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1 Séquence pédagogique : Philippe Claudel, La petite fille de Monsieur Linh Philippe Claudel, La petite fille de Monsieur Linh Le Livre de Poche n o 30831, 192 pages. L’auteur Philippe Claudel a écrit de nombreux romans, parmi lesquels Les Âmes grises, qui a reçu en 2003 le prix Renaudot, en 2004 le Grand Prix des lectrices de Elle, et a été traduit dans trente langues. La petite fille de Monsieur Linh est paru en 2005. Le Rapport de Brodeck a été couronné du prix Goncourt des lycéens en 2007. Philippe Claudel a également écrit et réalisé le film Il y a longtemps que je t’aime, avec Kristin Scott Thomas et Elsa Zylberstein, qui a été diffusé dans une trentaine de pays. L’œuvre M. Linh est un vieil homme qui doit quitter son pays que la guerre vient de dévaster. Il n’em- mène avec lui, pour tout bagage, qu’une valise contenant quelques vêtements usés, un peu de terre de son pays et une photo jaunie. Mais il n’est pas seul pour son voyage ; sa petite fille l’accompagne. Elle est tout ce qui lui reste de sa famille. L’exil les conduit dans un pays inconnu, dans une ville grisâtre, dans un dortoir sans âme où les autres exilés se moquent de lui. Seul rayon de soleil dans cette solitude immense, une autre solitude : celle de M. Bark, un gros homme que M. Linh rencontre sur un banc. Les deux hommes ne parlent pas la même langue mais ils vont se comprendre. M. Bark saura accepter la différence de ce vieil homme, meurtri par la guerre, qui ne vit plus que pour sa petite fille. Quant à l’issue de cette histoire simple, émouvante et cruelle, on ne peut la raconter… Il faut la lire. L’univers romanesque de Philippe Claudel est celui des gens du commun, à l’existence simple mais si fragile. C’est aussi un univers qui montre la cruauté de la vie. Cependant, pour l’auteur, la gravité de ses récits n’est pas sans espoir. Si le thème de la guerre est présent dans toutes ses œuvres, il ne fait que le suggérer car ce n’est pas ce sur quoi il semble fonder ses récits. Ses his- toires sont en effet avant tout celles de rencontres entre des êtres très différents. Ces rencontres sont l’occasion pour l’auteur de peindre l’âme humaine dans ses tréfonds les plus effrayants mais aussi dans son innocence la plus vertigineuse.

Séquence péda go gique : Philippe Claudel, La petite fille ... · Séquence péda go gique : 1 Philippe Claudel, La petite fille de Mon sieur Linh Philippe Claudel, La petite fille

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1Séquence péda go gique :Philippe Claudel, La petite fille de Mon sieur Linh

Philippe Claudel,La petite fille de Mon sieur LinhLe Livre de Poche no 30831, 192 pa ges.

L’auteur Philippe Cla udel a écrit de nom breux romans, parmi les quels Les Âmes grises, qui a reçu en 2003 le prix Renaudot, en 2004 le Grand Prix des lec trices de Elle, et a été tra duit dans trente langues. La petite fi lle de Mon sieur Linh est paru en 2005. Le Rap port de Brodeck a été cou ronné du prix Goncourt des lycéens en 2007. Philippe Claudel a éga le ment écrit et réa lisé le fi lm Il y a long temps que je t’aime, avec Kristin Scott Thomas et Elsa Zylberstein, qui a été dif fusé dans une tren taine de pays.

L’œuvre M. Linh est un vieil homme qui doit quit ter son pays que la guerre vient de dévas ter. Il n’em-mène avec lui, pour tout bagage, qu’une valise conte nant quelques vête ments usés, un peu de terre de son pays et une photo jau nie. Mais il n’est pas seul pour son voyage ; sa petite fi lle l’accom pagne. Elle est tout ce qui lui reste de sa famille. L’exil les conduit dans un pays inconnu, dans une ville gri sâtre, dans un dor toir sans âme où les autres exi lés se moquent de lui. Seul rayon de soleil dans cette soli tude immense, une autre soli tude : celle de M. Bark, un gros homme que M. Linh ren contre sur un banc. Les deux hommes ne parlent pas la même langue mais ils vont se comprendre. M. Bark saura accep ter la dif fé rence de ce vieil homme, meur tri par la guerre, qui ne vit plus que pour sa petite fi lle. Quant à l’issue de cette his toire simple, émou vante et cruelle, on ne peut la raconter… Il faut la lire.L’uni vers roma nesque de Philippe Claudel est celui des gens du commun, à l’exis tence simple mais si fra gile. C’est aussi un uni vers qui montre la cruauté de la vie. Cepen dant, pour l’auteur, la gra vité de ses récits n’est pas sans espoir. Si le thème de la guerre est présent dans toutes ses œuvres, il ne fait que le sug gé rer car ce n’est pas ce sur quoi il semble fon der ses récits. Ses his -toires sont en effet avant tout celles de ren contres entre des êtres très dif fé rents. Ces ren contres sont l’occa sion pour l’auteur de peindre l’âme humaine dans ses tré fonds les plus effrayants mais aussi dans son inno cence la plus ver ti gi neuse.

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À quelles classes s’adresse le texte ?

La petite fi lle de Mon sieur Linh est un conte moderne avec tous les ingré dients du conte mais aussi de la nou velle. Son écri ture épu rée et poé tique se prête mer veilleu sement à l’étude pour des élèves de Troi sième et de Seconde.L’étude de cette œuvre s’adapte aussi bien aux pro grammes actuels de la classe de Troi sième qui recom mandent l’étude d’un roman ou d’une nou velle du XIXe ou du XXe siècle qu’aux pro -grammes qui ren tre ront en vigueur à comp ter de la ren trée 2012 en Troi sième, et qui pro posent l’étude de romans et nou velles des XXe et XXIe siècles por teurs d’un regard sur l’his toire et le monde contem po rains.Mais le récit peut aussi être étu dié en classe de Seconde géné rale et tech no lo gique, dont le pro gramme pré co nise l’étude d’une œuvre roma nesque (roman ou nou velle) du XIXe ou du XXe siècle.Enfi n, l’œuvre se prête éga le ment à un tra vail inter dis ci pli naire, notam ment avec le pro gramme d’ECJS de Seconde, par exemple, qui porte sur la citoyen neté et l’inté gra tion.

Pré sen ta tion de la séquence

Quels sont les élé ments qui font du récit de Philippe Claudel une nou velle à chute ? [De nom breuses pro blé ma tiques sont envi sa geables en fonc tion du niveau de la classe. Celle- ci s’adresse à des élèves de Seconde.]

- Déter mi ner les carac té ris tiques de la nou velle à chute.- Faire l’appren tis sage du commen taire lit té raire.- Comprendre comment un récit peut offrir une vision de l’homme et du monde (en vue de la pré pa ra tion à la classe de Pre mière).

Le récit : le roman - la nou velle.

Lec ture au fil du texte avec ana lyses plus fouillées de cer tains pas sages.- Pages 9-10 : du début à « Et l’enfant bien sûr »- Pages 33-34 et p. 57-58 : La vie au dor toir- Pages 44-45 : Les rap ports grand- père/petite- fi lle- Page 67 : Un moment de peur- Pages 87-88 : Un moment de bon heur- Pages 108-109 : Une scène en voi ture- Pages 115-116 : Le rêve de M. Linh

- Lec ture 1 : Des per son nages épo nymes- Lec ture 2 : Un ami- Lec ture 3 : La vie de M. Linh- Lec ture 4 : Un récit oscil lant entre angoisse et bon heur- Lec ture 5 : Un récit oscil lant entre réa lisme et oni risme- Lec ture fi nale.

- Les valeurs du temps présent- La phrase : rap pel des notions fon da men tales- Les foca li sa tions

La décou verte du texte se fera au fur et à mesure de la séquence afi n que les élèves puissent com-prendre tout le méca nisme de la nou velle à chute mais aussi afi n de sol li ci ter leur ima gi na tion et plus sim ple ment les invi ter à appré cier plei ne ment cette nou velle.

Pro blé ma tique

Objec tifs

Objet d’étude

Cor pus

Dérou le ment de la séquence

Étude de la langue

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Objec tifDécou verte du récit.Pre mière lec ture à haute voix pour la classe, du début à « Et l’enfant bien sûr » (p. 10).

Ana lyse des pre miers para graphes du texteL’étude débu tera par une ana lyse de la pre mière et de la der nière phrase, en deman dant aux élè-ves de noter toutes les infor ma tions four nies par ces deux phrases et en fai sant une rapide étude de la construc tion gram ma ti cale de la phrase (le démons tra tif « c’est » asso cié au temps présent per met tra un rap pel des valeurs du temps présent).Les élèves note ront que la der nière phrase, nomi nale, débute par la conjonc tion de coor di na tion « et » et se ter mine par l’adverbe « bien sûr » (rap pel qui pourra éven tuel le ment per mettre de faire un rap pel des notions fon da men tales de la phrase ainsi que des classes gram ma ti cales sous forme de fi che).Les élèves obser ve ront ensuite tout le pas sage en opé rant un relevé sys té ma tique du champ lexi -cal du voyage asso cié à celui du temps : le pro fes seur fera ensuite un relevé de leurs impres sions concer nant l’ambiance que crée l’asso cia tion de ces deux champs lexi caux (les élèves par le ront sans doute de la tris tesse ini tiale du récit, de son ambiance mélan co lique).L’étude de ce pas sage se ter mi nera par une obser va tion de la façon dont sont pré sen tés les deux per son nages prin ci paux. Il fau dra notam ment s’inter ro ger sur le fait que la petite fi lle est pré sen -tée après la valise : pour quoi ?Une deuxième approche de l’étude de ce pas sage est envi sa geable sous forme de tableau :

Infor ma tions four niespar le début du texte

Pro cé dés uti li sés par le nar ra teurpour four nir ces infor ma tions

Fiches d’iden tité des per son nagesLes élèves feront ensuite en classe la lec ture de tout le cha pitre et construi ront la fi che d’iden tité des deux prin ci paux per son nages.

Fiche d’iden tité de M. Linh Fiche d’iden tité de la petite fi llede M. Linh

Nom, pré nomÂgeLieu de nais sanceFamilleDes crip tion phy siqueTraits de carac tèreCondi tion sociale

Cette étude per met tra notam ment de défi nir ce qu’est un per son nage épo nyme.Les élèves pour ront ensuite émettre quelques hypo thèses concer nant l’his toire et leurs attentes par rap port à ces deux per son nages.

Un thème : l’exilIl est pos sible d’éta blir un lien entre cette séquence et une séquence en histoire- géographie au col lège ou en ECJS au lycée ; cette der nière par tie peut donc se faire conjoin te ment avec le pro -fes seur d’histoire- géographie qui, au préa lable ou ulté rieu re ment, tra vaillera avec les élèves sur le thème de l’exil. Les élèves pour raient émettre quelques hypo thèses sur l’ori gine eth nique de M. Linh.

Lec ture 1 – Des per son nages

épo nymes

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En cours de fran çais pour ront être faites les recherches sui vantes (éven tuel le ment au CDI) :- Recherche de voca bu laire autour de la notion d’exil, d’émi gra tion et d’immi gra tion.- Que nous dit le texte sur le thème ?- Que savent les élèves ?- Étude éven tuelle d’un docu ment sur le thème.

DevoirLec ture à la mai son des pages 17 à 31.

Objec tifAna ly ser un por trait.

Fiche d’iden tité de M. Bark (p. 25-29)Cette fi che d’iden tité, plus éla bo rée que les pré cé dentes, doit per mettre de conduire les élèves à acqué rir une méthode sur la façon d’étu dier un per son nage, de s’inter ro ger sur les fonc tions de celui- ci et sur ce qu’il repré sente.Le tra vail à faire, sous forme de tableau afi n que les élèves puissent ana ly ser cha cun des aspects de la fi che d’iden tité, s’effec tue en deux temps : les élèves font tout d’abord un relevé pré cis des élé ments consti tutifs de la fi che d’iden tité (colonne 1) ; ils cherchent ensuite à inter préter ce relevé (colonne 2).

Fiche d’iden tité de M Bark Quel rap port avec M. Linh ?

Nom, pré nom Juste un nom de famille, pas de pré nom.

M. Bark a un nom aux sono ri tés dures et, comme M. Linh, pas de pré nom (réfl exion autour du patro -nyme : le nom de famille est ce qui per met d’éta blir les liens du sang ; le pré nom fait réfé rence à une iden tité propre).La sono rité dure du nom est en rap port avec le phy sique impo sant du per son nage mais, inver se ment, cor res pond peu à son carac tère affable (sono rité qui peut rap pe ler aussi des ori gines étran gères).

Âge À peine plus jeune que M. Linh. Le fait que les deux hommes soient de la même géné ra tion rend le contact plus facile.

Métier Retraité (plus de vie sociale) Pas plus de vie sociale chez M. Linh.

Natio na lité Sans pré ci sion, peut- être de la natio na lité du pays où est arrivé M. Linh.

Pays indé ter miné = his toire uni ver -selle ?

Famille Veuf depuis deux mois (sans enfants ?).

M. Linh est veuf lui aussi. Noter la durée des deux mois qui cor res pond au voyage de M. Linh (leur vie a été bou le ver sée au même moment).

Lec ture 2 – Un ami

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Des crip tion phy sique

- Grand, gros ;- très bavard ;- fumeur : la compa rai son avec un buffl e (p. 28) est très impor -tante car elle revient plu sieurs fois dans le texte. Le buffl e (comme le bœuf) est un ani mal sym bole de bonté, de calme et de force pai -sible. C’est un auxi liaire pré cieux de l’homme, res pecté dans toute l’Asie orien tale. Il sert de mon ture aux sages car l’aspect de dou ceur et de déta che ment de l’ani mal évoque la contem pla tion ;- « mains de géant aux doigts énormes, cal leux, bles sés, striés de cre vasses » (p. 27) ;- homme ami cal ;- voix grave

Cette des crip tion, qui confère un carac tère ras surant au per son nage de M. Bark, s’oppose en tout point à celle de M. Linh. M. Bark semble ainsi se poser en pro tecteur vis- à-vis de M. Linh.

Traits de carac tère Mélan co lique, bavard, curieux, sociable, géné reux, sou riant…

Autant de traits de carac tère qui faci -litent la prise de contact.

Condi tion sociale « mains de géant aux doigts énormes, cal leux, bles sés, striés de cre vasses » : cette cita tion suggère- t-elle que cet homme a exercé un métier dif fi cile ou bien qu’il est SDF ?

Les deux hommes sont iso lés.

Suite à ce tableau, les élèves s’inter ro geront sur la fonc tion du per son nage (fonc tion d’adju -vant) et sur ce qu’il repré sente dans l’his toire (il est entre autres le sym bole de l’ami tié : les élèves relè ve ront dans le tableau les élé ments qui carac té risent cette ami tié).

Exer cices sur l’ana lyse du per son nageLe tra vail pré cé dent pourra être accom pa gné d’un rap pel du schéma actanciel ainsi que d’une fi che sur la méthode à appli quer pour ana ly ser un per son nage.

Devoir Lec ture des pages 33 à 59.

Objec tifSavoir repérer les foca li sa tions. Cette séance va per mettre non seule ment de faire un rap pel des foca li sa tions mais aussi de réfl é chir à l’impact de celles- ci sur la per cep tion que le lec teur a des évé ne ments qui lui sont racontés.Dans un second temps, les élèves en vien dront à obser ver plus atten ti ve ment les condi tions de vie de M. Linh : des condi tions par ti cu liè re ment hos tiles (la vie au dor toir) tem pé rées par les rela tions du grand- père avec sa petite- fi lle et de l’espoir qu’il place en elle.

La vie au dor toir (p. 33-34 et p. 58)Au cours d’une lec ture atten tive de ces extraits, les élèves pour ront éta blir un relevé de tous les élé ments des crip tifs du dor toir.

Lec ture 3 – La vie de M. Linh

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Il convien dra de mettre l’accent sur les élé ments sui vants : - Le matin, le dor toir est calme car les enfants ne sont pas là (hor mis la petite fi lle de M. Linh !). - Ce lieu de vie est peu agréable (enfumé, bruyant si tout le monde s’y trouve, le compor -te ment des hommes y est violent). - C’est un lieu de vie où l’on mange et dort.Les élé ments pré cé dents doivent conduire les élèves à se poser la ques tion sui vante : « qu’est- ce que signi fi e “par ta ger son repas” » ?Une recherche d’idées et de voca bu laire (échange, convivia lité, moment de détente…). Cette re-cherche pourra conduire à réfl é chir sur la notion d’hos pi ta lité en termes d’accueil de l’étran ger et de repas. Une compa rai son pourra éven tuel le ment être faite sur l’hos pi ta lité dans dif fé rents pays (accom pa gnée de docu men taires de voyages).Les élèves s’inter ro geront ensuite sur les formes de l’hos pi ta lité que reçoit M. Linh dans son pays d’accueil.Il sera ensuite inté res sant d’obser ver la façon dont les hommes et les femmes de son propre pays, exi lés comme lui et vivant dans le même dor toir, pra tiquent l’hos pi ta lité (scènes de repas p. 34 et p. 58).Les rap ports de M. Linh avec ceux de sa commu nauté mon trant que celui- ci est rejeté, cette étape de la lec ture 3 se ter mi nera par des hypo thèses sur les rai sons de leur in hospi ta lité à l’égard de M. Linh (ces hypo thèses seront à relire une fois que les élèves auront pris connais sance de la chute).

Les rap ports grand- père/petite- fille (p. 44-45) : de « La petite fi lle a ouvert les yeux… » à « cou leurs mer veilleuses ».Cette étude, plus rapide que la pré cé dente, doit avant tout per mettre aux élèves de repérer les foca li sa tions et de comprendre que les pas sages en foca li sa tion interne (lorsque le grand- père regarde sa petite- fi lle et voit dans ses yeux se des si ner les yeux de toute sa famille dis pa rue) met-tent l’accent sur la nos tal gie et l’espoir que le grand- père place en sa petite- fi lle. Cette lec ture trou vera tout son sens une fois que les élèves auront pris connais sance de la chute.

DevoirLec ture des pages 61 à 99.

Objec tifComprendre pour quoi tout le récit est construit sur des contrastes.

Un moment de peur (p. 67) : de « Lors qu’il se réveille » à « Il a eu si peur ».L’étude débute par un relevé pré cis de tous les élé ments du récit qui par ti cipent à la mise en scène de la peur du per son nage. Un tel tra vail par ti cipe à l’appren tis sage des méthodes de l’ana -lyse de texte et du commen taire lit té raire.

- Rythme rapide des phrases ;- présent de nar ra tion + construc tion tem po relle du récit avec les adverbes « lorsque », « sou dain » ;- phrases excla ma tives ;- mise en ita lique du pré nom de la petite fi lle qui a dis paru ;- expres sion des sen ti ments : « cris », « affolé », « spasmes » et « battre son cœur si vite ».

L’apai se ment :- rythme ter naire de l’apai se ment « la caresse, la calme, la ras sure » ;- « il a eu si peur » : passé composé, action ter mi née + sim pli cité de la phrase à la mesure du sou la ge ment du vieil homme.

Cha cun de ces élé ments doit être accom pa gné d’une étude pré cise qui pourra être réin ves tie dans un commen taire de texte entiè re ment rédigé.

Lec ture 4 – Un récit oscil lant

entre angoisse et bon heur

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Un moment de bon heur (p. 87-88) : de « M. Bark pose la photo » à « Il espère que cela s’est passé ».Cette deuxième étape de la lec ture 4 doit per mettre aux élèves de réin ves tir ce qu’ils ont appris sur l’ana lyse des per son nages. On leur demandera cette fois- ci d’ana ly ser le por trait de la femme de M. Bark en fai sant un relevé de tous les élé ments de la des crip tion phy sique qui seront en-suite à ana ly ser.

Élé ments de des crip tion phy sique Élé ments de des crip tion psy cho lo gique

- « visage plein », « rond », « peau pâle », « grands yeux », « grosse », « lèvres des si nées de rouge ».

La femme de M. Bark res semble à son mari (signe d’union du couple).le rouge des lèvres / la pâleur de la peau : anti thèse vie / mort

- « tout est vert », « feuillage », « feuille »Sym bo lique des cou leurs : la cou leur verte est une cou leur média trice entre le chaud et le froid, le haut et le bas. Dans la lit té ra ture chré tienne, le vert est asso cié à l’une des trois ver tus théo lo gales : l’espé rance. Asso cié à la nature, ce pay sage peut aussi évo quer par sa ver dure le para dis perdu.

« sou rire », « heu reuse »(Les élèves remar que ront que la des crip tion psy cho lo gique se limite à deux termes).

Ce per son nage est la fi gure du bon -heur (or il faut rap pe ler qu’elle est morte !)

Cette étude sera sui vie d’une réfl exion sur la façon dont M. Linh envi sage la mort et sur ce que cela nous apprend sur lui. À ses yeux, la mort évoque un pays heu reux (« pays des morts » « pays loin tain », asso cié au sen ti ment de « plai sir »). Cette façon d’envi sa ger la mort montre la pro pen sion au bon heur du per son nage, son refus d’envi sa ger la mort comme une fi n (ceci est à rat ta cher à la cou leur verte de l’espoir qui encadre le visage de la femme de M. Bark, cou leur qui attire par ti cu liè re ment le regard de M. Linh). Cette étude sera bien évi dem ment à relire une fois que les élèves auront pris connais sance de la des ti née tra gique de toute la famille de M. Linh, y compris de sa petite fi lle.Cette lec ture se ter mi nera par une réponse plus pré cise à l’objec tif ini tial : « comprendre pour -quoi le récit est construit sur des contrastes ».Cette construc tion du récit semble don ner l’impres sion d’un mani chéisme per sis tant dans tout le texte, jus qu’à sa conclu sion, et où chaque per son nage, presque carica tu ral, est animé par des actions très simples. Si cette pre mière lec ture trouve ses carac té ris tiques dans les sché mas de la nou velle et encore plus du conte, une deuxième lec ture, plus complexe, du texte peut être faite. En effet, der rière cette vision sim pli fi ée du monde qui fait sans cesse se confron ter mal heur et bon heur se cache le por trait même de M. Linh : c’est le por trait psy cho lo gique d’un homme sur lequel les élèves peuvent émettre une nou velle fois des hypo thèses : le per son nage serait âgé, sénile, aurait eu une vie dif fi cile qu’il cher che rait à oublier…Cette construc tion peut aussi per mettre aux élèves de s’inter ro ger sur les motifs de l’auteur lui- même : quelles repré sen ta tions de la vie humaine nous livre- t-il ?

Devoir Lec ture des pages 101 à 136.

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Objec tifSavoir faire une ana lyse détaillée d’un texte.Cette lec ture doit à la fois mettre l’accent sur le fait que cette his toire – qui res semble tant à une nou velle, voire même à un conte – n’en est pas moins un récit ancré dans notre propre époque, ce qui conduira les élèves à s’inter ro ger sur le regard que l’étran ger (M. Linh) porte sur notre mode de vie occi den tal.

Une scène en voi ture (p. 108-109) : de « Une voi ture les emmène » à « s’écra ser bien tôt ».• Les élèves commen ce ront par revoir le tra vail sur les foca li sa tions en s’inter ro geant sur le choix de la foca li sa tion interne et de toutes ses stra té gies nar ra tives : dis cours indi rect narrativisé dans deux tour nures inter ro ga tives, emploi du pro nom « on », choix du voca bu laire pour trans mettre la per cep tion du monde envi ron nant, verbe « paraître », « se sou ve nir », image de la voi ture « comme un coffre jeté du haut d’un pont »…• L’étude sui vante por tera sur les contrastes, voire les oppo si tions entre les deux moyens de loco -mo tion que sont les char rettes et les voi tures.

Les char rettes Les voi tures

Le rythmeLe pay sageLa des crip tion des véhi culesLes émo tions et impres sions res sen -ties dans chaque véhi cule

Les élèves se demande ront ensuite ce que sont cen sées sym bo li ser la char rette et la voi ture (le mode de vie occi den tal contre le mode de vie « orien tal ») pour en tirer la conclu sion que le pre mier est pré senté de façon plu tôt effrayante car carac té risé par le bruit, la vitesse, le dan ger et sur tout par son indi vi dua lisme.

Le rêve de M. Linh (p. 115-117) : de « Le vieil homme dort mal » à « comme un astre mort ».L’étude pourra se faire sous la forme d’un court commen taire lit té raire. Les axes de lec ture sui -vants seront alors don nés aux élèves :Ana ly ser le texte en obser vant la vision ter ri fi ante qui est don née de la guerre. Pour cela, obser ver plus par ti cu liè re ment :

- comment est décrite l’angoisse de M. Linh et de ses conci toyens ;- les fi gures de style por tant sur le soleil et la lumière.

Cette étude doit per mettre de comprendre l’impact qu’a la guerre sur les hommes. Cet extrait ne montre ni l’atro cité de la guerre ni les émo tions crues que peuvent res sen tir les êtres humains en voyant leur famille inno cente périr. Ce pas sage du texte cherche avant tout à mettre en évi -dence la vio lence psy cho lo gique qui est faite aux hommes : des hommes « hébé tés », déra ci nés, ayant tout perdu (« les mains vides »), mus par la ter reur à l’idée qu’on « leur cou pe rait à tous la gorge ». Ce pas sage montre aussi l’éner gie humaine, cet éter nel espoir qui fait que les hommes sup portent tout, même le pire, en s’évadant par le rêve, les « récits de tré sors et d’héri tages fabu -leux ». Ce tré sor, cet héri tage fabu leux, M. Linh croit le tenir entre ses bras, « le sang de son sang »… Mais c’est ne pas avoir encore lu la fi n de l’his toire.Ce pas sage pourra donc lui aussi être relu une fois la chute connue. Il per met tra une nou velle fois de s’inter ro ger sur le regard que porte Philippe Claudel sur l’huma nité.

DevoirLec ture des pages 137 à 178.

Lec ture 5 : Un récit entre réa lisme

et oni risme

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Objec tif Répondre à la pro blé ma tique de départ.

Lec ture à haute voix par le pro fes seur de la fin du texteOn demandera aux élèves pour quoi l’on peut par ler de nou velle à chute concer nant ce récit.Pour répondre, ils dis po se ront d’une fi che sur les carac té ris tiques de la nou velle et plus par ti cu -liè re ment de la nou velle à chute ou bien cette fi che sera éta blie avec les élèves, en fonc tion du niveau de la classe.

Relec ture de plu sieurs pas sages de la nou velleAvant même de relire cer tains des pas sages étu diés en classe, les élèves s’inter ro geront sur les élé ments sui vants :• La petite fi lle de M. Linh s’appelle Sang diû mais M. Bark a compris « Sans Dieu » : pour -quoi ?• Relec ture de la page 26, lorsque M. Bark dit : « Une belle petite pou pée que vous avez là ! » (suite à cette pre mière remarque, les élèves pour ront éven tuel le ment faire une recherche de tous les indices que l’auteur a pla cés dans son récit).• Relec ture de la chan son que chante sou vent M. Linh (p. 38) :

« Tou jours il y a le matinTou jours revient la lumièreTou jours il y a un len de mainUn jour c’est toi qui seras mère. »

Cette chan son fera l’objet d’une double inter pré ta tion : lors qu’on ne connaît pas la fi n du récit, l’ana phore de « tou jours » asso ciée à la rime interne « un jour » ainsi que le champ lexi cal du temps et la rime « lumière »/« mère » donnent une cou leur d’espoir au récit.Mais une seconde inter pré ta tion, lors qu’on connaît la fi n du récit, met en évi dence le regard désa busé de l’auteur sur le monde, car l’espoir de M. Linh est vain. La vision poi gnante et cruelle de la vie n’en reste pas moins por teuse d’espoir si le lec teur conti nue de faire de M. Linh un héros (dans ce cas, pour accep ter ce que la vie nous offre – la mort –, le nar ra teur ne nous invite- t-il pas tous à être des M. Linh ?).Les élèves cher che ront ensuite à savoir ce qui est arrivé à la petite fi lle de M. Linh. La réponse est don née page 13 : « et à côté de la petite une pou pée, sa pou pée, aussi grosse qu’elle, à laquelle un éclat de la bombe avait arra ché la tête ».

Quelles images de la société et du rap port de l’homme au monde ce récit donne- t-il ?Cette réfl exion devra être menée en tenant compte du choix de l’époque et du lieu du récit. Si le récit ne donne aucune indi ca tion de temps ou de lieu, l’his toire n’en est pas moins contem po -raine, comme le montrent les réfé rences aux bateaux et voi tures ainsi qu’au mode de vie.Il fau dra ensuite s’inter ro ger sur le choix des per son nages, et tout par ti cu liè re ment sur celui de M. Linh : celui- ci est- il un per son nage posi tif ou néga tif ? Quel mes sage nous transmet- il ?Deux types de per son nages s’opposent dans le récit : d’un côté M. Linh et M. Bark, des êtres seuls, simples, doués de bonté et d’huma nité ; de l’autre des groupes : celui des immi grés, celui de la mai son de retraite. Ces groupes semblent inver se ment dénués de toute huma nité, sans nom, cher chant à humi lier et déshu ma ni ser M. Linh. Ils refusent la dif fé rence qu’incarne le héros.L’étude du texte se ter mi nera par une recherche sur les enjeux de la nou velle et la repré sen ta tion qu’elle offre de l’homme et du monde.Les cri tiques de Philippe Claudel sont variées :- cri tique de l’inté gra tion des immi grés (mis à part, sans aucune volonté de comprendre qui est l’autre, pas d’inté gra tion pos sible) ;- cri tique du refus de la dif fé rence (M. Linh est mis à l’écart, rejeté de ses frères de sang, placé dans une ins ti tution) ;- cri tique de la soli tude des vies euro péennes, des indi vi dua lismes (aux quels s’oppose M. Bark, petite touche d’espoir dans un récit très sombre) ;

Lec ture finale

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- cri tique de la guerre qui détruit et peut conduire à la folie (car der rière la faci lité d’inter pré ta -tion – M. Linh est vieux donc sénile –, ne doit- on pas se demander s’il n’est pas devenu fou face à l’atro cité de ce qu’il a vu – sa famille morte, le corps déchi queté de sa petite fi lle) ?Philippe Claudel fait une cri tique vio lente et poi gnante de la société et de l’homme, et plus pro fon dé ment de ce que la société per ver tit l’huma nité pro fonde de l’homme. M. Linh, à son âge, incarne- t-il la sagesse ou la séni lité ? L’auteur nous invite- t-il à regar der le monde à tra vers les yeux de M. Linh, de M. Bark ou à tra vers la ter rible conclu sion qui est faite à ce récit ? La ques tion reste posée, aussi bien dans ce récit que dans toutes les autres his toires de l’auteur qui peuvent ser vir de lec tures complé men taires aux élèves, et plus par ti cu liè re ment Les Âmes grises ainsi que Le Rap port de Brodeck.

Daniel

Le Bruit des trousseaux

Philippe Claudel

Les  mes grisesno 30515, 286 pages

Le Monde sans les enfants et autres his toiresno 31073, 160 pages

Le Café de l’Excelsiorno 30748, 96 pages

Le Bruit des trous seauxno 3104, 128 pages

Le Rap port de Brodeckno 31315 Parution : avril 2009

Véro nique MONTEILHET

Autres ouvrages de Philippe Claudel parus au Livre de Poche :