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    SCIENCES

    &

    LETTRES

    AU

    MOYEN

    AGE

    et

    a

    l'poque

    DE

    LA

    RENAISSANCE

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    Paris.

    Typographie de

    Firmin-Didot

    et C

    ic

    rue

    Jacob,

    56.

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    LE

    ROI

    DE NAVARRE,

    HENRI

    D'ALBRET

    ,

    TROUVANT

    LA

    MARGUERITE

    DANS

    LES

    JARDINS

    D'ALENON.

    Miniature

    de

    Yfnitiatowe instructive en

    areUgion

    chrestienne.

    ,

    m

    s excut

    au

    m

    e

    sicle

    pour Marguerite

    de

    Navarre,

    et

    pouvant

    tre

    attribu

    Geoffroy

    Tory: n

    (il)

    T.

    F.

    de

    la

    Bibliothque

    de

    l'Arsenal

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    SCIENCES

    &

    LETTRES

    AU

    MOYEN

    AGE

    ET A L'POQUE

    DE

    LA

    RENAISSANCE

    Par PAUL

    LACROIX

    (Bibliophile

    Jacob)

    CONSERVATEUR

    DE

    LA BIBLIOTHEQUE

    NATIONALE

    DE

    I.'aRSENAL

    OUVRAGE ILLUSTR

    DE

    TREIZE

    CHROMOLITHOGRAPHIES

    EXCUTES PAR

    COMPRE.

    DAUMONT,

    PRALON

    ET

    WERNEK

    ET DE

    QUATRE CENTS

    GRAVURES

    SUR

    BOIS

    PARIS

    LIBRAIRIE

    DE FIRMIN-DIDOT ET

    C

    l

    *

    IMPRIMEURS

    DE L'iNSTITUT

    DE FRANCE,

    RUE JACOB,

    56

    1877

    Reproduction

    et traduction

    rserves.

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    PRFACE

    ows

    terminons

    enfin

    notre

    ouvrage

    sur le

    Moyen

    Age

    et

    la

    Renaissance,

    par

    ce

    nou-

    veau

    et

    dernier

    volume,

    dont

    le

    vaste

    sujet

    n'offre

    pas

    moins d'intrt

    que celui

    des

    trois

    volumes prcdents.

    Au commencement

    du

    Moyen

    Age,

    Ventre

    du

    V

    e

    sicle

    de notre

    re,

    les

    peu-

    ples barbares

    se

    prcipitent

    sur l'ancien

    monde

    : ces invasions

    successives

    touffent

    en

    peu

    d'annes la

    civilisation grecque

    et

    romaine;

    les tnbres

    succdent

    partout

    Ja

    lumire.

    La religion

    de Jsus-Christ

    rsistera

    seule

    la

    barbarie

    envahissante

    ;

    les

    sciences

    et

    les

    lettres

    disparatront, avec

    les

    arts,

    aie

    la

    face

    du monde

    ,

    pour se

    rfugier

    dans

    les

    glises

    et les

    monastres.

    CYest

    l qu'elles

    doivent

    se

    conserver,

    comme

    un dpt sacr;

    c'est

    de

    l

    qu'ellles

    doivent sortir, lorsque le

    Christianisme

    aura

    renouvel

    la

    socit paemne.

    Mais

    il

    faut

    des sicles

    et

    encorde

    des

    sicles pour

    que les

    connaisscances

    humaines

    soient revenues

    au

    point

    o elles

    taient

    arrives avantt

    la chute

    de

    l'Empire

    des Csars.

    Il

    faut

    aussi

    une

    socit

    nouvelle pouir

    de nouveaux

    efforts

    de l'intelligence

    qui

    reprend

    ses droits;

    les coles-,

    les universits

    se

    fondent

    sous les

    auspi-

    ces

    du

    clerg

    et

    des

    corporations religieuses :

    les

    sciences et

    les lettres

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    PREFACE.

    s'chappent

    alors

    de

    leur

    tombeau.

    L'Europe,

    au

    milieu

    des

    conflits

    tumul-

    tueux

    de

    la

    politique

    qui

    fait

    et

    dfait

    les

    royaumes,

    voit

    renatre

    de

    toutes

    parts

    l'mulation

    du

    savoir

    : les

    potes,

    les

    'orateurs,

    les

    roman-

    ciers,

    les

    crivains

    se

    multiplient et

    rencontrent

    une

    sympathie

    gnrale

    ;

    les savants,

    philosophes,

    chimistes et

    alchimistes,

    mathmaticiens

    et astro-

    nomes,

    voyageurs

    et

    naturalistes,

    se

    rveillent,

    pour

    ainsi

    dire,

    au

    souffle

    vivifiant

    du

    Moyen

    Age;

    de grandes

    dcouvertes

    scientifiques,

    d'admi-

    rables

    ouvrages

    en

    tous

    genres

    attestent

    que le

    gnie

    des

    socits

    modernes

    n'aura

    rien

    envier

    au gnie

    de

    l'antiquit.

    L'imprimerie

    est

    trouve

    :

    devant

    ce

    foyer

    lumineux,

    le

    Moyen

    Age,

    qui

    a

    fini

    son

    uvre

    de

    rnovation

    sociale,

    cde

    la

    place

    la

    Renaissance, qui

    vient

    rpandre

    pleines

    mains

    les

    fcondes

    et

    brillantes

    crations

    de

    l'Art,

    de

    la

    Science

    et

    des Lettres.

    Tel est

    le

    tableau

    grandiose

    et imposant,

    que

    nous

    avons

    essay

    de

    retracer,

    d'une

    manire

    synthtique,

    sous la

    forme

    la

    plus simple

    et

    la

    plus

    vraie,

    qui

    est

    la

    fois

    narrative

    et

    descriptive,

    sans

    nous

    garer

    dans

    les espaces

    imaginaires

    des

    thories

    et des

    discussions

    historiques.

    Le

    rle

    de

    l'historien

    sincre

    et

    impartial

    se

    borne

    raconter,

    et

    si son

    opinion

    personnelle

    s'accuse

    invitablement

    dans

    le

    rcit

    des

    faits

    qu'il

    prsente

    en

    dtail

    ou en

    abrg,

    il

    ne

    doit

    pas

    chercher

    Vimposer

    ses

    lecteurs par

    des

    violences

    de systme et

    par

    des

    efforts

    de

    dmonstration

    philosophique.

    C'est

    surtout

    l'histoire

    du

    Moyen

    Age qui

    a

    donn lieu

    ces

    excs

    de

    jugements

    contraires

    : pour les

    uns, tout

    est

    mauvais,

    tout

    est

    blmable

    dans

    le

    Moyen

    Age; pour les

    autres,

    tout

    est

    bon,

    tout

    est

    admirable.

    Nous

    n'avions

    pas nous

    prononcer

    entre

    deux

    extrmes:

    nous

    racontons,

    nous

    dcrivons,

    en toute

    franchise, en toute

    sincrit.

    Les

    lecteurs

    sont

    l

    pour

    juger

    .

    Au reste,

    la

    plus

    grande

    partie de

    notre

    tche

    tait

    faite;

    pour

    ce

    vo-

    lume comme

    pour

    les

    prcdents,

    nous

    n'avons

    fait

    qu'analyser

    quelques-

    uns des

    chapitres

    de

    notre

    premier

    ouvrage

    :

    le

    Moyen

    Age

    et

    la

    Renais-

    sance,

    en

    compltant

    toujours,

    en amliorant

    quelquefois

    l'uvre

    collective

    de

    nos

    anciens

    collaborateurs,

    et en

    ajoutant

    aussi

    cette

    uvre,

    aujour-

    d'hui

    si

    justement

    apprcie,

    les

    chapitres

    quelle

    ne

    contient

    pas

    et dont

    l'absence

    regrettable

    constate

    son

    imperfection

    relative.

    C'est

    un

    insigne

    honneur

    pour nous,

    cependant,

    que d'

    avoir

    fait

    le plan

    de cet

    ouvrage

    malheureusement

    inachev

    et

    d'avoir

    dirig

    l'excution

    d'une

    entreprise

    littraire

    qui

    a

    mrit

    les

    plus

    honorables

    encourage-

    ments

    et des

    loges

    presque

    unanimes.

    Notre

    pauvre

    ami

    Ferdinand

    Ser,

    qui est

    mort

    la

    peine,

    avait

    merveilleusement

    compris

    l'illustration

    de

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    PRFACE.

    1

    I

    ce

    livre

    magnifique,

    o

    devaient

    tre

    reproduits

    tant

    de

    monuments

    indits

    des arts du

    dessin,

    et

    il a

    t

    trs-activement,

    trs-habilement

    second,

    dans

    son

    travail,

    par

    un de

    nos

    premiers

    dessinateurs

    ,

    M.

    Racinet, et

    par

    un de

    nos

    premiers

    imprimeurs

    lithographes,

    M.

    Lemercier.

    Mais

    les

    temps

    taient

    durs

    alors,

    et

    aprs

    des

    prodiges

    de

    courage

    et

    de per-

    svrance,

    il

    fallut

    s'arrter,

    avant d'avoir

    tenu

    toutes les

    promesses du

    programme

    que

    nous

    avions

    trac, avant d'avoir pu

    terminer

    une uvre

    laquelle

    nous

    avions

    donn

    tant

    de

    soins

    et

    tant

    de veilles

    pendant

    plu-

    sieurs

    annes

    conscutives.

    Le Moyen

    Age

    et

    la

    Renaissance

    n'a

    donc eu

    que

    cinq

    volumes

    au

    lieu

    de

    six,

    qui

    nous

    auraient permis

    de

    parachever

    cette

    vaste

    entreprise.

    Il

    s'en

    est

    fallu

    de

    peu,

    toutefois,

    que cet ouvrage,

    qui

    avait veill

    bien

    deflatteuses

    sympathies,

    ne

    ft

    mis

    fin,

    grce la

    puissante

    intervention

    d'un

    des

    plus

    illustres

    reprsentants

    de

    l

    Imprimerie

    et de

    la

    Librairie

    franaises

    , notre

    excellent

    et vnrable

    ami ,

    le savant

    M.

    Ambroise

    Firmin-Didot

    ,

    dont la

    perte

    rcente

    nous

    laisse de

    si

    profonds

    regrets.

    M.

    Ambroise

    Firmin-Didot,

    qui

    la

    Science

    est

    redevable

    d'une

    foule

    de

    travaux

    remarquables

    sur les

    arts

    et

    les

    lettres du

    Moyen

    Age,

    entre

    autres

    l'Histoire

    d'Aide

    Manuce

    ,

    la Monographie de

    l'uvre

    de Jean

    Cousin,

    les

    Recherches

    historiques sur

    la

    gravure en bois,

    etc.,

    eut

    la

    bonne

    pense,

    tout

    en

    rservant

    pour

    un

    avenir

    possible

    la

    continuation

    ou

    le

    complment

    du

    Moyen

    Age et

    la Renaissance,

    d'y

    suppler

    provisoirement

    par un

    ouvrage

    destin

    un

    public

    plus

    nombreux

    que celui

    qui

    avait

    fait

    le

    succs

    de l'ouvrage primitif.

    Les

    sciences

    historiques

    ont

    fait

    des

    progrs

    considrables

    dans les

    vingt

    dernires

    annes ,

    me disait M. Ambroise

    Firmin-Didot :

    il

    faut

    en

    tenir

    compte.

    Votre

    Moyen Age est

    un

    livre

    class

    dans les

    biblioth-

    ques,

    et

    il

    ne

    perdra

    pas la

    place qu'il

    s'y est

    faite.

    Mais vous

    deve\ le

    refaire

    sous une

    autre

    forme

    et

    avec de

    nouveaux

    lments.

    J'ai

    suivi les

    conseils

    de ce

    guide aussi

    sr

    qu

    expriment

    ,

    et

    sous

    ses

    yeux

    attentifs,

    sous

    son

    heureuse

    influence,

    je

    me

    suis

    attach

    faire

    un

    livre absolument

    neuf

    en

    mettant

    contribution

    le

    livre

    original qui

    est et qui

    restera

    ce

    qu'il est.

    Les

    quatre

    volumes,

    dont

    se

    compose

    main-

    tenant

    le

    nouvel

    ouvrage,

    sont la

    fois

    moins

    tendus

    et

    beaucoup plus

    complets

    que les

    cinq

    volumes

    du

    premier. Le

    plus grand

    nombre

    des

    bois

    qui

    accompagnent

    le

    texte de

    ces

    quatr~e volumes

    et

    toutes

    les

    lithochromies qui

    en

    sont le plus splendide

    accessoire

    n'ont jamais

    paru

    dans l'ancien Moy.en

    Age et

    ne

    le

    cdent

    en

    rien

    ceux

    de

    cette

    belle

    publication.

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    IV

    PRFACE.

    Quant

    au

    texte,

    o

    j'ai

    fait

    ample

    usage

    des estimables

    travaux

    de

    mes

    anciens

    collaborateurs

    (combien,

    hlas

    ne

    sont

    plus

    l aujourd'hui

    pour

    recevoir

    Vhommage

    d'affectueux

    souvenir

    que

    je

    me plais

    leur rendre ),

    je

    n'ai pas

    manqu de

    recourir

    des

    uvres

    excellentes qui

    ont

    paru

    de-

    puis

    la

    publication dupremiir Moyen

    Age et

    qui

    m'ontpermis de

    modifier

    entirement

    quelques-unes

    des

    parties

    de

    ce livre.

    Ainsi

    ,

    pour

    ne

    parler

    que

    du prsent volume, j'ai

    revu les

    chapitres

    Philosophie

    et

    Universits,

    d'aprs

    les

    beaux

    ouvrages

    philosophiques

    et

    histo?~iques de M.

    Ch. Jour-

    dain;

    le chapitre

    Romans,

    d'aprs

    les

    dernires tudes

    de

    M.

    Paulin

    Paris et

    les

    importants travaux

    de

    MM.

    Gaston

    Paris

    et

    Lon

    Gautier;

    le

    chapitre

    Chants

    populaires,

    d'aprs

    le

    Rapport

    de

    M.

    Ampre

    au

    Comit

    des

    Socits

    savantes, etc.

    Si

    j'ai

    russi

    faire

    entrer, dans

    mon

    livre,

    quelques-uns

    des

    renseignements

    nouveaux que

    me fournissaient

    en

    abon-

    dance

    les meilleures

    uvres

    de mes doctes

    contemporains

    ,

    je

    me

    fais

    un

    devoir

    et un plaisir

    de

    rapporter

    eux seuls

    tout

    le

    mrite

    des

    emprunts

    que

    je

    leur

    ai

    faits.

    Maison

    ne

    doit

    pas

    oublier que chacun

    de mes

    chapitres

    est

    une

    espce

    de

    monographie et

    que

    cette monographie

    a

    t

    souvent

    l'objet

    d'un ou de plusieurs

    ouvrages

    spciaux

    parfois

    trs-compliqus

    et

    trs-volumineux.

    Je

    ne pouvais

    faire

    qu'un

    rsum

    toujours

    succinct et trop

    souvent in-

    complet

    en

    rdigeant

    un

    livre

    qui

    renferme

    tant

    de

    sujets varis

    ;

    mais

    du moins

    je

    me suis

    conform

    de mon

    mieux aux avis

    judicieux

    de

    mon

    digne

    ami

    M.

    Ambroise Firmin-

    Didot

    ,

    qui me

    rptait

    sans

    cesse:

    Laisse^

    aux autres

    V

    rudition

    approfondie

    et

    minutieuse;

    ne

    soye\

    qu'un

    interprte

    ingnieux

    ,

    intelligent,

    simple

    et

    naf,

    agrable, s'il

    est pos-

    sible

    :

    tche{

    de vous

    faire

    lire et

    comprendre

    par tout le

    monde.

    Les

    grands succs

    appartiennent

    moins

    aux

    savants qu'aux

    vulgarisateurs.

    ier

    novembre

    1876.

    PAUL

    LACROIX

    (bibliophile JACOB

    )

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

    19/684

    SCIENCES

    & LETTRES

    AU

    MOYEN

    AGE

    ET

    A

    L'EPOQUE

    DE

    LA

    RENAISSANCE

    UNIVERSITS,

    COLES,

    COLIERS

    Lgende

    de la

    fondation

    de l'Universit

    de

    Paris,

    par Charlemagne.

    coles du clotre Notre-Dame.

    Origine

    du

    nom

    de

    l'Universit.

    Organisation

    universitaire.

    Les quatre Nations

    et

    les

    quatre

    Facults.

    Le

    recteur

    et

    les

    autres

    officiers

    de

    l'Universit.

    Les

    grands

    et

    les petits

    messagers.

    Privilges

    de

    l'Universit.

    Sa

    puissance

    et sa

    dcadence.

    Son rle politique.

    Cration

    des

    Universits

    provinciales.

    Grandes

    coles

    de

    la

    rue

    du

    Fouarre.

    Les

    collges

    de

    Paris.

    Dsordres

    des

    coliers.

    Leurs

    jeux.

    Leurs

    ftes.

    Foire du

    Lendit.

    Universits trangres.

    u

    sixime

    sicle de

    Pre

    chrtienne,

    les

    coles

    de

    Marseille, d'Autun,

    de

    Narbonne,

    de

    Lyon, de Bordeaux

    et

    de

    Toulouse,

    qui,

    sous

    la domination

    romaine,

    avaient

    jet

    sur la

    Gaule un

    si

    vif

    clat, grce

    aux

    noms

    de

    leurs

    illustres

    matres ou

    lves,

    les

    potes

    Ptrone

    et

    Ausone,

    l'historien

    Tro-

    gue Pompe ,

    les

    orateurs

    Salvien

    et

    C-

    saire,

    etc.,

    n'taient

    plus

    qu'un

    vague sou-

    venir.

    Le

    rgne de

    Dagobert

    (638)

    vit

    s'teindre

    les

    dernires lueurs

    du

    gnie

    antique.

    Le clerg, qui

    resta

    ds

    lors

    Tunique

    dpositaire

    des

    connaissances

    humaines, se laissait,

    son

    tour,

    envahir

    par

    les

    tnbres

    de

    l'ignorance,

    quand

    vint

    Charlemagne,

    qui

    devait ten-

    ter

    les plus

    louables,

    les plus

    constants

    efforts

    pour

    favoriser,

    dans

    SCIENCES

    ET

    LETTRES.

    I

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

    20/684

    SCIENCES

    ET

    LETTRES.

    son

    vaste

    empire,

    une

    sorte

    de

    rgnration

    intellectuelle.

    Par

    ses

    ordres,

    le

    moine

    anglo-saxon

    Alcuin et

    quelques

    doctes

    clercs

    trangers furent

    appels

    la

    cour.

    Ce

    fut

    sous

    leurs

    auspices qu'il

    cra,

    dans

    son

    palais

    mme, une

    acadmie dont

    il

    s'honorait

    d'tre

    membre

    et

    aux travaux

    de

    laquelle

    il

    ne

    ddaignait

    pas

    de

    prendre

    part.

    L'criture,

    qui tait

    devenue

    indchiffrable, fut rectifie; la

    langue

    latine, qui

    cdait

    la

    place

    aux

    idiomes

    barbares,

    fut remise

    en honneur;

    les

    anciens

    manuscrits

    qui existaient

    dans

    les

    monastres

    furent

    revus

    et

    reproduits avec

    des soins plus

    clairs.

    L'enseignement

    des sciences

    et des

    lettres recommena donc

    fleurir

    dans les coles

    ecclsiastiques.

    Aussi, bien

    longtemps

    aprs le

    grand empereur,

    cette

    renaissance

    litt-

    raire

    qu'on lui

    attribuait,

    et

    que la lgende

    avait

    potise,

    lui fit

    donner

    le titre de

    fondateur

    et

    de

    patron

    de

    l'Universit;

    aujourd'hui

    encore,, le

    front de

    saint Charlemagne

    reste

    couronn

    de

    l'aurole

    pdagogique et

    littraire

    que

    lui dcerna la reconnaissance

    de

    nos

    aeux.

    En

    ces temps, raconte

    Nicole

    Gilles, chroniqueur du

    quinzime

    sicle,

    qui

    ne fait

    que

    paraphraser

    un

    passage

    de la

    chronique

    carlovingienne du

    Moine

    de

    Saint-Gall,

    en

    ces

    temps

    vinrent

    d'Irlande

    en

    France deux

    moines qui

    toient

    d'Ecosse,

    et qui

    toient

    grands

    clercs

    et

    de sainte

    vie.

    Par

    les

    cits

    et par

    les

    pays

    (campagnes), prchoient et crioient qu'ils

    avoient

    science

    vendre,

    et que

    qui

    en

    voudroit

    acheter

    vnt

    eux.

    Ce

    qui

    vint

    la

    connoissance

    de

    l'empereur

    Charlemagne,

    qui les

    fit

    venir

    devers

    lui

    et leur

    demanda

    s'il

    toit vrai

    qu'ils

    eussent science

    vendre

    ;

    lesquels

    rpondirent que, voirement, ils l'avoient

    par

    don de grce

    de Dieu, et

    qu'ils

    toient

    venus en

    France

    pour

    la

    prter et enseigner

    qui la vou-

    droit

    apprendre. L'empereur leur

    demanda quel

    loyer (rmunration)

    ils

    voudraient

    avoir, pour

    la montrer. Et

    ils rpondirent

    qu'ils ne voudroient

    rien,

    fors

    (si

    ce

    n'est)

    lieux

    convenables

    ce

    faire

    et la substance

    (subsis-

    tance)

    de

    leur

    corps

    tant seulement,

    et

    qu'on

    leur

    administrt gens

    et

    enfants ingnieux pour

    la recevoir.

    Quand

    l'empereur les

    eut

    ous, il

    fut

    bien

    joyeux

    et

    les tint avec lui jusqu'

    ce qu'il dut

    aller en guerre. Et

    lors

    (alors)

    commanda

    l'un d'eux,

    nomm

    Clment, qu'il. demeurt

    Paris,

    et lui fit donner

    les enfants de

    gens de tous tats,

    les

    plus

    ingnieux

    qu'on

    sut

    trouver,

    et fit

    faire

    lieux et

    coles convenables pour

    apprendre,

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

    21/684

    UNIVERSITS.

    3

    et

    commanda

    qu'on

    leur

    administrt

    tout

    ce

    qui

    leur

    seroit

    besoin,

    et

    leur

    donna

    de

    grands privilges,

    franchises

    et

    liberts.

    Et

    de

    l

    vint la

    premire

    institution du

    corps de

    l'Universit

    de

    Paris,

    qui

    toit

    Rome,

    o

    auparavant

    d'Athnes elle

    avoit

    t transfre.

    Tels

    sont

    les

    faits

    qui

    furent gnralement admis

    comme

    incontestables

    Fig.

    i.

    Grande initiale, dessine

    la

    plume

    (fin

    du

    xv

    e

    sicle),

    reprsentant

    des

    types

    d'coliers,

    dans

    un

    des

    registres

    manuscrits

    de la

    Nation d'Allemagne.

    Archives

    de

    l'Universit.

    pendant

    plus

    de

    huit sicles,

    c'est--dire

    jusqu'

    ce

    que

    le

    savant

    Etienne

    Pasquier

    (1564),

    en

    dfendant

    avec

    ardeur,

    mais

    avec

    impartialit,

    les

    an-

    ciens

    privilges

    de

    l'Universit de

    Paris,

    eut

    dmontr,

    de

    concert

    avec

    l'avocat

    Loisel

    et

    l'historien

    Andr

    Duchesne, que

    ces

    glorieuses

    traditions

    ne

    reposaient sur

    aucun

    fondement

    historique.

    A

    la

    vrit,

    il

    ne

    tint

    pas

    d'autres

    savants

    non

    moins distingus, aux

    Du

    Cange,

    aux

    Mabillon,

    aux

    gasse du

    Boulay,

    aux

    Crevier,

    que l'origine

    lgendaire

    de

    l'Universit

    ne

    reprt

    dfinitivement

    place

    dans

    l'histoire

    ;

    mais

    l'rudition

    ayant

    dit

    son

    dernier

    mot,

    part

    toute

    question de

    patriotisme,

    il

    fut

    reconnu

    et

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

    22/684

    4

    SCIENCES

    ET

    LETTRES.

    avr

    que

    les

    tablissements

    acadmiques ou

    scolaires

    de

    Charlemagne,

    comme

    beaucoup

    d'autres

    crations

    de

    son

    gnie

    universel,

    ne

    survcurent

    pas

    la

    volont

    puissante

    qui

    les

    avait

    fonds,

    et

    que

    les

    clbres

    coles

    de

    Paris

    naquirent

    et se

    dvelopprent

    sous

    l'influence

    immdiate

    de

    l'glise.

    Quant

    l'tymologie

    du

    nom

    de Y

    Universit,

    il

    faut la

    chercher

    dans

    le

    sens

    du

    mot latin

    universitas,

    qui,

    au moyen

    ge,

    reprsentait

    une

    ru-

    nion,

    une

    catgorie

    de

    personnes.

    Ainsi,

    dans

    les

    actes

    et

    mandements

    publis

    au nom

    des

    coles

    de

    Paris,

    on employait

    la

    formule

    ordinaire

    :

    Noverit

    universitas

    vestra

    (c'est--dire

    : Sachez

    tous

    tant

    que

    vous

    tes

    ),

    et

    cette formule,

    qui

    s'appliquait

    tous

    les

    protocoles,

    figurait

    aussi

    en tte

    de tous les

    diplmes

    mans

    des matres et

    adresss

    aux

    lves.

    On com-

    prend

    que le

    mot

    universitas,

    prenant peu

    peu

    un sens

    spcial

    ou

    res-

    treint, finit

    par

    dsigner

    particulirement

    l'Universit

    ou

    la

    totalit

    des

    tudiants,

    puis

    l'institution

    universitaire

    elle-mme

    que

    formaient

    ces

    tu-

    diants, et,

    enfin,

    le vaste

    quartier

    de

    la

    ville

    qui leur

    tait

    presque

    exclu-

    sivement

    rserv sur

    la

    rive

    gauche de la

    Seine.

    Les

    annales

    de l'Universit

    de

    Paris ne

    sauraient

    pourtant

    remonter

    au-del des

    cours

    publics

    de

    Pierre

    Abailard,

    cette

    grande

    et

    sympa-

    thique

    illustration

    qui demeura

    si

    vivement

    empreinte

    dans

    la

    mmoire

    populaire.

    Lorsqu'en

    1

    107

    le jeune

    et

    infortun

    docteur

    vint

    pour

    la

    pre-

    mire

    fois

    dans

    la

    capitale

    pour

    y

    complter ses

    tudes,

    l'cole

    tait

    encore,

    pour ainsi

    dire,

    pendante

    au

    giron de l'glise.

    C'tait

    dans

    le

    clotre

    de

    Notre-Dame

    qu'enseignaient

    les

    habiles

    matres

    Guillaume

    Cham-

    peaux

    et

    Anselme

    de

    Laon,dont

    il

    suivit

    d'abord

    les leons,

    et

    qu'il

    devait

    bientt

    surpasser

    l'un

    et

    l'autre. Cinquante ans

    plus tard,

    on

    voit

    appa-

    ratre

    dj

    le

    berceau

    de

    l'Universit, car Henri

    II,

    roi

    d'Angleterre,

    pro-

    posait de

    soumettre

    le

    diffrend

    qui

    s'tait

    lev

    entre

    lui

    et

    Thomas

    Bec-

    ket, vque

    de

    Cantorbry,

    l'arbitrage des coliers

    des

    diverses

    nations,

    tudiant

    Paris.

    Ce

    tmoignage

    d'estime

    et

    de

    dfrence

    l'gard

    des co-

    liers

    de Paris

    caractrise

    d'une manire notoire

    la

    rputation

    et le crdit

    dont

    jouissait,

    cette

    poque,

    non-seulement

    en

    France,

    mais encore

    en

    pays

    tranger,

    leur

    universit

    cosmopolite.

    En

    1200,

    un

    diplme

    de

    Philip-

    pe-Auguste,

    dat

    de

    Bthisy,

    dans

    lequel

    se

    trouve,

    en quelque sorte,

    le

    fondement

    des

    privilges de

    l'Universit,

    nous

    montre

    cette

    nouvelle insti-

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

    23/684

    UNIVERSITS.

    5

    tution

    fonctionnant

    sous

    un

    chef,

    dont

    l'immunit,

    ainsi

    que

    celle

    de

    tous

    ses

    membres,

    est

    solennellement

    garantie

    vis--vis de

    la

    justice

    laque.

    Fig.

    2.

    Sceau

    de

    la

    Nation

    de

    France.

    Fig.

    4.

    Sceau

    de

    la

    Nation

    d'Angleterre.

    xiv

    sicle.

    xiv

    e

    sicle.

    Fig.

    3.

    Contre-sceau de

    la

    Nation

    de France.

    Fig.

    5.

    Contre-sceau

    de

    la

    Nation

    d'Angleterre

    xiv

    e

    sicle.

    xiv

    e

    sicle.

    (Tirs

    de

    la collection

    sigillographique

    des

    Archives

    nationales.)

    Enfin,

    en

    1260,

    le

    corps

    universitaire

    se

    prsente

    muni de

    tous

    ses

    organes

    constitutifs et parvenu

    son

    entier

    dveloppement.

    Il

    faut

    donner ici

    une

    ide

    sommaire

    de

    cette

    organisation

    ingnieuse

    et

    complexe,

    d'aprs

    les

    recherches

    de

    Vallet

    de

    Viriville

    et

    celles du

    savant

    M.

    Charles

    Jourdain,

    le

    dernier historien

    de

    l'Universit

    de

    Paris.

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

    24/684

    SCIENCES

    ET

    LETTRES.

    Ds

    le

    principe,

    une

    division naturelle

    s'tablit

    entre

    les-jeunes

    gens,

    que la

    renomme

    des

    grandes

    coles

    parisiennes

    y

    faisait

    affluer

    de

    tous

    Fig.

    6.

    Sceau

    de

    la

    Nation

    de

    Normandie.

    Fig.

    8.

    Sceau

    de

    la

    Nation

    de

    Picardie.

    xiv

    e

    sicle.

    XIV

    c

    sicle.

    les

    points

    de

    la

    chrtient.

    Les

    coliers

    se

    grouprent

    par

    nations,

    et

    ces

    groupes

    ayant

    adopt,

    par

    analogie de

    langue,

    d'intrt,

    de

    sympathie,

    une

    forme

    plus

    rgulire,

    il

    n'y

    eut

    que

    quatre

    Nations,

    ainsi

    dsignes

    :

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

    25/684

    UNIVERSITS.

    7

    celle

    de

    France

    (fig.

    2

    et

    3),

    celle

    C

    Angleterre

    (fig.

    4

    et

    5),

    celle

    de

    Nor-

    mandie

    et celle

    de

    Picardie

    (fig.

    6

    9).

    La

    Nation

    de

    France se

    compo-

    sait de cinq Tribus,

    qui

    comprenaient

    les

    vchs

    ou

    provinces

    mtropo-

    litaines de

    Paris, de

    Sens, de

    Reims

    et

    de

    Bourges

    (fig.

    10

    i3),

    et tout

    le

    midi de l'Europe, en sorte

    qu'un

    Espagnol

    et un

    Italien,

    qui venaient

    tudier

    Paris, taient

    compris

    dans

    la

    Nation de

    France.

    La

    Nation

    Fig.

    10.

    Sceau

    de

    l'Universit de

    Reims

    (i

    568)

    .

    l'Universit

    de

    Reims

    (

    1

    568

    )

    .

    (Tirs de

    la

    collection

    sigillographique des

    Archives

    nationales.)

    d'Angleterre,

    qui

    se

    subdivisait

    en deux

    Tribus,

    celle

    des insulaires

    et

    celle

    des

    continentaux,

    embrassait

    toutes

    les

    contres

    du Nord

    et de l'Est,

    tran-

    gres

    la

    France.

    Mais

    quand un

    violent

    antagonisme

    se fut

    dclar entre

    les deux

    peuples

    que

    spare le

    dtroit

    de la

    Manche,

    le nom

    d'Angleterre

    tant

    devenu un

    objet

    d'excration

    gnrale

    pour

    les

    Franais,

    la nation

    universitaire,

    qui

    depuis

    plus

    d'un sicle

    avait

    port

    ce

    nom-l,

    prit

    celui

    de Nation

    d'Allemagne,

    nom

    seul employ dans

    les actes

    publics,

    dater

    de

    la

    rentre

    de

    Charles VII

    Paris, en

    1437

    (fig.

    1).

    La Nation

    de

    Normandie

    n'avait qu'une

    seule

    Tribu,

    correspondant

    la

    province

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

    26/684

    8

    SCIENCES

    ET

    LETTRES.

    qui

    portait ce

    nom;

    la

    Nation

    de

    Picardie,

    au

    contraire,

    en

    avait

    cinq,

    reprsentant

    les

    cinq

    diocses

    de

    Beauvais, de

    Noyon,

    d'Amiens,

    de

    Laon,

    et

    des Morins

    ou de

    Trouanne.

    Les

    quatre

    Nations

    runies

    constiturent

    d'abord

    Y

    Universit

    des

    tudes;

    plus

    tard

    une nouvelle

    division s'tablit,

    selon

    l'ordre

    des tudes

    de

    chaque

    Nation,

    et

    les Facults

    prirent

    naissance. Ds lors,

    la

    distinction

    de

    Na-

    Fig.

    12.

    Sceau

    de l'Universit

    d'Aix

    en

    Provence.

    xvi

    e

    sicle.

    Fig.

    i3.

    Grand sceau

    de

    l'Universit

    de

    Bourges.

    xv

    c

    sicle.

    (Tirs de

    la collection sigillographique

    des

    Archives

    nationales.)

    tions

    ne

    subsista

    plus que

    dans

    la

    Facult

    des

    Arts,

    dnomination

    qui

    comprenait la grammaire,

    les

    humanits

    et la

    philosophie,

    telles

    qu'on les

    enseignait dans les coles.

    Envisags

    un

    autre

    point

    de

    vue,

    les

    arts dits

    libraux

    embrassaient

    le

    trivium,

    c'est--dire

    la

    grammaire,

    la

    rhtori-

    que

    et

    la dialectique, et

    le

    quadrivium, c'est--dire

    l'arithmtique,

    la

    go-

    mtrie, la

    musique et

    l'astronomie.

    Quand on

    considre

    la place

    que

    l'glise

    occupait

    dans

    la socit

    du

    moyen ge, on ne

    s'tonnera pas

    que

    l'enseignement

    religieux

    se

    soit

    con-

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

    27/684

    UNIVERSITS.

    9

    stitu

    de

    bonne

    heure, et

    qu'il soit

    devenu

    l'objet

    mme

    d'une facult

    sp-

    ciale, la Facult

    de

    thologie. Quand

    plus tard

    apparurent les

    ordres men-

    diants, fonds

    par

    saint Dominique

    et par

    saint

    Franois, les

    anciens

    Fig.

    14.

    Une

    cole

    de moines

    mendiants;

    le

    chtiment

    des

    verges.

    Miniature

    du

    ms.

    n*

    21252

    de

    la

    Bibliothque

    de

    Bourgogne

    Bruxelles. xv

    e

    sicle.

    matres en thologie

    et

    ceux

    de

    la

    Facult

    des

    arts

    refusrent

    d'abord

    d'en-

    trer

    en

    concurrence

    avec les

    nouveaux

    venus

    ;

    mais ils

    y

    furent

    contraints

    par

    saint

    Louis

    et par

    le pape

    Alexandre

    IV,

    et

    Futile

    coopration

    de

    ces

    SCIENCES ET

    LETTRES.

    2

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

    28/684

    10

    SCIENCES

    ET

    LETTRES.

    auxiliaires

    qu'elle

    avait

    d'abord

    repousss

    tourna bientt au profit

    et

    la

    gloire

    de la

    Facult

    de thologie

    (fig.

    14).

    En

    1 t

    5

    1

    ,

    un

    clerc de

    Bologne, nomm

    Gratian,

    ayant

    runi en

    un

    seul

    corps,

    sous

    le

    titre

    de

    Dcret,

    les dcisions

    anciennes et

    nouvelles de

    l'autorit

    ecclsiastique,

    qui

    composaient toute la

    jurisprudence cano-

    nique,

    le pape Eugne III

    approuva

    cette

    compilation

    et en ordonna ren-

    seignement

    dans

    toute la

    chrtient. Telle

    fut l'origine de la

    Facult

    de

    Dcret,

    qui

    n'tait

    d'abord

    qu'un

    dmembrement

    de

    la Facult de Tho-

    logie.

    Vers

    le mme

    temps, les

    Pandectes

    de

    l'empereur

    Justinien,

    dcou-

    vertes

    Amalfi,

    en

    Calabre, ajoutrent

    une prcieuse source

    de

    documents

    l'tude du

    droit,

    laquelle n'avait

    pas

    auparavant d'autres

    bases que le

    code

    Thodosien,

    les lois

    barbares

    et

    les

    capitulaires des rois de France.

    Par-

    tout

    les

    travaux

    des

    jurisconsultes

    se ranimrent, et notamment

    dans

    l'Universit

    de Paris;

    cependant

    le droit

    civil

    n'y prit sa place, que

    beau-

    coup plus tard,

    ct

    du

    droit

    canon. Plusieurs

    papes,

    considrant la

    jurisprudence profane ou

    sculire

    comme

    inutile,

    sinon

    contraire

    la

    jurisprudence

    ecclsiastique,

    publirent

    des bulles pour

    inviter

    les coliers

    n'apprendre

    que

    le

    droit

    canonique.

    C'est aussi

    vers la fin

    du

    douzime

    sicle que

    l'enseignement

    de la

    mde-

    cine

    semble

    avoir

    commenc

    aux

    coles

    laques

    de

    Paris. Jusque-l,

    les

    clercs

    et surtout les religieux, qui

    seuls

    possdaient

    l'instruction

    ncessaire

    pour s'adonner aux tudes mdicales,

    en

    taient

    aussi les seuls matres

    ;

    mais

    la

    discipline

    ecclsiastique

    ne

    tarda

    pas

    contrarier et mme

    inter-

    dire ces

    tudes,

    comme

    elle l'avait

    fait

    pour le droit civil. Une Facult de

    mdecine eut donc beaucoup

    de

    peine

    s'tablir

    dans

    l'Universit. Il

    est

    vrai

    que

    la

    mdecine,

    cette science de faits

    et d'observations,

    ne

    pouvait

    gure

    raliser de srieux progrs,

    au

    milieu

    des

    prjugs

    de

    toute espce et

    sous

    l'aveugle

    autorit

    des

    catgories,

    des formules

    et des

    mthodes empi-

    riques

    qui envelopprent si longtemps

    la

    pdagogie

    universitaire. La

    Facult

    de mdecine

    de Paris

    ne

    pouvait

    donc

    prtendre

    dtrner les

    clbres

    coles de

    Salerne et

    de

    Montpellier, qui

    conservaient

    le

    dpt

    des

    connaissances

    mdicales

    de

    l'antiquit

    telles

    que les

    Grecs

    et

    les Arabes les

    avaient

    transmises au moyen

    ge.

    Les

    trois

    Facults nouvelles

    cres

    dans l'Universit

    demeurrent

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    UNIVERSITS.

    subordonnes,

    malgr

    leurs

    accroissements

    successifs,

    la

    Facult

    des

    Arts

    (fig. i5);

    le

    corps

    des

    quatre

    Nations,

    qui

    composaient

    cette

    der-

    nire

    Facult,

    lui assurait

    une

    prpondrance

    vidente,

    avec

    le

    maintien

    de

    certaines

    prrogatives

    essentielles.

    Ainsi

    chaque

    Nation

    lisait

    un pro-

    cureur,

    et

    chaque

    Facult

    un

    doyen.

    Le mode

    d'lection

    des

    procureurs et

    le

    terme

    de leurs

    fonctions

    variaient,

    toutefois,

    suivant

    les

    Nations.

    La

    Fig.

    i5.

    Sceau

    des

    quatre

    Nations ou

    Facult

    des

    Arts, xvi

    sicle.

    Bibl.

    nat.

    de

    Paris. Cab.

    des

    mdailles.

    Facult

    des

    Arts

    comptait

    quatre

    procureurs.

    La

    Facult

    de

    thologie,

    indpendamment

    de son

    doyen,

    qui

    devait

    tre

    le docteur

    sculier

    le

    plus

    ancien

    en

    grade,

    choisissait,

    tous

    les

    deux

    ans,

    un

    syndic

    charg de

    l'admi-

    nistration

    des

    affaires

    particulires

    de

    sa

    compagnie.

    Quant

    la

    Facult

    de

    Dcret,

    elle

    n'avait

    qu'un

    doyen

    d'ge ou

    d'anciennet

    dans

    le

    grade

    de

    doc-

    teur,

    et

    la

    Facult

    de

    mdecine,

    un doyen

    lu

    tous

    les

    ans

    parmi

    les

    docteurs

    en exercice.

    Doyens et

    procureurs,

    au

    nombre

    de

    sept,

    formaient

    le

    tribunal

    suprieur

    de

    l'Universit.

    La

    Facult

    des

    Arts

    avait

    donc,

    elle

    seule,

    dans

    ce

    tribunal,

    une

    part

    quadruple

    de

    reprsentation,

    et

    disposait

    de la

    majo-

    rit

    des

    suffrages.

    Elle

    s'tait

    attribu,

    en

    outre,

    le

    privilge

    exclusif

    de

    nommer le

    recteur

    ou

    chef

    suprme

    de

    l'Universit,

    lequel

    ne

    pouvait

    tre

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

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    1 2

    SCIENCES

    ET

    LETTRES.

    lui-mme

    pris

    que

    dans

    son

    sein

    (fig.

    16).

    Elle

    seule, enfin,

    avait

    la

    garde

    du

    trsor

    des

    archives,

    l'administration

    du

    Pr-aux-Clercs,

    et

    la

    nomination

    ou

    la

    prsentation

    de

    tous

    les

    suppts

    ou officiers

    universitaires

    non

    lectifs.

    Dans

    l'origine,

    le

    recteur

    lu

    ne restait

    en

    charge

    que

    pendant

    six

    Fig.

    16.

    Recteur

    et

    docteur de

    TUniversit de

    Paris,

    d'aprs

    une

    miniature de

    la Cit

    de

    Dieu.

    xv

    e

    sicle.

    Ms. de la

    Biblioth.

    nat. de Paris.

    semaines

    environ

    ;

    au

    treizime

    sicle,

    la

    dure de

    ses

    fonctions fut

    tendue

    trois

    mois, et,

    vers la

    fin

    du

    quinzime

    sicle, le

    rectorat

    devint

    annuel,

    de

    fait, sinon

    de

    droit. Les

    procureurs

    des

    Nations

    (fig.

    1

    7)

    avaient

    t d'abord

    investis

    du

    droit

    de

    choisir

    le recteur; mais

    des

    brigues

    scandaleuses

    s'tant

    produites

    l'occasion de ce

    droit, les

    Nations

    nommrent

    quatre lecteurs

    spciaux,

    qui,

    avant

    de procder

    l'lection,

    prtaient

    serment de faire

    un

    choix honorable

    et

    utile

    l'Universit.

    Le recteur,

    la dignit

    duqueltaient

    attachs de grandes

    prrogatives,

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

    31/684

    UNIVERSITS.

    i3

    exerait

    sur

    toutes

    les

    coles

    une

    juridiction

    souveraine,

    et

    ne

    reconnaissait

    point

    d'autorit

    suprieure

    la

    sienne

    sur

    le

    territoire

    de

    l'Universit.

    Sou-

    vent

    appel

    en

    personne

    au

    Conseil

    du

    roi,

    il

    marchait

    de

    pair

    avec

    l'vque

    de

    Paris

    et

    le

    Parlement,

    dans les

    crmonies

    publiques.

    Il

    donnait

    tous

    les

    coliers,

    comme

    tous

    les

    matres,

    les

    lettres

    ou

    diplmes

    qui

    leur

    conf-

    raient

    les

    privilges

    de

    leur

    grade et

    recevait

    d'eux

    leur

    serment

    d'ob-

    dience

    passive,

    quelque

    dignit

    qu'ils

    pussent

    parvenir,

    serment

    qui

    Fig. 17.

    Matre

    Jean de

    Vandeuil,

    procureur

    de la

    Nation de

    Picardie,

    xv

    sicle.

    Miniature

    du

    registre

    manuscrit

    n

    11

    (1476-

    1483).

    Archives

    de

    l'Universit.

    emportait

    de

    srieuses

    consquences.

    Il

    nommait

    tous

    les

    offices

    de

    l'Universit;

    il

    clbrait ou

    plutt

    faisait

    clbrer

    son

    avnement,

    comme

    sa sortie

    de charge,

    par

    une

    procession,

    laquelle

    il

    invitait,

    indpen-

    damment

    de

    tous

    les

    suppts

    ou

    officiers

    universitaires,

    les

    communauts

    religieuses,

    qui

    rsidaient

    dans

    l'tendue

    de

    sa

    juridiction.

    En

    141

    2,

    raconte le

    chroniqueur

    Jouvenel

    des

    Ursins,

    lors

    d'une

    procession

    solen-

    nelle

    de

    l'Universit

    l'abbaye

    de

    Saint-Denis,

    pour

    conjurer

    les

    malheurs

    del

    guerre, le

    cortge

    tait

    d'une

    telle

    longueur,

    que

    la

    tte

    de la

    procession

    entrait

    dans

    la

    ville de

    Saint-Denis,

    alors

    que

    le

    recteur

    se

    trouvait

    encore,

    au

    couvent

    des

    Mathurins,

    dans la

    rue

    Saint-Jacques.

    Aprs le

    recteur,

    il

    y

    avait,

    immdiatement

    au-dessous

    de

    lui,

    le

    syn-

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

    32/684

    H

    SCIENCES

    ET

    LETTRES.

    die,

    appel

    aussi

    procureur,

    promoteur

    ou

    procureur

    fiscal,

    lequel

    tait,

    vrai

    dire,

    l'administrateur

    gnral

    de l'Universit,

    et

    qui

    pouvait

    seul,

    en

    certaines

    occasions,

    contre-balancer

    la

    prpondrance

    du

    recteur.

    Fig.

    18.

    Courrier

    suisse,

    d'aprs

    une

    statue

    conserve

    l'htel

    de

    ville

    de Ble.

    xv sicle.

    Le

    trsorier

    avait

    la

    gestion

    financire

    des

    revenus

    et des

    dpenses

    de

    l'Universit.

    Les

    dpenses

    taient

    considrables;

    les

    revenus compre-

    naient,

    outre

    la

    taxe

    scolaire,

    exige

    de

    tous les

    coliers,

    une

    multitude de

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

    33/684

    UNIVERSITS.

    i5

    legs

    et

    de

    fondations

    charitables, le

    produit

    annuel du

    Pr-aux-Clercs et

    celui

    des

    messageries.

    Le

    greffier,

    secrtaire ou scribe,

    tait

    charg de

    tenir

    la plume, de

    lire

    aux

    assembles

    les pices communiques

    et de garder

    dans

    ses

    archives

    les

    registres

    de

    l'Universit, dont

    quelques-uns

    seulement ont

    t

    conservs.

    On

    appelait

    grands

    messagers certains

    bourgeois

    notables

    de

    Paris,

    Fig.

    19.

    Bedeau

    de

    l'Universit.

    Jean

    Lequeux,

    messager de

    Guise

    en

    Thirache,

    au

    diocse

    de Laon.

    Miniature

    du registre

    manuscrit

    n 11

    (1476-1483).

    Archives de

    l'Universit.

    qui,

    tablis

    dans la

    capitale

    et

    ne s'en

    loignant

    jamais,

    servaient

    de

    correspondants

    aux

    coliers venus

    de

    diffrentes

    provinces

    de

    France

    et

    de

    divers pays

    de l'Europe.

    Accrdits

    par les

    familles

    de

    ces

    coliers,

    asserments prs l'Universit,

    ils taient exempts

    du service

    de la

    garde

    urbaine et

    jouissaient

    des autres

    immunits

    universitaires.

    Ils

    devaient

    fournir aux

    tudiants,

    moyennant

    caution

    pralable,

    l'argent

    dont ceux-ci

    auraient besoin.

    Le nombre de ces

    grands messagers

    tait

    limit

    de

    telle

    sorte

    qu'il

    y

    en

    eut un seul

    pour

    chaque diocse.

    Ils

    runissaient

    sous

    leurs

    ordres,

    mais

    sans nombre

    dtermin,

    des

    petits

    messagers

    ou

    simples

    fac-

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

    34/684

    i6 SCIENCES

    ET

    LETTRES.

    teurs, qui

    taient sans

    cesse

    par

    voie

    et

    par

    chemin, portant

    et reportant,

    de

    Paris

    l'extrieur

    et

    de l'extrieur

    Paris,

    les

    lettres missives

    et

    autres

    envois relatifs aux coles

    et

    aux

    lves.

    Il

    faut

    voir,

    dans cette

    organisation primitive,

    l'origine de

    la

    Poste

    aux

    lettres

    et

    des

    Message-

    ries,

    qui

    ont

    t

    depuis leves

    l'tat

    de

    services publics, la Poste, par

    Louis

    XI,

    les Messageries,

    par Louis

    XIV (fig. 18 et

    19).

    L'Universit

    avait encore ses bedeaux, nomms

    aussi

    sergents,

    mas-

    siers ou

    appariteurs,

    au

    nombre

    de

    quatorze;

    chaque

    Nation

    et

    chaque

    Facult

    en

    nommait

    deux,

    un

    grand

    et unpetit.

    Le

    recteur se

    faisait ordi-

    nairement

    prcder

    des

    deux

    bedeaux

    de

    la Nation laquelle

    il appar-

    tenait

    lui-mme.

    Ces fonctionnaires,

    destins originairement

    un

    service

    de

    sret ou de crmonie, finirent

    par

    prendre la plume dans les

    actes publics

    et

    par

    devenir

    des personnages

    demi-serviles

    et

    demi-littraires

    (fig.

    19).

    A

    ces

    officiers,

    grands

    et petits, il faut

    ajouter

    les deux

    chanceliers,

    dpendant des glises de Notre-Dame

    et

    de Sainte-Genevive, les deux

    conservateurs des privilges de

    l'Universit

    :

    l'un,

    conservateur

    royal,

    n'tait autre

    que le

    prvt

    de

    Paris, qui, lors de son installation,

    devait

    s'engager

    par serment

    respecter

    et

    maintenir

    les

    droits

    de

    l'Uni-

    versit;

    l'autre,

    conservateur apostolique,

    tait

    choisi

    entre

    les

    trois

    vques

    de

    Meaux, de

    Beauvais

    et

    de Senlis.

    Les

    titres qualificatifs,

    que

    portaient

    les

    suppts

    ou

    officiers suprieurs

    et

    subalternes de

    l'Universit, ne

    tenaient

    qu'

    leurs

    fonctions tempo-

    raires.

    Ces

    titres-l

    taient absolument

    distincts et

    indpendants

    des titres

    de

    scolarit, grades ou degrs, qu'il fallait acqurir,

    en

    justifiant

    d'une

    somme

    de savoir

    plus

    ou

    moins

    grande.

    Avant

    le treizime

    sicle,

    il n'y

    avait

    videmment

    que

    deux

    degrs

    dans

    le

    corps

    universitaire

    :

    celui

    des

    coliers

    et celui des matres.

    Quiconque

    se

    sentait assez habile

    ou

    assez

    hardi

    pour

    affronter les

    hasards d'une

    audition publique,

    ouvrait

    cole;

    le

    succs rcompensait souvent son audace.

    Remarquons

    que

    ,

    ds

    le

    temps

    d'Abailard,

    les

    adversaires de

    cet

    loquent docteur

    lui

    repro-

    chrent de

    s'tre fait

    lui-mme, de sa propre

    autorit,

    matre

    en

    thologie.

    Une

    fois

    l'Universit

    institue, il

    y

    eut trois

    grades

    auxquels

    les

    coliers

    devaient aspirer successivement. Le premier,

    celui

    de

    bachelier,

    tirait

    indirectement

    son nom,

    suivant

    quelques

    tymologistes,

    du

    mot

    latin ba-

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

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    UNIVERSITS.

    17

    culum

    (bton

    et,

    par

    extension, toute

    arme

    de

    main),

    par

    allusion

    aux

    dif-

    frents exercices

    qui

    prludaient

    l'ducation

    militaire

    de

    la

    jeune

    noblesse.

    Les

    plus anciens bacheliers furent les

    bacheliers

    s

    arts.

    Aprs

    avoir

    bien

    tudi

    son

    trivium,

    l'aspirant

    au

    baccalaurat

    dterminait

    ,

    c'est--dire

    subissait

    un examen

    et

    soutenait

    des disputes

    sur

    la

    grammaire,

    la

    rhto-

    SC1ENCES

    ET

    LETTRES.

    3

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

    36/684

    r8

    SCIENCES

    ET

    LETTRES.

    rique

    et

    la

    dialectique.

    Ces

    disputes

    avaient

    lieu

    solennellement,

    Tune

    avant

    Nol,

    les

    autres

    pendant le

    carme.

    Le

    candidat,

    s'il avait

    fait

    preuve

    d'une

    instruction

    suffisante,

    obtenait

    le

    triple

    privilge:

    i

    de

    porter

    la

    chape ronde,

    insigne distinctif

    de

    son grade;

    2

    d'assister aux

    messes des

    Nations

    ;

    3

    de

    commencer

    es

    arts, c'est--dire d'enseigner,

    son

    tour,

    sous

    la

    direction et la surveillance d'un matre. Le bachelier, menant de

    front

    l'tude

    et l'enseignement, expliquait les livres

    d'Aristote

    sur la

    logique, la

    philosophie

    naturelle,

    la

    mtaphysique et la

    morale;

    et

    quand

    il croyait

    bien

    possder

    tous

    ces

    ouvrages

    qui

    nous

    font

    aujourd'hui

    reculer

    par

    leur

    obscurit,

    il s'adressait

    l'autorit ecclsiastique

    pour

    obtenir d'elle la

    licence. Le droit de

    confrer

    ce second

    grade

    universitaire

    fut d'abord

    par-

    tag

    entre

    l'vque

    de Paris et l'abb de Sainte-Genevive,

    souverains

    spirituels

    du

    territoire

    scolaire; il resta,

    par

    la suite,

    attribu

    presque

    exclusivement au chancelier

    de Notre-Dame,

    comme dlgu de

    l'vque.

    Le licenci, une fois

    approuv

    par

    l'glise,

    revenait

    devant

    les

    matres

    de

    la

    Facult des

    Arts,

    pour recevoir de

    ceux-ci,

    avec une

    pompe

    nouvelle,

    le troisime

    grade,

    c'est--dire

    le bonnet

    et

    les

    autres

    insignes du

    doctorat,

    qui lui

    donnait

    le titre

    de

    matre

    es

    arts.

    Dans les

    Facults

    suprieures,

    ainsi qualifies

    parce que la Facult

    des

    Arts

    servait,

    en quelque

    sorte, d'introduction

    aux

    Facults

    de

    Thologie,

    de Dcret et de

    Mdecine,

    les

    choses se

    passaient peu

    prs

    de mme,

    si

    ce n'est que ce

    troisime

    grade

    ou

    degr, qu'on n'obtenait

    pas, dans

    lesdites

    Facults,

    sans

    avoir

    soutenu

    en

    public

    une

    thse longue

    et difficile,

    tait plus

    spcialement

    accompagn du

    titre

    de

    docteur (fig.

    20).

    L'Universit

    de

    Paris, comme

    toutes

    les institutions

    qui devaient

    durer

    et

    prosprer,

    s'tait place sous l'gide paternelle de l'glise et

    de

    la

    Royaut. Aussi, la gnreuse

    assistance du

    pouvoir

    temporel et l'appui

    tutlaire

    du pouvoir spirituel ne

    lui

    firent

    jamais dfaut.

    Le

    Saint-Sige

    aimait et encourageait chez elle la

    voix

    loquente

    de la France, qui,

    depuis

    le rgne

    de Clovis,

    converti par

    sainte Clotilde, avait

    mis

    au service

    du

    catholicisme

    et

    de

    la

    papaut

    toutes les forces, toutes les influences

    de

    son gnie et

    de son caractre national. Les

    rois

    de

    France n'aimaient

    pas moins,

    n'apprciaient

    pas

    moins

    l'Universit, qui

    leur

    offrait,

    pour

    la

    capitale du

    royaume, une source

    de richesse

    et

    d'honneur;

    pour

    leur

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

    37/684

    UNIVERSITS.

    '9

    Conseil,

    une

    rserve

    d'hommes

    d'tat

    minents;

    pour

    leur

    politique

    et

    leur

    diplomatie,

    une

    ppinire

    de

    sujets

    distingus

    et

    capables.

    Souve-

    rains

    pontifes

    et

    rois

    favorisaient

    donc

    l'envi,

    chacun

    dans

    la

    mesure

    de

    ses

    propres

    intrts,

    cette

    fconde

    et

    puissante

    institution,

    qui

    nan-

    moins,

    en

    quelques

    graves

    circonstances,

    reconnut

    bien

    mal

    les

    bien-

    faits

    dont elle

    avait

    t

    comble

    par

    ses

    augustes

    protecteurs.

    L'histoire

    de

    Paris

    est

    remplie

    d'pisodes

    singuliers,

    trop

    souvent

    tra-

    giques,

    qui

    accusent

    l'esprit

    turbulent

    et

    sditieux

    des

    coliers

    de

    l'Uni-

    versit.

    Cette jeunesse

    folle

    et

    indiscipline

    se

    permettait

    tout,

    sous le

    bnfice

    de

    l'espce

    d'inviolabilit qu'elle

    devait

    l'affection

    aveugle et

    gn-

    reuse

    de

    ses

    patrons

    religieux et

    laques.

    L'Universit

    donnait

    elle-mme,

    ses coliers,

    l'exemple

    de

    cet

    esprit

    de

    rvolte,

    ds

    qu'il

    s'agissait

    de

    dfen-

    dre

    la

    moindre

    de

    ses

    prrogatives.

    Elle

    avait

    alors

    trois

    moyens

    de

    reven-

    dication,

    ou,

    comme

    le dit

    son

    historiographe

    officiel,

    gasse

    du

    Boulay,

    trois

    remdes

    contre

    les

    infractions

    ses

    privilges.

    Si

    la

    violation

    venait

    du

    pouvoir

    sculier,

    elle

    en

    rfrait

    directement

    au

    roi,

    attendu que sa

    juri-

    diction

    ressortissait

    immdiatement

    au

    pouvoir

    royal.

    Si

    elle

    avait

    se

    plaindre

    de

    l'autorit

    ecclsiastique,

    elle

    envoyait

    Rome

    mme

    une

    ambassade,

    choisie

    parmi

    ses

    docteurs,

    lesquels avaient

    souvent

    la

    chance

    de

    retrouver

    en la

    personne

    du

    successeur

    de saint

    Pierre

    la

    sympathie

    d'un

    ancien

    condisciple,

    li

    d'ailleurs

    immuablement

    leur

    association

    fraternelle

    par

    le

    serment

    qu'il

    avait

    prt

    comme

    gradu

    de

    l'Universit.

    Le

    pape

    se

    refusait-il

    donner

    satisfaction

    la

    requte

    que

    lui

    adressait

    l'Universit,

    celle-ci

    en

    appelait

    l'glise

    universelle

    et

    au

    futur con-

    cile.

    Elle

    avait

    enfin

    une

    dernire

    ressource,

    qu'on

    pourrait

    appeler

    l'excommunication

    universitaire.

    En

    pareil

    cas,

    la

    cessation

    gnrale

    des

    tudes

    tait

    ordonne

    par

    son

    recteur et

    ses hauts

    dignitaires

    :

    on

    suspen-

    dait

    subitement

    toute

    lecture,

    tout

    enseignement

    public. Les

    matres

    et

    les

    docteurs

    en

    thologie

    s'abstenaient de

    monter

    en

    chaire

    dans

    les

    glises.

    La

    vie

    intellectuelle,

    morale et

    religieuse

    de la

    capitale

    tait

    comme

    sus-

    pendue.

    Si

    la

    crise

    persistait,

    les docteurs,

    rgents

    et

    bacheliers

    des

    quatre

    Facults

    fermaient

    toutes

    leurs

    coles et

    menaaient

    d'migrer

    en

    masse,

    entranant

    aprs

    eux

    toute

    une arme

    de

    suppts

    et

    de

    clients,

    qui

    formaient

    plus d'un

    tiers

    de

    la

    population

    parisienne.

    Il

    n'y

    avait

    pas

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

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    20

    SCIENCES

    ET

    LETTRES.

    de

    puissance

    qui,

    au

    treizime

    sicle,

    ft

    capable

    de

    rsister

    longtemps

    cette

    protestation

    inflexible

    et

    muette.

    En

    1221,

    par

    exemple,

    l'Universit,

    qui avait

    se

    plaindre,

    pour

    quel-

    que

    excs

    d'autorit,

    de

    l'vque

    de

    Paris,

    son

    justicier

    ordinaire,

    ferma

    ses

    coles

    pendant

    six

    mois.

    En

    1225,

    dans

    une

    circonstance

    analogue,

    le

    lgat

    du

    pape

    se

    vit

    assailli,

    dans

    sa

    maison,

    par les

    coliers

    en

    armes,

    qui

    blessrent

    plusieurs

    de ses

    gens

    et

    qui

    l'eussent

    maltrait

    lui-mme,

    s'il

    ne

    s'tait

    ht

    de

    s'enfuir.

    A

    la

    fin

    du carnaval

    de

    1228,

    la

    reine

    Blanche,

    qui tait

    rgente

    pendant

    la

    minorit de

    son

    fils

    Louis

    IX,

    fit

    punir

    rigou-

    reusement

    des

    coliers,

    qui,

    en

    tat

    d'ivresse,

    avaient

    caus

    de

    sanglants

    dsordres,

    au

    bourg

    Saint-Marcel

    (faubourg

    Saint-Marceau).

    L'Uni-

    versit,

    aprs

    avoir

    inutilement

    adress

    au

    roi

    des

    remontrances,

    congdia

    les

    matres

    et

    les

    coliers,

    laissa

    pour

    deux

    annes

    la

    capitale

    en

    interdit,

    et n

    consentit

    reprendre

    le

    cours

    normal

    de

    l'enseignement,

    qu'aprs

    avoir

    arrach

    au

    pouvoir

    royal

    les

    rparations

    qu'elle

    exigeait

    (fig.

    2

    1).

    Toutefois,

    il

    faut

    bien

    le

    reconnatre,

    l'Universit

    n'achetait

    de

    sembla-

    bles

    victoires

    qu'aux

    dpens

    de ses

    privilges

    et

    au

    prjudice

    de

    sa

    propre

    existence

    ;

    car

    les

    matres,

    disperss

    et l

    pendant

    la

    fermeture

    des

    coles,

    aidaient

    souvent

    la

    fondation

    d'universits

    rivales

    dans

    les

    villes

    o

    ils

    taient

    venus

    rsider

    temporairement,

    et

    o ils se

    fixaient

    pour

    toujours.

    En

    outre,

    ces

    temps

    de

    lutte

    et

    de

    perturbation

    tournaient

    au

    profit

    des

    autres

    corps

    enseignants,

    qui

    s'empressaient

    d'ouvrir

    des

    coles,

    de

    crer

    des

    chaires,

    et

    qui

    souvent

    obtenaient,

    de

    l'autorit

    spiri-

    tuelle

    ou

    temporelle,

    la

    faveur

    d'tre

    admis,

    par

    l'effet

    d'une

    bulle

    ou

    d'une

    ordonnance,

    dans

    l'Universit

    elle-mme.

    C'est

    ainsi

    qu'en

    i25y

    les

    Dominicains,

    soutenus

    par

    le

    roi

    Louis

    IX,

    qui tait

    leur

    lve,

    et

    par

    les

    papes

    qui

    avaient

    t

    leurs

    confrres,

    pntrrent

    de vive

    force,

    et

    comme

    par

    la

    brche,

    dans

    l'Universit

    de

    Paris,

    en

    dpit

    de

    la

    dfiance

    et

    de

    l'animosit

    qu'y

    soulevaient

    leurs

    doctrines.

    C'est

    ainsi

    que

    l'Uni-

    versit se

    vit

    force

    d'ouvrir

    ses

    rangs et

    d'accorder

    le

    bonnet

    de

    docteur

    frre

    Thomas

    d'Aquin,

    frre

    Bonaventure,

    qui furent

    les

    flam-

    beaux

    lumineux

    des

    coles

    philosophiques,

    mais qui

    restrent

    attachs

    l'un

    l'ordre

    de

    saint

    Dominique,

    l'autre,

    l'ordre

    de saint

    Franois,

    bien plus

    qu'

    la

    Facult

    de

    thologie.

    Du

    reste,

    l'espce

    d'omnipotence

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

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    UNIVERSITS.

    morale

    et

    politique,

    conquise

    par

    l'Universit,

    au

    moyen

    ge,

    n'a

    pas

    t

    la

    mme

    toutes

    les

    poques,

    et

    Ton

    peut

    constater,

    dans

    l'histoire

    de cette

    grande

    institution,

    diffrentes

    phases,

    o

    son

    esprit

    et

    son ca-

    ractre

    se

    transforment

    selon

    les temps.

    Dans

    la

    premire

    priode,

    les

    coles de

    Paris

    ne

    sont

    encore qu'une

    manation

    de

    l'Eglise qui

    tend

    se

    sculariser. Peu

    peu

    l'institution

    se fonde,

    et

    l'harmonie

    s'tablit

    entre

    elle

    et

    les autres

    institutions

    publiques.

    En

    l'anne

    1200,

    Philippe-Auguste

    Fig.

    2i.

    Saint

    Louis,

    roi

    de

    France,

    allant

    de

    nuit,

    matines,

    aux

    Cordeliers

    de

    Paris,

    ung estudiant

    par

    mesprison

    lui

    tumba

    son orinal

    sur

    son

    chief.

    Le

    roi,

    au

    lieu

    de

    punir

    l'tudiant,

    lui donna la

    prbende

    de

    Saint-Quentin, en

    Vermandois,

    pource

    qu'il

    estoit

    coustumier

    de

    soy

    relever

    celle heure

    pour

    es-

    tudier.

    Miniature

    d'un

    ms. du

    xv

    e

    sicle.

    Biblioth.

    de

    Bourgogne,

    Bruxelles.

    dlivre

    un

    diplme

    qui

    rassemble

    en

    un

    corps

    d'Universit

    et

    dote

    de

    pr-

    cieux

    privilges

    cette

    multitude

    d'coliers,

    accourus

    de

    tous

    les

    pays

    du

    monde, et

    que

    dj,

    quatre-vingts

    ans

    auparavant,

    Abailard

    runissait,

    au

    pied

    de

    sa chaire,

    captifs

    sous le

    charme

    de

    sa parole.

    De

    cette

    foule

    passionne

    pour

    la

    science,

    l'avenir

    devait

    faire

    sortir

    plusieurs

    papes

    et

    cardinaux,

    quantit

    d'archevques

    ou

    d'vques,

    et

    tant

    d'hommes

    sup-

    rieurs,

    que

    l'Universit

    allait

    former

    dans

    son

    sein, au

    treizime

    sicle,

    afin

    de

    les

    donner

    la Science,

    l'tat,

    l'glise.

    Jusqu'au

    milieu

    du

    quatorzime

    sicle,

    l'Universit

    voit

    de

    jour

    en

    jour

    son

    autorit,

    son

  • 7/24/2019 SCIENCES ET LETTRES AU MOYEN AGE.pdf

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    2 2

    SCIENCES

    ET

    LETTRES.

    importance

    s'accrotre,

    s'tendre,

    s'affermir.

    De

    1297

    i3o4,

    elle

    prte

    Philippe

    le

    Bel un

    utile

    et

    patriotique

    concours,

    dans

    sa

    lutte

    avec

    le

    pape Boniface

    VIII.

    En

    i3

    16

    (mort

    de

    Louis

    X)

    et en

    i328

    (mort

    de

    Charles

    IV),

    son

    suffrage

    fut

    d'un

    grand

    poids,

    pour

    fonder

    la

    jurispru-

    dence

    du

    royaume

    l'gard

    de la

    loi

    salique

    et

    empcher

    que le

    gouverne-

    ment de

    France

    ne passt

    aux

    mains

    d'un

    prince

    anglais.

    Conseillre

    des rois,

    institutrice

    des

    peuples,

    concile

    permanent

    des

    Gaules, elle

    pour-

    suit avec

    clat sa

    haute mission

    :

    la voici

    parvenue

    son

    apoge,

    l'poque

    de

    la plus

    grande

    splendeur.

    C'est

    alors

    que

    tous

    ses

    membres,

    matres

    et

    lves,

    sont

    indistinctement

    reconnus

    inviolables,

    exempts

    de

    pages,

    de

    subsides, d'impts,

    du service

    de

    guerre

    et

    mme

    des

    devoirs

    de

    simple

    milice

    urbaine.

    C'est

    alors

    que

    Charles

    V

    lui octroie le

    titre

    de

    fille

    ane des

    rois,

    pour

    mettre

    le

    comble

    aux faveurs

    dont il

    l'a hono-

    re, titre

    ambitieux

    dont

    elle ne cessa

    depuis

    de se

    parer et

    de se

    glorifier.

    Mais

    bientt

    commence

    pour

    l'Universit

    la

    priode

    de

    dcadence.

    La

    vnalit,

    le sophisme

    et

    l'esprit

    de

    parti

    s'emparent

    de ses

    principaux

    membres.

    En

    i38o, l'or

    de la

    maison

    de

    Bourgogne

    stipendie

    des

    cra-

    tures

    politiques

    parmi les

    docteurs

    en

    thologie.

    En

    1407,1e

    duc

    d'Orlans,

    frre

    du roi,

    tombe

    assassin

    dans

    un

    guet-apens, et

    matre

    Jean

    Petit

    monte

    en

    chaire pour

    dfendre

    les

    meurtriers

    et

    faire

    l'apologie

    de l'assassinat

    politique.

    Puis,

    viennent

    les

    Anglais,

    au joug

    desquels

    une

    partie de

    l'Uni-

    versit

    se

    soumet

    lchement

    jusqu'

    provoquer, avec

    une sorte

    de

    fanatisme

    complaisant,

    l'inique

    sentence

    qui condamne

    au

    bcher

    l'hroque

    Jeanne

    d'Arc.

    Les

    reprsailles,

    le

    chtiment,

    ne se font

    pas

    attendre.

    Le roi

    Char-

    les

    VII

    porte les

    premiers

    coups

    l'antique

    institution,

    nagure

    protge

    par

    les

    rois

    ses

    prdcesseurs

    :

    il

    semble

    punir

    l'Universit

    de Paris

    de

    n'avoir

    pas

    su

    garder sa

    vieille

    rputation

    de sagesse

    et

    de patriotisme.

    Non-seulement

    il

    reconnat

    et

    confirme

    l'existence

    de plusieurs

    nouvelles

    universits

    de

    province

    (fig.

    10 i3), mais

    encore, refusant

    de dfrer

    la

    requte

    des

    universitaires

    qui

    ne voulaient

    pas

    d'autre

    tribunal

    que

    le

    Con-

    seil

    du

    roi

    ou

    Grand

    Conseil,

    il renvoie

    simplement

    leurs

    causes

    la

    comp-

    tence

    du

    Parlement

    (1445).

    Cinquante-cinq

    ans

    plus

    tard, Louis

    XII,

    ayant

    gard

    aux vux

    des

    tats-gnraux

    convoqus

    sous

    le

    rgne

    de

    Chartes

    VIII,

    enlve

    aux

    privilges

    de

    l'Universit tout

    ce

    qu'ils

    avaient

    de

    trop

    anor-

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    SCIENCES

    E

    importance

    s'accrotre,

    s'tendre,

    s'affermir.

    De

    1297

    i3o4,

    elle

    prte

    Philippe

    le

    Bel un

    utile

    et

    patriotique

    concours,

    dans sa

    lutte

    avec

    le

    pape Boni

    face

    VIII.,

    En

    i3iG

    (mort

    de

    Louis X)

    et

    en

    i328

    (mort

    de

    Charles

    IV),

    son suffrage

    fut

    d'un

    grand

    poids,

    pour

    fonder

    la

    jurispru-

    dence

    du

    royaume

    l'gard

    de la loi

    salique

    et

    empcher

    que

    le

    gouverne-

    ment

    de

    -France

    ne passt

    aux

    mains

    d'un

    prince

    anglais.

    Conseillre

    des

    rois,

    institutrice

    des

    peuples,

    concile

    permanent

    des

    Gaules,

    elle

    pour-

    suit avec

    clat

    sa

    haute mission

    : la

    voici

    parvenue

    son

    apoge,

    l'poque

    de

    la

    plus

    grande

    splendeur.

    C'est alors

    que tous

    ses

    membres,

    matres

    et

    lves,

    sont

    indistinctement

    reconnus inviolables,

    exempts

    de pages,

    de subsides,

    d'impts,

    du service

    de

    guerre

    et

    mme

    des

    devoirs

    de

    simple milice

    urbaine.

    C'est alors

    que Charles

    V

    lui

    octroie

    le

    titre de

    fille

    ane

    des

    rois,

    pour

    mettre le comble

    aux faveurs

    dont

    il

    l'a

    hono-

    re,

    titre

    ambitieux

    dont

    elle

    ne

    cessa

    . depuis

    de

    se

    parer

    et

    de

    se glorifier.

    Mais

    bientt

    commence

    pour

    l'Universit

    la

    priode

    de

    dcadence.

    La

    vnalit,

    le

    sophisme

    et

    l'esprit

    de

    parti

    s'emparent

    de

    ses principaux

    membres.

    En r3So,

    l'or

    de

    la

    maison

    de Bourgogne

    stipendie

    des

    cra-

    tures

    politiques

    parmi

    lesdocteurs

    en

    thologie.

    En 1407,1e duc

    d'Orlans,

    frre

    du

    roi,

    tombe

    assassin

    dans

    un guet-apens, et

    matre

    Jean

    Petit

    monte

    en

    chaire

    pour

    dfendre

    les

    meurtriers

    et

    faire

    l'apologie

    de

    l'assassinat

    politique.

    Puis,

    viennent

    les

    Anglais,

    au

    joug desquels

    une partie

    de

    l'Uni-

    versit

    se

    soumet

    lchement

    jusqu'

    provoquer,

    avec

    une sorte

    de fanatisme

    complaisant,

    l'inique

    sentence

    qui

    condamne

    au bcher

    l'hroque

    Jeanne

    d'Arc.

    Les

    reprsailles,

    le

    chtiment,

    ne

    se

    font

    pas

    attendre.

    Le

    roi

    Char-

    ges

    VII

    porte les

    premiers

    coups

    l'antique institution,

    nagure

    protge

    par

    les

    rois

    ses

    prdcesseurs

    :

    il semble

    punir

    l'Universit

    de

    Paris

    de

    Ravoir pas

    su

    garder sa

    vieille

    rputation

    de

    sagesse

    et

    de

    patriotisme.

    Non-seulement

    il

    reconnat

    et confirme

    l'existence

    de

    plusieurs

    nouvelles

    universits de

    province

    (fig.

    to

    i3), mais

    encore,

    refusant

    de

    dfrer

    la

    requte

    des

    universitaires

    qui

    ne voulaient pas

    d'autre

    tribunal

    que le

    Con-

    seil

    du roi

    ou

    Grand

    Conseil,

    il

    renvoie

    simplement

    leurs causes

    la

    comp-

    tence

    du

    Parlement

    (1445).

    Cinquante-cinq

    ans

    plus

    tard,

    Louis

    XII,

    ayant

    gard

    aux

    vux

    des

    tats-gnraux

    convoqus

    sous

    le rgne

    deCharles

    VIII,

    nive

    aux

    privilges

    de

    l'Universit

    tout

    ce qu'ils avaient

    de

    trop

    anor-

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    Umuic

    eiccanvtcfti

    ht

    efttximnent

    f

    cmnMtkmcrt'

    Pralon

    Lith

    Imp.Fraillerv

    EORGE

    CHASTELAIN

    OFFRANT

    SON

    LIVRE

    A

    CHARLES,

    DUC DE

    BOURGOGNE

    de

    V

    Instruction d'unjeune

    Prince-

    par G

    . Chastelain.

    Ms du xv

    c

    sicle,

    excut par

    les

    peintres

    de

    La

    cour

    de

    Bourgogne

    ,

    n

    33

    S. A.

    F. de

    la Bibliothque

    de

    l'Arsenal.

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    UNIVERSITS.

    23

    mal,

    et

    les

    ramne,

    par

    son

    dit

    du

    3i

    aot

    1498,

    aux

    limites

    du

    droit

    commun.

    L'Universit

    essaye

    de

    rsister

    et,

    comme

    aux

    jours

    de

    sa

    puis-

    sance, veut

    recourir

    ses

    foudres

    traditionnelles.

    Le

    recteur

    ordonne

    la

    cessation

    gnrale

    des leons

    dans

    les

    coles et

    des

    prnes

    dans les

    glises.

    Mais c'est avec un

    visage

    irrit que

    le roi,

    absent

    de

    sa

    capitale,

    reoit

    les

    dputs

    de

    sa

    Jille

    ane,

    sans leur

    accorder

    une

    rponse;

    puis, en-

    tour

    de sa

    maison

    militaire,

    arm

    de toutes

    pices, la

    lance au

    poing,

    il

    traverse

    cheval

    le quartier

    de

    l'Universit

    et

    ne daigne pas

    s'arrter

    pour

    entendre

    la

    harangue

    du

    recteur, qui

    tait

    venu,

    au-devant

    de

    lui,

    accompagn

    de

    ses

    suppts et

    suivi de

    tous

    ses

    coliers.

    L'Universit

    cda et

    obit.

    Ce

    fut

    la dernire

    fois qu'elle

    tenta de

    maintenir, par

    un

    coup de

    force,

    ses

    prrogatives

    fodales.

    C'en

    est fait

    de

    l'Universit

    comme centre de

    domination

    intellectuelle.

    L'imprimerie

    est

    dcouverte

    et

    rpand dans

    toutes

    mains

    les

    instruments

    d'tude

    et

    de

    savoir. La

    Rforme

    a

    proclam la

    libert

    d'examen.

    On

    court

    de

    prfrence aux

    coles

    libres

    qui

    s'tablissent,

    par

    toute l'Europe,

    avec

    les

    nouvelles

    doctrines

    religieuses.

    Paris

    n'est

    dj

    plus la

    source

    exclusive

    de

    la

    science;

    Rome

    restera pourtant

    le

    seul

    foyer

    de

    la lumire divine.

    L'Universit

    perd son

    unit

    et

    sa force,

    quand

    elle

    renonce

    s'appuyer

    exclusivement

    sur

    l'Eglise et sur la Royaut.

    Aprs ce

    rapide

    expos des

    vicissitudes que

    l'Universit a

    subies

    jus-

    qu'au

    seizime sicle,

    il convient de

    passer

    en

    revue

    divers tablissements

    pdagogiques,

    qui,

    relevant d'elle ou chappant

    son

    ressort,

    constituaient

    l'ensemble du

    systme

    d'ducation

    scolaire

    au

    moyen ge.

    Lors

    de

    l'arrive d'Abailard

    Paris

    en 1

    107,

    il

    y

    trouva deux

    matres

    en renom,

    qui enseignaient

    dans la

    maison

    de

    l'vque

    situe ct

    de

    la

    cathdrale.

    C'est

    non

    loin de

    cette maison

    et aux

    portes

    mmes du

    clotre

    Notre-Dame, o

    demeuraient le

    chanoine

    Fulbert et

    sa

    pupille

    Hlose,

    qu'Abailard

    ouvrit d'abord son

    cole. Quelques

    annes

    plus

    tard, Guillau-

    me

    de Champeaux

    quittait

    son

    archidiaconat de la

    cathdrale et

    se retirait

    au

    prieur

    de

    Saint-Victor, sur

    la

    rive

    gauche

    de la

    Seine,

    hors

    des

    murs

    de

    la ville,

    pour

    y

    fonder une

    nouvelle

    cole

    publique.

    Abailard,

    de

    son

    ct,

    chass

    de

    l'cole

    qu'il occupait,

    dans

    la

    Cit,

    prs de la

    maison

    pis-

    copale,

    se

    rfugia

    sur

    la

    montagne

    Sainte-Genevive,

    o

    le

    suivirent

    ses

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    SCIENCES

    ET

    LETTRES.

    disciples.

    Cependant

    les

    coles

    de

    la cathdrale,

    continuant

    s'accrotre

    et

    ne

    pouvant plus

    se

    dvelopper

    dans l'enceinte

    de la

    Cit, se

    divisrent

    Fig.

    22.

    Bas-relief

    du

    matre-autel de

    Saint-J ulien-le-Pauvre,

    Paris

    (travail du

    xn

    e

    sicle).

    Deux

    coliers

    s