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Bulletin de liaison des membres du RÉSEAU ARBRES TROPICAUX SOMMAIRE * EDTTOSIAL p 2 * L'AIRBME PU MOIS L'arganîer p 3 FORET - L'arfore an centre de la vie de Fara-Posira p 9 - L'émergence «les marchés de ' bois d'ceuvre es Afrique p 14 ENVIROHiNEMENT -¥ers une latégratioa de la faane sauvage aux politiques de développement - L'avenir un neem es zone tropicale sècîie est-il menacé ? KECHEMCHE -•Les géopliytes ligneuses en zone s&mé&mienme LAMAIM VERTE - Les haies-vives • L'AMBME À PALABRES EN BREF p29 p32 Prix : 20 FF 21 - MARS 1992 Publié par l'Association SILVA à l'initiative du Ministère Français de la Coopération et du Développement et diffusé gratuitement en Afrique

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Bulletin de liaison des membres du RÉSEAU ARBRES TROPICAUX

SOMMAIRE* EDTTOSIAL p 2* L'AIRBME PU MOIS

L'arganîer p 3FORET

- L'arfore an centre de la vie deFara-Posira p 9

- L'émergence «les marchés de 'bois d'ceuvre es Afrique p 14

ENVIROHiNEMENT-¥ers une latégratioa de la faane sauvage

aux politiques de développement- L'avenir un neem es zone tropicalesècîie est-il menacé ?

• KECHEMCHE-•Les géopliytes ligneuses en zones&mé&mienme

• LA MAIM VERTE- Les haies-vives

• L'AMBME À PALABRES• EN BREF

p29

p32

Prix : 20 FF

N° 21 - MARS 1992Publié par l'Association SILVA à l'initiative du Ministère

Français de la Coopération et du Développementet diffusé gratuitement en Afrique

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ous traversons une périoderiche en grandes manifesta-tions forestières et écologiquesqui planent très haut (presqueau niveau du trou dans lacouche d'ozone !).

Paris, en septembre de l'annéedernière a permis aux représentants denombreux pays d'exprimer leurs senti-ments sur le plan de la forêt dans leursstratégies politiques : un patrimoine pourl'avenir, "à consommer avec modération".Maître mot pour les forestiers de touspays : la gestion soutenue, que les sylvicul-teurs d'Europe ont appris à pratiquerdepuis longtemps, parce que l'espace étaitdevenu rare, comme il tend à le devenirpartout dans le monde où bientôt 6 mil-liards d'êtres humains devront trouverleur subsistance.

"Le Flamboyant" vous tiendrabien entendu régulièrement informé desprojets réalisés dans l'application en vraiegrandeur des résultats de la recherchepour faire progresser dans les zones inter-tropicales l'utilisation optimale des res-sources forestières, sans entamer le capi-tal, ni l'appauvrir en qualité. Il y a du che-min à faire.

Rio de Janeiro en juin prochain vaêtre plus soucieux de la protection duglobe, face aux attaques dues au progrèstechnologique et à la civilisation deconsommation ; la forêt n'y tiendra pastoute seule le devant de la scène. Mais parses qualités de réservoir de carbone(moindre que les océans, mais comptantquand même !) et de régulateur du régi-me des eaux, il y a de fortes chances pourqu'on lui impose, pour le sauvetage de laplanète en perdition, des obligations nou-velles à traduire, si on est plus pessimistequ'écologiste, en contraintes accrues pourles gestionnaires. Elles compliqueront latâche pour arriver au résultat évoqué ci-

dessus, mais nous pensons qu'elles sontjustifiées si vous ne voulez pas que dansquelques décennies, vos petits enfantsvous demandent "c'est quoi un (bel)arbre ?".

Nous, avec le "Réseau ArbresTropicaux", nous redescendons sur terre.Le ministre français et de la coopération etdu développement a demandé qu'une éva-luation de l'intérêt et du fonctionnementdu réseau soit faite, en même tempsd'ailleurs que la même opération sedéroulait pour d'autres réseaux. Quand lerapport "d'audit" sera diffusable, nousvous en parlerons en détail. Mais sans tra-hir de secret, il y a sans doute un pointqui apparaîtra dans les conclusions del'étude. C'est la nécessité d'un réel fonc-tionnement en réseau, et pas seulementcomme une association de membres épiso-diquement intéressés.

Le dernier comité technique du14 janvier a reconnu que les échangesentre les membres d'outre-mer et le secré-tariat technique s'intensifiaient, et c'estbien. Mais il faut aller plus loin et le réseauenvisage de faire participer de façon effec-tive des adhérents expérimentés aux acti-vités des groupes de travail, existants ou àcréer, dans des conditions à débattre. Pourcela il faut que vous vous manifestiez tous,et pas seulement quelques uns, en faisantpart de vos réalisations, de vos succès etaussi de vos échecs. Si les spécialistes nepeuvent vous proposer de solution immé-diate à vos problèmes, ceux-ci constitue-ront alors des bases de travail par groupeau sein du réseau. Le secrétaire techniqueva être beaucoup plus présent auprès desantennes et vous aidera à rédiger vosmémoires.

Il faut que le réseau "flamboie" !

Ch. GUILLERY

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.Nom scientifiqueArgania spinosa (L.) Skeels.

FamilleSapotaceae

i Synonymes

Décrit par Linné en 1737sous le nom de Sideroxylonspinosum en raison de sonbois très dur et de ses épines.Il a également été appeléArgania sideroxylon (Roem. &Schult).

«•Nom communL'arganier en français (the

argan tree en anglais, dieArganie en allemand) tire sonnom de l'arabe "Argan", dési-gnant l'arbre typique du SudOuest marocain et dontl'importance est si grande pourles tribus berbères qui viventdans cette région. L'origine dunom de l'arbre se trouve pro-bablement dans le mot "Irgen"qui désigne, en BerbèreTachelhaït, le noyau en boisdur du f ru i t de l 'arbre. Cenoyau renferme une amandeoléagineuse d'où les berbèrestirent depuis des siècles unehuile réputée : l'huile d'argan.

Distributionécologie

L'arganier est une espèceendémique du Sud Atlantiquemarocain (région d'Agadir) où ilcouvre environ 800.000 ha.Son aire principale se situeentre 29 et 32e de latitudeNord, ce qui en fait le repré-sentant le plus septentrional dela famil le des Sapotacées,essentiellement tropicale. Des

colonies isolées d'arganiers se trouventégalement au Nord-Est du Maroc (35°N, 3° W) dans les monts des BéniSnassen, près d'Oujda, et à l'Ouest del'Algérie, dans la région de Tindouf (28°N, 8°W).

Par ailleurs, l'arganier a été intro-

Port de l'arbre. Photo : R. CHAUSSOD

duit en Tunisie, en Israël, en Afrique duSud, en Australie, en Floride et dansbien d'autres régions du globe où lesconditions climatiques peuvent luiconvenir. Des colonies sub-sponta-nées d'arganiers ont été décrites enEspagne, dans la région d'Alméria(37° N, 2° W).

U Fêamèo^axt n° 21-Mars 1992

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L'ARBRE DU MOIS i

Dromadaires broutant dans une Arganeraie cultivée. Photo : R. CHAUSSOD

II est clair que ce sont essentiel-lement les conditions climatiques quidéterminent l'aire de répartition del'arganier. C'est un arbre thermophi-le et xérophile, avec des exigencesd'humidité atmosphérique. Pour lesphytosociologues, la plus grandepartie de l'arganeraie se rattache àl'étage inframéditerranéen, variante àforte influence océanique du ther-moméditerranéen.

Dans sa partie Nord, de Safi àAgadir, l'arganeraie s'étend sur une

/* Flambant K°21 - Mars 1992

bande de 60 km de large, en zonesemi-aride. Les précipitations sontcomprises entre 290 et 400 mm et latempérature moyenne du mois leplus froid est souvent supérieure à7°C. Mais les deux tiers de l'argane-raie actuelle se trouvent en zonearide, à l'Est et au Sud d'Agadir,c'est-à-dire dans la plaine du Sousset dans l 'Ant i -At las. Dans cesrégions, les précipitations variententre 150 et 300 mm et la tempéra-ture moyenne du mois le plus froidentre 3 et 7°C.

S'il craint le gel, l'arganier sup-porte remarquablement bien les tem-pératures élevées, de l'ordre de50°C en été. Il résiste aux périodesde sécheresse prolongée ou auxeffets desséchants du "chergui" ,vent chaud et sec venant du Sahara,grâce à sa faculté de perdre tout oupartie de son feuillage et d'attendreainsi le retour des pluies ou simple-ment une humidité atmosphériquesuffisante.

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L'ARBRE DU MOIS

L'humidité atmosphériquesemble être un paramètre clé del'écologie de l'arganier : l'aire princi-pale de l'arganeraie subit en effetune influence océanique marquée,l'importante humidité de l'air se tra-duisant par de fréquentes roséesmatinales ou, spécialement en été,par des brumes et brouillards pou-vant se maintenir une grande partiede la journée et limitant l'insolation etl'élévation de température. Les "pré-cipitations occultes" (car non enre-gistrées par les pluviomètres) dues à

la condensation de l'humidité atmo-sphérique sur le feuillage pourraientreprésenter quelques dizaines demillimètres d'eau par an et expliquer,avec les fortes humidités relativesobservées tout au long de l'année,la présence de cette sapotacée enzones semi-arides et arides.

En altitude, c'est le froid quidétermine la limite supérieure del'arganier. Celle-ci coïncide avec leniveau des plus basses neiges, soit900 m dans le Haut-Atlas et 1300 mdans l'Anti-Atlas.

Enfin, une caractéristique trèsintéressante de l'arganier est qu'ilpousse sur tous les types de sols, ycompris sur les sols salés. On letrouve sur des schistes, des rochescalcaires, des alluvions... et il nesemble exclu que des sablesmobiles. Son système racinaire parti-culièrement développé lui permet derésister sur des sols superficielslorsqu'il peut trouver en profondeurl'eau dont il a besoin. Cependant, siles arbres adultes résistent sur lessols dégradés, la régénération ysemble difficile.

• Description

L'arganier atteint, à l'âge adulte,6 à 8 mètres de hauteur, 10 mètresau maximum. Les plus beaux spéci-mens ont une couronne dense etarrondie, pouvant atteindre unedizaine de mètres de diamètre. Letronc est court (2 à 3 mètres), sou-vent formé de plusieurs tiges entre-lacées ; son diamètre atteint 35 à40 cm chez les arbres âgés de plusde 100 ans. La longévité serait del'ordre de 250 ans.

Le port de l 'arbre est trèsvariable selon les individus. Les ra-meaux peuvent être longs, flexueux,peu ramifiés et assez peu épineux(arganiers pleureurs) ou au contrairecourts, très ramifiés et épineux,donnant à l'arbre un aspect "ébou-riffé". Bien entendu, tous les inter-médiaires sont possibles entre ces

deux types, donnant à chaque arga-nier un aspect unique, une sorted'identité.

Les feuilles'1 \ vert sombre, sontalternes, lancéolées et plus ou moinsallongées, longues en général de 2 à3 cm et larges de 0,5 à 1 cm. Ellessont subpersistantes, pouvant tom-ber complètement en période deforte sécheresse.

Les fleurs sont pentamères,petites (environ 3 mm de diamètre),souvent groupées en glomérules surdes rameaux plus ou moins différen-ciés. Le fruit(1) est une baie compor-tant 1 à 5 graines (le plus souvent 2ou 3) soudées en un "faux noyau"à tégument l ignif ié très épais. Amaturité, le fruit a la grosseur d'unenoix ; il est de forme variable, arron-di ou en fuseau, de couleur jauneparfois plus ou moins veiné derouge. Il est formé d'un péricarpecharnu, la pulpe, représentant 55 à75 % du poids frais et contenant unlatex voisin de la gutta-percha four-nie par d'autres sapotacées. Lapulpe recouvre un noyau très durappelé noix d'argan contenant leplus souvent une à trois amandesrenfermant 50 à 60 % d'huile.

Les noix d'argan tombées ausol peuvent germer en saison humi-de, lorsque les conditions écolo-giques s'y prêtent. La noix se fendet une puissante racine pivots'enfonce rapidement dans le sol ;les cotylédons se déploient et ver-dissent en augmentant de taille. Ilsfournissent une surface photosyn-thétique très active et le restant plu-sieurs mois durant lesquels ils for-ment une proportion importante del'appareil chlorophyllien. La crois-sance de la partie aérienne est rela-tivement lente car la plantule inves-tit une grande part de son énergiedans l'appareil souterrain. La racinepivot peut s'allonger de plus d'uncentimètre par jour durant les pre-miers mois et des racines latéralesapparaissent et se ramifient, explo-

' ' ' Voir photo de couverture

U Ffamiopant «° 21 - Mars 1992

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L'ARBRE DU MOIS

rant un grand volume de sol. Cesracines forment, avec des champi-gnons du sol, des symbioses* appe-lées endomycorhizes* qui intervien-nent dans la nutrition phosphatée etazotée de la plante ainsi que dansson alimentation en eau.

A l'âge adulte, le système raci-naire de l'arganier est formé deracines principales pouvant atteindre30 mètres de profondeur et d'unimportant réseau de racines tra-çantes explorant les couches super-ficielles du sol, les plus riches enmatière organique et en élémentsnutritifs, et qui reçoivent les eaux decondensation de l'humidité atmo-sphérique.

Il semble, d'après les premièresétudes d'écophysiologie, que l'arga-nier ne soit pas particulièrement éco-nome en eau mais que sa résistanceà la sécheresse soit due à sa facultéde récupérer l'eau en profondeurcomme en surface grâce à un systè-me racinaire particulièrement effica-ce.

Bien que plus facile à aborderque l'architecture du système raci-naire, la phénologie de l'arganier aété peu étudiée. La foliation commen-ce à l'automne, avec les premièrespluies, et les rameaux poussent toutl'hiver, qui est la saison humidesous ce climat méditerranéen. Enfévrier, les fleurs apparaissent surles rameaux de l'année précédenteet sur ceux en croissance, le maxi-mum de floraison étant observé demars à mai. Les fruits qui en sontissus restent verts et incomplète-ment développés jusqu'aux pre-mières pluies de l'automne suivant,alors que les fruits formés l'annéeprécédente continuent de grossir etjaunissent pour atteindre leur maturi-té entre juillet et septembre.

UtilisationsL'arganier est un arbre "multi-

usages" ; chaque partie ou produc-tion de l'arbre est utilisable et est

U FltoiopoLut f 21-Mars 1992

une source de revenus ou de nour-riture pour l'usager.

Le bois

Etant extrêmement dur, le boisd'arganier est très difficile à travailler.Il a parfois été utilisé comme boisd'oeuvre (charpente) ou pour laconstruct ion d 'out i ls agricoles(araires...), mais c'est en tant quecombustible, sous forme de charbonde bois, qu'il est le plus employé. Lecharbon de bois d'arganier est trèsréputé car il est très dense et brûlelentement. La surexploitation del'arganier pour alimenter en combus-tible les grandes villes marocaines (etmême l'étranger) a été la principalecause de la régression de l'argane-raie. Une législation spécifique a bienété mise en place en 1925 pour pro-téger l'arganier et réglementer sesutilisations, mais les prélèvementseffectués par les populations localesrestent souvent supérieurs àl'accroissement annuel moyen quin'est que de 0,3 à 0,5 stère/ha/an.

Le fourrage

Les feui l les d'arganier sontconsommées par les caprins et lescamelins. La pulpe des frui ts,consommée fraîche ou après sécha-ge, représente également une sourcede nourriture pour les animaux.Enfin, le "tourteau" (résidu d'extrac-tion d'huile) est utilisé comme com-plément énergétique pour l'engrais-sement des bovins. Au total , encomptabilisant les feuilles de l'arbre,les sous-produits des fruits et lastrate herbacée poussant dans laforêt, la production fourragère glo-bale a été estimée à près de 300Unités Fourragères par hectare, cequi est remarquable compte-tenudes conditions climatiques de larégion. Mais là encore, une surex-ploitation (surpâturage) met en périlla pérennité de ce système agraire.

L'huile

L'huile extraite de l'amande est

non seulement comestible mais d'ungoût très agréable, tout à fait typiquede l'huile d'argan, et possède despropriétés diététiques très intéres-santes. Constituée à 80 % d'acidesgras insaturés, dont une bonne pro-portion d'acide linoléique, son inté-rêt vient également de la richesse desa fraction insaponifiable en agentsanti-oxydants, dont l'alpha-tocophé-rol (vitamine E).

Ces caractéristiques diététiques etorganoleptiques en font une huiletrès recherchée, vendue nettementplus cher que l'huile d'olive, en rai-son également de sa rareté et desheures de travail (féminin bien enten-du) nécessaires à son élaboration.En effet, la production est entière-ment manuelle, depuis le cassagedes noix, le grillage et le broyage desamandons, jusqu'au malaxage de lapâte pour en extraire l'huile.

Autres usages

Dans la pharmacopée tradition-nelle, l'huile d'argan et divers pro-duits de l'arganier ont été de toustemps utilisés pour leurs propriétésréelles ou supposées. De fait, plu-sieurs composés biochimiques tirésde la fraction insaponifiable de l'huile(tocophérols, stérols, etc.) ou de lapulpe des fruits (saponines...) pos-sèdent des propriétés biologiquesqui peuvent justifier leur utilisationen pharmacie ou en cosmétologie.Plusieurs compositions "à l'huiled 'argan" sont ainsi vendues enFrance, profitant de l'image exotiquedu produit, mais il ne semble pasjusqu'à présent que cela profitebeaucoup aux populations vivantdans l'arganeraie...

AgroforesterieL'arganier est le pivot d'un sys-

tème agraire traditionnel basé surl'exploitation de l'arbre, l'élevage etla céréaliculture.

L'équilibre entre ces trois pôles("l'arganier, la chèvre et l'orge")

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L'ARBRE DU MOISi

La symbiose mycorhizienne (plante-champignon) est très importante pour l'arganier.Les plants mycorhizés (M) ont à 8 mois un développement beaucoup plus importantque les plants témoins (T), même en présence de 50 ppm de phosphore.

varie selon les potentialités agrocli-matiques et les coutumes régionalesmais, qu'il s'agisse d'élevage caprinen forêt ou de culture d'orge sousarganiers, la part de l'arbre est tou-jours très importante, ne serait-cequ'à travers la production d'huilequi a été estimée à environ 40 % durevenu global.

Suite aux défrichements abusifsdu début du siècle, l'arganeraie relè-ve d'une législation spécifique ayantpour but de la protéger. Ains i ,depuis 1925, l'arganeraie a un statutde forêt domaniale, des droits dejouissance étendus étant en contre-partie accordés aux usagers. Cesderniers, s'ils ne peuvent couper lesarganiers, sont autorisés à utiliser lebois mort, faire paître leurs trou-peaux sous l'arbre, ramasser lesfruits, cult iver le sol, etc. Maisl'accroissement de la population etdu cheptel, comme l'apparition decultures intensives, font que la légis-lation n'est plus aujourd'hui adaptéeet que l'arganeraie régresse en surfa-ce et surtout en densité.

En moins d'un demi-siècle, ladensité moyenne de l'arganeraieserait passée de 100 arbres/ha à 30arbres/ha. En fait, on constate desdisparités considérables selon lesrégions. L'arganeraie de plaine est

très menacée par les cultures inten-sives (cultures sous serre, culturesirriguées) alors que l'arganeraie demontagne, dans l 'Anti-Atlas parexemple, est mieux traitée par lespopulations qui sont parfaitementconscientes du rôle vital joué parl'arganier. Cet arbre est non seule-ment indispensable pour protégerles sols et entretenir leur fertilité,mais il représente aussi une "garan-tie" contre les aléas climatiques :lorsque la récolte d'orge est nulle,les années sèches, l'arganier assuretoujours un minimum de revenus.

Mode de• • « _ i reproduction

En raison de la surexploitationde l'arganeraie, on n'observe prati-quement plus de régénération "natu-relle". Il n'y a que dans quelquesrares zones véritablement protégéesque l'on peut observer des plantuleset de jeunes arbres. En général,toutes les noix d'argan sont précieu-sement ramassées ; les graines quiauraient échappé à la récolte et quiauraient germé ne dépassent pas lestade plantule car elles sont rapide-ment broutées par les animaux. Lasurexploitation et le surpâturagesont également à l'origine de la quasi

disparition des touffes d'épineux quiautrefois protégeaient les régénéra-tions naturelles d'arganiers contreles animaux et l'insolation.

Rejets de souche

Le mode de régénération le plussimple et le plus efficace utilise lapropriété de l'arganier à rejetervigoureusement de souche aprèscoupe à blanc. Il faut 6 à 15 ans demise en défens pour que les rejetspuissent résister aux chèvres. Après10 ans, la production de fruits estéquivalente à celle de l'arbre adultesupprimé, qui était souvent dépéris-sant. Un dépressage effectué après15 à 20 ans réduit le nombre debrins, en ne gardant que les plusvigoureux. Toutefois, cette tech-nique conserve au mieux la densitéexistante et ne permet pas d'amélio-rer le patrimoine génétique ni deredisposer les arbres dans l'espace.

Semis directs

Les semis directs, qui ont étéautrefois beaucoup pratiqués, sem-blent aujourd'hui complètementabandonnés, en raison d'échecsrépétés. Pourtant, sous réserved'une bonne préparation du terrainet d'une bonne maîtrise des condi-tions initiales de croissance (protec-t ion contre les ravageurs,ombrages...) ces essais mériteraientd'être repris. Ils restent en effet envi-sageables pour reboiser de grandesétendues au meilleur coût et enmaintenant une diversité génétiquemaximale.

Pépinières

La production de plants en pépi-nière, à partir de semis de graines,est actuellement pratiquée à grandeéchelle : des milliers de plants sontproduits chaque année. Un simpleprétrempage des graines dans l'eaupendant trois ou quatre jours assureun pourcentage de germination élevéet l'élevage en pépinière durantquelques mois donne des plantulesde bonne qualité. Mais le problème

UFêaml>opMtn0 21-Mars 1992

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L'ARBRE DU MOIS

de la transplantation n'est pas enco-re résolu car les taux de survieobservés un an ou deux après repi-quage sont tout-à-fait insuffisants.L'origine de ces mauvais résultatsdoit être recherchée dans l'incompa-tibilité entre les techniques actuellesde production de plants, en mottesde 15 cm de côté, et la croissancefulgurante de la racine pivot. Lorsde la transplantation, la totalité de lapartie aérienne de la plantule esttransférée dans un milieu beaucoupplus sec, avec seulement un petitepartie (moins de 20%) de la partieracinaire, gravement mutilée.

Multiplication végétative

En raison de la grande variabilitégénétique de l'arganier et de sonmode de reproduction (essentielle-ment et peut-être même exclusive-ment allogame), la seule façon demultiplier les arbres intéressants estde les bouturer ou de les greffer.Malheureusement, ces techniquesn'ont encore jamais dépassé le stadedes essais préliminaires.

Quant à la micropropagation invitro, elle n'est opérationnelle quedepuis 1990, date à laquelle les pre-miers arganiers sont sortis de tube àl'INRA de Dijon. Réservée pour l'ins-tant à la production de plants généti-quement identiques pour l'expéri-mentation scientifique, cette tech-nique pourrait être utilisée, dansquelques années, pour produire engrand nombre des arbres sélection-nés sur leurs potentialités géné-tiques. Elle vient tout récemmentd'être utilisée pour mettre en éviden-ce le rôle des mycorhizes dans lacroissance des jeunes plants d'arga-nier. La mycorhization contrôlée,par les souches les plus perfor-mantes dans les conditions pédocli-matiques rencontrées, devrait per-mettre d'améliorer la résistance desplants d'arganier et de stimuler leurcroissance dans des milieux habi-tuellement pauvres.

? 21-Mars 1992

ConclusionL'arganier est un arbre parfaite-

ment adapté aux zones climatiquessemi-arides et arides à influenceocéanique. Cet arbre multi-usagesprésente un intérêt économiquedirect (fournissant huile, feuillagefourrager, bois) et indirect par lesproductions agricoles qu'il permet etfavorise même sous son ombrage(herbe, céréales). Dans le Sud maro-cain, il joue un rôle irremplaçabledans la protection des sols contrel'érosion hydrique et éolienne et iln'est pas exagéré de dire que dansmaints endroits il constitue le dernierrempart contre la désertification. Ilconvient donc non seulement deconserver l'arganier là où il subsiste,voire le développer en optimisant lessystèmes agraires correspondants,mais également de réhabiliter leszones dégradées en pratiquant desreboisements et des aménagementsadaptés. De tels objectifs supposentune bonne connaissance de l'arbreet de son mi l ieu , physique ethumain. Or nos connaissances sontencore très insuffisantes et des tra-vaux doivent être entrepris d'urgen-ce si l 'on veut être en mesured' intervenir efficacement. A cetégard, l'arganeraie constitue unmodèle intéressant pourl'Observatoire du Sahara et du Sahelet cet organisme soutient les pro-grammes de recherches finaliséesqui se mettent en place dans le cadrede la coopération internationale.

Alors, espèce en voie de dispa-rition ou espèce d'avenir ? Lesscientifiques sont très optimistes :outre le fait que ses perspectivesd'avenir dépassent largement l'aireactuelle, ainsi qu'en témoignent lesessais menés dans différents paysintéressés, l'arganier possède descaractéristiques biologiques remar-quables et des potentialités (notam-ment au plan génétique) pratique-ment inexplorées. A côté de l'arga-nier essence forestière pourraitrapidement apparaître l'arganierarbre fruitier oléagineux... En tous

cas, "planter des arbres qui rappor-tent" est certainement la meilleurefaçon de lutter contre la désertifica-tion car, dans des régions sèches etdensément peuplées, les préoccupa-tions économiques ne peuvent êtredissociées des préoccupations éco-logiques.

R. NOUAI M (Faculté desSciences : BP 28/S, Agadir

Maroc)

& R. CHAUSSODI.N.R.A.: 17 rue Sully BV 1540

21034, DijonFrance

Page 9: SOMMAIRE - silva-riat.org

L'ARBRE AU CENTRE DE LA VIEDE FARA-POURA

(BURKINA-FASO)

Cet article présente

les résultats d'une

enquête réalisée par

l'Institut de

Recherche en

Biologie Tropicale

(IRBET) sur les

besoins et

utilisations des

produits ligneux dans

la région de

Fara-Poura au

Burkina-Faso.

a zone étudiée,située le long duMouhoun (ex-

Volta Noire), est un ter-ritoire d'environ 25000 ha, peuplé par 20000 habitants répartisdans 18 villages et 2 gros bourgs.

Les Gourounsi (Nouni,Noumouna, Kassena), Djan et

Grenier à mil de KOUDOUGOU. Photo : Denis DEPOMMIER (CTFT)

Bwaba habitent depuis longtempscette région. Ils furent rejointsrécemment par de nombreux

migrants d'origine Mossi qui coloni-sèrent rapidement les terres restéesvierges.

La population de 10 000 habi-tants en 1975, atteint maintenant 20000 personnes, dont 62% d'origineMossi alors qu'i ls n'étaient que32% en 1975. L'importance decette migration modifie le paysagerural et urbain et son action sur lavégétation arbustive et herbacée estconsidérable.

Le climat est du type nord-sou-danien à une saison des pluies, lapluviométrie est voisine de 950 mmcentrée autour des mois de juin àseptembre.

Ce Ftamèopunt n° 21-Mars 1992

Page 10: SOMMAIRE - silva-riat.org

FORET i

Cueillette des fruits du raisinier. Photo : Denis DEPOMMIER (CTFT)

L'arbre et son•^_ utilisation

L'énumération des utilisationsde l'arbre montre le rôle essentielqu'il tient dans la vie des habitantsde la région.

•L'arbre combustible

Le bois de feu servant à la pré-paration culinaire ainsi qu'à la fabri-cation du "Dolo" (bière de mil) estutilisé par 90% des ménages. Laconsommation de bois est estimée à2,5 kg par personne et par jour.

Par ordre d'importance, les dixessences les plus utilisées sont :Butyrospermum paradoxum ouKarité, Pterocarpus erinaceus ouVène, Detarium microcarpum,Anogeissus leiocarpus, Burkea afri-

U Ffamlopant «c'21'-Mars1992

cana, Acacia polyacantha, Lanneamicrocarpa, Mitragyna inermis,Parkia biglobosa et Terminalia laxiflo-ra. On assiste à un écrémage avecsélection destructive des meilleuresessences.

L'arbre, bois deservice et deconstruction

Le bois est recherché parl'ensemble de la population principa-lement pour la construction deshabitations, greniers et hangars. Leshabitants recherchent un bois dur etrésistant soit sous forme de perchesdroites et de bonne forme pour lacharpente, soit des fourches courteset solides pour soutenir toitures,greniers et hangars. La sélection desessences intéressantes est rigoureu-

se et concerne principalement :Pterocarpus erinaceus, Burkea afri-cana, Anogeissus leiocarpus,Butyrospermum paradoxum,Terminalia laxiflora et Diospyrosmespiliformis.

L'arbre clôture

Les enclos, les parcs à bétailsont construits avec des branchagesépineux dans le nord du Burkina ;nous n'avons pas ou peu rencontrécette utilisation dans la région deFara-Poura.

Les arbres servant à fabriquerdes piquets de clôture sont : lePterocarpus erinaceus, Terminalialaxiflora, Diospyros mespiliformis,Anogeissus leiocarpus ou Acacia sp.(Acacia nilotica, Acacia polyacanthaet Balanites aegyptiaca).

Page 11: SOMMAIRE - silva-riat.org

FORET [

L'arbre matériau et— d'artisanat

Le bois est utilisé par les arti-sans pour fabriquer les nombreuxobjets de la vie domestique : pilon,mortier, manches... ainsi que lemobilier usuel des maisons rurales.

Les mortiers et les pilons, indis-pensables pour préparer la farine demil (aliment essentiel des burkina-bés), sont réalisés à part ir deButyrospermum paradoxum, Acaciapolyacantha ssp. campylacantha,Khaya senegalensis et duPterocarpus erinaceus.

Les ustensiles de cuisine etmanches divers sont confectionnésavec les essences locales à partir debois tel que : l'Acacia polyacanthassp. campylacantha, Pterocarpuserinaceus, karité, Diospyros mespili-formis, Bombax costatum etBalanites aegyptiaca. Il faut remar-quer l 'u t i l isat ion de bois dur(Pterocarpus erinaceus) et de boistendre (Bombax costatum) pour cesustensiles bien particuliers.

Les sièges (chaises, fauteuils,bancs, tabourets) installés devantles maisons, sous les arbres et danstous les lieux de réunion, sont desobjets indispensables à la vie socialeet communautaire. Ils sont fabriquésavec Mitragyna inermis, Bombaxcostatum, Pterocarpus erinaceus,Butyrospermum paradoxum etBurkea africana. Les lits, tables etportes utilisent les bois suivants :Bombax costatum ou Kapokier,Mitragyna inermis, Pterocarpus eri-naceus et Lannea microcarpa.

— L'arbre fourrageLe cheptel de la zone est estimé

à 3 000 bov ins, 850 ovins etcaprins et 250 asins. L'élevageextensif représente 23% du revenumonétaire de la famille ! Les éle-veurs disposent pour leurs trou-peaux de quantités importantes de

fourrages herbacés. L'apport desarbres fourragers ne revêt donc pasla même importance que dans leszones sahéliennes et les réponsesobtenues auprès des personnesenquêtées ne sont pas nombreuses.

Les arbres préférés par le bétailsont le Faidherbia albida pour sesgousses, Pterocarpus erinaceus,Ficus gnaphalocarpus, Afzelia africa-na pour leurs feuilles.

L'arbre alimentL'inventaire du savoir paysan

concernant les ressources alimen-taires pourrait faire l'objet d'un tra-vail à lui seul, aussi n'apporteronsnous qu'une modeste contributionrésultant des réponses obtenueslors de notre enquête.

Les feui l les, f leurs, fruits etgraines, apportent à l'ensemble deshabitants un complément qualitatif etquantitatif important.

Les feuilles de Adansonia digita-ta ou Baobab, de Crateva reliogosa,du Balanites aegyptiaca et duBombax costatum sont indispen-sables pour préparer les saucesaccompagnant la "boule de mil".

Les fleurs de Kapokier qui appa-raissent aux mois de décembre et dejanvier sont séchées pour la prépa-rat ion de sauces gluantes, trèsappréciées.

Les fruits sont ramassés surquatre essences principalement : leKarité, Lannea microcarpa ouRaisinier, Parkia biglobosa ou Néréet sur une simple liane, le Saba sene-galensis. Ces fruits sont cueillis etparfois vendus dès leur maturité,d'avr i l à la f in de la saison despluies, comme pour le Saba.

Les graines, récoltées à pleinematurité, sont représentées par 2espèces : le Karité, mûr en mai-juin,dont les amandes sont transformées

en "beurre de karité", et le Nérédont la longue gousse d'environ20 cm est préparée pour le célèbre"Soumbala".

Nous n'avons ci té que lesessences principales dans ce para-graphe, mais l'ensemble des pro-duits alimentaires utilisés dans larégion ou des régions très prochespeuvent être trouvés dans lesouvrages cités en bibliographie.

- L'arbre médecineLe savoir concernant la pharma-

copée est immense, l'ethnie Mossisemble avoir l 'apannage desconnaissances dans les vil lagesruraux. Les "citadins" ne semblentpas connaître avec précision lesusages médicinaux des ligneux.

Les parties les plus utiliséessont les feuilles, les écorces, puis lesracines ; plus de 50 essences sontcitées.

Les feuilles de Guiera senegalen-sis, des essences exotiques(Azadirachta indica, Eucalyptus sp.),et fruitières (agrumes) sont appré-ciées pour soigner le paludisme etles maux de ventre.

Les écorces de Parkia biglobosaet du Faidherbia albida ont desusages médicaux divers : diarrhée,coqueluche, état de fatigue...

Les racines de Cassia sieberianaet du Terminalia laxiflora ou T.macroptera ont des actions efficacescontre la diarrhée, la toux... La phar-macopée util ise largement lesligneux, mais les "Tradipraticiens"jaloux de leur savoir, ne veulent pasdévoiler toutes leurs connaissancessi ce n'est à un certain nombre"d'initiés".

_ L'arbre ombrageQui n'a pas remarqué "l'arbre à

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palabres" trônant dans tous les vil-lages soudano-sahéliens ? Lors desgrandes chaleurs de la saison, quin'a pas souhaité la fraîcheur d'untamarinier ou d'un Ficus ?

L'ensemble de la population dela région de Fara-Poura apprécie laprésence des dif férents arbresombrageant les villages, champs etmaisons...

Les arbres cités ont égalementdes utilisations alimentaires ou desports majestueux tel que le Khayasenegalensis, les Ficus gnaphalocar-pa, F. capensis,...

Il ne faut pas oublier les arbresintroduits tel que le Neem(Azadirachta indica) et le Manguier,qui commencent à supplanter (peut-être à tort) les espèces locales si bienadaptées aux climats difficiles.

wua—^^mmmm L ' a r b r e a u xutilisations diverses

Les usages les plus courantsdes ligneux ne doivent pas faireoublier les usages divers :

• la fabrication des arcs et flèchesindispensables pour la chasse etpour se défendre, est faite avec leZiziphus mauritania, Grewia mollis etles divers Piliostigma ;• la colle servant à de nombreuxusages provient du Cordia mixa, etd'une liane très utilisée autrefoispour son caoutchouc le Landolphiasenegalensis ;• les cordages servant à fixer char-pente, hangars, lits, paniers... sontfournis par le Piliostigma reticulata,Cordia mixa, et dans une moindremesure par le Baobab {Adansoniadigitata) ;• les masques et objets culturelssymboles de la pérennité desdiverses sociétés rurales serontfabriqués avec le Khaya senegalen-

Enfant vendant les fruits d'une liane (Sabasenegalensis).Photo; Denis DEPOMMIER

sis et le Bombax costatum ;• les teintures et couleurs servant àdécorer les pagnes sont extraits desfeuilles ou écorces des essences sui-vantes : YAnogeissus leiocarpus, leTerminalia laxiflora. Les goussesd'Acacia nilotica sont indispensablespour le tannage des peaux ;• la potasse, résidus des cendres, lesavon et les produits cosmétiquessont tirés du Cordia mixa, du Karitéet du Vène, ainsi que de nom-breuses autres essences (Parkiabiglobosa, Balanites aegyptiaca) ;• le poison si familier aux sorciers,et souvent utilisé pour la pêche et lachasse n'est pas (peut-être avec rai-son) cité fréquemment, mais rele-vons quand même les noms duBalanites aegyptiaca (fruits), duGrewia mollis et du Lannea microcar-pa.

Nous n'avons cité qu'un certainnombre d'aspects insol i tes desligneux, mais il en existe biend'autres (brosse à dents...)

L'arbreaméliorateur descultures - arbre àusages multiples

Les arbres ont un rôle à jouer dansla protection, ainsi que dans l'amélio-ration et la régénération de ceux-ci.Les différentes espèces citées lors del'enquête ont-elles une action favo-rable ou défavorable sur les cultures? La question posée, mal comprise,ne permet pas de tirer des conclu-sions mais donne un aperçu du rôlejoué par l'arbre dans les champs.

L'aspect "positif" de la présencede l'arbre est affirmé par l'ensembledes réponses obtenues, il n'est pasfait cas d'amélioration du rendementdes cultures grâce à la présence del'arbre malgré l'idée énoncée dans laquestion, mais plutôt de l'intérêtporté aux usages mult ip les desarbres.

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FORET"

Le Karité, arbre indispensablede la région vient largement en têtedes réponses positives, suivi par leParkia biglobosa, le Lannea micro-carpa ; trois essences aux utilisa-tions multiples sont très appréciées.On trouvera ensuite le Faidherbiaalbida et le Tamarindus indica. Maisl'effet positif du Faidherbia sur lescultures n'est pas nettement recon-nu par les paysans du Fara-Poura.

Notons que si l'arbre peut per-mettre d'améliorer l'alimentation desgens, il peut aussi concurrencer lescultures. Dans un proverbe, lesMossi donnent la parole au Néré :"Je ne peux pas donner à l'hommemes graines pour assaisonner sessauces et aussi permettre à ses cul-tures de produire sous mon cou-vert" .

Le problème de l'influence desarbres sur les cultures doit êtreplacé plutôt sous l'aspect "arbresmulti-usages" que "arbre maintien etamélioration des cultures".

_^^,,,,,.,.,,,. Sources decueillette vendable

La population de Fara-Poura estconstituée de 2 entités distinctes :les villages ruraux au nombre de 18,avec des revenus monétairesmodestes, et les 2 villes de Fara-Poura, commerciales et industrielles.

La proximité de l'axe importantOuagadougou-Bobo-Dioulasso estégalement un facteur possible devente de produits de cueillette. Lebois de feu, la vente d'outi ls, lavente d'écorces, représentent desressources mineures et n'a pas oupeu d' inf luence sur les revenusmonétaires des ménages.

Le "Dolo" est fabriqué par ungrand nombre de ménages, dans 8villages et dans les 2 villes. Les reve-nus procurés par cette activité n'ontpu être quantifiés. Le "Dolo" n'est

pas stricto sensu une ressource decueillette, mais la préparation de labière de mil est faite à partir de boisdont elle est grande consommatrice.

Les feuilles, fleurs, fruits, grainesrécoltées sur les ligneux apportentun revenu complémentaire de 30%à l'ensemble des ménages et nousciterons les essences dont les pro-duits sont les plus commercialisés.

Le Néré dont on t ire le"Soumbala" (la sauce préparée avecle fruit du Néré) et le Karité dont lesfruits et noix sont particulièrementrémunérateurs.

Le Saba senegalensis, Lanneamicrocarpa et le Crateva reliogosaparticipent également à l'améliorationdes condi t ions des ménages ;d'autres produits, vendus plus rare-ment, ont également leur importance.

Bien gérer le parcpour répondre aux

besoins de ses

II est illusoire de protéger l'envi-ronnement de la région de Fara-Poura sans y intégrer l'ensemble dela population agricole, minière etcommerçante. La disparition ou lararéfaction des arbres utiles entraîneune dégradation des conditions devie. Les vitamines, condiments etautres produits ne peuvent pas tou-jours être remplacés par des "pro-duits importés", qui sont plus coû-teux et ne correspondent pas auxhabitudes alimentaires locales.

L'action en faveur de l'arbredoit prendre en compte ses diversesfonctions et utilisations et combinerétroitement avec le développementde l'agriculture et de l'élevage. Il fautaccorder une importance accrue auxfemmes, plus concernées et ayantun rôle éducatif auprès des enfants.

Le parc arboré de Fara-Pourarépond à des besoins précis de lapopulation, l'adoption de techniquesagricoles "modernes" n'implique pasla disparition du paysage arborémais plutôt l'adaptation des besoinsaux ressources existantes et enconséquence à une gestion ration-nelle de l'espace rural.

Yves NOUVELLETIRBET/CTFT

01 BP 1759 Ouaga 01Burkina-Faso

BIBLIOGRAPHIE

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TIQUER P. B.: Les arbres de labrousse au Burkina-Faso 1985,CESAO, Col lect ion Appui dumonde rural, 95 p.

ùt, Ft<U

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FORETi

Un poivron rougeMettez lui des ailesUne libellule.Bashô (1644-1694)

L'EMERGENCE DES MARCHESINTÉRIEURS DE BOIS D'ŒUVRE

EN AFRIQUE

es produits forestiers issusdes forêts denses humidesafricaines, le béotien que

j'étais et que je reste en grande par-tie, n'avait qu'une vision simpliste,une image d'Epinal : des arbresgigantesques que l'on repérait de loinet que l'on abattait après moultespéripéties. Le travail du bûcheronterminé, on ne conservait qu'unepartie du tronc, la grume, que l'onextrayait de la forêt jusqu'à la pisteou le fleuve le plus proche, duquelselle était acheminée vers un portcôtier(1)... Direction Europe.

Cette image en archétype'2) de laproduction forestière est restée vraiejusqu'au début des années 60, soitpresque un siècle pour des payscomme le Nigeria ou la Côte d'Ivoire,où l'exploitation le long des fleuvesdes bois précieux comme l'acajou oule niangon a démarré très tôt.

La décolonisation a permis dansbien des cas, grâce à des capitauxétrangers, à un embryon de tissuindustriel de se constituer (au moinsdans les pays dont le marché inté-rieur ne cessait de croître comme laCôte d'Ivoire ou le Nigeria). Lesgrumes n'étaient plus seulementexportées vers les usines euro-péennes de transformation, mais ontcommencé aussi à être sciées surplace, voire déroulées (principale-ment au Gabon dans un premiertemps, puis en Côte d'Ivoire) et par-fois même tranchées.

Aujourd'hui ces industries sesont développées dans certains paystels la Côte d'Ivoire, le Nigeria, leGhana et sont par contre restéesembryonnaires au Libéria et dans lespays d'Afrique Centrale.

U FlamiopautH021-Mars 1992

L'évolution comparée des consommations et desexportations de bois d'oeuvre en AfriqueVolume de bois d'œuvre en milliers de m3 EBR*

23000 -

21000

19000

17000

1 500C)

Lj Exportation de panneaux

19 Exportation de sciages

H Exportation de grumes

H Consommation de panneaux

ES Consommation de sciages

77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87

Source : FAO Yearbook, 1988. Moyenne flottante sur trois ans.équivalent Bois Rond.

Parallèlement à ce mouvement d'industrialisation de la filière boisd'œuvre africaine, nous assistons depuis le début des années 60 à un phé-nomène qui est tout aussi important -si ce n'est plus important d'un pointde vue structurel-, je veux parler de l'émergence des marchés intérieurs debois d'œuvre.

D'un point de vue strictement économique, la présence d'un marchélocal ou régional offrant des débouchés à des produits qui n'ont pas la qua-lité suffisante pour être exportés (la valeur ajoutée est trop faible pour sup-porter le coût du fret maritime) est une condition nécessaire à la compétitivi-té internationale d'une filière. De plus, l'existence d'un marché régional suffi-samment vaste permet aux entreprises industrielles d'atteindre des taillesqui leur permettent de réaliser des économies d'échelle et donc de diminuerle coût moyen du produit.

A la vue du graphique, la croissance des marchés intérieurs de boisd'œuvre en Afrique (le produit principal étant le sciage) est très significativede 1979 à 1982, après quoi nous observons une relative stagnation dumarché, conséquence probable du déséquilibre des balances commercialesaprès l'effondrement du prix des matières premières.

L'émergence constatée des marchés intérieurs du bois d'œuvre neconsiste pas seulement en un transfert des produits de la récolte, del'exportation vers la consommation sur place, mais modifie considérable-ment la nature même du commerce de ce produit. Les voies d'achemine-

(2) Archétype : Type primitif idéal, original qui sert de modèle.

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FORET

Usine de déroulage de Samba au Cameroun. Photo : B. PARANT (CTFT)

ment des produits sont différentes, il ne s'agit plus deconvoyer les grumes ou les sciages vers le port mais deles faire parvenir aux principaux centres de consomma-tion, à savoir les villes. Il faut de plus mettre en placedans les centres urbains des circuits de distribution etde commercialisation des produits forestiers. Il n'estpour l'instant pas question d'une vente de produitsstandardisés par des chaînes de magasins spécialisées,mais plutôt de satisfaire au moyen de sciages de diffé-rentes dimensions ou même de panneaux à la demandeversatile des consommateurs.

Il existe cependant dans les villes deux circuits decommercialisation du bois : le circuit formel ou long,dans lequel un grossiste achète du bois à des scieriesindustrielles, le stocke en quantité relativement importan-te et répond à des demandes programmées émanant degros projets d'urbanisation ; le circuit court comprendune multitude de petits vendeurs qui se regroupentdans des marchés à bois, se fournissent auprès descieurs artisanaux, ont peu de stocks car peu de liquidi-tés et vendent au particulier ou au petit commerçant desproduits de faible qualité mais à des prix nettement infé-rieurs (50%) à ceux du secteur formel. L'existence dedeux filières d'approvisionnement est la source d'unedialectique, puisque les scieurs industriels n'arrivent pas

à augmenter leur compétitivité sur le marché internatio-nal en raison notamment d'un rendement matière troppeu élevé (< à 50%), rendement matière qui pourraitêtre plus élevé si il leur était possible de pénétrer le mar-ché local sur lequel ils ne sont pas compétitifs vis-à-visdes scieurs artisanaux.

Il existe ainsi deux marchés du bois d'œuvre, large-ment interdépendants, l'un formel ou industriel et l'autreinformel ou artisanal. Malgré tout l'intérêt d'une analysequi mêle les deux filières, nous nous restreindrons àune analyse du marché industriel des sciages, seule filiè-re pour laquelle nous disposions de statistiques. Il yaurait pourtant beaucoup à dire sur le rôle de relais dusecteur informel, sur sa flexibilité qui pallie la rigidité descircuits conventionnels, d'autant plus grippés que leséconomies sont en grandes difficultés.

Compte tenu de ce qui précède, l'objet de cet articleest de distinguer de façon grossière les grands centresde consommation africains en comparant les niveauxindividuels et globaux de la consommation de sciages,de donner une première liste des déterminants socio-économiques de cette consommation, puis d'envisagerquelques uns des paramètres qui peuvent influer sur ledevenir de ces marchés.

U Ftamiopant K°21 - Mars 1992

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iFORETi

La consommation nationale de sciages en 1989

Discrétisation selon les moyennes

Moyenne = 28 3042 m3

Ecart-type = 584 583 m3

Minimum = 1 000 m3

Maximum = 2 711 000 m3

De 1 à 3 millions de m3

De 300 000 m3 à 1 million de m3

De 50 000 à 300 000 m3

De 1 000 à 50 000 m3

Pas de statistiques

Après ces trois géants africains etdans des proportions moindres, onobserve un second groupe de pays quisont, d'un côté les pays producteursd'Afrique occidentale et de l'autre côtéles pays du Maghreb. Ils ont en commund'être relativement peuplés mais commedifférence, pour les premiers, de possé-der une ressource forestière importante,pour les seconds d'importer la quasi-totalité de leur consommation.

Le troisième groupe de pays, faible-ment consommateur, se compose depays divers : de l'Afrique du Nord àl 'Afr ique de l'Est, de la Libye auBotswana en passant par le Zaïre, ilsforment un ruban qui relie les troisgrands centres de consommation.

Source : Forêts, statistiques aujourd'hui pour demain. 1961-1989...2110. Bois etproduits du bois, FAO,1991.

La comparaison desconsommations de

i sciages

L'Afrique n'est pas un continentuniforme, loin s'en faut ; pourtant àl'heure ou certains affirment sa miseà l'écart progressive des grandsenjeux de l'économie internationale,une analyse géographique de laconsommation de bois s'impose, neserait-ce que pour localiser (pour lemarché du bois) les différents pôlesde développement régional quipourraient servir de pivot à la réin-sertion de l'Afrique dans le commer-ce international.

La vision de cette carte noussuggère qu' i l existe trois grandscentres africains de consommationdu sciage, l'Egypte, le Nigeria etl'Afrique du Sud. Ces pays consom-ment chaque année à eux trois, plusde 6 millions de m3 de sciages soitl'équivalent de la consommationannuelle de pays comme l'Indonésieou encore l'Australie, mais trois foismoins que le Brésil. Ils sont d'oreset déjà le moteur de la consomma-tion de sciages en Afrique.

2T- /ffiuv 1992

Le quatrième groupe, enf in, estcomposé des pays des zones arides,

que ce soit dans l'hémisphère sud ou l'hémisphère nord, ainsi quel'Ouganda, le Burundi et le Rwanda, pays très ruraux et peu développés.

La variable consommation globale nous indique que l'Afrique est uncontinent disparate du point de vue de la consommation nationale de boisd'œuvre. Disparate, certes, mais avec un marché du bois d'œuvre et doncdes flux financiers et de matières qui s'articulent très nettement autour destrois puissances régionales. La consommation globale, qui dépend en gran-de partie de la taille de la population, n'est cependant pas la seule variablepertinente pour décrire la'consommation de bois d'œuvre. C'est pourquoi,nous nous proposons d'examiner la consommation individuelle par habi-tant.

La consommation de sciages par habitant en 1989

Discrétisation selon les seuils

Moyenne = 23.83 m3

Ecart-type = 33.58 m3

Minimum = 1 m3

Maximum = 155 m3

De 70 à 155 m3

De 25 à 70 m3

De 5 à 25 m3

D e l à 5 m 3

Pas de statistiques

Source : Forêts, statistiques aujourd'hui pour demain. 1961-1989...2110. Bois etproduits du bois, FAO,1991.

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FORET

Scieurs de long en Gambie travaillant un caïlcedrat (Khaya senegalensis).Photo : F. ISNARD

Le taux de consommation de sciages permet de mettre enévidence d'autres regroupements que ceux issus de la consom-mation globale, notamment l'existence d'un groupe de trois paystrès fortement consommateurs, le Libéria, La Guinée Equatoriale,le Gabon, lesquels ont en commun une faible densité de popula-tion et une abondance de ressources forestières.

Ensuite, dans le second groupe de pays, on retrouve la tota-lité des pays fortement et moyennement consommateurs defaçon globale, à l'exception du Maroc. La valeur de 25 m3 pourmille habitants semble donc être un seuil en dessous duquel iln'est pas possible d'asseoir une consommation de masse signifi-cative.

Les déterminantssocio-économiques

de la consommationLe bois d'œuvre ne fait pas partie des pro-

duits de consommation courante comme lanourriture ou l'habillement, vers lesquels seporte la préférence du consommateur à trèsfaible pouvoir d'achat. Il est essentiellementutilisé dans le secteur du Bâtiment et desTravaux Publics et dans celui de l'ameuble-ment. L'entité concernée par la consommationest donc principalement l'habitation quelle soitcollective ou individuelle. Dans une moindremesure, on notera l 'u t i l isat ion du boisd'œuvre pour la réalisation d'ouvrages d'artcomme les ponts ou de moyens de transportcomme les chemins de fer et les trains, les pla-teformes de camions ou encore les coques debateaux. Dans la quasi-totalité de ses utilisa-tions, on peut substituer au bois d'œuvred'autres matériaux, dont le ciment, le métal ouencore le plastique. La consommation desciages n'est donc ni vitale, ni indispensabledans quelque domaine que ce soit. Elle estseulement effective quand le produit de substi-tution est plus cher (sauf si pour des ques-tions de mode ou de coutume, les utilisateurssont prêts à supporter un surcoût pourconsommer des produits importés).

En regard de ce qui précède, il est évidentque la seule présence d'une ressource fores-tière accessible ne suffit pas à promouvoirl'utilisation du bois d'œuvre. D'autres facteurssont en jeu.

Les déterminants socio-économiques de laconsommation de sciages en Afrique sont mul-tiples mais peu probants, car les seuls dontnous disposions sont ceux en vigueur dans lemonde occidental et relèvent d'une ignoranceethnocentrique qui ne peut permettre d'appré-cier les vraies richesses du continent. Il est eneffet délicat de parler de PNB quand la majeurepartie des échanges commerciaux ne transitepas par des circuits officiels, ou de populationquand les recensements sont vieux de 20 ans.

Cependant, et dans un premier temps, ilest possible de supposer que la consomma-tion globale est très dépendante de l'urbanisa-tion (au sens occidental du terme), du revenupar habitant, de l'importance de la population,et, dans une moindre mesure, de la richessede la ressource forestière.

U FiamlopantK021-Mars 1992

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FORET '

L'urbanisation

A partir du moment ou le boisd'œuvre est utilisé dans le bâtiment(coffrage, ossature bois, charpente,menuiserie) et pour l'ameublement, ilest évident que la consommationindividuel le et globale va êtred'autant plus importante qu'il existedes lieux à forte concentration depopulation et d'activités écono-miques : les villes dont la croissanceaharchique et tentaculaire est l'évé-nement marquant de cette fin desiècle. En 2007, sur les 25 plusgrandes villes mondiales de plus de10 millions d'âmes, 20 se situerontdans le sud. Lagos, la capitale duNigeria, ainsi que le Caire, en fontd'ores et déjà partie. Si aujourd'huile continent africain est une desrégions les moins urbanisées dumonde, chaque année le nombre decitadins africains croît de 10 %. Aucours des trente dernières années,Abidjan s'est accrue au rythmeextraordinaire de 11 % par an, cequi signifie que sa population a dou-blé tous les sept ans. En l'an 2 000,la population urbaine de l'Afriquesera dix fois supérieure à ce qu'elleétait en 1950.

Tous ces chiffres militent doncpour une corrélation étroite entre lemode de vie urbain et la consomma-tion industrielle de sciages, puisquec'est précisément dans les pays oùles mégalopoles de demain sont entrain de se former que la consomma-tion globale est la plus importante.

Le revenu par habitant

La contribution du revenu parhabitant à la consommation de boisest beaucoup moins évidente. D'unepart, la pertinence de cet indicateurest fortement contestée par les éco-nomistes du développement, d'autrepart les revenus sont trop inégauxpour que la moyenne ait une fortesignification. Cependant, et commepour tout bien de consommation, laconsommation indirecte de boisd'œuvre par les ménages est

U Fkml>og,OLitt f 21 - ftlarg1992

contrainte par l'étendue de leur pou-voir d'achat. Or ce pouvoir d'achat,s'il a pu augmenter rapidement dansles années 70 pour certains paysdont on a commencé à exploiter lepétrole (le Nigeria par exemple, ou leGabon), stagne sous la pression dela croissance démographique. Il fau-drait selon les experts, une croissan-ce du PNB de l'ordre de 4 à 5%pendant des années pour que lerevenu par habitant s'accroîsse defaçon soutenable ; or la plupart deséconomies stagnent. Bon an, mal an,les meilleurs atteignent péniblementles 2 %. La consommation indivi-duelle de bois d'œuvre aura doncbien du mal à s'accroître dans lesprochaines années et les disparitésobservées entre les pays risquentde perdurer.

La démographie

Si le revenu par habitant condi-tionne quelque peu le niveau de laconsommation individuelle du boisd'œuvre, la croissance démogra-phique agit quand à elle sur la crois-sance de la consommation globale.Or en 1960, le taux annueld'accroissement démographiqueétait de l'ordre de 2,5 % en Asie, de2,6 % en Afr ique et de 3% enAmérique Latine. Il est aujourd'huide 2,1 % en Asie, de 2,5 % enAmérique Latine et de 3 % enAfrique. Si le rythme se maintient,la population africaine doubleratous les 22 ans ! Si le revenu parhabitant se maintient, la consomma-tion globale de bois d'œuvre pour-rait en faire autant, de 11 millions dem3 à 22 millions de m3. En réalité,pas tout-à-fait, car il existe certaine-ment des sources d 'économiesd'échelle qui se mettront en place etla possibilité d'utiliser des matériauxde substitution.

La ressource forestière

Enfin, la présence dans le paysou dans la région de ressourcesforestières exploitables, accessibleset renouvelables condit ionne la

consommation de bois d'œuvre et lamise en place d'un marché intérieur.Il ne faut pas, en raison de l'exempleégyptien qui ne possède pour ainsidire pas de ressource forestière,négliger l ' importance de cettevariable qui amène des pays peupeuplés à consommer de façonsignif icat ive (Gabon, GuinéeEquatoriale ou encore Libéria).Pourtant l'exemple de l'Egypte prou-ve que la présence d'une ressourceforestière peu abondante n'est pasune condition nécessaire à l'émer-gence d'un vaste marché intérieur. Al'inverse, la présence d'un ressour-ce forestière abondante n'est pasune condit ion suffisante. Il n'estpour s'en persuader que de regar-der ce qui se passe au Zaïre, qui,disposant de la plus vaste ressource(très enclavée, certes) forestière afri-caine, affiche une consommationindividuelle et globale parmi les plusfaibles du continent (c'est du moinsce qui ressort des statistiques dispo-nibles !). .

En conclusion, il semble defaçon très empirique que la ressour-ce forestière et le revenu par habi-tant favorisent, dans une certainemesure, une forte consommationindividuelle, alors que la croissancedémographique et l 'urbanisationfavorisent une forte consommationglobale. Par rapport à ce qui a été ditdans ce qui précède, il est vraisem-blable qu'à moyen terme, seule laconsommation globale augmentera,mais de façon significative.

y. C. CARRETChargé d'étude du

Ministère de la CoopérationCentre d'Economie desRessources Naturelles

60 Bld Saint Michel75272 Paris Cedex 06

(1) La meilleure synthèse aujourd'hui dispo-nible sur les différents itinéraires empruntéspar les grumes est celle réalisée par J. ESTE-VEpour Bois et Forêt des Tropiques 208 et209 1985.

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VERS UNE INTEGRATION DE LAFAUNE SAUVAGE AUX POLITIQUES

DE DÉVELOPPEMENTLa stratégie du Ministère de la coopération et du développement

Un peu d'histoire oula gestation d'une

— ••• s tratég ie

Désireux de s'investir davanta-ge dans le secteur faune sauvage, leMinistère de la Coopération et duDéveloppement commandait courant89, une étude destinée à dresser unbilan diagnostic des actions entre-prises par la France dans ce domai-ne, au cours de la décennie 80-90.Cette étude, dirigée par P. CHAR-DONNET de l'Institut d'Elevage etde Médecine Vétérinaire des Paystropicaux (CIRAD - IEMVT) et réali-sée en collaboration avec des assis-tants techniques et des experts exté-rieurs au ministère, devait permettre,outre une rétrospective des acquis,l'élaboration d'une proposition destratégie en matière de faune sauva-ge africaine.

La réorganisation concomitantede la Sous-direction du Dévelop-pement Rural en deux départements"Politiques et Produits" et "Gestiondes ressources naturelles et En-vironnement", favorisant l'intégra-tion du secteur faune sauvage auxactions du Ministère, accentuait lanécessité de définir rapidement unestratégie à cet égard.

La réflexion menée à partir del'étude de P. CHARDONNET s'estachevée par la tenue d'un séminaireà l 'Ecole des gardes-chasse duBouchet (Loiret) du 2 au 5 sep-tembre 9 1 . Ce séminaire, qui nepouvait hélas, réunir toutes les per-sonnes-ressource en matière de

faune sauvage, regroupait néan-moins 17 personnes, d'horizonsdivers, ayant une bonne expertisedans ce domaine et pouvant donccontribuer efficacement à la défini-tion d'une stratégie.

Au cours des trois jours de tra-vaux, les participants ont dressé uncertain nombre de constats, propo-sé une stratégie et poussé un crid'alarme à l'intention des décideurs(voir, en fin d'article, l'encadré "Ladéclaration du Bouchet").

Des constatsalarmants

, car réalistesLa faune sauvage et ses habitats

ont toujours joué un rôle essentieldans la vie quotidienne des popula-tions africaines, aussi bien en milieuurbain que rural, tant au plan alimen-taire que socio-culturel. On estimeque dans certaines régions et sur-tout en zone forestière, elle repré-sente 30 à 80% de l'apport en pro-téines animales.

Ce rôle reste aujourd'hui essen-tiel et prend encore plus d'importan-ce du fait de nouvelles contraintes :démographiques, sociales, clima-tiques, économiques... La faune sau-vage, ressource libre, a en effet tou-jours été un recours très apprécié etsollicité dans les moments difficiles(sécheresses, périodes de soudure,chutes des prix des cultures derente, conflits internes ou régio-naux...)

Toutefois, cette ressource fau-nique n'est généralement pas recon-nue. En raison de son appartenanceau secteur informel, elle n'est pasprise en compte dans les paramètreséconomiques classiques et, de cefait, n'est pas intégrée dans les sché-mas de développement et d'aména-gement du territoire ni dans les pré-occupations des politiques. L'élé-ment de diversification qu'elle pour-rait apporter, comme cela est le casdans d'autres régions du continent,est presque toujours négligé dansles pays d'Afrique occidentale oucentrale. La faune est vraiment uneressource oubliée.

Une comparaison, même super-ficielle, entre ces pays et ceux desrégions australes ou orientales ducontinent, est toujours défavorableaux premiers. Une analyse de lasituation montre bien que la simpledifférence des conditions écolo-giques ne justifie pas le retard gran-dissant enregistré sur les paysd'Afrique anglophone.

La faune sauvage constitue undes éléments primordiaux de ladiversité biologique. Sa disparitionest le premier indicateur d'une dété-rioration du milieu. Malgré cela, lafaune sauvage et son habitat sontau jourd 'hu i des ressources endéclin rapide.

Compte-tenu de cette dégrada-tion accélérée et étendue, il estnécessaire de concevoir et d'appli-quer une politique en matière defaune sauvage et des habitats qui lui

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ENVIRONNEMENT

Antilope cheval (Hippotragus equinus)dans le parc de la Pendjari au Bénin.Photo et commentaires :Léandre AKPONON

Cette espèce herbivore se rencontre dansles savanes Soudano-guinéennes.L'adulte a un poids moyen de 250 kg.La femelle porte pendant 9 mois unjeune à chaque gestation. Cette antilopeest diurne et se déplace en petites hardes.

°21- Mars 1992

sont liés. Le constat établi impliqueune intervent ion d'autant plusurgente que tout retard entraîneraitdes coûts et des difficultés supplé-mentaires et conduirait à des situa-tions irréversibles. L'ampleur desproblèmes impose une action enprofondeur, rompant avec l'attitudeactuelle en définissant une stratégienovatrice et les moyens nécessairespour la mettre en œuvre.

En effet, l'ancienne approche,traduction d'une vision protection-niste de la faune, n'est plus adaptéeau contexte actuel. Passant fré-quemment par l'exclusion, le rejet etla répression, la politique de conser-vation classique n'a pu obtenirl'adhésion des populations locales.Elle n'a pas su non plus lesconvaincre, leur faisant supportertous les coûts financiers et sociaux

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ENVIRONNEMENT*

politique de conser-vation classique.

La nouvelleapproche, quant àelle, doit s'efforcerpar tous lesmoyens d'associerdélibérément laconservation desressources natu-relles et le dévelop-pement rural dansun esprit de colla-boration et de ser-vices rendus auxpopulations locales.Il s'agit bien d'unseul et même but :le développementdurable (ou le déve-loppement vert oué c o - d é v e l o p p e -ment).

Il n'y auraplus de faune sansreconnaissance desa valeur écono-mique. Il ne sauraity avoir de valorisa-tion de la faune sicelle-ci n'est pasconservée. Et, defait, la faune sauva-ge fait partie inté-grante des res-sources d'une ré-gion. En tant queressource renouve-lable, elle peut êtreexploitée durable-ment au même titreque toute autre res-source : la forêt, leseaux marines et

(expropriations, interdictions, dégâtscausés par le gibier...) et gardanttous les bénéfices (recettes issuesdu tourisme de vision ou cynégéné-tiques versées au Trésor Public). Side surcroît, on compare la dégrada-tion constante de la faune et l'aug-mentation, certes timide, mais elleaussi constante, de le superficie desaires protégées, on ne peut queconclure à l'échec patent de cette

continentales...

Dés lors, il faut admettre que lafaune ne soit plus seulement esthé-tique, tel un projet d'exposition dansla vitrine que constituent les parcsnationaux et les aires protégéesd'une manière générale. Elle peutaussi contribuer à la sécurité alimen-taire et par la création d'emplois etde revenus, constituer un outil de

développement, les aires protégéesdemeurant, quant à elles, lesgarantes, les témoins du milieu natu-rel et de la diversité biologique.

Une stratégienouvelle pour unsecteur d'activité— — — « rénovéPartant de ces constats et des

recommandations issues du séminai-re du Bouchet -notamment de laDéclaration-, les services centrauxdu Ministère de la Coopération et duDéveloppement ont élaboré unestratégie en matière de faune sauva-ge africaine.

Se présentant sous la formed'un document d'orientation généra-le des actions à mener à moyenterme, cette stratégie se base surcinq grands principes :

* La faune sauvage constitue unoutil de développement au mêmetitre que les autres ressources natu-relles renouvelables ;

* La faune sauvage a une valeuréconomique qui doit être estimée àpartir des produits mis sur le marché: viande de gibier provenant d'éco-systèmes naturels ou d'élevage, pro-duits touristiques, vision et chasse.

* Pour un développementdurable, l'implication directe despopulations locales est indispen-sable. Cette responsabilisation doitêtre acquise dans le cadre des ap-proches de type terroir villageois quiprivilégient la gestion des ressourcesnaturelles au niveau local. Lesformes de gestion de type privé sontainsi soutenues et encouragées.

* Le débat sur la conservationet/ou le développement est un fauxproblème ; la ressource renouve-lable exploitée rationnellement est,de fait, conservée.

U Fêamiopant K°21 - Mars1992

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ENVIRONNEMENT!

* Sur le plan technique, lesactions d'ensemble sur l'écosystèmesont prioritaires par rapport auxactions visant une espèce ou ungroupe d'espèces particuliers. Uneattention particulière sera accordéeaux zones périphériques des airesprotégées.

Les enjeux actuels de la Coopérationfrançaise dans le domaine de lafaune sauvage peuvent être définiscomme suit :

* Relancer une dynamique"faune sauvage" au sein des équi-pes d'assistance technique à partirde projets de développement. Cettedynamique s'adresse non seulementaux assistants directement liés ausecteur faune sauvage mais aussiaux équipes impliquées dans lesautres secteurs du développementrural, notamment : forêts de produc-tives, aménagements de terroirs, pis-ciculture et pêche, ainsi que dans lessecteurs de la formation et de larecherche.

* Assurer la continuité avec lesactions antérieures et préserver lesacquis, en part icul ier dans lesdomaines de la formation et de larecherche, secteur pour lesquels laCoopération française, y étant impli-quée depuis de longues années, dis-pose d'une bonne expertise.

* Renforcer et mettre en placeun dispositif de communication demanière à accompagner la dyna-mique engagée tout en lui donnantde la visibilité.

Pour remporter ces enjeux, leMinistère de la Coopération et duDéveloppement s'est fixé des objec-tifs à atteindre dans les trois pro-chaines années.

Ainsi, pour relancer une dyna-mique faune, les objectifs suivantsont été arrêtés :

1. Structurer l'équipe d'assis-tants techniques en développant lerôle du conseiller régional faune sau-

U Flaml>0fa<iti(°2t-Mars 1992

vage, en redéployant ces assistantssur des projets de gestion de lafaune et en renforçant la collabora-t ion avec le bureau régional del 'Union Internationale pour laConservation de la Nature (UICN).

2. lancer dès 1992, sur deszones géographiques prioritaires,trois à quatre projets pilotes destinésà illustrer la stratégie et à en démon-trer la faisabilité. Les thèmes retenuspour ces premiers projets pilotessont : l'aménagement des zonespériphériques des aires protégées,cet aménagement intégrant la fauneen tant que ressource à gérer etvaloriser, le développement d'éleva-ge de petit gibier en milieu péri-urbain (rongeurs en zone forestièrenotamment), la promotion du touris-me de vision et de la chasse et,d'une manière générale, l'intégrationde volets faune sauvage aux projetsde développement rural.

3. Développer les actions derecherche d'accompagnement avecl'ORSTOM*, les autres instituts derecherche et les Universités.

L'enjeu "continuité" a commeobjectifs :

- capitaliser les expériences pas-sées en valorisant l'expertise desassistants techniques (si possible enla consignant par écrit) et en assu-rant la publication de documents desynthèse, manuels ou articles sur lafaune et son exploitation ;

- poursuivre l'action de forma-tion menée depuis plus de vingt ansà l'Ecole de Faune de Caroua(Cameroun) en mettant en œuvre unprojet pédagogique destiné à réac-tualiser les programmes d'enseigne-ment tant théorique que pratique, enprovoquant un rapprochement avecd'autres institutions de formation eten animant un réseau d'anciensélèves.

Enfin la mise en place du dispo-sitif de communication visera à laparticipation active aux manifesta-

tions internationales ayant trait à lafaune et à sa gestion, ainsi qu'audéveloppement des échangesd' in format ions entre les diversacteurs du secteur faune.

De la théorie à lam^mmmmm^ p r a t i q u e

La mise en œuvre de cette stra-tégie a été confiée au conseiller régio-nal faune sauvage du Ministère de laCoopération et du Développement,en poste à Ouagadougou.Cependant, il est évident que laréussite de ce programme ne seconçoi t qu'à travers un t ravai ld'équipe.

Ce réseau faune sauvage, pourl'instant encore informel et qui nedemande qu'à s'étoffer, commencedonc à fonctionner. Il s'intègre dansle dispositif de communication prévupar la stratégie, de même que larécente participation de représen-tants du Ministère de la Coopérationet du Développement à trois impor-tantes manifestations internationalesayant trait à la faune : les confé-rences de Nairobi et de Cotonou(voir rubr ique : "En bref") et lecongrès mondial des parcs natio-naux qui s'est tenu à Caracas(Venezuela) en février 92.

Des missions d'identification deprojets pilotes ont été effectuées fin91, l'une d'elles au Niger, l'autre auGabon et au Congo. Deux interven-tions possibles ont été retenues. Cesprojets feront l'objet d'une étude defaisabilité technique et financière aucours des mois prochains, ils pour-raient être lancés dès le secondsemestre 92.

Trois projets "éléphants" ontété retenus à la suite de la conféren-ce de Nairobi par le Ministère de laCoopération, des missions d'identifi-cation destinées à en préciser le

*lnstitut Français de RechercheScientifique pour le Développementen Coopération.

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i ENVIRONNEMENT

contenu en l'accordant avecles objectifs fixés par la straté-gie, seront organisés prochai-nement. Huit autres interven-tions financées partiellementpar le Ministère de l'Environ-nement, seront égalementmises en œuvre par laCoopération.

Une suite de l'actuel pro-jet "Sauvegarde des éléphantsdu Burkina-Faso" qui prendrafin en décembre 92, est enpréparation et démarrera,selon toute vraisemblance,courant 93...

Des contacts régulierssont entretenus avec l'Ecolepour la formation des spécia-listes de la faune de Garoua(Cameroun) et une réflexionsur le contenu d'un projetpédagogique est entamée.Des crédits importants serontb ientôt débloqués pourmener à bien toutes cesactions.

Une lueuri d'espoir...

En élaborant une stratégieet en fournissant les moyenshumains et financiers néces-saires à sa mise en œuvre, leMinistère de la Coopération etdu Développement a montréque la volonté politique d'œu-vrer pour la conservation dela faune sauvage existait. Cegrand pas en avant est por-teur d'espoir pour tous ceuxqui se battent depuis desannées pour cette cause.

Par François LAMARQUEConseiller Faune sauvage du

Ministère de la Coopération etdu Développement

Mission Française Régionale01 BP 72 Ouagadougou

01 Burkina-Faso

"DECLARATION DUBOUCHET"

Pour une nouvelle politique dela Coopération française en

matière de faune sauvageafricaine

1. La faune sauvage et ses habitatsont une importance économique etculturelle majeure pour les peupleset les Etats africains, même si ellen'est généralement pas reconnue.Ces ressources naturelles consti-tuent un outil de développementet contribuent à la sécurité alimen-taire. La dégradation rapide et éten-due de ces ressources est extrême-ment alarmante, tant en perte depotentiel que de diversité biolo-gique.

2. La France a joué par le passé unrôle déterminant dans la connais-sance de la faune et de ses habitats,ainsi que dans la mise en place desstructures actuelles de gestion deces ressources. Aujourd'hui, ce n'estplus le cas. Il est extrêmement pré-occupant que la France soit mainte-nant connue pour son faible enga-gement en la matière, malgré saréelle capacité d'expertise.

3. L'ancienne approche protection-niste de la faune et de ses habitatsn'est plus adaptée au contexteactuel. Sans justification de dévelop-pement et sans responsabilisationeffective des populations, la faune

sauvage risque de n'avoir bientôtplus sa place dans les futures écono-mies africaines. Il faut désormaiss'inquiéter d'associer la conserva-tion et le développement et s'inter-dire toute action sectaire dans cedomaine.

4. En conséquence, nous déclaronsque :

• 1° La situation actuelle nepeut durer car elle compromet toutà la fois :

* la pérennité du patrimoine biolo-gique, fondement même du déve-loppement durable ;* les perspectives de développe-ment futur dont on ne peut présa-ger la nature ;* la crédibilité de l'action de laFrance et de son rôle dans lesgrands enjeux en la matière.

• 2° Des mesures radicales doi-vent être prises d'urgence pour :

* contribuer à la conservation ducapital biologique de l'Afrique ;* utiliser rationnellement la faunesauvage comme toute autre ressour-ce naturelle renouvelable ;* mettre en œuvre une politiquecohérente associant conservation etdéveloppement en y affectant lesressources humaines et financièresnécessaires.

Ecole du Bouchet, le 5 septembre 1991

BIBLIOGRAPHIE

ANONYME : Texte d'ori-entation -séminairefaune- Ecole du Bouchet- 2 au 5 septembre 91.

CHARDONNET P. :Essai de bi lan desactions de la France enmatière de faune sauva-ge africaine -Documentde travail- RépubliqueFrançaise, Ministère de laCoopération et du Dé-

veloppement, juin 91.

CHARDONNET P. :Proposition de stratégiede la Coopération fran-çaise en matière de faunesauvage -afr icaine -Document de t ravai l -République Française,Ministère de laCoopérat ion et duDéveloppement, mai 91.

LAMARQUE F. : Procèsverbal de la réunion

"Stratégie faune sauva-ge" -Ecole du Bouchet(Loiret), 3 - 5 septembre1991 - Mission françaiserégionale, Ouagadou-gou, Octobre 91.

MINISTERE DE LACOOPERATION ET DUDEVELOPPEMENT :Stratégie en matière defaune sauvage africaine,octobre 91 .

21-Mars 1992

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ENVIRONNEMENT!

L'AVENIR DU NEEM EN ZONETROPICALE SECHE EST-IL MENACE ?

epuis quelques années etspécialement depuis 1990-9 1 , le jaunissement et la

chute partielle des feuilles du Neem(Azadirachta indica A. Juss.) inquiè-tent les forestiers et les agriculteursqui l'utilisent comme brise-vent.

A la suite de son introductionen Afrique à la fin du siècle dernier,sa propagation à l'intérieur du conti-nent s'est faite soit naturellement pardes chauve-souris (qui mangent lapulpe) ou par des oiseaux (calaos,au Sénégal), soit artificiellement à par-tir de graines. Etant donné que cetteespèce avait la réputation (erronéecomme nous le verrons ci-dessous)de produire des graines dont la via-bilité était faible -de 1 à 3 ou 6 moisdans les meilleurs cas-, peu d'intro-ductions de son aire d'origine (Asie)ont été effectivement réaliséesdepuis un siècle en Afr ique del'Ouest. La propagation de cetteespèce s'est faite principalement àpartir des introductions réussies etdonc, de graines fraîches.

Il est justifié de dire que la basegénétique du Neem en Afrique del'Ouest est excessivement étroite, cequi constitue la principale faiblessede cette espèce. On en connaîtd'autres ; en effet, le Neem ne sup-porte pas l'hydromorphie (Came-roun : région de Maroua et Garoua),l'induration des sols à faible profon-deur (Burkina Faso : Gonsé),l ' in f luence néfaste des feux debrousse qui détruit l'écorce à la basedu tronc, les pullulations impor-tantes de colonies de cochenilles(Aonidiella orientalis qui pompent lasève provoquant un jaunissement,puis un dessèchement des zonesattaquées pouvant entraîner la mort

U Flam&OfMt K° 21-Mars 1992

des plants s'ils sont jeunes) et lesdégâts des lièvres.

On constate parfois la présenceà la base du tronc de f i lamentsmycéliens (Botryodiplodia theobro-mae) à la suite de dégâts causés parle feu, les rongeurs, les outils agri-coles, etc..

R. CATINOT ne nie pas l'exis-tence d'attaques de cochenilles, maisdans d'autres cas il a constaté endéterrant les racines de plusieursarbres jeunes qui perdaient leursfeui l les, que les enracinementsétaient complètement déformés pardes crosses, des chignons, desétranglements, et même des racinesremontant vers la surface du sol ;tous ces phénomènes provenaientde mauvaises techniques de pépiniè-re et/ou de plantation, comme lesplantations profondes (collet à 20cm dans le sol).

Il en conclut que dans de telscas "le jaunissement et la chute defeu i l les y sont dûs à un stresshydrique de saison sèche accentuépar un enracinement perturbé pardes erreurs de pépinière et de plan-tation et par un sol compact....".

Cette situation est somme touteprobable car, beaucoup de brise-vent ont été plantés par des agricul-teurs, qui n'étaient sans doute pasassez avert is ; nous avons puconstater également dans certainespépinières des plants disproportion-nés, dont l'enracinement était défini-tivement perturbé ; il semble préma-turé d'attribuer systématiquementaux seuls parasites identifiés dans larégion les phénomènes actuellementconstatés.

D'autres possibilités sont peut-être aussi à envisager : les attaquesparasitaires doivent être effective-ment prises très au sérieux (coche-nilles, virus, champignons) ; des mis-sions de phytopathologistes s'yemploient actuellement au Niger etau Nigeria. Il serait cependant indis-pensable d'associer à ces missionsde phytopathologistes un sylvicul-teur et un pédologue.

Dès à présent, il semble bienque ces 4 éléments, associés ounon, sont vraisemblablement res-ponsables de la plupart des "dépé-rissements" :

- les causes extérieures (cochenilles,feux,....) ;- l'hydromorphie et les sols com-pacts ;- le système racinaire de trèsmédiocre qualité ;- l'extrême étroitesse de la basegénétique.

En attendant le résultat de cesrecherches, il y a lieu d'être prudentmais pas, a priori, pessimiste. Carpar ailleurs, divers organismes enAsie notamment étudient la réparti-tion naturelle du Neem et envisagentde procéder en 92 à des récoltesinternationales de graines. Ainsi, onsait que 2 taxons* existent enThaïlande :

- Azadirachta indica var. siamen-sis Valenton, que l'on retrouve danstout le pays à des altitudes infé-rieures à 200 mètres jusqu'auCambodge et sans doute à l'est duLaos ; il est également fréquent ausud de la péninsule jusqu'au 9èmeparallèle nord, principalement surdes monticules dans les champs de

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ENVIRONNEMENT!

Epicarpe(écorce ou peau)

Mesocarpe(Chair ou pulpe)

Endocarpe(coque ou noyau)

Amande

Enveloppe séminale

PERICARPE

GRAINE

FRUIT = GRAINE + PERICARPE

GRAINE = AMANDE + TEGUMENT OU ENVELOPPE SEMINALE

PERICARPE = Paroi du fruit (sauf tégument):EpicarpeMésocarpeEndocarpe

AMANDE = EMBRYON, noyé ou non dans un tissu nutritif

riz. Cette variété serait plus résistan-te et plus vigoureuse que l'holoty-pe*, originaire de l'Inde. Cette asser-tion de LAURIDSEN et col l . doitcependant être vérif iée par desessais de terrain ;

- un second taxon, A. indicavar. indica A. Juss. est répandu enThaïlande. Il s'agit de l'holotype*indien, introduit ; il est représentépar 2 types, l'un avec des inflores-

cences à pousses blanches, l'autre àpousses rouges. Les fleurs du typenon coloré sont souvent utiliséescomme nourriture. Le bois du typecoloré est préféré, car plus résistantaux insectes. Les extraits des feuillesde l'holotype, connu en Thaïlandesous le nom de "Sadao india" ou"Quinine" sont utilisés dans le traite-ment de la malaria.

Au sud de la Thaïlande, en

Malaisie, on trouve une autre espè-ce : Azadirachta excelsa (Jack)Jacobs (synonymes = Melia excelsaJack ou M. integrifolia Merr).

Depuis 7 ans, plusieurs essaisde conservation de graines de Neemont été effectués au laboratoire degraines du Centre TechniqueForestier Tropical à Nogent surMarne. Ils ont prouvé maintenantque l'on peut parfaitement conser-ver des graines de Neem pendantplus de 8,5 années avec une capaci-té germinative supérieure à 70%, àcondition de :

- dépulper les fruits immédiate-ment après la récolte ;

- sécher les noyaux jusqu'à cequ'ils aient une teneur en eau (rap-portée au poids sec) de l'ordre de 6à 7%, ce qui permet généralementd 'obteni r des amandes qui necontiennent plus que 4,8 à 5,2%d'eau ;

- conserver les noyaux dansdes récipients hermétiques enchambre froide à + 4° C ;

- semer des amandes aprèsavoir ôté la coque lignifiée (endocar-pe).

Le graphique n° 1 montre l'évo-

POUR EN

BRUNCK, F., 1988. Lescochenilles du Neem. Noteinterne - Centre TechniqueForestier Ttropical, Nogentsur Marne (France), 5 p.

BRUNCK, F., 1992. Notesur le dépérissement duNeem. Note interne -Centre Technique ForestierTropica l . Nogent surMarne (France), 2 p.

CATINOT, R., 1992.Observations sur le dépé-

rissement du Neem auNiger. Aide-mémoire du 18février 92, Rep. Res. FAO -Niamey (Niger), 3 p.

LAURIDSEN, E. B. ; KAN-CHANABURAGURA, C. ;BOONSERMSUK, S., -1991. Neem (Azadirachtaindica A. Juss.) in Thailand.FAO, Informations sur lesressources génétiquesforestières, 19, 25-33.

ROEDERER, Y. ; BELLE-FONTAINE, R., 1990.Peut-on espérer conserver

un pouvoir germinatif auNeem pendant plusieursannées après leur récolte ?FAO, Informations sur lesressources génétiquesforestières, 17, 31-34.

WILLAN, R. ; HUGHES, C.E. ; LAURIDSEN, E. B., -1990. Seed collection fortree improvement (pp 11-38).. In : Tree Improve-ment of Mult ipurposeSpecies, edited by NancyGlover and Norma Adams.Winrock InternationalInstitute for Agricultural

Development, Arlington(USA).

BELLEFONTAINE R. ;AUDINET M., 1992. Laconservation et la germina-tion de graines de Neem(en préparation).

BATRA, G. K., 1991 .Réduction vasculaire duNeem au Niger (traductionofficieuse). USAID, BP.11201, Niamey, 21 p.

U Fêaml><ig.ai(tno2t-Mars 1992

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i ENVIRONNEMENT!

C. G. (%)

75-I

50-

25-

* « * • - • * — -

2

Graphique n° 1 :Viabilité de lots de graines de Neem* conservés : en chambre froide

12 Mois

à la température ambiante

* récoltés à 3 stade différents :fruits ridés, couleur orange = RO - 91/ 9159 ; TE = 8,34%fruits jaunes et turgescents = JT - 91/ 9157 ; TE = 8,92%fruits de couleur vert-jaune = VJ - 91/9158 ; TE = 10,65 %

C.G.70

60 •

50 •

40 .

30 .

20 •

10 -

0

LOTS AAge 8,5 ansTE/N 7,3TE/Am 5,2

B2 ans7,26,0

C8 mois6,65,1

D12 mois11,28,8

Graphique n° 2 :Capacité germinative de différents lotsconservés en chambre froide

Légende :- CG = capacité germinative- TE = teneur en eau rapporté au poids sec I- N = noyau- Am = amande

lution classique de la capacité germi-native d'un lot qui n'a pas été parfai-tement séché au moment de la récol-te (teneur en eau = 8,5 à 10,5%) ;ces graines ont été conservées enrécipient hermétique et en chambrefroide à + 4° C et ensuite seméessans leur coque, tous les 2 mois.

Le graphique n° 2 représente lespourcentages de germination de lotsbien séchés (ayant une faible teneuren eau), sauf le lot D, de 4 prove-nances différentes ; on constate éga-lement que les semis d'amandesdonnent de bien meilleurs résultatsque les semis de noyaux.

En conclusion, tant que nousne serons pas fixés sur l'origine desphénomènes actuels, on ne saurait

trop recommander de limiter, sinonsuspendre provisoirement les pro-grammes prévus de plantation deNeem en zones sèches africaines etde rechercher dés maintenantd'autres espèces de br ise-vent(Acacia sp, Ziziphus joazeiro,...).

Le Neem est peut-être actuelle-ment victime de son propre succès,car du fait de sa rusticité, on a jouéla facilité en introduisant de troprares origines génétiques un peu"n'importe comment et n'importeoù" : la nature est peut-être en trainde se venger !

R. BELLEFONTAINECIRAD - CTFT

45bis, avenue de la Belle Gabrielle94130 Nagent sur Marne

LEXIQUE

*Taxon : d'après le "Dictionnairede botanique" (de B. BOUL-LARD). Appelation générale pourdésigner toute unité systématique,de quelque rang qu'elle fut,jusques et y compris la famille.C'est dire que les Taxa (plurielcourant préféré à Taxons) les plususuels sont : le genre, le sous-genre, l'espèce, la sous-espèce, lavariété et la forme. Manier les taxa,c'est s'adonner à la taxinomie outaxonomie.

*Holotype : individu sur lequel estfondée la description originaled'un taxon ; spécimen auquel onpeut se référer (s'il a été conservé)pour toute vérification utile dansles recherches de systématique.

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LES GEOPHYTES* LIGNEUSES EN ZONESOUDANIENNE : UNE ADAPTATION

AUX SOLS PEU PROFONDS

n appelle parfois la partiesouterraine cachée desplantes, la partie oubliée

de la plante. On sait en effet bienpeu de choses sur les racines, alorsque nul ne nie leur importance dansla vie des plantes, particulièrementdans des cond i t ions de solsdifficiles : secs, pauvres, toxiques.

Nos travaux concernent lazone de Ouagadougou ; ils ne fontque commencer. La pluviométriemoyenne de 800 mm, se concentreau cours de l'hivernage, ce qui lais-se les plantes 7 mois sans pluie,alors que la demande évaporativeest très élevée (climat soudanien).

Nos premières observationsnous ont montré qu'un nombreimportant d'arbres forment desracines nettement tubérisées, phé-nomène qui semble peu connu.Jusqu'ici nous ne connaissions, eneffet, que l 'observat ion, nonpubliée, de J. SEGHERI sur Lanneahumilis au Nord Cameroun. Parmiles très jeunes arbres sur lesquelsnous avons découvert un tubercu-le, plusieurs ont une grande impor-tance agroforestière. Il s'agit de :

Adansonia digitata, le baobabBombax costatum, le kapokier rougeFicus sp.Lannea microcarpa, le raisinierMoringa oleifera, le nevedieSclerocarya birrea, le noisetierSterculia setigera, le "platane".

Toutes ces espèces jouent unrôle alimentaire, la plus importanteétant, bien sûr et de loin, le baobab,

dont on mange surtout la feuille maisaussi le fruit, la pulpe et les graines,ainsi que le tubercule, m'a-t-on dit.Dans les parcs agroforestiers duplateau central burkinabé, le baobabse trouve toujours près des mai-sons, là où le sol est fortement enri-ch i , mais souvent très mince.Raisiniers et noisetiers sont souventassociés aux champs dont le sol esttrop mince pour supporter du karité(moins de 80 cm de profondeur).Quant au Bombax et au Sterculia, cesont deux espèces qui sont très fré-quemment associées aux affleure-ments rocheux. Ces quatre arbresse rencontrent aussi en bas detoposéquence*, dans la zonehydromorphe*.

Deux autres arbres (sans gran-de importance agroforestière) serencontrent par taches sur deszones de pierraille et possèdent desracines tubérisées : Entada africana,Albizia chevalier/' ou encore Heeriainsignis. Ces neuf espèces perdenttoutes leurs feuilles au début de lasaison sèche.

On retrouve également desracines tubérisées chez Erythrinasenegalensis. Cette espèce, égale-ment décidue, se rencontre préfé-rentiel lement le long des lits de mari-gots, là où il existe une dalle liée àPhydromorphie. La stratégie "racinetubérisée" correspond donc bien,semble-t-il, à un sol mince, temporai-rement gorgé d'eau, puis très secpendant longtemps.

Le tubercule constitue une miseen réserve d'eau et de sucres, qui,

associée à la perte des feuilles, per-met de passer la saison sèche en viera lent ie . Ces réserves peuventreprésenter une part considérablede la masse totale du végétal. Chezle kapokier, nous avons ainsiconstaté que le tubercule constitue,en fin de première saison, en poidssec comme en poids frais, 25 fois lapartie aérienne.

Chez Entada, la partie aérienneest caduque, de même que chezDetarium qui n'est pas aussi nette-ment tubérisé. Dans le cas d'Entadaau moins, il y a un véritable géophy-tisme en début de vie. Chez lesautres espèces, le terme n'est pasvéritablement approprié, mais onconstate que la perte de la partieaérienne, par le feu ou le sarclage,n'affecte que très peu la croissancede ces arbres. En climat guinéen(Côte d'Ivoire), j ' a i observé queSterculia tragacantha présente untubercule et survit malgré un feuilla-ge constamment dévoré par lesinsectes.

Les véritables géophytes (her-bacées) sont nombreuses en zonede savane. Plusieurs ont d'ailleursun rôle alimentaire comme l'ignamesauvage, devenu rare au Burkina,ou les Raphionacme, encore trèsabondants. Une des plantes les pluscommunes et les plus spectaculairesde la savane possède de très grostubercules : Cochlospermum spp.Le géophytisme constitue donc bienune stratégie adaptée aux conditionsde la zone.

Jusqu'ici nous n'avons pu étu-

FiomiûjftiLKt K° 21-Mars 1992

Page 28: SOMMAIRE - silva-riat.org

RECHERCHE

Plantule d'Entada âgéede 3 mois. Echelle 1/1

dier que des arbres âgésd'une saison (3 à 5 mois).Nous ne possédons doncencore que très peu dedonnées sur l'accroisse-ment ultérieur du tuberculechez ces arbres, mais l'onsait que chez le Sterculia, letubercule peut peser plu-sieurs kilos. Aubrévillesignale que les éléphantsdéterrent les "énormes"tubercules de VEntada pourse désaltérer.

En dehors desarbres à racines franche-ment tubérisées, dont lediamètre excède largement2 fois celui du collet, onrencontre en zone souda-nienne beaucoup d'arbresà racines renflées, c'est-à-dire dont le diamètre estsupérieur à celui du collet.La racine du néré (Parkiabiglobosa), celle duDaniellia, de \'Afzelia, duDetarium, du Stereos-permum kunthianum, duLonchocarpus, du Bala-nites, du Prosopis africa-na..., sont plus ou moinsfortement renflées selon lesconditions de croissance.L'épaississement du pivotest en effet un caractèrerelatif qui dépend desconditions écologiques etnotamment de l'alimentationen eau. La tubérisation oul'épaississement du pivotsont d'autant plus nets quele sol est peu fertile. Latubérisation semble, parailleurs obéir à un rythmesaisonnier, probablementrégulé par la longueur dujour, la tubérisation se fai-sant relativement rapide-ment en fin de saison decroissance (août/sep-tembre).

Notons qu'aucune des espècesexotiques introduites en plantationau Burkina, (Eucalyptus, Cassia,Gmelina, Prosopis juliflora) ne pré-sente de racines tubérisées ou mêmerenflées. La tubérisation mobilise unepart importante des produits d'assi-milation et il est normal qu'une plan-te qui tubérise croisse relativementpeu. Mais ce départ ralenti est ungage de survie.

Nos premiers essais de planta-tion de tubercules (d'arbres) sonttrès prometteurs. A condition de nepas arroser, on peut arracher lesplants tubérisés sans précaution, lestransporter à l'air et les mettre enplace tel quel ou après raccourcisse-ment de la tige. A l'approche despluies, les plants émettent alors denouvelles feuilles.

Alexandre D. Y.Chercheur ORSTOM

BP 182 OuagadougouBURKINA-FASO

LEXIQUE

iphyte : plante persistantit la mauvaise saison sous

forme d'organe de renouvellement;.enfouis dans le sol (bulbes, tuber-cules, rhizomes).

*Toposéquence : suite de solsdont les différences résultent de la

le (inclinaison, ou position^graphique sur un versant ou

§ùn replat).

*Hydromorphe : sol dans lamation duquel le facteur principal a

ïëté l'eau.

U Fltudopoint f 21-Mars 1992

Page 29: SOMMAIRE - silva-riat.org

Dans la savane, un arbre, lecteur attentif réagit etcomplète la saveur fruitée de notre précédente mainverte :

"II m'apparaît que l'intéressant article "les planta-tions fruitières" paru dans le n° 20 de décembre 1991s'applique surtout aux régions sèches.

En zone plus régulièrement arrosée, de forêt denseou ex-forêt dense*, d'autres techniques sont à préconi-ser et d'autres espèces d'arbres fruitiers sont dispo-nibles.

(Par exemple des variétés sélectionnées du délicieuxDacryodes Safou ou bush-butter, Spondias monbin, etc).Il eut été utile de préciser le domaine d'application...

Deux remarques en complément de cet article utile :

1. Pourquoi planter encore des manguiers non gref-fés ? Les travaux de plantation, de protection, d'entre-tien se justifient mal, alors qu'il y a un peu partoutd'excellentes variétés à greffer disponibles, permettantd'étaler la récolte et assurant une meilleure satisfactionau planteur.

2. Déposez au pied de chaque arbre une corne devache ou de zébu récupérée lors d'un abattage. Sadécomposition lente assurera à votre arbre fruitier unsupplément régulier de fertilisant azoté à bas prix".

* Ex-forêt dense : néo-savane, zone de culturesayant remplacé la forêt dense, mais dont le climat n'apas changé.

Le Vieux Baobab

LES HAIES-VIVES

La main verte s'entrouvre sur un article bordéd'arbres protecteurs. Cet article est extrait dumanuel d'agroforesterie* de Jean Weigel (IRAM*).Les illustrations sont de Anne GERAUT.

* IRAM : 49, rue de la glacière 75013 Paris - FRANCETél. : (1) 43 36 03 62*Manuel d'Agroforesterie à l'usage des agents de laSO. DE. FI. TEX. - Km 4, route de Rupsque - DAKARTél. : 32 47 80

Pourquoi choisir. . les haies-vives ?

La divagation des animaux pose de nombreux pour reconstruire des haies mortes qui sont à refaireproblèmes aux paysans qui veulent faire du manioc, régulièrement tous les 2-3 ans.du maraî-chage, desarbres frui-tiers...

Ces per-sonnes dé-pensent gé-néralementbeaucoupd'efforts etparfois del ' a r g e n t

TYPES DE HAIES-MORTESClôture de piquets Clôture de branchages Clôture de bambous I

TT ft P

U Ftattiopant x°

Page 30: SOMMAIRE - silva-riat.org

MAIN VERTE

La première clôture demande entre 75-100voyages de charrettes asines pour clôturer 400 m.

La deuxième clôture demande entre 25-50voyages de charrettes asines pour clôturer 400 m.

La troisième clôture demande d'avoir des bambousà proximité^

Une solution, encore peu répandue consiste àremplacer les clôtures mortes par des haies constituéesd'arbustes épineux ou non, plantés extrêmement ser-rés. Les arbustes ont besoin d'être désherbés àchaque hivernage et une taille de formation sera néces-saire chaque année.

Avec de tels soins, la haie se forme en 2-3 ans.Dans la plupart des cas, les paysans ne réalisent pasles haies à l'avance. Ils préfèrent installer une haie-viveparallèlement à la haie-morte. Dans ce cas, les arbresdoivent être plantés à 1-2 m de distance de la clôture,pour être en dehors de la concurrence indirecte desbois morts (ombre et place qui gênent la croissance desarbustes, nids de termites).

Les plantations de haies-vives se font à l'extérieurdu périmètre en question. Les arbustes épineux, bienentretenus et bien plantés, ne craignent pas le passagedes animaux.

«Types de haies-vivesSuivant le développement naturel des arbustes, on Les plantations seront faites sur une ou deux rangées

peut distinguer 3 types de haies-vives : d'arbres :

BUISSONNANTE PIQUETS VIVANTS BOUTUREE

branches taillées

Vue de profil

TAILLE

Vue de face

et mises entreles piquets

barre à mine

1 LIGNE 2 LIGNES OUVERTURE TRANCHEE

Page 31: SOMMAIRE - silva-riat.org

LA MAIN VERTE

Haie-vive une ligne :

On ouvrira une tranchée de 0,5 m en largeur et - La distance entre les lignes sera de 0,5 m ; entre les0,5 m de profondeur. Les plants seront très rappro- plants elle sera de 0,5 - 1 m.chés les uns des autres : 25 à 50 cm.

- On ouvrira une tranchée de 0,75 m en largeur et deHaie-vive deux lignes : 0,5 m de profondeur.

Dans une large tranchée, les arbres sont plantéssur 2 lignes décalées l'une de l'autre et disposés enquinconce :

•Espèces préconisées

ESPECE

Acacia melliferaAcacia N. Adansonii

Acacia senegal

Acacia seyal

Bauhinia Refescens

Commiphora africana

Dichrostachys glomerataEuphorbia balsamiferaJatropha curcas

buisson-nante

X

X

X

XX

X

X

HAIES

piquetsvivants

X

X

bouture

XX

X

X

ESPECE

Leucaena leucocephalaParkinsonia aculeataProsopis cineraria

Prosopis juliflora

Ximenia americana

Autres espèces :

SisalCitron vert

buisson-nante

X

XX

X

XX

HAIES

piquetsvivants

XX

bouture

X

DiversL'introduction de 2 outils est indispensable pour

tailler les haies rapidement et sans se blesser :

- la CISAILLE pour couper les branches fines ;

- le SECATEUR FORCE pour les grosses branches.

Au Mali, de très nombreux jardins sont clôturésavec des citronniers qui, outre leur efficacité, produi-sent des fruits.

La technique des semis directs est aussi indiquéepour la réalisation de haies-vives. Il n'y a plus le travailen pépinière mais, par contre il faut apporter beaucoupde vigilance aux premiers entretiens. sécateur force

Page 32: SOMMAIRE - silva-riat.org

matière

d'améliora-tion des

systèmes agro-sylvo-pas-torautÇj vaut-il mieux,mettre au point des sys-tèmes en station et lesadapter au monde ruralou chercher les blocagesdes systèmes estants etles lever par un appuitechnique ou financier etéventuellement par uneamélioration de la législa-tion ?

lin bilan très som-maire des évolutions enmatière agroforestièremontre clairement que ladeuxième solution est engénéral préférable.

Si on prendl'exemple des systèmesagroforestiers, on s'aper-çoit que les systèmes misau point en station et quel'on a voulu ensuite àtoute force, faire entrerdans le moule du monderural ont abouti à deséchecs, le cas de la cultureen couloir est le plus fla-grant. Le travail dedizaines de chercheursn 'a réussi à faire utiliserle système qu 'à un trèspetit nombre de paysans.

Tar contre, on peutconstater qu'au cours dutemps, les composantesd'un grand nombre desystèmes agroforestiersont été améliorées.

(Dans bien des casd'ailleurs, ce n'est pas lacomposante forestière quia subi la plus grande évo-lution.

Culture en couloir : les plants arbustifs sont rabattus plusieurs fois par an ce qui exige un suivicontraignant. Photo : R. PELTIER

Parc à Faidherbia amélioré : les Acacia albida sont plantés en alignement pour faciliter les travauxagricoles. Photo : R. PELTIER

Au Sahel, les systèmes des parcs arborés existent depuis des siècles, et l'on pourrait dire que larecherche agronomique ne leur a rien apporté. (Mais, à bien regarder, on s'aperçoit que ce n 'est plus lamême variété de coton, de mats ou d'arachide qui est associée à faidherbia albida et que le bétail quipâture les gousses n'est pas élevé de la même façon (vaccins,...). (D'autre part, la culture attelée oumécanisée s'est souvent substituée à la culture manuelle. "Dans ce cas, c'est donc la rentabilité globaledu système agroforestier qui a été améliorée, sans que la gestion de l'arbre ait réellement changé.

u '<eatu(ûK 21-Mars 1992

Page 33: SOMMAIRE - silva-riat.org

r .

(De ta mime façon, dans Us jardins de case haïtiens, Umanguier qui est cultivé aujourd'hui n'est plus le mêmequ 'autrefois, et U porc qui mange Us déchets de fruits et deculture est vacciné différemment (voici quelques années Usporcs avaient été décimés par la peste porcine, et Us agricul-teurs envisageaient la destruction des arbres fruitiers qui ser-vaient à Us nourrir).

"Dans Us agroforêts du pays (Bamiléfé au Cameroun, Usvariétés de café ou de cacao ne sont plus tes mêmes, et l'amé-lioration des voies de communication vers (Douala et Qfooundéont permis d'introduire une composante maraîchère quin 'existait pas. Celle-ci a dégagé des revenus qui ont permisd'utiliser des engrais et des insecticides.

(Dans tes systèmes de culture des paysans du (Burundi quiutilisaient depuis près de 50 ans 'Eucalyptus maïdeni, et plusrécemment Çrevillea robusta et Cupressus lusitanica, larecherche forestière a permis ces dernières années d'introduiretoute une gamme d'eucalyptus mieux adaptés aux différentesconditions écologiques du pays. Certaines espèces productives debois d'oeuvre sont venues s'ajouter au Çrevillea (Cedrela,

Maesopsis,...). Au cyprès malade se substitue peu à peu touteune variété de pins des Caraïbes.Les légumineuses d'Amérique Centrale comme le. Leucaena ouU Calliandra, sont utilisées comme banques fourragères, oupour la fixation de bandes anti-érosives.

A travers ces différents exçmpUs, on voit que Us agricul-teurs acceptent des innovations qui modifient l'une ou l'autrecomposante de leurs systèmes agro-sylvo-pastoraux tradition-nels, à condition que la rentabilité "économique globaU" soitaméliorée. Seul un dialogue très étroit entre techniciens et agri-culteurs peut permettre de savoir où se trouvent Us points dusystème sur lesquels il est intéressant défaire porter Us effortsde recherche et d'appui.

Il est donc plus efficace d'améliorer petit à petit Us sys-tèmes existants que de vouloir Us remplacer par des systèmestout à fait nouveaux-

CKRAŒ) • CFFT, 45bis, av. de la 'BelU QabrielU94130 9{pgent sur Marne

La déforestation en Afrique, : une réponse nonsolicitée à Jean

Le seul vrai avantage de l'article de Jeanest qu 'il m'a rajeuni. J'ai retrouvé la même haine, U mêmemépris et le même fiel qui animait %émi CA%ILL09\C -alorsgrand plumitif du Centre O^ational d'Etude du MachinismeAgricole (C. H. £ . M. A.)- réagissant à mon premier livre"Energie et Agriculture : le choix écologique" en 1976. Œeut-être les institutionnels se ressemblent-ils tous...

Ce qui me fait le plus de peine dans le dernier article estque mon livre soit jugé mal documenté. La liste bibliogra-phique impressionnante devrait convaincre le lecteur que lacollecte de l'information a occupé une bonne partie des cinqannées passées (pas à plein temps, rassurez-vous, je ne suispas fonctionnaire) à écrire ce livre. (Peut-être manque-t-ilquelques références franco-françaises... (le fiel se transmet-ilpar la simple lecture d'un article méchant ?)

Tar ailleurs, Us querelles sur les chiffres ne sont pas jus-tifiées et c'est un domaine dans lequel j'ai la faiblesse de mevoir moins de défauts que dans d'autres.

S(este (?) U fond. Je reconnais que j'ai sans doute péchépar précipitation dans "lin adieu aux arbres ". L'évolutionactuelle du dépérissement des forêts (sauf en Europe CentraUet de l'Est) ne semble pas aussi grave qu 'elle le semblait en1985 quandj'ai fait mon enquête pour ce livre précédent.(Dans U cas de la déforestation en Afrique, je suis très étonnéde constater que Monsieur CLT,ME9^T n 'est pas pessimiste.Il me reste donc à voir des évolutions positives des indicateursforestiers en Afrique Sub-Saharienne. J'ai dû rater un épiso-de. ... -

Que le lecteur dépense ou non de l'argent pour lire monlivre, c 'est essentiellement U probUme de l'éditeur. Que U livresoit assassiné sans panache et sans références précises alorsque j'ai transpiré à récolter et analyser autant de données queje pouvais dans un domaine où les informations sont trèsfloues (la Coopération française pourrait peut-être aider àcombler ces lacunes ?) me semble triste pour l'esprit scienti-fique.

Jean-%ffgerMontastruc la Conseillère

21-

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E E N B*E fr

CONFERENCE1 !

.:'!-.:

A proposd'éléphants...

Une conférence, impor-tante pour l 'avenir decette espèce, s'est tenuedans les locaux duProgramme des NationsUnies pour l 'Environ-nement (PNUE) à Nairobi(Kenya) du 27 au 31 jan-vier 1992. Elle réunissait36 Etats africains (dont33 de l'aire de répartitionde l'éléphant), les repré-sentants des principauxbailleurs de fonds et de13 des Organisat ionsNon Gouvernementales(ONG), nationales ouinternationales agissantdans le domaine de laprotection de la natureet/ou de l'éléphant. Latenue de cette réunion,de nombreuses foisajournée, constituait unedes recommandations dela conférence de Paris,organisée par la France àl'Arche de la Défense, enavril 90.

Au cours des quatrejours de travaux, lesEtats de l'aire de réparti-tion de l'éléphant ont pré-senté à l'assistance leursplans d'action nationauxainsi que leur stratégiesnationales puis régionalespour la conservation del'éléphant.

A la suite desprésentations par lesEtats et des contactsentre demandeurs etdonateurs, ces derniersont exprimé leurs réac-tions en séances plé-nières. Il ressort desdiverses interventionsque la plupart desbailleurs de fonds pré-sents, quoique se décla-rant fortement intéresséspar la problématiqueposée par la conserva-tion de l'éléphant et prêtsà renforcer de façonsignificative leur actiondans ce domaine, n'ontfait aucune déclarationexpl ic i te quant à leurengagement futur.

Seuls, deux dona-teurs ont fai t des an-nonces précises quantaux financements con-sentis dans le courtterme :

• Les Etats-Unis ontannoncé que l'AgenceAméricaine pour leDéveloppement Inter-national (USAID) avaitinscrit 5 millions de dol-lars au budget 92 pour lasauvegarde des élé-phants d'Afrique.

• La France a déclaréqu'elle financerait dix desprojets présentés dansles plans d'action natio-naux et un projet régio-nal élaboré au cours dela conférence, cinqd'entre eux étant finan-cés totalement et six par-tiellement pour un mon-tant global d'environ 10millions de francs. Lorsde sa déclaration finale, laFrance a en outre réaffir-mé clairement sa positionconcernant le maintien del'éléphant d'Afrique enannexe 1 de la Con-vention sur le CommerceInternational des EspècesSauvages Menacées(CITES).

...et de rongeurs.La première conférenceinternationale sur l'aula-cod icu l tu re (1) s'esttenue à Godomey-Calavi,dans la banlieue deCotonou (Bénin), du 17au 19 février 1992. Cetteconférence organisée parle PBAA (2) réunissaitune quarantaine descientifiques africains eteuropéens menant destravaux sur l'aulacode(3) et son élevage.

Au cours des troisjours du séminaire, lesintervenants ont abordéles divers aspects del'élevage des aulacodeset ont présenté les der-niers résultats dans cedomaine. La visite de lastation d'aulacodiculturede Godomey et surtoutde trois fermes de "pré-vulgarisation" pilotes, apermis aux participantsde constater de visu lesrésultats obtenus, les dif-ficultés rencontrées et leslimites actuelles de la vul-garisation de l'aulacodi-culture en milieu paysan.

(1) Aulacodiculture : éle-vage des aulacodes.

(2) PBAA : ProjetBéni no-Allemandd'Aulacodiculture financépar la CTZ.

(3) Aulacode (Thryo-nomys swinderianus) :rongeur hystricomorpheafricain, souvent appelé àtort "agouti", d'un poidsmoyen de 4 kg, trèsapprécié par les popula-tions locales et largementconsommé dans les payscôtiers et forestiers.

François LAMARQUEConseiller faune sauvage

du Ministère de laCoopération et du

DéveloppementMission française

régionale01 BP Ouagadougou 01

Burkina-Faso

Page 35: SOMMAIRE - silva-riat.org

Maîtrise de l'énergieEnergies renouvelables

Bois el construction;Environnement

ABSTRACT : OLEASILVAdu 6 au 10 juillet 1992 àMH*Bamako (Mali)

L'implantation ou la régénérationdes ligneux en zones arides et semi-arides jouent un rôle dans la préser-vat ion des sols et dans la luttecontre la désert i f icat ion. Maisjusqu'à présent ces éléments bienqu'essentiels n'ont pas réussi àengendrer de vastes campagnes deplantat ion par les populat ionslocales. Cette tendance pourrait êtrerenversée si les arbres et arbustesque l'on recommande de planter

procuraient également des revenusmonétaires et/ou alimentaires.

Cet atelier se propose donc defaire le point sur la problématiquegénérale de la valorisation des oléagi-neux habituellement non cultivés etsur les possibilités de mise en placede filière de transformation (analysedes blocages techniques, commer-ciaux, économiques et socio-cultu-rels qui actuellement freinent cettevalorisation). Certaines filières exis-tent déjà, parfois à des échelles arti-sanales embryonnaires ; il convien-dra de les décrire et éventuellementd'apporter des améliorations tech-niques.

L'atelier travaillera sur quatreaxes : les biocarburants, les huilesalimentaires, les huiles en cosmé-tique et les coproduits issus desespèces suivantes : Argania spinosa,Azaridachta indica, Balanites aegyp-tiaca, Butyrospermum parkii, Citrillus

sp, Curcurbita sp., Jatropha cur-cas,Simmondsia chinensis (Jojoba),Moringa oleifera.

Cet atelier bénéficie de l'appuifinancier du Ministère de la Coopéra-tion et du Développement. Il regrou-pera des chercheurs, des techni-ciens, des industriels et des déci-deurs qui devront réfléchir sur laplace (dans la balance commercialecomme dans l'alimentation, ...) descorps gras et produits dérivés sus-ceptiles d'être substiués par de nou-velles huiles.

L'organisation pratique de cetatelier est assurée par ChristinePAFADNAM de l'Institut Oïkos (S/CAssociation Bois de Feu - 45bis, ave-nue de la Belle Cabrielle, 94736 No-gent sur Marne. Tel : 1/48.77.77.54et Télécopie : 1/43.94.43.29 (ABF)).

POUR VOTRE BIBLIOTHEQUE

Aspect del'aménagement

intégré desressources

naturelles auSahel

Les trois art i-cles de cette publi-cation se sont ins-pirés des nouvellesexpériences etidées accompagn-ant l'évolution desprogrammes dedans les pays sa-hél iens vers uneapproche plus inté-grée, multi-secto-rielle, recherchantla participation acti-ve des paysans etdes organisationsvillageoises.

Le premierarticle est une dis-cussion sur lesproblèmes fonda-mentaux que sou-lève l 'applicationdes techniques

a g r o f o r e s t i è r e sdans la zone semi-ar ide, pour unemeilleure intégra-tion de la foresterieet de l'agriculture.Le deuxième articledécrit les expé-riences réaliséesquant à l'élabora-t ion d'un pland'aménagement etde gestion du ter-roir vil lageois auBurkina-Faso. Letroisième articleprésente des idéeset des expériencesdans le domaine dusylvopastoralisme,c'est-à-dire del'intégration de laforesterie et del'élevage. Toutesces contributionssont tout autantdes pièces deréf lexion sur lespossibilités d'appli-cation d'une nou-velle approche,qu'une présenta-t ion des expé-riences vécues par

des experts qui onttravaillé eux-mêmessur le terrain pen-dant une longuepériode.

Les "TropicalRessource Mana-gement" sont unepubl icat ion del'Université Agro-nomique de Wage-ningen en collabo-ration avec l'ADES(Appui au Dévelop-pement et à l'En-v i ronnement auSahel)

Département del'Aménagement de

la Nature - BP8080 - 6700 DD

WageningenPays Bas

Déjà publié :Numéro 1 : KESS-LER J. J. et BONI J.(1991). L'agrofo-resterie au Burkina-Faso. Bilan et ana-lyse de la situationactuelle.

STAGE DE FORMATION

RECHERCHEEN AGROFORESTERIE

POUR LE DEVELOPPEMENT

Centre international peur la rechercheen agroforesterie (ICRAF)

Naicobic, Kenya12-30Octobre 1992

Depuis 1983,I le Centre Interna-Iftional pour la re-Scherche en agrofo-^resterie (ICRAF) a

organisé 17 stagesde formation sur larecherche agrofo-

restière pour;le développe-jment. Cettej19e éd i t ion !est mise surpied spécifi-q u e m e n tpour les can-•didats parrai-jnés par d'au-tres organis-mes ou sour-ces privées,qui n'avaientpu participeraux stagesprécédents.

La date l i -mite de dépôtdes candida-tures est fixéeau 31 juillet

1992.

Contacter : TheCourse Coordi-nator : ICRAFP.O. Box 30677Nairobie - Kenya

21-Mars 1992

Page 36: SOMMAIRE - silva-riat.org

Feuilles et fruits de l'Arganier. Photo : R. CHAUSSOD

LE FLAMBOYANT

SILVA - 21, rue Paul Bert - 94130 Nogent Sur Marne

Secrétariat de rédaction : Frédéric ISNARD

Maquettiste : Paula LOPES

Imprimeur : MEDIAFAB - 9 A, rue Chateaubriand75008 Paris

SECRETARIAT DU RESEAUARBRES TROPICAUX

SILVA - 21, rue Paul Bert94130 Nogent Sur Marne

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