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23 24 24 26 27 28 29 30 32 Rencontre nationale, sur les VIH/Hépatite, à Oran. Ménopause: les œstrogènes seraient mauvais pour le cœur. Sanofi-Aventis Algérie lance la nouvelle insuline à action rapide. Travail de nuit et cancer du sein: le lien confirmé. 1ère rencontre des paramédicaux, en oncologie médicale, à Oran. Un Danois qui fait feu des 4 fers… Obésité: la chirurgie peut réduire le risque cardiaque. Pr. Fatiha Ghachi: 1000 nouveaux cas d’enfants, atteints de cancer, annuellement, selon une toute récente étude. Il était un foie… la transplantation. Info 8 9 10 11 12 13 Scanner chez l’enfant: peu de risques de cancers. Les bactéries intestinales régulent les taux de l’hormone de l’humeur. Des cellules souches survivent 17 jours dans un cadavre ! Glaucome: un nouveau traitement restaure la vision, chez des rats. Plus un homme tarde à être père, plus ses enfants vivront longtemps ! Le Truvada: un «outil supplémentaire», pour lutter contre le virus du sida. Recherches médicales 44 45 46 47 48 Pr.Mustapha Sadibelouiz: On compte 350 000 épileptiques, en Algérie. Pr. Anissa Trabzi: L’épidémiologie a évolué et la tutelle n’a rien prévu. Pr. Farida Lacete: Les facteurs, nutritionnels et environnementaux, sont incriminés, dans le diabète du nourrisson. Merzoua Fatiha et Nadia Boughanem (infirmières au CPMC Oncologie pédiatrie): Nous demandons plus de moyens, pour prendre en charge ces malades. Docteur Nacima Zahani: C’est pénible d’affronter la maladie et la douleur des enfants, ainsi que la souffrance des parents. Évènement 34 Bien-être et santé par la nature. Bien-être & santé 43 Professeur Nadia Ghemri: Le glaucome congénital représente la première cause de cécité, en Algérie. Entretien 14 16 18 20 Épidémiologie et profil de la migraine, chez une population consultante, dans le centre de l‘Algérie. Ces migraineux célèbre. Interview: Docteur Gérard MICK. Souffrez-vous de la migraine ? Faites la différence. Dossier SOMMAIRE Santé-Mag: Magazine mensuel de la santé Edité par Média Pub Santé Adresse: Cité des Annassers 1 - Bat. 1000 Kouba 16050 Alger - Algérie Tél./fax: +213 (0) 21 29 39 32 Site web : santemag-dz.com Email: [email protected] Directeur de la publication: ACHOURI Mohamed Email: [email protected] Directeur de la rédaction: NASRI Youcef Coordinatrice: ALAHOUM Amina Directeur technique: HAMMOUDA Hocine Comité de rédaction: HAMDI Rania KHALEF Lilia RIF Nahla BELMAHI Douaa ZAHAF Loubna NAHLIL Djaouida SOLTANE Hania BADREDINE Sawsen FORTAS Nadjia Conception: BRIKH Kamel Correction: GHARNAOUT Amar Juin 2012 N° 07 ISSN 2253-0061 Dépôt légal 188-2012

SOMMAIREmediapubsante.com/pdf/n7/SMAGn7.pdfde 105 milliards de dollars, en 2009, à 101 milliards, en 2019, selon Phar-mactua Global Market Estimates, sur la base d’un rapport de

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Rencontre nationale, sur les VIH/Hépatite, à Oran. Ménopause: les œstrogènes seraient mauvais pour le cœur.Sanofi-Aventis Algérie lance la nouvelle insuline à action rapide.Travail de nuit et cancer du sein: le lien confirmé.1ère rencontre des paramédicaux, en oncologie médicale, à Oran.Un Danois qui fait feu des 4 fers…Obésité: la chirurgie peut réduire le risque cardiaque.Pr. Fatiha Ghachi: 1000 nouveaux cas d’enfants, atteints de cancer, annuellement, selon une toute récente étude.Il était un foie… la transplantation.

Info

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Scanner chez l’enfant: peu de risques de cancers.Les bactéries intestinales régulent les taux de l’hormone de l’humeur.Des cellules souches survivent 17 jours dans un cadavre !Glaucome: un nouveau traitement restaure la vision, chez des rats.Plus un homme tarde à être père, plus ses enfants vivront longtemps ! Le Truvada: un «outil supplémentaire», pour lutter contre le virus du sida.

Recherches médicales

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Pr.Mustapha Sadibelouiz: On compte 350 000 épileptiques, en Algérie.Pr. Anissa Trabzi: L’épidémiologie a évolué et la tutelle n’a rien prévu.Pr. Farida Lacete: Les facteurs, nutritionnels et environnementaux, sont incriminés, dans le diabète du nourrisson.Merzoua Fatiha et Nadia Boughanem (infirmières au CPMC Oncologie pédiatrie): Nous demandons plus de moyens, pour prendre en charge ces malades.Docteur Nacima Zahani: C’est pénible d’affronter la maladie et la douleur des enfants, ainsi que la souffrance des parents.

Évènement

34 Bien-être et santé par la nature.

Bien-être & santé

43 Professeur Nadia Ghemri: Le glaucome congénital représente la première cause de cécité, en Algérie.

Entretien

14

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Épidémiologie et profil de la migraine, chez une population consultante, dans le centre de l‘Algérie.Ces migraineux célèbre.Interview: Docteur Gérard MICK.Souffrez-vous de la migraine ? Faites la différence.

Dossier

SOMMAIRE

Santé-Mag: Magazine mensuel de la santé

Edité par Média Pub SantéAdresse: Cité des Annassers 1 - Bat. 1000 Kouba 16050Alger - AlgérieTél./fax: +213 (0) 21 29 39 32Site web : santemag-dz.comEmail: [email protected]

Directeur de la publication:ACHOURI MohamedEmail: [email protected]

Directeur de la rédaction:NASRI Youcef

Coordinatrice:ALAHOUM Amina

Directeur technique:HAMMOUDA Hocine

Comité de rédaction:HAMDI RaniaKHALEF LiliaRIF NahlaBELMAHI DouaaZAHAF Loubna NAHLIL DjaouidaSOLTANE HaniaBADREDINE SawsenFORTAS Nadjia

Conception: BRIKH KamelCorrection: GHARNAOUT Amar

Juin 2012 N° 07

ISSN 2253-0061 Dépôt légal 188-2012

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ACTUALITÉ

2 Santé-MAG N°07 - Juin 2012

Revue Stratégique 2012: Le marché mondial des traitements des pathologies cardiovasculaires et des désordres du métabolisme

Novo Nordisk dépose un dossier d’enregistrement, aux Etats-Unis, pour étendre l’utilisation de l’antidiabétique Victoza

La dette des gouvernements européens, envers l’industrie pharmaceutique, pour les médicaments non payés par les hôpitaux, atteint 15 milliards d’euros, en 2012

Il devrait reculer, en 2012, au niveau mondial, malgré une progression des ventes d’antidiabétiques. Le marché, mondial, des traitements des patho-logies cardiovasculaires et des dé-sordres du métabolisme devrait recu-ler, dès 2012, malgré une progression des ventes d’antidiabétiques, dans le monde. Le marché mondial des patho-logies cardiovasculaires et des dé-sordres du métabolisme, avec l’hyper-cholestérolémie et le diabète, devrait, significativement reculer, faisant pas-ser les ventes, dans les 7 principaux pays, les Etats-Unis, le Japon, l’Alle-magne, la France, l’Italie et l’Espagne, de 105 milliards de dollars, en 2009, à 101 milliards, en 2019, selon Phar-mactua Global Market Estimates, sur

la base d’un rapport de Data Monitor.Avec la perte des brevets, en Europe et aux Etats-Unis, de Lovenox, de Pla-vix de Sanofi Aventis, Actos de Takeda et la statine Tahor/Lipitor de Pfizer, le marché devrait être constitué de 68 % de ventes de génériques, en volume, représentant 28 % du marché, en va-leur. Le marché des antidiabétiques, au niveau mondial, en 2019, devrait re-présenter 50 % du marché mondial des traitements, pour les pathologies cardiovasculaires et des désordres du métabolisme

Par Guy Macy, d’après un rapport 2011, de Data Monitor et une analyse Pharmactua Global Market Estimates.

Le groupe pharmaceutique Danois, Novo Nordisk, a déposé un dos-sier d’enregistrement, auprès de la Food and Drug Administration, pour étendre les indications de l’antidia-bétique Victoza ; un traitement pour le diabète de type 2, de la classe des GLP-1, (glucagon like peptide 1). Le dossier repose sur une étude clinique, de phase 3, démontrant les bénéfices de l’association de Victoza et d’une insuline recombinante à longue durée d’action, comme Levimir, de Novo Nordisk ou Lantus, du groupe Sanofi.Cette démarche fait suite à la pré-sentation des résultats d’une étude clinique, au Congrès de l’association américaine de diabétologie, à San Diego, en Californie, démontrant les bénéfices, sur la baisse de la glycémie des diabétiques.L’association des deux traitements pourrait, selon les résultats de l’étude, permettre de minimiser la survenue d’épisodes d’hypoglycémie. Les ventes mondiales de Victoza, de Novo Nordisk devraient atteindre le cap du milliard de dollars, selon Phar-mactua Global Market Estimates

La dette des gouvernements euro-péens, envers l’industrie pharma-ceutique, pour les médicaments non payés par les hôpitaux, atteint 15 mil-liards d’euros, en 2012. Selon Richard Bergstrom, directeur général de la Fédération européenne, représentant l’Industrie pharmaceutique, (Efpia), la dette globale des gouvernements européens, envers l’industrie phar-maceutique, serait comprise entre 12 et 15 milliards d’euros. Cette dette, concernant, principalement, les livrai-sons de médicaments aux hôpitaux, touche, majoritairement, la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie. L’Es-pagne, à elle seule, représente 6,35 milliards d’euros de dette et les délais

de règlement des factures atteignent près de 600 jours, pour certaines régions. Pour l’industrie pharmaceu-tique, ce manque à gagner s’ajoute aux baisses autoritaires, pratiquées sur le prix des médicaments rembour-sés par les différents états de l’Union Européenne et aux pertes de brevet, en 2012. Pour des raisons d’éthique et d’image, envers les autorités sani-taires et les patients, l’industrie phar-maceutique, contrairement à d’autres secteurs, ne peut se résoudre à stop-per les livraisons de médicaments aux hôpitaux

Par A. Bless, d’après Efpia et une analyse Pharmactua.

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ACTUALITÉ

3Santé-MAGN°07 - Juin 2012

Traitement pour la polyarthrite rhumatoïde

Être à 100 % dans le médicament sous prescription porte ses fruits, pour Bristol Myers Squibb

Le groupe Johnson & Johnson nomme Alex Gorsky, nouveau CEO

Le prix du premier traitement, sous forme orale, de la polyarthrite rhu-matoïde, Tofacitinib, futur médica-ment vedette de Pfizer, sera crucial, pour pénétrer un marché dominé par des traitements injectables, solide-ment ancrés pour leur efficacité.Les nouvelles formes orales font leur apparition sur des marchés, histo-riquement dominés par des formes injectables, comme la sclérose en plaque, la polyarthrite rhumatoïde ou l’infection au virus de l’hépatite C.La mise sur le marché de Gilenya, de Novartis, premier traitement, sous forme orale, de la sclérose en plaque, ainsi que les deux nouveaux traite-ments, sous forme orale, Incivek de Vertex Pharmaceuticals et Victrelis du groupe pharmaceutique Merck & Co, a été réalisé par ces trois labora-toires avec des prix qualifiés de pre-mium, par rapport aux traitements injectables existants.

Pour le premier traitement, sous forme orale, de la polyarthrite rhu-matoïde, du groupe pharmaceutique Pfizer, tofacitinib, la balance des bé-néfices et des risques thérapeutiques, par rapport aux traitements injec-tables, de la famille des antagonistes TNF, ne serait pas aussi évidente.Tofacitinib serait associé à certains effets secondaires, comme un risque accru d’infection et une élévation du taux de cholestérol, un argument qui sera fortement avancé, par la concur-rence, pour freiner la pénétration du produit sur les marchés.Pour certains, le prix du tofacitinib de-vrait se situer entre le prix des anta-gonistes TNF qui, aux Etats-Unis, sont proches de 20.000 dollars, par an et par patient et celui du méthotrexate, un traitement de première ligne, dis-ponible sous forme générique, pour 1000 dollars, par an et par patient.Tofacitinib représente un des enjeux

les plus importants, pour Pfizer, qui prévoit un dépôt d’enregistrement du produit, en Europe et aux Etats-Unis, pour fin 2011. Les analystes ciblent un potentiel de ventes dépassant un mil-liard de dollars, pour le Tofacitinib.Dans l’exemple de la fixation du prix de Gilenya, le premier traitement, sous forme orale, de la sclérose en plaque, le groupe pharmaceutique Suisse No-vartis a justifié son prix de 48.000 dol-lars, par patient et par an, en avançant un ratio de bénéfices/risques supé-rieur aux traitements injectables, dont les prix varient entre 20.000 et 30.000 dollars, par an et par patient.Le transfert des prescriptions des injectables, comme Humira du groupe Abbott, de Remicade de Johnson & Johnson, Enbrel d’Amgen et Cimzia du groupe belge UCB, vers une forme orale, sera, vraisemblablement, moins rapide, sur le marché mondial de la polyarthrite rhumatoïde»

Etre à 100 % dans le médicament sous prescription porte ses fruits, pour Bristol Myers Squibb. Lamberto An-dreotti, CEO du groupe pharmaceu-tique américain, Bristol Myers Squibb, entend rester concentré, à 100 %, sur le développement et la commercia-lisation de médicament sous pres-cription, contrairement à ses rivaux, qui, pour beaucoup, ont opté pour la diversification, pour compenser la perte de brevet de médicaments ve-dettes. Avec 10 milliards de dollars de réserves, le groupe entend utiliser ce cash, pour financer des acquisitions de taille moyenne. La récente approbation de Yervoy, dans le traitement du mélanome métastasé et les 95 millions de dol-lars, générés en 3 mois, confortent

la stratégie d’Andreotti. Dans un entretien à la conférence Pharma-ceuticals Strategic Alliance à New York, le CEO pense que la stratégie du groupe permet, au management, de se concentrer sur un business Model unique, contrairement au groupe, très diversifié, comme Johnson & John-son, Pfizer ou Sanofi. Bristol Myers Squibb a cédé ses activité dans la nutrition infantile, l’OTC et les dispo-sitifs médicaux. Des acquisitions, de taille moyenne, comme le rachat de Medarex, en 2009, pour 2,4 milliards de dollars, a permis d’acquérir Yervoy qui, selon certains analystes, pour-rait atteindre un potentiel de ventes mondiales de 5 milliards de dollars, sur la base d’un coût de traitement de 120.000 dollars

Le groupe Johnson & Johnson nomme Alex Gorsky, nouveau CEO. Alex Gors-ky, 51 ans et vétéran de 24 ans, dans le deuxième groupe mondial, spécia-lisé dans la santé, succédera à William Weldon, au poste de Chief Executive officer. William Weldon, 63 ans restera Chairman du groupe Johnson & John-son. Alex Gorsky dirige, actuellement, l’activité du groupe, dans les dispositifs médicaux et chirurgicaux, ainsi que la logistique industrielle du groupe, qui a dû faire face à des retraits, massifs, de médicaments OTC ; ainsi que des prothèses de hanche, aux Etats-Unis. Le groupe Johnson & Johnson cible un chiffre d’affaires de 66,4 milliards de dollars, pour 2012. L’action de Johnson & Johnson a progressé de 6,4 %, sur les douze derniers mois, pour atteindre 65 dollars, à New York

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ACTUALITÉ

4 Santé-MAG N°07 - Juin 2012

Pfizer étend ses activités dans les génériques, en Chine, en créant Hisun Pfizer Pharmaceuticals

Eli Lilly : croissance des ventes mondiales de 5 %, à 23 milliards de Dollars, en 2011 et résultat net, en recul de 6%, lié à l’expiration du brevet de Zyprexa

Brilique, le nouvel antiagrégant plaquettaire d’Astra Zeneca, de plus en plus recommandé, par les associations de cardiologues, aux Etats Unis, pour la prise en charge des patients, atteints d’un syndrome coronarien aigu.

Le groupe pharmaceutique amé-ricain Eli Lilly a enregistré des ventes mondiales de 23 milliards de dollars, en hausse de 5%, sur 2011. Le résultat net du groupe a recu-lé de 6 %, à 5,2 milliards, lié à la perte du brevet de l’antipsycho-tique Zyprexa, qui a vu ses ventes reculer de 44%, au quatrième tri-mestre 2011, entraînant un recul des profits de 27%, sur la période.Dans les principaux produits, Zyprexa a réalisé un chiffre d’af-faires de 4,6 milliards, en retrait

de 8 %, sur 2011. L’antidépres-seur Cymbalta, qui perdra, aussi, son brevet, en 2014, a fortement contribué aux résultats, avec une progression de 20 %, à 4,1 mil-liards de dollars. L’antidiabétique Humalog a pro-gressé de 15% à 2,3 milliards et Alimta, avec une progression de 11%, a atteint 2,4 milliards de dol-lars.Comme son compatriote, Pfizer, la santé animale a fortement pro-gressé, avec une croissance de 21%, sur 2011, pour atteindre 1,6

milliards de dollars. A l’annonce des résultats, l’action du groupe a progressé de 1,3%, à New York, pour atteindre 39,74 dollars

Brilique, le nouvel antiagrégant pla-quettaire d’Astra Zeneca, de plus en plus recommandé, par les Associa-tions de cardiologues, aux Etats Unis, pour la prise en charge des patients, atteints d’un syndrome coronarien aigu. Le nouvel antiagrégant plaquet-taire, Ticagrelor, du groupe pharma-ceutique, britannique, Astra Zeneca,

commercialisé, en Europe, sous le nom de Brilique et Brilinta, aux Etats-Unis, est, maintenant, intégré dans les guidelines de la prise en charge des patients, atteints d’un syndrome coronarien aigu, en association avec de faibles doses d’aspirine. La célèbre et influente association de médecins spécialistes, aux Etats-Unis, l’Ame-rican College of Chest Physicians, recommande Brilinta, comme option de première ligne, par rapport au Plavix, (clopidogrel), sur la base des résultats cliniques de l’étude Plato comparent l’efficacité et la tolérance des deux antiagrégants plaquettaires. Brilique/Brilinta est, maintenant, approuvé dans 65 pays et remboursé dans 21 pays. La pénétration du pro-duit, par rapport à l’antiagrégant de référence Plavix, de Sanofi et Bristol Myers Squibb, se révèle faible avec, seulement, 5 millions de dollars, de chiffre d’affaires, sur le quatrième tri-mestre 2011

Par Guy Macy, d’après the American College of Chest Physicians, Astra Zeneca et une analyse Statégique Pharmactua.

Pfizer étend ses activités dans les génériques, en Chine. Le premier groupe pharmaceutique mondial a an-noncé la création d’une joint-venture, avec le groupe Chinois, Zhejiang Hi-sun Pharmaceuticals, pour produire et commercialiser des génériques des médicaments de Pfizer, dont les brevets sont arrivés à expiration. Le groupe Zhejiang Hisun est spécialisé dans la production de principes actifs, pour l’industrie pharmaceutique, en Chine. La joint-venture se nommera Hisun PfizerPharmaceuticals et sera détenue, à 51 %, par Hisun. Le marché pharma-ceutique chinois, actuellement valo-risé à 50 milliards de dollars, devrait atteindre 110 milliards, en 2015

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ACTUALITÉ

5Santé-MAGN°07 - Juin 2012

Produits et marchés : le marché mondial des génériques devrait passer de 134 milliards, en 2011, à 231 milliards de dollars, en 2017

L’Institut national de recherche sur le cancer, opérationnel en 2013

Bayer cible une progression de 60 % de ses ventes, en Asie, en 2015

Le marché mondial des génériques devrait passer de 134 milliards, en 2011, à 231 milliards de dollars, en 2017. Après avoir atteint 123,85 mil-liards de dollars, en 2010, le marché mondial des génériques devrait at-teindre 134 milliards, en 2011. La perte de brevet de médicaments, destinés à des pathologies chroniques, devrait, selon un rapport de Frost & Sullivan, toucher 150 milliards de dollars de re-venus, entre 2010 et 2017. La forte de-mande de médicaments génériques, dans les pays émergents, devrait soutenir une croissance mondiale du marché des génériques, proche de 10 %, par an, qui devrait placer le marché à 231 milliards de dollars, en 2017. Le marché des bio similaires, versions génériques d’anticorps monoclonaux, devrait se concentrer ente les 3 prin-cipaux fabricants de génériques Teva, Sandoz et Mylan, en raison des coûts, élevés, de développement et d’enre-gistrement

Le futur Institut national de re-cherche sur le cancer, en construc-tion à Oran, sera opérationnel en 2013, a indiqué le directeur de la Santé et de la population (DSP) de la wilaya. Cette structure spéciali-sée permettra, à terme, de conso-lider la lutte contre les pathologies cancéreuses, a souligné Abdelka-der Guessab, lors d’une rencontre organisée par l’association d’aide aux enfants cancéreux à l’occasion de la journée mondiale de l’en-fance. L’Institut, en cours de réali-sation, à proximité de l’Etablisse-ment hospitalier universitaire 1er Novembre 1954 (EHU), à l’est de la ville d’Oran, connaît un taux d’avan-cement estimé à 40%, a-t-il préci-sé. Les efforts, déployés par l’Etat, dans le domaine de la Santé, en général et pour la prise en charge des pathologies graves, en parti-culier, ont été mis en relief, lors de cette rencontre, animée au siège de l’association.

M. Guessab a mis l’accent, dans ce contexte, sur les différents sémi-naires, tenus et programmés à la de-mande de la tutelle, en vue d’enrichir l’avant-projet de loi, devant remplacer la loi de 2005, relative à la Protection et à la promotion de la santé.De son côté, Nassima Tabet, respon-sable du service «Solidarité familles/mouvement associatif» auprès de la Direction de l’action sociale (DAS), a mis en relief les dispositifs des aides prodiguées, tant aux enfants malades qu’aux parents démunis.L’accompagnement de la DAS, a-t-elle rappelé, permet, à la fois, d’orienter les patients vers les structures de prise en charge et d’offrir l’aide finan-cière et la couverture sociale aux pa-rents à faibles revenus. Pour sa part, le président de l’Assemblée populaire communale (P/APC) d’Oran, Zined-dine Hassam, a annoncé l’octroi, par la collectivité, de quinze chapiteaux, pour abriter les activités, estivales, des enfants cancéreux

Bayer cible une progression de 60 % de ses ventes, en Asie, en 2015. Le plus important groupe pharmaceutique allemand, Bayer, prévoit de réaliser 11 milliards d’euros, en Asie, en 2015, dont 6 milliards d’euros, en chine. Le groupe Bayer, qui s’est implanté à Shanghai,

en 1936, pour produire et commercia-liser l’aspirine Bayer, devrait investir 1,8 milliards d’euros, sur 4 ans, pour développer ses infrastructures, en Asie. Les ventes, en Chine, de Bayer ont atteint près de 3 milliards d’euros, représentant 8,3 % des ventes mon-

diales du groupe allemand, qui com-mercialise l’anticancéreux Nexavar. Marijn Dekkers, CEO de Bayer compte développer son activité, dans les géné-riques de marque, en Asie, s’appuyant sur l’image de marque, notamment de l’aspirine Bayer

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RECHERCHES MÉDICALES

8 Santé-MAG N°07 - Juin 2012

«L’homéopathie n’a aucune efficacité démontrée !» Les rédacteurs de la dernière livraison de la revue «Pres-crire» - mais, ils ne sont pas seuls de cet avis…- n’y vont pas de main morte. Selon eux, en effet, «une synthèse des essais cliniques n’a pas recensé de données, probantes, en faveur d’une efficacité de l’homéopathie». Leur conclusion s’inscrit dans le droit fil du discours, tenu depuis des années, par l’Académie nationale de médecine. En 2004, déjà, cette dernière affirmait que l’homéopathie est «une méthode imaginée, il y a 2 siècles, à partir d’a priori conceptuels, dénués de fonde-ment scientifique». Passez muscade…

Aussi efficace qu’un placebo Du côté de la revue «Prescrire», les rédacteurs se sont appuyés sur une évaluation, conduite par le Centre fé-déral d’expertise des soins de santé, en Belgique (KCE). Selon ses travaux, en effet, «aucun traitement (homéo-pathique) n’a d’efficacité démontrée, au-delà du placebo». Par ailleurs, une synthèse de 19 essais cliniques a permis d’analyser les effets, indési-rables, de l’homéopathie, sans, pour autant, mettre en évidence de risque, lié à ces traitements. Pourtant, 77 % des Français considèreraient que « les médicaments homéopathiques devraient être prescrits plus souvent, en premier recours». Les auteurs de «Prescrire» mettent, donc, en garde les soignants, qui «ont intérêt à avoir, en mémoire, les situations, où des traitements, de balance bénéfices-risques favorable, existent»

Scanner chez l’enfant : peu de risques de cancers

Pratiquer plusieurs scanners céré-braux, avant 15 ans, multiplie, par trois, les risques d’avoir un cancer : la nouvelle a de quoi effrayer. Cepen-dant, que les patients se rassurent, la probabilité de déclarer la maladie reste très faible et l’utilité de l’exa-men incontestable. Il n’y a, donc, vrai-ment pas de quoi paniquer !Les examens d’imagerie médicale sont devenus monnaie courante, au-jourd’hui. Mais, où se situe la limite, séparant le bon usage de l’abus ? Pour répondre à cette question, une équipe, internationale, s’est penchée sur l’impact, que la répétition des examens, par tomodensitométrie (ce que l’on appelle des scanners), pou-vait avoir sur la santé de l’enfant. Leur objectif était de déterminer le risque de voir se développer une tumeur cé-rébrale, ou une leucémie, une fois ces enfants parvenus à l’adolescence, ou à l’âge adulte. Les résultats, qu’ils ont obtenus, sont rassurants.L’étude a été menée sur près de 180.000 volontaires, de moins de 22 ans, qui avaient subi plusieurs scan-ners, entre 1985 et 2002. Les auteurs ont calculé les doses de radiations ionisantes reçues, par le cerveau et la moelle osseuse, de ces patients. Ils ont, ensuite, extrapolé ces données, pour déterminer les risques de can-cers, induits par les rayons X.

Deux cancers pour 10.000 scannersAu premier abord, leurs conclusions peuvent paraître alarmantes : le fait de subir deux ou trois scanners céré-braux, avant l’âge de 15 ans, pourrait

tripler le risque de tumeur cérébrale !Quant aux patients soumis à une dizaine d’examens tomodensitomé-triques, portant sur d’autres parties du corps, leur niveau de risque, en matière de leucémie, serait, égale-ment, multiplié par trois. Pour autant, ces résultats sont relativisés, par les auteurs eux-mêmes.Mark Pearce (Newcastle University, au Royaume-Uni) est l’auteur princi-pal de cette étude. Et il tient à préciser qu’en « réalité, ce risque est faible. Il s’agit de cancers relativement rares. En fait, pour 10.000 scanners réalisés, avant l’âge de 10 ans, on risque de voir se développer un cas de leucémie et un cas de tumeur cérébrale, dus aux rayonnements, dans les dix années suivantes ».Par ailleurs, « le scanner induit, cer-tainement, un risque de cancer. Mais, il reste nécessaire au diagnostic et au suivi de nombreuses pathologies graves. Nous devons, donc, redoubler d’efforts, pour justifier et optimiser chaque examen prescrit », concluent les chercheurs

L’homéopathie, miracle ou pipeau ?

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RECHERCHES MÉDICALES

9Santé-MAGN°07 - Juin 2012

Les bactéries intestinales régulent les taux de l’hormone de l’humeur

Les bactéries de la flore intestinale agiraient sur le système nerveux central et réguleraient les taux de sérotonine, une hormone impliquée dans l’humeur. À première vue, le lien ne paraît pas évident ; pourtant une nouvelle étude démontre que des animaux, privés de microbiote intes-tinal, connaissent des troubles de l’anxiété.L’union fait la force. Et si les milliards de bactéries, qui colonisent notre tractus digestif, profitent des ali-ments qu’on leur apporte, elles aussi, nous seraient bénéfiques et à plus d’un titre. Elles nous aident à digérer et dans le cas où elles sont trop effi-caces, contribuent à nous faire gros-sir ; mais, plus étonnant, elles nous préservent des allergies.Ce n’est pas le seul impact, sur notre organisme, puisque des chercheurs de l’University College de Cork (Ir-lande), viennent de montrer qu’elles régulent, également, les taux de sé-rotonine, une molécule jouant, aussi bien, le rôle de neurotransmetteur, que celui d’hormone et qui intervient dans le contrôle de l’humeur. Dans des situations de stress, d’anxiété ou de dépression, les concentrations de sérotonine sont altérées. C’est, d’ail-leurs, à ce niveau que la plupart des antidépresseurs agissent, afin de ré-tablir les niveaux normaux.

La flore intestinale, gardienne des taux de sérotonineCette expérience fait appel à des souris, ayant la particularité d’être dénuées de toute communauté bactérienne. Ainsi, les chercheurs ont reproduit, artifi-ciellement, la situation, extrême, où un individu ne possède pas de flore intes-tinale, pendant les premières phases du développement. Les résultats sont sans ambiguïté : cela a des répercus-sions, nettes, sur les taux de séroto-nine… Et sur le comportement. Ces rongeurs manifestaient, davantage, d’anxiété. Les effets étaient, d’ailleurs, plus criants, chez les mâles, que chez les femelles.Les auteurs ont, ensuite, injecté des bactéries à leurs co-bayes, pour reconstituer le microbiote (l’ensemble des micro-organismes) intestinal. Les dom-mages semblent irréver-sibles, dans la mesure où les taux de sérotonine ne sont pas revenus à un niveau basal normal. Cependant, l’anxiété a, manifestement, dimi-nué, chez les souris. Les troubles de l’humeur ont reculé, malgré une neu-rochimie toujours défail-lante.

Une thérapie bactérienne, contre les troubles de l’humeurUn axe microbiome-in-testin-cerveau avait, déjà, été mis en évidence, par des recherches pré-cédentes (le microbiome caractérisant le milieu de vie des germes). Une étude, de 2011, révélait, également, que les bac-téries de la flore intesti-nale diminuaient l’anxié-té et la dépression. Ce nouveau travail précise, désormais, que cet effet

se manifeste au niveau neurologique, entraînant des variations dans les taux de sérotonine, lorsque les communau-tés bactériennes, d’un organisme, sont dégradées.Que peut-on retenir d’une telle décou-verte ? Tout simplement qu’il faut faire attention à son hygiène de vie, pour limiter les risques de dépression ; car le régime alimentaire influe sur la qua-lité de la flore intestinale. La consom-mation d’antibiotiques doit, également, être réduite au strict nécessaire. Mais, il faut voir, aussi, le bon côté des choses. On a, longtemps, cherché à éli-miner les microbes ; voilà l’occasion de les utiliser à notre profit et de dévelop-per une thérapie bactérienne, contre les troubles de l’humeur

Une femme, enceinte, peut-elle consommer de l’alcool, sans mettre en danger la santé de son enfant, à naître ? Selon une étude danoise, la consommation d’al-cool, en quantité « faible, ou modérée » serait sans conséquences, sur la santé du fœtus. Le Dr Alain Rigaud, psychiatre addictologue à Reims, reste, cependant, ferme sur sa position, qui est, également, celle de la communauté médicale: pendant la grossesse, c’est zéro alcool !

Est-ce une coïncidence ? Toujours est-il que c’est la seconde étude, du genre. La première, qui remonte à 2010, avait, déjà, fait valoir que «jusqu’à deux verres d’alco-ol, par semaine, il n’y avait aucun risque ». Cette fois-ci, le travail publié dans les colonnes du BJOG : An international Journal of Obstetrics and Gynaecology, a été mené par une équipe de l’uni-versité de Aarhus, dans le nord du Danemark. Les 1 628 femmes, enceintes, prises en compte, dans cette étude, ont été classées selon leur consommation, moyenne, hebdomadaire, d’al-cool. Entre 1 et 4 verres standards d’alcool, leur consommation a été considérée comme «faible». De 5 à 8 verres, elle a été qualifiée de « modé-rée», le seuil d’une consommation, «importante», étant fixé à 9 verres et plus… Tous les enfants, issus de ces grossesses, ont été soumis,

Alcool et grossesse : toujours incompatibles

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à l’âge de cinq ans, à des tests de QI, prenant en compte différents para-mètres de concentration et d’organi-sation. Selon les auteurs, « aucune différence n’a été observée entre les enfants, dont les mères avaient eu une consommation d’alcool faible ou modérée, et ceux dont les mères avaient été, totalement, abs-tinentes». En revanche, au-delà de 9 verres, les enfants ont présenté une baisse de l’attention.

Ne pas ouvrir la porte Interrogé, par l’agence de presse Destination Santé, le Dr Rigaud, psy-chiatre addictologue et président de l’Association nationale de Préven-tion en Alcoologie et Addictologie (ANPAA), est très réservé, sur les résultats de cette étude. « Sur le plan strictement scientifique, cette étude confirme qu’au-delà de neuf verres, par semaine, des consé-quences, sur la santé de l’enfant, sont observables». Cependant, ce seuil de neuf verres hebdomadaires ne peut, absolument

pas, être pris comme référence « En effet, le niveau d’une consom-mation d’alcool, dénuée de risque, n’est pas défini » poursuit-il. « Si l’on tablait sur trois verres par semaine, par exemple, une femme enceinte pourrait se croire autorisée à les boire, au cours d’une même soi-rée, chaque s e m a i n e . Or à chaque verre, quel que soit l ’ a l c o o l ingéré, le cœur du fœ-tus accélère et peut battre jusqu’à 150 fois par minute, soit l’équi-valent d’un sprint, pour nous.C’est à ce stress que le fœtus risque d’être exposé, de manière répétée ». Un stress, aux consé-quences dramatiques. Car, les effets de l’alcool, sur l’enfant à naître, ne

sont pas, uniquement, cardio-dyna-miques. Le syndrome d’alcoolisation fœtale, provoqué par l’exposition d’un fœtus à l’alcool, se caractérise par un retard de développement, un

périmètre crânien réduit, une altération du faciès, des

troubles psychiques… Un seuil de consom-

mation, sans dan-gers, est difficile à définir, avec clar-té. Et le message d ’ a b s t i n e n c e «reste, encore, flou, pour de n o m b r e u s e s

femmes», ajoute Alain Rigaud.

Pour toutes ces raisons, il souhaite

conserver un message simple et clair: «Zéro alcool,

pendant la grossesse ! ». Pragma-tique, il ajoute, également, que «si une future maman rencontre des difficultés à suivre cette règle, une consultation, chez le médecin, peut s’avérer nécessaire»

Des cellules souches survivent 17 jours dans un cadavre !Des cellules souches, extraites d’un corps, 17 jours après sa mort, vivaient encore et se sont différenciées en fibres musculaires. Ce record, inat-tendu, laisse entrevoir la possibilité de nouveaux protocoles améliorant la réussite des thérapies cellulaires.

Dix-sept jours. Soit deux semaines et demie. C’est la durée durant laquelle des cellules souches ont survécu, dans le cadavre d’une femme décé-dée. Les études précédentes, éta-blies, notamment, à partir d’un cer-veau de fœtus, révélaient qu’elles ne se maintenaient pas en vie, plus de 32 heures après la mort. Un record, net-tement pulvérisé, donc !Pour les chercheurs de l’Institut Pas-teur, à l’origine de cette découverte, ce sont, davantage, les mécanismes physiologiques sous-jacents, qui re-cèlent un intérêt certain. Comment les limites ont-elles pu être repous-sées si loin ? Toutes les cellules réa-gissent-elles de la même façon ?

Les cellules souches rentrent dans un état de dormanceUn organisme mort ne constitue pas un environnement idéal, pour des cel-lules, qui ne disposent plus des élé-ments nutritifs, nécessaires à leur survie (nutriments, oxygène, etc.). Cependant, l’analyse du cadavre d’une femme de 95 ans, 17 jours après sa mort (mais congelé à 4 °C pour éviter qu’il ne se décompose), montre que les millions de cellules souches, retrou-vées dans 4 g de muscle squelettique, sont, encore, vivantes et capables de se différencier en fibres musculaires. Seule différence : le jeûne forcé les a placées dans un état de dormance, duquel elles ont dû émerger, avant de reprendre leur cycle normal.Cette phase d’hibernation, dite de quiescence, intéresse, grandement, les scientifiques. Les cellules présen-taient une activité métabolique très réduite : elles devaient composer avec un stock énergétique faible et des mi-

tochondries (les organites qui four-nissent l’énergie) peu nombreuses.Les chercheurs suggèrent que les faibles niveaux en dioxygène, les com-posés chimiques, qui se dégagent, consécutivement à la mort ; voire les deux événements combinés, poussent les cellules dans cette phase de dor-mance. Pour preuve, celles soumises à un milieu anoxique (privé d’oxygène) survivent mieux que celles laissées dans l’environnement ambiant.Ce processus de mise en pause n’est pas une nouveauté, dans le vivant. On l’observe, par exemple, dans cer-taines régions des tissus lésés ; une

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façon, pour les cellules, d’attendre des jours meilleurs, pour reprendre leur activité.Cette découverte suscite un réel inté-rêt à, au moins, deux niveaux. Tout d’abord, elle laisse entrevoir la pers-pective de disposer d’une source, supplémentaire, de cellules souches, qui pourront être réutilisées à des fins de médecine régénérative, pour reconstituer des tissus endommagés. D’autre part, elle permettrait la mise au point de nouvelles méthodes de culture et de conservation, plus effi-caces, pour un meilleur usage théra-peutique.

Vers de nouveaux protocoles, pour des thérapies cellulairesLe muscle squelettique n’a pas été le seul tissu éprouvé. Les auteurs ont, également, récolté des cellules souches de la moelle osseuse, à l’ori-gine des globules rouges et blancs. Cette fois, les délais de survie sont, nettement, inférieurs et ne dépassent pas les 4 jours. Elles pourraient être transplantées chez un patient atteint de leucémie, par exemple. Chez l’animal, les performances semblent comparables à celles relevées chez l’Homme. Ainsi, les cellules souches de muscle squelettique de souris ont tenu pendant 16 jours, à une petite nuance près. En effet, lors de l’expé-rience, elles ont été infectées par les bactéries colonisant l’animal. Les auteurs ont dû se limiter aux cellules récoltées, 14 jours après la mort de l’animal, pour tenter la transplanta-tion, chez des souris myopathes. Non seulement la greffe a pris, mais les rongeurs ont vu la maladie reculer, quand leurs nouveaux hôtes ont com-mencé à synthétiser la dystrophine, la protéine défaillante.Comme souvent dans ces découvertes pionnières, les perspectives d’appli-cations cliniques sont nombreuses. Mais, avant d’en arriver à des thé-rapies cellulaires effectives, il reste, encore, des validations à obtenir

Glaucome : un nouveau traitement restaure la vision, chez des rats

Pour la première fois, le glaucome, pathologie fréquente de la vision, a été traité, avec succès, par un médicament, qui résout le problème, à la source. La molécule inhibe l’action d’une chimio-kine, responsable de l’obstruction du trabéculum, l’origine de la maladie. Explications. Des chercheurs de l’In-serm ont réussi à préserver la fonction visuelle de rats, atteints de glaucome. Cette maladie, associée à une élévation anormale de la pression à l’intérieur de l’œil, peut conduire à la cécité. L’équipe de chercheurs, dirigée par Christophe Baudouin, au sein de l’Institut de la vi-sion (Inserm/CNRS/UPMC), a ciblé des molécules, spécifiques, de l’inflam-mation : les chimiokines. Le blocage d’un des récepteurs aux chimiokines (CXCR3) a entraîné une diminution de la pression à l’intérieur de l’œil, grâce à la restauration de l’écoulement normal de l’humeur aqueuse, conduisant à une protection de la rétine et de la fonction visuelle.

Soigner le glaucome en faisant retomber la pressionDeuxième cause de cécité, dans le monde, le glaucome touche 50 à 60 millions de personnes, dont 6 à 7 mil-lions sont aveugles. En France, environ 800.000 personnes sont traitées, pour un glaucome. Cette maladie se carac-térise par une destruction, progres-sive, du nerf optique et une altération, irréversible, de la fonction visuelle ; généralement associée à une élévation, anormale, de la pression à l’intérieur de l’œil.Cette forte pression intraoculaire est causée par une résistance à l’écoule-ment normal de l’humeur aqueuse, au niveau d’une structure oculaire spé-cifique : le trabéculum. Toutefois, la dégénérescence des tissus du trabé-culum, à l’origine de ce dysfonctionne-ment, est mal comprise.

Les traitements, actuels, contre le glaucome, ne ciblent pas, directement, la trabéculopathie originelle. Ceci pour-rait, en partie, expliquer l’échec théra-peutique, souvent observé et condui-sant, parfois, à la cécité, en dépit d’une prise en charge médicale, optimale.L’équipe de chercheurs, dirigée par Christophe Baudouin, à l’Institut de la vision, est impliquée dans l’étude des mécanismes physiopathologiques, res-ponsables de la trabéculopathie glau-comateuse, et plus spécifiquement, du rôle de certaines molécules de l’in-flammation, appelées chimiokines.Plusieurs chercheurs de cette équipe viennent de montrer, sur des tissus de patients glaucomateux et sur une lignée cellulaire humaine de trabécu-lum, l’existence d’une balance entre la chimiokine, dite CXCL12 et une forme, tronquée, de celle-ci, le SDF-1(5-67). Tandis que la première favorise la via-bilité des tissus du trabéculum, via le récepteur CXCR4, l’autre forme induit la mort trabéculaire, via le récepteur CXCR3. Il semble que le passage, d’une forme saine à la forme tronquée, soit favorisé par un environnement parti-culier et des cytokines et métallopro-téinases, impliquées dans le glaucome.Dans un deuxième temps, les cher-cheurs ont observé, dans un modèle animal de glaucome, que le blocage de CXCR3 permet de diminuer la pression intraoculaire, de restaurer la fonction de filtration du trabéculum et de pré-server, ainsi, la fonction visuelle, en protégeant la rétine.Ces travaux permettent d’améliorer la compréhension du glaucome. Pour Alexandre Denoyer, premier au-teur de cette publication, « la stratégie, inédite, utilisée, ciblant les chimio-kines, au niveau du trabéculum, pour-rait aboutir au développement d’un trai-tement, innovant, en remplacement ou en complément des traitements, à long terme, par les collyres actuels »

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Plus un homme tarde à être père, plus ses enfants vivront longtemps !

Résultat surprenant. Lorsqu’un homme avance dans l’âge, il transmet, à sa descendance, la capacité de vivre plus longtemps, en lui fournissant des télomères plus longs. Davantage d’investigations sont, malgré tout, re-quises, pour éclaircir, entièrement, les mécanismes responsables. Attention à l’interprétation, également : cela ne veut pas dire, pour autant, qu’il faut re-tarder l’échéance, pour devenir père…

Peut-on prédire l’ espérance de vie ? La question fascine les scientifiques, qui tentent de décrypter les signes, biologiques, laissés par l’organisme. L’un d’entre eux a, particulièrement, retenu leur attention : la longueur des télomères. Ces régions de l’ADN se situent à l’extrémité des chromosomes et protègent le génome et l’information qu’il contient. Lors de chaque division, les télomères se raccourcissent un peu plus, jusqu’à ne plus exercer leur rôle. Ainsi, on remarque que leur longueur permet de donner une idée, sur le temps qu’il reste à vivre.

De manière assez inattendue, des chercheurs de la Northwestern Uni-versity (Illinois), viennent de faire une découverte, qui concerne, juste-ment, ces coiffes d’ADN. Les enfants, nés de pères âgés, héritent de télo-mères plus longs que ceux conçus par des papas plus jeunes ; ce qui se traduit, aussi, par une espérance de vie, théorique, plus importante.

Les hommes doivent-ils attendre, pour se reproduire ?

Des papas âgés transmettent des télomères plus longsCette étude, longitudinale, publiée dans les Pnas, a porté sur 1.779 Philip-pins, nés entre 1983 et 1984. Pendant la grossesse, des cellules fœtales, cir-culant dans le sang veineux de la mère, ont été récupérées. L’ADN de chacun des enfants et plus précisément, la longueur des télomères, a été définie. Il ne manquait plus qu’à corréler ces informations, avec l’âge du pèreL’analyse des données est sans ambi-guïté : la longueur des télomères, chez l’enfant, augmente avec l’âge du père. Ce processus traverserait même les générations, car l’âge du grand-père paternel revêt, lui aussi, de l’impor-tance. Des résultats surprenants quand on sait, justement, qu’au fil des années, les télomères ont tendance à se rétrécir. C’est, effectivement, le cas pour tous les tissus, à l’exception des spermatozoïdes… Ils gagnent, chaque an-née, ce que les autres cellules perdent ; ce qui explique la conclusion de cette recherche.Cependant, le méca-nisme physiologique, sous-jacent, reste mys-térieux. Est-ce parce que la télomérase, l’enzyme qui rajoute des mor-ceaux d’ADN aux télo-

mères, est de plus en plus active, dans le testicule, avec le temps ? Ou est-ce, plutôt, parce que les cellules progéni-trices, dotées des télomères les plus courts, sont les premières à mourir, laissant le champ libre à toutes les autres ?

Mieux vaut-il attendre pour être père ?Reste, également, à définir quels avantages évolutifs un tel mécanisme pourrait procurer. Les auteurs y vont de leur hypothèse. Un homme, qui se reproduit tardivement, à cause de contraintes (environnementales, sociales, culturelles etc.) engendre, ainsi, une descendance apte à survivre suffisamment longtemps, pour dépas-ser ces contraintes et à son tour, faire des enfants.Le principe se conçoit. Cependant, ce travail élude une question, pourtant, fondamentale : les générations, nées de pères âgés, survivent-elles, réel-lement, plus longtemps ? La longueur des télomères est un indice, mais pas un indicateur, fiable à 100 %. De plus, de nombreuses études soutiennent l’idée que la paternité tardive accroît les risques de problèmes de santé, pour l’enfant. En effet, les probabili-tés de mutations et de dommages, sur l’ADN, augmentent avec le temps, af-fectant, alors, négativement, la qualité du sperme. Des télomères plus longs suffisent-ils à compenser un génome moins bon ? Rien ne le prouve… Et même les auteurs de ce travail le reconnaissent : mieux vaut ne pas trop attendre, avant de devenir père !

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Le Truvada, un «outil supplémentaire», pour lutter contre le virus du sida

La lutte, contre le sida, pourrait connaître un tournant décisif le 15 juin prochain, jour où l’Agence américaine des médicaments (Food and Drug Ad-ministration, FDA) devrait autoriser la mise sur le marché du Truvada. Un comité d’experts indépendants a, en effet, validé, jeudi 10 mai, la commer-cialisation de cette combinaison de deux antirétroviraux, dont l’efficacité a été mise en évidence, lors d’un essai clinique, mené dans six pays, de juillet 2007 à décembre 2009.

Un médicament, qui diminue le risque de contaminationLes résultats de cette vaste expéri-mentation indiquent que le risque de contamination, par le VIH, est réduit, en moyenne, de 42 %, avec le Truvada. S’il est autorisé par la FDA, le médi-cament deviendrait le premier trai-tement, préventif, contre le sida, en s’adressant, à la fois, aux personnes séronégatives et aux porteurs du VIH.Interrogé par FRANCE 24, le président du Conseil national du sida, Willy Ro-zenbaum, se félicite de cette “annonce attendue”, qui valide l’existence “d’un outil supplémentaire, dans le panel de moyens, qui existe aujourd’hui, pour éviter la transmission du virus”. “Les études ont démontré qu’un trai-

tement, pris par des personnes non contaminées, en association avec d’autres méthodes de prévention, diminue le risque de contamination”, s’enthousiasme celui qui a fait partie de l’équipe ayant identifié le virus du sida, au début des années 1980. “Le traitement pourra, notamment, être utilisé par des personnes porteuses du virus, afin d’éviter de le trans-mettre à autrui et notamment, au sein des couples séro-différents [un indivi-du contaminé, l’autre non ndlr] et chez les femmes enceintes, contaminées”, explique-t-il.

Risque d’abandon du préservatifMais, l’annonce de cette avancée scientifique, majeure, a, pourtant, été fraîchement accueillie par plusieurs associations de lutte contre le sida, notamment en France.

Spéculer pour mieux lutter contre le sida ?Ainsi, loin de se réjouir, le président de l’ASIGP-VIH, (Association de suivi et d’information des gays sur la pré-vention du VIH), Stéphane Minouflet, qualifie de “catastrophique” une éven-tuelle mise sur le marché du Truvada. “Après des années de combat, pour

éduquer la population à se protéger, ce médicament va les pousser à abandonner le préservatif”, déplore-t-il. Fort de son expérience, au sein de la communauté gay de Paris, il estime que de nombreuses personnes sont susceptibles de faire du médicament leur unique moyen de prévention. “Déjà aujourd’hui, les porteurs du VIH, sous trithérapie, qui se savent peu ‘contaminants’ tendent à ne plus mettre de préservatif”, renchérit-il.Aux États-Unis, des profes-sionnels de santé se sont, par ailleurs, inquiétés du

non-respect de la posologie, par les patients. En effet, pour être efficace, le médicament doit être pris quoti-diennement. Une occurrence rare, selon ceux qui ont suivi des patients pendant les phases de test.

”Plus il y a d’outils, mieux c’est”Willy Rozenbaum refuse, lui, d’oppo-ser les traitements, à visée préven-tive, aux modes de prévention, plus classiques et veut croire que “le pré-servatif ne perdra pas sa place” avec l’arrivée du Truvada, notamment en raison de la lourdeur du traitement. “Prendre cemédicament ne sera pas une dé-marche facile. Cela nécessite un dépistage au préalable, puis une médicalisation et des prises de sang régulières”, explique-t-il.S’il a conscience des risques, inhé-rents à l’arrivée sur le marché, de ce que certains peuvent considérer comme un “médicament miracle”, il souhaite la poursuite du programme Truvada, au nom du but que se sont fixés les chercheurs spécialisés : la diminution du risque d’être infecté par le VIH. ”Plus il y a d’outils, mieux c’est”, résume-t-il

Un premier traitement, préventif, contre le sida, le Truvada, pourrait, rapidement, arriver sur le marché américain. Une perspective saluée par le professeur Willy Rozenbaum, alors que des associations redoutent l’abandon du préservatif.

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I INTRODUCTIONEn Algérie, les céphalées constituent le premier motif de consultation, en neurologie et une raison, majeure, en pratique générale.On peut estimer que la migraine représente 20 à 25 % de toutes les céphalées de nos consultations, tandis que les céphalées, par tension, devraient constituer, pratiquement, 50 % des cas.A notre connaissance, aucune enquête n’a été effectuée sur la migraine en Algérie; d’où la mise en œuvre de ce travail.En dehors du milieu neurologique, la migraine, au sens strict du terme, est mal connue, volontiers confondue avec les autres types de céphalées.A l’inverse, étant donné le nom verna-culaire de la maladie (en arabe algé-rien, son nom est « chqîqa « : la ma-ladie qui fend la tête), une céphalée, qui n’est pas strictement unilatérale, n’est pas, toujours, reconnue comme migraine.De plus, le caractère récurrent de la maladie est mal appréhendé.D’où les grands buts de cette enquête :1. Effectuer une approche, épidémio-logique, de la maladie2. Evaluer sa perception, dans la com-munauté médicale et la population générale3. Analyser les caractéristiques de la migraine et des migraineux, en Algérie

II METHODOLOGIECette enquête a concerné un échan-tillon de patients, consultants en médecine publique ou privée, dans 12 wilayate du centre de l’Algérie, représentant 34,2 % de la P.G de l’Algérie.En se basant sur une prévalence de la migraine, estimée à 15 %, avec un risque d’erreur a = 0,05 et une pré-cision i = 0,02, le nombre requis de patients, pour l’étude, a été trouvé égal à 1275 personnes.A partir d’une base de données de médecins généralistes et spécia-listes (neurologues, psychiatres, O.R.L et internistes), un tirage au sort fut effectué, pour choisir les observateurs. Chacun a, alors, reçu 10 questionnaires, comportant deux parties :- Une partie d’ordre général, concer-nant tous les consul-tants- Une partie ne concer-nant que les patients considérés comme mi-graineuxAu terme de l’enquête, 965 questionnaires, sur 1275, ont été réception-nés (soit 75,6 % du total) et analysés. La compa-raison de certains cri-tères épidémiologiques généraux, entre la popu-

lation des consultants migraineux et non migraineux, n’a pas montré de différences significatives.L’estimation de la prévalence de la migraine a été effectuée de façon indirecte, en analysant 85 registres de malades, où étaient consignés l’effectif, quotidien, de consultants et le nombre, quotidien, de sujets considérés comme migraineux.

III LES MIGRAINEUX

Courbe d’âgeL’histogramme de l’âge des patients montre, sans surprise, que la majo-rité (85,3 %) sont des adultes, des tranches d’âge allant de 20 à 60 ans. Il s’agit de l’âge, au moment de l’enquête et non de l’âge de dé-but de la maladie. La médiane est de 38 ans.

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Age des patients ( % )

Épidémiologie et profil de la migraine, chez une population consultante,

dans le centre de l‘Algérie

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15Santé-MAGN°07 - Juin 2012

Répartition selon le sexe

Répartition selon le sexe

Hommes 28.6%

Femmes 71.4%

Le diagramme, en secteurs, indique 71,4 % de femmes, contre 28,6 % d’hommes (DS p < 10 - 6) ; soit un sex ratio de 2,49. La Littérature indique un sex ratio de 2 à 3 femmes, pour un homme, avec des variations, en fonc-tion de la tranche d’âge.

Antécédents familiaux de migraine

Histoire familiale de migraine

Oui 54.8%

Non 45.2%

Une histoire familiale, positive, est trouvée dans 54,8 % des cas, à com-parer aux données, assez disparates, de la littérature: 34 à 90 % des cas, selon les différentes études (Michel et al, 1996). Le degré de parenté est d’ordre 1 (ascendants, descendants, fratrie), dans 83,6 % des cas et d’ordre 2 dans 4,7.

Estimation de la prévalenceL’analyse des données des 85 registres a indiqué que le nombre, moyen, quo-tidien, de consultants était de 16,6 patients, par praticien et le nombre, moyen, de consultants, pour migraine, de 2,2. D’où, l’estimation de la prévalence de la migraine de cette population consul-tante:13,5 %.Cette valeur pourrait être extrapolée, à peu de chose près, à la population gé-nérale, car l’analyse des paramètres, épidémiologiques, de la population consultante, d’une part et de la popula-tion générale algérienne, d’autre part, n’a pas montré de différences signifi-catives. Cet ordre de grandeur, de 13 %, peut être rapproché des données de la littérature, concernant la prévalence de la migraine :

8 % au Japon (Sakai et al, 1997)15’, 12 % en France (Henry et al, 1992) «61, 13 % aux U.S.A (Scher, Stewart et Lipton, 1999 16 % au Danemark (Rassmussen et al, 1991)»» et au Ca-nada (Edmeads et al, 1995) ‘18’.

IV LES ACCES MIGRAINEUX

Facteurs déclenchants des crises

Stress psychique 68.8 %

Stress physique 35.7 %

Changement de temps 40.7 %

Stimulations sensorielles 34.5 %

Modifications sommeil 32.2 %

Règles 25.5 %

Jeûne 22.2 %

Certains aliments 16.5 %

Toxiques 8.5 %

Aucun 5.4 %

Troubles associés aux crises

Nausées et / ou vomis. 59.8 %

Troubles de l'humeur 57.7 %

Photophobie 38.8 %

Phonophobie 25.5 %

Anorexie 30.7 %

Boulimie 6.4 %

Troubles visuels 42.3 %

Autres 12.1 %

Aucun 4.5 %

Fréquence des accèsLa majorité des patients présentent plus d’un accès, par mois (51,3 %) à plusieurs accès par an (40,2 %). Dans la littérature, 50 % des migraineux ont, au moins, deux crises, par mois (El Amrani et Massiou, 1998) (12).

Topographie des douleurs

Topographie des céphalées

DiffuseUnilatéraleBifrontaleUnilatérale alternante

35,5 %27,4 %23,9 %23,9 %

Les résultats de l’enquête indiquent bien, si on en doutait encore, que la topographie de la céphalée n’est hémi crânienne que dans la moitié des cas (51,3 %). Dès 1960, (Selby et Lance,)19 notaient une douleur bilatérale, dans 40 % des cas et une douleur, toujours du même côté, dans 20 % des cas.

Durée moyenne des accès

Durée moyenne des accès

Plus d’un par moisMoins d’un par moisMoins d’un par anNon précisé

51,4%40,2%6,1%2,3%

Le diagramme indique que la durée de la majorité des accès s’échelonne entre «plusieurs heures » (59,1 % des cas) et 24 heures (16,1 %). La littéra-ture indique que 55 à 67 % des crises durent de 4 à 24 heures (El Amrani et Massiou, 1998)121.

Facteurs déclenchantDes facteurs déclenchant les crises mi-graineuses ont été identifiés, de façon assez précise.Les accès spontanés (5,4% des cas) nous semblent sous-représentés, alors que le stress psychique (68,8°A) nous paraît surreprésenté.La rubrique «jeûne» correspond, sou-vent, à ces violents accès de migraine, du début du mois de Ramadan. Les accès, provoqués par le changement de temps (hygrométrie : temps sec) et les écarts dans les horaires de sommeil, sont bien identifiés, par les patients.La responsabilité des règles est invo-quée, dans 25,5 % des cas de l’effectif total, c’est à dire 35,7 % des femmes. Dans la littérature, les femmes font cette relation, dans 50% des cas (El Amrani et Massiou, 1998).

Troubles associés aux accèsLes nausées et les vomissements viennent en tête, avec près de 60 % des cas. Dans la littérature, la fréquence des nausées va de 58,8 % (Stewart et al, 1996)’20’ à 90 % des cas (Olesen, 1978)91), (Silberstein, 1995)22’.Les troubles de l’humeur sont à peine moins fréquents : 57,7 % des cas.Les troubles visuels (42,3 % des cas) correspondent, probablement, (le questionnaire n’a pas suffisamment

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DOSSIER

16 Santé-MAG N°07 - Juin 2012

Ces migraineux célèbresdistingué l’aura) aux phénomènes pro-dromiques des accès de « migraine ophtalmique «. Ceci indiquerait que la proportion des cas de M.A a cet ordre de grandeur et peut être comparé aux données de la littérature : 1 / 3 de M.S.A contre 2 / 3 de M.A.

Retentissement des accèsDe façon empirique (pas d’utilisation d’échelle de cotation), la douleur a été considérée comme sévère ou insup-portable, dans seulement 43,2 % des cas, contre 75 % (El Amrani et Massiou, 1998) (12) à 80 % (Stewart et al, 1996)’20’ des cas, dans la littérature.De même, l’incapacité et de façon plus objective, le retentissement, dans la vie de tous les jours, ont été appréciés : le degré d’incapacité est sévère, dans 35 % des cas et entraîne une réduction des tâches ménagères, dans 46,1 % (soit plus de 64 % des femmes), un absen-téisme professionnel, dans 22,2% des cas.

V HABITUDES DE PRESCRIPTION

1. Traitement de la crise

Paracétamol 80.4 %

Ergotamine 43.5 %

Aspirine 38.3 %

A.I.N.S 31.4 %

Triptans 1.7 %

Autres 13.9 %

2. Traitement de fond

Dihydroergotamine 52.7 %

Pizotifène 28.6 %

Amitriptyline 26.2 %

Bêtabloquants 10.4 %

Autres 29.8 %

Ces résultats ne font que traduire les habitudes de prescription des prati-ciens algériens; ces habitudes dépen-dant, elles-mêmes, de plusieurs fac-teurs :- Les schémas thérapeutiques recom-mandés lors du cursus universitaire.- La disponibilité des médicaments ; ainsi les triptans ne sont pas, encore, commercialisés en Algérie. Ils sont en voie de l’être.- La tolérance des médicaments : présence et nature des effets secon-daires

Blaise Pascal (1623-1662)

Physicien, mathématicien et philo-sophe, l’auteur des Pensées a souf-fert de migraines, dès l’âge de 18 ans. Comme l’écrit Gil¬berte Perrier : «Il n’a pas passé un jour, sans souf-frir. Il avait, entre autres incommodi-tés, celle de ne pouvoir rien avaler de liquide, qui ne fût chaud. Et comme il avait, outre cela, une douleur de tête insupportable, une chaleur d’en¬trailles excessive et beaucoup d’autres maux, les médecins lui ordonnèrent de se purger tous les jours, durant trois mois »

Victor Hugo (1802-1885)

Le poète de Ce que dit la bouche d’ombre souffrait, chro¬niquement, de migraines qui l’obligeaient à s’ali-ter : « Mon mal de tête endormi s’est réveillé et je ne sais, en vérité, si je devrais terminer cette lettre, dans la posi¬tion où je me trouve»

Friedrich Nietzsche (1844-1900)

Le philosophe allemand eut à souf-frir dès son enfance de maux de tête. Sa pensée en est marquée : son désir affirmé du « surhomme » ne corres-pond pas tant, en effet, à l’image d’un guerrier impitoyable, qu’à celle d’un homme malade, qui lutte contre ses faiblesses. Nietzsche écrivait : «Il faut un chaos pour accoucher d’une étoile

Roland Barthes (1915-1980)Influencé par la psychanalyse, l’écri-vain voyait dans la migraine l’ex-pression d’un conflit inté¬rieur, non surmonté: «Mon corps ne m’existe à moi-même que sous deux formes courantes, la migraine et la sensua-lité. Pourquoi, à la cam¬pagne, dans le Sud-Ouest, ai-je des migraines plus fortes, plus nom¬breuses ? Qu’est-ce que je refoule ? De quels dérèglements mes migraines sont-elles la trace ?»

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DOSSIER

17Santé-MAGN°07 - Juin 2012

Ces migraineux célèbres

Georges Seurat (1859-1891)

Bien que soutenue par une démarche rigoureuse et scien¬tifique, l’œuvre de Seurat est aussi, pour partie, le fruit de ses migraines. Celles-ci l’ont, sans doute, affecté au point qu’il en a rendu compte, picturalement, en éliminant les lignes au profit des masses, avec des contrastes, d’ombre et de lumière, subtile¬ment dosés

Gustave Flaubert (1821-1880)

Bourreau de travail, reclus dans sa propriété normande, l’écrivain se plaint, souvent, de ses migraines, tout au long de sa correspondance: «J’ai, cet après-midi, une migraine atroce, avec des oppressions telles que j’ai du mal à tenir, à ma table»

Henry Purcell (1659-1695)

L’«Orphée anglais» était un com-positeur affecté par des crises de migraine, doublées de crises de mé-lancolie, dont on retrouve l’écho des souffrances dans certains airs cé-lèbres comme 0 Solitude ou Music for a While

George Sand (1804-1876)

La romancière, qui voulait « inaugurer et sanctifier l’amour », signale, régu-lièrement, ses maux de tête, dans His-toire de ma vie : «J’avais une migraine affreuse, je ne pensais plus, je ne vi-vais pas. J’étais indifférente à toutes choses»

Vincent Van Gogh (1853-1890)

Avant de souffrir d’halluci¬nations, le peintre néerlandais eut à lutter contre des maux de tête, qui le dési-gnèrent, aux yeux de ses contempo-rains, comme un homme tourmenté, mais, aussi, profondément mys¬tique ; ce dont on retrouve l’écho sur ses toiles d’un lyrisme dramatique, aux cou¬leurs intenses

Guy de Maupassant (1850-1893)

L’écrivain vit ses derniers jours, as-sombris par des troubles ner¬veux, dont la migraine fut un signe précur-seur:« La migraine, lui broie la tête, rend fou, égare les idées et disperse la mémoire. Ainsi qu’une poussière au vent, la migraine m’avait saisi. Pendant dix heures, j’ai enduré le supplice, contre lequel il n’y a pas de remède

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18 Santé-MAG N°07 - Juin 2012

Docteur Gérard MICK, spécialiste français de la migraine

Interview

La migraine est-elle une maladie fré-quente et pourquoi s’y intéresse t’on autant, aujourd’hui ?

La migraine est une pathologie, qui affecte 12 à 15% de la population, dans le monde. Elle peut survenir, pratique-ment, à tout âge ; touche, essentielle-ment, la population jeune en activité, mais, peut être un facteur de perte de qualité de vie, chez les patients âgés, également. Il est important de s’en soucier, aujourd’hui: en effet, les traite-ments préventifs mais, également, les traitements curatifs, ceux de la crise, sont multiples, efficaces et il n’est plus question de considérer la migraine comme une fatalité, en laissant des patients souffrir, parfois, pendant plu-sieurs jours, avec, d’autre part, une an-goisse anticipatoire de la survenue des crises ultérieures, qui altèrent, consi-dérablement, leur qualité de vie. Il est toujours possible de traiter une crise migraineuse, en 2012, et il est toujours possible d’accompagner un patient, avec des moyens pharmacologiques et non pharmacologiques, pour réduire la fréquence et la sévérité des crises, tout au long de la vie.

Est-il facile de faire le diagnostic de migraine ?

Il est extrêmement facile de faire le dia-gnostic d’une migraine, car les patients présentent des crises relativement similaires, avec des signes caractéris-tiques et en particulier, des signes di-gestifs et des signes d’hypersensibilité sensorielle, qui accompagnent le mal de tête. Ce mal de tête est, la plupart du temps, modéré à sévère, altère la pour-suite des activités en cours et surtout, est aggravé par l’effort physique, ou les mouvements de la tête. Des critères diagnostics ont été énoncés par les experts internationaux et il existe des questionnaires, très simples à utiliser, en pratique quotidienne, pour faire le diagnostic, avec une grande confiance. Il n’y a, donc, aucun obstacle, aujourd’hui, à la réalisation d’un diagnostic par un médecin, quel qu’il soit, en 2012.

Comment expliquer que de nom-breux patients ne consultent pas ou n’utilisent pas les traitements spé-cifiques de la migraine, alors qu’ils sont très gênés par celle-ci ?

Beaucoup de patients ne savent pas qu’ils présentent une migraine, ou bien ne parlent pas de leurs cépha-lées, à un médecin : c’est à celui-ci de poser la question, de façon assez systématique, car la céphalée est un symptôme extrêmement courant. D’autre part, quel que soit la culture, il existe un certain fatalisme, chez les migraineux, puisque les crises reviennent, inéluctablement, chez la plupart d’entre eux et que l’histoire de leur migraine s’inscrit dans une histoire personnelle et familiale : souci, stress, hyperémotivité, anxiété, baisse de moral, insomnie, aggravent la sévérité de la migraine. Le carac-tère, génétique, de la migraine est,

évidemment, très marqué, quoique non obligatoire. Enfin, souvent les patients migraineux et même des médecins, ne savent pas qu’il existe des traitements, radicaux, pour les soigner et ils ne les demandent, donc, pas ou s’imaginent qu’il est inutile de s’occuper d’une pathologie, somme toute bénigne et non curable. C’est aux médecins, aux autorités, aux acteurs de santé, de faire prendre conscience, à la population et à leurs collègues, que traiter la migraine est, aujourd’hui, possible et simple, en 2012.

Quel type de traitements existe-t-il, pour soulager une crise migrai-neuse?

Il existe de nombreux traitements, mais deux familles se distinguent par leur efficacité, d’une part, leur simpli-cité d’usage, d’autre part. Tout d’abord, il existe les anti-inflammatoires non stéroïdiens, qui sont utilisés, par la plupart des patients, notamment dès le début de leur histoire migraineuse, mais qui ne sont pas, toujours, effi-caces sur des crises, notamment sé-vères ou traitées tardivement.La famille la plus efficace, la plus sûre également, est la famille des triptans. En Algérie, le seul triptan disponible est RELPAX, qui peut être utilisé à 1 ou 2 comprimés, lors d’une crise. Toutes les études scientifiques, ainsi que les études, réalisées après la mise sur le marché, c’est-à-dire dans la population générale, ont confirmé l’extraordinaire efficacité de cette famille thérapeutique, la simplicité d’usage (1 crise, 1 prise) et enfin, leur sécurité d’emploi. Il était, aupa-ravant, suspecté que cette famille de traitements avait des propriétés de constriction des vaisseaux sanguins, qui rendaient leur usage délicat, ou même dangereux. Aujourd’hui, il est démontré, depuis plus de 20 ans, que cette famille thérapeutique existe, qu’elle n’a aucune dangerosité spéci-fique, lorsqu’elle est utilisée chez des patients, pour lesquels les contre-

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19Santé-MAGN°07 - Juin 2012

indications sont simplement respec-tées. Ces contre-indications sont très simples : elles concernent tous les antécédents ischémiques d’origine vasculaire et les troubles du rythme cardiaque. Ces contre-indications concernent, très rarement, la popu-lation la plus fréquemment gênée par la migraine, mais il faut, comme pour tout usage de n’importe quel traite-ment, savoir identifier les sujets à risque. Il faut rappeler que les contre-indications des anti-inflammatoires sont, également, nombreuses et que leur usage n’est pas dénué de dange-rosité, à divers niveaux. Ainsi, les trip-tans sont indiqués, en première inten-tion, chez les migraineux. Le triptan, disponible en Algérie, RELPAX, est un traitement, qui doit être inscrit dans l’outillage thérapeutique de tout médecin, au même titre que le PARA-CETAMOL, ou n’importe quel anti-in-flammatoire.

Peut-on utiliser ce traitement de la crise migraineuse, chez les patients, qui nécessitent un traitement pré-ventif de la migraine, ou durant plu-sieurs années ?

Il n’y a aucune contre-indication à utiliser RELPAX, en association à un traitement préventif de la migraine, dès lors que ce dernier traitement n’a pas de propriété vasoconstrictrice propre. Ceci ne concerne, en fait, que 2 parmi plus de 30 médicaments dis-ponibles : il est, donc, toujours pos-sible de réaliser une association chez n’importe quel patient. De plus, des études au long cours ont montré que l’usage de RELPAX ne donnait pas lieu à une habituation ou à une accoutu-mance, ni même à une dépendance. Il suffit de traiter les crises, quand elles surviennent, et ce le plus précoce-ment possible. Chez certains patients seulement, du fait de la complication de la pathologie migraineuse et non

pas du fait du traitement par RELPAX lui-même, les crises peuvent devenir de plus en plus fréquentes et l’usage de RELPAX devenir quotidien. Il faut, alors, proposer des mesures pro-phylactiques, parfois au cours d’une hospitalisation, pour stopper non tout traitement antalgique et réaliser une fenêtre thérapeutique, tout en instaurant un traitement préventif et réintroduire les traitements de crise, lorsque la migraine est redevenue épisodique.

Pensez-vous que les habitudes des patients et des médecins, qui fina-lement changent peu ou lentement, seront un frein à l’usage des traite-ments appropriés de la migraine ?

Il n’y a pas, vraiment, d’habitudes de prescription à perdre, pour la migraine, en pratique quotidienne, puisque l’avènement de la classe des triptans est très récent, en Algérie. Il suffit de savoir qu’il existe, désormais, ce traite-ment efficace et sûr, supérieur aux autres, simple d’usage, que tout médecin peut prescrire. Cela change considéra-blement le paysage, en termes de qualité de vie, des patients migraineux et bien sûr, de qualité de prise en charge, par les médecins. Il ne s’agit pas de perdre des habitudes : il s’agit de prendre une bonne habitude, en prescrivant un traite-ment adapté, le plus tôt possible.

Merci, Docteur MICK, pour ces précisions et espérons que le milieu médical sera sensible à vos conseils

Fonctions médicales actuellesPraticien hospitalier de Neurologie / Prise en charge de la douleurCentre Hospitalier de VOIRON (depuis 2007).

Coordonnateur de la Plateforme de Santé du Voironnais (depuis 2000)

Responsable de l’Unité Fonctionnelle Interhospitalière d’Evaluation et Prise en Charge de la Douleur du Voironnais Centre Hospitalier de Voiron-Clinique de Chartreuse-Centre Hospitalier de Tullins-Centre Hospitalier de Rives (depuis 2009).

Consultant d’évaluation et prise en charge de la douleur chronique rebelle au CHU de Lyon, Centre de la Douleur de l’Hôpital Neurologique (depuis 1997).

A long terme, les patients, atteints de migraine avec aura, peuvent espérer une longue période sans symptômes, si l’on en juge par une étude, italienne, publiée dans Cephalalgia, un périodique médical, consacré aux maux de tête. 54 % des personnes examinées ont vu la fréquence de leurs attaques décroître (contre 25 %, qui ont éprouvé l’évolution inverse) ; chez 11 % d’entre elles, les maux de tête ont disparu

Migraine avec aura :un pronostic assez bon

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20 Santé-MAG N°07 - Juin 2012

Souffrez-vous de la migraine ?Faites la différence

Dans le premier cas, vous répondrez, par l’affirmative, à plusieurs de ces questions.1 La douleur est-elle, principalement, située dans une moitié du crâne ; rai-son pour laquelle vous avez tendance à porter une seule main sur le front ?2 Bat-elle au rythme des pulsations du cœur ?3 Se déclenche-t-elle après un évé-nement particulier ?4 Est-elle accompagnée de nausées, ou de vomissements ?5 Empire-t-elle en cas d’activité phy-sique ?Dans le second cas, vous répondrez oui à, au moins, deux de ces questions.1 Avez-vous l’impression qu’une bande vous enserre le crâne ; ce qui vous fait porter les deux mains au front ?2 Ressentez-vous, aussi, une douleur dans le cou et les épaules ?3 Souffrez-vous, surtout, après une longue activité nécessitant une cer-taine concentration (conduite automo-bile, frappe à la machine, etc.) ?4 Avez-vous l’habitude de serrer les mâchoires, ou de grincer des dents ?5 Pouvez-vous poursuivre votre acti-vité, malgré les maux de tête ?Bien entendu, ce test ne doit pas vous empêcher de consulter votre médecin.

Le sommeil : un vrai casse-têteOn conseille aux migraineux de se re-poser. Mais, attention ! Ils ne pourront pas, forcément, dormir sur leurs deux oreilles. Le sommeil peut se révéler un ennemi bien insidieux. La crise guette, à la moindre nuit blanche, trop courte ou trop longue. Pire encore, elle peut se déclencher en plein sommeil, au beau milieu d’un rêve. Dans ce cas, il peut s’agir de maux de tête, provoqués par de brefs arrêts respiratoires, que l’on appelle « apnées du sommeil ». Quant aux céphalées, qui se réveillent au petit matin, en même temps que leurs victimes, elles peuvent être liées

à une hypertension artérielle, si ce n’est à la classique « gueule de bois ». Si ces maux, de tête de la nuit ou du matin, apparaissent l’hiver, il faut, alors, vérifier le bon fonctionnement des appareils de chauffage. Enfin, la grasse matinée est un luxe, que ne peuvent s’offrir certaines personnes, sans en payer le prix fort. C’est le syn-drome de la migraine du dimanche matin. Ce dernier cas est d’autant plus injuste et cruel qu’il n’y a pas d’explica-tion scientifique.

Stress en têtePour deux tiers des migrai-neux, le stress est le grand res-ponsable. Anxiété, surmenage, colères, soucis quotidiens, mais aussi, grandes joies ou départs en vacances sont les détonateurs d’épouvantables prises de tête. Seule parade, aux conséquences fâcheuses de ces émotions : une bonne hygiène de vie, des heures de sommeil régulières et de la relaxation : yoga, training autogène, gymnastique res-piratoire, activités physiques pratiquées de manière modé-rée, acupuncture ou hypnose... il y a, forcément, un remède. A chacun de trouver le sien.

Lumière sur la migraineEn dehors de la nourriture, de l’alcool, du sommeil et du stress, certains mi-graineux peuvent, aussi, redouter une luminosité excessive : coup de soleil, dans soleil couchant, le soir au-des-sus des jonques, lumières artificielles, comme le néon. Des désagréments que préviennent des lunettes légère-ment teintées. Quant aux autres fac-teurs extérieurs, souvent dénoncés, comme le bruit, les odeurs, la chaleur et le froid, ils le sont, généralement, à tort. En réalité, ils deviennent insup-portables aux migraineux, rendus plus sensibles à leur environnement.

Les signes annonciateursUn changement d’humeur, une fa-tigue, une irritabilité, une raideur de la nuque, une soudaine envie de sucre ou de boire sont autant de signes précur-seurs d’une crise, en approche. Ces indices, que l’on appelle dans le jargon médical les prodromes, précèdent les maux de quelques heures, voire d’une journée. Il est très utile de les identi-fier, car on peut, immédiatement, se munir du médicament salvateur, d’au-tant plus efficace qu’il sera pris tôt

Quelques signes, simples, peuvent vous indiquerque vous souffrez, sans doute, de migraine;

ou simplement d’une banale céphalée de tension.

Fort, le café

Pour soulager les crises de migraine, rien de tel qu’un bon café. Surtout un robusta. La caféine stimule le système nerveux et «res-serre» les vaisseaux sanguins dilatés. D’ail-leurs, certains médicaments anti migraine en contiennent. Mais, pour que le café ait une réelle efficacité, il faut le boire, dès le début de la crise. Ceux qui détestent cette boisson peuvent, tou-jours, recourir à la camo-mille (Tanecetum parthe-nium), une plante qui a la réputation de prévenir les maux de tête

en contiennent. Mais, pour que le café ait une réelle efficacité, il faut le boire, dès le début de la crise. Ceux qui détestent cette boisson peuvent, tou-

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Chez certains patients 2 cp 40 mg si nécessaireLa dose recommandée de Relpax est de 40 mg Les patients qui n'obtiennent pas une efficacité satisfaisante avec la dose de 40 mg (par exemple: tolérance et absence de réponse au cours de 2 crises sur 3) peuvent être traités de manière efficace avec 2 cp de Relpax 40mg au cours des crises ultérieures de migraine. Une deuxième dose de 80 mg ne doit pas être prise dans les 24 heures.*

En pratique Pour la majorité des patients 1cp 40 mgDès le début de la douleur.*

Traitement de la phase céphalalgique de la crise migraineuse avec ou sans aura*

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INFO

23Santé-MAGN°07 - Juin 2012

Rencontre nationale, sur les VIH/Hépatite, à Oran : « Elaboration d’un consensus national, thérapeutique, pour la prise en charge des hépatites »

«Ce document, pratique, qui est le fruit de plusieurs réunions de concertation, entre les différents experts algériens (gas-trologues, internistes et infectiologues), permet d’améliorer la qualité des pra-tiques professionnelles et d’aider les pra-ticiens à élaborer et mettre en pratique les meilleures stratégies diagnostics et thérapeutiques».Le consensus national, thérapeutique, pour la prise en charge des hépatites, a été présenté, à l’Hôtel Le Méridien, d’Oran, par les Pr. Nabil Debzi du CHU Mustapha Bacha et Berkane Saadi de l’EHS Bolo-ghine d’Alger, lors d’une rencontre natio-nale, organisée par le laboratoire MSD. Ce consensus thérapeutique, qui répond à un besoin de stratégie uniformisée, pour le dépistage, le diagnostic et le trai-tement, a été déposé, dernièrement, au ministère de la Santé. Selon le Pr. Debzi, ce document, dont l’objectif avoué est de réduire les inégalités, face a la maladie, permet l’utilisation des procédures les plus performantes, les moins invasives et les moins chères, pouvant garantir les meilleures prises en charge et qualité de vie, pour une maladie, qui exige une surveillance continue. Et d’ajouter que les recommandations internationales ont inspiré la rédaction de ce consensus. «Ce document pratique, qui est le fruit de plusieurs réunions de concertation entre les différents experts algériens (gas-trologues, internistes et infectiologues), permet d’améliorer la qualité des pra-tiques professionnelles et d’aider les pra-ticiens à élaborer et mettre en pratique les meilleures stratégies diagnostics et thérapeutiques», a-t-il indiqué. L’effi-cacité et la tolérance du traitement des

personnes, co-infectées par le VIH et le VHC, ont été au menu de cette rencontre scientifique, dont le thème est la gestion et le traitement de l’hépatite C, chez les patients vivant avec le VIH. Plus de 200 praticiens, internistes, gas-trologues et infectiologues, de l’ensemble du territoire national ont pris part à ce rendez vous médical. Les malades at-teints du sida, ayant une hépatite C conco-mitante, ont plus de risques de présenter une hépatite chronique, qui peut provo-quer une insuffisance hépatocellulaire. En cas de co-infection, la charge virale du virus de l’hépatite C est plus importante et l’évolution vers la cirrhose est plus fréquente. De même, la progression du sida et la détérioration clinique des sujets VIH positifs, co-infectés par le virus de l’hépatite C, est plus rapide. «Le virus C touche, par contre, 1% de la population», a souligné le Pr. Nabil Debzi. «Pour le B, nous avons à ce jour, les mêmes chiffres, depuis 1998 ; soit, 2,15 % de la population et selon l’Agence nationale du sang, chez

les donneurs, pour le C, elle est de 0,4% et de 23,8%, chez les hémodialysés, en 2010», a-t-il expliqué. Il a appelé à la relance des comités, gelés pour plusieurs pathologies. A ce sujet, il a souligné le vide juridique, en matière de vaccins, notamment, pour les femmes enceintes de 6 mois et les bébés. «Nous sommes le seul pays où on ne demande pas, à la femme enceinte, de faire la recherche des virus, à six mois de grossesse, afin d’éviter que le bébé ne soit infecté», a-t-il indiqué. Et d’ajouter, «en plus de l’examen prénuptial, où les mairies font un listing d’examens, alors qu’elles ne sont pas habilitées à le faire. Il faut chercher les facteurs de risque, car on ne peut pas faire un dépistage systé-matique.» Il a rappelé que «la législation algérienne exige, pourtant, un certificat prénuptial de bonne santé, en insistant sur la confidentialité ; après, c’est au mé-decin de décider de demander la sérolo-gie, ou pas. De son côté, le Pr Berkane, de l’hôpi-tal Bologhine (Alger), s’est étalé sur le consensus national, de la prise en charge de l’infection chronique A, virus B. Selon l’orateur, cette prise en charge l’exige, après un traitement prescrit par un mé-decin spécialisé. Le Pr Berkane recom-mande le dépistage de la femme enceinte à 6 mois, la sérovaccination du nouveau né, de la mère et le rattrapage de la vacci-nation des enfants, nés après 2003, ainsi que les sujets à risque, dont les profes-sionnelles de la Santé.

De notre envoyée spéciale, à Oran, Wassila Benhamed.

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INFO

24 Santé-MAG N°07 - Juin 2012

Ménopause : les œstrogènes seraient mauvais pour le cœur

Sanofi-Aventis Algérie lance la nouvelle insuline à action rapide

Contrairement à une notion, qui fai-sait, jusqu’à présent, consensus, les œstrogènes ne protégeraient pas les femmes, contre le risque cardiovas-culaire. Ces hormones pourraient, même, être nuisibles ; en tous cas, après l’âge de 65 ans. C’est ce que note une équipe française, dans un travail publié dans The Journal of the American Heart Association. Le conditionnel toutefois, reste, encore, de mise… Pierre-Yves Scarabin et son équipe (Unité INSERM 1018 de Villejuif), ont mesuré les taux d’œstradiol - l’œstro-gène le plus actif - de 6 000 femmes, qui avaient, toutes, plus de 65 ans. Après 4 ans de suivi, ils ont recensé, au sein de cette cohorte, 150 nou-veaux cas de maladies cardiovascu-laires. Or, toutes les femmes concer-nées présentaient destaux d’œstradiol plus élevés que les autres. « Ces résultats montrent, pour la première fois, que des taux élevés d’œstradiol sanguin exposent à un risque, augmenté, d’infarctus du myocarde ou d’accident vascu-laire cérébral (AVC), sans qu’un lien, de cause à effet, ne soit démontré »,

font valoir les auteurs. En l’état, ces observations ne valent que pour les femmes ménopausées, de plus de 65 ans. « Ce nouveau facteur de risque est indépendant des autres, comme le diabète ou l’obésité…», nous a précisé Pierre-Yves Scarabin.

Les traitements sont-ils dangereux, passé 65 ans ?Après la ménopause, l’arrêt du fonc-tionnement des ovaires entraîne une chute, importante, des taux sanguins d’œstrogènes. Ces hormones conti-nuent, néanmoins, de circuler, à de plus faibles concentrations. «Notre travail montre que l’administration d’œstrogènes ne permet pas de pré-venir les maladies artérielles isché-miques, chez les femmes ménopau-sées. Et ces traitements pourraient, même, avoir un effet délétère, chez les plus âgées », enchaîne Pierre-Yves Scarabin. « Les études, à venir, devront confirmer, ou infirmer ces ré-sultats. Et nous permettre de déter-miner s’ils peuvent être étendus aux femmes ménopausées, plus jeunes », conclut-il

Les laboratoires Sanofi-Aventis Algérie viennent de mettre sur le marché natio-nal la nouvelle insuline à action rapide. Le lancement du produit a été fait, au cours d’un symposium organisée à l’hôtel Sheraton. Ce traitement condi-tionné dans un stylo multidose jetable est issu de la haute technologie des la-boratoires français qui se sont «enga-gés à se positionner comme un acteur majeur dans le traitement du diabète en Algérie».Cette rencontre a été l’occasion pour les praticiens de la santé et les spécialistes de revenir sur la prise en charge du dia-bète chez l’adulte et particulièrement chez l’enfant. Dans ce cadre, le Pr Sli-mane Khalfa a insisté sur la formation continue au profit des praticiens devant être lancée, afin de leur permettre d’ac-tualiser leurs connaissances pour une meilleure prise en charge des malades.Le même intervenant a précisé que le nombre actuel des personnes souffrant du diabète en Algérie est de 1,4 million et non 3 millions de personnes comme cela a été rapporté par les médias algé-riens. Ce chiffre répond, selon lui, à des études épidémiologiques réalisées par des spécialistes de la santé publique et également par l’«International Diabetes Federation».Il a insisté également sur l’importance du lancement d’une campagne de sen-

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25Santé-MAGN°07 - Juin 2012

L’humour au service du… don de gamètes !

La synchronisation d’une chimiothérapie et d’une radiothérapie permet de réduire la récurrence d’un cancer du sein, après ablation chirurgicale, de 35 %

C’est bien connu, l’humour aide à com-muniquer, particulièrement lorsqu’on s’attaque à des sujets « sensibles ». C’est en partant de ce principe que l’Agence de la Biomédecine – un orga-nisme sérieux, s’il en est… - a choisi l’humour pour support d’une cam-pagne, originale, en faveur du don de gamètes. Originale parce que l’action est menée sur Internet. Il s’agit donc d’une campagne ‘’virale’’, pour parler branché…Trois petits films, à la fois pédagogiques et drôles – ce n’est pas incompatible -, mettent en scène les acteurs des tout premiers instants de la vie : nous avons nommé les spermatozoïdes et les ovo-cytes. Pour dédramatiser le sujet, il n’y a pas mieux. Ne manquez pas l’inter-view d’un spermatozoïde anonyme ou un ovocyte se fait une beauté. Et vous adorerez le spermatozoïde poète. A tra-vers ces personnages un peu virtuels,

bien sûr, ces vidéos déclinent les élé-ments-clés du don de gamètes. Objectif : sensibiliser à ce geste, géné-reux et encore trop peu répandu.Internet, c’est sûr, reste le meilleur vecteur, pour ce type de message. «La toile est le premier lieu de recherche, dès lors qu’il s’agit d’un sujet intime ou personnel» glisse l’Agence de la Bio-médecine. Elle représente un moyen, performant, d’aborder le don de ga-mètes. Car, avant de «franchir le pas», celui-ci exige un temps d’information et de réflexion, préalable.Visibles, dès à présent, sur You tube, Daily motion, sur les réseaux sociaux ou, plus simplement encore, sur www.dondespermatozoides.fr et www.dondovocytes.fr, ces films rappellent, également, que le don de gamètes est un acte à la fois solidaire et anonyme. Un acte grâce auquel il est possible «de donner le bonheur d’être parents»

Selon une étude, portant sur 2300 femmes, suivies pendant cinq

ans, la synchronisation d’une chimiothérapie et d’une radiothérapie per-met de réduire la récur-rence d’un cancer du sein, après ablation chirur-gicale, de 35 %. L’admi-

nistration, simultanée, de chimiothérapie et de

radiothérapie, après ablation chirurgical du cancer du sein, à

l’opposé d’un cycle de chimiothérapie, suivi dans le temps d’une période espa-cée, pour l’administration de séances de radiothérapie, permet d’obtenir une récurrence, moyenne, du cancer du sein de 2,8 %, contre 5,1 %, pour les femmes ayant expérimenté, selon le protocole clinique, un traitement étalé dans le temps. Les résultats de l’étude clinique ont été présentés à Stockholm au Congrès de la société européenne d’oncologie par le Dr Fernando, onco-logue à l’université de Birmingham, en Angleterre

sibilisation nationale, afin de rappe-ler les Algériens sur une certaine hy-giène de vie à respecter, notamment à travers des spots publicitaires sur la télévision. Le Pr Zahia Boudakar a, pour sa part, évoqué l’importance de la sensibilisation des parents, afin qu’ils détectent précocement les symptômes du diabète chez leurs enfants. Les intervenants ont, par ailleurs, évoqué les «bienfaits» de la nouvelle insuline, dont l’utilisation est rapide, facile, fiable et précise.Selon les mêmes responsables, elle peut être prescrite aux diabétiques mis sous insuline lente nécessitant une amélioration de leur contrôle glycémique, lors notamment des repas, aussi bien chez l’adulte que chez l’enfant âgé de plus de 6 ans. «Elle est un parfait complément thé-rapeutique de l’insuline analogue lente de Sanofi, commercialisée depuis 2004», déclarent les experts, qui ajoutent qu’«il s’agit d’un apport notable permettant d’améliorer la prise en charge de cette pathologie».Avec ce nouveau médicament essen-tiel, le Groupe Sanofi élargit ainsi le portefeuille des solutions thérapeu-tiques contre le diabète en Algérie. Acteur majeur de la santé, la filiale qui emploie plus de 670 collabo-rateurs, entend continuer à exer-cer sa responsabilité sociale. Elle a lancé depuis 2010 plusieurs actions d’éducation sanitaire et un large pro-gramme de formation et de perfec-tionnement des personnels de santé. A titre d’illustration, le programme d’éducation des patients diabétiques dénommé «Diabéduc» élaboré en collaboration avec la Société algé-rienne de diabétologie. Il est animé par un réseau d’infirmiers éduca-teurs. Son objectif est d’accompa-gner des diabétiques dans une meil-leure connaissance de leur maladie

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Travail de nuit et cancer du sein: le lien confirmé

Chimiothérapie mieux contrôler les nausées !

Le risque de cancer du sein serait aug-menté de 30%, chez les travailleuses de nuit. Si l’impact, de l’environne-ment professionnel, sur la santé, était déjà connu, son niveau d’impli-cation l’était moins. Une équipe de l’INSERM, aujourd’hui, pointe ce pro-blème de santé publique; d’autant que le nombre de femmes, «travaillant avec des horaires atypiques, est en augmentation en France». En 2010, le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), de l’OMS, à Lyon, qualifiait « le travail, conduisant à des perturbations du rythme circadien, comme probablement cancérigène». Une question de santé publique Des chercheurs, du Centre de re-cherche en épidémiologie et santé des populations, de l’INSERM à Ville-juif, ont donc mesuré l’impact du tra-vail de nuit, sur la santé des femmes. L’étude CECILE (pour Cancer du sein en Côte d’Or et Ille-et-Vilaine et Envi-ronnement) a été menée, entre 2005

et 2007. Elle a permis de passer au crible le parcours, professionnel, de 3 000 femmes, de 25 à 75 ans. Au total, 11% avaient travaillé de nuit, à un moment de leur carrière. Résul-tat, «le risque de cancer du sein s’est révélé accru d’environ 30%, chez les travailleuses de nuit » expliquent les auteurs. «Une augmentation particu-lièrement marquée, lorsque l’acti-vité s’est prolongée pendant plus de 4 ans ». Rappelons que le cancer du sein est la première cause de mor-talité, par cancer, chez les femmes.

Il touche 100 femmes, sur 100 000, par an, dans les pays dévelop-pés. Dans le monde, chaque année, plus de 1,3 million de nouveaux cas sont diagnostiqués, dont 53 000, en France. Selon Pascal Guénel, princi-pal auteur de ce travail, «ces résul-tats confortent ceux d’études anté-rieures et posent le problème de la prise en compte du travail de nuit, dans une optique de santé publiqu ». En France, plus de 3,5 millions de personnes travaillent de nuit, dont plus de 800 000 femmes

Selon une étude présentée au congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), l’admi-nistration d’un antipsychotique, sur une courte durée, permettrait de réduire la fréquence des nau-sées persistantes dues à certaines chimiothérapies. Il y aurait là, en perspective, la possibilité d’une réelle amélioration de la qualité de vie, pour de nombreux patients. Malgré l’administration d’antié-métiques –des produits contre les vomissement– 30% à 40% des malades, sous chimiothérapie, souffrent de nausées persistantes. Leur qualité de vie s’en trouve dé-gradée, à tel point qu’il est, parfois, nécessaire de réduire les doses de chimiothérapie, pour en atténuer les effets secondaires. Le Pr Rudolph Navari, du Cancer Institute de l’Indiana, a suivi 205 patients qui, pour la première fois, étaient pris en charge, par une chimiothérapie. Tous ont eu recours aux traitements classiques, pour

prévenir nausées et vomissements. Si, dans la majorité des cas, cette approche a permis de les éviter, 80 de ces malades ont présenté des nausées persistantes. Ils ont, donc, participé, par la suite, à une étude randomisée, en double aveugle. Un premier groupe a reçu une dose quo-tidienne d’un antipsychotique, l’olan-zapine, tandis que les malades du second groupe se voyaient prescrire du métroclopramide, un médica-ment antiémétique, commercialisé sous le nom de Primperan®. Tous les patients ont suivi cette stratégie thérapeutique pendant trois jours, au cours desquels ils ont bénéficié d’un suivi téléphonique. Les résul-tats sont sans équivoque. Plus de sept patients, sur dix, dans le groupe recevant l’antipsychotique, n’ont souffert d’aucun vomissement. Ils n’ont été que trois, sur dix, dans ce cas, dans l’autre groupe. Certes, la prescription d’un antipsychotique pose question, par rapport à ses ef-fets secondaires. Mais, dans le cadre

d’une prise en charge de très courte durée - deux à trois jours-, sa toxici-té resterait faible. L’auteur a précisé en effet, qu’aucun effet secondaire, majeur, n’avait été relevé, chez ces malades, au cours de son étude

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1ère rencontre des paramédicaux, en oncologie médicale, à Oran:

Des enfants hémophiles, algériens et tunisiens, en colonie de vacance

«On devrait former nos infirmiers, en oncologie médicale, pour qu’ils puissent mieux prendre en charge les malades ».

Lors de l’ouverture, de la première rencontre nationale, de deux jours, des paramédicaux en oncologie, à l’hôtel Le Méridien, d’Oran, les com-municants ont appelé à une bonne formation des infirmiers, afin d’arri-ver à une meilleure prise en charge des malades, souffrant de diffé-rentes pathologies cancéreuses. «L’infirmier est, plus que jamais, un maillon, essentiel, de la chaîne de soins, en raison de sa connaissance des patients», a souligné le paramé-dical Bouguetaya, du CHU de Tlem-cen, dans son intervention intitulée «L’infirmier en oncologie…métier en pleine mutation». L’intervenant estime que le métier d’infirmier a beaucoup évolué. Le cancer implique rupture, déséquilibre et bouleverse-ment, selon le psychologue Saifour, du CPMC de Mustapha-Pacha (Al-ger). Le soignant, en tant que colla-borateur du médecin, doit s’adapter à son malade, créer un bon contact, écouter et prendre en compte ses besoins. M. Saifour a appelé à une formation psychologique du soi-gnant, qui lui permettra d’éviter cer-tains comportements, de jouer son rôle apaisant et de réorganisateur, à travers la qualité de la relation, établie avec le soignant et son entou-rage. «L’infirmier est la base de l’on-cologie médicale. Il doit se former», estime-t-il. Proposant une nouveau-té, «la consultation infirmière», pour l’amélioration de la prise en charge du patient, l’infirmière de santé pu-blique, Mme Benali, du CHU d’Oran, se joint à cette vision, à travers sa communication sur «l’apport, psy-

chologique, de l’infirmier aux pa-tients cancéreux». D’après elle, le soutien, psychologique, du malade vise à un déroulement harmonieux du traitement, ainsi qu’à une com-munication sans tabous. Lors de cette rencontre scientifique de haut niveau, organisée par le laboratoire Roche, sous le thème : «Prendre soin, une journée de celles et de ceux qui prennent soin, chaque jour», les soignants ont, également, eu l’occasion de débattre de leur situation et de leur vécu, au sein des services de cancérologie. L’un d’eux a crié à «l’enfer», vécu avec les malades cancéreux. «C’est une angoisse. On meurt jeune et on fond petit à petit. Il nous faut des psycho-logues», a-t-il fait savoir, appelant à une formation, spécifique, des para-médicaux. Enviant le service d’oncologie de Ti-zi-Ouzou, pour ses moyens, pour le confort du soignant et le bien-être du soigné, selon Mme Aït Chaâbane, qui est intervenue sur l’expérience de son service, des infirmiers d’autres wilayate disent que, outre le nombre important de malades, ils travaillent dans des conditions difficiles.Enfin, une jeune infirmière de 27 ans, de Mascara, exerçant depuis 6 ans, en oncologie et ayant perdu son père, suite à un cancer, s’est interro-gée, pour sa part, sur les raisons qui font fuir les infirmiers. «Il faut juste aimer le métier», a-t-elle estimé. D’autres communications sont pré-vues, lors des séances du 2ème jour de cet espace d’échanges

S.L

Une cinquantaine d’enfants hémophiles, venus de l’ensemble du territoire national, séjournent, actuellement, au complexe tou-ristique les Andalouses, (ORAN), dans le-cadre d’une colonie de vacances, organisée par l’Association nationale des hémophiles algériens (ANHA), en collaboration avec Bayer Healthcare Pharmaceuticals, qui est leur partenaire privilégié. Ainsi, les jeunes hémophiles vont profiter, durant six jours, du cadre agréable et des bienfaits de la mer, de l’ouest algérien. Ce sé-jour sera mis à profit, par les organisateurs, pour l’application, dans un cadre convivial, du programme d’éducation sanitaire, élabo-ré, à cet effet, par L’ANHA, à l’issue duquel le malade sera initié à l’auto-traitement, pour se prendre en charge, de lui-même. Cette opération s’inscrit dans le cadre de l’amélioration de la qualité de vie du malade, par une meilleure observance et donc, une meilleure prise en charge de la maladie. Toujours, dans le cadre de cette opération, 10 malades hémophiles tunisiens, accompa-gnés d’éducateurs, sont présents, au niveau de ce centre.L’hémophilie est un trouble héréditaire de la coagulation sanguine, caractérisé par des hémorragies prolongées, surtout au niveau des articulations, des muscles et des organes. Cette maladie est due à l’absence, ou à la présence, anormale, de protéines de la coagulation, dites facteurs VIII ou IX. La forme, la plus courante, de cette maladie est l’hémophilie A, dans laquelle le facteur VIII est déficient, ou anormal. C’est une maladie génétique, liée au sexe, qui s’exprime, sauf dans de rares occasions, chez les garçons et touche une naissance sur dix mille. 400.000 personnes sont atteintes d’hémo-philie, dans le monde. En Algérie, le nombre d’hémophiles avoisinerait les 3.000 cas ; mais, officiellement, on parle de 1935 cas, a indiqué Mme Lamhène Latifa, présidente de l’ANHA. Il convient de signaler que les pouvoir publics soutiennent, fortement, ces programmes d’éducation sanitaire

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Le Danemark est l’un de ces petits royaumes du Nord, qui illustrent, le mieux, le vieil adage… dont les Fran-çais sont bien oublieux : ‘’pour vivre heureux, vivons cachés’’… La réussite y est discrète et bien malin qui peut distinguer, au premier regard, un capi-taine d’industrie d’un employé de bu-reau, ou d’un artiste de renom. Chacun fait sa part de travail, avec une modes-tie de bon aloi, dictée par une véritable loi non écrite, la Janteloven ou Loi de Jante. La même règle prévaut pour les entreprises… et leurs dirigeants: la réussite doit, essentiellement, être discrète. Fondé en 1915, le laboratoire pharmaceutique Lundbeck ne déroge pas à la règle. En toute discrétion et en cette période de vaches maigres, pour l’innovation en recherche, il s’apprête à lancer pas moins de quatre nouveaux médicaments, au cours des 18 pro-chains mois. Particularité : ils ciblent, tous, la prise en charge de maladies du système nerveux central : dépression, schizophrénie et même la dépendance alcoolique. De quoi anticiper l’expira-tion (en 2014) du brevet de l’un de ses antidépresseurs phares de la maison. Visite guidée au siège, à Copenhague. Les grilles s’ouvrent sur une «avenue» bordée de bâtiments de verre et de

pierre. Ils abritent les centres de re-cherche, mais aussi … l’immense can-tine de l’entreprise. Celle-là même, où l’heure du déjeuner venue – à 11h45, on déjeune tôt, au pays de la petite sirène – se pressent 1 200 personnes. Parmi elles, Ulf Wiinberg. Le Directeur géné-ral de l’entreprise - son CEO comme disent les Anglo-saxons, pour chief executive officer. A la tête d’un groupe de 6 000 personnes, il patiente, sage-ment, dans la file avant de se servir au buffet, plateau en main. Comme tout le monde, sans passe-droits. L’ « ave-nue » se termine sur un cube de verre, dans lequel il nous reçoit. Montrant les alentours, il explique qu’« ici, tout le monde travaille sur les maladies du système nerveux central (SNC). C’est notre unique axe de recherche. Nous exerçons, dans ce domaine, depuis les années 40 et contrairement à d’autres

entreprises, qui se sont recentrées sur d’autres champs de compétences, nous avons fait le choix de poursuivre dans cette voie ».

Des maladies qui coûtent cher…C’est un axe de recherche à la fois sensible… et risqué. Un exemple : seu-lement 8% des molécules, dévelop-pées dans le domaine des maladies du SNC, accèdent au marché. C’est moitié moins que les autres nouveaux médicaments. Crise financière oblige, les vents actuels ne paraissent guère porteurs… sauf pour ceux qui appor-teront une réelle plus-value, par rap-port à l’existant. Le pari est donc dicté par un réel savoir-faire, mais aussi, par les chiffres. L’incidence des mala-dies du SNC est « en très nette aug-mentation, ces dernières années », glisse Torsten Madsen, directeur de l’unité de recherche clinique dépres-sion et anxiété. « Si elles nuisent à la qualité de vie de patients, souvent jeunes, ces affections entraînent, aussi, des coûts directs et indirects élevés : 798 milliards d’euros, dans le monde, en 2010 ». Madsen fait, natu-rellement référence, aux dépenses de santé directes, mais aussi, aux coûts indirects de ces maladies : l’absen-téisme au travail, les pertes de pro-ductivité... Selon lui, chaque année, « 38,2% de la population mondiale est victime de ce type d’affection ». Entre la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, les psychoses, la schizo-phrénie, la dépression, les troubles bipolaires, les addictions, l’épilepsie… le spectre en est particulièrement large! Dépression, schizophrénie, dépendance à l’alcool… Lundbeck, dont 70% des parts sont détenues par une fondation dédiée à la recherche

Un Danois qui fait feu des 4 fers…

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Obésité : la chirurgie peut réduire le risque cardiaqueen neurologie, a, depuis plusieurs

années, axé toute sa stratégie de recherche sur la réalisation des partenariats, qui lui permettent, au-jourd’hui, d’avoir plusieurs molécules dans le pipeline. «Nous espérons en mettre quatre sur le marché, au cours des 18 prochains mois » explique Ni-colas Giraud, Directeur général de la filiale française. « Cette période est, donc, stratégique pour nous ». Le groupe danois mise, notamment, sur l’asénapine, destinée au traitement de la phase maniaque des troubles bipolaires. Déjà disponible, sous le nom de Sycrest®, en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Royaume-Uni et en Australie, il devrait « être com-mercialisé, dans les prochains mois, en France. Nous sommes, actuelle-ment, en discussion avec les autori-tés de régulation », poursuit Nicolas Giraud. Autre arrivant prochain, la vortioxetine, présentée par le groupe danois comme « le premier d’une nouvelle classe d’antidépresseurs multimodaux ». L’aripiprazole IM Depot sera la forme injectable d’Abi-lify®, un médicament développé dans le « traitement d’entretien de la schi-zophrénie, chez l’adulte ».Enfin le nalméfène - Selincro® - per-met de réduire la consommation d’al-cool chez les patients dépendants. « Il devrait être disponible, en France, fin 2012, début 2013 » selon Nicolas Giraud. L’entreprise dispose, ainsi, de quatre fers au feu, pour préparer la succession de son antidépresseur phare – l’escitalopram ou Cipralex® -,qui appartient à la catégorie des inhibiteurs de la recapture de la sé-rotonine (IRS). Son brevet expire à la mi-2014 et ce médicament à lui seul, représente près de 40% de l’activité de l’entreprise. C’est dire si la période à venir est déterminante

Depuis quelques années, le recours à la chirurgie, pour traiter l’obésité, tend à se développer. Quelles sont les tech-niques pratiquées, quel suivi néces-site cette chirurgie ? Le point avec le Pr David Nocca, chirurgien au CHU de Montpellier. Avec plus de 30 000 interventions en 2011, la chirurgie de l’obésité –ou chirurgie bariatrique- est, de plus en plus, pratiquée, en France. Elle concerne, exclusivement, des patients atteints d’obésité morbide, c’est-à-dire ceux dont l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 40. Et encore : les candidats ne doivent présenter aucune des contre-indications à cette forme de traitement, comme une boulimie, par exemple. Le seuil d’un IMC à 40 n’est, pourtant, pas intangible. Certains ma-lades, dont l’IMC est supérieur à 35, peuvent, également, bénéficier d’une chirurgie bariatrique, s’ils souffrent d’une autre pathologie, liée à leur excès de poids : diabète, hypertension arté-rielle ou syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS), par exemple.

Les trois techniques utiliséesLa gastrectomie à manchon consiste en une réduction, définitive, de l’esto-mac. C’est l’acte le plus pratiqué en France. « Bien qu’elle soit irréversible, cette opération est, souvent, réalisée, aujourd’hui, car l’obésité est un pro-blème de santé suffisamment grave, pour envisager un acte définitif » argu-mente le Pr Nocca ; La pose d’un an-neau gastrique pour sa part, n’est pas la méthode la plus souvent privilégiée. « En général, l’anneau altère la qualité de vie des patients, car il provoque des vomissements. Dans ce cas, s’il devient nécessaire de le retirer, tout le poids perdu sera repris ». Si l’équipe médi-cale juge qu’une réduction, définitive, n’est pas indispensable, elle pourra recourir à la technique du by-pass. Il s’agit de ménager une dérivation du bol alimentaire, de l’estomac vers l’in-testin. Car, dans ces conditions, seule une fraction des aliments ingérée sera, effectivement, assimilée. C’est le

dernier recours. Ce type d’intervention n’est pas mis en œuvre, dans un but esthétique. « Avant tout, nous voulons améliorer, ou mettre en rémission, des pathologies liées à l’obésité, comme l’hypertension artérielle, le diabète de type 2 ou l’hypercholestérolémie », insiste David Nocca. La chirurgie bariatrique n’est pas, pour autant, une solution miracle. « Une opération, de ce genre, n’est ja-mais décidée en urgence » prévient notre chirurgien. « Nous travaillons en équipes pluridisciplinaires, compor-tant, notamment, un anesthésiste, un cardiologue, un endocrinologue, un nu-tritionniste, un psychiatre… pour tenter d’identi-fier un problème médical, qui au-rait pu passer inaperçu, ou être négli-gé. Si la médecine échoue, la chir urgie p r e n d r a le relais, mais en dernier re-cours».

Un suivi indispensableLe suivi médical, postopératoire, des patients est, évidemment, primordial. Il doit être fait avec régularité, même plusieurs années après l’intervention. Quatre consultations sont prévues la première année, puis une à deux par an. «Il est indispensable de revoir les patients, de les suivre sur un plan nutri-tionnel, car les carences en vitamines et en oligo-éléments sont fréquentes. Un régime équilibré leur sera prescrit, où seules les portions seront dimi-nuées ». Sur le plan physique, enfin, la chirurgie esthétique peut être conseil-lée. Elle visera, essentiellement, à retirer «l’excès de peau flasque, qui persiste après une si importante perte de poids »

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30 Santé-MAG N°07 - Juin 2012

C’est, pourtant, un peu triste de par-ler des cancers de l’enfant, à l’occa-sion d’une journée, qui doit être dé-dié à la joie, aux jeux, aux activités de détente… Malheureusement ces maladies font partie, aussi, du quo-tidien des enfants.Aussi, cette journée a été choisie, par certains personnels médicaux et paramédicaux, du service pédia-trie oncologie, du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) d’Alger, pour tenir une conférence, à l’hôtel Sofi-tel, Alger, afin de débattre du cancer de l’enfant et exposer, ainsi, leurs problèmes de prise en charge. Ce qui a été mis en exergue c’est, sur-tout, donc, le manque flagrant de médicaments et d’insuffisances de structures. Ceci est d’autant plus pénible que la compétence existe, mais l’intendance ne suit pas. On compte des décès, lorsqu’on aurait

pu, facilement, connaître la joie de la réussite. La gabegie, dans la gestion des médicaments, est une alliée, objective, de la grande faucheuse.

Ecoutons le cri de révolte de ces mères de famille, d’abord et des cadres de la santé, par là-même. Très sensibles en tant que femmes, elles ressentent, d’autant plus sou-vent, la douleur, vécue, des parents, qu’elles partagent, mais, loin de dé-sespérer, elles continuent la lutte au quotidien et c’est là, un sacerdoce. C’est pourquoi, au-delà des médi-caments, elles apportent, au plan psychologique, un réconfort certain à ces chérubins. Bienheureux celui qui donne son amour à l’enfant; malheur à celui qui le blesse !

Par Tanina Ait

Journée Mondiale de l’enfant : conférence dédiée au cancer de l‘enfant

Pr F. Ghachi : Oui, il est différent par plusieurs points. Premièrement, il est beaucoup moins fréquent. Pour 100 cancers de l’adulte il y a 1 cancer, chez l’enfant. Les types de cancer de l’enfant ne sont pas les mêmes que ceux de l’adulte. Les premiers sont des sarcomes et embryonnaires. Chez l’adulte, ce sont des carci-nomes, en général. Les localisations, également, ne sont pas les mêmes : l’enfant peut être atteint à l’œil, au cerveau, dans le sang, aux reins, tandis que les cancers de l’adulte se retrouvent au niveau du sein, de l’ap-pareil digestif, de la prostate… L’évolution, également, n’est pas la même : celui de l’adulte s’installe progressivement, tandis que celui de l’enfant à une évolution très rapide. La réponse aux différents traite-ments n’est pas la même, égale-ment. Chez l’enfant, il répond mieux, car ces tumeurs sont très sensibles à la chimiothérapie et à la radiothé-rapie. On obtient, donc, des taux de guérison meilleurs.

Quels sont les cancers, de l’enfant, les plus fréquents ?Les plus fréquents sont les can-cers hématologiques, les leucé-mies et les lymphomes, suivis des tumeurs cérébrales du système nerveux central et puis, vous avez les autres tumeurs embryonnaires, qui viennent après les neuro-blas-tomes. Cela reste le cancer le plus fréquent, chez l’enfant de moins de 1 an. Enfin, il y a les néphro-blas-tomes et les tumeurs osseuses, ainsi qu’une tumeur, particulière à l’enfant, qui est le rétinoblastome, lequel est, souvent, héréditaire ; alors que, chez l’adulte, les causes, liées à ce cancer de la rétine, sont des facteurs environnementaux.

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Les Français auraient-ils plus de dif-ficultés, que leurs voisins européens, à utiliser les stylos injecteurs Virafé-ronPeg (peg-interféron alfa-2b) ?En février 2012, le Pr Albert Tran de l’hôpital de l’Archet à Nice, lançait une alerte concernant des dysfonc-tionnements de ces dispositifs médi-caux, indiqués dans le traitement de l’hépatite C. Parmi eux, des pistons bloqués, des volumes délivrés ina-déquats… Or, aucun signalement de ce type n’a été relevé, à l’échelle européenne.En mars 2012, l’Agence européenne du Médicament (EMA), saisie par l’Agence nationale de Sécurité du médicament et des Produits de santé (ANSM), n’a relevé« aucune alerte, similaire, dans les autres Etats membres de l’Union européenne. Les appels auprès de la firme – le laboratoire MSD -, pour dysfonctionnements du stylo, sont restés faibles et stables ». Pour les deux agences, ceux-ci « seraient, ainsi, la conséquence d’une mau-vaise utilisation du stylo, avec un non-respect des différentes sé-quences de manipulation ». Comme en février 2012, l’ANSM insiste sur la nécessité de «sensibi-liser les professionnels de santé et les patients, à la bonne utilisation du stylo injecteur ». L’EMA a, égale-ment, demandé « une simplification et une clarification des documents d’information des patients. En parti-culier, la notice d’utilisation, remise aux patients par les professionnels de santé ». Enfin, « le laboratoire MSD devra modifier la conception du stylo », ajoute l’agence française. Les chan-gements, apportés au dispositif, devraient être déposés d’ici la fin de l’année, auprès de l’EMA

Comment reconnaître les symp-tômes ?Il est très difficile de reconnaître ces symptômes, car la maladie est très peu connue. Ce qui doit aler-ter les parents et les médecins, ce sont les douleurs osseuses : si l’enfant pâlit, s’il saigne ou fait une fièvre, qui ne répond pas au traitement antibiotique, qui n’est pas expliquée ou bien un enfant, qui a des ganglions. Tous ces signes ne doivent pas être négli-gés et doivent faire l’objet d’une exploration.

Combien d’enfants arrivent-t-on à guérir, dans le monde, en géné-ral et en Algérie, en particulier ?Dans les pays industrialisés, trois enfants, sur quatre, guérissent et chez nous, nous dépassons les 50%. Nous avons même des enfants, atteints de cancer et qui sont adultes, maintenant.

Qu’en est-il des structures d’hos-pitalisation, en Algérie ?Justement, le grand problème, chez nous, est le manque de structures, car celles qui existent, actuellement, sont insuffisantes. Au Centre Pierre et Marie Curie, de l’hôpital Mustapha, nous avons une structure de 7 lits d’hospitali-sation et 5 d’hôpital de jour et on reçoit les enfants de toute l’Algé-rie. Cela est vraiment insuffisant car, on traite, en moyenne, 150 nouveaux cas, par an ; ce qui est énorme. C’est le chiffre que traitent des uni-tés des grands services d’oncolo-gie pédiatrie, dans le monde, alors que nous n’avons pas des unités de cette taille. Même les autres structures, qui existent dans dif-

férents services de pédiatrie, sont, souvent, dépassées. D’ailleurs, les parents d’enfants, atteints de can-cer, font le tour de tous les hôpi-taux d’Alger, pour réussir à trouver une place.

Vous dites que les malades af-fluents vers la capitale. N’y a-t-il, donc, pas d’autres structures, à l’intérieur du pays ?Elles sont très insuffisantes et ont très peu de moyens. Donc, les gens préfèrent venir sur Alger. A Oran, il existe un service d’oncolo-gie pédiatrique. Néanmoins, il fait face aux mêmes problèmes.

Au CPMC, disposez-vous de tous les traitements ?On est mieux lotis que les autres hôpitaux, mais, toujours est-il, on connaît des ruptures de stocks et cette année est la pire de toutes celles que nous avons connues. On constate des ruptures de stocks dans, pratiquement, tous les mé-dicaments. Ce sont c’est des rup-tures cycliques.

Quelle est la prévalence de cette maladie?Nous avons fait une étude, il y a deux mois. Nous avons 1000 nou-veaux cas, par an.

Un message ?Je voudrais dire aux autorités qu’il nous faut des centres spécialisés, de référence, en oncologie pédia-trique, pour que les enfants soient traités convenablement, comme partout dans le monde et je dirais, aussi, aux parents : faites attention ! Le cancer de l’enfant n’est pas rare. Au moindre signe, dont nous avons parlé, il faut consulter

Professeur Fatiha Ghachi, chef d’unité pédiatrie-oncologie au CPMC :

« 1000 nouveaux cas d’enfants, atteints de cancer, annuellement, selon une toute récente étude»

Hépatite C : des stylos injecteurs plus simples à utiliser ?

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Il était un foie… la transplantation

Parce qu’il avait dérobé le feu sacré, pour l’offrir aux hommes, le titan Pro-méthée fut condamné, par les dieux, à avoir, chaque jour, le foie dévoré par un vautour… Comme tous les mythes, celui-ci n’est pas dénué de fondement et laisse, clairement, supposer que les Grecs anciens savaient que le foie avait la capacité de se régénérer... Encore, la glande hépatique a-t-elle bien d’autres qualités. Le foie en ef-fet, sécrète la bile. Il intervient dans le métabolisme des glucides, des lipides et des protides et il joue un rôle, primordial, d’épuration et de dé-toxication. Comme pour tout organe vital, les maladies, qui l’affectent, s’avèrent, souvent, préoccupantes et nécessitent, parfois, le recours à la chirurgie. Si la transplantation hépa-tique est, aujourd’hui, une option thé-rapeutique reconnue, il n’en a pas, toujours, été ainsi. Le Pr Yves Cha-puis, ancien chirurgien transplanteur, membre de l’Académie nationale de Médecine, nous fait partager cette histoire relativement récente. L’histoire de la transplantation hépa-tique en effet, prend ses racines dans les années 1960, de l’autre côté de l’Atlantique. Les Etats-Unis alors, sont la Mecque de la greffe de foie… même si ses débuts s’avèrent chao-tiques. « En 1963, à Denver dans le Colorado, Thomas Starzl réalise la première greffe de foie. Le receveur en a été un enfant de 3 ans, qui souf-

frait d’une atrésie –c’est-à-dire une obstruction - des voies biliaires, ayant conduit à une insuffisance hépatique », explique notre spécialiste. « Le résultat final fut désastreux. L’enfant est décédé par hémorragie, sur la table d’opération ». A l’époque, les conditions de prélèvement, ou de refroidissement, régissant la trans-plantation d’organes étaient, évidem-ment, peu connues. Sans oublier que les médicaments immunosuppres-seurs, permettant d’éviter le rejet, n’existaient pas. « Cela n’a pas, pour autant, découragé Tom Starzl. C’était un vrai cowboy, un fonceur. La même année, il mènera quatre autres tenta-tives… toutes aussi infructueuses ». Malgré ces résultats piteux, l’aven-ture de la greffe de foie était lancée. Les années passent. Nous sommes en 1969, à Louvain, en Belgique. Les Pr Paul-Jacques Kestens et Jean-Bernard Otte réalisent la première transplantation hépatique, sur le sol européen. Atteint d’une hépatite B, le patient décèdera, un mois plus tard, d’une pneumopathie.

Le tournant des années 1970 «S’il est un nom à ne pas oublier, c’est bien celui de Roy Calne », in-siste le Pr Chapuis. « C’est à ce pro-fesseur de Cambridge, en effet, que l’on doit la preuve de l’efficacité de la ciclosporine, dans la transplan-

tation d’organes. Il s’agit d’un agent immunosuppresseur, qui a permis un essor, considérable, en prévenant les rejets». La donne change, au début des années 1980, quand « l’accès à la ciclosporine se généralise ! »

1988: l’année de la bipartition Les années 1980 touchent à leur fin et sont marquées par une autre dé-couverte décisive. En 1988, en effet, les travaux de Didier Houssin per-mettent la première bipartition de greffon. C’est, en quelque sorte, « la solution d’un foie, pour deux. On pré-lève une partie du foie du donneur, le lobe gauche, que l’on va destiner à un enfant. Le lobe droit, lui, sera transplanté à un adulte. Aujourd’hui, encore, cette bipartition repré-sente l’une des principales sources

Pr. Roy Calne

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de greffons, pour l’enfant ». Souli-gnons que l’approche a fait école. En 1990, le même Didier Houssin – qui sera, plus tard, directeur général de la santé - effectuera une autre pre-mière. Ce sera la triple transplanta-tion : cœur poumon foie, avec les Pr Alain Carpentier et Pr Jean Pierre Couetil, à l’Assistance publique-Hôpi-taux de Paris… Et aujourd’hui ? Les années 80, donc, auront marqué les premiers succès durables… Dans son rapport « Qui peut accéder à la Transplantation hépatique, en 2011 ? », le Dr Audrey Coilly, hépatologue et Chef de cli-nique, au Centre Hépatobiliaire Paul Brousse, de Villejuif, explique : « la transplantation hépatique a, depuis, complètement révolutionné le pro-nostic de nombreux patients, atteints de maladie hépatique. Une meilleure connaissance des indications, des règles d’attribution des greffons, des techniques chirurgicales, des trai-tements immunosuppresseurs et de leurs complications, a permis une

survie des patients greffés, qui est, maintenant, de plus de 85%, à 1 an, de plus de 70%, à 5 ans et de plus de 65%, à 10 ans ». Mais quelles sont ces «indications et ces techniques chirurgicales ? ». Faire le don de foie…Aujourd’hui, « le donneur doit être en état de mort encéphalique » explique Yves Chapuis. « Une transplantation, avec un donneur vivant, au profit d’un enfant, ne pose aucun problème. En revanche, le consensus, actuel, en France, dans le cas d’un donneur vi-vant pour un adulte, prend la forme du NON. Faire une hépatectomie ma-jeure, chez un donneur vivant, c’est lui faire courir des risques ». Et notre spécialiste se souvient : « j’ai connu un jeune adulte, qui a donné son foie à son père, souffrant d’une cirrhose alcoolique. Mais, il y a eu des com-plications. Le fils a fait une fistule bi-liaire. Il a fallu le réopérer et il n’a pu reprendre son travail qu’au bout de 6 mois. Sa femme est partie. Et aucune indemnisation n’est prévue ! »

La transplantation ortho topique : une « technique de base »… La technique, la plus fréquemment employée, est la transplantation hépa-tique ortho topique. Le greffon est im-planté, en lieu et place du foie malade. Ses indications classiques sont les cirrhoses, qui représentent, environ, 50% des interventions. Dans, environ, 25% des cas, la cirrhose est d’origine alcoolique. Elle précède les cirrhoses consécutives à une hépatite virale C, ainsi que les cancers du foie et les hé-patites fulminantes. Bien entendu, des complications peuvent survenir, après une transplantation hépatique. Comme le non-fonctionnement du greffon, par exemple. Les épisodes de rejets, quant à eux, sont contrôlés par la prise de mé-dicaments appropriés. Le Pr Chapuis rappelle qu’aujourd’hui, «chez l’enfant, le taux de survie, à 20 ans, dépasse les 80%. Et 70% des familles, qui ont perdu un proche, acceptent le don de foie… Ce qui est, déjà, considérable »

Mélanome métastatique : deux nouvelles molécules prometteusesEncore du nouveau cette année, dans la prise en charge du mélanome malin. Deux nouvelles molécules ont été pré-sentées, ce dimanche, à l’American Society of Clinical Oncology (ASCO). Chacune augmente, de manière signi-ficative, la survie, sans progression de la maladie. La première étude a été présentée par le Dr Caroline Robert, cancérologue et chef de service de der-matologie, à l’Institut Gustave Roussy (IGR), de Villejuif. Elle visait à évaluer l’efficacité d’une nouvelle molécule, le trametinib. Celle-ci agit en inhibant la protéine MEK, qui chez les patients pré-sentant la mutation BRAF, participe à la croissance de la tumeur. Au total, 322 patients, atteints de mélanome métas-tatique ou avancé, porteurs de la muta-tion, ont été inclus dans cette étude. Une partie a reçu un traitement de chimio-thérapie (dacarbazine ou paclitaxel), et les autres ont été traités par trametinib. Les résultats ont montré un risque de progression de la maladie diminué de 56%, dans le groupe traité par la nou-velle classe des inhibiteurs de MEK et une survie, sans progression, de 4,8

mois contre 1,4 mois, pour la chimiothé-rapie. Le trametinib a, aussi, démontré un bénéfice, significatif, en termes de survie globale, avec une diminution du risque de décès de 46%, par rapport à la chimiothérapie.

Des progrès importants, en deux ans« C’est la première fois que nous avons un essai, de phase III, positif avec cet in-hibiteur » de la protéine MEK, se réjouit Caroline Robert. «C’est, vraiment, très

stimulant. Et dire qu’il y a, encore, deux ans, nous n’avions aucun progrès, dans la prise en charge des mélanomes», nous a-t-elle confié, en marge des séances du congrès. L’autre molécule présentée, hier, dans le cadre d’une étude de phase III, vise le gène mutant BRAF. Le dabrafenib s’attaque, en effet, à une protéine de ce gène, qui favorise la croissance tumorale. Là encore, l’effi-cacité de ce nouveau traitement semble avoir étonné les spécialistes. En compa-raison d’une chimiothérapie standard, le dabrafenib a permis de réduire de 70% le risque de progression du mélanome (5,1 mois sans progression, contre 2,7 mois). Dans un communiqué, l’Institut Gustave Roussy signale qu’« une com-binaison du trametinib et de l’agent ci-blant BRAF est très prometteuse ». En France, plus de 8 000 cas de méla-nome sont diagnostiqués, chaque an-née. Le nombre de décès, qui leur est imputable, est estimé à 1 570. Enfin, se-lon l’Institut national du Cancer (InCA), « parmi l’ensemble des cancers, le mélanome a la plus forte augmentation d’incidence Dr Caroline Robert

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BIEN-ÊTRE & SANTÉ

Arbres, fleurs, soleil, nous entourent au quotidien mais nous n’imaginons pas à quel point ils jouent un rôle dans notre vie. Humeur, comportement, émotions, dépendent réellement de la présence de la nature. Des études précisent cette relation et ses conditions (ce qu’on appelle la psychologie de l’environnement). Car oui, bien-être, santé et nature sont liés.

Prenez-vous de la vitamine G ? Non ? Eh bien c’est dommage, vous de-vriez, car cela est bon pour la santé physique et mentale, pour la planète et pour les générations futures. Bref la vitamine G, c’est la vitamine de la vie ! Lorsqu’ils parlent de vitamine G (Green Vitamine, ou vitamine verte pour nous) qui, bien entendu, n’existe pas, nos collègues anglo-saxons font référence au rôle essentiel que jouent

les plantes, les arbres, les fleurs qui nous entourent, et aux bienfaits que ces derniers nous procurent.L’Homme, notamment depuis un siècle, s’est considérablement af-franchi des contraintes que lui dic-tait la nature et s’est éloigné d’elle. En toute discrétion, beaucoup de ces éléments naturels qui nous entourent ont une incidence sur nos interactions sociales et notre bien-être physique et mental. La psychologie de l’environ-nement est une discipline qui s’inté-resse à la façon dont l’environnement physique immédiat d’un individu peut affecter son fonctionnement psycho-logique, son bien-être physique et mental ainsi que son comportement.Nous découvrirons dans ce dossier quelques-uns des exemples du livre de l’auteur, Pourquoi la nature nous fait du bien : les bienfaits des plantes vertes au travail, les émotions liées aux fleurs, les effets du soleil sur notre humeur et nos comportements...La marche à pied, c’est bon pour la santé, comme on l’entend dire fré-quemment. Oui, il est bon de pratiquer régulièrement de l’exercice physique, même modéré. Cependant, si l’on en croit la recherche, on peut optimiser l’efficacité de cette simple activité si on la pratique en milieu naturel.

Expérience sur les effets de la marche à pied en forêtBunn-Jin Park et al. (2009) ont deman-dé à des hommes de 22 ans de parti-ciper à un même exercice de marche dans deux contextes différents. Le premier jour, la moitié du groupe était envoyée en forêt tandis que l’autre moitié était expédiée dans une zone urbaine à fort trafic routier à proxi-mité. Toutes les personnes devaient marcher pendant exactement 15 mi-

Bien-être et santé par la nature

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BIEN-ÊTRE & SANTÉ

nutes. À l’issue de ce temps, à l’aide de chaises pliantes mises en place à cet effet, les sujets avaient pour ins-truction de rester assis pendant 15 minutes. Le lendemain, on procé-dait de même, mais on permutait les personnes de leur environnement de marche de la veille (ceux en forêt se retrouvaient sur le site urbain et ceux en site urbain se retrouvaient en forêt). Tous les sujets portaient un sac à dos dans lequel se trouvait un appareil de mesure de l’activité cardiaque sur un certain nombre de paramètres : pres-sion artérielle, rythme cardiaque. Les sujets, à des fins de familiarisation de l’appareil, étaient équipés de cela dès le petit-déjeuner, c’est-à-dire avant de réaliser l’exer-cice demandé.

Les résultats montrent que si, avant le démarrage de l’épreuve, la pres-sion systolique et le rythme car-diaque offraient les mêmes niveaux dans les deux groupes, il n’en a pas été de même après. La marche en forêt n’a pas conduit à augmenter la pression systolique alors que cela a été le cas avec la marche en zone urbaine. La différence entre les deux groupes s’est maintenue tout au long de l’exercice même durant la phase où les participants étaient assis sur la chaise de repos mise en place. En ce qui concerne le rythme cardiaque, ce-lui-ci, bien entendu, a varié selon que le sujet était au repos ou marchait, mais, ici encore, le nombre de pul-sations était supérieur en condition de marche en zone urbaine et, cela, même à l’issue de la période de repos sur la chaise.On constate donc que l’endroit où l’on marche a des effets différenciés sur certains paramètres physiologiques mesurés. La persistance de ces effets après la phase de repos semble attes-ter que cela provient des différences de lieux de marche et non d’une pos-sible différence dans l’effort lié à la marche selon les deux contextes. Pour les chercheurs, une moindre production d’hormones de stress pourrait expliquer cet effet. Une recherche utilisant sensiblement la même méthodologie que celle décrite ici a d’ailleurs montré qu’à l’issued’une marche en forêt, le taux de corti-sol salivaire (hormone du stress) était à un niveau de concentration moins élevé qu’il ne l’était après la marche

en zone urbaine (Park et al., 2007).La marche en fo-rêt engendre une moindre produc-tion d’hormones de stress que la marche en zone urbaine.

Conclusion sur les bienfaits de la marche à pied en forêtMarcher oui, mais pour optimiser les effets cardioprotecteurs de la marche, il semble qu’il vaille mieux marcher en forêt. Ces travaux montrent à l’évidence que le contexte de l’acti-vité exerce une influence en soi sur une même activité physique. Il y a une magie, une sérénité et une beauté intrinsèque de la forêt qui expliquent

certainement ces effets.Pour les personnes qui reprennent le sport ou auxquelles on conseille une pratique modérée, il pourrait être plus pertinent de le faire en zone boi-sée afin de bénéficier d’effets supplé-mentaires immédiats. Une recherche de Hug et al. (2009) confirme d’ailleurs que dans des complexes sportifs, les mêmes activités (vélo d’apparte-ment, rameur…) faites dehors plutôt qu’en salle prédisent déjà mieux la fréquence et le maintien de l’activité. On imagine donc la force des espaces naturels sur cette détermination à continuer.La présence d’espaces verts est appréciée autour de nous. Mais cet apport bénéfique ne serait pas que visuel, il pourrait également influen-cer l’apparition ou non de certaines maladies selon le degré de verdure environnante.La présence de plantes ou une vue sur la nature, les arbres ou les plantes, favorise la rémission des patients après une opération et cela affecte également l’immunité des personnes. Aussi, on peut supposer que les espaces naturels soient à même de diminuer la fréquence d’ap-parition de la maladie (ce que l’on ap-pelle la morbidité). Mass et al. (2009) ont effectué une étude en Hollande impliquant l’analyse d’une population composée de 400.000 individus pour lesquels les chercheurs avaient ac-cès aux dossiers médicaux.

Apparition des maladies selon la présence d’espaces vertsDe fait, l’ensemble des patholo-gies pour lesquelles ces personnes avaient consulté ou étaient en trai-tement étaient connues des cher-cheurs. À l’aide d’une méthode par grille-calque (on pose un calque avec des carrés transparents sur des zones de plans), les chercheurs ont déterminé la part de construit et la part d’espaces naturels dans un rayon constant autour du domi-cile des personnes de l’étude. Cela a permis de distinguer la prévalence de pathologies des patients situés dans les zones proches de leur rési-dence avec 10 % d’espaces verts et les zones avec 90 % d’espaces verts. La fréquence de chaque maladie pour 1.000 personnes vivant dans ces deux types de zones a reporté sur le ta-bleau ci-dessous.

La marche en forêt engendre une moindre production d’hormones de stress que la marche en zone urbaine.

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BIEN-ÊTRE & SANTÉ

On constate donc des différences importantes de la prévalence de cer-taines maladies selon le degré de ver-dure environnante. Certes ces varia-tions peuvent être imputables à des différences de populations cependant les chercheurs observent ces effets avec le contrôle du statut socioécono-mique.

Nature et bonne santé, un lien vraisemblableIl semble que la prise de vitamine G s’avère efficace pour prévenir la sur-venue de certaines maladies. Vrai-semblablement l’ensemble des bien-faits psychologiques, physiologiques et sociaux que procure l’immersion dans la nature se trouvent certaine-ment réunis pour favoriser une bonne santé des individus.Offrir des fleurs reste un geste impor-tant socialement, qu’il soit dans une optique romantique, de séduction, ou plus conventionnelle (remerciement). Car les fleurs engendrent chez les hommes et femmes des émotions di-rectes et franches.

Les fleurs et l’activation de nos émotionsChez l’Homme de Néandertal, des traces de pollen de fleurs présentes dans les tombes ont apporté la preuve que des fleurs accompagnaient les dé-funts. Aussi, les chercheurs pensentque les fleurs, en raison de leurs variétés de formes, de couleurs et d’odeurs, auraient été perçues comme ayant une propriété de tra-duction des différentes émotions que ressent l’Homme comme la joie, la tristesse, l’amour et, pour cette rai-son, auraient été cultivées et utilisées pour traduire ces émotions ou accom-pagner des événements émotionnels de notre existence.Des recherches récentes semblent d’ailleurs montrer que les fleurs ont bien cette propriété d’activation im-médiate d’émotions.Haviland-Jones et ses collaborateurs (2005) ont sollicité des femmes afin de participer à une enquête qui né-cessitait qu’on les appelle deux fois à quelques jours d’intervalle. Pour les remercier, on leur disait qu’elles re-cevraient un cadeau à domicile mais on ne précisait pas quoi ni quand. Le lendemain de l’acceptation, les per-

Tableau 1 - Fréquence maladie pour 1000 personnes

10% espaces

verts

90% espaces

verts

Troubles cardiovasculaires HypertentionPathologie du muscle cardiaqueCoronaropathieAccidents vasculaires cérébraux

23.84.71.90.9

22.44.01.50.8

Troubles musculo-squelettiquesDouleurs dos/nuqueDouleurs intenses dosDouleurs intenses nuque et épaulesDouleurs intenses coudes, poignets, mainsOstéoarthriteArthrite

12599.275.623.021.8

6.7

10665.863.319.321.36.2

Troubles mentauxDépressionTroubles anxieux

3226

2418

Troubles appareil respiratoireInfection respiratoire zone hauteBronchite, pneumologieAsthme, BPCO

841626

6814.720

Fréquence de chaque maladie en fonction du pourcentage d’espaces verts dans la résidence, sur 1.000 personnes.

Tableau 2 - Fréquence maladie pour 1000 personnes

10% espaces

verts

90% espaces

verts

Troubles neurologiques Migraines, maux de tête sévèresVertiges

407.3

346.6

Troubles digestifsDouleurs intenses de l’appareil digestifInfections intestinales

14.96.5

12.35.1

Troubles diversNon expliquésEczéma chroniqueInfections urinairesDiabèteCancer

2375.5

23.210

4.9

1974.9

19.48

4.4

Fréquence de chaque maladie en fonction du pourcentage d’espaces verts dans la résidence, sur 1.000 personnes.

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BIEN-ÊTRE & SANTÉ

sonnes étaient sollicitées pour la première phase de l’enquête, où une mesure des émotions primaires était réalisée (« Ce que je vis au quoti-dien je le juge agréable/désagréable en moyenne ») ainsi qu’une mesure de la satisfaction dans la vie (« J’ai le sentiment d’avoir fait les choses que je jugeais les plus importantes pour moi »).Dix jours, plus tard ces personnes recevaient à leur domicile un paquet pour les remercier de leur participa-tion. Ce paquet contenait soit un bou-quet de fleurs soit une corbeille de fruits et des bonbons. Les livreurs, qui n’étaient pas au courant de ce que contenait la boîte, devaient évaluer l’expression faciale de la personne. Pour ce faire, ils avaient reçu une formation au repérage des muscles du visage impliqués dans l’expres-sion émotionnelle manifestée par une personne. Enfin, 4 jours plus tard, les personnes étaient à nouveau contac-tées afin de répondre à des échelles similaires à celles utilisées lors de la première phase.En ce qui concerne l’expression du visage, les résultats montrent que, pour les deux présents offerts, les personnes ont exprimé de la joie. Toutefois, le taux de sourire dit de Duchenne (sourire associé à l’expres-sion d’une joie sincère qui se diffé-rencie des sourires volontaires par la contraction d’un muscle situé autour des yeux : orbicularis oculi), a été plus élevé à réception des fleurs que pour la corbeille de fruits et les bonbons. Les chercheurs ontégalement observé, entre la première et la seconde phase de mesure par questionnaire, un renforcement des

émotions primaires ressenties et de la satisfaction dans la vie, mais seu-lement auprès des personnes ayant reçu des fleurs.On constate donc qu’un présent sus-cite une humeur positive, et cela était attendu, mais une vraie joie sincère s’observe lorsque vous offrez des fleurs. Pour les chercheurs, les fleurs sont à ce point attachées aux émo-tions des humains que leur simple présence active automatiquement des expressions particulières.

Contexte et émotionsSi cette présence des fleurs a un impact, la nature des émotions peut dépendre du contexte.Dans une étude nous avons demandé à des jeunes hommes et à de jeunes filles de faire de l’autostop tout en tenant ou pas dans une main un petit bouquet de fleurs. On mesurait alors le taux d’arrêt des automobilistes hommes ou femmes.Comme on peut le constater, ce n’est pas le bouquet de fleurs seul qui in-fluence le taux d’arrêt encore faut-il qu’il soit tenu par un autostoppeur homme.

Il est possible que la connotation romantique associée à un homme tenant un bouquet (un homme offre des fleurs par amour, une femme plus par amitié ou convention sociale) ait conduit à cet effet. Il est aussi possible qu’un homme avec un bouquet suscite moins de suspicion ou de crainte. Cela expliquerait pourquoi le taux d’arrêt des femmes automobilistes a aug-menté à ce point. La présence des fleurs chez un homme rassurerait les femmes.

L’effet des fleurs sur nos émotionsOn voit immédiatement que les fleurs exercent de puissants effets compor-tementaux sur les individus hommes et femmes. En outre, ces effets pa-raissent très rapides à activer puisque les conducteurs de l’expérience sur l’autostop n’avaient guère plus d’une seconde de temps de décision. Cela pourrait expliquer le lien ancien qui unit l’être humain et les fleurs. Les fleurs pourraient peut-être avoir été des composantes naturelles du concept de beauté. Or, l’être humain se distingue des autres espèces par cette capacité à considérer un certain nombre de choses non essentielles à sa survie en raison de leur pouvoir d’activation de sensations et d’émotions positives. Le simple fait d’être exposé aux fleurs pourrait suffire à éveiller ces émotions et sensations, et expliquerait de tels effets comportementaux.On dit souvent que les Français ont une excellente productivité au travail. Pourquoi ? Et si la réponse nous venait des plantes que l’on trouve dans notre environnement de travail et qui se-raient susceptibles d’affecter le bien-être de l’employé ? Les recherches montrent, en effet, que le management pourrait investir avec profit dans la ressource verte.

Tableau 3 - Pourcentage d’arrêt des automobilistes

Automobilistes hommes

Automobilistes femmes

Auto-stoppeurs hommesFleursSans Fleurs

13.6%6.8%

10.5%1.3%

Auto-stoppeurs femmesFleursSans Fleurs

10.7%12.3%

8.2%7.2%

Le bouquet de fleur est un présent très apprécié des femmes.

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BIEN-ÊTRE & SANTÉ

La productivité au travail améliorée par la présence de plantesDans une étude menée par Bringsli-mark, Pati l, et Harti g (2008) auprès de 385 employés de bureau nor-végiens, on a mesuré le degré de contrôle personnel ressenti au travail (une mesure du sentiment d’autono-mie laissée au salarié), la perception du support offert par les collègues et la hiérarchie. Le sentiment person-nel de productivité était également mesuré, tout comme l’absentéisme et le niveau de stress ressenti. Une me-sure du stress physique était faite en demandant à quel point des variables d’environnement de travail (bruit, chaleur, qualité de l’air…) les avaient affectés dans les quatre précédentes semaines. Enfin, des plantes étaient placées sur le lieu de travail (nombre, emplacement…).On ne trouvera pas de lien entre plantes et stress. Cependant, la pré-sence des plantes était positivement reliée avec la productivité : l’aug-mentation de la productivité allait de pair avec l’augmentation du nombre de plantes dans l’environnement de travail. On constatera également que le nombre de plantes présentes était négativement corrélé avec le nombre d’arrêts maladie : « plus de plantes » était donc lié à moins d’arrêts et « moins de plantes » à plus d’arrêts constatés.On constate donc que la présence de plantes dans l’univers du poste de tra-vail d’employés de bureau améliore la productivité et diminue les arrêts de travail. On notera que cet effet a été observé tant chez les hommes que

chez les femmes. Dans cette étude, on tenait compte de laprésence ou non de plantes dans le bureau mais la mesure était simple-ment corrélationnelle, ce qui rendait difficile la mise en évidence de l’im-pact des plantes. En effet, on peut penser que s’il y a des plantes dans le bureau, c’est que les personnes les ont apportées ou il s’agit d’une volonté de la direction. Or, ces différences, en soi, peuvent déjà expliquer les effets constatés. Aussi des chercheurs ont tenté une approche véritablement expérimentale de l’effet des plantes dans le cadre du travail.

Les bénéfices des plantes vertes au travailDans une étude menée par Fjeld (2000) dans un service de radiologie d’un hôpital norvégien, un environ-nement constitué de nombreuses plantes a été volontairement mis en place. Les plantes vertes étaient pla-cées sur les rebords des fenêtres dans les bureaux ou sur le sol et en hauteur sur les meubles dans la salle de diagnostic radiologique.Deux périodes d’observation ont été mises en place 3 mois durant le prin-temps une année et 3 mois pendant la même période une autre année. Du-rant la première période, on n’a placé aucune plante. Pendant ces deux tri-mestres d’observation, le personnel, composé d’hommes et de femmes, remplissait un questionnaire d’éva-luation de santé constitué de trois parties : les problèmes neuropsycho-logiques (fatigue, nausée, migraine…), les problèmes de nature ORL (toux, sensation de gorge sèche ou irritée…)

et les problèmes dermatologiques (irritation, assèchement de la peau…). On a ainsi, avec ce même question-naire de santé, comparé les résultats sur les deux périodes afin d’apprécier les baisses, les augmentations ou les nonchangements liés à la présence des plantes.Taux de réduction des symptômes en fonction de la présence des plantes dans l’environnement de travail.On observe une baisse importante de la fréquence de certains symptômes comme la toux avec la présence des plantes tandis que les plantes n’exercent pas d’effet sur la concen-tration. Pourle chercheur, ces effets pourraient provenir de la capacité des plantes à capter les contaminants de l’air mais, également, à une meilleure régulation de l’humidité de l’air. Or, on sait que ces facteurs sont fortement impliqués dans les problèmes ORL ou derma-tologiques. Cela pourrait expliquer d’ailleurs pourquoi Bringslimark, Pati l et Harti g (2008) ont observé, dans leur étude, moins de congés maladie chez des employés de bureau possé-dant des plantes dans leur environne-ment de travail.On constate donc que la présence des plantes semble avoir des effets béné-fiques sur les petits tracas quotidiens de santé des travailleurs. On notera que ce chercheur a confirmé ces ré-sultats dans une autre étude impli-quant, cette fois-ci, uniquement des employés de bureau de l’hôpital et non seulement du personnel soignant. D’autres travaux confirment ces effets sans impliquer la présence de plantes dans l’environnement de travail. Ain-si, voir la nature par la fenêtre peut changer beaucoup de choses. Kaplan et Kaplan (1989) ont montré que des salariés qui pouvaient voir de leur bureau des arbres et des fleurs consi-déraient leur travail comme moins stressant et plus satisfaisant que des salariés ayant vue sur des construc-tions urbaines. Ces chercheurs ont également observé que ces salariés avec vue sur la nature présentaient moins de petits tracas de santé et de maux de tête que l’autre groupe. Shin (2007) rapporte également que la vue des arbres de la fenêtre du bureau est associée à plus de satisfaction au travail et moins de stress ressenti, et cela quels que soient l’âge, le sexe ou le type d’emploi occupé. Leather, Pyrgas, Beale et Lawrence (1998) ont

Avoir des plantes dans son environnement de travail, ou même simplement avoir une vue sur la nature, permet de mieux apprécier son travail.

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BIEN-ÊTRE & SANTÉ

également mis en évidence cet « effet fenêtre » et montré que les inten-tions de quitter un emploi diminuaient lorsqu’on avait vue sur de la verdure, des plantes et des arbres de sa fe-nêtre de bureau.

Le bien-être par les plantesSi votre préoccupation est la producti-vité et le bien-être physique et mental de vos employés, il conviendrait, plu-tôt que de mettre la pression, néfaste au final, à la performance, de créer par les plantes un environnement de travail agréable. Il y a de grandes chances, d’ailleurs, que le manager soit perçu plus positivement puisque, dans les travaux de Fjeld (2000), lesenquêtes complémentaires auprès des salariés ont montré qu’ils appré-ciaient plus leur manager lorsque leur bureau possédait des plantes et des fleurs.Beaucoup de chansons, de poèmes, de proverbes consacrent le Soleil. Il est vrai que, sans lui et l’énorme et improbable chance d’être à bonne distance de lui, nous ne serions pas là sur cette Terre. Il n’est donc pas étonnant qu’on le vénère et que, de manière générale, sa venue nous comble. Il apporte la vie et des études ont montré des résultats étonnants qui traduisent son importance dès le début de la vie avant que nous ne puissions nous émerveiller de le voir.

On sait ainsi que, chez l’être humain, le fait d’être exposé à l’ensoleillement pendant le premier trimestre de la grossesse, conduira à avoir des bébés au poids plus élevé (Tustin, Gross et Haynes, 2004). Le Soleil est indis-sociablement relié à la vie. De fait, lorsqu’il est là, brillant au firmament, nos comportements changent.Quels sont les effets du soleil sur nos comportements et notre humeur ?

Le Soleil nous rend de bonne humeur et plus altruistesDans une analyse assez systématique de l’effet du Soleil sur les comporte-ments humains, Cunningham (1979) a tenté d’isoler le poids de l’enso-leillement sur l’altruisme. Dans une première étude, ce chercheur abor-

dait des personnes en se présentant comme appartenant au département de sociologie de l’université et fai-sant une enquête. Il ajoutait qu’il avait un questionnaire de 80 questions et disait à la personne de choisir le nombre de questions auxquelles elle accepterait de répondre. Selon le cas, la température extérieure était com-prise entre – 18 °C et 38 °C. L’enquête avait lieu en dehors des jours de pluie. Différents paramètres du temps et de l’atmosphère étaient contrôlés et le niveau d’ensoleillement était mesuré. Les résultats montrent que le niveau d’ensoleillement est corrélé positive-ment avec l’aide, et cela a été observé à n’importe quelle saison. Certes le chercheur a observé plus d’aide au printemps et en été mais, en hiver, si le Soleil brillait, on obtenait plus d’aide qu’en saison plus douce lorsque le ciel était nuageux. C’est donc le Soleil et non la température qui affectait le plus le comportement des personnes sollicitées.Ce chercheur a réalisé une seconde étude en avril, mai et juin dans un res-taurant dont la température intérieure était constante et stabilisée à 21 °C (la température extérieure, elle, était com-prise entre 4° et 27 °C). Six serveuses devaient recueillir un certain nombre d’informations sur leurs clients (mon-tant de la note, âge approximatif, sexe, etc.). Elles reportaient également l’état d’humeur (à l’aide d’une échelle) dans lequel elles-mêmes se trouvaient avant de noter ces informations. Les résultats montrent une corrélation po-sitive entre le montant des pourboires et le niveau d’ensoleillement, même après contrôle du sexe et de l’âge. En effet, on observe que les personnes plus âgées et les femmes ont été plus nombreuses à venir déjeuner les jours de soleil.

La présence de soleil (sans considération de température) développe des comportements plus altruistes.

Tableau 4 - Réduction des symptômes si présence de plantes

Réduction symptômes si plantes présentes

Sysmptômes neuropsychologiques FatigueSensation tête lourdeMigraineNausées et vertigesproblème concentration

32%33%45%25%-3%

Symptômes ORLIrritation yeuxSensation étouffementSensation bouche sèche, irritéeToux

15%11%31%38%

Sysmptômes dermatologiques Rougeur, chaleur du visageDémangeaison du cuir cheveluMains sèches ou irritées

11%19%21%

Taux de réduction des symptômes en fonction de la présence des plantesdans l’environnement de travail.

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BIEN-ÊTRE & SANTÉ

On constate également une corréla-tion positive forte entre humeur et ensoleillement, le soleil induisant une augmentation des scores d’hu-meur des serveuses.Il semble donc que, indépendam-ment de la température et de la saison, la présence du Soleil nous rende plus altruistes et que cet effet soit médiatisé par l’humeur positive que cela active. Cependant, la re-cherche montre que l’aide n’est pas le seul comportement que le Soleil influence.Dans une série de recherches (Gué-guen, soumis), des jeunes filles étaient abordées par un garçon alors qu’elles marchaient dans des rues piétonnes. L’expérimentation avait lieu à des périodes où l’on contrôlait la présence ou pas du Soleil. Cependant, les jours d’expé-rimentation, la température exté-rieure restait la même selon qu’il y avait ou pas soleil. La chose était rendue aisée par la présence de la mer conduisant à de faibles écarts de températures à certaines pé-riodes de l’année selon qu’il y avait du soleil ou un voile de nuages. Bien entendu l’expérimentation n’avait pas lieu en cas de pluie. Ces jeunes femmes étaient sollici-tées pour donner leur numéro de téléphone par des jeunes hommes avenants et familiarisés avec l’exercice.On peut constater que le soleil semble rendre les jeunes filles plus

favorables à la demande du jeune homme qui les aborde. Vraisem-blablement, comme dans de nom-breuses recherches du même type, le soleil aurait cette particularité de nous rendre heureux et, par voie de conséquence, il nous conduirait à réagir de manière plus positive dans le cas de nos interactions sociales. Le démarrage d’une relation ro-mantique (on se doute du sens que l’on peut attribuer à une demande de téléphone) semble ne pas échap-per à la règle de l’influence positive du soleil.

Le soleil semble donc faire fleurir les relations sociales positives entre êtres humains et cela se matérialise dans de nombreux cas. On a ainsi montré que, à température identique, les per-sonnes répondent mieux à un sourire qui leur est adressé lorsque le soleil brille que lorsqu’il y a une couverture nuageuse, et cela même si la tempéra-ture extérieure est la même (Guéguen et Fischer-Lokou, soumis).

L’ensoleillement active le meilleur de nous-mêmesL’ensoleillement apparaît comme un facteur positif des relations humaines et, même s’il y a encore peu de travaux dans ce domaine, tant il est difficile de faire des études en contrôlant tous les facteurs (on ne peut pas produire du soleil de manière expérimentale), il semble cependant que le soleil associé à un ciel sans nuages active le meilleur de nous-mêmes et nous fasse voir la vie en rose. À l’évidence, c’est bien le spectacle du soleil et non l’augmenta-tion de la température qu’il suscite qui explique ces effets. Ce n’est pas pour rien qu’on dit, par analogie avec le so-leil, que notre humeur est au beau fixe

Pour approfondir le sujet des bienfaits de la nature, découvrez le livre de l’auteur aux éditions Dunod : Pourquoi la nature nous fait du bien, de son auteur Nicolas GUEGEN, Docteur en psychologie.

Figure 5 - Pourcentage de rappel des mots

18

16

14

12

10

8

6

4

2

0

Soleil Pas soleil

Taux

d’a

ccep

tati

on (e

n %

)

Les effets du soleil sur nos comportements sont positifs.

En présence de soleil, les jeunes femmes ont été plus réactives positivement aux demandes des jeunes hommes.

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ENTRETIEN

43Santé-MAGN°07 - Juillet 2012

Professeur Nadia Ghemri, ophtalmologue et spécialiste du glaucome congénital, à Santé Mag :

«Le glaucome congénital représente la première cause de cécité, en Algérie»Le professeur Nadia Ghemri est ophtalmologue, spécialisée dans la chirurgie du glaucome de l’enfant, au CHU Mustapha-Pacha. Dans cette interview, qu’elle a bien voulu nous accorder, elle insiste et réitère la nécessité de se méfier des bébés, qui ont de grands et beaux yeux et qui larmoient, de surcroît. En effet, cela peut être un signe de glaucome. Une pathologie, qui peut engendrer une cécité à vie. Un nourrisson opéré (car c’est le seul traitement), dans les plus brefs délais, peut être sauvé de cet irréversibilité. Environ, un quart d’enfants de l’école des aveugles, en Algérie, sont glaucomateux. A l’hôpital Mustapha Pacha, au moins 4 à 5 enfants sont opérés, par semaine. Ecoutons la spécialiste.

Entretien réalisé par Tanina Ait

Santé mag : Pouvez-vous nous expli-quer, globalement, ce qu’est le glau-come congénital ?Pr N. Ghemri : Le glaucome est l’une des causes les plus fréquentes de cécité, dans le monde. On regroupe, sous le terme de glaucome, plusieurs types : une hypertonie oculaire, une altération de la fonction visuelle, due au nerf optique ; cette hypertonie va engendrer une détérioration des fonctions visuelles ; soit le champ visuel ou l’acuité visuelle. Ceci, donc, est dû à une atteinte du nerf optique. Afin d’être plus précise, il s’agit d’un phénomène d’équilibre, au niveau oculaire. Il y a une production d’un liquide, appelé humeur aqueuse, qui doit être, au fur et à mesure, résorbé ; donc, il y a sécrétion et excrétion. S’il y a un défaut d’excrétion, ça engendre une hypertonie, qui est à l’origine du glaucome, chez l’enfant. Ainsi, il faut dire que le glaucome est un ensemble d’entités qu’on peut définir.

Comment définir cet ensemble de glaucomes ? Il y a le glaucome primitif (angle ou-vert), qui survient chez l’adulte. Le glaucome par fermeture de l’angle ; il relève d’une prédisposition, d’abord anatomique, facteur déclenchant, qui ferme l’angle et il y a, aussi, le glau-come congénital.

Vous êtes spécialisée dans le glau-come congénital. Pouvez-vous nous expliquer ce que c’est ?En fait, il s’agit du glaucome du nou-veau-né, dû à une atteinte des struc-tures, qui doivent évacuer l’humeur aqueuse, dont nous avons parlé, précé-demment ; donc, il y a un défaut, à ce niveau-là, qui est congénital ; c’est-à-dire que c’est une anomalie de dévelop-pement. Rappelons, également, que le glaucome congénital constitue la pre-mière cause de cécité de l’enfant algé-rien. Plus d’un enfant, sur 4, de l’école des aveugles sont glaucomateux. Dans le monde, le taux de cécité, par glau-come congénital, est de 0,01 à 0,04%.

Donc, ce problème survient à la nais-sance ?Il peut survenir à la naissance ou jusqu’à l’âge de 3 ou 4 ans. L’apparition de cette maladie, dans 72% des cas, se fait entre l’âge de 9 mois et 1 an. L’atteinte est, en général, bilatérale. Cette maladie atteint, plutôt, le garçon que la fille. Quant à la transmission, elle se fait de manière héréditaire et la consanguinité joue un très grand rôle. Par conséquent, le mariage interfami-lial favorise l’apparition de cette mala-die.

Comment se développe cette patholo-gie ?Lorsqu’il y a ce défaut de développe-ment, chez ces bébés, l’hypertonie va distendre l’œil, car ces structures sont élastiques immatures et extensibles ; alors, l’œil va s’agrandir et grossir, sous l’effet de cette hypertonie.

Quels sont les signes apparents ?Les signes fonctionnels sont très importants. On remarque, d’abord, la photophobie. Ce sont des bébés, qui ne supportent pas du tout la lumière. Ils ont, toujours, le visage enfoui et ils larmoient énormément. Ces larmoiements sont très clairs, que nous ne devons pas confondre avec les larmoiements purulents des voies lacrymales. On peut re-marquer, aussi, les yeux qui gros-sissent ; c’est également un signe révélateur. Face à ces symptômes, les parents doivent faire examiner leurs enfants, par un spécialiste.

Comment s’effectue l’examen, à votre niveau ?L’examen se pratique sous anes-thésie générale. On évalue le tonus oculaire. On fait, également, un fond de l’œil et on mesure la longueur axiale.

Quel est le traitement ?Dans tous les cas, le traitement ne peut être que chirurgical. Il n’y a pas de traitement de collyre.

Quelles sont les conséquences de cette pathologie pour un enfant, qui n’est pas pris en charge, à temps ?Ce qu’il faut savoir, c’est que cette maladie, qui est la première cause de cécité, chez l’enfant, est très fré-quente, en Algérie. A notre niveau, il nous arrive d’opérer 4 à 5 enfants, par semaine. Donc, il faudra une prise en charge, dès les premiers signes, car toute attente dété-riore le champ visuel. On constate, également, un retard au niveau de l’acquisition psychomotrice, puisque tout s’acquiert par la vue. Faudrait-il le rappeler, à force que l’œil se distant, cela entraîne une perforation des globes oculaires. Si l’hypertonie n’est pas jugulée, cela peut conduire à une cécité irréversible

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ÉVÈNEMENT

44 Santé-MAG N°07 - Juin 2012

Professeur Mustapha Sadibelouiz*, à Santé Mag

«On compte 350 000 épileptiques, en Algérie»

Le mot épilepsie vient du grec epilêpsia, qui signifie attaque par surprise. Cette maladie neurolo-gique est connue, depuis l’Antiquité. Elle a concerné des personnages célèbres, tels que Napoléon, Gustave Flaubert, Dostoïevski ou Vincent Van Gogh. Cette maladie peut avoir, dans certains cas, une notion héréditaire. Elle se manifeste à tout âge, même à l’âge adulte, mais, plutôt, fréquente chez l’enfant et l’adolescent. Elle était, autrefois, considérée comme une maladie diabolique, puis psychia-trique. Il n’en est rien.Ecoutons le Professeur Mustapha Sadibelouiz.

Entretien réalisé par Tanina Ait

Santé Mag : Quel est l’aspect, clinique, de l’épilepsie ?Pr M. Sadibelouiz : L’épilepsie signifie prendre par surprise. La crise d’épi-lepsie est un symptôme, une réaction du système nerveux, résultant d’une hyperactivité des cellules cérébrales. Ceci est dû à un dysfonctionnement des mécanismes neurologiques. Une crise épileptique est un évènement isolé, qui peut se produire, une fois dans la vie, mais la maladie épileptique est caracté-risée par la répétition des crises. L’épi-lepsie est une maladie neurologique et non mentale.

Y a-t-il différents types de crises ?Il y a différents types de crises, parce qu’elles sont produites par des méca-nismes différents et surviennent dans des zones, différentes, du cerveau.Ce sont les symptômes, qui renseignent sur le type de crise :phénomènes moteurs : secousses clo-niques, au niveau d’un membre,phénomènes sensoriels : c’est-à-dire, visuels ou auditifs,phénomènes sensitifs,phénomènes psychiques,phénomènes végétatifs. Les différents types de crises sont nombreux. Si les crises prennent leur origine dans une zone bien localisée

du cerveau, elles sont dites crises par-tielles, ou focales. Si les crises viennent des deux côtés, en même temps, ou de la totalité du cerveau, elles sont dites crises généralisées.Cette distinction a beaucoup d’impor-tance, pour le diagnostic et le traite-ment.

Quelle différence y a-t-il entre crise convulsive et crise épileptique ?Une crise convulsive est une crise, qui se manifeste par des convulsions. Une crise d’épilepsie peut se manifester par des convulsions, ou non.

L’épilepsie peut-elle avoir une cause héréditaire ? La biologie moléculaire cherche à dé-terminer les facteurs génétiques en cause, dans un grand nombre de cas ; à identifier les gènes atteints et les pro-téines responsables. Quelques gènes ont été découverts. Donc, cette patholo-gie peut être héréditaire, dans certains cas.

A quel âge apparaît cette maladie neu-rologique ? L’épilepsie apparaît à tout âge. Cepen-dant, elle est fréquente chez les enfants et les adolescents, souvent sans aucune lésion cérébrale. Chez l’adulte, elle sur-vient après une lésion cérébrale.

Quelle en est sa fréquence, au sein de la population ?40 millions dans le Monde, dont, à titre d’exemple : 500 000, en France et 350 000, en Algérie.

Pouvez-vous nous indiquer les consé-quences, physiques et psychologiques, sur le malade ?Dans les formes d’épilepsie les plus fréquentes, la maladie n’a aucun reten-tissement sur l’intelligence et les capa-cités d’apprentissage de la personne atteinte, enfant ou adulte. De même, dans la plupart des cas, l’épilepsie ne s’accompagne pas de troubles psychia-triques. Cependant, il y a des formes avec troubles cognitifs ou compor-tementaux. Ces troubles gênent les apprentissages et l’adaptation sociale.

Par ailleurs, les enfants, qui présentent des épilepsies sévères, avec lésion cé-rébrale préexistante, rentrant dans le cadre des encéphalopathies épilepto-gènes, présenteront des conséquences, graves, sur leur développement psy-chomoteur.

Quels sont les traitements ?Ce sont des médicaments antiépilep-tiques, dans la plupart des cas. Il existe 20 molécules. En Algérie, nous dispo-sons d’une dizaine ; ce qui est appré-ciable. Parfois, on a recours à la chirur-gie.

Y a-t-il des circonstances, qui imposent une hospitalisation ? C’est la recrudescence des crises, par non observance du traitement, pour un réajustement thérapeutique. Etat de mal épileptique, c’est-à-dire, des crises qui ne cessent pas et qui nécessitent des soins, en urgence. Quelles sont les précautions à prendre, vis-à-vis d’une personne souffrant de cette pathologie ? Il n’y a aucune précaution, particulière, à prendre, vis-à-vis d’une personne souffrant de cette pathologie; si ce n’est, lors d’une crise, éviter qu’elle ne se blesse

(*) Professeur M. SADIBELOUIZ du service de neurologie EHS Ali AIT IDIR – Alger.

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ÉVÈNEMENT

45Santé-MAGN°07 - Juin 2012

Professeur Anissa Trabzi, pédiatre-oncologue au CPMC:

Cancer de l’ovaire :nouveaux espoirs

«L’épidémiologie a évolué et la tutelle n’a rien prévu; et pour cela, c’est un drame»

Santé Mag : Qu’en est-il de la prise en charge des enfants malades ?Pr A. Trabzi : Le problème, en Algé-rie, c’est qu’il n’y pas de structures prévues, pour prendre en charge les enfants, atteints de cancer. Il n’y a pas d’établissements spécialisés en oncologie pédiatrique. On soigne le cancer, dans les mêmes services ou l’on traite la tuberculose, la cardiopathie… En outre, même ces structures ne représentent que de petites unités. Elles ne répondent pas du tout aux normes.

Le problème a-t-il été présenté, à qui de droit ? La tutelle est au courant, le ministre, également. Cela fait 20 ans depuis que nous nous battons, en tant que spécialistes, pour qu’il ait un service spécialisé d’oncologie pédiatrie.

Ça fait 20 ans depuis que nous de-mandons à la tutelle et au niveau des structures concernées et jamais nous n’avons été écoutés. Bien sûr, on vous reçoit, on fait semblant de s’intéresser à vos doléances, mais rien ne se fait. Il faut donner une chance de survie à ces enfants. On peut les guérir, dans la plupart des cas.

L’épidémiologie a évolué et la tutelle n’a rien prévu, pour cela. Il aurait fallu penser à long terme c’est ça le drame ; les responsables de ce pays n’ont pas anticipé et maintenant, nous sommes en plein dans ces pro-blèmes, qui sont insolubles. Même lorsque le diagnostic de la maladie est établie, le bilan également, on ne

peut rien, faute de moyens thérapeu-tiques. Ce problème n’est pas seule-ment propre au CPMC, qui est, pour-tant, un hôpital de référence, mais à tous les établissements d’Alger. Et à l’intérieur du pays, c’est pire. Pourtant la compétence des méde-cins est avérée, mais, en l’absence de structures, on ne peut rien faire.

Peut-on expliquer les raisons de ces ruptures de stocks intempestives ? On ne comprend plus ce qui se passe. L’Algérie est, pourtant, un pays riche, mais on ne peut même pas soi-gner les malades ; ne serait-ce que comme en Afrique Sub-saharienne. Monsieur le Ministre dit qu’il n’y a pas de rupture de stocks, mais, en tant que médecins de terrain, nous savons ce que nous disons. C’est vrai, pour lui, lorsqu’il manque une molécule, il nous dit que ce n’est pas grave, mais dans un protocole de chimiothérapie, c’est très important. Pour guérir un enfant il faut qu’on ait le traitement complet, au moment qu’il faut. C’est triste, quand même, car on peut guérir ces enfants. A chaque fois, nous sommes confron-tés à la rupture de stocks. Ce qui est aberrant, c’est de voir qu’il y a des pa-rents aisés, comme les cadres de la Sonatrach, qui peuvent, alors, trans-férer à l’Etranger, pour des soins, leurs enfants. Lorsqu’on sait que les ‘’laissés pour compte’’ ne trouvent même pas les traitements les moins chers, les plus basiques, tout ça n’est pas normal. On en a marre de cette injustice. Il faut donner des chances de guéri-son à tout le monde. Il y a un centre spécialisé à Oran. Cela peut-il atténuer, quelque peu, l’afflux de ces malades, au centre d’Alger?Effectivement, il y a, à Oran, un ser-vice spécialisé en oncologie pédia-trie, mais les deux professeurs ont démissionné, car ils ont rencontré trop de problèmes, pour gérer ce service, c’est le cas du professeur Aguercif

Une nouvelle avancée, dans le trai-tement des cancers de l’ovaire, a été présentée, récemment, dans le cadre du congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), à Chicago (Etats-Unis). L’association d’Avastin® (bevacizumab), à une chimiothérapie standard, a multiplié, par deux, selon les auteurs, la survie sans progression de la maladie. L’Avastin® est un anti-corps, monoclonal, utilisé contre diffé-rents types de cancers. Il inhibe la néo-angiogenèse, c’est-à-dire, la formation de vaisseaux sanguins alimentant la tumeur. L’essai clinique de phase III présenté à Chicago, a été mené par le réseau international du Gynecologic Cancer Intergroup (GCIG) et le pan-European Network of Gynaecological Oncological Trial Groups (ENGOT).Au total, 361 femmes, présentant un cancer de l’ovaire, résistant à la chimiothérapie, par sels de platine, ont participé à ce travail. Rappelons que cette forme de résistance concerne 20% des femmes atteintes de ce type de cancer. L’étude visait à évaluer l’as-sociation de médicament, une chimio-thérapie standard, comparativement à un protocole thérapeutique reposant, uniquement, sur une chimiothérapie. Les résultats paraissent encoura-geants. En effet, la survie sans pro-gression de la maladie a été de 6,7 mois, dans le groupe traité par le bevacizumab, contre 3,4 mois, chez les autres patientes. De plus, chez les femmes ainsi traitées, le taux de régression de la tumeur (ce qui consti-tue un taux de réponse objective) a été, significativement, plus élevé. Le cancer de l’ovaire est la septième cause de décès, par cancers, dans le monde. Chaque année, près de 230 000 cas sont diagnostiqués et envi-ron, 140 000 femmes en décèdent. En France, le nombre de nouveaux cas est estimé à 4 000, chaque année et celui des décès à 3 000

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ÉVÈNEMENT

46 Santé-MAG N°07 - Juin 2012

Professeur Farida Lacete*,à Santé Mag :

«Les facteurs, nutritionnels et environnementaux, sont incriminés, dans le diabète du nourrisson»

Santé Mag : On parle, actuellement, d’un fort accroissement du diabète, notamment chez le nourrisson, com-ment expliquez-vous cela ?Il y a une épidémie de diabète et elle touche, beaucoup, plus le nourrisson. En effet, il y a quelque années, le dia-bète ne touchait l’enfant qu’à partir de 4 ou 5 ans, avec un pic à 11, 12 ans. Aujourd’hui, c’est de 0 à 2 ans, dans la plupart des cas.

Quelles en sont les causes ? Selon une étude réalisée, les experts incriminent, directement, les facteurs nutritionnels et environnementaux.Le nutritionnel se rapporte à l’alimenta-tion de la femme, pendant sa grossesse. Cependant, à la naissance de l’enfant, la prise de la vitamine D, la mise au sein peuvent protéger l’enfant de cette maladie, selon la thérapie hygiéniste. Par ailleurs, on vaccine trop et de nos jours, l’alimentation est plus riche ; d’où cette contradiction. Si on a éradi-qué certaines maladies de la misère, on constate, hélas, l’émergence d’autres maladies, dites auto-immunes, comme le diabète. Ceci est une hypothèse des chercheurs, qui essayent d’expliquer ce phénomène.

Comment se fait le diagnostic de cette pathologie, chez les nourrissons ?Tout comme le traitement, le diagnos-tic est très difficile, car il n y a aucun signe. Cependant, une déshydrations doit inquiéter, particulièrement chez le nourrisson. Alors, un test glycémique s’impose, pour confirmer, éventuelle-ment. Cela dit, c’est toujours en acido-cétose qu’on fait le diagnostic, chez le nourrisson. Une fois qu’on pose le dia-gnostic, on le met sous insuline.

Quel est le meilleur traitement du nourrisson diabétique ?C’est la pompe. A cet effet, nous avons une réunion, à la fin du mois, avec les experts pour, justement, la mise en place de ces appareils et ceci, particu-lièrement à l’endroit des nourrissons et

les femmes diabétiques, qui attendent un enfant.

Pourquoi la femme enceinte, diabé-tique, est concernée, également, par ces pompes ?Pour que sa glycémie soit, toujours, normale et son bébé ne sera jamais atteint. On connaît les problèmes des bébés de mères diabétiques. L’hyper-glycémie, chez la maman, entraîne la malformation du fœtus et les morts, in-utero, des bébés sont pléthoriques. On dit du bébé diabétique que c’est un colosse aux pieds d’argile, car ce bébé, gros, aura des troubles métaboliques, des hypoglycémies et des hypocalcé-mies. S’il n’est pas traité, dès les pre-mières minutes de sa naissance, il va mourir et ceci s’il ne présente pas, déjà, des malformations.

La pompe est-elle indiquée, pour tous les diabétiques ?Non, si ce n’est à quelques adolescents, car, à cet âge, il y a le rejet de la mala-die, où l’enfant ne surveille pas, ou peu, sa glycémie… donc, juste quelques cas peuvent être candidats à la pompe, mais pas tout le monde.

Quel sont les complications du diabète de l’enfant ?Vous savez, lorsque le diagnostic du dia-bète tombe, il y a, toujours, ce spectre des complications qui vient, mais il faut savoir que, maintenant, grâce à la nouvelle thérapie, aux bonnes insu-lines, à la surveillance auto contrôle et à l’éducation, aussi, qui va de pair, cela a permis de faire reculer ces compli-

cations. Maintenant, les complications ne sont plus une fatalité. Je vous donne un exemple: nous avons, dans notre service, un éducateur qui a, mainte-nant, 35 ans et diabétique depuis l’âge de 3 ans; mais, comme il a été toujours bien suivi, cette personne ne fait pas de complications. En conséquence, il y a lieu, constamment, de lutter contre l’hyperglycémie chronique et c’est pour ces raisons là qu’on fait plusieurs injections, dans la journée, pour sta-biliser cette glycémie. Il y a plusieurs méthodes, dont celle dite rétrospec-tive, anticipatoire et prospective, afin de garder une glycémie normale. On veut faire jouer, à la pompe, le même rôle que celui du pancréas.

La technique de greffe des cellules pancréatites est-elle une pratique avancée?En Algérie non, mais elle existe au Etats Unis, au Canada et en Europe où il y a des essais de cette thérapie cellulaire. Cela donne de très bons résultats, mais c’est excessivement cher. Pour faire un greffon humain, il faut trois pancréas humains; c’est-à-dire, trois donneurs.

Qu’en est-il de la disponibilité des traitements ? Le diabète est la seule pathologie qui est bien servie, en thérapie. Nous avons les insulines humaines et nous avons, également, les analogues

(*) Docteur Farida Lacete, professeur en diabétologie de l’enfant et chef d’unité de diabétologie à l’hôpital Nafissa Hamoud (ex Parnet)- Hussein Dey- Alger.

Entretien réalisé par Tanina Ait

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ÉVÈNEMENT

47Santé-MAGN°07 - Juin 2012

Merzoua Fatiha et Nadia Boughanem, infirmières au CPMC Oncologie pédiatrie :

Le marché, mondial, des études cliniques

«Nous demandons plus de moyens, pour prendre en charge ces malades»

Santé Mag : Vous êtes infirmières, dans le service de pédiatrie oncolo-gie du CPMC. Pouvez-vous nous par-ler de votre travail ?Les infirmières : C’est nous qui préparons la chimiothérapie. Nous l’administrons aux malades et nous devons gérer les effets secondaires de ces traitements (nausées, vomis-sements, manque de sommeil, perte d’appétit…). En plus de ces effets indésirables, il y a, aussi, la douleur. De ce fait, il faut être, en permanence, avec les enfants, pour les réconforter.

Vous veillez, nuit et jour, ces enfants. Rencontrez-vous des problèmes, au niveau de ce service ? Normalement, avant d’introduire la chimiothérapie anti-cancéreuse aux enfants, le chirurgien spécialisé doit placer une sonde, qu’on appelle ca-théter central. En principe, le produit doit être mis dans cet appareil. L’opé-

ration relève d’un acte chirurgical. Elle facilite la tâche à l’infirmière et nous permet d’éviter de piquer l’en-fant, à plusieurs reprises, afin qu’il ne souffre pas. Il y a un manque de ces sondes, de bloc opératoire. Ce problème se pose, particulièrement, dans le service de pédiatrie.

Quel est votre message ? Le cancer de l’enfant s’est propagé au niveau national. Il n’est pas facile de voir ces enfants souffrir et mourir.Nous voulons plus de moyens, pour prendre en charge ces malades. Le CPMC accueille, pratiquement, tous les malades, qui viennent de l’inté-rieur du pays. Nous sommes dépas-sés. Il faut créer de nouvelles struc-tures, dans les zones rurales, pour ces enfants, qui ne peuvent pas se déplacer. Ceci est notre message

Propos recueillis par Tanina Ait

Le marché mondial des études cli-niques, menées par les prestataires de services, progresse de 6,6 % en 2011 pour atteindre 36,6 milliards de dollars. La part du développement clinique, réalisé par les groupes pharmaceutiques, en interne, est passée de 74 %, en 2010, à 62 %, en 2011. Sur les 36,6 milliards, la pres-tation de service, pour les études cli-niques, a représenté 12,5 milliards de dollars, aux Etats Unis. La croissance de la sous-traitance des essais cli-niques devrait se maintenir grâce à la progression des études cliniques, de phase 3b, réalisées après les lance-ments des nouveaux médicaments, pour répondre aux demandes des au-torités réglementaires, afin de confir-mer les bénéfices, ou les risques, des produits, dans le cadre d’une pratique médicale quotidienne

Par A. Bless, d’après Kalorama Infor-mation et une analyse Pharmactua.

L’anticancéreux Tarceva, de Roche, finalement approuvé, en Europe, comme traitement de première ligne, chez les patients atteint d’un cancer du poumon, ayant une mutation EGFR

L’anticancéreux Tarceva, (erloti-nib) de Roche, approuvé, en Europe, comme traitement de première ligne, chez les patients atteint d’un can-cer du poumon, ayant une mutation EGFR. Déjà approuvé comme trai-

tement de deuxième ligne, après un échec de la chimiothérapie, chez les patients atteints d’un cancer du pou-mon non à petites cellule, Tarceva, du groupe pharmaceutique suisse, vient d’être approuvé comme trai-

tement de première ligne, dans la même indication, chez les patients présentant une mutation EGFR. La mutation EGFR, responsable de la croissance tumorale touche 10 à 30 % des malades, atteints d’un can-cer du poumon. Tarceva rentrera en compétition avec Iressa, du groupe Astra Zeneca, un anticancéreux déjà approuvé dans cette indication. Tar-ceva a dégagé 1,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires, en 2010

Par P. Psota, d’après un communiqué de Roche et une analyse Pharmactua.

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ÉVÈNEMENT

48 Santé-MAG N°07 - Juin 2012

Docteur Nacima Zahani, pédiatre oncologue au CPMC :

«C’est pénible d’affronter la maladie et la douleur des enfants, ainsi que la souffrance des parents»

Santé Mag : Comment prend-on en charge le problème de la douleur, chez l’enfant ?Dr N. Zahani : La douleur est bien connue, par les médecins et bien trai-tée normalement, mais nous nous dé-solons, actuellement, du manque de produits morphiniques, de certains gaz anesthésiques, qui nous permettraient, dans les consultations courantes, de faire notre travail ; c’est-à-dire des gestes qui sont très douloureux, chez l’enfant et qui, justement, serait sou-lagé par ces produits anesthésiques, qui nous aideront, nous les médecins, à accomplir nos tâches, dans de bonnes conditions, sans trop faire souffrir le malade. Mais, ces médicaments peuvent, diffici-lement, être trouvés. Ils ne se vendent pas dans les officines. Il y a des dérivés très simples, mais, lorsqu’il s’agit d’une douleur importante, elle nécessite des

morphiniques. Ces médicaments per-mettent aux enfants de bien vivre leur maladie et aux parents de ne pas les voir souffrir et souffrir eux-mêmes. Il est à noter, aussi, un autre problème très grave, qui est l’éloignement. Par manque d’infrastructures, à l’intérieur du pays, des enfants doivent venir de très loin, pour recevoir des soins, ou récupérer leur médicament, dans les grands hôpitaux d’Alger. Nous recevons des patients de l’Extrême Sud, de l’Est, de l’Ouest et ils font des milliers de ki-lomètres, pour s’approvisionner.

Pourquoi ? Parce que, chez nous, la prescription est hebdomadaire et on ne peut pas les prescrire, par exemple, pour un mois, afin d’éviter tous ces déplacement, aux parents et à leurs enfants.Il faudrait penser à changer cela, car déplacer ces enfants malades n’est pas

une chose facile.Comment vit le médecin, face à la dou-leur de l’enfant, surtout lorsqu’il ne peut pas atténuer celle-ci, par manque de produits ?Vous avez bien fait de poser cette ques-tion car il est vraiment pénible, pour nous, d’affronter la maladie et la dou-leur des enfants, ainsi que la souffrance des parents. On vit un stress perma-nent. Ce stress retentit dans notre vie quotidienne, dans nos familles. Mais, nous sommes, toujours, obligés de nous montrer agréables et stoïques, envers les familles et leurs enfants, face à la douleur….. à la fin de vie. Cette situation pénible retentit dans notre vie privée, car il y a, en permanence, ce spectre de la mort. Voir des enfants perdre les cheveux, maigrir, dépérir… et parfois, même, mourir; ce n’est pas rien. Donc, on aimerait que cela change et nous l’espérons