Sociologie- Etapes de La Démarche

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  • Mlanie FAUVEL Rsum de lecture Manuel de recherche en sciences sociales

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    Rsum de QUIVY R; VAN CAMPENHOUDT L. 95, "Manuel de recherches en sciences sociales", Dunod Cours de TC5 du DEA GSI de lintergroupe des coles Centrales 11/2002

    Manuel de recherche en sciences sociales

    Raymond Quivy Luc Van Campenhoudt

    Objectifs et dmarche Les objectifs Cet ouvrage est conu pour aider tout ceux qui, un moment de leur vie professionnelle ou prive, souhaitent se former la recherche en sciences sociales et raliser avec succs un travail dans ce domaine. Ainsi, il est conu comme un support de formation mthodologique, depuis la formation la conception dun problme, jusqu la mise en place dun dispositif dlucidation. Il dispose dune conception didactique qui le rend directement utilisable : le lecteur peut directement appliquer toutes les recommandations prconises son travail. Cependant, lintgralit de ce livre ne constitue pas un regroupement de recettes, au contraire, il doit aider le lecteur a concevoir par lui-mme une vritable dmarche de travail. Ainsi, le but de louvrage est dinviter constamment au recul critique et la discussion au sein dun groupe de travail par exemple. La dmarche Au dpart dune recherche, il faut absolument viter de sombrer dans le chaos originel ou ce que lon appelle la fuite en avant. Il faut ainsi viter trois cueils couramment rencontrs, savoir :

    - la gloutonnerie livresque ou statistique : cest le fait de lire de nombreux articles ou livres sans slection pralable et sans vraiment savoir ce quon cherche. Cet cueil est viter, il conduit le plus souvent au dcouragement. Il faut de loin prfrer la loi du moindre effort , rgle essentielle du travail de recherche

    - limpasse aux hypothses : cest le fait de se prcipiter sur la collecte de donnes avant davoir formuler des hypothses. Cest aussi viter dans le cadre dune recherche, o il faut au contraire, toujours assurer soigneusement chaque tape de la recherche avant de passer une tape suivante

    - lemphase obscurcissante : il faut viter de sexprimer de manire pompeuse et inintelligible quant son projet de recherche car on se perd soi-mme et on perd le sens de sa recherche.

    Par ailleurs, une dmarche est une manire de progresser vers un but. Ainsi quelque soit la recherche, la dmarche doit toujours se prsenter de la mme manire, cest- -dire en trois actes, qui sont :

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    - la rupture (rompre avec nos ides prconues) - la construction (construire des propositions explicatives du phnomne tudi, prvoir le

    plan de recherche, les oprations raliser et les consquences attendre) - et lexprimentation (mettre lpreuve la recherche, la confronter avec la ralit)

    Ces trois actes se dcomposent eux-mmes en sept tapes au total, qui vont constituer larchitecture de louvrage. Ces tapes sont toutes indispensables et mutuellement dpendantes.

    1re tape : la question de dpart Le chercheur doit sobliger trs rapidement choisir un premier fil conducteur aussi clair que possible, afin que son travail puisse dbuter sans retard et se structurer avec cohrence. Ce point de dpart nest que provisoire, il a en effet de fortes probabilits dvoluer par la suite puisque par dfinition, une recherche est quelque chose qui se cherche. Mais la formulation de cette question de dpart reste cependant une tape obligatoire, quil faut se rsigner accomplir. Cette question doit permettre au chercheur dexprimer le plus exactement possible ce quil cherche savoir, lucider, mieux comprendre. Cependant traduire un projet de recherche, sous la forme dune question de dpart, nest utile que si cette question remplit trois critres indispensables qui sont :

    - des qualits de clart : la question doit tre prcise et ne pas prter confusion, chaque terme devant tre clairement dfini (raliser des test auprs de son entourage). En outre, elle doit tre aussi concise que possible.

    - des qualits de faisabilit : la question doit tre raliste, tant dun point de vue personnel, matriel que technique.

    - des qualits de pertinence : il doit sagir dune vraie question, sans rponse prsuppose et qui na pas de connotation morale (on ne doit pas chercher juger mais bien comprendre). En outre, elle doit aborder ltude de ce qui existe ou a exist et non celle de ce qui nexiste pas encore et enfin, elle doit viser mieux comprendre les phnomnes tudis.

    2me tape : lexploration La question de dpart constitue le fil conducteur du travail de recherche et va donc guider ltape exploratoire. Lexploration se dcompose en trois parties, elle comprend ainsi :

    - les oprations de lecture - les entretiens exploratoires - et des mthodes dexplorations complmentaires.

    La phase de lecture prparatoire constitue un Etat de lart et sert sinformer des recherches dj menes sur le thme de travail. Pour cette phase de lecture, il sagit de slectionner trs soigneusement un petit nombre darticles (ou livres) et de sorganiser pour en retirer un bnfice maximum . Ainsi, il faut respecter certains critres de choix, savoir : sassurer des liens des articles choisis avec la question de dpart, dimensionner raisonnablement le programme de lecture, dgager des lments danalyse et dinterprtation, et enfin, choisir des approches diversifies. En outre, il est fortement recommand de procder par salves successives afin de se mnager des plages de temps de rflexion et dchange entre chaque phase de lecture. Cette mthode rend la lecture plus profitable et permet de mieux choisir les lectures suivantes.

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    Pour savoir o trouver ces textes, il faut, dans un premier temps, se renseigner auprs denseignants, de chercheurs ou de spcialistes qui pourront apporter une aide prcieuse et dans un second temps, procder la recherche de documents en exploitant les techniques de recherches bibliographiques disponibles dans les bibliothques (suivre une formation avec une documentaliste est recommand). Pour que la lecture soit efficace, il est galement recommand de lire mthodiquement . Il peut sagir par exemple, pour chaque article lu, dtablir une grille de lecture qui recense dune part, les ides contenues dans le texte et dautre part, leur structuration (cheminement du texte) et de rdiger alors un rsum laide de cette grille. Aprs avoir ralis les rsums des diffrents textes retenus, il sagit de les comparer attentivement (points de vues adopts, contenus, accords et divergences des diffrents auteurs) afin den retirer les lments de travail et les rflexions les plus intressantes qui permettront dorienter les lectures futures. Les lectures doivent saccompagner dentretiens exploratoires qui ont pour objectif principal de mettre en lumire les aspects du phnomne tudi auxquels le chercheur naurait pas penser spontanment lui-mme et de complter ainsi les pistes de travail mises en vidence par ses lectures. Les entretiens exploratoires ne peuvent remplir cette fonction que sils sont trs peu directifs (entretiens semi-directif, mthode mise en vidence par Carl Rogers) car lobjectif nest pas de valider les ides prconues du chercheur mais den imaginer de nouvelles. Pendant lentretien, il sagit ainsi de :

    - poser le moins de questions possible - intervenir de la manire la plus ouverte possible - sabstenir de simpliquer soi-mme - veiller ce que lentretien se droule dans un environnement et un contexte adquats - enregistrer les entretiens pour tre le plus attentif possible.

    Trois catgories de personnes sont susceptibles dintresser le chercheur : les spcialistes scientifiques de lobjet dtude, les tmoins privilgis et le public directement concern par ltude. Les entretiens ainsi raliss peuvent tre doublement exploits : dune part, comme source dinformation et dautre part, ils peuvent tre dcods en tant que processus au cours duquel linterlocuteur exprime sur lui-mme une vrit plus profonde que celle explicitement perceptible. Enfin, ces entretiens saccompagnent souvent dautres mthodes exploratoires telles que lobservation et lanalyse de documents. Ltape dexploration a pour but de vrifier que la question de dpart est toujours adapte au sens de la recherche, et dans le cas contraire, il sagit dexploiter les enseignements de ce travail exploratoire pour reformuler la question de dpart.

    3me tape : la problmatique Il sagit dsormais de prendre du recul par rapport aux informations recueillies pour prciser les grandes orientations de la recherche et dfinir une problmatique en rapport direct avec la question de dpart. La problmatique est lapproche thorique que lon dcide dadopter pour traiter le problme pos par la question de dpart. Les auteurs utilise deux exemples de conception dune problmatique (le suicide et lenseignement) pour mettre en valeur la mthode utiliser qui peut se faire en deux temps. Dans un premier temps, il sagit de faire le point des problmatiques ventuelles et de les comparer laide des rsultats de lexploration. Ensuite, laide de repres tels que les schmes

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    dintelligibilit et les modes dexplication, il faut mettre en valeur les perspectives thoriques issues des approches rencontres. Dans un second temps, il sagit de choisir et dexpliciter sa propre problmatique en toute connaissance de cause. Ainsi, il faut choisir un cadre thorique qui soit adapt au problme et matrisable. Ensuite, pour expliciter sa problmatique, il faut redfinir le plus prcisment possible lobjet dtude, en prcisant langle dattaque et en reformulant la question de dpart pour quelle devienne la question centrale de recherche. En parallle, il faut amnager la perspective thorique en fonction de lobjet dtude afin de crer un systme harmonis. Ainsi, on constate que formulation de la question de dpart, exploration et enfin explicitation de la problmatique sont en troite interaction. Il existe des boucles de rtroactions entre ces tapes qui constituent les fondements de llaboration du modle danalyse qui rendra oprationnelle la perspective de recherche choisie.

    4me tape : la construction du modle danalyse Cette tape constitue la charnire entre la problmatique retenue par le chercheur et le travail dlucidation ralis. A nouveau les auteurs utilise deux exemples de construction de modle danalyse (le suicide et la marginalit) pour illustrer la mthode employer. Ces exemples montrent que le modle danalyse se compose de concepts et dhypothses qui sarticulent entre eux pour former un cadre cohrent. La conceptualisation constitue une construction abstraite qui vise rendre compte du rel. Mais elle ne tient pas compte de tous les aspects de la ralit concerne, elle relve seulement ceux qui sont essentiels du point de vue du chercheur. Il sagit ainsi dune conception-slection o la construction consiste identifier le concept, dsigner les dimensions qui le constituent et enfin prciser les indicateurs de mesure de ces dimensions. On distingue deux types de concepts :

    - les concepts opratoires isols (COI), construits empiriquement grce lobservation directe (mthode hypothtico- inductive)

    - les concepts systmiques, construits par raisonnement abstrait et caractriss gnralement par un degr de rupture plus lev avec les prjugs (mthode hypothtico-dductive).

    Cette conceptualisation saccompagne de la mise en place dhypothses. Une hypothse est une proposition provisoire qui anticipe une relation entre deux termes (concepts ou phnomnes). Elle demande donc tre vrifie et elle devra tre confronte ultrieurement des donnes dobservation. Ainsi pour tre vrifiable empiriquement, une hypothse doit tre falsifiable, cest- -dire, quelle doit, dune part, tre testable indfiniment et dautre part, accepter des noncs contraires qui sont thoriquement susceptibles dtre vrifis. Seul le respect de cette mthodologie permet de mettre en uvre la dynamique de recherche qui se caractrise par une remise en question permanente des acquis pralables.

    5me tape : lobservation Lobservation est la confrontation du modle danalyse des donnes observables. Au cours de cette phase, de nombreuses donnes sont donc rassembles afin dtre exploites systmatiquement dans une tape ultrieure.

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    Il sagit ainsi de rpondre aux trois questions suivantes : - Observer quoi ? : il sagit de rassembler les donnes pertinentes, cest- -dire, celles qui

    sont utiles la vrification des hypothses et qui sont dtermins par les indicateurs des variables.

    - Observer sur qui ? : il sagit de dlimiter le champ des analyse dans lespace gographique et social et dans le temps. Selon le cas, il sagira dtudier soit lensemble de la population considre, soit seulement un chantillon reprsentatif ou caractristique de cette population.

    - Observer comment ? : il sagit de dterminer les instruments de lobservation et la manire de collecter les donnes. Cette tape se droule en trois temps :

    concevoir linstrument dobservation le tester et collecter les donnes pertinentes

    En outre, il existe diffrentes mthodes de collecte des donnes :

    - lenqute par questionnaire - lentretien - lobservation directe - le recueil de donnes existantes : donnes secondaires et donnes documentaires.

    Le choix de la mthode dpend des hypothses de travail et de la dfinition des donnes pertinentes. Mais il faut aussi tenir compte des exigences de formation ncessaires lapplication efficace de chaque mthode.

    6me tape : lanalyse des informations Il sagit dsormais de constater si les rsultats observs correspondent bien aux rsultats attendus par les hypothses. Une fois encore, les auteurs utilise un exemple (le phnomne religieux) pour mettre en valeur les trois oprations de lanalyse des informations, qui sont les suivantes :

    - dcrire les donnes et les agrger : il sagit de bien mettre en vidence les caractristiques de la distribution de la variable et ensuite de les regrouper en sous-catgorie ou les exprimer par une nouvelle donne pertinente.

    - analyser les relations entre les variables - comparer les rsultats observs avec les rsultats thoriquement attendus par

    hypothse et interprter les carts. Il existe principalement deux mthodes danalyse des informations :

    - lanalyse statistique des donnes - lanalyse de contenu qui prsente elle-mme diffrentes variantes :

    lanalyse thmatique lanalyse formelle lanalyse structurale.

    En outre, la field research (recherche sur le terrain) constitue un exemple de mise en uvre complmentaire de diffrentes mthodes dobservation et danalyse dinformation.

    7me tape : les conclusions

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    La conclusion dun travail est la partie gnralement lue en premier par un lecteur et qui le dcidera ou non lire lintgralit du travail de recherche, aussi, elle doit tre rdige le plus soigneusement possible. Elle doit se composer de trois parties :

    - un rappel des grandes lignes de la dmarche suivie - une prsentation dtaille des apports de connaissances (nouvelles connaissances

    relatives lobjet danalyse et nouvelles connaissances thoriques) dont le travail est lorigine

    - les nouvelles perspectives de recherche qui peuvent tre dveloppes (ouverture).

    Une application de la dmarche Les auteurs ont choisi de prsenter un exemple qui est une application imparfaite de la mthode afin de mettre en valeur les situations problmes qui peuvent survenir. Ils sintressent ainsi au problme de labsentisme des tudiants. La question de dpart qui guide leur travail de recherche est formule de la faon suivante : Quelles sont les causes de labsentisme des tudiants en premire anne luniversit ? . Ils vont ensuite appliquer les diffrentes tapes de la dmarche prconise cette question de dpart.