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SOCIO-MAG- Armorin Le magazine de sociologie réalisé par les élèves de seconde 3 du lycée Armorin de Crest (26) LES INDIVIDUS DANS LA SOCIETE Novembre 2010 N°1 240

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SOCIO-MAG-Armorin Le magazine de sociologie réalisé par les élèves de seconde 3 du lycée Armorin de Crest (26)

LES INDIVIDUS DANS LA SOCIETE

Novembre 2010 N°1 2€40

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Illustrations des pages 1 à 3 : Natasha FAYARD, seconde 3.

Mise en page du magazine : Fabien HUGUES, professeur de SES.

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EDITO

Chers lecteurs, Nous avons le plaisir de vous faire découvrir le premier numéro de SOCIO-MAG, dans lequel nous aborderons la question de la place des individus dans la société. Comment des millions d’individus, dans une société, peuvent-ils coexister au sein de celle-ci, alors que chaque individu est différent et essaie de poursuivre son propre intérêt ? Comment arrive-t-on à vivre ensemble malgré nos différences ? Cela semble possible par la socialisation, qui est l’apprentissage de la vie en société. Elle permet l’adaptation à l’environnement social et permet la cohésion sociale. La socialisation permet la transmission de normes (c’est à dire de règles), de valeurs, ce qui signifie la manière d’être, et également de croyances. Il existe deux phases de socialisation : la socialisation primaire qui s’opère essentiellement durant l’enfance et l’adolescence, et la socialisation secondaire propre à l’âge adulte. La socialisation est donc un processus qui se déroule tout au long de la vie. La famille, le voisinage et les groupes d’âges sont des agents de socialisation intervenant dans les deux phases de la socialisation tandis que l’école est propre à la socialisation primaire. D’autre part, les relations professionnelles et les collectivités spécifiques tiennent un rôle important dans la socialisation secondaire. Mais comment se déroule concrètement le processus de socialisation ? Est-il identique pour tous les individus ? Quelles en sont les conséquences sur la place des individus dans la société ? C’est à ces questions que nous allons apporter des réponses dans ce magazine.

Bonne lecture !

SOMMAIRE La socialisation des jeunes se fait-elle exclusivement sous la contrainte ? Pages 4-5

Les filles et les garçons sont-ils socialisés de la même manière au sein de la famille ? Pages 6-7

Les rôles sociaux féminins et masculins évoluent-ils dans notre société ? Pages 8-9

Comment peut-on expliquer les différences de professions entre hommes et femmes ? Pages 10-11

La socialisation des jeunes est-elle identique en fonction du milieu social ? Pages 12-13

La socialisation des filles et des garçons est-elle identique au sein du système scolaire ? Pages 14-15

La réussite scolaire dépend-elle du milieu social ? Pages 16-17

Les différences de pratiques culturelles entre les milieux sociaux sont-elles importantes ? Pages 18-19

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LASOCIALISATIONDESJEUNESSEFAIT­ELLEEXCLUSIVEMENTSOUSLACONTRAINTE?

DossierréaliséparSwannLombardy­Dauster,PaulineServais,DylanSoton

LASOCIALISATIONCONTRAIGNANTE?

Nous avons effectué une enquête auprès de 31 élèves de 2nd3, le 24/09/2010 à propos de l’affirmation suivante : « Les normes et les valeurs qui sont transmises durant la socialisation le sont de manière contraignante pour l’individu ».

Sur ce panel, 10 % ne sont pas du tout d’accord, 48 % ne sont plutôt pas d’accord, 42 % sont plutôt d’accord, en revanche aucune personne n’est totalement d’accord avec cette affirmation.

Mais imaginons qu’on leur pose la question différemment, celle-là par exemple : « La contrainte doit-elle être forcément utilisée pour socialiser les jeunes ? » Les réponses seront peut être différentes.

LASOCIALISATIONNECESSITEUNMINIMUMDECONTRAINTES

Règlementintérieuraffichédansl’écoledePouilly­le­Fort(Seine­et­Marne)audébutdu20èmesiècle.

L’enfant, dès la naissance doit être cadré par ses parents. Les parents doivent faire comprendre à l’enfant qu’il y a des règles et que si il ne veut pas être puni il faut les respecter. Il faut lui apprendre la politesse : bonjour, au revoir, s’il te plaît, merci… Toutes ces règles sont les bases de la socialisation. Aussi ça le préparera à son entrée à l’école.

Parlons-en de l’école ! C’est une étape où l’enfant découvre d’autres personnes du même âge mais pas forcément du même sexe que lui. Il découvrira qu’il n’est pas tout seul, qu’il faudra apprendre à partager, à respecter ses camarades. Au fil de sa scolarité, il aura des devoirs. Il faudra lui faire tenir une rigueur dans son travail.

Tous ces phénomènes montrent bien que l’enfant doit avoir un minimum de contraintes pour être socialisé correctement

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SOCIALISATION:MODED’EMPLOI

On voit que le processus de socialisation ne se fait pas exclusivement sous la contrainte, mais qu’il existe d’autres modes de socialisation. Cela peut se faire de manière inconsciente et non sous la contrainte. On peut le faire par des jeux de rôles (exemple du jeu « Papa, Maman » : voir illustration ci-dessous), c'est-à-dire que la socialisation se fait par imitation, l’enfant reproduit ce qu’il voit et ce qu’il entend. Cela se fait aussi par interaction entre l’individu et son environnement (les individus se comportent les uns en fonction des autres). Les enfants commencent même à instruire leurs parents aux nouvelles technologies, donc les enfants participent aussi à la socialisation des parents. Les enfants se socialisent également entre eux : par les blogs, les groupes de pairs ainsi que les espaces d’échanges. Les jeunes deviennent plus autonomes, ils réagissent contre les certitudes des générations précédentes. Ils peuvent apprendre les règles mais ont aussi le devoir de les faire connaître autour d’eux. Au final, on voit donc bien que la socialisation ne se fait pas que sous la contrainte.

Claire Brétécher, Les Frustrés, 2008.

2010,LASOCIALISATIONCHANGE!Une classe de CP en 1936

Une classe de 3ème en 2009

Il y a peu de temps, seuls les parents socialisaient leurs enfants. Or, aujourd’hui, les enfants peuvent socialiser leurs parents, en particulier sur le thème des nouvelles technologies. Grace à l’apparition d’internet, ce phénomène peut se transmettre par les groupes de pairs (blogs, t’chat en ligne…).

De plus, l’autorité parentale diminue, les parents ont plus de mal à donner des repères à des jeunes qui s’approprient les nouvelles technologies. Ils veulent maintenant se différencier de leurs ainés.

Egalement, nous pouvons observer que l’Education nationale est plus laxiste sur le règlement, la sévérité a baissé et la violence de professeurs à élèves est interdite. La socialisation à l’école se fait de manière moins contraignante qu’avant : il y a plus de travaux de groupes, d’interactions entre élèves et entre élèves et professeurs,…

Au final, on peut s’apercevoir que les personnes interrogées étaient plutôt proches de la réalité. 58 % des élèves pensaient que la socialisation des jeunes ne se fait pas que sous la contrainte : le graphique nous montre bien que la majorité de la classe avait raison.

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LESFILLESETLESGARÇONSSONT­ILSSOCIALISESDELAMEMEMANIEREAUSEINDELAFAMILLE?

DossierréaliséparLorenMarc­Fahmy,MarineQuenin,PaulineRedond,FaustineRomain

ENQUETEAUSEINDELACLASSE

Après un sondage dans la classe sur l'affirmation "Les garçons et les filles sont socialisés de la même manière au sein de la famille", nous nous sommes aperçus que la majorité de la classe, à 61 %, n'était pas d'accord avec cette affirmation. Selon seulement 39 % de la classe, les filles et les garçons seraient donc socialisés de la même manière au sein de la famille. La majorité de la classe avait elle raison sur ce sujet ? La socialisation entre filles et garçons au sein de la famille est-elle vraiment différente ? Nous répondrons à ces questions tout au long de notre dossier afin de prouver que la majorité de la classe avait raison, ou au contraire, tord.

LESCOMPORTEMENTSDESADULTESAL’EGARDDESFILLESETDESGARÇONS

Le comportement des adultes à l'égard des filles et des garçons est-il-le même ? Nous allons tenter d'y répondre. Dès la naissance de l'enfant, des a priori sont évoqués. Les garçons sont considérés comme robustes, forts, bien bâtis, grands avec les traits marqués, tandis que les filles, au contraire, sont considérées comme fines, délicates, douces, petites, mignonnes, gentilles avec des traits fins. C'est ainsi que beaucoup d'adultes comparent les nouveaux-nés, de taille et poids égaux, alors que seul leur sexe permet de les différencier. Le comportement des adultes se trouve changé selon que ce soit une fille ou un garçon, et cela dès la naissance : couleurs de la chambre, vêtements, choix des jouets... Ainsi, tout au long de son évolution vers l'âge adulte, les manifestations physiques, émotionnelles, les réactions de l'enfant ne seront pas perçues de la même manière selon le sexe. Par exemple : on dira facilement à un garçon : « Ne pleure pas, tu n'es pas une fille ! » car le garçon se doit d'être viril et la fille à l'inverse, sensible. Le père peut réagir différemment. Il sera plus exigeant, moins chaleureux et mettra en avant la réussite pour son fils qui devra être plus autonome. En revanche, il privilégiera avec sa fille : qualité relationnelle, encouragements, aides et plaisanteries. On constate donc, grâce à l'étude de nombreux travaux de sociologues et psychologues, qui ont sérieusement étudié ce sujet, que le comportement des adultes à l'égard des filles et des garçons est bel et bien différent.

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LESDIFFERENCESENMATIERED’HABILLEMENTDESFILLESETDESGARÇONS

Nous allons essayer de démontrer que l'habillement est très différent selon le sexe de l'enfant. En effet, les univers dans lesquels évoluent les garçons et les filles sont très largement différenciés dès la naissance, avant même que les enfants soient en mesure d'avoir eux-mêmes leurs propres goûts et choix en matière d'habillement. Comme l’illustre la photographie d’Anne Geddès ci-contre, les bébés filles sont généralement habillées en rose (le bleu pâle a fait depuis peu quelques apparitions dans la layette et les vêtements pour filles) et les garçons en bleu (le rose n'apparait jamais dans les vêtements pour garçons). Cette coutume est relativement récente (fin du XIXème siècle) et sert surtout à renseigner l'entourage sur le sexe de l'enfant qui est encore à un âge où l'aspect physique ne permet pas de distinguer facilement son appartenance sexuelle. Effectivement, chez les enfants très jeunes, il est très difficile de reconnaître un petit garçon d'une petite fille (ils n'ont pas encore de cheveux, la morphologie est la même…), les vêtements et leurs couleurs sont donc une façon de pouvoir distinguer sans peine le sexe de l'enfant. Nous pouvons donc en conclure, grâce aux nombreux sociologues ayant étudié cette question, notamment Elizabeth Fisher dans son ouvrage Filles-garçons : socialisation différenciée ?, que les vêtements ne sont pas neutres chez les enfants en bas âge.

LESJOUETSSONT­ILSNEUTRESDANSLEPROCESSUSDESOCIALISATIONDESENFANTS?

Nous avons tenté de déterminer le rôle que les jouets tiennent dans le processus de socialisation des enfants.

Dès la naissance, les enfants reçoivent de leur entourage des jouets étiquetés comme féminins ou masculins. Ainsi, on offre aux petites filles des poupées, des Barbie, et aux petits garçons des voitures, des jouets de construction (Lego, Playmobil).

Ces jouets, fortement sexués, contribuent à développer chez les filles et les garçons des aptitudes différentes. En effet, les jouets sont le reflet des valeurs et des activités des adultes pour les enfants. Les adultes auront alors tendance à offrir des jouets qui correspondent à une division très nette entre les deux sexes.

Nous pouvons donc en conclure, grâce à une partie étudiée du livre Le jouet et ses usages de la sociologue Sandrine Vincent, que les jouets ne sont pas neutres dans le processus de socialisation des enfants. Ils conduisent à maintenir les stéréotypes masculins et féminins.

D’après notre dossier, nous pouvons dire que la majorité de la classe avait raison, puisque 61 % des élèves n’étaient pas d’accord avec l’affirmation suivante : « Les filles et les garçons sont socialisés de la même manière au sein de la famille ». En effet, le comportement des adultes à l’égard des enfants, par l’habillement et les jouets notamment, sont totalement différents en fonction du sexe de l’enfant.

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LESROLESSOCIAUXFEMININSETMASCULINSEVOLUENT­ILSDANSNOTRESOCIETE?

DossierréaliséparThaïsCervantes,Marie­FanetteDebard,GrégoryEymauzy,JohanHourtal

DANSLASOCIETE,LESFEMMESETLESHOMMESSONT­ILSINTEGRESDELAMEMEFAÇON?

Les résultats de l'enquête menée au sein d'une classe de seconde par rapport à la question suivante : "Les différences sociales entre les hommes et les femmes ont-elles tendance à s'atténuer?" a réuni 71 % des élèves qui sont plutôt d'accord et 13 % qui sont tout à fait d’accord, contre 16 % plutôt pas d'accord et 0% qui ne sont pas du tout d'accord. On constate que les élèves ont une vision plutôt positive de l'avenir et les jeunes affirment au jour d'aujourd'hui qu'ils remarquent les grands changements dans la vie sociale des hommes et femmes, mais ces dernières sont-elles encore désavantagées par rapport aux hommes ? Vous pourrez le constater dans les articles suivants.

L’INEGALITEDELAREPARTITIONDESTACHESMENAGERESDANSUNCOUPLE

Grâce à une enquête statistique effectuée en 2007, on peut affirmer que pour la plupart des tâches ménagères (repasser le linge, préparer les repas quotidiens, passer l'aspirateur, faire les courses d'alimentation, faire la vaisselle, payer les factures et tenir les comptes), ce sont en grande majorité les femmes qui s'en chargent. Par exemple, 82 % des femmes s'occupent du repassage contre seulement 8 % d'hommes à ce poste.

Cet exemple montre une minorité d'hommes impliqués dans les tâches domestiques, qui eux ont davantage pour responsabilité l'organisation de la vie sociale du ménage et le petit bricolage intérieur ou extérieur de la maison, ce qui n'est pas grand chose par rapport aux femmes.

Malgré les discours sur la mixité au sein de la répartition des responsabilités, c’est la femme qui s'occupe principalement de l'habillage, des devoirs,… Seulement les activités de loisirs ou sportives ainsi que le coucher sont un peu partagés entre les deux parents.

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LESRAPPROCHEMENTSDESROLESFEMININSETMASCULINSAUSEINDELAFAMILLE

Au sein de la famille, ce sont les femmes qui font le plus souvent les tâches ménagères, mais les temps ont changé et les hommes s'impliquent de plus en plus dans les tâches ménagères et les partagent au sein du couple, les décisions sont désormais communes.

La mode des pères au foyer s’est développée (voir le site internet www.hommeaufoyer.fr), les pères jeunes s'intègrent plus facilement dans la vie familiale, les loisirs.

Les rôles des hommes et des femmes se sont beaucoup rapprochés, même si les inégalités persistent.

LESHOMMESETLESFEMMESDANSLEMONDEDUTRAVAILETDANSLAVIEPOLITIQUE

Il y a quelques années seulement les hommes travaillaient et les femmes restaient au foyer.

Aujourd'hui, les femmes travaillent autant que les hommes et deviennent autonomes financièrement. En 2009, pour la première fois, une femme est devenue pilote dans la patrouille de France. Il y a cependant encore des inégalités dans la reconnaissance des femmes dans leurs métiers, autant par leurs salaires que par leurs grades.

En politique, il y a eu une énorme croissance dans la part des femmes se présentant et étant élue maires dans les villes françaises avec une croissance depuis 1950 d’environ 25 %. Cependant, il n'y a encore que 10 % de maires femmes en France et 18 % de femmes au conseil municipal.

Au final, nous pouvons dire que les deux tiers des élèves de la 2nd3 étaient proches de la réalité sociologique. Les différences entre les hommes et les femmes ont effectivement tendance à s’atténuer : les femmes s’imposent de plus en plus dans les travaux des hommes (par exemple dans la politique), tandis que les hommes se sont davantage mis aux tâches ménagères. Néanmoins, les différences entre les hommes et les femmes restent importantes.

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COMMENTPEUT­ONEXPLIQUERLESDIFFERENCESDEMETIERSEXERCESENTRELESHOMMESETLESFEMMES?

DossierréaliséparAndréaBriançon,DianeFacomprez,SarahFleury,MartinGarcia

HOMMES,FEMMES:SOCIALISATIONETPROFESSIONS

Qu’enpensentlesélèves?

Il y a 55 % de la classe de 2nde3 pas d’accord avec l’affirmation suivante : « les différences de métiers exercés par les hommes et les femmes s’expliquent principalement par l’influence familiale », dont 32 % pas du tout d’accord et 23 % plutôt pas d’accord. Au contraire, 45 % de cette même classe sont d’accord, avec 39 % plutôt pas d’accord et 6 % tout à fait d’accord. Les avis sont mitigés, il n’y a pas de partis pris (sondage sur 31 élèves). Depuis toujours, les hommes et les femmes exercent différentes professions. Comment peut-on l’expliquer ? Quels sont les facteurs qui provoquent ces différences ? En quoi la socialisation influe-t-elle les choix de chaque individu ?

LESREPARTITIONSDESMETIERSHOMMES/FEMMES

Typesdemétiers Partdesfemmes(en%)

Assistantsmaternels 99

Aidesàdomicileetménagères 98

Secrétaires 98

Infirmiers,sages‐femmes 89

Coiffeurs,esthéticiens 84

Caissier,employésdelibreservice

82

Agentsd'entretiens 70

DonnéesInsee,enquêteEmploi,2007.

En France, mais aussi ailleurs, les différences de métiers entre les hommes et les femmes persistent. En effet, les stéréotypes sont toujours présents dans les esprits. Les femmes exercent en général des métiers qui font partie du domaine du secrétariat ou de la comptabilité, de l’esthétique, de la vente, du médico-social, du sanitaire et social et de l’aide aux personnes. Il y a moins de 20 % d’hommes dans ces corps de métiers selon les données de l’INSEE (voir tableau ci-contre). Les hommes, eux, se tournent plus souvent vers des professions telles qu’ingénieur, et vers des métiers physiques, de construction mais aussi vers le milieu de la banque, du médical ou de l’ordre. Seulement 2 % de femmes sont dans les travaux publics, d’après l’INSEE. Cependant, cela évolue et il devient plus fréquent de voir des femmes pratiquant des métiers plus physiques et 11 % des sages-femmes sont des hommes, toujours d’après l’INSEE. Mais malgré l’augmentation des femmes dans des corps de métiers plutôt masculins, le salaire de celles-ci reste tout de même inférieur d’environ 27 % à celui des hommes.

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LECHOIXD’ORIENTATIONDESJEUNES

http://www.salon­education.org/

Entre les filles et les garçons, les choix lors de l’orientation sont très variés. En effet, les adolescents se trouvent, lors de leur choix d’orientation, dans une période très conforme aux rôles sociaux attribués à chaque sexe. Par exemple, 93 % des élèves de la filière SMS (sciences médico-sociales) sont des filles, ou encore il y a 79 % de filles dans la filière littéraire. La position des filles à l’école est paradoxale car elles réussissent, en moyenne, mieux que les garçons avec moins de redoublement et une meilleure obtention du baccalauréat (selon les statistiques du ministère de l'Education nationale). Cependant, elles ne diversifient pas assez leurs choix d’orientation et se dirigent dans les filières les moins rentables, ce qui fait qu’elles perdent un peu du bénéfice de leur réussite scolaire et de leurs bonnes performances. Les stéréotypes sont intériorisés par chaque individu dans l’orientation. L’orientation est une mise en jeu de l’identité de l’individu et l’identité est sexuée donc chaque adolescent cherche inconsciemment à ’’se fondre dans le moule’’ d’une orientation et d’un métier qui correspond à son propre sexe. Sauf que l’on peut constater que les modèles des filles sont moins valorisés et moins variés. Les garçons favorisent davantage les études longues. Dans la société, de nombreux facteurs (institutions, famille…) accordent moins de confiance aux filles.

L’INFLUENCEDESJOUETSDANSLECHOIXD’ORIENTATIONPROFESSIONNELLE

Dès leur plus jeune âge, les enfants sont très influencés par les stéréotypes masculins et féminins. En effet, le choix des jouets (mais aussi les livres, les dessins animés, etc.) sont déjà massivement stéréotypés. Les jouets pour les garçons, tracteurs, camions, outils de bricolage… se rapportent principalement à l’automobile, la construction et la mécanique. Les fabricants espèrent ainsi attirer les garçons, car ceux-ci adorent « faire comme papa ». A l’inverse, les jouets pour les filles, principalement des poupons (qui se rapportent à l’instinct maternel), landaus, cuisinières, accessoires de ménage… se rapportent aux activités d’une femme au foyer, dans le but pour les petites filles de « faire comme maman ». Par exemple, les jouets pour les filles comme les poupons sont liés aux métiers de l’enfance, et pour les garçons, les petites voitures et camions sont liés aux métiers de l’automobile. Par ailleurs, la couleur dominante des jouets pour filles est le rose, et celle des garçons est le bleu. Les catalogues classent les jouets dans des catégories filles et garçons, laissant peu de choix aux enfants. Un garçon n’osera pas choisir un jouet classé dans ceux des filles et inversement, une fille n’osera pas en choisir un classé dans la catégorie des garçons. Les adultes, qui offrent les cadeaux, sont aussi confrontés à cette classification des jouets. Les enfants, lors du choix de l’orientation professionnelle, seront inconsciemment influencés par les jouets qui représentent des métiers « typiquement masculins » et « typiquement féminins », ce qui explique les différences de métiers exercés entre les hommes et les femmes.

http://www.allobambin.com

http://www.sitedesmarques.com

Au final, on peut expliquer les différences de métiers entre les hommes et les femmes par l’étape primaire de la socialisation. Dès leur plus jeune âge, les enfants sont influencés par les stéréotypes masculins et féminins. Les résultats de l’enquête au sein de la classe étaient donc plutôt éloignés de la réalité sociologique, puisque seulement 45 % des élèves de la classe étaient d’accord avec l’affirmation suivante : « Les différences de métiers exercés par les hommes et les femmes s’expliquent principalement par l’influence familiale ». Cependant, il ne faut pas négliger le rôle des autres facteurs de socialisation : l’école, les médias, les groupes de pairs,…

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LASOCIALISATIONDESJEUNESEST­ELLEIDENTIQUEENFONCTIONDUMILIEUSOCIAL?

DossierréaliséparPhilippineHulin,BenjaminLescroart,CapucineLocquet,RaphaëlOdemard

QU’ENPENSENTLESELEVESDELACLASSE?

D'après les résultats de l'enquête menée en classe sur la socialisation des jeunes, 42 % des élèves ne semblent "pas du tout d'accord" sur le fait que la socialisation des jeunes est identique en fonction de leur milieu social. 19 % des élèves ne sont "plutôt pas d'accord".

Seuls 39 % des élèves semblent "plutôt d'accord" et aucun des élèves de la classe n’est "tout à fait d'accord".

Au final, 61 % des élèves de la classe estiment donc que la socialisation des jeunes est différente en fonction du milieu social d’appartenance. En regardant ces résultats, pouvons-nous vraiment dire que le milieu social des jeunes n'est pas un facteur important au sein de leur socialisation ?

LADIFFERENCED’EDUCATIONENFONCTIONDUMILIEUSOCIAL

Le style d'éducation est différent en fonction du milieu social. En France, 85,2 % des garçons et 77,9 % des filles issus du milieu cadre ont une chambre individuelle contre 63,2 % des garçons et 68,2 % des filles issus du milieu populaire (selon une enquête réalisée par l' Université Paris 5). D'après J.H. Déchaux, dans son ouvrage Sociologie de la famille, depuis les années 1950, l'éducation libérale qui valorise l'autonomie, la maîtrise de soi, le dialogue, la responsabilité… est essentiellement utilisée dans les milieux aisés. Dans les milieux populaires, le style éducatif disciplinaire (basée sur la discipline et l'obéissance) est le moyen utilisé par les parents. De nos jours, ces clivages sociaux n'ont pas disparu même si le rigorisme disciplinaire a tendance à baisser dans les deux milieux. Dès la maternelle, les enfants sont marqués par des inégalités de langage mais aussi matérielles et culturelles dû au milieu auquel ils appartiennent. Cette différence s'accentue au fil du temps, d'après Marie Duru-Bellat, dans son ouvrage L'école pourrait-elle réduire les inégalités ?.

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LESDIFFERENCESCULTURELLESENTRELESJEUNESENFONCTIONDELEURMILIEUSOCIAL

Dans les différentes catégories sociales, les pratiques culturelles varient autant sur le point des pratiques sportives, des goûts musicaux, des habitudes culturelles... Les pratiques sportives, par exemple, varient en fonction du diplôme et du revenu des parents. D'après une enquête du Ministère des sports, 52 % des jeunes dont les parents sont sans diplôme pratiquent un sport, contre 83 % des jeunes dont les parents ont un diplôme supérieur au baccalauréat. Et 60 % des adolescents dont les parents ont un revenu inférieur à 1830 euros, contre 80 % des jeunes dont les parents ont un revenu supérieur a 2745 euros par mois. Les goûts musicaux changent aussi en fonction des milieux sociaux des lycéens (voir graphique ci-contre). Dans les origines favorisées, le rock est la musique favorite des lycéens (31 %) et celle la moins appréciée est le Hip Hop (2 %). Tandis que dans les catégories moyennes et populaires, la musique favorite des jeunes interrogés est le R'N'B (31 % et 44 %), et celle la moins appréciée est le Jazz (5 % et 2 %). Dans les familles favorisées, les jeunes sont moins nombreux à regarder la TV que dans les milieux ouvriers : 60,3 % des jeunes des familles cadres contre 83,3 % dans les familles populaires regardent la télévision une fois par jour. D'après ces résultats, on peut donc affirmer qu'il y a bel et bien un écart entre les milieux sociaux au niveau des pratiques culturelles et de l'éducation à la culture. Cela est souvent dû au moyen financier et aux origines culturelles de la famille qui sont pour la plupart du temps transmises.

D’après Dominique Pasquier,

Cultures lycéennes, la tyrannie de la majorité, 2005

QUELLEMOBILITESOCIALEDANSNOTRESOCIETE?

En France, une enquête a été menée par l'INSEE sur le cas de la mobilité sociale. D'après ces résultats, certaines catégories sociales telles que les cadres ou les ouvriers auraient tendance à la reproduction sociale. En effet, sur 100 agriculteurs interrogés, 88 % d'entre eux affirmaient être fils d'agriculteur ; il en est de même pour les ouvriers, 58 % de ceux interrogés étaient des fils d'ouvriers.

Cette reproduction sociale s'explique par l'influence parentale auprès des enfants. Ceux des agriculteurs, par exemple, se voient léguer par leurs parents, leurs terres et leurs commerces. Ils sont de plus élevés dans un environnement largement à la découverte du monde agricole.

Les enfants touchés par la reproduction sociale sont donc généralement des jeunes dont la voie professionnelle a été influencée par leurs parents.

Néanmoins, il ne faut surtout pas négliger l'investissement personnel dans le travail des jeunes car il serait exagéré de dire que seule la socialisation familiale joue un rôle sur leur trajectoire professionnelle.

D’après les résultats des travaux menés, on voit que les élèves de la classe pensaient en majorité comme les résultats trouvés. Il y a véritablement un écart de socialisation entre les jeunes issus de différents milieux, ce que pensaient 61 % des élèves de la classe.

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LASOCIALISATIONDESFILLESETDESGARÇONSEST­ELLEIDENTIQUEAUSEINDUSYSTEMESCOLAIRE?

DossierréaliséparMehdiHernoune,CharlèneLang,JuliePicon­Bravo,SarahTaouli

FILLES,GARÇONS:POINTDEVUED’UNECLASSESURLEURSOCIALISATIONAL’ECOLE

L’enquête réalisée au sein de la classe de seconde 3, le vendredi 24 septembre, montre qu’une grande majorité des élèves est d’avis que la socialisation des filles et des garçons est identique au sein de l’Ecole.

La classe semble donc avoir un avis bien tranché sur la question et effectivement, 80 % des élèves pensent qu’il n’y a pas ou peu de différences entre la socialisation des filles et celle des garçons, tandis que seulement 20 % des élèves son plutôt d’avis à dire qu’il existe des dissemblances de socialisation.

Comment se manifestent les différences de socialisation des filles et des garçons au sein du système scolaire ?

LAPLACEDESFILLESDANSLESYSTEMESCOLAIRE

D'après le Ministère de l'Education nationale, en 2007-2008, les filles sont majoritairement présentes dans les filières littéraires et sociales au secondaire (voir le tableau ci-contre). Par exemple, les filles représentent 93,8 % des élèves en sciences médico-sociales et 79,8 % en filière littéraire. Elles sont beaucoup moins nombreuses dans la filière STI (9,7 %). C'est pourquoi à l'université on les retrouve dans les mêmes filières que dans le secondaire, avec un effectif de 300 000 filles en lettres, langues, sciences humaines et sociales, et d'un peu plus de 100 000 en droit et science politique, tandis que peu vont dans les filières scientifiques là où elles sont inférieures en nombre par rapport aux garçons. Effectivement, il y a 100 000 garçons pour 50 000 filles dans le domaine scientifique. La sociologue Martine Chaponnière a mis en évidence une autre différence entre filles et garçons à l’Ecole. Dans son ouvrage La mixité scolaire : débats d'hier et d'aujourd'hui, elle indique que les filles savent créer une bonne et agréable ambiance de classe et que leurs résultats sont généralement meilleurs que ceux des garçons.

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FILLES­GARÇONS:COMMENTS’EXPLIQUENTLEURSCHOIXD’ORIENTATION?

Suivant Anne-Dafflon Novelle, dans Filles-Garçons : des représentations stéréotypées, les filles et les garçons sont depuis la prime enfance socialisés avec les représentations stéréotypées des parents et des professionnels de l’enfance. En effet, Martine Chaponnière dit, dans La mixité scolaire : débats d’hier et d’aujourd’hui, que selon les adultes, les garçons auraient des compétences scientifiques supérieures à celles des filles. Ces dernières auraient, quant à elles, des facilités dans le domaine littéraire. Les professeurs adapteraient de ce fait les notes des élèves en fonction de leur sexe, notamment en physique – matière dite masculine – où les professeurs ont tendance à privilégier les efforts chez les filles et les véritables compétences chez les garçons. A l’inverse, ils seront plus sévères avec les filles fortes en physique, comme si cela était anormal. Le comportement des adultes a donc beaucoup d’importance dans les choix d’orientation des filles et des garçons. Le graphique ci-contre montre clairement que les parents, dès le collège, n’envisagent pas les mêmes orientations au lycée en fonction du sexe de leur enfant. Trois ans après l’entrée en sixième, 45 % des parents envisagent un bac S pour leur enfant s’il s’agit d’un garçon, contre seulement 28 % s’il s’agit d’une fille.

LESADULTES:COMMENTSECOMPORTENT­ILSFACEAUXFILLESETAUXGARÇONS?

D’après Martine Chaponnière, dans La mixité scolaire : débats d’hier et d’aujourd’hui, les adultes se comportent avec les enfants selon des stéréotypes. Les enseignants accordent particulièrement d’attention aux garçons, qui sont plus interrogés et qui reçoivent plus d’aide, de critiques, ainsi que de louanges et d’encouragements. Ces derniers concernant principalement leurs performances, tandis que pour les filles il s’agit de leur conduite. D’un garçon ou d’une fille, les professeurs attendent d’eux une attitude et un comportement différent, et font des remarques distinctes. Bien que les professionnels prétendent ne pas faire de différences, après observation et analyse des interactions entre adultes et enfants, on constate que le comportement des adultes diffère dans de nombreux domaines, selon s’il a la charge d’une fille ou d’un garçon. Ils ne leur font pas pratiquer les mêmes activités : calmes ou manuelles pour une fille (comme jouer à la poupée ou à la dînette, lire…), motrices pour les garçons (sport : rugby, courses,…). Selon les enquêtes du Ministère de l’Education nationale, les enseignants s’imaginent que les garçons peuvent mieux faire et que les filles font tout ce qu’elles peuvent ; les résultats des filles sont davantage attribués à leur travail et non pas à leurs capacités. A l’école, les garçons prennent plus de place, s’affirment mieux, se rebellent et apprennent à s’exprimer, ce qui fait que les filles sont plus effacées et sont davantage soumises à l’autorité des professeurs. Sans le vouloir, les enseignants montrent un modèle aux filles et aux garçons en faisant de nombreuses différences.

Après la réalisation de tous les articles, nous constatons que la classe de 2nd3 était plutôt éloignée de la réalité sociologique car l’école socialise différemment les filles et les garçons. Or, 80 % des élèves pensaient qu’il y avait peu de différences de socialisation entre les filles et les garçons à l’école.

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LAREUSSITESCOLAIREDEPEND­ELLEDUMILIEUSOCIAL?

DossierréaliséparLauralouAbattu,BriceFaure,RémyGresse,BenoitGrillat

QUEPENSENTLESELEVESDELACLASSE?

Suite à une enquête faite dans la classe de 2nd3, le 24/09/10, les élèves devaient se positionner sur le sujet suivant : "La réussite scolaire dépend strictement des efforts individuels de l'élève".

Nous avons pu remarquer que 45 % de cette classe n'était pas d'accord avec cette affirmation (dont 26 % sont plutôt d'accord ainsi que 19 % pas du tout d'accord), contre 55 % d'élèves d'accord (32 % plutôt d'accord et 23 % d'élèves de la classe tout à fait d'accord avec notre sujet d'enquête).

Pour essayer de reformuler la question principale de notre enquête, il serait possible de poser la question suivante : le milieu social est-il un facteur de la réussite scolaire ?

LESINÉGALITÉSAUSEINDUSYSTÈMESCOLAIREENFONCTIONDEL'ORIGINESOCIALE

Après que l'INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) ait mené l’enquête, on constate qu'en général, 19 % des jeunes de 18 ans ont arrêté leur scolarisation, 34 % sont au lycée (en seconde, première ou terminale), 16 % sont en enseignement spécialisé ou apprentissage (CAP, BEP…), 12 % préparent un BTS ou un DUT, et 19 % sont à l’université ou en classe préparatoire. Mais ces moyennes cachent de fortes inégalités. On constate que sur l'ensemble des jeunes de 18 ans, 45 % de fils de cadres sont déjà à l'université et classes préparatoires contre 9 % pour les fils d'ouvriers. On s’aperçoit que plus de 20 % des jeunes issus de familles d'employés et d'ouvriers ainsi que 16 % des fils d'agriculteurs et d'artisans ont déjà arrêté leurs études à l’âge de 18 ans, en comparaison aux descendances des cadres qui ne sont que 5 % à avoir stoppé leurs études. On voit grâce à cette enquête que les fils de cadres sont plus nombreux à réussir par rapport aux enfants d'agriculteurs, d'artisans, d'ouvriers ainsi que d'employés. Voici ci-dessous les différences de réussite au bac en fonction de l’origine sociale.

Taux de réussite au baccalauréat 2009 selon la filière et l’origine sociale (source : ministère de l’Education nationale)

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LESPRINCIPALESEXPLICATIONSSOCIOLOGIQUESDESINEGALITESDEREUSSITESCOLAIRE

Les principales explications sociologiques des inégalités de réussite scolaire peuvent s’expliquer par des inégalités matérielles et culturelles entre les familles. Selon le milieu social de l’enfant, le maniement du langage, l’aisance graphique et le repérage dans le temps sont plus ou moins facilités. Les enfants sont inégalement préparés au travail scolaire suivant l’héritage social et culturel. L’héritage culturel est un procédé par lequel les normes et les valeurs, mais aussi les aptitudes relatives au savoir sont transmis d’une génération à l’autre dans le cadre de la famille et de l’entourage.

Donc les élèves n’arrivent pas tous avec les mêmes savoirs et les mêmes connaissances suivant la catégorie sociale des parents. Par exemple, les enfants de cadres regardent moins la télé et s’intéressent plus à la lecture par rapport aux enfants d’ouvriers où la télé est la principale occupation.

Proportion d’élèves en difficulté en lecture et proportion d’élèves en retard selon l’origine sociale

profession du père % d’élèves en difficultés en lecture % d’élèves en retard

agriculteur 10 31 artisan 16 46 cadre 3 17 profession intermédiaire 9 39 employé 16 46 ouvrier 21 59 retraité 26 46

Source : OCDE-DPD, enquête PISA.

ENQUETEDEL’INSEESURLESDIFFERENTESPRATIQUESCULTURELLESDURANTL’ENFANCE

Une enquête de l'INSEE cherche à montrer les différentes pratiques culturelles durant l'enfance. Parmi les enfants issus de cadre ou de profession libérale, 81 % se sont mis à la lecture, 54 % au cinéma ainsi que 52 % aux visites de musées ou expositions culturelles. Tandis que seulement 59 % des enfants d’ouvriers se mettent à la lecture, 31 % au cinéma et 11 % aux musées ou visites culturelles. On constate aussi que les familles issues de professions intellectuelles supérieures sont plutôt intéressées par les chaînes documentaires, 21 % regardent Arte tandis que la classe ouvrière ne dépasse pas les 10 % et préfèrent les émissions télévisées et le football à environ 45 %, contre seulement 27 % des classes aisées. Cette enquête de l'INSEE montre clairement les différentes pratiques culturelles des différents milieux sociaux durant l'enfance.

Les pratiques culturelles pendant l’enfance En%

lecture de

livres cinéma musée, monument

historique pratiques amateur

cadres ou professions libérales 81 54 52 47 ouvriers 59 31 11 14 agriculteurs 51 13 7 9 employés 68 42 24 23 professions intermédiaires 74 47 32 27

Transmissions Familiales, Insee, 2000.

Lors de l’enquête sur l’affirmation « La réussite scolaire dépend strictement des efforts individuels de l’élève », la moitié des élèves de la seconde 3 étaient d’accord et l’autre moitié pas d’accord. Or, nous avons clairement montré que la réussite scolaire ne dépend pas strictement des efforts individuels des élèves.

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LESDIFFERENCESDEPRATIQUESCULTURELLESENTRELESMILIEUXSOCIAUXSONT­ELLESIMPORTANTES?

DossierréaliséparMélanieBruyat­Soullier,CansuCuna,BenjaminColzart,NatashaFayard

LESPRATIQUESCULTURELLESDESINDIVIDUSDEPENDENT­ELLESDELEURMILIEUSOCIAL?

Quand on compare les résultats à l’affirmation « Les pratiques culturelles et les loisirs exercés par un individu dépendent de son milieu social », on peut voir que 80,6 % des élèves de la classe sont plutôt d’accord ou même tout à fait d’accord avec cette affirmation, contre seulement 19,4 % qui ne sont pas d’accord (voir graphique ci-contre).

On sait très bien que selon notre milieu social il y a des loisirs qui ne peuvent pas être pratiqués si on est d’un milieu social plutôt modeste, tout dépend du budget de la famille, de ses revenus et de l’éducation transmise à leurs enfants et celle qui leur a été transmise, mais ce n’est pas une généralité.

LESDIFFERENCESDEPRATIQUESCULTURELLES

De nos jours, on constate de fortes différences de pratiques culturelles selon les catégories sociales. Par exemple, on voit les différences de pratiques culturelles entre les cadres et les ouvriers (voir le graphique ci-contre).

Les sociologues remarquent que dans les milieux aisés, ils n'apprécient pas les sports populaires comme le football, la lutte ou la boxe. Les milieux aisés préfèrent les valeurs des classes dominantes qui mettent en avant le fair-play, le jeu pour le plaisir et pour l'individu comme le golf, l’équitation, l'escrime, le polo.

On voit aussi que dans les milieux aisés, ils ont des préférences culturelles telles que la musique baroque ou encore le jazz.

D’aprèsOlivierDonnat,LespratiquesculturellesdesFrançaisen2008,MinistèredelaCulture,2009.

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LESPRINCIPAUXFACTEURSD’EXPLICATIONDESDIFFERENCESDEPRATIQUESCULTURELLES

Les grands facteurs de différences culturelles sont les modes de vie des individus. Il dépend tout d'abord du milieu social, qu'il soit aisé ou modeste.

Le milieu aisé, dont les métiers sont relativement bien payés suivant leur rang et importance comportent des avantages : du temps libre pour pouvoir faire des activités et ils ont le privilège d'accéder à certains lieux.

Le milieu modeste n'a souvent pas de revenus suffisants, et leurs métiers sont durs et fatigants. Ils ont peu de temps à consacrer à leurs loisirs personnels.

Pourtant, le revenu n'est pas la seule cause de cette différence. Tous les musées et quotidiens n'ont pas de prix prohibitif, au contraire. L'autre facteur est donc l'intérêt culturel. Pour faire simple, cela est suivant le capital culturel (étant le niveau de diplôme d'un individu). Les personnes peu dotées estiment ne pas à avoir tel ou tel type de pratique culturelle, car elles expliquent que la « grande culture » n'est pas pour eux.

REDUCTIONDESECARTSDEPRATIQUESCULTURELLESENTRELESMILIEUXSOCIAUX

On constate que les différences de pratiques culturelles entre les catégories sociales diminuent dans certains domaines. Par exemple, le sociologue Eric Taïeb attire notre attention sur le fait que le football est de plus en plus pratiqué par les milieux huppés et par les intellectuels alors que le tennis perd de sa popularité dans les milieux aisés et devient plus facile d’accès.

Internet est l'une des causes qui a permis de réduire l'écart de pratiques culturelles entre les milieux sociaux puisque Internet a permis à de plus en plus d'individus d'avoir accès aux pratiques culturelles. En effet, en 1997, 22 % des Français avaient un ordinateur et 1 % internet, contrairement à 2008 où les deux tiers des Français ont un ordinateur et 56 % sont connectés à internet.

De plus, les écarts de pratiques culturelles se réduisent entre la génération des parents et celle des enfants. 46 % des cadres et 10 % des ouvriers pratiquent quotidiennement de l'ordinateur alors que 36 % des enfants de cadres pratiquent cet outil et 23 % des enfants d'ouvriers. On aperçoit alors que avec les générations les écarts de pratiques culturelles se réduisent entre ces deux catégories sociales là.

On remarque de plus la diminution de l'écart pour les autres activités comme l'activité artistique, la musique, le sport, les jeux vidéo, la télévision. La pratique de la lecture est la seule exception à cela.

On peut en conclure que les différences de pratiques culturelles entre les milieux sociaux sont importantes, même si elles se réduisent dans certains domaines. Les sociologues l’affirment clairement, d’ailleurs 81 % des élèves de notre classe étaient d’accord avec cette affirmation.

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ET VOUS, QU’EN PENSEZ-VOUS ?