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SIGMUND FREUD-Leonard de Vinci Etait-il Un Homosexuel Inhibe -[Atramenta.net]

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SIGMUND FREUD-Leonard de Vinci Etait-il Un Homosexuel Inhibe -[Atramenta.net]

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  • Lonard de Vinci tait-il un homosexuel inhib ?

    Sigmund FreudOeuvre du domaine public.En lecture libre sur Atramenta.net

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  • (1 partie)

    Il faut probablement le considrer comme un homosexuel inhib ou comme quelqu'un qui n'est homosexuel qu'en pense. Il se choisit des lves jeunes et beaux, mais rien n'indique qu'il ait eu des relations sexuelles directes avec eux. Dans l'ensemble, il semble avoir t un homme compltement dpourvu d'activit, de pulsion d'agression et qui atteignit un haut degr de matrise de ses affects. Il montre un extraordinaire refoulement sexuel, que confirme une phrase de ses carnets : " L'acte de procration et ses organes sont caractriss par une telle dformation que, n'tait la beaut du reste du corps, la race humaine se serait teinte depuis longtemps. "

    Lonard de Vinci ne mangeait pas de viande. Une de ses occupations favorites tait d'acheter des oiseaux, puis de les laisser s'envoler. Sa marotte principale tait en effet le dsir de voler et il espra jusqu' un ge avanc pouvoir rsoudre ce problme.

    Pour nous, il est manifeste que ces traits de caractre sont lis sa sexualit ; nous nous attendons trouver dans le dveloppement sexuel de Lonard de Vinci la solution des quatre nigmes de sa vie :

    Le fait qu'il tait un si grand chercheur ;

    Le fait qu'il ne persvrait en rien et laissa inacheves la plupart de ses uvres ;

    Le fait qu'il traitait si mal ses uvres ; et

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  • Le fait que ce genre particulier de sexualit inactive domina sa

    vie.

    Nous ne nous tromperons pas non plus en supposant pouvoir expliquer partir de son enfance comment s'est form un caractre ayant prcisment de telles particularits. Mais o prendrons-nous le matriel ? Il semble que nous devrions nous borner dire : cette inactivit, qu'il montre dans l'art, est lie son inactivit sexuelle. Cependant, cette inhibition d'nergie n'tait pas gnrale, mais limite, puisque c'tait aussi un chercheur.

    De son enfance, on sait, comme nous l'avons dit, peu de chose. Il vient d'une famille de philistins ; ses anctres avaient t notaires durant quatre gnrations et ne s'taient pas particulirement distingus. Son pre l'engendra dans ses jeunes annes ( l'ge de vingt-trois ans) avec une paysanne nomme Caterina : Lonard tait un enfant illgitime. L'anne de la naissance de Lonard, son pre pousa une femme de haute naissance. Nous savons ensuite de Lonard qu' l'ge de cinq ans il vivait dans la maison de son pre, Florence.

    Ce mariage tant rest sans enfants, il semble plausible que le pre prt chez lui son enfant illgitime avec le consentement de sa femme. En tout, le pre se maria quatre fois (avec sa troisime et quatrime femme, il eut dix enfants) et mourut l'ge de quatre-vingts et quelques ans.

    Dans son trait sur le vol des oiseaux, un mmoire scientifique, Lonard se laisse soudain aller sa fantaisie et dit : " Il semble que j'aie depuis toujours t destin m'occuper du vol des oiseaux.

    Dans mon plus ancien souvenir d'enfance, il me semble qu'un vautour a vol jusqu' moi, m'a ouvert la bouche de sa queue et l'a plusieurs fois battue de-ci de-l entre mes lvres. "

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  • Cela ne peut videmment pas tre un souvenir d'enfance ; c'est un fantasme touchant l'enfance. Si nous voulons appliquer cela notre art psychanalytique, nous devons dire qu'il s'agit d'un fantasme homosexuel, dont la signification pourrait tre : prendre le pnis (" la queue " en italien) dans la bouche et le sucer. Nous savons que les rves de vol [" Fliegetrume "] signifient originellement toujours : je peux faire l'amour [" vgeln "], je suis un oiseau, je suis sexuellement mr. Il y a aussi quelque chose de ce genre ici.

    Un immense amour refoul pour la mre

    Il existe une autre voie trange qui mne un peu plus loin dans l'histoire. Dans l'criture hiroglyphique, le vautour reprsente quelque chose de tout fait prcis savoir la mre, et ce signe se prononce mut. Si nous essayons d'insrer cela dans le fantasme, il signifierait que sa mre s'est penche sur lui, lui a mis son pnis dans la bouche et l'y a remu plusieurs fois de-ci de-l.

    Nous savons que chez les filles, le fantasme consistant sucer un pnis a pour origine la succion du sein maternel. Nous pourrions donc imaginer qu'un remaniement de cette succion du sein maternel sur le mode homosexuel peut ventuellement susciter un fantasme tel que celui que nous trouvons chez Lonard. Par consquent, nous dirions que ce fantasme recouvre le souvenir d'une jouissance trs intense [prouve en buvant] au sein maternel (l'intensit tant indique par le mouvement de la queue), et que ce souvenir a t remani dans un sens homosexuel.

    Nous pouvons aussi tenir compte de quelque chose d'autre : les Egyptiens avaient une divinit appele Mut et qui tait reprsente avec la tte d'un vautour. Or, il n'y a pas de divinit gyptienne qui n'ait t aussi souvent reprsente comme androgyne (c'est--dire avec un pnis). Ainsi l'ide primitive de l'enfant, qui attribue un pnis sa mre (thorie sexuelle infantile), est aussi reste vivante dans l'exprience populaire. Cela permet de comprendre plus facilement comment ce fantasme de mre a t remani dans un sens

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  • homosexuel.

    Ce premier pnis perdu de la mre joue un grand rle; et le ftichisme du pied, dont nous avons pu dceler l'origine dans la rpression de certaines pulsions coprophiliques doit aussi tre li une recherche et un heureux recouvrement de ce pnis perdu de la mre. Ainsi, nous tendons supposer que, dans le cas de Lonard, une norme fixation maternelle a eu lieu un trs jeune ge, que, comme Sadger l'a dmontr pour les homosexuels, il adorait sa mre et qu'il est devenu homosexuel en refoulant cet amour.

    Le souvenir de ces deux choses serait prserv dans ce fantasme.

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  • (2 partie)

    Une libido tout entire investie dans la recherche

    Mais on objectera que Lonard ne peut avoir connu les hiroglyphes, parce qu'ils ne furent dchiffrs que dans les annes vingt du sicle dernier. On peut cependant dmontrer que Lonard connaissait le vautour comme symbole de maternit par ses lectures des auteurs grecs, qui s'taient occups de trs prs de la civilisation gyptienne.

    Un de ces auteurs grecs donne aussi la raison de ce symbolisme : les Anciens croyaient qu'il n'y avait que des femelles chez les vautours et que la fcondation se passait de la faon suivante : les femelles ouvraient le vagin pendant leur vol et se faisaient fconder par le vent. Cette fable fut popularise par les Pres de l'Eglise, qui voulaient confirmer par l la possibilit d'une conception immacule.

    Nous pouvons donc imaginer qu'un jour, Lonard lut cette histoire des vautours et que le fantasme suivant lui vint alors l'esprit : ma mre n'tait-elle pas elle aussi un tel vautour, un pauvre oiseau sans mle ? Nous reconnaissons que son illgitimit n'tait pas sans influence sur ce fantasme, qui reprsente un souvenir du fait que son pre lui a manqu dans son enfance.

    Le fait qu'un enfant grandit parmi les personnes d'un seul sexe est, nous le savons maintenant, l'une des causes qui contribue le plus la formation de l'homosexualit. Nous sommes donc en droit de nous

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  • imaginer que, chez Lonard, cette fixation la mre s'est produite et que, veille " sexuellement " un trs jeune ge par la tendresse de cette mre abandonne, il vcut avec elle un amour bref mais trs intense.

    Nous osons complter ce que la tradition dit de lui en supposant qu'il a pass les premires quatre ou cinq annes de sa vie chez sa mre et qu'il n'a t pris dans la maison de son pre que lorsque le mariage de celui-ci s'est avr dfinitivement strile.

    Mais les annes de deux quatre sont dcisives ; c'est durant cette priode que les enfants forment leurs thories. Pour Lonard, la premire chose, et la plus importante, qui le tracassa fut la question de savoir pourquoi il n'avait pas de pre, comme les autres enfants. C'est de cette constellation que provient son besoin passionn de recherche et de rumination ; avec l'norme capacit qui tait la sienne, il avait transpos sa libido en pulsion de recherche, et cela resta ainsi. Avec cela, la plus grande partie de son activit sexuelle fut puise pour toujours.

    L'amour des jeunes garons va souvent de pair avec l'art d'enseigner

    Cette premire recherche de l'enfant est, bien sr, voue l'chec en raison de l'insuffisance de sa capacit cognitive. Le fait que cette premire recherche reste inacheve laisse un effet paralysant pour toute la vie. Le caractre inachev des uvres ultrieures de Lonard est le stigmate infantile et rend probable, nos yeux, le fait que ses recherches ont effectivement pour origine cette premire fixation la mre.

    Ces traits de caractre, le besoin incoercible de faire de la recherche et l'incapacit de terminer, peuvent tre encore dmontrs dans d'autres traces de sa vie et de son uvre. Cela s'accorde tonnamment bien avec sa vie sexuelle.

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  • Le dveloppement de certains cas d'homosexualit montre que, durant la premire priode " de la vie ", une intense fixation la mre se produit ; elle est ensuite refoule, et c'est l qu'intervient le grand changement.

    Les homosexuels se divisent en deux groupes, selon l'objet sexuel primaire qu'ils choisissent ; ces deux objets primaires sont la femme (la mre, etc.) et le sujet lui-mme. Les uns cherchent toute leur vie la femme au pnis, qu'ils peuvent naturellement trouver en l'homme ; chez les autres, comme Lonard, une identification se produit en mme temps que le refoulement : ils deviennent eux-mmes fminins, ils deviennent comme la mre.

    C'est leur faon de se dbarrasser de leur mre ; puis ils se cherchent eux-mmes, aiment leur propre moi d'enfant. Ceci est la racine de l'amour des garons des vritables homosexuels. Selon ses biographes, Lonard aussi se comporte comme une mre envers ses lves : il enseigne, donne des conseils, les habille. Il les choisissait, comme le montre la raret de ses succs, non pas pour leur talent, mais d'aprs sa sympathie personnelle.

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  • (3 partie)

    Le journal intime : un trait nvrotique

    Lonard tenait un journal intime, ce que nous pouvons considrer comme un trait nvrotique. Dans les pages qui ont t prserves, il s'adresse toujours lui-mme, chose trange, la deuxime personne du singulier. C'est manifestement le substitut d'une relation qu'il a eue autrefois.

    Le prcurseur et le modle de tout journal intime semble tre la confession du soir de l'enfant ; dans les deux cas, on ne dit pas la vrit " das Eigentliche ". Ce " toi " du journal est l'quivalent des hallucinations acoustiques des nvross. Les voix intrieures qui leur disent quelque chose sont destines remplacer des personnes qui leur manquent : elles sont le pre et la mre (parfois des matres).

    La conscience en fait un personnage. Le " dmon " de Socrate n'est probablement rien d'autre. Dans la paranoa, ces voix des parents sont remplaces par celles de collgues, des " autres ". Toutes les voix disent " tu " (comme chez les hystriques). Dans la paranoa, elles utilisent la troisime personne : ce sont les frres et les surs envieux, les prototypes des futurs perscuteurs.

    Dans le second volume de sa trilogie, L'Antchrist, dont Lonard est le sujet, Merechkovski, emport par son imagination, a tent de deviner, au sujet de l'enfance et du reste de l'histoire de Lonard, plus que ce qui en a t rapport. Ce qu'il dit concide tout fait avec nos

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  • recherches. Dans son rcit, le petit Lonard de six-huit ans s'chappe souvent le soir de la proprit des Vinci pour se rendre dans la hutte proche de sa mre, se glisser dans son lit, se blottir contre elle et lui raconter tout ce qu'il a fait dans la journe.

    Cela ne peut videmment pas tre considr comme une preuve, mais jette une lumire intressante sur l'interprtation du fait qu'il a tenu plus tard un journal intime. Dans ce journal, nous trouvons un homme qui a totalement matris ses affects normaux. Il n'en a aucun, l o nous en avons ; pour lui, tout est un objet de recherche. Il commente en termes secs la chute de ses plus grands bienfaiteurs ; il note tout aussi schement la mort de son pre, citant seulement deux fois l'heure de sa mort.

    C'est dans de tels dtails que se trahissent ces affects couverts. Parmi ces notes, nous trouvons et l de petits comptes, dtaills et mticuleux. Par exemple, les dpenses pour l'enterrement de Caterina, sa mre, dpenses dont il consigne, de la manire la plus ridicule, les plus petits dtails. C'est manifestement la faon dont il exprime son motion. Un autre compte se rapporte au manteau qu'il a fait faire l'un de ses lves.

    Ailleurs il dresse une liste de choses que lui a voles un autre garon. Il est caractristique que ces comptes de boutiquier ne se rapportent qu' deux sortes de personnes, savoir ses objets d'amour. Avec un tel dplacement sur les plus petites choses, il ne peut s'empcher d'exprimer dans son journal ses affects rprims.

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  • (4 partie)

    Le sourire de la Joconde : la maternit triomphante

    En plus de ces indications concernant la relation avec sa mre dans sa vie sexuelle, on trouve certains indices dans les uvres du peintre ; les consigner pourrait rendre valable le travail effectu jusqu' prsent et qui est, en fait, infructueux. La plus forte impression que produisent ses tableaux est le fameux sourire la Lonard, si vident dans La Joconde, Sainte Anne, Bacchus (qui est probablement sa dernire uvre), Lda et beaucoup d'autres.

    La Joconde est un portrait auquel il travailla durant quatre ans. Il n'est gure vraisemblable qu'il ait lui-mme mis ce trait dans son visage ; on peut donc imaginer que cette femme lui a laiss une profonde impression et qu'il avait pour ainsi dire retenu ce sourire. Ce sourire est le plus frappant et le plus beau chez sainte Anne, un tableau qui est pourtant de plusieurs annes antrieur La Joconde.

    Lonard peut donc seulement avoir eu des raisons intrieures d'aimer ce sourire. Vasari rapporte que, parmi les premires uvres du jeune homme, il y avait des bustes de femmes souriant de cette faon. Ce sourire provient sans doute d'une personne de son enfance.

    Le tableau Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant Jsus a une curieuse composition, unique dans la Renaissance. La Vierge comme mre est assise dans la position d'un enfant sur les genoux de sainte Anne et se penche vers l'Enfant Jsus.

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  • Les deux femmes ont cet trange sourire, mais celui de sainte

    Anne est plus beau. Tout le monde a remarqu que Lonard avait aboli la diffrence d'ge naturelle entre les deux femmes. Nous reconnaissons dans ce tableau quelque chose de sa biographie. Deux mres sont prsentes, l'une plus loigne et l'autre plus ge.

    Si le sourire tait celui de la mre, on doit pouvoir expliquer cette composition partir de lui. Ce tableau est la condensation de deux traits qu'on trouve seulement chez Lonard : il a vraiment eu deux mres, dont l'une tait entre l'autre mre et l'enfant. Mais le second chapitre de l'histoire de son enfance est aussi dans le tableau : dans la maison de son pre, il trouva effectivement, en plus de sa seconde mre, une grand-mre, et l'on dit que les deux femmes se sont montres trs bonnes envers lui. C'est cette grand-mre qu'il a reprsente, non comme une femme ge, mais comme une seconde mre, plus loigne.

    Ce sourire a toujours t considr comme extrmement mystrieux (dans La Joconde, il suscite un effet trange) : c'est le sourire bienheureux du vautour qui se penche sur l'enfant. Il contient vraiment un secret, un secret qui est clairement rvl dans Bacchus, qui est androgyne. Ce sourire reprsente la batitude de l'amour maternel comme tant la fois la suprme satisfaction sensuelle. Ce sourire bienheureux et sensuel reprsente l'union accomplie avec la mre : c'est l'enfant triomphant de possder sa mre, c'est la reprsentation artistique de ce triomphe.

    Enfant dlaiss, Lonard dlaisse son tour ses tableaux

    Il reste encore la question de savoir pourquoi Lonard a si mal trait

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  • ses uvres. Nous touchons l au troisime trait de sa vie sexuelle, le petit reste de masculinit qu'il avait gard. En cherchant le sourire de sa mre, il se sent, dans un certain sens, masculin. Il peut encore exprimer le reste de sa masculinit dans une identification au pre.

    Il ne fait aucun doute que cette identification a exist. Il a toujours jou, ou cherch jouer au grand seigneur, mme quand les moyens de le faire lui manquaient. Cela servait compenser sa naissance illgitime. Mais cela servait aussi surpasser le pre, faire mieux que lui, lui montrer comment on joue rellement au grand seigneur.

    Mais en cela aussi, le destin le poursuit: ses yeux, son pre a commis un grand mfait, qu'il ne lui a jamais pardonn : il a cr un enfant et puis il ne s'en est plus souci ; Lonard fait exactement la mme chose avec les uvres qu'il a cres. A cet gard, il russit imiter vraiment son pre - son dsavantage et celui du monde - et, par ce comportement, il renouvelle constamment le reproche fait son pre.

    Le mme homme qui a cr ces uvres d'une incomparable beaut avait aussi un besoin incoercible de collectionner des caricatures et des objets laids. Il est possible que derrire cela se cache sa haine envers le mari de sa vraie mre, son beau-pre, que nous pouvons nous reprsenter comme un paysan vieux et laid.

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  • FIN

    Merci pour votre lecture.

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