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NUMÉRO AVRIL 2011 Strokes Opéra Combat THE VACCINES The Lille Critiques Américains Come Back Rumeur Angles Kafka The Death Set Modern Lovers Téléphone

Shamrock avril 2011

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Le numéro d'avril 2011

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StrokesOpéra

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Come Back

Rumeur

Angles

Kafka

The Death Set

Modern Lovers

Téléphone

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Le Magazine d’Ad’Lib

Le Shamrock | www.lesham.blogspot.com

LE SHAMROCKAvril 2011

N° 2011-02

Avril 2011PETIT APERÇU

MISE EN APPÉTIT

EDITO: COMBAT CRITIQUEUne fois de plus, Vianney nous livre un bel édito qui ne devrait pas vous laisser indifférents.

Suite à la page 2

UN CANCRELAT À L’OPÉRARetour au classique, ou presque! Du Kafka à l’opéra et pas n’importe lequel!

Suite à la page 5

ANGLESLucas vous décrypte le dernier album des Strokes

Suite à la page 7

THE DEATH SET«  I Wanna Take This Tape And Blow Up Ya Fuckin Stereo”. Envie d’en savoir plus? Ça se passe un tout petit peu plus loin.

Suite à la page 9

BERTIGNACLe retour de Téléphone? Pas tout à fait. Pour en savoir plus sur son retour, Vincent vous servira de guide.

Suite à la page 11

Le Sham est fier de te faire

lire ce tout nouveau numéro!

Bonne lecture!

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L E S H A M R O C K , A D ’ L I B :

EDHEC BUSINESS SCHOOL

2 4 a v e n u e G u s t a v e D e l o r yC S 5 0 4 1 1 

F - 5 9 0 5 7 R O U B A I X C E D E X 1

V I N C E N TLUCAS F R A N C KVIANNEY DIANE

Combat critique avec Lester Bangs

La Métamorphose The Death Set

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La critique se trompe souvent  ; plus souvent encore elle est dans le vrai.

Il y a un texte de Bourdieu, je ne sais plus lequel, dans lequel il développe la théorie suivante  : pour résumer, le temps faisant, la production ar t i s t ique ( c inématog raphique, musicale, littéraire…) et la critique deviennent de plus en plus auto-référencées, de plus en plus spécialisées et sont donc finalement condamnée à ce que le divorce entre elles et le public (qui ne se dément pas) aille croissant et à ne s’adresser qu’à une poignée de fanatiques ou «  d’amateurs éclairés  ». Il va de soi que le Shamrock n’a pas v o c a t i o n à s ’ a d r e s s e r à d e s spécialistes ou à des collectionneurs ou à faire l’apologie de la série B. Qui a envie de ça ? Et pourtant il y a bien un jargon «  critique » outre lequel on ne peut passer et qui peut nous aliéner un lectorat (exemple «ouais mec c’est du punk lo-fi tendance grindcore ».

Quand vous lisez ça, vous devez s u r e m e n t p e n s e r  t r è s f o r t : «  branleuuuur  !!!  » Vous avez sûrement raison). En définitive, le seul service à rendre aux artistes qu’on aime, c’est essayer d’en parler bien, et longuement. Je me doute que le précédent éditorial pouvait troubler les gens et me faire prendre pour un haineux (ou un trou duc). Je ne suis pas un haineux, c’est plutôt tout le contraire. Reste qu’on porte

tous en nous des petites envies totalitaires (la République Richard Hawley, how about that  ?), et elles ressortent d’autant plus aisément seul face à une page word. Vous êtes décourageants aussi, reconnaissez le.

Je voudrais saluer ici deux critiques (tous deux américains) qui me sont chers, Lester Bangs et Pauline Kael. Lui, chroniqueur pendant 10 ans chez Creem, est un peu l’étalon auprès duquel tout rock-critic en devenir se mesure. Certains le présentent comme un franc-tireur, c’était surtout un humaniste (faut lire son papier-fleuve sur les Clash ), un sensible et un féroce tout à la fois. Accessoirement un grand écrivain. Pour moi un héros, capable d’écrire aussi bien sur Miles Davis ou Dylan que sur ses déboires avec sa propriétaire ou de ses désastreux réveillons de nouvel année. Bangs n’était pas larger-than-life, il était larger-than-larger-than-life.

Pauline Kael, officiant elle au New Yorker, était une folle furieuse, amie d’Altman et plus généralement soutien de poids tout le Nouvel Hollywood et de la Nouvelle Vague (son papier sur «  masculin féminin  » de Godard est plus beau que le film lui-même), auteure de critiques décisives (son article fondateur sur le « Bonnie and Clyde » d’Arthur Penn sauva à lui seul la carrière du film, ce qui en dit assez long sur la force de prescription qui était la sienne alors). Et elle aimait Sam Peckinpah (qui n’a pas vu « Pat Garrett et billy the kid  » ou «  Les chiens de paille  » manque quelque chose), et qui aime Sam Peckinpah ne peut pas être un mauvais bougre.

Suite à la page 3

Édito!COMBAT CRITIQUE

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(Suite) Elle avait un brio sans pareil pour discerner l’avant-garde de l’esbrouffe. Pas intimidée le moins du monde par le consensus autour de films jugés unanimement brillants, elle tapait dur (avec des argumentaires élaborés et brillants, sinon ça n’a pas grand intérêt) sur Blow Up, sur Lelouch, sur la Dolce Vita, sur Kubrick surtout. Quentin Tarantino a dit d’elle : « Les critiques de Pauline Kael ont été ma seule école de cinéma. »

Tous deux étaient des figures c u l t u r e l s m a j e u r s , t o u s d e u x débordaient le cadre de leur discipline, tous deux sont les figures de proue d’un âge d’or de la critique, tous deux étaient très droles. Tous deux ont été accusés d’être mégalos (Lester Bangs par exemple entamait un article sur Richard Hell par « this being an article about Richard Hel l , i t seems manifestly appropriate that i began by talking about myself  »)  ; c’est une remarque bête, on n’attire pas le chaland « en se mettant au service de son sujet », les gars qui font ça le font pour camoufler une incapacité. Surtout, tous deux avaient en commun un goût de l’excès. La passion pour le cinéma et la musique relevaient chez eux de la quasi-pathologie (d’ailleurs pass ion s ignifie or ig ine l lement monomanie). En creux, ils nous permettent de constater la politesse tiède de la majorité de la critique

actuelle, et surtout la pression terrible des contraintes de format. Situation d’autant plus malheureuse qu’il reste nombre de c r i t i que s va l ab l e s aujourd’hui  ; Kaganski, Manœuvre (il y aurait beaucoup à dire sur lui, j’y reviendrais peut être. Mais il sait de quoi il parle. Et il est passionné, moi ça me suffit), Vincent Malausa, Jean-Marc Lalanne (faut supporter sa voix), Ungemuth (lui c’est un idiot mais son jugement e s t souven t bon )…. (Rassurez vous, Il y a aussi beaucoup de guignols, citons les: Jean-Baptiste Morain (il a pas tout le temps tort mais il est vraiment irascible), Olivier Cachin (le «  spécialiste  » musiques noires de Rock&Folk  ; il est nul à chier), JD Beauvallet (lui c’est le pire de tous)).

Vianney G.

Petit PLUS

À lire de Lester Bangs, deux recueils d’articles , à lire en VO de préférence parce qu’il est difficilement traduisible -Psychotic reactions and carburetor dungs et –mainlines, blood feasts, and bad taste.

À voir sur Lester Bangs, « presque célèbre  » de Cameron Crowe avec Philip Seymour Hoffman dans le rôle de Bangs.

À lire de Pauline Kael, deux recue i l s d ’a r t i c l e s c la s sé s par continent  :-chroniques américaines et –chroniques européennes.

Édito! (suite)COMBAT CRITIQUE

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Alors que le dernier album des Strokes, censé apporter un peu d’excitation dans le paysage musical de ce début d’année 2011, ne tient pas toutes ses promesses (voir la critique de Lucas), on ne sait plus trop de quel côté tourner la tête. L’excitation provoquée par la sortie de l’excellent «  Let England Shake  » de PJ Harvey commence à s’estomper, et malgré quelques bonnes sorties (Nicolas Jaar, Kurt Vile…), on aimerait bien voir de jeunes pousses émerger.

Ne cherchez plus  : les Vaccines, avec leur premier opus «  What Did You Expect From The Vaccines », ont toutes les qualités requises pour vous faire patienter. Certains diront que le quatuor londonien ne révolutionne r ien, et c ’est sans doute vrai . N’empêche qu’ils ont sorti un bon disque, doté d’une bonne dose d’enthousiasme et de fraîcheur, ce qui finalement n’arrive pas si souvent. Dans un style pop/rock composé du

classique guitare – basse - batterie, le groupe se distingue par la voix caverneuse de son leader et chanteur Justin Young, un peu dans la veine de celles de Tom Smith des Editors ou de Matt Bowman des Pigeon Detectives. L’album démarre par le court mais percutant «  Wreckin’ Bar  », qui met directement dans le bain avec ses guitares assaillantes et ses vocales enjouées. Les effets de réverb’ utilisés à bon escient font des merveilles, comme sur le joyeux « If You Wanna » et son refrain entraîneur «  If you wanna come back, it’s alright, it’s alright  ». Malgré (grâce à  ?) sa simplicité instrumentale, « Blow It Up » constitue une autre des pépites de cet album, un autre tube qui monte en puissance jusqu’à ne plus vous lâcher.

La formation a sans aucun doute une aptitude incomparable à concocter des chansons débridées aux mélodies accrocheuses, « Norgaard » ou encore le génial single « Post Break Up Sex »

en sont

d’autres exemples. Sa capacité à œuvrer dans un style plus calme est en revanche moins convaincante. Si c’est plutôt réussi dans «  Wetsuit  », à la musique assez prenante et évocatrice, ça l’est en revanche beaucoup moins dans l’ennuyeuse «  A Lack Of Understanding » et dans « Under Your Thumb  », dont on attend une explosion qui ne vient jamais.

Heureusement, les Vaccines finissent sur une note plus favorable, et nous offrent un nouvel aperçu de leur talent avec « All In White », qui prend de plus en plus d’ampleur au fil du morceau, avant de conclure en douceur avec « Family Friend ».

Les Vaccines distillent donc une pop simple et électrisante comme on aimerait en voir davantage. Les guitares et la voix mènent la danse avec une efficacité redoutable, et on peut affirmer sans trop de risques que «  What Did You Expect From The Vaccines » contient son lot de tubes. Il s’en est pourtant fallu de peu pour que sa sortie soit éclipsée par celle de « Angles  ». Initialement prévue le 21 mars (même jour que celui des Strokes), on ne peut donc que se féliciter que ses producteurs aient eu la présence d’esprit de l’avancer. Il aurait en effet été dommage de passer à côté de cet album, qui, à défaut de révolutionner le genre, nous transmet une bouffée d’énergie appréciable. On n’en demandait pas plus, et on attend à présent impatiemment la suite.

Franck A.

The VaccinesWHAT DID YOU EXPECT?

The Vaccines, demo cover

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Un cancrelat à l’opéra.

DU JAMAIS VUC’est la première fois que l’histoire de Gregor Samsa est adaptée en Opéra. La Métamorphose, célèbre nouvelle de Kafka, aura attendu quasiment un siècle avant que son héros, Gregor, transformé en un énorme cancrelat au sortir d’une nuit agitée, ne soit incarné à l’opéra.

Incarné... ou plutôt métamorphosé. Le pauvre «sopraniste» Fabrice Di Falco a eu la chance d’être choisi pour représenter une vermine répugnante! Ô joie! Rassurez-vous, Michaël Levinas, son compositeur, ne l’a pas affublé d’un horrible déguisement tentaculaire de cafard: en plus d’être particulièrement repoussant, le chanteur aurait dû développer une musculature hors du commun pour porter pendant 2h une carapace qui serait devenue une fournaise sous les projecteurs.

Bref, passons ces préoccupations pratiques, bien que la question méritait d’être soulevée quand on s’attaque à un «monstre» de la littérature pareil.

La complexité de cette réalisation tient aussi au fait que dans cette nouvelle sombre et tragique, il n’y a pas d’action à proprement parler. Kafka fait la part belle à l’introspection, aux sentiments, aux émotions,... mais pour dire vrai, ça ne bouge pas beaucoup: la transformation a déjà eu lieu quand la nouvelle commence (et c’est identique pour l’adaptation à l’opéra), ne reste plus que la lente agonie de l’animal et son adieu à la vie.

Résultat; cette constante impression de malaise et l’extrême souffrance des Samsa doivent être retranscrites de façon lyrique, sans trop peser sur le spectateur, au risque

de lui communiquer ce malaise et de plomber l’atmosphère (= vider la salle), et sans non plus être trop édulcorées, ce qui aurait enlevé tout son intérêt à l’histoire.

H e u r e u s e m e n t , Levinas et son équipe artistique sont arrivés presque 1 siècle après la sortie de la nouvelle, et ont pu bénéficier des technologies modernes. Oui, oui! Pour ceux qui n’ont jamais mis les pieds à l’opéra, c’est le moment: ce n’est plus éclairé à la bougie comme dans les films, avec des instruments qu’on doit réaccorder toutes les 2h. En bon membre du courant «spectral», Levinas a pu, grâce à la technologie, métamorphoser la voix du héros en quelque chose de ni tout à fait humain ni vraiment animal. Les autres pe r sonnage s ne sub i s s en t aucune modification de leur voix.

Rendons à Levinas ce qui est à Levinas. En fait, le petit tricheur a fait appel à un compositeur pour gérer l’informatique musicale. Benoït Meudic est compositeur de musique électronique et réalisateur en infor matique musicale. I l travai l le actuellement à l’Ircam (institut de recherche et coordination acoustique/musicale) avec l’ingé son de La Métamorphose, Sylvain Cadars.

L’ensemble orchestral Ictus, en résidence à l’opéra de Lille, est assez épuré

Suite à la page 6

Kakerlake im Oper

Gregor et sa soeur Grete

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(Suite) et reste dans le même souffle de modernité, tout de violet vêtu, comme les personnages sur scène (sauf Gregor, le cancrelat), et regroupe violon, contrebasse, cor et harpe tout comme des percussions plus modernes et une guitare électrique. L’ensemble arrive assez bien à souligner les angoisses et soucis (violons pleurnichards très convaincants) que les bruits de pattes du cafard qui parcourt les murs (beurk).

L’opéra est précédé de Je, Tu, Il du dramaturge Valère Novarine, dédié à Michaël Levinas (Valère fait partie de l’équipe artistique de Levinas). Ce prologue est une véritable tragicomédie, campé par les 3 chanteuses de l’opéra même. Déguisées en poupées meringuées et vulgaires, avec des airs de théâtre de foire. Humour noir et robes roses sont au rendez-vous. Un brin pince-sans-rire, ce prologue inattendu tant il est coloré et lumineux, c o n t r a s t a n t p a r f a i t e m e n t ave c l a Métamorphose version opéra, permet de bien réveiller le public avant l’assassinat de nos oreilles et de notre attention lors de la 1e demi heure de l’opéra.

On regrette surtout la longueur du «madrigal 1» durant lequel on subit pendant bien 10 minutes des decrescendos

et des déguelendos d’un octave encore, encore et toujours. Peut-être ce madrigal n’aura-t-il duré que 5 minutes, mais pendant la représentation j’ai vraiment eu l’impression qu’il durait 1 bonne heure. Un vrai supplice.

Ensuite, ça va beaucoup mieux. Enfin, façon de parler puisqu’en fait, bien que notre attention soit à nouveau captivée par les mélodies et le jeu de scène, je me suis sentie vraiment en empathie avec l’espèce de monstre mourant qui se fond de plus en plus dans un décor de chambre à la Pollock.

En clair, cet opéra m’a de plus en plus attirée et happée au point que j’étais émue jusqu’aux larmes dans ses dernières minutes. La mort de Gregor, qui descend de son perchoir pour allez se recroqueviller en avant scène, le décor de sa chambre qui se soulève pour laisser apparaître la scène nue, ses briques grises et sa lumière blafarde, la famille droite, tout au fond de la scène, l’orchestration dramatique et l’atmosphère morbide serrent la gorge.

Merci à mon chéri de m’avoir rappelé qu’il n’y a pas qu’à Paris que l’on peut profiter de beaux opéras contemporains.

Diane H.

À venir:

Jeudi 5 mai 2011 / 20h

Récital de mélodie française Magali Léger,

soprano (la soeur de Gregor dans La

Métamorphose) et Michaël Levinas, piano Œuvres

de Claude Debussy et de Gabriel Fauré

Vendredi 6 mai 2011 / 20h30

À la rencontre de Michaël Levinas Ensemble Utopik

Portrait de l’un des grands compositeurs

d’aujourd’hui en dialogue avec Jean

Sébastien Bach et Franz Schubert. En présence

du compositeur.

Les Trois Grâces du Prologue «Je, Tu, Il» avec Levinas

Un locataire de la famille

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Vu sous cet angle…

En y réfléchissant, Je dois dire je redoutais la sortie de cet album autant que je l’attendais. Après presque cinq ans de silence, ponctué çà et là par quelques projets solo plus ou moins réussis de certains membres, on commençait à avoir des doutes sur la pérennité du groupe New Yorkais, en proie depuis la sortie de First Impressions of Earth dit-on à des querelles internes et imbibées d’alcool (entre autres, après tout cela ne nous regarde pas…). «  cinq années seulement  » pourrait-on se dire, certes, mais cinq années durant lesquelles le paysage Indé a souvent subi les mutations liées à l’utilisation de plus en plus fréquente et à toutes les sauces de l’électronique, que cela soit au Royaume Uni ou encore outre-Atlantique. Il est vrai que Casablancas

a bien souvent appliqué des effets à sa voix et ce dès Is This It, mais l’instrumental est quant à lui resté très brut sur les trois premiers albums du groupe. Peut on craindre une tendance au lissage numérique des aspérités du son des Strokes sur Angles  ? On ne saurait ne serait-ce qu’oser y penser de leur part.

C’est donc à la surprise générale que l’on apprit début 2010 que les Strokes se remettaient au travail en studio pour un album prévu pour la rentrée. Une bonne chose, se dit-on… de mon côté je me demandais d’ores et déjà à quoi pourrait ressembler un album écrit par cinq new yorkais qui n’avaient plus confronté leurs idées musicales depuis près de cinq années… sans compter que deux d’entre eux, à savoir le chanteur Julian Casablancas et le guitariste Albert Hammond Jr, ont goûté à la liberté de

la composition en solo, à mille lieues des contraintes démocratiques qu’un groupe peut impliquer. Rabat-joie  ? P a s v r a i m e n t , p u i s q u e m e s inquiétudes sont en partie confirmées par les maints reports de la date de sortie d’Angles, qui laissent deviner là e n c o r e d e s c o n d i t i o n s d’enregistrement pour le moins chaot iques. Pui s v iennent le s interviews publiés avant la sortie de l’album, finalement repoussée à fin mars. Et déjà les langues se délient  : Nick Valensi et, le guitariste soliste, s’il se présente satisfait du travail du groupe, admet ne plus pouvoir supporter les caprices d’un chanteur a lcool ique ains i que le mode d’enregistrement en vigueur pour Angles, à savoir «  chacun de son côté ». Et que je te taille par médias interposés, c’est moche tout ça…

Suite à la page 7

AnglesTHE STROKES

Les 5 membres du groupe des Strokes Album cover

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(suite) petite lueur d’espoir tout de même puisque les intéressés affirment avoir l’ambition de retourner au plus vite en studio, ayant, selon leurs dires là encore, encore au moins deux albums en eux, voyez vous ça…

Étape suivante, le groupe lâche sur le net deux titres de son nouvel album quelques semaines avant sa sortie officielle prévue le 22 mars. Le premier, Under Cover of Darkness, est plutôt bon et nous rassure sur ce que le groupe est encore capable de produire (voix puissante, riffs inspirés e t novateur s sur l e s couple t s notamment) et descend en droite ligne de l’excellent First Impressions of Earth, peut être un peu plus pop et plus accessible il est vrai. Mais le deuxième titre, You’re So Right, se charge immédiatement de calmer nos ardeurs et nous replonge aussitôt dans nos doutes. Le verdict tombe  : bouse. Un morceau qui me rappelle le bien triste Juicebox.

Ça y est, nous sommes le 17 mars et on m’annonce que l’album se trouve déjà en téléchargement sur le net et en écoute sur le site du groupe. J’y vais donc un peu à reculons, mais qu’importe, il faut bien que je l’écoute. A la première écoute, le constat est sévère. Mis à part Under Cover Of Darkness, on ne reconnaitrait pas le groupe des trois albums précédents sans la preuve apportée par la voix de casablancas. Je vois mes craintes confirmées, intrusion du synthé kitsch a u b e a u m i l i e u d ’ u n s t y l e habituellement brut, agressif et concis,

voilà qui ne fait pas bon ménage. On sent l ’ influence qu’a pu avoir Casablancas après son expérience solo (que je trouvais pourtant plutôt réussie dans l’ensemble d’ailleurs) sauf que là c’est souvent désespérément pauvre, mal fini. On ne pouvait plus repousser la date de sortie, alors on nous rend une copie qui semble avoir été bâclée, finie dans l’urgence.

Suite à la lecture d’un article plutôt bien vu dénonçant la mise au pilori prématurée de certains albums dès la première écoute sur je ne sais plus quel site, mon humilité naturelle me pousse à ne pas retourner ma veste pour abattre les foudres de l’Eternel sur ce qui il y a encore quelques jours était un de mes groupes favoris sans essayer de sauver quelques morceaux du naufrage. Pour les titres Games et You’re So Right entre autres, je suis navré mais je ne peux rien faire, c’est vraiment trop indigne d’eux. Mention spéc ia l e pour Two Kinds Of Happiness également dont les couplets puent la mauvaise musique de stade à plein nez, et il faut plus à mon sens qu’une vague envolée lyrique au refrain pour faire une chanson, désolé. Même si il ne s’agit surement pas de leurs meilleurs morceaux, il faut reconnaître qu’on retrouve leur son caractéristique, leur style (les Strokes quoi merde  !) sur Taken For A Fool, Life Is Simple In The Moonlight, et Metabolism. En toute objectivité, à part deux ou trois titres, je reconnais que les morceaux sont rarement mauvais de A à Z, on peut toujours

trouver quelques passages intéressants çà et là, comme par exemple sur Machu Picchu (le refrain et le pont surtout, car l’intro m’est exaspérante), Gratisfaction ou encore Call Me Back, mais on est loin des pépites qu’on trouvait régulièrement sur chaque album (souvenons nous des Last Night, Trying Your Luck, Take It Or Leave It, Automatic Stop, 12 51, Reptilia, Heart In A Cage, Ize Of The World, et j’en passe).

Certes on trouve de nombreuses tendances vraiment agaçantes de la part de ceux qu’on a sans doute un peu vite surnommés les « sauveurs du rock » au début des années 2000, mais n e s o m b r o n s p a s d a n s u n m a n i ch é i s m e o b s t i n é e t s a n s discernement, ne suivons pas tête baissée la voie que la première écoute du disque nous a pourtant toute tracée. Pour un groupe comme les Strokes, je dirais que c’est leur pire album, ce qui le maintient tout de même au dessus d’un paquet d’autres disques. Pour la première fois en quatre albums, on trouve plus d’un titre à jeter. Mais le pire au fond je dirais, c’est que Angles ne nous donne aucun indice quant à l’avenir du groupe formé par ces 5 compères : pas assez mauvais pour annoncer la fin, mais loin, très loin d’être assez bon pour matérialiser leur renaissance. La suite au prochain épisode, et après combien de reports ?

Lucas M.

AnglesTHE STROKES (SUITE)

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« I WANNA TAKE THIS TAPE AND BLOW UP YA FUCKIN STEREO”

Lorsqu’on rédige des articles ou chroniques, il y a certaines règles auxquelles on doit se plier. Notamment celle de l’introduction, comme le classique : « Depuis tout âge…». Si vous avez hoché de la tête, c’est que vous n’avez rien retenu de ce que vos professeurs vous ont rabâché pendant des années. Vous devez en effet vous souvenir que cette formule passe-partout était barrée avec rage et à de nombreuses reprises par votre professeur, à défaut de vous avoir sous la main pour vous tirer les oreilles. Un petit rappel  s’impose donc :

« L’introduction de la dissertation est très importante car elle est censée susciter l’intérêt du correcteur pour votre copie. C’est pourquoi elle doit donner, dès les premières phrases, une impression si possible très favorable tout en posant clairement et brièvement le sujet. »

Et c’est là qu’on se dit  : « Merde  ! par quoi je vais bien pouvoir introduire mon article moi, pour que ce soit en même temps court, accrocheur et clair ?! ». Et puis soudain : « Ah oui, ça, ça a l’air pas mal ! ». Avant de déchanter : « Saperlipopette, non, je l’ai déjà fait ce truc, mes nombreux fans vont probablement s’en rendre compte »

Tout ça pour dire que quand on tombe sur des groupes qui se chargent eux-mêmes de nous fournir une introduction, c’est le pied. Par exemple  : «  I Wanna Take This Tape And Blow Up Ya Fuckin Stereo”. Clair, bref, et qui suscite l’intérêt : yes !

Ces quelques mots, donc, ne sont rien d’autre que le titre de la courte (5 secondes,

le temps de le dire) première piste de « Michel Poiccard », dernier album de The Death Set. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça résume plutôt bien le ton de l’album  : haut en couleur, explosif et orageux.

Le groupe australien ne partait pourtant pas gagnant. Peu après la sortie de leur p r e m i e r a l b u m , « Worldwide  », en 2008, la formation perd un de ses deux membres fondateurs (et chanteur), Beau Velasco, victime d’une overdose. Pour les trois restants, la question de savoir s’ils vont poursuivre l’aventure se pose légitimement  : « On a eu à prendre une décision, qui était soit d’arrêter le groupe et de rester dans cet état de tristesse, ou de continuer quand même et de faire de ce disque une célébration de ce qu’est le groupe  ». Le trio choisit finalement de relever fièrement la tête à travers ce nouvel opus à l’honneur de Beau. Des chansons comme « I Miss You Beau Velasco » ou « Is That A French Dog » lui rendent d’ailleurs hommage en témoignant de ces moments de joie et de complicité passés avec lui.

Si « Worldwide  » offrait un condensé d’énergie, « Michel Poiccard » n’a rien à lui envier, au contraire. L’ardeur est ici plus maîtrisée, moins «  brouillon  », tout en restant dans un registre punk/rock mêlant électro ou hip/hop (« Kittens inspired by Kittens  »), qui caractérise le groupe. Les influences sont donc diverses et chaque

Suite à la page 9

Et c’est là qu’on se dit :

« Merde ! par quoi je vais bien

pouvoir introduire mon

article moi, pour que ce soit en même temps

court, accrocheur et clair ?! »

The Death Set

The Death Set, album Worldwide

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(suite) morceau possède quelque chose qui le distingue. « Slap Slap Slap Pound Up Down Snap  » et « Chew It Like A Gun Gum  », manifestent d’une agressivité vocale semblable à celle de Funeral Party (dont on parlait récemment dans le blog), tandis que l’excellent «  Michel Poiccard Prefers The Old  » s’embrase par le biais d’une explosion instrumentale. Impossible non plus de passer à côté de la rage qui anime certains titres comme «  I Like The Wrong Way  » qui évoque le «  Death of You » de Comanechi, ni du spectre de Bloc Party sur l’épatante « I Been Searching For This Song Called Fashion ».

Si les sources d’inspirations sont diverses, les morceaux ont tout de même un point commun  : ça pète, et pas qu’un peu. Il suffit d’entendre le riff sous-jacent à « Too Much Fun For Regrets » ou le refrain destructeur de «  We Are Going Anywhere Man » pour s’en convaincre.

Ce deuxième opus des Australiens de The Death Set est donc de très bonne facture. Puissant, efficace, il a aussi l’atout de ne pas s’essouffler après quelques morceaux comme on avait pu le reprocher

à « The Golden Age Of Knowhere ». En fait, mis à part « Can You Seen Straight ? » et «  It’s Another Day  », qui sont un peu plus fragiles (et encore), on a ici affaire à un album égal qui nous tient en haleine du début à la fin.

Le trio a su transcender avec brio la mort de Beau Velasco pour lui offrir un hommage fracassant, tel que ce dernier l’aurait sans doute voulu  : « Parce que The Death Set n’est pas quelque-chose de triste. C’est une célébration du positif, de notre énergie, de l’amitié et des bons moments qu’on passe ensemble."

Pour conc lure, j e me contenterai encore (ce groupe a décidément tout pour plaire) de citer la dernière piste de l’album  : «  Is It The End Again  ?  ». On espère bien que non !

Franck A.

(...) une agressivité

vocale semblable à celle de

Funeral Party

Les membres du groupe, très sérieux L’album «Michel Poiccad»

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CE QUI EST BIEN AVEC LOUIS BERTIGNAC,c’est qu’à chaque nouvel album, on peut être sûr qu’on n’aura pas affaire à une d é g o u l i n a n t e c o m p i l a t i o n d e singles  commerciaux, façonnée pour occuper à tout prix la première place des charts. Avec une carrière comme la sienne, c’est sûr qu’on peut se permettre d’envoyer gentiment paître les maisons de disques, et enregistrer un album comme on l’entend. Car rappelons, pour les incultes, que Bertignac est le co-fondateur et ancien guitariste du fameux groupe Téléphone. Pour les encore plus incultes, le mec qui chante Cendrillon, c’est lui (c’est d’ailleurs une des rares chansons de Téléphone où ce n’est pas Jean-Louis Aubert qui chante). Mais même si Téléphone occupe une place majeure dans l’histoire du rock français, mine de rien cela fait un petit moment (25 ans) qu’ils se sont séparés, et Bertignac a eu le temps de produire beaucoup de choses depuis, la dernière en date étant l’album malicieusement intitulé « Grizzly (Ca c’est vraiment moi) », sorti le 14 mars dernier.

Je dis «  malicieusement  » car vous aurez reconnu la référence assez explicite à un des titres les plus connus de son ancien groupe. Référence qui, à l’écoute de ce nouvel opus, prend tout son sens. En effet, celui-ci marque un retour aux sources en présentant un son très proche du Téléphone des débuts, tranchant ainsi avec les nombreuses ballades des précédents albums (Bertignac a sorti 3 albums solo  : « Elle et Louis » en 1993, « 96 » en 1996 (logique), et « Longtemps » en 2005).

L’album repose entièrement sur la guitare électrique. Bertignac parle d’ailleurs lui-même d’un «  florilège de riffs de

guitare  ». Fan des piliers de l’histoire du rock que sont les Stones, les Who ou encore Led Zeppelin (de nombreuses reprises, pour la plupart très réussies, sont présentes sur ses albums live, allant de «  Pinball Wiza rd  » à «  Ruby Tuesday  » en passant par «  Sympathy For The Devil »), les titres oscillent entre Blues et Rock n’ Roll. Il montre ainsi toute l’étendue de sa dextérité à la guitare sur « Pro », « Le Grand Ordinateur  » ou encore «  Tziganes Et Grizzly ».

Il faut avouer donc que même si il n’y a rien de vraiment novateur, Bertignac a su nous pondre un album efficace et dont l’intérêt réside essentiellement dans la guitare (riffs comme solos sont d’une grande qualité, on en attendait pas moins de lui). Personnellement, je n’ai jamais été fan des groupes de rock qui écrivent en français, mais l’intérêt de l’album ne réside clairement pas dans les textes (sauf peut être pour les quelques titres plus calmes, comme « Tes Bonnes Choses » ou « Bloody Mary Tabasco »).

Au final, il ne s’est clairement pas cassé la tête, mais cela donne à l’ensemble une certaine authenticité qui rend le tout assez agréable à écouter. A 57 ans, Bertignac ne prend plus vraiment de risques. Bien entouré (pas étonnant vu son carnet d’adresse), il a une fois de plus choisi d’enre-

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Bertignac (re) sort ses griffes

Le Grizzly de Louis Bertignac

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(Suite) -gistrer chez lui, et ce en moins de 10 heures. Alors certes le résultat n’est pas révolutionnaire, mais la spontanéité et la sincérité qui en ressortent font que l’album correspond parfaitement au son voulu par Bertignac, son qui n’est pas sans évoquer son passé glorieux. Il nous montre que malgré les années (et le calme étonnant affiché en interview), l’énergie qui fut la marque de fabrique de Téléphone est toujours là.

A propos de Téléphone, un petit point s’impose sur les rumeurs (désirs  ?) persistantes de retour du groupe. Rappelons qu’un concert au stade de France fut même annoncé (à tort et contre l’avis du groupe) au printemps dernier par les médias. Ce n’est malheureusement pas d’actualité  : Bertignac entame donc une tournée (logique après la sortie d’un nouvel album), même chose pour Aubert (qui a sorti son dernier album solo en Novembre dernier),

Richard Kolinka n’est pas non plus disponible puisqu’il tourne avec Aubert depuis longtemps déjà, et Corine  Marienneau semble avoir quelque peu mis la musique et la basse de côté. Mais aucun d’entre eux n’a pour autant ca t égor iquement é ca r t é l a possibilité d’un retour, Bertignac déclarant même que «  ce serait bête de ne pas le refaire un jour ». Il ne nous reste plus donc qu’à prendre notre mal en patience…

En attendant, Louis Bertignac sera en concert à Lille le 8 Avril

prochain, au Splendid…

Vincent M.

A propos de Téléphone, un

petit point s’impose sur les

rumeurs (désirs ?) persistantes de

retour du groupe.

Carla Bruni-Sarkozy et Louis Bertignac La tête de Louis

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À l’écoute du premier album des Modern Lovers on se rend compte une fois de plus, et on arrive encore à s’en étonner (encore alors qu’on devrait commencer à le savoir), que le Velvet a eu une descendance fournie. On ne peut pas vanter assez l’énorme classe de ce truc, on ne peut pas souligner suffisamment combien il était en avance sur son temps. Et encore actuel aujourd’hui puisque les Strokes (que j’aime de plus en plus par ailleurs) entre autres leur sont largement redevables (jusqu’au logo !). Ce disque à la genèse confuse (John Cale, un ancien du Velvet jus tement , e t Kim Fowley le producteur psychopathe se sont a p p a r e m m e n t r e l a y é s à l a production) , comme tant d’autres, n’a pas eu la carrière qu’il méritait. Jack Nitzsche irait même jusqu’à dire que « si ce disque était sorti plus tôt, il aurait changé tout ce qui s’est passé dans les années 70  ». Comprenez qu’il aurait précipité l’avénement du Punk (genre majoritairement très mauvais il faut bien le dire, rempli d’opportunistes et de demi-habiles). L’assertion est sans doute fausse, car il n’y avait pas chez Richman (vraiment pas même) la rage nihiliste des Pistols ni la gouaille militante des Clash. A la limite on pourrait rapprocher leur sensibilité pop de celle des Buzzcocks (mais ils sont meilleurs). Disons que ce sont des Kinks punk. Au-delà du fait qu’il préfigure un genre, cet album est surtout ma plus belle

découverte depuis au moins trois mois. Tout sonne comme du Velvet sans les drogues, métronomique, répétitif au possible sans pourtant qu’à un seul moment on s’ennuie. O u t re u n e fo r m i d a b l e f o rc e d’évidence des chansons, il y a la voix de Richman Richman, et ce phrasé paresseux unique  ; Richman chante comme s’il sortait du lit, ou comme s’il se remettait d’un mauvais rhume. Et derrière c’est solide, spécialement la batterie.

Ce qui est touche chez les Modern Lovers (enfin chez Richman, les Modern Lovers ayant été moins un groupe qu’un véhicule commode au service de son talent) et qui m’a fait les appeler les Kinks punk (je suis en train de réécouter «  shangri-la  » et «  animal farm  ». C’est juste parfait) juste avant, c’est que, comme Rousseau, Richman souhaiterait retrouver une « certaine transparence des cœurs », et comme Rousseau, il la sait impossible( ou perdue) et c’est là

qu’est son malheur, c’est cette impossibilité qui le fait naviguer entre ces morceaux de bravoure de trou-du-cul-ierie punk que sont «  pablo p i ca s so  » , «  she c racked  » , «  roadrunner  », et l’arrogance blessée, la gaucherie adolescente qui fait la beauté du génial «  i’m straight  » (sans doute leur meilleure chanson, et accessoirement l’hymne anti-hippie le plus féroce qui soit  ; Allumez vous une clope et écoutez ce morceau ; je peux vous garantir que ce sera la meilleure de la semaine) ou de «  hospital  » (celle là aussi tue. Dans le genre «  ballade punk  », ça vaut presque le «  here comes a regular » des Replacements).

Au touffu panthéon de la morgue new-yorkaise (ils sont de Boston mais tout chez eux indiquent qu’ils n’ont jamais été que des New-yorkais contrariés), les Modern Lovers sont tout en haut. Richman reniera plus tard ces chansons, n’y voyant que de simples pastiches loureediens (Mais quel pastiche aussi !). Reste cet album presque aussi essentiel que le premier Velvet, et plus que tous les autres. Plus essentiel aussi que l’unique des Pistols. Plus essentiel que Marquee Moon. Beaucoup plus essentiel que n’importe quel album solo de Lou Reed. Beaucoup plus essentiel que beaucoup d’autres choses en vérité.

Vianney G.

Modern Lovers

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