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del Día 1 Biennale du Cinéma Espagnol 14 e Sabores Phrase du jour : Proverbe : RENCONTRE AVEC JUAN MARTINEZ-MORENO Viernes 19 de Marzo 2010 N° 7 «A la Saint Cyrille, des mètres de bobine ! » « Le tango, je me demande pourquoi ça se danse debout ! » Sacha Guitry, dans Mon père avait raison, 1936. Comment vous est venue l’idée du scénario ? Tout a commencé il y a vingt ans, j’ai commencé à travailler comme stagiaire, garçon de café dans le milieu du cinéma. J’étais cinéphile, fan de films noirs (Claude Chabrol), de romans noirs (Pa- tricia Highsmith) « tout noir ». J’avais déjà l’idée même du scénario mais je ne savais pas comment l’écrire, n’ayant pas de bases techniques. Et il y a huit ans, je suis retombé sur ces notes. L’idée avait mûri, je me suis donc lancé dans la rédaction « del guión ». Pourquoi avoir choisi de traiter le thème du Bien et du Mal ? Parce que c’est la clé dans toutes les tragé- dies, comme en littérature. Censé être un film très catholique, il était inévitable qu’Un buen hombre tourne autour du thème « noir ou blanc » Que vouliez-vous démontrer par ce film? En fait, moi je ne veux que raconter une histoire, je n’avais pas forcément d’intentions ou de vo- lonté particulière. Quelles ont été vos influences? Tous les films que j’ai vus. J’apprends de tout : d’un mauvais film, je retiens ce qu’il ne faut pas faire, et d’un bon film je m’instruis comme ceux d’Alfred Hitchcock, Claude Chabrol et Syd- ney Lumet. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire ce métier? J’aimais beaucoup le cinéma et «je n’étais pas très fort à l’école» (rires). Et surtout c’était mon rêve depuis tout petit et je ne pensais pas que j’y arri- verais un jour! Quelles sont vos attentes quant à la diffusion de votre film sur la Biennale? Je suis déjà très content que ce film soit vu à Annecy, car c’est une première en France. Et si j’arrive à trouver un acheteur français, je serais très touché, car pour moi ce film est plus français qu’espagnol. Que voulez-vous dire en disant que ce film est « plus français qu’espagnol »? Dans les films d’il y a dix ans, la psychologie des personnages, dans les films français, est très déve- loppée (Claude Chabrol). En Espagne, c’est le contraire, on est plus basé sur l’action, sur le film policier que sur le thriller. Votre premier film Dos tipos du- ros était une comédie, pourquoi avoir changé de registre? Comme je l’ai déjà dit je veux raconter une histoire, le registre m’importe peu. D’ailleurs mon prochain film sera fantastique, … dans le genre fantastique. De toutes façons, je suis toujours intéressé par les genres, mais au service du récit, d’un récit qui per- met aux acteurs d’incarner des per- sonnages, avec brio et authenticité. Nous avons remarqué dans plu- sieurs films de la programmation que le thème du secret revient fréquemment. Avez-vous une idée sur la raison de cette pré- dominance dans les films espagnols? Ah, je n’avais pas remarqué, ! Mais il est vrai que l’Espagne a une tradition catholique très ancrée. Elle oblige aux secrets, aux mensonges : « il faut tout cacher sinon tu risques de ne pas aller au paradis ».Dès le plus jeune âge, nous sommes baignés dans cette éducation. Donc j’imagine que cela doit beaucoup marquer la population et, par conséquent, ressortir dans l’inconscient, d’où de nombreux films qui traitent de ce sujet. Sabores del Dia 7.indd 1 19/03/10 12:06

Sabores Del Dia n°7

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Gazette de la 14 ème Biennale du cinéma espagnol d'Annecy 2010.

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del

Día

1

Biennale du Cinéma Espagnol14e

Sabores

Phrase du jour :

Proverbe : RENCONTRE AVEC JUAN MARTINEZ-MORENO

Viernes 19 de Marzo 2010 N° 7

«A la Saint Cyrille, des mètres de bobine ! »

« Le tango, je me demande pourquoi ça se danse debout ! » Sacha Guitry, dans Mon père avait raison, 1936.

Comment vous est venue l’idée du scénario ?

Tout a commencé il y a vingt ans, j’ai commencé à travailler comme stagiaire, garçon de café dans le milieu du cinéma. J’étais cinéphile, fan de films noirs (Claude Chabrol), de romans noirs (Pa-tricia Highsmith) « tout noir ». J’avais déjà l’idée même du scénario mais je ne savais pas comment l’écrire, n’ayant pas de bases techniques. Et il y a huit ans, je suis retombé sur ces notes. L’idée avait mûri, je me suis donc lancé dans la rédaction « del guión ».

Pourquoi avoir choisi de traiter le thème du Bien et du Mal ?

Parce que c’est la clé dans toutes les tragé-dies, comme en littérature. Censé être un film très catholique, il était inévitable qu’Un buen hombre tourne autour du thème « noir ou blanc »

Que vouliez-vous démontrer par ce film?

En fait, moi je ne veux que raconter une histoire, je n’avais pas forcément d’intentions ou de vo-lonté particulière.

Quelles ont été vos influences?

Tous les films que j’ai vus. J’apprends de tout : d’un mauvais film, je retiens ce qu’il ne faut pas faire, et d’un bon film je m’instruis comme ceux d’Alfred Hitchcock, Claude Chabrol et Syd-ney Lumet.

Qu’est-ce qui vous a poussé à faire ce métier?

J’aimais beaucoup le cinéma et «je n’étais pas très fort à l’école» (rires). Et surtout c’était mon rêve depuis tout petit et je ne pensais pas que j’y arri-verais un jour!

Quelles sont vos attentes quant à la diffusion de votre film sur la Biennale?

Je suis déjà très content que ce film soit vu à Annecy, car c’est une première en France. Et si j’arrive à trouver un acheteur français, je serais très touché, car pour moi ce film est plus français qu’espagnol.

Que voulez-vous dire en disant que ce film est « plus français qu’espagnol »?

Dans les films d’il y a dix ans, la psychologie des personnages, dans les films français, est très déve-loppée (Claude Chabrol). En Espagne, c’est le contraire, on est plus basé sur l’action, sur le film policier que sur le thriller.

Votre premier film Dos tipos du-ros était une comédie, pourquoi avoir changé de registre?

Comme je l’ai déjà dit je veux raconter une histoire, le registre m’importe peu. D’ailleurs mon prochain film sera fantastique, … dans le genre fantastique.De toutes façons, je suis toujours intéressé par les genres, mais au service du récit, d’un récit qui per-met aux acteurs d’incarner des per-sonnages, avec brio et authenticité.

Nous avons remarqué dans plu-sieurs films de la programmation

que le thème du secret revient fréquemment. Avez-vous une idée sur la raison de cette pré-dominance dans les films espagnols?

Ah, je n’avais pas remarqué, ! Mais il est vrai que l’Espagne a une tradition catholique très ancrée. Elle oblige aux secrets, aux mensonges : « il faut tout cacher sinon tu risques de ne pas aller au paradis ».Dès le plus jeune âge, nous sommes baignés dans cette éducation. Donc j’imagine que cela doit beaucoup marquer la population et, par conséquent, ressortir dans l’inconscient, d’où de nombreux films qui traitent de ce sujet.

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Coin de tableBoîtacriti k

COORDONNEES DES SALLES & DES LIEUX PARTENAIRES

Bonlieu Scène nationale1, rue Jean Jaurès74 000 AnnecyTel : 04 50 33 44 11 www.bonlieu-annecy.comBus, 5, 6, 7, 8. Arrêt : Bonlieu.

Cinéma Les 4 Nemours22 Rue Sainte Claire74 000 AnnecyTel : 04 50 45 47 88 www.decavision.comBus : lignes 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9, 10. Arrêt Gare.

MJC NovelPlace Annapurna74 000 AnnecyTel : 04 50 09 68 35 www.mjc-novel.orgBus : ligne 5. Terminus Novel.

Cinéma La TurbinePlace ChorusRue de l’Arlequin74960 Cran-Gevrier04 50 46 18 34 www.laturbine-crangevrierBus : ligne 1. Arrêt Chorus.

Auditorium de Seynod27 Avenue Champ Fleuri74603 SeynodTel : 04 50 520 520 www.auditoriumseynod.comBus : ligne 5. Arrêt Seynod St Jean, Polynôme.

ArteppesPlace Rhododendrons74 000 AnnecyTel : 04 50 57 56 55Ligne 4. Arrêt : Plaine-Edelweiss.

Mauvaise nouvelle surtout pour Maryline Canto, la Présidente du Jury officiel. Elle a dû quitter la Biennale à cause de l’aggravation de l’état de santé d’un membre de sa famille.

Elèves de 1ère éco. au lycée Saint-Michel d’Annecy, Corentin, Julien, Florent (avec des béquilles, suite à un excès de vitesse en trot-tinette) ont été invités par Gaby Duperthuy (prof d’histoire) et Isabelle Santo (prof d’es-pagnol) à la conférence d’Evelyn Mesquida sur La Nueve. Intéressés de découvrir une part de l’histoire « oubliée », ils ont surtout été sensibles » au « récit d’une Espagnole, parole

PagafantasCette année le cinéma espa-

gnol a donné une place à la co-médie et au rire. Dans la sélec-tion, encore beaucoup de films dramatiques, tragiques, qui y vont à grand coup de drogues, meurtres, prostitution. Mais au milieu d’une semaine de ré-flexion ardue, hier soir au Ne-mours, le public de la Biennale a pu se détendre.

Le réalisateur Borja Cobea-ga était très convivial lors de

la présentation et, après le débat, l’intervention d’un spectateur a donné à la rencontre une allure de plateau télé ou de thérapie de groupe, La salle comble, avec beaucoup de jeunes, a ri aux éclats devant cette comédie légère racontant l’histoire de Chema qui tombe amoureux de Claudia, jeune argentine sans papiers très exubérante. Le problème, c’est que Claudia, elle, ne voit en Chema qu’un meilleur ami, voire, pire, un frère. Car là est le principe du « pagafantas » : un homme qui n’arrivera jamais à devenir le petit ami, qui sera toujours cantonné au rôle de celui qui paie le verre.

Ce film est une pure fiction qui se donne parfois des airs de documentaire animalier lorsqu’il décrit le « pagafantas » comme un croisement entre le cobra qui lance ses crocs contre sa victime pour l’embrasser ou le koala, très affectueux mais qui n’arrivera jamais à rien, sexuellement parlant, tout comme le lémurien qui reste totalement immobile, les yeux grands ouverts dans la nuit alors qu’une splendide femme dort à ses côtés.

Nous nous attachons sans peine à ce looser bêta au cœur d’un film qui ne se prend pas au sérieux, qui assume son absurdité, et rejette avec jubilation cette ligne du cinéma espagnol qui voudrait toujours plus de réalisme et de discours social.

Le jury jeune que nous avons rencontré au-jourd’hui se compose de cinq adolescents ainsi que celle qu’ils appellent « maman » , Muriel Boget, la secrétaire du jury jeune qui se charge d’encadrer Vanessa, étudiante à l’Imus en deu-xième année d’info com, Lauren et Arnaud, ly-céens au lycée Baudelaire, Margaux du lycée Saint Joseph à Thônes puis pour finir, Clara notre chère camarade de Terminale Littéraire à Fauré.

Ce sont leurs professeurs qui leur ont proposé de participer à cette Biennale du cinéma Espagnol, où ils ont tous répondu présents car ce sont des passionnés du cinéma même si les films et réali-sateurs espagnols sont nouveaux pour eux.

Ils ne se connaissaient pas au départ, mais s’en-tendent tous à merveille. Ils échangent leurs avis et émotions autour d’un café entre deux séances, puisqu’ils visionnent d’un à trois films par jour! Ils sont donc plongés toute la journée dans cet univers au point que certains désirent continuer dans cette voie, comme Arnaud, marqué par le montage apparemment « exceptionnel » du film Garbo, el espia de Edmon Roch.

Ils n’appréhendent pas la cérémonie de clôture, qui se déroulera samedi 20 mars et où ils devront remettre un prix d’honneur, mais sont impatients de remplir leur rôle. Ils sont aussi curieux de découvrir le prix du jury officiel et ainsi voir la différence entre les deux palmarès.

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Boîtacriti kMauvaise nouvelle surtout pour Maryline Canto, la Présidente du Jury officiel. Elle a dû quitter la Biennale à cause de l’aggravation de l’état de santé d’un membre de sa famille.

Elèves de 1ère éco. au lycée Saint-Michel d’Annecy, Corentin, Julien, Florent (avec des béquilles, suite à un excès de vitesse en trot-tinette) ont été invités par Gaby Duperthuy (prof d’histoire) et Isabelle Santo (prof d’es-pagnol) à la conférence d’Evelyn Mesquida sur La Nueve. Intéressés de découvrir une part de l’histoire « oubliée », ils ont surtout été sensibles » au « récit d’une Espagnole, parole

vivante, dite avec le cœur, donnant tout son poids à l’attachement au souvenir du père et à la patrie. » Les trente-quatre élèves de la classe ont d’ailleurs eu du mal à poser des questions, tant ils ont été sous le choc « de paroles et d’images aussi directes ». Quant à la Biennale, ils ont vu Corbades, qu’ils ont jugé très français !

Etrange retour du destin, la conférence qui évoque le parcours des résistants volontaires espagnols (La Nueve), salle Pierre Martin, a lieu dans le bâtiment du Conseil Général (ex-siège du Crédit Agricole) construit sur l’ em-placement de la Villa Mary, où était installé l’intendant de police de Vichy à Annecy.

Contre le mur, à côté de la Petite salle de Bon-lieu, défile en boucle, sous une lumière de salle à manger estivale, une vidéo double de David Bestue et Marc Vives, deux artistes barcelo-nais. Ils sont les invités d’imagepassages, as-sociation spécialisée à Annecy dans l’art vidéo. Il s’agit « d’autres sources d’images en mou-vement pour agrandir le cercle des approches possibles de la création d’aujourd’hui». On n’a pas tout compris. Une petite notice

renvoie au transformisme de Fregoli, à Pro-méthée aussi, mais tout a l’air encore plus compliqué. On n’y a vu que du feu, mais sans vraiment percevoir la naissance de la vie, ni dans une statue d’argile, ni dans la machine suivie dans un travelling appliqué. Nos col-lègues « (art) plasticiens » sont priés de nous éclairer pour de bon.

Aujourd’hui, à partir de 16h, grande orgie de cinéma à la Turbine, à Cran-Gevrier. Trois films en compétition, un buffet à 20h, et sur-tout la présence de Juan Martinez Moreno, Borga Cobeaga et Javier Rebollo, les réalisa-teurs des films projetés, et de l’actrice Carmen Machi (La mujer sin piano).

PagafantasCette année le cinéma espa-

gnol a donné une place à la co-médie et au rire. Dans la sélec-tion, encore beaucoup de films dramatiques, tragiques, qui y vont à grand coup de drogues, meurtres, prostitution. Mais au milieu d’une semaine de ré-flexion ardue, hier soir au Ne-mours, le public de la Biennale a pu se détendre.

Le réalisateur Borja Cobea-ga était très convivial lors de

la présentation et, après le débat, l’intervention d’un spectateur a donné à la rencontre une allure de plateau télé ou de thérapie de groupe, La salle comble, avec beaucoup de jeunes, a ri aux éclats devant cette comédie légère racontant l’histoire de Chema qui tombe amoureux de Claudia, jeune argentine sans papiers très exubérante. Le problème, c’est que Claudia, elle, ne voit en Chema qu’un meilleur ami, voire, pire, un frère. Car là est le principe du « pagafantas » : un homme qui n’arrivera jamais à devenir le petit ami, qui sera toujours cantonné au rôle de celui qui paie le verre.

Ce film est une pure fiction qui se donne parfois des airs de documentaire animalier lorsqu’il décrit le « pagafantas » comme un croisement entre le cobra qui lance ses crocs contre sa victime pour l’embrasser ou le koala, très affectueux mais qui n’arrivera jamais à rien, sexuellement parlant, tout comme le lémurien qui reste totalement immobile, les yeux grands ouverts dans la nuit alors qu’une splendide femme dort à ses côtés.

Nous nous attachons sans peine à ce looser bêta au cœur d’un film qui ne se prend pas au sérieux, qui assume son absurdité, et rejette avec jubilation cette ligne du cinéma espagnol qui voudrait toujours plus de réalisme et de discours social.

EL TRUCO DEL MANCO

Un cri sincère s’élève de ce film, celui de Cuajo qui hurle sa rage.

Dans les banlieues d’une agglomération espagnole, Cuajo ou Quique se bat pour survivre et réaliser son rêve en gagnant sa vie grâce à la musique hip hop. Pour cela il em-barque dans ses combines, son ami Adolfo, un mulâtre qui flirte avec la drogue depuis des années. Mais Quique traîne un lourd handi-cap, celui de sa paralysie partielle. Avec une mise en scène très réaliste, Santiago A. Zan-nou rassemble sous sa caméra les problèmes de la rue, de la drogue, de l’alcoolisme, de

l’illégalité et de la débrouille. Ce film est très prenant pour le spectateur qui ressent une forte empathie pour ces personnages délaissés. Cela est encore accentué par la musique, un mé-

lange de culture rap et hip hop, une illustration du milieu dans lequel ils vivent. Elle permet de montrer leur rage de se faire en-tendre et leur volonté de trouver une place stable dans une société qui les rejette.

La combine du manchot (El truco del manco) est un film sévère et mesuré, qui grâce à Quique, authentique moteur d’énergie, livre un imparable mes-sage d’espoir : « Et ne viens pas me dire que c’est impossible ! »

LA MUJER SIN PIANO

La femme sans piano est in-contestablement un film d’auteur et surtout un film sur l’errance. Ja-vier Rebello nous offre une œuvre

poétique où la beauté visuelle des plans est remarquable. Le style a des airs de Wong Kar Waï tant pour l’esthétisme que pour le sujet du film. Les plans de nuit sont extraordi-naires et ont l’art de mettre en valeur les protagonistes aux multiples visages de la cavale nocturne à laquelle on assiste. Les émotions sont filmées tout en pudeur, on ne peut que les

effleurer fugitivement, jusqu’à ce qu’elles s’évanouissent dans les rues de Madrid. Tout tourne autour d’une seule nuit, où Rosa, per-ruque noire sauvage et rouge à lèvres clin-quant, rencontre un Polonais, pour le moins singulier. Il condamne l’habitude qu’on a en Espagne de jeter un objet abîmé sans essayer de le réparer. Tout comme ces choses, les deux personnages se sentent abandonnés, sont en manque d’amour mais n’ont jamais appris eux-mêmes à en donner. Sans pour autant être maladroits chacun se déguise pour essayer de se réconforter, chacun cherche à connaître un semblant de vérité, chacun cherche à se sauver de sa propre réalité.

À l’image de ces personnages attachants, car troublants et terriblement vrais, qui passent à côté de leur vie, le spectateur est confronté aux hors champ déroutants pour l’œil et la conscience qui jalonnent constamment le film. Mais il suffit juste de savoir regarder à côté pour en fin de compte lire entre les lignes et s’apercevoir que la femme sans piano est une œuvre troublante voire furieusement géniale. Un voyage long, très long, évanescent qui laisse forcément songeur…

Le jury jeune que nous avons rencontré au-jourd’hui se compose de cinq adolescents ainsi que celle qu’ils appellent « maman » , Muriel Boget, la secrétaire du jury jeune qui se charge d’encadrer Vanessa, étudiante à l’Imus en deu-xième année d’info com, Lauren et Arnaud, ly-céens au lycée Baudelaire, Margaux du lycée Saint Joseph à Thônes puis pour finir, Clara notre chère camarade de Terminale Littéraire à Fauré.

Ce sont leurs professeurs qui leur ont proposé de participer à cette Biennale du cinéma Espagnol, où ils ont tous répondu présents car ce sont des passionnés du cinéma même si les films et réali-sateurs espagnols sont nouveaux pour eux.

Ils ne se connaissaient pas au départ, mais s’en-tendent tous à merveille. Ils échangent leurs avis et émotions autour d’un café entre deux séances, puisqu’ils visionnent d’un à trois films par jour! Ils sont donc plongés toute la journée dans cet univers au point que certains désirent continuer dans cette voie, comme Arnaud, marqué par le montage apparemment « exceptionnel » du film Garbo, el espia de Edmon Roch.

Ils n’appréhendent pas la cérémonie de clôture, qui se déroulera samedi 20 mars et où ils devront remettre un prix d’honneur, mais sont impatients de remplir leur rôle. Ils sont aussi curieux de découvrir le prix du jury officiel et ainsi voir la différence entre les deux palmarès.

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Lexique

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PortraitChinoisCinéExpress Tapis Rouge

BSN Petite Salle16h30 : C’est ici que je vis 

de Marc Recha18h30 : El truco del manco

de Santiago A .Zannou21h : Tres dies amb la familia

de Mar Coll

Les 4 Nemours14h : Familystrip

de Luis Miñarro16h45 : Les dues vides d’Andres Rabadande Ventura Durall

19h : Garbo : El espia de Edmon Roch21h30 : Rec 2

de Jaume Balaguero & Paco Plaza

La Turbine16h : Un buen hombre de Juan Martinez Moreno18h30 : Pagafantasde Baorja Cobeaga

21h : La mujer sin pianode Javier Rebollo

MJC Novel16h : La buena nueva 

de Helena Taberna18h30 : Rec de Jaume Balaguero

& Paco Plaza20h45 : La mujer del anarquis-ta de Marie Noëlle & Peter Sehr

Auditorium de Seynod16h : Ramirez de Albert Arizza

18h30 : El somni de Christophe Farnarier

20h30 : Duende y misterio del flamenco de Edgar Neville

L’équipe de SaboreS deL día : Maquette : Jules GARREAU rédaction : Terminales « Cinéma Audio-visuel » du lycée Gabriel Fauré, à Annecy : Yuna DE MEO, Fanny DUPERIER, Laurine DUSSOLIET-BERTHOD, Audrey GALLACIO, Johanna GONZALEZ, Orianne JACQUIER, Amélie LASSALLE-RAMBES, Clara LAVIGNE, Chloé MIGNON, Elodie MUFFAT-MERIDOL,

Adélie NEGRE, Laura PARCHET, Mathilde RASTELLO, Manon REYNAUD, Camille SAYOUS, Laurie-Anne THEVENOT, Mélanie VINCETTE, Manon VIGLINO, Elise LUCIANI. profeSSeurS : emmanuel DELESSERT, Caroline DU CREST, Perrine LAMY-QUIQUE.

Lycée Gabriel Fauré

Quoi faire ?

La rencontre : El encuentroS’amouracher : Enamorarse / EncapricharseEtre amoureux : Estar enamorado/aLe baiser : El besoLe couple : La parejaLe mariage : El matrimonioLa noce : La boda / El casamientoLes habitudes : Las costumbresLe quotidien : El diario / El cotidianoLa séparation : La separaciónLe divorce : El divorcio

Ventura Durall

Réalisateur de Les dues vides

d’Andrés Raba-dán

Un baiser de cinéma : celui de Brief EncounterUn héros de film d’animation : AsterixQuelqu’un : Pep GuardiolaUn artiste espagnol : Albert PlaUn fruit : la mandarineUn bruit : la mer qui s’écrase sur les rochersUne scène d’horreur : celle du clitoris dans AntéchristUn coin d’Espagne : la Costa BravaUn genre cinématographique : le docu-mentaireUn dicton : si altos son los muros, el valor es alto.Un sentiment : le calmeUn mot : elleUne partie du corps : le foieUn des cinq éléments : le feuUn plat espagnol : suquet de peix (le beignet de poisson)Une danse : la sambaUn animal : l’anguilleUne actrice de cinéma : Emmanuelle Béart

Interview de Marie Noëlle

Marie Noëlle vit à Münich et à Paris. Son compagnon, Peter Sehr, est aussi son partenaire en tant que réalisa-teur des scenarii qu’elle produit. Elle a aussi écrit des livres, sous divers pseudonymes. Son vrai nom apparaît pour la première fois avec le film La Mujer del anar-chista, qui est une œuvre autobiographique : « Avec ce film, j’ai retrouvé mes racines espagnoles ». Sur fond de guerre d’Espagne, elle raconte l’histoire de ses grands parents maternels : un grand-père, avocat républicain anarchiste qui quitte le foyer en 1937 pour rejoindre la Résistance d’abord, puis s’exile en France en 1939. Une grand’mère, vivant seule dans Madrid assiégée et dont la force mentale a fasciné la réalisatrice. Cette femme a passé toute sa vie à attendre et espérer le retour de son mari. Marie Noëlle n’a pas voulu faire un film sur la guerre, mais raconter cette incroyable histoire personnelle. Bien entendu, à partir d’un fait autobiographique, le but du film est de « découvrir une vérité parce que, dans les familles, on ne parlait pas ». Dire aussi les interférences entre l’histoire de la Résistance en France et en Espagne après 1939 fait partie de cette vérité.Le film est sorti en 2008 en Espagne avec une large dif-fusion auprès des jeunes. A ce jour il n’est pas distribué en France.

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