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    Symptomatologie des morsures d'ophidiens d'aprs le papyrus

    Brooklyn nos

    47.218.48 et 85 : aspects pistmologiques d'un texte

    gyptien ancien recopi au IVesicle avant notre re

    Author(s): Sydney H. Aufrre

    Source: Anthropozoologica, 47(1):223-261. 2012.

    Published By: Musum national d'Histoire naturelle, Paris

    DOI: http://dx.doi.org/10.5252/az2012n1a6

    URL: http://www.bioone.org/doi/full/10.5252/az2012n1a6

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    Symptomatologie des morsures dophidiensdaprs le papyrus Brooklyn nos47.218.48 et 85 :aspects pistmologiques dun texte gyptien ancienrecopi au IVesicle avant notre re

    Sydney H. AUFRRECNRS, Centre Paul-Albert Fvrier, MMSH, Universit de Provence

    [email protected]

    ANTHROPOZOOLOGICA 2012 47.1. Publications Scientiques du Musum national dHistoire naturelle, Paris.

    Aufrre S.H. 2012. Smptomatologie des morsures dophidiens daprs le paprus Brook-lyn nos47.218.48 et 85 : aspects pistmologiques dun texte gptien ancien recopi au IVesicle avant notre re.Anthropozoologica 47.1 : 223-261.

    Cet article reconsidre le contenu du Paprus ophiologique de Brookln, dit par Serge Sau -neron (1989), document exceptionnel qui contient deux traits. Le premier, *(rait intitul)symptomatologie des morsures(Wp.t-dm.t), consiste en un catalogue de trente-huit reptiles (lecamlon compris) dont les morsures sont soit considres comme mortelles, soit dange -reuses, soit sans consquences. Les notices incluent une description et une analse des mor -sures. Le second est intitul Recueil pour aire que les hommes extraient le venin de tout serpentmle, de tout serpent emelle, de tout scorpion, de tout animal j(n)t et de tout reptile, qui est ladisposition du dompteur-de-Selkis, et qui sert aussi carter tous les reptiles et sceller leur gueule. Ilsagit dun ensemble de prescriptions pour soigner les morsures non ltales. Lauteur sinterrogesur la date laquelle ce document (IVesicle av. J.-C.) a t copi, sur la personnalit de sonrdacteur et sur le milieu sacerdotal dans lequel il a pu merger. Il insiste sur le premier trait(traduction complte), mais en mettant ce dernier en regard du second au moen de plusieurstableaux an de donner un aperu objectif des connaissances ophiologiques de lgpte an-cienne et de la faon dont les soins pouvaient tre administrs aux morsures. Larticle ouvre surdes perspectives iatromagiques et mthologiques, qui montrent que lon supposait lexistencedun lien spcique entre lgpte et le monde des Ophidiens dans lAntiquit.

    ABSTRACTSymptomatology o Ophidian bites according to Brooklyn Papyrus no. 47.218.4885: epistemo-logical aspects o an ancient Egyptian text copied out at IVthcentury B.C.Eis paper reconsiders the content of the ophiological Paprus Brookln Museum no47.218.48 and 85, edited b Serge Sauneron (1989), a remarkable document containingtwo treatises. e rst one *(reatise entitled) symptomatology o snakes bites consists

    of a catalogue of thirt-eight reptiles (including the Chameleon) whose bites are consideredeither as lethal, dangerous or having no consequences. e items include both a descriptionand an analysis of bites. Te second one is entitled Collection or making men extract venomo any male or emale snake, o any scorpion, o any animal j(n)t and any reptile, which isat the exorcist-o-Selkis disposal, and which is used to expel any reptile as well as to seal theirmouth. It consists of a group of prescriptions for treating non lethal bites. Moreover theauthor wonders about when this document has been copied (IVthCentur B.C.), the per-sonalit of its writer and the priestl background within which it was created. He speciallputs the emphasis on the rst treatise (complete translation), et with regard to the secondtreatise b means of several tables so as to give an objective general surve concerningancient Egptian ophiological knowledge and how treatments were applied to snakes bites.e paper opens iatromagical and mthological perspectives showing that a specic linkbetween Egpt and the Ophidian world was supposed to exist in Antiquit.

    MOTS CLScamlon

    gptepistmologie

    iatromagiemagie

    morsurespaprus ophiologiquede Brookln

    Sauneron (Serge)smptomatologie

    veninsmthologie gptienne

    KEY WORDSChameleon

    EgptEpistemolog

    IatromagicMagic

    BitesBrookln Ophiological Paprus

    Sauneron (Serge)Smptomatolog

    VenomsEgptian Mtholog

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    Aufrre S.H.

    Sans laimable sollicitation de Sbastien Barbaraet de Jean Trinquier, organisateurs de la journeOphiakadu 7 fvrier 2010 au Museum nationaldHistoire naturelle (sminaire de Franois Po-plin, Laboratoire Archozoologie, archobota-nique : socits, pratiques et environnements,UMR 7209 du CNRS) et lcole normalesuprieure, il est peu prs certain que le travaildont il est question dans cette communicationnaurait jamais vu le jour. Les raisons en sontsimples. Au vu de limportance du Paprus deBrookln nos47.218.48 et 851, il tait importantde revoir sous un angle critique la remarquable

    dition, quoique posthume, de Serge Saune-ron ( 1976), parue en 1989 sur les presses delInstitut franais dArchologie orientale duCaire2, tche rendue encore plus ardue du faitde lexistence dune tude postrieure de Chris-tian Leitz, parue moins de dix annes plus tard, Stuttgart (1997)3.

    Les dicults surmonter ont t grandes,non seulement du fait de la qualit des auteursqui staient attels successivement ltude dece paprus mais aussi de la complexit inh-

    rente au sujet, car en sattaquant un tel texte,ce nest pas tant une aaire didentication

    1. Pour dsigner ce document, on utilisera labrviation pBrookln.

    2. Sauneron (1989). Il convient dinsister sur le fait que lemanuscrit sur lequel repose cette dition restait inachev (voir laPrface de Paule Posener-Kriger, p. ), lauteur tant dcdprmaturment. Mais il ne fait gure de doute que ce dernier nelaurait pas publi sous cette forme, car des pistes restaient encoreouvertes. Bien que cela ne gure nulle part, lindex a t ralis parMme Paule Posener-Kriger, alors directeur de lInstitut franais.Ce mest ici un plaisir de remercier Jocelne Berlandini-Keller,qui non seulement ma clair sur ltat du manuscrit de SergeSauneron sa mort, mais avec qui jai partag la joie dchangesfructueux. Je nai pas eu la possibilit de proter de lditionrcente de Brix (2011), qui est parue au moment de la prparationdes preuves de cet article, ni de voir le manuscrit de la thseconserv la Bibliothque du Musum dHistoire naturelle(Brix [2001]) dont Sbastien Barbara, que je remercie vivement,mavait signal lexistence. Il conviendra de voir, sur les serpentstudis dans cet article, les notices ophiologiques fournies par cetouvrage dont je nai pu avoir jusqu prsent quun vague aperu.Voir aussi, pour mmoire, Brix (2004 : 54-56).Le pBrookln a faitlobjet de commentaires dans Menard et al.(1999) ; Sabek (2003).

    3. Leitz (1997).

    dophionmes quune question dpistm sa-cerdotale gptienne que lon repose. Cet exa-men nouveaux frais a conduit llaborationde ce qui est devenu un livre4, augment duntravail sur les momies de serpents d lamitidAlain Charron (muse dArles)5, qui a bienvoulu accepter dtre partie prenante dans ceprojet. Cependant, le texte que lon proposeici, partir dun crit copi il prs de 2400ans, ne se veut pas seulement un condens decet ouvrage mais une prsentation des dicul-ts lies un texte compos dans lAntiquitse rapportant une question dHistoire Natu-

    relle. Il sagit donc avant tout dune enqutepistmologique, dont le contexte dans lequelil a t labor sera clair au moen de cer-tains matriaux dtachs, chemin faisant, dulivre en question.

    LES TRAITS, LAUTEUR ET LEMILIEU SACERDOAL

    Le Paprus de Brookln nos

    47.218.48 et 85,appartient un lot de paprus achets parCharles Edwin Wilbour (1833-1891)6. Il estform de textes dont les datations stalent entrelpoque libenne (XXIIeet XXIIIednasties) etla domination macdonienne. Lintrt de ce lotvient de ce que son contenu concerne des textesmdicaux et magiques aussi bien que des textesde mthologie rgionale comme le Paprusdu Delta, qui date des premires annes durgne de Psammtique Ier7. Publiant le Paprus

    magique illustr de Brookln (n 47.218.156),qui faisait partie du mme lot, Serge Sauneronncrivait-il pas :

    4. Pour ne pas surcharger le prsent texte de notes, on renverra, andidentier les passages, aux numros de paragraphes de lditeur,ce qui signie quil conviendra de se reporter aux commentaires dece dernier. Lessentiel des rfrences et le dtail des dmonstrationsgurera, en revanche, dans Aufrre ( paratre - a).

    5. Charron ( paratre).

    6. Dawson & Uphill (1995 : 440-441).

    7. Meeks (2006).

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    Smptomatologie des morsures dophidiens daprs le paprus Brookln nos47.218.48 et 85

    La plus grande part de ces documents concernela mdecine : mdecine pure, avec des diagnosticsdune rigueur qui rappelle celle du Paprus Edwin

    Smith, mdecine mle de rcitations magiques, oumagie pure8.

    Son contenu permet de sinterroger sur lanature du possesseur de ces documents et lemilieu dans lequel ils ont t labors. Cetensemble de textes est li, tant par les nomsdes divinits mentionnes que par la spcicitde certains chapitres9, la rgion dHliopolis,qui se situe au nord-est du Caire. Cest proba-blement dans une localit de cette rgion que

    se trouvait runi cet ensemble, appartenantsinon la Maison de Vie dun grand templecomme celui dHliopolis, du moins la bi-bliothque dun ritualiste la fois mdecin etmagicien, encore que cette distinction naitpas lieu dtre dans lgpte ancienne tant cescatgories peuvent se confondre dans lespritdes anciens gptiens. Pour aller lessentiel,on serait tent demploer un mot-valise pourdsigner un tel personnage qui serait un m-dicien, mot forg partir des trois premires

    lettres de mdecin et des cinq dernires de magicien . Sil sagissait de brosser le por-trait du propritaire dun tel lot, lequel devaitse trouver conserv hermtiquement dans une

    jarre pour le protger des rongeurs, ainsi quonle faisait habituellement10, on dirait, au vu ducontenu, que celui-l appartenait un milieude ritualistes (rjb)et de mdiciens, exerantleur activit au sein dune structure situe dansun espace sacr o lon dispensait des soins,structures qui volueront vraisemblablement

    vers le sanatorium, dont lun celui de Den-dara (Tentris) est identi comme tel parun texte11. Sans doute ce personnage ou le

    8. Sauneron (1970).

    9. Ce caractre hliopolite est trs fortement marqu, notammentdans le Paprus Brookln n 47.218.50, un document postrieur la XXIIednastie, qui est le rituel publi par Goon (1972).

    10. Cette habitude est atteste par le roman de Setn II ainsi quela fameuse jarre de Deir el-Mdna, voir Koenig (1981 : 41-43).

    11. On a nomm a posteriori sanatoriumdes espaces o les maladesrecevaient des bains dans des cuves remplies deau sacre. Voir

    groupe dont il faisait partie collectionnait-illes livres relevant de sa partie. Si lon en croitles dirents traits et rituels conservs dansson fonds, certains indices porteraient croireque le milieu dans lequel il voluait avait uneconnaissance approfondie de la nature, condi-tion sine qua non pour tre un magicien dontla culture sancre la fois dans la connaissancedu biotope et dans celle des textes mdico-ma-giques, mthologiques et religieux12.

    En outre, on croit deviner en arrire-plan lapossibilit de transferts contemporains deconnaissances vers la Grce et Sauneron nhsi-

    tait pas voir dans certains de ces documentsdes textes qui auraient pu tre copis par desscribes contemporains du voage de Platon(428-346) en gpte13. Cette hpothse estinvriable, mais elle invite rchir auxliens ventuels entre lophiologie gptienneet le de ophraste(372-288), opuscule dont Priscien le Ldiena fourni un abrg14. Ds lors quon tentedouvrir le dossier des connaissances gp-tiennes ltrant vers le monde grec dans cedomaine particulier, on voit quil a loin de lacoupe aux lvres. Le dossier parat se refermerpresquaussitt, moins denvisager dautressolutions, qui impliqueraient moins formelle-ment les textes en eux-mmes et plus une tra-dition orale.

    Venons-en laspect technique. Le rouleauconstituant le document a t scind, sur sahauteur, en deux parties qui forment les pBroo-kln 47.218.48 (partie suprieure) et 47.218.85

    (partie infrieure). Les fragments suprieur etinfrieur atteignent respectivement 1,47 et 1,57mtre de large. Les deux fragments sajustent

    Daumas (1957 : 35-57). Pour le texte magique du sanatorium deDendara, voir ibid. : 42-46.

    12. Aufrre (2007a). lpoque tardive, ces connaissances diversesconstituent un vritable amalgame, que lon retrouve notammentdans des paprus magiques dmotiques comme celui de Londres etde Lede. Voir en particulier Aufrre (2007a : 253-308).

    13. Sauneron (1970 : IX).

    14. Zucker (2008).

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    mais le document est acphale, puisquilmanque la moiti suprieure de la page 1, cequi a provoqu dimportantes lacunes sur lepremier des deux traits du document ainsirecompos. Le second trait est incomplet, ilne reste plus que la moiti de la page 6 , desorte quil nest pas possible de juger de lint-gralit de son contenu.

    Quant la datation du paprus, la palogra-phie montre quil aurait t crit soit la nde la XXXe dnastie ou au dbut de lpoquemacdonienne pour donner une large four-chette de datation, soit, en rduisant celle-ci,

    sous le rgne de Nectanbo II (360-343). Unedatation exacte est importante, ne serait-ceque pour ancrer dans le temps cette pistmophiologique gptienne.A priori,notre docu-ment a de trs grandes chances de dater du IVesicle avant notre re et un faisceau dlmentsnon ngligeables nous ramne la n de la

    XXXedynastie.

    Le contenu du pBrookln est du plus haut in-trt, paradoxalement moins pour la connais-

    sance des serpents gptiens en eux-mmesdont nous verrons quil est dicile de les iden-tier avec certitude quen ce quil est un reetde la technmise en uvre par les spcialistes envue de les reconnatre, mettre un pronostic etsoigner leurs morsures, sous rserve que cela ftpossible selon leurs propres critres.Il se compose de deux traits dont on a russi restituer les titres. Le premier est une liste detrente-huit notices dcrivant ce que le titre gp-tien nomme a priorides serpents (f)15. Ilnen reste plus actuellement que vingt-cinq carles treize premires sont fragmentaires du fait dela disparition de la moiti suprieure de la pre-mire page. Le titre exact de ce premier trait, , Wp.t-dm.t , enchss dans lercapitulatif aprs la trente-huitime notice d-crivant le camlon (kr)16, a t reconnu par

    15. La police utilise pour les hiroglphes programme Jsesh est de Serge Rosmorduc.

    16. Sur le camlon, voir Keimer (1936-1937).

    Bernadette Letellier17. Il doit tre compris litt-ralement (rait intitul) examen de la morsure.Mais compte tenu de lexamen du contenu, on aavantage, en recourant des termes de toxicolo-gie, le traduire : (rait intitul) symptomatologiedes morsures. Le premier trait (c.inra), linstardu second, devait donc dbuter ainsi : Com-mencement du (rait intitul) symptomatologiedes morsures (tj m Wp.tdm.t).

    Ds lors, il faut noter le paradoxe suivant. Alorsque la dernire ligne indique un total de 38 serpents , la dernire notice ( 38) voqueavec certitude le camlon, ce qui semblerait

    indiquer que cet animal est compris parmi lesanimaux rpondant au nom de falorsque tout porterait croire que ce dernier terme,sil tait apparu dans un autre contexte, repr-sente le sous-ordre des Serpentes (c. inra). Cedtail, qui montre que le camlon est assimil un serpent, incite la vigilance et ncessiteune attitude particulire propos de ce pap-rus, qui prend tout son intrt ds lors quonparvient cerner et le statut de ce texte et la

    nature du milieu socio-professionnel auquelson contenu sadresse, car ce nest pas un simpledocument naturaliste mais le condens dunvritable savoir au sens gptien du terme dansun domaine dont nous savions peu de chose

    jusqu son dition en 1989.

    Le titre du second trait crit en rubrique donneun clairage sur ce milieu socio-professionnel(voir ci-dessous).

    Ce titre livre les noms des animaux inigeant

    morsures et piqres, commencer par desserpents mles et femelles les sexes ont uneimportance, semble-t-il, dans les soins18 ,mais aussi les scorpions et une autre espcedarachnide (lanimalj(n)t) qui pourrait tre lesolifuge (arachnide de grande taille)19, mais les

    17. Letellier (1991 : 260-261).

    18. Certains soins spciques sont prconiss pour des serpentsmles ( 81) et dautres pour des serpents femelles ( 27, 39, 42a,42b, 43b, 44a, 99b).

    19. On renverra Savignin Klber (1812 : pl. 8, nos7-9).

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    Smptomatologie des morsures dophidiens daprs le paprus Brookln nos47.218.48 et 85

    soins se rapportant aux morsures de ces derniersont disparu avec la perte de la n du paprus.Ils ne sont pas mentionns non plus dans lepremier trait, qui ne porte que sur les serpents. Mme si on constate quil a bien des liensentre les deux traits, ne serait-ce quen raisonde la prsence de noms de serpents communs,il a une disparit entre eux du fait du contenurespectif ach par leurs titres : le premier ob-serve des morsures de serpents et de camlonset le second des serpents, des scorpions et dessolifuges (?).

    Il se trouve que ce titre entre en rsonanceavec celui dun autre ouvrage mentionn in-cidemment au 44a du second trait :

    Le livre en question renvoie au titre dun autreouvrage dans lequel un certain Ouahibr apuis les textes magiques de la statue de Djed-hor-le-Sauveur20, qui a probablement vcu sousle rgne de Nectanbo II (360-343) et auraitni sa vie sous le rgne de Philippe Arrhide(323-317)21:

    20. Jelinkova-Remond (1956).

    21. Ibid.: 65, lignes 132-133.

    Une chose est certaine. Dans le cas du titredu second trait, dans lextrait mentionn du 44a et dans le titre de livre mentionn parOuahibr, il est question dun mme ouvragede rfrence reproduisant les mmes mots queceux dune formule consacre, complte par

    celle-ci o, dans sa biographie, Djedhor-le-Sau-veur dit quil a fait du bien tout homme, tout habitant du nome Athribite ainsi qu toutvoageur, pour les sauver du venin de tout ser-pent mle, tout serpent femelle, tout reptile 22.Il revenait au dompteur-de-Selkis23, ainsi quelenseigne la formule, de ranimer tous les tres

    22. Ibid.: 122 ; 124.

    23. Sur les dompteurs-de-Selkis, je renvoie lincontournableouvrage de von Knel (1984).

    Commencement du Recueil pour aire que les hommes extraient le venin de toutserpent mle, de tout serpent emelle, de tout scorpion, de tout animalj(n)tet de toutreptile, qui est la disposition du dompteur-de-Selkis, et qui sert aussi carter tous lesreptiles et sceller leur gueule (tjm d n jrj rm d mtw.t n f nb f.t nb.t w.t

    j(n)t nb df.t nb m rp Srq.t nr df.t nb tm rsn).

    Extrait du Livre (intitul) le manuel du spcialisteconsistant en ce que ait le dompteur-de-Selkis(jnr p

    jrj m m jr.t n rp Srq.t).

    Extrait du Livre sacr consistant en tous les travauxdu dompteur-de-Selkis(jnr b.wR m k.t nb n rpSrq.t) destin ranimer tous les tres humains, tousles animaux, les sauver des eets du venin de toutserpent mle, tout serpent femelle, tout reptile etde faire ce quaime le cur du seigneur des dieux(rs n rm nb wt nb jmsn nmsn m mtw.t n.tf nb f.t nb.t df.t nb r jr mr jb n p nb nr.w).

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    humains, tous les animaux, de les sauver deseets du venin de tout serpent mle, tout ser-pent femelle, tout reptile et mme, si lon encroit certains aspects de la biographie de ce per-sonnage, en qui on peut reconnatre un trehors du commun , de soigner des morsures oudes piqres danimaux venimeux dans lau-del.Cest l, en quelque sorte, le prol dun domp-teur-de-Selkis. Attach un temple, il soignaitles hommes (voageurs compris) et les btes vic-times de morsures ou de piqres et entendaitmme protger les premiers au-del de la mort.Mais il lui revenait de purger les maisons et les

    jardins des serpents et des insectes venimeux, enrcitant des formules spciques24. Pour rsu-mer, cest certainement un mdecin, exerantla fonction de dompteur-de-Selkis, ce qui signi-e galement un magicien, quappartenait untel document.Quel est le contenu du premier trait ?

    PREMIER TRAIT : LE LIVRE

    INIUL SYMPOMAOLOGIEDES PLAIES

    Les restes du premier trait rpondant ce titrese prsentent ainsi :

    1) Les notices 1 13, trs lacunaires, sont com-pltes par des lments emprunts au premieret au second traits.2) Les notices 14 38 (compltes ou peu lacu-naires).

    Dans la traduction de ce qui reste des trente-huit notices ophiologiques, on est sstma-tiquement revenu la ligne pour sparer lessquences an de mettre en vidence la des-cription des serpents, celle de leurs morsures etles chances den rchapper ou non ainsi que lesforces divines qui leur sont associes. Les partiessoulignes correspondent aux termes crits enrubrique.

    24. Ibid.: 197 (pBrookln 47.218.138).

    N

    [ 1-13] Notices disparues. Dans la premire

    planche de louvrage sont fournis les dix frag-ments non jointifs du dbut de la partie des-criptive. Ils sont numrots de aj. Ils ne fontni lobjet dune traduction ni dun commen-taire mais Serge Sauneron les a abords dansson introduction25. Ils donnent malgr tout uncertain nombre de renseignements car lditeuren a donn la translittration, en prenant soinde souligner tous les textes qui constituent lestitres de notices, de sorte que nous pouvonsavoir une ide assezprcisedu contenu de cettepremire demi-page arme lauteur. Voici lesfragments (les textes rubriqus sont soulignsdans les 1 et 2) :

    Fragment a : [] nombreux [] / [][]

    Fragment b: [] sur [] / ses [] sont noir(e)s[] / [] trs noir comme []

    Fragment c : [] bouche, [sa] dent [] / [].[Qu]ant au [S] M[-] / [] sa

    [tte] est haute [].Fragment d : [ cest un serpent] noir26, le son[quil met ressemble ] / ses [] ; [ses] eux sontrouges [] / sa face est [] dans []

    Fragment e : [] il fait tous les S B[] / [] il [] relve (du genre) du SN (variante : le S S) [] / []premier jour [] / [] / jour de la naissance []

    Fragment: [] ses [] / [] voir [] / [cest]un grand ser[pent] [] / [ce dernier meurt] sur le

    champ [].Quant la

    V [] / cest [] quiest en elle [] / []

    Fragmentg: [] / cest []. / Quant []

    Fragment h: [] un serpent [] / [] il mourra[]

    Fragment i: [] dans [] / [Quant au S],il ressemble []

    25. Sauneron (1989 : X-XI).

    26. Devant le dterminatif du serpent, on voit la queue du signe(la vipre), ce qui signie quil faut bien liref serpent .

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    Smptomatologie des morsures dophidiens daprs le paprus Brookln nos47.218.48 et 85

    Fragment j : [Quant au] [] [], soncorps est [] / [] / [].

    Deux fragments (et i) peut-tre quatre (c,g) contiennent le dbut dune notice, quise signale par lincipit : quant (c.inra), quiannonce un ophionme. Parmi ces notices r-duites ltat de fragments devaient se trouvercelles qui correspondent aux noms suivants etqui sont mentionns dans les notices du pre-mier et du second traits (on livrera la suite lesdonnes qui les concernent) :

    T . Il appartient au mme groupequun serpent non identi et le serpent K-- ( ). On sait soigner sa morsure ( 57).

    S M-. Il parat mentionndans le titre du Fragment c. il est signal plusieursreprises ailleurs ( 20, 35, 48a, 80b).

    S K-. Il appartient au mmegroupe quun serpent non identi et que le T- N ( 14).

    S R. Sa couleur est identique celle dela V ( 22).

    S S. Un remde pour chasser levenin de tout S S est connu ( 46 a).On sait aussi comment remdier une morsure dece mme serpent de mme que pour le SM ( 50a).

    S S S ( ). Cest un ser-pent rouge comme le S S.

    S S H ( 21). Tout lieuo il se trouve avec le S N est ver-doyant.

    S D. Il prsente des bandes colorestraversant son dos jusque sur sa queue comme unserpent non identi ( 37).

    S M. On sait quel remde est appliqusur une morsure de cette espce de mme que cellecause par le S S ( 50a).

    S H. Un remde est prconis poursoigner sa blessure ( 54 a).

    S G. Surnom du S H-B. On connat un remde pour soigner sa bles-sure ( 49a).

    G V. Le remde pour soigner sa bles-sure est attest ( 65 a). Il a de grandes chances quela G V corresponde au vestige Quant la V [] (jr f[]) du fragment.

    Cependant, plusieurs de ces noms peuvent aussicorrespondre aux ophionmes non identisdans la liste tablie ci-dessous et qui se rap-portent aux 14, 34, 3727.

    N

    Serpent non identifi 14. (p. 7-9). [Quant au S], sa cou-

    leur est identique celle du [].Sil mord un tre humain (litt. un homme),ce dernier est prostr, la plaie gone et uneecchmose (se produit).On peut sauver de lui jusquau quatorzime

    jour laide de mdicaments.Il fait partie de la famille des S K-(knj).(Si) on lui (= le patient envenim) appliquela technique (mdicale en usage), il (sur)vivra.

    Grand serpent dApophis (p. 148-149) 15 (p. 9, 178). [Quant] au G A (f n pp), il est entirementrouge et son ventre est blanc.Quatre crochets (litt. dents) sont dans sabouche.Sil mord un tre humain, ce dernier meurtsur le champ.

    Serpent Gany

    16 (p. 10, 150). Quant au S G,il est entirement noir [comme tremp dansde]28lencre, et son ventre est [].[Sa tte est] petite et son museau est large.

    27. Sauneron (1989 : X-XI). Lauteur crit (ibid. : XI) : Nouspouvons donc restituer de faon relativement sre neuf des quatorzenoms qui manquent au dbut de notre liste. La part inconnue serduit maintenant cinq noms, sur trente-huit que devait contenircette liste.

    28. Proposition conjecturale qui pourrait convenir la lacune de3 cadrats.

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    230 ANTHROPOZOOLOGICA 2012 47. 1.

    Aufrre S.H.

    Sil mord un tre humain, ce dernier meurtsur le champ.Sa morsure est comme celle du SA.Il prsente une affinit avec Sobek.En aucun cas, on ne pratiquera pour lui unenchantement.

    Serpent Ikher 17 (p. 11-12, 150). Quant au SI, il est (de couleur) sombre [commelbn]e du dieu.Il est long [de x coudes].

    Il vient vers lhomme quand il laperoit.Sil mord un tre humain, ce dernier meurtsur le champ.Il prsente une affinit avec R.

    (Mais) lorsque le serpent (litt. il) est engourdiau point (dtre dans) un tat de lthargie, onpeut sauver de lui jusquau troisime jour.Son venin (est laiss aux eets) de la magie.Il prsente une affinit avec Kherybaqe.

    Serpent Ka-en-m 18 (p. 13-14, 150-151). Quant au SK-- (knm), il est identique (en cequi concerne la couleur) une caille.Sa tte est grande, son cou est troit, sa queueest comme celle dune souris.Lorice de sa morsure est comme un petit raisin sec.On peut sauver de lui si trois jours scoulentl-dessus : il sera vreux (pendant) neuf jours.Ne sois pas ngligent son sujet.Il prsente une affinit avec Sobek (variante :

    avec Neith).La femelle, sa longueur est dune coude etune palme.

    Serpent Djou-Qed 19 (p. 14, 151). Quant au S D-(wqd), (cest) un petit serpent (qui) estcomme un lzard.Lorice de sa morsure est en et dur.Il (= le patient envenim) mourra trs rapidement.Tiens-toi grande distance de lui !

    Serpent Sedeb 20 (p. 14-15, 151-152). Quant au S

    S ( 48a), il est rouge trs exactementcomme le S S de Seth.Sa face est petite, son cou est troit, ses euxsont comme (la couleur de) lorpiment.Le patient envenim de son fait est prostr,son visage est en sueur.La morsure quil inige est gone et suintante.Tu peux le sauver, car cest un serpent quiappartient lespce des S M-.

    Serpent Nebed 21 (p. 15-16, 152). Quant au S N-, sa longueur (est) dune coude et demie.Ses ancs et son dos sont verts, son ventre estclair.Sa taille est comme celle du S K--

    (c. 14).On nen meurt pas.Il prsente une affinit avec Hathor.Tout lieu o il se trouve avec le SS Hest verdoyant.Tu peux le sauver.On ne pratiquera pas pour lui un enchantement.

    Vipre asiatique 22 (p. 16-17, 151-152). Quant la V

    (c. 51a), elle est comme le petitdu S H .Elle est petite [et grle].Sa couleur est comme (celle du) S R.La vre (durera) sept jours.

    Il (sur)vivra.Il prsente une affinit avec Geb.

    Serpent Henep 23 (p. 17-18 ; c. 80 b ; p. 153-154).Quant au S H (c. 78 a, 79 c), ilest entirement blanc comme un lzard blanc.Son cou est troit et ses eux sont protub-rants.Sa morsure est petite comme celle de quatredents de chat.

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    ANTHROPOZOOLOGICA 2012 47. 1. 231

    Smptomatologie des morsures dophidiens daprs le paprus Brookln nos47.218.48 et 85

    Sa queue est paisse.La vre (durera) neuf jours.Exprimente son propos la technique (mdi-cale) (suivante) : empche le patient envenimpar lui de vomir, car sil vomit, il mourra. Tueectueras le travail des deux mains (= tu mas-seras) passs trois jours l-dessus.Il prsente une affinit avec Selkis.

    Serpent Henep rouge 24 (p. 19-21, 154). Quant au S H- (c. 80 a), il est blanc dans sa lon-gueur mais il a beaucoup de (points/taches)

    rouges sur son dos.Sa face est haute, son cou est troit et sa queueest paisse.Il ne voit ni nentend.Trois ponctures sont laisses par sa morsure.On peut sauver de lui.Si le patient envenim de son fait entre dansun tat de paralsie, force sa bouche laidedun instrument de cuivre. Sil ne vomit pas,il (sur)vivra.Sa vre (durera) neuf jours.Ce serpent qui mane du phallus de Seth, onpeut sauver de lui en exprimentant sur lui latechnique (mdicale). [] son [].Sa longueur est dune coude et demie.

    Serpent Neki 25 (p. 21-22, 154-155). Quant au SN( 47a), il ressemble au bois de lotus.Sa longueur est de quatre coudes et demie.Le patient envenim de son fait est prostr,

    tant pris de convulsions de la tte aux plantesde pieds.La vre durera sept ou onze jours, (mais) il(sur)vivra.Il prsente une affinit avec R.

    Vipre 26 (p. 22-23, 155-156). Quant la V,une [tach]e (aant lapparence) dune eur delotus est au sommet de sa tte.Tous ses membres (ceux du patient) sont se-

    cous de frissons, sa vre (durera) sept jours,(mais) il (sur)vivra.Il prsente une affinit avec Horus.

    Vipre souffleuse (ou siffleuse) 27 (p. 23-25, 155-156). Quant laV(f-n.t) (c. 73), elle prsentesur le cou trois plages de couleur bleu la-pis-lazuli vritable et vert.Ses ancs sont grles.Quand [elle avance en eectuant des mouve-ments cir]culaires devant toi, cela na absolu-ment rien danalogue au dplacement daucunserpent mle ni femelle. Si elle voit quoi ouqui que ce soit (litt. toute (chose) et un indi-vidu), le son quelle met son encontre estfort au point dtre distinctement entendu.Dfends-toi delle ! De-toi delle !On peut sauver delle soit par la magie, soitpar les mdications.Lorice de sa plaie (litt. la plaie quelle inige)ene et du sang en mane. La ncrose de sonmembre est importante vers lorice de sa

    plaie.On peut lenchanter. Il (sur)vivra car il peuttre enchant par la magie.Il prsente une affinit avec Horus.

    Vipre cornes

    28 (p. 25-26, 155). Quant la V (fj r b.wj) (c. 75 a-b), sa cou-leur est identique (celle d)une caille.Elle prsente deux cornes sur le front ; sa tte

    est large, son [cou est troit], la queue estpaisse.(Si) lorice de sa morsure est largi, le visagedu patient envenim de son fait ene ; (si) saplaie est petite, le patient envenim de son faitest prostr, sauf en cas de [].La vre (durera) neuf jours, (mais) il (sur)vivra.Il prsente une affinit avec Horus.Son venin est extrait au moen de nom-breuses administrations dmtiques et enen[chantant] son [].

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    232 ANTHROPOZOOLOGICA 2012 47. 1.

    Aufrre S.H.

    Petite Vipre 29 (p. 26-27, 155). Quant laP V-

    (f rj), sa couleur est (celle d)une caille.Elle na pas de cornes sur la tte.Tous les membres du patient envenimtremblent.Tu peux le sauver.Il prsente une affinit avec Horus.

    VipreC. 26. 30 (p. 27). Quant laV (f) elle res-semble la pierre

    ibehet.

    Le patient envenim gone.Cest [7 cadrats].Tu (peux) le sauver.Elle prsente une affinit avec Horus.

    Vipre mle 31 (p. 27-28). Quant la V (fj ), elle ressemble trs exactement au S- H .Sa plaie provoque un dme (litt. gone)

    mais elle ne produit pas de sang et le patientenvenim de son fait nest pas prostr.Tu peux le sauver.Tu lui applique(ra)s le bis[touriw].Elle prsente une affinit avec Seth (variante :avec Geb).

    Serpent rr 32 (p. 28-29, 157). Quant au S

    , la couleur est celle du sable.

    Sil mord un tre humain, ce dernier souredu ct o ne se trouve pas la morsure alorsquil ne soure pas du ct soumis la mor-sure.Cest un malade au sujet duquel tu recourras tous les moens avec de nombreuses [admi-nistrations dmtiques] et en recourant au(bistouri) waprs que le patient aura vomi.Il prsente une affinit avec Seth.Celui qui est atteint de sa morsure ne meurtpas.

    Serpent souffleur 33 (p. 29-31, 155). Quant au S-

    , cest une vipre qui ressemble lacouleur du poussin de caille.Quand on le voit [dans le dsert], il se dplacelatralement.On entend un son fort semblable au soue dufondeur dor.On sauve de lui (jusquau) septime jour.Le patient envenim de son fait est-il sousleet dune crispation des eux qui se propageaux sourcils ? de la salive coule-t-elle de sabouche ? laisse tomber ! Ne ten prends pas

    lui, en aucun cas !Il prsente une affinit avec Horus.

    Serpent non identifi 34 (p. 31). Quant auS [], il estentirement blanc.Son cou est troit.Le patient envenim de son fait ne meurt pas.Chacun de ses membres est secou de tressau-tements.Tu peux le sauver.Il prsente une affinit avec Seth.

    Serpent Ro-Bedjdjedj 35 (p. 31-32, 158-159). Quant au SR-B, (cest) un serpent noir commele S M[-].Trois ponctures sont laisses par sa morsure.[]Il prsente une affinit avec Khonsou.

    Serpent Sedebou 36 (p. 32-33, 159). Quant auS S- sur lequel on marche dans les champs,cest un serpent grle.Son ventre est dor depuis le cou (jusqu) lapartie postrieure ; il a de la couleur sur [],[] partout.Il est inoensif (litt. il n a aucun mal en lui).La plaie quil cause ne gone pas, elle ne pro-voque pas dhmorragie mais un tat convulsif.Il prsente une affinit avec [].

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    ANTHROPOZOOLOGICA 2012 47. 1. 233

    Smptomatologie des morsures dophidiens daprs le paprus Brookln nos47.218.48 et 85

    Serpent non identifi

    37 (p. 33-34). Quant au S [],

    (cest) un serpent noir et au ventre blanc.(Il a) des bandes colores traversant son dos

    jusque sur sa queue (jnm m j.tf rmn r sdf)comme le S D.Le patient envenim de son fait ne meurt pasmais chacun de ses membres est douloureux.Tu peux le sauver.Il prsente une affinit avec Hathor.Elle (sa morsure) ne provoque pas de compli-

    cation.

    Camlon

    38 (p. 35-36). Quant au C, cestun animal entirement vert et au ventreblanc.

    Il a deux pattes sous lui. Il a trois subdivi-sions sur son dos, deux vers lavant, une autrevers larrire.

    Quand on le pose sur des objets, il en prendla couleur.On sauve de lui jusquau septime jour.Il prsente une affinit avec Anubis.On peut lenchanter en lapaisant.

    RcapitulatiTotal : serpents (qui sont) dans le Livre (intitu-

    l) symptomatologie des plaies : 38 (notices)(dm f m Wp.tdm.t: 38).

    RECONSTITUTION DUNE NOTICETyPE : ESSAI DE NOMENCLATURE

    Sur la base des vestiges de ce catalogue, que loncompltera grce aux termes du second trait, ilconvient dtudier de quelle manire les anciens

    gptiens considraient les direntes espceset les morsures quelles provoquent. Toutes lesnotices ne comprennent pas chacune, loin del, une grille complte reproduisant les traitsmorphologiques et thologiques de lanimal, lessmptmes de la morsure, la diversit du pro-nostic, quil soit dordre mdical ou magique,la ou les formes divines avec lesquelles le ser-pent prsente une anit. Les gptiens nerecourent, dans chaque cas, qu quelques traitsparmi ceux-l. Or, une telle grille ncessite dtre

    reconstitue en thorie pour obtenir un spectrele plus tendu possible. On peut parvenir grce un choix de six notices ( 16, 18, 20, 21, 23, et27), lesquelles regroupent un large chantillon-nage de critres, de signes et dobservations.

    Quant au S G, O

    (1) il est entirement noir [comme tremp dans de] lencre,(2) et son ventre est [].

    (3) [Sa tte est] petite et

    (4) son museau est large.

    C

    Sil mord un tre humain, ce dernier meurt sur le champ. P

    Sa morsure est comme celle du Serpent dApophis. A

    Il prsente des affinits avec Sobek. D

    En aucun cas on ne pratiquera pour lui un enchantement. P

    E I :

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    234 ANTHROPOZOOLOGICA 2012 47. 1.

    Aufrre S.H.

    E II :

    E III :

    Quant au S S, O

    (1) il est rouge trs exactement comme le S SdeSeth.

    (2) Sa face est petite,

    (3) son cou est troit,

    (4) ses eux sont comme (la couleur de) lorpiment.

    C

    Le patient envenim de son fait est prostr, son visage est en sueur. S

    La morsure quil inige est gone et suintante. A

    Tu peux le sauver, car cest un serpent qui appartient lespce desS M-.

    P

    E IV :

    Quant au S N, O

    (1) sa longueur (est) dune coude et demie. T

    (2) Ses ancs et son dos sont verts,(3) son ventre est clair.

    C

    (4) Sa taille est comme celle du S K--(c. 14). T

    On nen meurt pas. P 1

    Il prsente des affinits avec Hathor. A

    Tout lieu o il se trouve avec le S S Hestverdoyant.

    C

    Tu peux le sauver. P

    On ne pratiquera pas pour lui un enchantement. N-

    Quant au S K--, O

    (1) il est identique (en ce qui concerne la couleur) une caille.(2) Sa tte est grande,

    (3) son cou est troit,

    (4) sa queue est comme celle dune souris.

    C

    Lorice de sa morsure est comme un petit raisin sec. A

    On peut sauver de lui si trois jours scoulent l-dessus. P

    Il sera vreux (pendant) neuf jours. P

    Ne sois pas ngligent son sujet ! P

    Il prsente des affinits avec Sobek(variante : avec Neith). D La femelle, sa longueur est dune coude et une palme. T

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    ANTHROPOZOOLOGICA 2012 47. 1. 235

    Smptomatologie des morsures dophidiens daprs le paprus Brookln nos47.218.48 et 85

    E V :

    E VI :

    Quant la V (f-n.t) (c. 73), O

    (1) elle prsente sur le cou trois plages de couleur bleu lapis-lazulivritable et vert.

    (2) Ses ancs sont grles.C

    (1) Quand [elle avance en eectuant des mouvements cir]culairesdevant toi, cela na absolument rien danalogue au dplacementdaucun serpent mle ni femelle.

    (2) Si elle voit quoi ou qui que ce soit (litt. toute (chose) et unindividu), le son quelle met son encontre est fort au point dtredistinctement entendu.

    C

    Dfends-toi delle ! De-toi delle ! P

    On peut sauver delle soit par la magie, soit par les mdications. A -

    Lorice de sa plaie (litt. la plaie quil inige) ene et du sang enmane. La ncrose de son membre est importante vers lorice desa plaie.

    A

    On peut lenchanter. R

    Il (sur)vivra car il peut tre enchant par la magie. P

    Il prsente des affinits avec Horus. A

    Si les exemples mentionns ci-dessus ontt limits, les observations proposes dansle tableau suivant (Tableau I) reposent surlensemble du premier trait. Les noticescomprennent un matriel peu prs similaire,

    Quant au S H, O

    (1) il est entirement blanc comme un (1 bis) lzard blanc.(2) Son cou est troit

    et (3) ses eux sont protubrants.

    (4) Sa queue est paisse.

    C

    La vre (durera) neuf jours. P

    Exprimente son propos la technique (mdicale) (suivante) :empche le patient envenim par lui de vomir, car sil vomit, ilmourra.

    Tu eectueras le travail des deux mains (= tu masseras) passs trois

    jours l-dessus.

    S+ +

    Il prsente des affinits avec Selkis. A

    mais la distribution de celui-ci dans chacunedentre elles est variable. On a essa declasser les lments dans un ordre relatif etexhaustif. La colonne de droite signale lafrquence de chaque item.

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    236 ANTHROPOZOOLOGICA 2012 47. 1.

    Aufrre S.H.

    I.CRITRESFONDANTLADIAGNOSEDELANIMAL

    1) Ophionme Passim

    2)Critresmorphologiquesnedpassantpaslenombredecinq

    toutauplus(24,28),parfoissix

    (23)silsintgrentlaspectdela

    mor

    sure.

    Couleur

    absolue 15, 21, 23, 24, 34, 37, 38

    relative 14, 17, 18, 20, 22, 23,

    25, 28, 29, 31, 32, 33, 35

    gnrale 14, 15, 16, 17, 18, 20,23, 28, 29, 32, 33, 34, 35,

    du dos 21, 24

    du ventre 15, 16, 21, 36, 37, 38

    des ancs 21

    des yeux 20

    sans mention decouleur 19

    motif 24, 26, 27, 36, 37

    Taille

    en coudes 17, 21, 24, 25 ; c. 18

    relative 19, 21, 22

    sans taille 14, 15, 16, 18, 20, 24,

    26, 27, 28, , 29, 30, 31, 32,33, 34, 35, 36, 37, 38

    Nombre de glphes 15

    3) Critres thologiques 24, 27, 33

    4) Critres pseudo-thologiques serapportant loue et la vue 24

    5) *Expulsion du venin 59, 67

    6) (Mention du caractre inoensif delanimal) 36

    7) Appartenance de lanimal un tpe deserpents 14, 20

    8) Informations surnumraires Taille de la femelle ( 18)

    II.SMIOLOGIE

    1) Informations smiologiques gnralesrsultant de lenvenimation

    14, 25, 20, 24, 25, 26,27, 28, 29, 30, 31, 32, 33,

    34, 36, 37

    2) Absence dinformations smiologiques 15, 16, 17, 18, 21, 22,23, 38

    3) Informations smiologiques ngatives 31

    4) Informations smiologiques serapportant la blessure 18, 19, 20, 23, 24, 27, 35

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    ANTHROPOZOOLOGICA 2012 47. 1. 237

    Smptomatologie des morsures dophidiens daprs le paprus Brookln nos47.218.48 et 85

    III.PRONOSTICS

    1) Dlai dapplication des soins : sans dtail 18, 23, 38

    au moen de drogues (pr.t) 14

    2) Pronostic favorable (sauver : nm) si lessoins sont appliqus en dea dun certainnombre de jours

    14, 17, 33, 38

    3) Pronostic favorable si (jr) les soins sont appli-qus au-del dun certain nombre de jours 18

    4) Pronostic fbrile : nombre de jours devre 18, 22, 23, 24, 25, 26, 28

    5) Pronostic fbrile double : soit x jours /soit x jours 25

    6) Prcautions prendre vis--vis delanimal 18

    7) Pronostic vital favorable 14, 17, 18, 20, 21, 22,

    23, 24, 25, 26, 27, 28, 29,30, 31, 32, 33, 34, 36, 37

    dfavorable 15, 16, 17, 19, 23, 33

    direnciel 17, 23, 33

    lacunaire 35

    IV.TECHNIQUESMDICO-MAGIQ

    UES 1) Soins ncessitant lemploi de

    mdications 27, 32

    2) Recours la technique mdicale (mw.t) 14, 23, 24

    3) Recours aux mtiques 28, 32

    4) Recours des instruments chirurgicaux 32

    5) Recours la magie (qw) 17, 27

    6) Recours lenchantement 27, 28, 38

    7) Aucun recours lenchantement 16, 21

    V.AFFINITS

    Anit de lanimal avec une divinit

    16, 17, 18, 19, 21, 22,23, 25, 26, 27, 28, 29, 30,31, 32, 33, 34, 35, 36, 37,

    38

    DIVERS

    Commentaire 21

    T I : Observations ralises sur lensemble du premier trait.

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    238 ANTHROPOZOOLOGICA 2012 47. 1.

    Aufrre S.H.

    Au regard de ce tableau et daprs des lmentsplacs de faon logique, on constate quelapproche idale des gptiens dune espcede serpent et de la morsure quelle inigecorrespond plus ou moins cinq parties peu prs disposes dans lordre o elles sontmentionnes dans le tableau.La partie D repose sur des observationsqui permettent en thorie de reconnatrelanimal. La deuxime partie relve de laS. La troisime est forme par lesP. Plutt que de scinder mdecineet magie29, jai choisi de les rassembler dans la

    quatrime partie sous le nom de T-, car elles forment untout non dissociable pour les gptiens. Lacinquime partie fournit lindication dun lienspcique entre un animal et une divinit, sousle titre de F puisque leserpent reprsente un support temporaire, voireun vhicule.Ce tableau permet dobtenir une vue den-semble dune dmarche pistmologique sin-gulire des savants gptiens dans le domaine

    mdico-magique, ce qui sous-entend lquiva-lent dune dmarche scientique, qui ne se r-sume pas une simple approche naturaliste carla dmarche en question renvoie, on le verra, des schmas similaires dans dautres domaines,ce qui permet daboutir lide de lclosiondune attitude scientique commune vis--visde dirents problmes relatifs aux sciencessacerdotales.

    LINSUFFISANCE RELATIVE DESDONNES

    En dpit dun rel souci de description delespce approche, la nomenclature surlaquelle dbouche ce tableau montre que lesdonnes qui permettraient deectuer unediagnose eective au sens actuel du terme sont

    29. On renverra Bardinet (1995).

    insusantes. Chaque ophionme, dont on peutpenser quil permettait lui seul un spcialistede lAntiquit didentier une espce, nestpas accompagn dune notice fournissant unensemble sstmatique de critres rguliersdans ces cinq domaines alors que les savantsgptiens salignent sur des normes, notamment partir de lpoque tardive30. cela sajoute unedicult en termes de smantique et de choixde critres.

    En termes de smantique tout dabord. Dupoint de vue de la science actuelle, le vocabulairepermettant de dsigner les direntes espces

    savre plutt indigent car si les trente-huitophionmes dnotent a priori une spcicit dechacun dentre eux, la nomenclature gnraledes gptiens en termes de nomination degenre, de famille et despces, ne peut rivaliseravec la ntre. Un examen attentif montre queles auteurs du texte du pBrookln il sagitindubitablement de spcialistes considrentsur un mme plan les serpents fet les serpents

    fj(c. 33, 68, 85a). Ltude montre que le pre-

    mier terme a un sens soit gnrique (Serpentes),soit plus restreint celui de serpent long (Cobri-ds, lapids, thoriquement Atractaspids)sans oublier pour autant certains lzards (Sau-ria), mme si ceux-ci sont pourvus de pattescomme le Camlon ( 38). Le second termeserait dot, sous rserve expresse, dun sens plusou moins approchant de celui de Viprid (ausens gptien du terme). Cependant, le termef, que lon trouve dans les titres, englobe clai-rement les serpentsf, qui apparaissent dans les

    traits. Ces deux termes, qui montrent un cartsmantique, sont complts, dans les titres, parun autre terme, df.t, qui vaut pour reptiles et qui napparat quune seule fois ( 39).

    En termes de critres ensuite. En voici quelquesexemples. Lun des critres les plus importantsaujourdhui dune diagnose le sstme veni-meux nest jamais dcrit et il serait biendicile de distinguer les protroglphes, les

    30. Aufrre (2007a : 151-152 ; 184 ; 224 ; 257).

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    solnoglphes, les aglphes et les opistoglphes.Pourtant, les gptiens emploient un mot sp-cialis (jmn) ( 85a) pour dsigner le glpheincrust dans la chair et perdu par le serpentlors de la morsure, tandis quils ne disposent pasde terme spcique pour nommer le crochetcanalicul qui injecte le venin dans les chairs desa victime. La facult de projeter du venin, quipermettrait didentier coup sr une varitde cobra cracheur il nen existe que trois entout dans la basse valle du Nil : Naja nigri-collisR, 1843 ; Naja pallidaB-, 1896 ; Naja nubiaeW B,

    2003 nest mentionne, de faon gnrale,quau second trait dans lexpression crachatde tout serpent (pgs n f nb) ( 59 ; c.67). Enoutre, que penser du texte voquant labsencedoreilles du S H( 80 b), qui estpourtant un non-sens eu gard au domaine sispcialis des Ophidiens ?Tout cela reprsente un amalgame dinfor-mations scientiques donc objectives etdautres dans lesquelles entre une part de sub-

    jectivit, lie aux traditions mdicales et auxcroances religieuses. Une tude critique pr-cise de chacune des notices dmontre quonne peut parvenir aucune identication ableen raison derreurs paradoxales sur le plan dela description, domissions de faits qui, en eux-mmes, eussent permis de distinguer des es-pces. De telles erreurs et omissions paraissentpourtant invraisemblables rapportes la ralitet au gnie de lobservation des anciens gp-tiens depuis lAncien Empire dans le domaine

    de la nature car, sous rserve que les couleursaient t conserves, les espces sont parfaite-ment reconnaissables. Lexamen sans a priorides notices du pBrookln incite penser queles gptiens auraient privilgi une traditionophiologique remontant au pass au dtrimentde lobjectivit. Considre comme un hritagedes Anciens, la tradition textuelle fait autorit ;elle est immuable et ds lors personne, notam-ment dans le domaine de la mdecine, ne vien-drait corriger les erreurs ne parlons mme

    pas de rfutation des auteurs31. La qualit de lacopie, mme empreinte derreurs (et dinexacti-tudes), lemporte sur les critres de vrit.En sorte que le manque de sstmatisme dansla prsentation des critres conduit le plus sou-vent des situations aportiques, si bien que lalatitude des interprtations proposes jusquprsent est telle que la plupart sont sujettes caution. Au plus prs que lon parvienne duneidentication thorique, on ne peut lexprimerquen termes de probabilit, mme en aantpris soin de rduire la marge derreur en tenantcompte des direntes aires de distribution des

    Ophidiens prsents sur le territoire historiquede lgpte32. On peut cependant tenir quelquesidentications pour plus probables que dautres.Il en est ainsi, par exemple, du S S,de laV et duC. Voicice qui est dit du S S :

    36 (p. 32-33, 159). Quant au SS sur lequel on marche dans leschamps, cest un serpent grle.Son ventre est dor depuis le cou (jusqu)

    la partie postrieure ; il a de la couleur sur[], [] partout.Il est inoensif (litt. il n a aucun mal en lui).

    La notice est lacunaire mais explicite. Lani-mal dont elle fait lobjet peut tre assimil un Colubrid : Psammophis sibilansL,,car ce dernier est le seul de tous les ser-pents attests en gpte prsenter une partieventrale entirement jaune, telle enseigne quilpeut tre compar lor, tandis que le dos et lesancs comportent un dessin de forme rticule mailles cartes noir sur fond jaune. Toujoursest-il que lanimal est dclar inoensif et quesa prsence dans les champs, daprs la notice,saccorde avec lcologie de Pammophis sibilans,

    31. Aufrre (2001).

    32. Voir louvrage dsormais incontournable de Baha ed Din(2006). Il ne sut pas de rapporter un tat des serpents gptiens un tat des serpents attests dans une rgion au sens large duterme mais des espces attestes dans des aires de distributionparfaitement dnies et qui ne se sont sans doute pas modiesdepuis lAntiquit.

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    Aufrre S.H.

    car cette couleuvre frquente les habitats et leszones cultives33. Si lon ajoute cela que la plaiene provoque ni dme ni hmorragie mais untat convulsif, on apprend indirectement quilne peut sagir dun Viprid et que la victime dela morsure blanche quelle inige sen tire parune belle fraeur. Lidentication Psammophissibilans, propose par S. Sauneron, reste trsprobable contre le boa des sables (Eryx jaculusL, 1758) de Christian Leitz34.

    La V ( 28) et le C- ( 38) sont, quant eux, susammentspciques pour tre reconnus, mais mme

    dans ces deux cas un examen neutre des noticespermet de dceler des anomalies agrantes, quiempchent de considrer le pBrookln commeun document scientique au plein sens duterme. Il faut parfois corriger ce qui doit ltre commencer par les deux notices suivantes,que lon rduira leur partie descriptive (ce quiest en gras est corrig). Voici en premier lieu laV :

    28. Quant la V (fj r b.wj),

    (1) sa couleur est identique (celle d)une caille.Elle prsente (2) deux cornes sur le front ; (3)sa tte est large, (4) son [cou est troit], (5) laqueue est comme celle dune souris35.

    Outre lerreur qui porte sur la queue de Ce-rastes cerastesL , qui est toujoursne et non paisse, la description de la V

    demeure insusante. Sa taille nestpas indique ni mme ses caractristiques tho-logiques que personne ne peut avoir manqudobserver sur le vivant, dautant que

    C. cerastes

    est trs rpandu en gpte. Lorsquil est irrit,ce serpent frotte ses anneaux les uns contre lesautres et met un bruit trs distinct qui sap-parente un son de souerie, dcrit en dtailpour deux autres espces dans le premier trai-t : la V ( 27) et le S

    33. Baha ed Din (2006 : 266-268).

    34. Leitz (1997 : 22-25).

    35. Loriginal donne : la queue est paisse . On renverra aupBrookln, 18 : Sa queue est comme celle dune souris.

    ( 33). Il est instructif, pour entre convaincu, de comparer cette notice avec

    la description du

    sous la plume dePhiloumenos dAlexandrie (vers 200 apr. J.-C.),dans son De venenatis animalibus eorumque re-mediis capitaXXXVII36:

    Le craste, selon les dires des iologues, atteint (1) lalongueur dunecoude, tout au plus de (2) deuxcou-des. (3) Sa couleur est celle du sable, (4) il samincitvers la queue. (5) Il a sur la tte deux excroissancesque lon peut comparer des (6) cornes ; cest pour-quoi on lappelle aussi (7) Craste. (8) Dans la r-gion ventrale, il est muni de (9) ranges dcailles, en

    sorte que sa (10) reptation saccompagne dune sortede (11) bruit siant (cliquetis), produit par sa (12)pression sur le sable ; (13) il rampe dailleurs (14)obliquement et non en ligne droite.

    Mme si la description de PhiloumenosdAlexandrie peut tre amliore au vu des do-cuments vido actuels, linterprtation des faits notamment du bruit que produit lanimal est fausse car lauteur, qui parle par ou-dire,parat ignorer les caractristiques des cailles

    carnes lorigine du son produit. Mais onconviendra que cette description, qui relve defacto dune tradition originaire dgpte, estbien suprieure celle du pBrookln, puisquelletotalise treize critres de reconnaissance contrecinq. Si elle tait emploe aujourdhui, la noticedu savant alexandrin permettrait incontestable-ment de reconnatre C. cerastes, alors quil nenserait pas ainsi de la notice du pBrookln : leseul critre des cornes nest pas susant. Lani-

    mal dcrit pourrait tre confondu avec un autreViprid : Pseudocerastes fieldiS 193037,lequel se trouve plutt dans laire palestiniennede lgpte mais prsente deux excroissancessupraorbiculaires, qui sont bien des cornes.Voici en second lieu la description du Camlon.

    38. Quant au C (kr) cest unanimal entirement vert et au ventre blanc.

    36. Keimer (1945 : 13-14).

    37. Baha ed Din (2006 : 296-297 et g. 119-120).

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    Smptomatologie des morsures dophidiens daprs le paprus Brookln nos47.218.48 et 85

    Il a quatre38pattes sous lui. Il a trois subdi-visions sur son dos, deux vers lavant, une verslarrire.Quand il se pose sur des objets, il en prendla couleur.

    On peut dire quil n pas de doute quant lidentication. Le mimtisme ici dcrit estsusamment spcique pour que lanimalauquel cette description sapplique ne puissetre confondu avec nul autre que le Camlon.Reste cette erreur39 on mentionne deux pattesau lieu de quatre qui peut surprendre dans un

    texte qui, dans lensemble, parat donner plusdlments justes que derreurs.

    RSULTATS OBTENUS PARTIR DUPREMIER TRAIT

    Il nest pas question de reprendre lensemble dela documentation. Cela excderait les limites de

    cette tude. Il est toutefois possible den expo-ser les rsultats sous la forme dun tableau (Ta-bleau II, en Annexe). Prenant en considrationles notices conserves du pBrookln, des 14 38, on distinguera les colonnes suivantes num-rotes en chires romains :

    (I) lophionme gptien ;

    (II) lophionme ventuellement associ parsa forme ;

    (III) la nature de la morsure (si elle est mor-telle, non mortelle) ;

    (IV) les sndromes et/ou les smptmes g-nraux survenant lors de la morsure, car cesderniers comptent pour beaucoup dans uneidentication ;

    38. Loriginal donne : deux .

    39. Sur la notice en question, voir les pertinentes remarques deSauneron (1972 : 160-164).

    (V) les identications proposes par Saune-ron (S.), Leitz (L.) et Nun40(N.) daprs lesnoms scientiques ;

    (VI) la probabilit relative des direntes pro-positions qui ont t faites jusqu prsent (cettedernire colonne est la plus importante, et pourcette raison elle est en petites capitales).

    En aucun cas, comme on la vu prcdemment,on ne peut parler de certitude. Quand on dit probable , on veut dire que telle possibilitse fonde sur une chane argumentative objec-tive. Cette chelle de probabilit va de trs

    grande nulle . On a indiqu en gras lescas o la probabilit dune identication est soittrs grande, soit grande. Cela permettra de serendre compte du caractre relatif des rsultatsobtenus au cours des trente dernires annes etdes prcautions quil convient de prendre enconsidrant ces rsultats.

    La consultation du tableau II (en Annexe) rendplus tangibles les dicults rencontres au coursde cette tude. On trouvera ce qui est raison-nable didentier sans extrapoler outre mesure

    partir des donnes gptiennes car il est inutilede vouloir aboutir des rsultats qui savreraientaportiques court ou moen terme. Malgr lalogique, la mise en place dune nouvelle chanedinfrences, les recoupements, les tableaux,nous sommes en face dun problme qui nousplace devant notre impuissance comprendre undocument de lAntiquit o les donnes ne sontpas livres dans les termes o nous souhaiterionsles trouver. Nous avons vu que cette dicult estinhrente pour beaucoup au statut originel dutexte. Il faut sarmer de patience, en attendantquon puisse combler les lacunes. Ce qui reste desrsultats exposs dans ce tableau en termes de trsgrande ou de grande probabilit se trouve dans letableau III extrait du premier o lon a regrouples rsultats en direntes familles : Colubrids,lapids et Viprids, les seuls qui soient recon-naissables, les autres familles faisant lobjet desplus srieux doutes :

    40. Nunn (2002).

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    Aufrre S.H.

    O N P.

    C

    36 S S Psammophis sibilansL, 1858

    GRANDE

    25 S N Malpolon monspessulanus H,

    21 S S H Platyceps florulentusG, 1827

    21 S N Natrix tessellataL, 1768

    20 S S S Psammophis aegyptiusM, 1958

    37 S Colubrid

    E

    17 S I Naja nigricollisR, 1843

    GRANDE

    16 S G Walterinnesia aegyptiaL, 1887

    24 S H

    LAPIDS

    23 S H ()

    15 G A

    17 S I

    20 S S

    33 S

    S

    38 C Chamaeleo aricanus L, TRS

    GRANDE

    V

    28 V Cerastes cerastesL, 1758TR

    S

    GRAN

    DE

    18 S T A Pseudocerastes persicus fieldi S, 1930

    GRANDE

    31 V Echis coloratusG, 1878

    GRAND

    E

    22 V

    VIPRIDS

    18 T A 26 V

    30 V

    14 S

    T III : Les probabilits de rsultats didentication au regard des direntes familles dOphidiens.

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    Smptomatologie des morsures dophidiens daprs le paprus Brookln nos47.218.48 et 85

    Dans ces rsultats dordre relatif, on peut recon-natre comme grande la probabilit didenti-

    er soit en termes despces, soit en termes defamilles, 23 ophionmes gptiens (quil fautrduire 20 car certains sont compts deuxfois, en tant quespce et famille), ce qui est unrsultat moen par rapport aux 38 notices quecompte le premier trait (Tableau IV):

    Les rsultats de lanalse du premier traitdu pBrookln, du moins du point de vue delidentication des espces, est frustrante. Ilsle sont non seulement cause des lacunes dudocument mais aussi cause de la distance quinous spare en termes de critres requis pourreconnatre lanimal dcrit. En revanche, il estfascinant dun point de vue pistmologiqueds lors que lon souhaite se faire une ide delavance de la science naturaliste des anciensgptiens. Il entre en eet en rsonance avecun petit essaim de documents de lpoque tar-dive, qui se place entre la XXXedynastie et le

    IIesicle de notre re. On discerne, au momento lgpte nen nit plus de mchonner sascience traditionnelle, lexistence dun vri-table continuum embrassant les genres natura-liste (les listes de gommes-rsines des templesdEdfou et dAthribis41) et onomasiologique, savoir les listes de mots gloss que lon retrouveau pTebtnis I notamment propos des

    41. Voir Aufrre (2005a : 213-262) ; Chermette & Goon (1984-1996 : 47-82) ; Baum (1999 : 421-443).

    Ophidiens42, un moment o les savants lombre des temples, prenant conscience dunerosion smantique, en sauvent les dernierslambeaux et tentent de les gloser. Compte tenude ses erreurs, le pBrookln ore nanmoinsun cho de ce quaurait pu tre son hpotexte,pour autant que ce dernier et t complet, un moment o la tradition des dompteurs-de-Selkis la fois mdecins et magiciens,ophiologues et iologues battait son plein.On voit bien que cette tradition intellectuellesest erite au cours du temps jusqu dispa-ratre en gptien, non sans avoir t trans-

    pose en grec, mais il en reste peu de tracessi ce nest chez Manthn. Il n a pourtantpas si loin entre le modle scientique natu-raliste gptien, o lon discerne un ordre,une mthode descriptive, des rcapitulations,et la prsentation de lrudition historiquegptienne que lon retrouve dans luvre duSebennyte43et dont lorigine peut remonter auPaprus roal de Turin (dbut XIXednastie)44.En dautres termes, il est possible de mettre envidence lexistence dun modle scienti-

    que commun inhrent une pratique des sa-vants gptiens dont tmoignent des exemplesde lpoque tardive. Mais ces modles sont-ilsfaonns cette poque ? rien nest moinssr. La prudence conduit penser que, dansle grand mouvement de retour aux uvres dupass, dans lequel sinscrit la XXXedynastie, ilsest produit un engouement pour la recherchedes corpus o la science sacerdotale tait parve-nue son znith. Le regard se tourne naturelle-ment vers lpoque des XVIIIe-XIXedynasties,qui a pu tre la source laquelle on puisait.

    On peut raisonnablement invoquer, au moinssous le rgne de Nectanbo II et partir dequelques indices, la mise en uvre dune cam-

    42. Osing (1998 : 123 [Fragment O 1]).

    43. Waddell (1940) ; Jacob (1995 : 5-112, n 609). Sur laproblmatique manthonienne, voir Aufrre (2005c : 13-49).De nouvelles informations sur Manthn et le Livre sacr sontdonnes dans Aufrre (2012a).

    44. Gardiner (1959).

    E F T

    C 5 1 6

    E 2 6 8

    V 3 5 8

    S 1 1

    otal 23

    Tableau IV : Snthse des rsultats obtenus.

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    Aufrre S.H.

    pagne de sauvegarde des connaissances du passet le dbut dun mouvement dencclopdismesacerdotal. Sur le principe, on pense la pre-mire domination perse et lexistence dunetradition de destruction des archives sacerdo-tales dont on peroit les chos jusquau dbutde lpoque ptolmaque45, qui suggre la pertedun grand nombre de textes. Mais la statuesate du mdecin Oudjahorresn, qui attestedune rorganisation des Maisons de Vie et dela formation mdicale sous le rgne de Darius(423-404)46, plaide pour une reprise de la vieintellectuelle. Dans ces conditions, il ne serait

    pas tonnant que celle-ci et t poursuivie sousles rgnes des souverains sebenntes de la XXXednastie. Mais cette qute du pass ne signiepas pour autant que la science ait correspondu une pratique encore vivante aligne sur la tradi-tion, ce qui peut avoir des consquences sur lesconnaissances ophiologiques contemporainescomme on le verra bientt.

    LE SECOND RAI : recueil pour aire queles hommes extraient le venin de tout serpentmle, de tout serpent emelle, de tout scorpion,de tout animal i(n)tech et de tout reptile

    Le premier trait, dordre descriptif, smiolo-gique et pronostical, saccorde avec le second,qui ne propose pourtant que des soins maisfait cho aux dirents noms de serpents dupremier trait. An de disposer de lensemblede la documentation, il ne faut pas perdre devue que le recueil des formules que constituele second trait accompagne, en le compltant,le catalogue, sans tre assur pour autant queles deux documents eussent form un tandem lorigine.Les mdications (pr.t) mentionnes dans cetableau concernent les consquences denveni-mements par Ophidiens. Aucune ne concerne

    45. Aufrre (2005b : 115-158).

    46. Posener (1936 : 21-25).

    les piqres de scorpions, danimaux jnt (soli-fuges ?) ou dautres reptiles, contrairement, onla vu, ce quannonce le 40, mais il est di-cile darmer que le second trait est un extraitdans la mesure o la dernire page est lacunaire.

    dfaut den proposer une nouvelle tude, quiserait pourtant utile tant la lexicologie a voluau cours de ces dernires annes, il est indis-pensable den tablir une grille de lecture (Ta-bleau V, en Annexe) reposant sur le classementdes soins proposs par genres.En premier lieu, le second trait ne concerne enaucun cas les espces mortelles, qui ne ncessitent

    aucune mdication puisquelles sont dsespres.De fait, on n voit apparatre ni le G - A ( 15), ni le S G( 16), ni le S D- ( 19), ni laV ( 27), ce qui corrobore lecaractre lthal de leurs morsures respectiveslivres dans le premier trait. (On n trouve pasnon plus de soins palliatifs adapts la spcicitdes morsures desdits serpents et cela nest pasle fait du hasard. Le second trait est exempt,

    semble-t-il, de remdes de confort.) Le nom duS Rnest pas mentionn, ce qui va dansle sens dun lzard et non dun serpent.En deuxime lieu, il permet de se rendrecompte incidemment du fait que les mdica-tions usage interne (67 occurrences) sont unpeu moins nombreuses que les mdications usage externe (86 occurrences), mais dans ltatlexicographique actuel du document il est di-cile de porter un jugement pertinent.En troisime lieu, il est possible de proposerune catgorisation des dirents soins appli-qus, qui na jamais t faite.

    La premire catgorie, qui nest reprsenteque par une seule occurrence ( 40), est un testpronostic mentionn au tout dbut du trait,et qui prlude donc toute tentative de soinpropose par le praticien pour savoir si le pa-tient envenim est amen vivre ou mourir.Le rsultat de ce test dpend du rejet ou nonde la mixture ingre, qui incorpore une blatte

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    (animal qady) et une plante djas. On ne sauraittre trop prudent sur les rsultats prtendus decette mixture si lon en croit la nature des com-posants. On connat dautres tests pronosticscomme pour savoir si une femme est enceinteou pour connatre le sexe de lenfant natre47.Ce test dont le rsultat joue sur le vomissementou le non-vomissement dune mdication estassez frquent dans les textes mdicaux48 et serencontre dans le premier trait.La deuxime catgorie, dans laquelle on recense41 ocurrences, est constitue par des remdesqui ne visent pas un smptme prcis. Ils

    portent sur des envenimements allant de Ser-pents f des Vipresfen passant par les Ser-pents venimeux (f qsn). Certains saccordent des ophionmes distincts mais sans prcisionsur la nature du trouble que ces derniers causentdans lorganisme du sujet atteint.La troisime catgorie, qui reprsente 77 occur-rences, est forme par les remdes portant desmorsures proprement dites. Certains remdessont rputs actifs lgard de la catgorie des

    espces dites venimeuses ou identies par desophionmes. Il sagit de traitements spciquesqui peuvent tenir compte de la taille ou de laprofondeur de la morsure. Le mot qui revientsstmatiquement est morsure (ps). Dansdautres cas, le remde vise attnuer les eetspropres du venin, le drainer hors du corps, le tuer, soit lorsquil est inocul, soit lorsquil estprojet dans les eux sans que le serpent causa-teur de troubles ne soit identi. Des mtiquessont emplos, qui sont une pratique courante

    dans le soin des morsures. Les fumigationsentrent, quant elles, dans le cadre de soinsaccompagnant des pratiques magiques.On a plac dans la quatrime catgorie les re-mdes visant les smptmes des morsures, quise rpartissent en smptmes visibles et directe-ment lis la blessure : ldme, la gangrne,lhmorragie ; en smptmes dordre phsiolo-

    47. Bardinet (1995 : 223-224).

    48. Ibid. : 224.

    giques tels que la transpiration, la soif ; et ensmptmes dordre neurologique : douleur, tr-mulation, stupeur, inconscience. Cette mde-cine smptomatique concerne 26 occurrencesdu paprus.La cinquime catgorie est forme des mdica-tions stimulantes : 2 occurrences.La sixime est forme de divers : lextractiondun glphe de tout serpent ou de tout Viprid( 85a-d) et lapplication dun rpulsif anti-ophidien connu par un parallle49 : 2 occur-rences.

    Sur le plan technique, plusieurs verbes sont em-plos. On peut chasser une morsure (drps)( 47b, 56a-b), un dme ( 45d, 72a), levenin ( 46a), la sueur ( 98a), ce qui neveut pas dire grand chose, si ce nest peut-tre faire disparatre , radiquer les traces, lesconsquences dune morsure. On fait galement disparatre la trmulation ( 86), la stu-peur ( 76 = 94), la douleur ( 83), ltat defaiblesse ( 83). En revanche, on repousse lesang ( 79a, 88a). Certains remdes ont, eux,

    le pouvoir d extraire le venin ( 44a) ou de faire disparatre le venin (dr mtw.t) ( 46a),que Sauneron traduit par expulser . Il nestpas sr que ces termes soient exactement sno-nmes au vu du contexte suivant : extraire leglphe incrust dans la chair (du patient enve-nim) (d jmnw) ( 85a) o le verbe conserveson sens premier. Toutefois, les deux expres-sions pourraient bien avoir le sens de dsenve-nimer , ou de drainer le venin hors du corps

    du patient. En revanche, on voque, dans undveloppement magique, les eets dltres deloignon sur le venin ( 41) car son acrimonie on lassimile une gueule contre une gueule, une dent contre une autre dent50 est sus-ceptible de lutter contre celle du venin partouto ses eets se propagent, dans le cur jb,

    49. Stle N Carlsberg AEIN 974 : Borghouts (1978 : 82-83,n 121) ; Osing (1992 : 473-480).

    50. Expression similaire dans pChester-Beatt VII [9] r4, 8.5, 2 :Borghouts (1978 :79, n 113).

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    dans le cur tj, dans la rate, dans les foie, lespoumons, la gorge, la tte, dans lanus et toutmembre. Il tue le venin (smmtw.t) ( 42a),et il sert mme de rpulsif, ml de la bire( 42b) ou lorsquil est emplo pour prot-ger un homme contre des morsures. Il en vade mme de la plante j r.t( 121), qui dtruit(sm) le venin dApophis.Quel que soit lusage de ces mdications rsu-mes par ce tableau, la plupart des remdes pro-poss concernent les morsures ou des projec-tions venimeuses sans spcication despces,mais le nombre despces explicitement men-

    tionnes (c.inra) nest pas faible pour autant.Ce ne sont pas moins de 67 occurrences, quireprsentent un peu moins de la moiti du total(153) des mdications, cest--dire 76,5 occur-rences. Ce tableau, contrairement aux fragmentsthophrastens51, ne permet jamais de discernerlexistence dune thorie des morsures et de ladiusion du venin dans lorganisme, ni mmesur la nature des venins de serpents. Si thorie il a des eets du venin propre au monde des th-rapeutes gptiens, il vaut mieux en rechercher

    lexpression dans les textes magiques contem-porains, tirs du mme corpus mdico-magiqueauquel se rfrent les dompteurs de Selkis52.

    Unpalmarsdu nombre des recettes proposespar espces ainsi quon peut le voir dans le ta-bleau (Tableau VI) suivant est utile. On a prissoin de renvoer en parallle aux occurrencesdes serpents du premier trait :En haut de ce palmars se situent ex aequo leS Set le S N dans lamesure o ils ne font pas moins chacun lobjetde treize recettes de remdes internes et externespour expulser leur venin. Il est bien dommage,mme sil est mentionn deux fois dans le cata-logue, que les notices qui concernaient les deuxsous-espces du S S aient tperdues. Cela fait en tout pour chacun treizerecettes, sur un total de 148 que compte len-

    51. Zucker (2008).

    52. Voir cependant un passage de la lgende relative aux luttes deR contre Apophis : Jelnkov-Remond (1956 : 8, lignes 25-34).

    N

    N

    S

    P

    P

    13S

    S 46a-k, 50a-b

    8,78

    C.SS S 20 ;

    S

    SH

    21

    13S

    N

    45a-e, 47a-g

    8,78 25

    5S

    H 54a-h 3,37 Rien

    5S

    S 48a-c, 49b,

    523,37 20, 36

    4S

    M-

    48a-c, 49b 2,7 C. 35

    3GV

    65a-c 2,02Rien (c.

    Fragment)

    3S

    82a-c 2,02 32

    3S

    H 78a-b, 79a 2,02 23

    2V

    75a-b 1,35 28

    2VA

    51d-e 1,35 22

    1S

    Q 47b 0,67 Rien

    1V

    73 0,67 27

    1S

    M 50a 0,67 Rien

    1S R-

    B( 53 0,67 35

    1S

    H

    80a) 0,67 24

    VI : Classement des serpentspar nombre doccurrences dans le second

    et le premier traits.

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    semble du deuxime trait. On peut en dduirequun serpent qui totalise 8,78 % tait poten-tiellement dangereux aux eux des gptiens,qui considraient que leurs morsures devaientfaire lobjet dattentions spciales. En tout cas ilsntaient pas mortels puisque les serpents mor-tels ne sont pas signals (c.supra) : en eet lamort quinigent ces derniers est fulgurante etleur morsure ne ncessite par consquent aucunsoin. Si lon admet un rapport entre le nombrede remdes et la prsence relative dune espce,ce palmars reprsente plus ou moins un tatdes risques potentiels dtre mordu par lune ou

    lautre de celles qui sont cites. Bien entendu,les soins accords ne permettent pas de distin-guer les espces dont les noms ont disparu dansle premier trait, savoir, du haut vers le bas, leS H, la G V, le SQet le S M, qui restent des in-connus, quoi que la G V ( 65a-b)ait des chances de correspondre la notice V- [] du Fragment.

    CONCLUSION

    Ainsi que le rappelle le pLede I 343+345,lgpte passait dj aux XVIIIe-XIXe dynas-ties pour un peuple habile charmer les ser-pents 53. Dans un monde o tout Ophidien estun vhicule divin potentiel, attach aux forceschthoniennes, il nest pas tonnant quils aientsuscit un surcrot dintrt tant ils deviennentomniprsents dans la topographie cultuelle vers

    la n de la seconde moiti du IIIesicle avantnotre re. Mais il faut ajouter que le premier do-cument, du moins ma connaissance, attestantdun intrt pour ces serpents divins, provientde Bubastis et date du rgne de Nectanbo II54.

    53. Sauneron (1966 : 27-64, et spcialement p. 38). La Bible elle-mme (Ex., 7, 8-13) rappelle lhabilet des magiciens gptiens. (lescommentaires sont innombrables. Voir cependant Currid (1995 :203-224).

    54. Rondot (1989 : 249-270). Ajoutons le fait quune statuede Bs du Srapum (Louvre, Antiquits gptiennes, N 437),

    Tous les serpents ne sont pas dangereux, loinde l. Cependant, il faut se concilier ces forcesde la nature qui pullulent et dont les noms semultiplient lenvi lpoque tardive, commesi leur emprise saccroissait soudainement dansla pense gptienne. Sous le nom de Serpentdress ( w)55, ou de Bon serpentdress (w nfr), que traduit le grec Agatho-daimon56, leurs silhouettes simposent commeune constante dans les extraits de monogra-phies religieuses qui se perptuent aux poquesgrecques et romaines57. Se dtachant sur cetarrire-plan de la pense sacerdotale, le pBroo-

    kln, dont les indices de datation de la copieconvergent, comme on la vu, vers le rgne dudernier souverain dorigine gptienne, paratbien ancr dans le cadre de cet intrt croissant,dont les prmisses ophionomastiques et icono-graphiques se devinent dans le dcor des stlesdHorus dates de lpoque libenne58. Il per-met de sonder les conceptions dont les Ophi-diens taient lobjet, sur le plan toxicologique,dans un milieu form de spcialistes se plaant

    sous la protection de la desse-scorpion Selkis :les dompteurs-de-Selkis.La prsentation du pBrookln permet dobser-

    contemporaine du rgne de Nectanbo II, porte autour de laceinture un serpent nou proclamant sa domination sur lesserpents. Cette statue renvoie naturellement aux stles dHorusqui prsentent au-dessus de la tte du jeune dieu la boucle delenfance une tte de Bs.

    55. Le terme est bien prsent en tte de ligne pour indiquer lun des17 items constituant la carte didentit de chaque nome. Voir Petrie(1889 : pl. x, n 15).

    56. On les appelle aussi les w. nfr.w(WbI, 222, 12-15). Il sagit de

    serpent protecteurs qui protgent la divinit de leur venin. Il sagitaussi de dieux-anctres : Pres (2002 : 295-298).

    57. Ils sont plusieurs pour chaque nome (c.Vandier (1961 : 122[XII, 8-10]). Pour ces encclopdies sacerdotales, voirRochemonteix & Chassinat (1897/2008 : 329-344) ; Petrie(1889 : 21-25, pl. -) ; Osing (1998 : 230-247 ; 267-272,273-275 ; Osing & Rosati (1998 : 30-43). On a donn ici lesextraits qui taient complets, mais il existe de nombreux cas o cesextraits ne concernent quune localit. Voir par exemple Rondot(1989). Cependant, la bibliographie arente ces encclopdiessacerdotales est trs importante ; c.Aufrre (2007a : 150, n. 278).

    58. Berlandini (1980 : 235-245 et pl. -). Voir aussi Aufrre( paratre - c).

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    ver que les deux traits qui le composent sont, des degrs divers, guids par une mme lo-gique iatromagique, ce qui nexclut pas dansleur rdaction une relle part dobservation etde science, notamment dans le premier trait.On voit que lauteur est vers dans la nomen-clature ophiologique et lanalse, do louvrageintitulAnalyseou Symptomatologie des morsures(causes par des serpents). Ils reprsentent lun etlautre la face scientique dun corpus ten-du tir du Livre sacr59auquel recourt le domp-teur-de-Selkis, titre dont les tenants se propo-saient non seulement de soigner les morsures

    des serpents qui oraient des chances de surviemais aussi de pallier les eets de celles-ci dans lemonde des morts, ce qui tendait leur ecienceau-del de la sphre terrestre.Ce nonobstant, le contenu respectif de ces deuxtraits tranche rsolument avec celui des stleset des statues magiques, notamment la stle deMetternich et la statue de Djedhor-le-Sauveur, silon prend deux exemples peu prs contempo-rains du pBrookln et qui prsentent entre euxdes points communs sur les reptiles et animaux

    venimeux. Lecience mdicale des deux traitsrepose respectivement 1) sur la reconnaissancedes serpents, lanalse des morsures et 2) la prco-nisation de mdications dont une part est adap-te de faon spcique une srie de smptmes,dont lclosion nest jamais explicitement lie laction de forces divines, quoiquune majoritde serpents ore une anit avec des divinitsprcises. Comme le montrent les tableaux runisdans cette tude, le premier trait du pBrooklntmoigne dune part indniable de scienticit,ce qui en fait un crit part dans lpistm gp-tienne. Le statut du second trait, qui comprendlensemble des mdications, est lgrement plusambigu. Par souci de prudence, semble-t-il, sonauteur se rfre incidemment des pratiquesmagiques dont il prtend quelles sont propresau dompteur-de-Selkis, qui connat les formules(c. 85c) et lusage de larme absolue contre lesmorsures : loignon ( 41-42b), prconis ail-

    59. On renverra Aufrre (2012a) ; Aufrre ( paratre - b).

    leurs dans dautres contextes60. Il peut se rfrerau mthe de R mordu par Apophis ( 41), aumthe dHorus ( 79b) ; il peut invoquer ot( 43b) ; il associe chaque fois les divinits lef-cacit dun remde. Ds lors, il pose le principedune analogie fonde sur lidentication entrele patient envenim et une force divine aantconnu personnellement la douleur dune mor-sure de lophidien qui incarne la force du mal parexcellence. Les conceptions lies la libration delemprise du venin peuvent diverger dun docu-ment lautre, mais un des textes de la statue deDjedhor-le-Sauveur tmoigne que celle-ci, si lon

    sen tient au domaine de la pure magie, seectueen cinq temps. Lexemple est rare, qui est fondsur lidentication dHorus avec un dompteur-de-Selkis61, spcialiste dispensant des soins unhomme mordu par un serpent ou piqu par unscorpion ou un autre animal :

    1) La premire tape implique que le patientenvenim est assimil au dieu-victime (R)62mordu par Apophis puisque tous les venins,quels quils soient, sont assimils aux sanies de

    ce monstre, incarnant la violence, le dchane-ment et la douleur.2) Dans la deuxime tape, Horus assimil undompteur-de-Selkis est dpch par Atoum laube auprs de R sourant.3) Au cours de la troisime tape, Horus admi-nistre des soins R aprs lavoir examin gisant terre.4) Lors de la quatrime tape, R est soign etremis sur pied.5) Dans la cinquime et dernire tape, en vertu

    dune analogie de situation, le malade envenimlui aussi est guri et remis sur pied.

    Horus, conformment sa fonction de domp-teur-de-Selkis, examine, palpe, panse et soignetour tour. Si le dieu-victime, qui passe aussi

    60. Goon (1971 : 154-159).

    61. Jelnkov-Remond (1956 : 7-21). Voir aussi Borghouts(1978 : 95-96, n 145) ; von Knel (1984 : 205, n 31).

    62. Le dieu-victime peut tre Horus et ds lors les divinits quiinterviennent sont Isis et ot, la demande de R.

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    pour avoir t envenim par Isis63, peut changer ce peut tre Osiris, Horus ou R , toujoursest-il que cette prsentation des choses peutfaire oce de thorie gptienne de base sur lafaon de considrer les soins appliqus aux mor-sures dophidiens ou aux piqres de tout autreanimal.Cet intrt notable pour les morsures dOphi-diens, sur lesquelles se concentre linformationiatromagique, accompagne lessor contempo-rain de dispositifs vasques magiques, troite-ment lis au concept des sanatoriade lpoquetardive et des bains curatifs. Il faut cependant

    reconnatre que, dans le cas du pBrookln,lespoir de la gurison ne passe pas, contraire-ment aux statues de Djedhor-le-Sauveur et lastle de Metternich, qui possdent lune etlautre une vasque cet eet , par labsorptiondu liquide que lon fait couler sur la stle pourquelle simprgne des vertus des textes magiquesmais par un traitement, qui dnote le recours une thrapeutique spcique sappliquant auxmorsures. Cela induit un niveau de techntrssuprieur de la part du dompteur-de-Selkis

    qui s rfrait. Pourtant, au vu de la prsence,dans le second trait, de formules renvoant la magie analogique, il ne faudrait pas imaginerque la tradition magique ft incompatible aveclapplication de soins, car le champ et la diver-sit des interactions entre les deux domainessont relativement tendus. propos du sanato-rium de Dendara, Franois Daumas64crivait : Ne nous laissons pas impressionner par toutlaspect magique que rvle la destination desparties encore bien conserves du monument.Le bain dans leau sainte ne dispensait pas duntraitement et il maintenait du moins lespoirchez ceux que la science mdicale savouaitimpuissante gurir. Conformment lidequil faut retenir de lusage des sanatoria65, lesdeux registres mdical et magique se com-

    63. Voir Aufrre (2010 : 31-32 : Le serpent de douleur et le secretdu dieu) ; c.Aufrre (2002).

    64. Daumas (1957 : 56).

    65. Dunand (2010 : 4-24).

    pltent et, en dpit de morsures incurables,comme il ressort de la lecture du premier trait,il peut demeurer lespoir dune gurison parla magie. Cet espoir est pourtant bien attest mais rarement dans le premier trait, oil est mme question de cas o la magie savreinoprante, quoi quon fasse. Ds lors, le mieuxest de considrer que, mme sil existe des dif-frences de graduations conceptuelles entre cesdeux tpes de textes, et quel que soit leur degrdimplication dans la iatromagie, ils sinscri-vent, malgr une certaine dose de scepticismeque lon devine chez lauteur du pBrookln,

    sous le signe thoriquedune complmentaritdes deux moens dintervention. Il existe eneet bien des interactions entre les domainesdune science relle fonde sur des observationssmiologiques objectives et la iatromagie66, quise dcline en approches direntes selon lesmilieux dans lesquelles celles-ci prennent nais-sance.Cette rexion ne rsout pas toutes les ques-tions que lon se pose au sujet de ce documentexceptionnel. Au cas o celui-ci naurait pas t

    dcouvert, nous aurions vcu longtemps encoresur lillusion que le champ daction contre lesOphidiens auquel taient limits les gptienstait du seul ressort du domaine de la magie,dautant que les soins consacrs aux morsuresde serpents dans la mdecine traditionnelletaient rduits aux pauvres occurrences dunvaste corpus, qui pouvait faire douter de lexis-tence dune mdecine spcialise. Mais la pro-blmatique de la datation du document derfrence est plus complique. De deux choses

    lune. Soit cette tradition mdicale serait tardivequoique le second trait prtende traditionoblige ! quelle remonte lobscur rgne dunroi Neferkar ( 42c) ? Mais nest-ce pas l unclich si courant de la part des gptiens67pourfaire bonne gure au regard de la postrit un

    66. Je nentends pas linteraction entre magie et science de la mmefaon que Gr (2003 : 276-283) dont le titre est pourtant trsallchant, car sa communication vise notamment les produits donton prsume une ecacit relle dans le cadre iatromagique.

    67. Aufrre (1998).

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    moment o on se tourne sstmatiquement versle pass ? Soit cette tradition serait ancienne,sans ltre autant que le paprus le prtend. Ilfaut tre nuanc au vu des erreurs qui jalonnentcet crit, erreurs qui dnotent lexistence dunhpotexte transcrit sur le plan graphique dans un gptien de Basse poque, avec desapproximations. On a vu tout ce qui, paradoxa-lement, spare en mme temps que ce qui rap-proche ce texte dautres documents magiquescontemporains en sorte que son contenu scien-tique inhabituel mamnerait plutt voirun rescap du naufrage de la science du Nouvel

    Empire, dont on conservait pieusement la copiedans un milieu mdical hliopolitain contem-porain du rgne de Nectanbo II ou peut-treplus tardif, mais cependant dtach dune tech-n vritablement vivante. Je veux dire par lque le texte pourrait non pas tmoigner dunepratique, qui reste dicile valider au moende documents univoques de cette poque, maisreprsenter plutt un crit de bibliothque, en somme une relique du pass. Carlexistence dun document tel que le pBrookln

    ne peut fournir une attestation dune pratiquecontemporaine mais tout le moins celle dunerudition livresque. Il tmoignerait, dans cecas, du dclin dune tradition mdicale donton conserve les traces, certes, mais qui ne seraitpas entretenue et laquelle se substituerait unplus grand nombre de pratiques iatromagiquesaccompagnes par des attestations matriellesde plus