2
Archives liileriintlonales de Physlolonle, 1929, Vd. RXXI, Fnse. :I RYTHME CARDIAQUE ET PRESSION INTRACAVITAIRE PAR , Leon FREDERICQ A pulsation du caur peut &treassimilke une onde de contrac- L tion musculaire qui debute dans l’oreillette droite, s’etend rapidement aux parois des deux oreillettes, puis franchit lentement le faisceau de His, pour s’irradier rapidement dans la substance des ventricules. Dans cette conception classique, la succession des systoles auriculaires et ventriculaires depend de la liaison anatomique entre les deux etages du c a w , liaison rkalisee par le faisceau de His. H. VAQUEZ et P. DONZELOT (l) ont recemment propose une thiorie differente du rythme auriculo-ventriculaire, theorie qui fait jouer un r61e preponderant aux variations de la pression sanguine dans les cavitks du cam-. Pour eux (loc. citat. p. 362-363), (( la liaison entre les systoles auri- culaires et ventriculaires n’est qu’apparente : elle n’est point commandke par un phenomdne de conduction ; elle est le risultat de causes identiques agissant dans les mkmes conditions sur deux centres de m‘me nature et douis des d m e s propriitis, mais avec un dicalage constant de 15 a 18 centidmes de seconde qui crie l’illusion d’une liaison directe et necessaire. Quelles sonf ‘exacfementces causes ?... I1 semble nianmoins que le rdle essentiel ressortit aux variations de pression : oreillettes et ventricules se contractent dds que leur pression intracavitaire a atteint une valeur donnie. Du fait de sa disposition anatomique et du seas du courant sanguin, l’oreillette atteint cette pression avant le ventricule ; l’automatisme sinusal se diclenche et la systole auriculaire se produit. Ce (( coup de pompe auriculaire )) parfait la rkplition du ventricule, lui permettant d’atteindre a son tour la pression qui d2clenche l’automa- tisme septal, immidiatement suivi de la systole ventriculaire. La seule liaison directe entre les actes auriculaires et ventriculaires rkside donc (1) DONZELOT. La dualitk normale de l’automastisrne cardiaque. Arch. mal. VAQUEZ et DONZELOT. Physiologie du rythme cardiaque. AT&. mal. cmw, caw, 1924, X V I I , 439, et Acad. mbd. Paris, 5 mai 1925. 1925, X V I I I , 353. Archives of Physiology and Biochemistry Downloaded from informahealthcare.com by UB Kiel on 11/08/14 For personal use only.

Rythme Cardiaque et Pression Intracavitaire

  • Upload
    leon

  • View
    215

  • Download
    2

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Rythme Cardiaque et Pression Intracavitaire

Archives liileriintlonales de Physlolonle, 1929, Vd. RXXI, Fnse. :I

RYTHME CARDIAQUE ET PRESSION INTRACAVITAIRE

P A R

, Leon F R E D E R I C Q

A pulsation du c a u r peut &tre assimilke une onde de contrac- L tion musculaire qui debute dans l’oreillette droite, s’etend rapidement aux parois des deux oreillettes, puis franchit lentement le faisceau de His, pour s’irradier rapidement dans la substance des ventricules. Dans cette conception classique, la succession des systoles auriculaires et ventriculaires depend de la liaison anatomique entre les deux etages du c a w , liaison rkalisee par le faisceau de His.

H. VAQUEZ et P. DONZELOT ( l ) ont recemment propose une thiorie differente du rythme auriculo-ventriculaire, theorie qui fait jouer un r61e preponderant aux variations de la pression sanguine dans les cavitks d u cam-.

Pour eux (loc. citat. p. 362-363), (( la liaison entre les systoles auri- culaires et ventriculaires n’est qu’apparente : elle n’est point commandke par un phenomdne de conduction ; elle est le risultat de causes identiques agissant dans les mkmes conditions sur deux centres de m‘me nature et douis des d m e s propriitis, mais avec un dicalage constant de 15 a 18 centidmes de seconde qui crie l’illusion d’une liaison directe et necessaire. Quelles sonf ‘exacfement ces causes ?... I1 semble nianmoins que le rdle essentiel ressortit aux variations de pression : oreillettes et ventricules se contractent dds que leur pression intracavitaire a atteint une valeur donnie. Du fai t de sa disposition anatomique et du seas du courant sanguin, l’oreillette atteint cette pression avant le ventricule ; l’automatisme sinusal se diclenche et la systole auriculaire se produit. Ce (( coup de pompe auriculaire )) parfait la rkplition du ventricule, lui permettant d’atteindre a son tour la pression qui d2clenche l’automa- tisme septal, immidiatement suivi de la systole ventriculaire. La seule liaison directe entre les actes auriculaires et ventriculaires rkside donc

(1) DONZELOT. La dualitk normale de l’automastisrne cardiaque. Arch. mal.

VAQUEZ et DONZELOT. Physiologie du rythme cardiaque. AT&. mal. c m w , c a w , 1924, XVII, 439, et Acad. mbd. Paris, 5 mai 1925.

1925, XVI I I , 353.

Arc

hive

s of

Phy

siol

ogy

and

Bio

chem

istr

y D

ownl

oade

d fr

om in

form

ahea

lthca

re.c

om b

y U

B K

iel o

n 11

/08/

14Fo

r pe

rson

al u

se o

nly.

Page 2: Rythme Cardiaque et Pression Intracavitaire

334 LBON FREDERICQ

dam ce coup de pompe auriculaire qui dive subitement la pression ventricvlaire n.

Comme le faisait remarquer Henri FREDERICQ(’), cette thkorie est formellement contredite par la persistance d’une coordination auriculo-ventriculaire parfaite dans des cceurs exsangues non soumis h des variations de pression intra-cavitaire.

Etant donnes l’autorite dont jouissent les auteurs de cette thiorie et l’appui qu’elle a rencontrk chez d’autres cliniciens (2), je crois utile d’insister sur l’objection formulie par HENRI FREDERICQ.

On extrait rapidement le cceur d’un chien ou d’un lapin par section des gros vaisseaux. Ce cceur isole, dans lequel toute circulation est arrCtCe et oc le sang n’exerce aucune pression intracavitaire, pourra continuer h battre pendant plusieurs minutes, chaque systole auri- culaire Ctant suivie d’une systole ventriculaire, tant qu’on a laissC intact le faisceau de His. Went-on sectionner oh a Ccraser ce fais- ceau auriculo-ventricylaire, on provoquera immediatement l’allo- rythmie: rythme frequent des oreillettes, rythme lent des ventricules.

On pourra faire des constatations analogues et les prolonger pendant des heures en operant sur un cceur isole de chien ou de lapin, maintenu en vie d’apres le procede de LANGENDORFF, par une irrigation des vaisseaux coronaires au moyen de sang defibrini (ou de liquide de Locke oxygene et glucose). Ici aussi les cavitks proprement dites du cceur sont vides, et l’on ne saurait, attribuer la production les systoles auriculaires ou ventriculaires a des varia- tions de pression des cavitis du cceui

(1) H E N R I FREDERICQ. Aspects a c f i d s de la frhysiologie du wyocarde, Paris,

(*) G E R A U D E L . Les cardionecteurs. Arch. mal. c a w , 1925, X V I I I , 445. - C. 1927, p. 97.

R. SOC. Biol., 1925, XCII, 1213.

Arc

hive

s of

Phy

siol

ogy

and

Bio

chem

istr

y D

ownl

oade

d fr

om in

form

ahea

lthca

re.c

om b

y U

B K

iel o

n 11

/08/

14Fo

r pe

rson

al u

se o

nly.