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Une enquête de Fabrizio Calvi et Jean-Michel Meurice en 6 épisodes
Réalisation : Jean-Michel Meurice
coproduction : La Sept ARTE / MK2 TV
Série noire au Crédit Lyonnais
1. Arnaque à Hollywood mardi 9 mars à 20.45
6. Sauve qui peut samedi 13 mars à 20.45
5. L’heure des comptes vendredi 12 mars à 20.45
Contact presse : Céline Chevalier / Nadia Refsi / Rima Matta - 01 55 00 70 41 / 23 / 40
3. Jeunes loups et grands fauvesjeudi 11 mars à 20.45
4. La peur au ventrejeudi 11 mars à 21.45
2. Des trous dans le béton mercredi 10 mars à 20.45
> du mardi 9 au vendredi 13 mars 1999
à 20.45
Pour la première fois, les Ministres des Finances, les Présidents et les Directeursgénéraux du Crédit Lyonnais, des hauts fonctionnaires et des hommes d’affaires, tous lesacteurs ou témoins directs racontent un des plus grands désastres de l’histoirefinancière. Sans fards et sans voiles, sans temps morts ni entraves, la vie quotidienne dela “République des affaires”. Un feuilleton documentaire en six épisodes.
Episode 1 : Arnaque à Hollywood (60 mn)
Au début des années 90, le Crédit Lyonnais est victime de deux escroqueries menées en
parallèle. Pour la première fois, le film démonte les mécanismes qui ont conduit une des
premières banques mondiales à tomber dans les griffes du « lion » de la Metro Goldwyn
Meyer et à être entraîné dans la plus grosse faillite de l’histoire financière suisse. En tout,
20 milliards de francs de pertes, qui plongent le Crédit Lyonnais dans un gouffre financier.
C’est le début du désastre pour la banque.
> diffusion mardi 9 mars à 20h45
Episode 2 : Des trous dans le béton (60 mn)
Au début des années 90, les prix flambent, la bulle immobilière se gonfle à coup de plus-
values fictives. Lorsqu’après la Guerre du Golfe, la crise arrive, l’addition est lourde : 50%
de pertes. Le Crédit Lyonnais est depuis longtemps la banque la plus engagée dans les
affaires de l’immobilier, elle est plus touchée que les autres. Pour cette banque et ses
filiales, la perte est de près de 25 milliards de francs.
> diffusion mercredi 10 mars à 20h45
Episode 3 : Jeunes loups et grands fauves (60 mn)
Dans le courant des années 80, une nouvelle race d’industriels voit le jour : les re p re n e u r s .
Ils ont pour modèle Bern a rd Tapie. Le Crédit Lyonnais et ses filiales favorisent l’ascension de
ces nouveaux condottieri qui s’appellent aujourd’hui François Pinault, Vincent Bolloré,
B e rn a rd Arnault, Jean-Charles Nahouri. Pour certains comme pour Bern a rd Tapie, l’aventure
finit mal. D’autres, comme François Pinault saisissent l’occasion et bâtissent un empire .
> diffusion jeudi 11 mars à 20h45
Episode 4 : La peur au ventre (60 mn)
L’épisode raconte la saga de la plus flamboyante des filiales du Crédit Lyonnais : Altus. A
sa tête, Jean-François Hénin, surnommé « le Mozart de la finance », une personnalité
exceptionnelle, qui se bat sur les marchés financiers ; Mais le Crédit Lyonnais demande
à Altus de faire ce qu’elle ne sait pas faire, et certaines affaires tournent à la catastrophe.
D’autres - comme le rachat de la FNAC ou la reprise d’un fabuleux portefeuille de junk-
bonds (obligations à haut rendement ) font le bonheur de grands capitaines de l’industrie
> diffusion jeudi 11 mars à 21h40
Episode 5 : L’heure des comptes (100 mn)
La faillite du Crédit Lyonnais est aussi celle du système français. Banque publique, le
Crédit Lyonnais est placé sous contrôle de l’Etat. Mais à l’heure des premiers bilans
négatifs et des premières pertes, n’a-t-on pas essayé de masquer les responsabilités ?
Aurait-on pu éviter la catastrophe financière ?
> diffusion vendredi 12 mars à 20h45
Episode 6 : Sauve qui peut (60 mn)
La découverte de la catastrophe du Crédit Lyonnais en 1993 suscite incrédulité, tension
et crainte au sein de l’Etat français. Les échéances électorales posent un jeu d’autant plus
dangereux qu’il se fait sous le contrôle de Bruxelles. Les solutions trouvées, de séparer
une “bonne banque” et une “mauvaise banque” et la mise en place dans l’urgence d’une
structure de « défaisance » (chargée de vendre au plus vite certains actifs) alourdissent
la facture.
> diffusion samedi 13 mars à 20h45
Jean-Michel Meurice
Né à Lille le 6 décembre 1938, il mène depuis 1960 une double activité de peintre et
de cinéaste.
> de 1962 à 1965,
il collabore aux revues Les Cahiers du Cinéma, Télérama, Le Nouvel Observateur.
Réalisateur pour la télévision, il signe des grands reportages pour 5 colonnes à la Une,
Panorama et XXème siècle et en 1969 une fiction, Rendez-vous à Babenberg.
> De 1970 à 1980,
il travaille régulièrement avec Pierre Dumayet (Histoires des gens, Lire c’est vivre) et
réalise de nombreux documentaires (Crime aux USA; Albert Ayler, le dernier concert; John
Cage, against order; P. Soulages; Zagorsk la Grande Pâque; L’affaire Wallemberg).
> De 1981 à 1983,
il est responsable de l’Unité Documentaire à Antenne 2.
> En 1985,
il est à l’origine de la création de La Sept dont il exerce la direction,
de 1986 à 1989, aux côtés de Georges Duby, comme Délégué du Président et Directeur
des Programmes.
> Depuis 1989,
il est membre du Comité Consultatif des Programmes de La Sept ARTE.
il conçoit et dirige une collection de films à caractère géopolitique : Histoires d’actualité.
Ses oeuvres les plus récentes sont :
Apartheid (1992),
Caucase, chaos d’Empire (1993),
La Parade des Seigneurs ( 1995),
Familles macabres (1995),
Georges Duby, le plaisir et le temps (1996),
Europe, notre histoire, en collaboration avec François Féron (1996),
deux soirées Théma “La Mafia” et “Quand la justice se trompe” sur ARTE (1997).
Un doux rebelle, Julien Green (1997).
Fabrizio CalviAuteur et journaliste
Bibliographie
1997 Piazza Fontana (Editions Mondari) co-écrit avec Frédéric Laurent
L’oeil de Washington (Albin Michel) co-écrit avec Thierry Pfister
1996 Les égouts du Royaume (Albin Michel)
1995 Les nouveaux réseaux de la corruption (Albin Michel)
1993 L’Europe des Parrains (Grasset)
1991 RG, 20 ans de police politique (Calmann Levy)
1989 - 90 OSS la guerre secrète en France (Hachette)
1987 Intelligences secrètes annales de l’espionnage (Hachette)
1986 La vie quotidienne de la mafia (Hachette)
1982 Camarade P38 (Grasset)
Filmographie
1997 Dernières nouvelles de la mafia, documentaire, 40mn
1996 Autopsie d’un massacre, documentaire, 90mn
La Justice en Europe, documentaire
Dernières nouvelles de la Mafia, documentaire
1995 Familles macabres, documentaire, 90mn
1994 Soirée thématique : la mafia
1993 Rédacteur en chef du Transit : La révolution des juges en Italie
Les secrets de la guerre secrète, 9 x 70mn
Lettre de Milan pour Transit, 13mn
1992 Préparation d’un 52 minute pour Canal plus sur la criminalité organisée
1991 L’homme qui voulait s’offrir Hollywood (enquête), 52mn,Fipa d’or
Carnets de route : La guerre à la drogue
1989 - 90 Divers films de 20 minutes pour La Marche du siècle, Reporters,
Reportages...
L’affaire farewell (enquête)
1988 Mégalopoles : portrait d’une ville, Milan
1987 Taxi VI Press, documentaire
1986 Film sur les repentis italiens (intervieww en prison des ravisseurs d’Aldo Moro
1984 -85 Responsable des dossiers et des Grandes Enquêtes du Matin de Paris
1983 La filière bulgare, documentaire , 15mn
1982 Film sur le terrorisme (Mercredis de l’information, TF1)
1974 -81 Journaliste à Libération
Fonctions et apparitions des interv e n a n t s
Jean DEFLASSIEUX
Président du Crédit Lyonnais de 1981 à 1986 épisodes 1, 3, 4 et 5
Giancarlo PARRETTI, homme d’affaire italien épisode 1
André ROLLAND épisode 1
Directeur des engagements du Crédit Lyonnais pour l’Ile-de-France
Florio FIORINI, homme d’affaire italien épisode 1
François d’AUBERT, député de la Mayenne épisodes 1 et 5
André GAURON épisode 1
conseiller au cabinet du Ministre des Finances Pierre Bérégovoy
Jean-Yves HABERER épisodes 1, 2, 3, 4 et 5
président du Crédit Lyonnais de 1988 à 1993
Jean-Louis BUTSCH épisodes 1,2,5
Secrétaire Général de la Commission bancaire de 1980 à 1993
François GILLE épisodes 1,2,3,4 et 5
Directeur financier du Crédit Lyonnais de 1982 à 1992
puis Directeur général du Crédit Lyonnais de 1992 à 1994
Bernard THIOLON épisodes 1, 2 et 5
Directeur général du Crédit Lyonnais de 1985 à 1992
Michel ROUGER épisodes 1, 2, 4 et 6
Président du CDR (Consortium de réalisation) de 1995 à 1997
Jean-Maxime LEVÊQUE épisodes 2 et 5
Président du Crédit Lyonnais de 1986 à 1988
et Président d’IB Holding de 1983 à 1986 et de 1988 à 1991
Pierre DESPESSAILLES épisodes 2 , 3 et 5
Directeur Général d’IB.SA de 1985 à 1992
Claude RUBINOWICZ épisodes 2, 3, 5
Direction Générale de Crédit Lyonnais de 1990 à 1994
Jean-Paul AMIEL épisode 3
Directeur adjoint du Réseau France, Crédit Lyonnais, jusqu’en 1989
Loïc DERAISON épisodes 3 et 4
Directeur Général de Clinvest (filiale du Crédit Lyonnais) jusqu’en 1993
Jean-François HENIN épisodes 3 et 4
Directeur Général d’Altus de 1990 à 1993
Franck ULLMANN, homme d’affaire épisodes 3 et 4
Dominique BAZY épisodes 3, 4, 5 et 6
Comité exécutif du Crédit Lyonnais de 1993 à 1995
Henri FILHO épisode 3
Directeur Général de Clinvest
Jacques BONNET épisodes 4, 5 et 6
Président de la première chambre de la Cour des Comptes
Alain MINC, conseiller épisode 4
Claude-Eric PAQUIN épisode 4
Directeur général d’Altus de 1993 à 1994
Edmond ALPHANDERY, Ministre des Finances de 1993/95 épisodes 4, 5 et 6
Jean ARTHUIS, Ministre des Finances 1995/1997 épisodes 4 et 6
Dominique STRAUSS-KAHN, Ministre des Finances depuis 97 épisodes 4 et 6
Michel SAPIN, Ministre des Finances 1992/93 épisode 5
Eric BLOT-LEFEVRE, Directeur de la Trésorerie du CL 1992/94 épisode 5
Jean PEYRELEVADE, Président du CL depuis 1993 épisodes 5 et 6
Karel VAN MIERT, Commissaire européen à la Concurrence épisode 6
Alain MADELIN, Ministre des Finances en 1995 épisode 6
Un travail civique et pédagogique
Entretien avec le réalisateur Jean-Michel Meurice
Quelle a été votre position de réalisateur face à une affaire aussi complexe ?
Le cadre de notre travail est resté celui de citoyens cherchant à comprendre les mécanismes
qui ont abouti à cette catastrophe financière. Je pense que le travail d'investigation est
nécessaire, c'est une recherche de transparence sur des affaires qui concernent tout le monde.
Mais il faut rester extrêmement vigilant quant à la publication d'une telle enquête. En aucune
manière nous avons voulu faire un travail policier ou judiciaire. Notre but n'a pas été de
précéder la justice ni de désigner des coupables. Ni juges, ni policiers. Il fallait traiter tous les
points du dossier, mais sans que cela arrive à des mises en cause personnelles. S'il y a faute,
c'est à la justice de l'établir. C'est pourquoi le ton du film ne cherche en rien à condamner. Le
commentaire ne prend pas position, il est là pour faciliter la compréhension.
Ce qu'on nomme "le trou du Crédit Lyonnais" est le résultat de nombreuses affaires qui
s'entrecroisent. Comment vous y êtes-vous pris pour dérouler cet écheveau ?
Notre méthode a d'abord consisté à reprendre tout ce qui était sorti dans la presse à propos
du Crédit Lyonnais, à retrouver un certain ordre. Nous avons parcouru une période de dix-huit
années, depuis 1980 avec l’achat de la banque Slavenburg aux Pays-Bas, jusqu’à aujourd’hui,
à la veille de la privatisation. Pendant ces dix-huit années, une série d’affaires s’enchaînent, se
superposent, se croisent : la MGM, l'immobilier, Tapie, la Fnac, etc. À partir de ces grandes
séparations, un scénario a été construit sur une base mi-chronologique, mi-thématique.
Chronologique, parce que ces affaires évoluent et ne sont pas jouées dès le départ, qu’il y a
souvent la possibilité d’en corriger le cours ; thématique, parce que c’est le moyen le plus clair
pour en dégager les grandes lignes. Il ne s’agissait pas d’aligner simplement les dates et les
faits. Cette double construction nous a amené à nous poser un ensemble de questions
concernant les outils de contrôle, les capacités de réaction, les prises de décision... questions
qui nous ont permis de déterminer une première série d'interlocuteurs.
La recherche des témoignages a-t-elle été longue, difficile ?
Oui. On a commencé par des personnages secondaires. Puis des rôles clés ont émergé au fur
et à mesure. Un moment important pour nous a été la rencontre avec François Gilles, qui a été
directeur financier et directeur général du Crédit Lyonnais : sa vision précise des événements
sur une longue durée nous a beaucoup fait avancer dans la connaissance du dossier. Ensuite,
d’autres témoignages nous nous ont fait avancer encore davantage. À chaque fois, cela nous
a obligé à réviser le plan initial et à repartir dans des directions nouvelles. Notre préparation
pourtant très détaillée volait en éclat dès que l'on s'engageait plus en avant. Au final, nous
avons rencontré une centaine de personnes, et retenu une quarantaine de témoignages filmés,
dont la quasi totalité n’avait jamais parlé publiquement.
Les témoins se sont-ils prêtés facilement à vos questions ?
En fait, nous sommes arrivés au bon moment pour démarrer cette enquête. Tout le monde avait
pris un peu de recul par rapport à ce qui s'était passé. La plupart des acteurs de cette histoire
était désormais dans une phase d'analyse, de compréhension et de justification. Les
principales difficultés concernaient les personnalités haut placé. Jean-Yves Haberer, président
du Crédit Lyonnais de 1988 à 1993, qui n’avait jamais parlé publiquement. Il a mis un an avant
d'accepter de parler devant une caméra. Mais il a fini par nous dire l'essentiel. D'une manière
générale, les seuls refus auxquels nous nous sommes heurtés ont été ceux des responsables
de la haute administration. Nous les avons tous rencontrés mais ils n’ont pas accepter de
s’expliquer publiquement, hormis Jean-Louis Butsch, ancien secrétaire général de la
Commission bancaire, aujourd'hui décédé.
Avec ceux qui acceptaient de témoigner, nous avions passé un accord qui leur garantissait la
maîtrise complète de leurs propos. On leur montrait l’interview à la fin du montage et ils
pouvaient la corriger, gardant une possibilité d'amendement jusqu'à l'accord final. C'était un
pari très important pour nous, car le retrait d'un témoignage pouvait modifier toute la
construction en cours. Finalement, il n'y a eu aucun problème majeur. Leurs interventions sont
plutôt allées dans le sens de la précision. Il faut quand même dire que l’un des éléments
déterminants de leur accord a été l'image de la chaîne ARTE : une garantie de sérieux et de
rigueur, mais aussi une garantie sur la durée de l'émission, sur le temps d'antenne. Chacun a
compris qu'il aurait le temps de développer ce qu'il avait à dire.
Près de six heures d‘émission sur un tel sujet, c’est un format peu courant !
Si au départ nous n'avions aucune idée du format final, compte tenu du volume et de la
complexité de cette histoire, nous sommes rapidement arrivés à une proposition de diffusion en
feuilleton, chaque épisode ayant un thème central. Notre préparation préalable et les premières
expériences menées par d’autres avant nous sur le même sujet nous ont imposé l’évidence
d’un format long, de plusieurs heures.
Avez-vous le sentiment d'avoir apporté des révélations ?
Beaucoup. Ce qui est raconté en détail dans le film ne l’avait jamais été. C’est en plus raconté
de première main, par les acteurs eux-mêmes.
Dans ce qui constitue le 5e épisode par exemple, rien n'avait été expliqué par la presse. Ce
sont des éléments que nous avons découverts nous-mêmes. Cependant, notre but n'était pas
la recherche du scoop. La presse écrite l'avait fait avant nous et plus vite. Mais celle-ci, de par
sa nature, maintient un filtre entre les acteurs de première main et les spectateurs. Ce que la
télé permet, c'est d'organiser le face à face, une confrontation qui apporte une autre part de
vérité. C'était bien là notre objectif : raconter l'histoire en présence des acteurs eux-mêmes.
Nous avons donc privilégié les points de vue contradictoires, en évitant la polémique. C’était à
nous de connaître suffisamment le dossier pour ne pas être embarqués sur une piste erronée.
Comment rendre une telle histoire accessible au public ?
Conscients d’aborder une matière d’une grande complexité, à priori hermétique et obscure à
des non spécialistes, c’est précisément en non spécialistes que nous avons voulu comprendre,
reconstituer et restituer les mécanismes abstraits qui ont été la cause de cette faillite. Avant de
parler de mise en scène, il fallait déjà se demander : que veut-on raconter ? On peut accrocher
les gens grâce à un récit précis des événements. C’est pourquoi nous racontons des moments
exemplaires comme la vente de la Fnac, caractéristique de certaines mœurs du monde des
affaires, ou l’épisode de la MGM, qui n’avait jamais été éclairé de cette manière.
Il fallait aussi expliquer un certain nombre de pratiques bancaires et de la haute finance, pour
permettre de comprendre ce qu’on appelle l’ingénierie financière (le montage et le mécanisme
des aff a i res). Pour cela, nous avons dû trouver des transcriptions visuelles. Les
organigrammes, ça ne parle pas suffisamment. Je voulais trouver autre chose pour animer ça.
Mon idée initiale était une sorte de jeu de Monopoly, manipulant des objets réels. Puis j’ai
rencontré Langevin, dessinateur dans la publicité, qui a mis au point un système de
métaphores visuelles à l’aide de maquettes, comme le jeu de bonneteau utilisé pour le rachat
de la MGM. Même si ces séquences tiennent peu de place, elles ont un impact important : elles
ont demandé beaucoup de moyen techniques, nous y avons apporté un grand soin. En même
temps, il fallait que cela reste humain : les mains qui jouent (ce sont celles du prestidigitateur
Gaëtan Blum) , l’argent qui circule, toutes ces scènes représentent des opérations bien réelles.
Série noire au Crédit Lyonnais est une exploration du monde des affaires et du rôle de la
banque dans l’économie des années 80-90...
Cette histoire du Crédit Lyonnais nous conduit en effet à travers toutes les pratiques du métier
bancaire et de la haute finance. C’est donc l’occasion d’un parcours initiatique, avec un but, un
terme, un cadre, une ligne générale établie par le Crédit Lyonnais vers ce fameux " trou ". C’est
donc aussi l’histoire des années 80 : l’argent roi, la mondialisation et le libéralisme économique,
les OPA, les faillites, les sociétés off-shore, les prises de participation, la bulle immobilière, les
commissions occultes, le ratio Cooke, etc. En plus de l’explication de ce qui s’était passé pour
en arriver là, nous avons eu constamment un souci pédagogique. Ce travail à chaud était
nécessaire avant la privatisation du Crédit Lyonnais : un bilan complet de cette histoire
dramatique, qui concerne l’ensemble de la société, devait être dressé. Nous avons ouvert la
boîte de Pandore. C’est un travail civique.