles au delà de 2004, les ressources internes non pétrolières ont été évaluées sur la moyenne des données du PIP 2001–2004, soit 2,13 milliards de FCFA par an pour la part de l’Etat. Les ressources totales annuellement disponibles s’élèveraient donc: entre 4,8 et 6,6 milliards de FCFA/an dans l’hypothèse de l’affectation de 10 pour cent des ressources additionnelles au secteur rural, de 7,2 à 10,6 milliards de FCFA/an en retenant le taux d’affectation actuel et de 8,8 à 13,3 milliards de FCFA/an dans l’hypothèse d’un taux d’affectation de 25 pour cent des ressources pétrolières et PPTE au secteur rural.

Ressources annuelles disponibles pour le développement rural en milliards de FCFA Pétrolières PPTE Totales PIP

Sc 1 Sc 2 Sc 1 Sc 2 Sc 1 Sc 2 Hypothèse basse: 10% 2,13 2,40 4,00 0,27 0,46 4,80 6,59 Hypothèse moyenne: 19% 2,13 4,56 7,60 0,52 0,86 7,21 10,59 Hypothèse haute: 25% 2,13 6,00 10,00 0,68 1,14 8,81 13,27

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IV.6. Les besoins de financement non couverts ont été estimés en se basant sur la liste des projets et programmes en recherche de financement pour le secteur de développement rural, établie dans le document de la SNRP, présentée en Annexe 6.30 Selon ces données, les besoins de financement pour le secteur rural seraient en moyenne de 55,4 milliards de FCFA. Le déficit de financement prévisionnel qui se dégage se situerait, comme le détaille le tableau ci–dessous, entre 42,2 et 50,6 milliards de FCFA par an selon les hypothèses envisagées.

Besoins de financement non couverts pour le secteur rural en milliards de FCFA/an Ressources disponibles Déficit prévisionnel Besoins non

couverts Sc. 1 Sc. 2 Sc. 1 Sc. 2 Hypothèse basse: 10% 55,4 4,80 6,59 -50,6 -48,9 Hypothèse moyenne: 19% 55,4 7,21 10,59 -48,2 -44,9 Hypothèse haute: 25% 55,4 8,81 13,27 -46,6 -42,2

IV.7. Selon ces hypothèses, les besoins résiduels de financement (42 à 51 milliards de FCFA/an) devraient être financés par des ressources extérieures. A cet effet, le maintien des aides projet (dons et prêts) sera essentiel. De 2001 à 2005, les aides projets ont représenté en moyenne 139,4 milliards de FCFA/an,31 soit 26,5 milliards de FCFA en moyenne pour le secteur rural. Il sera donc nécessaire de maintenir cet effort de mobilisation, d’environ 25 milliards de FCFA/an pour couvrir les besoins estimés au niveau de la SNRP. Afin d’éviter tout dérapage du service de la dette, il sera nécessaire de faire appel aux flux d’investissements extérieurs directs ou de ne contracter que des prêts concessionnels pour financer le gap résiduel.

V. SUIVI ET ÉVALUATION

A. Le mécanisme de suivi et évaluation

V.1. Le mécanisme mis en place en 1999 par le gouvernement pour assurer la préparation, le suivi et l’exécution de la consultation sectorielle sur le développement rural, ainsi que les dispositions de l’arrêté 27 sont porteurs d’intérêt et devront être utilisés pour le pilotage du PNIMT.

V.2. Le Comité de pilotage du mécanisme de suivi de la Réunion sectorielle sur le développement rural a pour rôle de définir et d’arrêter les grandes orientations sectorielles qui traduisent les grandes options politiques du secteur. Il est placé sous la présidence du Ministre chargé du Plan. Les huit Ministres en charge des différents départements directement impliqués (agriculture, élevage, environnement et eau), sont membres ainsi que le Secrétaire général à la Présidence.

V.3. Le Comité technique du mécanisme du suivi de la Réunion sectorielle sur le développement rural a pour rôle d’examiner et d’adopter les programmes d’action du PNIMT, ainsi que d’assurer le suivi de la bonne exécution des orientations du Comité de pilotage. Placé sous la Présidence tournante des Secrétaires généraux des sept Ministères techniques représentés au Comité de pilotage, il comprend les élus du peuple, les représentants de la société civile et du mouvement associatif, ainsi que les représentants du secteur privé. Le secrétariat des travaux est assuré par la Cellule permanente, créée à la suite de la CSDR pour assurer le suivi des activités du secteur.

30 D’autres données prospectives, notamment le PIP 2005–2008 n’étaient pas disponibles au moment de la

rédaction de ce document. 31 Cadrage budgétaire et cadre de dépenses à moyen terme. MEF, 2003.

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V.4. La Cellule permanente du Comité technique, servira de centre d’information sur les stratégies, programmes et projets nécessaires aux activités du Groupe interinstitutionnel de travail du PNIMT et assurera le secrétariat des instances supérieures du mécanisme, y compris le Forum consultatif du développement rural.

V.5. Le Forum consultatif du développement rural, co–présidé par le Ministre du plan et le Chef de file des bailleurs de fonds pour le secteur rural, comprend l’ensemble des partenaires au développement impliqués dans le développement rural et les membres du Comité de pilotage. Il se réunira périodiquement pour faire le point de la mise en œuvre du PNIMT à la lumière des grandes orientations du gouvernement pour le secteur.

V.6. Au niveau local, les Cellules régionales, départementales et sous–préfectorales créées pour assurer le suivi/évaluation de la SNRP, pourront servir d’interface pour le pilotage et le suivi/évaluation de la mise en œuvre du PNIMT dans leur zone géographique de compétence.

B. Les domaines de suivi

V.7. Le suivi–évaluation portera sur les trois domaines suivants:

• Le suivi participatif devrait permettre de s’informer ou de recueillir les appréciations des populations bénéficiaires des différentes actions menées. Ce dispositif comportera trois niveaux que sont le niveau de la communauté rurale, le niveau départemental et le niveau central.

• Le suivi d’impact portera sur l’analyse et l’évolution de la pauvreté et des conditions de vie des populations sur la base d’indicateurs socio–économiques pertinents et différenciés selon les groupes de population (vulnérabilité, aspects genre, etc.), ainsi que sur les effets sur l’environnement.

• Le suivi d’exécution concerne le niveau de réalisation physique et financière de l’ensemble des actions menées. Il s’effectuera dans le cadre d’une approche participative impliquant les administrations centrales et sectorielles, les collectivités publiques locales, le secteur privé, les bailleurs de fonds et donateurs, et les populations bénéficiaires.

C. Les indicateurs clés à suivre

V.8. Les indicateurs clés qui devront être mesurés et analysés pourraient être les suivants:

Sous–secteur Indicateur Maîtrise de l’eau et de la fertilité des sols sur les aménagements hydro–agricoles

• Superficies aménagées ou réhabilitées • Taux d’exploitation des aménagements • Qualité de la gestion des aménagements • Niveau d’équipement des exploitants • Niveau de maîtrise des techniques • Niveau de production des aménagements • Evolution de la fertilité des sols

Infrastructures de commercialisation • Nombre d’infrastructures réalisées • Pistes et infrastructures rurales créées, réhabilitées ou aménagées • Niveau d’entretien des pistes • Volume de biens et personnes utilisant les infrastructures réalisées • Prix de transport pratiqués

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Sous–secteur Indicateur Intensification des systèmes agro–pastoraux • Nombre d’exploitations ayant intensifié leurs systèmes de production

• Niveau de crédits consommés • Niveau d’équipement des exploitations • Niveau de maîtrise des techniques • Niveau des revenus tirés des systèmes de production intensifs • Emplois créés • Taux d’augmentation de la production • Taux de consommation des facteurs de productions

Exploitation durable des produits forestiers non ligneux

• Niveau de production • Niveau d’organisation de la filière • Niveau des revenus tirés de l’activité • Niveau de maîtrise des techniques de cueillette ou de production • Evolution de la ressource disponible • Qualité des mesures réalisées pour assurer le renouvellement de la ressource

Niveau institutionnel • Fréquence du personnel d’appui–conseil • Qualité des services fournis

Bien–être des ménages • Activités et revenus créés • Niveau des indicateurs sociaux

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