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Document d’objectifs « vallée de la Cisse en amont de Saint Lubin » Section B : Evaluation du patrimoine et définition des objectifs B1 Evaluation de la valeur patrimoniale (cf. figure 12) B1/1 Habitats naturels de l’annexe I, habitats d’espèces de l’annexe II (cf. annexes 11 et 12, cartographie détaillée en annexe 13) La Vallée de la Cisse forme un corridor au cœur de la Beauce qui contribue à maintenir une connectivité entre les grands ensembles naturels de l’amont (marais et forêts) et ceux du Val de Loire. Toutefois, un certain nombre d’infrastructures comme par exemple le doublement de la route départementale n°957 constitue un obstacle infranchissable pour nombre d’espèces à mobilité réduite. Ces aménagements risquent de provoquer à terme un appauvrissement de la faune et de la flore de la vallée. On constate également une colonisation rapide des marais et des pelouses par les ligneux du fait de la déprise agricole, ce qui provoque la fragmentation des habitats ouverts et atténue l’effet corridor. Le site Natura 2000 de la « vallée de la Cisse en amont de Saint Lubin » est un refuge semi- naturel en zone de grande culture avec une forte richesse spécifique. Son isolement relatif au milieu d’un contexte très anthropisé la rend fragile et moins à même de réaliser de manière efficace le brassage génétique nécessaire à la pérennité des espèces à long terme. L’intérêt du site réside principalement dans la mosaïque des milieux qui le compose. Les habitats d’intérêt communautaire, qui représentent environ 40% de la surface, suivent un gradient d’humidité allant des milieux aquatiques dans les vallées aux formations herbeuses les plus sèches sur le plateau. Enfin, le site constitue un support adapté au développement d’activités de découverte. L’impact de la fréquentation sur le milieu est peu important, il peut supporter une augmentation maîtrisée du nombre de visiteurs. B1/2 Espèces de l’annexe II L’ensemble des inventaires a permis de recenser environ 2800 taxons de faune et de flore. Les inventeurs considèrent globalement que 6 à 7% de ces espèces ont une valeur patrimoniale (cf. annexe 14). Généralement, les espèces les plus rares se recrutent dans les peuplements à affinité Ouest- méridional. Ce sont pour la plupart des espèces en limite d’aire de répartition, ou bien ayant peu d’individus vivant dans des milieux peu répandus. Parallèlement, un faible nombre de taxons ont une tendance montagnarde. La plupart des espèces dites « patrimoniales » ne sont pas inscrites dans une « liste réglementaire » et échappent en conséquence à la hiérarchisation administrative. Pour autant, leur prise en compte dans la gestion du site est impérative. 41

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Section B : Evaluation du patrimoine et définition des objectifs B1 Evaluation de la valeur patrimoniale (cf. figure 12) B1/1 Habitats naturels de l’annexe I, habitats d’espèces de l’annexe II (cf. annexes 11 et 12, cartographie détaillée en annexe 13) La Vallée de la Cisse forme un corridor au cœur de la Beauce qui contribue à maintenir une connectivité entre les grands ensembles naturels de l’amont (marais et forêts) et ceux du Val de Loire. Toutefois, un certain nombre d’infrastructures comme par exemple le doublement de la route départementale n°957 constitue un obstacle infranchissable pour nombre d’espèces à mobilité réduite. Ces aménagements risquent de provoquer à terme un appauvrissement de la faune et de la flore de la vallée. On constate également une colonisation rapide des marais et des pelouses par les ligneux du fait de la déprise agricole, ce qui provoque la fragmentation des habitats ouverts et atténue l’effet corridor. Le site Natura 2000 de la « vallée de la Cisse en amont de Saint Lubin » est un refuge semi-naturel en zone de grande culture avec une forte richesse spécifique. Son isolement relatif au milieu d’un contexte très anthropisé la rend fragile et moins à même de réaliser de manière efficace le brassage génétique nécessaire à la pérennité des espèces à long terme. L’intérêt du site réside principalement dans la mosaïque des milieux qui le compose. Les habitats d’intérêt communautaire, qui représentent environ 40% de la surface, suivent un gradient d’humidité allant des milieux aquatiques dans les vallées aux formations herbeuses les plus sèches sur le plateau. Enfin, le site constitue un support adapté au développement d’activités de découverte. L’impact de la fréquentation sur le milieu est peu important, il peut supporter une augmentation maîtrisée du nombre de visiteurs. B1/2 Espèces de l’annexe II L’ensemble des inventaires a permis de recenser environ 2800 taxons de faune et de flore. Les inventeurs considèrent globalement que 6 à 7% de ces espèces ont une valeur patrimoniale (cf. annexe 14). Généralement, les espèces les plus rares se recrutent dans les peuplements à affinité Ouest-méridional. Ce sont pour la plupart des espèces en limite d’aire de répartition, ou bien ayant peu d’individus vivant dans des milieux peu répandus. Parallèlement, un faible nombre de taxons ont une tendance montagnarde. La plupart des espèces dites « patrimoniales » ne sont pas inscrites dans une « liste réglementaire » et échappent en conséquence à la hiérarchisation administrative. Pour autant, leur prise en compte dans la gestion du site est impérative.

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Document d’objectifs « vallée de la Cisse en amont de Saint Lubin »

Les espèces de l’annexe II de la directive « habitats » qui feront l’objet de propositions de gestion sont les suivantes :

- Le Cuivré des marais (1065) - L’Agrion de Mercure (1044)

Les espèces qui ne feront pas l’objet de mesures spécifiques mais qui bénéficieront des mesures habitats :

- Vertigo angustior (1014) - L’Ecaille chinée (1078) - Le Lucane Cerf-volant (1083)

Les espèces non retrouvées lors des derniers inventaires qui ne sont pas prises en compte dans ce document d’objectifs :

- Le Chabot (1163) - La Lamproie de Planer (1096)

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B2 Présentation des habitats B2/1 Les pelouses calcicoles et milieux associés Tableau 7 : Principales caractéristiques des pelouses calcicoles et milieux associés

Code Habitats naturels AI Surface Etat de conservation Espèces associées AII6210 Formations herbeuses sèches semi-

naturelles et fasciès d’embuissonnement sur calcaire (sites à orchidées remarquables)

40 Moyen Ecailles chinée Cuivré des marais

6110 Pelouses calcaires karstiques <1 Bon R.A.S 5130 Formation à genévrier commun sur

pelouse calcaire 5 Bon R.A.S

Principales unités écologiques

Les pelouses à thérophytes appartenant aux classes des Thero-Brachypodietea et Sedo-Scleranthetea s’établissant essentiellement sur des sols très minces reposant sur des dalles calcaires plus ou moins affleurantes, principalement sur les éperons calcaires . Leur surface semble se réduire de plus en plus car elles évoluent vers des pelouses à Bromus erectus.

Une mosaïque de pelouses à thérophytes et à hémicryptophytes appartenant au

Sedo-Scleranthion et au Mésobromion.

Des pelouses à hémicryptophytes, denses et plus hautes appartenant au Mésobromion et au Xérobromion, situées pour la plupart sur les éperons de la Grande-Mesle, de Roquezon et de part et d’autre des vallées de Vitain. Là où le sol est le plus profond, les pelouses évoluent vers l’Arrhenatherion.

Des formations arbustives et pré-bois : les pelouses sont parsemées de bosquets à

Buxus sempervirens et Juniperus communis et montrent souvent une nette tendance à la colonisation par des formations arbustives, notamment des Prunetalia ou par Quercus humilis pour constituer des pré-bois avec des lisières classées dans des alliances du Geranion sanguinei et du Trifolion medii.

Espèces caractéristiques : Draba verna, Saxifraga tridactylites, Sedum sp., Thymus serpyllum, Calamintha acinos, Globularia vulgaris , Pulsatilla vulgaris, Orchis morio, Orchis ustulata, Ophrys araneifera, Ophrys muscifera, Ophrys apifera, Hippocrepis comosa, Coronilla minima, Seseli montanum, Pimpinella saxifraga, Genistella sagitalis, Juniperus communis… Commentaire sur l’état de conservation Les pelouses calcicoles du site sont riches en phanérogames et en insectes. C. ROUX constate malgré tout une faible diversité en lichens terricoles, ce qu’il explique par l’insuffisance des tonsures qui favorisent le développement des espèces pionnières. Par ailleurs, P. MAUBERT s’interroge sur le potentiel séminal du sol des pelouses qui pourrait ne pas s’exprimer entièrement. Il n’y a pas de remarques particulières des entomologistes qui considèrent que l’état de santé de ces milieux est satisfaisant à l’exception du site de Roquezon, qui du fait de son isolement au milieu des cultures, possède une plus faible diversité en arthropodes. Evolution des milieux secs

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En l’absence d’intervention, les pelouses évoluent progressivement vers la forêt selon un phénomène qu’on peut schématiser en six étapes (Cf. figure 13). Cette fermeture progressive du milieu s’effectue sous l’influence principale d’un enrichissement du sol en matière organique qui profite aux graminées envahissantes (Brôme et Brachypode) puis à la fruticée. Très localement, une décalcification superficielle peut conduire à un groupement plus acidophile. L’embroussaillement ne paraît pas, dans l’ensemble, très rapide et ceci tient sans doute en partie à l’entretien effectué par les lapins et d’autres mammifères herbivores (chevreuils et lièvres principalement). Figure 13 : Evolution phytosociologique des pelouses calcicoles (d’après MAUBERT )

(faciès à Brachypode)

302010

Décalcification (meuliérisation)

Rubo-Prunetum mahaleb

Trifolion medii

Coronillo-Brachypodietum S/ass. Callunetosum

Orchido-morioni Helianthemum-apennini

Cerastium prumili

Association du Daphno-Carpinenion

Boisements de pins, cultures

Arrhenateretum (prairie)

Orchido-Helianthemum

Apports de matière organique

0 (dalle) Profondeur du sol en cm

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Facteurs d’influence Le débroussaillage Il est pratiqué sur certaines pelouses et lisières, en période hivernale, manuellement à l’aide de débroussailleuses légères. Lorsque des travaux plus lourds de restauration sont nécessaires ou les surfaces importantes on utilise des tronçonneuses ou bien un gyrobroyeur. Les genévriers et vieux chênes pubescents ainsi que certains bosquets sont conservés.

Le fauchage Il est pratiqué depuis la création de la réserve sur les pelouses plates sans rochers affleurants. Il est réalisé à l’automne pour minimiser sont impact sur les arthropodes qui sont très sensibles à ce mode de gestion.

La biomasse végétale produite annuellement par le tapis herbacé, développé sur des sols pauvres en éléments minéraux nutritifs et subissant une période de sécheresse estivale importante, est très limitée. Les pelouses ne sont donc fauchées avec une fréquence variable n’excédent pas une fois par an.

Le pâturage

Expérimentée dès 1984 dans la réserve naturelle et mis en place de façon systématique en 1986, cette pratique ancestral présentent selon le mode de pâturage des avantages ou des inconvénients (cf. annexe 15) En 2000, le conservatoire des sites de Loir-et-Cher a expérimenté le pâturage itinérant sur le site de Roquezon grâce à la collaboration d’un berger. L’impact favorable du pâturage extensif sur la flore et la faune des pelouses n’est plus à démonter. C’est à cette pratique traditionnelle, appliquée depuis 6000 ans sur le site, que l’on doit le maintien des nombreuses espèces remarquables que l’on peut y observer. Les moutons de la réserve, de race solognote, possèdent des caractères de rusticité qui leur font supporter une par notable de végétaux ligneux dans leur régime alimentaire. Ils peuvent donc assurer partiellement une fonction de « débroussailleuse ». Leur utilisation est particulièrement utile dans les terrains accidentés ou l’utilisation des machines est dangereuse ou impossible. L’hypothèse d’une gestion contractuelle avec un éleveur disposant d’un troupeau susceptible de paître sur ces anciens parcours doit être davantage prise en compte. Ce type de partenariat a été expérimenté par le conservatoire des sites de Loir-et-Cher. Le pâturage itinérant est proche des pratiques pastorales ancestrale est la mieux à même de répondre au objectifs de conservation du site.

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B2/2 Les formations forestières remarquables Tableau n°8 : Principales caractéristiques des formations forestières remarquables

Code Habitats naturels AI Surface Etat de conservation Espèces associées AII9180 Forêt mixte des pentes et ravins 1 Bon Lucane Cerf-volant 5110 Formations à buis sur éboulis

calcaires 25 Bon Lucane Cerf-volant

Principales unités écologiques

A l’extrême sud-ouest de la réserve naturelle, on trouve une formation forestière mixte de pente et ravin.

Sur les éboulis calcaires de la vallée de la Cisse et de la vallée sèche de la Grand-

Pierre se trouvent les formations à buis. Elles sont très riches en lichens et abritent plusieurs espèces nouvelles pour la France.

Espèces caractéristiques : Quercus pubescens, Quercus robur, Buxus sempervirens, Cornus sanguinea, Orchis mascula, Helleborus foetidus… Commentaire sur l’état de conservation La plupart des inventaires insistent tout particulièrement sur la richesse exceptionnelle des formations à buis de la vallée de la Grand-Pierre et de la frênaie-acéraie à buis dans la vallée de la Cisse au bout de l’éperon de la Grande-Mesle (dans la réserve naturelle). Ils constatent que ce sont de loin les milieux les plus diversifiés en végétaux cryptogamiques (cela semble également être le cas pour les araignées). C. ROUX suggère de procéder à une étude des ascomycètes saprophytes corticoles qui sont très significatifs de la richesse écologique des boisements. Facteurs d’influence L’exploitation des boisements feuillus spontanés Il s’agit de l’exploitation traditionnelle de bois de chauffage. Celle-ci se traduit généralement par des coupes laissant en réserve des sujets d’avenir dans la cas de parcelles de chêne de type taillis sous futaie, ou bien de coupes à blanc dans les autres types de peuplements. La sylviculture Les plans simples de gestion des propriétaires forestiers n’intègrent que très partiellement les préoccupations environnementales. L’invasion du robinier faux-acacia après les coupes à blanc est un problème dans la réserve naturelle.

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B2/3 Les marais de la Cisse Tableau n°9 : Principales caractéristiques des marais de la Cisse

Code Habitat naturel AI Surface Etat de conservation Espèces associées AII6430 Mégaphorbiaies riveraines (Habitat

du Cuivré des marais) 35 Mauvais Cuivré des marais

Vertigo angustior Ecaille chinée

Principales unités écologiques

Dans la réserve naturelle, la plupart des Mégaphorbiaies ont été plantés de peupliers : une prairie humide parsemée de quelques vieux saules subsiste. Les marais de Parture, de Molinas appartiennent pour l’essentiel au Phragmition.

Espèces caractéristiques : Urtica dioica, Convolvulus sepium, Filipendulia ulmaria, Lythrum salicaria, Carex sp., Humulus lupulus, Phragmites australis, Iris pseudacorus, Rubus caesius, Caltha palustris… Commentaire sur l’état de conservation Malgré l’omniprésence des peupleraies, les milieux humides ne sont pas dépourvus d’intérêt puisqu’on y trouve une faune entomologique et aranéologique originale et diversifiée. Des mesures adaptées de restauration des marais permettraient d’augmenter sensiblement leur intérêt (augmentation de la surface en prairies). Certaines espèces d’oiseaux paludicoles trouvent un refuge satisfaisant dans les roselières des marais amonts, mais la fragmentation actuelle du site ne permet pas d’agir efficacement pour leur conservation. Evolution des marais alluviaux de la Cisse Les marais de la Haute Cisse ont fait l’objet de travaux scientifiques qui nous renseignent sur leur évolution (Cf. figure 14 et 15). En l’espace de sept ans, du fait de la baisse du niveau de la nappe de Beauce, ces milieux humides à base de roselières, clairièrées par des zones d’eau libre, peuvent se fermer complètement sur de grandes surfaces. La gestion de ces milieux doit prendre en compte cette dynamique très rapide. Facteur d’influence La populiculture L’exploitation des peupleraies se pratique par une coupe à blanc suivie d’une nouvelle replantation. L’intérêt floristique et faunistique s’accroît après la coupe, en particulier grâce à la présence de passereaux paludicoles favorisés par le développement momentané d’une roselière. Lorsque le nouveau peuplement de peupliers grandit, on note un retour progressif au stade antérieur avec déclin de l’intérêt biologique.

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Assèchement et fermeture légère

du milieu

PRAIRIE HUMIDEpâturée ou fauchée

MEGAPHORBIAIE RICHE

ROSELIERE OU CARICAIE

ORMAIE RUDERALE

SAULAIEAULNAIE FRENAIE

Abandon de la prairie

Entretien de la prairie par pâturage ou fauchage

Assèchement et fermeture du milieu par les peupliers

(changements de conditions écologiques)

Fauchage épisodique

Eclaircissement du milieu Colonisation par

les arbustes et les arbres

Légère ouverture du milieu

Colonisation par les arbustes et les arbres

MEGAPHORBIAIE APPAUVRIE

à Grandes Orties et Liserons des haies ou à Baldingères et Carex

Abandon

Assèchement très prononcé par drainage

Figure14 : Evolution phytosociologique des marais de la Cisse – Schéma dynamique (J. Marchand et P. Maubert)

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Document d’objectifs « vallée de la Cisse en amont de Saint Lubin »

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Thyphaie

GlyceraieSaules isolés

Taillis et bosquets

Cariçaie

Phragmitaie

Mares et flaques

100 m

Figure 15 : Exemple d’évolution des marais de la Cisse en l’absence d’intervention (d’après Henry 1978)

1977 1974 1971

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B2/4 La Cisse Tableau 10 : Principales caractéristiques de la Cisse

Code Habitats naturels AI Surface Etat de conservation Espèces associées AII3150 Lacs (rivières) eutrophes naturels 101 Moyen 3260 Végétation flottante de renoncule

des rivières 101 Moyen Agrion de Mercure

1 Total des habitats 3260 et 3150 (leur imbrication ne permet pas de les distinguer) Principales unités écologiques

La rivière au courant lent est assimilable aux eaux stagnantes eutrophes. Dans les portion ou le courant est accéléré par le présence de seuils la végétation est caractéristique du Ranunculion fluitantis.

Espèces caractéristiques : Callitriche sp., Nuphar lutea, Potamogeton sp., Iris pseudacorus… Commentaire sur l’état de conservation Au niveau piscicole, la comparaison des pêches électriques montre une profonde modification du peuplement piscicole, tant sur la diversité des espèces que sur la quantité des effectifs. Le Conseil Supérieur de la Pêche explique cette modification par :

- La dégradation de la qualité et de la diversité de l’habitat - La dégradation de la qualité de l’eau - Les fluctuations hydrologiques de ces dix dernières années - La présence de plan d’eau pouvant entrer en communication avec la Cisse et situés sur le bassin

versant amont de la station d’inventaire. Pour ces raisons la station d’inventaire à été classée comme « milieu perturbé ». Facteurs d’influence Lagunage de Marolles Réalisé au cours de l’hiver 1983/1984 sur le territoire de la réserve naturelle, c’est un aménagement exceptionnel qui a dû être soumis à l’avis du Conseil National de Protection de la Nature et à l’accord du ministère chargé de l’environnement (27 octobre 1983). Ces consultations ont permis de définir des prescriptions techniques assurant un impact minimum des travaux et de l’ouvrage sur le site. Les terrains concernés étaient antérieurement occupés par des cultures intensives présentant un intérêt biologique très faible. Actuellement, les trois plan d’eau du lagunage (plus particulièrement de dernier) constitue un élément nouveau de diversité écologique dans ce secteur de la réserve éloigné de la Cisse. La station de traitement des eaux usées d’Averdon Le comité permanent du conseil national de la protection de la nature a refusé de donner son avis sur le projet d’installation d’une station d’épuration, considérant qu’une réserve naturelle ne saurait être le lieu d’implantation d’un tel ouvrage (24 avril 1997). Cependant, au vu de l’importance de cet équipement pour la commune, et compte tenu de l’ambiguïté du statut juridique des parcelles sur lesquelles il est prévu, le ministre de l’environnement a décidé d’accorder l’autorisation (notification de cette décision au maire par le préfet le 20 mai 1997). La station d’épuration a été mise en service l’année suivante.

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Document d’objectifs « vallée de la Cisse en amont de Saint Lubin »

Entretien de la Cisse Il existait deux structures administratives chargées de l’entretien de la Cisse et de ses rives :

- l’association syndicale des riverains de la Cisse qui a été dissoute en assemblée générale le 06 décembre 2001

- le Syndicat intercommunale de la haute Cisse auquel appartiennent les communes du site Un projet de syndicat unique regroupant les trois syndicats le la Cisse en Loir-et-Cher est à l’étude, mais il rencontre des difficultés de mise en œuvre. Actuellement et en attendant une éventuelle modification des statuts de ces syndicats, aucune gestion coordonnées de la rivière n’est pratiquée.

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Document d’objectifs « vallée de la Cisse en amont de Saint Lubin »

B3 Objectifs à long terme B3/1 Objectifs à long terme relatifs à la conservation du patrimoine Objectif n°I : Gestion conservatoire des habitats naturels et habitats d’espèces d’intérêt communautaire

Pelouses calcicoles et milieux associés Mégaphorbiaies et habitat du cuivré des marais Rivière « La Cisse » Forêts mixtes de pentes et ravins et zones écologiques de dépendance (ripisylve, forêt de

pente sur éboulis calcaire) Objectif n°II : Renforcement des connaissances et évaluation de l’état de conservation des habitats

Caractérisation globale du paysage de la haute Cisse et définition d’un référentiel de conservation. Elaboration d’un dispositif de suivi permettant d’évaluer les actions de gestion et l’état de

conservation des habitats B3/2 Autres objectifs : accueil, pédagogie… Objectif n°III : Améliorer l’insertion du site dans le tissu socio-économique local

Consolidation d’un pôle de référence national sur la gestion des milieux calcaires Développer un centre de ressource de la vallée de la Cisse

Objectif n°IV : Communication et accueil du public

Vulgarisation grand public Communication locale Communication nationale

B3/3 Conclusion Le tableau ci-dessous reprend les objectifs de gestion à long terme du site Tableau 11 : Synthèse des objectifs à long terme Document d’objectifs Site Natura 2000 « vallée de la Cisse en amont de Saint Lubin »

Objectif n°I Gestion conservatoire des habitats et habitats d’espèces d’intérêt communautaire

Objectif n°II Renforcement des connaissances et évaluation de l’état de conservation des habitats

Objectif n°III Améliorer l’insertion du site dans le tissu socio-économique local Objectif n°IV Communication et accueil du public

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Page 14: Section B : Evaluation du patrimoine et définition des

Document d’objectifs « vallée de la Cisse en amont de Saint Lubin »

B4 Facteurs communs pouvant avoir une influence sur la gestion

La chasse Une société communale (Marolles) et deux associations (Pezay et Vitain) chassent dans la réserve naturelle. En dehors des prélèvements de gibier naturel et de l’introduction de faisans de Colchide effectués chaque année, l’impact de cette activité est principalement lié à l’entretien et aux aménagements cynégétiques :

- entretien des layons en zones boisée (impact non évalué) - cultures à gibiers dans des zones de pelouses (dans de nombreux cas les cultures à gibier

sont favorables à la flore messicole) Les relations entre gestionnaires et chasseurs se sont améliorées ces dernières années (ex : la société communale de Maves a permis de financer l’achat de coteaux par le conservatoire des sites de Loir et Cher) et les dialogues doivent continuer dans cette voie. La communication est nécessaire pour expliquer les actions des gestionnaires et mettre en avant les influences positives de la gestion pour la chasse (réhabilitation des marais = attraction d’une plus grande population de canards). La prise en compte des jours de chasse au chevreuil sur la réserve naturelle est nécessaire afin de limiter l’accès au public. La chasse peut donc constituer un autre facteur de limitation de la circulation sur les sites. Les cultures L’environnement du site est constitué presque exclusivement de cultures intensives. C’est une source de pollution des eaux par les engrais et les produits phytosanitaires. C’est également une source de conflit avec les agriculteurs riverains qui n’acceptent pas l’intrusion du gibier dans les cultures et les dégâts qu’ils occasionnent. Absence de maîtrise foncière Ce point n’est effectif que pour les parcelles de la réserve naturelle. Les gestionnaires ne peuvent agir que sur les parcelles où une convention de gestion a pu être signée avec les propriétaires. Cette contrainte se ressent à plusieurs niveaux :

- contrainte pédagogique : circulation limitée sur la propriété privée

- contrainte scientifique : possibilités d’expérimentation et de gestion limitées (choix des pelouses, maîtrise insuffisante du troupeau en enclos mobile)

- contrainte juridique : restauration des zones humides difficiles sans l’acquisition de

terrains, gestion forestière limitée sans l’accord des propriétaires Cependant, il existe des opportunités pour les gestionnaires lors de la vente de parcelles intéressantes.

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Document d’objectifs « vallée de la Cisse en amont de Saint Lubin »

Enclavement des sites Pour la réserve naturelle, seul l’accès situé à Marolles permet l’entrée aux visiteurs. Il n’existe pas d’entrée par la commune d’Averdon. Pour les marais de Molinas et l’éperon de Roquezon, les sites du Conservatoire ne sont accessibles qu’à partir de terrains privés. L’accès à ces sites n’est donc rendu possible que pour les gestionnaires. Ils sont inaccessibles aux éventuels visiteurs. Tableau 12 : Principales contraintes de gestion du site.

Facteurs d’influence Contraintes Facteurs écologiques abiotiques Variabilité météorologique qui agit sur :

- la dynamique de la végétation - l’accessibilité (en particulier dans les marais)

Facteurs anthropiques Usages traditionnels : - populiculture - sylviculture - chasse

Actions de gestion : - gestion du personnel - gestion du matériel - entretien du troupeau

Facteurs extérieurs : - dégats de blaireaux - lagunage de Marolles - station de traitement des eaux usées d’Averdon - contexte agricole (cultures intensives) - gazoduc - ligne moyenne tension - entretien de la Cisse - enclavement du site (fragmentation des milieux)

Autres facteurs Aspects juridiques et réglementaires : - réglementation de la réserve naturelle incomplète - insuffisance de maîtrise foncière - maîtrise d’usage limitée

Communication : - multiplicité des acteurs - divergence d’intérêts

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B5 Définition des objectifs à moyen terme B5/1 Objectifs relatifs à la conservation du patrimoine Objectif n°I Pelouses calcicoles et milieux associés : - I.1 : Conserver la superficie des pelouses et les gérer - I.2 : Obtenir la maîtrise d’usage des pelouses Mégaphorbiaies et habitat du Cuivré des marais - I.3 : Restauration des prairies - I.4 : Reconstituer un corridor de circulation des espèces le long de la Cisse Rivière « La Cisse » - I.5 : Participer à la politique d’aménagement du cours d’eau pour qu’elle prenne davantage en compte les préoccupations environnementales. Forêts mixtes de pentes et ravins et zones écologiques de dépendance (ripisylve, forêt de pente sur éboulis calcaire) - I.6 : Constituer un réseau d’îlots de vieillissement - I.7 : Favoriser la mise en place de la sylviculture douce Objectif n°II - II.1 : Participer à la définition d’une politique globale d’aménagement du territoire de la haute Cisse respectueuse de son patrimoine naturel - II.2 : Revitaliser la fonctionnalité écologique de la haute Cisse - II.3 : Suivi de l’Agrion de Mercure et évaluation de l’état de conservation de la Cisse - II.4 : Evaluation de l’état de conservation des pelouses calcicoles et milieux associés - II.5 : Suivi du Cuivré des marais et évaluation de l’état de conservation des marais - II.6 : Evaluation de l’état de conservation des formations forestières remarquables - II.7 : Evaluation de l’impact des mesures sur la végétation des pelouses calcicoles et des marais - II.8 : Evaluation du document d’objectifs B5/2 Autres objectifs Objectif n°III - III.1 : Développer les actions partenariales à l’échelle du bassin versant de la haute Cisse - III.2 : Participer aux groupes de réflexion locaux sur le « développement durable » du territoire - III.3 : Participer aux réseaux nationaux et internationaux d’experts

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Document d’objectifs « vallée de la Cisse en amont de Saint Lubin »

Objectif n°IV - IV.1 : Contribuer à la création une dynamique nouvelle autour des différents pôles de découverte de la nature de l’agglomération blésoise - IV.2 : Créer des documents de communication - IV.3 : Produire des médias d’information du public sur la mise en œuvre du document d’objectifs B5/3 Choix des stratégies de gestion Le principe de gestion retenu pour les années à venir est le suivant :

- Gérer le site de façon globale et mettre en place des mesures spécifiques pour les habitats, les peuplements et les espèces les plus remarquables.

- Tirer les conséquences de l’isolement du site sur les peuplements de faunes et de flore qu’il abrite.

- Impliquer directement et concrètement les acteurs locaux dans les actions de gestion. B5/4 Conclusion Le tableau ci-dessous récapitule les objectifs à long terme, les facteurs d’influence ainsi que les objectifs de gestion à moyen terme.

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Document d’objectifs « vallée de la Cisse en amont de Saint Lubin » Tableau 13 : Synthèse des objectifs à long et à moyen terme

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Objectifs à long terme Facteurs d’influence Objectifs à moyen terme

Document d’objectifs « vallée de la Cisse en amont de Saint Lubin » Objectif n°I Gestion conservatoire des habitats et habitats d’espèces d’intérêt communautaire

- Dynamique de la végétation - Accessibilité (en particulier dans les marais) - Populiculture - Gestion du matériel - Entretien du troupeau - Absence de maîtrise foncière - Maîtrise d’usage limitée

- I.1 : Conserver la superficie des pelouses et les gérer - I.2 : Obtenir la maîtrise d’usage des pelouses - I.3 : Elaborer un dispositif de suivi permettant d’évaluer les actions de gestion (pelouses) - I.4 : Restauration des prairies humides - I.5 : Reconstituer un corridor de circulation des espèces le long de la Cisse - I.6 : Elaborer un dispositif de suivi permettant d’évaluer les actions de gestion (marais) - I.7 : Participer à la politique d’aménagement du cours d’eau pour qu’elle prenne davantage en compte les préoccupations environnementales. - I.8 : Constituer un réseau d’îlots de vieillissement de la forêt - I.9 : Favoriser la mise en place de la sylviculture douce - I.10 : Elaborer un dispositif de suivi permettant d’évaluer les actions de gestion (forêt)

Objectif n°II Renforcement des connaissances et évaluation de l’état de conservation des habitats

- Entretien de la Cisse - Enclavement du site (fragmentation des milieux) - Contexte agricole (culture intensive)

- II.1 : Participer à la définition d’une politique globale d’aménagement du territoire de la haute Cisse respectueuse de son patrimoine naturel - II.2 : Revitaliser la fonctionnalité écologique de la haute Cisse - II.3 : Suivi de l’Agrion de Mercure et évaluation de l’état de conservation de la Cisse - II.4 : Evaluation de l’état de conservation des pelouses calcicoles et milieux associés - II.5 : Suivi du Cuivré des marais et évaluation de l’état de conservation des marais - II.6 : Evaluation de l’état de conservation des formations forestières remarquables - II.7 : Evaluation de l’impact des mesures sur la végétation des pelouses calcicoles et des marais - II.8 : Evaluation du document d’objectifs

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Objectifs à long terme Facteurs d’influence Objectifs à moyen terme

Objectif n°III Améliorer l’insertion du site dans le tissu socio-économique local

- divergence d’intérêts - Multiplicité des acteurs

- V.1 : Développer les actions partenariales à l’échelle du bassin versant de la haute Cisse - V.2 : Participer aux groupes de réflexion locaux sur le « développement durable » du territoire - V.3 : Participer aux réseaux nationaux et internationaux d’experts

Objectif n°IV Communication et accueil du public

- IV.1 : Contribuer à la création une dynamique nouvelle autour des différents pôles de découverte de la nature de l’agglomération blésoise - IV.2 : Créer des documents de communication - IV.3 : Produire des médias d’information du public sur la mise en œuvre du document d’objectifs