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SLAUGHTERHOUSE - Freeline.orciere.free.fr/assets/line-orciere-dossart.pdf · 2016. 3. 25. · rituel de retour au monde éduqué, je tire profit de ce moment. Cette étape est celle

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  • -2- -3-

    02 DEMARCHE ARTISTIQUE

    04 Slaughterhouse

    10 Justine

    12 Iris de Chaume

    15 Box-room

    18 Noces

    22 Hook

    26 Mouche

    28 Ban-vie

    32 Eros+Thanatos

    34 COSMOGONIE Mélange de beauté et de cruauté propre aux créatures des contes de fées. Queue de cheval empaillée, enrubannée et emperlousée, estampes japonaises portant les empreintes de poissons radioactifs, fragile biche de plâtre blanc aux pattes en lame de couteau, passementerie brodée d’hameçons tranchants... Toute pe-tite déjà, j’ai une attirance pour les terriers, les trous noirs, le cosmos. Je grandis en ville, dans un quartier où la nature voisine les cheminées géantes des plate-formes chimiques. Pourtant, je suis fortement imprégnée par la culture paysanne et les traditions de la vallée haut-alpine, où je passe une partie de ma vie fa-miliale. J’y apprends à dépecer un lapin, la manière de lui retirer son pyjama, m’amuse à torturer les « gendarmes » en écrasant leur carapace, ...

    Le rapport que l’homme entretient avec la violence est le cœur de ma recherche. La cruauté effraye et cela amène à la dissimuler pour ne pas la voir. Au cours des siècles, cette peur a poussé à se conformer à un idéal et a orienté l’être dans une quête de perfection. Mais les conventions sociales, les morales, les croyances, bases pour établir une société structurée, deviennent dangereuses pour la vie quand elles se transforment en aliénation. Dès lors, une cruauté grotesque, conséquence d ‘une société hypocrite et dégénérée, se met en place. Face à ce constat, ma position n’est pas celle d’un juge, mais d’un spectateur amusé.

    La faune et la flore, tout particulièrement l’image animale, me servent de vecteur par le biais de leurs pouvoirs symboliques. Elles portent à la sublimation des sen-timents. Ma pratique est protéiforme, pourtant, j’attache beaucoup d’importance à produire moi-même mes pièces, même quand elles demandent des compé-tences techniques que je ne possède pas. En raison de ce manque, je rentre en contact avec des artisans, grâce auxquels je peux acquérir des techniques. Malgré tout, mes compétences ne pourront jamais égaler celles de mes maîtres. Mes œuvres contiennent donc des imperfections techniques, des défauts et une certaine forme de fragilité que je revendique pleinement.

    Selon le projet que je développe, je m’approche pour ensuite plonger, quotidien-nement, dans l’univers de différentes tribus de société, groupes d’individus qui se réunissent autour d’un intérêt commun : danseuses tribales, cavaliers, éleveurs, sportifs, paysans, chasseurs, bourgeoisie... Chaque groupe représente un univers bien particulier avec ses formes plastiques, ses règles, ses intérêts et ses codes. Ces caractéristiques nourrissent en profondeur mon travail.

    Slaugterhouse #79 e

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    r, 21cm

    x 30cm

    , 2012

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    SLAUGHTERHOUSESLAUGHTERHOUSE // REEL › PASSIF ›

    La série de tableaux Slaughterhouse est une production cyclique calquée sur le calendrier des rites de chasse européen.

    De la fin de l’hiver jusqu’aux prémices du printemps, j’agis comme un chasseur traquant sa proie, observant, suivant, épiant la faune de ma campagne environnante, mais sans jamais tuer. C’est une période de retour au sauvage qui me transforme en un être possédé par le sang noir, une humeur corporelle liée au flux des bêtes de la forêt. Cette fureur est une force qui menace l’être civilisé. Comme dans la tradition de chasse, en respectant le rituel de retour au monde éduqué, je tire profit de ce moment. Cette étape est celle de l’écoute, de l’admi-ration, de la contemplation. J’y produis de nombreux croquis ou je m’attache à saisir l’instantanéité, le mouvement de ma proie.

    Durant cette même période, je réalise les tableaux de mes chasses de l’année précédente. Les animaux y sont représentés dans des scènes de survie, de combat, d’agonie, ou l’instinct animal prend la forme d’un ballet. Le tableau final est une image suspendue dans le temps avec un espace indéfinissable. J’utilise l’encre de stylo-bille sur de la toile tendue ; la répétition du geste se propose comme un rite aux gestes minutieux, répétitifs et obsédants, censé conjurer ma possession par le sang noir.

    De la fin du printemps à la fin de l‘été, je laisse mes tableaux se détériorer. Sous l’action du soleil, l’encre de stylo noir, mélangée à de la graisse animale, prend des teintes brunes, mélangée à de l’acétone des teintes bleues et violettes. C’est la période où je me purifie du sang noir, m’autorisant, de ce fait, à retourner au monde civilisé.

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    20cm

    , 2009

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    ic, 165cm

    x165cm

    , 2012

    Slaughterhouse #06 d

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    , 2012

    Slaughterhouse#6 ta

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    35cm

    x 135cm

    , 2010

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    JUSTINECOURTILLIERE // IMAGINAIRE › PASSIF › ACTIF › TEMPS ›

    Justine est une série de sculptures et de dessins. Elles re-présentent des faons, affublés de couteaux de cuisine au bout des pattes, évoluer difficilement et maladroitement. Ces animaux sont faibles et fragiles et incitent à l’atten-drissement tout comme à la brutalité.L’handicap accentue ces sentiments tout en les transfor-mant en armes. Malgré leur apparente fragilité, les appro-cher est potentiellement risqué.Ce travail a été développé à la suite de la lecture de ”Jus-tine ou les malheurs de la vertu” du marquis de Sade. Le personnage de Justine y est une héroïne vertueuse, victime de pervers. Elle conserve, son innocence malgré avoir subi les pires sévissent. Cette apparente chasteté, qui attire tous les bourreaux, n’est-elle pas qu’un moyen de survivre à la réalité physique des choses ?

    Justine #2 Sculp

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    5cm

    x 30cm

    , 2012

    Justi

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    x 3

    0cm

    , 2013

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    Iris de ChaumeROPPING-RAISING // ACTIF › IMGINAIRE › REEL › TEMPS ›

    Ce travail a été développé suite à ma découverte du monde équestre. Comme le fait un enfant peignant sa poupée, j’y ai vu de nombreuses personnes y tresser, avec attention, les queues de leurs chevaux les pieds dans le fumier.On attribue au milieu équestre des caractéristiques dites féminines : douceur, gentillesse, empathie et amour. Ce monde rose, de paillettes, de princesses et petits poneys, n’est qu’un fantasme. En réalité, une écurie est sale, la relation au cheval est parfois brutale physiquement, mais toujours violente psychologiquement. Par la répétition le cheval est dressé. Sa vie est orientée dans un travail de conformité et d’imitation. L’animal devient un objet aux prises d’une machinerie qui le dépasse. Par la contrainte, le cavalier obtient un corps performant et aux gestes par-faits.Ce travail questionne la définition de perfection appliquée au vivant par l’intermédiaire de l’ambiguïté décorative du cheval. Mes poneys sont des morceaux de cadavres avec lesquels on joue. Chaque queue porte un nom : un simulacre d’identité.

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    Iris de chaume #1

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    013

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    BOX-ROOMROPPING-RAISING // ACTIF › IMGINAIRE › REEL › TEMPS ›

    Pour élaborer ce travail, j’ai côtoyé différentes structures de compétitions équestres et Harat. J’ai choisi l’univers du cheval pour son aurai symbolique forte. Force, beauté, noblesse, pureté sont des caractéristiques qu’on lui associe.Box-room prend la forme d’installations de papiers peints. Lors de mes séjours dans des centres équestres, j’ai produit de nombreux croquis que j’ai par la suite assemblés pour composer les motifs.L’enjeu du travail se situe sur les lieux de pose des papiers. L’utilité de chacun de ces espaces diffère, cer-tains sont des appartements bourgeois, les autres sont des complexes agricoles.

    Box-room #2

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    013

  • Box-room #1, installation de papiers peint constitué de photocopie noir et blans A3, surligneur fluo, 2012

    Box-room #1, D

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    012

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    NOCESBOUCLE // REEL › IMAGINAIRE › PASSIF › ACTIF ›

    Pourquoi l’abattage d’un cheval crée-t-il plus d’émoi que celui d’une vache ? Un cochon est-il plus sensible qu’un chien ? La banalisation de la violence et l’absence d’empathie pour certaines races d’animaux résultent d’une hiérarchisation de valeur de la vie bâtie sur plusieurs critères. La beauté en est l’un d’eux. La beauté est injuste et cruelle. L’histoire réserve un sort piteux à ceux qui ont eu le malheur de naître difformes, hideux, sans grâce. La laideur suscite le dégoût, mais aussi la peur.Noce hybride bestiaire des monstres de fermes d’élevage alimentaire a des symboles du culte de la Vierge Marie. Agneaux siamois, vaches hydrocéphales aux membres surnuméraires côtoient les attribue du culte marial, de la maternité divine, du dogme de la virginité perpétuelle. Des erreurs de la nature revêtent le statut de divinité ridicule car dégénérée.

    Noces #43, encre, gouache sur papier, 20cm x 30cm, 2015

    Lesson de chose, Sculp

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    , 2015

    Noces #33, encre, gouache sur papier, 20cm x 30cm, 2015

  • Noce

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    , 2015

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    HO

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    m, 2008

    HOOK est une série de broderies, réalisées à base de tissu à l’aspect précieux et d’hameçon, elles tentent d’établir un jeu de fascination avec l’observateur, un rapport de domination. Comme un chasseur au harpon se servant d’un mécanisme pour capturer une baleine, je tente de capturer ma proie. Ce travail a été développé avec des brodeurs amateurs ou professionnels. La broderie n’est pas qu’une pratique créative, elle fut aussi un moyen d’oppression des femmes. Elle permettait aux hommes, lors de leurs absences du foyer, de Controller, l’activité de ses femmes à travers la progression de l’ouvrage. Si l’avan-cée n’était pas régulière, il y avait suspicion de tromperie. HOOK se scinde en deux travails distincts, Esche utilisant un mécanisme de pouvoir qui agit grâce à l’apparence, Bride qui agit par l’entrave

    HOOK, Esche, (Appât que l’on fixe à l’hameçon).Les broderies Esche agissent comme un pouvoir établi sur des apparences, une forme de mécanisme invisible de domination. Telle des fleurs vénéneuses, la précio-sité des broderies attire, donne l’envie de les toucher et ceci malgré leurs dangerosités. Elles agissent comme un appât séduisant ses proies les attirant comme des mouches attirées par un pot de miel. Ces pièces s’inspirent des symboles présents sur les chasubles de prêtre. Ces costumes religieux font partie de la mise en scène globale d’une autorité. Ils garantissent prestige et respect à celui qui la porte indépendamment de la personne.

    HOOK, Bride (mariée en anglais / bride pour les chevaux en français).La série bride parle d’un pouvoir qui maintient sous sa domination par la contrainte. Elle est réalisée avec des matières issues de la literie d’une chambre à coucher.Des animaux marins, tout à fait existants, mais à l’apparence monstrueuse ou fantastique, portent des entraves utilisées par les maîtres sur leurs esclaves fuyards du temps des colonies. Ces animaux ne sont-ils pas esclaves de leur apparence ?

    HOOKLA VERTU DES MAITRES // ACTIF › IMAGINAIRE › TEMPS ›

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    HO

    OK

    Esch

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    m, 2008

    Hook Bride #1, Bro

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    Mouches #8,#2,#5,#7

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    MOUCHELA VERTU DES MAITRES // ACTIF › IMAGINAIRE › TEMPS ›

    Mouche est un travail que j’ai construit au fur et à mesure de rencontre avec des associations de pêcheurs a la mouche. Ces mouches sont de petits objets mignons et doux. Elles donnent envie d’être prises dans les bras et cajolée. Pourtant, elle reste des objets potentiellement dangereux fabriquer à partir des cadavres d’oiseau.

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    m, 2009

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    Cette série d’estampes, développées lors de mon séjour dans un japon Post-Fukushima, est conçue à l’aide de la technique japonaise du Gyotaku que j’ai appris sur les marchés aux poissons japonais. Cet art a pour but de re-produire l’empreinte des plus belles prises de pêche, sur papier. Cette série et une œuvre-fiction, les estampes donnant forme à des monstres irréels mais tout à fait possibles aux vues de la créativité de forme que produit le nucléaire. Elles évoquent un Japon ayant assimilé dans sa tradition, avec une amertume habitude, jusqu’à la dégénérescence de son environnement.

    BAN-vieLA VERTU DES MAITRES // ACTIF › IMAGINAIRE › TEMPS ›

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  • Ban v

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    SENKW

    A, 10cm

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    0cm

    , 2013

  • FIAT-LUXLA VERTU DES MAITRES // ACTIF › IMAGINAIRE › TEMPS ›

    Fiat-lux #23, encre sur papier, 30cm x 20cm, 2014

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    EROS+THANATOS SCRUM // IMAGINAIRE › PASSIF ›

    Eros+Thanatos#23, porcelaine froide, acier, 35cm x 55cm, 2015

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    BLASUS Weapon of war - est un système de bla-sons élaboré à partir de cinq caractéristiques ré-currentes dans mon travail plastique : Le Réel, l’Imaginaire, la Passivité, l’Activité, et le Temps.

    Ces points s’associent ou se confrontent dans mon travail. Ces blasons sont construits d’après les règles héraldiques médiévales. Ils me permettent d’appuyer ma démarche et mes intentions tout en délimitant un territoire, tout comme

    peut le faire un animal. Au fur et à mesure du développe-ment de Blasus, un signe est apparu. Il est devenu ma signature. Je l’utilise comme marque, souvent sous forme de motif, afin de délimiter et de m’approprier un territoire.

    Au cours de l’élaboration de Blasus, un signe émerge

    . J’en ai fait ma signature. Il peut aussi prendre la forme d’un motif pour, tout comme peut le faire un ani-mal, délimiter et m’approprier un territoire. Les espaces conquis par le décor deviennent des lieux de présen-tation de mon travail. La notion de décor †decet, qui sied et qui convient - implique une dimension de pouvoir et possède un arrière-goût de guerre. L’esthétique qui la caractérise l’emporte par la force. Mon travail artistique donne forme à un panorama de la cruauté humaine et ma démarche le développe en 7 sphères de création : SLAUGHTERHOUSE, COURTILLIERE, PYJAMA, LA VERTU DES MAITRES, BOUCLE, SCRUM et ROPPING- RAISING. Chaque sphère est un univers indépendant se composant d’objets et d’une symbolique qui définit son atmosphère.

    aSLAUGHTERHOUSE : La cruauté du monde sauvage des origines (réel) ou l’instinct s’assouvit (passif) par la violence sans notion de bien ou de mal bCOURTIL-LIERE : La cruauté d’un monde vertueux (imaginaire) qui se pense civilisée (actif) mais où la victime utilise l’instinct (passif) pour survivre (temps) cPYJAMA : La cruauté d’un monde d’innocents (imaginaire) qui évolue dans un espace tangible (réel) ou l’ins-tinct (passif) s’assouvit dLA VERTU DES MAITRES : La cruauté de se penser supérieur ou inférieur (imagi-naire), et développer une justification (actif) de cette hiérarchisation par peur de la mort (temps) eBOUCLE

    : La cruauté d’un monde où l’instinct (passif) de sur-vie (réel) se transforme en allégorie (imaginaire) pour supporter une violence avec laquelle on ne veut pas être associé (actif) fSCRUM : La cruauté du fan-tasme (imaginaire) développé sur l’instinct (passif) gROPING-RAISING : La cruauté d’un monde concret (réel) que l’on travaille (actif) pour qu’il devienne pure (imaginaire) pour donner un sens à sa vie (temps) v

    La sauvagerie du sang noir - › REEL/PASSIF - † Je te frapperai sans

    colère et sans haine, comme un boucher, comme Moise le rocher Charles Baudelaire,

    Spleen et idéal, Les fleurs du mal l Tous, hommes, plantes, ani-maux, croissent, végètent, et finalement meurent. La réali-té est cruelle et douloureuse et avec une certaine forme de raffinement sans appel. Nietzsche déclare « Dieu est mort », ce qui induit que nous sommes laissés à nous-mêmes, que nous ne pouvons plus espérer découvrir une vérité transcendante. L’humain moderne se destine au silence, unique réponse à sa sensation d’inutilité. Il est seul face à la sauvagerie de sa forêt mentale. La bête sau-vage, elle se contente de suivre son instinct et vivre le réel pleinement l L’homme est un être vivant parmi tant d’autres. Bien que l’on ait dépassé notre condition ani-male par la puissance de notre cerveau. Ces instincts sont des forces dévorantes, sublimes et terrifiantes pour le civilisé. La relation que nous entretenons avec cette part de nous oscille entre attrait et répulsion, horreur et fascination. Aujourd’hui, il ne s’exprime en nous qu’à l’état de refouler, une maladie du noir, une énergie, qui œuvre dans le cœur des hommes, menaçant autant le fondement de l’édifice social que celui de la pensée l Le monde sauvage est chaotique, soumis à la loi du plus fort. Il est dur, mais pas forcément injuste si l’on se place d’un point de vue biologiste et évolutionniste. Au regard des envies de pérennité de la société, le sauvage est un monde que l’on maintient en dehors de l’espace du quo-tidien et de l’ordinaire. La croyance collective donne l’image d’un monde sauvage qui doit rester enfermé dans des limites très précises. Toujours prêtes à déborder, les forces bestiales menacent implacablement l’univers organisé des hommes. L’ironie est que dans une société, telle que la nôtre, les rapports de forces sont régis par la possession de richesses : cette puissance n’est plus déter-minée par des critères de force physique ou d’intelli-gence v

    La vertu du réel, la haine des Faibles - › IMAGINAIRE/PASSIF/ACTIF/TEMPS l La société contem-poraine porte en idéal le réel et son

    pragmatisme. Sa morale est celle du chacun pour soi, poussant à la compétition, dans la course à la perfor-mance. Ces sociétés haïssent et méprisent les faibles les maintenant sous un pouvoir considérable ; celui de la honte. L’altruisme, la sensibilité, la bonté, la confiance et l’empathie ; toutes ces vertus sont passés de mode et considérés, aujourd’hui, comme une faiblesse l Le

    réalisme est de rigueur. Ne pas concevoir le monde comme fon-damentalement dangereux, s’est perdre toute crédibilité. Au contraire, être méfiant est une condition fondamentale. Le dis-cours dominant est celui de la peur de l’autre. Croire à la bonté humaine s’est s’accuser d’être un naïf renferme sur soi. La théorie de l’évolution est souvent avancée

    pour justifier l’égoïsme : Ceux qui survivent sont ceux qui s’adaptent le mieux. Il faut être le plus fort quitte à écra-ser les autres. Le darwinisme social est un des fonde-ments du système capitaliste, qui veut que les plus douer et méritant arrive au sommet de la hiérarchie. Pourtant, Darwin, lui-même, est opposé à ce discours et rétorque que l’empathie et la sociabilité ont été sélectionnées au cours de notre évolution. L’hyper-compétitivité de notre société et l’idéologie économique dominante nous poussent à un individualisme toujours plus frustrant et à un sentiment d’injustice entre tous les sacrifices que nous faisons et que ne semble pas faire les autres. Parler d’entraide peut paraître irréaliste, et suscite même la haine car induisant une dépendance d’un homme vers un autre. La naïveté la plus dangereuse du pessimisme est sa tendance à se croire pour du réalisme v

    Cruautés enfantines, la violence de l ’innocence - › IMAGINAIRE/REEL/PASSIF l Pyjama s’inspire des jeux cruels de l’enfance. On y torture

    des “gendarmes” en leur appuyant sur la carapace, tinter par des rires d’enfants qui s’amusent à regarder de haut des fourmis en train de s’entretuer. Au même titre, durant mon enfance paysanne, je retirais le pyjama du lapin fraî-chement tué pour le dîner ; un acte à la fois magique et fascinant. Cette violence glace le sang. Pourquoi tant de cruauté, et d’absence de compassion de la part de l’en-fant pour des créatures qui sont en leurs pouvoirs ? l C’est parce qu’ils sont parfaitement innocents qu’ils sont parfaitement impitoyables. L’innocence, c’est le fait de ne pas nuire et elle est tintée d’ignorance, seul un être parfai-tement ignorant est totalement innocent. Une cruauté

    absolue ne peut venir que d’une ignorance absolue. L’ignorance de la morale, mais aussi de l’autre ; l’ignorance de l’autre c’est ignorer l’autre comme un autre moi l L’enfant pur n’existe

    pas, c’est une projection d’adulte qui écrase l’indivi-du-enfant sous un idéal auquel il devrait correspondre. Envisager sa violence revient à admettre que la pureté des origines de Bonne mère nature » n’a jamais existé. C’est la fin d’une illusion. Regarder en face la violence de l’enfance c‘est comme plonger dans le terrier de notre propre cruauté d’adulte. Le désenchantement de ce pa-radis perdu, nous plonge dans une colère terrible due à un égoïsme d’enfants gâtésv

    COSMOGONIE

    Le temps caractérise la fatalité humaine. Il nous marque, la matière, notre matière, est de part en part travaillé par lui. Il est la déchéance de l’épiderme. Tout change, dans ce monde, rien ne demeure.

    L’action est une manière de répondre à son environnement. Je la définis comme une lutte face à la condition humaine. Je l’associe à la vérité qui permet à l’être humain une vie fantasmée.

    L’imaginaire est un monde de symboles. Il offre une sensation de contrôle. Nietzsche, le considère comme la vérité par laquelle les groupes sociaux tiennent les consciences des individus.

    La passivité, je la considère comme un jugement de valeur relative au plaisir, à la douleur tout autant qu’à la survie. Il se confond avec l’instinct.

    La réalité est une notion qui n’a pas de sens, elle est. Elle passe pour cruelle, injuste et immorale car nous parlant de ce que nous sommes alors que nous vivons dans ce que nous voudrions être.

    Blasus, sticker vinyl noir, 200cm x 200cm, 2011

    Courtilliere, encre, 10cmx10cm

    Pyjama, encre, tissus, 20cmx30cm, 2010

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    Quête de la perfection - › A C T I F / I M G I N A I R E / R E E L /TEMPS - †En sortant d’un parc a bêtes, On rentre dans une citée d’homme - †Dres-

    sage (n. m.) Action de dresser. Le dressage d’un fil de fer, d’une barre de fer. Fig, Le dressage d’un cheval, d’un chien lLa pureté c’est ce qui est propre, sans tache, sans souillure, sans mélange. Autant dire qu’elle n’existe pas ou n’est pas humaine ; tout ce qui vit sali, tout ce qui nettoie tue. La pureté, l’humanité s’est vouée à l’atteindre. Un parfait qui s’enseigne : “Nous érigeons des formes idéales de ci-tés, qu’il faudrait ensuite apposer à notre environnement “ Platon. Pour obtenir cet idéal, L’homme réglemente ses gestes, ses attitudes, se place sous la surveillance constante d’un pouvoir punitif. Cette prise en charge du corps, par un pouvoir qui l’encadre, le constitue comme assujetti pour mieux exploiter ses forces dans une quête de puretés l Cette quête poussée à l’extrême produit un univers construit sur un idéal de race, d’esprit, d’allures, de canon de beauté. On est flatté dès notre naissance pour nous habituer à servir ce but. Notre existence est, peu à peu, motivée par des critères de performance. Nous nous dressons en répétant et orientant la vie dans un tra-vail de conformité, d’imitation où tout se joue sur la contrainte v

    qui peuvent vivre avec moi. n l Notre époque moderne est celle du tout rationalité. Le nihilisme, tout le monde n’est pas prêt de vivre avec. Un monde dénué de sens, de but, de vérité ou valeurs ne convient pas à tous. Face à l’im-mensité, la question de notre place, dans l’univers se pose l Chaque être humain est le centre de son propre univers. Pour ceux pensant que l’on est la brique élémen-taire de cet univers, il suffit de tourner son regard de l’im-mensité de l’espace vers l’infiniment petit pour être pris d’un vertige l Ne sachant plus très bien où elles en sont, nos sociétés cherchent douloureusement leurs repères. La religion a intégré l’homme au réel en le reliant au cos-mos, en lui fixant une origine et une fin. Face au déclin du religieux, la société industrialisée est incapable de fournir un sens de l’existence. Le besoin d’un ailleurs pour échapper à l’asphyxie d’une vie ordinaire mortelle-ment ennuyeuse et répétitive se fait sentir. De façon irré-pressible, un mystère et un sacré est revendiqué pour guider nos vies l L’illusion a été de croire que la question de la foi ne se posé plus face aux lumières de la réalité scientifique. La génération actuelle est plus instruite que toutes les générations qui l’ont précédée. L’homme moyen en sait beaucoup plus sur l’univers que le plus instruit des philosophes antiques. Pourtant, il n’en est pas de même de la sagesse. Les connaissances brutes ne sont pas suffisantes à une bonne compréhen-sion de ce que nous sommes et nous entourent. Face au frisson d’angoisse, on pourrait presque lui préférer l’ignorance. Nos débats, à ce sujet, s’enferment dans une alternative une permissivité du corps ou moralisme nos-talgique. Une manière de vivre le fantasme d’un passé ou le passé fantasmé. un imaginaire pour combattre le néant, la peur. Incroyance se mêle à la superstition pour combler le vide de nouvelle forme de foie voit le jour, elles prennent la forme du primaire, de l’archaïque, du païen. La magie, le paranormal, les choses cachées, l’ir-rationnel, le culte du sauvage, l’admiration du mons-trueux, où l’incroyance se mêlent à la superstition. D’une grande créativité, sans complexe, les valeurs an-ciennes sont brassées pour développer de nouvelles manières de voir le monde. C’est une manière de réen-chanter le monde face au déclin du sens, qui est taxé de mauvais goût, voire de morbidité. Pas besoin de comprendre pour s’émerveiller. Un Laisser aller serein face à ce qui nous entoure pour être émerveillé de nouveau v

    Les rapports de force - › ACTIF/IMAGINAIRE/TEMPS l Les victimes et les bourreaux, les maîtres et les esclaves, les puissants et les faibles,

    les dominants et les dominés. Quelle est la nature du lien qui les unit ? Une chose est sûr, ce lien peut être d’une incroyable puissance créatrice en matière de cruauté. Une force motrice de destruction au profit d’une jouis-sance individuelle l Le maître veut le monde, il le veut pour lui tout seul. Il se permet de faire souffrir un autre être humain, de vampiriser son existence contre sa vo-lonté. Il en abuse tout en restant dans la légalité. Ce be-soin de domination est-il d’origine infantile, que la socié-té n’a pas réussi à discipliner ? Pour obtenir le pouvoir, il dévalorise l’autre, le définissant comme un être qui n’au-rait pas suivi l’évolution de l’humanité. Folklore, magie noire, animisme, érotisme animal est le vocabulaire sou-vent mobilisé pour appuyer sa démarche. Appliquer à tout un peuple, ce procédé transforme les indigènes d’Afrique en grands enfants vivant au hasard de ses ca-prices, une humanité au rabais, afin de renforcer une vi-sion positive du colonisateur homme blanc et adulte gouverné par des lois. Dans nos rapports à la culture de l’autre, les sociétés ont rarement proposé à l’individu autre chose que l’impérialisme, le racisme et ethnocen-trisme. Ce schéma de fonctionnement est tout aussi bien applicable à la femme et au prolétariat l Pourquoi le do-miné accepte qu’on l’emprisonne, qu’on l’anti-civilise ? D’où vient cette absence de volonté ? Pourquoi le fixe-t-on aussi facilement dans son rôle ? Sentiment d’infériori-té ? Non, c’est un sentiment d’inexistence. Aimé Césaire dit, dans son discours sur le colonialisme, qu’il « parle à des millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’age-nouillement, le désespoir, le larbinisme ». En effet, on ne naît pas esclave de sa condition, on le devient. Il est ensei-gné au dominé à être coupable de je ne sais quoi, mais il doit se sentir misérable, lui faire admettre qu’il n’est rien, absolument rien, et qu’il n’est plus humain en se consti-tuant comme objet l Ainsi, tous qualifiés, le dominant et le dominé deviennent rouages d’un vaste mécanisme qui les dépassent. Jusqu’à son dernier souffle, Marx resta persuadé que l’homme vivrait au royaume de la nécessité pendant des siècles encore, «Et le couple mau-dit du maître et de l’esclave n’était pas près de se dis-soudre». La barbarie moderne de l’exploitation de l’homme par l’homme s’est institutionnalisée et prend actuellement la forme de «l’ordre des choses » Le do-mine est esclave de son infériorité, le dominant est es-clave de sa supériorité et se comporte tout deux selon une ligne d’orientation névrotique, une aliénation v

    La sauvagerie Légal - › REEL/IMAGINAIRE/PASSIF/AC-TIF - †Peut-on avoir du respect pour un morceau de viande à notre merci ? l Dans

    l’état de nature, la survie de l’espèce humaine ne tient qu’au prix d’actes de cruauté. C’est le prix du statut de prédateur. L’émergence de la société, peu à peu, a trans-formé de dévoreurs de chairs sauvages en consomma-teurs de viande d’élevage l La bestialité est incompa-tible avec l’image de l’individu civilisé. De chasseur endossant, sans ambiguïté, l’acte de mise à mort, nous devenons un spectateur. Avec l’ère de l’industrialisation, l’abattage des animaux s’est mécanisé et massifié, trans-formant un être vivant en marchandise. Une proie volon-

    taire soumise et maltraitée par une machinerie qui le dépasse. Pour décrire ce système, on peut parler de for-disme ou de taylorisme mais ce serait anachronique - puisque c’est la révolution productiviste des abattoirs qui a inspiré Ford, et pas l’inverse. Mais l’idée est là : un ani-mal entre, et au bout d’une «chaîne de désassemblage», de la viande sort l Pourquoi, aujourd’hui, les abattoirs sont-ils relégués à une étape floue, à l’extérieur de nos villes et de nos vies ? Pourquoi la viande est-elle présen-tée de façon aseptisée ? une fuite de la réalité ? Et peut-on faire disparaître la violence en développant une stratégie qui a pour but de diluer notre responsabilité dans l’acte de mise à mort ? l L’animal d’élevage contrai-rement à l’animal sauvage est le résultat d’une amélioration artificiel opéré par la main de l’homme. Son existence est orientée par des critères de performance, de productivité, et de rentabilité. C’est un être vivant né prêt à être consommé. Pourtant, la question de la souffrance animale physiologique et psychologique à cause de leurs conditions de vie se pose. L’animal d’élevage perd-il le respect à la vie qui lui est du car, il nous doit son existence ? v

    La sauvagerie fantasmé - › PASSIF /IMAGINAIRE - †C’est quoi une famille. C’est quoi un couple. C’est quoi la domestication. C’est quoi vivre avec un autre.

    Domestiquer l ’autre. Faire vivre un autre chez soi. Ou créer un chez soi avec un autre. Il y a que cette violence d’adaptation, de dressage, ne se limite pas aux animaux. Moi, je fais de l ’autre ce qu’on fait dans la chatterie avec le sphinx. J’essaie de créer les gens

    Noces#2, craie seche sur papier, 22cm x 25cm, 2013

    Les corps dociles, crayon de couleurs, 40cmx30cm, 2011

    fidele #2, encre de chine, 20cmx 30cm, 2013 Rattenkonig #4, encre sur vinyl, bois, gouache sur verre, 40cmx30cm, 2013

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