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SÉQUENCE 11 HÉROS D’AUJOURD’HUI Laurent Gaudé Romancier et dramaturge, né en 1972, Laurent Gaudé a reçu en 2002 le Prix Goncourt des Lycéens pour son roman La mort du roi Tsongor et en 2004 le Prix Goncourt pour son roman Le soleil de Scorta. [194] OBJET DÉTUDE 3 Parcours de personnages ELDORADO : REGARDS ET PARCOURS CROISÉS Construire les personnages Je lis et je découvre progressivement le personnage 1 « Quelqu’un le regardait » À Catane, en ce jour, le pavé des ruelles du quartier du Duomo sentait la poiscaille. Sur les étals serrés du marché, des centaines de poissons morts faisaient briller le soleil de midi. Des seaux, à terre, recueillaient les entrailles de la mer que les hommes vidaient d’un geste sec. Les thons et les espadons étaient exposés comme des trophées précieux. […] Le commandant Salvatore Piracci déambulait dans ces ruelles, lentement, en se laissant porter par le mouvement de la foule. Il observait les rangées de poissons disposés sur la glace, yeux morts et ventre ouvert. Son esprit était comme happé par ce spectacle. Il ne pouvait plus les quitter des yeux et ce qui, pour toute autre personne était une profusion joyeuse de nourriture lui semblait à lui, une macabre exposition. […] C’est là que le commandant sentit pour la première fois sa présence. Quelqu’un le regardait. Il en était certain. Il avait la conviction qu’on l’épiait, que quelqu’un dans son dos, le fixait avec insistance. Il se retourna d’un coup mais ne vit rien d’autre, dans la foule, que les badauds qui avançaient à petits pas. […] Il déambulait dans les rues du marché, ressassant ces idées, lorsque, tout à coup, il eut à nouveau le sentiment qu’on l’observait. Il sentait le poids d’un regard sur son dos. […]Il tourna alors la tête, le plus calmement possible, pour défier la violence si elle se présentait. Il fut saisi d’étonnement. À quelques mètres de lui, une femme le regardait. Elle était immobile. Le visage sans expression. Ni demande. Ni sourire. Toute entière dans l’attention qu’elle lui portait. Il fut frappé par la volonté qui émanait de cette immobilité et de ce calme. Elle le regardait comme on fixe un point lointain que l’on veut atteindre. Il essaya de sourire mais n’y parvint pas tout à fait. Laurent Gaudé, Eldorado, 2006, pages 11 à 13, Éditions J’ai lu (édition 2009) 1/ En vous appuyant sur les verbes de perception, montrez que la scène est décrite à partir du point de vue du personnage. 2/ Quel sentiment éprouve-t-il devant les étals de poissons ? 3/ « Il avait la conviction qu’on l’épiait » : Quel effet produit sur le lecteur le pronom « on » ? 4/ Qu’éprouve alors le commandant Salvatore Piracci ? 2 « Oui, il se souvenait » – Vous ne me reconnaissez pas ? demanda-t-elle. Elle avait parlé avec un accent prononcé – turc peut-être – mais sans aucune faute. Salvatore Piracci ne savait que répondre. Il était incapable de dire qui était cette femme mais il sentait qu’effectivement il ne la voyait pas pour la première fois. Il savait qu’il ne la reconnaîtrait pas sans un peu d’aide et il pressentait que lorsqu’elle lui serait révélée, son identité allait lui causer un choc. « Où l’ai-je vue ? » pensa-t-il en tentant, dans la panique, de faire défiler toute sa vie en son esprit. Mais elle ne lui laissa pas le temps de chercher davantage. Elle sortit de sa poche un vieux portefeuille de cuir noir et en extirpa une coupure de journal qu’elle lui tendit. Il la regarda avec une sorte d’appréhen- sion. Il sentait que le moment de la surprise était proche. Lorsque ses yeux tombèrent sur la photo de l’article découpé, il entendit la voix de la femme qui ajoutait – comme pour l’accompagner dans l’émergence de ce souvenir : « Le Vittoria. 2004 ». En quoi la fiction nous parle-t-elle de la réalité ? 5 10 15 5 10

SÉQUENCE 11 HÉROS D’AUJOURD’HUI · Afflux de clandestins vers l’île de Lampedusa, 2003 [196] Objet d’étude 3cours de personnagesPar Séquence 11 Je resitue l’histoire

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SÉQUENCE 11 HÉROS D’AUJOURD’HUI

Laurent GaudéRomancier et dramaturge,

né en 1972, Laurent Gaudé a reçu en 2002 le Prix

Goncourt des Lycéens pour son roman La mort du roi Tsongor et en 2004 le Prix

Goncourt pour son roman Le soleil de Scorta.

[194] OBJET D’ÉTUDE 3 Parcours de personnages

ELDORADO : REGARDS ET PARCOURS CROISÉSConstruire les personnages

Je lis et je découvre progressivement le personnage

1 « Quelqu’un le regardait »À Catane, en ce jour, le pavé des ruelles du quartier du Duomo sentait la poiscaille. Sur les étals serrés du marché, des centaines de poissons morts faisaient briller le soleil de midi. Des seaux, à terre, recueillaient les entrailles de la mer que les hommes vidaient d’un geste sec. Les thons et les espadons étaient exposés comme des trophées précieux. […]Le commandant Salvatore Piracci déambulait dans ces ruelles, lentement, en se laissant porter par le mouvement de la foule. Il observait les rangées de poissons disposés sur la glace, yeux morts et ventre ouvert. Son esprit était comme happé par ce spectacle. Il ne pouvait plus les quitter des yeux et ce qui, pour toute autre personne était une profusion joyeuse de nourriture lui semblait à lui, une macabre exposition. […] C’est là que le commandant sentit pour la première fois sa présence. Quelqu’un le regardait. Il en était certain. Il avait la conviction qu’on l’épiait, que quelqu’un dans son dos, le fi xait avec insistance. Il se retourna d’un coup mais ne vit rien d’autre, dans la foule, que les badauds qui avançaient à petits pas. […] Il déambulait dans les rues du marché, ressassant ces idées, lorsque, tout à coup, il eut à nouveau le sentiment qu’on l’observait. Il sentait le poids d’un regard sur son dos. […]Il tourna alors la tête, le plus calmement possible, pour défi er la violence si elle se présentait. Il fut saisi d’étonnement. À quelques mètres de lui, une femme le regardait. Elle était immobile. Le visage sans expression. Ni demande. Ni sourire. Toute entière dans l’attention qu’elle lui portait. Il fut frappé par la volonté qui émanait de cette immobilité et de ce calme. Elle le regardait comme on fi xe un point lointain que l’on veut atteindre. Il essaya de sourire mais n’y parvint pas tout à fait.

Laurent Gaudé, Eldorado, 2006, pages 11 à 13, Éditions J’ai lu (édition 2009)

1/ En vous appuyant sur les verbes de perception, montrez que la scène est décrite à partir du point de vue du personnage.2/ Quel sentiment éprouve-t-il devant les étals de poissons ?3/ « Il avait la conviction qu’on l’épiait » : Quel eff et produit sur le lecteur le pronom « on » ? 4/ Qu’éprouve alors le commandant Salvatore Piracci ?

2 « Oui, il se souvenait »– Vous ne me reconnaissez pas ? demanda-t-elle.Elle avait parlé avec un accent prononcé – turc peut-être – mais sans aucune faute. Salvatore Piracci ne savait que répondre. Il était incapable de dire qui était cette femme mais il sentait qu’eff ectivement il ne la voyait pas pour la première fois. Il savait qu’il ne la reconnaîtrait pas sans un peu d’aide et il pressentait que lorsqu’elle lui serait révélée, son identité allait lui causer un choc. « Où l’ai-je vue ? » pensa-t-il en tentant, dans la panique, de faire défi ler toute sa vie en son esprit. Mais elle ne lui laissa pas le temps de chercher davantage. Elle sortit de sa poche un vieux portefeuille de cuir noir et en extirpa une coupure de journal qu’elle lui tendit. Il la regarda avec une sorte d’appréhen-sion. Il sentait que le moment de la surprise était proche. Lorsque ses yeux tombèrent sur la photo de l’article découpé, il entendit la voix de la femme qui ajoutait – comme pour l’accompagner dans l’émergence de ce souvenir : « Le Vittoria. 2004 ».

En quoi la � ction nous parle-t-elle de la réalité ?

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Le commandant Piracci n’eut pas besoin de lire l’article. Tout lui revint en tête. Le Vittoria. Oui, il se souvenait. C’était le nom d’un navire qu’il avait intercepté au large des côtes italiennes. Un bateau rempli d’émigrants. Des centaines d’hommes et de femmes qui dérivaient depuis trois jours.Lorsque les marins italiens montèrent à bord, munis de puissantes lampes torches dont ils balayaient le pont, ils furent face à un amas d’hommes en péril, déshydratés, épuisés par le froid, la faim et les embruns. Il se souvenait encore de cette forêt de têtes immobiles. […]– Vous vous souvenez de moi ?Il fi t oui de la tête et ce n’était pas mentir. Cela lui semblait étrange à lui-même parce que deux ans avaient passé, mais il n’avait rien oublié. Ou plutôt, ces visages qu’il pensait avoir eff acés de sa mémoire se représentaient à son esprit avec précision. Comme s’ils avaient été enregistrés une fois pour toutes. Oui, il se souvenait. Lorsqu’ils eurent eff ectué le transfert de ces hommes, lorsque le bateau clandestin leur sembla vide, lorsqu’ils eurent emportés à bord les corps de ceux qui étaient morts, ils fi rent une dernière ronde. C’est là qu’il la trouva. Prostrée dans un coin. Assise à même le pont. La main agrippée à la rambarde. […] C’est alors que leurs regards se croisèrent. Jusque-là, il n’avait vu qu’un corps emmitoufl é, qu’une femme éreintée de fatigue, une pauvre âme déshydra-tée qui ne voulait pas quitter la nuit. Mais lorsqu’il croisa son regard, il fut frappé par cette tristesse noire qui lui faisait serrer la rambarde de toute sa force.

Eldorado, pages 16 à 20

5/ Qui est la jeune femme que le commandant Salvatore Piracci rencontre (2) ? 6/ Analysez la façon dont la scène lui revient en mémoire. Que laisse penser la répé-tition des phrases : « Oui, il se souvenait » ? De quoi se souvient Salvatore Piracci ?

3 « C’était toujours les mêmes nuits passées à l’écoute des vagues »– Lorsque je vous ai vu sur le marché, j’ai tout de suite su que c’était vous. Vous faites toujours le même métier ?Elle s’était mise à parler d’un coup et sa voix emplissait la pièce avec force. Salvatore Piracci acquiesça. Oui. Toujours. Cela faisait vingt ans. Il avait commencé comme enseigne sur la frégate Bersagliere, un bâtiment militaire chargé de la surveillance des côtes au large de Bari. Puis il avait quitté les Pouilles pour la Sicile. Il avait été promu, au fi l des années jusqu’à diriger la frégate Zeffi ro. Cela faisait trois ans qu’il occupait ce poste. Il patrouillait le plus clair de son temps au large de l’île de Lampedusa et partageait ainsi sa vie entre son navire, les escales à Lampedusa et son port d’attache Catane. Mais au fond, depuis cette époque où il était un jeune homme passionné de mer, fi er de la rutilance de son uniforme et qui aurait avalé tous les océans avec un appétit féroce, rien n’avait changé. Les Albanais avaient fait place aux Kurdes, aux Africains, aux Afghans. Le nombre des clandestins n’avait cessé d’augmenter. Mais c’était toujours les mêmes nuits passées à l’écoute des vagues, traversées, parfois, par les cris d’un désespéré qui hurle vers le ciel du fond de sa barque.

Eldorado, page 21

7/ Récapitulez les informations dont vous disposez concernant Salvatore Piracci (2, 3).

Salvatore Piracci

Métier exercé

Lieu

Depuis quand ?

Rêves de jeunesse

8/ Comment sont caractérisés les émigrants du « Vittoria » ?

Les émigrantsLexique Image

En ce début de roman, quel rôle joue le regard dans la construction du personnage ?Je fais le pint

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Héros d’aujourd’hui Séquence 11 [195]

Séquence 11

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Afflux de clandestins vers l’île de Lampedusa, 2003

[196] Objet d’étude 3 Parcours de personnages

Séquence 11

Je resitue l’histoire dans son contexte

4 Les migrants de Lampedusa en 2003L’Italie a accusé l’Union européenne et l’Afrique d’avoir sur la conscience un nouveau drame de l’immigration clandestine qui a coûté la vie à 13 personnes au large de l’île de Lampedusa (sud de la Sicile) et même peut-être à 70, selon les témoignages des rescapés. […]Le bilan du drame survenu au large de Lampedusa – officiellement 13 morts – pourrait être beau-coup plus lourd, font ressortir les témoignages des rescapés qui affirment être partis à 85 des côtes d’Afrique, sans préciser le pays de départ. Quinze d’entre eux sont arrivés lundi dans l’île, épuisés, affamés, tremblant de froid et pour certains en état de délire, selon les secouristes. Les clandestins, vraisemblablement d’origine somalienne, auraient erré dans le canal de Sicile pendant 20 jours. « Au départ des côtes africaines, nous étions 85 », a déclaré l’un d’entre eux au commandant de la capitainerie du port, Michele Niosi. Au fur et à mesure de la traversée, les clandestins affirment avoir dû jeter à l’eau les corps de compagnons morts de faim et de froid, a ajouté le commandant, précisant que les témoignages étaient encore confus. Quand les secouristes ont retiré, lundi à l’aube, les 13 cadavres entassés dans l’embarcation, ils ont découvert au milieu d’eux une femme encore vivante. Elle a été transportée en hélicoptère vers un hôpital de Palerme.

D’après des dépêches de l’AFP, 21 octobre 2003

9/ Quels événements liés à l’actualité ont inspiré Laurent Gaudé pour écrire son roman (4) ?

Comprendre l’évolution d’un personnageJ’identifie les étapes d’une prise de conscience

5 « Sa voix le gifla »Salvatore Piracci invite la femme chez lui. Elle lui raconte ce qu’elle a vécu sur le bateau Le Vittoria.C’était donc cela. La vengeance. C’est cela qui l’avait fait tenir. […] Il voulait se lever, faire quelques pas, lui parler de la vie qui lui restait à vivre, du passé qu’il fallait laisser derrière soi. Parler du mal-heur, lui dire qu’on ne se venge pas d’une tempête ou d’un cataclysme. Mais avant qu’il n’ait pu le faire, elle reprit la parole et sa voix le gifla :– Ils m’ont fait payer le billet de mon fils. Mille cinq cents dollars, commandant. Mille cinq cents dollars pour mourir de soif dans mes bras. Comment voulez-vous que je pardonne ça ?

6 « Tenez », dit-il d’une voix sourde à la femme, en lui tendant l’armeLa femme demande à Salvatore Piracci de lui donner son arme pour se venger du passeur.Je suis contente que nous nous soyons revus. La boucle est bouclée. Vous avez été le premier visage de l’Europe, vous en serez le dernier. Je retourne là-bas. Je n’ai pas peur. Je veux quelque chose. De toutes mes forces. Je veux. Jour et nuit. Vous n’imaginez pas la force que cela procure. Je suis une petite femme têtue, commandant. Je me battrai contre la mer et le vent. Même les hommes ont cessé de me faire peur. […]– Tenez, dit-il d’une voix sourde à la femme, en lui tendant l’arme.– Merci, dit-elle simplement.

Eldorado :5. Page 346. Pages 39-40 7. Page 738. Page 1029. Pages 105-106

D’après le site de l’AFP

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Héros d’aujourd’hui Séquence 11 [197]

Séquence 11

7 « Le commandant pensa : Quel étrange métier »Le commandant Salvatore Piracci intervient en mer afin de retrouver les cinq canots pleins de clandestins, qu’un cargo libyen a laissés en mer.Le petit groupe d’émigrants se tenait serré les uns contre les autres, sur le pont, ne sachant plus que faire de leur corps, ignorant s’ils avaient le droit d’aller et venir ou s’il fallait qu’ils se tiennent immo-biles et tête basse, comme des prisonniers.Les deux barques vides avaient été abandonnées à la mer qui s’amusait maintenant à les faire dan-ser avant de se décider à les avaler. […] Il contemplait ces hommes. Il n’y avait pas une seule femme, que des jeunes gens et il lisait dans leurs regards un mélange de reconnaissance et de peur. Ils devaient imaginer qu’on allait maintenant les mettre en fond de cale. En les observant, le comman-dant pensa : « Quel étrange métier… Nous sauvons des vies. Nous partons à la recherche d’hommes perdus qui se noieraient sans notre aide ou crèveraient de faim, des hommes qui nous espèrent de toute la force de leur vie et dès que nous les trouvons, chacun se regarde avec crainte. Ni embrassade, ni joie d’avoir été plus rapide que la mer… ».

8 « Il resta un temps interdit, comprenant qu’il était trop tard »Le commandant revient à Lampedusa avec les clandestins des deux canots qu’il a retrouvés. L’un d’eux vient lui parler et lui demande de ne pas le livrer aux carabiniers.Les carabiniers, en bas, étaient prêts à les réceptionner. C’est alors que le commandant sortit de la passerelle et cria : « Non ! Attendez ! ».Le silence se fit. Les hommes de l’équipage tournèrent la tête et l’observèrent, attendant un ordre ou une explication. Les clandestins s’immobilisèrent, à mi-chemin sur l’escalier, craignant d’avoir fait quelque chose de répréhensible. Les carabiniers levèrent les yeux pour essayer d’apercevoir le visage de celui qui venait de hurler. Tous les regards convergèrent sur lui. Il resta un temps interdit, com-prenant qu’il était trop tard. Il ne pouvait plus rien. Il avait hésité trop longtemps. Alors, d’un geste sec de la main, sans pouvoir dire une parole, il fit signe aux clandestins de continuer leur descente.

9 « Il avait été dressé pour s’exécuter sur le champ »Le commandant Salvatore Piracci se retrouve face au capitaine du bateau responsable de la mort des clandestins.Le capitaine libyen eut à peine le temps de lever les yeux. Le commandant, sans dire un mot, le frappa au visage. Puis il l’empoigna. Il repensait aux trois barques qu’il n’avait pas trouvées et que personne ne retrouverait jamais. […]Il voulait continuer, frapper jusqu’à ce que l’homme gise à terre, et au-delà encore, mais, d’un coup, une voix retentit, au-dessus du tumulte :– Commandant, je vous ordonne d’arrêter cela tout de suite.Il aurait pu passer outre et poursuivre mais son corps se raidit. Il reconnaissait cette voix. C’était celle de l’autorité. Cela faisait vingt ans qu’il lui obéissait, vingt ans qu’il avait été dressé pour s’exé-cuter sur le champ.

10/ Analysez le processus qui a amené le commandant à se rebeller.

11/ Imaginez une suite. Le commandant explique son geste au colonel des carabi-niers et dénonce la situation.Votre récit de vingt à vingt-cinq lignes respectera les étapes suivantes :

JJ Le colonel lui demande de s’expliquer.JJ Le commandant Piracci raconte comment le capitaine du bateau a abandonné en mer des clandestins et dénonce cette situation.

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Comprendre la portée symbolique du roman

Je découvre d’autres personnages

10 « Je me remplis de lui pour ne jamais oublier son visage »Soleiman et son grand frère Jamal quittent leur pays. Ils doivent partir ensemble pour l’Europe, mais Jamal annonce à son frère qu’il ne part pas avec lui.Il m’explique qu’il a payé pour tout, que je n’ai plus à me soucier de rien, simplement me concentrer sur mes forces et aller jusqu’au bout. La voiture m’emmène à Al-Zuwarah, sur la côte libyenne. Elle me déposera dans un appartement où les passeurs viendront me chercher. Je payerai la deuxième moitié à ce moment-là, pour la traversée. Jamal parle lentement. Il a tout calculé. Tout prévu. […] Je ne parviens pas à penser que je vois mon frère pour la dernière fois. La tête me tourne. J’ai besoin d’appui. C’est alors que Jamal enlève de son cou un collier et me le tend. Je ne bouge pas. Je suis sans force. Il me le met autour du cou. C’est un collier de perles vertes. J’ai toujours vu mon frère avec. Je sens le contact froid de perles sur ma peau. Il ne dit pas un mot. Il doit être comme moi,

incapable de prononcer une parole. Il me serre à nouveau dans ses bras, avec force. Je me remplis de sa vigueur. […] Je me remplis de lui pour ne jamais oublier le visage qu’il a à cet instant.

12/ Quel changement intervient au niveau de la narration dans les chapitres qui racontent le voyage de Soleiman ? Quel est l’effet produit sur le lecteur ?13/ Quels liens pouvez-vous faire entre la carte et cet extrait (10) ?14/ Comment réagit Soleiman quand son frère lui annonce qu’il ne part pas avec lui ?15/ Que représente le collier ?

Je poursuis la lecture du roman

12 « Nos regards se croisent »Soleiman fait une rencontre particulière.C’est alors que je le vois. Au milieu de cette foule de couleurs et de cris. Là. Immobile. Je le recon-nais tout de suite. Il ne fait rien Il attend silencieusement que l’on vienne à lui. Je le regarde longue-ment, le temps d’être certain qu’il ne s’agit pas d’une vision. C’est lui. Oui. Nos regards se croisent. Alors, je m’approche et je fais ce que je dois. […]Lorsque Boubakar m’aperçoit, il me sourit. […]– Ça va ?– Oui. Tu es sûr de vouloir venir ? demande-t-il.– Oui. Jusqu’au bout.Et puis il ajoute :– Qu’as-tu fait de ton collier ?– Je l’ai offert à quelqu’un. Là-bas. Sur le marché.Boubakar me regarde un temps mais n’insiste pas. Il doit penser que quelque chose est changé en moi. Il a raison. Je n’ai plus peur de rien.

16/ Lisez la suite du roman. Que s’est-il passé au marché ? Qui Soleiman a-t-il ren-contré ? Pourquoi cette rencontre l’a-t-elle transformé ?17/ En quoi ce collier joue-t-il un rôle symbolique ?

Narrateur interne – Narrateur extérieurPour savoir qui est le narrateur, il faut se poser la question : qui raconte ? Si l’histoire est racontée avec le pronom « je », par un personnage de l’histoire, on parle de narrateur interne. Si l’histoire est racontée avec le pronom « il », par un narrateur qui ne fait pas partie de l’histoire, on parle de narrateur extérieur.

11 Émigration vers l’Europe

lemonde.fr

[198] Objet d’étude 3 Parcours de personnages

Séquence 11

Eldorado :10. Page 8912. Pages 152-15313. Pages 182-183

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EldoradoL’Eldorado est une contrée mythique d’Amérique du Sud, riche en or.Au xvie siècle, les conquistadores sont partis à la recherche de cet Eldorado. Depuis, le terme est synonyme de pays de rêve, regorgeant de richesses.

Héros d’aujourd’hui Séquence 11 [199]

Séquence 11

Soldats espagnols patrouillant le long de la frontière séparant l’Espagne de Ceuta (enclave marocaine), le 4 octobre 2005

13 Le passage de la frontièreSoleiman et son ami Boubakar franchissent la frontière entre le Maroc et l’Espagne à Ceuta.« À l’attaque ! » Nous nous sommes tous dressés d’un bond. Cinq cents hommes qui sortent de terre. Les silhouettes de gardes espagnols se sont figées. […] En une seconde, j’étais sur pied. Et j’ai laissé derrière moi Boubakar et les hautes herbes. […] Je cours. Je dévale la colline en serrant mon échelle. Je n’en reviens pas que nous soyons si nombreux. Je dépasse des hommes qui soufflent comme moi, avec la même rage. Je cours. Je vais vite. Je suis jeune. Il faut se frayer un chemin dans la foule. Je serre fort mon échelle. Je suis maintenant à quelques mètres de la barrière. Je la plaque contre les barbelés. Je n’ai pas le temps de regarder si elle atteint le sommet, je commence à monter. Des dizaines d’autres échelles jaillissent partout autour de moi. Les plus jeunes d’entre nous sont arrivés. L’assaut a commencé. Je monte à toute vitesse. Les barreaux ne cèdent pas mais l’échelle est trop courte. Il reste presque un mètre à franchir. Je m’agrippe au fil qui me fait saigner les mains. Cela n’a pas d’importance. Je veux passer. J’ai le souffle court. Les bras me tirent. Je dois tenir. La barrière est secouée de mouvements incessants. Elle se tord et grince de tous ces doigts qui l’agrip-pent. Je suis en haut. Il ne me reste plus qu’à passer la jambe pour descendre de l’autre côté.

18/ « À l’attaque ! » À quoi Soleiman compare-t-il le passage de la fron-tière ?19/ Comment l’auteur montre-t-il l’euphorie du personnage ? Relevez le lexique.20/ Quel est le temps utilisé à partir de la 4e ligne ? Quel est l’effet produit ?21/ En quoi cet événement transforme-t-il Soleiman en héros ?

J’interprète le roman22/ Lisez la critique du roman (14). Thomas Flamerion écrit que Laurent Gaudé a peint «  l’horreur aux couleurs de l’espoir et de la fraternité ». Partagez-vous ce point de vue ?23/ En vous aidant de cette critique, expliquez pourquoi Laurent Gaudé a choisi de croiser les destins de Souleiman et de Salvatore Piracci.

14 Critique du roman EldoradoÀ sujet sensible, traitement sensible. L’auteur du Soleil des Scorta livre dans Eldorado l’histoire poignante de ces Africains qui tentent, au risque de leurs vies, de gagner l’Europe. Ce monde meilleur, dans lequel nombre de candidats à l’exil placent des espoirs démesurés, ne veut pourtant pas d’eux... Le chemin vers le « paradis rêvé » est alors jonché de mille embûches, des tragédies personnelles aux autorités officielles, en passant par les trafiquants d’âmes qui font commerce de l’espoir des malheureux. […]L’auteur rend admirablement hommage au courage désespéré de ces hommes et femmes, sans verser dans le misérabilisme, mais avec une émotion juste, teintée de mysticisme. À l’histoire de ces Africains, vient se greffer celle du commandant Piracci, ébranlé par sa double mission de sauver et de renvoyer les passagers des boat people. Fatigué d’être un maillon de la chaîne du drame des clandestins, il devra affronter ses propres contradictions, choisir un camp pour apaiser ses démons intérieurs. Ainsi les chemins se croisent, les êtres se frôlent, se donnent sans se toucher, au son enchanteur de la plume de l’auteur.Faits d’actualité et poésie font bon ménage dans ce roman de l’évasion, de l’espoir, mais aussi de la tragédie. Toute fiction qu’il est, ce récit donne aux terrifiantes images des candidats à l’exil européen se jetant à corps perdu sur les barbelés de Ceuta, des identités et des histoires qu’on imagine bien réelles. Thomas Flamerion, evene.fr

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Welcome : un film réalisteDécouvrir les personnages

Affiche du film Welcome, réalisé par Philippe Lioret, sorti en 2009

Welcome Synopsis du filmÀ Calais, Bilal, jeune migrant kurde tente de rejoindre l’Angleterre pour retrouver la jeune fille qu’il aime. Arrêté par la Police, il vit dans un camp de réfugiés. Bilal échafaude alors un plan : la traversée de la Manche à la nage. Il prend des cours de natation avec Simon, un maître nageur qui vit seul depuis le départ de sa femme. Simon va se prendre d’affection pour Bilal et, au mépris des risques, décide de l’aider.

J’observe comment les personnages sont présentés au début de l’histoire

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CC Bilal1/ Qui est Bilal ? D’où vient-il ? Pourquoi a-t-il quitté son pays  ? Comment est-il arrivé en France ?

2/ Pourquoi vient-il à Calais ? Quels sont ses projets ?

3/ Quels sont ses passions, ses rêves ?

4/ Étudiez le plan 3. Où est Bilal ? Que regarde-t-il ? Comment apparaît Bilal dès le début du film ?

5/ En vous aidant des plans 1 et 2, racontez ce qui se passe lors de sa première tenta-tive de traversée de la Manche en camion.

Qu’est-ce qu’un héros aujourd’hui ?

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[200] Objet d’étude 3 Parcours de personnages

Séquence 11

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JC Simon6/ Qui est Simon ? Comment rencontre-t-il Bilal ?7/ Étudiez les expressions des person-nages (4). Qu’apprend-on de la vie de Simon dans la scène du supermarché ?8/ Expliquez l’incident entre les vigiles du magasin et des réfugiés. Que nous apprend cet incident :

JJ Sur la situation à Calais ?JJ Sur les difficultés relationnelles entre Simon et sa femme ?JJ Sur la personnalité de Simon ? De son épouse ?

9/ Comment Simon nous apparaît-il au début du film ?

Resituer un film dans son contexte

Je m’interroge sur la situation des sans-papiers de Calais10/ Lisez le document 5. Pourquoi les sans-papiers sont-ils à Calais ? Dans quelles conditions vivent-ils ? En quoi le document 5 vous aide-t-il à comprendre la situation de Bilal et des autres réfugiés ?11/ Réalisez des exposés sur les questions politiques, sociales, humanitaires, juri-diques soulevées par cette situation.

5 Article de Libération, 04/12/2010

En huit ans, Sangatte s’est multipliéPar Catherine Coroller

Après la fermeture du centre de la Croix-Rouge de Sangatte, en décembre 2002, les sans-papiers n’ont pas

renoncé à passer en Angleterre. Des campe-ments sauvages sont apparus le long de côtes de la Manche et de la mer du Nord, jusqu’en Belgique. Et dans un square de l’Est parisien qualifié, de « nouveau Sangatte ». En sep-tembre 2009, Éric Besson a ordonné le déman-tèlement du principal de ces camps, appelé la « jungle » et situé à Calais. En septembre 2010, rebelote. Un autre campement sauvage est démantelé à Loon-Plage (Nord). « À chaque

fois qu’on a déménagé, on a reporté le pro-blème ailleurs », souligne le maire de Téteghem (Nord), où s’est établi un nouveau camp de migrants. J

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Héros d’aujourd’hui Séquence 11 [201]

Séquence 11

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Comprendre le projet d’un réalisateur

6 Interview de Philippe Lioret

Olivier de Bruyn : Comment est né Welcome ?Philippe Lioret : De ma com-plicité avec l’écrivain Olivier Adam avec lequel j’ai beaucoup travaillé par le passé. Olivier avait animé des ateliers d’écri-ture à Calais et il avait un pro-jet de film avec Jean-Pierre Améris sur la situation des clandestins, d’après son livre « À l’abri de rien ». Ce projet n’arrivait pas à se monter financièrement et j’ai envisagé d’en racheter les droits. Mais finalement, ils ont réussi à le tourner, pour la télévision. N’empêche, le désir de filmer là-bas est resté et j’ai décidé de me lancer…Comment avez-vous conçu le scénario ?Avec Emmanuel Courcol, mon co-scénariste, on a commencé par se rendre sur place. On a rencontré les bénévoles des

associations qui, avec un cou-rage extraordinaire et les moyens du bord, tentent d’ai-der les clandestins. Ce qu’on a découvert était effrayant. Calais, c’est notre frontière mexicaine à nous. Ça nous a confirmé dans l’idée qu’il était impératif de tourner là-bas. Les dramaturgies, hélas, n’y manquent pas.On se pose des questions morales, quand on tourne une fiction sur un tel sujet ?Encore heureux ! Je n’étais pas à l’aise au début. Un film reste une entreprise commerciale. Il s’agit quand même de faire du pognon et évidemment, avec un tel sujet, ça pose des pro-blèmes. Je me suis ouvert de mes doutes aux gens des asso-ciations. Ils m’ont tous dit la même chose  : «  N’aie pas de scrupules. Parle de ce qui se passe ici. Montre aux gens que

la réalité n’a rien à voir avec les petits sujets expédiés au jour-nal de 20 heures.  » Ça m’a détendu.Comment est venue l’idée de ce jeune clandestin qui décide de traverser la Manche à la nage ?Des témoignages recueillis sur place. En désespoir de cause, des clandestins utilisent parfois ce moyen pour passer. Avec le courant, certains se retrouvent en Belgique. D’autres ne sont jamais retrouvés. […]Comment avez-vous lié réa-lité et fiction ?On a bossé comme des dingues sur le scénario, pendant plus d’un an. Quand on écrit un tel script, on est particulièrement motivé. Il ne s’agit pas de mili-tantisme, mais d’engagement. Sur tout ce qui concerne les migrants, il fallait rester scru-puleusement fidèle à la réalité. Et faire la chasse au pathos, au pleurnichage, à la complai-sance […]

« Calais est notre frontière mexicaine »

Rue 89, Olivier De Bruyn, 10/03/2009

12/ Comment, sur qui et sur quoi le réalisateur s’est-il appuyé pour faire un film réaliste (6) ?

13/ Quelles « questions morales » évoque-t-il dans l’interview ?

14/ À quelles difficultés financières a-t-il été confronté ?

15/ Que signifie l’expression « faire la chasse au pathos, au pleurnichage, à la com-plaisance » ?

16/ Comment comprenez-vous l’idée du titre  : «  Calais est notre frontière mexi-caine » ? À quelle autre réalité renvoie-t-elle ?

17/ Quel était le projet de Philippe Lioret en réalisant ce film ?

Philippe LioretRéalisateur français, né en

1955 à Paris.Il commence sa carrière

comme ingénieur du son et réalise son premier

long-métrage Tombés du ciel en 1993.

Depuis, le cinéaste oscille entre comédie, chronique

sociale et drame.En 2006, il obtient un vrai

succès populaire avec le drame Je vais bien ne t’en fais pas d’après le roman

d’Olivier Adam.Welcome est son 7e long-métrage.

[202] Objet d’étude 3 Parcours de personnages

Séquence 11

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S’interroger sur l’évolution des personnages

Je recherche les éléments qui permettent de comprendre :

JC La prise de conscience de Simon18/ Qu’est-ce qui a motivé Simon à aider les deux réfugiés (7) ?19/ Au début du film, avec Bilal et son cousin, Simon est parfois bienveillant, parfois agressif et suspicieux. Donnez des exemples précis pour chacune de ces attitudes. À votre avis, pourquoi cette contradiction ?

JC L’évolution de ses rapports avec sa femme, Marion

20/ Que reproche Marion à Simon ?21/ Quel sentiment se lit sur le visage de Marion au plan 8 ? Pourquoi s’inquiète-t-elle pour Simon ?22/ Comment comprenez-vous l’obstination  de Simon ?23/ Comment Simon en arrive-t-il à parler de ses regrets ? À qui se compare-t-il ? Quelle image a-t-il de lui-même ?24/ En quoi ces paroles nous permettent-elles de com-prendre l’engagement de Simon vis-à-vis de Bilal ?25/ Quel objet Simon retrouve-t-il en ouvrant le canapé-lit ? En quoi cet objet est-il symbolique ? Quel sens pouvez-vous donner au fait qu’il l’ait retrouvé dans ces circonstances ?26/ Que fait-il de cet objet ? Pourquoi ?

JC L’évolution des rapports avec ses voisins

27/ Comment réagit le voisin de Simon ? Quelle est la réaction de Simon ?28/ À quoi sert le plan fixe sur le paillasson du voisin d’en face (9) ? Comment comprenez-vous alors le titre du film ?

JC Ses problèmes avec la police29/ Que reproche le Policier à Simon ? Quelle menace profère-t-il (10) ?30/ Quel est le ton des réponses de Simon ? Justifiez votre réponse.31/ En quoi les dialogues avec le policier rendent-ils compte de l’évolution du personnage ?

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Héros d’aujourd’hui Séquence 11 [203]

Séquence 11

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Caractériser un héros d’aujourd’hui

Je m’interroge sur l’héroïsme des personnages32/ En quoi Bilal est-il coura-geux ? Relevez les moments du film où se révèle tout par-ticulièrement son courage.

33/ Peut-on dire qu’il est un héros ? Pourquoi ?

34/ Simon fait-il preuve de courage ? Son comportement est-il héroïque ? Pourquoi ?

35/ Qu’est-ce qui a changé dans la vie de Simon ? Est-il toujours le même qu’au début du film  ? Écrivez un texte d’une vingtaine de lignes pour expliquer son évolution.

Je m’interroge sur l’engagement de Simon36/ Quel rôle joue progressivement Simon pour Bilal ? Que lui donne-t-il ?

37/ « C’est mon fils » dit Simon au secouriste au téléphone en parlant de Bilal.Pourquoi ce mensonge ? Quelle valeur cette phrase prend-elle à ce moment du film ?

38/ Que pensez-vous de ce montage entre le nageur à la piscine et Bilal tentant la traversée de la Manche (12) ? Quel est l’effet produit sur le spectateur ?

Héros d’hier et d’aujourd’huiLes héros de l’Antiquité étaient des demi-dieux.Dans l’Iliade et l’Odyssée d’Homère, les héros sont des hommes hors du commun. Certains, comme Achille, excellent dans l’art militaire et recherchent la gloire, d’autres comme Ulysse possèdent l’art de la parole et de la ruse.De façon plus générale, les héros désignent des personnages courageux ou remarquables par leur talent et/ou leurs valeurs.

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[204] Objet d’étude 3 Parcours de personnages

Séquence 11

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J’interprète la fin du film

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39/ En quoi la fin de l’histoire est-elle tragique ?40/ Pourquoi Simon se rend-il à Londres ? Quelle situation découvre-t-il ?41/ Quelle est la valeur symbolique de la bague (13) ? Pourquoi l’offre-t-il à Mina ?42/ Quel est le destin de cette bague ? Et de Simon ?43/ À votre avis, à quoi sert le plan sur le match de foot (14) ? À quoi peut penser Simon ?44/ Analysez l’affiche (15). En quoi résume-t-elle ce film ?

Je lis une critique et je donne mon point de vue sur le film45/ Le point de vue de Pierre Murat (16) correspond- il à votre perception du film  ? Rédigez un texte d’une vingtaine de lignes pour donner votre propre point de vue et partagez-le avec vos camarades.

16 Critique du film par Pierre Murat dans Télérama

Personne, à l’époque, ne pouvait prévoir l’im-pact du film de Phi-

lippe Lioret. C’était quoi, Wel-come, au départ, sinon une double histoire d’amour : d’un côté, un quadragénaire (Vin-cent Lindon, très Gabin) cher-chant à éblouir son ex-femme : de l’autre, un jeune Kurde prêt à traverser la Manche à la nage pour rejoindre son amoureuse... Mais, autour de ses deux héros, Lioret filmait la «  jungle » du Nord de la France  : les sans-papiers, bloqués à Calais, les passeurs se faisant payer 500 euros par tête de pipe pour

leur faire gagner l’Angleterre. Il filmait le périple des migrants dans un camion, tête enfouie dans un sac en plastique afin d’éviter les flics, leurs chiens et leur petite tête chercheuse, cette «  espionne du CO2  » détectant le moindre souffle suspect... On découvrait, aussi, l’article L 622-1, devenu fameux avec le film : cette loi menaçant de cinq ans d’emprisonnement et de 30  000 eu ros d’amende tout citoyen convaincu d’avoir aidé une personne en situation irrégulière. C’est ce qui arrivait au personnage interprété par Vincent Lindon : convoqué au

commissariat, dénoncé par un de ces « bons Français » chez qui seul le paillasson (sur lequel était écrit « Welcome ») sem-blait avoir gardé quelque chose d’humain...La polémique a injustement effacé les qualités romanesques de la mise en scène de Philippe Lioret. Intense et belle, elle reposait sur des moments d’émotion – comme dans ces vieux chefs-d’œuvre italiens où il suffisait qu’un gamin glisse sa main dans celle de son père humilié pour que l’espoir renaisse.

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Affiche du film Welcome

Héros d’aujourd’hui Séquence 11 [205]

Séquence 11

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GRAN TORINO : UN HÉROS D’AUJOURD’HUIDécouvrir un personnage

Affi che du fi lm Gran Torino réalisé par Clint Eastwood, sorti en France en 2009

Gran Torino Synopsis du fi lmWalt Kowalski est un vieil homme blessé et solitaire. Pourtant, contre toute attente, il va se lier d’amitié avec un jeune garçon asiatique de son quartier.Une amitié improbable qui va changer les deux hommes et bouleverser leur vie.

J’identi� e comment le personnage Walt Kowalski est présenté au début du � lm1/ Quel événement ouvre le fi lm ? Quels personnages découvre-t-on ? Quels sont leurs comportements ?

2/ Recensez les comportements de Walt Kowalski avec les autres.

ses enfants ses petits enfants le prête ses voisins asiatiques

Walt et…

3/ Que dit-on de Walt ? Quels éléments de son passé et de son présent peuvent expli-quer son caractère et sa personnalité, sa diffi culté à accepter ses voisins ?

Caractère de Walt Kowalski

Son ancien métier Son implication dans des con its armés

Ce que les autres disent de lui

Ce qu’il montre de lui par ses paroles et ses actes

4/ Que pensez-vous de ce personnage au début du fi lm  ? Le terme de anti-héros s’applique-t-il à ce personnage ? Pourquoi ?

Comment un anti-héros devient-il un héros ?

Les MongLes Mong sont un peuple d’Asie, originaire des régions montagneuses du sud de la Chine.

La Guerre de CoréeLa Guerre de Corée a eu lieu de 1950 à 1953 entre les forces de la Corée du Nord communiste, soutenues par la République populaire de Chine et l’Union soviétique, et celles de la Corée du Sud sous infl uence occidentale, soutenues par les États-Unis.

Anti-hérosPersonnage principal qui n’a absolument rien d’héroïque :• soit parce qu’il est médiocre ;• soit parce que ses valeurs sont négatives.

[206] OBJET D’ÉTUDE 3 Parcours de personnages

Séquence 11

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Je rédige un portrait

1 Magazine PremièreAu fil d’une série de tableaux qui révèlent un personnage plus proche de ses voisins étrangers que de sa famille, Clint couvre un registre très étendu qui va du comique au drame intimiste. Kowalski apparaît alors comme une synthèse des rôles eastwoodiens les plus emblématiques. Il a un peu de l’inspecteur Harry avec son pragmatisme brutal et impulsif : un peu du hors-la-loi Munny, hanté par son passé dans Impitoyable : et un peu de l’entraîneur Dunn de Million Dollar Baby, fâché avec sa famille et sceptique vis-à-vis de sa religion […]

Gérard Delorme

2 Magazine Télérama[…] La première heure tient presque de la comédie – grinçante. Eastwood surjoue le vieux réac veuf et raciste, retraité des usines Ford, coincé dans la banlieue de Detroit entre des voisins qui ne sont plus ceux, bien blancs, d’autrefois, mais des immigrés asiatiques. Une bière à la main, un œil sur sa Gran Torino (un modèle Ford, bien entendu) surastiquée, l’homme ne fait même pas semblant d’être civilisé : il gronde littéralement comme un clébard au moindre pas « étranger » sur sa pelouse. […]

Louis Guichard

3 Le MondeClint Eastwood a une réputation à démolir, celle du flic facho, du justicier raciste, du loup solitaire et irascible qui se venge quand on lui marche sur les pieds. Depuis des années, il brouille conscien-cieusement cette image. Mais jamais il n’était allé aussi loin dans la remise en cause de ce personnage. Gran Torino est un film d’autant plus poignant qu’il sonne comme un testament. C’est encore un dinosaure anachronique qu’il incarne : Walt Kowalski, vétéran de la guerre de Corée, employé des usines Ford à la retraite dans une banlieue de Detroit, devenue ghetto d’immigrants.

Jean-Luc Douin

5/ Lisez les trois extraits de critiques du film (1, 2, 3). Relevez le lexique utilisé pour décrire la personnalité de Walt.

6/ En vous aidant de ce lexique, rédigez un portrait de Walt.JJ Dressez son portrait physique et psychologique.JJ Donnez des informations concernant sa vie actuelle et passée.JJ Présentez le quartier dans lequel il habite.

Clint EastwoodClint Eastwood, acteur, réalisateur et producteur américain est né en 1930 à San Francisco. Il débute en 1955, devient un acteur star au milieu des années 60, puis réalisateur en 1971 tout en continuant à jouer, y compris dans ses propres films. Il incarne souvent des personnages solitaires et aigris, aux comportements marginaux, mais qui révèlent de grandes qualités humaines.

Termes péjoratifsDésagréable, brutal, égoïste, aigri, mauvais caractère, détestable.

Héros d’aujourd’hui Séquence 11 [207]

Séquence 11

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S’interroger sur l’évolution du personnage

Selon une enquête effectuée dans onze villes américaines, 9 % des enfants de treize ans sont membres d’un gang et 17  % en ont fait partie. Ces statistiques du Bureau de la justice pour enfants et de la prévention de la délinquance du département de la Justice indiquent qu’il existait 31 000 gangs avec 846  000  membres en 1996, contre 100  000 membres en 1980. Leurs activités ne se limitent pas à chaparder dans les supermarchés ou à casser des voitures : le taux de criminalité chez les quatorze à dix-sept ans atteint celui des adultes.

Extrait d’un article paru dans l’édition du Monde du 29.01.99

Je recherche les éléments qui permettent de comprendre l’évolution de Walt7/ Que veulent les membres du gang au jeune Tao (4) ? Que lui proposent-ils ? Pourquoi cette violence physique et verbale ?

8/ Selon vous, qu’est-ce qui incite Walt à intervenir ?

9/ Comment Walt arrive-t-il à mettre les membres du gang en fuite ? Qu’est-ce qui rend son discours per-suasif  ? Que lui répondent les membres du gang  ? Pourquoi ?

10/ De quoi les voisins et les autres asiatiques du quartier veulent-ils le remercier (5) ?

11/ À votre avis, le terme de « héros » proposé par la jeune voisine convient-il ici à Walt ? Pourquoi ?

12/ Walt se laisse-t-il amadouer par les remercie-ments et cadeaux ? Pourquoi ?

13/ Que se passe-t-il entre Walt et Tao à ce moment du film ? Pourquoi Tao doit-il s’excuser ? Comment Walt réagit-il aux excuses de Tao ?

14/ Quel rôle jouent les femmes ?

[208] Objet d’étude 3 Parcours de personnages

Séquence 11

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Identifier la portée symbolique du film

Je me questionne sur la fin du film

JC Les préparatifs15/ Pourquoi Walt va-t-il voir le prêtre (6) ?

16/ En quoi ce qu’il lui dit permet de comprendre ses réactions ?

17/ Pourquoi éprouve-t-il le besoin de parler de son passé ?

18/ Que représente la médaille qu’il donne à Tao (7) ? Comment comprenez-vous ce geste ? Quel en est la portée symbolique ?

19/ Pourquoi Walt enferme-t-il Tao (8) ? Comment comprenez-vous ce comportement ? À quoi Walt se prépare-t-il ?

20/ Pourquoi Walt va-t-il chez le coiffeur et chez le tailleur ? Pourquoi laisse-t-il son chien à la voisine ?

JC La confrontation finale21/ Walt affronte les membres du gang. À quoi s’attend le spectateur ?

22/ Que peut faire Walt pour empêcher le gang de nuire ?

23/ Que choisit-il de faire ? Pourquoi ?

24/ Expliquez son geste quand il met la main dans la poche de sa veste (9). Que voulait-il faire ? Pourquoi ? Quel était son objectif. L’a-t-il atteint ?

25/ En quoi l’attitude de Walt est-elle très différente de son attitude au début du film ? En quoi peut-elle être qualifiée d’héroïque ?

JC La cérémonie26/ Comparez les deux scènes d’enterrement du début et de la fin. Quels sont les personnages qui n’étaient pas présents à la première ? Quels sont les person-nages qui ont changé ? Pourquoi ?

27/ Pourquoi Walt est-il un véritable héros pour le quartier ? Quelles sont les valeurs qu’il incarne ?

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Héros d’aujourd’hui Séquence 11 [209]

Séquence 11

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J’interprète les symboles

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28/ Qu’est-ce qui a changé entre ces deux scènes avec la voiture Gran Torino (10 et 11) ?29/ Que représentait cette voiture pour Walt ? En quoi a-t-elle joué un rôle important dans la relation entre Walt et Tao ?30/ Pourquoi Walt l’a-t-il donnée à Tao ?31/ Rédigez un texte de dix lignes pour expliquer le rôle qu’a joué Walt dans la vie de Tao.

12 Gran Torino : le moteur du succèsSorti le 25 février, Gran Torino de Clint Eastwood rencontre un succès public : près de 3 millions de spectateurs. Les critiques ont salué ce « fi lm somme » qui synthétise en deux heures la person-nalité légendaire de l’acteur-cinéaste américain. Mais rares furent les articles consacrés à ce qui constitue pourtant, et littéralement, le « moteur central » du fi lm : cette Ford Gran Torino modèle 72. Cette banale automobile – à première vue – y occupe pourtant une fonction symbolique puissante. Et pourrait bien rejoindre la Citroën DS de Roland Barthes au rang de ce que l’auteur des Mytho-logies appelait les « objets superlatifs ». « Chaque objet du monde peut passer d’une existence fermée, muette, à un état oral, ouvert à l’appropriation de la société. » La Ford Gran Torino mérite tout particulièrement ce traitement « ouvert ». Rappelons l’argument du fi lm : vieux réac aigri, ancien ouvrier chez Ford, le héros Walt Kowalski (Clint Eastwood) bichonne sa voiture dans son backyard. Il regarde d’un mauvais œil son jeune voisin chinois Th ao (Bee Vang), installé dans la maison d’à côté avec sa famille. Mais peu à peu, les deux hommes fraternisent autour de cette auto que le jeune homme tente pourtant de lui voler au début du fi lm. Th ao devient même l’unique héritier de la vieille relique Ford, tel un improbable fi ls d’élection, au détriment de la famille biolo-gique du vieux Kowalski. […] 7-4-2009

32/ Que représente la médaille au début du fi lm ? Quelles sont les valeurs qui y sont associées ? Que représente la médaille à la fi n du fi lm ? Quelles sont les valeurs qui y sont associées ?

33/ En reprenant l’ensemble de vos écrits, rédigez une présentation de ce fi lm :JJ Vous dresserez le portrait de Walt Kowalski au début du fi lm (caractère, relations avec la famille, avec les voisins, passé…).

JJ Vous montrerez pourquoi et comment Walt Kowalski a évolué et en quoi il est devenu un héros.

JJ Vous expliquerez quel rôle jouent la voiture, la médaille.JJ Vous direz ce que vous avez pensé du parcours de ce personnage et du fi lm.

Les héros d’aujourd’hui sont-ils les héros d’hier ?Je fais le pint

[210] Objet d’étude 3 Parcours de personnages

Séquence 11

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héros D’hier et D’auJourD’huiDéfinir la notion de héros

Je recherche ce qui est commun aux héros d’hier et d’aujourd’hui1/ Parmi les héros que vous avez découverts par vos lectures ou par le cinéma, quels sont ceux qui vous ont tout particulièrement intéressé ? Pourquoi ?2/ Selon vous, qu’est-ce qui caractérise les héros  ? Leur caractère, leurs actes, leurs valeurs… ?3/ Les héros d’aujourd’hui sont-ils très différents des héros d’hier ?

1 Le héros : Un être d’exception

Les exploits du héros – qu’ils soient chantés, écrits, gravés ou peints – le font exister et perdurer dans la mémoire humaine.Achille, Alexandre le Grand, Roland, Lancelot, Condé, Jeanne d’Arc, Napoléon, Jean Moulin, De Gaulle, Che Guevara, James Bond, Jimi Hendrix, Superman, Zidane… autant de figures qui éclai-rent la « fabrique du héros » dont la fonction sociale et imaginaire est essentielle : c’est à travers un individu, un acte, une mémoire que se façonne le monde occidental.Comment et pourquoi les civilisations humaines construisent-elles des personnages si excep-tionnels que leurs hauts faits demeurent dans les mémoires, alors même que les circonstances historiques s’effacent ? Thésée tue le Minotaure, Alexandre tranche le nœud gordien, Vercingé-torix s’oppose à César, de Gaulle lance l’Appel du 18 juin… : le héros est d’abord un homme d’action. Il surgit lorsque la communauté risque de régresser vers le chaos, a besoin de refaire son unité ou de tenter l’impossible. (…)L’étymologie du mot « héros » est obscure mais évoque cette ambivalence du service et du com-mandement, de celui qui protège et fait la guerre. Le mot grec hêrôs (« chef de guerre » chez Homère, « demi-dieu » chez Hésiode) est passé au latin classique avec le sens de demi-dieu puis d’homme de valeur supérieure. Il n’entre dans la langue écrite française que vers 1370 pour dési-gner toujours un demi-dieu puis un individu qui se distingue par ses exploits ou un courage extraordinaire, particulièrement dans le domaine des armes. À l’époque moderne, la polysémie du terme se renforce avec le sens d’homme digne de l’estime publique et de personnage princi-pal d’une œuvre littéraire (1650).

Présentation de l’exposition « Héros » à la BNFbnf.fr/heros

En quoi les héros nous aident-ils à nous construire ?

4/ Lisez le texte introductif de l’exposition « Héros » à la BNF (1). Comment y est défini le héros ? Quelle est sa fonction sociale ?5/ Ulysse, Alexandre le Grand, Roland, Lancelot, Condé, Jeanne d’Arc, Napo-léon, Jean Moulin, De Gaulle, Che Guevara, James Bond, Jimi Hendrix, Super-man, Zidane. Quels sont parmi ces « héros » les per-sonnages imaginaires ? Ceux qui existent ou ont existé ?

Tête d’Ulysse, Ier siècle avant Jésus‑Christ

Jeanne d’Arc au sacre du roi Charles VII dans la cathédrale de Reims, peinture de Jean Auguste Dominique Ingres, 1854

Héros d’aujourd’hui Séquence 11 [211]

Séquence 11

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6/ Qu’est-ce qui confère à ces personnages le statut de héros ? Que représentent-ils ?

Ulysse

Alexandre le Grand

Lancelot

Condé

Jeanne d’Arc

Napoléon

Jean Moulin

De Gaulle

Che Guevara

James Bond

Jimi Hendrix

Superman

Zidane

2 Le héros : le produit d’un discours

Qu’est-ce donc qu’un héros ? D’abord – et c’est ainsi que l’aborde l’exposition – le produit d’un discours. À chaque époque ses héros et un support privilégié de médiatisation. Pour le héros épique, le poète ; pour le héros national, l’historien, et pour le héros moderne, composite et mon-dialisé, le système médiatique. L’exposition s’attache ainsi à montrer que le chant épique comme les jeux vidéo, les manuels scolaires comme les articles de journaux et l’imagerie populaire, pro-duisent des personnages héroïsés, profondément révélateurs de nos civilisations. Certains héros inscrivent leur gloire dans le temps, d’autres seulement dans l’espace mondialisé de la commu-nication…

Présentation de l’exposition « Héros » à la BNF

7/ Les qualités personnelles suffisent-elles à l’acquisition du statut de héros ?8/ En quoi les héros d’aujourd’hui sont-ils semblables aux héros d’hier ? En quoi sont-ils différents ? Pourquoi ?

[212] Objet d’étude 3 Parcours de personnages

Séquence 11

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Je m’interroge sur les caractéristiques du héros d’aujourd’hui

3 Mandela

Il y a vingt ans, Nelson Mandela était libéré

Le héros de la lutte anti-apartheid et premier président noir d’Afrique du Sud, Nelson Mandela, aujourd’hui âgé de 91 ans, est attendu, jeudi soir 11 février, au Parlement sud-africain, pour marquer le 20e anniver-saire de sa libération. Nelson Mandela, dont la santé déclinante le contraint à raréfier ses interventions publiques, est attendu vers 19 heures, heure locale (18 heures, heure française) dans la ville du Cap, pour sa seule apparition de la journée.

Lemonde.fr avec AFP, 11.02.10

4 Zidane

Zidane doit rester

Après Marcel Desailly et Lilian Thuram, c’est au tour de Bixente Liza-razu d’abandonner les Bleus. Au total, seize des vingt-deux héros de cette mythique équipe tricolore qui, un jour d’été de 1998, embrasa la France en remportant la Coupe du monde de football ont désormais renoncé à jouer dans la sélection nationale. Tous les yeux sont à présent tournés vers Zinédine Zidane, héros parmi les héros, celui dont le nom, il y a six ans, s’était affiché en lettres de lumière sur les murs de l’Arc de triomphe, à côté de ce mot, « président », tant sa performance sportive et son par-cours personnel avaient nourri les fantasmes de ses compatriotes.

Éditorial du Monde, 06-08-2004

5 Chesley B. Sullenberger, nouveau héros américain

Jeudi, un héros est né, il s’appelle Chesley B. Sullenberger III. C’est le pilote qui a réussi à poser l’Airbus A320 sur les eaux glacées de l’Hudson River. Un amerrissage en douceur et tout en contrôle, évitant ainsi à l’avion de se désagréger au contact de l’eau. Le maire de New York Michael Bloomberg et des passagers ont salué l’héroïsme et le professionnalisme dont le pilote d’US Airways a fait preuve, en quittant en dernier l’appareil après s’être assuré que plus per-sonne ne s’y trouvait. J

Libération, 16/01/2009 (Source AFP)

6 Les sacrifiés de FukushimaLes sacrifiés de Fukushima, nouveaux héros de la nation japonaiseSite France24 Par Dépêche, le 17/03/2011, 09:54

Le Premier ministre japonais, Naoto Kan, a salué le courage des dizaines de travailleurs volontaires qui sont restés travailler sur le site hautement contaminé de la centrale de Fukushima. Au péril de leur vie.

AFP – Les quelques dizaines de travailleurs restés sur le site de la centrale de Fukushima pour refroidir les réacteurs accidentés et le combustible irradié sont les nouveaux héros du Japon, prêts à sacrifier leurs vies pour sauver la nation.

Nelson Mandela au JT de 20 heures

Portrait de Zinedine Zidane

Héros d’aujourd’hui Séquence 11 [213]

Séquence 11

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7 Jean Moulin

Hommage à Jean Moulin, héros de la RésistanceÉlus, personnalités civiles et militaires et associations d’anciens combattants se sont retrouvés jeudi en fi n d’après-midi sur invitation de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance devant la plaque de celui qui, le 27 mai 1943, fonda le conseil national de la Résistance, afi n de lui rendre hommage. L’Est Éclair, 30/05/2010

9/ Qu’ont en commun les personnes dont il est question dans ces articles (3 à 7) ?10/ Identifi ez ce qui fait d’eux des héros. Quelles diff érences constatez-vous ?11/ Quelles distinctions faites-vous entre héros et actes héroïques ?

Le hérosIl y a dans tout héros de la démesure ; c’est un être exceptionnel qui a accompli des exploits extraordinaires, à ce titre il fait l’objet d’un culte de la part d’une communauté humaine. C’est donc la mémoire de son geste qui lui confère une immortalité plus ou moins durable auprès des vivants. L’acte de baptême du héros est d’ailleurs souvent son acte de décès. La vraie vie du héros commence souvent après une mort qui, si elle n’est pas toujours nécessaire, souligne le courage et la violence d’un engagement voulu. Mais pour être reconnu comme un héros, il ne suffi t pas d’accomplir cet acte qui sauve une société en péril, il faut que cet acte soit rendu public. En eff et, si tous les héros n’ont pas accompli réellement des actes héroïques, tous ont été héroïsés. Ils sont donc le produit d’un discours qu’ils ont pu contribuer à construire (Alexandre, Napoléon) ou sur lequel ils n’ont guère eu prise (Roland, Jeanne d’Arc). Le terme de héros fut toujours galvaudé, recouvrant des réalités très diverses mais qui renvoient toutes à l’histoire de l’imaginaire. Par les valeurs qu’ils défendent, les héros sont donc des révélateurs des civilisations qu’ils sont censés fonder.

Extrait du site de la BNF

Actes héroïques, valeurs

Force physique et morale

Vie remarquable

Talents, exploits

Mandela

Zidane

Sullenberger

Les sacrifi és de Fukushima

Jean Moulin

A-t-on toujours besoin de héros aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’un héros pour vous ?Je fais le pint

[214] Objet d’étude 3 Parcours de personnages

Séquence 11

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