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Sondage national sur la connaissance et les perceptions du stockage géologique du CO2 par les français en 2010 31/03/11 ADEME 1 / 33 SONDAGE NATIONAL SUR LA CONNAISSANCE ET LES PERCEPTIONS DU STOCKAGE GEOLOGIQUE DU CO 2 PAR LES FRANÇAIS EN 2010 Synthèse des résultats 31 mars 2011 Étude réalisée pour le compte de l'ADEME par : Minh Ha-Duong Société de Mathématiques Appliquées aux Sciences Humaines (SMASH) Convention n° 10 94 C0012 Coordination technique : Stéphanie Arnoux ADEME Direction de la Recherche et de la Stratégie Service Recherche et Technologies Avancées 20, avenue du Grésillé BP 90406 49004 ANGERS cedex 01

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SONDAGE NATIONAL SUR LA CONNAISSANCE ET LES PERCEPTIONS DU STOCKAGE GEOLOGIQUE DU CO2

PAR LES FRANÇAIS EN 2010

Synthèse des résultats

31 mars 2011

Étude réalisée pour le compte de l'ADEME par :

Minh Ha-Duong Société de Mathématiques Appliquées aux Sciences Humaines (SMASH)

Convention n° 10 94 C0012

Coordination technique :

Stéphanie Arnoux ADEME

Direction de la Recherche et de la Stratégie Service Recherche et Technologies Avancées

20, avenue du Grésillé BP 90406 49004 ANGERS cedex 01

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* Reproduction et la redistribution autorisées à l'identique, utilisation avec citation de la source :

Minh Ha-Duong, 2010, Sondage national sur la connaissance et les perceptions du stockage géologique du CO2 par les français en 2010. Synthèse des résultats. Convention ADEME / SMASH n° 10 94 C0012. Publié en ligne sur http://www.centre-cired.fr.

Avec la contribution de: Naceur Chaabane, Gilles Mardon, Alain Nadai, Rebeca Neri O'Neill.

L’ADEME en bref : L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) est un établissement public sous la tutelle conjointe du ministère de l’Écologie, du Développement et de l’Aménagement durables, et du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Elle participe à la mise en œuvre des politiques publiques dans les domaines de l’environnement, de l’énergie et du développement durable. L’agence met se capacités d’expertise et de conseil à disposition des entreprises, des collectivités locales, des pouvoirs publics et du grand public et les aide à financer des projets dans cinq domaines (la gestion des déchets, la préservation des sols, l’efficacité enérgétique et les énergies renouvelables, la qualité de l’air et la lutte contre le bruit) et à progresser dans leurs démarches de développement durable.

www.ademe.fr

Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur* ou de ses ayants droits ou ayants cause est illicite selon le Code de la propriété intellectuelle (Art L 122-4) et constitue une contrefaçon réprimée par le Code pénal. Seules sont autorisées (Art L 122-5) les copies ou les reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, ainsi que les analyses et courtes citations justifiées, par le caractère critique, pédagogique ou d'information de l'œuvre à laquelle elles sont incorporées, sous réserve, toutefois, du respect des dispositions des articles L 122-10 à L 122-12 du même Code, relative à la reproduction par reprographie.

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Sommaire

Sommaire et index des illustrations 3

Résumé 4

English summary 6

Récapitulatif des livrables 7

1. Introduction ............................................................................................................................................... 8

1.1. Contexte ...................................................................................................................................... 8

1.2. Objectifs et enjeux ........................................................................................................................ 8

1.3. Méthode ....................................................................................................................................... 8

1.4. Organisation du rapport ................................................................................................................ 9

2. Les résultats commentés......................................................................................................................... 10

2.1. Sensibilité au changement climatique ......................................................................................... 10

2.2. Connaissances des technologies utiles pour la protection de l'environnement ............................ 11

2.3. Connaissance du stockage géologique du CO2 .......................................................................... 13

2.4. Opinions sur le stockage géologique du CO2 ............................................................................. 14

3. Discussion .............................................................................................................................................. 16

3.1. Consensus pour protéger le climat: les raisons de l'érosion ........................................................ 16

3.2. Une augmentation quantitative et qualitative de la reconnaissance du CSC ................................ 17

3.3. Le décollage dans la presse ....................................................................................................... 20

4. Conclusion .............................................................................................................................................. 34

Annexe A. Le questionnaire (relié à part)

Annexe B. Résultats détaillés de l'enquête, rapport TNS Sofres (livrable pour la tâche 1) (relié à part)

Annexe C. Rapport d'analyse statistique de l'enquête d'opinion (livrable pour la tâche 2) (relié à part)

Index des illustrations

Illustration 1 : Reconnaissance du stockage géologique par les français, sondages 2007 et 2010. .............. 19

Illustration 2 : Mots employés pour définir le stockage géologique du CO2. ................................................. 19

Illustration 3 : Croissance du nombre d'articles citant le CSC dans la presse nationale française. ................ 21

Illustration 4 : Opinions sur l'utilisation du stockage géologique du CO2 en France. Stabilité entre 2007 et 2010, avant comme après l'exposé des risques. ......................................................................................... 34

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Sondage national sur la connaissance et les perceptions du stockage géologique du CO2 par les français en 2010

Résumé

20 décembre 2010

Étude réalisée pour le compte de l'ADEME par : Minh Ha-Duong

Société de Mathématiques Appliquées aux Sciences Humaines (SMASH)

Convention n° 10 94 C0012

Contexte : Le projet s'est situé dans le prolongement direct d’une étude précédente menée par le CIRED dans le cadre des programmes Metstor et Soceco2, qui comportaient notamment la conception d’une enquête menée avec le concours et les moyens de TNS-Sofres au printemps 2007, et s’appuyant sur un échantillon représentatif de la population nationale française. L’objectif de l’enquête était de contribuer à l’analyse des déterminants de la perception du stockage géologique du CO2, et des risques éventuels associés.

L’enquête avait permis, en 2007, de mesurer l’ampleur de la prise de conscience face au changement climatique. Aujourd'hui, même s'il reste prégnant dans l’urgence perçue à agir, le consensus autour des enjeux environnementaux ressent l'impact de l'échec de Copenhague et de la mise en cause du GIEC.

Également perturbé cette année par la crise économique et notamment la baisse du pouvoir d’achat, ce consensus semble légèrement s’affaiblir au profit du développement économique, dès lors que ces priorités sont proposées en concurrence.

Ainsi, 62% des Français estiment qu’il faut agir face à la gravité du changement climatique, soit 17 points de moins qu’il y a trois ans. Et 67% estiment que « la priorité doit être donnée à la protection de l’environnement » au détriment de l’économique, soit 11 points de moins.

Le sondage de 2007 suggérait que 6% des français donnaient une définition correcte du stockage géologique du CO2. L'approbation de la technologie était de 59% a priori, tombant à 38% après un exposé orienté sur ses risques. La technologie apparaissait ainsi dans l'ensemble méconnue et l'opinion non ancrée: l'acceptabilité de la filière technologique était à construire. Nous avions aussi montré à cette occasion que le terme "Stockage" était perçu comme plus clair par les français que "Séquestration", même si il ne comporte pas l'idée de surveillance et de long terme. Les deux termes n'entraînent toutefois pas des taux d'approbation statistiquement différents.

Environ trois ans après, le contexte était déjà très remanié par, entre autres, un succès et deux échecs: le Grenelle de l’Environnement, le lancement de la taxe carbone et la conférence de Copenhague. On peut caractériser ce contexte modifié comme un passage à l'action vis à vis du problème du changement climatique en général, et pour le captage et stockage du CO2 en particulier avec l'émergence de projets concrets sur le territoire.

Objectifs et méthode : Ce rapport synthétise les résultats d'actualisation du sondage 2007 sur les perceptions sociales du stockage géologique du CO2 en France:

Impact des controverses récentes à propos du changement climatique sur l'importance relative donnée à ce problème par les français.

Mesure de la croissance en notoriété de la technologie, tant en absolu que par rapport au progrès de la notoriété des autres technologies alternatives.

Mesure de la variation du degré d'approbation, en examinant en particulier si les opinions sont plus robustes qu'il y a trois ans.

Le projet d'une durée de 6 mois, a été coordonné par Minh Ha-Duong, Directeur de Recherche

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CNRS au CIRED, assisté de Rebeca O'Neil, doctorante EHESS au CIRED cofinancée par le CNRS et la Chaire CTSC (via la SMASH), ainsi que d'Alain Nadai, chercheur associé au CIRED, employé à la SMASH. Le projet est cofinancé par la chaire CTSC à l’hauteur de 20 100 euros et géré par la SMASH.

L'enquête (voir questionnaire Annexe A) est basée sur un échantillon national représentatif de la population française, procuré par l'institut TNS-Sofres qui a administré le sondage dans des conditions rigoureusement comparables à celles de 2007 et en a effectué le traitement standard (voir Annexe B). Le retraitement statistique a été effectué par la SMASH (voir Annexe C) La taille de l’échantillon est représentative de la population française et se constitue d’un nombre de 1060 personnes du grand public de 15 ans et plus.

Cible et bénéfice pour le lecteur : Rapport réalisé pour l'ADEME et la Chaire Captage Transport Stockage du CO2. Il n'existe pas à notre connaissance d'autre enquête d'opinion comparable en France dont les résultats sont disponibles publiquement. La valorisation a été assurée par le CIRED et TNS-SOFRES, notament auprès des membres du Club CO2.

Principaux résultats : Entre 2007 et 2010 la notoriété du CSC auprès des français a très sensiblement progressé, mais le niveau d'adhésion a peu varié: 57% d'opinions favorables ou très favorables, tombant à 37% après l'exposé sur les risques. L'empreinte médiatique du sujet, quasi nulle avant 2005, a pris essor visible mais reste limitée par rapport à l'éolien par exemple.

L’expression « stockage géologique du CO2 » est désormais reconnue par 1/3 des Français et 17% d’entre eux peuvent en formuler une définition exacte. L'ambiguité de l'expression stockage du CO2 est de loin la principale source de confusion. Cette expression se rapporte à deux technologies: le stockage géologique, ou le stockage dans les forêts. Le verbe enfouir , qui apparaît fréquement dans les définitions exactes, lève bien l'ambiguité avec le stockage dans les forêt. Le vocabulaire traduit une imprécision quand au mécanisme physique de stockage. Dans la réalité géologique, les gaz souterrains sont retenus dans des roches plus ou moins poreuses, souvent en présence d'eau. Dans l'imaginaire, beaucoup de définitions suggèrent que le gaz serait stocké dans des souterrains, cavités, cuves, mines et poches.

L'étude fait apparaître un lien statistique significatif et positif entre degré d'information et opinion favorable à propos de l'utilisation du stockage géologique du CO2 en France. Cette opinion reste fragile face à un exposé orienté vers les risques de cette technologie. Néanmoins la connaissance d'un projet spécifique en France diminue la volatilité de l'opinion.

Les grands médias traditionnels comme la télévision, mais aussi la presse écrite et la radio sont les modes de découverte privilégiés de l’existence du CSC. Néanmoins, on peut constater la présence non négligeable de canaux d'information plus directs, au côté d'internet, comme les réunions d'information et le bouche à oreille. Une stratégie de communication multiforme apparaît donc essentielle pour diffuser une information qui reste encore vague (13% de l’échantillon) voire erronée (7% des sondés) malgré une tendance à l'augmentation depuis le dernier sondage en 2007. Sans cette condition, les risques que l’information, toujours plus fluide, ne diffuse de fausses idées troublant ou bloquant le débat public sont élevés.

Mots-clés

stockage géologique du CO2 , CSC, France, opinion publique.

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National 2010 survey on the awareness and opinion of the French about geological carbon storage

Summary

20 décembre 2010

Minh Ha-Duong

Société de Mathématiques Appliquées aux Sciences Humaines (SMASH)

This report presents the results of the 2010 CIRED / TNS Sofres public opinion survey about geological storage of CO2 in France.

The first survey, in April 2007, demonstrated a broad consensus for action against climate change. Three years later in March 2010, even a wide support for action remains, the public opinion was marked from the Copenhaguen fiasco and the climategate. More generally, in a context of global economic crisis, compared to 2007 the economy/environment balance moves back in 2010 towards the former term.

Thus, 62% of the French answered that there is a need to act against climate change, that is 17 points less than three years ago. And 67% estimated that "the priority must go to the protection of the environment" instead of the economy, that is 11 points less.

The 2007 survey suggested that 6% of the respondents were able to define correctly geological storage of CO2. The approval rate was 59% at first, but fell to 38% after reading about the risks of the technology. Three years later, the context included emerging CCS projects in France, a (failed) carbon tax proposal and sustained debates on climate change. While CCS has never been a hot topic in the media, it moved from being inexistent to a few specific papers each semesters in important newspapers and some TV / radio airtime.

Between 2007 and 2010 the notoriety of CCS increased in France, but the rates of approval mostly stagnated: 57% at first, falling to 37% after the reading on risks. The expression « stockage géologique du CO2 » is now recognized by one third of the French, and about 17% can provide an exact definition. There remain an ambiguity with sequestration in forests, and the mental image of storing CO2 in underground caves or vessels remains widespread.

Our study shows a statistically significant positive correlation between more information and a favorable opinion towards geological sequestration. The opinion of respondents is more stable when they have heard about a specific project in France.

Study sponsored jointly by:

ADEME (Convention n° 10 94 C0012)

Chaire d'enseignement et de recherche CTSC

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Récapitulatif des livrables

Titre Compléments de référence

1 Sondage national sur la connaissance et les perceptions de la CCS par les français en 2010. Synthèse des résultats. (Convention 10 94 C0012)

Rapport d'étude SMASH, 33 pages

2 Annexe A. Changement climatique et réduction des émissions de CO2 - Questionnaire

CIRED et TNS Sofres, 9 questions

3 Annexe B. Changement climatique et réduction des émissions de CO2 - Résultats détaillés (livrable de la tâche 1)

Rapport TNS Sofres, Gault / Piquandet, 79 p.

4 Annexe C. Sondage national sur la connaissance et les perceptions de la CCS par les français en 2010 - Analyse statistique (livrable tâche 2)

Rapport d'étude SMASH

5 Sondage national sur la connaissance et les perceptions de la CCS par les français en 2010. Résumé du projet. (inclus dans 1.)

Note de synthèse, voir pages 4 et 5 du présent rapport.

6 Sondage national sur la connaissance et les perceptions de la CCS par les français en 2010. Présentation des résultats.

Présentation, 5 vues

7 Point sur la perception du Captage et Stockage du Carbone en France. Dossier journal chaire CTSC, 2, Mardon/Ha-Duong, 2 p.

8 Social aspects of Total's Lacq CO2 capture, transport and storage pilot project.

Ha-Duong/ Gaultier/ de Guillebon, actes GHGT10

9 Public engagement in the Lacq area. Ha-Duong, com. orale, FENCO workshop, 5/2010

10 Remarques sur l'insertion sociale de la technologie captage et stockage du CO2 en France.

Ha-Duong, com. orale, Journée CTSC, 5/2010

11 Changement climatique et réduction des émissions de CO2 - Présentation au Club CO2

Gault / Piquandet, présentation, 30 vues

12 The French 2010 CSC public survey dataset Publié en ligne sur www.centre-cired.fr

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1. Introduction

1.1. Contexte

Le projet s'est situé dans le prolongement direct d’une étude précédente menée par le CIRED dans le cadre des programmes Metstor et Soceco2, qui comportaient notamment la conception d’une enquête menée avec le concours et les moyens de TNS-Sofres au printemps 2007, et s’appuyant sur un échantillon représentatif de la population nationale française. L’objectif de l’enquête était de contribuer à l’analyse des déterminants de la perception du stockage géologique du CO2, et des risques éventuels associés.

Le sondage de 2007 suggérait que 6% des français donnent une définition correcte du stockage géologique du CO2. L'approbation de la technologie est de 59% a priori, tombant à 38% après un exposé orienté sur ses risques. La technologie apparaît ainsi dans l'ensemble méconnue et l'opinion non ancrée: l'acceptabilité de la filière technologique reste à construire. Nous avons aussi montré à cette occasion que le terme "Stockage" était perçu comme plus clair que "Séquestration", même si il ne comporte pas l'idée de surveillance et de long terme. Les deux termes n'entraînent toutefois pas des taux d'approbation statistiquement différents.

Environ trois ans après, le contexte était déjà très remanié par, entre autres, un succès et deux échecs: le Grenelle de l’Environnement, le lancement de la taxe carbone et la conférence de Copenhague. On peut caractériser ce contexte modifié comme un passage à l'action vis à vis du problème du changement climatique en général, et pour le CSC en particulier avec l'émergence de projets concrets sur le territoire.

1.2. Objectifs et enjeux

Le projet consistait à actualiser les résultats sur la connaissance et la perception du stockage géologique du CO2 au moyen d'un nouveau sondage. L'hypothèse a priori était que le niveau de connaissance a augmenté en 3 ans, et que les opinions concernant les risques associés au stockage géologique pourraient être mieux formées, donc plus stables. L'étude visait à:

Mesurer l'impact des controverses récentes à propos du changement climatique sur l'importance relative donnée à ce problème par les français.

Mesurer la croissance en notoriété de la technologie, tant en absolu que par rapport au progrès de la notoriété des autres technologies alternatives.

Mesurer la variation du degré d'approbation, en examinant en particulier si les opinions sont plus robustes qu'il y a trois ans.

Cette opération est indispensable pour apporter un perfectionnement sur l’évaluation de la perception et la communication du risque lié au stockage géologique du CO2. En outre ce type de progrès permet de lancer de prolongements de recherches en sociologie des sciences et de technologies sur les conséquences des perceptions sociales liées aux nouvelles technologies.

Toutefois la pertinence d’une communication élargie sur le CSC et ses risques reste encore à établir, notament en France. Si d’un côté le niveau de connaissance est faible, de l’autre côté les moyens de communication courants peuvent contribuer à étendre des perceptions à la fois négatives et labiles sur les risques liés au CSC. De cette façon ce sondage mesure les opinions actuelles afin de voir si les activités engendrées par le déploiement de cette technologie en France et dans le monde ont été, jusqu’ici, des canaux porteurs d’information perçue voire créateurs d'opinions.

1.3. Méthode

Le projet d'une durée de 6 mois, a été coordonné par Minh Ha-Duong, Directeur de Recherche CNRS au CIRED, assisté de Rebeca O'Neil, doctorante EHESS au CIRED cofinancée par le CNRS et la Chaire CTSC (via la SMASH), ainsi que d'Alain Nadai, chercheur associé au CIRED, employé à la SMASH. Le projet est cofinancé par la chaire CTSC à l’hauteur de 20 100 euros et géré par la SMASH.

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L'enquête et le questionnaire (voir annexe A) ont été structuré de façon similaire à l'étude 2007, avec deux différences. Comme les aspects sémantiques ne sont plus étudiés, le questionnaire est raccourci et une seule version est utilisée. La fin est remaniée pour s'intéresser à la connaissance des projets en France et à la perception des aspects locaux.

L'enquête est basée sur un échantillon composé de 1060 individus âgés de 15 ans et plus, représentatif de la population française, procuré par l'institut TNS-Sofres qui a administré le sondage dans des conditions rigoureusement comparables à celles de 2007. L'institut en a effectué le traitement standard présenté dans l'Annexe B avec redressement de l’échantillon.

Les chercheurs CIRED et SMASH ont conçu le questionnaire et effectué les analyses avancées (voir Annexe C), notament le rapprochement des résultats avec ceux du sondage réalisé en 2007 et la valorisation. Comme pour le sondage initial, les données d'enquête sont mises à disposition publique des autres chercheurs via le site du CIRED et l'archive ouverte HAL-SHS.

1.4. Organisation du rapport

Ce rapport de synthèse est organisé comme suit.

La section 2. suit l'ordre du questionnaire pour présenter les résultats synthétiques et les commentaires principaux. On se reportera à l'Annexe A pour le questionnaire et à l'Annexe B pour les résultats détaillés.

La section 3. discute les résultats du sondage plus généralement. Elle commence au 3.1 par examiner dans un contexte élargi les résultats des questions sur l'urgence d'agir face au changement climatique. Puis le 3.2 résume les résultats de l'analyse qualitative et quantitative des réponses, présentés en détail à l'Annexe C. Enfin le 3.3 contribue à expliquer les résultats en examinant l'entrée du sujet dans la presse quotidienne nationale.

Le rapport est accompagné d'une présentation des résultats principaux de 5 supports visuels et d'un résumé de 2 pages (pp 4-5 du présent document). Le jeu de données a été publié en accès libre sur le site web du laboratoire CIRED, <http://www.centre-cired.fr>.

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2. Les résultats commentés

2.1. Sensibilité au changement climatique

Question 1: Laquelle de ces opinions se rapproche le plus de la vôtre ?

Base : Ensemble de l'échantillon Français 15 ans et plus Rappel avril

2007 Mars 2010

Evolution Avril 2007 / Mars 2010

La gravité du changement climatique ne fait aucun doute et une réponse immédiate est nécessaire

45 28 -17

La réalité du changement climatique est suffisamment évidente et une action doit être décidée

34 34 =

Total agir 79 62 -17

On n'en sait pas assez sur le changement climatique et il faut davantage de recherche avant toute décision

14 27 +13

Les inquiétudes relatives au changement climatique ne sont pas justifiées

4 8 +4

Total attendre 18 35 +17

Sans opinion 3 3 =

Question 2: De manière générale, quelle priorité accordez-vous à la protection de l'environnement par rapport au développement économique ?

Base : Ensemble de l'échantillon Français 15 ans et plus Rappel

Avril 2007 Mars 2010

Evolution Avril 2007 / Mars 2010

La protection de l'environnement doit être prioritaire, même au détriment du développement économique

28 22 -6

L'économie compte autant que l'environnement, mais on doit donner la priorité à l'environnement

50 45 -5

Total priorité à l'environnement 78 67 -11

L'économie compte autant que l'environnement, mais on doit donner la priorité au développement économique

15 22 +7

Le développement économique doit être prioritaire, même au détriment de la protection de l'environnement

2 5 +3

Total priorité à l'économie 17 27 +10

Sans opinion 5 6 +1

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Commentaire: L’enquête 2007 avait montré une ample prise de conscience face au changement climatique. Aujourd'hui une majorité de répondants reste favorable à une action contre le changement climatique, mais le consensus autour des enjeux environnementaux a rétréci. L'opinion ressent l'impact de divers facteurs discutés au 3.1 .

Également perturbé cette année par la crise économique et notamment la baisse du pouvoir d’achat, ce consensus semble légèrement s’affaiblir au profit du développement économique, dès lors que ces priorités sont proposées en concurrence.

Ainsi, 62% des Français estiment qu’il faut agir face à la gravité du changement climatique, soit 17 points de moins qu’il y a trois ans. Et 67% estiment que « la priorité doit être donnée à la protection de l’environnement » au détriment de l’économique, soit 11 points de moins.

2.2. Connaissances des technologies utiles pour la protection de l'environnement

Question 3: Pour chacune des technologies que je vais vous citer, pouvez-vous me dire si vous en avez déjà entendu parler ?

— Base : Ensemble de l'échantillon Français 15 ans et plus —

Rappel avril 2007

Mars 2010 Evolution

Avril 2007 / Mars 2010

L’énergie solaire Oui et vous savez de quoi il s'agit 91 86 -5

Oui mais vous ne savez pas précisément de quoi il s'agit 8 12 +4

Total oui 99 98 -1

Non 1 2 +1

Sans opinion 0 0 =

L’énergie nucléaire Oui et vous savez de quoi il s'agit 84 79 -5

Oui mais vous ne savez pas précisément de quoi il s'agit 13 17 +4

Total oui 97 96 -1

Non 3 4 +1

Sans opinion 0 0 =

L’énergie éolienne Oui et vous savez de quoi il s'agit 89 86 -3

Oui mais vous ne savez pas précisément de quoi il s'agit 8 12 +4

Total oui 97 98 +1

Non 3 2 -1

Sans opinion 0 0 =

100% 100%

Les biocarburants Oui et vous savez de quoi il s'agit 77 71 -6

Oui mais vous ne savez pas précisément de quoi il s'agit 16 20 +4

Total oui 93 91 -2

Non 7 9 +2

Sans opinion 0 0 =

Les appareils électroménagers économes en

énergie

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Oui et vous savez de quoi il s'agit 76 80 +4

Oui mais vous ne savez pas précisément de quoi il s'agit 14 13 -1

Total oui 90 93 +3

Non 10 7 -3

Sans opinion 0 0 =

Les véhicules à moteur hybride Oui et vous savez de quoi il s'agit 62 67 +5

Oui mais vous ne savez pas précisément de quoi il s'agit 18 20 +2

Total oui 80 87 +7

Non 19 13 -6

Sans opinion 1 0 -1

Les véhicules à hydrogène Oui et vous savez de quoi il s'agit 47 44 -3

Oui mais vous ne savez pas précisément de quoi il s'agit 24 27 +3

Total oui 71 71 =

Non 28 29 +1

Sans opinion 1 0 -1

La séquestration du carbone par les forêts Oui et vous savez de quoi il s'agit 27 27 =

Oui mais vous ne savez pas précisément de quoi il s'agit 21 19 -2

Total oui 48 46 -2

Non 51 54 +3

Sans opinion 1 0 -1

L’énergie de la biomasse Oui et vous savez de quoi il s'agit 19 23 +4

Oui mais vous ne savez pas précisément de quoi il s'agit 21 25 +4

Total oui 40 48 +8

Non 59 52 -7

Sans opinion 1 0 -1

Le stockage géologique du CO2 Oui et vous savez de quoi il s'agit 12 18 +6

Oui mais vous ne savez pas précisément de quoi il s'agit 22 20 -2

Total oui 34 38 +4

Non 65 61 -4

Sans opinion 1 1 =

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Sondage national sur la connaissance et les perceptions du stockage géologique du CO2 par les français en 2010 31/03/11

ADEME 13 / 33

Commentaire: La connaissance des technologies de lutte contre le changement climatique est encore partielle et surtout très inégale selon les options. Les Français semblent davantage connaître les énergies alternatives (solaires, éoliennes, nucléaires), les solutions issues du quotidien (appareils électroménagers économes en énergie) et les avancées technologiques proposées par le secteur automobile (moteurs hybrides et à hydrogène). Le stockage géologique du CO2 apparaît en bas de tableau avec l’énergie de la biomasse et la séquestration du carbone par les forêts. Ces trois options semblent sont pour l'essentiel invisibles pour l'opinion, hors du quotidien des Français.

2.3. Connaissance du stockage géologique du CO2

Question 4: Et comment avez-vous entendu parler du stockage géologique du CO2? Etait-ce par… ?

Base : Question posée à ceux qui ont entendu parler du stockage géologique du CO2 (soit 38% de l'échantillon)

Rang La télévision 60% 1 La presse nationale 22% 2 La radio 14% 3 Des réunions d'information 10% 4 Le bouche à oreille 10% 4 Internet 9% 6 La presse locale 6% 7 Autres 1% Sans opinion 4% (1) Le total des pourcentages est supérieur à 100, les personnes interrogées ayant pu donner plusieurs réponses.

Question 5 : Selon vous, en quoi consiste le stockage géologique du CO2 ?

Base : Ensemble de l'échantillon Français 15 ans et plus Rappel

Avril 2007 Mars 2010

Evolution Avril 2007 / Mars 2010

Réponse exacte 8 17 +9

Réponse vague 7 13 +6

Réponse erronée 11 8 -3

Sans opinion 74 62 -12

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ADEME 14 / 33

Commentaire: Les grands médias traditionnels comme la télévision, mais aussi la presse écrite et la radio sont les modes de découverte privilégiés de l’existence de la CCS. Néanmoins, on peut constater la présence non négligeable de canaux d'information plus directs, au côté d'internet, comme les réunions d'information et le bouche à oreille. Le niveau d'information des Français sur le CSC a dans l'ensemble augmenté depuis le dernier sondage en 2007. Néanmoins, pour la majorité de ceux qui en ont entendu parler la connaissance reste encore vague (13% de l’échantillon) ou erronée (7% des sondés), voir section 3.2 pour la discussion qualitative des définitions fournies par les répondants.

Les résultats du sondage confirment que la grande majorité des français n'a toujours pas les connaissances préalables requises pour avoir une opinion sur la technologie. Il semble difficile d'envisager un débat public satisfaisant sans une période d'information préalable. Si cet objectif était poursuivi, une stratégie de communication multiforme serait recommandable pour répondre à la variété des canaux d'information utilisés.

2.4. Opinions sur le stockage géologique du CO2

A ce point du questionnaire, un paragraphe sur le CSC était donné au répondant, avec une illustration schématique. Documents reproduits à l'Annexe A.

Question 6: Vous-même, seriez-vous a priori tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé à l'utilisation du stockage géologique du CO2 en France ? Base : Ensemble de l'échantillon Français 15 ans

et plus Rappel

Avril 2007 Mars 2010

Evolution Avril 2007 / Mars 2010

Tout à fait favorable 10 10 =

Plutôt favorable 48 47 -1

Total favorable 58 57 -1

Plutôt opposé 16 14 -2

Tout à fait opposé 7 6 -1

Total opposé 23 20 -3

Vous n'avez pas d'opinion 19 23 +4

Question 7: Vous-même, avez-vous entendu parler d’un ou de plusieurs projets de stockage du CO2 en France ?

Base : Ensemble de l'échantillon Français 15 ans et plus

Oui 10

Non 88

Sans opinion 2

Question 8: Vous personnellement, parmi les deux opinions suivantes, laquelle se rapproche le plus de ce que vous pensez ?

Base : Ensemble de l'échantillon Français 15 ans et plus

Le stockage géologique du CO2 constitue l'une des solutions pour contrôler les émissions de CO2 tout en continuant de développer d'autres énergies moins polluantes

31

Le stockage géologique du CO2 peut nuire au développement d'autres énergies moins polluantes

41

Vous n'avez pas d'opinion 28

Question 9: Finalement, êtes vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou tout

à fait opposé à l'utilisation du stockage géologique du CO2 en France ?

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ADEME 15 / 33

Base : Ensemble de l'échantillon Français 15 ans et plus Rappel

Avril 2007 Mars 2010

Evolution Avril 2007 / Mars 2010

Tout à fait favorable 3 4 +1

Plutôt favorable 32 33 +1

Total favorable 35 37 +2

Plutôt opposé 32 27 -5

Tout à fait opposé 13 12 -1

Total opposé 45 39 -6

Vous n'avez pas d'opinion 20 24 +4

Commentaire: Comme en 2007, l’opinion de prime abord majoritairement favorable au stockage géologique tend à se rétracter une fois avertie des conséquences potentiellement négatives de son utilisation. Si 57% des Français sont ainsi a priori favorables à son utilisation, ils ne sont plus que 37% après l'exposé des risques (voir aussi Illustration 6 page 24). Les résultats sont stables par rapport à 2007, en dépit de l'augmentation du niveau de connaissance.

On note que 41% des répondants considèrent que le stockage peut « nuire au développement d’autres énergies moins polluantes » face à 31% qui pensent le contraire, et 28% qui ne se prononcent pas. Ce risque d'éviction ou de prédation des budgets de R&D est relativement mal étudié dans la littérature spécialisée existante sur le CTSC. En effet, les analyses de risque classiques s'intéressent en général à un puits, à un réservoir ou à un projet de stockage. Elles ne peuvent donc pas informer sur la compétition inter-technologies au niveau des politiques et programmes. Les résultats du sondage montrent l'importance de mieux comprendre ce problème "moral" (à ne pas confondre avec la notion d'aléa moral en économie, qui dit qu'un agent assuré contre un risque est désincité à l'éviter).

Les résultats révèlent qu'éprouvée par l’incertitude, l'opinion se montre inconstante et perplexe. L'intervalle [37% - 57%] d'opinions favorables doit donc être vu comme une plage de potentiel, car on ne sait pas aujourd'hui quels messages ni quels messagers vont passer auprès des Français sur ce sujet.

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ADEME 16 / 33

3. Discussion

3.1. Consensus pour protéger le climat: les raisons de l'érosion

Le sondage d’opinion sur la gravité du changement climatique réalisé par TNS Sofres pour le CIRED, en mars 2010 auprès d’un échantillon de 1060 personnes représentatives de la population française de plus de 15 ans, révèle une évolution allant à l’opposé de la tendance observée depuis les 10 dernières années. En effet, à la question « laquelle des ces opinions se rapproche le plus de la votre ? » 28 % des sondés répondent « la gravité du changement climatique ne fait aucun doute et une réponse immédiate est nécessaire » contre 45 % en 2007. De même, on observe une augmentation des adhésions à la réponse « on n’en sait pas assez sur le changement climatique et il faut davantage de recherche avant toute décision » avec 27% des sondés en 2010 contre 14% en 2007. Enfin, la même tendance apparaît avec la réponse « les inquiétudes relatives au changement climatique ne sont pas justifiées » qui recueille 8% des adhésions en 2010 contre 4% en 2007.

La question environnementale est présente dans les médias de manière croissante depuis de nombreuses années. Plus encore, elle paraissait devenir une des préoccupations principales des citoyens dans la dernière décennie et donc des politiciens et dirigeants. Le résultat révélé par ce sondage fait donc entrevoir un renversement de tendance derrière lequel on peut trouver plusieurs explications éventuelles. Faut-il y voir une montée en force des climato sceptiques ou simplement une conséquence de la crise financière et de l’échec des négociations climatiques ?

Considérons d’abord la formulation même de la première question ayant subi en 3 ans une baisse de 17 points de pourcentage. Elle se décompose en deux termes :

La gravité du changement climatique ne fait aucun doute.

Une action immédiate est nécessaire.

Un rapport de l’ADEME sur les représentations sociales de l’effet de serre mesurées sur une période de 10 ans de 2000 à 2009 montre que les français acceptent à une large majorité l’idée d’une gravité du changement climatique. On peut citer à ce titre plusieurs exemples de questions posées pour le compte de ce rapport. Ainsi, à la question « quels sont les deux problèmes environnementaux qui vous semblent les plus préoccupants ? » la lutte contre l’effet de serre arrive en tête depuis 2006 malgré une légère baisse entre 2007 et 2009 (33% à 28%), de même 42 % des sondés affirment en 2009 que l’effet de serre est une certitude et que les désordres climatiques du type inondations et tempêtes en France sont créés par l’effet de serre, contre 39% en 2007 et 32% en 2005.

Cela semblerait indiquer que la première partie de la question ne serait pas réellement remise en cause par les sondés et que c’est l’éventualité d’une action immédiate qui le serait. Cet argument nous amène directement au désenchantement suscité par les négociations climatiques onusiennes à l’image du sommet de Copenhague de décembre 2009. Le fait qu’une solution ne puisse être que collective est en général assez bien assimilé par le grand public. Mais les États n’arrivent plus à de grandes avancées sur la question depuis le protocole de Kyoto, repoussant toujours à tard des engagements contraignants. L’opinion publique suit l'exemple des dirigeants.

Néanmoins, s’en tenir à cette explication reviendrait à négliger la tendance de fond supportée par les réponses aux deux autres questions du sondage initial. Ces réponses nous suggèrent une prise en compte plus grande des thèses des climatosceptiques représentés en France par l’ancien ministre de l’éducation nationale Claude Allègre. En effet, ces derniers ont depuis quelques années affirmé plus franchement leur opposition aux données et conclusions du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) qui font référence pour les négociations sur l’évolution, la gravité, les causes et conséquences du changement climatique. De surcroît, l’année 2009 et le début 2010 ont été marqués par des remises en cause de l’intégrité des experts du GIEC. Même si ces derniers ont été lavés de tout soupçons depuis, le scandale et sa médiatisation ont pu laisser des traces.

Une autre explication est sans doute à chercher du côté de la crise économique débutée en 2008. Le rapport de la Commission européenne de juillet 2009 sur l’opinion des européens à

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propos du changement climatique est révèlateur à cet égard. Il constate, spécifiquement, que la crise est passée devant le changement climatique entre janvier et février 2009. La peur d’une dégradation brutale de l’environnement économique mondial est monté de la troisième à la seconde place dans les préoccupations principales des européens avec 24% des sondés au printemps 2008 et 52% entre janvier et février 2009. Inversement, dans le même temps, les préoccupations liées au changement climatique ont été reléguées de la seconde à la troisième place passant de 62% au printemps 2008 à 50% en 2009.

Enfin, en considérant à nouveau le sondage initial, on peut émettre l’hypothèse que 2007 était un point haut du fait de plusieurs facteurs concomitants :

une reprise des arguments et positions des écologistes par différents partis politiques de gauche comme de droite.

une diffusion large et un accès aisé à une information de qualité concernant le climat, ses causes et conséquences par des médias de masse (TV, radio, presse écrite) mais aussi par internet qui accélère le phénomène.

une multiplication des phénomènes climatiques extrêmes comme l’ouragan Katrina en 2005, le Tsunami en Asie du sud est fin 2004, et autres tempêtes et ouragans en tout genre mais aussi des sécheresses beaucoup plus marquées conduisant à des pénuries voire des famines dans certaines régions du monde.

Concernant ce dernier point, le sondage de référence datant d’avril 2007, il convient au moins de s’intéresser au second semestre de l’année 2006 et au premier trimestre 2007.

Dans ce cadre, en formulant l’hypothèse que dans l’imaginaire public, l’urgence climatique est liée en grande partie aux catastrophes naturelles récentes et marquantes, il est nécessaire de différencier les catégories de catastrophes naturelles. En effet, le lien entre catastrophes naturelles, dérèglement climatique et réchauffement climatique est plus fermement établi par l’opinion publique en cas d’inondation, de tempêtes, de feux de forêt, de sécheresse, de canicule qu’en cas de séisme, bien que cette dernière catégorie soit souvent plus meurtrière.

En l’occurrence, les années 2006-2007 ont été marquées par un nombre significatif d’inondation, de tempête et typhon, en premier lieu desquels Durian en décembre 2006 qui a touché les Philippines et fait quelques 2 500 morts. A contrario, c’est une catastrophe tellurique plutot que climatique -le séisme en Haïti -qui a marqué la période s’étalant du second semestre 2009 au premier trimestre 2010. En se basant sur l’hypothèse formulée précédemment, cela peut donc expliquer en partie la baisse de la sensibilité liée à l’urgence climatique révélée par les chiffres de 2010.

On pourrait également interpréter le renversement de tendance dans l’opinion entre 2007 et 2010 comme une sorte d’essoufflement de la prise de conscience générale.

En résumé, l'usure du sujet, l'affaire du GIEC et son exploitation médiatique par quelques individus, le fiasco des dirigeants à Copenhague, celui de la taxe carbone, et l'incertitude croissante face à la crise économique et au risque de chômage sont l'ensemble des facteurs que nous pouvons avancer pour expliquer la baisse sensible de la perception d’une gravité du changement climatique et surtout de la nécessité (peut-être liée à un sentiment d’impossibilité) d’une action immédiate.

3.2. Une augmentation quantitative et qualitative de la reconnaissance du CSC

Le stockage géologique du CO2 semble nettement mieux connu qu’il y a trois ans. L’expression « stockage géologique du CO2 » est désormais reconnue par 1/3 des Français et 17% d’entre eux peuvent en formuler une définition exacte.

L'Illustration 3.2 met en évidence les principaux résultats de l'étude qualitative du contenu des définitions proposées (voir annexe C, section 2). Cette figure montre les mots employés par les répondants pour définir le stockage géologique du CO2. Dans ce nuage de mots, la taille des lettres est proportionnelle à leur fréquence dans l'échantillon.

Les mots qui dominent le nuage sémantique correspondent aux définitions exactes ou vagues, formant la majorité des réponses: stocker sous terre sol. Pour le grand public, ces deux derniers noms sont synonymes.

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L'analyse des définitions fausses suggère que l'ambiguité de l'expression stockage du CO2 est de loin la principale source de confusion. En effet cette expression se rapporte à deux technologies: le stockage géologique, ou le stockage dans les forêts. Le verbe enfouir, d'usage fréquent dans les définitions exactes, lève bien cette ambiguité avec le stockage dans les forêt.

Les définitions erronnées mais qui ne confondent pas avec la séquestration du CO2 dans les forêts placent bien le stockage géologique dans le paquet des technologies de lutte contre le changement climatique, ce qui peut se comprendre au vu du questionnaire, mais n'invoquent pas la bonne technologie du paquet. Dans le domaine des énergies fossiles et de l'industrie, certains répondants confondent avec le nucléaire, la géothermie, le stockage océanique. La valorisation du CO2 et le captage sont également présents.

On note enfin certaines imprécisions sur la distinction entre l'air et l'oxygène, et de nombreuses réponses qui confondent encore le changement climatique et le trou dans la couche d'ozone. Les baromètres effet de serre ADEME (RCB conseil, 2010) montrent que c'est une erreur réccurente dans la population française.

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Le vocabulaire traduit une imprécision quand au mécanisme physique de stockage. Dans la

Illustration 1 : Reconnaissance du stockage géologique par les français, sondages 2007 et 2010.

Illustration 2 : Mots employés pour définir le stockage géologique du CO2.

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réalité géologique, les gaz souterrains sont retenus dans des roches plus ou moins poreuses, souvent en présence d'eau. Dans l'imaginaire, beaucoup de définitions suggèrent que le gaz serait stocké dans des souterrains ou des cavités, voire des cuves, c'est à dire essentiellement des cavernes. Les mots mines et poches peuvent apparaître moins inexacts dans ce contexte puisqu'on peut en effet stocker dans des réservoirs d'hydrocarbure déplétés. Mais même ces mots ne garantissent pas que la définition dérive d'une image mentale techniquement précise.

3.3. Le décollage dans la presse

Pour mieux mesurer les sources de cette notoriété croissante, nous avons « tracé » l'empreinte médiatique du thème à partir d'une recension exhaustive des articles parlant du CSC ou le mentionnant dans les archives en ligne de cinq quotidiens de la presse nationale française (jusqu'au 3ème trimestre 2010 inclus). Trois de ces quotidiens sont généralistes : le Monde, le Figaro et Libération. Deux autres sont spécialisés dans l'actualité économique et financière : les Échos et la Tribune.

Nous distinguons deux approches pour l’étude du thème « CSC » dans la presse écrite, quotidienne et nationale (PQN) : périodique et différentielle. L’approche périodique offre un premier aperçu de l’évolution dans le temps de la présence du thème dans la presse. L’approche différentielle part du constat d’une présence plus ou moins marquée du thème CSC selon les quotidiens considérés. En première approximation, l’approche périodique rend compte du développement de l'actualité du thème, plus ou moins diffuse selon qu'il est directement traité ou simplement mentionné. L’approche différentielle permet de se rapprocher des formes d’intérêt que peut susciter l’actualité du CSC, selon les caractéristiques des politiques éditoriales et des lectorats. En réalité, on peut s’attendre à ce que les deux approches ne s’excluent pas totalement, mais un traitement statistique au niveau général de la presse permet néanmoins de les distinguer. Cette démarche descriptive a pour but de procurer un premier cadrage pour une démarche plus analytique, relative aux contenus de presse et à leur contexte, et s’approcher des lectorats, si ce n’est encore des questions de perception par le public proprement dites. En effet, il s’agit ici d’empreinte médiatique du thème CSC, et non de son impact effectif auprès du public qui s’évalue autrement, notamment à partir d’enquêtes spécifiques.

3.3.1 L’approche périodique : le « décollage » du thème CSC dans la presse.

L'Illustration 3 permet de distinguer trois grandes périodes concernant le traitement du CSC dans la presse quotidienne nationale française.

Première période

Aucune mention du sujet n'apparaît avant 1997. Les années 92-97 correspondent à la période de gestation du protocole de Kyoto.

Deuxième période

Entre 1997 et 2004 le sujet est resté assez largement absent de la presse grand public analysée et tout juste abordé par la presse économique. Les articles du Monde de 1999 et 2001 concernent les risques naturels de dégazage du lac de Nyos, et c’est au second semestre 2001 que le sujet apparait nettement traité dans le Monde (« L'option géologique des pétroliers » et « La capture, verrou technologique majeur », 7 novembre 2001), et auparavant dans le Figaro (« Piéger et enfouir le gaz carbonique », 23 juillet 2001). Les quatre articles sporadiquement parus en 1997 et 2001 dans les Échos concernent d’abord l'option spéculative du stockage au fond des océans, ou encore la mise en balance de la séquestration du CO2 et de la voie hydrogène, et enfin la « séquestration du carbone » (8 octobre 2001). Malgré la rareté du thème dans la période 1997-2004, la PQN se révèle de plus en plus sensible à la maturation de la problématique du CSC, réduisant alors un décalage inévitable avec son actualisation progressive dans les milieux plus spécialistes et directement concernés.

L’année 2001 semble assez exceptionnellement le faire ressortir dans le contexte du questionnement climatique : 2001 est aussi l’année de la prise de fonction du nouveau président des Etats-Unis, G. W. Bush, du retrait définitif qui s’ensuit du protocole de Kyoto (après l’échec de B. Clinton à le faire ratifier par le Sénat américain) et de son vif et net rejet

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des positions du GIEC, de la priorité portée à la sécurité de l’offre énergétique, et à l’innovation technologique en matière de réduction des émissions polluantes. Dans son discours du 11 juin 2001, G. W. Bush déclare : « And we propose a joint venture with the EU, Japan and others to develop state-of-the-art climate modeling that will help us better understand the causes and impacts of climate change. America's the leader in technology and innovation. We all believe technology offers great promise to significantly reduce emissions -- especially carbon capture, storage and sequestration technologies. »

C'est fin 2003/début 2004 que le CSC refait une percée médiatique et devient un sujet réellement spécifique : la Tribune expose directement l'enjeu du stockage géologique au regard du climat (« enfouir le CO2 pour limiter ses effets », 5 novembre 2003) , les Échos annoncent le lancement du programme Castor (« L’Europe, pionnière de la séquestration du CO2 », 5 février 2004), après un net marquage du sujet par le Monde (« La capture et le stockage du gaz carbonique, un défi économique et technique », 8 novembre 2003).

Troisième période

Le thème décolle à partir de 2005. Les articles sur le CSC restent encore loin d'être fréquents, typiquement moins qu'une demi-douzaine de mentions par trimestre pour chaque journal. La corrélation entre les parutions peut s'expliquer par une logique de suivi de l'actualité. La croissance du nombre d'articles est réelle mais pas explosive, et en fait assez irrégulière.

En dehors des spécificités propres aux différents organes de presse, le profil de cumul des publications fait ressortir deux pics, au premier semestre 2007 puis au second semestre 2009.

Le premier pic amorce sa progression en 2006 après la sortie du rapport spécial du GIEC sur le CSC fin 2005 et avec le lancement officiel du CSC en Europe (le Monde, « Une étude relance le débat sur le stockage géologique du CO2 », 30 juillet 2006 ; « Enfouir le CO2, seule solution d'avenir », 5 octobre 2006; le Figaro « Polluer davantage pour contrer le réchauffement », 30 octobre 2006; Libération « Une solution en option, la séquestration », 3 juin 2006; les Echos « Consensus mondial pour le stockage du CO2», 9 mai 2005; « L'industrie s'engage dans la capture du CO2», 10 mai 2005 ; « L'enfouissement du CO2 prévu pour 2020 », 15 septembre 2005 ; « Total envisage de capter et stocker le gaz carbonique sur le site de Lacq », 11 juin 2006 ; « Les centrales au charbon apprennent à devenir propres », 28 juin 2006; la Tribune, « Interview de François Moisan, directeur scientifique de l’Ademe: "Seule solution, le stockage géologique du CO2" », 29 août 2005 ; « CO2 - Le stockage, un business d’avenir », 27 juin 2006; « CO2 - Le carbone peut-il s'échapper », 20 décembre 2006; « CO2 - Le gaz carbonique en détention surveillée », 20 décembre 2006). Il s’agit d’un virage thématique dans les médias,

1997-iv

1998-i

1998-ii

1998-iii

1998-iv

1999-i

1999-ii

1999-iii

1999-iv

2000-i

2000-ii

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2000-iv

2001-i

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2002-i

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2007-ii

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2010-i

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2010-iii

0

10

20

30

40

50

60

70

Empreinte médiatique cumulée trimestrielle du CSC dans 5 GQN

Libération

La Tribune

Les Echos

Le Figaro

Le Monde

trimestre de parution des articles

No

mb

re t

rim

es

trie

l d'a

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les

me

nti

on

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nt

le C

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Illustration 3 : Croissance du nombre d'articles citant le CSC dans la presse nationale française.

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où l'intérêt journalistique du CSC dépasse la nouveauté de la technologie en tant qu’option. C'est la période des premiers engagements industriels, le CSC apparaît maintenant comme solution, les aspects critiques ne font que l’ancrer dans un développement plus concret.

Le traitement par la presse du CSC se renforce en 2007. Le thème se popularise, un quotidien tel que Libération l’inscrit à son tour dorénavant dans un suivi permanent, participant ainsi à la poussée vers ce pic de 2007 qui atteint alors 23 articles publiés dans le dernier trimestre. Puis le rythme des publications ralentit mais en s’établissant désormais à un certain niveau de pression médiatique, relativement constant avec environ une quinzaine d’articles par trimestre en 2008-2009 et maintenu sur les 3 premiers trimestres de 2010, avec un second pic en 2009.

Ce pic en 2009 fait fond sur l'épisode mouvementé de la COP16 à Copenhague. Un des enjeux de cette conférence sur la réduction des émissions de CO2 était l’instauration d’un marché international du carbone. Une valeur élevée du carbone conditionne crucialement le développement du CSC. La période se caractérise aussi par un regain d'intérêt manifeste pour le charbon comme source d'énergie primaire, et enfin, dans une conjoncture plus spécifiquement française, sur l'actualité sociale du sidérurgiste Arcelor-Mittal en Lorraine où le CSC apparait comme une promesse de consolidation d’un avenir régional. Dans ce contexte d’effervescence on note un intérêt particulier du quotidien la Tribune, qui a publié un « chat » en ligne avec François Moisan, directeur exécutif de l'Ademe et président du Club CO2. Ce pic médiatique atteint son maximum fin 2009, avec 63 articles publiés par les grands quotidiens nationaux au dernier trimestre. Ce total dépasse très nettement le rythme de publication régulier tournant autour d'une quinzaine d’articles par trimestre traitant ou mentionnant le CSC.

Après le pic, l’actualité du CSC ne s’arrête donc pas pour autant car l’option est de plus en plus largement engagée au niveau international et notamment européen : il s’agit désormais de mise en œuvre, et d’avancer dans la démonstration et le déploiement international de cette solution. En mai 2008 un rapport de l’ONG Greenpeace a réagit en soulignant les contraintes du CSC : trop tardif, énergétiquement inefficace, coûteux, risqué. C’est donc sur fond de l’échec de Copenhague, en Europe tout au moins car les sentiments sont plus partagés outre-Atlantique et ailleurs dans le monde, qu’ont lieu les inaugurations d’opérations pilotes de CSC au tout début de 2010, par Total à Lacq et par Alstom aux Etats-Unis, événements s’affichant comme des premières mondiales. Au premier trimestre 2010 et aux suivants, la courbe de cumul des publications dans la presse analysée apparaît finalement se stabiliser au niveau atteint au premier semestre 2009, de l'avant Copenhague.

L'empreinte médiatique du sujet, quasi nulle avant 2005, reste effectivement limitée, par exemple par rapport à l'éolien. Avec l'inauguration des pilotes intégrés de Lacq et les autres projets de démonstration, l'année 2010 en France aurait pu voir l'actualité s'orienter davantage vers des réalités de « terrain ». En effet, un point de vue publié dans Le Monde fait immédiatement (Le Monde 9 décembre 2009, « Point de vue : Première expérience de stockage souterrain de CO2 en France », par Henri Pépin) ressortir une position nettement défavorable pour cette technologie d’un point de vue général, mais formulé par un acteur proche de l’expérimentation de Lacq et de ses opposants associatifs locaux. Libération expose peu après le refus de la part « des ONG » du stockage de CO2 à Lacq, et un mois plus tard encore titre « Enterrer le CO2 ». Pour le Figaro, « L'enfouissement du CO2 inquiète l'opinion publique », « Total se lance dans le stockage de CO2», « … capte et stocke du gaz carbonique à Lacq ». Pour le Parisien, journal régional de la Capitale « l’enfouissement du CO2 fait débat »…

Si l’affaire du CSC apparait ainsi bien lancée en France, il ne s’agit encore que des prémisses d’un débat auquel cette première expérimentation locale mais d’intérêt national offre également une consistance au niveau national. Mais l’intérêt pour la question reste encore général et ne se resserre pas sur le CSC et ses développements spécifiques pour recentrer un débat de société.

D’autres questions d’actualité climatique et environnementale viennent alors en avant comme les dernières évolutions de la « contribution climat-énergie » et du Grenelle-2, au demeurant peut-être « polluées » par des enjeux électoraux, interférences qui ne sont pas propres à la France comme on l’a vu dernièrement aux Etats-Unis avec l’échec du « cap and trade », mais aussi sans doute marquées par « l’échec de Copenhague » encore récent et prégnant. En réalité, aussi bien aux Etats-Unis qu’en France, il n’est pas certain que la médiatisation de ces questions relatives au « carbone » et à sa réduction soit confrontée ni à une véritable maturité de l’opinion publique, ni à celles d’un contexte économique ou climatique qui l’appelleraient

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d’évidence, et il est plus probable que la dimension politicienne soit un dérivatif pseudo-explicatif, tout comme, réciproquement, les débats autour du changement climatique et particulièrement des enjeux liés au prix du carbone, ne procurent que des explications au minimum ambigües d’une confusion politicienne rémanente.

3.3.2 L’approche différentielle.

1997-iv

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Empreinte médiatique du CSC trimestrielle dans 5 GQN, en % de l'ensemble trimestriel

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Les Echos

Le Figaro

Le Monde

trimestre de parution des articles

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Illustration 4 : Répartition des articles citant le CSC dans la presse nationale française.

Si l’approche précédente permet de prendre la mesure de l’empreinte médiatique du thème CSC dans la presse quotidienne nationale, l’approche différentielle tente d'analyser la « perméabilité » médiatique au thème, au travers de la différenciation des prises d’intérêt des grands quotidiens nationaux (GQN). Il ne s’agit pas de traiter de l’impact effectif auprès du public qui s’évalue autrement. Au demeurant, la question des lectorats est complexe, la presse « écrite » étant lue aussi bien sur papier qu’en ligne, par des publics différenciés dans leurs pratiques de prise d’information.

Remarquons d'abord que le premier quotidien national en termes de tirage n’apparait pas dans notre analyse : il s’agit de Métro, distribué gratuitement dans les grandes villes de France, et partiellement régionalisé, très lu, et financé par la publicité: ce « gratuit » se concentre sur l’actualité et la prise d’information rapide (comme l’atteste le titre de son concurrent ‘20 minutes’, de formule similaire mais moins diffusé). Il n’est donc guère étonnant de ne pas y voir traiter le CSC d’un point de vue thématique, mais seulement évoquer à l’occasion d’un événement tel que l’inauguration du site pilote de Lacq.

L’étude présente privilégie donc la presse « traditionnelle », même si celle-ci s’est adaptée à (sinon reportée sur) un lectorat en ligne et trouve dans cette adaptation de nouvelles voies de développement. Ce critère implicite de « presse traditionnelle », c’est-à-dire de référence, a néanmoins certainement un sens en matière de conduite de l’opinion publique et d’éducation du public, d’autant plus qu’en région la presse quotidienne régionale (PQR), également « traditionnelle » mais également présente en ligne, occupe une place plus prépondérante que la presse nationale et représente, souvent de façon « duale », une référence de proximité.

L'Illustration 4 reprend la base du graphique du nombre d'articles publiés dans la presse par trimestres, mais la représente en parts relatives entre les cinq supports dépouillés. Elle fait ressortir l'évolution relative des différents journaux qui prennent successivement et progressivement position dans l’arène « thématique » du CSC et s'y maintiennent ensuite. Le graphique montre un développement en éventail ouvert, où ne figurent pour l’instant que la PQN, mais ni la PQR (presse quotidienne régionale) ni les autres périodiques, ni les magazines, ni d’autres supports médiatiques (au demeurant il ne s’agit pas d’une étude exhaustive des médias, même si celle-ci peut être étendue).

Ce développement inachevé amène au moins deux questions basiques : celle de la poursuite du processus et selon quelles contraintes, et celle de la stabilisation au moins relative de cette

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différenciation et selon quels critères ou régulations. Correspond-elle à une simple répartition concurrentielle, au sein de la PQN qui s’empare par redondance de l’actualité du thème CSC montant, ou bien manifeste-t-elle aussi une pluralité d'angles de vue et de spécialisations en germe?

(a) Nombre d’articles publiés au cours du pic trimestriel et le trimestre suivant (soit 2 trimestres)

(b) Nombre trimestriel moyen d’articles publiés dans la période du pic (soit environ 2 années)

Illustration 5 : Comparaisons 2009 et 2007 sur le CSC dans la PQN française.

L’illustration 5 compare deux figures : il s’agit toujours de représentations graphiques de la même base d’articles relatifs au CSC ou le mentionnant, parus dans la PQN. Les deux figures se rapportent à un traitement de courte et de longue période, et montrent une similitude notable dans la distribution de l’empreinte médiatique du CSC entre les GQN quelques soient les longueurs des deux périodes considérées, relatives respectivement aux pics de 2007 (en bleu) et de 2009 (en rouge). En effet, que l’on considère une courte période d’un semestre autour d’un pic d’actualité (figure (a)), ou une période plus longue d’environ deux ans au-delà du même pic (figure (b)), la distribution ne varie guère, attestant une certaine stabilité. Les deux figures font aussi contraster les distributions respectives autour des deux pics de 2007 et 2009 d'une façon très similaire, manifestant qu’il s’agit bien de deux développements distincts dans l’actualité du CSC : 2009 ne ressemble pas à 2007, et il ressort une dissymétrie entre les GQN dans le traitement d’une même actualité, ainsi qu’une déviation nette et cohérente de ces dissymétries lorsque le développement de l’actualité du CSC change son cours, ce qui laisse entrevoir une sensibilité spécifique des GQN dans le traitement d'une même actualité. Tandis que l’approche périodique nous avait conduits à distinguer quantitativement 3 phases de développement dans la médiatisation du CSC, les deux dernières étant caractérisées par deux « pics », cette périodisation permet en retour de distinguer des modifications du régime distributif de l'information liées au changement de période. Cela ne signifie pas seulement, banalement, que le traitement de l’information varie en fonction de ses contenus ou de conjonctures particulières mais aussi que la distribution des contenus et conjonctures informationnels varie en fonction des « canaux » disponibles, ici les GQN. Il s’agit d’un processus de frayage de l’information, plutôt que de diffusion, en considérant le média comme un premier récepteur, un relais, mais aussi comme un filtre, un interprète.

Les deux figures « en radar » montrent chacune pour 2007 le même trio dominant, voire un quatuor : Le Monde, Libération, Le Figaro, auxquels il faut peut-être adjoindre Les Echos. Pour 2009, on remarque plutôt, et de façon bien sûr amplifiée, La Tribune, Les Echos, Le Figaro, auxquels il faut peut-être adjoindre Le Monde. Sans entrer dans l’analyse des articles de chacune des périodes et pour chacun des GQN, il est assez net déjà que 2007 fait la part plus belle aux GQN à orientation éditoriale « généraliste », tandis que 2009 mobilise davantage encore, dans un contexte d’expansion nette de l’information délivrée, les GQN dont l’orientation éditoriale est bien plus fortement marquée par une spécialisation économique, managériale, ou financière. Peut-on en déduire que la presse économique et financière ait vocation à parler davantage du CSC ? Ou bien en parle-t-elle conjoncturellement autrement, d’un point de vue renouvelé avec un effet quantitatif au plan éditorial? Il est évident qu’une conjoncture de programmation et d’incitation d’investissements lourds dans la R&D du CSC, et encore plus les enjeux du développement institutionnel d’une finance carbone qui n’a pas encore connu trop de

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vicissitudes poussent à cette conclusion spécialement en 2009. Mais dans la même période l’accélération de l’actualité du CSC est à relier avec celle de la conférence sur le climat de Copenhague, agitant de profonds enjeux sociétaux et sensibilisant toute la presse et le public à une actualité dérivée relative au CSC, et développant même une curiosité générale pour les technologies dites de « géoingénierie », quelque peu « sensationnalistes » et spéculatives. Entre ces deux polarités, la généraliste et la spéculative, le CSC supporte en 2009 un nouvel enjeu de réalisme de développements économique et financier qui s'adresse davantage à une presse plus spécialisée. C'est probablement ce qui fait la différence entre deux GQN tels que Le Figaro et Libération, le premier développant habituellement une actualité économique mais « dopée » en 2009, alors que le second est le seul GQN à se montrer en retrait en 2009 par rapport à 2007 sur le thème du CSC.

La question du « frayage » des contenus met en relation d’une part les composantes ou dimensions de ce qu’il y a à faire savoir, et par ailleurs les destinataires intéressés ou auxquels les émetteurs d’information s’intéressent : la palette des intérêts et des motifs, de part et d’autre, est des plus étendues et mouvantes. L’approche quantitative et comparative pourra apporter un nouvel éclairage au travers des rubriquages de l’information (économie, environnement, industrie, social, international, science, technologie, finances personnelles, société, local, idées, opinion…) tels que les élaborent les différents GQN, et au-delà sur le traitement que subit cette information : hiérarchisation, découpage, séquençage, synthèses périodiques… Pour évaluer la spécificité des développements de l’actualité propre au CSC on pourra aussi, toujours d’un point de vue quantitatif, les rapprocher de thèmes tels que le système ETS ou/et la « taxe carbone », plus ou moins interdépendants, et maintenus par leur relation au « carbone » et à l'enjeu du réchauffement climatique. A terme, ça devient sans doute un préalable pour cadrer et focaliser des approches plus qualitatives, notamment dans l’analyse du développement des controverses. Pour donner un exemple dans un tout autre domaine, le développement des controverses relatives aux OGM a rencontré la remise en question des pesticides, se développant par ailleurs : un lien technique préexistait, certes, mais il n’était pas évident que cela débouche sur une dynamique sociétale conjointe. Une démarche purement qualitative aurait, par exemple, orienté l'analyse vers le débat plus spécifique entre les militants « faucheurs volontaires » et « semeurs volontaires ».

Parler des « GQN » est également une simplification sur le plan éditorial, puisque les grands journaux doivent concilier des objectifs multiples : équilibre dans l’information (la « une » et le reste, le renouvellement quotidien de l’imprimé et la permanence en ligne, la gestion des corrélats et des « dossiers » en ligne, …), le spectre couvert dépendant aussi bien des attentes des lectorats (l’imprimé, l’internet…) que de positionnements stratégiques à plus long terme des GQN qui mettent aussi en jeu leur rapport aux sources d’information. Ainsi, pour le GQN La Tribune, l’essor des problématiques des marchés du carbone et leur ancrage institutionnel en développement évolutif à l’approche de Copenhague en 2009 ont croisé un repositionnement éditorial vigoureux et encore récent du quotidien sur les questions financières, et ont rencontré là un véritable catalyseur de communication à la fois par le nombre d’articles édités mais aussi par des initiatives telles que des « chats » en ligne avec des spécialistes… Le « créneau », la grande affaire financière du moment, était incontournable: pari, coïncidence conjoncturelle ou anticipation ? D’une manière plus générale, le rapport de la presse aux sources d’information reste problématique et évolutif (avec le développement des NTIC et le renouvellement des pratiques de l’information, les « réseaux sociaux ») : l’information qui émane des instances institutionnelles et gouvernementales ne peut être reprise de la même manière que celle qui émane d’ONG telles que Greenpeace, et à bien des égards la grande presse entre en concurrence croissante avec les sources d’information qui se comportent également en acteurs de la communication autant pour le traitement de l’information que pour la diffusion proprement dite. On retrouve là la question des publics (le grand public, les cadres et chefs d’entreprise, les militants…) et de leurs affiliations dans leurs pratiques de l’information, mais aussi, dans le cadre d’une approche quantitative et comparative, celle du positionnement de l’information délivrée par la presse par rapport aux sources, par exemple au travers des citations.

3.3.3 Etude de cas : aperçu préliminaire à partir du journal Les Echos avec les mots-clés « pilote », « démonstrateur », pour l'actualité du CSC

-Les thématiques « énergie » et « environnement » relativement aux « pilotes » et

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« démonstrateurs » de CSC

Illustration 6 : journal Les Echos, articles liés au CSC et au fonds démonstrateur de l'Ademe.

Le graphique ci-dessus reprend une série d’articles parus dans le journal Les Echos de septembre 2005 à janvier 2011. Cette série combine deux recherches, l’une à partir de mots-clés relatifs au CSC et filtrée par « pilote » et « démonstrateur », l’autre à partir de « Ademe » et « démonstrateur », dans lesquelles on a recherché la présence des mots-clés « énergie », « environnement » (et bien sûr retenu la seule référence au CSC, l’Ademe ayant eu en charge dans cette période d’autres programmes, notamment relatifs à la « voiture propre » et aux « biocarburants »). Chaque pile représentée correspond à un article daté, la chronologie des parutions étant respectée.

Une première remarque concerne la répartition dans le temps des mentions « pilote » et « démonstrateur » relatives au CSC, qui seules nous intéressent : alors que la référence aux pilotes domine la période 2006-2008, à partir de fin 2008 la mention « démonstrateur » devient dominante, et relativement dissociée de celle des pilotes (pour la moitié des articles). La chronologie ne surprend pas, liée au lancement en 2008 d’un fonds démonstrateur de 400 M€, pour le CSC entre autres, dont la gestion sera confiée à l’Ademe.

Sur 13 articles mentionnant « pilote » en relation avec le CSC, le terme « environnement » apparait 5 fois et le terme « énergie » seulement 2 fois, tandis que sur 8 articles mentionnant « démonstrateur » en relation avec le CSC, « environnement » apparait 4 fois, tandis que « énergie » apparait 3 fois. Si maintenant l'on rapporte ce résultat à l'ensemble des articles parlant du CSC dans la même période, la référence « environnement » n'apparaît que dans 6 articles sur 17, et la référence « énergie » dans 3 articles sur 17! On peut ainsi supposer que l'actualité des « pilotes », et ultérieurement plus encore celle des « démonstrateurs », tendent à renforcer la considération relative au thème « énergie » et davantage encore celle relative au thème « environnement »... L'échantillon analysé est bien sûr trop petit et spécifique pour être réellement significatif, et ce résultat, cohérent avec la problématique générale du CSC, ne peut suffire à caractériser l'actualité complexe du CSC en développement que nous abordons maintenant sous un autre angle, vu de la presse.

-Quelles sont les rubriques concernées par ces articles ?

Illustration 7: journal Les Echos, distribution chronologique par rubriques des articles mentionnant « pilote » et « démonstrateur », de janvier 2006 à janvier 2011.

Si on s’intéresse, à partir du second graphique (illustration 7), au rubriquage des articles lors de

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leur parution, on constate qu’aucun ne parait dans la rubrique ENVIRONNEMENT et un seul dans la rubrique ENERGIE. Les rubriques INNOVATION, INDUSTRIE, COMPETENCE, ENTREPRISES, MARCHE accaparent les articles mentionnant « pilote », tandis que les rubriques INDUSTRIE, COMPETENCE, mais aussi STRATEGIE, REGION retiennent les articles mentionnant « démonstrateur » (où l’Ademe est mentionnée 6 fois sur 8, tandis qu’un groupe industriel est mentionné dans 5 des 13 articles mentionnant « pilote »).

Si on peut trouver dans ces observations la marque d’un quotidien orienté vers les questions économiques, financières et managériales, l’importance stratégique du CSC et d’un crucial fonds démonstrateur émerge nettement et vient surligner les préoccupations d’ordre industriel et innovationnel, aussi bien dans les thématiques abordées dans les articles que dans leur rubriquage. A contrario, les thématiques de l’environnement et de l’énergie proprement dites apparaissent en second rang en termes de rubriquage éditorial.

La distinction qui semble la plus simplement adaptée pour résumer l’ensemble de ces observations est celle statuant entre l’action et ses buts (le déploiement industriel, la coordination internationale), et les objectifs contraignant l’action (l’environnement, l’énergie, le climat, la recherche, la vision planétaire). La période passée ne caractérise encore que les premiers stades de développement du CSC et l'émergence des premiers enjeux liés à une phase encore probatoire d'élaboration et de mise en place des premiers projets d'envergure. Le passage du CSC à une échelle industrielle significatif d'un passage à l'échelle planétaire et l'intégrant au chapitre des solutions décisives n'a pas encore eu lieu. En effet, deux articles ressortent en cumulant les thématiques considérées : « pilote », « démonstrateur », « énergie », « environnement », avec « CSC » et « Ademe ». Le premier date du 1

er septembre

2009 et a pour titre « ALSTOM AVALE LA FUMÉE », un grand article de 1653 mots dans la rubrique « business » de Enjeux-Les Echos, que le moteur de recherche résume ainsi :

[le captage de CO2 | Etats-Unis son plus gros démonstrateur |de sa présence le lancement de l'unité pilote de captage

et de stockage du CO2 de la centrale au charbon de Mountaineer, à New Haven, en Virginie-Occidentale | le carbone dans les fumées des centrales électriques | fourni la technologie de captage et stockage du carbone (CSC) de la centrale de Mountaineer, exploitée par l'américain AEP (American Electric Power) | des dix démonstrateurs | le

lancement du démonstrateur | des plus grosses centrales au charbon du monde), l'unité de captage | stocker sous terre chaque année, et de façon permanente, 150 000 à 200 000 tonnes de CO2 | des plus gros démonstrateurs de CSC au monde | un démonstrateur de 200 mégawatts | D'un strict point de vue scientifique, le captage du gaz carbonique |

Dans la vingtaine de démonstrateurs |dans le monde, encore au stade de la R&D, le coût de la tonne de CO2 stockée | la tonne de CO2 stockée |quotas et de créer un marché du carbone comme en Europe | la moitié de son prochain pilote grâce à des fonds publics, et pour le solde compte bien trouver des partenaires industriels | budgets pour financer des

démonstrateurs de CSC | nécessaire de passer par l'étape démonstrateurs | Or pour les gros démonstrateurs industriels, de 300 à 500 mégawatts | la moitié de son prochain pilote grâce à des fonds publics, et pour le solde compte bien trouver des partenaires industriels | stockage du carbone | sur les technologies de captage|carbone dans le

sous-sol depuis de nombreuses années |, mesurer leurs propriétés et leur capacité à stocker le carbone | sur un stockage du CO2 sous leurs pieds | l'essentiel du stockage | LES TECHNIQUES DE CAPTAGE | Le captage postcombustion | captage et au stockage du CO2 (CSC)].

Le second article récemment paru le 24 janvier 2011 concerne, non plus l’équipée américaine d’un chevalier industriel de la France pour un enjeu bien affirmé sur tous les plans comme planétaire, mais la France directement dans son sol, et son titre « Captage du CO2 : le chantier de la controverse » est moins ironique et plus dramatique, et parait encore dans une rubrique « innovation », mais sous le chapeau SCIENCE, ses 1103 mots ainsi résumés :

[parti des objectifs européens de réduction de gaz à effet de serre, les principaux émetteurs de carbone |une solution de captage du CO2 avant 2015 | le temps de valider leur technologie d'ici à 2020, date fixée par l'Europe pour réduire

massivement ses émissions carbonées | environnement les scientifiques sont loin de disposer de solutions efficaces pour sequestrer le carbone sans penaliser la performance des centrales et | Captage du CO2 | cofinancé pas moins de 28 projets de recherche appliquée sur les technologies de captage du CO2 | compensées avant longtemps par les cours

du carbone | à moins de 50 euros la tonne de CO2 captée | le carbone | vers des sites de stockage | Les centrales électriques fonctionnant avec des énergies fossiles les plus performantes, cibles prioritaires des chasseurs de carbone | une préférence pour le captage en postcombustion, la piste de séquestration du CO2 | le carbone dans les fumées à

l'aide d'un solvant de synthèse, généralement une alcanolamine | avec le carbone acide | Paul Broutin, chef de projet captage du CO2 à IFP Energies Nouvelles et coauteur d'un ouvrage sur la question (« Le captage du CO2 », Editions Technip) | 180 millions d'euros avec le polonais PGE pour faire la démonstration de cette technologie sur une centrale

en construction à Belchatow, où son pilote | sur la cryogénie, thermiquement plus économe, pour séparer le carbone, ou sur l'oxycombustion pour concentrer le CO2 sur des oxydes métalliques | aussi parvenir à régénérer le solvant séquestreur de carbone à température ambiante, donc sans dépense énergétique supplémentaire | beaucoup de

recherches fondamentales pour comprendre ces phénomènes de chimie et en tirer des lois préalables aux pilotes industriels | de 6 gigatonnes par an les émissions mondiales de carbone | Avec moins de un millier de centrales équipées à cette date, les technologies de captage de CO2 | Stockage | « La démonstration de la sûreté de la filière de

captage et stockage du carbone].

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Pour conclure ce bref aperçu de la mise en rubriques des articles, on ne doit pas s’attendre à une correspondance univoque et fixe des « sujets » et des rubriques. Un même article peut souvent relever de diverses rubriques selon la problématique et les informations qu’il contient, selon sa longueur (quasi brève ou grand article de synthèse), et même selon le ton qui y domine : il s’agit d’abord pour un journal quotidien d’organiser l’ensemble et le suivi de son contenu, notamment pour l’imprimé qui doit rester familier pour le lecteur. Une problématique aussi totalisante que le CSC ne peut non plus relever d’une rubrique propre, ce qui impose un traitement séquentiel et relativement standardisé de l'information. La cohérence et la stabilité du rubriquage permettent alors une lisibilité de l'information globalisée et une mise en balance des différents sujets au sein de chaque rubrique, par exemple « ÉNERGIE », ou encore « ENVIRONNEMENT ». Par ailleurs, l’internet et la mise en ligne des journaux, qui correspondent à de nouvelles habitudes de prise d’information, troublent l’organisation des rubriques, avec notamment la faculté de créer des « dossiers » d’hyperliens, ad hoc ou même sur mesure pour et par les lecteurs en ligne (cf. Le Monde, par exemple), mais maintiennent la référence au rubriquage standard. Les débats que les journaux accueillent et animent d’abord en ligne, mettent encore en défaut cette organisation de principe, et aujourd’hui les « réseaux sociaux » se joignent à la partie, …ce que tous les acteurs de la communication, y compris la presse et les annonceurs, accompagnent du plus près en y prenant l'initiative dans la mesure du possible. Cependant, cela ne fait que souligner l’importance du rubriquage qui doit correspondre à une certaine robustesse de l’information délivrée, dans l'organisation de sa complétude et de son objectivité : la sélectivité et la hiérarchisation de l’information constituent un enjeu quotidien et même stratégique pour la presse, bien moins « traditionnelle » et affaiblie qu’on ne l’imagine souvent, et largement dotée en études diverses sur ses enjeux propres, et de services et d’organismes spécialisés. Le bref aperçu qu’on vient de prendre montre que la variabilité apparente du rubriquage n’est ni aléatoire ni tâtonnante, et qu’on peut la relier à des développements thématiques spécifiques. Un journal tel que Les Echos, comme ses confrères, rend disponible en ligne des archives via un moteur de recherche qui met les rubriques en concurrence-complémentarité avec des mots-clés, éventuellement créés à la volée par le même moteur spécialisé (Synequa, pour Les Echos et Le Monde…), ce qui constitue une innovation importante et conduit à rubriquer ces mots-clés eux-mêmes. La contrainte de robustesse dans l’organisation de cette masse d’information qui caractérise la presse constituera sans doute, au moins dans la moyenne période, un appui essentiel pour discerner des évolutions caractéristiques et des étapes dans l’actualisation des thématiques du CSC.

Références des articles cités précédemment:

-« ALSTOM AVALE LA FUMÉE » :

http://archives.lesechos.fr/archives/2009/Enjeux/260-26-ENJ.htm?texte=captage%20stockage%20carbone

-« Captage du CO2 : le chantier de la controverse » :

http://www.lesechos.fr/innovation/sciences/0201087977251.htm

3.3.4 Conclusion sur la presse

S'il faut se garder de tout déterminisme, cela ne signifie pas qu'il faille renoncer à tout repère et à toute explicitation. À cet égard, la presse ne constitue pas seulement un média obligé en matière de communication, car son travail de construction et d'archivage de l'information l'institue aussi comme un outil et une mémoire de l'intervention, au moins dans l'espace public de la société. En matière d’impact sociétal les processus de communication et de prises d’information se complexifient, mais techniquement ils deviennent aussi accessibles à des analyses plus fines qui peuvent manier directement les contenus, avec des problématiques et des outils adéquats. La presse maintient un rôle central et croissant, et cela à l'échelle mondiale, même et surtout dans un paysage informationnel pénétré par les NTIC. L'exercice indicatif appliqué au journal Les Echos ne peut être pleinement instructif qu’étendu et approfondi avec d’autres mots-clés pour le CSC, élargi à d’autres thèmes que le CSC mais complémentaires dans les problématiques « carbone » et « climat » et rivalisant ainsi sur le plan éditorial, et comparatif entre les cinq GQN et la PQR en régions.

Cependant, l’analyse purement quantitative des contenus informationnels ne peut à elle seule prendre en compte ou révéler ce qu’on peut appeler un « tiers exclu », une surprise

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informationnelle ou communicationnelle, l’effet inattendu d’une interaction mineure et non structurante dont la présence peut se révéler active dans un contexte concrètement évolutif et très compétitif, comme l’est jusqu’à présent celui du développement du CSC, à marche plus ou moins forcée malgré les difficultés de la négociation climatique internationale. Rappelons aussi que la période écoulée correspond au décollage et à la première consolidation dans la presse de la thématique du CSC.

Dans un tel contexte, l'observation quantitative devra fonder et se prolonger par des démarches d’analyse et d’anticipation pertinentes, nécessairement pragmatiques, au regard des thématiques considérées, en y apportant la rigueur du temps long car « le temps court est la plus capricieuse, la plus trompeuse des durées » (Braudel, 1969) ! Cela exige donc une observation rigoureuse, et simultanément l'élaboration d'hypothèses interprétatives pour renforcer l’observabilité des transitions en cours, et bien entendu le recours à des outils adéquats pour repérer et évaluer tout ce qui est porteur de conséquences.

Si l’analyse de la transition du pic de 2007 à celui de 2009 nous échappe dans une perspective purement quantitative, cette dernière permet néanmoins de réaliser un premier cadrage sur les directions et les articulations que cette analyse doit prendre en compte pour la période. L’indication qui émerge, selon laquelle la distribution des contenus et conjonctures informationnels varie en fonction des « canaux » disponibles (ici les GQN), en impliquant à la fois leurs rubriquages spécifiques et des processus de frayage de l'information auxquels les NTIC prennent une part croissante, incite à la prudence concernant les résultats que peut fournir une analyse directe et purement qualitative des contenus, justement parce que la sélectivité des hypothèses n’est pas guidée par un éventuel « tiers exclu », une tierce hypothèse que rien ne pousse à faire émerger du bruit qualitatif et « capricieux » dans une analyse directe du court terme (notamment pour l'analyse des controverses, comme dans l'exemple des OGM). La principale préoccupation du chercheur n’est pas tant l’observation des processus que la capacité de valider la pertinence des transitions observables et leur portée effective.

Quelques ressources relatives à la presse :

-« La presse quotidienne est confrontée à une volatilité accrue de son lectorat », journal Le Monde, 14 Septembre 2010. http://wwwo.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1134708

-Etude EPIQ (2009/2010), étude d’audience de la presse d’information quotidienne, par Audipresse. http://www.audipresse.fr/node.php?id=905&elementid=1793

-Association Mondiale des Journaux (AMJ), ONG référencée sur le site de l’UNESCO, alias WAN-IFRA (World Association of Newspapers and News Publishers) : The Paris-based WAN, the global organisation for the newspaper industry, defends and promotes press freedom world-wide. It represents 18,000 newspapers; its membership includes 73 national newspaper associations, newspapers and newspaper executives in 102 countries, 11 news agencies and nine regional and world-wide press groups. http://www.wan-press.org/index.php3

-21st World Newspaper Advertising Conference : « It's money time! » 24 - 25 February 2011. http://www.ifra.com/website/ifraevent.nsf/wuis/D9BB6519042471EEC12577A10029B829?OpenDocument&CS&E&

-WAN-IFRA's project : « Shaping the Future of the Newspaper », September 2010, Executive Summary. http://www.wan-press.org/IMG/pdf/Summary_wdmt_2010.pdf

Annexes :

-tableau ci-dessous : l’échantillon des articles du journal Les Echos, dans l’ordre chronologique, et les mots-clés utilisés pour l’établir, en correspondance avec les rubriques.

-Illustration suivante : capture d’une recherche par « Ademe » + « démonstrateur », sur le journal Les Echos, où l’on voit à gauche la liste des articles proposés, avec un résumé

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automatique qu’on peut compléter à l’aide d’autres mots-clés (via une autre recherche), et à droite les mots-clés proposés « à la volée » dans un nuage de tags, un graphique statistique sur la période de recherche (le 2

ème semestre 2008 est en rouge), d’autres mots-clés prédéfinis,

classés par rubriques (dont les rubriques elles-mêmes).

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Illustration 8: Capture d’une recherche dans l’archive en ligne du journal Les Echos, faisant apparaître différents éléments : titres et résumés des articles, rubriques concernées et mots-clés dans un nuage de tags, statistique du nombre de parutions, etc.

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4. Conclusion

Les résultats montrent que le contexte 2010 est sensiblement remanié par rapport à celui de la première enquête de 2007. Ainsi, 62% des Français estiment qu’il faut agir face à la gravité du changement climatique, soit 17 points de moins qu’il y a trois ans. Et 67% estiment que « la priorité doit être donnée à la protection de l’environnement » au détriment de l’économique, soit 11 points de moins. L’expression « stockage géologique du CO2 » est désormais reconnue par 1/3 des Français et 17% d’entre eux peuvent en formuler une définition exacte (illustration 1).

L'ambiguité de l'expression stockage du CO2 reste de loin la principale source de confusion. Cette expression se rapporte à deux technologies: le stockage géologique, ou le stockage dans les forêts. Le verbe enfouir , qui apparaît fréquement dans les définitions exactes, paraît à même de lèver l'ambiguité. On constate aussi une imprécision dans l'image du mécanisme physique de stockage. Dans la réalité géologique, les gaz souterrains sont retenus dans des roches poreuses, souvent en présence d'eau. Dans l'imaginaire du public, les gaz sont stockés dans des souterrains, cavités, cuves, mines et poches.

Si le niveau d'information des Français sur le CSC a dans l'ensemble augmenté depuis le dernier sondage en 2007, pour la majorité de ceux qui en ont entendu parler la connaissance reste encore vague (13% de l’échantillon) ou erronée (7% des sondés). Les résultats rappellent que la grande majorité des français n'a toujours pas les connaissances préalables requises pour avoir une opinion sur la technologie. Il semble difficile d'envisager un débat public satisfaisant sans une période d'information préalable.

Si cet objectif est poursuivi, une stratégie de communication multiforme apparaît nécessaire car les modes de découverte de l’existence du CCS sont divers. Les grands médias traditionnels comme la télévision, mais aussi la presse écrite et la radio apparaissent privilégiés. La visibilité médiatique du sujet, quasi nulle avant 2005, est depuis 2007 de l'ordre d'une demi-douzaine d'articles par trimestre dans chaque grands quotidiens national. Cela reste limité par rapport à l'éolien par exemple. On peut constater la présence non négligeable de canaux d'information plus directs, au côté d'internet, comme les réunions d'information et le bouche à oreille.

L'étude montre, de façon statistiquement significative, que les répondants capables de donner une définition correcte de la technologie tendent à en avoir une opinion plus positive que ceux qui ne sont pas capable de la définir d'eux même. Mais on se gardera de conclure à un lien causal connaissance / adhésion au niveau collectif. Si entre 2007 et 2010 la notoriété du CSC auprès des français a très sensiblement progressé, le niveau d'adhésion lui a peu varié, voir

Illustration 4 : Opinions sur l'utilisation du stockage géologique du CO2 en France. Stabilité entre 2007 et 2010, avant comme après l'exposé des risques.

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Illustration 4.

Cette adhésion reste fragile face à un exposé orienté vers les risques de cette technologie. Toutefois la connaissance d'un projet spécifique en France semble diminuer la volatilité de l'opinion. En effet, 75% des répondants disant avoir entendu parler d'un projet en France ont une opinion stable après l'exposé sur les risques, contre seulement 56% des répondants ne connaissant pas de projet spécifique.